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Livret de l’exposition

Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

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Livret de l'exposition visible à la bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer du 13 septembre au 27 novembre 2013.

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Page 1: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Livret de l’exposition

Page 2: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Fig. 1 : Speculum Humanae Salvationis, Flandres ou

France du Nord, XVe s., Saint-Omer, BASO ; ms. 183,

f. 11 détail : la fuite en Égypte.

Page 3: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Si l’égyptologie proprement dite est une

discipline de l’archéologie relativement récente, la

fascination occidentale pour le Pays de Pharaon

est en revanche bien plus ancienne.

Elle trouve l’une de ses sources principales dans la

culture biblique qui influence l’Occident chrétien

depuis l’Antiquité tardive (fin du IIIe s. – fin du Ve).

Une grande partie des évènements relatés dans

les textes de l’Ancien Testament se passe

effectivement en Egypte ou en contact avec sa

culture. Le Nouveau Testament comprend lui aussi

des évocations de ce pays comme le passage dit

de la fuite en Egypte (fig. 1), lorsque la sainte

famille quitte la Palestine pour se protéger de la

répression d’Hérode. Par conséquent, bien

qu’éloigné de nos contrées ce pays mythique a

suscité l’intérêt de nos savants dès le Moyen Âge.

Il n’est donc pas surprenant qu’Isidore de Séville

en parle dans ses Etymologies (XIV, 27-28), la

première encyclopédie du Monde Latin, qu’il rédige

vers 610-620 : L'Egypte, était auparavant appelé

Aeria, reçue plus tard le nom d’Aegyptos, frère du

roi Danaos [… c’est] une région où le ciel est

imprévisible et qui ignore les averses. Elle n’est

irriguée que par le Nil dont la crue est si fertile

qu’elle permet des récoltes très abondantes, et de

nombreux autres produits, de sorte que ces

marchandises sont envoyées partout dans le

monde (Encart 1).

Isidore mentionne également plusieurs divinités

égyptiennes dans son texte, mais qu’il évoque d’un

point de vue évhémériste* (Encart 2) en leur

attribuant la paternité de telle ou telle invention.

Ainsi, Isis devient une reine d’Egypte qui a inventé

le sistre (instrument de musique) (Etym. III, 12).

L’influence de la culture de l’Antiquité classique a

aussi joué un rôle dans le développement de

l’égyptomanie en Occident. La plupart des

informations des auteurs du Moyen Âge leur

viennent d’ailleurs de la littérature antique. Mais

l’influence directe de la culture antique se déclare

plus tard, à partir de la Renaissance.

Jusqu’au XIXe siècle, l’influence de la Bible oriente

un certain nombre de chercheurs dans des voies

erronées. Ainsi, le lillois Jean-Baptiste-Joseph

Barrois (1784-1855), négociant et homme

politique, un temps adjoint au maire de Lille puis

député de cette ville, élabore une théorie sur

l'existence d'un langage et d'une écriture primitifs à

partir de l'analyse philologique et paléographique

des écritures carolingiennes, hiéroglyphiques et

cunéiformes, avec pour vocation à peine voilée de

retrouver le langage unique d’avant Babel !

(Encart 3)

UNE FASCINATION MILLÉNAIRE

Selon la vision médiévale du

Monde, divisé en trois parties :

Europe, Asie et Libye, l’Egypte

se trouve en Asie !!

Parmi les produits égyptiens se

trouve le papyrus, qui servit de

support pour l’écriture en

Occident pendant des siècles et

ce même après l’invention et le

développement du parchemin.

*Evhémérisme : du nom d'Évhémère,

historien grec du III e s. av. n. è.,

désigne une doctrine qui propose

d’expliquer l’apparition des mythes et

des figures divines par la déformation

légendaire des faits historiques.

Barrois est aussi connu pour son

importante collection d’antiquités et

de livres, dont une trentaine de

manuscrits achetés au bibliothécaire

Libri qui les avait volés à la

Bibliothèque nationale.

Page 4: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Portrait de Pierre Valeriano,

gravure, Londres, v. 1610.

Liens vers ouvrages numérisés

JOANNIS PIERII VALERIANI BELLUNENSIS,

Hieroglyphica Londres, Paul Frellon 1610

IOANNIS PIERII VALERIANI BELLUNENSIS

Hieroglyphicorum collectanea&Davide

Hoeschelio Hieroglyphica horapollinis

codicis augustani ms. correcta,

suppleta, & in lucem editaFrancfort,

Anton

Hierat, pour Erasme Kempffer,1613-1614

Fig. 3 : Portrait de Bernard de

Montfaucon, gravure de Benoît Audran

le jeune, XVIIIe siècle, château de

Versailles et de Trianon Genève,

bibliothèque publique et universitaire,

musée historique de la Réformation. ©

RMN/Francis Raux

Page 5: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

L’égyptomanie désigne une attirance pour la

culture et particulièrement pour l’art égyptien.

