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AVEC le procès du sang contaminé, la France s’apprête à vivre un moment grave de son Histoire. Parce qu’au-delà du sort de trois ministres, dont un chef de gou- vernement, appelés à comparaître devant la Cour de jus- tice de la République, il met en jeu trois éléments-clés de notre vie publique future : la place de la justice dans l’équilibre des pou- voirs ; la pénalisation de la vie politique en général, celle de l’action publique dans le domaine de la santé publique en particulier ; le partage de la res- ponsabilité entre le savant et le politique. Comme de tout procès, il faut LE MONDE ÉCONOMIE a Un nouveau droit du travail a Emploi : 12 pages d’annonces classées 55 e ANNÉE – N o 16808 – 7,50 F -1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MARDI 9 FÉVRIER 1999 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. International ............... 2 France-société............. 6 Régions .......................... 12 Horizons........................ 13 Carnet ............................ 17 Entreprises ................... 18 Communication.......... 20 Tableau de bord .......... 21 Aujourd’hui.................. 24 Météorologie, jeux.... 27 Immobilier/annonces 28 Culture........................... 30 Guide culturel ............. 33 Kiosque.......................... 34 Abonnements.............. 34 Radio-Télévision......... 35 CONTRAIREMENT aux souhaits des utopistes du XIX e siècle et des hippies des années 70, aujourd’hui, les « communautés » sont deve- nues virtuelles, elles sont cotées en Bourse et valent des fortunes. Les rachats récents de la société Net- scape par American Online (premier pourvoyeur d’accès à Internet), des firmes Excite par @Home et GeoCi- ties par Yahoo, ont déclenché une explosion des cours de Bourse des sites Internet qualifiés de « por- tails » (sésames pour le monde Internet), de ce que l’on appelle des « communautés virtuelles ». Conséquence de cette folle envo- lée des sociétés Internet à Wall Street, la polémique enfle aux Etats- Unis. Les valeurs Internet sont-elles en train d’écrire la grande histoire du XXI e siècle ou la petite histoire d’une bulle spéculative de plus, après celle des compagnies de radio dans les années 20 et des sociétés de biotechnologie dans les années 80 ? Alan Greenspan, président de la Réserve fédérale américaine, et Bill Gates, président de Microsoft, font partie de ceux qui estiment que la flambée sera de courte durée. Tout comme l’hebdomadaire bri- tannique The Economist qui titrait, dans son édition du 30 janvier : « Pourquoi les actions Internet vont chuter ». Stephan Paternot, cofondateur avec Todd Krizelman du site « por- tail » TheGlobe.com, pense lui tout le contraire. Son postulat est simple. La croissance des sociétés Internet ne repose plus sur la technologie mais sur leur capacité à attirer de la publicité ou à générer du commerce électronique. Exemple parmi d’autres de ces sociétés qui défient les règles classiques de la finance : TheGlobe.com vaut 650 millions de dollars (575 millions d’euros) en Bourse alors que son chiffre d’affaires est celui d’une PME et que son activité est déficitaire. Si les sociétés Internet sont des gouffres financiers, elles repré- sentent un relais de croissance ines- péré pour les industries matures, dont les sociétés de télécommunica- tions et celles de communication (médias et publicité). Enguérand Renault Lire la suite page 15 Internet, bulle spéculative ou poule aux œufs d’or ? P. ARTINIAN/CONTACT L’Espagnol inconnu de Toulouse, symbole des républicains de la « retirada » TOULOUSE de notre correspondant régional Qui était Diego Rodriguez Rollado ? Son nom, parmi celui de six autres « martyrs » français, est gravé sur un mur de la prison Saint-Michel de Toulouse où il fut enfermé par les Allemands, puis fusillé. C’est l’Espagnol inconnu de Toulouse, un réfugié républicain « mort pour la France » dont personne ne sait rien, le symbole de l’histoire tragique de la communauté espagnole de Toulouse, capitale de l’antifranquisme pendant plus de trente ans. Toulouse, qui célèbre, cette année, le soixantième anniversaire de la « retirada » (le repli). Après la défaite de l’Ebre, l’Espagne républi- caine est sur le point de mettre genoux à terre. Les troupes franquistes vont s’emparer de Barcelone, la rouge et noire. Les premiers jours de février 1939, quelque 500 000 per- sonnes se jettent sur les routes du Nord, à tra- vers les Pyrénées. Débandade misérable, à dos de mulet et la faim au ventre. Retraite hagarde dans la neige et le froid. Le bouclier des Pyré- nées derrière eux, les réfugiés espèrent avoir atteint, en France, le bout de leurs souffrances. Mais, en guise d’accueil, le gouvernement Daladier ouvre des camps où il entasse des milliers de personnes. Finalement, 20 000 réfugiés républicains s’installeront à Toulouse où, dans les années 40, ils représentent un dixième de la population. La plupart des hommes valides entrent immédiatement dans la résistance. Ce sont ces « guerilleros espagnols » qui fon- dèrent les premiers maquis du sud-ouest de la France. Acte majeur d’intégration qui ne suffit pas cependant à clore l’épisode de l’exil. Les réfugiés espagnols, après la guerre, logent en baraquement et travaillent dur. « On n’avait droit qu’à la pelle et la pioche, témoigne José Tamborero, un ancien maçon âgé de quatre- vingt-quatre ans. C’est nous qui avons construit les égouts de la ville mais les Français fermaient leurs portes. » « Le drame a fini quand on s’est mélangé et que j’ai pu aller travailler chez les gens », raconte l’ancien plombier Honorato Vitutia. Aujourd’hui, le mélange est réussi, grâce au travail que les « trente glorieuses » ont offert et que les réfugiés ont accompli. Soixante ans après, Toulouse est une ville métissée, euro- péenne avant l’heure, où « l’Espagne pousse sa corne », chante Claude Nougaro. Les rues regorgent de pan y vino, de bars à tapas et de bodeguitas. Les festivals de musique, de danse ou de cinéma ibériques, les expositions de la jeune peinture espagnole rythment une vie culturelle et nocturne qui s’apparente à la movida madrilène. Si, sur les bancs des squares et des rambletas près de la place Wil- son, les vieux, au soleil, parlent encore castillan ou catalan, leurs enfants se sont fait des noms sur la ville, dans toutes les professions, et leurs petits-enfants, à l’école, ressemblent à s’y méprendre à de jeunes Gascons ou Rouergats. La nostalgie reste cependant plantée au cœur des survivants de la « retirada ». Chacun a constitué son livre de souvenirs dans lequel il a inscrit les épisodes dramatiques de sa vie et gardé quelques photos jaunies et doulou- reuses. Et l’ex-militant anarchiste de la CNT ne se mélange toujours pas à celui du PC, lequel n’a que mépris pour l’ancien du PS. Pour eux, « l’histoire ne pardonne pas à celui qui oublie ». Jean-Paul Besset Les rescapés du déluge a LES RUGBYMEN de l’équipe de France se sont imposés de justesse (10-9) face à l’Irlande, samedi 6 février, à l’occasion de la première journée du Tournoi des cinq nations. Les Français doivent ce succès à leur courage sous le déluge de chandelles, ces coups de pied haut en l’air qui perturbent le jeu des meilleurs, organisé par les hommes au trèfle, et à un essai d’Emile Nta- mack. Dans l’autre match, l’Ecosse a créé la surprise en venant à bout du pays de Galles (33-20), prochain adversaire de l’Irlande. Aux Etats- Unis, sur les pistes de Vail (Colo- rado), les skieurs autrichiens ont affirmé leur domination sur les championnats du monde en s’impo- sant dans les deux descentes, samedi 6 et dimanche 7 février. Lire pages 24 à 26 a Défaite de Gerhard Schröder La coalition rouge-verte ayant perdu les élections dans le Land de Hesse, le chancelier allemand n’a plus de majo- rité au Bundesrat, ce qui risque de paralyser son action. p. 5 a Kosovo à huis clos Jacques Chirac a ouvert la conférence de Rambouillet en réaffirmant la déter- mination de la communauté interna- tionale à trouver un terme au conflit. p. 4 a La « Giselle » de Sylvie Guillem La danseuse étoile signe sa première création pour le Ballet national de Fin- lande, tout en interprétant le rôle-titre. Avec la volonté de montrer toute la modernité de Giselle. p. 30 a La droite en ordre dispersé François Bayrou a confirmé dimanche qu’il conduirait une liste autonome UDF aux européennes. Pour Philippe Séguin, la seule liste de l’opposition sera celle du RPR et de DL. p. 10 et 11 a Affaire de l’ARC Jacques Crozemarie, fondateur de l’Association pour la recherche sur le cancer, sera jugé devant le tribunal cor- rectionnel. p. 36 MARDI 9 FÉVRIER, à 10 heures, commencera devant la Cour de justice de la République le procès de Laurent Fabius, Georgina Dufoix et Edmond Hervé, poursui- vis pour « homicides involon- taires » dans le dossier du sang contaminé. Pour la première fois depuis le début de la V e Répu- blique, trois anciens ministres – dont un ancien premier ministre – vont devoir répondre devant la justice d’actes qui sont susceptibles de constituer des délits et qui ont été commis dans l’exercice de leurs fonctions. Les douze juges parlementaires et les deux magistrats professionnels qui entoureront le président Christian Le Gunehec auront à juger non pas des actes intentionnels mais des « imprudences », des « fautes d’inattention et de négligence », des « manquements aux obligations de prudence et de sécurité » dans la manière dont les trois anciens ministres ont pris en charge, en 1985, la lutte contre la propagation de l’épidémie de sida. b Trois ministres devant la Cour de justice p. 6 b Douze députés et sénateurs en robe de juge p. 6 à 8 b Le combat de Sylvie Rouy, contaminée le 2 août 1985 p. 8 b Portrait : Monsieur le président « Le Gu » p. 13 b Les points de vue de Philippe Mangeot et de Dany Cohen p. 14 Jordanie : la tâche difficile du roi Abdallah PLUSIEURS dizaines de chefs d’Etat ont assisté, lundi 8 février à Amman, aux funérailles du roi Hus- sein, décédé la veille d’un cancer. Son successeur, Abdallah, a appelé les Jordaniens à l’unité, assurant qu’il poursuivrait la politique de son père. Il aura la tâche difficile. Parce que sa population est majoritairement d’origine palestinienne, la stabilité de la Jordanie dépend des négociations israélo-palestiniennes, tandis que l’économie est durement touchée par l’embargo à l’encontre de l’Irak. Lire pages 2 et 3 et notre éditorial page 15 LE SORT du sidérurgiste wallon Cockerill est remis entre les mains d’Usinor. Soucieux de s’inscrire dans la réalité belge, Francis Mer, PDG du groupe français, multiplie les précautions. Pas de plan social durci, des hommes de Cockerill nommés à des postes-clés chez Usinor : le patron se donne trois ans pour voir les pleins effets de cette fusion. Lire page 19 FRANCIS MER Un Français en Belgique Pour une justice équitable souhaiter qu’il soit conduit de manière juste et équitable ; plus que pour tout autre procès, la poursuite de cet objectif devra faire l’objet d’une vigilance par- ticulière, tant sont grandes les inquiétudes qu’ont fait naître les conditions dans lesquelles M me Dufoix et MM. Fabius et Hervé vont devoir répondre de leurs actes de gouvernement. Cette affaire est – faut-il le rappeler ? – au cœur de deux carences françaises, deux maux propres à notre système : le pre- mier relève du conscient collec- tif, qui toujours préfère punir plutôt que réparer ; le second a trait aux privilèges du prince, des princes en l’occurrence, qui n’ont plus lieu d’être. J.-M. C. Lire la suite page 15 Sang contaminé : le procès sans précédent b Trois magistrats et douze parlementaires vont juger, à partir de mardi, Laurent Fabius, Georgina Dufoix et Edmond Hervé b L’ancien premier ministre et ses deux anciens ministres sont poursuivis devant la Cour de justice de la République pour « homicides involontaires » b Au cœur des débats : la gestion, en 1985, de la lutte contre la propagation du sida

e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

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Page 1: e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

LeMonde Job: WMQ0902--0001-0 WAS LMQ0902-1 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:08,11, Base : LMQPAG 52Fap:100 No:0325 Lcp: 700 CMYK

AVEC le procès du sang

LE MONDE ÉCONOMIE

a Un nouveaudroit du travaila Emploi : 12 pagesd’annonces classées

55e ANNÉE – No 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMARDI 9 FÉVRIER 1999

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

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a Défaitede Gerhard SchröderLa coalition rouge-verte ayant perdules élections dans le Land de Hesse, lechancelier allemand n’a plus de majo-rité au Bundesrat, ce qui risque deparalyser son action. p. 5

a Kosovo à huis closJacques Chirac a ouvert la conférencede Rambouillet en réaffirmant la déter-mination de la communauté interna-tionale à trouver un terme auconflit. p. 4

a La « Giselle »de Sylvie GuillemLa danseuse étoile signe sa premièrecréation pour le Ballet national de Fin-lande, tout en interprétant le rôle-titre.Avec la volonté de montrer toute lamodernité de Giselle. p. 30

a La droiteen ordre disperséFrançois Bayrou a confirmé dimanchequ’il conduirait une liste autonomeUDF aux européennes. Pour PhilippeSéguin, la seule liste de l’oppositionsera celle du RPR et de DL. p. 10 et 11

a Affaire de l’ARCJacques Crozemarie, fondateur del’Association pour la recherche sur lecancer, sera jugé devant le tribunal cor-rectionnel. p. 36

MARDI 9 FÉVRIER, à 10 heures,

b Trois ministres devant la Cour de justice p. 6b Douze députés et sénateurs en robe de juge p. 6 à 8b Le combat de Sylvie Rouy, contaminée le 2 août 1985 p. 8b Portrait : Monsieur le président « Le Gu » p. 13b Les points de vue de Philippe Mangeot et de Dany Cohen p. 14

Jordanie : la tâche difficiledu roi Abdallah

PLUSIEURS dizaines de chefsd’Etat ont assisté, lundi 8 février àAmman, aux funérailles du roi Hus-sein, décédé la veille d’un cancer. Sonsuccesseur, Abdallah, a appelé lesJordaniens à l’unité, assurant qu’ilpoursuivrait la politique de son père.Il aura la tâche difficile. Parce que sapopulation est majoritairementd’origine palestinienne, la stabilité dela Jordanie dépend des négociationsisraélo-palestiniennes, tandis quel’économie est durement touchéepar l’embargo à l’encontre de l’Irak.

Lire pages 2 et 3et notre éditorial page 15

Pour une justice équitablesouhaiter qu’il soit conduit de

Sang contaminé : le procès sans précédentb Trois magistrats et douze parlementaires vont juger, à partir de mardi, Laurent Fabius, Georgina Dufoix et Edmond Hervé

b L’ancien premier ministre et ses deux anciens ministres sont poursuivis devant la Cour de justice de la Républiquepour « homicides involontaires » b Au cœur des débats : la gestion, en 1985, de la lutte contre la propagation du sida

commencera devant la Cour dejustice de la République le procèsde Laurent Fabius, GeorginaDufoix et Edmond Hervé, poursui-vis pour « homicides involon-taires » dans le dossier du sangcontaminé. Pour la première foisdepuis le début de la Ve Répu-blique, trois anciens ministres– dont un ancien premierministre – vont devoir répondredevant la justice d’actes qui sontsusceptibles de constituer desdélits et qui ont été commis dansl’exercice de leurs fonctions. Lesdouze juges parlementaires et lesdeux magistrats professionnels quientoureront le président ChristianLe Gunehec auront à juger nonpas des actes intentionnels maisdes « imprudences », des « fautesd’inattention et de négligence », des« manquements aux obligations deprudence et de sécurité » dans lamanière dont les trois anciensministres ont pris en charge, en1985, la lutte contre la propagationde l’épidémie de sida.

CONTRAIREMENT aux souhaits pourvoyeur d’accès à Internet), des Conséquence de cette folle envo-

Internet, bulle spéculative ou poule aux

L’Espagnol inconnu de Toulouse, symbole des républicains dTOULOUSE Mais, en guise d’accueil, le gouvernement péenne avan

contaminé, la France s’apprêteà vivre un moment grave de sonHistoire. Parce qu’au-delà dusort de trois ministres, dont un

chef de gou-vernement ,appelés àcomparaîtredevant laCour de jus-t ice de laRépublique, ilmet en jeu

trois éléments-clés de notre viepublique future : la place de lajustice dans l’équilibre des pou-voirs ; la pénalisation de la viepolitique en général, celle del ’act ion publ ique dans ledomaine de la santé publique enparticulier ; le partage de la res-ponsabilité entre le savant et lepolitique.

Comme de tout procès, il faut

dans les années 20 et des sociétés

œufs d’or ?

e la « retirada »t l’heure, où « l’Espagne pousse sa

manière juste et équitable ; plusque pour tout autre procès, lapoursuite de cet objectif devrafaire l’objet d’une vigilance par-ticulière, tant sont grandes lesinquiétudes qu’ont fait naîtreles conditions dans lesquellesMme Dufoix et MM. Fabius etHervé vont devoir répondre deleurs actes de gouvernement.

Cette affaire est – faut-il lerappeler ? – au cœur de deuxcarences françaises, deux mauxpropres à notre système : le pre-mier relève du conscient collec-tif, qui toujours préfère punirplutôt que réparer ; le second atrait aux privilèges du prince,des princes en l’occurrence, quin’ont plus lieu d’être.

J.-M. C.

Lire la suite page 15

Les rescapésdu déluge

LES RUGBYMEN de l’équipe

de notre correspondant régionalQui était Diego Rodriguez Rollado ? Son

nom, parmi celui de six autres « martyrs »français, est gravé sur un mur de la prisonSaint-Michel de Toulouse où il fut enfermé parles Allemands, puis fusillé. C’est l’Espagnolinconnu de Toulouse, un réfugié républicain« mort pour la France » dont personne ne saitrien, le symbole de l’histoire tragique de lacommunauté espagnole de Toulouse, capitalede l’antifranquisme pendant plus de trenteans. Toulouse, qui célèbre, cette année, lesoixantième anniversaire de la « retirada » (lerepli).

Après la défaite de l’Ebre, l’Espagne républi-caine est sur le point de mettre genoux à terre.Les troupes franquistes vont s’emparer deBarcelone, la rouge et noire. Les premiersjours de février 1939, quelque 500 000 per-sonnes se jettent sur les routes du Nord, à tra-vers les Pyrénées. Débandade misérable, à dosde mulet et la faim au ventre. Retraite hagardedans la neige et le froid. Le bouclier des Pyré-nées derrière eux, les réfugiés espèrent avoiratteint, en France, le bout de leurs souffrances.

Daladier ouvre des camps où il entasse desmilliers de personnes.

Finalement, 20 000 réfugiés républicainss’installeront à Toulouse où, dans lesannées 40, ils représentent un dixième de lapopulation. La plupart des hommes validesentrent immédiatement dans la résistance. Cesont ces « guerilleros espagnols » qui fon-dèrent les premiers maquis du sud-ouest de laFrance. Acte majeur d’intégration qui ne suffitpas cependant à clore l’épisode de l’exil. Lesréfugiés espagnols, après la guerre, logent enbaraquement et travaillent dur. « On n’avaitdroit qu’à la pelle et la pioche, témoigne JoséTamborero, un ancien maçon âgé de quatre-vingt-quatre ans. C’est nous qui avons construitles égouts de la ville mais les Français fermaientleurs portes. » « Le drame a fini quand on s’estmélangé et que j’ai pu aller travailler chez lesgens », raconte l’ancien plombier HonoratoVitutia.

Aujourd’hui, le mélange est réussi, grâce autravail que les « trente glorieuses » ont offertet que les réfugiés ont accompli. Soixante ansaprès, Toulouse est une ville métissée, euro-

corne », chante Claude Nougaro. Les ruesregorgent de pan y vino, de bars à tapas et debodeguitas. Les festivals de musique, de danseou de cinéma ibériques, les expositions de lajeune peinture espagnole rythment une vieculturelle et nocturne qui s’apparente à lamovida madrilène. Si, sur les bancs dessquares et des rambletas près de la place Wil-son, les vieux, au soleil, parlent encore castillanou catalan, leurs enfants se sont fait des nomssur la ville, dans toutes les professions, et leurspetits-enfants, à l’école, ressemblent à s’yméprendre à de jeunes Gascons ou Rouergats.

La nostalgie reste cependant plantée aucœur des survivants de la « retirada ». Chacuna constitué son livre de souvenirs dans lequel ila inscrit les épisodes dramatiques de sa vie etgardé quelques photos jaunies et doulou-reuses. Et l’ex-militant anarchiste de la CNTne se mélange toujours pas à celui du PC,lequel n’a que mépris pour l’ancien du PS.Pour eux, « l’histoire ne pardonne pas à celuiqui oublie ».

Jean-Paul Besset

a de France se sont imposés dejustesse (10-9) face à l’Irlande,samedi 6 février, à l’occasion de lapremière journée du Tournoi descinq nations. Les Français doivent cesuccès à leur courage sous le délugede chandelles, ces coups de piedhaut en l’air qui perturbent le jeu desmeilleurs, organisé par les hommesau trèfle, et à un essai d’Emile Nta-mack. Dans l’autre match, l’Ecosse acréé la surprise en venant à bout dupays de Galles (33-20), prochainadversaire de l’Irlande. Aux Etats-Unis, sur les pistes de Vail (Colo-rado), les skieurs autrichiens ontaffirmé leur domination sur leschampionnats du monde en s’impo-sant dans les deux descentes,samedi 6 et dimanche 7 février.

Lire pages 24 à 26

Un Françaisen Belgique

des utopistes du XIXe siècle et deshippies des années 70, aujourd’hui,les « communautés » sont deve-nues virtuelles, elles sont cotées enBourse et valent des fortunes. Lesrachats récents de la société Net-scape par American Online (premier

firmes Excite par @Home et GeoCi-ties par Yahoo, ont déclenché uneexplosion des cours de Bourse dessites Internet qualifiés de « por-tails » (sésames pour le mondeInternet), de ce que l’on appelle des« communautés virtuelles ».

lée des sociétés Internet à WallStreet, la polémique enfle aux Etats-Unis. Les valeurs Internet sont-ellesen train d’écrire la grande histoiredu XXIe siècle ou la petite histoired’une bulle spéculative de plus,après celle des compagnies de radio

France-société............. 6Régions.......................... 12Horizons........................ 13Carnet ............................ 17Entreprises ................... 18Communication.......... 20Tableau de bord .......... 21

Météorologie, jeux.... 27Immobilier/annonces 28Culture........................... 30Guide culturel ............. 33Kiosque.......................... 34Abonnements.............. 34Radio-Télévision......... 35

LE SORT du sidérurgiste wallon

FRANCIS MER

de biotechnologie dans les années80 ? Alan Greenspan, président dela Réserve fédérale américaine, etBill Gates, président de Microsoft,font partie de ceux qui estiment quela flambée sera de courte durée.Tout comme l’hebdomadaire bri-tannique The Economist qui titrait,dans son édition du 30 janvier :« Pourquoi les actions Internet vontchuter ».

