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« Èt si nos aprouvin' dë canteu come nos tayons … * * * 150 traductions de comptines et chansons du milieu du XXème Siècle

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« Èt si nos aprouvin' dë canteu come nos

tayons …

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150 traductions de comptines et chansons du milieu du XXème Siècle

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Table des matières

- À bicyclette 132 - Ah ! Le petit vin blanc 134 - Ah ! Vous dirais-je, Maman … 138 - À la Claire Fontaine 142 - À la pêche aux moules 144 - Aller siffler sur la colline 146 - Alouette, gentille alouette 148 - Amusez vous comme des fous 150 - Ainsi font, font, font … 153 - Au clair de la lune 155 - Au feu les pompiers 157 - Au lycée Papillon 158 - Au Nord, c’étaient les corons 162 - Auprès de ma blonde 164 - Avec les pompiers 168 - Avec son popotin … 171 - Avoir un bon copain 174 - Bancs publics 177 - Belle nuit … 180 - Ça s’est passé un dimanche 182 - Cadet Roussel 186 - Cerisier rose et pommier blanc 189 - C’est la Mère Michel 193 - C’est la pluie qui tombe goutte à goutte 195 - C’est pour mon Papa 196 - Chant des Partisans 200 - Chevaliers de la table Ronde 203 - Colchiques dans les prés 206 - Complainte du petit cheval blanc 208 - Dans la forêt lointaine 210 - Dans les prisons de Nantes 211 - Dans un amphithéâtre 214 - Dodo, l’enfant do 216 - Dors mon petit Quinquin 218 - Douce France 222 - Elle lisait Marie-Claire 224 - Elle lisait le p’tit Parisien 228 - Enfants de tous pays 230 - En passant par la Lorraine 231 - En Wallonie 234 - Félicie 237 - Frère Jacques 239 - Frou frou 240 - Gratte-moi, gratte-moi … 242 - Hymne à la Joie 245 - Ignace 249 - Il court, il court, le furet 251 - Il est de Landerneau 252 - Il était un petit navire 255 - Il était une bergère 257 - Il fait bon chez vous, Maître Pierre 260

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- Il faut savoir … 262 - Il pleut bergère 263 - Internationale (l’) 265 - J’ai descendu dans mon jardin 268 - J’ai du bon tabac 270 - J’ai perdu le Do 271 - J’ai rêvé de vous 272 - J’attendrai ton retour 275 - Jean de la lune 277 - Jeanneton prend sa faucille 279 - Je cherche après Titine 281 - Je frappe au numéro 1 … 284 - Je ne chanterai rien 286 - Je pense à vous … 290 - Je suis content, je suis content 292 - Je t’ai donné mon cœur 297 - Je tire ma révérence 298 - Joli mois de mai 300 - J’y vas t’y, j’y vas t’y pas 304 - La bonne aventure 307 - La Bourguignonne 309 - La chanson des blés d’or 312 - La Java bleue 314 - La Laitière et le pot au lait 315 - La Madelon 317 - La maman du petit homme 320 - L’amour est enfant de Bohème 323 - L’amour est un bouquet de violettes 325 - L’Anglais entêté 327 - La Paimpolaise 330 - La vie en rose 333 - La vieille enclume 335 - La voix des Chênes 338 - Le bon Roi Dagobert 341 - Le chapeau à la main … 344 - Le Chant des Wallons 347 - Le Credo du Paysan 351 - Le Fromage à la crème 354 - Le loup et l’agneau 356 - Le moulin fait tic tac 358 - Le petit Bossu 359 - Le petit Chaperon rouge 361 - Le pot de terre et le pot de fer 364 - Le plus beau de tous les tangos 366 - Le Sire de Framboisy 368 - Les Feuilles mortes … 370 - Les Grands Oiseaux 372 - Les Roses blanches 375 - Les trois Cloches 378 - Les trois gosses 380 - Le vieux Chalet 383 - L’important, c’est la rose 384 - Lundi matin 386

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- Maman les petits bateaux … 388 - Meunier tu dors 389 - Mignonne, allons voir … 391 - Minuit, Chrétiens … 393 - Moi, mes souliers 396 - Mon beau sapin 398 - Mon père m’a donné un mari 400 - Mon p’tit cousin 403 - My Bonnie 405 - Ne pleure pas Jeannette 407 - Non, je ne regrette rien 409 - Nous n’irons plus au bois 410 - On est comme on est 413 - On m’appelle Simplet 417 - Où vas-tu Basile 420 - Papa n’a pas voulu et Maman non plus 423 - Parce que ça me donne du courage 426 - Parlez-moi d’amour 428 - Perrine était servante 429 - Petit Papa Noël 432 - Pirouette … 434 - Plaisir d’amour 436 - Pour vous obliger 438 - Quand j’étais chez mon père … 439 - Quand Margot dégrafait son corsage 441 - Quand nous chanterons le temps des cerises 443 - Quand tu reverras ton village 446 - Que sera, sera 449 - Qui sait, qui sait … 450 - Saint Nicolas ( la légende de ) 453 - Savez-vous planter les choux 456 - Sifflez en travaillant 457 - Si l’on pouvait arrêter les aiguilles 460 - Si tu veux faire mon bonheur 465 - Si vous croyez … 468 - Tout au fond de la mer … 469 - Tout va très bien Madame la Marquise 471 - Trois jeunes tambours 474 - Un fiacre allait trottinant 477 - Un maçon chantait une chanson 479 - Une souris verte 482 - Vive la rose et le lilas 484 - -- V’là l’ bon vent 486 - Voulez-vous danser, grand-mère ? 489 - Vous êtes si jolie 492 - Vous qui passez 494 - Ya une pie dans l’poirier 497

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A bicyclette

Texte original

Quand on partait de bon matin, Quand on partait sur les chemins, A bicyclette, Nous étions quelques bons copains : Y avait Fernand, y avait Firmin, Y avait Francis et Sébastien, Et puis Paulette. On était tous amoureux d'elle. On se sentait pousser des ailes A bicyclette. Sur les petits chemins de terre, On a souvent vécu l'enfer Pour ne pas mettre pied à terre Devant Paulette. Faut dire qu'elle y mettait du cœur : C'était la fille du facteur A bicyclette, Et depuis qu'elle avait huit ans, Elle avait fait en le suivant Tous les chemins environnants, A bicyclette. Quand on approchait la rivière, On déposait dans les fougères Nos bicyclettes. Puis on se roulait dans les champs, Faisant naître un bouquet changeant De sauterelles, de papillons Et de rainettes. Quand le soleil à l'horizon Profilait sur tous les buissons Nos silhouettes, On revenait fourbus contents, Le cœur un peu vague pourtant De n'être pas seul un instant Avec Paulette. Prendre furtivement sa main, Oublier un peu les copains, La bicyclette. On se disait « C’est pour demain, J'oserai, j'oserai demain, Quand on ira sur les chemins A bicyclette. »

Traduction en picard et correspondance en français Quand nos s’é da-lin’ ô ma-tin, Quand nous nous en allions au matin, Quand nos s’é da-lin’ pa lès k’mins, Quand nous nous en allions par les chemins, A bi-ci-clè-të, A bicyclette, Nos è-tin’ in sa-quant co-pins, Nous étions quelques copains, Y’a-vwat eùl Nand, y’a-vwat l’Fir-min, Y avait le Fernand, y avait le Firmin, Y’a-vwat l’ Fran-cis èt l’ Sé-bas-tchin, Y avait le Francis et le Sébastien, Èt pwîs Pô-lè-të. Et puis Paulette. Èt nos ètin’ tèrtoutes bleûs d’ èle. Et nous étions tous amoureux d'elle. Nos nos sé-tin’ pous-seu dès éles, Nous nous sentions pousser des ailes, A bi-ci-clè-të. A bicyclette. Su lès m’p’tits k’mins dë-dés lès chènes Sur les petits chemins dans les cendrées Nos a-vons ô-u bieu dès pènes Nous avons eu bien des lamentations Pou gneu ète for-cheus à dè-kène Pour ne pas être forcés de descendre Pa d’vant pô-lè-të. Devant Paulette. Fôt dîre qu’ èle i mè-twat tout s’ keûr ; Faut dire qu'elle y mettait tout son cœur ; C’eùt qu’ èle è-twat l’ fîe du fac-teûr C'est qu’elle était la fille du facteur A bi-ci-clè-të. A bicyclette. Èt dë-spwîs qu’ èle a-vwat wit’ ans Et depuis qu'elle avait huit ans Èle a-vwat fét é swî-vant s’ toûr Elle avait fait en suivant son tour Tous lès k’mins d’ tous lès a-lé-toûrs Tous les chemins de tous les environs A bi-ci-clè-të. A bicyclette.

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Quand nos ari-vin’ à l’ ri-vyêre, Quand nous arrivions à la rivière, Nos lè-yin’ là, dés lès fou-jêres, Nous laissions là, dans les fougères, Nos bi-ci-clè-tës. Nos bicyclettes. A-don nos s’ rou-lin’ dés lès camps, Alors nous nous roulions dans les champs, Fè-sant v’ni in bou-queut can-jant Faisant venir un bouquet changeant D’ in tas d’ sô-trèles èt d’ pa-pi-yons, D’un tas de sauterelles et de papillons, Èt co d’ rè-nètes. Et encore de rainettes. Mais quand l’ so-lèy à l’ o-ri-zon Mais quand le soleil à l'horizon Dou-n’wat à vîr su lès bou-chr’ons Donnait à voir sur les bouquets (d’arbustes) Nos si-lou-è-tës, Nos silhouettes, Nos èr-vë-nin’ bi-né-ses èt scrans, Nous revenions contents et fourbus, Mès dè-fou-tus é n’ èr-grè-tant Mais déçus en regrettant D’ gneu a-vwâr vi, seûl, in m’p’tit tans, De ne pas avoir vécu, seul, un petit moment, A-veu Pô-lè-të. Avec Paulette. A-tinde, sans d’ a-vwâr l’ ér, eùs’ min, Atteindre, sans en avoir l’air, sa main, Lè-yeu kè-i là lès co-pins, Laisser tomber là les copains, Eùl bi-ci-clè-të. La bicyclette. Nos nos di-sin’ « Cha s’ra pou d’min, Nous nous disions « Ce sera pour demain, Win, j’ onz’-ré, j’ onz’ -ré, j’ onz’-ré d’min, Oui, j’oserai, j'oserai, j'oserai demain, Quand nos di-rons co su lès k’mins, Quand nous irons encore sur les chemins, A bi-c-clè-të. » A bicyclette. »

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Ah, le petit vin blanc … ( Partition aimablement transmise par Mr Gilbert Taverne aussi bon chanteur qu’ancien Facteur des Postes )

Texte original Voici le printemps. La douceur du temps Nous fait des avances. Partez mes enfants. Vous avez vingt ans, Partez en vacances. Vous verrez agiles Sur l'onde tranquille Les barques, dociles, Au bras des amants. De fraîches guinguettes, Des filles bien faites, Y a des chansonnettes, Et y a du vin blanc. Refrain : Ah ! Le petit vin blanc Qu'on boit sous les tonnelles, Quand les filles sont belles Du côté de Nogent. Et puis de temps de temps, Un air de vieille romance Semble donner la cadence, Pour fauter, pour fauter Dans les bois, dans les prés, Du côté, du côté de Nogent. Suivons le conseil. Monsieur le Soleil Connaît son affaire. Cueillons, en chemin Ce minois mutin, Cette robe claire. Venez belle fille, Soyez bien gentille. Là, sous la charmille, L'amour nous attend. Les tables sont prêtes, L'aubergiste honnête. Y a des chansonnettes, Et y a du vin blanc ... Refrain A ces jeux charmants, La taille souvent Prend de l'avantage. Ça n'est pas méchant. Ça finit tout le temps Par un mariage. Le gros de l'affaire, C'est lorsque la mère Demande, sévère, A la jeune enfant : « Ma fille raconte Comment, triste honte, As-tu fait ton compte ? Réponds, je t'attends ... Refrain Coda : Car c'est toujours pareil. Tant qu’y aura du soleil, On verra les amants au printemps S'en aller pour fauter Dans les bois, dans les prés Du côté, du côté de Nogent. Traduction en picard et correspondance exacte en français Èh bë, v’là l’ prin-tans. Eh bien, voilà le printemps. Èt l’ doû-cheûr du tans Et la douceur du temps Nos fét dès avan-chës. Nous fait des avances. Al’zéz, mès é-fants. Partez, mes enfants. Vos a-veuz vint’ ans. Vous avez vingt ans. Al’-zéz é va-can-cës. Partez en vacances. Vos vé-reuz, bieu lè-ssës, Vous verrez, bien agiles, Dë-ssus yô tran-quî-ë Sur l'onde tranquille Lès bar-quètes fa-ci-lës Les barques dociles Dés lès bras d’ ga-lants. Dans les bras d’amants. Dès frè-chès guin-guè-tës. De fraîches guinguettes. Fîes qu’ èles sont bieu fè-tës. Filles qui sont bien faites. Lès can-chons sont prè-tës, Les chansons sont prêtes. Èt i’y’a du vin blanc ! Et il y a du vin blanc ! Refrain : Ah ! eùl bon m’p’tit vin blanc Ah ! le bon petit vin blanc Qu’on bwat d’zous lès to-nè-lës, Qu'on boit sous les tonnelles, Quand lès fîes èles sont bè-lës Quand les filles (elles) sont belles Èt du co-teu d’ No-jant. Et du côté de Nogent. Èt pwîs quand i vieut l’ tans, Et puis quand il vient le temps, C’eùt l’ ér d’ ène fôrt vièle ro-man-cë C’est l’air d’une très vieille romance Qui san.ne dou-neu eùs’ ca-dan-cë Qui semble donner sa cadence Pou fô-teu, pou fô-teu, Pour fauter, pour fauter,

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Dés lès bós, dés lès preus, (*) Dans les bois, dans les prés, Du co-teu, du co-teu ëd’ (***) No-jant. Du côté, du côté de Nogent.

Swî-von’ eùl con-sèy : Suivons le conseil : Mo-ssieu eùl So-lèy Monsieur le Soleil Coun’-wat eùs’ n’ a-fé-rë. Connaît son affaire. Kè-yon’ su l’ kë-min, Cueillons, en chemin, In vi-sâje mu-tin, Un minois mutin, Ou bieu ène cotte clé-rë. Ou une robe claire. Av’-neuz, jo-lîe fî-ë, Venez, belle fille. N’ fètes gneu l’ di-fi-ci-lë. Ne faites pas la difficile. Dô-là, d’zous l’ to-nè-lë, Là, sous la charmille,

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L’ a-moûr nos a-tét. L'amour nous attend. Lès tâbes èles sont prè-tës, Les tables (elles) sont prêtes. L’ të-nan-sieu ’t’ o-né-të. L'aubergiste est honnête.

Lès can-chons sont prè-tës, Les chansons sont prêtes, Èt i’y’a du vin blanc ! Et il y a du vin blanc ! Refrain À d’ tés’z’ a-mûs’-méts, À de tels amusements, Eùl taye, bieu sou-vét, La taille, bien souvent, Prét in m’p’tit da-mâ-jë ! Prend un petit dommage ! Cha n’eùt gneu mi-chant. Ça n'est pas méchant. Cha finit tout l’ tans (**) Ça finit tout le temps Pa in bon ma-ryâ-jë. Par un bon mariage. Eùl pus gros d’ l’ a-fé-rë, Le plus gros de l'affaire, Ç’ t’ ô mou-mét quë l’ mé-rë C'est lorsque la mère Qui prét éne co-lé-rë, Qui prend une colère, À l’ jon.ne é-fant fét, A la jeune enfant fait, Pou quë l’ fîe ra-con-të : Pour que la fille raconte : « Kë-mét, mès qué’n’ on-të, « Comment, mais quelle honte, A-véz fét vo con-të ? As-tu fait ton compte ? Rè-pon-deuz ! J’ a-té ! » Réponds ! J’attends ! » Refrain Coda C’eùt, séz, tou-dis pa-rèy : C'est, (vous) savez, toujours pareil : Tant qu’ i’y’â-ra du so-lèy Tant qu’il y aura du soleil On vwâ-ra l’ z’ a-mou-reûs , ô prin-tans, On verra les amants, au printemps, S’ é da-leu pou fô-teu S'en aller pour fauter

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Dés lès bós dés lès preus, Dans les bois, dans les prés, Du co-teu, du co-teu ëd’ (***) No-jant. Du côté, du côté de Nogent. (*) : Concession à la rime : « prés » devrait être traduit : « patûres » - (**) : id. : « tout le temps » devrait plutôt se traduire : « toudis » - (***) : « ëd’ » = « de »

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Ah, vous dirais-je, Maman …

Texte original ancien

Ah ! Vous dirai-je, Maman, ce qui cause mon tourment : Depuis que j'ai vu Sylvandre me regarder d'un air tendre, mon cœur dit à chaque instant : « Peut-on vivre sans amant ? » L'autre jour dans un bosquet, de fleurs, il fit un bouquet. Il en para ma houlette, me disant : « Belle brunette, Flore est moins belle que toi ; L'Amour moins tendre que moi. Étant faite pour charmer, Il faut plaire, il faut aimer ; c'est au printemps de son âge, qu'il est dit que l'on s'engage. Si vous tardez plus longtemps, on regrette ces moments. » Je rougis, et par malheur, un soupir trahit mon cœur. Le cruel avec adresse, profita de ma faiblesse. Hélas ! Maman, un faux pas me fît tomber dans ses bras. Je n'avais pour tout soutien que ma houlette et mon chien. L'Amour voulant ma défaite, écarta chien et houlette. Ah ! Qu'on goûte de douceur quand l'amour prend soin du cœur.

