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LES VERTS Octobre 2010 > Juin 2011 Le premier séminaire de travail des États Généraux s’est tenu les 22 et 23 octobre. De la CGT au MEDEF, de la FSU au CJD, l’ensemble des partenaires sociaux ont participé à ces deux journées de travail. ONG et associations, phi- losophes et économistes sont venus aussi exposer leur diagnostic de la crise et leurs premières propositions an de parvenir à l’objectif des États Généraux : diviser par 2 le chômage en cinq ans et diviser par 2 les émissions de gaz à effet de serre en dix ans.

Etats Généraux pour l'Emploi et l'Ecologie

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Travaux de Pierre Laroutourou, Eva Joly, Joseph Stiglitz et Edgard Morin

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LES VERTS

LES VERTS

Octobre 2010 > Juin 2011

Le premier séminaire de travail des États Généraux s’est tenu les 22 et 23 octobre. De la CGT au MEDEF, de la FSU au CJD, l’ensemble des partenaires sociaux ont participé à ces deux journées de travail. ONG et associations, phi-losophes et économistes sont venus aussi exposer leur diagnostic de la crise et leurs premières propositions a!n de parvenir à l’objectif des États Généraux : diviser par 2 le chômage en cinq ans et diviser par 2 les émissions de gaz à effet de serre en dix ans.

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Le 13 février 2010, Eva Joly organisait une première réunion de travail sur la crise. « Il y a deux bombes dans l’économie mondiale, expliquait Pierre Larrouturou. En 18 mois, la dette des Etats-Unis a augmenté de 2.400 milliards. Quant à la Chine, pour éviter la récession, elle a injecté l’an dernier 44 % du PIB en crédits nouveaux. L’économie mondiale est comme une voiture qui roule encore, certes, mais qui a besoin qu’on s’arrête tous les 100 mètres pour mettre deux litres d’huile!: le moteur peut exploser à tout moment. » « Cette image de la voiture décrit bien l’économie mondiale, insistait Joseph Stiglitz. Nous sommes en train de préparer le terrain pour d’autres crises aussi violentes que celle que nous traversons. Elles détruiront des millions d’emplois dans le monde. Depuis deux ans, on s’est contenté de déplacer les fauteuils sur le pont du Titanic.» « Pour éviter une désintégration du système Terre, poursuivait Edgar Morin, il faut d’urgence changer nos modes de pensée et nos modes vie. Tout est à transformer pour trouver de nouvelles raisons d’espérer. Il faut arrêter les rustines. Arrêter les affrontements stériles et penser une vraie métamorphose de notre société.!»C’est pour penser très concrètement cette métamorphose, c’est pour trouver de nouvelles raisons d’espérer qu’Europe Ecologie - Les Verts a lancé des États Généraux.

Joseph STIGLITZPrix Nobel d’économie

Edgar MORINPhilosophe

Eva JOLYDéputée européenne

Pierre LARROUTUROUÉconomiste

Il y a deux ans, quand Lehman Brothers s’effondrait, tout le monde disait que nous vivions une crise historique, que le capitalisme nous menait dans le mur. Deux ans plus tard, beaucoup voudraient nous faire croire que la crise est ! nie et qu’on peut continuer « comme avant ». Nous autres, écologistes, ne pensons pas du tout que la crise est ! nie. Nous sommes, plus que jamais, convaincus qu’il est nécessaire et urgent de construire une alternative.

 

 

Cher‐es ami‐es,   

 

La  crise  économique,  sociale  et  écologique  qui  frappe les  pays  occidentaux  n’est  pas  un 

accident  de  parcours.  Elle  est  la  conséquence  de  l’épuisement  d’un  modèle  de 

développement, dont les limites et les dégâts apparaissent désormais au grand jour. 