Stephan Paternot, cofondateuravec Todd Krizelman du site « por-tail » TheGlobe.com, pense lui toutle contraire. Son postulat est simple.La croissance des sociétés Internetne repose plus sur la technologiemais sur leur capacité à attirer de lapublicité ou à générer du commerceélectronique. Exemple parmid’autres de ces sociétés qui défientles règles classiques de la finance :TheGlobe.com vaut 650 millions dedollars (575 millions d’euros) enBourse alors que son chiffred’affaires est celui d’une PME et queson activité est déficitaire.

Si les sociétés Internet sont desgouffres financiers, elles repré-sentent un relais de croissance ines-péré pour les industries matures,dont les sociétés de télécommunica-tions et celles de communication(médias et publicité).

Enguérand Renault

Lire la suite page 15

International ............... 2 Aujourd’hui.................. 24

Cockerill est remis entre les mainsd’Usinor. Soucieux de s’inscriredans la réalité belge, Francis Mer,PDG du groupe français, multiplieles précautions. Pas de plan socialdurci, des hommes de Cockerillnommés à des postes-clés chezUsinor : le patron se donne troisans pour voir les pleins effets decette fusion.

Lire page 19

Page 2: e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

LeMonde Job: WMQ0902--0002-0 WAS LMQ0902-2 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 10:59 S.: 111,06-Cmp.:08,11, Base : LMQPAG 53Fap:100 No:0326 Lcp: 700 CMYK

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999

Des voitures qui affichent le portrait du défunt... AMMAN

de notre envoyé spécialLe roi Hussein de Jordanie est mort, dimanche

7 février peu avant midi. Aussitôt, la radio et la télé-vision ont déversé sur la ville la lancinante psalmo-die du Coran et les cloches des églises d’Amman sesont mises à sonner. Rompant avec une longuepériode de sécheresse, une pluie froide et insistantetombait sur le pays depuis plusieurs jours, saluéecomme l’ultime cadeau de Dieu à un royaume dontle souverain agonise. Bientôt, un brouillard gris etdense s’est installé sur la capitale, suivi d’une pluieredoublée, comme si le ciel accompagnait le deuildes Jordaniens. Dans le centre de la ville rapidementdéserté, les boutiques ont baissé leurs rideaux de feret arboré un drapeau noir. Bordées de crêpe, lesphotos du roi défunt ont été suspendues aux mursdes bâtiments publics tandis que le personnel desgrands hôtels épinglait au revers de sa veste un ru-ban noir surmonté d’une petite couronne dorée.Puis le pays s’est installé dans quarante jours dedeuil.

Après quelques tergiversations, les autorités ontautorisé la foule à se rassembler devant l’hôpital oùle roi se mourait. Débordant le service d’ordre, quel-ques milliers de Jordaniens s’y sont donné rendez-vous pour y crier leur douleur et invoquer Dieu.Mais le reste de la ville est demeuré calme et transi.

L’armée s’est déployée dès le début de l’après-mi-

di dans Amman et ses pourtours. Les bérets vertsdes forces spéciales et de la garde royale quecommandait le nouveau roi sont visibles aux princi-paux carrefours, sur les grands axes et devant le Par-lement entouré de véhicules blindés. Dans la salleoctogonale moquettée de vert du Parlement, le sou-verain s’est figé au garde à vous devant le portrait deson père en grand uniforme avant de prêter ser-ment.

LA LONGUE LITANIE DU CORANDans son dos ont alors éclaté des applaudisse-

ments, mais également quelques sanglots venus destribunes du public. Sur le perron, après la cérémo-nie, seuls quelques vieux sénateurs se laissaient allerà de rares commentaires, assurant leurs interlo-cuteurs de leur confiance dans les capacités poli-tiques du jeune roi Abdallah.

En deux jours d’agonie, les Jordaniens ont eu letemps de se préparer à la disparition de leur roi. Dèsdimanche après-midi, de nombreuses voitures affi-chaient le portrait du défunt ; certaines roulaientavec un drapeau noir accroché à la portière. Dans lequartier chic d’Abdoun, dimanche soir, une maisonpatricienne, toutes portes ouvertes, déversait sur larue la longue litanie du Coran chantée à travers depuissants haut-parleurs.

G. M.

Hamza est le nouveauprince héritier

Abdallah de Jordanie a dési-gné, dimanche, son demi-frère,Hamza, prince héritier, dans undécret royal promulgué quelquesheures après le décès du roi Hus-sein, a-t-on annoncé de sourceofficielle. « Les membres de la fa-mille royale se sont réunis sous laprésidence du roi Abdallah et ontdécidé de (...) désigner le princeHamza héritier du trône », in-dique un communiqué du palaisroyal rendu public dimanche soir.

Né en mars 1980, le princeHamza est l’aîné des quatre en-fants du souverain défunt et dela reine Noor, sa quatrièmeépouse. Connu pour être trèsproche de son père, il poursuitdes études à la prestigieuse aca-démie militaire britannique deSandhurst, près de Londres. Leroi Hussein, qui avait désignéAbdallah prince héritier, le25 janvier, avait exprimé le vœuque son fils aîné, une fois devenuroi, choisisse son demi-frèreHamza comme prince héritier.

Une armée disciplinée,pilier de la monarchie

HÉRITIÈRE de la célèbre Légionarabe – fondée en 1921 à l’instiga-tion de la Grande-Bretagne pourassurer la défense de l’émirat deTransjordanie et commandée, àpartir de 1939, par Glubb Pacha, unex-général britannique, qui fut rele-vé de ses fonctions en 1956 par leroi Hussein –, l’armée jordanienneest le pilier de la monarchie. Le nou-veau roi Abdallah y a été officier,notamment dans les forces spé-ciales, après avoir été formé à San-dhurst, le Saint-Cyr britannique.

L’armée jordanienne intervint enIrak en 1941, contre Rachid Ali AlGailani qui s’était montré favorableaux forces de l’Axe, puis elle pritpart à la première guerre israélo-arabe de 1948, lors de l’indépen-dance de l’Etat hébreu. Elle a résistéaux forces israéliennes lors de laprise de Jérusalem par Tsahal en1967. Considérée par les experts mi-litaires étrangers comme une arméede maintien de l’ordre, elle a écrasé

les fedayin palestiniens lors de labataille d’Amman qui dura dix joursen septembre 1970 et qu’on a appe-lé ensuite « Septembre noir ».

Encadrée par des officiers bé-douins et tcherkesses, l’arméeroyale, disciplinée et bien tenue,formée à ses débuts par des offi-ciers britanniques, compte de nom-breux soldats d’origine palesti-nienne.

TRENTE MIRAGE F-1En dépit de son professionna-

lisme, cette armée – forte de quel-que 104 500 hommes et dotée d’uneréserve entraînée de30 000 hommes tous servicesconfondus, sans compter les10 000 hommes qui servent dans lesforces de sécurité du ministère del’intérieur – ne peut se mesurer avecses voisines suréquipées et très su-périeures en nombre, telles les ar-mées israélienne et syrienne. Selonl’Institut international des étudesstratégiques (IISS) de Londres, lesforces royales jordaniennes se sontfournies surtout auprès des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni. La Jordanie possède aussi desarmes antiaériennes d’origine sovié-tique.

L’armée de terre aligne90 000 hommes, qui composent es-sentiellement deux divisions blin-dées, deux divisions d’infanteriemécanisée, une brigade indépen-dante de la Garde royale, une bri-gade des forces spéciales et une bri-gade d’artillerie de campagne. Soit1 220 chars de combat, quelque1100 véhicules blindés et transportsde troupes, 115 canons tractés,370 canons montés sur camion,4 800 lance-roquettes (dont desApilas français), 360 canons antiaé-riens, près de 800 batteries de mis-siles sol-air russes et américains. Lamarine, basée à Aqaba, sur la merRouge, compte 480 hommes, àbord de patrouilleurs côtiers. L’ar-mée de l’air compte13 500 hommes. Elle est dotée de95 avions de combat, soit trois esca-drons d’une cinquantaine de F-5américains anciens, deux escadronsavec 30 Mirage F-1 (armés de mis-siles air-air du groupe français Ma-tra), un escadron de 16 F-16 améri-cains, des hélicoptères américainsantichars et des hélicoptères fran-çais de transport. – (AFP.)

Boris Eltsine décide de quitter sa maison de reposA la surprise générale, Boris Eltsine s’est envolé de Moscou pour la

Jordanie, lundi 8 février à 6 heures du matin, afin d’assister aux ob-sèques du roi Hussein. Le président russe a pris cette décision, di-manche dans la soirée, contre l’avis de ses médecins, a précisél’agence Interfax, et alors que le premier ministre Evgueni Primakovs’apprêtait à se rendre à Amman.

Hospitalisé le 17 janvier pour un « ulcère aigu et saignant », M. Elt-sine était depuis huit jours « en convalescence » dans une maison desanté proche de Moscou. Le 18 janvier, le médecin-chef du Kremlin,Sergueï Mironov, expliquait que « les voyages en avion ne seront, biensûr, pas possibles avant deux mois et demi, trois mois » et qu’il faudraitau président « près d’un mois [de traitement] avant de revenir à untravail actif ». Ce déplacement à l’étranger de Boris Eltsine est lepremier depuis octobre 1998, des maladies à répétition l’ayantcontraint à annuler quatre voyages officiels, dont un en France.

AMMANde notre envoyé spécial

Conformément à la traditionmusulmane qui impose depromptes funérailles, le roi Hus-sein devait être enterré, lundi 8 fé-vrier à Amman, à l’issue d’une cé-rémonie de trois heures, et enprésence d’une quarantaine dechefs d’Etat, qui avaient commen-cé à arriver en Jordanie dans la soi-rée de dimanche.

Après Tony Blair et le numéro unalgérien Liamine Zeroual, le pré-sident Jacques Chirac et sonépouse ont atterri à 23 heures àl’aéroport Reine Alia d’Amman,accueillis par le premier ministrejordanien. Au même moment, BillClinton s’envolait vers la Jordanie,avec à ses côtés les anciens prési-dents Gerald Ford, Jimmy Carter etGeorge Bush. Conduite par le pré-sident Ezer Weizman, une impor-tante délégation israélienne où fi-gurent Benyamin Nétanyahou etdeux anciens premiers ministres– Shimon Pérès et Itzhak Shamir –sera également présente aux ob-sèques.

Le prince Abdallah n’aura étérégent que vingt-quatre heures.Dimanche 7 février, peu avant mi-di, la mort attendue de son père, leroi Hussein, l’a propulsé roi de Jor-danie, petit pays de quatre millionset demi d’habitants incrusté aucentre d’une région où la paix sedérobe. L’issue fatale ne faisaitguère de doute. Rapatrié par avion

sanitaire des Etats-Unis, vendredimatin, le roi Hussein avait été im-médiatement transporté, agoni-sant, à la cité médicale Al-Husseinpour – pudique précaution de lan-gage – y poursuivre un traitementqui avait déjà échoué dans un hô-pital américain. Son entourage ledisait « cliniquement mort », ajou-tant qu’il ne devait de survivre qu’àune machine. Et pourtant, un im-possible espoir s’était emparé debeaucoup, suscité par les déclara-tions de la famille expliquant,curieusement, que le cœur et lecerveau du malade étaient encorevaillants.

« UNE SEULE FAMILLE »Dimanche, à la mi-journée, la té-

lévision a brutalement mis fin àd’éventuelles illusions. Par un brefcommuniqué suivi de la lecture duCoran, les Jordaniens ont apprisque leur roi venait de mourir.« Nous annonçons le décès du plusprécieux, du plus grand deshommes, feu le doyen de Al al-Beit(les descendants du Prophète), quia rendu son dernier soupir di-manche à 11 h 43 (heure locale) etque Dieu a choisi de rappeler àlui », a indiqué le gouvernementdans le texte lu devant les camérasde télévision.

L’accession au pouvoir du roiAbdallah s’est faite rapidement etavec la volonté visible que tout sepasse calmement, conformémentaux textes. Cravate noire et coiffé

d’un keffieh à damiers rouge etblanc, le prince Abdallah, devenuautomatiquement roi dès le décèsde son père, s’est aussitôt adresséaux Jordaniens pour les appeler àl’unité et leur assurer qu’il poursui-vrait la politique de son prédéces-seur. « Nous préserverons son héri-tage dans l’édification d’uneJordanie forte, a-t-il assuré. Je vousdemande à tous de rester unis entoute loyauté, comme une seule fa-mille. »

Deux heures plus tard, il arrivaitau Parlement pour jurer, une mainsur le Coran, « de protéger laConstitution et de demeurer fidèle àla nation ». La prestation de ser-ment faite devant quatre-vingtsdéputés, quarante sénateurs et enprésence de ses quatre frères et deses deux oncles, dont le princeHassan – limogé il y a moins dedeux semaines – n’a duré que quel-ques secondes au terme desquellesle roi a rapidement quitté la sallepour s’entretenir avec les parle-mentaires puis inspecter le déta-chement militaire venu lui rendreles honneurs.

En début de soirée, respectanten cela un volonté paternelle expli-cite, il signait son premier décretroyal en nommant prince héritierson demi-frère Hamza, premier filsde la reine Nour. Pour avoir donnél’impression qu’il ne ferait pas demême s’il était un jour roi, leprince Hassan, frère cadet du roiHussein et alors prince héritier dé-

signé, avait récemment été écartéde trône. Militaire de carrière, lenouveau roi est apparu en civil,comme pour contredire les com-mentaires qui soulignent son ex-cellente formation professionnellemais doutent de son sens poli-tique. Il a pris soin aussi d’être ac-compagné de son oncle, le prince

Hassan, qui a failli être roi à saplace. Les Jordaniens y ont déceléle symbole de l’unité que le roi ap-pelle de ses vœux, au sein du payscomme au sein de la famille royale,déchirée apparemment par lesluttes internes de ces dernières se-maines.

Rendus susceptibles par les in-terrogations répétées des cen-

taines de journalistes et com-mentateurs rassemblés à Ammanpour les obsèques, les officiels jor-daniens assurent sur tous les tonsque leur pays poursuivra la poli-tique entreprise par le roi Hussein,qu’il s’agisse de politique écono-mique, de démocratisation, de po-litique étrangère et, surtout pour

ce qui est du processus de paix is-raélo-palestinien et des relationsentre Amman et Jérusalem.

Le même message a été lourde-ment répété à Jacques Chirac lorsdu bref entretien qu’a eu le pré-sident français avec le premier mi-nistre jordanien, à son arrivée àl’aéroport d’Amman. « En dépit desdifficultés et de la mort de son pro-

moteur, la paix est toujours vivantedans notre conscience, a assuréFayez Al Taraounah au présidentde la République. Depuis 1953, lapaix était la ligne de Hussein, et Ab-dallah a baigné dans cette atmo-sphère. C’est donc non seulement unsoldat, mais également un hommepolitique prêt à assumer toutes lescharges liées à sa fonction. »

Jacques Chirac a garanti à la Jor-danie le soutien politique et, sur-tout, financier de Paris. Plus quetoute autre menace potentielle, ladélicate situation économique d’unpays frappé par la pauvreté, le chô-mage et la récession fait craindred’éventuels débordements aux ef-fets incontrôlés. Depuis trois jours,les promesses de soutien écono-mique parviennent de tous côtés.Madeleine Albright avait ouvert lefeu lors de son récent passage àAmman ; elle a, depuis, été suiviepar les Emirats arabes unis, laBanque mondiale et Israël dont lepremier ministre vient d’annoncerque, pour alléger le fardeau écono-mique de son voisin et aider àmaintenir la stabilité dans la ré-gion, il avait donné l’ordre de bais-ser toutes les taxes à l’importationdes marchandises jordaniennes.

« La France, a annoncé pour sapart M. Chirac, s’associera, avecl’Union européenne, à l’effort de so-lidarité justifié au bénéfice de la Jor-danie. »

Georges Marion

Le roi Abdallah de Jordanie veut incarner la continuitéUne quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement étrangers ont assisté, lundi 8 février à Amman, aux obsèques du roi Hussein. La veille,le nouveau souverain hachémite avait prêté serment et appelé son peuple à l’unité, en assurant qu’il poursuivrait la politique de son père

PROCHE-ORIENT Une quaran-taine de chefs d’Etat, de gouverne-ment et de monarques ont assisté,lundi 8 février en fin de matinée,aux funérailles du roi Hussein de

Jordanie, décédé la veille. b LE ROIABDALLAH, qui a prêté serment di-manche, a reçu le président améri-cain, Bill Clinton, qui lui a renouveléla confiance des Etats-Unis en espé-

rant que la continuité de la politiquejordanienne conduira à une stabilitéplus grande dans la région. Hamza,fils de Hussein et de la reine Noor, aété désigné, dimanche, prince héri-

tier, conformément au vœu de sonpère. b LA SYRIE, dont les relationsavec la Jordanie étaient tendues, adécidé, à la surprise générale, deproclamer un deuil national de trois

jours et de reporter à mercredi le ré-férendum qui devait se tenir, ce 8 fé-vrier, sur la réélection pour sept ansdu président Hafez El Assad. (Lirenotre éditorial page 16.)

Bill Clinton : « Aujourd’hui, mon ami est au paradis »b AUX ÉTATS-UNIS, le président

Bill Clinton a déclaré qu’« il n’y apas de mots pour dire ce qu’il repré-sentait pour moi en tant qu’ami etinspirateur », après l’annonce de lamort du souverain hachémite. « Au-jourd’hui, mon ami est au paradis »,a ajouté le chef de la MaisonBlanche dans un hommage rendu àla contribution du roi Hussein enfaveur de la paix au Proche-Orient.« Résolu dans son soutien à la paixau Proche-Orient, il était admiré parles Américains et aimé par sonpays. »

A l’Organisation des Nationsunies, à New York, le secrétaire gé-néral de l’ONU, Kofi Annan, a salué« l’un des partenaires les plus pré-cieux des Nations unies pour lapaix ». Le directeur général duFonds monétaire international(FMI), Michel Camdessus, a indiquéqu’une mission du Fonds, actuelle-ment à Amman, se tenait à la dispo-sition des autorités jordaniennes. LaBanque mondiale continuera d’as-surer un « soutien entier » à la Jor-danie et à son nouveau souverain, aprécisé pour sa part le président del’institution, James Wolfensohn.

b EN EUROPE, le premier mi-

nistre britannique, Tony Blair, a ren-du hommage au monarque, qui a« œuvré sans relâche en faveur de lapaix au Proche-Orient ». « Il était enpermanence la voix de la raison, c’estquelque chose de très rare », a ajoutéle chef du gouvernement travaillistebritannique.

« Par son intelligence, son discer-nement et son engagement infati-gable, il n’a cessé de donner de nou-velles impulsions au processus de paixau Proche-Orient, ni d’agir pour unéquilibre pacifique et juste », a poursa part estimé le chancelier alle-mand, Gerhard Schröder. Mêmeton du président du conseil italien,Massimo D’Alema, qui a qualifié lesouverain hachémite de « grandprotagoniste de la paix ». Dans untélégramme adressé, dimanche, aunouveau roi Abdallah de Jordanie,le président Boris Eltsine a expriméses « condoléances sincères » pourla mort de son père en lui faisantpart de « sa profonde tristesse ».

b EN ASIE, le premier ministrejaponais, Keiso Obuchi, a formulél’espoir que la Jordanie poursuive« les efforts pour la paix dans lemonde, notamment pour une paixdurable au Proche-Orient ». Le Pa-

kistan, la Malaisie et la Thaïlandeont exprimé leur tristesse. Le roi duCambodge, Norodom Sihanouk, arendu « un très fervent hommage » àla mémoire de Hussein de Jordanie,« un très grand roi » qui, a-t-il sou-ligné, « avait énormément fait pourla grandeur et le développement gé-néral de son royaume, le bien-être, lebonheur et la prospérité de sonpeuple et la paix entre les nations ».

b AU MAGHREB, le roi Has-san II du Maroc a estimé qu’il étaitun souverain « sage » et « une per-sonnalité forte qui a marqué la scèneinternationale par son action en fa-veur des causes de son pays et dumonde arabo-musulman ». Dans unmessage de condoléances adresséau nouveau roi Abdallah de Jorda-nie, le souverain marocain écrit quele peuple jordanien « a perdu ungrand roi » et « l’un des symboles deson unité et de sa souveraineté ».Pour le roi du Maroc, Hussein était« un ami sincère et fidèle qui a tou-jours fait preuve (...) d’une loyautéinégalable, d’une immense modestie,de nobles vertus (...), de pondérationet de modération dans la parole etl’acte ».

Le président tunisien, Zine El-

Abidine Ben Ali, avait exprimé sa« tristesse » et son « émotion » dansun message de condoléances adres-sé au nouveau roi Abdallah peuaprès l’annonce de la mort du roiHussein, l’un « des plus grands diri-geants politiques de ce siècle ».

b AU PROCHE-ORIENT, le pré-sident égyptien Hosni Moubarak afait part de sa « douleur » et de sa« tristesse après la mort, dimanche,du roi Hussein Il, un frère généreux etun ami cher, qui a lutté jusqu’à sondernier souffle pour assurer la stabili-té de sa patrie ». Le président ira-nien, Mohammad Khatami, a adres-sé un message de condoléances auroi Abdallah de Jordanie dans le-quel il a souhaité « le renforcementdes relations bilatérales pour réaliserles objectifs de la nation islamique etservir les intérêts des deux pays ».

Toutefois, la presse iranienne delundi se déchaînait contre le nou-veau roi de Jordanie, Abdallah ibnHussein, à la suite de ses déclara-tions affirmant que l’Iran consti-tuait une « menace » pour certainspays de la région. Les journaux deTéhéran n’étaient pas tendres nonplus avec son père, le roi Hussein,décédé dimanche, rappelant surtout

ses liens avec Israël et les Etats-Unis, mais aussi ses relations avecl’ancien chah d’Iran. Le journalAbrar, proche des conservateurs,rappelle les origines maternellesd’Abdallah, qu’il qualifie de « roibritannique de Jordanie », et l’ac-cuse de vouloir « appliquer une poli-tique coloniale de division entre l’Iranet les Arabes ».

L’Arabie saoudite a perdu « unfrère et un cher ami » a déclaré, lun-di, le prince héritier saoudien, Ab-dallah Ben Abdel Aziz, qui se trouveà Amman pour les obsèques. Dansune déclaration rapportée depuisAmman par l’agence officielle saou-dienne SPA, le prince s’est déclaré« certain que le roi Abdallah de Jor-danie, ses frères et le peuple jorda-nien pourront préserver ce qui a étéréalisé » sous le règne du roi Hus-sein.

Dans le Golfe, la presse a renduun vibrant hommage à la mémoiredu roi Hussein de Jordanie, et lejournal saoudien al-Yom a soulignéque le souverain avait « quitté lemonde en paix avec tous les paysarabes et islamiques, ainsi qu’avec lespays amis de la Jordanie ». – (AFP,Reuters.)

