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    ESSAISUR

    LA PHILOSOPHIE DES SCIENCESOU

    EXPOSITION ANALYTIQUED'UNE CLASSIFICATION NATURELLE

    DE TOUTES LES CONNAISSANCES HUMAINESPAR

    ANDR-MARIE AMPREDe l'Acadmie royale des sciences, des Socits royales de Londres et d'Edimbourg, de la Socit philomatique, de la

    Socit helvtienne des scrutateurs de la nature, de la Socit philosophique de Cambridge, de celle de physique etd'histoire naturelle de Genve, de la Socit Italienne, de l'Acadmie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles,

    de l'Acadmie royale de Lisbonne, des Acadmies de Lyon, de Modne, de Lille, Correspondant de l'Acadmie dessciences de Berlin et de l'Institut de Bologne, Membre de plusieurs autres Socits savantes, Chevalier de la lgion

    d'honneur, Inspecteur gnral des tudes, et Professeur au Collge de France.

    A PARIS,

    Chez BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE POUR LES SCIENCES, Quai des Augustins, n 55.

    1834.

    PRFACE.Avant d'exposer la classification gnrale des connaissances humaines que je prsente aujourd'hui au public, je croisdevoir entrer dans quelques dtails sur la marche que j'ai suivie pour arriver aux rsultats que je viens lui offrir.En 1829, lorsque je prparais le cours de physique gnrale et exprimentale dont je suis charg au Collge de France, ils'offrit d'abord moi deux questions rsoudre:

    1. Qu'est-ce que la physique gnrale, et par quel caractre prcis est-elle distingue des autres sciences?

    Je pensai que ce caractre devait tre dtermin en disant qu'elle a pour objet d'tudier les proprits inorganiques descorps et les phnomnes qu'ils prsentent, indpendamment de l'utilit que nous en retirons et des modifications que cesproprits ou ces phnomnes prouvent selon les temps, les lieux et les climats. Je dis les proprits inorganiques des corps, pour sparer la physique gnrale des sciences naturelles; j'ajoute

    [vj]indpendamment de l'utilit que nous en retirons, pour la distinguer de la technologie; je dis enfin indpendamment des

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    modifications que ces proprits ou ces phnomnes prouvent selon les temps, les lieux et les climats, pour fixer d'unemanire prcise les limites qui la sparent de la gographie physique et des autres sciences qui ont pour objet l'tude duglobe terrestre.

    2. Quelles sont les diffrentes branches de la physique gnrale ainsi circonscrite, qu'on peut considrer, volont,comme autant de sciences particulires, ou comme les diverses parties de la science plus tendue dont il est ici question.

    Depuis long-temps j'avais remarqu qu'il est ncessaire, dans la dtermination des caractres distinctifs d'aprs lesquelson doit dfinir et classer les sciences, d'avoir gard non-seulement la nature des objets auxquels elles se rapportent,mais encore aux divers points de vue sous lesquels on considre ces objets. Je partageai donc la physique gnrale endeux ordres de sciences suivant les divers points de vue sous lesquels on peut considrer les proprits inorganiques descorps. Je la divisai d'abord en physique gnrale lmentaire et en physique mathmatique. Pour tracer une ligne dedmarcation entre ces deux parties de la physique gnrale,

    [vij]je runis dans la premire tout ce que l'observation et l'exprience peuvent nous faire connatre, lorsque nousconsidrons les corps en eux-mmes; et dans la seconde, d'abord les lois gnrales qui rsultent de la comparaison, soitdes phnomnes que nous observons dans les diffrens corps, soit des changemens qu'prouvent ces phnomnes,lorsque les circonstances o se trouvent les corps viennent varier, ensuite les causes la connaissance desquelles nousparvenons en expliquant les phnomnes et en dduisant les consquences qui drivent de ces lois.

    De l deux points de vue principaux, non-seulement pour la physique gnrale, mais, ainsi qu'on le verra dans cetouvrage, pour toutes les sciences qui, comme elle, embrassent l'ensemble des connaissances relatives l'objet auquelelles se rapportent. Sous le premier de ces points de vue, les objets qu'on tudie sont considrs en eux-mmes, et lesecond consiste les considrer corrlativement, c'est--dire, comparer les faits pour tablir des lois gnrales, ou lesexpliquer les uns par les autres, jusqu' ce qu'on parvienne remonter des effets aux causes qui les produisent, et prvoir les effets qui doivent rsulter de causes connues.

    Je remarquai ensuite que chacun de ces

    [viij]points de vue principaux se subdivise en deux points de vue subordonns. Ainsi, dans les objets considrs eneux-mmes, on peut n'tudier que ce qu'ils offrent immdiatement l'observation, ou chercher ce qui y est d'abordcach, et que nous ne parvenons connatre qu'en analysant ou en interprtant les faits. En consquence, dans unepremire subdivision de la physique gnrale, je compris toutes les vrits qui se rapportent aux phnomnes et auxproprits inorganiques que nous pouvons observer immdiatement dans les corps, et qui constituent ce qu'on appellephysique exprimentale; puis, je formai une autre subdivision des vrits relatives ce qui est cach dans ces mmescorps, c'est--dire, aux lmens dont ils sont composs et qu'on ne peut connatre qu'en les analysant. La chimie devint ainsi pour moi la seconde partie de la physique gnrale.

    A l'gard du second point de vue principal, o il s'agit de comparer et d'expliquer les faits, il se subdivise aussi en deuxpoints de vue subordonns. L'un tudie les modifications successives qu'prouve un mme objet, soit dans ce qu'il ad'immdiatement observable, soit dans ce qu'on y peut dcouvrir par l'analyse ou l'interprtation des faits, afin detrouver les lois que suivent ces

    [ix]modifications; et, lorsqu'il y a lieu, il compare ce qui a t observ dans un objet ce qu'on observe dans un autre, pourgnraliser les lois ainsi trouves, autant que le comporte la nature des choses. L'autre part des rsultats obtenus dans lestrois prcdens, pour dcouvrir les causes des faits donns par les deux premiers points de vue subordonns, et des loisreconnues dans le troisime, et pour prvoir ensuite les effets venir d'aprs la connaissance des causes. Ainsi, dans lapremire subdivision de la physique mathmatique, je compris l'tude compare des moyens par lesquels on peut

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    donner aux expriences toute la prcision dont elles sont susceptibles, les corrections qu'il faut faire aux rsultats qu'onen tire, suivant les circonstances de temprature, de pression atmosphrique, etc., les formules qu'on dduit de lacomparaison des rsultats obtenus, et toutes les consquences o l'on est conduit en appliquant ces formules lescalculs de la dynamique; tel est le but des recherches dont je formai la science subordonne laquelle je donnai le nomde stronomie. Dans la seconde subdivision de la mme science, je plaai tout ce qui est relatif la recherche soit descauses des phnomnes de la physique exprimentale et de la chimie, soit des lois de la physique mathmatique

    [x]proprement dite; causes qui se rduisent, en dernire analyse, aux forces d'attraction ou de rpulsion qui ont lieu entreles molcules des corps, et entre les atomes dont ces molcules sont composes (1).

    Je remarquai alors que les autres sciences o l'on tudie les corps, comme la gologie, la botanique, la zoologie, etc., sedivisent naturellement en deux parties et en quatre subdivisions, prcisment d'aprs la mme considration de cesdivers points de vue. Quelque temps aprs, je vis qu'il en tait de mme des sciences mathmatiques etphysico-mathmatiques, et de celles qui sont relatives l'art de gurir, et aux arts industriels.

    Je trouvai toujours que les objets de ces diverses sciences taient susceptibles d'tre considrs sous les mmes pointsde vue, dtermins par les mmes caractres distinctifs que dans la physique; seulement ces caractres, sans changeressentiellement, prouvaient des modifications dpendantes de la nature des objets; ce qu'on remarque aussi dans lescaractres naturels dont on se sert en botanique et en zoologie. Le lecteur verra en quoi

    (1) On peut voir, sur la distinction que je fais ici des molcules et des atomes, le Mmoire que j'ai insr dans la Bibliothque universelle, en mars 1832, tome XLIX, pages 225 et suivantes.

    [xj]consistent ces modifications, lorsque, dans le cours de mon ouvrage, je ferai l'application de ces points de vue aux diverses sciences.

    J'achevai ds le printemps de l'anne 1830, pour les sciences que j'appelle cosmologiques, c'est--dire, relatives tousles tres matriels dont l'univers est compos, une classification peu prs semblable celle que je publie aujourd'hui.Ce ne fut que quelque temps aprs, dans le courant de la mme anne, que je songeai classer aussi les sciencesrelatives l'tude de la pense et des socits humaines, dsignes dans cet ouvrage sous le nom de sciencesnoologiques.

    Je vis que dans ces sciences les deux mmes points de vue principaux, et leurs subdivisions, donnaient une distributionaussi naturelle des matires dont chacune s'occupait, que celle que les mmes considrations m'avaient fournies pour lessciences cosmologiques.

    Ainsi j'obtins des sciences d'ordres diffrens; j'appelai sciences du premier ordre celles qui runissaient toutes lesconnaissances relatives un mme objet. Chaque science du premier ordre se trouva partage en deux sciences dusecond, correspondantes aux deux points de vue principaux sous lesquels on pouvait considrer cet objet, et chacune deces dernires

    [xij]tait son tour subdivise en deux sciences du troisime, correspondantes chacun des quatre points de vuesubordonns.

    Toutes les sciences du second et du troisime ordre tant ainsi groupes en sciences du premier, j'en tais, relativement la classification des connaissances humaines, peu prs au mme point que Bernard de Jussieu, lorsqu'il eut group enfamilles naturelles tous les genres de plantes alors connus. Il me restait classer les sciences du premier ordre, en lesrunissant dans des divisions plus tendues, comme l'auteur du Genera plantarum runit ces familles naturelles en

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    classes, et les classes elles-mmes en trois grandes divisions: celles des acotyldones, des monocotyldones et desdicotyldones, qui correspondent parfaitement aux divisions tablies par Cuvier dans le rgne animal, sous le nomd'embranchemens.

    J'avais donc former des rgnes et des embranchemens avec les sciences du premier ordre que je considrais commedes classes de vrits, tandis que celles du troisime rpondaient pour moi aux familles naturelles. J'adoptai d'abord ladivision de toutes nos connaissances en deux rgnes; l'un comprenant toutes les vrits relatives au monde matriel;l'autre tout ce qui se rapporte la

    [xiij]pense humaine. La distribution des sciences du premier ordre entre ces deux rgnes ne pouvait souffrir aucunedifficult; mais j'avais besoin de subdivisions intermdiaires pour en former, dans chaque rgne, une srie naturelle quimt en vidence les rapports plus ou moins intimes qu'elles ont entre elles.