Traduction en picard et correspondance exacte en français

Eùj’ vos dî-ré-ti, bone Man, Je vous dirai(t-il), bonne Maman, Chô qui fét quë j’ car-masse tant ? Ce qui fait que je me fais tant de soucis ? D’pwîs qu’ j’ é ô.-u vu Mo-dè-ssë Depuis que j'ai eu vu Modeste M’ ra-vi-seu d’ in’ ér cé-lè-ssë, Me regarder d'un air céleste, Eùm’ keûr eùm’ dit tout eû-reûs : Mon cœur me dit tout heureux : « Peut-on vîve sans a-mou-reûs ? » « Peut-on vivre sans amant ? »

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A-veu dès fleûrs, in’ ôte cóp, Avec des fleurs, une autre fois, I m’ a fét ène sa-keu d’ biô. Il m’a fait quelque chose de beau. I d’ a é-bè-li m’ n’ ou-lè-të, Il en a enjolivé ma houlette, É m’ di-sant : « Eùm’ bone breù-nè-të, En me disant : « Ma bonne brunette, Flôre, vos ètes pus bèle quë li, Flore, tu es plus belle qu’elle, Èt l’ A-moûr mwins tére quë mi ! » Et l’Amour moins tendre que moi ! »

« Vous qu’ vos ètes fète pou char-meu, « Toi qui es faite pour charmer, I fôt plére, i fôt in.-meu ; Il faut plaire, il faut aimer ; Èt c’eùt dés l’ prin-tans dë s’ n’ â-jë, Et c’est au printemps de son âge, Qu’ il eùt mè-yeûr qu’ on s’ éga-jë. Qu’il est préférable qu’on s’engage. Si vos trin.-neu pus lon.-mét, Si tu tardes plus longtemps, Vos ar-grè-treuz cès mou-méts. » Tu regretteras ces moments. »

J’ é rou-ji, èt pâr mal-eûr, Je rougis, et par malheur, In sou-pîr a tra.-i m’ keûr. Un soupir trahit mon cœur. Eùl vi-gnoû, a-vèc a-lû-rë, Le cruel, avec adresse, É sa-vant qu’ jë n’ sû gneu dû-rë, Et sachant que je ne suis pas résistante, M’a, Man, fét fé in fôs pas, M’a, Maman, fait faire un faux pas, Èt j’é kè.-u dés sès bras ! Et je suis tombée dans ses bras !

Pou m’ dè-fène ëj’ n’ a-vwa rieu Pour me défendre je n’avais rien Quë m’ ba-ton èt m’ pë-tit tcheu ! Que mon baton et mon petit chien ! L’ A-moûr qui vol-wat m’ dè-fè-të, L’Amour qui voulait ma défaite, A r’poû-sseu tcheu èt ou-lè-të. Ecarta chien et houlette. Ah ! Chô qu’ on a dë l’ doû-cheûr Ah ! Ce que l’on a de la douceur Quand l’ a-moûr s’ o-cupe du keûr ! Quand l’amour prend soin du cœur !

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Variante enfantine plus récente

Ah ! Vous dirais je maman, Ce qui cause mon tourment : Papa veut que je raisonne Comme une grande personne. Moi je dis que les bonbons Valent mieux que la raison. Ah ! Vous dirai-je, Maman, Ce qui cause mon tourment : Papa veut que je demande De la soupe et de la viande. Moi, je dis que les bonbons Valent mieux que les mignons. Ah ! vous dirai-je, Maman, Ce qui cause mon tourment : Papa veut que je retienne Des verbes la longue antienne. Moi, je dis que les bonbons Valent mieux que les leçons.

Traduction en picard et correspondance exacte en français

Eùj’ vos dî-ré-ti, bone Man, Je vous dirai(t-il), bonne Maman Chô qui fét quë j’ car-masse tant ? Ce qui fait que je me fais tant de soucis ? Eùm’ Pa veut quë j’ ré-sou-ni-chë Mon Père veut que je raisonne Èt quë, come in grand, ëj’ sun-chë. Et que, comme un grand, je sois. Èh bë, mi j’ di qu’ lès bo-bons Eh bien, moi je dis que les bonbons Val-të mieûs qu’ toutes lès ré-sons ! Valent mieux que toutes les raisons !

Eùj’ vos dî-ré-ti, bone Man, Je vous dirai(t-il), chère Maman, Chô qui fét quë j’ car-masse tant ? Ce qui fait que je me fais tant de soucis ? M’ Pa veut quë j’ fè-siche dë-man-dë Mon Père veut que je fasse demande Pou dë l’ soupe èt co dë l’ vyan-dë. Pour de la soupe et encore de la viande. Èh bë, mi j’ di lès bo-bons Eh bien, moi je dis que les bonbons Val-të mieûs qu’ tous lès mi-gnons ! Valent mieux que tous les mignons !

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Eùj’ vos dî-ré-ti, bone Man, Je vous dirai(t-il), chère Maman, Chô qui fét quë j’ car-masse tant ? Ce qui fait que je me fais tant de soucis ? Eùm’ Pa voûr-wat qu’ j’ èr-të-ni-chë, Mon Père voudrait que je retienne, Dès vièrbes, eùl si longue a-fi-chë ! Des verbes, la si longue affiche ! Èh bë, mi j’ di lès bo-bons Eh bien, moi je dis que les bonbons Val-të mieûs quë toutes lès l’çons ! Valent mieux que toutes les leçons !

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À la claire fontaine …

Texte original

A la claire fontaine, M'en allant promener, J'ai trouvé l'eau si belle, Que je m'y suis baigné. Il y a longtemps que je t'aime. Jamais je ne t'oublierai. Sous les feuilles d'un chêne , Je me suis fait sécher. Sur la plus haute branche, Un rossignol chantait. ll y a longtemps que je t'aime. Jamais je ne t'oublierai. Chante, rossignol, chante, Toi qui as le coeur gai. Tu as le coeur a rire, Moi, je l'ai à pleurer. Il y a longtemps que je t'aime. Jamais je ne t'oublierai. J'ai perdu mon amie, Sans l'avoir mérité. Pour un bouquet de roses, Que je lui refusai. Il y a longtemps que je t'aime. Jamais je ne t'oublierai. Je voudrais que la rose Fût encore au rosier, Et que ma douce amie Fût encore à m'aimer. Il y a longtemps que je t'aime. Jamais je ne t'oublierai.

Traduction en picard et correspondance en français

A ène si clére fon-tin.-në, A une si claire fontaine, M’ é da-lant pour-më-neu, M'en allant promener, Yô m’ a san.-neu si bè-lë L’eau m’a paru si belle Quë j’ é pris in bin d’dés. Que j’ai pris un bain dedans. I y’a lon.-mét quë j’ vos in.-më, Il y a longtemps que je t'aime, Ja-més jë n’ vos ou-blî-ré ! Jamais je ne t'oublierai ! Pa d’zous lès feùyes d’ in kin.-në Sous les feuilles d'un chêne Jë m’ sû fét èr-sè-ki. Je me suis fait sécher. Su l’ pus ôte dë sès bran-kës, Sur la plus haute de ses branches, In ro-ssi-gnol can-twat. Un rossignol chantait. I y’a lon.-mét quë j’ vos in.-më, Il y a longtemps que je t'aime, Ja-més jë n’ vos ou-blî-ré ! Jamais je ne t'oublierai ! Can-teuz, ro-ssi-gnol, can-teuz, Chante, rossignol, chante,

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Vous qu’ vos a-veuz l’ keûr gué. Toi qui as le coeur gai. Vos a-veuz l’ keûr à rî-rë, Tu as le coeur a rire, Mès mi, j’ l’ é foc’ à brére. Mais moi, je l'ai seulement à pleurer. I y’a lon.-mét quë j’ vos in.-më, Il y a longtemps que je t'aime, Ja-més jë n’ vos ou-blî-ré ! Jamais je ne t'oublierai !

J’ é pièr-du eùm’ cou-mê-rë J'ai perdu mon amoureuse Sans l’ a-vwâr mè-ri-teu, Sans l'avoir mérité, Foc’ pou in bou-queut d’ rô-sës, Seulement pour un bouquet de roses, Quë j’ n’ a-vwa gneu dou-neu. Que je n’avais pas offert. I y’a lon.-mét quë j’ vos in.-më, Il y a longtemps que je t'aime, Ja-més jë n’ vos ou-blî-ré ! Jamais je ne t'oublierai !

Ëj’ voû-rwa co quë l’ rô-së Je voudrais encore que la rose Sunche tou-dis su l’ ro-sieu, Fût toujours au rosier, Èt quë m’ pë-tite cou-mê-rë Et que ma petite amie Sunche tou-dis à m’ in.-meu ! Fût toujours à m'aimer ! I y’a lon.-mét quë j’ vos in.-më, Il y a longtemps que je t'aime, Ja-més jë n’ vos ou-blî-ré ! Jamais je ne t'oublierai !

* * *

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A la pêche aux moules …

Textes originaux

A la pêche aux moules, moules, moules Je n'veux plus aller, Maman. Les gens de la ville, ville, ville M'ont pris mon panier, Maman. Les gens de la ville, ville, ville M'ont pris mon panier, Maman.

Variantes Jamais on n’a vu, vu, vu, Jamais on n’verra, ra, ra, La queue d’une souris, ris, ris, Dans l’oreille d’un chat, chat, chat. (bis) Jamais on n’a vu, vu, vu, Jamais on n’verra, ra, ra, Un p’tit cochon rose, rose, rose, Mâcher du nougat, gat, gat. (bis) Jamais on n’a vu, vu, vu, Jamais on n’verra, ra, ra, Une poulette qui couve, couve, couve Des œufs d’chocolat, lat, lat. (bis) Jamais on n’a vu, vu, vu, Jamais on n’verra, ra, ra, Un mouton lainu, nu, nu, S’tricoter des bas, bas, bas. (bis)

Jamais on n’a vu, vu, vu, Jamais on n’verra, ra, ra, une puce soulevant, vant, vant, Un éléphant gras, gras, gras. (bis)

Traductions et correspondance exacte en français

Pou pè-keu dès mou-lës, mou-lës, mou-lë s Pour pêcher des m.-les, m.-les, m.-les, Jë n’ veu pus da-leu, bone Man. Je n'veux plus aller, Maman. C’eùt qu’ lès jés dë l’ vi-lë, vi-lë, vi-lë, C’est que les gens de la v., v., v., M’ ont pris eùm’ ma-noke, bone Man. M'ont pris mon panier, bonne M.. C’eùt qu’ lès jés dë l’ vi-lë, vi-lë, vi-lë, Les gens de la ville, ville, ville, M’ ont pris eùm’ ma-noke, bone Man. M'ont pris mon panier, bonne M..

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Variantes

Ja-més on n’ a vu, vu, vu, Jamais on n’a vu, vu, vu, Ja -més on n’ vwâ-ra, ra, ra, Jamais on n’verra, ra, ra, Eùl queùye d’ ène so-ris, ris, ris, La queue d’une souris, ris, ris, Dés l’ o-rèye d’ in cat, cat, cat. ( bis) Dans l’oreille d’un chat, chat, chat. (bis)

Ja-més on n’ a vu, vu, vu, Jamais on n’a vu, vu, vu, Ja-més on n’ vwâ-ra, ra, ra, Jamais on n’verra, ra, ra, In p’t’tit pour-chô rôse, rôse, rôse, Un p’tit cochon rose, rose, rose, Mour-ma-cheu l’ nou-gat, gat, gat. (bis) Mâcher le nougat, gat, gat. (bis)

Ja-més on n’ a vu, vu, vu, Jamais on n’a vu, vu, vu, Ja-més on n’ vwâ-ra, ra, ra, Jamais on n’verra, ra, ra, Ène poû-yète t’ni l’ nit’, nit’, nit’, Une poulette couver, ver, ver, Pou du chu-co-lat, lat, lat. (bis) Pour du chocolat, lat, lat. (bis)

Ja-més on n’ a vu, vu, vu, Jamais on n’a vu, vu, vu, Ja-més on n’ vwâ-ra, ra, ra, Jamais on n’verra, ra, ra, In bë-dót cro-leu, leu, leu, Un mouton bouclé, lé, lé, S’ tri-co-teu dès bas, bas, bas. (bis) Se tricoter des bas, bas, bas. (bis)

Ja-més on n’ a vu, vu, vu, Jamais on n’a vu, vu, vu, Ja-més on n’ vwâ-ra, ra, ra, Jamais on n’verra, ra, ra, Ène puche qui sou-yeùve, yeùve, yeùve, Une puce qui soulève, lève, lève, In’ è-lè-fant crâs, crâs, crâs. (bis) Un éléphant gras, gras, gras (bis)

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Aller siffler sur la colline

Texte original Je l’ai vue près d’un laurier ; elle gardait ses blanches brebis. Quand j’ ai demandé d’où venait sa peau fraîche, elle m’a dit : « C’est d’rouler dans la rosée qui rend les bergères jolies. » Mais quand j’ai dit qu’avec elle je voudrais y rouler aussi, Elle m’a dit … Elle m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colline, De l’attendre avec un petit bouquet d’églantines. J’ai cueilli des fleurs et j’ai sifflé tant que j’ai pu. J’ai attendu, attendu : elle n’est jamais venue. Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï À la foire du village un jour je lui ai soupiré Que je voudrais être une pomme suspendue à un pommier, Et qu’à chaque fois qu’elle passe elle vienne me mordre dedans. Mais elle est passée tout en me montrant ses jolies dents, Elle m’a dit : Elle m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colline, De l’attendre avec un petit bouquet d’églantines. J’ai cueilli des fleurs et j’ai sifflé tant que j’ai pu. J’ai attendu, attendu : elle n’est jamais venue. Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Traduction en picard et correspondance exacte en français Ëj’ l’ é vu d’lé in lorieu ; èle wardwat sès blankès brëbis. Je l’ai vue près d’un laurier. Elle gardait ses blanches brebis. Quand j’ li é d’mandeu d’ üsq’ èle tënwat si jon.ne piô, èle m’ a dit Quand je lui ai demandé d’où elle tenait si jeune peau, elle m’a dit : « C’eùt dë s’ vaneu dés yèrpe tére qui rét lès bèrjêres si jolîes. » « C’est de se rouler dans l’herbe tendre qui rend les bergères si jolies. » Mès, quand j’ é d’mandeu d’ povwâr eùm vaneu ètou aveu li, Mais quand j’ai demandé de pouvoir me rouler aussi avec elle, Èle m’ a dit … Elle m’a dit … Èle m’ a dit d’ daleu chufleu là ’t’ é ôt su l’ coline, Elle m’a dit d’aller siffler là tout en haut sur la colline, Èt dë l’ ratène avèc in p’tit’ bouqueut d’ èglantines. Et de l’attendre avec un petit bouquet d’églantines. J’ é kèyeu dès fleûrs èt j’ é chufleu tant qu’ j’ é po.u, J’ai cueilli des fleurs et j’ai sifflé tant que j’ai pu. J’ é ratèdu, ratèdu : mès èle n’ a jamés v’nu ! J’ai attendu, attendu : mais elle n’est jamais venue.

