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Les élections professionnelles approchent. Vous allez pouvoir voter pour différents syndicats. Pour avoir été 5 ans en charge du secteur IUFM pour le SNUipp-FSU, je sais qu’il est parfois difficile pour les collègues de faire la différence entre les différents syndicats. D’autant plus qu’au moment des élections, il faut reconnaître que les professions de foi sont sou- vent proches. Et pourtant, il existe des différences sinon nous serions tous dans le même syndicat. Mes propos n’ont pas pour but de casser du sucre sur les militants et collègues des autres syndicats (je res- pecte les choix de chacun et ils ont le mérite d’être dans des organisations collectives), juste de montrer des différences de fond : L’organisation de la nouvelle semaine sco- laire : après l’effet d’annonce, la pratique !!! Annoncée l’an dernier, la suppression de 2 heures de classe se met effectivement en place avec son cortège de conséquences néfastes pour les élè- ves et les enseignants. Tout d’abord, tous les élèves ont perdu 2 heures de classe, alors que les programmes sont loin d’avoir été allégés : cela signifie moins de temps de recherche et de réflexion pour les élèves, plus de « stress » ou de « résignation » pour l’enseignant qui devra leur enseigner plus en moins de temps. Conclusion : on fait juste comme on peut en essayant de limiter la casse. C’est hyper motivant le matin quand on se lève pour aller travailler, ne trouvez-vous pas ? De plus, les enseignants doivent à présent 2 heures « d’aide individualisée aux élèves en diffi- culté ». La mise en place de ce dispositif rallonge la journée de ces enfants et les stigmatise. Luc Ferry a d’ailleurs parfaitement décrypté la politique du gou- vernement en expliquant sur Europe 1 que ce projet permettrait de supprimer les RASED, et ainsi d’é- conomiser 8 000 postes ! A qui fera-t-on croire que c’est le bien des élèves ou des enseignants qui prime ? Le SNUipp-FSU avait alerté et informé sur le fait que cette réforme aurait pour conséquence entre autres la suppression des RASED. C’est pourquoi, nous n’avions pas, après consultation de la profes- sion, signé le protocole d’accord, texte régressif dans le traitement de la difficulté scolaire. On nous repro- che parfois de dire non à tout. A tout ce qui est mau- vais, oui, ça c’est sûr !!! Et encore, je ne parle même pas de la désorganisation des écoles, du transport scolaire, des parents,…. Le protocole sur la direction. Nous n’avons pas non plus signé ce texte. Une fois de plus, on nous taxait de « toujours contrre». Contre ce qui ne va dans le bon sens, bien sûr et heureusement !!! Ce protocole préfigurait le démantèlement des IUFM. En effet, une des mesures était les stages filés des PE2. Sujet compliqué : mesure pouvant paraître intéres- sante pour les PE2 (une journée de classe par se- maine, vécue souvent comme un progrès car beau- coup plus formateur que le temps passé à l’IUFM) et pour les directeurs d’école à 4 classes (qui étaient enfin déchargés une journée par semaine). Mais pou- vions nous accepter cela alors que cela signifiait envoyer des PE2 sans formation sur le terrain (nous sommes pour l’alternance mais en T1), une diminution de la formation initiale à l’IUFM, une baisse de la formation continue (car les PE2 rem- plaçaient auparavant les collègues partant en stage), une utilisation des PE2 comme moyen d’ensei- gnement (plutôt que de créer des brigades direc- teurs) et une non reconnaissance du temps de décharge pour toutes les écoles de moins de 4 classes. Et quand je vois aujourd’hui la fin des IUFM (après le concours, ce n’est plus une journée mais toute la se- maine que les stagiaires seront dans les écoles sans formation), ou quand je vois les directeurs des écoles à 4 classes qui risquent de perdre leur décharge (ben, oui, plus de PE2 !), je me dis que notre position syndicale était juste. Voilà 2 exemples récents et parlants de diver- gences syndicales (nous avons heureusement aussi des convergences). Nous sommes dans une situation politique où le gouvernement avec de pseudo- discussions nous balade. Tout est bien réfléchi et déjà ficelé. Il n’y a pas d’argent pour les salaires, pour les RASED, pour la direction, pour créer des postes alors que les effectifs augmentent,… mais il y a des milliards pour sauver les banques !!! Ce sont des choix politiques, c’est tout. Alors devons-nous signer ces protocoles de discussion, qui d’après d’autres syndicats permettent quelques « améliorations » (ça reste à voir), mais ne modifient en rien le côté global et néfaste de ces ré- formes. Personnellement je ne crois pas et au final syndicats et salariés seront perdants. Guillaume Baudry Elections professionnelles en vue, différences syndicales en revue.