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 3

La Syrie repousse de trois jours le référendumprésidentiel sur la réélection de Hafez El Assad

Un geste inattendu de la part de DamasDAMAS

de notre envoyé spécialUn drapeau en berne dans une

rue en fête. A Damas, pavoiséecomme jamais à la veille du réfé-rendum proposant un nouveaumandat de sept ans pour le pré-sident Hafez El Assad, la longueagonie du roi Hussein avait été jus-qu’alors reléguée au second plan.Le quotidien Tichrine ne lui avaitconsacré, dimanche matin 7 fé-vrier, qu’une quinzaine de lignestout au bas de sa « une ». En débutd’après-midi, le deuil de l’ambas-sade du royaume hachémite étaitdonc passé totalement inaperçudans une avenue Abou Roumanésurchargée de banderoles et régu-lièrement parcourue de véhiculesklaxonnant à tout-va.

La coïncidence entre les funé-railles jordaniennes, partagées pardes dizaines de chefs d’Etat, et lareconduction du président syrien,dans une allégresse tout officielle,aurait cependant poussé à son ex-trême le lendemain, lundi 8 février,le contraste entre les deux pays.Dans un geste inattendu et remar-qué, les autorités syriennes déci-daient donc en fin d’après-midi derepousser de deux jours le scrutinet de décréter trois jours de deuilprenant effet immédiatement.Alors que la plupart des capitales

arabes avaient elles aussi annoncédes périodes de deuil pour s’asso-cier à la Jordanie, cette décision dedernière minute permettait à la Sy-rie d’éviter de se singulariser parmises pairs.

Samedi, alors que les éloges fu-nèbres se multipliaient, le ministredes affaires étrangères, Farouk AlChareh, avait simplement regretté« la détérioration de la santé duroi » et ajouté que la succession enJordanie était « une affaire inté-rieure ». Le ministre réagissait enfait aux déclarations alarmistes deplusieurs responsables israéliensqui redoutaient que la Syrie neprofite de la situation pour tenterde déstabiliser le royaume haché-mite. « Dire que la Syrie menace laJordanie sont des propos erronés etinsensés. Lorsque Israël parle d’uneéventualité d’une ingérence, c’est enfait une ingérence de sa part dansles affaires jordaniennes », avait-ilajouté.

En dépit des circonstances dra-matiques, le ministre n’avait pour-tant pas épargné le royaume de sescritiques en expliquant que les Jor-daniens n’étaient pas « tout à faitindépendants ». Car la succession àla tête du royaume hachémite in-tervient alors que les relations sontau plus mal entre Damas et Am-man. Leur dernière dégradation en

date remonte à la signature dutraité de paix entre Israël et la Jor-danie, en 1994. Hostile à une lo-gique d’accords de paix séparés, laSyrie a souvent dénoncé les effortsdéployés par le roi Hussein enversIsraël et qui ne se sont jamais ac-compagnés, selon elle, du moindregeste vis-à-vis de Damas.

« EFFET GÉNÉRATION »Les autorités syriennes ont criti-

qué ensuite l’attitude de la Jorda-nie sur un dossier qui les obnubile :la coopération militaire israélo-turque. Très inquiètes face à cette« tenaille » stratégique, elles n’ontpas eu de mots assez durs lors dela participation des Jordaniens, entant qu’observateurs, à des ma-nœuvres conjointes en Méditerra-née, début 1998. Le ton est encoremonté d’un cran en octobre, lorsde la crise entre Damas et Ankaraqui accusait la Syrie d’hébergerclandestinement le chef du Partides travailleurs du Kurdistan (PKK)Abdullah Öcalan. De son côté,Amman a accusé les Syriens de re-tenir prisonniers des dizaines deJordaniens et de considérer la Jor-danie comme le terrain de prédi-lection des services secrets israé-liens.

Si Hafez Al Assad avait pris lesoin de téléphoner au roi Hussein,

le 19 janvier, à son retour auroyaume après six mois de traite-ment anticancéreux aux Etats-Unis, la Syrie a cependant été leseul pays arabe a n’avoir pas félici-té le prince Abdallah lors de sa dé-signation comme prince héritier àla place de son oncle, Hassan, le25 janvier.

Ce remplacement a pourtant étéconsidéré favorablement par la Sy-rie, qui ne manquait pas de griefs àl’encontre du régent. Il lui était eneffet imputé, pour une large part,l’intérêt jordanien vis-à-vis de l’axeisraélo-turc. Mais Hassan étaitaussi – et surtout – considéré parDamas comme trop proche desFrères musulmans, dont la branchesyrienne avait trouvé refuge enJordanie après la répression bru-tale d’une tentative d’insurrection,au début des années 80.

L’arrivée au pouvoir d’Abdallah,trente-sept ans, coïncide égale-ment avec la lente ascension du filsdu président Assad, Bachar, trente-quatre ans, dans les rouages dupouvoir en Syrie. Si l’« effet géné-ration » ne garantit bien sûr jamaisà lui seul une politique, surtoutdans ce cas précis, il peut néan-moins favoriser à l’avenir uneéventuelle reprise de contacts.

Gilles Paris

RassemblementPlace Rabin à Tel-Aviv

Leah Rabin, la veuve de l’an-cien premier ministre israélienItzhak Rabin, a participé, di-manche 7 février, à Tel-Aviv, surla place où son mari a été assas-siné en 1995, à un émouvant ras-semblement à la mémoire du roiHussein de Jordanie.

Plusieurs centaines de per-sonnes se sont réunies sur cetteplace Rabin où une grande ban-derole proclamait notamment :« Les Israéliens disent adieu auroi Hussein », tandis que desimages sur la vie du souverainhachémite étaient diffusées surécrans vidéo. Deux rayons de lu-mière émis par de gros projec-teurs symbolisant le souverainhachémite et l’ancien premierministre israélien se sont re-joints à une trentaine de mètresdans le ciel.

Les médias israéliensont largement couvert

les derniers jours du souverainJÉRUSALEM

de notre correspondantLe gouvernement israélien a ob-

servé une minute de silence à lamémoire du roi Hussein lors d’unconseil des ministres spécial, réunidimanche peu après l’annonce of-ficielle de son décès. Le drapeaunational sera mis en berne sur lesbâtiments administratifs et lesmairies pendant les funérailles.

Une importante délégation de-vait représenter Israël à Ammanlundi matin. Dirigée par le pré-sident Ezer Weizman, ellecomprend le premier ministre, Be-nyamin Nétanyahou, le chef del’opposition travailliste, Ehoud Ba-rak, l’ex-ministre de la défense,Itzhak Mordehaï, candidat depuispeu au poste de premier ministre,Leah Rabin, la veuve du chef degouvernement assassiné en no-vembre 1995, les anciens premiersministres Shimon Pérès et ItzhakShamir, et Ephraïm Halévy, au-jourd’hui directeur du Mossad,dont les contacts intensifs avec leroi Hussein avaient ouvert la voieà l’accord de paix signé entre Israëlet la Jordanie en octobre 1994.

Contrairement au traité passéavec l’Egypte, qui n’a débouchéque sur une « paix froide », cet ac-

cord devait, selon les estimationsde l’époque, ouvrir la voie à une« paix chaude », grâce notammentau charisme du roi, presque una-nimement apprécié en Israël, et àl’intérêt mutuel des deux parte-naires à renforcer leurs lienséconomiques. Malgré un début ti-mide de coopération (des entre-prises israéliennes, notammenttextiles, emploient quelque3 000 personnes en Jordanie),cette perspective ne s’est pourl’instant pas réalisée, loin s’enfaut.

Les relations jordano-israé-liennes ont jusqu’à présent résistéaux coups de boutoir portés parBenyamin Nétanyahou au proces-sus de paix. Au-delà du blocagedes négociations, les relations per-sonnelles entre M. Nétanyahou etle roi ont sévèrement pâti de deuxinitiatives du premier : sa décisiond’ouvrir un tunnel passant sous leMont du Temple en vieille ville deJérusalem en septembre 1996, quiavait entraîné des affrontementssanglants entre Palestiniens et Is-

raéliens ; puis son feu vert à la ten-tative d’assassinat de Khaled Mes-hal, un dirigeant du Hamas établià Amman, un an plus tard.

Depuis, M. Nétanyahou n’avaitpas été invité dans la capitale jor-danienne. Le roi Hussein était parla suite intervenu lors des mo-ments de crise dans les négocia-tions israélo-palestiniennes : lorsde la finalisation de l’accord surHébron, puis pour sortir de l’or-nière les pourparlers de Wye Plan-tation.

Son appétit de couverture mé-diatique a joué un tour à Benya-min Nétanyahou à l’occasion dudécès du roi de Jordanie. Vendredi,après que les agences de presseeurent annoncé sa « mort cli-nique » de source officieuse,M. Nétanyahou, qui s’attendaitmanifestement à une confirmationofficielle imminente du décès,avait convoqué en début d’après-midi une conférence de pressepour rendre hommage au roi dé-funt. Afin de ne pas déplaire à sesalliés religieux, il entendait la don-ner avant le début du shabbat.Cette confirmation s’étant fait at-tendre, il avait annulé la confé-rence de presse, renvoyant chezeux les journalistes après les avoirfait attendre plus d’une heure...

Ce faux pas n’a pas échappé à lafamille royale à Amman. Le quoti-dien Haaretz a cité, dimanche, unproche de la famille déclarant :« Nous préférons que Benyamin Né-tanyahou ne vienne pas aux funé-railles du roi Hussein. » Ce procheajoutait cependant que, s’il décidemalgré tout de venir, « il sera reçuavec tout l’honneur qui lui revient ».

« VISION PARTAGÉE » Les médias israéliens ont abon-

damment couvert les derniersjours du roi Hussein, y compris parde longues émissions en direct.Une des images qui a manifeste-ment le plus contribué à faire ai-mer Hussein par les Israéliens,outre son émouvant discours lorsde l’enterrement de Yitzhak Rabin,a été celle de sa visite de condo-léances aux parents de jeunes fillesisraéliennes tuées par un soldatjordanien, il y a deux ans, lorsd’une excursion à la frontière is-raélo-jordanienne. A Bet She-mesh, près de Jérusalem, d’oùétaient originaires les sept vic-times, le roi s’était assis auprès desparents en deuil et avait partagéleur douleur en toute simplicité.

« Nous avons tous perdu un ami(...), un grand dirigeant, et aussi ungrand stratège de la paix » entre laJordanie et Israël, a déclaré Benya-min Nétanyahou. Certes, a-t-il re-connu, « il pouvait y avoir entrenous des divergences », mais c’esttoujours « la vision partagée de lapaix qui nous a guidés ». Les rela-tions entre Israël et la Jordaniesont pour le roi Abdallah « unepierre angulaire stratégique », a-t-ilajouté, rendant compte d’uneconversation « très chaleureuse »avec le nouveau souverain haché-mite.

Interrogé sur les chances d’unerencontre avec Hafez El Assad enmarge des funérailles du roi Hus-sein, au cas où le président syriens’y rendrait lui aussi, M. Nétanya-hou a répondu : « Israël veut, et estprêt, à poursuivre les pourparlers depaix, qui sont importants pour lesdeux Etats (...). La paix n’est pasmoins nécessaire à la Syrie qu’ellene l’est pour nous. » (Intérim.)

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« Nous voulons la paix sur notre continent » déclare Jacques Chirac

4 / LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 I N T E R N A T I O N A L

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La Conférence internationale sur la sécurité envisage l’intervention militaireMUNICH

de notre envoyé spécialLa 35e Conférence internationale

sur la sécurité a été l’occasion pourle nouveau gouvernement alle-mand de réaffirmer la continuité desa politique de défense. Le chance-lier Gerhard Schröder, les ministresdes affaires étrangères, JoschkaFischer (Verts), et de la défense,Rudolf Scharping, ont, tour à tour,insisté sur la nécessité de maintenirles liens transatlantiques et de ren-forcer la capacité d’action del’Europe au sein de l’OTAN. Cedouble impératif a été particulière-ment manifeste à propos duKosovo. La Conférence internatio-nale sur la sécurité, qui se tient àMunich le premier week-end defévrier, coïncidait avec la réunionde Rambouillet. Aussi l’attitude dela communauté internationaledans les Balkans a-t-elle été lon-guement évoquée par les ministres

de la défense et des affaires étran-gères ainsi que par les responsablesde l’OTAN.

Deux questions ont dominé lesdébats : une éventuelle interven-tion militaire de l’OTAN au Kosovoet la légitimation par l’ONU d’uneaction de force. Sur le premierpoint, tous les responsables occi-dentaux sont d’accord pour direque l’envoi de troupes internatio-nales sera nécessaire pour garantirun accord sur le statut du Kosovo.Les principaux pays européens sesont montrés prêts à envoyer uncontingent mais les Allemandsinsistent maintenant sur le carac-tère indispensable de la présenceaméricaine.

Il reste à convaincre SlobodanMilosevic d’accepter les troupesétrangères au Kosovo. Rambouilletne sera un succès que si l’accord estgaranti par la présence de forcesinternationales sur le terrain, a rap-

pelé à Munich Javier Solana, secré-taire général de l’OTAN. La menacede frappes aériennes réactivée parl’OTAN est un des moyens envisa-gés pour amener les Serbes àaccepter un accord. En revanche, lesecrétaire américain à la défense,William Cohen, a été parfaitementclair : il n’est pas questiond’envoyer des forces au Kosovopour imposer la paix en l’absenced’un accord entre les Serbes et lesAlbanais, « Aucun membre del’OTAN n’y est prêt », a-t-il dit. Pourles Américains, les frappesaériennes seraient actuellement laseule action envisageable en casd’échec à Rambouillet.

On retrouve ici la question de lalégitimité internationale d’uneintervention, c’est-à-dire d’unmandat du Conseil de sécurité del’ONU où les Russes (et les Chinois)ont un droit de veto. La possibilitéde frappes aériennes a été décidée

par le Conseil atlantique et cettedécision demeure. Pour l’envoi detroupes au Kosovo il faudrait, enprincipe, une résolution du Conseilde sécurité. En cas d’accord à Ram-bouillet, il serait sans doute pos-sible d’obtenir l’acquiescement– voire la participation – desRusses. En revanche, si les Russesmenaçaient d’utiliser leur droit deveto, un consensus paraît se déga-ger entre alliés sur le fait quel’OTAN peut agir sans mandat del’ONU dans des circonstancesexceptionnelles « pour éviter descatastrophes humanitaires », a sou-ligné Joschka Fischer. Cette prise deposition constitue une évolutionsignificative de la coalition au pou-voir à Bonn, alors que les Verts sonttraditionnellement réservés face àtoute intervention militaire avec, eta fortiori sans, mandat de l’ONU.

Daniel Vernet

Une force de paix de 30 000 hommes sous contrôle britanniquePOUR BÂTIR son projet de

force de paix au Kosovo en casd’un accord à Rambouillet, l’OTANs’est inspirée d’un précédent : lamise sur pied, en 1995-1996, del’IFOR (Implementation Force) enBosnie, qui devait donner nais-sance à l’actuelle SFOR (Stabiliza-tion Force). A ceci près que, tellequ’elle est en cours de planifica-tion à Bruxelles, la force auKosovo aura des effectifs moitiémoindres que ceux de l’IFOR :30 000 hommes au lieu de 60 000.Mais le schéma de la nouvelleforce – y compris l’acceptation parles Etats-Unis que des GI au sol

puissent directement dépendred’un commandement non améri-cain – est semblable à celui del’IFOR, dont la tâche a été decontrôler et de désarmer les belli-gérants.

La force de paix au Kosovodevrait être sous le contrôle duseul commandement de l’OTANopérationnel en permanence, àsavoir l’état-major du corps deréaction rapide (ARRC), quidépend du commandant suprêmedes forces alliées en Europe(Saceur) à Mons (Belgique), legénéral américain Wesley Clark.L’ARRC est un état-major, basé à

Rheindahlen (Allemagne), à fortecomposante britannique. Déjà,pour l’IFOR, cela avait été le cas .Aujourd’hui, l’ARRC est com-mandé par le général britanniqueSir Michael Jackson, qui n’est pasun novice : il a commandé la divi-sion britannique de l’IFORincluant d’autres unités (Néerlan-dais, Malais et Tchèques).

Selon le déroulement de laconférence de Rambouillet, legénéral Clark doit soumettre sonplan, cette semaine, au comitémilitaire de l’OTAN. Cette force depaix sera organisée en cinq bri-gades de quelque 5 000 hommeschacune, dont l’une sera vraisem-blablement maintenue en réserveen Macédoine. Soit de l’ordred’une quinzaine de bataillons opé-rationnels, chargés de tenir diffé-rents secteurs à définir au Kosovo.Trois de ces brigades d’infanterieseront blindées ou motorisées.

Cette prééminence britanniquedans le commandement expliqueque le gouvernement de Tony Blaira étudié l’éventualité d’envoyerjusqu’à 8 000 hommes au Kosovo,

c’est-à-dire le contingent nationalle plus nombreux aux côtés detroupes issues, en majorité, de sixpays européens, notammentl’Alle-magne (3 000 hommes), les Pays-Bas, la Belgique, l’Italie (qui auraitl’intention de revendiquer, avec2 500 hommes, la surveillance de lafrontière avec l’Albanie pourcontrôler les flux migratoires versla Péninsule). C’est un effort parti-culièrement important pour leRoyaume-Uni.

MISSION DE LIAISONOutre des moyens aériens en

Italie et aéronavals en Adriatique,autour du porte-avions Enterprise,la contribution américaine – dansun scénario qui exclut un blocagede la situation par les Serbes oupar les Kosovars – pourrait s’éleverjusqu’à 4 000 hommes, soit pourconstituer l’élément de base de labrigade d’intervention maintenueen réserve en Macédoine, soit pourremplir au sol des missions de ren-seignement, de communications etde logistique. En effet, l’opérationau Kosovo nécessite de réunir des

moyens d’observation relative-ment sophistiqués, comme desavions espions américains U2, desappareils de surveillance améri-cains Orion et français Atlantique,des avions de guerre électroniquebritanniques Canberra et françaisGabriel, et des drones (avions sanspilote) allemands CL-289.

Pour ce qui est de la participa-tion française, la planification pré-voit de déployer une quarantained’aéronefs (avions et hélicoptères),depuis l’Italie et à bord du porte-avions Foch en Adriatique, et detransformer en une brigade dequelque 5 000 hommes l’actuelleforce d’extraction à pied d’œuvre,aujourd’hui, en Macédoine etchargée pour l’heure de la protec-tion des vérificateurs de l’Organi-sation pour la sécurité et la coopé-ration en Europe (OSCE) auKosovo. De même, la France ad’ores et déjà désigné des moyensde surveiller le trafic maritime enAdriatique.

L’intention de la France estd’avoir une part des responsabili-tés au sein de l’état-major interna-

tional de l’ARRC sous contrôle bri-tannique. Au ministère de ladéfense, à Paris, on affirme que lapréparation de la force de paix auKosovo se fait en totale concerta-tion avec le Royaume-Uni. Maisl’affaire n’est pas aussi simple enréalité. L’ARRC est un commande-ment allié qui appartient à lachaîne hiérarchique intégrée del’OTAN, d’où les Français sontabsents. Pour remédier à cettesituation, il semble qu’on s’orientevers la solution adoptée pourl’IFOR en Bosnie, à savoir l’instau-ration d’une mission française deliaison auprès de l’ARRC. Ce quiest, observe un proche du ministrefrançais de la défense, « une résin-sertion pragmatique et en douceur »de la France dans les instancesintégrées de l’OTAN à trois moisdu cinquantième anniversaire del’Organisation militaire à Washing-ton, où les alliés discuteront d’unnouveau concept stratégique défi-nissant les rapports Europe-Etats-Unis.

Jacques Isnard

L’attentat de Pristinacondamnépar les deux délégations

Les délégations serbe et koso-vare à la conférence de Rambouil-let ont publié un communiquécommun après l’attentat de Pris-tina, qui a fait trois morts samedi6 février : « Les trois négociateurs(médiateurs) de la réunion de Ram-bouillet annoncent que les deux délé-gations participantes ont reçu avecregret et indignation la nouvelle del’attentat à la bombe de Pristina, lanuit dernière, qui a causé la mort decivils innocents. Les deux délégationsparticipantes condamnent cet actedans les termes les plus forts etdemandent que les auteurs soientarrêtés et traduits en justice aussitôtque possible. Cet acte lâche, commed’autres actes similaires, vise à faireobstacle aux efforts engagésaujourd’hui à Rambouillet où lesdeux délégations participantes tra-vaillent intensivement à une solutionpolitique pacificique au problème duKosovo ». – (AFP.)

VOICI les principaux extraits du discoursprononcé par Jacques Chirac à l’ouverture de la« réunion de Rambouillet », samedi 6 février :

« Il est des moments, rares, où l’Histoire estdans la main de quelques hommes. Tel est le cas,

aujourd’hui, pour vous quiprenez place à la table desnégociations. C’est le sort duKosovo, mais c’est surtout lesort des femmes, deshommes et des enfants quivivent sur cette terre dontvous allez déterminer le des-tin. Le cadre de cette négo-

ciation a été clairement défini par le Groupe decontact. Les principes d’une autonomie substan-tielle vont vous être présentés. Il vous appartientde les préciser et de leur donner corps pour qu’àl’intérieur des frontières existantes, tous les habi-tants de la province, quelle que soit leur origine,puissent vivre dans la paix et dans le respect deleur personne et de leur droit (...) »

» Il ne s’agit pas de l’oubli. Nul ne peut oublierle fils perdu ou le village détruit. Il faudra, là

aussi, que la justice passe et que les coupablessoient jugés. La France, vous le savez, a connu leshorreurs de la guerre. Elle a connu le visage de labarbarie. Mais elle a su panser des blessures quel’on croyait éternelles (...) Vous représentez despeuples qui appartiennent pleinement à l’Europe.Et c’est aussi pourquoi l’idée d’une guerre auKosovo nous est insupportable (...) En vous appe-lant à faire cette paix, je vous invite à faire vôtresles valeurs de liberté, de démocratie et de tolé-rance qui constituent le fondement de l’Unioneuropéenne. C’est ainsi que vous reprendrez votreplace dans la famille européenne (...) »

» La communauté internationale unanime s’estmobilisée. Son action n’est dirigée contre per-sonne. Elle s’exerce au bénéfice de tous. Mais,sachez-le, la France, pas plus que ses partenaireseuropéens, américain ou russe ne tolérera quepersiste un conflit qui bafoue les principes essen-tiels de la dignité humaine. Nous n’accepteronspas que ce cycle des violences menace, de procheen proche, la stabilité de tout le sud-est del’Europe. Nous voulons la paix sur notre continent(...) Soutenu par le Conseil de sécurité, et donc

par toute la communauté internationale, épaulépar tous les moyens mis à sa disposition, leGroupe de contact dispose de l’autorité néces-saire pour faire triompher le droit, la justice et lapaix. Au-delà, il conviendra de prévoir le disposi-tif d’accompagnement indispensable à la mise enœuvre de cet accord (...) Un déploiement inter-national accepté par tous nous paraît nécessairepour garantir le silence des armes. (...)