Cette « manie » remonte à l’antiquité, lorsque les

Phéniciens copiaient les techniques de leurs

voisins, mais elle prend un tour particulier dans

l’Europe Moderne. Elle se teinte de mysticisme et

d’ésotérisme, et donne lieu à toute une littérature

parascientifique ou romanesque qui s’inspire des

mystères de l’Egypte pharaonique pour alimenter

son goût du merveilleux. Les hiéroglyphes

notamment passionnent les érudits de cette

époque.

Dès le XVe siècle, l’un des premiers savants

occidentaux à s’intéresser aux hiéroglyphes est

Pierre Valeriano (1477-1558) (fig. 1), pronotaire

apostolique et précepteur d’Hippolyte et

d’Alexandre de Médicis. Dans ses Hieroglyphica,

Valeriano s’efforce d’expliquer presque toutes les

branches de la science par les hiéroglyphes et la

symbolique gréco-romaine.

Athanase Kircher (1602-1680) (fig. 2) est aussi

célèbre pour ses études sur les antiquités égyp-

tiennes. Ce très savant jésuite allemand se lance

dans l’étude des hiéroglyphes à l’instigation de Pei-

resc (1580-1637). Il produit autant de savoir que

d’erreurs mais comme le dit Champollion : L’Eu-

rope savante doit […] à Kircher la connaissance de

la langue copte ; et il mérite, sous ce rapport, d’au-

tant plus d’indulgence pour ses erreurs nom-

breuses, que les monuments littéraires des coptes

étaient plus rares de son temps. Son Oedypus

aegypticus est l’ouvrage le plus important et le plus

recherché. Kircher y explique que les hiéroglyphes

ont été inventés par le clergé égyptien afin de ca-

moufler leur doctrine secrète.

Bernard de Montfaucon (1655-1741)(fig. 2),

bénédictin de la congrégation de Saint-Maur et

brillant helléniste, travaille principalement à l’édition

des Pères de l’Église de langue grecque. On lui

doit la création du mot paléographie qui désigne

depuis la discipline consacrée à l’étude des

écritures anciennes. Montfaucon porte un très

grand intérêt aux documents figurés susceptibles

de renseigner sur les siècles passés. Il rassembla,

classa et publia des reproductions de tous ceux qui

étaient connus à son époque dans deux ouvrages :

L’Antiquité expliquée et représentée en figures, 15

volumes in folio (1719-1724) et Les monuments de

la monarchie française, 5 volumes in folio (1729-

1734), qui rencontrèrent un immense succès. On y

trouve notamment un grand nombre d’antiquités

égyptiennes.

L’ÉGYPTOMANIE À L’ÉPOQUE MODERNE

(XIVE-XVIIIE SIÈCLES)

Fig. 2 : Portrait d’Athanase

Kircher, gravure par Alban

Gibbefim, Rome, 1678.

Liens vers ouvrages numérisés

[ATHANASE KIRCHER]Oedipus

aegyptiacus Rome, V. Mascardi1652-

1654

Kircher n’était pas toujours très

scrupuleux et dans son explication

des hiéroglyphes de l’obélisque de la

place Navone à Rome, il n’hésite pas

à remplacer les signes effacés par

d’autres de son cru…

Page 6: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Fig. 2 : Jean-Léon Gérôme, Bonaparte devant le Sphinx ou Œdipe, 1867-

1868, huile sur toile, 60,1 x 101 cm, Hearst Castle, San Simeon, Californie.

Fig. 3 : Léon Cogniet, L’Expédition d’Egypte sous les ordres de

Bonaparte, 1835, plafond peint, Paris Louvre.

Liens vers ouvrages numérisés

Description de l'Egypte ou recueil des observations et des recherches qui

ont été faites pendant l'expédition de l'armée française Paris,

C. Panckoucke1830 :

http://gallica.bnf.fr/Search?

ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=Description+de+l%27Egypte

J.-J. RIFAUD Tableau de l'Egypte de la Nubie et des lieux circonvoisins ou

itinéraire à l'usage des voyageurs qui visitent ces contréesParis, Treut-

tel1830 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5577739k

Page 7: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

La fin du XVIIIe et le XIXe siècle sont la grande

époque de l’égyptologie occidentale avec pour

apogée la publication de la Description de l’Egypte

commandée par Napoléon Bonaparte. Jusque-là

quelques états européens se sont intéressés au

passé égyptien, mais aucun n’entreprend de

grandes campagnes de fouilles. Tout juste existe-il

quelques salles consacrées à l'art égyptien dans

certains grands musées.

Pourtant certains voyageurs ont déjà témoigné de

l’intérêt pour cette culture millénaire (encart 1).

C’est le cas de Nicolas Savary (1750-1788), qui

part pour l’Egypte en 1776 et y resta trois ans à

étudier les mœurs des habitants autant qu’à

étudier les monuments antiques, avant

d’embarquer pour la Grèce dont il revient en 1781.

Il s’attache alors à publier ses recherches sur le

Coran, et les lettres d’Egypte et de Grèce qu’il a

adressées à son ami Lemonnier et qui connais-

sent un grand succès. Il y décrit le pays du Nil avec

force détails, une certaine érudition mais aussi une

sensibilité toute romantique. Ce style romanesque

lui est d’ailleurs reproché par certains savants

comme Deguignes (1720-1800), qui reconnaît

néanmoins la justesse du contenu scientifique.