Elections professionnelles en vue, différences syndicales

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Les élections professionnelles approchent. Vous allez pouvoir voter pour différents syndicats. Pour avoir été 5 ans en charge du secteur IUFM pour le SNUipp-FSU, je sais qu’il est parfois difficile pour les collègues de faire la différence entre les différents syndicats. D’autant plus qu’au moment des élections, il faut reconnaître que les professions de foi sont sou-vent proches. Et pourtant, il existe des différences sinon nous serions tous dans le même syndicat. Mes propos n’ont pas pour but de casser du sucre sur les militants et collègues des autres syndicats (je res-pecte les choix de chacun et ils ont le mérite d’être dans des organisations collectives), juste de montrer des différences de fond :

L’organisation de la nouvelle semaine sco-laire : après l’effet d’annonce, la pratique !!!

Annoncée l’an dernier, la suppression de 2 heures de classe se met effectivement en place avec son cortège de conséquences néfastes pour les élè-ves et les enseignants.

Tout d’abord, tous les élèves ont perdu 2 heures de classe , alors que les programmes sont loin d’avoir été allégés : cela signifie moins de temps de recherche et de réflexion pour les élèves, plus de « stress » ou de « résignation » pour l’enseignant qui devra leur enseigner plus en moins de temps. Conclusion : on fait juste comme on peut en essayant de limiter la casse. C’est hyper motivant le matin quand on se lève pour aller travailler, ne trouvez-vous pas ?

De plus, les enseignants doivent à présent 2 heures « d’aide individualisée aux élèves en diffi-culté ». La mise en place de ce dispositif rallonge la journée de ces enfants et les stigmatise . Luc Ferry a d’ailleurs parfaitement décrypté la politique du gou-vernement en expliquant sur Europe 1 que ce projet permettrait de supprimer les RASED, et ainsi d’é-conomiser 8 000 postes ! A qui fera-t-on croire que c’est le bien des élèves ou des enseignants qui prime ?

Le SNUipp-FSU avait alerté et informé sur le fait que cette réforme aurait pour conséquence entre autres la suppression des RASED. C’est pourquoi, nous n’avions pas, après consultation de la profes-sion, signé le protocole d’accord, texte régressif dans le traitement de la difficulté scolaire. On nous repro-che parfois de dire non à tout. A tout ce qui est mau-vais, oui, ça c’est sûr !!! Et encore, je ne parle même pas de la désorganisation des écoles, du transport scolaire, des parents,….

Le protocole sur la direction. Nous n’avons pas non plus signé ce texte.

Une fois de plus, on nous taxait de « toujours contrre». Contre ce qui ne va dans le bon sens, bien sûr et heureusement !!! Ce protocole préfigurait le démantèlement des IUFM. En effet, une des mesures était les stages filés des PE2. Sujet compliqué : mesure pouvant paraître intéres-sante pour les PE2 (une journée de classe par se-maine, vécue souvent comme un progrès car beau-coup plus formateur que le temps passé à l’IUFM) et pour les directeurs d’école à 4 classes (qui étaient enfin déchargés une journée par semaine). Mais pou-vions nous accepter cela alors que cela signifiait envoyer des PE2 sans formation sur le terrain (nous sommes pour l’alternance mais en T1), une diminution de la formation initiale à l’IUFM, une baisse de la formation continue (car les PE2 rem-plaçaient auparavant les collègues partant en stage), une utilisation des PE2 comme moyen d’ensei-gnement (plutôt que de créer des brigades direc-teurs) et une non reconnaissance du temps de décharge pour toutes les écoles de moins de 4 classes. Et quand je vois aujourd’hui la fin des IUFM (après le concours, ce n’est plus une journée mais toute la se-maine que les stagiaires seront dans les écoles sans formation), ou quand je vois les directeurs des écoles à 4 classes qui risquent de perdre leur décharge (ben, oui, plus de PE2 !), je me dis que notre position syndicale était juste.

Voilà 2 exemples récents et parlants de diver-gences syndicales (nous avons heureusement aussi des convergences). Nous sommes dans une situation politique où le gouvernement avec de pseudo-discussions nous balade. Tout est bien réfléchi et déjà ficelé. Il n’y a pas d’argent pour les salaires, pour les RASED, pour la direction, pour créer des postes alors que les effectifs augmentent,… mais il y a des milliards pour sauver les banques !!!

Ce sont des choix politiques, c’est tout. Alors devons-nous signer ces protocoles de

discussion, qui d’après d’autres syndicats permettent quelques « améliorations » (ça reste à voir), mais ne modifient en rien le côté global et néfaste de ces ré-formes. Personnellement je ne crois pas et au final syndicats et salariés seront perdants.

Guillaume Baudry

Elections professionnelles en vue, différences syndicales en revue.

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