» Aux représentants des deux parties, Serbes etAlbanais du Kosovo, je dis : la paix est entre vosmains. Je fais appel à votre sens des responsabili-tés. Je fais appel à votre courage. Non pas le cou-rage qui conduit à la guerre, à la vengeance et àun cycle sans fin de violences absurdes. Mais auvrai courage, plus grand et plus noble. Le couraged’accepter la négociation et de faire la paix(...)Soyez-en assurés : lorsque vous repartirez deRambouillet, c’est une page de l’histoire del’Europe qui aura été tournée. Je vous exhorte àfaire triompher les forces de la vie sur les forcesde la mort. Le monde vous regarde. Le mondevous attend. »

PLUS DE SON, plus d’images.Après l’ouverture solennelle de laconférence de Rambouillet sur leKosovo par Jacques Chirac, samedi6 février, les grilles du château sesont refermées, fermement proté-gées par des escouades de CRS. Unhuis clos s’est engagé à l’intérieurdont pratiquement rien ne filtre,au grand dam des quelques cen-taines de journalistes, dont beau-coup sont venus de l’étranger, quibattent désespérément la semelledans les rues de Rambouillet.

Lors d’une conférence de presseau terme de la première journéede négociations, dimanche, la plu-part des questions de la presse ont

été rejetées par les porte-parole dela réunion, qui ont visiblementpour consigne d’en dire aussi peuque possible : les discussions, affir-mèrent-ils, s’étaient engagées defaçon « constructive et sérieuse » ;les deux délégations, serbe et alba-naise, avaient condamné l’attentatcommis la veille à Pristina (lire ci-contre), ce qui était présentécomme un signe positif par leporte-parole américain ; maistoutes les questions de fond oupresque furent écartées comme« hypothétiques » ou prématurées.

Les délégués serbes et albanaisdu Kosovo sont logés à deuxétages différents du château, dansdes chambres équipées d’ordina-teurs qui leur permettent de tra-vailler. Elles n’ont pas à ce stade derencontre directe, les trois négo-ciateurs (Christopher Hill pour lesEtats-Unis, Wolfgang Petritschpour l’Union européenne et BorisMaiorski pour la Russie) effec-tuant des navettes entre les étages.Les délégués, jusque-là, se sontpliés à la règle du huis clos qui apour but d’éviter que, de part etd’autre, les propagandes et polé-miques extérieures s’emparent dechaque sujet de la négociation, larendant encore plus difficile.

PRINCIPES DIRECTEURSSerbes et Albanais ont entre les

mains plusieurs documents élabo-rés par le Groupe de contact pourl’ex-Yougoslavie, qui rassemble lesreprésentants des puissancesmédiatrices (Etats-Unis, France,Allemagne, Grande-Bretagne, Ita-lie, Russie). L’un de ces documentsénonce un certain nombre de prin-cipes directeurs qui ne sont pasnégociables, a précisé dimanche leporte-parole américain, PhilipReeker, puisque les deux partiesétaient supposées y souscrire envenant à Rambouillet. Ce texte n’a

pas été publié. Il a seulement étéconfirmé qu’il prévoit un accordintérimaire pour trois ans définis-sant une « autonomie substan-tielle » pour le Kosovo. Autrementdit, ni statu quo ni non plus modi-fication des frontières de la Fédé-ration yougoslave par un accès duKosovo à l’indépendance.

Trois autres textes, présentéscomme des « annexes », portentsur l’organisation d’élections, surla « Constitution » du Kosovo, etsur les pouvoirs d’un futur« médiateur » qui serait désignépar la communauté internationale.Bien qu’aucune précision n’ait lànon plus été donnée, on pense aureprésentant civil qui avait éténommé pour superviser la mise enœuvre des aspects non militairesde l’accord de Dayton, incarnant

en quelque sorte la tutelle interna-tionale sur la Bosnie.

A ce stade, c’est le présidentfrançais Jacques Chirac qui en a ditle plus sur l’exercice de Rambouil-let, lors de son discours introductifde samedi (lire ci-dessous).

Après une nuit d’intenses pres-sions diplomatiques sur Belgradede vendredi à samedi, exercées enparticulier par le Quai d’Orsay, lesautorités serbes avaient finale-ment laissé la délégation albanaiseau complet (y compris donc lesreprésentants du mouvementindépendantiste armé, l’UCK)décoller de Pristina pour Paris et laconférence avait pu s’ouvrir àRambouillet avec quelques heuresde retard. Devant Serbes et Alba-nais, assis de part et d’autre d’unedes salles lambrissées du château,

le président de la République acampé l’enjeu de l’exercice. Rap-pelant en premier lieu qu’avant leproblème institutionnel et géopo-litique de l’avenir du Kosovo, c’estdu « sort des femmes, des hommeset des enfants qui vivent sur cetteterre » qu’il s’agit, il a réaffirmé lecadre imposé et non discutable :autonomie mais maintien desfrontières. L’objectif est de faire lapaix, mais « il ne s’agit pas del’oubli », a-t-il ajouté en affirmantque les crimes commis devraientêtre jugés. Il a rappelé avec fer-meté que la communauté interna-tionale n’accepterait pas sans réa-gir que la négociation tournecourt ; sans évoquer explicitementl’idée d’un recours à la force, il l’asous-entendue, associant Euro-péens, Américains et Russes dans

une commune détermination àmettre un terme au cycle des vio-lences qui « bafoue les principesessentiels de la dignité humaine » et« menace, de proche en proche,tout le sud-est de l’Europe ».

« Un déploiement internationalaccepté par tous nous paraît néces-saire pour garantir le silence desarmes », a encore dit le présidentde la République, laissant ainsientendre que l’envoi d’une forcemultinationale devait à ses yeuxfaire partie de l’accord que l’onrecherche à Rambouillet, maislaissant entendre du même coupque cela n’est pas encore entrédans le tronc commun des prin-cipes déjà admis par tous et nonnégociables.

Claire Tréan

Un huis clos s’engage à Rambouillet sur l’avenir du KosovoLes représentants de toutes les parties prenantes au conflit, enfermés dans le château, ont entamé des négociations indirectes,

par l’intermédiaire des médiateurs internationaux, à partir des documents élaborés par les pays membres du Groupe de contact sur l’ex-YougoslavieLes discussions sur l’avenir du Kosovo sesont ouvertes, samedi 6 février à Ram-bouillet, avec quelques heures de retard,en présence de toutes les parties pre-nantes au conflit. Les autorités serbes

avaient finalement laissé partir de Pristinales représentants de l’Armée de libérationdu Kosovo (UCK), en précisant toutefoisqu’il n’était pas question pour elles des’asseoir à la même table que les « terro-

ristes ». Après ce prélude tendu, la confé-rence a été ouverte par le président de laRépublique, Jacques Chirac, qui a affirméla détermination de la communauté inter-nationale à mettre un terme au conflit,

puis par des interventions des deux copré-sidents de la conférence, le ministre fran-çais des affaires étrangères, HubertVédrine, et son homologue britannique,Robin Cook. Les négociations se sont enga-

gées dimanche à huis clos, pas directementmais au moyen de navettes effectuées parles négociateurs internationaux entre lesdeux délégations cloîtrées dans le châteaude Rambouillet.

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 5

L’Ethiopie accuse l’Erythréede bombarder des civilsASMARA. L’armée éthiopienne a lancé, lundi 8 février, de nouvellesattaques soutenues par des hélicoptères d’assaut et des avions dechasse à la frontière entre l’Ethiopie et l’Erythrée, a affirmé le minis-tère érythréen des affaires étrangères. De leur côté, les autoritéséthiopiennes ont accusé, dimanche, leur adversaire d’avoir bombardédes populations civiles. Deux jours après la reprise des hostilitésentre les deux Etats de la Corne de l’Afrique, le secrétaire général duConseil de sécurité de l’ONU, Kofi Annan, les a appelés à cesser im-médiatement les hostilités et à œuvrer en faveur d’un règlement poli-tique de leur conflit frontalier.Les deux pays – l’Erythrée est devenue indépendante de l’Ethiopieaprès un référendum pacifique en 1993 – se sont retournés l’un contrel’autre en mai 1998. Motif invoqué : les frontières contestées, tracéespar l’ancienne puissance colonisatrice, l’Italie. Le triangle de Badmé,enjeu des combats de samedi, est un territoire rocailleux d’une super-ficie de 390 km2 situé à l’extrémité Ouest de la frontière. L’Erythréel’avait occupé durant le bref conflit armé de mai et juin 1998. Lescombats avaient cessé à la mi-juin, les deux parties s’engageant à res-pecter une trêve négociée sous l’égide des Etats-Unis. – (Reuters.)

Pas de nouveaux pays invités à adhérer à l’OTAN en avril MUNICH. Le chancelier allemand Gerhard Schröder a exclu, samedi 6février, lors d’un forum sur la défense à Munich, que l’OTAN lance enavril, lors de son prochain sommet, de nouvelles invitations à adhérerà des pays d’Europe de l’Est. C’est la première fois qu’un dirigeantd’un pays membre de l’Alliance atlantique indique explicitement quel’OTAN n’engagera de négociations avec aucun autre pays de l’Estaprès l’adhésion, prévue dans les prochaines semaines, de la Pologne,la République tchèque et la Hongrie. Neuf autres pays postulent àl’intégration : Slovénie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Lituanie, Let-tonie, Estonie, Macédoine et Albanie.En juillet 1997, lors du dernier sommet de l’OTAN, il avait été annon-cé que les candidatures de cinq pays – Roumanie, Slovénie et les troisEtats baltes – feraient l’objet d’un examen en avril 1999. La Russie etla Chine ont réitéré, dimanche, par le biais de leurs représentants auforum de Munich, leur opposition à l’élargissement du bloc militaire.Le ministre roumain de la défense, Victor Babuic, a pour sa part esti-mé que la politique de « la porte ouverte » de l’OTAN risquait deperdre toute crédibilité si l’Alliance ne choisit pas de nouveauxmembres. – (AFP, Reuters.)

EUROPEa SUISSE : les électeurs ont approuvé, dimanche 7 février, par prèsde 75 % des votes, une révision constitutionnelle assouplissant lesconditions d’éligibilité au gouvernement helvétique. Alors que depuiscent cinquante ans les sept membres du conseil fédéral étaient obli-gatoirement choisis dans sept cantons différents, le Parlement pourradorénavant élire plus d’un représentant par canton, mais il devra veil-ler à assurer « une représentation équitable des diverses régions etcommunautés linguistiques au gouvernement ». L’entrée en vigueur decette nouvelle disposition pourrait intervenir dès l’élection, le11 mars, des successeurs de deux ministres démissionnaires. – (Cor-resp.)a MACÉDOINE : les maires albanais des villes de Tetovo et Gosti-var, Ajladin Demiri et Rufi Osmani, condamnés en 1997 à plusieursannées de prison pour avoir hissé des drapeaux albanais sur leur mai-rie, ont été libérés, samedi 6 février, en vertu d’une loi votée jeudi parle Parlement issu des élections de novembre 1998. Cette amnistie per-mettra à quelque 900 prisonniers d’être libérés avant terme ou de bé-néficier de réduction de peine. – (AFP.)

AFRIQUEa NIGERIA : le groupe pétrolier anglo-néerlandais a proposé d’in-vestir 8,5 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros) sur cinq ans pourrevitaliser son secteur pétrolier, selon le Financial Times du lundi 8 fé-vrier. Shell, qui produit environ la moitié du brut du pays (près de2 millions de barils par jour), est en discussion avec le gouvernementnigérian et d’autres compagnies pétrolières sur ce projet. – (AFP.)

PROCHE-ORIENTa ARABIE SAOUDITE : contre toute attente, les Saoudiens ont ex-clu, samedi 6 février, une participation étrangère à la production pé-trolière nationale. Ils ont limité les investissements étrangers à l’ex-ploitation industrielle des réserves de gaz. Les compagniesaméricaines avaient cru que l’invitation du secrétaire d’Etat à l’éner-gie, Bill Richardson, à Riyad marquait un tournant dans la politiquesaoudienne. – (AFP.)

ASIEa INDONÉSIE : Djakarta a accepté, dimanche 7 février, le principed’une consultation organisée par les Nations unies pour évaluer lesoutien aux propositions sur l’autonomie du Timor-Oriental, tout encontinuant à s’opposer à la qualifier de référendum. Le ministre desaffaires étrangères indonésien, Ali Alatas, a déclaré aux journalistesqu’il était d’accord avec son homologue portugais, Jaime Gama, surle principe de consulter les Timorais. Ali Alatas espère que l’accord fi-nal sera trouvé pour la fin avril, sur la base des propositions d’auto-nomie énoncées par les Nations unies. Il a insisté sur le fait que la« seconde option » indonésienne prévoyant l’indépendance du Timorserait proposée après que les Timorais se soient prononcés sur le pland’autonomie. – (AFP.)a CORÉE-DU-SUD : Le révérend Moon, chef de l’Eglise de l’Unifi-cation, a célébré 40 000 mariages, dimanche 7 février, au stade olym-pique de Séoul, lors d’une cérémonie à laquelle assistaient quelque120 000 fidèles. Parmi les couples, 28 000 étaient déjà mariés et les12 000 autres, originaires de 193 pays, faisaient l’objet de mariages ar-rangés par la secte et ne se connaissaient que depuis quelques heuresou quelques jours. Cette cérémonie est la cinquième de ce type à setenir dans le monde. – (AFP.)a CHINE : le dissident Sun Weibang, condamné à douze ans de« rééducation par le travail » pour avoir participé aux manifestationsde Tiananmen en 1989, a été libéré après dix ans de détention, a an-noncé, dimanche 7 février, le Centre d’information sur le mouvementdémocratique et les droits de l’homme en Chine. Sun Weibang a puregagner son domicile, vendredi 5 février, à Qingdao, dans le nord dela Chine, précise l’organisation, basée à Hong Kong. – (Reuters.)a TCHÉTCHÉNIE : l’ancien chef de guerre Chamil Bassaïev a dis-sous, dimanche soir 7 février, son mouvement politique afin de res-pecter la charia (la loi islamique) et a appelé les autres partis de la Ré-publique russe indépendantiste à suivre son exemple, a rapporté,lundi, l’agence Itar-Tass. Selon M. Bassaïev, dans un Etat islamique, ilne doit pas y avoir d’organisations qui divisent les musulmans engroupes distincts. L’ancien chef de guerre a donc appelé, dimanche, àla télévision les autres mouvements politiques tchétchènes à suivreson exemple. – (AFP.)a AFGHANISTAN : le commandement des talibans s’apprête àdiscuter de la demande des Etats-Unis d’expulser ou de leur remettreOussama Ben Laden, suspecté d’avoir organisé deux attentats anti-américains meurtriers, a déclaré, samedi 6 février, un porte-paroledes « étudiants en religion ». – (AFP.)

La perte de la majorité au Bundesratrisque de paralyser les réformes du chancelier Schröder

ANALYSELes électeurs allemandsont installé une sortede « cohabitationà la française »

BONNde notre correspondant

L’avertissement est sévère pour legouvernement du chancelier Ger-hard Schröder. Cent jours après son

arrivée au pouvoir, la gauche alle-mande perd son bastion de Hesseau profit d’une droite que l’oncroyait moribonde pour des années.Ce résultat surprise ôte au gouver-nement ses dernières illusions : vili-pendé depuis des semaines par lapresse allemande et la classe poli-tique bonnoise, et pas seulementpar l’opposition, il affirmait, au re-gard des sondages, jouir du soutiende la population.Même si le chance-lier Schröder continue d’être popu-laire, la défaite en Hesse bat enbrèche cette certitude. Car les ensei-gnements essentiels du scrutin sontà tirer au niveau national. Les élec-teurs ont clairement sanctionné leprojet gouvernemental de réformedu code de la nationalité et la ges-tion chaotique du gouvernementdepuis son arrivée au pouvoir, enparticulier dans le domaine nu-cléaire.

En renvoyant leur gouvernementrégional, les électeurs de Hesse ontaussi fait perdre à la gauche la majo-rité absolue qu’elle détenait au Bun-desrat, la chambre haute qui repré-sente les Länder. Pour réformerl’Allemagne, le gouvernementSchröder va donc devoir s’entendreavec l’opposition. Ce sera le casd’abord en ce qui concerne le codede la nationalité ; ce sera le cas aussien matière économique. Les projetsde M. Lafontaine, qui doit déjà tenircompte des groupes de pression al-lemands (entreprises, agriculteurs,automobilistes) et qui doit réviserson budget depuis qu’un arrêt ex-plosif de la Cour constitutionnellede Karsruhe a ordonné, à la mi-jan-vier, une forte baisse de l’impôt desfamilles, seront difficiles à mettre enœuvre.

CONSENSUS FORCÉLa gauche risque de se retrouver

dans la même situation qu’HelmutKohl lors de sa dernière législature,incapable d’imposer sa « grande ré-forme fiscale », bloquée par lagauche qui dominait alors le Bun-desrat. Les électeurs allemands ontinstallé une sorte de « cohabitationà la française ». Le partage des pou-voirs va forcer les différentes forcesde la société à résoudre les pro-blèmes dans le consensus. Dans lesfaits, le basculement du Bundesratrisque d’entraîner un ralentissementvoire une paralysie à Bonn, dans unpays qui refuse obstinément les ré-formes. Au cours de sa dernière lé-gislature, Helmut Kohl n’est pasparvenu à moderniser l’État social,en raison de l’opposition de la po-pulation, alors que le chômage s’en-volait. Les quelques réformes qu’ilavait imposées lui ont coûté la vic-toire, la population ayant un senti-ment d’injustice sociale.

En votant Schröder, les électeursavaient demandé un retour en ar-rière. Le chancelier a tenu promesse,ses principales décisions ayant été...d’annuler les réformes de HelmutKohl sur les retraites, les licencie-ments dans les PME, le rembourse-ment des médicaments et descongés maladie, etc. Mais les ré-formes de fond de l’Etat social etdes retraites n’ont pas commencé,alors que le chômage frappe 4,1 mil-lions de personnes.

La réforme du code de la nationa-lité était le grand projet de société,résolument moderne, de la gauche,visant à intégrer la communautéturque. On ne peut pas encore par-ler d’un phénomène comparable à

celui de la défense de l’école privéeen France en 1984, mais le gouver-nement Schröder va devoir trouverle moyen de régler le dossier dans leconsensus. Le ministre-président deBasse-Saxe, Gerhard Glogowski(SPD), a appelé à ouvrir des dis-cussions avec la CDU, proposantd’accorder aux enfants d’étrangersnés en Allemagne la double natio-nalité jusqu’à 23 ans. La réforme ducode de la nationalité n’est pasmorte, assure le SPD, mais le scrutind’hier vient de le rappeler : la popu-lation allemande reste frileuse de-vant le changement, l’Allemagnetrès difficile à moderniser.

Arnaud Leparmentier

La droite allemande gagne les élections en Hesseen s’opposant à la double nationalité

Le scrutin de dimanche constitue un revers considérable pour la coalition SPD-VertsLes principaux responsables de la défaite de lagauche allemande sont les Verts, qui perdentplus du tiers de leur électorat. Le chancelier Ger-

hard Schröder perd la majorité au Bundesrat, cequi va limiter son action. Les chrétiens-démo-crates, qui recueillent 43,4 % des voix, ont axé

leur campagne sur le refus de l’assouplissementdu code de la nationalité. Leur positionnement àdroite a payé.

BONNde notre correspondant

La gauche allemande a subi, di-manche 7 février, une cuisante dé-faite en Hesse, la région de Franc-fort. Le Parti social-démocrate(SPD) et les Verts, qui dirigeaientensemble la région depuis 1991,perdent la majorité, qui revient àl’Union chrétienne-démocrate(CDU) et à son allié libéral. Cedernier retourne de justesse auParlement avec 5,1 % des voix(7,4 % lors du dernier scrutin de1995).

Par rapport à 1995, la CDU pro-gresse de 4,2 points, recueillant43,4 % des suffrages. Le SPDgagne 1,4 % à 39,4 %, mais ses al-liés Verts perdent plus du tiers deleur électorat, passant de 11,2 % à

7,4 % des suffrages. La droite aura56 sièges au Parlement régional, lagauche 54.

Emmenée par un jeune loup dequarante ans, Roland Koch, unavocat qui se situe à l’aile droitedu parti, la CDU a transformé lescrutin en un référendum contrela réforme du code de la nationali-té projetée par le gouvernementSchröder. Celle-ci prévoit notam-ment d’accorder la nationalité al-lemande aux étrangers vivant enAllemagne au bout de huit ans,sans leur demander de renoncer àleur nationalité d’origine. La CDUa lancé une vaste pétition contrecette mesure, qui ouvrirait la voieà la naturalisation rapide de plusde 4 millions d’étrangers, sur untotal de 7,3 millions vivant en Al-

lemagne. Elle a recueilli danstoute l’Allemagne un million de si-gnatures, dont plus de la moitié enHesse.

La CDU a touché une corde sen-sible de la population : plus desdeux tiers des Allemands rejettentle double passeport, y comprisplus d’un tiers de l’électorat SPD.Pendant la campagne, de nom-breux observateurs craignaientque la CDU ne se coupe du centreen menant cette campagne quali-fiée de xénophobe par la gauche.C’est finalement le contraire quis’est passé : la CDU a attiré desélecteurs du SPD qui ne se main-tient que parce qu’il a pris desélecteurs aux Verts. La CDU faitune percée remarquée auprès desjeunes, recueillant 43 % des voix

de ceux qui votaient pour la pre-mière fois.

La victoire de la CDU, que l’ondisait très affaiblie pour des an-nées, sauve Wolfgang Schäuble,successeur de Helmut Kohl à latête du parti, dont la stratégiedroitière aurait été violemmentremise en cause par une défaite.Mais le véritable gagnant du scru-tin est sans doute le ministre-pré-sident de Bavière et président del’Union chrétienne-sociale (CSU),Edmund Stoiber, dont les idéesmusclées semblent s’imposer àtoute la droite.

Les grands perdants du scrutinsont les Verts, qui perdent de plusdu tiers de leur électorat dans larégion d’origine du ministre desaffaires étrangères Joschka Fis-cher. Les Verts de Hesse ont étéimpliqués dans des mini-scandalesde corruption et ont eu trois mi-nistres de l’environnement pen-dant la législature. Ce parti, quiavait été le premier à participer àun gouvernement régional en1985, a du mal à vieillir : il n’a re-cueilli que 9 % des voix auprès desélecteurs de moins de vingt-cinqans, contre 20 % lors du scrutinprécédent.Les militants ont sansdoute été déçus de voir que leurarrivée au pouvoir à Bonn n’en-traînait pas de sortie rapide du nu-cléaire et que l’Allemagne pourraitparticiper à une intervention auKosovo. Paradoxalement, les mili-tants Verts estiment ne pas impo-ser suffisamment leurs vues àBonn, mais ce sont les projets quileurs sont chers, comme la ré-forme du code de la nationalité etla sortie du nucléaire, qui ont of-fert la victoire à la droite.

