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ENVI–F-409 Economie écologique Séance 1 – 04 Février 2015
Tom Bauler – [email protected] de cours : http://tbauler.pbworks.com
Objec&fs du cours … • Intégra(on de l’environnement « naturel » dans les conceptualisa(ons
économiques • Science économique comme une perspec(ve u(le, parfois originale, à la
compréhension des problèmes environnementaux • Montrer la diversité d’écoles et d’approches, et d’ou(ls • Montrer les limites, les malaises et les ques(ons non résolues dans le couple
économie-‐environnement • à il ne s’agit pas d’un cours de management environnemental (à ENVI-‐F-‐448) • à cours à ouverture mul(disciplinaire, sans prérequis économiques, donc
naviguant entre précision disciplinaire et généralisa(on
…. et limites du cours
Finalité du cours … • Montrer les grada&ons de la rela&on homme-‐nature, telles que représentées
par les approches économiques :
– Grada(ons historiques – Grada(ons épistémologiques – Grada(ons chez les auteurs – Grada(ons dans l’actualité – Grada(ons dans les réponses poli(ques et sociétales
Cranach L. (the Elder) (ci. 1530) « Paradies »
1 -‐ Démys&fica&on de la nature
Millet (1882) « Le paysan à la houe »
2 -‐ L’homme et la terre
3 -‐ L’homme et les ressources
Rauch N. (2007) « Goldgrube »
4 – Le so
cio-‐écosystème
Rauch N. (2002) « Späher »
Approche pédagogique
• Cours « ex cathedra » (moi, je fais blabla) • Je convie l’un ou l’autre collègue (d’autres qui font blabla à ma place) • Ouverture au débat: interrompez-‐moi (vous, qui faites blabla) • Je vise 2 heures de cours -‐ plutôt que 3 -‐ avec 15 minutes de pause • 2 modes opératoires, séquen(el :
– 1ière moi(é du quadrimestre: cours frontal à présenta(on de la ma(ère de base – 2ième moi(é du quadrimestre: cours horizontal à provoca(on de discussions et débats autour de
la ma(ère, d’études de cas précises, de ques(onnements, de l’actualité…
• Ce qui veut dire en clair: – Consommateurs +/-‐ passifs au début – Consommateurs ac(fs ensuite, demandant de votre part une prépara(on en amont de chaque
séance !
Organisa&on
• Pas de syllabus ! Slides ppt mis à disposi(on; changent peu d’une année à l’autre, mais ce que je « raconte » change beaucoup
• Lectures préparatoires pour certaines séances ! • Manuels de référence :
– Perman R., Ma Y., McGilvray J., Common M. (2011), Natural Resource and Environmental Economics. Pearson. (4Ième édi(on)
– Tietenberg T., Lewis L. (Naccache Ph., Gallo J., Mauléon F.) (2013), Economie de l’environnement et développement durable. Pearson (6ième édi(on)
– Common M., Stagl S. (2005), Ecological Economics. An introduc:on. Cambridge UP.
• Site internet d’accompagnement : hip://tbauler.pbworks.com • Manuels et livres spécialisés disponibles en bibliothèque 5NIV 333.7 • Evalua&on : Examen écrit à livre fermé. Ques(ons de compréhension et de
discussion, dont 1 ques(on rela(ve à un ar(cle scien(fique
Organisa&on
• Largé(e) sur les fondements, ou intéressé(e) par la mise en actualité ? à Allez voir dans les rayons intui(vement bizarres de votre librairie: il existe une foule
d’économistes qui se sont découverts une mission de vulgarisa(on (Exemple: Economix) à Sur le net, allez consulter les innombrables blogs d’économistes plus ou moins illuminés ou
pres(gieux (exemple: Krugman = hip://krugman.blogs.ny(mes.com), mais: essayez de comprendre d’où ils partent avant de commencer à lire !
Table des ma&ères • Chapitre 1 : La Nature en science économique -‐ Histoire du traitement de la Nature
dans la science économique depuis les auteurs classiques jusqu’à aujourd’hui. Introduc(on au vocabulaire de base u(lisé pour le reste du cours, donc à certaines no(ons clés (tels que biens publics/communs/privés, défaillances de marché en absence de prix, capital naturel...).
• Chapitre 2 : La rela8on entre « bien-‐être économique » et environnement -‐ U(litarisme, développement humain, bien-‐être… et le rôle de l’environnement. Fonc(ons d’u(lité. Bien-‐être inter-‐temporel et le problème de l’actualisa(on. Concep(ons économiques de la durabilité et subs(tu(ons des facteurs/capitaux. Fonc(ons de produc(on. Les biens « communs » : Hardin.
