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ÉLECTROPHORÈSE

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  • LECTROPHORSE

    Article crit par Jean GUASTALLA, Jean MORETTI, Jean SALVINIEN

    Prise de vue

    En solution ou en suspension dans l'eau, une solution aqueuse ou certains autres liquides, desmacromolcules, des particules, des grains d'mulsion, des bactries mme tendent en gnral sedplacer sous l'effet d'un champ lectrique: c'est l'lectrophorse, dcouverte en 1892 par S.E.Linder etH.Picton.

    L'importance du phnomne d'lectrophorse, outre son intrt thorique propre, rside dansl'utilisation qu'on en fait, trs largement, des fins analytiques ou prparatives. On doit cette mthode ladcouverte et l'identification de nombreux constituants des tissus animaux et vgtaux. La principaleapplication pratique est l'tude des srums pathologiques.

    I-Principe de l'lectrophorse

    L'lectrophorse suppose tout d'abord que la macromolcule ou la particule en cause possde unecharge lectrique. Dans le cas des macromolcules ionisables, l'origine de la charge lectrique est vidente,mais, d'une faon plus gnrale, la surface d'un solide acquiert le plus souvent une charge lectrique aucontact de certains liquides qui favorisent l'ionisation. Ainsi, la surface de la silice ou du verre, au contact del'eau, se charge ngativement, en perdant des ions H+ s'il s'agit de silice, des ions Na+ s'il s'agit de verre.Mme des corps qui ne sont pas capables de perdre des ions peuvent nanmoins acqurir au contact de cesliquides une charge superficielle, qu'on attribue l'adsorption prfrentielle d'ions d'une nature donne oud'un signe donn prsents dans le liquide.

    On suppose donc que la particule possde une charge lectrique localise sa zone superficielle. Leprincipe d'lectroneutralit impose la prsence, autour de la particule, d'une couche d'ions de signe opposdont la charge lectrique compense exactement celle de la particule. Il faudrait en effet fournir un travailconsidrable pour accumuler dans un volume donn ou sur une surface donne des charges lectriques demme signe, non compenses par des charges de signe oppos trs voisines; la charge lectrique totaled'un petit lment de surface lectriquement charg et d'une fine tranche de solution contigu, contenant unexcs d'ions de signe oppos, doit tre pratiquement nulle.

    Les thories classiques de l'lectrophorse reposent sur la structure de la couche double lectrique etdrivent des thories de l'lectro-osmose. L'lectro-osmose est le dplacement d'un liquide le long d'uneparoi solide, sous l'effet d'un champ lectrique parallle celle-ci.

    Suivant l'ancienne conception prsente par H.L.F.Helmholtz, les ions compensateurs s'aligneraient enune nappe parallle la paroi solide, une petite distance bien dfinie de celle-ci. Cette reprsentation s'estrvle insuffisante: l'agitation thermique des ions compensateurs entre en comptition avec leur attractionlectrostatique par la surface charge et leur interdit une distribution en nappe parallle cette surface.D'aprs L.G.Gouy, les ions compensateurs se distribueraient en couche diffuse, de faible paisseur, avecune rpartition de type atmosphrique partir de la surface solide. Selon Stern, une partie des ionscompensateurs se fixeraient nergiquement la paroi, le reste de ces ions constituant une couche diffuse detype Gouy.

  • Couche double ionique

    Schma d'une couche ionique: selon Helmholtz(a),selon Gouy(b), selon Stern(c)(2005 EncyclopdiaUniversalis France S.A.)

    Dans un champ lectrique parallle la surface du solide suppos immobile, les ions compensateursmobiles de la couche diffuse tendent se dplacer en entranant le liquide et provoquent l'lectro-osmose.