  

Chômage, précarité et accroissement des inégalités, dérè

glement climatique et atteintes de 

plus en plus graves à  la biodiversité, déséqui

libres financiers et monétaires... Dans tous  les 

!"#$%&'()* +$* (%,-$,%"&* (.$//0$1'2* !$&(* 3'$-4"-5* !'* !"#$%&es,  le  point  de  rupture  est 

50"46'7*8+*'(,*-0/'&,*!.%&1'&,'0*-&*&"-1'$-*#"!9+'7 

 

C’est  la  raison  pour  laquelle  Europe  Ecologie –  Les Verts organise des  Etats gén

éraux pour 

l’emploi et de l’écologie, qui doivent permettre à tous les acteurs d’exprimer leurs analyses et 

leurs  propositions  concrètes  pour  réduire  sig

nificativement  le  chômage,  la  précarité  et  les 

risques écologiques. 

 

Les partenaires  sociaux et  les acteurs associa

tifs  occuperont une place  centrale dans cett

initiative. Nous souhaitons organiser un travai

l commun, sur la durée, qui dépassera de loin, 

par  son  ambition  et  sa méthode,  les  traditionnelles  consultations  orga

nisées  par  les  partis 

politiques à la veille des élections. 

 

Pour être à la hauteur des enjeux, nous devon

s avoir un objectif très concret : étudier toute

les propositions qui, ensemble, permettront de diviser par 2 le chômage en cinq ans, tout en 

divisant par 2, en dix ans, la production de gaz à effet de serre. Cet objectif est

 ambitieux, 

mais  il  permet à  chacun de confronter  la pertinence de 

ses propositions à  la gravité de  la 

crise. Il nous semble que seule une ambition chiffrée est de nature à mobiliser les différents 

acteurs, associer les citoyens et sortir du fatali

sme. 

 

«  La  civilisation,  la  vraie,  se  construit  non  sur  des  complicités  faciles,  des  démissions,  des 

esclavages mais  sur des  refus, des  ruptures, des  dépassements »  écrivait Théodore Monod 

dans ses Carnets.   

   

Serons‐nous capables de "refus et de ruptures"

 ?  

Serons‐nous, tous ensemble, capables d’audace ? 

 

 

 

 

  

 

 

Eva JOLY,      

Députée européenne,  

 

 

 

 

 

Anne SOUYRIS,                      Pierre LARROUTUROU, 

Membre du bureau exécutif d’Europe Ecologie – Les verts    Economiste, 

APPEL POUR DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’EMPLOI ET DE L’ÉCOLOGIE

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CRISE SOCIALE,CRISE ÉCOLOGIQUE :DIRE LA VÉRITÉ

4.600.000 CHÔMEURSEn deux ans, le nombre de chômeurs a augmenté de plus de 1.100.000. Le total des inscrits à Pôle Emploi dé-passe les 4.600.000. Et le Ministère admet que plus de 60 % de ceux qui sortent des statistiques ne retrouvent pas d’emploi. La majorité de celles et ceux qui quittent Pôle Emploi sont en fin de droit. Ils vont basculer dans une très grande précarité, survivre - ou sousvivre - avec le RMI-RSA ou n’auront droit à aucune allocation si leur

conjoint a un revenu correct : en un an ou deux, le revenu du couple aura été divisé par 2 mais leur problème n’apparaît dans aucune statistique…

Quant à ceux qui retrouvent un emploi, ils doivent de plus en plus se contenter d’em-plois précaires : les CDD de moins d’un mois représentent 60 % des embauches.

A un tel niveau, le chômage et la précarité ne concernent pas seulement les chômeurs et leurs familles mais l’ensemble des sala-riés. La peur du chômage est dans toutes les têtes et déséquilibre complètement les négociations sur les salaires.

«Si tu n’es pas content, va voir ailleurs !»Voilà pourquoi la part des salaires dans le PIB n’a pas cessé de diminuer depuis 30 ans. Dans les 15 pays les plus riches de l’OCDE, la part des salaires (et des cotisations) re-présentait 67 % de la richesse nationale en 1980. Elle ne représente plus aujourd’hui que 57 % !