• Chapitre 3 : Externalités environnementales et leur valua8on monétaire -‐ Conceptualisa(ons d’externalité environnementale ; défaillances de marché (précisions). Coase & Pigou. Méthodologies de valua(ons monétaires : valua(ons monétaires indirectes/préférences révélées : travel cost, hedonic prices, protec(on cost. Valua(ons monétaires directes/préférences déclarées: con(ngent valua(on. Valua(ons monétaires par impact pathways : ExternE. Applica(on des valua(ons dans le domaine des services écosystémiques (TEEB).
Table des ma&ères • Chapitre 4 : Coûts-‐bénéfices et poli8ques environnementales -‐ Les principes de
l’analyse coûts-‐bénéfices /efficience environnementale. L’actualisa(on dans le cas des ACB. Stern-‐review 1/2 et les coûts-‐bénéfices de la poli(que clima(que. Applica(on à un projet d’infrastructure. Applica(on à une poli(que de conserva(on (Natura 2000).
• Chapitre 5 : Le développement (économique) et l’environnement -‐ Croissance économique et environnement : Kuznets curves. Rebound effects – Jevons Paradox. Au-‐delà de la croissance : steady-‐state, décroissance, prospérité. Au-‐delà du développement : Sen, Nussbaum, Alkyre… .
• Chapitre 6 : L’économie du climat (ou de la biodiversité), et les marchés du carbone (ou de la biodiversité) – L’économie du climat. Théorie des marchés de droits d’émissions. Protocole de Kyoto et les marchés de CO2. Le système EU-‐ETS.
• Chapitre 7 : Les indicateurs économiques alterna8fs -‐ Le rapport S(glitz-‐Sen-‐Fitoussi : concep(ons et défaillances du PIB. Alterna(ves et problèmes d’indicateurs. Les tableaux/comptabilité input-‐output, de ma(ères. Comptabilité des services écosystémiques. Un exemple concret d’alterna(ve : l’ISEW pour la Belgique.
Table des ma&ères • Chapitre 8 : « Fron8ères » de l’économie environnementale -‐ Instrument
économique de poli(que environnementale : Les paiements pour services écosystémiques. Instrument poli(co-‐économique de poli(que interna(onale : La deie écologique. Instrument économique de poli(que environnementale : La taxe carbone et la fiscalité environnementale.
• Chapitre 9 : « Common Pool Resources » -‐ Ostrom vs Hardin. Lectures ins(tu(onnelle et évolu(onniste (i.e. « ins(tu(onal and evolu(onary economics ») de l’exploita(on des ressources environnementales.
Chapitre 1 : La Nature en science économique Histoire du traitement de la Nature dans la science économique depuis les auteurs classiques jusqu’à aujourd’hui. Introduc(on au vocabulaire
de base u(lisé pour le reste du cours, donc à certaines no(ons clés (tels que biens publics/communs/privés, défaillances de marché en absence de prix, capital naturel...).
0° Introduc(on, histoire et auteurs classiques
1° Vocabulaire de base 2° Représenta(ons du système économique dans l’environnement
0° Introduc&on
Etymologie
• ‘Économie’ et ‘écologie’ : racine iden(que. Oikos. Grec ancien: ‘maison’, ‘foyer’, ‘ménage’, voire ‘famille’
• Oikonomia, est l’étude de la ges&on de la maison, du foyer, du ménage… dans certains cas d’exploita(ons agricoles : ges(on agricole, i.e. ges(on de la terre. Oikonomos: maître d’hôtel, concierge
• Écologie, oikos en combinaison avec –logia (i.e. l ’étude de). Oikologia est donc l’étude du fonc&onnement de la ‘maison’ (dans le sens: Terre)
à « Fonc(onnement » vs. « U(lisa(on/Ges(on » à Différence fondamentale avec la « Chréma(s(que », i.e. ‘ges(on des affaires’
Les bases de la rela&on Envi&Economie
Les classiques : découverte du rôle produc8f de la terre
• Adam Smith (1770), « La Richesse des Na:ons » : mécanisme de ‘main invisible’ = le progrès est animé par la somme des recherches individuelles de bien-‐être (i.e. améliora(on des condi(ons de vie) avec comme conséquence : l’alloca(on efficace des ressources (y compris de la terre) par les marchés.
Les bases de la rela&on Envi&Economie
Les classiques : découverte du rôle produc8f de la terre
• Thomas Malthus (1798): frein principal au progrès -‐ la finitude des ressources (i.e. terres agricoles) -‐ est absolu, e.g. rendements agricoles sont décroissants (car raréfac(on des surfaces agricoles de qualité) si combinés à une évolu(on démographique posi(ve. Conséquence inéluctable : économie de survie, sans progrès possible.
Les bases de la rela&on Envi&Economie
Les classiques : découverte du rôle produc8f de la terre
• David Ricardo (1817): no(on des avantages compara(fs mutuellement bénéfiques. Finitude des ressources (tj de ‘terres agricoles’) est rela(ve, car soutenue par intensifica(on (progrès technique) et extensifica(on agricoles (nouvelles colonies). Mais conséquence finale : économie sta(onnaire.