    L'hypothse primitive de Helmholtz permet des calculs simples. Soit l la distance (trs petite) entre lacouche mobile d'ions compensateurs et la surface du solide, la viscosit du liquide dans l'intervalle, ladensit de charge par unit de surface du solide. Dans un champ unit, chaque centimtre carr de la nappemobile d'ions compensateurs est soumis une force tangentielle f gale ; la vitesse eo de dplacementde l'eau qu'ils entranent a pour valeur, d'aprs les lois de l'hydrodynamique:

    Soit la diffrence de potentiel de passage travers la couche double lectrique constitue par lescharges superficielles du solide et la nappe d'ions compensateurs, la constante dilectrique du liquideintercalaire. De la relation classique:

    (dans le systme C.G.S.), on tire:

    La valeur de la mobilit lectro-osmotique sera:

    On peut dmontrer que la relation qui exprime la mobilit lectro-osmotique est la mme que ci-dessusdans le cas d'une couche diffuse de type Gouy, reprsentant alors la variation de potentiel lectrique depassage travers toute l'paisseur de la couche diffuse (dans le cas d'une couche de type Stern, le potentiel sera compt partir du plan o les ions commencent tre mobiles jusqu' l'infini).

  • Dans l'lectrophorse, une particule, solide ou liquide, au contact d'une solution aqueuse par exemple,acquiert une charge superficielle, tout comme la paroi solide dans l'lectro-osmose et pour des raisonsanalogues; elle s'entoure d'un nuage diffus d'ions compensateurs. Mais, contrairement au cas d'une paroisolide, la particule n'est pas immobilise: dans un champ lectrique, elle sera entrane vers l'lectrode designe oppos celui de sa charge superficielle; elle est toutefois ralentie dans ses dplacements par les ionscompensateurs mobiles qui viennent s'accumuler devant la particule en mouvement et se dplacent enentranant le liquide, le long de la surface de la particule et en sens inverse du dplacement de celle-ci,avant de se disperser derrire elle.

    Particule charge

    Schma d'une particule charge entoure de sesions compensateurs(2005 Encyclopdia UniversalisFrance S.A.)

    Des calculs classiques conduisent exprimer la mobilit lectrophortique eph, en valeur absolue, parune relation de la forme:

    o pourrait prendre suivant les cas des valeurs comprises entre 4 et 6 ; cette relation est assezanalogue celle qui exprime la mobilit lectro-osmotique. En fait, si l'on mesure simultanment lesmobilits lectrophortique et lectro-osmotique sur une suspension faite de la matire mme de la paroi dela cellule (voir ci-dessous), on constate bien que les deux mobilits, qui sont de signe oppos, sont peuprs du mme ordre de grandeur en valeur absolue. D'autre part, dans les relations classiques, le rayon de laparticule s'introduit seulement dans un terme correctif: en fait, toutes choses tant gales par ailleurs, lesvaleurs exprimentales des mobilits lectrophortiques sont peu prs indpendantes des dimensions desparticules.

    Nanmoins, les thories actuelles laissent subsister des difficults d'interprtation de certains faitsexprimentaux. Le potentiel introduit dans les relations est une grandeur qui parat difficile mesurerdirectement, de sorte que les relations thoriques ne peuvent pas tre contrles par l'exprience.

    II-L'lectrophorse libre

    Mesure de la mobilit lectrophortique

    La mesure de la mobilit lectrophortique (vitesse de dplacement d'une particule ou d'une macromolcule, dans un liquide donn une temprature donne, sous l'effet d'un champ lectrique unit) peut s'effectuer par observation des particules sous microscope si les particules sont visibles l'aide de cet appareil, au moins sous clairage ultramicroscopique; si les particules sont invisibles au microscope (macromolcules en solution par exemple), on observe par des moyens optiques appropris le dplacement dans le champ d'une frontire initialement cre entre la solution collodale et le solvant pur: la vitesse de

  • dplacement de cette frontire est celle des macromolcules.

    Mesures sous microscope

    Ces mesures, effectues dans des canaux trs fins, se compliquent du fait de la superposition de deuxphnomnes: l'lectrophorse (dplacement des particules par rapport au liquide) et l'lectro-osmose(dplacement du liquide le long des parois du canal).