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Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï À l’ ducasse dë no vilâje, ëj’ li é dit tout bas l’ promieu À la foire de notre village, je lui ai murmuré le premier Quë j’ voûrwa bieu ète in pun pèdu pa d’zous l’ branke d’ in pumieu, Que je v. bien être une pomme suspendue sous la branche d’un pommier, Èt qu’ à chaque cóp qu’ èle passiche èle sunche vënûe pou m’ agneu d’dés. Et qu’à chaque fois qu’elle passe elle soit venue pour me mordre dedans. Més èle a passeu oute tout é m’ fésant vîr sès jolîes dés, Mais elle est passée outre tout en me faisant voir ses jolies dents, Èle m’ a dit … Elle m’a dit … Èle m’ a dit d’ daleu chufleu là ’t’ é ôt su l’ coline, Elle m’a dit d’aller siffler là tout en haut sur la colline, Èt dë l’ ratène avèc in p’tit’ bouqueut d’ èglantines. Et de l’attendre avec un petit bouquet d’églantines. J’ é kèyeu dès fleûrs èt j’ é chufleu tant qu’ j’ é po.u, J’ai cueilli des fleurs et j’ai sifflé tant que j’ai pu. J’ é ratèdu, ratèdu : mès èle n’ a jamés v’nu ! J’ai attendu, attendu : mais elle n’est jamais venue. Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï Laï

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Alouette, gentille alouette, …

Traduction en picard et correspondance en français A-lo-wè-të, jan-tîe a-lo-wè-të, Alouette, gentille alouette, A-lo-wè-të, ëj’ vos dè-plum’ré. Alouette, je te plumerai Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl’ tchète. Je te plumerai la tête. Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl’ tchète. Je te plumerai la tête. È-yeut l’ tchète ! È-yeut l’ tchète ! Et la tête ! Et la tête ! A-lo-wète, A-lo-wète ! Alouette, Alouette ! Aaaah ! Aaaah...

Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl’ bèc’. Je te plumerai le bec. Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl’ bèc’. Je te plumerai le bec. È-yeut l’ bèc’ ! È-yeut l’ bèc’ ! Et le bec ! Et le bec ! A-lo-wète, A-lo-wète ! Alouette, Alouette ! Aaaah ! Aaaah... Ëj’ vos dè-plu-m’ré lès ieus. Je te plumerai les yeux. Ëj’ vos dè-plu-m’ré lès ieus. Je te plumerai les yeux. Èt lès ieus ! Èt lès ieus ! Et les yeux ! Et les yeux ! È-yeut l’ bèc’ ! È-yeut l’ bèc’ ! Et le bec ! Et le bec ! È-yeut l’ tchète ! È-yeut l’ tchète ! Et la tête ! Et la tête ! A-lo-wète, A-lo-wète ! Alouette, Alouette ! Aaaah ! Aaaah... Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl cou. Je te plumerai le cou. Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl cou. Je te plumerai le cou. È-yeut l’ cou ! È-yeut l’ cou ! Et le cou ! Et le cou ! Èt lès ieus ! Èt lès ieus ! Et les yeux ! Et les yeux ! È-yeut l’ bèc’ ! È-yeut l’ bèc’ ! Et le bec ! Et le bec ! È-yeut l’ tchète ! È-yeut l’ tchète ! Et la tête ! Et la tête ! A-lo-wète, A-lo-wète ! Alouette, Alouette ! Aaaah ! Aaaah... Ëj’ vos dè-plu-m’ré lès éles. Je te plumerai les ailes.

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Ëj’ vos dè-plu-m’ré lès éles. Je te plumerai les ailes. Èt lès éles ! Èt lès éles ! Et les ailes ! Et les ailes ! È-yeut l’ cou ! È-yeut l’ cou ! Et le cou ! Et le cou ! Èt lès ieus ! Èt lès ieus ! Et les yeux ! Et les yeux ! È-yeut l’ bèc’ ! È-yeut l’ bèc’ ! Et le bec ! Et le bec ! È-yeut l’ tchète ! È-yeut l’ tchète ! Et la tête ! Et la tête ! A-lo-wète, A-lo-wète ! Alouette, Alouette ! Aaaah ! Aaaah... Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl queuye. Je te plumerai la queue. Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl queuye. Je te plumerai la queue. È-yeut l’ queùye ! È-yeut l’ queùye ! Et la queue ! Et la queue ! Èt lès éles ! Èt lès éles ! Et les ailes ! Et les ailes ! È-yeut l’ cou ! È-yeut l’ cou ! Et le cou ! Et le cou ! Èt lès ieus ! Èt lès ieus ! Et les yeux ! Et les yeux ! È-yeut l’ bèc’ ! È-yeut l’ bèc’ ! Et le bec ! Et le bec ! È-yeut l’ tchète ! È-yeut l’ tchète ! Et la tête ! Et la tête ! A-lo-wète, A-lo-wète ! Alouette, Alouette ! Aaaah ! Aaaah... Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl dos. Je te plumerai le dos. Ëj’ vos dè-plu-m’ré eùl dos. Je te plumerai le dos. È-yeut l’ dos ! È-yeut l’ dos ! Et le dos ! Et le dos ! È-yeut l’ queùye ! È-yeut l’ queùye ! Et la queue ! Et la queue ! Èt lès éles ! Èt lès éles ! Et les ailes ! Et les ailes ! È-yeut l’ cou ! È-yeut l’ cou ! Et le cou ! Et le cou ! Èt lès ieus ! Èt lès ieus ! Et les yeux ! Et les yeux ! È-yeut l’ bèc’ ! È-yeut l’ bèc’ ! Et le bec ! Et le bec ! È-yeut l’ tchète ! È-yeut l’ tchète ! Et la tête ! Et la tête ! A-lo-wète, A-lo-wète ! Alouette, Alouette ! Aaaah ! Aaaah... A-lo-wè-të, jan-tîe a-lo-wè-të, Alouette, gentille alouette, A-lo-wè-të, ëj’ vos dè-plum’ré. Alouette, je te plumerai.

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Amusez-vous

Texte original

Que ce serait charmant sur terre, Un pays où les gens n'viendraient Que par plaisir, pour se distraire ; Où dans ce but tout serait fait. Combien ce serait sympathique Un pays où l'on n's'occuperait Ni d'affaires ni de politique, Où sans arrêt l'on s'reposerait. Et quelle joie souveraine, Quand on est Prince de Monaco, De pouvoir dire à ceux qui viennent De Londres ou bien de Chicago :

Refrain : Amusez-vous, foutez-vous d'tout. La vie entre nous est si brève. Amusez-vous, comme des fous. La vie est si courte, après tout. Car l'on n'est pas ici Pour se faire du souci. On n'est pas ici-bas Pour se faire du tracas. Amusez-vous, foutez-vous d'tout. La vie passera comme un rêve. Faites les cent coups, dépensez tout. Prenez la vie par le bon bout.

Pour que les gens voient tout en rose Ou tout en bleu à Monaco, La première chose qui s'impose Est d'supprimer tous les impôts. Car dans la comédie humaine, Où tous les rôles ont leur raison, Il n'y en qu'un seul qui me gêne : Oui, c'est l’rôle des contributions. Pour un roi quelle joie adorable, Quelle charmante innovation, De pouvoir à ses contribuables, Envoyer cette sommation : Refrain

Pour que la vie soit toujours belle, Ah ! que j'aimerais un quotidien Qui n'annoncerait que de bonnes nouvelles Et vous dirait que tout va bien ! Pour ne montrer que les avantages. Au lieu d'apprendre les décès, On apprendrait les héritages. C'est la même chose et c'est plus gai. Pour remplacer les journaux tristes, Que ça serait consolateur De lancer un journal optimiste Qui dirait à tous ses lecteurs : Refrain Pour l'instruction c'est la même chose : On vous apprend l'Asie Mineure, La règle de trois, rosa la rose. On n'apprend pas ce qu'est l'bonheur ! On vous prépare à être notaire, A être soldat, mais c'est curieux, Il n'est pas une école sur Terre Où l'on prépare à être heureux ! Au lieu d'leur enseigner les cols Des Alpes ou le cours de l'Allier, Que j'aimerais un maître d'école Qui dirait à ses écoliers : Refrain

Traduction en picard et correspondance en français

Quô ç’ qu’ on sâr-wat dô-chi bi-néses Qu’ est-ce qu’on serait ici heureux Si lès jés n’ vé-rin-të ja-més Si les gens ne venaient jamais Qu’ pou ète eû-reûs èt à leû’ n’ ése ; Que pour être gais et à leur aise ; Üs-quë pou cha tout sâr-wat fét. Où dans ce but tout serait fait. Quô ç’ quë cha sâ-rwat sin-pa-tique Combien ce serait sympathique In pè-is ü-squ’ on n’ së mèl-rwat Un pays où l'on ne s'occuperait Gneu pus d’ a-féres quë d’ po-li-tique, Pas plus d'affaires que de politique, Üs-quë tou-dis on s’ èr-pôs-rwat ! Où toujours l'on se reposerait ! Vré-mét c’eùt gué - surtout qu’ i l’ peut - Vraiment, c’est gai - surtout qu’il le peut- Quand on eùt Prince dë Mo-na-co, Quand on est Prince de Monaco, D’ pov-wâr dî-re à lès ciuns qui vieut’te De pouvoir dire à ceux qui viennent Ou bieu d’ Lon-dres ou bieu d’ chi-ca-go : Ou bien de Londres ou bien de Chicago :

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Refrain : A-mu-seuz-vous, Amusez-vous, Fou-teuz vous d’ tout’ ! Foutez-vous de tout ! Eùl vîe, sa-véz’, n’ a gneu d’ ra-lon-on-jë. La vie, savez (vous), n’a pas d’allonge. A-mu-seuz-vous, Amusez-vous, Ô-tant qu’ dès fous. Comme des fous. Eùl vîe eùt si courte a-preus tout’ ! La vie est si courte, après tout ! Pas-quë nos n’ somes gneu chi Car nous ne sommes pas ici Pou nos tchèr-keu d’ sou-cis ! Pour nous charger de soucis ! Nos n’ somes gneu chi é bas Nous ne sommes pas ici en bas Pou mo-ri dès tra-cas ! Pour mourir des tracas ! A-mu-seuz-vous, Amusez-vous, Fou-teuz vous d’ tout’ ! Foutez-vous de tout ! Eùl vîe va pa-sseu come in son-on-jë La vie passera comme un rêve Fètes lès cass’coups, Faites les cent coups, Dè-pin-seuz tout’ ! Dépensez tout ! Èt pér-deuz l’ vîe pa s’ mè-yeûr bout ! Et prenez la vie par son meilleur bout !

Pou qu’ lès jés vwat’-të tout’ é rôse, Pour que les gens voient tout en rose, Ou tout’ é bleû à Mo-na-co, Ou tout en bleu à Monaco, I n’ fôt gneu dè-go-teu ôte côse, Il ne faut pas trouver autre chose, Quë d’ leû dîre qu’ i n’ a pus d’ im-pôts ! Que de leur dire qu’il n’y a plus d’impôts! Pas-quë dés l’ co-mè-dîe dès omes, Car dans la comédie des hommes, - Üsquë tout ç’ qu’ on fét a s’ réson - - Où tout ce qu’on fait a sa raison - I n’ d’ a foc’ ène qui m’ jin.ne, é some : Il n'en est qu'une qui me gène, en somme : Win, c’eùt l’ cieùne dès con-tri-bu-ssions. Oui, c'est celle des contributions. Pou in rwa, qué j wâe a-do-râbe, Pour un roi, quelle joie adorable, Èt qué char-mante i-nô-vâ-ssion Et quelle charmante innovation D’ é-vou-yeu à lès con-tri-buâbes, D’envoyer aux contribuables, Eùç’ lète-chi come so-mâ-ssi-on : Cette lettre-ci comme sommation : Refrain Èt pou quë l’ vîe sunche tou-dis bèle Et pour que la vie soit toujours belle Fôr-wat tous lès joûrs in pa-pieu Faudrait tous les jours un papier Qui n’ dou-niche quë dès bones nou-vèles Qui ne donne que de bonnes nouvelles É nos di-sant qu’ tout’ va fôrt bieu ! En nous disant que tout va très bien ! Pou tou-dis nos fé rî-re eùl panse ; Pour toujours nous faire rire le ventre ; Sans parleu dès mortaliteus, Sans parler des décès, I n’ nos dîr-wat qu’ lès è-ri-tances. Il ne nous dirait que les héritages. C’eùt co l’ min.me mès c’eùt pu jwa-yeûs ! C'est encore la m. (chose) mais c'est plus gai ! Pou ré-pla-cheu lès ga-zètes trisses, Pour remplacer les journaux tristes, Bon Djeu, pus ri-go-lo sâr-wat Bon Dieu, plus rigolo serait D’ ind-vin-teu n’ ga-zète o-pti-misse D’inventer un journal optimiste Quë tous lès joûrs èle nos dîr-wat : Qui tous les jours nous dirait : Refrain

Pou l’ è-cole cha n’ eùt gneu ôte côse : Pour l'école ce n’est pas autre chose : On vos a-prét l’ A-sîe Mi-neûre, On vous apprend l'Asie Mineure, Eùl régue dë trwas, « ro-sa, eùl rôse », La règle de trois, « rosa la rose », On n’ a-prét gneu chô qu’ c’ eùt l’ bo-neûr ! On n'apprend pas ce qu'est le bonheur ! On vos prè-pâre à ète no-têre, On vous prépare à être notaire, À ète sô-dârd, mès c’eùt cu-rieûs, A être soldat, mais c'est curieux,

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I n’ a gneu ène ècole su l’ têre Il n'est pas une école sur la Terre Üs-qu’ on a-prét à ète eû-reûs ! Où l'on apprend à être heureux ! Putôt quë d’ leûs’z’ a-prène dès coles Au lieu de leur enseigner des colles Su lès a-moûrs dès è-lè-fants, Sur les amours des éléphants, Quô ç’ quë j’ in.m-rwra in Méte d’ è-cole Qu’est-ce que j'aimerais un Maître d'école Qui onz-rwat dîre à sès é-fants : Qui oserait dire à ses enfants : Refrain

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Ainsi font, font, font, les petites marionnettes

Texte original : Ainsi font, font, font, les petites marionnettes, ainsi font, font, font, trois petits tours et puis s’en vont ! Les poings au côté, marionettes, marionnettes, les mains aux côtés, marionnettes, sautez, sautez ! Ainsi font, font, font, les petites marionnettes, ainsi font, font, font, trois petits tours et puis s’en vont ! Les poings au côté, marionettes, marionnettes, et elles danseront, quand les enfants dormiront. Ainsi font, font, font, les petites marionnettes, ainsi font, font, font, trois petits tours et puis s’en vont !

Traduction et correspondance en picard

Lé-ssi fét’t’, fét’t’, fét’t’, Ainsi font, font, font, Lès m’p’ti-tès ma-ri-o-nè-tës, Les petites marionnettes, Lé-ssi fét’t’, fét’t’, fét’t’, Ainsi font, font, font, Trwas m’p’tits toûrs èt pwîs s’ é vont ! Trois petits tours et puis s’en vont ! Poings à lès co-teus, Poings aux côtéx, Ma-ri-o-nè-tës, Ma-ri-o-nè-tës, Marionnettes, marionnettes, Poings à lès co-teus, Poings aux côtéx, Ma-ri-o-nèt-tës, sô-teuz, sô-teuz ! Marionnettes, sautez, sautez ! Lé-ssi fét’t’, fét’t’, fét’t’, Ainsi font, font, font, Lès m’p’ti-tès ma-ri-o-nè-tës, Les petites marionnettes, Lé-ssi fét’t’, fét’t’, fét’t’, Ainsi font, font, font, Trwas m’p’tits toûrs èt pwîs s’ é vont ! Trois petits tours et puis s’en vont !

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Poings à lès co-teus, Poings aux côtéx, Ma-ri-o-nè-tës, Ma-ri-o-nè-tës, Marionnettes, marionnettes, Èt èles vont dan-seu, Et elles vont danser, Quand lès é-fants s’ é-drons’-ront ! Quand les enfants s’endormiront ! Lé-ssi fét’t’, fét’t’, fét’t’, Ainsi font, font, font, Lès m’p’ti-tès ma-ri-o-nè-tës, Les petites marionnettes, Lé-ssi fét’t’, fét’t’, fét’t’, Ainsi font, font, font, Trwas m’p’tits toûrs èt pwîs s’ é vont ! Trois petits tours et puis s’en vont !