• John S. Mill (1857) : con(nuité de la reconnaissance des rendements décroissants, mais: à nuancer par l’influence du progrès technique (notamment énergie exosoma(que) et importa(ons (notamment depuis les colonies). Conséquence: économie sta(onnaire, mais à un niveau de confort assez élevé. Première reconnaissance des ‘aménités’ néga(ves (bruit, pollu(on, valeur esthé(que…), dont la seule conséquence espérée est la simplicité volontaire : « I sincerly hope, for the sake of posterity, that they will be content to be sta:onary long before necessity compels them to it »
Les néoclassiques : l’amnésie collec8ve des rôles limita8fs du facteur « terre » Progrès technique, rendements décroissants, rareté rela(ve… à par(r de 1900, le facteur ‘terre’ n’est plus compris comme limita(f, mais le ‘travail’ le devient. Importance première: efficience des échanges. 1900 à 1965, plus aucune spécificité airibuée aux éléments ‘naturels’ dans les fonc(ons de produc(on. • Vilfredo Pareto (1900) : Pareto efficience/op(mum; échange est op(mal si
impossible d’augmenter le bien-‐être d’un agent sans en affecter un autre néga(vement. « Pareto efficience » réalisable que si situa(on de marché libre. Pareto est sta(s(cien: principe de Pareto = répar((on des ressources suit k*R = (1-‐k)*P, avec k=0,8 : 20% de la popula(on u(lise/dé(ent 80% des ressources.
Les néoclassiques : l’amnésie collec8ve des rôles limita8fs du facteur « terre » • Arthur C. Pigou (1920) : reconnaissance du rôle de l’Etat dans la construc(on des
équilibres (de marchés). Interven(ons éta(ques, levées de taxes « pigouviennes » pour palier aux défaillances du marché, notamment aux externalités. Hypothèse forte chez Pigou: informa(on parfaite de l’Etat (voir au contraire : Ronald Coase « The lighthouse in economics » 1974).
• Vers 1970, appari(on de 2 préoccupa(ons qui se développent en branches à part en(ère de la science économique néoclassique :
– économie des ressources naturelles; extrac(ons efficientes des ressources (minières, fores(ères…, renouvelables, épuisables…). à La ges(on de la rareté.
– économie de l’environnement; inser(on de l’environnement dans l’économie, surtout en termes d’impacts (i.e. pollu(ons comme nouveau facteur limitant du développement). à La ges(on des marchés.
• « Economie environnementale » caractérisée par la con(nuité des théories, méthodes, ou(ls… montrant – une réelle capacité d’adapta(on et d’innova(on, mais… – … une capacité limitée à intégrer pleinement la nature et la gravité même des phénomènes sous études
Ecological Economics: intégrer l’économie dans le « système écologique »
• Constats ini(aux basés sur émergence d’une « science des systèmes » (Wiener 1948; Bertalanffy 1950) appliquée à des systèmes écologiques par « bio-‐scien(fiques » (E. Odum 1953)
• … qui développent travaux appliquant le langage, concepts et ou(ls (éco)systémiques au système économique – Energie et thermodynamique: Georgescu-‐Roegen (1971) – Ma(ères et flux/stocks: Kneese, Ayres et al. (1970) – Ecosystèmes et énergie(s): H.T. Odum (1971)
• Incitent des « bio-‐économistes » à reprendre ces approches – H.E. Daly (1968), On Economics as a Life Science – K. Boulding (1966), The Economics of the coming Spaceship Earth
Ecological Economics: intégrer l’économie dans le « système écologique »
• 1980 – 1990: Seconde vague d’environnementalisa(on (Brundtland 1987, Rio 1992) concomitante avec émergence – 2nde généra(on de scien(fiques « bio » et « éco » – Idée de processus scien(fiques inter/trans disciplinaires
• Ecological Economics devient la recherche commune d’une alterna(ve en économie qui intègre que – « (…) the human economy is embedded in nature, and economic processes are also always
natural processes in the sense that they can be seen as biological, physical, chemical processes and transforma:ons; therefore the economy ought to be studied also, but not only, as a natural object, so economic processes should also be conceptualized in terms usually used to describe processes in nature » Ropke I. (2004 : 312)
• Formalisa(on autour de la créa(on d’ins(tu(ons scien(fiques – Société académique interna(onale ISEE (1988) – Journal académique EcolEcon (1989)
• Chefs de fil: H. Daly, J. Mar(nez-‐Alier, A-‐M. Jansson, R. Costanza
Ecological Economics: intégrer l’économie dans le « système écologique »
• Historiquement issue de 2 workshops entre écologistes et économistes – 1982: Wallenberg symposium, Stockholm, organisé par un couple d’écologistes (les Janssons) – 1987: Barcelona symposium, organisé par Joan Mar(nez-‐Alier, économiste et historien,
spécialiste des conflits environnementaux, marxiste • Aujourd’hui, une conférence régionale (européenne) en ecolecon (2013) rassemble
+500 chercheurs sur 4 journées • Depuis 2000, on constate une lente évolu(on de la concep(on de la Science
(économique) basée sur des changements et ruptures de paradigmes (et les controverses disciplinaires) (Thomas Kuhn, 1970) vers une concep(on basée sur une coexistence de paradigmes scien(fiques (Söderbaum, 2000) : il n’y a pas une vision/théorie unique des interac(ons homme-‐économie-‐nature (exemple en Physique : lumière = onde ou par(cule?)