Bonaparte est fasciné par cet empire qui fut l’un

des plus célèbres et prospères au monde (fig. 2).

Aussi, lors de sa Campagne d’Egypte (1798-1801),

il décide d’emmener avec lui cent soixante artistes

et savants réunis en une Commission des

Sciences et des Arts, afin qu’ils étudient les

vestiges de l'ancienne Egypte. Le 22 août 1798 il

fonde l’Institut d’Egypte au Caire, destiné à

maintenir à flots l’économie égyptienne, mais

l’archéologie en devient rapidement la principale

activité (fig. 3). Les travaux de l’Institut s’arrêtent

plus ou moins avec le départ de Napoléon, qui

ramène avec lui les principaux savants.

La Commission se charge ensuite de publier leurs

découvertes en une monumentale Description de

l’Egypte, qui sort des presses impériales entre

1809 et 1828, et totalise 23 volumes de textes et

de planches. Les éditions Panckoucke en publient

dès 1822 une seconde édition in octavo plus

maniable et moins onéreuse.

Cette monumentale entreprise suscite par ailleurs

toute une littérature sur le sujet. C’est le cas du

Voyage du Luxor en Egypte entrepris par ordre du

roi pour transporter, de Thèbes à Paris l’un des

obélisques de Sésostris, publié en 1835 par

Vervignac Saint-Maur ; ou encore du Tableau de

l’Egypte de Jean-Jacques Rifaud, édité en 1830 à

Paris.

Liens vers ouvrages numérisés

M. SAVARY Lettres sur l'Egypte où l'on

offre le parallèle des mœurs anciennes

et modernes de ses habitantsParis,

Bleuet jeune, An VII (1798) :

http://archive.org/stream/

lettressurlegyp01savagoog#page/n4/

mode/2up

J.-J. RIFAUD Tableau de l'Egypte de la

Nubie et des lieux circonvoisins ou iti-

néraire à l'usage des voyageurs qui visi-

tent ces contréesParis, Treuttel1830 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/

bpt6k5577739k

LA DESCRIPTION DE L’EGYPTE ET SES SATELLITES

Savary a eu des

prédécesseurs

tel Corneille le

Bruyn (1652- v.

1711) (fig. 1),

peintre et

aventurier

hollandais, qui

parcourt l’Asie

Mineure et

l’Afrique du Nord

pendant des

années,

reproduisant ce

qu’il voit. Il publie ses voyages en

1698 et rencontre un grand succès.

Portrait de

Corneille le

Bruyn, gravure

par J.-B. Scotin,

1732. © BASO

Page 9: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Jean-François Champollion, dit

« Champollion le Jeune » (fig. 1), est né le 23

décembre 1790 à Figeac (Lot). Confié à son frère

Jacques-Joseph Champollion, il reçoit un

enseignement très complet dès son plus jeune

âge. Retiré de l’école en 1799, il étudie les

rudiments de la grammaire et du latin auprès du

père Calmels. En 1801, alors âgé de onze ans, il

rejoint son frère à Grenoble, pour intégrer, un an

plus tard, la classe de l’abbé Dussert. C’est à

cette époque que naît sa passion pour les langues

orientales et dès l’année suivante il apprend

l’hébreu, l’arabe, le chaldéen (langue liturgique

orientale) et le syriaque (langue araméenne).

En 1804, il est admis au Lycée Impérial de Gre-

noble, mais la discipline trop militaire de l’institu-

tion déplaît au jeune garçon de 13 ans qui ne par-

vient pas à s’intégrer. Le décès de sa mère en

1807 lui donne l’occasion de partir pour Paris, où il

s’inscrit au Collège de France et à l’Ecole des

langues orientales. Il se perfectionne et apprend

en plus le persan et le copte (langue des chrétiens

d’Egypte), souhaitant devenir totalement

bilingue.

En 1808, il est nommé membre

correspondant de l’Académie des Sciences et des

Arts de Grenoble, et de 1810 à 1817, il occupe la

chaire d’histoire ancienne à la Faculté de lettres

de Grenoble.

Il débute son étude des hiéroglyphes en 1809, par

une analyse de la Pierre de Rosette (fig. 2)

d’après une transcription sur papier. Très vite, il

conteste les théories de ses prédécesseurs, et

suggère, en 1810, le caractère phonétique des

hiéroglyphes. Cette thèse est à l’origine d’une

grande avancée en égyptologie. Son ralliement à

Napoléon pendant les Cent Jours (1815) l’oblige à

s’exiler à Grenoble en 1817, mais ça ne

l’empêche pas de proposer un an plus tard un

mémoire sur « Quelques hiéroglyphes de la Pierre

de Rosette » à l’Académie des Sciences et des

Arts de Grenoble. En 1822, il écrit sa première

lettre au philologue et historien M. Dacier, dans

laquelle il expose le résultat de ses travaux sur les

hiéroglyphes, avant de le présenter à l’Académie

des Inscriptions et des Belles Lettres de Grenoble.