    Bien convaincu que ces subdivisions, pour tre naturelles, ne devaient pas tre tablies d'aprs des ides prconues, descaractres choisis d'avance, mais d'aprs l'ensemble des rapports de tout genre que prsentaient les sciences qu'ils'agissait de classer et de coordonner, j'essayai successivement de les grouper tantt trois trois, tantt quatre quatre,suivant les divers degrs d'analogie qu'elles me prsentaient. Chacun de ces arrangemens me faisait dcouvrir entre ellesde nouveaux rapports, mais il me restait choisir l'arrangement qui mettrait ces rapports en vidence de la manire laplus complte, et ce ne fut qu'au printemps de 1831 que je m'aperus que, pour n'en ngliger aucun, je devais d'abordgrouper les sciences du premier ordre deux deux, en joignant chacune d'elles avec celle qui lui tait lie par desanalogies plus marques et plus multiplies; que les groupes ainsi forms devaient tre de mme runis deux deux,chacun avec celui dont

    [xiv]il se rapprochait davantage. Ce travail continu jusqu' ce que j'arrivasse aux deux rgnes, me fit retomber sur la grandedivision que j'avais tablie entre eux; et c'est ainsi que je parvins aux divisions constamment dichotomiques, qu'ontrouvera dans cet ouvrage, de chaque rgne en deux sous-rgnes, de chaque sous-rgne en deux embranchemens, et dechaque embranchement en deux sous-embranchemens, contenant chacun deux sciences du premier ordre.

    J'en tais l lorsque, dans le Cours dont je suis charg au collge de France, voulant profiter d'un travail que je n'avaisentrepris que pour servir ce cours, mais qui avait pris des dveloppemens que je n'avais pas d'abord prvus, je rservaiune leon par semaine pour en faire une rapide exposition; je m'aperus alors que mon travail n'tait pas complet; que jemanquais de caractres prcis pour distinguer et coordonner les divisions intermdiaires que j'avais reconnues entre lesrgnes et les sciences du premier ordre dont je viens de parler. Il fallait ma classification une sorte de clef, semblable celle que M. de Jussieu, pour classer les familles naturelles des vgtaux, a dduite du nombre des cotyldons, del'insertion des tamines, de l'absence ou de la prsence de la corolle, etc.

    [xv]L se prsentrent beaucoup de difficults. Comme les diffrens groupes que j'avais forms avec ces sciences, d'aprsles analogies naturelles, taient faits d'avance, il fallait changer de clef jusqu' ce que j'en trouvasse une qui reproduisitexactement ces groupes dans leur ordre naturel. Je trouvai bientt le moyen de dterminer l'ordre et les caractres dessous-rgnes et des embranchemens; mais il n'en fut pas de mme l'gard des sous-embranchemens.

    Je n'avais encore arrt dfinitivement que ceux du premier rgne, en assignant chacun les deux sciences du premierordre qui devaient en faire partie, et je m'occupais du mme travail sur ceux du second rgne, lorsqu'en 1832, uneesquisse de ma classification fut publie dans la Revue encyclopdique. La distribution des sciences noologiques du premier ordre en sous-embranchemens, et les noms mmes par lesquels ils y sont dsigns, ne pouvaient donc treconsidrs que comme une tentative, et j'ai d y apporter divers changemens, en gnral peu importans, l'exceptiondes trois suivans: 1. La science de l'ducation, que je nomme pdagogique et non pdagogie, parce que nesignifie pas cette science, mais l'ducation elle-mme, et par laquelle je finissais

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    [xvj]alors la srie de toutes les connaissances humaines, vint se placer parmi celles o l'on tudie tous les moyens parlesquels l'homme peut agir sur la pense de ceux avec qui il se met en rapport l'aide de ces moyens.

    2. L'archologie que j'avais d'abord runie la science dont les beaux-arts sont l'objet, et que je nommetechnesthtique, dut tre reporte dans l'embranchement qui comprend tout ce qui est relatif la connaissance desnations, puisqu'elle en dcrit et en explique les monumens, comme l'ethnologie fait connatre les lieux qu'elles habitent,les peuples dont elles tirent leur origine, comme l'histoire en raconte les progrs et la dcadence, comme leurs religionssont l'objet de l'hirologie; l'tude d'un antique monument considr sous le rapport de l'art, appartient sans doute latechnesthtique, comme celle d'un monument moderne, mais sous le point de vue archologique, elle va naturellement se placer entre l'thnologie et l'histoire.

    3. Enfin, la nomologie, c'est--dire la science des lois, faisant partie des moyens de gouverner les hommes, objet del'embranchement suivant, a d y prendre place auprs de l'art militaire et de la science que j'appelais alors conomiepolitique, seule dnomination usite cette poque, au commencement

    [xvij]de l'embranchement suivant; c'tait l videmment sa vritable place, et c'est ce qui m'obligea de changer les noms quej'avais donns aux sous-embranchemens contenus dans les deux derniers embranchemens; j'ai remarqu depuis que lesauteurs qui ont crit rcemment sur ce sujet, ont substitu l'expression conomie politique celle d'conomie sociale, plus convenable tous gards, et que j'adopterai dans cet ouvrage.Mais aprs ce retour l'ordre le plus naturel, il me restait toujours trouver des caractres propres diviser le rgne dessciences noologiques en sous-rgnes, embranchemens et sous-embranchemens, conformment ce nouvel arrangement.

    Enfin, au mois d'aot 1832, je m'aperus que toutes ces divisions et subdivisions, si pniblement obtenues, auraient putre dtermines en quelque sorte, priori, par la considration des mmes points de vue qui m'avaient d'abord serviseulement retrouver la division des sciences du premier ordre en sciences du second et du troisime. J'avais djremarqu qu'il suffisait d'appliquer cette considration aux deux grands objets de toutes nos connaissances, pourpartager chaque rgne dans les mmes sous-rgnes et les mmes embranchemens qui se

    [xviij]trouvaient tablis d'avance; je reconnus alors qu'en l'appliquant de nouveau aux objets moins gnraux auxquels serapporte chacun de ces embranchemens, elle le divisait en sous-embranchemens et en sciences du premier ordre,prcisment comme il le fallait pour retomber sur les mmes divisions et subdivisions que j'avais dtermines bienavant de songer cette nouvelle application des points de vue. On verra dans les observations que j'ai distingues dureste de mon ouvrage, en les imprimant en plus petits caractres, le dveloppement de cette ide, et avec quelle facilitelle conduit la classification naturelle des connaissances humaines.

    Le fait gnral de l'accord constant des divisions que cette considration tablit entre toutes nos connaissances, aveccelles que j'avais dduites de considrations toutes diffrentes, en partant de l'ensemble des analogies que prsentent lesdiverses sciences, doit avoir, et a en effet, son principe dans la nature mme de notre intelligence. Quel que soit l'objetde ses tudes, l'homme doit d'abord recueillir les faits, soit physiques, soit intellectuels ou moraux, tels qu'il les observeimmdiatement; il faut ensuite qu'il cherche ce qui est en quelque sorte cach sous ces faits: ce n'est qu'aprs ces deuxgenres

    [xix]de recherches, qui correspondent aux deux points de vue subordonns compris dans le premier point de vue principal,qu'il peut comparer les rsultats obtenus jusque-l, et en dduire des lois gnrales; comparaisons et lois quiappartiennent galement au troisime point de vue subordonn: alors il peut remonter aux causes des faits qu'il a

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    observs sous le premier, analyss sous le second, et compars, classs et rduits des lois gnrales sous le troisime;cette recherche des causes de ce qu'il a appris dans les trois premiers points de vue, et celle des effets qui doiventrsulter de causes connues, constituent le quatrime point de vue subordonn, et compltent ainsi tout ce qu'il estpossible de savoir sur l'objet qu'on tudie. Je ne puis qu'indiquer ici ces quatre points de vue, dont la distinction doit treregarde comme tant, en quelque sorte, le principe de la classification naturelle des connaissances humaines, quoiqueje sois parvenu cette classification par des considrations qui en sont tout fait indpendantes. Ce n'est qu'aprs avoirlu cet ouvrage, que le lecteur pourra bien saisir les applications de ce principe, et juger de sa fcondit et de sonimportance.

    J'avais commenc la rdaction du livre

    [xx]que je publie aujourd'hui, lorsque je me suis aperu qu'il existait une correspondance remarquable entre ces quatrepoints de vue et les quatre poques que j'avais fixes dans l'histoire des progrs successifs de l'intelligence humaine,depuis les premires sensations et les premiers mouvemens qui rvlent l'enfant son existence, jusqu' l'poque o,clair par la socit de ses semblables, et par la culture des sciences et des arts, l'homme s'lve au plus haut degr deconnaissance auquel il lui soit donn de parvenir.

    Cette histoire, telle que je l'avais conue, tait le rsultat d'un long travail, entrepris vers 1804, et dont je m'occupaisencore en 1820, sur les facults intellectuelles de l'homme, les moyens par lesquels il distingue le vrai du faux, lesmthodes qu'il doit suivre, soit pour classer les divers objets de ses connaissances, soit pour enchaner ses jugemens;enfin, sur l'origine de nos ides: elle amenait successivement la discussion de toutes les questions agites enphilosophie, et les solutions que j'avais cru pouvoir en donner.Autre chose est de classer les objets de nos connaissances, autre chose de classer nos connaissances elles-mmes; autrechose, enfin, de classer les facults par lesquelles nous les acqurons. Dans le premier cas, on ne doit

    [xxj]avoir gard qu'aux caractres qui dpendent de la nature des objets; dans le second, il faut combiner ces caractres avecceux qui tiennent la nature de notre intelligence; dans le troisime, ces derniers seuls doivent tre pris enconsidration, et il ne faut tenir compte des premiers, qu'autant qu'elle influe sur les oprations intellectuelles qu'exigel'tude des objets dont on s'occupe.La classification des objets eux-mmes appartient au physicien, au chimiste, au naturaliste; celle de nos connaissancesest le rsultat des recherches que je publie aujourd'hui; celle de nos facults intellectuelles rsultait de mme de l'ancientravail dont je viens de parler. Aprs de longues recherches pour distinguer et caractriser les divers genres d'ides, dejugemens, de dductions dont se composent toutes nos connaissances, pour en dcouvrir et en expliquer l'origine, jetravaillai les disposer dans l'ordre le plus naturel, et je vis alors que cet ordre conduisait ncessairement distinguerd'abord deux poques principales dans l'acquisition successive que l'homme fait de toutes ses ides et de toutes sesconnaissances. La premire s'tendait depuis l'instant o l'enfant commence sentir et agir, jusqu' celui o, par lelangage, il se met en

    [xxij]communication avec ses semblables; la seconde depuis l'acquisition du langage jusqu'aux dernires limites, s'il en est,des progrs de l'esprit humain. La mmoire ne nous retrace rien de la premire, mais je crus qu'en dduisant toutes lesconsquences des faits intellectuels, je pouvais la reconstruire tout entire, et aprs m'tre satisfait cet gard, je vis queje devais la diviser, ainsi que la seconde, en deux poques subordonnes. Avant l'acquisition du langage, est unepremire poque o l'enfant ne peut connatre que ce qui lui apparat immdiatement, soit dans les sensations qu'ilreoit du dehors, soit dans le sentiment intrieur de sa propre activit: c'est l la premire poque subordonne. Laseconde s'tend depuis le moment o il dcouvre l'existence des corps et celle d'autres intelligences, d'autres volontssemblables la sienne, jusqu' ce qu'il parvienne se mettre en communication avec elles, et comprendre le but des

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    actions de ceux qui l'entourent et le sens attach leurs paroles.