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Au clair de la lune, mon ami Pierrot, …

Texte original

« Au clair de la lune, Mon ami Pierrot, Prête moi ta plume Pour écrire un mot. Ma chandelle est morte ; Je n'ai plus de feu. Ouvre-moi ta porte, Pour l'amour de Dieu ! » Au clair de la lune, Pierrot répondit, : « Je n'ai pas de plume, Je suis dans mon lit. Va chez la voisine ; Je crois qu'elle y est. Car dans la cuisine On bat le briquet. » Au clair de la lune, L'aimable Lubin, Frappe chez la brune. Elle répond soudain : « Qui frappe de la sorte ? » Il dit à son tour : « Ouvrez votre porte, Pour le Dieu d'amour. Au clair de la lune, On n'y voit qu'un peu » On chercha la plume. On chercha du feu. En cherchant de la sorte, Je ne sais ce qu'on trouva. Mais je sais que la porte Sur eux se ferma !

Traduction en picard et correspondance en français

« Ô biô clér dë l’ leù-në, « Au beau clair de la lune, Cou-ma-râde Piè-rót, Ami Pierrot, Prè-tèz’m’ më vo pleù-më Prête moi ta plume Pou è-crîre in mót. Pour écrire un mot. Eùm’ can-dèye ’t’ à l’ u-chë ; Ma chandelle est fichue ; J’ n’ é pus n’ pète dë feû. Je n'ai plus une étincelle de feu. Ou-vrèz’m’ më vo’ n’ u-che, Ouvre-moi ta porte, Pou l’ a-moûr dë Djeu ! » Pour l'amour de Dieu ! »

Ô biô clér dë l’ leù-në, Au beau clair de la lune, Piè-rót li a dit : Pierrot lui a dit : « J’ n’ é gneu ène seûle pleù-më, « Je n'ai pas une seule plume, Èt j’ sû co dés m’ lit’ ; Et je suis encore dans mon lit ; Al’-zéz à l’ vi-sè-në ; Va chez la voisine ; Ëj’ pésse qu’ èle i eùt. Je crois qu'elle y est. Dô-là, sans a-tè-në, Là, sans attendre, On ba-tra l’ bri-queut. » On battra le briquet. »

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Ô biô clér dë l’ leù-në, Au beau clair de la lune, No jan-ti cóló Notre gentil bonhomme Va to-queu chë l’ breù-në. Va frapper chez la brune. Èle rè-pont d’ in cóp : Elle répond soudain : « Qui ç’ qui toque lé-ssi, dë ? » « Qui est-ce qui frappe ainsi, donc ? » I li dit à s’ toûr : Il lui dit à son tour : « Ou-vrèz’m’ më vo’n’ u-chë « Ouvre-moi ta porte Pou no Djeu d’ a- moûr. Pour le Dieu d'amour.

Ô biô clér dë l’ leù-në, Au beau clair de la lune, On n’ vwat qua-si gneu ! » On ne voit quasi rien ! » On a ca-cheu l’ pleù-më. On chercha la plume. On a ca-cheu l’ feû. On chercha le feu. É fè-sant ç’ qu’ on sun-chë, En faisant ce qu’on puisse, On a p’tète trou-veu ; On a peut-être trouvé ; Mès ç’ quë j’ sé, c’eùt qu’ l’ u-chë Mais ce que je sais, c’est que la porte Su eùs’ s’ a sè-reu. Sur eux se ferma.

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Au feu les pompiers, …

Traduction en picard et correspondance en français

Ô feû, lès pom-pieus, Au feu, les pompiers, V’là l’ mé-son qu’ èle brû-lë ! Voilà la maison qui brûle ! Ô feû, lès pom-pieus, Au feu, les pompiers, Èt v’là l’ mé-son brû-lée ! Et voilà la maison brûlée ! C’eùt gneu mi qui l’ a brû-leu, C'est pas moi, qui l'ai brûlée, Mès c’eùt l’ can-ti-gnê-rë, Mais c'est la cantinière, C’eùt gneu mi qui l’ a brû-leu, C'est pas moi, qui l'ai brûlée, Mès c’eùt l’ can-ti-gneu ! Mais c'est le cantinier !

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Au lycée Papillon

Texte original

Élève Labélure ? ... Présent ! Vous êtes premier en histoire de France ? Eh bien, parlez-moi d’ Vercingétorix. Quelle fut sa vie ? sa mort ? sa naissance? Répondez-moi bien ... et vous aurez dix. Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par cœur. Vercingétorix né sous Louis-Philippe, Battit les Chinois un soir à Roncevaux. C'est lui qui lança la mode des slips Et mourut pour ça sur un échafaud. Le sujet est neuf, Bravo, vous aurez neuf. Refrain : On n'est pas des imbéciles, On a mêm' de l'instruction, Au lycée Pa-pa... Au lycée Pa-pil... Au lycée Papillon. Élève Peaudarent ?... Présent ! Vous connaissez l'histoire naturelle ? Eh bien, dites-moi ce qu'est un ruminant. Et puis citez-m'en... et je vous rappelle Que je donne dix quand je suis content. Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par cœur. Les ruminants sont des coléoptères Tels que la langouste ou le rat d'égout, Le cheval de bois, le pou, la belle-mère. Qui bave sur sa proie et pis qu'avale tout. Très bien répondu, Je vous donne huit... pas plus ... Refrain : On n'est pas des imbéciles, On a même de l'instruction, Au lycée Pa-pa... Au lycée Pa-pil... Au lycée Papillon. Élève Isaac ? ... Présent ! En arithmétique vous êtes admirable, Dites-moi ce qu'est la règle de trois. D'ailleurs votre père fut-il pas comptable Des films Hollywood ... donc répondez-moi. Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par cœur. La règle de trois ? ... C'est trois hommes d'affaires :Deux grands producteurs de films et puis c'est Un troisième qui est le commanditaire. Il fournit l'argent et le revoit jamais. Isaac, mon petit, Vous aurez neuf et demi. Refrain : On n'est pas des imbéciles, On a même de l'instruction, Au lycée Pa-pa... Au lycée Pa-pil... Au lycée Papillon. Élève Trouffigne ? ... Présent ! Vous êtes unique en géographie ? Citez-moi quels sont les départements, Les fleuves et les villes de la Normandie … Ses spécialités et ses représentants ? Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par cœur. C'est en Normandie que coule la Moselle … Capitale Béziers et chef-lieu Toulon. On y fait le caviar et la mortadelle. Et c'est là que mourut Philibert Besson. Vous êtes très calé. Je donne dix sans hésiter. Refrain : On n'est pas des imbéciles, On a même de l'instruction, Au lycée Pa-pa... Au lycée Pa-pil... Au lycée Papillon. Élève Legateux ? ... Présent ! Vous êtes le meilleur en anatomie ? Répondez, je vous prie, à cette question : Pour qu'un être humain puisse vivre sa vie, Quels sont ses organes, quelles sont leurs fonctions ? Monsieur l'Inspecteur, Je sais tout ça par cœur. Nous avons un crâne, pour faire des crâneries. Du sang pour sentir, des dents pour danser.Nous avons des bras ... C'est pour les brasseries. Des reins pour rincer. Un foie pour fouetter. Bien. C'est clair et net. Mais ça n'vaut pas plus de sept. Refrain : On n'est pas des imbéciles, On a même de l'instruction, Au lycée Pa-pa... Au lycée Pa-pil... Au lycée Papillon.

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Élève Cancrelas ? ... Présent ! Vous êt's le dernier ça me rend morose. Je vous vois dans la classe tout là-bas dans le fond. En philosophie, savez-vous quéqu'chose ? Répondez-moi oui, répondez-moi non. Monsieur l'Inspecteur, Moi je n'sais rien par cœur. Oui, je suis le dernier, je passe pour un cuistre, Mais je m'en fous, je suis près du radiateur. Et puis comme plus tard je veux devenir ministre, Moins je serai calé, plus j'aurai de valeur. Je vous dis : bravo ! Mais je vous donne zéro. Refrain : On n'est pas des imbéciles, On a même de l'instruction, Au lycée Pa-pa... Au lycée Pa-pil... Au lycée Papillon.

Traduction en picard et correspondance exacte en français

È-lè-vë La-bè-lûre ? … Pré-sant ! Élève Labélure ? ... Présent ! Vos ètes eùl prë-mieu é’n’ ist-wâre dë France ? Vous êtes le premier en histoir' de France ? Èh bë, par-lèz’-më dë Vèr-sin-gé-to-rix. Eh bien, parlez-moi d'Vercingétorix. Quô ç’ qu’ à è-teu s’vîe ? Eùs’ môrt ? Eùs’ nés-sance ? Quelle fut sa vie ? sa mort ? sa naissance ? Rè-pon-dèz’m’ më bieu èt vos â-reuz dîs’. Répondez-moi bien ... et vous aurez dix. Mos-sieu l’Ins-pec-teûr, Monsieur l'Inspecteur, J’ coun’-wa tout cha pâr keûr. Je sais tout ça par cœur. Il a v’nu ô monde pa d’zous Lou-wis Fi-lipe, Il est venu au monde sous Louis-Philippe, Ba-tu lès chin’-was in swâr à Ron-c’vô ; Battu les Chinois un soir à Ronc'vaux ; Li, il a lan-cheu, é s’ tans, eùl’ môde dès slips ; Lui, il a lancé, en son temps, la mode des slips ; A mou-ru pou cha su in’n’ è-cha-fôd. Mourut pour ça sur un échafaud. Cha c’eut du nouviô ; bravô ! Vos â-reuz neùf’ ! Cela c’est du nouveau ; bravo ! Vous aurez Refrain : On n’eùt gneu dès im-bè-ciles : On n'est pas des imbéciles ; On a min.me dë l’ins-tru-csion, On a mêm' de l'instruction, ô li-cée Pa-pa … Au lycée Pa-pa ... ô li-cée Pa-piy … Au lycée Pa-pil ... ô li-cée Pa-piy-on. Au lycée Papillon.

È-lè-vë Pô-da-rant ? … Pré-sant ! Élève Peaudarent ?... Présent ! Cou-ni-chéz’ t’i, vous, l’ is-twâre na-tu-rèle ? Connaissez-vous, vous, l'histoire naturelle ? Èh bë, dites-më chô qu’ c’eùt qu’ in ru-mi-nant. Eh bien, dites-moi ce que c'est qu’un ruminant. Èt pwîs dou-nèz’m’ z’ é un … Më-nant ëj’ vos ra-pèle Et puis donnez-m’en un ... Maintenant je vous rappelle Quê j’ doune dîs quand on eùt dés l’ bon, m’n’ é-fant. Que je donne dix quand on est dans le bon, mon enfant. Mos-sieu l’Ins-pec-teûr, Monsieur l'Inspecteur, J’ coun’-wa tout cha pâr keûr. Je connais tout ça par cœur. Lès ru-mi-nants sont dès co-lè-o-ptê-rës Les ruminants sont des coléoptères Come eùl lan-gousse ou come eùl’ rate d’ è-goût, Comme la langouste ou comme le rat d'égout, In g’vô d’ bós, eùl poû, ou bieu co n’ bèle-mé-rë … Un cheval de bois, le pou, ou bien encore une belle-mère. Qui bâve su ç’ qu’ i prét, èt pwîs a-vale tout’. Qui bave sur ce qu’il prend, et puis avale tout.

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Fôrt bieu rè-pon-du ; Très bien répondu ; Ëj’ vos doune wit’ ; gneu d’ pus … Je vous donn' huit... pas plus ... Refrain

È-lèvë I-sa-ac’ ? … Pré-sant ! Élève Isaac ? ... Présent ! É ’n’ a-rit-mè-tique, vos ètes ad-mi-râbe, En arithmétique' vous êt's admirable, Dites-më quô c’ quë c’ eùt, dë, quë l’ ré-gue dë trwas. Dites-moi ce qu'est, donc, que la règle de trois. Rap’-leuz-vous qu’ vo Pa a èteu con-tâbe Rappelez-vous que votre Père fut comptable Dès films d’ O-li-woud’ … a-don dites-më cha. Des films Hollywood ... donc dites-moi cela. Mos-sieu l’Ins-pec-teûr, Monsieur l'Inspecteur, J’ coun’-wa tout cha pâr keûr. Je sais tout ça par cœur. Eùl régue dë trwas, bë ? C’eùt trwas omes d’ a-féres La règle de trois, euh ? ... C'est trois hommes d'affaires Deûs grands pro-duc-teûrs dë films, èt pwîs c’eùt Deux grands producteurs de films, et puis c’est Eùl tra-zième qui eùt eùl co-man-di-têre ; Le troisième qui est le commanditaire ; I doune lès yârds èt i lès r’vé-ra gneu. Il fournit les sous et il ne les reverra pas. I-sa-ac’, pë-tit, Isaac, petit , Vos â-reuz neùf’ èt d’mi ! Vous aurez neuf et d'mi ! ... Refrain

È-lève Trou-figne ? Pré-sant ! Élève Trouffigne ? ... Présent ! Vos ètes eùl mè-yeûr é jè-o-gra-fi-ë ? Vous êtes unique en géographie ? A-don, dou-nèz’m’ më lès dè-par-të-mants, Citez-moi quels sont les départements, Lès fleûves èt lès grandes viles dë l’ Nor-man-dî-ë, Les fleuv's et les vill's de la Normandie, Sès spè-cia-li-teus èt sès r’pré-san-tants ? Ses spécialités et ses r'présentants ? Mos-sieu l’Ins-pec-teûr, Monsieur l'Inspecteur, J’ coun’-wa tout cha pâr keûr. Je sais tout ça par cœur. C’eùt é Nor-man-dîe quë coule eùl Mo-sè-lë … C'est en Normandie que coul' la Moselle … Ca-pi-tale Bé-zieus èt chèf’ lyeu Tou-lon. Capital' Béziers et chef-lieu Toulon. C’eùt dô-là qu’ on fét ca-vyâr, mor-ta-dè-lë ; C’est là qu’on fait caviar, mortadelle ; C’eùt dô-là qu’ eùt môrt Fi-li-bêrt Bè-sson. Et c'est là qu'mourut Philibert Besson. Vos ètes fôrt ca-leu ; Vous êt's très calé ; J’ doune dîs sans è-si-teu. J'donn' dix sans hésiter. Refrain

È-lè-vë Lë-gâ-teûs ? … Pré-sant ! Élève Legateux ? ... Présent ! Vos ètes t’i l’ mè-yeûr é’n’ a-na-to-mîe ? Êtes-vous le meilleur en anatomie ? A-don, ré-pon-deuz, tout jusse à m’ quès-tchon : Alors, répondez, exactement à ma question : Dites-më, pou qu ’in’ ome po-viche vîve eùs’ vîe, Dites-moi, pour qu'un homme puisse vivre sa vie, Ç’ qu’ il a come or-ganes, ç’ qu’ il a come fon-csions ? Ce qu’il a comme organes, ce qu’il a c. fonctions ? Mos-sieu l’Ins-pec-teûr, Monsieur l'Inspecteur, J’ coun’-wa tout cha pâr keûr. Je sais tout ça par cœur. Tèr-toutes nos a-vons in crâne pou crâ-n’rîes, Tous nous un crâne pour crâneries, Du sang pou sé-ti, dès déts pou dan-seu ; Du sang pour sentir, des dents pour danser ; Nos a-vons dès bras … Nous avons des bras ... C’ eùt pou lès bras-s’rîes ; C'est pour les brass'ries ; Dès rins pou rin-ceu, Des reins pour rincer, In fwâe pou pou flô-neu. Un foie pour fouetter.. Bieu. C’eùt clér èt nèt’ ; Bien. C'est clair et net ; Mès cha n’ vôt gneu pus d’ sèt’. Mais ça n'vaut pas plus d'sept. Refrain