En 2007 déjà, Patrick Artus, Directeur des études à la Caisse des Dépôts CDC-Ixis, sou-lignait le déséquilibre qui se creusait entre bénéfices et salaires (1) : « Dans la zone euro, chaque année, les entreprises prennent l’équivalent de 1 % du PIB dans la poche de leurs salariés, en plus de ce qu’elles ont fait les années précédentes. Dû à la perte de pouvoir de négociation des salariés, le transfert en faveur des profits est considé-rable. »

La crise financière est le résultat de 30 ans de crise sociale. Si on luttait radi-calement contre le chômage, on pourrait rééquilibrer la négociation sur les salaires, améliorer la santé et la qualité de vie des personnes au travail. Le financement des retraites serait plus facile.

Part des salaires dans la valeurajoutée des entreprises

(OCDE - 15*)

68%

66%

64%

62%

60%

58%

56%

54%

1976 1986 1996 2006

* Allemagne, Suède, Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni, Danemark, Italie, Espagne,France, Pays-Bas, Autriche, Belgique, Finlande, Grèce et Irlande.

Souce : OCDE

67,3%

57,3%

Demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploien catégories A,B,C,D,E

(en milliers)

sept

.-06

mar

s-07

sept

.-07

mar

s-08

sept

.08

mar

s-09

sept

-09

mar

s-10

sept

.-10

4 750

4 500

4 250

4 000

3 750

3 500

3 250

1 Les Incendiaires, Perrin 2007

Déclarations d’embauches au 2ème trimestre 2010

CDDmoins d’1 mois

62,2%CDDplus d’1 mois

21,6%CDI temps plein ou partiel

16,2%SOURCE URSSAF JUILLET 2010

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CRISE CLIMATIQUE, CRISE ÉNERGÉTIQUE2010, année record de chaleur La NASA a annoncé que 2010 est l’année la plus chaude depuis 130 ans ! Toutes les études, hélas, confirment la même ten-dance : la décennie 2000-2009 fut la dé-cennie la plus chaude depuis qu’existent des relevés de température. Comme l’avait été auparavant la décennie 1990-1999, et comme l’avait été auparavant la décennie 1980-1989…

L’Académie des Sciences réfute les thèses de Claude Allègre Dans un rapport adopté à l’unanimité le 28 octobre 2010, l’Académie des Sciences affirme que «l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère est la cause principale du dérèglement climatique» et que «l’aug-mentation du CO2 est incontestablement due à l’activité humaine ».

Sécheresse et incendies en Russie, Inondations catastrophiques au Pakis-tan… L’été 2010 a été particulièrement meurtrier. Pour le premier réassureur mondial, Munich Re, le doute n’est plus possible : la multiplication des évènements extrêmes est bien liée au dérèglement climatique (2). « Un événe-ment météorologique isolé n’est pas la preuve d’un changement climatique

mais la somme totale des événements récents constitue un ensemble clair de preuves. (…) Les analyses réalisées avec la base de données des catastrophes na-turelles de Munich Re, la plus complète du monde, confirme que le nombre d’évé-nements météorologiques extrêmes (tempêtes et inondations) a triplé de-puis 1980.»

«L’Europe est menacée par une pénu-rie d’eau douce»«Depuis 1850, les glaciers ont perdu 80 % de leur volume dans les Pyrénées et 40 % dans les Alpes » explique Jean-Fran-çois Donzier, directeur de l’Office interna-tional de l’eau. Si les montagnes ne jouent plus leur rôle de château d’eau, le régime des grands fleuves va être profondément bouleversé. C’est vrai pour la Garonne et le Rhin. Mais c’est encore plus vrai (et plus grave) pour les fleuves des Andes ou de l’Himalaya : des centaines de millions de personnes risquent de manquer d’eau à certaines périodes de l’année, ce qui conduirait à des tensions très fortes voire à de véritables conflits.

Le pétrole va manquer Le dérèglement climatique n’est pas la seule raison qui nous oblige à diminuer de façon drastique notre consommation d’énergie : la direction des études d’EDF confirme aujourd’hui ce que disent les écologistes depuis plus de trente ans : « On va arriver bientôt sur un plateau de production de pétrole et on connaîtra un déclin de la production mondiale de pé-trole autour de 2020.»(3)

Cet été, c’est le Mexique qui admettait publiquement que sa production de pétrole a diminué de 20 % en six ans. Puis l’Algérie qui annonçait qu’elle devait réduire ses exportations de gaz…

Allons-nous attendre qu’il soit trop tard pour agir ?Allons-nous attendre que le dérèglement climatique échappe à notre contrôle ?Allons-nous attendre qu’un nouveau choc pétrolier se déclenche ?