    On opre souvent selon la mthode d'Ellis: deux petits rcipients communiquent par un canalcapillaire long de quelques centimtres, gnralement de section rectangulaire et de trs faible paisseur.La cellule est compltement remplie de la suspension tudier; on introduit dans les petits rcipients deslectrodes montes sur des bouchons qui assurent la fermeture tanche de la cellule.

    Cellule d'lectrophorse

    Schma d'une cellule d'lectrophorse sousmicroscope(2005 Encyclopdia Universalis FranceS.A.)

    Une diffrence de potentiel lectrique connue est tablie entre les lectrodes: la valeur du champlectrique qui rgne dans le canal peut tre dduite de cette diffrence de potentiel ou, parfois, contrlegrce une paire d'lectrodes-sondes places aux extrmits du canal. Dans ce champ lectrique, le liquidede suspension est entran par lectro-osmose le long des parois, mais, comme la cellule est close, ce liquidereflue en sens inverse dans la portion axiale du canal. Dans le cas d'un canal de section rectangulaire et detrs faible paisseur, les lois de l'hydrodynamique montrent que les vitesses du liquide par rapport auxgrandes parois sont reprsentes, en fonction de la distance l'une de ces parois, par un arc de parabole etqu'il existe deux plans parallles aux grandes parois (plans stationnaires) au niveau desquels le liquide resteimmobile; les distances de ces plans l'une des grandes parois du canal sont approximativement gales 21p. 100 et 79p. 100 de l'paisseur du canal. Si l'on met un microscope exactement au point sur l'un desdeux plans stationnaires, la vitesse directement mesure sur les particules visibles avec nettet est leurvitesse d'lectrophorse.

    Canal capillaire d'une cellule d'lectrophorse

    Coupe du canal capillaire d'une celluled'lectrophorse sous microscope: les flchesreprsentent, diffrentes profondeurs du canal, lesvitesses du liquide entran le long des parois avecune vitesseVeo(2005 Encyclopdia UniversalisFrance S.A.)

  • La mobilit lectrophortique s'obtient en divisant la vitesse d'lectrophorse par la valeur du champlectrique dans le canal.

    Mesures de la mobilit de macromolcules en solution

    On utilise frquemment un appareil de type Tiselius, o l'paisseur des canaux des cellules est de l'ordrede plusieurs millimtres.

    La cellule, soigneusement thermostate, constitue, en position de mesure, un tube en U dans lequel sontsuperposs la solution macromolculaire tudier et son solvant (par exemple une solution de protine dansun tampon et le tampon pur); la solution de plus forte densit (en gnral la solution macromolculaire) doittre place au-dessous de la solution de plus faible densit. leur partie suprieure, les deux branches dutube en U communiquent avec des rcipients contenant les lectrodes. Dans une portion verticale dechacune des branches du tube en U, on cre, immdiatement avant de faire passer le courant lectrique,une frontire aussi nette que possible entre la solution et son solvant. Il existe plusieurs techniques pourcrer ces frontires prcises. Dans l'appareil de Tiselius, le tube en U est sectionn en cinq tronons, dontdeux tronons verticaux solidaires l'un de l'autre, formant un bloc qui peut glisser comme un tiroir aux jointsparfaitement tanches entre la portion infrieure du tube en U et le bloc constitu par les deux portionssuprieures; la portion infrieure, indpendamment, peut aussi glisser le long de la base du tiroirmdian. Grce un jeu convenable des parties mobiles, on emplit d'abord la portion infrieure du tube desolution, puis l'un des tronons mdians de tampon pur et l'autre de solution, enfin les branches suprieuresde tampon pur; on pousse alors les tiroirs de faon reconstituer le tube en U; puis, en dplaant le liquidedans le tube, on amne les deux frontires un niveau o leur examen optique est possible, c'est--diredans les tronons mdians. S'il n'existe en solution qu'une seule espce macromolculaire, ou si les mobilitsde toutes les espces prsentes sont de mme signe dans les conditions de l'exprience, un champlectrique donn dplacera l'une des frontires vers le haut (branche ascendante), l'autre vers le bas(branche descendante); en mme temps, les frontires perdent de leur nettet initiale en raison de ladiffusion. Dans d'autres types d'appareils, on cre la frontire par aspiration latrale.