Il réécrira à Dacier en 1828 pour justifier son

travail sur les hiéroglyphes et démontre la véracité

de son système et le succès de ses découvertes il

publie son Précis du système hiéroglyphique des

anciens Egyptiens. Entre temps, il est nommé

conservateur du département égyptien du Louvre

(1825), qui n’ouvrira qu’en 1827.

En 1828, il prend la tête de l’expédition

franco-toscane dans la vallée du Nil, durant la-

quelle il écrit ses Lettres d’Egypte, véritable jour-

nal de bord de ses découvertes. La validité de son

analyse des hiéroglyphes est désormais prouvée,

et permet de nombreuses découvertes. Mais le

voyage va l’affaiblir. Il revient à Paris le 4 mars

1830, où il est élu à l’Académie des Inscriptions et

Belles Lettres, et un an plus tard ses découvertes

lui permettent d’accéder à la chaire d’archéologie

égyptienne du Collège de France par le roi

Louis-Philippe. Champollion décède à Paris deux

ans plus tard, le 4 mars 1832, laissant en héritage

la clef d’un des plus grands mystères de

l’Histoire Antique.

Liens vers ouvrages numérisés.

L. DE LA BRIÈRE Champollion inconnu.

Lettres inédites.Paris, Plon1897 .

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/

bpt6k73375v

Lien vers le site de Chaire d’archéologie

égyptienne du Collège de France

http://www.egyptologues.net/chaire/

historique/historique.htm

CHAMPOLLION

Page 10: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Fig. 1 : Auguste Mariette photographié

par Nadar, vers 1861, Bibliothèque

nationale de France, département Société

de Géographie,

SG PORTRAIT-19 © BNF

http://gallica.bnf.fr/

ark:/12148/

btv1b8450794x/f1.item

Fig. 2 : Alfred Jacquemart et Dutert, Monument à

Auguste Mariette à Boulogne-sur-Mer, 1883, Pierre et

bronze. © Ville de Boulogne-sur-Mer.

http://gallica.bnf.fr/

ark:/12148/

btv1b8449936p

Page 11: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Héritier spirituel de Champollion, Auguste

Mariette est né en 1821 à Boulogne-sur-Mer

(Pas-de-Calais). Sa vocation d’égyptologue naît

lors d’une visite d’exposition sur l’Egypte dans le

musée de sa ville natale, où il découvre des

sarcophages et autres objets égyptiens. Grâce à

son emploi de professeur au collège et à sa

fréquentation du musée de Boulogne-sur-Mer, il

parvient à acquérir une certaine connaissance en

égyptologie.

Autodidacte donc, il pousse son étude plus loin en

apprenant les langues orientales : l’arabe, le

syriaque, l’araméen et le copte. Il déchiffre

également des hiéroglyphes grâce aux travaux de

Champollion, fournis par son cousin Nestor L’Hôte

qui fut membre de son expédition dans la vallée du

Nil. Lorsque ce dernier meurt, Mariette hérite de

ses notes, dessins et lettres, ainsi que de ses

recherches sur l’Egypte, ce qui attise sa curiosité.

En 1849, il parvient à entrer au Louvre grâce à

l’égyptologue Charles Lenormant et part en

Egypte l’année suivante, avec des fonds pour ac-

quérir plusieurs manuscrits coptes.

Ayant des difficultés avec les autorités

égyptiennes, il décide d’organiser des fouilles

presque clandestines près des pyramides. Il y

découvre notamment la statue du « Scribe

accroupi », le temple de Sérapis de Memphis. En

1851, Mariette parvient à pénétrer dans le

souterrain du temple du dieu Apis, où il découvre

de nombreux sarcophages en granit rose,

contenant des restes de taureau, figure du dieu.

Ces découvertes lui valent un véritable triomphe,

non seulement à Paris, au Louvre, mais aussi au

Caire, où Saïd Pacha l’invite à revenir en 1857,

après l’intermède de la guerre de Crimée.

Mariette met ensuite en place un plan de

protection du patrimoine égyptien, et obtient en

1858, le statut de directeur des Antiquités

égyptiennes. Il se consacre alors pendant 23 ans à

la sauvegarde et aux fouilles de la vallée du Nil et

met au jour de nombreux tombeaux et temples

dans plusieurs villes, notamment Gizeh, Saqqarah,

Abydos, Thèbes, ainsi que sur l’île d’Eléphantine.

Il s’engage aussi vivement contre le vol et le

vandalisme, il n’hésite pas, de par son statut, à

stopper tout convoi transportant des antiquités. En

1879, il est nommé pacha (ou gouverneur), mais

meurt deux ans plus tard dans sa résidence de

Boulaq.

Mariette ou le rêve égyptien d’un Boulonnais—Portrait d’un grand égyptologue du XIXe siècle avec

Claudine Le Tourneur d’Ison

http://www.canalacademie.com/ida1039-Mariette-ou-le-reve-egyptien-d-un-

Boulonnais.html

MARIETTE

Fig. 3 : Alfred Jacquemart, Buste de

Mariette Pacha, marbre blanc, 1888,

Boulogne-Sur-Mer, Château-Musée. ©

Ville de Boulogne-sur-Mer

Page 12: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Fig. 2 Note diverses d’Herbécourt père, Saint-Omer, BASO, ms. ville 916-2, p.