A. Le.

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F R A N C E - S O C I É T ÉLE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999

Deux magistrats professionnels, douze députés et sénateurs en robe de jugeBERNARDCAZENEUVEDéputé PSManche

a Quelques années passées ausein des cabinets ministériels, audébut de sa carrière, ont pu fami-liariser Bernard Cazeneuve,trente-cinq ans, député de laManche, avec le processus de déci-sion administratif et politiquedont il sera forcément question aucours du procès. Par la suite, il aopté pour une carrière politique,au sein du Mouvement des radi-caux de gauche, puis au Partisocialiste, et fait partie des jeunesentrés à l’Assemblée nationale en1997. Il s’est fait remarquer commerapporteur de la mission d’infor-mation sur le Rwanda. Il est copré-sident du Cercle Micromégas, quiréunit des membres de cabinetsministériels et d’entreprises pri-vées proches de M. Fabius.

b Suppléante : Laurence Dumont(députée PS, Calvados)Mathématicienne de formation,âgée de quarante ans, LaurenceDumont, députée du Calvados, estl’une des deux femmes éluesparmi les juges parlementaires.Elle fait partie, elle aussi, desdéputés entrés à l’Assembléenationale pour la première fois en1997. Mitterrandiste, proche deLouis Mermaz, elle est membre dela Commission nationale consulta-tive des droits de l’homme.

HENRI-CLAUDELE GALL

a Entré dans la magistrature en1966, Henri-Claude Le Gall, cin-quante-huit ans, a fait toute sacarrière en tant que juge du siège.D’abord juge d’instruction au tri-bunal de grande instance de Lillependant dix ans, puis vice-pré-sident du tribunal, il devientconseiller à la cour d’appel deDouai en 1981. En 1985, il prendson premier poste en région pari-sienne, en devenant vice-présidentdu tribunal de Bobigny.En 1992, il passe à la cour d’appelde Paris, où il exercera les fonc-tions de président de chambred’accusation. En 1995, il estnommé conseiller à la Cour de cas-sation, avant d’être élu par sespairs juge titulaire de la Cour dejustice de la République, en 1997.

b Son juge suppléant est BernardChemin.

BERNARDCHALLE

a Entré dans la magistrature en1966, Bernard Challe, cinquante-neuf ans, a fait toute sa carrière auparquet. D’abord substitut àTours, puis premier substitut àVersailles et Nanterre, il accède àla cour d’appel de Versailles en1987 en tant que substitut général,puis avocat général. Nommé pro-cureur général de la cour d’appelde Rouen en 1992, il devient le pre-mier chef du Service central deprévention de la corruption(SCPC) au moment de sa créationen 1993.Bernard Challe s’était alors trouvéau cœur d’une polémique aprèsque le SCPC eut été saisi par desélus socialistes, en juillet 1995, ducas de l’attribution au fils d’AlainJuppé d’un appartement de la Villede Paris. Le SCPC avait réponduque les circonstances du délitd’ingérence « pourraient être réu-nies ». Quelques jours auparavant,l’ancien garde des sceaux, JacquesToubon, avait annoncé la démis-sion de M. Challe, immédiatementdémentie par l’intéressé.En janvier 1996, il a été nomméconseiller à la Cour de cassationavant d’être élu, par ses pairs, jugetitulaire à la Cour de justice de laRépublique en 1997.

b Sa juge suppléante est Fran-çoise Simon.

JEAN-PAULBACQUETDéputé PSPuy-de-Dôme

a Médecin généraliste, Jean-PaulBacquet, cinquante ans, député duPuy-de-Dôme, ne cache pas qu’il asuivi avec passion, « comme tousles médecins », dit-il, l’affaire dusang contaminé. La remise encause du savoir scientifique, la dif-ficulté à répondre à la douleur desvictimes, la concertation complexeentre médecins et politiques asouvent été au centre desréflexions qu’il a exprimées devantses amis socialistes. Volontiers modéré, apprécié par ladroite autant que par la gauche, cepartisan de Laurent Fabius, au seindu PS, fait figure d’élément conci-liateur dans les débats qu’ont puavoir entre eux les juges parle-mentaires.

b Suppléant : Alain Barrau(député PS, Hérault)Militant socialiste depuis lecongrès d’Epinay, fabiusien, AlainBarrau, cinquante-deux ans,député de l’Hérault, ancien mairede Béziers, s’est spécialisé sur lesquestions européennes. Il avaitsuivi avec attention, cependant, leprocès Garretta.Il a toujours affiché le souci que cenouveau procès « ne sombre pasdans l’irrationnel ». De son rôle dejuge parlementaire, il dit seule-ment : « Ce sera un test sur lanature humaine de l’homme poli-tique. »

Un procèsprévu pour durertrois semaines

Le procès de la Cour de justicede la République s’ouvrira le9 février et devrait durer troissemaines, à raison de quatrejours d’audience du mardi auvendredi. Il se tiendra dans leslocaux du Centre de conférencesinternationales, avenue Kléber,dans le XVIe arrondissement deParis. La CJR, qui ne dispose pasencore de sa propre salled’audience, a dépensé près dedeux millions de francs(304 900 euros) pour la locationet les travaux de la salled’audience.

A une vaste salle à lambrisdorés a été préférée une salleplus petite de 140 places, quisera complétée par une autre,dans laquelle une partie dupublic pourra suivre les débatsretransmis en direct. Lesaudiences ne seront pas enregis-trées et les photographes neseront pas admis au sein du pré-toire. Plus de 120 journalistes detoutes nationalités couvriront leprocès.

MagistratMagistrat

PHO

TOS

AFP

COUR DE JUSTICE Mardi 9 fé-vrier, à 10 heures, débutera le procèsde Laurent Fabius, Georgina Dufoixet Edmond Hervé, poursuivis pouravoir commis des « imprudences »,

des « fautes d’inattention et de né-gligence » et des « manquementsaux obligations de prudence et desécurité » dans la façon dont ils ontgéré, en 1985, la lutte contre la pro-

pagation du virus du sida. b PRÉSI-DÉE par Christian Le Gunehec, laCour de justice de la République(CJR) comprend douze juges parle-mentaires et deux magistrats pro-

fessionnels. b TROIS DOSSIERS se-ront au cœur des débats : l’absencede sélection chez les donneurs desang ; les retards dans la mise enœuvre du dépistage systématique ;

les retards dans la mise en œuvredes processus d’inactivation du vi-rus du sida par le chauffage des pro-duits anti-hémophiliques. (Lire aussipages 7 et 8, 13 à 15.)

Le procès des ministres dans l’affaire du sang contaminéSous la présidence de Christian Le Gunehec, douze juges parlementaires et deux magistrats professionnels vont juger, à partir du 9 février,

Laurent Fabius, Georgina Dufoix et Edmond Hervé, poursuivis pour « homicides involontaires » dans le dossier du sang contaminéPOUR la première fois depuis

l’avènement de la Cinquième Répu-blique en 1958, trois anciens mi-nistres, dont un ancien premier mi-nistre, vont devoir répondre devantla justice, en vertu de la Constitu-tion, d’actes qui sont susceptiblesde constituer des délits et ayant étécommis dans l’exercice de leursfonctions. Pour la première fois, cesmembres de gouvernement ne sontpas poursuivis pour des actes inten-tionnels, tels que pouvaient l’êtreautrefois les cas de haute trahisonet d’entente avec l’ennemi, maispour des « imprudences », des« fautes d’inattention et de négli-gence », des « manquements auxobligations de prudence et de sécuri-té », qui ont involontairement en-traîné la mort de certains de leursadministrés ou de lourdes incapaci-tés physiques.

Pour la première fois enfin, cesresponsables ne seront pas jugéssous le coup d’une accusation sou-tenue par le représentant institu-tionnel de la société qu’est le par-quet, mais à la suite de l’actionengagée par des victimes ou fa-milles de victimes et par la seule vo-lonté des trois magistrats de laCour de cassation qui ont instruit ledossier pendant quatre ans.

Ainsi s’expose, près de quinzeans après les faits, le procès d’ex-ceptions, hors du droit commun,qui s’ouvre, mardi 9 février, devantla Cour de justice de la République,institution hybride, mi-judiciaire,mi-politique, créée en 1993 et quiverra comparaître sur le banc desprévenus : Laurent Fabius, ancienpremier ministre et actuel présidentde l’Assemblée nationale, GeorginaDufoix, ancienne ministre des af-faires sociales et de la solidarité na-tionale, et Edmond Hervé, anciensecrétaire d’Etat à la santé.

Trois semaines de débats et plu-

sieurs jours de délibéré devrontpermettre de répondre à ces seulesquestions : Laurent Fabius, Georgi-na Dufoix et Edmond Hervé ont-ils,par imprudence, involontairementcausé la mort de Paul Pérard, sep-tuagénaire contaminé en mai 1985par le virus du sida à la suite d’uneopération à cœur ouvert et deCharles-Edouard Pernot-Cochin,un bébé contaminé à la même datepar une exsanguino-transfusionpratiquée à sa naissance ? Ont-ilsinvolontairement, en août 1985, at-teint à l’intégrité physique d’YvesAupic, quarante ans, contaminé à lasuite d’une intervention chirurgi-cale, et de Sylvie Rouy (lire page 8),trente-six ans, contaminée lors d’unaccouchement ? Edmond Hervé,seul cette fois, a-t-il involontaire-ment causé la mort de Pierre Rous-

tan, sexagénaire hémophile, conta-miné par des dérivés sanguins nonchauffés entre avril et sep-tembre 1985, et de Hanattah Malik,alors âgée de vingt-huit ans, conta-minée, en avril 1985, lors d’une opé-ration du cœur ? Enfin, les trois mi-nistres ont-ils involontairementcausé la mort de Sarah, l’enfant decette jeune femme, contaminéetrois ans plus tard au stade mater-no-fœtal et décédée à l’âge de deuxans ?

Au-delà de la stricte saisine de laCour de justice, limitée à ces septplaintes (après étude parmi vingt-deux), c’est toute l’affaire du sangcontaminé, et son ombre chiffrée– les 4 400 cas de transfusés et hé-mophiles concernés, dont plus de lamoitié à ce jour ont développé lamaladie et 40 % sont décédés –, quisera soumise à l’examen de la juri-diction. Au travers de ces sept dos-siers individuels, seront pointées lestrois « fautes », relevées par lacommission d’instruction dans sonarrêt de juillet 1998, diversementimputables aux trois ministres.

1. L’absence de sélection chezles donneurs de sang. Ce volet del’affaire a signé, s’agissant descontaminations posttransfusion-nelles, la « sinistre exception fran-çaise » : expression des magistratsde la commission d’instruction. Carsi le taux de contamination des hé-mophiles est du même ordre degrandeur en France que dans lesprincipaux pays occidentaux, celuides transfusés est infiniment plusimportant (quatre fois l’Italie, cinqfois l’Espagne, six fois l’Allemagneet treize fois le Royaume-Uni).

Cette « sinistre exception » a ré-sulté notamment de la mauvaiseapplication, voire de l’inapplication,par les centres de transfusion san-guine (CTS), d’une circulaire de ladirection générale de la santé(DGS) datée du 20 juin 1983 quipréconisait d’écarter « les donneursà risque ». Or celle-ci n’a pas empê-ché, entre autres, les collectes derue ou dans les prisons, respon-sables, en 1985, de près de 40 % descontaminations des lots sanguinsservant à la transfusion.

La question posée à la Cour dejustice est donc de savoir si, commel’a estimé la commission d’instruc-tion, qui n’a relevé sur ce chapitreque la seule responsabilité d’Ed-mond Hervé, l’ancien secrétaired’Etat à la santé a « failli à sa mis-sion » en faisant preuve de « négli-gence », « en ne tirant pas (pendantplus d’un an) les conséquences de

l’inapplication de ses directives enmatière de prévention du sida » eten « sous-estimant le risque sani-taire ».

2. Les retards dans la mise enœuvre du dépistage systéma-tique.

Annoncé le 19 juin 1985 à l’As-semblée nationale par Laurent Fa-bius, le dépistage systématique duvirus du sida chez les donneurs desang a été rendu obligatoire au1er août suivant, par un arrêté mi-nistériel daté du 23 juillet. LesEtats-Unis (en mars), les Pays-Bas,

« Des retards fautifs,découlant du primatde l’économiquesur le sanitaire »

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la Norvège (en mai), l’Autriche etl’Italie (en juillet) avaient précédé laFrance. La Belgique, le Luxembourg(en août), la Grande-Bretagne etl’Allemagne (en octobre), le Canada(en novembre), le Danemark et laFinlande (en janvier 1986), la Suisse(en mai 1986) et l’Espagne (enmai 1987) la suivront.

Les éventuelles fautes soumises àl’appréciation de la Cour de justicerésultent du fait que, attachés à unestricte chronologie des prises de dé-cision françaises, les magistrats dela commission d’instruction ont re-levé ce qu’ils ont appelé « des re-tards fautifs, découlant du primat del’économique sur le sanitaire ». Tousconcernés, MM. Fabius et Hervé,Mme Dufoix, sont soupçonnésd’avoir bloqué « pendant plusieursmois » le dépistage systématique« pour des raisons commerciales »,afin de favoriser la firme française

Diagnostics Pasteur. Selon lacommission, les responsables de lasanté publique auraient sciemmentretardé l’enregistrement du test dedépistage américain Abbott au24 juillet 1985, qui se disait prêt, dèsdébut mars, pour la mise en placed’une telle mesure en France. Enfin,la Cour de justice devra examinerl’absence de mesures complémen-taires au dépistage, qui avaient étépréconisées par des groupes d’ex-perts : le non-remboursement des

tests par la Sécurité sociale ayantprovoqué, selon la commissiond’instruction, « un afflux de per-sonnes à risque vers les établissementsde transfusion sanguine » après le1er août, du fait de la non-création decentres de dépistage anonymes etgratuits. Et l’absence d’enquêtestransfusionnelles qui auraient per-mis de rappeler les personnes trans-fusées entre le 1er janvier 1980 et le31 décembre 1985, afin de leur pro-poser un test et d’éviter la propaga-tion de l’épidémie. La mesure ne se-ra décidée qu’en mars 1993.

3. Les retards dans l’inactiva-tion du virus du sida par lechauffage des produits antihé-mophiliques.

Par un arrêté daté du 23 juillet1985, les pouvoirs publics ont ins-tauré de fait une période transi-toire pendant laquelle, jusqu’au1er octobre, les centres de transfu-sion sanguine pouvaient commer-cialiser, aux côtés de produits anti-hémophiliques chauffés, desdérivés non chauffés. Or des étudestransmises à la direction généralede la santé, dès le premier trimestrede 1985, démontraient qu’ilsétaient tous contaminés. Sur cepoint, la Cour de justice devra ré-

pondre à la commission d’instruc-tion en ce qu’elle a estimé que,« après la publication [de l’arrêté dejuillet] qui portait en lui-même deseffets néfastes pour la santé pu-blique », « l’inaction » tant d’Ed-mond Hervé et de Georgina Dufoixétait « susceptible de caractériserdes fautes d’imprudence et de négli-gence » en relation avec les conta-minations.

Sur tous ces points, la défensedemandera la relaxe des prévenus.Ainsi, les avocats de Laurent Fabiusdevraient plaider que le gouverne-ment d’alors avait agi « dans desdélais conformes, sinon meilleurs,que ce qui a été fait dans d’autrespays ». Ils pourraient soutenir éga-lement que la firme américaine Ab-bott pratiquait du « bluff commer-cial ». Les conseils de GeorginaDufoix et d’Edmond Hervé de-vraient faire valoir que la questiondu chauffage des produits antihé-mophiliques demeurait du do-maine des experts.

Jean-Michel Dumay

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L E P R O C È S D U S A N G C O N T A M I N É LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 7

aux côtés du président Le GunehecPATRICKOLLIERDéputé RPRHautes-Alpes

a Ancien conseiller auprès du pre-mier ministre Pierre Messmer, puisauprès du garde des sceaux AlainPeyrefitte, dans les années 70, PatrickOllier, cinquante-quatre ans, députédes Hautes-Alpes, est l’un des seulsjuges à avoir pu expérimenter,comme il le dit lui-même, « le fonc-tionnement pratique d’un centre dedécision, à très haut niveau, lorsque leministre vous donne délégation de lereprésenter lors de réunions ».Administrateur de l’hôpital de Brian-çon et du centre de transfusion san-guine qui en dépend, il s’est penchésur les défaillances de fonctionne-ment du CNTS, a relu les comptesrendus du procès Garretta et consultédes médecins et des juristes.Conscient de sa lourde responsabi-lité, il avoue mal dormir la nuit depuisque le procès approche et demande :« A quoi servirait un jugement politiquesi c’est pour se retrouver, au lendemaindu verdict, seul avec sa conscience ? »

b Suppléant : Thierry Lazzaro(député RPR, Nord)Député du Nord, âgé de trente-huitans, Thierry Lazzaro est, avant tout,un cadre du RPR. Il fait partie desrares jeunes députés arrivés dans la« vague bleue » de 1993 qui ont sur-vécu à la débâcle de la droite en 1997.Ancien inspecteur des impôts, il aabandonné ses activités profession-nelles pour se consacrer entièrementà la politique, et Nicolas Sarkozy l’apromu à la tête de la fédération RPRdu Nord.

FRANÇOISCOLCOMBETDéputé PSAllier

a Magistrat, fils de magistrat,François Colcombet, député del’Allier, âgé de soixante et un ans,connaît parfaitement la machinejudiciaire. Membre fondateur etprésident du Syndicat de la magis-trature, dans les années 70, il afait fonction de « M. Drogue » dela ministre des affaires sociales,Nicole Questiaux, en 1982 et 1983,lorsque l’épidémie de sida estapparue parmi les toxicomanes.De 1986 à 1988, il a aussi présidéla 2e chambre civile de la courd’appel de Paris, qui a eu àconnaître des dossiers d’indemni-sation de victimes contaminées.Au sein de la CJR, il s’est battu envain pour que les parlementairesne revêtent pas la robe noire desjuges : « Nous jurerons en qualitéde député ou de sénateur, dit-il.Nous devons donc porter le cos-tume de notre qualité. » Fabiusien,il est membre du comité de rédac-tion de la revue Esprit, qui adénoncé la pénalisation de laresponsabilité politique desministres.

b Suppléant : Alain Vidalies(député PS, Landes)Député en 1988, battu en 1993,réélu en 1997, Alain Vidalies, qua-rante-sept ans, avocat, a fait toutesa carrière politique dans lesLandes où, fidèle de feu JeanPoperen, il s’est parfois opposé àHenri Emmanueli lorsque ce der-nier présidait le conseil général.

PHILIPPEHOUILLONDéputé DLVal-d’Oise

a Avocat au barreau de Pontoise,proche d’Alain Madelin, PhilippeHouillon, quarante-sept ans, députédu Val-d’Oise, défendra, au nom del’opposition, la présomption d’inno-cence lorsque ce volet de la réformede la justice viendra devant l’Assem-blée nationale. Plus familier du droitdes affaires que du droit pénal, sescollègues l’ont sollicité pour le prierde modérer les déclarations de... sonsuppléant, Charles de Courson(UDF), avec lequel il a cependanttravaillé le dossier.

b Suppléant : Charles de Courson(député UDF, Marne)Charles de Courson, quarante-sixans, député de la Marne, est devenul’un des juges les plus controversésde l’Assemblée. Surnommé le« Fouquier-Tinville » du Palais-Bourbon, ce magistrat de la Courdes comptes ne cache pas sadéfiance à l’égard de la « justice poli-tique ». A ses yeux, les responsablespolitiques doivent relever des juri-dictions de droit commun, commetout citoyen.Il n’a pas dissimulé, non plus, sonhostilité à l’égard de Laurent Fabius.En 1993, en pleine campagne pourles législatives, il l’avait violemmentattaqué dans un tract faisant réfé-rence à l’affaire du sang contaminé(Le Monde du 14 janvier). Cepen-dant, il se défend de toute partialitéet assure que « chacun doit, dans ceprocès, laisser ses opinions au ves-tiaire ».

CHRISTIANCABALDéputé RPRLoire

a Il ne devait être que le suppléantde Xavier Deniau (RPR), mais ladéfection de ce dernier, pour rai-sons de santé, donne à ChristianCabal, cinquante-cinq ans, députéde la Loire, une nouvelle et lourderesponsabilité. N’ayant pas lui-même de suppléant, sa défectionentraînerait l’arrêt du procès. Sescollègues multiplient donc lesrecommandations à son endroit.Professeur agrégé de médecine àSaint-Etienne, député depuis 1986,il est, depuis les débuts de l’affairedu sang contaminé, largement sol-licité par ses collègues, autant quepar ses électeurs, soucieux decomprendre les mécanismes scien-tifiques autant que politiques quiont abouti à ce drame.

La Cour de justice de la République siégerapour la première fois sous la Ve République

POUR la première fois depuis ledébut de la Ve République, troisanciens ministres s’apprêtent àrépondre d’une infraction pénalepour des faits qu’ils ont commisdans l’exercice de leurs fonctions.Ils seront jugés par la Cour de jus-tice de la République (CJR), unejuridiction ad hoc, à caractère poli-tique et judiciaire, qui siégera pourla première fois. Créé en 1993, laCJR est composée de douze parle-mentaires (six sénateurs et sixdéputés) et de trois magistratsprofessionnels : elle est le fruitd’un compromis entre la nécessitéde définir la responsabilité pénaledes ministres et la volonté despolitiques de garder une certainemaîtrise de ce processus.

b Création : la CJR a été crééepar la loi constitutionnelle du27 juillet 1993, qui dispose que« les membres du gouvernementsont pénalement responsables desactes accomplis dans l’exercice deleurs fonctions et qualifiés de crimesou délits au moment où ils ont étécommis ». Il s’agissait, en pleineaffaire du sang contaminé, declore la polémique née de la tenta-tive infructeuse des parlemen-taires de mettre en accusation lestrois anciens ministres socialistesdevant la Haute Cour.

Convaincus de la nécessité deréformer le système de mise en

responsabilité des ministres, lesparlementaires adoptent, dansl’urgence, une révision de laConstitution qui, en créant la CJR,met un terme à « l’infamie » queconstituait la Haute Cour.

b Organisation : la CJR peutêtre saisie par « toute personne quise prétend lésée par un crime ou undélit commis par un membre dugouvernement dans l’exercice de sesfonctions ». Il suffit de déposer uneplainte qui sera examinée par unecommission de requêtes chargéede faire le filtre des dossiers qui luisont soumis.

Composée de trois conseillers àla Cour de cassation, deux conseil-lers d’Etat et deux conseillers à laCour des comptes, la commissiondes requêtes ordonne le classe-ment de la plainte ou sa transmis-sion au procureur général de laCJR aux fins de saisine de lacommission d’instruction. Sesdécisions ne sont pas susceptiblesde recours.