    Alors commencent la seconde poque principale et la troisime poque subordonne. L'enfant qui entend donner unnom commun diffrens objets, ou qui entend un mme verbe rpt dans des phrases diffrentes

    [xxiij]dont les circonstances o elles sont prononces lui font connatre le sens, ne peut comprendre quelle est l'ide attache ce nom ou ce verbe, qu'en comparant entre eux les diffrens objets que dsignent galement le premier, les diffrentescirconstances o le second a t prononc, et en dcouvrant, par cette comparaison, ce qu'il y a de semblable dans cesobjets ou dans ces circonstances; car c'est ce quelque chose de semblable qui est dsign par le nom ou par le verbe.Une fois les mots compris, l'homme a l'instrument l'aide duquel il fixe et classe ses ides, exprime ses jugemens, etdcouvre qu'en partant de vrits qu'il connat dj, il peut en dduire d'autres vrits lies aux premires par desrapports de dpendance ncessaire en vertu desquels celles-ci tant une fois poses, les secondes le sont aussi. Enfin,dans la quatrime poque subordonne, j'avais runi tout ce que l'examen approfondi des tres qu'il tudie lui apprenddes proprits ou facults dont ils sont dous, et des causes auxquelles il doit rapporter les faits physiques ouintellectuels que cet examen lui a fait connatre (1).

    (1) Ces quatre poques correspondent aux quatre sortes de conceptions qui, jointes aux phnomnes sensitifs et actifs, donnent naissance,par leurs diverses combinaisons, tous les faits intellectuels, comme je l'ai expliqu dans une leon faite au collge de France, et dont M.le docteur Roulin a donn un extrait dans le numro du Temps du 22 juillet 1833. Cet extrait prsente un aperu gnral de mes ides surla classification de ces faits; aperu auquel j'aime renvoyer le lecteur qui dsirerait plus de dveloppemens sur ce que je dis ici. Jeremarquerai seulement que l'homme, aprs tre parvenu une sorte de conception, la conserve jusqu' la fin de sa vie, et que, parconsquent, sa penser, n'admettant pendant toute la dure de la premire poque que la premire sorte de conception, admetncessairement les deux premires pendant la seconde, les trois premires pendant la troisime et ainsi de suite. (Voyez la note la fin decette prface.)

    [xxiv]L'analogie de ces quatre poques avec ce que j'ai appel les quatre points de vue est trop facile saisir pour que jel'explique en dtail. Qui ne voit, en effet, celle des deux poques principales de l'histoire intellectuelle de l'homme avecles deux points de vue principaux que j'ai signals plus haut? Et l'gard des quatre poques et des quatre points de vuesubordonns, n'est-il pas galement vident que l'poque o l'enfant ne connat que ce qui lui apparat, soit au dehors, soit au dedans de lui-mme, rpond au point de vue o l'on s'occupe seulement de ce qu'offrent l'observationimmdiate, soit extrieure, soit intrieure, le monde et la pense; que l'poque suivante o il dcouvre l'existence descorps et celle de la pense dans d'autres tres que lui-mme, correspond au point de vue des sciences qui ont pour but dedcouvrir

    [xxv]ce qu'il y a de cach dans les mmes objets; que la troisime poque, o l'enfant, par le travail auquel il se livre pourcomprendre le langage de ceux qui l'entourent, est amen comparer, classer les objets, observer intrieurement sapense, et, mesure que sa raison se dveloppe, dduire des vrits qu'il connat, d'autres vrits qui en sont une suitencessaire, prsente une analogie bien facile apercevoir avec les sciences o l'on s'occupe aussi de comparaisons et declassifications; qu'enfin la dernire poque correspond de mme au quatrime point de vue, puisque les moyens qu'on yemploie, tant pour constater la vrit des faits que pour les expliquer, sont galement fonds sur l'enchanement descauses et des effets?

    Cette analogie est une suite de la nature mme de notre intelligence; car le savant fait ncessairement, et ne peut fairedans l'tude de l'objet physique ou intellectuel auquel il se consacre, que ce que font tous les hommes dans l'acquisitionsuccessive de leurs connaissances.

    Mais, ainsi que je l'ai dj dit, la classification des facults et des faits intellectuels est tout autre chose que laclassification des connaissances elles-mmes, et c'est pour

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    [xxvj]quoi l'on se ferait l'ide la plus fausse de ce que je viens de dire, si l'on se figurait que j'entends rapporter les diffrensgroupes de science dfinis dans cet ouvrage, aux diffrentes poques dont je viens de parler. Il est vident qu'aucunescience ne peut exister pour l'enfant avant l'acquisition du langage, et ce n'est, par consquent, que dans les deuxdernires poques qu'il est capable de s'occuper d'une science ou d'un art quelconque; il ne l'est mme, en gnral, quequand il possde des connaissances o se trouvent runies les quatre espces de conceptions indiques dans la noteplace la fin de cette prface; en sorte que la considration des poques auxquelles correspondent les diverses espcesde conceptions dont se composent les connaissances humaines, ne doit entrer en aucune manire dans les recherchesrelatives la classification de ces connaissances.

    Je dveloppai, dans le Cours de philosophie que je fus charg de faire, de 1819 1820, la Facult des lettres de Paris,mes ides sur la classification gnrale des faits intellectuels. J'avais dj consign les principaux rsultats de montravail sur ce sujet dans un tableau psychologique, que je fis imprimer pour en donner des exemplaires un petitnombre d'amis, me rservant de discuter

    [xxvij]plus tard ces hautes questions, dans un trait spcial; mais alors la dcouverte que fit rsted, de l'action qu'exerce sur unaimant un fil mtallique o l'on fait passer un courant lectrique, m'ayant conduit celle de l'action mutuelle que deuxde ces fils exercent l'un sur l'autre, me fora d'abandonner le travail psychologique dont je viens de parler, pour melivrer tout entier aux expriences et aux calculs que j'ai publis sur cette action mutuelle. J'espre pouvoir reprendre unjour ce travail interrompu; mais j'ai cru devoir en prsenter dans ce que je viens de dire un aperu, qui servira peut-tre faire mieux voir jusqu' quel point la classification des sciences et des arts dont nous allons nous occuper est fonde surla nature de notre intelligence. Au mois d'aot 1832, cette classification tait acheve et ses rsultats consigns dans letableau qu'on trouvera la fin de cet ouvrage. Il me restait exposer l'ensemble des ides sur les quelles ils reposent;c'est alors que, me trouvant Clermont, M. Gonod, professeur au collge royal de cette ville, m'offrit de m'aider danscette exposition. M. Gonod a constamment coopr la rdaction de l'ouvrage que je publie aujourd'hui, rdaction quilui appartient autant qu' moi-mme. Je ne saurais

    [xxviij]lui tmoigner assez ma reconnaissance pour le dvouement avec lequel il s'est consacr cette publication, pour lesecours que m'ont prt sa plume exerce et cette pntration remarquable qui lui faisait trouver sans cesse l'expressionla plus propre rendre ma pense. Je me plais le remercier ici de sa participation un travail qui, sans lui, et p treindfiniment ajourn.Plus d'un an aprs, et lorsque l'impression de la premire partie de cet ouvrage tait presque acheve, des considrationstoutes diffrentes de celles que je viens d'exposer, me conduisirent, le 12 dcembre 1833, retrouver, pour la troisimefois, par des considrations toutes diffrentes, les mmes divisions et subdivisions de l'ensemble des vrits dont secomposent nos sciences et nos arts, telles que je les avais d'abord tablies, et qu'ensuite au moyen des points de vue dontje viens de parler, je les avais obtenues de nouveau prcisment dans le mme ordre.Ces considrations, o je parvins en examinant la manire dont les mmes divisions et subdivisions se dduisent lesunes des autres, m'ont fourni une nouvelle clef de ma classification, qu'on pourrait substituer celle dont je me suisservi. Dans ce cas, il n'y aurait pas un mot changer tout ce qui, dans

    [xxix]cet ouvrage, est imprim en gros caractres; mais les observations, qui le sont en caractres plus petits, devraient treremplaces par d'autres, o serait expose cette nouvelle manire de coordonner toutes les parties de ma classification.De ces deux clefs, la premire me parat la plus philosophique, la plus fconde en applications et en dductionsnouvelles, et je la crois mme la plus propre fixer ma classification dans la mmoire; la seconde me semble pluspratique et peut-tre plus aise saisir: sous ce rapport, elle pourra convenir un plus grand nombre de lecteurs. Mais

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    ce qui me frappe le plus, c'est que deux moyens aussi diffrens entre eux s'accordent reproduire, et dans le mmeordre, les divisions et subdivisions des connaissances humaines, que j'avais d'abord tablies indpendamment de l'un etde l'autre. Cet accord est, selon moi, la preuve la plus convaincante que ces divisions sont fondes sur la nature mmede notre esprit et de nos connaissances. Quand j'ai dcouvert cette seconde clef, l'impression de mon ouvrage tait,comme je viens de le dire, trop avance pour que je pusse en montrer successivement toutes les applications; mais afinde satisfaire cet gard le lecteur, je me propose de terminer mon travail par un appendice, dans

    [xxx]lequel je donnerai tous les dtails qu'il pourrait dsirer ce sujet.Par l, le texte des deux parties de mon ouvrage prsentera au lecteur ma classification dgage de toute vue thorique,et fonde uniquement sur le rapprochement des vrits et des groupes de vrits dont les analogies sont les plusnombreuses et les plus intimes; les observations qui accompagnent ce texte lui offriront un premier moyen d'obtenir priori les mmes groupes de vrits, prcisment dans l'ordre o ils ont t d'abord rangs; enfin, il trouvera dansl'appendice un second moyen d'arriver au mme but. En exposant les considrations sur lesquelles repose ce secondmoyen, je trouverai l'occasion de dvelopper mes ides sur la manire dont les diverses branches des connaissanceshumaines naissent les unes des autres, comme le premier vient de me fournir l'occasion d'indiquer les rapports qui existent entre la classification que j'ai faite de ces connaissances, et la nature et les lois de la pense. Peut-tre est-il plusutile, pour mettre en vidence les rapports mutuels qui lient entre elles toutes les sciences, de ne donner la prfrence ni l'une ni l'autre de ces deux manires d'en coordonner les divisions et subdivisions, mais de les exposer l'une aprsl'autre comme se

    [xxxj]prtant un mutuel appui, en tant qu'elles conduisent la mme classification par des routes diffrentes.