Ecological Economics: intégrer l’économie dans le « système écologique »
• Du fait de considérer que le système économique dépend de la nature (i.e. système de support à la vie), que les interac(ons s’explorent aussi en termes biophysiques (i.e. énergie et ma(ères), et que certains impacts du sous-‐système sur son système-‐mère sont insoutenables, découle que (Ropke 2005) : – la croissance matérielle du système économique est limitée – certaines incer:tudes et ignorances sont incompressibles – le long terme fait par(e intégrante du programme – la nature a un droit, i.e. une valeur intrinsèque – le système économique co-‐évolue avec le système social/culturel – le langage de base – et la nature de l’objet -‐ est systémique – l’exper(se à impliquer est nécessairement transdisciplinaire – la compréhension doit recourir au pluralisme méthodologique
Ecological Economics: intégrer l’économie dans le « système écologique »
• « Ecological economics exists because a hundred years of disciplinary specializa:on in scien:fic inquiry has leV us unable to understand or to manage the interac:ons between the human and environmental components of our world. While none would dispute the insights that disciplinary specializa:on has brought, many now recognize that it has also turned out to be our Achilles heel. In an interconnected evolving world, reduc:onist science has pushed out the envelope of knowledge in many different direc:ons, but it has leV us bereV of ideas as to how to formulate and solve problems that stem from the interac:ons between humans and the natural world. How is human behaviour connected to changes in hydrological, nutrient or carbon cycles? What are the feedbacks between the social and natural systems, and how do these influence the services we get from ecosystems? Ecological economics as a field a\empts to answer ques:ons such as these. »
• « Our common iden:ty rests, as you know, in our view of the economy as a system that cannot be understood by itself because it is embedded in wider social and physical systems. »
Ecological Economics: intégrer l’économie dans le « système écologique »
• Principes cons(tu(fs du champ ne sont pas unanimement partagés, ne forment pas un programme de recherche commun, et sont dynamiques – programme-‐cadre de ques(ons et domaines de recherche
• Ques(ons/domaines soulèvent des controverses p/r à l’économie néoclassique, dont p.ex. : – subs(tu(on des capitaux; soutenabilité faible/forte ? – croissance économique; améliora(on/détériora(on environnementale ? – globalisa(on; commerce et qualité de l’environnement ? – innova(on technologique; efficience suffisante ? – qualité de vie et distribu(on; rôle de la croissance ?
• Le triptyque « Nature – Time – Jus:ce » (Faber 2008) définit Ecological Economics comme alterna(ve par la néga(ve, par distancia(on du champ orthodoxe et « mainstream »
Ecological Economics: intégrer l’économie dans le « système écologique »
• Ecological Economics est – un champ de recherche, mais certains la pensent comme une sous-‐discipline,
un paradigme, une société savante – une alterna(ve interdisciplinaire -‐ issue de la promesse de la systémique – à la
recherche d’une autre « voie » • Par sa nature et principes, Ecological Economics est
– génératrice de controverses et disputes avec l’économie environnementale, et se veut être hétérodoxe
– génératrice de disputes internes sur les fron(ères à respecter, notamment dans le travail avec les ou(ls et méthodologies
Aujourd’hui ?
• On constate un mouvement inverse: l’environnement n’est plus un facteur limita(f ou un facteur « à gérer » pour diminuer les coûts, mais est de plus en plus perçu comme un espoir, un marché, une opportunité d‘emploi, un avantage compara(f commercial/industriel…
• « Green growth » à croissance verte • Y compris des mouvements profonds de financiarisa(on de l’environnement, p.ex.
via la créa(on de marchés financiers/boursiers qui font du « trading » sur des « assets environnementaux »
• Y compris la découverte de l’environnement comme une donnée importante en ma(ère d’assurances/ré-‐assurances
• Y compris la découverte de l’impossibilité de penser correctement le long terme en économie, et donc d’intégrer correctement les ques(ons de CC, biodiv, azote…