Température moyenne de la planète Terre(Moyenne sur 12 mois consécutifs - Source NASA)

+0,6°C

+0,4°C

+0,2°C

0

-0,2°C

-0,4°C

1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000

Pétrole : la production du Mexique a baissé de 20 % en six ans.AFP - 17 août 2010

L’Algérie pourrait commencer à manquer de gaz dès 2014La Tribune 28 juillet 2010

Pérou : guerre du gaz et Etat d’urgenceRFI - 2 août 2010

2 Communiqué de Munich Re du 5 août 2010 3 Le Monde 22 octobre 2007

Depuis 1850, les glaciers ont perdu

80 % de leur volume dans les PyrénéesSOURCE LIBÉRATION

20 OCTOBRE 2010

Il est urgent d’inventer ensemble un nouveau modèle de développement.

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Pétrole : la production du Mexique a baissé de 20 % en six ans.AFP - 17 août 2010

L’Algérie pourrait commencer à manquer de gaz dès 2014La Tribune 28 juillet 2010

Pérou : guerre du gaz et Etat d’urgenceRFI - 2 août 2010

Depuis 1850, les glaciers ont perdu

80 % de leur volume dans les PyrénéesSOURCE LIBÉRATION

20 OCTOBRE 2010

Il est urgent d’inventer ensemble un nouveau modèle de développement.

Un premier consensus s’est dégagé autour de nos objectifs : « créer des emplois utiles, durables et non-délocalisables, sur une autre base que la croissance » explique Marie Blandin, sénatrice du Nord, « ré-indus-trialiser avec des emplois de qualité» insiste Gérard Aschieri de la FSU.

Un préalable passe par un changement des représentations. Daniel Le Scornet de l’Ap-pel des Appels et Marc Desplats, président du Mouvement National des Chômeurs et Précaires, plaident pour une meilleure re-présentation des chômeurs. Bertrand Mahé, secrétaire confédéral de la CFTC et Eloi Laurent, économiste à l’OFCE, demandent qu’on définisse de nouveaux critères de richesse et de croissance. « La question doit être : que faisons-nous de notre vie ? Et non que faisons nous dans notre vie ? » sug-gère le philosophe Patrick Viveret.

La première des pistes à explorer porte sur les gisements d’emplois verts dans le bâtiment, les économies d’énergie, le déve-loppement de nouveaux modes de trans-port et celui des énergies renouvelables : « Notre déficit énergétique était de 60 mil-liards d’euros en 2008. Il est possible de le diminuer très nettement si on investit mas-sivement dans les économies d’énergie et dans les énergies renouvelables » explique l’euro-député Pascal Canfin. Un des objets des Etats Généraux sera de recenser et de « confronter » toutes les études existantes sur la création d’emplois verts.

Le premier séminaire de travail des Etats Généraux s’est tenu les 22 et 23 octobre. Syndicats, représentants du patronat, d’ONG et d’associations, philosophes et éco-nomistes sont venus exposer leur diagnostic de la crise et leurs premières propositions.

Gérard ASCHIERIPrésident du centre de recherche de la FSU

Marie BLANDINSénatrice du Nord

Dominique MEDASociologue

Pascal CANFINDéputé européen

TRAVAILLER ENSEMBLE À DES SOLUTIONS CONCRÈTES

Maurad RHABISecrétaire confédéral de la CGT

Benoît ROGER-VASSELINPrésident de la commission emploi du MEDEF

Michel MEUNIERPrésident du CJDCentre des Jeunes Dirigeants

Pierre KHALFAPorte-parole de l’Union Syndicale Solidaire

Paul JORIONÉconomiste

Joël DECAILLON, Sec. Gal adj.Confédération Européennedes Syndicats

Gaël VIRLOUVETFrance Nature Environnement

Patrick VIVERETPhilosphe

Créer des emplois n’est pas tout. Il faut aussi travailler sur la nature des nouveaux em-plois. Beaucoup des emplois du XXIe siècle seront des emplois de médiation explique l’économiste Alain Lipietz. Il faut repenser les emplois-jeunes, lutter contre les temps partiels subis, revaloriser les métiers tradi-tionnellement « féminins », travailler sur la question de l’emploi des seniors et bien-sûr réfléchir à un autre partage du travail, plus juste que le partage actuel.