    Appareil de Tiselius

    Schma de la cellule de l'appareil de Tiselius(2005Encyclopdia Universalis France S.A.)

    Le dplacement de la frontire peut s'observer directement si la macromolcule est colore (hmoglobine par exemple) mais, dans le cas gnral, on utilise divers procds optiques (interfromtrie, dispositif de Philpot-Svensson) reposant sur la variation d'indice de rfraction de la solution macromolculaire avec sa concentration, qui permettent de suivre le dplacement du plan o le gradient est

  • maximal; ces procds sont analogues ceux que l'on emploie pour suivre un dplacement de frontireprovoqu par ultracentrifugation.

    Si la solution contient plusieurs types de macromolcules, de mobilits diffrentes, la frontire initiale sersout en gnral en plusieurs frontires qui se dplacent avec des vitesses diffrentes.

    Remarquons que l'lectro-osmose le long des parois de la cellule ne dforme pratiquement pasl'horizontalit des zones frontires dans les canaux verticaux et de large section des appareils de ce type, condition toutefois qu'il y ait entre la solution et son solvant une diffrence de densit suffisante pour que leseffets hydrostatiques rtablissent chaque instant cette horizontalit.

    La figure reprsente un diagramme d'lectrophorse obtenu l'aide du dispositif Philpot-Svensson,relatif au srum sanguin humain.

    Diagramme Philpot-Svenson

    Calque d'un diagramme Philpot-Svensson (srumsanguin humain normal)(2005 EncyclopdiaUniversalis France S.A.)

    Ordre de grandeur des mobilits lectrophortiques

    Qu'il s'agisse de la mobilit des particules visibles au microscope, de particules submicroscopiques, demicelles d'agents de surface, de macromolcules en solution, ou mme de bactries, les valeurs desmobilits en solution aqueuse sont le plus souvent de l'ordre de quelques microns par seconde dans unchamp d'un volt par centimtre; cet ordre de grandeur est le mme que celui des mobilits des petitsions des lectrolytes minraux comme l'ion Na+ ou l'ion Cl-.

    D'une faon gnrale, la mobilit lectrophortique diminue en valeur absolue quand la concentrationsaline de la solution augmente.

    S'il s'agit de macromolcules amphotres (c'est--dire portant des groupes acides et des groupesamines), comme les protines, la mobilit varie avec le pH de la solution: nulle un pH caractristique del'espce molculaire considre, appel point isolectrique (pHi), elle est ngative c'est--dire que lamolcule migre vers l'lectrode positive lorsque le pH est suprieur au pHi, positive lorsque le pH estinfrieur au pHi.

    Applications

    Les mesures de mobilit lectrophortique des particules en suspension servent principalement desrecherches fondamentales concernant la charge lectrique des particules; elles peuvent s'appliquer laprvision de la stabilit des suspensions collodales.

  • La mobilit de particules de silice couvertes d'une couche d'adsorption d'une protine donne estpratiquement gale celle de la molcule elle-mme, place dans les mmes conditions de pH (Abramson).

    Signalons aussi certains usages de l'lectrophorse en bactriologie. Des espces bactriennesdiffrentes peuvent ainsi tre spares si leurs mobilits lectrophortiques sont assez diffrentes.