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È-lè-vë Can-crë-las ? Pré-sant ! Élève Cancrelas ? ... Présent ! Vos ètes eùl dèr-nieu èt cha m’ rét mo-rô-së. Vous êt's le dernier et ça me rend morose. Ëj’ vos vwa dés l’ classe, tout lô-vô dés l’ fond. J'vous vois dans la class' tout là-bas dans l'fond. É fi-lo-so-fîe, sa-véz’- t’i ôte cô-së ? En philosophie, savez-vous autre chose ? Rè-pon-dèz’- më win, rè-pon-dèz’- më non. Répondez-moi oui, répondez-moi non. Mos-sieu l’Ins-pec-teûr, Monsieur l'Inspecteur, M i, jë n’ sé rieu pâr keûr. Moi je n'sais rien par cœur. Win, èt on pésse quë j’ é l’ cèr-vô tout li-ssë ; Oui, et on pense que j’ai le cerveau tout lisse; Mès j’ m’ an fous, ëj’ j’ sû d’lé l’ ra-di-a-teûr ; Mais j'm'en fous, je suis près du radiateur ; Èt pwîs, come pus târd ëj’ veu ète mi-ni-ssë, Et puis comm' plus tard j'veux dev'nir ministre, Mwins quë j’ d’ é sâ-ré, pus qu’ j’ â-ré d’ va-leûr. Moins je s'rai calé, plus j'aurais d'valeur. Ëj’ vos di : bra-vô ! Je vous dis : bravo ! Mès j’ vos doune quë zé-rô. Mais je vous donn' zéro. Refrain

* * *

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Au nord, c’étaient les corons Texte original Refrain : Au nord, c'étaient les corons. La terre c'était le charbon. Le ciel c'était l'horizon. Les hommes des mineurs de fond. Nos fenêtres donnaient sur des fenêtres semblables Et la pluie mouillait mon cartable. Et mon père en rentrant avait les yeux si bleus Que je croyais voir le ciel bleu. J'apprenais mes leçons, la joue contre son bras. Je crois qu'il était fier de moi. Il était généreux comme ceux du pays, Et je lui dois ce que je suis. Refrain Et c'était mon enfance, et elle était heureuse, Dans la buée des lessiveuses. Et j'avais des terrils à défaut de montagnes. D'en haut je voyais la campagne. Mon père était « gueule noire » comme l'étaient ses parents. Ma mère avait les cheveux blancs. Ils étaient de la fosse, comme on est d'un pays. Grâce à eux je sais qui je suis. Refrain Y'avait à la mairie, le jour de la kermesse, Une photo de Jean Jaurès Et chaque verre de vin était un diamant rose Posé sur fond de silicose. Ils parlaient de 36 et des coups de grisou, Des accidents du fond du trou. Ils aimaient leur métier comme on aime un pays. C'est avec eux que j'ai compris. Refrain

Traduction en picard et correspondance exacte en français Refrain : Dés l’nôrd, c’ ètint’t’ lès corons. Au nord, c'étaient les corons. Eùl l’ têre, bë, c’ ètwat l’ carbon. La terre, (eh) bien, c'était le charbon. Eùl cièl, c’ ètwat l’ orizon. Le ciel, c'était l'horizon. Lès omes, dès carbounieus d’ fond. Les hommes, des mineurs de fond. Nos fèrniètes èles dounin’t’ su d’z’ ôtes dë l’ min.me maniêre. Nos fenêtres (elles) donnaient sur d’autres du même genre. L’ pieùve acru.ichwat m’ carnassiêre. La pluie mouillait mon cartable. Èt m’ Pa, é’n’ èrvënant, avwat lès ieus si bleûs Et mon père, en rentrant, avait les yeux si bleus Quë j’ pésswat bieu vîr eùl cièl bleû. Que je croyais bien voir le ciel bleu. Pwîs, j’ èrpasswat mès l’çons, eùm machèle conte dë li. Ensuite, J'apprenais mes leçons, la joue contre (de) lui. Ëj’ pésse qu’ il ètwat fiêr dë mi. Je crois qu'il était fier de moi. Come tous lès ciuns d’ lôvô, s’ keûr étwat bieu pèdu, Comme ceux de là-bas, son cœur était bien pendu, Èt ç’ t’ à li quë j’ dwa chô quë j’ sû. Et c’est à lui que je dois ce que je suis. Refrain

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Èt c’ ètwat co m’ jon.nèsse, èle ètwat tout l’ tans gé.e, Et c'était mon enfance, et elle était toujours gaie. Dés lès vapeûrs dès pieuches à l’ bwé.e. Dans la buée des pièces de lessive. Èt j’ avwa dès tèrrîs qui fèsin’ të montagnes. Et j'avais des terrils qui faisaient montagnes. D’ é ôt, j’ vèywa in bout d’ campagne. D'en haut je voyais un morceau de campagne. Eùm Pa ètwat « gueûle nwâre », come l’ ètin’t’ sès parèts. Mon père était « gueule noire », comme l'étaient ses parents. Eùm Man avwat dès biôs ch’feûs blancs. Ma mère avait de beaux cheveux blancs. I’z’ ètin’të dë l’ fosse ; I l’ ètin’të dëv’nus. Ils étaient de la fosse ; ils l’étaient devenus. Ç’ t’ à côse d’ eùs quë j’ sé qui ç’ quë j’ sû. C’est grâce à eux je sais ce que je suis. Refrain

I’y’ avwat à l’ comune, pou lès jôus dë l’ kèrmèsse, Y’avait à la mairie, pour les jours de la kermesse, Ène foto du grand Jan Jôrèss’. Une photo du grand Jean Jaurès. Chacun dès vêres dë vin ètwat in djamant rôse Chacun des verres de vin était un diamant rose Fé pou s’ marieu à l ’ silicôse. Fait pour se marier à la silicose. I d’visintë d’ trant-sîs èt dès vieûs cóps d’ grisou, Ils parlaient de 36 et des anciens coups de grisou, Dès catastofes du fond du trô, Des accidents du fond du trou, È’ n’ in.mant leû’n’ ètat come on’n’ in.me in pè.is, En aimant leur métier comme on aime un pays, Èt ç’ t’ avèc eùs quë j’ é compris. Et c'est avec eux que j'ai compris. Refrain

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Auprès de ma blonde

Texte original

Au jardin de mon père, Les lilas sont fleuris ; Au jardin de mon père, Les lilas sont fleuris. Tous les oiseaux du monde Vont y faire leurs nids. Refrain : Auprès de ma blonde, Qu'il fait bon, fait bon, fait bon, Auprès de ma blonde, Qu'il fait bon dormir. Tous les oiseaux du monde Vont y faire leurs nids ; Tous les oiseaux du monde Vont y faire leurs nids ; La caille, la tourterelle Et la jolie perdrix. Refrain La caille, la tourterelle Et la jolie perdrix. La caille, la tourterelle Et la jolie perdrix. Et ma jolie colombe, Qui chante jour et nuit. Refrain Et ma jolie colombe, Qui chante jour et nuit. Et ma jolie colombe, Qui chante jour et nuit. Elle chante pour les filles Qui n'ont pas de mari. Refrain Elle chante pour les filles Qui n'ont pas de mari. Elle chante pour les filles Qui n'ont pas de mari. Pour moi ne chante guère, Car j'en ai un joli. Refrain Pour moi ne chante guère, Car j'en ai un joli. Pour moi ne chante guère, Car j'en ai un joli. Mais dites-moi donc belle, Où est votre mari ? Refrain Mais dites-moi donc belle, Où est votre mari ? Mais dites-moi donc belle, Où est votre mari ? Il est dans la Hollande, Les Hollandais l'ont pris ! Refrain Il est dans la Hollande, Les Hollandais l'ont pris ! Il est dans la Hollande, Les Hollandais l'ont pris ! Que donneriez-vous, belle, A qui l’ira quérir ? Refrain Que donneriez-vous, belle, A qui l’ira quérir ? Que donneriez-vous, belle, A qui l’ira quérir ? Je donnerais Touraine, Paris et Saint-Denis. Refrain Je donnerais Touraine, Paris et Saint-Denis, Je donnerais Touraine, Paris et Saint-Denis, Les tours de Notre-Dame, Le clocher de mon pays. Refrain Les tours de Notre-Dame, Le clocher de mon pays, Les tours de Notre-Dame, Le clocher de mon pays, Et ma jolie colombe, Qui chante jour et nuit. Refrain

Traduction en picard et correspondance exacte en français

Dés l’ biô gar-din pa-tèr-nèl, Dans le beau jardin paternel, Lès jas-mins ont flo-ri, Les lilas sont fleuris, Dés l’ biô gar-din pa-tèr-nèl, Dans le beau jardin paternel, Lès jas-mins ont flo-ri. Les lilas sont fleuris. Tous lès mou-chons du mon-dë Tous les oiseaux du monde Vieut’-të dô-là ni-jeu. Viennent là faire leur nid.

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Refrain : À co-teu dë m’ blon-dë, À côté de ma blonde, Qu’ cha fét bon, fét bon, fét bon ; Que cela fait bon, fait bon, fait bon ; À co-teu dë m’ blon-dë, À côté de ma blonde, Qu’ cha fét bon d’ dor-mi ! Que cela fait bon de dormir !

Tous lès mou-chons du mon-dë Tous les oiseaux du monde Vieut’-të dô-là ni-jeu. Viennent là faire leur nid. Tous lès mou-chons du mon-dë Tous les oiseaux du monde Vieut’-të dô-là ni-jeu. Viennent là faire leur nid. Eùl caye, eùl tou-të-rè-lë, La caille, la tourterelle, Èt l’ si jo-lîe pèr-tris. Et la si jolie perdrix. Refrain

Eùl caye, eùl tou-të-rè-lë, La caille, la tourterelle, Èt l’ si jo-lîe pèr-tris. Et la si jolie perdrix. Eùl caye, eùl tou-të-rè-lë, La caille, la tourterelle, Èt l’ si jo-lîe pèr-tris. Et la si jolie perdrix. Èt m’ si jo-lîe co-lom-bë, Et ma si jolie colombe, Qu’ èle cante eùl joûr èt l’ nwît’. Qui chante le jour et la nuit. Refrain :

Èt m’ si jo-lîe co-lom-bë, Et ma si jolie colombe, Qu’ èle cante eùl joûr èt l’ nwît’. Qui chante jour le jour et la nuit. Èt m’ si jo-lîe co-lom-bë, Et ma si jolie colombe, Qu’ èle cante eùl joûr èt l’ nwît’. Qui chante le jour et la nuit. Èle cante pou lès fîes Elle chante pour toutes les filles Qu’ èles n’ ont gneu co d’ o-më. Qui n’ont pas d’homme. Refrain :

Èle cante pou toutes lès fîes Elle chante pour toutes les filles Qu’ èles n’ ont gneu co d’ o-më. Qui n’ont pas encore d’homme. Èle cante pou toutes lès fîes Elle chante pour toutes les filles

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Qu’ èles n’ ont gneu co d’ o-më. Qui n’ont pas encore d’homme. Poûr mi, n’ cante gneu n’ mî-lè-të, Pour moi, ne chante pas du tout, Pas-quë j’ d’ é in jo-li. Car j’en ai un joli. Refrain

Poûr mi, n’ cante gneu n’ mî-lè-të, Pour moi, ne chante pas du tout, Pas-quë j’ d’ é in jo-li. Car j’en ai un joli. Poûr mi, n’ cante gneu n’ mî-lè-të, Pour moi, ne chante pas du tout, Pas-quë j’ d’ é in jo-li. Car j’en ai un joli. A-don dites-më, dë, bè-lë : Alors dites-moi, donc, belle : A.-ûsqu’ il eùt vo’n’ ome ? Où est votre mari ? Refrain

A-don dites-më, dë, bè-lë : Alors dites-moi, donc, belle : A.-ûsqu’ il eùt vo’n’ ome ? Où est votre mari ? A-don dites-më, dë, bè-lë : Alors dites-moi, donc, belle : A.-üsqu’ il eùt vo’n’ ome ? Où est votre mari ? C’eùt qu’il eùt é’n’ O-lan-dë, C’est qu’il est en Hollande, Lès O-lan-deus l’ ont pris ! Les Hollandais l’ont pris ! Refrain

C’eùt qu’il eùt é’n’ O-lan-dë, C’est qu’il est en Hollande, Lès’z O-lan-deus l’ ont pris ! Les Hollandais l’ont pris ! C’eùt qu’il eùt é’n’ O-lan-dë, C’est qu’il est en Hollande, Lès’z O-lan-deus l’ ont pris ! Les Hollandais l’ont pris ! Quô ç’ quë vos doun’-rîz, bè-lë, Que donneriez-vous, belle, Ô ciun qui dir-wat l’ qué ? À celui qui irait le chercher ? Refrain

Quô ç’ quë vos doun’-rîz, bè-lë, Que donneriez-vous, belle, Ô ciun qui dir-wat l’ qué ? À celui qui irait le chercher ? Quô ç’ quë vos doun’-rîz, bè-lë, Que donneriez-vous, belle, Ô ciun qui dir-wat l’ qué ? À celui qui irait le chercher ? Ëj’ doun’-rwa eùl Tou-rin.-në, Je donnerais la Touraine, Pa-ris èt Sint Dë-nis. Paris et Saint Denis. Refrain

Ëj’ doun’-rwa eùl Tou-rin.-në, Je donnerais la Touraine, Pa-ris èt Sint Dë-nis. Paris et Saint Denis. Ëj’ doun’-rwa eùl Tou-rin.-në, Je donnerais la Touraine, Pa-ris èt Sint Dë-nis. Paris et Saint Denis. Lès clo-tcheus d’ No-trë-Da-më, Les tours de Notre-Dame, Min.me eùl ciun dë m’ pè.is ! Même celui de mon pays ! Refrain

Lès clo-tcheus d’ No-trë-Da-më, Les tours de Notre-Dame, Min.me eùl ciun dë m’ pè.is ! Même celui de mon pays !

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Lès clo-tcheus d’ No-trë-Da-më, Les tours de Notre-Dame, Min.me eùl ciun dë m’ pè.is ! Même celui de mon pays ! Èt m’ si jo-lîe co-lom-bë, Et ma si jolie colombe, Qu’ èle cante eùl joûr èt l’ nwît’ ! Qui chante jour le jour et la nuit ! Refrain

* * *

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Avec les pompiers

Texte original 1. Chez nous au village, On est à la page, Car nous avons fondé Une compagnie d'pompiers. Ils se présentèrent Chez « Mossieu le Maire » Qui fit un grand discours Pour fêter ce beau jour. Refrain : Nous avons bien rigolé. La fanfare a défilé Avec les pompom... Avec les pompom ... Avec les pompiers. Au bistrot l'on a trinqué Et la jeunesse a dansé Avec les pompom ... Avec les pompom ... Avec les pompiers. Y avait l'instituteur, Le préfet, le facteur, La femme au pharmacien Qui dit du mal de ses voisins. Dans le pays tout entier, On a fait tous les cafés Avec les pompom ... Avec les pompom ... Avec les pompiers. 2. Hier soir une Delage Prit feu dans l'garage. Ne voyant pas la nuit Leur pompe à incendie, Ils prirent sans méfiance La pompe à essence. Pour arroser le feu, Ils firent la queue leu leu. Refrain Nous avons bien rigolé. Tout le village a flambé, Avec les pompom ... Avec les pompom ... Avec les pompiers. Comme ils étaient affolés, On a fait un défilé Avec les pompom ... Avec les pompom ... Avec les pompiers. Le capitaine avait Requis tous les objets : Des plats, des vieux chapeaux, Pour faire la chaîne avec de l'eau. Enfin, ça s'est arrêté. Y avait plus rien à brûler Avec les pompom ... Avec les pompom ... Avec les pompiers. 3. Cette chaude alerte Causa bien des pertes. Après les explosions, Ce fut l'inondation. Il fallut à la nage Traverser le village. Oui, mais pour boire un coup, Y avait plus d'eau du tout. Refrain Nous avons bien rigolé. On a failli se noyer Avec les pompom ... Avec les pompom ... Avec les pompiers. Comme il restait un café, On y rentra pour sécher, Avec les pompom ... Avec les pompom ... Avec les pompiers. Nous n'avions plus beaucoup Les yeux en face des trous. Et tout en nous tordant, Nous tordions aussi nos vêtements. En famille on est rentré, Mais tous les administrés Avaient leur pompon Avaient leur pompon Avec les pompiers. Traduction en picard et correspondance en français Dés no biô vi-lâje, Dans notre beau

village, Nos somes « à la pâje » Nous sommes « à la page » Pasqu’ on nos a dou-neu Car nous a donné Ène com-pa-gnîe d’ pon-pieus. Une compagnie de pompiers. Quand i s’ ont mou-treu Quand ils se sont présentés Dë-vant « Mos-sieu l’ Mêre », Devant « Mossieu » le Maire, Il a fét in dis-coûrs Il a fait un discours Pou fé-teu si biô joûr. Pour fêter si beau jour.