168-169 : mention de la Campagne d’Egypte.

Fig. 1 : étiquette mentionnant le legs sur le

socle d’une statuette en bronze conservée au musée des Beaux-Arts de Saint-Omer (inv.

6128). © Saint-Omer, Musée de l’Hôtel

Sandelin

Page 13: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Les d’Herbécourt

L'expédition de Bonaparte en Egypte a lancé une mode exotique qui se ressent jusque dans les arts décoratifs et la création de mobilier d’inspiration égyptienne. Pour le grand public occidental, l’attrait de l'Egypte réside principalement dans les trésors des pharaons. La contrebande d'antiquités égyptiennes était alors très répandue et de nombreux occidentaux fortunés ajoutent la collection d’antiquités égyptiennes à la liste de leurs loisirs, y compris à Saint-Omer.

François-Adrien d’Herbécourt est né à Paris le 2 mars 1779 et décédé à Saint-Omer le 10 août 1857, en sa demeure 7 quai Saint Martin. Le 2 septembre 1803, il épouse à Paris Antoinette Julienne Canut, née à Lyon vers 1785 et décédée à Saint-Omer le 28 février 1828, qui lui donne 4 filles et 1 garçon, tous restés célibataires. Installé comme marchand brasseur à Saint-Omer à partir de 1825-1829, il partage sa vie entre la province et Paris où il fait du négoce.

Cet homme curieux de tout et cultivé comme il se doit pour un bourgeois du XIXe siècle, témoigne d’un goût prononcé pour les voyages, et collectionne tout au long de sa vie des objets d’art,

notamment des pièces égyptiennes (fig. 1).

Il transmet sa passion à son fils, Louis-Eugène d’Herbécourt, né à Paris le 8 décembre 1815 où il décède le 23 décembre 1884. Adolescent, il fait ses études à Louvain. Après une formation d’architecte, il devient inspecteur de la préfecture de la Seine et inspecteur du Palais de justice de Paris entre 1873 et 1884. Il participe notamment au chantier du Palais de Justice de Paris sous la direction de Daumet. Il était également professeur de dessin au collège Chaptal (boulevard des Batignolles à Paris).

C’est lui qui, le 18 août 1884, lègue par testament à la ville de Saint-Omer son importante bibliothèque ainsi que sa collection d’art. Le legs prend effet l’année suivante : discuté au conseil municipal le 12 février 1885, il est accepté le 6 mars 1885. Les documents sont légués à la bibliothèque de Saint-Omer à l’exception des livres d’art qui sont placés dans la bibliothèque d’enseignement de l’école d’architecture de la ville. Les objets deviennent pour leur part propriété du Musée de Saint-Omer.

De nombreuses antiquités égyptiennes intègrent ainsi, grâce à Louis-Eugène d’Herbécourt, les collections du Musée de l’Hôtel Sandelin.

Moi, Louis Eugène d’Herbécourt,

architecte, demeurant à Paris, 17 rue de Rome, je consigne ici mes dernières volontés et je nomme

Maître J. Decroos, notaire à Saint-Omer, Grand-Place n°51, mon

exécuteur testamentaire le chargeant de les faire respecter et de les faire exécuter dans tous les

détails. …Je donne et lègue à la ville de Saint-Omer ses modèles,

dessins, collections, livres, etc, à la condition qu’ils seront installés

dans une salle spéciale du musée,

portant le nom du donateur. ...Je donne la copie de la Danaé du

Titien au Musée de Saint-Omer….Je lègue tout le mobilier artistique,

vieilles faïences, tableaux, aquarelles, dessins, médailles de

bronze des monuments de

l’Europe…sera transporté à Saint-Omer pour être installé ainsi qu’il a

été dit plus haut dans une salle spéciale du musée. (Registre des

délibérations du Conseil municipal

de l’année 1885 - BASO, 1D58)

Page 14: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Descriptif par Jean-Louis PODVIN

des objets prêtés par le Musée

Sandelin I.

6125 : Faucon Sokaris momifié. Legs

d’Herbécourt, 1894.

Bois stuqué polychrome Basse Epoque

(VIIe – IVe s. av. J.-C.)

À la base, subsiste un trou de fixation

qui permettait de le ficher sur un cercueil ou sur le socle d’un Ptah-

Sokar-Osiris. Le dos est de couleur rougeâtre, couvert d’une résille noire, la tête noire, le poitrail jaune. Le

faucon momifié akhem était une manifestation du dieu Ptah de

Memphis, et était censé régénérer le

défunt.

6128 : Bronze de Néfertoum. Legs

d’Herbécourt, 1894.

Basse époque (VIIe – IVe s. av. J.-C.).

Bélière ; haut de coiffe (deux hautes

plumes) cassé.

Le dieu Néfertoum est le dieu fils de la triade constituée par Ptah et la déesse

lionne Sekhmet à Memphis. On le représente avec, sur la tête, un nénuphar parfois surmonté de deux

hautes plumes.