    L'lectrophorse des macromolcules en solution est employe souvent des fins analytiques et sert dceler dans une solution protique (ou dans une solution de polylectrolytes en gnral) l'existence deplusieurs espces de mobilits diffrentes, identifier ces espces grce la valeur de leur mobilit dans untampon de pH donn, doser approximativement chacune d'elles. Dans les appareils destins l'lectrophorse prparative, on peut sparer en quantit notable une espce protique de plusieurs autres,par exemple en se plaant un pH intermdiaire entre le point isolectrique de l'espce sparer et ceuxdes autres espces: les molcules de l'espce sparer migrent alors en sens inverse des autres.

    Dans une solution o l'on a cr un gradient de densit vertical l'aide d'un solut non-lectrolyte(saccharose par exemple), une espce macromolculaire donne, sous l'action d'un champ lectriqueappropri, s'immobilisera un niveau o l'effet lectrique sera compens par un effet hydrostatique. Onralise ainsi des sparations d'espces macromolculaires par zones.

    Jean GUASTALLA

    III-lectrophorse de zone sur support

    Si l'lectrophorse dite libre, en veine liquide, permet une bonne dtermination des mobilitslectrophortiques, elle prsente par contre certains inconvnients: non seulement elle ncessite unappareillage coteux, une mise en uvre longue et dlicate, mais encore elle ne permet pas de distinguer,d'isoler, ni de caractriser les fractions protiques autrement que par leur mobilit.

    C'est pourquoi, partir de 1950, on a propos diffrents supports qui permettent d'effectuer unelectrophorse de zone sur un support stabilisateur qui peut tre le papier-filtre (E.Durrum, D.Cremer etA.Tiselius, W.Grassmann et K.Hannig, tous en 1950), l'actate de cellulose (J.Kohn en 1957), ou encore legel d'agar (C.A.Grabar et P.Williams en 1953, R.J.Wieme en 1959).

    Ces supports ont connu un immense succs, car leur emploi est simple, rapide, peu onreux. En outre, ilne ncessite que de trs petites quantits de substances. Ainsi, dans le cas d'un srum sanguin, quelquesmicrolitres suffisent.

    Quel que soit le support, on utilise une cuve lectrophorse essentiellement constitue de deuxbacs contenant le tampon et une lectrode. Anode et cathode sont relies un gnrateur de courantcontinu. Les extrmits du support solide trempent dans le tampon ou lui sont relies par des ponts enpapier filtre.

  • Cuve lectrophorse

    Cuve lectrophorse. Les petits tubes de verrerenferment de la laine de verre ou du coton dont lerle est, en arrtant les gros ions, de freiner lechangement de concentration du tampon d l'lectrolyse.(2005 Encyclopdia Universalis FranceS.A.)

    lectrophorse sur papier et sur actate de cellulose

    On dpose quelques microlitres de la solution tudier (mlanges d'enzymes, de protines sriques oud'autres substances charges) sous forme d'une ligne mince sur le support imbib de tampon. On le soumetensuite une lectrophorse; l'intensit du courant est voisine de 2mA par centimtre de largeur dusupport.

    Au bout de quelques heures, la feuille est sche. Les diffrentes fractions sont rvles par descolorants spcifiques, qui permettent de caractriser, par exemple, les protines, les glycoprotines, leslipoprotines. Quant aux enzymes, on peut les rvler en utilisant leur activit spcifique sur des substratsconvenablement choisis.

    Le pouvoir de rsolution de cette technique n'est pas suprieur celui de l'lectrophorse en veineliquide. Par exemple, partir du srum, on obtient six fractions: albumine, 1, 2, 1, 2 et -globulines.

    L'interaction entre le support et les protines n'est pas totalement ngligeable, c'est l un inconvnient.Si elle est faible avec l'actate de cellulose, elle est plus marque avec le papier filtre. C'est pourquoi, dansles conditions normales, on ne peut dceler, avec ce support, dans le cas d'un srum, les pralbumines, quidevraient migrer plus vite que l'albumine, mais qui sont freines par leur adsorption par le papier. On yparvient cependant, par exemple, en augmentant la quantit de protines dpose.

    lectrophorse en gel d'agar (glose)

    Le support est constitu l'aide d'une solution de glose (agar-agar) 1p. 100 dans le tampon choisi.On la coule chaud sur une lame de verre o elle se solidifie par refroidissement. Le pouvoir de rsolutionest identique celui du papier. Mais le gel d'agarose purifie prsente l'avantage de ne pas produired'interaction avec les protines.