    Cette classification fait partie d'une science laquelle j'ai donn le nom de mathsiologie; de *, instruction, enseignement, et qu'on retrouvera dfinie et classe dans la seconde partie de cet ouvrage.

    La mathsiologie est pour celui qui veut tudier ou enseigner, ce que sont pour le naturaliste les sciences auxquelles j'aidonn les noms de phytonomie et de zoonomie; dans celles-ci, on s'occupe des lois de l'organisation des vgtaux et desanimaux, et de la classification naturelle de ces tres; dans la mathsiologie, on se propose d'tablir, d'une part, les loisqu'on doit suivre dans l'tude ou l'enseignement des connaissances humaines, et, de l'autre, la classification naturelle deces connaissances.

    J'ai cru ncessaire en crivant cette prface de faire le rcit qu'on vient de lire, parce que, s'il est quelques motifs quipuissent autoriser la persuasion o je suis que la classification expose dans mon ouvrage est rellement fonde sur lanature des choses, et faire partager cette persuasion au lecteur qui s'est fait une ide juste de ce que doit tre uneclassification naturelle, ce sont sans doute les suivans:

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    [xxxij]1. Le grand nombre mme des changemens que j'ai faits successivement cette classification. En effet, chaquechangement ne pouvait m'tre suggr que parce que je venais dcouvrir de nouveaux rapports entre les sciences quej'avais d'abord mal classes faute d'avoir aperu ces rapports; et je n'adoptais une nouvelle division ou une nouvelledisposition des sciences, qu'aprs avoir compar les raisons qui militaient en sa faveur avec celles qui m'avaientauparavant conduit en admettre une autre, et aprs m'tre assur que la seconde tait en effet prfrable la premire.Quand il est question d'une mthode artificielle, une fois que les principes en sont poss, elle ne peut plus tresusceptible d'aucune variation. Ds que Linn eut tabli ses classes et ses ordres du rgne vgtal d'aprs le nombre etles rapports mutuels des tamines et des pistils, il ne pouvait plus y avoir rien changer dans son systme, dont lacration n'exigeait que quelques jours, ou mme que quelques heures; tandis que, pour arriver la classification

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    naturelle de toutes les plantes, il a fallu passer par les essais de Linn lui-mme et ceux d'Adanson, par la classificationbeaucoup meilleure de Bernard de Jussieu, o il restait cependant entre des vgtaux qui n'ont aucune analogie,plusieurs rapprochemens inadmissibles,

    [xxxiij]tels que ceux qu'il a tablis entre les arums, les aristoloches et les fougres, entre les lysimaches et les ombellifres,etc.; et des plantes analogues places souvent trs-loin les unes des autres. Il a fallu que l'illustre neveu de ce grandhomme apportt de nombreuses modifications au travail de son oncle; et malgr cette longue suite de travaux, il y aencore sans doute bien des changemens faire la classification expose dans le Genera plantarum. Si j'avais cru trouver, de prime abord, l'ordre et les divisions de nos connaissances, et que, me bornant aux premiers rsultats quej'avais obtenus, je n'y eusse plus ensuite fait aucun changement, il me semble que cette considration seule serait unegrande prsomption pour faire regarder ma classification comme artificielle.

    2. C'est souvent l'analogie qui m'a suggr de faire dans les sciences de nouvelles divisions auxquelles je n'avaisd'abord pas pens. Comme je viens de le dire, quoique je distinguasse la botanique de la zoologie, j'avais runi, sous lenom d'agriculture, l'tude de tous les moyens par lesquels nous approprions notre utilit tant les vgtaux que lesanimaux, et c'est aux conseils d'un des hommes les plus capables de bien juger une question de ce genre, que j'ai d ladivision qu'on

    [xxxiv]trouvera tablie ici entre ceux de ces moyens dont la connaissance doit seule porter le nom d'agriculture, puisqu'ils sontrelatifs aux vgtaux, et ceux qui se rapportant aux animaux doivent constituer une science part, laquelle j'ai donnle nom de zootechnie. Mais, tout en me conformant dans ce cas l'analogie, parce que ces deux sciences existentrellement, je ne me suis pas laiss entraner la suivre aveuglment jusqu' vouloir tablir, pour les vgtaux, dessciences analogues ce que sont l'gard de l'homme et des animaux la mdecine et l'art vtrinaire. On verra, dans lecinquime chapitre de cet ouvrage, que, soit d'aprs la diffrence mme qui existe entre l'organisation vgtale et celledes tres dous de sensibilit et de locomotion, soit d'aprs la nature des moyens employs et des circonstances o onles emploie, les sciences qu'on voudrait fonder ici sur l'analogie, relativement aux vgtaux, n'existent ni ne peuventexister.

    De mme, aprs avoir vu qu'on devait faire suivre chacune des sciences physiques ou naturelles qui comprennent tout cequ'on peut connatre des objets dont elles s'occupent, d'une autre science du mme ordre o l'on tudit les moyens dese procurer ou de modifier ces objets de la manire qui nous est la

    [xxxv]plus avantageuse, je devais naturellement tre port faire la mme chose l'gard des sciences mathmatiques; mais ilme fut ais de reconnatre que cette analogie tait trompeuse, et que toutes les applications utiles des mathmatiquessupposant des connaissances comprises dans des sciences que l'ordre naturel classait ncessairement aprs elles, cesapplications ne pouvaient tre admises dans l'embranchement des sciences mathmatiques, mais seulement dans lesembranchemens suivans, selon la nature des objets auxquels elles se rapportaient.Ce n'est que long-temps aprs, qu'en traant la limite qui spare cet embranchement de celui des sciences physiques, j'aivu comment cette diffrence, que j'avais t force d'admettre sans en connatre encore la raison, rsultait de la naturepurement contemplative des sciences mathmatiques; de mme que ce n'est que quand j'ai eu dcouvert, en dcembre1833, la nouvelle clef dont j'ai parl tout l'heure, que j'ai vu pourquoi les sciences relatives aux animaux prenaient,dans l'embranchement des sciences mdicales, un dveloppement qui n'a point d'analogue l'gard des vgtaux.

    3. Un dernier motif qui ne me permet gure de douter que la classification la

    [xxxvj]

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    quelle je suis parvenu est fonde sur la nature mme des choses, c'est qu'elle a t faite une poque o ne pensant pasmme que je trouverais plus tard le moyen d'en reproduire et d'en coordonner d'une manire rgulire toutes lesdivisions et subdivisions, je ne pouvais tre influenc par aucune vue systmatique, mais seulement par les analogies detout genre observes entre les sciences que je comparais. Comme je l'ai dit plus haut, je n'eus l'ide de chercher unsemblable moyen que pour faciliter l'exposition de ma classification, que je faisais en 1831-1832 au collge de France,lorsque cette classification tait peu prs acheve. Le premier moyen que j'essayais ne remplissait mon but que d'unemanire trs-incomplte; ce ne fut que long-temps aprs que j'en trouvai un qui la reproduisait exactement, et qui estconsign dans les observations dont j'ai accompagn les principales divisions de cet ouvrage. Un autre moyen fond surdes principes tout diffrens ne s'est prsent mon esprit qu' la fin de 1833; ce qui n'empche pas qu'il ne s'accordeaussi exactement que le prcdent avec tous les rsultats dj obtenus. Comment cet accord serait-il possible, s'il nes'agissait pas d'une classification qui, prcisment parce qu'elle

    [xxxvij]exprime les vrais rapports des sciences, tablit entre elles une multitude de liaisons auxquelles je ne pouvais songer enla formant, et parmi lesquelles se trouvaient compris les rapports qui m'ont fourni les diffrens moyens de retrouversynthtiquement toutes les divisions et subdivisions dont se compose ma classification.

    Il ne me suffisait pas d'avoir dfini et class toutes les sciences, de voir les consquences de mon travail confirmes parla dcouverte des deux moyens de le reproduire, dont je viens de parler, il fallait trouver les noms les plus convenablespour dsigner les divers groupes de vrits dont se composent nos connaissances. Une classification ne peut exister sansnomenclature, sans qu'une langue bien faite, comme dit Condillac, nous donne le moyen de la fixer dans notre mmoireet de nous en servir pour communiquer nos semblables et la classification elle-mme, et les ides qu'elle nous suggre.Il est aussi impossible de se passer d'une telle nomenclature lorsqu'il s'agit des sciences, qu'il le serait, par exemple, au naturaliste de classer les vgtaux et les animaux sans qu'il impost des noms, non-seulement aux diverses espces,mais encore aux genres, aux familles, aux classes, etc., de tous les tres vivans.

    [xxxviij]Le choix des mots que j'ai adopts a t une des parties de mon travail qui m'ont souvent prsent beaucoup dedifficults. Dans la nomenclature d'une mthode artificielle, il a t bien ais Linn, par exemple, de donner des noms ses classes et ses ordres, en exprimant par la runion de deux mots grecs, combins d'une manire toujours rgulire,les caractres qu'il leur avait assigns priori; mais il en est tout autrement lorsqu'il s'agit d'une mthode naturelle, oles caractres qui en distinguent les diverses parties se modifiant ncessairement suivant la nature des objets auxquelsils se rapportent, ne doivent tre dtermins qu' posteriori, et, s'il est possible, aprs que la classification a dj tarrte.

    Plus j'ai travaill assigner chaque groupe de vrits le nom le plus convenable, plus j'ai reconnu que lesmodifications des caractres distinctifs des sciences, suivant la nature des objets qu'elles considrent, en devaientncessairement entraner dans leur nomenclature, et plus j'ai vu cette nomenclature s'loigner d'une sorte de rgularitapparente que j'avais d'abord cherch lui donner. Voici quelques-uns des principes sur lesquels elle repose.Les mots que j'ai adopts successivement

    [xxxix]pour les diverses sciences, aprs cinq ans de rflexions sur les conditions auxquelles doit satisfaire une bonnenomenclature, sont d'abord de deux sortes: un mot unique ncessairement substantif; un substantif suivi d'unequalification adjective qui en restreint la signification au groupe qu'il doit dsigner.Pour les noms purement substantifs, quand je rencontrais, parmi ceux dj consacrs par l'usage, un mot qui dsignait legroupe de vrits que j'avais en vue, tel qu'il tait, dans ma classification, circonscrit et distingu des groupes voisins, lenom cherch tait tout trouv, et je n'avais qu' l'adopter sans m'inquiter de son tymologie, sans examiner si saformation tait rgulire; car ds que l'usage a prononc, l'tymologie et le mode de formation d'un mot sont bientt

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    oublis et doivent l'tre; rien, par exemple, ne serait plus ridicule que de vouloir changer un mot aussi usit que celui deminralogie, sous prtexte qu'il a t dans l'origine form de deux mots appartenant des langues diffrentes, quoiqu'ondoive s'interdire rigoureusement de composer ainsi de nouveaux noms.