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Refrain : Nos a-vons bieu ri-go-leu ; Nous avons bien rigolé ; L’ ar-mo-nîe a dé-fi-leu, La fanfare a défilé, A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pon … Avec les pompom... A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers. Nos a-vons tèr-toutes trin-queu, Nous avons tous trinqué, Èt tous les jones ont dan-seu, Et tous les jeunes ont dansé, A-veu lès pon-pon … Avec les pompom... A-veu lès pon-pon … Avec les pompom... A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers. Ya-vwat l’ ins-ti-tu-teûr, Y avait l'instituteur, Eùl pré-feut èt l’ fac-teûr, Le préfet et le facteur, Eùl feùme du far-ma-cyin La femme du pharmacien Qu’ èle dit bieu du mô d’ sès vi-sins. Qui dit bien du mal de ses voisins. Èt dés lès a-jeus t’t’ é-tcheus Et dans les environs tout entiers On a fét tous lès ca-feus, On a fait tous les cafés, A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers. Yêr swâr ène Dë-lâje Hier soir une Delage Brû-lwat dés l’ ga-râje ; Brûlait dans le garage ; Mès, é n’ vè-yant gneu d’ nwît’, Mais, en ne voyant pas la nuit, Leû ponpe à in-çan-dîe, Leur pompe à incendie, I’z’ ont pris sans mè-fyance Ils prirent sans méfiance Eùl ponpe à è-ssance ; La pompe à essence ; Pou a-ro-seu eùl feû, Pour arroser le feu, I’z’ ont fét l’ queuye leû leû. Ils firent la queue leu leu. Refrain : Nos a-vons bieu ri-go-leu ; Nous avons bien rigolé ; Ét tout l’ vi-lâje a flam-beu Et tout le village à flambé A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers Vu qu’ i’z’ ètin’- t’ é-froû-yeus, Comme ils étaient affolés, On a fét in dè-fi-leu On a fait un défilé A-veu lès pon-pon … Avec les pompom... A-veu lès pon-pon … Avec les pompom... A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers. Eùl ca-pi-tin.ne a-vwat Le capitaine avait Fét souneu eùl branle-bas Fait sonner tout le branle-bas Dès plats, dès vieûs ca-piôs, Des plats, des vieux chapeaux, Pou fét ène grande kin.ne aveu d’ yô ; Pour faire une grande chaîne avec de l'eau ; Pou fi-ni cha s’ a cal-meu ; Enfin, ça s'est calmé ; N’ a-vwat pus rieu à brû-leu, N’ avait plus rien à brûler, A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers. Ène si côde a-lèrte Une si chaude alerte A cô-seu dès pèrtes ; Causa des pertes ; A-preus lès ès-plô-sions, Après les explosions,

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A v’nu l’ i-nô-dâ-ssion. Est venue l'inondation. Pwîs on a dvu, à l’ nâje, Puis on a dû, à la nage, Tra-vèr-seu l’ vi-lâje. Traverser le village. Win, mès pou bwâre in cóp, Oui, mais pour boire un coup, N’ a-vwat pus d’ yô du tout ! N’avait plus d'eau du tout ! Refrain : Nos a-vons bieu ri-go-leu ; Nous avons bien rigolé ; On a man-queu dë s’ nou-yeu, On a failli se noyer, A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers. Vu qu’ i d’mo-rwat in ca-feu, Vu qu’il restait un café, On s’ a fét sè-ki à s’ feû, On s’est fait sécher à son feu, A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pon … Avec les pompom ... A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers. Nos n’ avin’ pus bran.-mét Nous n'avions plus beaucoup Nos ès-prits bieu là d’ dés ; Nos esprits bien là dedans ; Nos é-tin’ pans vo-lants Nous étions en chemise Co tèr-toutes é nos bi-do-nant. Encore tous en nous tordant de rire. Pwîs é-san.ne nos somes ré-treus, Puis ensemble nous sommes rentrés, Mès tous lès ad-mi-nis-treus Mais tous les administrés A-vin’t’ leû ponpon … Avaient leur pompon … A-vin’t’ leû ponpon … Avaient leur pompon … A-veu lès pon-pieus. Avec les pompiers.

* * *

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Avec son popotin …

( Partition aimablement transmise par Mr Gilbert Taverne, d’Ormeignies. )

Texte original Quand Mariette vint au monde, Elle était bell’ comme un agneau. Ell’ passa d’abord sa têt’ blond’, Ses épaul’s, son ventre et son dos. Mais quand la croup’ vint à paraîtr’, Le père en resta médusé : Elle avait sûr’ment plus d’un mètr’ ! Minc’ de gross’ cucurbitacée ! Le pauvre homme cria aussitôt : « Ell’ n’tiendra jamais dans l’berceau ! Refrain : Avec son popotin Deux fois large comme une ombrellle, Avec son popotin Deux fois large comme un pépin ! Ses hanch’s furent de plus en plus fort’s, Si bien qu’à l’âge de huit ans, A l’écol’, pour franchir la porte, Ell’ devait pénétrer de flanc. Quand ell’ s’ baissait, cherchant un’ plum’, Ça f’sait un tel déplac’ment d’air Qu’ tout’s les élèv’s chipaient un rhum’. Et pendant les l’çons, quelle affair’ ! Les goss’s criaient : « On n’ peut rien voir, Mariett’ nous cach’ le tableau noir ! » Refrain On croyait qu’ell’ resterait sage. Elle trouva pourtant un mari. Quell’ stupeur dans son entourage : C’lui-ci était un mercanti ! Accaparant les marchandises, Il les revendait à d’gros prix. Le soir des noc’s, Mariett’, en ch’mise, Lui dit : « M’aime’s-tu vraiment, chéri ? » « Non ! » lui fit-il, « J’suis pas loufoque, Mais j’vais dissimuler mes stocks. » Refrain Ils fir’nt un excellent mariage. L’ dimanche ils s’prom’naient dans les champs. Un jour, voilà qu’sur leur passage, Un gros ch’val hennit subit’ment, Leur jetant un œil plein d’extase, Il les suivit l’air inquiétant. Car le mari vit … mais je gaze. Faut pas cherrer … y a des enfants … Il cria : « Sapristi, je comprends ! Il a dû t’prendr’ pour un’ jument ! » Refrain (… avec ton popotin) Elle eut une fin bien tragique : En se baignant dans la grand’ bleue, Un sous-marin venant d’Afrique Fendit la pauvre femme en deux. Interrogé, le capitaine Dit : « je suis myope et d’autre part N’ayant pas ma cart’, quell’ déveine ! Je me dirigeais au hasard. J’ai cru voir la rad’ de Toulon Et je suis rentré d’un seul bond ! » Refrain : (… dans ce gros popotin)

Traduction en picard et correspondance exacte en français Quand Mariète a v’nu ô mondë, Quand Mariette vint au monde, - Qu’ èle ètwat bèle come in marót - - (qu’) elle était b. comme un agneau - L’ a moutreu promieu s’ tchète blondë, Ell’ montra d’abord sa tête blonde, Sès èpales, eùs boudène èt s’ dós. Ses épaules, son ventre et son dos. Mès quand il a ô.u vu s’ pèt’, Mais quand il eut vu son derrière, Eùs Pa d’ a d’moreu stoumakeu : Son père en resta médusé : I fèswat sûr’mét pus qu’ in mète ! Il faisait t sûrement plus d’un mètre ! In vré potiron ! Ène sakeu ! Un vrai potiron ! Quelque chose ! Eùl pôve ome a crieu, du cóp : Le pauvre homme cria, aussitôt : « Aveu n’ bèrche i d’ âra trop pô ! » « Av. un berceau il y en aura trop peu ! » Refrain : Avèc eùs popotin, Avec son popotin, Deûs cóps pus largue qu’ in parapwîe. Deux fois plus large qu’un parapluie. Avèc eùs popotin, Avec son popotin, Deûs cóps pus largue qu’ in grand pèpin ! D. fois plus large qu’un grand pépin !

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S’ croupe a dëv’nu d’ pus é pus forte, Ses hanches devinrent de p. en p. fortes, Si bieu qu’ à pin.ne vënus wît’ ans, Si bien qu’à peine venus huit ans, À l’ ècole, pou travèrseu l’ porte, À l’école, pour franchir la porte, C’ eùt du chinq’ qu’ èle dalwat tout l’ tans ! C’est de travers qu’elle allait toujours ! Èt si èle s’ abach’wat d’ azârd, Et si elle se baissait par hasard, Cha fèswat in té coulant d’ ér Ça faisait un tel déplacement d’air Qu’ lès èlèves avin’t’ in catâre. Que les élèves chipaient un rhume. Èt pèdant lès l’çons, qué’n’ afére ! Et pendant les leçons, quelle affaire ! Lès ôtes gueûlin’t’ : « On s’ fét avwâr ! Les autres criaient : « On se fait avoir !

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Mariète nos muche eùl tâblô nwâr ! » Mariette nous cache le tableau noir ! » Refrain On péss’wat qu’ èle dëmor’rwat sâje. On croyait qu’elle resterait sage. Èle a trouveu côchûre à s’ pieud. Elle trouva chaussure à son pied. Més dés lès ajeus,qué dalâje : Mais dans son entourage, quelle affaire : Pus mô kè.i, èle n’ n’ povwat gneu ! Plus mal tomber, elle ne pouvait pas ! Avant voleu dès marchandîses, Ayant volé des marchandises, S’ n’ ome lès r’vèdwat, d’mandant gros pris. Son mari les rev., demand. gros prix. L’ swâr du mariâje, Mariète, é k’mîse, Le soir des noces, Mariette, en chemise, Li dit : « M’ in.méz-t-i bieu, chèri ? » Lui dit : « M’aimes-tu bien, chéri ? » « Non ! » qu’ i li fét, « Jë n’ sû gneu sót ! » « N. ! » qu’il lui fait, « Je ne s. p. fou ! » Mès j’ muche mès trucs pa djêre vo dós. » M. je cache mes choses d. ton dos. » Refrain ( … Djêre vo popotin) ( … Derrière ton popotin. ) I’z’ ont quand min.me fé in mariâje. Ils firent quand même un mariage. I pourmënin’të dès lès camps. Ils promenaient dans les champs. In joûr, ’t’ ariveu qu’ dés n’ patûre, Un jour, l’ arriva que dans un pré, In g’vô a èni come Satan, Un cheval hennit comme Satan, Lès ravisant drôle, ëj’ vos l’ jûre ! Les regardant bizarrement, je v. le jure ! I lès a swî, come in cornâr. Il les suivit, comme un poussif. Èt l’ ome a vu … Win … biazâr … Et le mari vit … Oui … Sans doute … - Jë n’ peu gneu l’ dîre, i’y’a dès éfants … - - je ne puis le d., il y a des enfants … - A crieu : « Miyârd ! Sacripan ! Cria : « Sapristi ! Sacripan ! Il a d’vu vos prène pou n’ jumant ! » Il a dû te prendre pour une jument ! » Refrain (… Avèc vo popotin,) ( … Avec ton popotin.) Èle a ô.u n’ môrt dramatique : Elle eut une mort tragique : È pèrdant in bin dés l’ mêr bleûse, En se baignant dans la mer bleue, In sous-marin qui v’nwat d’ Afrique Un sous-marin qui venait d’Afrique Vos a fèdu l’ pôve feùme é deûs. Vous fendit la pauvre femme en deux. Quèstchoneu, adon, l’ capitin.ne Interrogé, donc, le capitaine Dit : « Jë n’ vwa rieu èt j’ va nûle vârt, Dit : « Je ne vois r. et je vais nulle part, N’ avant pus d’ carte èt manquant d’ vin.ne, N’ayant plus de c. et m. de chance, J’ m’ é dalwa léssi à l’ azârd. Je me dirigeais ainsi au hasard. I m’ a bieu san.neu vîr Toulon Il m’a bien semblé voir Toulon Èt j’ é rétreu d’dés foc’ d’ in bond ! » Et je suis rentré dedans d’un bond ! » Refrain : ( … dëdés l’ gros popotin,) ( … dans le gros popotin.)

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Avoir un bon copain … Texte original C'est le printemps. On a vingt ans. Le cœur et le moteur Battent gaiement. Droit devant nous, Sans savoir où, Nous filons comme des fous. Car aujourd'hui Tout nous sourit. Dans une auto Qu’on est bien entre amis. Aussi chantons Sur tous les tons Notre plaisir d'être garçons ! Refrain : Avoir un bon copain, Voilà c'qu’il ya d'meilleur au monde. Oui, car, un bon copain C'est plus fidèle qu'une blonde. Unis, main dans la main, A chaque seconde On rit de ses chagrins Quand on possède un bon copain. Les doux aveux Des amoureux, Avouons-le, maintenant, c'est vieux jeu ! Sexe charmant, Tes longs serments Ne sont que des boniments. Foin des baisers, Pour se griser, Sur une route Il suffit de gazer ! Le grand amour, Ça dure un jour, L'amitié dure toujours. Refrain On rit de ses chagrins Quand on possède un bon copain. Traduction en picard et correspondance exacte en français Èt v’là l’ prin-tans C'est le printemps. On a vint’ ans. On a vingt ans. Eùl keûr come eùl mo-teûr Le cœur comme le moteur Sont gés ba-tants. Sont gais battants. Drwat pa-d’vant nous, Droit devant nous, Sans rieu du tout, Sans rien du tout, Nos da-lons râde come dès fous. Nous filons comme des fous. Pas-qu’ ô-jor-dwî Car aujourd'hui Y’a tout’ qui rit. Il y a tout qui rit. Dés ène o-tó Dans une auto Mès qu’on eùt bieu, cousses, chi. Qu’on est bien, amis, ici. A-don, can-ton’ Aussi chantons Su tous lès tons Sur tous les tons No bi-nés-teu d’ ète dès gar-chons ! Notre plaisir d'être garçons ! Refrain : A-vwâr in bon co-pin, Avoir un bon copain, V’là chô qu’ i y’a d’ mè-yeûr ô mon-dë. Voilà ce qu’il y a de meilleur au monde. Win, pas-qu’in bon co-pin Oui, car, un bon copain C’eùt pus a-ta-cheu qu’ène bèle blon-dë. C'est plus fidèle qu'une blonde. A-veu l’ min dë-dés l’ min, Avec la main dans la main, À cha-cune dès s’con-dës À chaque des seconde On s’ é fout d’ sès cha-grins On rit de ses chagrins Quand on a in bieu vré copin. Quand on possède un bien vrai copain.