    Pour augmenter le nombre de fractions protiques spares par l'lectrophorse, on a propos d'autressupports qui se comportent comme des tamis molculaires. Il s'agit de gels poreux qui, par un phnomnede friction, retardent d'autant plus la migration des protines que les dimensions de leurs molcules sontplus grandes. Ainsi le groupe des 2-globulines peut tre rsolu en une dizaine de constituants. On signalerales deux principaux procds dans les paragraphes ci-dessous.

  • lectrophorse en gel d'amidon

    Elle a t propose par Smithies en 1955. Elle utilise un amidon partiellement hydrolys avec lequel onfait un gel contenant de 13 15g d'amidon pour 100ml de tampon. Le mlange, fluide l'bullition, estcoul dans un bac o il se prend en gel par refroidissement. On insre les protines sparer dans une fentepratique dans le gel. Aprs lectrophorse, on coupe le gel dans son paisseur et on rvle les protinespar un des colorants habituels.

    Avec un srum humain, on peut obtenir prs d'une vingtaine de bandes. L'opration complte demandeau minimum quinze heures.

    lectrophorse d'un srum humain

    lectrophorse d'un srum humain(2005Encyclopdia Universalis France S.A.)

    lectrophorse en gel d'acrylamide

    Elle a t dcrite par S.Raymond et Weintraub en 1959, par B.J.Davis et L.Ornstein la mme anne.C'est une mthode trs fine de sparation par simple lectrophorse sur support.

    Une solution d'acrylamide, coule dans de petits tubes verticaux, forme un gel par polymrisation. Lespores ont un diamtre de 5nm environ. Les protines sparer sont dposes une extrmit du gel danslequel elles se dplacent sous l'action du champ lectrique.

    Aprs coloration, les protines sont visibles sous forme de disques parallles, superposs, d'o le nom deDisc-electrophoresis utilis par les Anglo-Saxons.

    Cette technique est rapide, prcise, reproductible, sensible. Un srum humain est rsolu en au moins unevingtaine de fractions.

    Le polyacrylamide ne donne aucune raction avec les colorants, ni les protines, ni les polysaccharides,ni les lipides. Le gel est transparent. Il permet une valuation densitomtrique plus aise que celle obtenuelorsqu'on utilise le papier comme support.

    lectrophorses prparatives sur support

    On a dcrit plusieurs procds qui permettent de sparer des groupes de protines (albumine, 1, 2, 1,2, -globulines) en vue de prparer ces fractions partir, par exemple, d'un srum. cet effet, on utilise desportoirs de grandes dimensions dans lesquels on met une pte d'amidon, ou de tout autre support neutrecomme le Pvikon (chlorure de polyvinyle), ou mme des gels (glose, amidon, etc.). L'opration termine,on dcoupe le support en tranches d'o l'on lue les protines. Cette technique est videmment utilisablepour prparer toute substance isole par l'lectrophorse sur ce genre de support.

  • lectrophorse haute tension

    L'emploi de tensions leves de l'ordre de 3000 5000volts permet de sparer, par lectrophorse une ou deux dimensions perpendiculaires, des substances telles que peptides et acides amins. On utiliseune feuille de papier de 3040cm, place entre deux plaques isolantes, refroidies +20C pour viter quela feuille ne se dessche et, finalement, ne se consume. L'appareillage ncessaire est assez onreux. Undispositif plus simple consiste immerger la feuille lectrophorse dans de l'ther de ptrole, lui-mmerefroidi par un serpentin.