    Lorsqu'un mot franais, ou dj naturalis dans notre langue, a, dans son acception ordinaire, une extension plus oumoins grande que celle que devait avoir la science que je

    [xl]voulais nommer, j'ai cru que je devais encore l'adopter, pourvu que sa nouvelle extension ne diffrt pas trop de cellequ'il avait habituellement, en ayant soin d'avertir du changement de signification qui en rsultait.

    J'ai souvent t oblig d'emprunter des mots la langue grecque; et, cet gard, je n'ai encore fait que me conformer un usage gnralement suivi. Ces mots, tirs du grec, peuvent l'tre de diffrentes manires:

    1. Quand il s'agit de sciences que les Grecs connaissaient, et auxquelles ils avaient donn des noms dans leur langue, cesont videmment ces noms qu'il convient d'adopter, en faisant la terminaison le changement que l'usage a consacrpour les introduire dans notre langue, soit que les Grecs eussent emprunt pour ces noms un adjectif fminin, ensous-entendant le mot *, comme on le voit dans *dduit de l'adjectif *; soit qu'ils leseussent forms du nom substantif de l'objet dont s'occupait la science, suivi d'une de ces terminaisons *, ou*, *, *, ainsi que cela a lieu dans les noms *, *, *, **.

    2. Lorsqu'on a dsigner des sciences qui n'avaient point de noms dans la langue grecque, ce qu'il y a de mieux, c'estde tirer ces

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    [xlj]noms d'un adjectif usit dans la mme langue, ou de faire, avec les quatre mots que je viens de citer et les substantifsgrecs qui dsignaient les objets des sciences dont il s'agit, des mots composs, le tout prcisment comme avaient faitles anciens pour les sciences qu'ils avaient dnommes. C'est ainsi qu'on a dj form le mot physique, de l'adjectif*, et les noms composs psychologie, phytographie, etc., et que j'ai moi-mme fait ceux de digmatique,dianmtique, etc., des adjectifs *, *, etc., et les noms bibliologie, lexiognosie, zoonomie, etc., dessubstantifs **, *, *, etc.

    3. Mais il y a des cas o l'on ne trouve pas dans la langue grecque des adjectifs dont on puisse tirer un nom convenablepour des sciences auxquelles il faut cependant assigner des noms, et pour lesquelles on ne peut pas non plus se servir desubstantifs composs tels que ceux dont je viens de parler. Alors j'ai t forc d'avoir recours un autre procd, celuide former des adjectifs non usits en grec, en me conforment d'ailleurs exactement au mode de formation suivi par lesGrecs pour ceux qu'ils ont employs. C'est ainsi que des mots *, mouvement, , traits, conventions,etc., j'ai dduit les adjectifs *, relatif au mouvement;

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    [xlij]*, relatif aux traits, aux conventions, etc., qui sont tirs des premiers, comme*** l'est d'***;de l les noms des sciences que j'ai nommes cinmatique, syncimnique, etc. Quelquefois, ne trouvant pas mme dansla langue grecque un substantif usit dont je pusse tirer l'adjectif dont j'avais besoin, il m'a fallu faire cet adjectif enjoignant le nom de l'objet de la science avec l'adjectif grec qui exprimait le point de vue sous lequel on le considraitdans cette science; par exemple, ** signifiant ce qui dtermine d'une manire prcise, j'ai form des mots*, gain, *, temprament, etc., les adjectifs *, qui dtermine le gain d'une manire prcise;*, qui a pour objet de dterminer les tempramens. D'autres fois, j'ai dduit d'un verbe, d'aprs les rgles

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    gnralement suivies dans la formation des mots grecs, un substantif dont je tirais ensuite l'adjectif, d'aprs les mmesrgles; on sait, par exemple, que si dans les trois personnes du singulier du pass passif, on retranche le redoublement,et qu'on change leurs terminaisons respectives ,, , en , , on obtient trois substantifs, dont le premierdsigne le produit de l'action qui est exprime par le verbe, le second cette action mme, et le troisime celui

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    [xliij]qui la fait; ce mode de formation me porta remarquer que de la seconde personne *, du singulier du parfaitdu verbe *, qui exprime l'action de communiquer un autre ses ides, ses sentimens, ses passions, etc., lesGrecs avaient dduit le substantif *, pour exprimer cette action, et que si l'on ne trouvait pas dans leurs crits**, pour dsigner ce qu'elle produit, c'est--dire, tout signe qui sert transmettre une ide, un sentiment, unepassion, etc., ni le mot *, pour indiquer celui qui la fait, c'est que les auteurs grecs qui nous restent n'avaient paseu l'occasion de les employer; je pensai, en consquence, qu'on pouvait regarder ces deux mots comme seulementinusits, et je crus qu'il me serait permis, dans l'impossibilit o j'tais de mieux faire, de dduire du premier l'adjectif*, dont j'ai tir l'pithte dialegmatique, que j'ai donne aux sciences qui ont pour objet l'tude des signesdont je viens de parler; comme les Grecs eux-mmes avaient dduit du second l'adjectif *, et le nom descience *.

    Je sais bien que les mots ainsi forms sont loin de valoir ceux qui le sont d'adjectifs usits en grec; aussi, n'y ai-je eurecours que quand il fallait absolument, ou les adopter,

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    [xliv]ou me mettre dans l'impossibilit d'achever la classification naturelle des sciences.

    4. Enfin, quand le nom de l'objet d'une science se trouvait dj compos de deux mots grecs, j'ai cru que je pouvais medispenser d'y joindre une des terminaisons logie, gnosie, graphie, nomie, et prendre, dans ce cas, pour viter les nomscomposs de trois mots grecs, le nom de l'objet de la science, au lieu de la science mme, tels sont zoochrsie, utilitdes animaux, ethnodice, droit des nations, etc., mots dont je me suis servi pour dsigner les sciences qui s'occupent deces objets. Ce moyen de simplifier la nomenclature a dj t employ, quand on a fait les mots organognie,ostognie, dont j'ai imit le mode de formation pour plusieurs sciences du second rgne, comme ethnognie,hirognie, etc.

    Aprs avoir form, par ces divers procds, tous les mots dont j'avais besoin pour ma nomenclature, j'avais aussi m'occuper de la manire dont on devait prononcer et crire ceux que j'avais tirs de la langue grecque; car, parmi tantd'auteurs qui ont fait, comme moi, des emprunts cette langue, il s'en est trouv qui semblent avoir voulu se distingueren adoptant des rgles de prononciation ou d'orthographe, diffrentes de celles que les autres avaient suivies. Or, ce

    [xlv]qui est surtout important dans la manire dont on prononce les noms tirs d'une langue trangre, et dont on les crit,c'est qu'on puisse cet gard tablir des lois gnrales qui, une fois convenues, prviennent toute confusion, et soientpour l'tymologiste un guide sr dans ses recherches. Ces lois d'aprs lesquelles les sons et les articulations d'une languesont rendus dans une autre, font partie de l'tude des rapports mutuels des diffrens langages, tude dont les rsultatsconstituent une science part, qu'on trouvera dsigne sous le nom de glossonomie dans la seconde partie de cet ouvrage.

    Mais ces lois ne sauraient tre tablies priori; elles doivent se borner consacrer quel est l'usage le plus gnralementsuivi, tel qu'il est rsult des formes ordinaires de notre langue, et des circonstances qui l'ont enrichie de tant de motsemprunts la langue grecque. Et pour commencer par une question qui est la fois de prononciation et d'orthographe,

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    on sait que dans presque tous les mots franais tirs de cette langue o se trouvait un ou un , ces lettres ont tremplaces par le g et le c de notre langue, et ont pris devant les trois voyelles e, i, y, la premire, le son de notre j, et la seconde, celui de notre s. Je ne connais d'exception

    [xlvj]qu' l'gard du x, dans un petit nombre de mots usits seulement dans les sciences mdicales, o cette lettre a conservson ancienne prononciation, et s'est crite par un k, tels que kiste, ankylose, etc., et cela parce que ces mots ont trellement emprunts aux Arabes, indpendamment de leur origine primitive. Mais dans tous les mots que nous avonsreus des Grecs, soit directement, soit par l'entremise des Latins, la loi gnrale dont nous parlions tout l'heure atoujours t suivie; et ce serait la fois une faute de prononciation et d'orthographe de remplacer dans un mot que nousempruntons directement la langue grecque, le x de cette langue par un k, moins qu'on ne voult changer la maniredont on prononce et dont on crit tant de mots dj reus dans notre langue; dire et crire, par exemple, enkphale,pharmakie, kinabre, kygne, etc. A l'gard de la lettre , il serait superflu de faire des observations semblables; car on luia donn le son du j devant e, i, y, dans tous les mots franais tirs du grec, comme gographie, physiologie, gynce, etc.; mais cette lettre est sujette une autre difficult.On sait que, pour reprsenter les sons, appels assez mal propos sons nasaux, qui donnent aux langues o ils sontadmis cette

    [xlvij]harmonie pleine et majestueuse qu'on trouve en franais dans les mots rampe, temple, constance, etc., et quidisparatrait entirement si l'on prononait rpe, tple, constce, etc., les Grecs employaient tantt la lettre , tantt lalettre , tantt la lettre , et qu'ils se servaient de cette dernire devant , , , . Dans ce dernier cas, une des rglesglossonomiques du passage, dans notre langue, des mots grecs o se trouve ainsi employ, est de remplacer cette lettrepar n, comme le faisaient dj les Latins. C'est en opposition cette rgle que quelques auteurs modernes ont imagind'crire alors, la place du grec, le g franais, dont le gnie de notre langue n'a jamais permis un pareil emploi. Pourqu'on pt admettre cette innovation, il faudrait qu'on comment par crire agge, sygcope, vaggile, idiosygerasie, etc., au lieu de ange, syncope, vangile, idiosyncrasie, etc. Il est inutile de dire que je ne pouvais l'adopter, puisqu'elle taitfonde sur l'oubli des lois relatives aux changemens qu'prouvent constamment certaines lettres, quand un mot passed'une langue dans une autre, et que, d'ailleurs, elle tendait, par l'influence que l'orthographe exerce la longue sur laprononciation, altrer cette dernire, de manire y faire disparatre la distinction qu'il

    [xiviij]est si important de conserver pour viter les quivoques entre les syllabes nasales et celles qui ne le sont pas.