Jugée recevable, la plainte estinstruite par la commission d’ins-truction de la CJR, composée detrois conseillers de la Cour de cas-sation. Quand l’instruction est ter-minée, elle renvoie le dossier auprocureur général près la CJR, quiprend ses réquisitions. La commis-sion d’instruction décide alors s’ily a lieu ou non de renvoyer les

ministres devant la formation dejugement de la CJR. Dans l’affairedu sang contaminé, la commissiond’instruction, qui instruisaitjusqu’alors pour « empoisonne-ment », a décidé, le 17 juillet 1998,de renvoyer Laurent Fabius, Geor-gina Dufoix et Edmond Hervépour « homicides involontaires etatteintes involontaires à l’intégritédes personnes ».

b Fonctionnement : la CJR, quisiégera pour la première foisdepuis sa création, doit tout inven-ter. Ses contours et ses attribu-tions ont été définis par une loiorganique du 23 novembre 1993,mais le texte est resté silencieuxsur nombre de détails, qui serevèlent cruciaux dans l’organisa-tion du procès.

La procédure suivie lors desdébats est celle des procès correc-tionnels, ce qui confère moins depouvoir au président de la CJR,Christian Le Gunehec, que dansune procédure criminelle. La ques-tion de la motivation ou non dujugement a longtemps fait débat :les juges de la CJR ont décidé, àl’issue d’une ultime réunion, demotiver le jugement qu’ils ren-dront (Le Monde du 4 février).

Les quinze juges de la Cour ontaussi décidé de leur tenue vesti-mentaire (ils porteront tous larobe noire des magistrats pour les

procès correctionnels) et de leurrémunération éventuelle (lesmagistrats professionnels reçoi-vent une prime, mais les juges par-lementaires ont refusé d’êtrerémunérés au-delà de leur indem-nisation d’élus).

Il a aussi été convenu que lesjuges parlementaires ne pose-raient pas directement de ques-tions aux témoins et aux prévenus.Ce sera, sauf exception, au pré-sident Le Gunehec de formuler lesquestions en leur nom.

b Les particularités du procèsdu sang contaminé : plusieursinconnues demeurent à l’ouver-ture du procès, liées, pour partie, àla nature du dossier. En premierlieu, le statut de la CJR interdit auxvictimes de se porter partie civileau procès, dérogeant en cela auxprincipes fondamentaux de la jus-tice pénale. Hormis les familles devictimes dont les plaintes ont étéretenues, et qui seront entenduesà titre de témoins par la Cour, lesvictimes n’auront pas l’occasionde faire valoir leur point de vue.Un « contre-procès » devrait donclogiquement s’organiser en margede l’audience, les associations devictimes étant bien déterminées àse faire entendre.

La deuxième particularité de ceprocès est le statut de l’accusation.Le ministère public, représenté parle procureur général près la Courde justice, Jean-François Burgelin,assisté de l’avocat général RogerLucas, a requis, par deux fois aucours de l’instruction, un non-lieucontre les trois anciens ministressocialistes. Sans partie civile etsans accusation formelle, le procèss’ouvre donc sur un déséquilibreinhabituel en droit pénal.

La troisième inconnue résidedans l’attitude des personnesappelées à témoigner devant laCJR, dont une partie est mise enexamen dans le volet non ministé-riel du sang contaminé (voir ci-contre). Certains témoins impor-tants ont annoncé leur intentionde ne pas déposer devant la CJR,considérant que leurs mises enexamen, qui devraient débouchersur leur renvoi devant une juridic-tion, entrent en contradiction avecleur statut de témoin.

Cécile Prieur

Le volet non ministériel de l’affaireOUTRE le procès des trois anciens ministres devant

la Cour de justice de la République (CJR), l’affaire dusang contaminé comporte un second volet, non minis-tériel, dans lequel d’anciens responsables administratifset sanitaires sont mis en cause. Ouverte fin 1993, l’ins-truction de la juge parisienne Marie-Odile Bertella-Gef-froy, qui a mis en examen trente-deux personnes pour« empoisonnement » ou « complicité d’empoisonne-ment », est désormais close. Dix-sept d’entre elles sontappelées à témoigner devant la CJR.

Les personnes mises en examen sont d’anciensmembres des cabinets des trois ministres, d’anciens res-ponsables de centres de transfusion sanguine, d’anciensfonctionnaires de la direction générale de la santé ainsique des médecins spécialistes de l’hémophilie. Il leur estreproché d’avoir contribué à freiner la mise à disposi-tion pour les hémophiles de produits chauffés noncontaminés par le virus du sida, d’avoir retardé la miseen place du dépistage systématique du virus du sidadans les dons de sang afin de favoriser la firme fran-çaise Diagnostics Pasteur et d’avoir collecté du sang

dans des milieux à hauts risques, notamment en milieucarcéral.

Mme Bertella-Geffroy a clos son instruction, quicomprend 126 tomes, le 21 octobre 1998. Elle attendaujourd’hui les réquisitions du parquet de Paris afin dedécider s’il y a lieu ou non de renvoyer les trente-deuxpersonnes mises en examen pour « empoisonnement »ou « complicité d’empoisonnement » devant une courd’assises ou un tribunal correctionnel. Elle va devoirtenir compte de l’arrêt rendu le 2 juillet 1998 par la Courde cassation, qui a restreint le champ de la qualificationd’empoisonnement.

La juge pourrait donc requalifier les faits, en choisis-sant soit une qualification délictuelle qui relèverait dutribunal correctionnel, soit la qualification de « violencesvolontaires ayant entraîné la mort sans intention de ladonner », qui relève, comme l’empoisonnement, de lacour d’assises. Sa décision pourrait peser sur le cours duprocès des trois anciens ministres devant la CJR.

C. P.

Un risque de « contre-procès » du fait d’un déséquilibre inhabituel en droit pénalPour la première fois, la Cour de justice de la Ré-publique va avoir à juger trois anciens ministres.Plusieurs particularités vont accroître le carac-

tère hors normes de ce procès : l’absence de par-ties civiles ; le fait que le procureur général a dé-jà requis un non-lieu en faveur de Mme Dufoix et

de MM. Fabius et Hervé. Le fait aussi que dix-sept témoins sont mis en examen dans le voletnon ministériel du dossier.

Six ans de procédureb 1992– 5 octobre : la juge d’instructionSabine Foulon se déclareincompétente pour instruire uneplainte pour « empoisonnement »contre Laurent Fabius, GeorginaDufoix et Edmond Hervé. Lesministres ne peuvent être jugésque devant la Haute Cour.– novembre : Laurent Fabiusdemande à s’expliquer devant unjury d’honneur et propose uneréforme constitutionnellepermettant de renvoyer lesministres devant une juridictionordinaire. Quelques jours plustard, François Mitterrand estimedu « devoir » des parlementairesde faire fonctionnernormalement la Haute Cour enattendant une réforme« indispensable ».– 19 et 20 décembre : après queLaurent Fabius a accepté de fairedéposer une nouvelleproposition de résolution levisant lui-même, l’Assembléenationale et le Sénat adoptentdans les mêmes termes, et à laquasi-unanimité, une résolutionmettant en accusation M. Fabius,Mme Dufoix et M. Hervé pour« non-assistance à personne endanger ». Le dossier est renvoyédevant les cinq magistrats de lacommission d’instruction de laHaute Cour, composée deconseillers à la Cour decassation.b 1993– 5 février : la commissiond’instruction de la Haute Courconstate que les délits retenuscontre les trois anciens ministressont prescrits. Elle renvoiel’affaire devant le Parlement afinqu’il vote une nouvelle mise enaccusation sur le fondement del’homicide involontaire, laprescription étant plus tardivepuisqu’elle commence le jour dudécès de la victime.– 27 juillet : adoption de la loiconstitutionnelle créant la Courde justice de la République (CJR),nouvelle juridiction chargée dejuger les ministres pour lescrimes et délits commis dansl’exercice de leurs fonctions.

b 1994– 20 janvier : une première plaintepour « empoisonnement » estdéposée devant la CJR contreM. Fabius, Mme Dufoix et M. Hervé.– 18 juillet : la commission desrequêtes de la CJR ayant déclarérecevables les onze plaintesdéposées contre les anciensministres, une informationjudiciaire est ouverte par leprocureur général pour« administration de substancesnuisibles à la santé ». Elle estconfiée à la commissiond’instruction de la CJR.– 20 septembre : la commissiond’instruction requalifie les faits en« complicité d’empoisonnement ».– 27-30 septembre : GeorginaDufoix, Edmond Hervé et LaurentFabius sont mis en examen pour« complicité d’empoisonnement »par la commission d’instruction dela CJR.b 1997- 11 mars : le procureur généralprès la Cour de justice,Jean-François Burgelin, rend unréquisitoire de non-lieu pour lestrois anciens ministres. Il estimeque la « responsabilité politique »ne relève pas du droit pénal.– 13 mars : la commissiond’instruction de la CJR décide depoursuivre son instruction aprèsque la juge Bertella-Geffroy lui acommuniqué de nouveauxdocuments.b 1998– 11 juin : le procureur général prèsla Cour de justice requiert unnouveau non-lieu contre les troisanciens ministres. Il estime que legouvernement a, en 1985, agi dansdes « délais conformes ».– 2 juillet : saisie d’une autreaffaire, la Cour de cassationredéfinit le crimed’empoisonnement en estimantque « la seule connaissance dupouvoir mortel de la substanceadministrée ne suffit pas àcaractériser l’intention homicide ».– 17 juillet : la commissiond’instruction renvoie les troisanciens ministres devant la CJR.Elle requalifie les faits en« homicides involontaires et atteintesinvolontaires à l’intégrité despersonnes ».

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LeMonde Job: WMQ0902--0008-0 WAS LMQ0902-8 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:08,11, Base : LMQPAG 53Fap:100 No:0332 Lcp: 700 CMYK

8 / LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 L E P R O C È S D U S A N G C O N T A M I N É

Douze députés et sénateurs en robe de juge aux cotés du président Le GunehecFRANÇOISAUTAINSénateur PSLoire-Atlantique

a Militant socialiste de longuedate, François Autain, médecingénéraliste, sénateur de la Loire-Atlantique, âgé de soixante-troisans, a surtout fait carrière en poli-tique. Trois fois secrétaire d’Etatdans les gouvernements de PierreMauroy, notamment auprès duministre des affaires sociales, ilconnaît de l’intérieur l’énormeadministration de la santé et desaffaires sociales.Fabiusien, il continue aujourd’huià s’occuper d’affaires sociales ausein du conseil de surveillance dela Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs salariés.

b Suppléant : Claude Saunier(sénateur PS, Côte-d’Armor)Professeur d’histoire et de géogra-phie, entré dès les années 60 enpolitique, autrefois proche de JeanPoperen, Claude Saunier, sénateurdes Côtes-d’Armor, est maire deSaint-Brieuc. A ce titre, il est doncune des figures politiques dudépartement voisin de celui del’ancien ministre Edmond Hervé,maire de Rennes et député d’Ille-et-Vilaine. Les deux hommes seconnaissent bien, comme tous les« Bretons du PS ».

MICHELDREYFUS-SCHMIDTSénateur PSTerritoire de Belfort

a Avocat, Michel Dreyfus-Schmidt, soixante-six ans, séna-teur du Territoire de Belfort, étaitdéjà juge titulaire de la HauteCour de justice en 1993. Il a été éluà la même place au sein de la Courde justice de la République dès lacréation de cette dernière.Membre du comité directeur duCRIF et ancien président de lasection française du Congrès juifmondial, il a toujours dénoncéles attaques antisémites dontM. Fabius, dont il est proche, a pufaire l’objet. Par ailleurs, dès lespremières réunions des juges par-lementaires, il s’est élevé en vaincontre le port de la robe noire desjuges de tribunaux correctionnels,tenue qu’il considère comme illé-gale pour les élus.

b Suppléante : Josette Durieu(sénatrice PS, Hautes-Pyrénées)Professeur d’histoire-géographie,Josette Durieu, fabiusienne, est ladeuxième femme parmi les juges.Entrée dans la carrière politique en1985, âgée de soixante et un ans,sénatrice des Hautes-Pyrénées,elle s’est spécialisée, jusqu’ici,dans les questions européennes.

LUCDEJOIESénateur RPRLoire-Atlantique

a Notaire (il a même été présidentde l’Association des notaires deFrance), Luc Dejoie, sénateur de laLoire-Atlantique, assure avoirl’habitude de « la discrétion » etdes « affaires sensibles ». Il n’avait,en son temps, suivi que de loin leprocès Garretta et n’a pas vouluconsulter d’experts ou de scienti-fiques sur le dossier du sangcontaminé.« Seuls les faits et les témoignagesexposés en audience compteront »,explique-t-il, en assurant qu’il estcertain que « tout caractère parti-san » sera exclu au procès. Pré-sident de conseil général, âgé desoixante-huit ans, il a largementdélégué ses attributions à ses vice-présidents, mais compte revenirdans son département durant lesweek-ends.

b Suppléant : Patrice Gélard(sénateur RPR, Seine-Maritime)Professeur de droit, membre de lacommission des lois du Sénat etrapporteur pour avis du budget dela justice, Patrice Gélard, sénateurde la Seine-Maritime, est unexpert de la matière juridique plusqu’un familier du système judi-ciaire. Au Sénat, ce parlementaireâgé de soixante ans est l’un desadversaires les plus constants duprojet de loi sur la parité et duPACS.

PAULMASSONSénateur RPRLoiret

a Corrézien d’origine, Paul Mas-son, soixante-dix-huit ans, séna-teur du Loiret, est « donc » chira-quien de cœur. Après avoir débutésa carrière dans les anciennescolonies françaises, il est devenupréfet. Il a dirigé le cabinet duministre de la défense, en 1978.Membre de la commission desaffaires étrangères et de la défensedu Sénat, il s’est spécialisé dans lesaffaires de sécurité, de coopéra-tion judiciaire et de gendarmerie.

b Suppléant : René-GeorgesLaurin (sénateur RPR, Var)Croix de guerre, médaille de laRésistance, médaille des Evadés,René-Georges Laurin est un hérosde la seconde guerre mondiale. Cenotaire de soixante-dix-sept ans,maire de Saint-Raphaël, sénateurdu Var, est entré en politique dès1944 au côté du général de Gaulle,dont il fut l’attaché de presse en1947. Parlementaire depuis 1958, ilétait déjà membre de la HauteCour en... 1959.

HUBERTFALCOSénateur DLVar

a Après avoir commencé sa viedans l’entreprise, Hubert Falco,cinquante et un ans, sénateur etprésident du conseil général duVar, est très vite entré en politiqueà la fin des années 60. Il avait déjàattentivement suivi le premierprocès Garretta mais a consulté,depuis, de nombreux médecins etjuristes. Refusant l’idée d’un pro-cès politique, il ne croit pas àl’apparition d’un clivage droite-gauche et assure : « C’est l’hommequi, en moi, se déterminera, bienplus que l’élu. »

b Suppléant : José Balarell(sénateur DL, Alpes-Maritimes)Avocat honoraire au barreau deNice, membre de la commissiondes lois du Sénat, José Balarello,soixante-douze ans, sénateur desAlpes-Maritimes, longtemps pré-sident de l’office HLM de Nice, futun proche de Jacques Médecin.

JEAN-JACQUESHYESTSénateur UDFSeine-et-Marne

a Déjà élu à la Cour de justice dela République lorsqu’il étaitdéputé, Jean-Jacques Hyest a étéreconduit dans cette responsabi-lité au Sénat, qu’il a rejoint, en1995, comme élu de Seine-et-Marne. Agé de cinquante-cinq ans,ce fonctionnaire territorial, à l’ori-gine, passe pour bien connaître ledroit et le monde judiciaire.Edouard Balladur, alors premierministre, l’avait choisi pour unemission sur la formation desmagistrats et des avocats, en 1994.« J’ai toujours su que la responsabi-lité du juge est une responsabilitéécrasante », dit-il. Il a longtempscôtoyé Edmond Hervé et LaurentFabius lorsqu’il était député ; il lesconnaît bien et les estime, maisassure n’avoir jamais évoqué leprocès avec eux.

b Suppléant : Jean-Marie Poirier(sénateur UDF, Val-de-Marne)Ancien conseiller d’Etat, norma-lien, agrégé d’anglais, Jean-MariePoirier, soixante-neuf ans, a choisila carrière politique après un courtpassage, en 1959, au cabinet deRoger Frey, alors ministre del’information. Giscardien, il a étéporte-parole de l’ancien présidentlors de sa dernière année à l’Elyséeet jusqu’à sa défaite, en 1981.

Le combat de Sylvie Rouy, contaminéele 2 août 1985 par le virus du sida

SYLVIE ROUY en veut beau-coup aux politiques. Et un peu audestin, qui lui a valu d’être la« dernière morte d’une guerre,après l’armistice ». C’est le 2 août1985 que le virus du sida lui a étéinoculé. Elle venait d’accoucher deson premier fils, à l’hôpital d’Evry(Essonne).

Une transfusion sanguine lui futprescrite pour compenser unelégère anémie. La veille, le 1er août,prenait effet l’arrêté du 23 juillet1985 imposant de tester les lotssanguins pour y dépister des anti-corps anti-VIH.

Ce règlement ne prévoyait pas lavérification des réserves de sangprélevées auparavant. « Et moi,di t-elle le plus calmement dumonde, j’ai reçu des stocks, du sangdatant des premiers mois de 1985. »La maladie, en apparence, n’a pasfait son chemin.

On en chercherait vainement latrace sur le visage rond et lumi-neux de cette jeune femme detrente-six ans. L’apparencetrompe, pourtant : « Mon corpsaccepte mal la trithérapie. Quand leréveil sonne, le matin, il me faut dixminutes avant de pouvoir me désen-gourdir et marcher. Je me sens ter-riblement fatiguée. »

Le 26 août 1987, Sylvie Rouydonnait naissance à son deuxièmefils, dans le même établissementhospitalier. Le mois suivant, coupde téléphone du médecin-accou-cheur à son domicile. La date de latransfusion subie lors du permieraccouchement étant « critique »,ce dernier l’informe qu’il a prati-qué sur elle un test de dépistagedu sida. Que ce test s’avère positif.Qu’il faudrait donc qu’elle se fassesuivre et soumette son mari et sesenfants à des tests. « Et il a raccro-ché... »

Sylvie peine à se remémorer cequ’elle a ressenti à ce moment pré-cis. La mémoire a fait œuvre sélec-tive. « Il me semble, en fait, que jen’ai pas réagi. Parce que, àl’époque, le sida, on ne savait pastrop ce que c’était. On n’avait pasencore vu les mourants à la télé. »Son médecin traitant, pendant unan, se contente de lui prescrire destests mensuels pour vérifier saséropositivité.

« Il était totalement démuni, lepauvre... » C’est un jeune médecin,

consulté un jour par hasard, quil’oblige à se frotter pour de bon àla maladie. Il l’interroge sur sontaux de T4 (lymphocytes). Unvocabulaire abscons pour Sylvie,qui s’initiera vite, néanmoins, unpremier bilan sanguin la condui-sant tout droit à l’hôpital.

En 1996, alors que la maladies’est déclarée depuis six ans, lesmédecins du CHU de Nancy lajugent « au seuil de la mort ».Après trois mois passés enchambre stérile, elle ne pèse plusque trente kilos, ne marche plus,ne parle plus, s’injecte elle-mêmeà longueur de journée de la mor-

phine grâce à une pompe. « Il yavait autour de moi une odeur deterre mouillée. Une odeur de mort. »

Elle décide d’aller « mourir tran-quillement » chez elle, projet heu-reusement contrecarré par le pro-fesseur Jacques Leibowitch,consulté à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine). Sous trithérapie, Sylviereprend vite du poil de la bête.

« Dans mon malheur, estime-t-elle, j’ai eu une grande chance. » Lebon médecin. Un mari et desenfants qui n’ont pas été contami-nés, malgré la longue périoded’ignorance de leur état sérolo-gique. L’absence de maladiesopportunistes, mis à part deuxzonas. Pour un peu, elle passeraitsous silence tout le reste, ce qui est« dur à vivre ». Comme le fait quesa maladie l’ait contrainte d’aban-donner un métier de surveillantepénitentiaire qu’elle aimait.

Un beau jour de retour devacances, le directeur de la maisond’arrêt où elle travaille lui proposeun poste fixe : la « porte de déten-tion », pièce vitrée de deux mètrescarrés d’où se commande l’ouver-

ture de portes permettant d’accé-der aux cellules.

« Je me voyais mal resterhuit heures par jour dans une bulleen verre sans contact avec mes col-lègues. Mentalement, ça ne meconvenait pas. Ça faisait sidato-rium. » En cas de refus, lui fait-onsavoir, c’est le départ ou le« comité de réforme » et la longuemaladie. « Là, j’ai compris que ledirecteur savait... »

A son syndicat, l’USP (Unionsyndicale pénitentiaire), auquelelle demande d’intervenir, le direc-teur laissera entendre qu’elle asans doute la cuisse bien légère

pour avoir été contaminée de lasorte. Le regard perdu dans le vide,Sylvie ajoute : « Je n’oublieraijamais. »

Cet épisode la convaint de selancer dans la bataille. Elleinforme ses deux garçons de cinqet sept ans de sa maladie, évoqueson exclusion professionnelle dansles médias régionaux, ne cacheplus sa maladie dans sa bourgadede 10 000 habitants. « Il faut voir,poursuit-elle, comment mes col-lègues parlaient des détenusmalades du sida, avant de savoirque je l’avais ! C’est pour ça quej’étais triste de quitter la prison. Lesvoyous qui avaient le sida, je leurglissais des petits mots pour leurfaire comprendre qu’on était dansla même galère. » Depuis deux ans,elle fait fonction de greffièreauprès d’un juge d’application despeines.

Bien plus que sa carrière, c’estson fils aîné qui l’inquiète. Commeil alternait les notes excellentes etmédiocres, elle l’a emmené chezun pédopsychiatre, qui lui a faitremarquer la concomitance entremauvais résultats scolaires et

dégradation de l’état de santé desa mère. « Mon fils a fini par direau psychiatre que, s’il n’était pas né,je ne serais pas malade. »

La tête inclinée pour cacherl’émotion qui la gagne, elle avoueson soulagement de voir appro-cher la date du procès : « Je peuxlui dire : “Tu vois, le procès va setenir. Ce n’est pas toi le coupable.” »Pour l’épargner, elle prend sur elleen permanence. Parce qu’ellel’amène chaque matin à l’école,elle ne peut se permettre de resterà la maison, les matins de grandefatigue. « J’avale des vitamines, etj’y vais. La maladie, on la vit seule.C’est trop lourd pour les autres. »

Chaque matin, elle pense auprocès à venir. « Un pour Fabius,un pour Dufoix, un pour Hervé », sedit-elle en ingurgitant les troiscachets de son traitement. « Si jesurvis jusqu’au 9 février, ces cachetsauront peut-être servi à quelquechose. Je représenterai tous ceux quine sont plus là pour témoigner. »

Elle n’attend pas vengeance,mais justice. « La France nous doitbien ça. » Une sanction pénale, dela prison, « ce à quoi les accusésauraient droit s’ils étaient desimples ouvriers, et comparaissaientaux assises pour homicide ». « Dansles milieux autorisés, on savait déjàau moment de ma transfusion quecinquante personnes étaient conta-minées chaque semaine. La preuve,c’est que les proches des politiquesne se faisaient pas transfuser... Onn’a pas hésité à sacrifier des vieshumaines pour attendre que le testde l’Institut Pasteur soit prêt, pourdéfendre les intérêts économiquesde la France. »

Elle craint pourtant une « paro-die de procès ». Les politiques neseront-ils pas jugés « par des dépu-tés, des potes » ? Les victimes,simples témoins, et non partiesciviles, ne se contenteront-ils pasde répondre sagement à des ques-tions, « sans pouvoir dire à Fabiusce qu’on pense de lui » ?