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Pou s’ dè-cla-reu Pour se déclarer Lès a-mou-reûs, Les amoureux, R’ cou-ni-chon’ lë më-nant, Avouons-le,maintenant, C’è-twat vieus jeû ! C'était vieux jeu ! Sèxe é-voû-tant, Sexe charmant, Vos longs sèr-mants Tes longs serments C’eùt foc’ bo-ni-mét tout l’ tans. Ce n’est que boniments toujours. Fôt gneu d’ bé-seus. Faut pas de baisers. Pou vos sou-leu Pour te griser Pèr-deuz l’ route èt Prends la route et Vos n’ â-reuz qu’ à gâ-zeu ! Tu n’auras qu’à gazer ! Eùl grand a-moûr, Le grand amour, Cha dûre in joûr. Ça dure un jour. L’ a-mi-tcheu n’ jûe ja-més d’ toûr ! L'amitié ne joue jamais de tours ! Refrain ( Puis reprise de : On s’ é fout d’ sès cha-grins quand on a in bieu vré copin. )

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Les amoureux des bancs publics Texte de Brassens

Les gens qui voient de travers Pensent que les bancs verts Qu'on voit sur les trottoirs Sont faits pour les impotents ou les ventripotents. Mais c'est une absurdité, Car à la vérité, Ils sont là, c'est notoire, Pour accueillir quelque temps les amours débutants. Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics, Bancs publics, bancs publics, En s'foutant pas mal du regard oblique Des passants honnêtes ; Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics, Bancs publics, bancs publics, En s'disant des « Je t'aime » pathétiques Ont des p'tites gueules bien sympatiques. Ils se tiennent par la main, Parlent du lendemain, Du papier bleu d'azur Que revêtiront les murs de leur chambre à coucher. Ils se voient déjà doucement, Elle cousant, lui fumant, Dans un bien-être sûr, Et choisissent les prénoms de leur premier bébé. Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics, Bancs publics, bancs publics, En s'foutant pas mal du regard oblique Des passants honnêtes ; Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics, Bancs publics, bancs publics, En s'disant des « Je t'aime » pathétiques Ont des p'tites gueules bien sympatiques. Quand la sainte famille Machin Croise sur son chemin Deux de ces malappris, Elle leur décoche hardiment des propos venimeux. N'empêche que toute la famille, Le père, la mère, la fille, Le fils, le Saint Esprit, Voudrait bien de temps en temps pouvoir s'conduire comme eux. Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics, Bancs publics, bancs publics, En s'foutant pas mal du regard oblique Des passants honnêtes ; Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics, Bancs publics, bancs publics, En s'disant des « Je t'aime » pathétiques Ont des p'tites gueules bien sympatiques. Quand les mois auront passé, Quand seront apaisés Leurs beaux rêves flambants, Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds, Ils s'apercevront émus Qu' c'est au hasard des rues, Sur un de ces fameux bancs, Qu'ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour. Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics, Bancs publics, bancs publics, En s'foutant pas mal du regard oblique Des passants honnêtes ; Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics, Bancs publics, bancs publics, En s'disant des « Je t'aime » pathétiques Ont des p'tites gueules bien sympatiques.

Traduction en picard et correspondance exacte en français

Lès jés qu’ èles vwât’-të d’ tra-vêrs (1) Les gens qui voient de travers

Pés-st’të quë lès bancs vêrts, Pensent que les bancs verts,

Qu’ on vwat su lès tro-twârs, Qu'on voit sur les trottoirs,

Sont féts pou lès im-po-tants Sont faits pour les impotents

Ou lès gros tout ô-tant. Ou les gros tout autant.

Mès c’eùt’ ène ab-sur-di-teu Mais c'est une absurdité

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Pas-quë dés l’ vè-ri-teu, Parce que dans la vérité,

- Quand on coun’-wat l’ ist-wâre - - Quand on connaît l’histoire -

I sont pou r’cë-vwâr in tans Ils sont pour recevoir un temps

Lès a-moûrs dè-bu-tants. Les amours débutants.

Refrain :

Lès amoureûs qui s’ bè-cot’t’ su lès bancs pu-blics Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics

Bancs pu-blics, bancs pu-blics, Bancs publics, bancs publics,

An s’ fou-tant pas mal du r’gârd o-blique En s'foutant pas mal du r'gard oblique

D’ ciuns qui pass’t’, o-nètës. De ceux qui passent, honnêtes.

Lès amoureûs qui s’ bè-cot’t’ su lès bancs pu-blics Les amoureux qui s'bécottent sur les bancs publics

Bancs pu-blics, bancs pu-blics, Bancs publics bancs publics,

É s’ di-sant dès « J’ vos in.me » pa-té-tiques En s'disant des « je t'aime » pathétiques

Ont dès m’p’tites gueûles bieu sim-pa-tiques. Ont des p'tites gueules bien sympathiques.

I s’ tieu’të toudis pa l’ min, Ils se tiennent toujours par la main,

Èt pal’të du léd’-min, Et parlent du lendemain,

Du papieu bleû d’ a-zûr Du papier bleu d'azur

Qui va èr-cou-vri lès mûrs Qui va recouvrir les murs

Dë leû chambe à dormi. De leur chambre à dormir.

Èt i s’ vwat’-të djà tout douch-èt’-mét Ils se voient déjà doucement

À keûde ou dés l’ fu-mée, À coudre ou dans la fumée,

À leû’n’ ése èt bieu seûrs, À leur aise et bien sûrs,

Ca-chant é-san.ne lès pré-noms Recherchant ensemble les prénoms

Dë leû pru-mieu é-fant. De leur premier enfant.

Refrain

Quand eùl sinte fa-mîe Ma-chin Quand la sainte famille Machin

Ré-conte dës-sus s’ kë-min rencontre sur son chemin

Deûs ciuns si mô a-pris, Deux ceux si malappris,

Èle leû’z’ é-vouye a-rdi-mét Elle leur envoie hardiment

Dès piques fôrt vë-ni-meûses. Des propos agressifs fort venimeux.

Fôt dîre quë toute eùl fa-mîe, Faut dire que toute la famille,

Eùl pére, eùl man, eùl fîe, Le père, la mère, la fille,

Eùl fils, èt l’ sint ès-prit, Le fils, le saint esprit,

Voû-rin’-të bieu pa mou-mét Voudraient bien par moment

Po-vwâr fé cha come eùs’. Pouvoir faire cela comme eux.

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Refrain

Quand lès mwas â-ront pas-seu, Quand les mois auront passé,

Quand sâ-ront ra-pu-reus Quand seront apaisés

Leûs biôs révës flam-bants ; Leurs beaux rêves flambants ;

Quand leû cyèl va s’ èr-cou-vri Quand leur ciel va se recouvrir

Aveu dès nuâjes loûrds, Avec des nuages lourds,

I s’ rè-dront conte, tout brinqu’-zins, Ils se rendront compte, tout émus,

Qu’ c’ è-twat ô greu dès k’mins, Qu'c'était au hasard des chemins,

Su un d’ cès fa-meûs bancs, Sur un d'ces fameux bancs,

Qu’ i’z’ ont vi eùl pus mè-yeûr Qu'ils ont vécu le (plus) meilleur

Mor-ciô d’ leûs vieûs a-moûrs. Morceau de leurs vieux amours.

Refrain et fin

( 1 : « jés » est féminin pluriel )

* * *

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Belle nuit, Ô nuit d’amour … Texte original Belle nuit, Ô nuit d'amour, Souris à nos ivresses. Nuit plus douce que le jour, Ô belle nuit d'amour ! Le temps fuit et sans retour, Emporte nos tendresses ; Loin de cet heureux séjour, Le temps fuit sans retour. Zéphyrs embrasés, Versez-nous versez-nous vos caresses, vos baisers ! Versez-nous, versez-nous vos baisers ! Nuit plus douce que le jour ! Ô belle nuit d'amour - Oh belle nuit d'amour ! Traduction en picard et correspondance exacte en français

Ô, bèle nwît’, Ô nwît’ d’ a-moûr, Ô, belle nuit, Ô nuit d’amour,

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Ri-euz à nos soûl’-rî-ës ! Ris à nos ivresses ! Nwît’ co pus douche qu’ in biô joûr, Nuit encore plus douce qu’un beau jour, Ô si bèle nwît’ d’a-moûr ! Ô si belle nuit d’amour ! Eùl tans s’é keûrt sans èr-toûr, Le temps s’en fuit sans retour, É-min.ne nos ca-li-n’rî-ës ; Emporte nos tendresses ; Lon d’ in si eû-reûs é-toûr, Loin d’un si heureux entour, Eùl tans keûrt sans èr-toûr. Le temps court sans retour. Zé-fîrs é-fla-meus, vèr-seuz-nous Zéphirs embrasés, versez-nous Vèr-seuz-nous vos ca-lin’-rîes, vos bi-soûs ! V.-nous vos caresses, vos baisers ! Vèr-seuz-nous, vèr-seuz-nous vos bi-soûs ! V.-nous, versez-nous vos baisers ! Nwît’ co pus douche qu’ in biô joûr, Nuit encore plus douce qu’un beau jour, Ô si bèle nwît’ d’a-moûr ! Ô si belle nuit d’amour !

* * *

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Ça s’est passé un dimanche

( Partition aimablement transmise par Mr Gilbert Taverne aussi bon chanteur qu’ancien Facteur des Postes )

Texte original Elle avait tout pour lui plaire. Il avait tout pour lui plaire aussi. Mais elle habitait à Becon les Bruyères, Et lui demeurait à Bercy. Il suffisait que le dieu de l’amour Les fît se rencontrer. Cette rencontre eut lieu un beau jour. Je vais vous la raconter. Refrain : Ça s’est passé un dimanche. Un dimanche au bord de l’eau. Elle avait sa robe blanche. Lui, son knickerbocker à carreaux. Il avait également des petits yeux rigolos Et une langue qu’était pas dans sa manche. Si bien qu’il invita la gentille dactylo À se cacher du soleil sous les branches. Ça s’est passé un dimanche. Un dimanche au bord de l’eau. La demoiselle était sage. Sur l’herbe elle refusa de s’asseoir, Mais son cœur battait très fort sous son corsage. Elle lui jura de le revoir. Ils se revirent toute la belle saison. Un merle m’a conté Qu’on ne voyait qu’eux sous les frondaisons. Et même qu’elle a fauté ! Refrain : Ça s’est passé un dimanche. Un dimanche au bord de l’eau. Elle avait sa robe blanche. Lui, son knickerbocker à carreaux. Mais, au jeu de l’amour, elle gagna bientôt, Un peu plus de rondeur sous les hanches. « Puisque pour notre France il nous faut des marmots, » Lui dit-il, « c’est pas le moment que tu flanches ! » Ça s’est passé un dimanche. Un dimanche au bord de l’eau. Pour que l’enfant ait un père, Le père étant un homme sensé, Ne trouva rien de mieux que d’épouser la mère. C’est rien, mais fallait y penser ! Il n’y pensa que quinze ans plus tard. C’est pour cette raison-là Que le jour des noces on vit leur moutard Qui dansait la java ! Refrain : Ça s’est passé un dimanche. Un dimanche au bord de l’eau. Dans une cabane en planches Qu’on baptise au printemps « caboulot », Et tandis que les copains, après les petits gâteaux, Faisaient une belote en trois manches. Afin de revoir l’endroit de leur premier bécot, Ils s’enfuirent tous les deux sous les branches. Ça s’est passé un dimanche. Un dimanche au bord de l’eau. Traduction en picard et correspondance exacte en français Èle avwat tout’ pou li plérë, Elle avait tout pour lui plaire. Il avwat tout’ pou li plére léssi. Il avait tout pour lui plaire ainsi. Mès èle dëmorwat pa d’lé Lès Brwuyêrës, Mais elle hab. près des Br., Èt li, i d’morwat à Bèrci. Et lui, il habitait à Bercy. I n’ manquwat foc’ quë l’ bon djeu d’ l’ amoûr Il ne m. q. le b. d. de l’amour Lès f’siche eùs récontreu. Les fît se rencontrer. Eùç’ réconte-là s’ a fét in biô joûr. Cette r.-là s’est faite un b. jour. Ëj’ va vos l’ raconteu : Je vais vous la raconter : Refrain :

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Cha s’ a passeu in dîméche, Ça s’est passé un dimanche, In dîméche ô bôrd dë yô. Un dimanche au bord de l’eau. Èle avwat eùs’ bèle cote blanke Elle avait sa belle jupe blanche Èt li, s’ mèyeûre marone à cârôs. Et lui, son m. pantalon à carr.. Il avwat é min.me tans Il avait également

dès m’p’tits ieus rigolós des petits yeux rigolos Èt co n’ langue qu’ èle n’étwat Et encore une langue qui n’était gneu dés s’ manche. pas dans sa manche. Si bieu qu’ il a inviteu Si bien qu’il invita

l’ jantîye dactiló la gentille dactylo À s’ mucheu du solèy À se cacher du soleil

d’zous lès brankes. sous les branches. Cha s’ a passeu in dîméche, Ça s’est passé un dimanche, In dîméche ô bôrd dë yô. Un dimanche au bord de l’eau.

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Eùl jon.ne fîe étwat bieu sâjë. La demoiselle était sage, Su yèrpe èle n’ a gneu volu s’ assîr, Sur l’herbe elle refusa de s’asseoir, Mès s’ keûr batwat l’ bèrloque Mais son c. battait très fort

pa d’zous s’ corsâjë. sous son corsage. Èle li a bieu jureu d’ l’èrvîr. Elle lui jura bien de le revoir. I s’ ont r’vus pèdant Ils se revirent pendant

tout l’ bèle sézon. toute la belle saison. I’y’a l’ mèrlârd qui m’ a dit Y a un merle qui m’ a dit Qu’ on n’ vèywat qu’ eùs Qu’on ne voyait qu’eux

pa d’zous lès bouch’rons ! (1) sous les bosquets. Èt min.me qu’ èle a fôteu … Et même qu’elle a fauté … Refrain Cha s’ a passeu in dîméche, Ça s’est passé un dim., In dîméche ô bôrd dë yô. Un dim. au bord de l’eau. Èle avwat eùs’ bèle cote blanke Elle avait sa b. jupe blanche Èt li, s’ mèyeûre marone à cârôs. Et lui, son m. pant. à carr.. Mès, à lès jeûs d’ l’ amoûr, Mais, aux jeux de l’amour,

èle a gan.gneu bitôt elle gagna bientôt Ène mîlète d’avantâje d’zous lès ankes. Un p. de rond. sous les h. « Vu quë, pou la Francë, « Puisque pour la France

i nos fôt dès djambós, » il n. f. des marmots,» Qu’ i li dit, « nos fôt prène dë l’ avanche. » Lui dit-il, « n. f. pr. de l’av..» Cha s’ a passeu in dîméche, Ça s’est passé un dimanche In dîméche ô bôrd dë yô. Un dim. au bord de l’eau. Poûr quë l’ éfant unche in pérë, Pour que l’enf. ait un père, Ç’ tichîle ètant in brâve ome pôseu, Celui-ci ét. un br. h. sensé, N’ a rieu trouveu d’ mieûs Ne trouva rien de mieux

quë d’ daleu marieu l’ mére. q. d’aller ép. la m.. C’ t’ in rieu, mès folwat i pésseu ! C’est un r., m. fallait y p. ! N’ i a pésseu quë quinze ans apreus. N’y p. q. quinze ans après. Adon, c’eùt foc’ pour cha Alors, c’est seulem. pour ça Quë l’ joû dès noces Que le jour des noces

on a vu l’ moutârd on vit leur moutard È trin d’ danseu l’ java ! Occupé à danser la java ! Refrain Cha s’ a passeu in dîméche, Ça s’est passé un dimanche In dîméche ô bôrd dë yô, Un dim. au bord de l’eau, Dés ène’ vièle cabane de plankes D. une vielle c. en planches Qu’ on a toudis loumeu « caboulót », Qu’on a touj. app. « cab. », Èt pèdant l’ tans qu’ lès cousses, Et tandis que les copains,

apreus lès m’p’tits gatchôs, apr. les p’tits gât., F’sin’t’ éssan.ne ène bëlote Faisaient une belote

é trwas manches. en trois manches.

185

Pou daleu r’vîr eùl plache Afin d’aller revoir l’endroit dë leû promieu bècót, de leur prem. bécot,

I s’ ont sôveu à deûs Ils s’enfuirent à deux d’zous lès brankes. sous les branches.

Cha s’ a passeu in dîméche, Ça s’est passé un dimanche In dîméche ô bôrd dë yô. Un dim. au bord de l’eau.

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Cadet Roussel

Traduction en picard et correspondance en français

Ca-deut Rou-ssèl a trwas mé-sons, Cadet Roussel a trois maisons,

(b)

Qu’ èles n’ ont gneu d’poutes ni d’ jîtes, ah non ! Qui n’ont ni p., ni chevrons, ah non !

(b)

C’eùt pou a-bri-teu lès a-ron-dës, C’est pour loger les hirondelles,

Quô dî-réz d’ Ca-deut à vo mon-dë ? Que direz-vous d’Cadet à votre idée ?

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl a trwas jeûs d’ loques, Cadet Roussel a trois habillements, (b)

Deûs gônes, èt l’ ôte é pa-pieu gris, Deux jaunes, et l’autre en p. gris, (b)

I meut ç’ ti-chî-lë quand i jè-lë, Il met celui-ci quand il gèle,

Ou quand i pleut, ou qu’ i guèr-zè-yë … Ou quand il pleut, ou qu’il grêle.