    Voici maintenant l'indication des caractres franais par lesquels je crois qu'on doit reprsenter les caractrescorrespondans de la langue grecque, pour que, sans rien changer l'usage le plus ordinaire, on puisse tablir, ce sujet,des lois gnrales qui prviennent l'inconvnient d'crire, tantt d'une manire et tantt d'une autre, des syllabesidentiques dans l'orthographe grecque.

    1. J'ai remplac la diphthongue par un e, comme l'usage l'a fait dans les mots Egypte, phnomne, parce que l'n'appartient pas l'alphabet franais, et quoique d'autres personnes aient conserv la diphthongue grecque, et qu'ils aientcrit, par exemple, tairion, phainogame, etc.;

    2. La diphthongue sera remplace par i; exemple: Apodictique, et non apodeictique; smiologie et non semiologie, comme on l'a fait dans liturgie, ironie, empirique, et autres drivs;

    3. La diphthongue tant reste dans notre criture, je l'ai employe dans tous les mots nouveaux qui avaient engrec;

    4. J'ai conserv l'h dans tous les mots affects en grec de l'esprit rude:

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    [xlix]5. J'ai galement conserv th, ch dans les mots, qui, en grec, s'crivent par , ; si ce n'est dans mcanique, o l'usage adepuis long-temps proscrit l'h;

    6. Dans les noms en , gn. , et dans le dialecte ionien, l'euphonie m'a fait prfrer ce dernier, comme j'y taisautoris par l'exemple du mot physiologie, universellement adopt et form du gnitif ionien *, et non du gnitifordinaire *; mais dans les noms neutres en , de la mme dclinaison, j'ai suivi l'analogie des composs grecs,tels que *, *, o contract en * a t tantt lid, tantt chang en . On sait que cettesubstitution, dans la formation des mots composs, de la lettre , lide ou contracte devant une voyelle, au lieu de ladernire syllabe des gnitifs termins par , est de rgle gnrale dans la langue grecque; c'est ainsi qu'on y a form lesmots *, **, *, *, etc.

    On ne sera pas surpris de ce que je suis entr dans les dtails prcdens, si on fait attention que la nomenclature est unepartie essentielle de toute classification. Je crois qu'on ne le sera pas non plus, en lisant cet ouvrage, des discussions qu'on y trouvera frquemment sur la place que doivent occuper,

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    [l]dans la classification naturelle des sciences, les vrits et groupes de vrits qui pourraient, cet gard, prsenterquelque difficult. Ces discussions font une partie essentielle de la science mme qui a pour objet de dterminer tout cequi est relatif cette classification; et je crois qu'il aurait t extrmement avantageux pour les progrs des sciencesnaturelles, que tous ceux qui ont propos, soit des classifications fondes sur la nature relle des tres, soit deschangemens aux classifications existantes, eussent expos avec le mme soin les motifs qui les avaient ports adopterces nouvelles classifications, ou faire ces changemens aux classifications admises, au lieu d'noncer seulement,comme on l'a fait trop souvent, les rsultats d'un travail dont on ngligeait de faire connatre les dtails.

    []

    NOTE.Pour pargner au lecteur l'embarras et la difficult qu'il pourrait trouver se procurer le numro du Temps o se trouvel'article que j'ai cit page xxiv, j'ai cru devoir le rimprimer dans cette note, en rtablissant quelques rflexions faites ma leon, qui avaient t omises dans l'extrait qui en a t donn dans ce journal, et en modifiant une expression qui m'aparu devoir tre change.

    Le professeur fait remarquer qu'autre chose est de classer les objets mmes de nos connaissances, comme le font lesnaturalistes et les chimistes, autre chose de classer ces connaissances elles-mmes, et autre chose enfin de classer lesfaits intellectuels et les facults de l'intelligence humaine.

    Dans la premire de ces trois sortes de classifications, on ne doit avoir gard qu' la nature des objets. Dans laseconde, c'est encore sur cette nature que repose principalement la classification, mais il faut y joindre de plus laconsidration des diffrens points de vue sous lesquels, d'aprs les lois de notre intelligence, ces objets peuvent treconsidrs. Dans la troisime, au contraire, ces points de vue deviennent un des caractres les plus essentiels de laclassification; les considrations dpendantes de la nature des objets, n'y doivent entrer que subsidiairement etseulement en tant que cette nature exige dans l'intelligence qui les tudie des facults diffrentes.

    La pense humaine, dit M. Ampre, se compose de phnomnes et de conceptions.

    Sous le nom de phnomnes, il comprend, 1. tout ce qui est aperu par la sensibilit, comme les sensations, lesimages qui subsistent aprs que les circonstances auxquelles nous devons ces sensations ont cess,

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    [lij]et les phnomnes forms par la runion d'une sensation prsente et d'une image de la mme sensation reueantrieurement, runion laquelle il donne le nom de concrtion; 2. ce qui est aperu par la conscience que nous avonsde notre propre activit, comme le sentiment mme de cette activit qu'il nomme mesthse (*, ), la tracequ'en conserve la mmoire qu'il nomme automnestie (*, *), et le phnomne form par la runion del'mesthse actuelle et des traces conserves par la mmoire de toutes les mesthses passes, runion qui estprcisment la personnalit phnomnique. De l nat la diffrence qu'il tablit entre les phnomnes sensitifs et les phnomnes actifs. Quant aux conceptions, il en distingue quatre sortes:

    I. Les conceptions primitives, insparables des phnomnes, et qui sont, en quelque sorte, les formes sous lesquellesils nous apparaissent, comme l'tendue et la mobilit pour les phnomnes sensitifs; la dure et la causalit pour lesphnomnes actifs.

    II. Les conceptions objectives, c'est--dire, pour les phnomnes sensitifs, l'ide que nous avons de la matire et desatomes dont elle est compose; pour les phnomnes actifs, l'ide de la substance qui meut notre corps, et dans laquellerside la pense et la volont, substance que nous reconnaissons d'abord en nous, et que l'analogie nous fait admettredans nos semblables, et mme dans tous les tres anims. M. Ampre remarque, ce sujet, que la premire notion quenous avons eue de cette substance est celle qui rsulte de cette proprit de mouvoir notre corps, et que c'est pour celaque le nom qu'elle porte, dans la plupart des langues, n'est qu'une mtaphore de celui qui dsigne le souffle ou le vent,c'est--dire, la cause motrice invisible. C'est encore pour cela que, dans l'enfance des socits, les hommes ont conudes mes partout o ils voyaient des mouvemens

    [liij]dont ils ignoraient la cause; que Jupiter roulait le tonnerre, qu'Apollon guidait le char du soleil, qu'Eole dchanait lesvents, et que les dryades faisaient crotre les arbres des forts.

    Les deux premires sortes de conceptions dont nous venons de parler sont indpendantes du langage, et il est mmevident que ce grand moyen de dveloppement de la pense ne peut natre qu'aprs que l'enfant sait qu'il existe chezceux qui l'entourent, comme en lui-mme, une substance motrice qui pense et qui veut. C'est, au contraire, au langageque nous devons, en gnral, les deux autres sortes de conceptions dont nous allons maintenant nous occuper.

    III. Nous avons d'abord les conceptions que l'enfant acquiert par les efforts qu'il fait pour comprendre le langage de sesparens.

    Pour les phnomnes sensitifs, ce sont les conceptions que M. Ampre nomme comparatives, et auxquelles on donnecommunment le nom d'ides gnrales. Lorsque l'enfant entend donner une mme pithte, celle de rouge, par exemple, une fleur, une toffe, aux nuages colors par le soleil couchant, l'envie qu'il a de comprendre le sens de cemot, l'oblige comparer ces divers objets, et lui fait dcouvrir en quoi ils se ressemblent. C'est l'acte par lequel ilconoit en quoi consiste cette ressemblance, qui laisse, dans sa mmoire, l'ide gnrale de rouge, qui s'associe cemot. De mme, en entendant dire gal, plus grand, plus petit, double, quadruple, etc., il cherche comprendre ce queces mots signifient, et il conoit les ides que M. Ampre nomme ides mathmatiques.

    D'autres conceptions de mme nature se rapportent aux phnomnes actifs. Ainsi, quand l'enfant entend prononcer lesmots sentir, dsirer, juger, vouloir, il cherche concevoir ce qu'il y a de commun dans les tats

    [liv]ou les actes de la pense auxquels il entend donner le mme nom, et de l les conceptions que plusieurs psychographesont appeles avec raison ides rflexives, en prenant le mot rflexion dans le sens que Locke lui a attribu. Il en est demme des ides des rapports sociaux, du bien et du mal moral, du devoir, etc.

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    Il convient de runir sous une dnomination commune ces diverses espces de conceptions appartenant la mmepoque; celle de conceptions onomatiques, c'est--dire conceptions relatives aux mots, parat prfrable toute autre.

    IV. Les conceptions de la dernire sorte enfin sont les conceptions explicatives, par lesquelles nous remontons auxcauses, d'aprs l'tude compare que nous faisons des phnomnes.

    Ce que la mmoire conserve d'une conception est identique cette conception elle-mme; la mme identit est si loind'avoir lieu entre les sensations ou l'mesthse, d'une part, les images ou l'automnestie, de l'autre, que les premires nepeuvent tre prises pour ces dernires que dans le sommeil ou le dlire. L'attribut de tout jugement est ncessairementune conception, le sujet en est une aussi toutes les fois que l'affirmation ou la ngation ne se rapporte pas exclusivement un phnomne individuel, sensitif ou actif.

    Il y a, dit M. Ampre, analogie vidente entre ces deux sortes de phnomnes, sensitifs et actifs, et les deux grands objets de toutes nos connaissances, le monde et la pense, objets d'aprs lesquels nous avons tabli notre premiredivision, et form les deux grands groupes ou rgnes des sciences cosmologiques et noologiques. L'analogie n'est pasmoins frappante entre les quatre sortes de conceptions, primitives, objectives, nomatiques et explicatives, et les quatre points de vue d'aprs lesquels chaque regne a t divis en quatre

    [jv]embranchemens. Le premier, en effet, embrassant tout ce dont nous acqurons immdiatement la connaissance,correspond aux conceptions primitives; au second, qui s'occupe de ce qui est cach derrire ces apparences, rpondentles notions objectives par lesquelles nous concevons, d'une part, la matire qui est comme cache derrire lessensations, de l'autre, la substance motrice pensante et voulante qui l'est derrire les phnomnes relatifs l'activit; letroisime, le point de vue troponomique, est celui dans lequel on compare les proprits des corps ou les faitsintellectuels pour tablir des lois gnrales, et c'est aussi des comparaisons que sont dues les conceptionsonomatiques; le point de vue cryptologique enfin, repose sur la dpendance mutuelle des causes et des effets, qui estaussi l'objet des conceptions explicatives. Ici pourtant se prsente une diffrence entre la classification naturelle des connaissances humaines et celle des faitsintellectuels, diffrence que nous avons dj fait pressentir, et qui consiste en ce que, dans la premire, on doitcommencer par la division fonde sur la nature des objets en deux rgnes, qui se subdivisent chacun en quatreembranchemens d'aprs les quatre points de vue dont nous venons de parler, parce que, comme nous l'avons dit, c'est ladistinction dduite de la nature des objets, qui est ici la plus importante; au lieu que, dans la classification des faitsintellectuels, o la distinction, fonde sur la nature des conceptions, est plus importante que celle qui dpend de lanature de leurs objets, on doit d'abord partager l'ensemble de ces faits en quatre grandes divisions, dont la premires'occupe simultanment des phnomnes et des conceptions primitives; la seconde joint cette tude celle desconceptions objectives; la troisime y ajoute les considrations relatives aux conceptions onomatiques, et

    [lvj]enfin, la dernire a pour objet la nature et la gnration des conceptions explicatives; en sorte que la distinction, fondesur la diffrence qui existe entre les phnomnes sensitifs et les phnomnes actifs, ne doit tre employe qu'subdiviser chacune de ces quatre grandes divisions en deux groupes ou systmes de faits intellectuels. En effet, lesphnomnes de la sensibilit et ceux de l'activit, ainsi que les conceptions qui se rapportent aux uns et aux autres, sedveloppent paralllement et par une action et raction mutuelle; d'o il rsulte qu'on ne peut se faire une ide nette d'unde ces huit systmes qu'en tudiant en mme temps celui qui fait partie de la mme division.