Plus qu’en la justice, Sylvie croiten la médecine. Elle ose espérerqu’un remède sera trouvé à sonmal « et que, si c’est un autre paysque le nôtre qui fait cette décou-verte, on ira frapper à sa porte sansattendre nos industriels ».

Pascale Krémer

« Un pour Fabius, un pour Dufoix,un pour Hervé. (...) Si je survisjusqu’au 9 février, ces cachetsauront peut-être servi à quelque chose.Je représenterai tous ceuxqui ne sont plus là pour témoigner »

Elle est une des sept victimes dont la plainte a été retenue par la Cour de justice de la RépubliqueLe 2 août 1985, alors qu’elle venait d’accoucherde son premier fils, Sylvie Rouy fut contaminéepar le virus du sida à la suite d’une transfusion

sanguine à l’hôpital d’Evry (Essonne). La veille,le 1er août 1985, était entré en vigueur l’arrêtéimposant de tester tous les dons de sang. Elle

craint une « parodie de procès ». Les anciens mi-nistres, nous dit-elle, « ne seront-ils pas jugéspar des potes ? ».

Dossier réalisé par Raphaëlle Bacqué et Cécile Prieur. Lire aussi page 13

le portrait du président Le Gunehec

La crainte des élusface à la « judiciarisation »

La plupart d’entre eux prônentla modération envers Laurent Fabius,

Georgina Dufoix et Edmond HervéIL Y A ENCORE quelques an-

nées, plusieurs d’entre eux, no-tamment à droite, avaient très du-rement fustigé les trois anciensministres, dans l’affaire du sangcontaminé. Aujourd’hui, très raressont les responsables politiquesqui ne réclament pas que l’onfasse preuve de mesure à l’égardde Laurent Fabius, de GeorginaDufoix et d’Edmond Hervé et quine mettent pas en garde contre latentation de pénaliser ou de « ju-diciariser » l’action politique.

François Hollande (PS) et Ro-bert Hue (PCF) ont franchementémis des réserves, dimanche 7 fé-vrier, sur la légitimité même duprocès des trois anciens ministressocialistes. « Je pense que la justicedoit faire son travail, mais ne doitpas se substituer au débat démocra-tique et à ce que peut sanctionner lepeuple, c’est-à-dire, le jour del’élection, le suffrage universel », aainsi déclaré M. Hue sur TF1. Invi-té de l’émission « Public », le se-crétaire national du PCF a expri-mé le souhait d’une « clarificationdu rapport entre la responsabilitépénale et la responsabilité poli-tique », en évoquant des « dé-rives » et « une sorte de chasse àl’homme politique ». « Il faut effec-tivement que, pour les Français, ilsoit bien clair qu’il n’y a pas de trai-tement de faveur parce qu’on estpolitique, mais, en même temps, at-tention à cette évolution, à cette pé-nalisation de la vie politique », a-t-il dit.

M. Hollande souhaite, pour sapart, que le procès « fasse appa-raître la vérité ». « On aurait pu s’yprendre différemment. On auraitpu éviter de traduire deux hommeset une femme qui avaient une res-ponsabilité politique mais pas for-cément une responsabilité pénale »,a dit le premier secrétaire du PS au« Club de la presse d’Europe 1 ».

L’opposition affiche le plussouvent des considérations sem-blables. Christine Boutin (UDF) ainvité chacun à reconnaître « lesdrames » des familles, « mais éga-lement les limites humaines ». Her-vé de Charette (UDF) est allé plusloin, jugeant « tout à fait inéqui-table » que M. Fabius soit « traînédevant » un tribunal. S’exprimantsur le sens du procès, FrançoisLéotard a défendu les prévenus,

qui avaient pris « les décisionsjustes et courageuses ». Laurent Fa-bius, notamment, a reçu desmarques de solidarité de plusieurspersonnalités de droite. « J’ai ditpersonnellement un certain nombrede bêtises, j’ai pu être blessant à sonégard », a déclaré Eric Raoult(RPR), le 5 février, sur France-In-ter, avant d’estimer qu’il faut au-jourd’hui « aborder ce dossier avecbeaucoup de mesure ». Même Pa-trick Ollier (RPR), pourtant jugetitulaire à la CJR, a affirmé à sontour que l’attitude de M. Fabius« force le respect ». Jacques Tou-bon (RPR) a cependant tenu àsouligner qu’« il faut que leshommes politiques acceptent d’êtrejugés ».

TONALITÉ DIFFÉRENTELa question de la responsabilité

est posée par tous. Ainsi, le pré-sident du Sénat, Christian Ponce-let (RPR), considère qu’« il y a desactes qui pourraient être traduitsdevant un tribunal administratif,mais pas devant un tribunal pé-nal ». Selon lui, il est « urgent de sepencher sur la sécurité juridiquedes élus ». Michel Charasse, séna-teur (PS) du Puy-de-Dôme, invitédu « Forum de Radio-J », a dénon-cé la « judiciarisation perma-nente », estimant que cela« conduit la République à de gravesdéboires ». « A force de tout res-ponsabiliser, cela a déjà provoqué,en ce qui concerne les maires, le re-trait de 40 % d’entre eux aux der-nières élections municipales. Et celaprovoque surtout le fait que plusaucun élu ne fait rien », a ajoutél’ancien ministre.

Seuls Charles Pasqua (RPR) etLaurent Dominati (DL) ont donnéune tonalité un peu différente, quia parfois choqué dans leur proprecamp. « La justice innocentera s’il ya innocence », a ainsi laconique-ment commenté M. Pasqua, inter-rogé, le 3 février, sur France-Info.Le même jour, dans les couloirs del’Assemblée nationale, M. Domi-nati, secrétaire général de DL,s’est « étonné des campagnes desolidarité » des socialistes à l’égarddes anciens ministres, « car cen’est pas un procès politique, c’estun procès de justice ».

Rle. B

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10 / LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 F R A N C E - S O C I É T É

« Le chef de l’Etat a un devoir d’impartialité »Le député européen Jean-Louis Bourlanges (UDF), vigoureux par-

tisan d’une liste UDF aux élections européennes face à celles duRPR et de DL, a déclaré, dans un entretien au Journal du dimanche(du 7 février), que, « pour que la majorité présidentielle sorte indemne,voire renforcée de l’élection européenne, le chef de l’Etat a un devoird’impartialité entre le RPR et l’UDF ».

« Ceux qui ont joué à fond la carte de l’intransigeance n’ont-ils pas enfait cherché à piéger le président ? », demande M. Bourlanges, avantde juger que, « des trois listes de l’opposition républicaine, celle del’UDF est la plus proche des engagements présidentiels, tant sur l’euroque sur le refus de toute connivence avec l’extrême droite ». Il estime,enfin, que « si Jacques Chirac avait vraiment voulu une liste unique, ils’y serait pris autrement ».

BORDEAUXde notre envoyée spéciale

Sagement, les conseillers natio-naux de l’UDF ont levé la mainpour approuver leur projet euro-péen et le principe d’une liste au-tonome aux élections euro-péennes. Avec mesure, ils ontapplaudi les orateurs qui alter-naient à la tribune. Sans excès, ilsont confirmé au président de leurparti, François Bayrou, qu’ils at-tendaient de lui qu’il menât lacampagne. « Puisque vous le voulez,et si votre bureau politique en dé-cide ainsi dans quelques jours, jeconduirai » la liste UDF, a finale-ment acquiescé M. Bayrou, enconcluant la réunion du conseilnational de l’UDF, convoqué àBordeaux dimanche 7 février.

Le sort en était joué depuis unequinzaine de jours, mais la déci-sion est désormais officielle :l’UDF partira sous ses proprescouleurs au scrutin du 13 juin. Siles centristes sont encore loind’avoir trouvé l’allant et le dyna-misme indispensables à une cam-pagne électorale réussie, ils ont, aumoins, fait la démonstration qu’ilssont tous d’accord pour y partici-per. De Bernard Bosson à Hervé deCharette, en passant par Alain La-massoure et Pierre Méhaignerie,pas un responsable n’est venu sou-tenir le contraire à une assemblée

dont l’opinion était faite. MêmeJacques Barrot, initialement l’undes plus fervents partisans d’uneliste d’union de l’opposition,absent dimanche pour cause d’in-disposition, a concédé, dans unmessage aux participants, que « lesconditions » de l’union « nesemblent pas être aujourd’hui réu-nies ».

« À LA REMORQUE DE PERSONNE »Concis, le billet de Raymond

Barre résumait, en peu de mots, lespréoccupations des centristes :« L’UDF veut ainsi prouver qu’elleexiste, a écrit l’ancien premier mi-nistre. Je m’en réjouis. Je souhaiteque ses élus, ses militants se mobi-lisent et entraînent de nombreuxélecteurs à voter pour cette liste.Mais la présence compte plus, dupoint de vue politique, que le résul-tat obtenu. Celui-ci montrera, entout état de cause, que l’UDF peutpeser dans les élections françaises àvenir. Personne ne peut soutenir debonne foi que l’UDF est prête à desmanœuvres politiciennes : elle estdans l’opposition et entend y rester.Mais elle n’est à la remorque de per-sonne et entend se déterminer selonses principes et ses convictions. »

De fait, chacun ayant en mé-moire le score de la liste conduitepar Simone Veil en 1989 (8,42 %),personne ne s’est aventuré à for-

muler le moindre pronostic pour lesoir du 13 juin. « Je sais que c’est unrisque, a reconnu M. Bayrou, maisle pire risque eût été de ne rien faire,de ne rien dire, de nous taire, parconfort et par conformisme, et, aubout du compte, de disparaître. »De fait, aussi, le ressentiment àl’égard du RPR, aigu depuis lesconditions de l’élection de la nou-velle présidente du conseil régio-

nal Rhône-Alpes, était flagrant,comme en ont témoigné les ap-plaudissements, un peu plus nour-ris que les autres, qui ont salué laprésence d’Anne-Marie Compari-ni. « Le fait est qu’on nous a claquéla porte au nez », a résumé M. deCharette à propos du RPR, en uneformule qui a fait florès.

A l’endroit du RPR, en général,et de Philippe Séguin, en parti-

culier, M. Bayrou s’est chargé deformuler les critiques les plus sé-vères. Revenant sur l’épisode deRhône-Alpes, un « révélateur », leprésident de l’UDF a déclaré : « Onpouvait comprendre que nous ayonsdes divergences. Que l’on changed’avis trois, quatre fois dans lamême journée, c’est déjà plus diffi-cile à comprendre. Mais il est carré-ment inacceptable qu’immédiate-ment après ce soient des injures, desdiffamations, un ton que l’on n’uti-lise pas à l’égard de ses pires enne-mis ! » M. Bayrou a déploré que leRPR ait tenté d’« imposer » M. Sé-guin comme tête de liste à l’UDF,« par intimidation », « le seul qui,sur le sujet [de l’Europe], ne pouvaitpas être rassembleur ».

« ADDITIONNER LES SOUTIENS »« C’eût été admettre que nos

concitoyens ont raison lorsqu’ilspensent qu’un homme politiquepeut changer d’avis et de convictioncomme de chemise », a ironiséM. Bayrou. « Nous ne sommes pasdes eurobéats, mais nous n’allonspas vers l’Europe avec des mines dechien battu », a-t-il ajouté, répon-dant ainsi aux propos tenus laveille par M. Séguin (lire ci-des-sous), en présence de Wilfrid Mar-tens, président du Parti populaireeuropéen et de son groupe au Par-lement de Strasbourg.

L’ancien ministre de l’éducationa revendiqué, pour l’avenir, une« opposition plurielle », où le RPRet l’UDF soient « à égalité de droitset de devoirs ». Cette opposition, illa situe dans le cadre d’une « majo-rité présidentielle ». Et, puisqueJacques Chirac serait « une réfé-rence commune », le président del’UDF s’est empressé de placer safuture liste sous son haut patro-nage, pour ne pas laisser au RPR lemonopole du président de la Ré-publique. « Certains ont entreprisde l’entraîner sous leur bannière, a-t-il déclaré. Ce n’est pas rendre ser-vice à la fonction présidentielle quede vouloir l’attirer dans le jeu despartis. L’intérêt du président de laRépublique, c’est qu’il puisse addi-tionner les soutiens, faire des addi-tions, et non pas subir des soustrac-tions », au soir du 13 juin, a plaidéM. Bayrou. A droite, la campagneélectorale a commencé sur les cha-peaux de roue.

Cécile Chambraud

Philippe Séguin veut incarner, seul, l’union de l’oppositionQUAND le haut fonctionnaire

Philippe Séguin donnait des coursà Sciences-Po et trouvait une co-pie « hors sujet », il s’arrêtait à ladeuxième page et, magnanime, ilne mettait pas de note. Samedi6 février, le président du RPR, Phi-lippe Séguin, a trouvé deux listes« hors sujet », parmi celles qui sepréparent pour les élections euro-péennes : la liste UDF que condui-ra François Bayrou et celle deCharles Pasqua. Magnanime, il neleur a pas attribué de score.

Les affiches sont prêtes, « Eu-rope-Séguin », sur le modèle decelles qui avaient assuré le succèsde l’élection présidentielle de1995, « Chirac-Séguin ». Les tee-shirts sont déjà imprimés : « Lesjeunes avec Séguin ». Les bande-roles garantissent : « Séguin, j’ycrois », « Rhône-Alpes avec Sé-guin ». Officiellement, M. Séguinn’est pas encore candidat auxélections européennes. Il attend,pour ce faire, la réunion, samedi13 février, du conseil national dumouvement gaulliste. L’accueilorganisé que lui ont réservé plusd’un millier de jeunes du RPR, sa-medi, dans une salle du Louvredestinée d’ordinaire à la présenta-tion des collections de haute cou-ture, avait seulement valeur de pi-qûre de rappel.

Plus d’une heure durant, lagarde rapprochée du président afait monter la pression, à la ma-nière des « shows » télévisés.Vincent Roger, son propre chef decabinet, ancien secrétaire à la jeu-nesse : « Un seul jour, un seul tourpour mettre la pâtée à Jospin ! »Roger Karoutchi, ancien directeurde cabinet et député européen :

« Cette liste conduite par PhilippeSéguin sera, j’en suis convaincu, entête de toutes les listes. » FrançoisFillon, en compagnon fidèle : « Il ala force d’Obélix, l’astuce d’Astérix,la sagesse de Panoramix. » Mêmesi, reconnaît le porte-parole duRPR, « depuis quelque temps, on aperdu la recette de la potion ma-gique ». Nicolas Sarkozy, enfin :« Le RPR est la première force d’op-position aux socialistes. »

CIMETIÈRE DES AMBITIONSLa chose est entendue. D’ici au

13 juin, date du scrutin, il y aura laliste d’union de l’opposition,conduite par le président du RPR,et des petites listes. Aussi sera-t-il« inutile de croiser le fer avec ceuxqui, pour un motif ou un autre, se-ront hors sujet ». « Le problèmen’est pas de savoir si l’on est pourou contre l’Europe (...). Le pro-blème est de savoir quelle Europenous voulons », a précisé M. Sé-guin.

Impérial, le député des Vosgesest sans illusions : « S’agissant des

ambitions personnelles, les euro-péennes ressemblent plutôt au ci-metière des éléphants. » Mais, foindes hésitations des semaines pas-sées, « nous allons y aller », pourexpliquer « dans un immense effortpédagogique » ce qu’est l’Europe.« C’est notre devoir. C’est mon de-voir », estime le président du RPR.

D’un côté, il y a l’Europe des so-cialistes, « un super-Etat, avec desuper-impôts et de super-contraintes ». De l’autre, il y al’Europe de Jacques Chirac, l’« Eu-rope unie des Etats » qui n’est« pas un alibi au renoncement na-tional, mais le levier qui doit favori-ser la modernisation du pays ».« Aux dires de certains, les électionseuropéennes [n’ont] aucune portéeintérieure (...). Comment peut-ondire des choses pareilles ? » Voilàpour Charles Pasqua.

Pour ceux – l’UDF en l’oc-currence – qui se préoccupent de« boutique » et qui allaient se réu-nir, le lendemain, à Bordeaux, letrait est plus développé et plusmordant : « La proportionnelle au-

torise toutes les fantaisies. Alors, onen profite souvent pour s’ébrouer, sedivertir et même se dissiper. »Ceux-là souhaitent « à toute forcepasser à la toise du suffrage » pour« affirmer leur identité ou, plussimplement encore, rappeler leurexistence ». Du reste, à quoi ontbien pu servir, si on mesure dansla durée, les scores réalisés dans lepassé par les listes conduites parBernard Tapie ou Philippe de Vil-liers, s’interroge sans pitié M. Sé-guin ?

SACRIFICE PERSONNELLe RPR est sans illusions. Il

n’obtiendra sans doute pas la cau-tion qu’il aurait pu espérer du pré-sident de la République s’il étaitparvenu à entraîner dans son sil-lage à la fois l’UDF et Démocratielibérale. « Les conséquences poli-tiques des élections européennes[sont] généralement assez imprévi-sibles. Quoique à peu près toujoursaberrantes. Plus précisément en-core, elles s’apparentent à un vraijeu de massacre... Ou, n’ayons paspeur des mots, à un véritable at-trape-nigaud. Il est ainsi fortementdéconseillé à tout homme politiqueresponsable de se lancer dans unepareille aventure, où il n’y a quedes coups à prendre. »

M. Séguin a ainsi pris date pourson commentaire postélectoral dusoir du 13 juin, pour le cas où lerésultat serait très inférieur au ni-veau habituel atteint par la forma-tion gaulliste. Il indique aussi decette manière à quel point il se sa-crifie au nom de la « reconquête ».

Mais d’ici là, tout sera mis enœuvre pour lutter contre « deuxécueils : une sorte d’eurobéatitude

d’un côté, une véritable euroaller-gie de l’autre ». Le RPR comptesur son appareil pour faire la dif-férence avec l’UDF et avec M. Pas-qua. Rien ne sera négligé, pasmême les figures imposées. Aulendemain de son investiture offi-cielle, M. Séguin sera, dimanche14 février, en Gironde, aux côtésd’Alain Juppé. Un rendez-vousprévu de longue date.

Jean-Louis Saux

Le RPR et l’UDF confrontent leurs visions de l’EuropePhilippe Séguin refuse à la fois l’« eurobéatitude » des centristes et l’« euroallergie » de Charles Pasqua.

François Bayrou dénonce ceux qui vont « vers l’Europe avec des mines de chien battu ». La droite s’assume « plurielle »Le conseil national de l’UDF a adopté, di-manche 7 février à Bordeaux, le principed’une liste autonome aux élections euro-péennes du 13 juin. M. Bayrou, qui conduiracette liste, a admis qu’il y avait là un

« risque », mais, a-t-il ajouté, « le pire risqueeût été de ne rien faire (...) et, au bout ducompte, de disparaître ». Aucun dirigeantcentriste ne s’est prononcé pour une listed’union avec le RPR et Démocratie libérale.

M. Bayrou a revendiqué l’existence d’une« opposition plurielle » qui correspond à la« majorité présidentielle ». La veille, devantun millier de jeunes RPR, Philippe Séguinavait anticipé sur la campagne qu’il s’apprête

à conduire en dénonçant à la fois l’« euro-béatitude » et l’« euroallergie ». Face auxlistes de l’UDF et de Charles Pasqua, le pré-sident du RPR souhaite incarner la liste « offi-cielle » de l’opposition aux socialistes.

« Un processus fédératif que nous voulons poursuivre »RÉUNI dimanche 7 février, à Bordeaux, le

conseil national de l’UDF a adopté une série depropositions sur l’Europe, rassemblées dans undocument intitulé « Vers une nouvelle Europe »,qui servira de base à la campagne de la liste

conduite par François Bay-rou aux élections du 13 juin.Dans une intrudOction à cedocument d’une dizaine depages, M. Bayrou écrit :« Pour nous, l’Europe, c’estune fédération d’Etats etde nations en train de seconstituer, un processus

fédératif, que nous voulons poursuivre. »Au chapitre des institutions, le texte propose

« l’élaboration d’une Constitution européennequi définira les droits et devoirs fondamentauxdes citoyens européens ; le statut et le fonc-tionnement des institutions de l’Union ; unenouvelle répartition des compétences entrel’Union européenne et les Etats, qui concentrevers l’Union les missions d’intérêt véritable-

ment commun ». « L’Europe a besoin d’un vi-sage. Les citoyens doivent pouvoir identifier lavoix qui s’exprimera tant au sein de l’Europe,pour faire valoir les enjeux de nature écono-mique et sociale, qu’auprès des grands en-sembles mondiaux pour défendre les intérêtsde l’Union dans le domaine de la politiqueétrangère et de sécurité. Le président del’Union assurera la présidence de la Commis-sion et la fonction de haut représentant pour lapolitique étrangère et de sécurité commune.(...) Afin de renforcer sa légitimité, nous propo-sons son élection, dans un premier temps, ausuffrage universel indirect par un collègecomposé du Parlement européen et de parle-mentaires nationaux (...). A terme, nous propo-sons qu’il soit élu au suffrage universel directde l’ensemble des citoyens de l’Union. La duréede son mandat sera de cinq ans. Le présidentnommera les commissaires, qu’il pourra révo-quer de sa propre initiative ou après un vote dedéfiance du Parlement. »

Le document plaide aussi pour que « les dépu-

tés européens soient élus à la représentationproportionnelle dans le cadre de circonscrip-tions régionales ».

En matière de sécurité l’UDF prône l’« élabo-ration d’un droit pénal européen », la « trans-formation d’Europol en police fédérale euro-péenne de type FBI », la « création d’un corpsde douaniers européens », la « création d’unparquet européen », la « création d’une forcede projection destinée aux opérations de main-tien de la paix ».

Dans le domaine économique, l’UDF est parti-sane de « fixer à l’Europe un objectif de crois-sance chiffré, en coordonnant les politiquesbudgétaires au sein d’un contrat de crois-sance » et le « lancement d’un programmed’harmonisation fiscale progressive ». L’UDFsouhaite aussi « accélérer la mise à dispositiondes pièces et des billets en euros » et « harmo-niser les taux, l’assiette et les modalités de re-couvrement de l’impôt sur les sociétés et sontransfert partiel ou total à l’Union ». Le « droitdu travail » sera, lui aussi, harmonisé.