Fig. 1 : Le scribe accroupi, 4e ou

5e dynastie (2600 - 2350 avant J.-C.), trouvé à Saqqara, calcaire

peint, yeux incrustés de cristal de roche dans du cuivre, Louvre, inv.

E3023.

CC BY-SA 3.0 /Eric Pouhier.

http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/le-scribe-accroupi

Fig. 2 : Buste de Néfertiti 18e dynastie

(vers 1340 av. n. è.), calcaire peint,

Berlin Ägyptisches Museum.

CC BY-SA 3.0 /Philip Pikart

http://antikforever.com/Egypte/Reines/

nefertiti.htm

Fig. 3 : Howard Carter ouvrant le

sarcophage de Toutankhamon,

1923. (New-York Times archives).

Page 15: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

En 1860, Auguste Mariette fait désensabler le

temple d'Edfou et découvre de nombreux objets,

comme celui très célèbre du scribe accroupi

trouvé à Sakkarah. (fig. 1). En 1912 c’est le fa-

meux buste de Néfertiti (fig. 2) actuellement

conservé à Berlin qui est mis au jour, et en 1922

l'archéologue anglais Howard Carter ouvre le

tombeau de Toutânkhamon (fig. 3).

Ces découvertes égyptologiques

majeures attirent de nombreux occidentaux qui se

découvrent une véritable passion pour

l'égyptologie et le pays des Pharaons se voit

rapidement envahi par une horde de scientifiques

qui courent pour la plupart après la célébrité ou

l'argent.

Les divinités égyptiennes comptent parmi les

thèmes qui fascinent le plus le public, en raison

notamment de leur polymorphisme et tout

particulièrement de leur caractère souvent

zoocephale (à tête animale).

Ces apparences hybrides sont le fruit d’une

recherche figurative visant à donner une

apparence à des concepts divinisés, au moyen

d’association à des espèces animales dont

l’apparence ou le comportement suggère un

rapprochement avec le concept en question.

Selon ce concept, le chacal (Anubis), en tant que

charognard illustre naturellement le dieu des

morts.

La lionne figure pour sa part la déesse de la

guerre (Sekhmet) et la chatte représente cette

même déesse mais lorsqu’elle incarne la féminité

(Baastet). Le maître des eaux, Sobek, prend pour

sa part l’apparence d’un crocodile, etc.

LA FASCINATION DES DIEUX

Descriptif par Jean-Louis

PODVIN des objets prêtés par

le Musée Sandelin. II

5423 : Osiris. Septembre 1885.

Bronze . Osiris, coiffé de la

couronne atef, est dans son attitude classique, le corps enserré

dans une gaine momiforme, les bras ramenés sur la poitrine. Dieu funéraire par excellence, il a le

premier bénéficié de la momification qui lui permet de

régner sur le royaume des morts.

6113 : Statuette de Ptah-Sokar

-Osiris. Legs d’Herbécourt, 1894.

XXVIe dynastie (672-525 av. J.-C.)

Bois brut et encre noire ; une colonne d’inscriptions devant.

Inscription gravée en hiéroglyphes : « Offrande funéraire que donne le roi à Osiris qui

préside à l’Occident, afin qu’il accorde l’offrande invocatoire

(consistant) en pain, bière, bovidé, volatile, albâtre, tissu, au

bienheureux (nom illisible) ».

La figure de Ptah-Sokar-Osiris rassemble trois divinités

momiformes : Ptah, dieu de Memphis, créateur du monde par sa seule pensée et le verbe ;

Sokaris, faucon momifié de la même ville ; Osiris. La statuette,

fichée dans un socle en bois, portait une coiffe à deux plumes.

Page 16: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Descriptif par Jean-Louis Podvin des

objets prêtés par le Musée Sandelin. III

L’ouchebti (en égyptien « répondant ») est une statuette funéraire, qui accompagne le défunt dans l’Au-Delà. Les Egyptiens, qui

croyaient à une vie post mortem, pensaient qu’ils devraient travailler dans les Champs

d’Ialou, dans l’Au-Delà. Cette perspective déplaisait aux plus riches, qui s’entouraient de statuettes funéraires, généralement

inscrites du chapitre 6 du Livre des Morts, enjoignant la statuette à répondre présente

(d’où leur nom) quand le mort était appelé

au travail des champs.

6115 : Ouchebti sommaire. Legs

d’Herbécourt : Neuf lignes rouges tracées horizontalement, aucun texte. Pectoral peint

en noir sur le bas-ventre ; deux houes peintes en noir aux mains, sas à dos peint

en noir plus bas que la perruque.

6119 : Ouchebti féminin anonyme, s’ouvrant par derrière. Legs d’Herbécourt :

creux ; traces de lin dans l’alvéole de la

partie amovible et du corps. .

6121 : Ouchebti du général Ouahibrê, fils de Takhout. Legs d’Herbécourt : Chapitre 6 du Livre des morts gravé en hiéroglyphes en

l’honneur du « prophète de la déesse Nekhbet qui réside à Boubastis et général

Ouahibrê né de Takhout ».