    Cette action et raction mutuelle de la sensibilit et de l'activit est la base de l'idognie, quatrime partie de lapsychologie, o l'on s'occupe de rechercher l'origine de toutes nos ides et de toutes nos connaissances.

    Avant de songer expliquer un phnomne intellectuel, il faut d'abord donner une ide nette de ce phnomne et desdiffrentes circonstances qu'il prsente. C'est ce qu'a fait M. Ampre pour les diffrentes espces d'ides, en joignantpour chacune les recherches idogniques aux dterminations psychographiques. Nous nous contenterons ici d'exposer

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    ce qu'il a dit relativement aux ides sensibles.

    Par ides sensibles, il faut entendre les images qui nous retracent les sensations que nous avons prouves, et surlesquelles nous avons ragi. C'est un fait d'observation intrieure que quand nous portons, par exemple, notre pensee surles lieux que nous avons habits, il existe actuellement dans notre esprit une reprsentation de ces lieux o se retrouventtoutes les formes, les couleurs, etc., qu'on a remarques dans les objets, sans toutefois que ces images de formes et decouleurs puissent tre assimiles aux sensations: ce sont deux phnomnes

    [lvij]diffrens. Dans l'tat de veille, o en mme temps qu'on a des images prsentes l'esprit, on a aussi des sensations actuelles, il n'arrive jamais qu'on prenne les unes pour les autres, si ce n'est dans le cas d'hallucination o l'ordre normaldes phnomnes est troubl. Mais dans le sommeil, l'absence de sensations actuelles distinctes nous tant tout moyen decomparaison, nous prenons les images pour des sensations, nous croyons voir ce que nous ne faisons que penser.

    Il en est cet gard de l'automnestie comme des ides sensibles, cette exception prs que dans l'tat de veillel'automnestie est toujours concrte avec l'mesthse en une personnalit unique. Mais dans les rves, lorsque lesommeil est complet, il n'y a pas plus d'mesthse que de sensations, l'mesthse tant le phnomne qui rsulte del'action de la substance motrice et pensante sur la partie des organes crbraux qui lui est immdiatement soumise, etd'o cette action se propage par les nerfs destins cette propagation, comme les sensations sont les phnomnesproduits dans la mme substance par l'action des causes extrieures sur les organes des sens, lorsque cette action estcommunique au cerveau par les nerfs qui la lui transmettent. Ds lors, la seule personnalit phnomnique qui puissese manifester dans les rves, consiste dans la runion des automnesties concrtes successivement avec les mesthsesdes tats de veille prcdens, runion qui nous apparat comme une personnalit phnomnique actuelle, prcismentcomme nous prenons dans le sommeil les images des sensations passes pour des sensations actuelles.

    Il ne faut pas perdre de vue 1, que lorsque dj demi-rveill on cherche, par un effort sur soi-mme, se rveillertout fait, l'mesthse se manifeste de nouveau dans cet effort, pour ne subsister que dans le cas

    [lviij]o le rveil en rsulte effectivement; 2. que la personnalit phnomnique n'est qu'une des mille modifications,sensitives ou autres, qui peuvent coexister dans la substance motrice et pensante. Le caractre qui la distingueessentiellement des autres phnomnes, c'est d'avoir son origine dans l'action mme produite par cette substance, au lieude l'avoir dans une action extrieure, et c'est pourquoi l'mesthse est le seul phnomne qui puisse tre primitivementaccompagn de la conception de causalit.

    L'origine des ides sensibles, considre en gnral, se rduit ceci, que le phnomne de la sensation n'a lieu que parla runion de deux circonstances, une impression sur les organes des sens et une raction sur cette impression, queM. Ampre nomme simplement raction, quand elle se produit organiquement, indpendamment de la volont, etattention, quand elle est volontaire. Dans l'image, l'impression n'existe plus, et c'est uniquement de la reproduction du mouvement crbral de raction que rsulte cette image.

    Dans le cas de la simple raction, quand l'image revient, sa reproduction est tout fait indpendante de la volont,ainsi qu'il arrive dans les rves et dans cette sorte de souvenirs qu'on peut appeler souvenirs passifs. Quand, aucontraire, il y a eu attention, le rappel de l'image dpend plus ou moins de notre volont.

    Pour renfermer, dans un seul exemple, les deux cas principaux de la reproduction passive des ides sensibles,supposons que deux sensations ayant eu lieu la fois, une mme raction les ait embrasses toutes les deux; qu'on aitvu, par exemple, un arbre au pied duquel un animal tait couch, que quelque temps aprs on voie l'arbre de nouveau,l'animal n'y tant plus; l'habitude acquise par le cerveau de la premire raction sera cause qu'au lieu de celle qu'auraitdtermine la vue de l'arbre

    [lix]

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    seul, il se reproduira en lui la raction qui avait eu lieu sur l'arbre et l'animal, d'o la double image des sensations visuelles produites par ces deux objets. Il semble qu'il devrait rsulter de cette sensation de l'arbre jointe la ractiondont nous parlons, la sensation de l'arbre, et deux images, celle de l'arbre et celle de l'animal. Mais il n'en est pas ainsi;l'exprience prouve que d'ordinaire, en ce cas, il n'y a rellement que deux phnomnes dont l'un nous offre l'arbre, etl'autre l'image de l'animal qui nous est retrace avec la connaissance du lieu qu'il occupait. Cela vient de ce qu'il n'y apas une raction sur l'impression actuelle de l'arbre, diffrente de cette raction reproduite d'o rsulte l'image de l'arbreet de l'animal; c'est parce qu'il y a une raction unique que l'image et la sensation de l'arbre se confondent en un seulphnomne. C'est justement ce qui a lieu quand, sur un mme point de la rtine, tombent la fois une impression quiseule donnerait du rouge, et une autre qui seule produirait du bleu. Les deux impressions arrivant simultanment sur unmme point de l'organe, ne peuvent donner lieu qu' une seule raction, d'o il rsulte un phnomne unique qui est lasensation du violet.

    M. Ampre donne le nom de commmoration l'image ainsi reproduite de l'animal absent, et celui de concrtion auphnomne qui, dans ce cas, nous reprsente l'arbre, phnomne dans lequel se trouvent concrtes la sensation actuellede cet arbre et l'image de la sensation passe qu'on en a eue.

    Nous ne suivrons pas le professeur dans l'explication qu'il a donne de la manire dont cette concrtion d'unesensation actuelle et de l'image d'une sensation passe semblable dtermine le jugement par lequel nous reconnaissonsl'arbre pour tre le mme que nous avons dj vu; mais nous ferons remarquer avec lui que c'est par la concrtion qu'ondoit expliquer une foule de phnomnes. Ainsi c'est par elle qu'on doit rendre compte

    [lx]d'un fait sur lequel l'illustre Laplace avait attir l'attention de M. Ampre. Lorsqu' l'Opra on n'entend que les sons etnon les mots, si on jette les yeux sur le libretto, on entend tout coup ces mmes mots, et avec une telle nettet, que sil'acteur a un accent particulier qu'on n'a pas mme souponn, tant qu'on ne percevait que les sons, on s'en aperoit tout coup, et l'on peut reconnatre s'il est gascon ou normand; de sorte qu'il ne faut pas dire, ajoute M. Ampre, qu'aumoyen du libretto on sait quels sont les mots prononcs, mais qu'on les entend rellement. Or, cela n'arrive que parceque les caractres imprims rappellent, par commmoration, en vertu des habitudes acquises depuis qu'on sait lire, lesimages des mots, images qui se concrtent avec les sensations confuses que nous en avons en mme temps, d'o rsultele phnomne d'articulation distincte, qui nous permet de reconnatre l'accent des chanteurs.

    C'est pour la mme raison que, lorsque nous coutons un homme, parlant dans une langue qui nous est tout faitinconnue, nous ne distinguons nullement ce qu'il articule, tandis que s'il parle dans une langue qui nous est familire,nous percevons nettement tous les mots qu'il prononce, en raison de la concrtion qui a lieu entre les sensationsprsentes de sons et les images de ces mmes sons que nous avons souvent entendus.

    C'est par ce phnomne de la concrtion, que M. Ampre explique les saillies et les creux qui nous apparaissent sur untableau, quoiqu'il n'y ait rellement qu'une surface plane, couverte de diverses couleurs, mais o le peintre a reproduitles dgradations d'ombres et de lumires qui auraient lieu si les saillies et les creux existaient rellement. En effet,l'habitude a li depuis long-temps, chez l'homme, les ides des formes, que le tact lui a fait dcouvrir dans les objets oles saillies et les creux existent rellement, avec ces dgradations

    [lxj]d'ombres et de lumires, et leur vue lui retrace, par commmoration, ces ides de formes, lesquelles se concrtent avecdes impressions qui, sans cela, n'auraient produit que le phnomne visuel d'une surface colore, sans creux ni saillie,comme elle est rellement. C'est ce que M. Ampre a confirm par une exprience, qui consiste tracer, au simple trait,sur une surface plane, des losanges dont les angles soient de 60 et de 120, ou bien des lignes parallles, dont lesextrmits sont jointes par des arcs de cercle. D'aprs les habitudes dont nous venons de parler, le premier de ces dessins nous offre des cubes, et le second les plisd'un rideau. Mais rien ne distingue, dans le premier cas, les angles en saillie de ceux qui doivent paratre en creux; rienn'indique, dans le second, si ces plis de rideau tournent leur convexit ou leur concavit du ct du spectateur. Alors, si

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    on se figure que certains angles du premier dessin sont en saillie, ce qui met les autres en creux, on voit les cubesdisposs de cette manire, et on continue les voir ainsi jusqu' ce que, par un autre effort d'imagination, on se figure,au contraire, les premiers en creux et les seconds en saillie.