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl a trwas ca-piôs, Cadet Roussel a trois chapeaux, (b)

Lès deûs ronds ën’ sont gneu fôrt biôs … Les deux r. ne sont pas très beaux … (b)

Quant ô trwa-zième , il a deûs cor-nës, Quant au troisième, il a deux cornes,

Pas-quë dë s’ tchète il a pris l’ for-më … Parce que de sa tête, il a pris la forme …

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Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl a trwas so-lés, Cadet Roussel a trois souliers,(b)

I d’ é meut deûs dés sès deûs pieuds ; ll en met deux dans ses deux pieds ; (b)

Eùl trwa-zième, li, n’ a gneu d’ së-mè-lë, Le troisième, lui, n’a pas de s.,

C’eùt qu’ il eùl warde pou l’ mète à s’ bè-lë. C’est qu’il le conserve pour le m. à sa b.

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl n’ a foc’ trwas ch’veûs, Cadet Roussel n’a que trois cheveux, (b)

Deûs pou s’ vi-sâje èt un pou s’ queuye, Deux pour sa face et un pour sa queue, (b)

Èt quand i va vîr eùs’ mé-trè-sssë, Et quand il va voir sa maîtresse,

I lès meut tous lès trwas é trè-ssë. Il les met tous les trois en tresse.

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl a trwas gros tcheus, Cadet Roussel a trois gros chiens, (b)

L’ un keûrt eùl yeùve, l’ ôte eùl bou-quin ; L’un court le lièvre, l’a. le l. sauvage ; (b)

L’ trwa-zième s’ é-keûrt quand on l’ a-pè-lë, Le troisième fuit quand on l’appelle,

Tout come eùl tcheu d’ Jan dë Ni-vè-lë. Tout comme le chien de J. de N..

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl a trwas biôs cats, Cadet Roussel a trois beaux chats, (b)

Qui n’ a-trap’-të ja-més lès rates ; Qui n’attrapent jamais les rats ; (b)

L’ trwa-zième eùt ène biète sans pa-rè-yë : Le troisième est une bête sans pareille :

I monte ô guèr-nieu sans can-dè-yë ! Il monte au grenier sans chandelle.

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl a trwas gar-chons, Cadet Roussel a trois garçons, (b)

L’ un eùt vo-leûr, l’ ôte eùt ca-pon ; L'un est voleur, l'autre est fripon ; (b)

L’ trwa-zième, vos dî-rîz ène fi-cè-lë, Le troisième, vous diriez une ficelle,

I r’san.ne tout’ à Jan dë Ni-vè-lë. Il ressemble tout à fait à J. de Ni..

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

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Ca-deut Rou-ssèl a bieu ma-rieu Cadet Roussel a bien marié (b)

Sès trwas grandes fîes dés trwas quar-tcheus ; Ses3 filles dans trois quartiers ; (b)

Lès deûs pro-miêres sont mwins’ quë bè-lës, Les deux pr. sont moins que belles,

Èt l’ trwa-zième, èle n’ a gneu d’ cèr-vè-lë. Et la troisième, elle n’a pas de cervelle.

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl, ç’ t’ in sa-vwa-yârd, Cadet Roussel, c’est un petit fripon, (b)

Qui dvr’wat pè-yeu bran.-mét dès yârds ; Qui devrait payer b. d’argent ; (b)

S’ i ra-vîse chô qu’ il a d’ l’ a-né-ë, S’il vérifie ce qu’il détient de l’année,

I l’ warde bieu râde dés s’ pôr-mo-né-ë. Il le garde bien vite dans son p.-m.

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

Ca-deut Rou-ssèl ën’ moûr’-ra gneu, Cadet Roussel ne mourra pas, (b)

Pas-qu’ a-vant d’ rè-ne eùs’ n’ âme à Djeu, Car avant de rendre son âme à Dieu, (b)

On dit qu’ il a-prét l’ or-to-gra-fë, On dit qu’il apprend l’orthographe,

Pou fé li min.me eùs’ n’ è-pi-ta-fë. Pour faire lui même son épitaphe.

Ah ! Ah ! Ah ! Win, vré-mét, Ah ! Ah ! Ah ! Oui, vraiment,

Ca-deut Rou-ssèl eùt bon é-fant ! Cadet Roussel est bon enfant !

* * *

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Cerisier rose et pommier blanc …

( Partition aimablement transmise par Mr Gilbert Taverne ) ( « estréve » = « marelle », retrouvé grâce à la bonne mémoire de Mr et Me J. Pistral de Maffle )

Texte original

Refrain : Quand nous jouions à la marelle, Cerisier rose et pommier blanc, J'ai cru mourir d'amour pour elle En l'embrassant. Avec ses airs de demoiselle, Cerisier rose et pommier blanc, Elle avait attiré vers elle Mon coeur d'enfant. La branche d'un cerisier De son jardin caressait La branche d'un pommier Qui dans le mien fleurissait. De voir leurs fleurs enlacées, Comme un bouquet de printemps, Nous vint alors la pensée D'en faire autant. Et c'est ainsi qu'aux fleurs nouvelles, Cerisier rose et pommier blanc, Ont fait un soir la courte échelle À nos quinze ans. Couplet : Non ! Non ! Ne dites pas qu'à son âge Vous n'étiez pas si volage. Non ! Non ! Quand deux lèvres vous attirent, J'en sais peu qui peuvent dire « Non ! ». Quand nous jouions à la marelle, Cerisier rose et pommier blanc, J'ai cru mourir d'amour pour elle En l'embrassant. Mais un beau jour les demoiselles, Frimousse rose et voile blanc, Se font conduire à la chapelle Par leur galant. Ah ! Quel bonheur pour chacun, Le cerisier tout fleuri Et le pommier n'en font qu'un. Nous sommes femme et mari. De voir les fruits de l'été Naître des fleurs du printemps, L'amour nous a chuchoté D'en faire autant. Si cette histoire est éternelle Pour en savoir le dénouement, Apprenez-en la ritournelle Tout simplement. Et dans deux ans deux bébés roses, Faisant la ronde gentiment, Vous chanteront : Cerisier rose Et pommier blanc. »

Traduction en picard et correspondance exacte en français

Quand nos povin’ jweu à l’ èstrévë, Quand nous jouions à la marelle, Cèrisieu rôse èt pumieu blanc, Cerisier rose et pommier blanc, J’ é creû mori d’ amour poûr èlë J'ai cru mourir d'amour pour elle É l’ ébrachant. En l'embrassant. Aveu sès m’p’tits érs dë d’mwasèlë, Avec ses petits airs de demoiselle, Cèrisieu rôse èt pumieu blanc, Cerisier rose et pommier blanc, Èle avwat ratireu s’ qu’ à èlë Elle avait attiré vers elle Eùm keûr d’ éfant. Mon coeur d'enfant. Eùl jon.ne branke d’ in cèrisieu La jeune branche d'un cerisier V’nant dë s’ gardin carèss’wat Venant de son jardin caressait Ène ôte branke, l’ cieune d’ in pumieu Une autre br., celle d'un pommier Qu’ i, dés li-mieu florich’wat. Qui, dans le mien fleurissait. Èt, d’ vîr leûs fleûrs émèlées Et de voir leurs fleurs enlacées Come in bouqueut ô printans, Comme un bouquet au printemps, Adon nos a v’nu l’ idée Alors nous vint la pensée D’ é fé t’t’ ôtant. D’en faire tout autant. C’eùt léssi qu’ à lès fleûrs nouvèlës, C'est ainsi qu'aux fleurs nouvelles, Cèrisieu rôse èt pumieu blanc Cerisier rose et pommier blanc Ont fét in swâr eùl courte ètchèlë Ont fait un soir la courte échelle À nos quinze ans. A nos quinze ans.

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Couplet : Non, Non ! Ën’ më dites gneu qu’ ô min.me âjë N. ! N. ! Ne m. d. p. qu'au m. â. Vos n’ ètîz gneu si volâjë. Vous n’étiez pas si volage. Non ! Non ! Non ! Non ! In cóp qu’ ( 1) ène bouche vos ratîrë, Quand une bouche vous attire, J’ n’ é vwa gneu qui peut’të dîrë : « Non ! » Je n’en v. p. qui p. dire : « N ! »

Mès in biô joû lès mad’d’mwasèlës, M. un beau j. les demoiselles, Binète toute rôse èt biô vwale blanc, Frimousse t. rose et beau v. bl., S’ font émin.neu jusqu’ à l’ capèlë Se font conduire à la chapelle Pa leû galant. Par leur galant. Ah ! Qué boneûr pou chaque, hin ! : Ah ! Quel b. pour chac., hein ! : Eùl cèrisieu tout flori Le cerisier tout fleuri Èt l’ pumieu n’ é font pus qu’ in. Et le p. n'en font plus qu'un. Nos somes marieus, come jë l’ di ! N. s. mariés, comme je le dis ! D’ vîr sorti lès frwits d’ l’ èteu De voir sortir les fruits de l'été Dëôrs dès fleûrs du printans, Hors des fleurs du printemps, L’ amoûr nos a chuchoteu L'amour nous a chuchoté D’ é fé ’t’t ôtant. D'en faire tout autant. Si ç ‘n’ istwâre-chi eùt étèrnèlë, Si cette histoire-ci est éternelle, Pou d’ é coun’wate eùl fin, éfants, P. en savoir la fin, enfants, I fôt aprène eùs ritournèlë Il faut apprendre sa ritournelle À vos quinze ans ! À vos quinze ans !

Èt dés deûs ans, deûs éfants rôsës, Et dans d. ans, d. bébés roses, Fèsant leû ronde é souriyant, Faisant leur ronde en souriant, Poûront vos canteu : « Cérisieu rôsë Pourront chanter : « C. rose Èt pumieu blanc. » Et pommier blanc. »

(1) : « in cóp quë » = « un coup que » = « quand »

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C’est la Mère Michel qui a perdu son chat

Texte original :

C'est la mère Michel qui a perdu son chat, qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra. C'est le père Lustucru qui lui a répondu : Allez, la mère Michel, votre chat n'est pas perdu. Refrain : Sur l'air du tralalala, (bis), sur l’air du tradéridéra, tralala. C’est la mère Michel qui lui a répondu : « Mon chat n'est pas perdu ? Vous l'avez donc trouvé ? » Et le compère Lustucru qui lui a répondu : « Donnez une récompense, il vous sera rendu. » Sur l'air du tralalala (bis), sur l'air du tradéridéra, tralala. Et la mère Michel lui dit : « C'est décidé, si vous rendez mon chat, vous aurez un baiser. » Le compère Lustucru, qui n'en n'a pas voulu, lui dit : « Pour un lapin, votre chat est vendu ! » Sur l'air du tralalala (bis), sur l'air du tradéridéra, tralala.

Traduction en picard et correspondance exacte en français

C’eùt l’ bone Man Mi-chèl qu’ èle a pièr-du eùs’s’ cat, C’est la bonne Mère Michel qui a perdu son chat

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Èt qu’ èle crîe pa l’ fèr-niète à qui ç’ qui li rè-drat. Et qui crie par la fenêtre à qui est-ce qui lui rendra. Èt c’eùt l’ pére Lu-stu-cru qui li a rè-pon-du : Et c'est le père Lustucru qui lui a répondu : « Allèz, bone Man Mi-chèl, vo cat n’eùt gneu pièr-du ! » « Allez, bonne Mère Michel, votre chat n'est pas perdu ! » Refrain : Su l’ér du tra-la-la-la (bis) Sur l'air du tralalala (bis), Su l’ ér du tra-dè-ri-dè-ra, Sur l'air du tradéridéra, Tra-la-la ! Tralala !

C’eùt l’ bone man Mi-chèl qui li a rè-pon-du : C'est la bonne mère Michel qui lui a répondu : « Eùm cat n’eùt gneu pièr-du ? Vos l’ a-veuz- ti trou-veu ? » « Mon chat n'est pas perdu ? Vous l'avez-t-il trouvé? » Èt c’eùt l’ pére Lu-stu-cru qui li a rè-pon-du : Et c’est le père Lustucru qui lui a répondu : « Èh bë dou-nèz’m’ ène bése èt i vos s’ra rè-du ! » « Eh bien donnez moi un baiser et il vous sera rendu ! » Refrain : Su l’ér du tra-la-la-la (bis) Sur l'air du tralalala (bis), Su l’ ér du tra-dè-ri-dè-ra, Sur l'air du tradéridéra, Tra-la-la ! Tralala !

Eùl man Mi-chèl dit : « Lé-ssi c’eùt dè-ci-ci-deu : La mère Michel dit : « Ainsi c'est décidé, Si vos m’ rè-deuz eùm’ cat, ëj’ vos doun’-ré ène bése. » Si vous me rendez mon chat, je vous donnerai un baiser. » Eùl mon-vés Lus-tu-cru, qui n’ a-vwat gneu vo-lu, Le mauvais Lustucru, qui n'avait pas voulu, Li dit : « Pou in la-pin, vo biô cat eùt vè-du ! » Lui dit : « Pour un lapin, votre beau chat est vendu ! » Refrain : Su l’ér -la du tra-la-la (bis) Sur l'air du tralalala (bis), Su l’ ér du tra-dè-ri-dè-ra, Sur l'air du tradéridéra, Tra-la-la ! Tralala !

* * *

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C’est la pluie qui tombe goutte à goutte

Texte original Refrain : C'est la pluie qui tombe goutte à goutte. C'est la pluie qui tombe doucement. Et sa mélodie, quand je l'écoute, Fait que pour moi tout devient charmant. C'est la pluie qui fait briller les routes. C'est la pluie qui fait chanter les bois. C'est la pluie qui fait rêver, sans doute, Les amoureux blottis sous les toits. C'est la pluie qui fait que, par le monde, Bien des coeurs ont connu le bonheur. Sur les premiers pas de l'aventure, C'est la pluie qui lance chaque fleur. Sur le grand tableau de la nature, C'est la pluie qui jette ses couleurs. Refrain C'est la pluie qui jette pour les belles, De là-haut, ses plus jolis diamants. C'est la plus divine des musiques. Son clavier c'est pour le firmament. C'est pourquoi la vie est magnifique, Car pour moi la pluie c'est le beau temps. Refrain Traduction en picard et correspondance exacte en français

Refrain :

Vîve eùl pieùve qu’ èle két goute apreus goutë. Vive la pl. qui tombe g. après goutte.

Vîve eùl pieùve qu’ èle két tout, tout bèl’mét. Vive la pl. qui tombe t., t. doucement.

Èt s’ jolîe musiquë, quand j’ l’ acoutë, Et sa jolie musique, quand je l'écoute,

Fét qu’ poûr mi tout’ dëvieut amûs’mét. F. que pour moi tout dev. amusement.

Vîve eùl l’ pieùve qu’ èle fét blinqueu lès routës. Vive la pluie qui fait briller les routes.

Vive eùl l’ pieùve qu’ èle fét canteu lès bós. Vive la pluie qui fait chanter les bois.

Vîve eùl l’ pieùve qu’ èle fét réveu d’ avanchë Vive la pluie qui fait rêver d’avance

Lès jon.nes’z’ amoûreûs à tous lès cóps. Les jeunes amoureux chaque fois.

Vîve eùl pieùve qu’ èle fét quë, dëdés l’ mondë, C'est la pl. qui fait que, par le monde,

Bran.mét dès keûrs ont couneû l’ boneûr. Bien des coeurs ont connu le b..

Su lès promiêres traces dë l’ avantûrë Sur les premiers pas de l'aventure

Vîve eùl pieùve qu’ èle fét s’ ouvri lès fleûrs. Vive la pluie qui fait s’ouvrir les fleurs.

Èt su l’ si biô tâblô dë l’ natûrë Et sur le si beau tableau de la nature

Vîve eùl pieùve qu’ èle rûe co sès couleûrs. Vive la pl. qui jette enc. ses couleurs.

Refrain

Vîve eùl pieùve qu’ èle va rweu pou lès bèlës, Vive la pluie qui va jeter pour les b.,

D’là é ôt, sès pus jolis djamants. De là en haut, ses plus jolis diamants.

C’eùt l’ pus sélèsse étêr lès musiquës. C'est la plus divine entre les mus..

Eùs clavieu, c’eùt foc’ pou l’ firmamant. Son cl. c'est seulement pour le firm.

C’eùt pou cha quë l’ vîe eùt magnifiquë. C'est pourquoi la vie est magnifique,

Vu poûr mi, eùl pieùve c’eùt du biô tans ! Car pour moi, la pl. c'est le b. temps !

Refrain