Sur la question du temps de travail, Benoît Roger-Vasselin, président de la commission des relations du travail au Medef (fonction qu’occupait auparavant Denis Gautier-Sauvagnac), affirme que « le débat sur le temps de travail méritait mieux que ce que nous avons entendu d’un côté de l’échiquier politique comme de l’autre. Le temps que nous consacrons au travail à l’intérieur d’une vie est complètement concentré entre 20 et 55 ans, où l’on devrait tout réussir : ses études, sa vie personnelle, sa vie professionnelle et l’ensemble des engagements que l’on a. Ensuite, on se fait jeter comme un kleenex à 55 ans, au mo-ment où l’on nous explique que l’on va vivre centenaire. Effectivement, l’idée de mieux partager le temps de travail à l’intérieur d’une vie mérite un vrai débat ».

Ancien Commissaire au Plan, ancien conseil-ler de Jacques Delors, Jean-Baptiste de Fou-cauld plaide lui aussi pour un autre partage du temps de travail et des revenus. Il opte

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TRAVAILLER ENSEMBLE À DES SOLUTIONS CONCRÈTES

pour une abondance frugale. Il met en avant plusieurs dysfonctionnements graves de notre contrat social : la politique des sa-laires, par exemple, est en même temps trop autoritaire (au niveau du SMIC) et trop dis-crétionnaire (à la tête du client pour la plu-part des salariés). « On pourrait augmen-ter plus les salaires si on les augmentait autrement » estime de Foucauld.

Pour Gérard Aschieri, de la FSU, « l’objectif doit être d’affirmer le droit à la réussite de tous et non pas l’égalité des chances, qui est un leurre et une manière de ne pas trai-ter de l’égalité des droits et notamment les droits à la formation. On se doit d’afficher des objectifs extrêmement ambitieux si on ne veut pas d’une société où une partie des jeunes et des adultes participe à la société de connaissance et où des autres sont can-tonnés dans des petits boulots. »

La sociologue Dominique Meda s’interroge : « Comment gérer la «destruction créatrice » ? Comment faire quand certains emplois dis-paraissent pour laisser la place à d’autres emplois, parfois plus qualifiés ? Comment nous désintoxiquer de cette société de consommation ? »

Sortir de la crise nécessite de réduire les inégalités affirme Eloi Laurent, économiste à l’OFCE : modifier la répartition des reve-nus, via une réforme fiscale d’ampleur. Mi-chel Meunier, Président du Centre des Jeunes Dirigeants propose une « fiscalité inversée », qui taxe plus les ressources non-renouve-lables que le travail. Le CJD souhaite qu’on relance le débat sur une vraie fiscalité Carbone.

« Nous sommes dans une pliure de l’histoire, de quelle côté parle-on ? s’interroge Pierre Radanne. La critique d’un monde qui meurt ou la construction du monde futur ? On ne gagnera jamais si on ne construit pas une

nouvelle promesse. La promesse ancienne est morte, la promesse de la société de consommation pour tous n’est plus un objectif de vie. Avons-nous une alternative à ça ? Nous sommes dans une société beaucoup trop violente dans les passages de vies, la sortie du système scolaire, la ques-tion des retraites… Plus qu’une réforme des retraites, il aurait fallu une réforme de la dis-tribution du temps dans la vie »

L’économiste Paul Jorion veut clarifier le dé-bat sur les revenus : soit on détache les reve-nus du travail, pour arriver à une sorte de re-venu garanti ; soit on assure le plein emploi. Un débat que Benoît Roger-Vasselin estime fondamental… tout en indiquant que les solutions du Medef seront sans doute diffé-rentes de celles des autres participants.

Secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot explique que « le projet global de l’écologie politique vise à faire vivre des habitants sur une planète dont les ressources sont limi-tées et donc, dans une logique de sobriété et d’économie des ressources naturelles. Non pas dans une logique dépressive mais bien dans une logique de mieux-être, où d’autres indicateurs de richesse vont per-mettre de travailler différemment et de sor-tir de la logique où la seule solution est la croissance du produit intérieur brut. »

« Il est très important de tirer les leçons du XXe siècle, et de se dire que les solutions ne seront porteuses de sens, d’espoir [...] que si elles sont partagées, conclut Cécile Duflot.

Patrick Viveret insiste lui aussi sur l’impor-tance du dialogue : face à un gouverne-ment autiste, incapable d’écouter les deux millions de citoyens qui manifestent contre la réforme des retraites, ces Etats Généraux sont la preuve qu’il est possible de dé-battre longuement et sereinement des enjeux de société.

Anne SOUYRISBureau exécutifEurope Écologie - Les Verts

Yves MONTALESCOTSecrétaire départ. CFDT 92

Jean-Baptiste de FOUCAULDAncien Commissaire au Plan

Sébastien DARRIGRANDUSGERES

Bertrand MAHÉComité national de la CFTC

Marc DESPLATSPrésident Mouvement Nal des Chômeurs et Précaires

Sandrine ROUSSEAUÉconomiste

Noël DAUCÉ Secrétaire fédéral de la FSU

Cécile DUFLOTSecrétaire nationaleEurope Écologie - Les Verts

Eva SASPrésidente de la Com.Economie des Verts

Pierre RADANNEClimatologue

Eloi LAURENTÉconomiste à l’OFCE

Jean-Frédéric DREYFUSCFE-CGC

Page 7: Etats Généraux pour l'Emploi et l'Ecologie

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TRAVAILLER ENSEMBLE À DES SOLUTIONS CONCRÈTES

Pour Joël Decaillon, Secrétaire Général adjoint de la Confédération Européenne des Syndicats, « le dérèglement climatique accroît les inégalités sociales. On ne peut pas dissocier lutte pour la justice sociale et lutte contre le dérèglement climatique. Il faut tenir compte aussi de ces 1,8 milliards de travailleurs qui n’ont aucune couverture sociale et qui aspirent à mieux se nourrir, à consommer plus d’électricité. (…) Il faut retrouver l’esprit de Philadelphie : il n’y aura pas de paix durable sans justice sociale. »

Membre du Conseil scientifique d’Attac et responsable de l’Union syndicale Solidaires, Pierre Khalfa milite pour une réaffectation des revenus vers les salaires les plus bas et pour une vraie baisse du temps de travail. L’idée d’une sécurité sociale profession-nelle est défendue par la CGT qui estime aussi qu’il est urgent d’imposer des règles sociales et environnementales dans le commerce mondial : « Soit le gouver-nement décide de maintenir l’emploi en France, soit il décide d’aider les lobbies de la grande distribution » affirme Maurad Rabhi, secrétaire confédéral de la CGT.

Pour lutter contre la précarité, nombreux sont ceux qui plaident comme Noël Daucé de la FSU pour qu’on développe un vrai ser-vice public de l’emploi. Yves Montalescot, Secrétaire départemental CFDT des Hauts de Seine, insiste sur les créations d’emplois dans l’économie sociale et solidaire. Sébas-tien Darrigrand, délégué général de l’Us-geres, propose d’appliquer le principe des « circuits courts » de distribution, tels que les Amap, à d’autres filières d’activité.

Un ensemble de pistes qui supposent de re-territorialiser l’activité, plaide Gaël Vir-louvet, de France Nature Environnement. Régis Hochard de la Confédération pay-sanne, souhaite relocaliser les productions agricoles et développer une agriculture

diversifiée. Mickael Poillion des Jeunes Agri-culteurs demande qu’on ne se résigne pas à l’effondrement de l’emploi agricole : le monde rural est un vrai vivier d’emplois, agricoles et para-agricoles.

Jean-Frédéric Dreyfus, membre du bureau national de la CFE-CGC, insiste sur la néces-sité de travailler à un concept de « perfor-mance globale » : mesurer la valeur d’une entreprise en prenant en compte son bilan social, sociétal et environnemental et pas seulement son bilan financier.