    De mme, dans le second dessin, si l'on s'imagine que les plis sont convexes, on les voit ainsi, et on continue de lesvoir jusqu' ce que se figurant qu'ils sont concaves, on parvienne les voir de cette manire. Tout cela videmment ne peut avoir lieu que parce que, par le rappel volontaire des formes dont il est ici question, ona produit les ides qui se concrtent avec les sensations.

    Il n'y a personne qui n'ait remarqu le second fait l'occasion des papiers peints qui reprsentent des tentures endraperies, et pour vrifier le premier, rien n'est plus ais que de tracer sur un papier les losanges dont nous avons parl.

    [lxij]L'expression de personnalit phnomnique dont je viens de me servir, est celle que j'avais employe dans le travaildont j'ai parl plus haut, pour indiquer la distinction qu'il est ncessaire d'tablir entre ce phnomne, la substance mmede l'me et la conception que nous avons de cette substance; distinction analogue celle qui a dj t faite entre lasensation, le corps qui la produit, et la conception que nous avons de ce corps. Une distinction semblable doit encoretre tablie l'gard de l'tendue et de la dure. Le ciel est nos yeux une vote bleue o les toiles brillent commeautant de points lumineux, o le soleil est un disque plat et rayonnant, o les plantes sont tantt stationnaires, tanttanimes d'un mouvement direct ou rtrograde, voil l'tendue phnomnique; tandis que l'tendue relle est un espaceindfini trois dimensions, o les toiles sont, comme le soleil, des globes beaucoup plus grands que la terre, o lesplantes se meuvent toujours dans le mme sens sur des orbites elliptiques; il y a enfin signaler la conception mmeque nous avons de cette tendue relle. Il faut de mme distinguer la dure phnomnique, si rapide pour l'homme heureux, si lente pour celui qui souffre, soit de la dure relle qui prside aux mouvemens des astres, que mesurent lesinstrumens invents cet effet, soit de la conception mme que nous avons de cette dure.

    Tant qu'il n'est question que des phnomnes, nous ne pouvons nous tromper dans les jugemens que nous en portons;mais ces jugemens n'ont qu'une valeur subjective, tandis que les vrits objectives, les seules qui mritent le nom devrit, consistent dans l'accord des rapports rels des tres avec ceux que nous leur attribuons dans les conceptions quenous nous en formons.

    []

    TABLE

    DES MATIRES CONTENUES DANS CE VOLUME.PRFACEINTRODUCTION. Considrations gnrales. But et plan de l'ouvrage

    Ier. Des classifications en gnral, de leur utilit, et de ce qu'on doit entendre par classifications des connaissanceshumaines

    II. Distinction entre les classifications naturelles et les classifications artificielles. Caractres distinctifs despremires, et conditions auxquelles elles doivent satisfaire

    III. Caractre particulier la classification naturelle des sciences. De l'ordre gnral qui doit y tre suivi

    IV. Avantages d'une classification naturelle des connaissances humaines

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    V. Plan de cet ouvrage

    PREMIRE PARTIE.Dfinition et classification des sciences cosmologiques

    CHAPITRE PREMIER. Sciences cosmologiques qui n'empruntent l'observation que des notions de grandeurs oudes mesures

    [lxiv]

    Ier. Sciences du troisime ordre relatives la mesure des grandeurs en gnral

    1. Arithmographie

    2. Analyse mathmatique

    3. Thorie des fonctions

    4. Thorie des probabilits

    Tableau des sciences dfinies dans le Ier

    II. Sciences du troisime ordre relatives la mesure et aux proprits de l'tendue

    1. Gomtrie synthtique

    2. Gomtrie analytique

    3. Thorie des lignes et des surfaces

    4. Gomtrie molculaire

    Tableau des sciences dfinies dans le Ier

    III. Sciences du troisime ordre relatives la dtermination gnrale des mouvemens et des forces

    1. Cinmatique

    2. Statique

    3. Dynamique

    4. Mcanique molculaire

    Tableau des sciences dfinies dans le III

    IV. Sciences du troisime ordre relatives la dtermination des mouvemens et des forces qui existent rellement dansl'tendue

    1. Uranographie

    2. Hliostatique

    3. Astronomie

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    4. Mcanique cleste

    Tableau des sciences dfinies dans le IV

    V. Dfinitions et classification des sciences du premier ordre, qui n'empruntent l'observation

    [lxv]que des ides de grandeurs et des mesures

    1. Arithmologie

    2. Gomtrie

    3. Mcanique

    4. Uranologie

    Tableau des sciences dfinies dans le V

    CHAPITRE SECOND. Sciences cosmologiques qui ont pour objet les proprits inorganiques des corps, etl'arrangement de ces corps dans le globe terrestre

    Ier. Sciences du troisime ordre relatives aux proprits inorganiques des corps, et aux phnomnes qu'ils prsententconsidrs en gnral

    1. Physique exprimentale

    2. Chimie

    3. Stronomie

    4. Atomologie

    Tableau des sciences dfinies dans le Ier

    II. Sciences du troisime ordre relatives aux procds par lesquels nous transformons les corps de la manire la plusconvenable l'utilit ou l'agrment que nous nous proposons d'en retirer

    1. Technographie

    2. Cerdoristique industrielle

    3. Economie industrielle

    4. Physique industrielle

    Tableau des sciences dfinies dans le II

    III. Sciences du troisime ordre relatives la composition du globe terrestre, la nature et l'arrangement des diversessubstances

    [lxvj]dont il est form

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    1. Gographie physique

    2. Minralogie

    3. Gonomie

    4. Thorie de la terre

    Tableau des sciences dfinies dans le III

    IV. Sciences du troisime ordre relatives aux procds par lesquels nous nous procurons les substances qui se trouvent la surface ou dans le sein de la terre, destines tre ensuite transformes de la manire qui nous est la plusavantageuse

    1. Exploitation des mines

    2. Docimasie

    3. Oryxionomie

    4. Physique minrale

    Tableau des sciences dfinies dans le IV

    V. Dfinitions et classification des sciences du premier ordre, qui ont pour objet les proprits inorganiques des corpset leur arrangement dans le globe de la terre

    1. Physique gnrale

    2. Technologie

    3. Gologie

    4. Oryctotechnie

    Tableau des sciences dfinies dans le V

    CHAPITRE TROISIEME. Sciences cosmologiques relatives aux tres vivans, vgtaux et animaux

    Ier. Sciences du troisime ordre relatives la connaissance des vgtaux et des phnomnes

    [lxvij]qu'offre la vie dans ces tres organiss mais privs de sensibilit et de locomotion

    1. Phytographie

    2. Anatomie vgtale

    3. Phytonomie

    4. Physiologie vgtale

    Tableau des sciences dfinies dans le Ier

    II. Sciences du troisime ordre relatives l'utilit ou l'agrment que nous retirons des vgtaux, et aux travaux et auxsoins par lesquels nous nous procurons les matires premires qu'ils nous fournissent

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    1. Goponique

    2. Cerdoristique agricole

    3. Agronomie

    4. Physiologie agricole

    Tableau des sciences dfinies dans le II

    III. Sciences du troisime ordre relatives la connaissance des animaux et des phnomnes qu'offre la vie dans lestres o elle est jointe la sensibilit et la locomotion1. Zoographie

    2. Anatomie animale

    3. Zoonomie

    4. Physiologie animale

    Tableau des sciences dfinies dans le III

    IV. Sciences du troisime ordre relatives l'utilit ou l'agrment que nous retirons des animaux, aux travaux et auxsoins par lesquels nous nous procurons les matires premires tires du rgne animal

    1. Zoochrsie

    [lxviij]2. Zooristique

    3. cionomie

    4. Threpsiologie

    Tableau des sciences dfinies dans le IV

    V. Dfinitions et classification des sciences du premier ordre relatives aux tres vivans, vgtaux et animaux

    1. Botanique

    2. Agriculture

    3. Zoologie

    4. Zootechnie

    Tableau des sciences dfinies dans le V

    CHAPITRE QUATRIME. Sciences cosmologiques relatives soit aux agens et toutes les circonstances tantexternes qu'internes, qui conservent, altrent, rtablissent ou dtruisent dans les animaux l'ordre normal des phnomnesvitaux, soit aux altrations dont il est susceptible

    Ier. Sciences du troisime ordre relatives aux effets produits en gnral par les divers agens et les diffrentescirconstances qui peuvent modifier les phnomnes vitaux dans l'homme et dans les animaux qu'il s'est soumis

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    1. Pharmaceutique

    2. Traumatologie

    3. Dittique

    4. Phrnygitique

    Tableau des sciences dfinies dans le Ier

    II. Sciences du troisime ordre relatives l'application des vrits dont se compose la phy-

    [lxix]sique mdicale, la conservation de la vie et de l'tat normal des fonctions organiques, auquel on a donn le nom desant

    1. Crasiographie

    2. Crasioristique

    3. Hygionomie

    4. Prophylactique

    Tableau des sciences dfinies dans le II

    III. Sciences du troisime ordre relatives aux perturbations de l'ordre normal des phnomnes vitaux

    1. Nosographie

    2. Anatomie pathologique

    3. Thrapeutique gnrale

    4. Physiologie mdicale

    Tableau des sciences dfinies dans le III

    IV. Sciences du troisime ordre relatives aux procds par lesquels on applique la gurison des maladies lesconnaissances acquises dans les paragraphes prcdens

    1. Smiographie

    2. Diagnostique

    3. Thrapeutique spciale

    4. Prognosie

    Tableau des sciences dfinies dans le IV

    V. Dfinitions et classification des sciences du premier ordre relatives aux agens et toutes les circonstances, tantexternes qu'internes, qui conservent, altrent, rtablissent ou dtruisent l'ordre normal des phnomnes de la vie dans lesanimaux

    1. Physique mdicale

  • Source : @.ampre et l'histoire de l'lectricit - http://www.ampere.cnrs.fr

    [lxx]2. Hygine

    3. Nosologie

    4. Mdecine pratique

    Tableau des sciences dfinies dans le V

    CHAPITRE CINQUIME. Dfinitions et classification des divers embranchemens des sciences cosmologiques1. Sciences mathmatiques

    2. Sciences physiques

    3. Sciences naturelles

    4. Sciences mdicales

    TABLEAU des sous-rgnes et des embranchemens compris dans le rgne des sciences cosmologiques

    EXPLICATION des tableaux synoptiques des sciences et des arts placs la fin de cette premire partie

    FIN DE LA TABLE.

    []

    ESSAISUR