6123 : Ouchebti de Naou-Irer. Legs d’Herbécourt : inscription en hiéroglyphes

peints : L’Osiris Naou-Irer. Deux houes, bandeau noué sur la nuque ; sac à

semences ; dos plat.

http://

www.litteratureaudio.com/livre-

audio-gratuit-mp3/gautier-

theophile-le-roman-de-la-

momie.html

Fig. 2bis : illustration de G.

Barbier pour l’édition du

Roman de la Momie de

1929, à Paris chez A ; et G.

Mornay.

Fig. 3 : Scanner de la momie de

Ta-Hathor réalisé en 2010 à

Manchester.

extraits du film "autopsie d'une

momie"

de Michel Marie.

http://sira.u-bordeaux3.fr/momie/

menu.htm

Page 17: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

L’Egypte est aussi l’empire des morts, car un grand

nombre des découvertes archéologiques y ont été

faites dans les nécropoles (fig. 1). Au-delà des

fantastiques trésors qui ont été exhumés des

tombes des pharaons et des dignitaires égyptiens,

c’est surtout leur mode d’ensevelissement qui

fascine le public occidental.

Certes ce n’est pas la seule culture qui pratique la

momification, mais c’est à travers elle que cette

méthode de conservation des corps a été la mieux

connue en Occident.

Qui plus est, la technique mise en œuvre par les

anciens Egyptiens pour conserver les corps de leurs

défunt a atteint un tel degré de perfection qu’il nous

permet actuellement de faire des tests ADN sur

certaines momies et de retrouver ou confirmer leur

identité (fig. 3).

Ces pratiques suggèrent un désir des anciens

Egyptiens de s’assurer l’immortalité et ont contribué

à forger de nombreuses légendes sur ce thème

Paradoxalement, c’est en grande partie grâce à ses

morts que cette culture est encore si vivante de nos

jours.

L’EMPIRE DES MORTS

L’Egypte est

souvent associée

au concept

d’immortalité dans

l’imaginaire, depuis

le Roman de la

momie (1857) qui

connaît de

nombreux dérivés

jusqu’à la trilogie

récente du cinéaste

Stephen Sommers.

Bien avant la

parution du roman

de Théophile Gautier (1811-1872)

(fig. 2), Étienne-François de

Lantier (1734 – 1826), publie Les

Voyages d’Anténor en Grèce et en

Asie avec des notions sur l’Égypte

(1798), qui s’inspire de la vie du

Comte de Saint-Germain, un

savant, artiste et aventurier du

XVIIIe siècle, objet d’une rumeur

qui le disait immortel et surtout

très versé dans les arts occultes.

Théophile

Gautier par

Félix Nadar

Fig. 1 : La pyramide à degrés de Djéser

dans la nécropole de Saqqara

Descriptif par Jean-Louis PODVIN.

des objets prêtés par le Musée

Sandelin. IV

Lors de la momification, le cerveau et les viscères étaient retirés pour éviter la putréfaction. Les viscères étaient

déposés à part, dans quatre vases canopes, chacun placé sous la

protection d’un des quatre fils d’Horus

987.007 Canope Amset de Netjermosé : formule du vase avec le

faucon Kebehsenouf, mais bouchon à tête humaine (Amset), avec scorpion

de Serket sur la nuque.

6135 : Figurine Kebehsenouf de Khonsoumès. Legs d’Herbécourt : Une

colonne de texte en noir, limitée par deux traits rouges. Deux houes et le

sac dorsal peintes en rouge ; perruque noire. La sépulture dont

provient cet objet est celle d’un archiviste en chef de la trésorerie du domaine d’Amon, Khonsoumès, dont

le mobilier funéraire a été dispersé

début XIXe.

Page 18: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Portrait d'Alexandre

Moret par son fils N.

Moret.

(CC BY-SA 3.0)

Le travail de ces explorateurs bénéficie d’une grande vogue, largement alimentée par les journalistes de

l’époque qui publient dans L’Illustration ou Le Magasin

pittoresque, comme Gabriel Charme.

Notice de :

CHARLES BOREUX L'art égyptien Paris, G. Van Oest,1926 :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-

8103_1927_num_5_1_2798_t1_0223_0000_1

Page 19: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Champollion et Mariette ont posé les bases de l’égyptologie scientifique et ouvert ainsi un champ nouveau à l’archéologie. Ils feront bien entendu des émules.

L’un d’entre eux est Gaston Maspero (1846-1916) (fig. 1) dont le rôle dans le développement de cette discipline n’est pas négligeable. En 1881 il

exploite une découverte fortuite faite par la famille Abd el-Rassoul, de plusieurs tombes royales dans la