Présidente de la Commission du dévelop-pement au Parlement européen, Eva Joly dénonce le mythe de la croissance toute puissante. « L’idéologie n’est pas chez nous, mais chez ceux qui perpétuent cette illu-sion, chez tous ceux qui disent que le mo-teur va redémarrer, que la croissance suffira à régler tous nos problèmes. »

« Les emplois verts sont une partie de la solution, affirme Eva Joly. C’est 500 000 à 600 000 créations d’emplois possibles. Mais on voit bien que ce n’est pas suffisant dans un pays où il y a presque 5 millions de chômeurs. Il va donc falloir trouver d’autres façons de partager les richesses. Et une des solutions préconisées par beaucoup de personnes ici, et notamment par Pierre Lar-routurou, c’est le partage du travail. »

De l’avis de tous, ce premier séminaire de travail fut très riche. Trop riche pour être ré-sumé en trois pages… Les vidéos de toutes les interventions sont disponibles sur www.EtatsGenerauxEmploiEcologie.net.

Pour aller plus loin, pour atteindre notre objectif, diviser par 2 le chômage et les émissions de gaz à effet de serre, 5 groupes de travail ont été créés qui livreront leurs premières conclusions en janvier.

Eva JOLYDéputée européenne

Mickaël POILLIONJeunes Agriculteurs

Karima DELLIDéputée européenne

Régis HOCHARTConfédération Paysanne

Alain LIPIETZÉconomiste

Daniel LESCORNETl’Appel des appels

Pierre LARROUTUROUÉconomiste

Page 8: Etats Généraux pour l'Emploi et l'Ecologie

Laurence VICHNIEVSKYPACA

www.EtatsGenerauxEmploiEcologie.net

POUR PARTICIPER AUX DÉBATS DANS VOTRE RÉGION, POUR PARTICIPER AUX 5 GROUPES DE TRAVAIL

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Dans toutes nos régions, ils et elles s’engagent dans les États Généraux :

CALENDRIER DES ÉTATS GÉNÉRAUX

À ne

pas

jete

r sur

la v

oie

publ

ique

Yvette RAYSSIGUIERBretagne

Naïg LE GARSBretagne

Clotilde SERSPays de la Loire

Stéphane SAUBUSSEAquitaine

Bernard BRUNETMidi-Pyrénées

Thomas MAZIEREBasse Normandie

Evelyne COHEN-LEMOINEÎle-de-France

Robert ROCHAUDPoitou-Charentes

Alexandre JURADOMidi-Pyrénées

Hélène CHESSEMidi-Pyrénées

Claude TALEBHaute Normandie

Guy MARIEFranche-comté

Lionel GUERINÎle-de-France

Gérard ONESTAMidi-Pyrénées

Nicolas DUBOURGLanguedoc-Roussillon

Cyrille MOREAUHaute Normandie

Hervé MORELÎle-de-France

Ghilaine JEANNOT-PAGÈSLimousin

Caroline AMIELBasse Normandie

Jean-Philippe MAGNENPays de la Loire

Philippe COLLIAUXÎle-de-France

Priscilla CASSEZNord Pas-de-Calais

Serge GUERINÎle-de-France

Yves REVERSEAUAuvergne

Éric PIOLLERhône-Alpes

Christophe PORQUIERPicardie

Philippe HERVIEUBourgogne

Christophe ROSSIGNOLCentre

Jerôme GLEIZESÎle-de-France

Agnès LAURENTChampagne-Ardenne

Éric MORGENFranche-Comté

Sabra BENNASRRhône-Alpes

Bérénice VINCENTAquitaine

Jacques FERNIQUEAlsace

Françoise ALAMARTINELanguedoc-Roussillon

Philippe MEIRIEURhône-Alpes

22-23 OCTOBRE JANVIER FÉVRIER

MARS - AVRIL

MAI - JUIN

Premier séminaire de travail

Second séminaire Bilan d’étape national

Réunion européenne

Conclusion des États Généraux

Rencontres et débats en régions