    La haute tension permet de sparer en une heure un mlange de substances comme les peptidesobtenus par hydrolyse enzymatique d'une protine. La carte obtenue par deux lectrophorsesperpendiculaires avec deux tampons diffrents (ou une chromatographie dans une direction suivie d'unelectrophorse dans l'autre) constitue un diagramme caractristique comme l'est une empreinte digitale,d'o le terme finger-print donn par les Anglo-Saxons cette technique.

    Jean MORETTI

    IV-Analyse immuno-lectrophortique

    Les mthodes prcdentes, mme les plus efficaces, ne permettent pas toujours de sparer etd'identifier des protines diffrentes lorsqu'elles ont la mme mobilit lectrophortique; en outre, descomposants trs peu abondants peuvent passer inaperus.

    Grabar et Williams ont apport un perfectionnement remarquable aux mthodes de sparation etd'analyse des protines en combinant l'lectrophorse et l'analyse immuno-chimique par diffusion.

    Une fraction du mlange protique tudi, servant de mlange antignique, est injecte un animal(cheval, lapin, chvre...), qui ragit en fabriquant des anticorps qu'il dverse dans son srum sanguin. chaque composant du mlange protique correspond un anticorps qui ragit sur lui d'une faon troitementspcifique. Dans des conditions convenables, la raction in vitro entrane la formation d'un prcipit bienvisible, d la formation d'un complexe antigne-anticorps.

    Le mlange antignique subit d'abord, dans un gel de glose, une lectrophorse qui entrane unesparation plus ou moins complte des constituants le long d'un axe Ox. On laisse ensuite ces constituantsdiffuser normalement Ox contre le mlange d'anticorps qui provient d'un rservoir rectangulaire trsallong et parallle Ox. Lorsqu'un constituant antignique rencontre son anticorps spcifique, il forme aveclui une ligne fine de prcipit qui affecte le plus souvent la forme d'un arc elliptique dont la concavit esttourne vers Ox. chaque protine du mlange tudi correspond une ligne et une seule.

    Immuno-lectrophorse

    Diagramme immuno-lectrophortique (en glose)du srum sanguin d'un homme normal(2005Encyclopdia Universalis France S.A.)

    La mthode utilise donc successivement le pouvoir de rsolution de l'lectrophorse et la grandespcificit des ractions immunochimiques. Elle permet ainsi des analyses qualitatives extrmement finesqui rvlent parfois l'existence de traces de constituants.

  • Lorsque s'est dessine la figure de diffusion, on peut ajouter des colorants qui facilitent la caractrisationdes diverses protines formant les arcs de prcipit.

    Il est possible de desscher la lame de glose de faon obtenir une pellicule transparente qui conserveindfiniment les rsultats de l'analyse sous forme d'un diagramme naturel.

    Cette lgante mthode a permis, entre autres, d'identifier tous les constituants protiques de nombreuxsrums sanguins correspondant ou non des tats pathologiques.

    Dans sa partie suprieure, la figure reproduit le diagramme immuno-lectrophortique, obtenu dans laglose, du srum sanguin d'un homme normal.

    Diagramme immuno-lectrophortique

    Immuno-lectrophorse: schma de principe(2005Encyclopdia Universalis France S.A.)

    Paralllement ce diagramme, est figure la bande d'lectrophorse en gel d'amidon du mme srum.Dans cette bande, la position relative des constituants antigniques du srum est sensiblement la mme quecelle qu'ils avaient dans la lame de glose aprs lectrophorse, mais avant diffusion. Les lignesdiscontinues indiquent les correspondances et conduisent aux symboles des constituants responsables desarcs de prcipit. De gauche droite, on reconnat aisment l'arc de la srum-albumine (symbole Alb), lesarcs des globulines et , l'arc trs allong des globulines . La figure permet d'apprcier sa juste valeur lepouvoir de rsolution de l'analyse immuno-lectrophortique.

    Jean SALVINIEN

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    Prise de vue