nécropole de Deir el-Bahari près de Thèbes. *Cette découverte est fantastique car plusieurs rois ont été déplacés à cet endroit à la fin de l’époque ramesside pour échapper aux pillards. Parmi les pharaons cachés se trouvent notamment Sekenenrê-Taâ, l’un des derniers de la XVIIe dynastie, Ahmosis, Aménophis 1er, les trois premiers Touthmôsis et plusieurs Ramsès. Et dix ans plus tard il découvre juste à côté les tombes de cent cinquante-trois prêtres d’Amon de la XXe dynastie, dont les sarcophages se trouvent désormais dans les principaux musées d’Europe. Un autre grand nom de l’égyptologie moderne est le professeur William Matthew Flinders Petrie (1853-1942) (fig. 2), un Britannique découvreur des tombes de l’époque romaine d’Hawara dans le Fayoum et surtout de Tell el-Amarna, la capitale du roi hérétique Akhenaton (Aménophis IV). C’est également lui qui exploite le site de la première véritable pyramide, à Meïdoum, où il découvre les plus anciennes traces de momification. Petrie va contribuer à imposer des techniques de fouilles scientifiques sur ces sites afin de limiter les pertes d’informations et d’objets. En 1913, il revend ses découvertes à l'University College of London art collection, transformant ce musée en l'une des plus importantes collections d'objets égyptiens hors de l'Égypte. Charles Boreux (1874-1944) entre au Louvre en 1903 où il travaille longtemps aux cotés de Georges Bénédite au département des arts égyp-

tiens, avant d’obtenir lui-même le grade de conser-vateur en 1926. Il devient parallèlement professeur à l’Ecole du Louvre. Il contribue à l’enrichissement des collections égyptologiques du grand musée national et publie de nombreux travaux sur l’art égyptien ainsi que sur la nautique dont il est un spécialiste mondialement reconnu. La discipline va aussi désormais être intégrée à l’enseignement supérieur de l’histoire et de l’ar-chéologie. Les professeurs se succèdent à la chaire d’égyptologie du Collège de France. Alexandre Moret (1868-1938) (fig. 3) l’occupe à partir de 1923. Cet élève de Victor Loret est élu membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1926. Il est également président de la Société française d'égyptologie, directeur d'études à l'École pratique des Hautes Etudes et directeur honoraire du musée Guimet. François Daumas (1915-1984) (fig. ), sort diplô-mé de l'école des Hautes Études en 1946, et part pour l’Egypte où il obtient treize ans plus tard le poste de directeur de l'Institut français d'archéolo-gie orientale du Caire qu’il occupe pendant dix ans jusqu’en 1969 avant de revenir en France. Il est connu pour être un spécialiste de la religion égyp-tienne, dont il a classé le panthéon en trois groupes : 1. les Entités divines intellectuelles, plus particulièrement destinées aux temples ; 2. les Seigneurs divins, adorés dans les villes ou les villages ; 3. les Dieux des fonctions vitales, protecteurs de la famille, de la naissance, gardiens de la fertilité du sol, des récoltes. Le Centre d'égyptologie de l'université Paul Valéry (Montpellier III), porte son nom.

Lien vers des ouvrages numérisés

GASTON MASPERO Les contes populaires

de l'Egypte ancienne Paris, E. Guilmoto

s.d. :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/

bpt6k5805420m

GASTON MASPERO Histoire ancienne des

peuples de l'Orient classique Paris, L.

Hachette et Cie1895-1899

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/

bpt6k6134639f

LES DÉBUTS DE L’ÉGYPTOLOGIE CONTEMPORAINE

Fig. 1. Gaston Maspero,

dans R. Cagnat, Notice sur la vie et les travaux

de M. Gaston Maspero

(Paris, 1917).

Page 20: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle
Page 21: Egyptologie ou egyptomanie : l'étude des antiquités egyptiennes en occident ( XVIe - XXe siècle

Autres liens vers ouvrages numérisés

JEAN BAPTISTE JOSEPH BARROIS Lecture littérale des hiéroglyphes et des cunéiformes

Paris, F. Didot frères 1853 :

lecturelittraled00barr

FRANÇOIS VIGOUROUX La Bible et les découvertes modernes en Palestine, en Egypte

et en Assyrie Paris, Berche et Tralin1879 :

http://www.archive.org/details/labibleetlesdco00vigogoog

ETIENNE FRANÇOIS DE LANTIER Voyages d'Antenor en grèce et en Asie, avec des no-

tions sur l'EgypteParis, Belin Bernard An VI (1797) :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626476g

GABRIEL CHARMES L'Egypte. Archéologie. Histoire. Littérature Paris, Calmann-Lévi1831 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6213262p

J. BELIN-DE LAUNAY Les sources du Nil. Voyage des capitaines Speke et GrantParis, L.

Hachette et Cie1880 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6214758t

BERNARD DE MONTFAUCON L'Antiquité expliquée et représentée en figuresParis, F. De-

laulne1719 :

http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=L%27Antiquit%C3%

A9+expliqu%C3%A9e+et+repr%C3%A9sent%C3%

A9e+en+figures&p=1&f_creator=Montfaucon%2C+Bernard+de+%281655-1741%29

Voyages de Corneille Le Bruyn au levant,... l'Asie Mineure dans les îles de Chio,

Rhodes, Chypre etc... d'Egypte, Syrie & Terre Sainte

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85330k

AUGUSTE BARTHÉLEMY Napoléon en Egypte, poème en huit chants

https://play.google.com/store/books/details?id=F2gFAAAAQAAJ&rdid=book-

F2gFAAAAQAAJ&rdot=1

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Le livret de l’exposition a été réalisé par l’équipe patrimoniale de la

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Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer - Septembre 2013