M. Mégretambitionnede devancer M. Le Penaux européennes

LE FRONT NATIONAL-Mouve-ment national, qui s’est réuni pourla première fois en conseil natio-nal, dimanche 7 février, a plébisci-té la candidature de Bruno Mégretà la tête de la liste qu’il présenteraaux élections européennes du13 juin. Le président du FN-MNsoumettra à l’approbation ducomité national, début mai, lescandidatures retenues par lacommission d’investiture.

Lors d’une conférence de presseorganisée à l’issue de ce comiténational, qui a eu lieu à Sathonay-Camp, le siège de la fédération duRhône, tenue par Denis de Bou-teiller, le trésorier du parti, M. Mé-gret a rappelé ses ambitions. Il es-père « gagner la primaire des listesde droite, Pasqua, Le Pen, de Vil-liers » et « arriver en troisième posi-tion derrière les listes du PS et duRPR ». Faisant fi des sondages quin’accordent pas plus de 5 % à safuture liste, il estime que l’objectifest « réaliste », même s’il le quali-fie d’« ambitieux ».

Il souhaite séduire les souverai-nistes, électeurs du Front national,mais aussi au-delà, en se montrant« optimiste » face à un Jean-MarieLe Pen enfermé dans une visionapocalyptique : « La grande diffé-rence, c’est que pour Jean-Marie LePen et ses amis tout est foutu depuisla signature du traité d’Amsterdam,alors que nous considérons aucontraire qu’il existe des possibilitésd’inverser le cours des choses », a-t-il déclaré, en ajoutant que, selonlui, « la liste Le Pen, c’est le constatde la fin de la France » tandis que« la liste Mouvement national, c’estla reconquête de la souveraineténationale ».

Accusé – notamment par YvanBlot (Le Monde du 5 février) – devouloir « abandonner progressive-ment ce qui fait le cœur du pro-gramme du Front national », leprésident de ce parti d’extrêmedroite a réaffirmé qu’il resterait« fidèle aux 300 mesures » qu’il aen grande partie rédigées. D’ail-leurs, le coup d’envoi de sa cam-pagne électorale sera donné parun meeting sur l’« insécurité », le18 février, salle Wagram, à Paris.

Parallèlement à cette campagne,le président du FN-MN va faire« une tournée des départements »afin de mobiliser les militantsfrontistes, très sollicités en ce mo-ment par M. Le Pen. Soucieux dedémontrer que, contrairement àce qu’a affirmé récemmentM. Blot il n’existe aucun différendavec le conseiller régional deRhône-Alpes et président de l’as-sociation culturelle païenne Terreet Peuple, Pierre Vial, il a indiquéque le FN-MN a créé un « forumd’action culturelle » dont la prési-dence a été confiée à ce dernier.En outre, M. Mégret a annoncé laréorganisation du service d’ordre,rebaptisé « Département Protec-tion Assistance ».

De son côté, lors d’un « conseilnational extraordinaire » du Frontnational de la jeunesse, au coursduquel Samuel Maréchal a cédé laplace de président à un ancien mi-litant de l’Action française, Guil-laume Luyt, Jean-Marie Le Pens’est gaussé de son ex-numérodeux, baptisé à l’occasion « Bruno1er le dérisoire ». « Vous vous êtestrompé de guerre, vous vous êtrestrompé de bataille, M. Nabot-léon », s’est-il exclamé en affir-mant que « le jusant [marée des-cendante] va remporter cet espècede magma d’ambitions, de frustra-tions, d’erreurs d’appréciation, dehaine recuite ».

Christiane Chombeau

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F R A N C E - S O C I É T É LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 11

M. Hue songe à Mme Buffetpour sa succession à la tête du PCFLE SECRÉTAIRE NATIONAL du PCF a confirmé, dimanche 7 février,lors de l’émission « Public », sur TF 1, qu’il songeait à Marie-GeorgeBuffet pour prendre sa succession (Le Monde du 26 janvier). Elle « atoutes les qualités pour être à la fois longtemps ministre, et aussi, un jourpeut-être, [exercer] des responsabilités au plus haut niveau du parti », aassuré M. Hue devant la ministre de la jeunesse et des sports. En pré-sence de la philosophe Geneviève Fraisse, seconde sur la listecommuniste aux élections européennes, M. Hue a aussi expliqué quecette « ouverture » signifiait que « les communistes, à eux seuls, n’ontpas réponse à tout dans la société ». Enfin, M. Hue a jugé « impuis-sante » la démarche d’Arlette Laguiller : « Elle a du mal à s’ouvrir, àsortir de ses replis. Je ne peux pas tomber dans ces anathèmes », a-t-ilexpliqué.

Les communistes conserventla mairie de Saint-Martin-d’HèresLA DÉMISSION, pour raisons de santé, de Joseph Blanchon (PCF) deses mandats de maire et de conseiller général de Saint-Martin-d’Hères n’a pas fragilisé la majorité de gauche dans l’un de ses fiefsisérois. Au contraire, le Parti communiste consolide ses positions. Laliste de la gauche « plurielle », emmenée par le communiste RenéProby, a remporté, dimanche 7 février, les élections municipales avec44,89 % des voix, gagnant près de dix points par rapport à 1995, et as-surant deux sièges supplémentaires à la majorité municipale. Dans lacantonale partielle, José Arias (PCF), nettement en tête au premiertour, a bénéficié, dimanche, du report des voix de gauche, recueillant58,89 % des voix. Le candidat de la droite, Daniel Chazal (RPR), a faitun score inférieur à celui de 1994.

DÉPÊCHESa EUROPÉENNES : Jack Lang a affirmé, samedi 6 février, que « cequi compte, ce n’est pas la binette d’un tel ou d’un tel » mais la capacitédes socialistes à « mener une campagne qui aura de la gueule, du pa-nache, qui fera rêver les Français ». L’ancien ministre, qui avait étépressenti pour conduire la liste PS aux élections européennes, a réaf-firmé qu’il n’avait « rien demandé à personne ».a CORSE : Paul Natali, sénateur RPR de Haute-Corse, a quitté, sa-medi 6 février, ses fonctions de président de la chambre de commerceet d’industrie (CCI) de Bastia et de Haute-Corse. Fin janvier, leConseil constitutionnel avait jugé ses fonctions de sénateur et de pré-sident de la CCI « incompatibles ».

Le PS renvoie après 2001la réforme

de la taxe d’habitation Même prudence sur l’intercommunalité

QUINZE MINISTRES entou-raient Lionel Jospin, samedi 6 fé-vrier à Paris, lors d’un séminaired’une demi-journée organisé avecla direction du Parti socialiste – soitquarante-trois présents sur les cin-quante-cinq membres du bureaunational – sur le thème « Démocra-tie et territoires ». Deux ministresnon socialistes, Jean-Pierre Chevè-nement, ministre de l’intérieur, etDominique Voynet, ministre del’aménagement du territoire et del’environnement, ont été entenduset, expliquait un de leurs collègues,« ils ne se sont pas lancé de flé-chettes ».

Dans ce séminaire, le second dugenre, un premier ayant eu lieu le25 avril 1998 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) sur l’Europe, le PS aprésenté plusieurs rapports : Ber-nard Poignant sur les finances lo-cales, Gilles Savary sur la décentrali-sation, Michel Sapin sur les contratsde plan, André Laignel sur les fondsstructurels ; François Hollande, pre-mier secrétaire du PS, a enjoint sesamis d’être « les pionniers de la dé-centralisation ». Mais la plupart desprojets de réforme concernant ladémocratie locale, adoptés lorsd’une convention sur la démocratieen juin 1996, ont été renvoyés àl’horizon 2001 ou même 2007.

M. Hollande, après avoir centréla réflexion autour de trois thèmes– « l’efficacité de l’organisation terri-toriale », « la lutte contre les inégali-tés territoriales » et « la démocratielocale » –, a annoncé la tenue d’uneconvention nationale sur les terri-toires au premier trimestre 2000.D’ici là, a-t-il indiqué devant lapresse, « il y a des choses que nouspouvons engager avant les électionsmunicipales de 2001 », mais les ré-formes importantes seront ren-voyées après cette date.

Le 4 février, lors du débat à l’As-semblée nationale sur le projet deloi sur l’intercommunalité, des dé-putés socialistes, comme BernardRoman, député du Nord, avaientproposé d’avancer sur l’élection ausuffrage universel des structuresintercommunales, en y recourant,dans une première étape, pour lesconseils de communauté urbaine.Le ministre de l’intérieur avait plai-dé pour une « réflexion approfon-die » sur la question de l’élection

directe des structures intercommu-nales mais, avait-il ajouté, « sansdoute pouvons-nous aller plus vitedans le cadre des communautés ur-baines, formule déjà bien rodée »(Le Monde du 6 février).

Samedi, M. Roman, commeJean-Pierre Sueur, le maire d’Or-léans (Loiret), auteur d’un rapportsur la politique de la ville, ont denouveau plaidé pour l’élection ausuffrage universel des structuresintercommunales, mais la majoritédu bureau national, emmenée no-tamment par Pierre Mauroy, mairede Lille et sénateur du Nord, a sou-haité « s’engager doucement danscette voie ». Pour M. Hollande, l’ap-plication de cette proposition nepeut être qu’une « perspective »pour les élections municipales de2007. « Avant 2001, il n’est pasconcevable de créer des structuresd’agglomération élues au suffrageuniversel », a-t-il affirmé, en faisantétat de sa volonté de « favoriserd’abord l’émergence des structuresd’intercommunalité ».

ÉVITER « LES EFFETS PERVERS »Cette même prudence se retrouve

sur la réforme de la taxe d’habita-tion, visant à introduire une meil-leure prise en compte des revenus,qui a fait l’objet d’un échange avecDominique Strauss-Kahn, ministrede l’économie, et Christian Sautter,secrétaire d’Etat au budget. M. Hol-lande a fait état d’un « consensus »sur les difficultés de sa mise enœuvre et sur la nécessité de réaliserau préalable « les simulations néces-saires » afin d’éviter « les effets per-vers » des transferts à réaliser. « Cen’est pas une réforme que l’on peutimproviser, a souligné le député deCorrèze. Le risque, c’est que lespauvres paient moins mais que lesmoins pauvres paient plus. » Mêmes’il s’agissait d’« un séminaired’éclairage et non de décisions »,M. Hollande a toutefois concluqu’« il ne peut être question avant2001 de modifier la taxe d’habitationselon le revenu, même si c’est uneperspective de moyen et long terme ».Dans l’immédiat, a-t-il souligné, lePS entend privilégier sa réflexion sur« l’actualisation des valeurs loca-tives ».

Michel Noblecourt

Européennes : M. Chevènement ne conduira pasune éventuelle liste de la « gauche républicaine »

A défaut d’un accord avec le PS, il propose la tête de liste à Sami Naïr

JEAN-PIERRE CHEVÈNE-MENT a sorti son joker. SamiNaïr, universitaire, actuel déléguéinterministériel au codéveloppe-ment et aux migrations interna-tionales, proche conseiller du mi-nistre de l’intérieur, et un des huitvice-présidents nouvellement élusdu Mouvement des citoyenspourrait conduire une liste de la« gauche républicaine » aux élec-tions européennes du 13 juin. Ils’agit d’une des deux hypothèsesretenues, dimanche 7 février, parM. Chevènement, réélu présidentdu MDC, par 98,14 % des suf-frages, à l’issue de trois jours decongrès. Soulevé par les 570 délé-gués présents dans la salle, untonnerre d’applaudissements aaccueilli ce qui ne reste pour l’ins-tant qu’une « hypothèse ».

Même si elle prend la base deschevènementistes à rebrousse-poil, la seconde hypothèse restepourtant, au bout du compte, laplus vraisemblable. « La re-cherche d’une alliance dynamiqueavec le PS ne doit pas être écartée àla légère », a indiqué M. Chevène-ment, avant d’inviter les congres-

sistes à ne pas avoir un « réflexede vierge effarouchée ». Une telleattitude reviendrait à douter de« l’âme » du MDC et de « sa fer-meté ». « C’est avec Lionel Jospinque nous pouvons jouer un rôle dé-cisif », a-t-il rappelé. Comme pourmieux souligner son apparte-nance au gouvernement et à lamajorité « plurielle », le ministrede l’intérieur a, de toute façon,écarté l’hypothèse de conduirelui-même une liste autonome.

Las ! A plus de 80 %, la salle rê-vait d’une liste autonome. « LeMDC n’est pas composé unique-ment d’anciens du PS. Que signifie-rait pour eux, un retour au bercail,puisqu’ils n’y ont jamais été ?Quant aux autres, ils ont déjà don-né », expliquait, samedi, Alain Pe-riès de Seine-Saint-Denis, forte-ment applaudi, avant de conclureque le MDC représente « le fer delance de la gauche républicaine,face à la gauche libérale, soumiseau marché ». « Faire une liste avecle PS, je dis non merci », renchéritun délégué des Alpes-Maritimes,prêt à « tendre la main aux répu-blicains, au-delà de nos sensibilités

de gauche » et à proposer uneliste composée de « républicains,de communistes et de gaullistes »dans l’esprit du « Conseil nationalde la Résistance ».

Face à ces réactions univoques,Jean-Pierre Michel, député MDCde Haute-Saône, a bien essayé dedésamorcer les ardeurs de la sallepour la formation d’une liste au-tonome. Il a d’abord rappelé quesur le plan politique comme sur leplan national, le MDC « avait eudu mal à se remettre du score trèsmauvais » (2,54 %) obtenu aux eu-ropéennes en 1994, Précisant quel’échéance de juin n’avait « riende fondamental », il a donc conviéles délégués à regarder plus loinet à « réfléchir aux futures élec-tions, à commencer par les prési-dentielles ».

ACCUEIL « DISCOURTOIS »La décision finale ne sera prise

de toute façon qu’au cours d’unconseil national extraordinairequi se tiendra au plus tôt danstrois semaines, et au plus tard« au week-end des Rameaux », soitune semaine « avant Pâques », a

précisé M. Chevènement. Lemaintien du suspens permet auministre de l’intérieur de fairemonter les enchères, en cas departicipation à une liste socialiste.L’ambition est d’obtenir autantde candidats en position éligibleque le PRG, soit au moins deux.

Accueillis sous les sifflets d’unepartie des militants, François Hol-lande et Christophe Cambadélis,qui menaient, dimanche, la délé-gation du PS, ont pu mesurer leclimat de la salle, avant d’être ap-plaudis à la demande expresse deGeorges Sarre, président déléguédu MDC, qui a qualifié ce premieraccueil de « discourtois » maisd’« apolitique ».

« Nous ne cherchons pas de ren-fort. S’ils veulent venir avec nous,ils seront bien accueillis », a expli-qué le premier secrétaire du PSdevant les caméras, après le dis-cours de M. Chevènement. Justeavant, embrassant chaleureuse-ment Sami Naïr, il lui avait lancé :« Quoi que tu fasses, tu seras lebienvenu ! »

Alain Beuve-Méry

Le congrès du Mouvement des citoyens, réunidu vendredi 5 au dimanche 7 février à Créteil,n’a pas arrêté sa stratégie pour les élections

européennes du 13 juin. Face à des déléguésquasi unanimes en faveur d’une liste autonome,Jean-Pierre Chevènement a proposé que cette

liste éventuelle soit conduite par l’universitaireSami Naïr. Mais il attend, d’abord, le résultat deses négociations avec le PS.

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R É G I O N SLE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999

Les préalables financiers du projet LYON

de notre envoyé spécialRaymond Barre (app. UDF) a an-

noncé urbi et orbi qu’il ne se repré-senterait pas aux élections munici-pales de 2001. Il entend quandmême enraciner Lyon Confluenceavant la fin de son mandat, deuxans à peine. « C’est un projet consen-suel, estime-t-il. Peu à peu, j’ai vu lescepticisme se transformer en inté-rêt. » Est-ce suffisant ? L’additionest lourde, même étalée sur unquart de siècle. Sans doute le pro-gramme a-t-il l’ambition d’accueil-lir, sur ces 150 hectares, 30 000 habi-tants supplémentaires et de créer10 000 à 15 000 emplois. Encorefaut-il trouver 20 à 25 milliards defrancs (3 à 3,8 milliards d’euros),moitié fonds publics pour les infras-tructures lourdes, moitié fonds pri-vés, notamment pour les 1,2 millionde mètres carrés de logements et debureaux. Avant mai, une sociétéd’économie mixte (SEM) devraitêtre montée avec, aux côtés descollectivités, majoritaires dans lecapital (ville et communauté ur-

baine), des entreprises ou des éta-blissements publics nationaux, im-portants propriétaires fonciers surle site.

Pour Henry Chabert (RPR), ad-joint au maire chargé de l’urba-nisme, il était inéluctable que, tôtou tard, « un événement majeur sedéroule ici, au sud de Lyon ». Selonlui, l’irréversibilité du projet tiendraà trois facteurs :

– la libération du foncier (dès au-jourd’hui 85 hectares sont dispo-nibles) et sa commercialisation ;« Mais les problèmes de dépollutiondes terrains risquent de réserver dessurprises » ;

– le bouclage du périphériqueouest ou toute autre solution quipermette de supprimer rapidementl’autoroute le long du Rhône ;« Cette condition commande toutel’opération » ;

– le prolongement de la ligne demétro vers le bout du confluent :« Un élément capital pour les promo-teurs. »

« ACTES FONDATEURS »M. Chabert estime que les quali-

tés essentielles du projet Bohigas etMelot tiennent dans sa souplesse etdans la manière dont les liaisonsnord-sud, de part et d’autre de Per-rache, sont abordées. « On peut esti-mer, indique-t-il, que le transfert desarchives ou l’implantation d’ungrand équipement public au centrede ce territoire sont d’ordre symbo-lique. Mais il me semble que les véri-tables actes fondateurs de LyonConfluence sont de l’ordre de l’inves-tissement. Et le préalable foncierpourrait être arrêté dès l’an 2000. »

Gérard Collomb, maire socialistedu 9e arrondissement et leader del’opposition de gauche lyonnaise,ne tient pas un autre langage, touten étant nettement moins opti-miste. Pour lui, ce projet « se réali-sera quand seront résolus un certainnombre de problèmes » :

– celui du tunnel sous la collinede Sainte-Foy, qui n’est peut-êtrepas la meilleure solution pourcontourner l’ouest de Lyon ; il pré-férerait un boulevard périphériquesemi-enterré, aussi économique etplus utile aux riverains ;

– celui des transports encommun. A l’onéreuse prolonga-tion du métro, M. Collomb préfèrel’utilisation de l’actuelle ligne dechemin de fer où pourrait circulerce qu’il appelle un « tram-train »,une sorte de RER avec deux arrêtssur le confluent.

Surtout, il juge irréaliste le mon-tage financier de l’opération, baséesur une sous-estimation du prixd’achat des terrains publics. « On atout simplement oublié les coûts dedémolition et de dépollution, af-firme-t-il. En revanche, côté vente,les prix attendus sont surestimés de20 % à 30 % par rapport à ceux quisont pratiqués à Lyon. La premièretranche des travaux passe par lacommercialisation de 260 000 mètrescarrés de bureaux alors qu’en 1997,sur toute l’agglomération lyonnaise,on en a vendu 36 000. »

M. Collomb insiste : « On nous ditque l’addition sera étalée sur vingt-cinq ans, voire trente. En réalité, onsait que ces dépenses se font sur lessix ou sept premières années. Il fau-dra donc trouver 10 milliards defrancs tout de suite. Ce qui risqued’assécher les capacités d’investisse-ment de la communauté urbainepour ses autres opérations en cours. »

M. Barre croit quand même aurêve. Il annonce pour demain lesiècle des villes : « En Europe, aprèsles nations, ce sont les cités qui vontentrer en concurrence. Lyon a l’op-portunité de faire partie du club desgrandes villes occidentales de notrecontinent, grâce à la place straté-gique qu’elle occupe. Elle ne doit paslaisser échapper cette chance. »

E. de R.

Nantes ne pollue quasiment plus la LoireNANTES

de notre correspondantLa station de traitement des eaux

usées de Dougas, que DominiqueVoynet, ministre de l’aménage-ment du territoire et de l’environ-nement, devait inaugurer lundi8 février, a radicalement changé laqualité de l’eau rejetée dans laLoire par l’agglomération nantaise :« Le taux de dépollution était de30 %. Il est désormais de 90 % partemps sec et de 80 % par temps depluie. Nous sommes en situation dedéveloppement durable car notreactivité ne nuit plus à la Loire, qui ales capacités d’épurer, naturelle-ment, le solde non traité », expliquePatrick Rimbert, adjoint (PS) aumaire de Nantes et président duSyndicat d’assainissement de l’ag-glomération nantaise (SAAN) quiréunit 23 communes représentant550 000 habitants.

Construite par Bouygues et ex-ploitée par Loire 21, une filiale deVivendi, cette station a une capaci-té de traitement de la pollution gé-nérée par 600 000 habitants. Ellecouvre la rive nord et complète letravail fait en rive sud par une sta-tion de moindre capacité. « Nousnous mettons à niveau pour aumoins trente ans », affirme M. Rim-bert, qui reconnaît pourtant quebeaucoup reste toutefois à réaliser.Environ 90 % de la pollution del’eau qui coule sous les ponts deNantes sont en effet dus à des acti-vités situées en amont de la capi-tale des Pays de la Loire.

DES LIENS DANS LA VILLELa réalisation de cette station

constitue le point d’orgue du planNeptune 1 lancé en 1992 parl’Agence de l’eau Loire-Bretagne etle SAAN, qui a engagé 1 milliard defrancs d’investissements jusqu’en1998 (152,5 millions d’euros). Lecontrat Neptune 2, signé lundientre les mêmes partenaires,

ajoute une enveloppe de près de500 millions de francs sur les an-nées 1999 à 2003, qui permettra depoursuivre l’extension et la rénova-tion du réseau de collecte des eauxusées : « Comme toutes les villes, ledéveloppement urbain et industriels’était fait pendant des décenniessans vision globale du rejet des eaux.Toutes les eaux de la périphérie at-terrissaient dans des collecteurs nan-tais qui n’avaient pas été prévuspour cela », poursuit M. Rimbert.

Neptune 2 prévoit aussi d’enga-ger un travail qualitatif de fond surles 250 kilomètres de cours d’eaude l’agglomération et les zones hu-mides qui représentent un quart deson territoire. La « reconquête des

milieux naturels » sera menée bas-sin versant par bassin versant, ri-vière par rivière, ruisseau par ruis-seau : « Nous travaillons sur lesrejets bien sûr, sur les débits hydrau-liques, mais aussi sur les aménage-ments piétonniers » ajoute leprésident du Syndicat d’assainisse-ment, ravi de faire découvrir ou re-découvrir l’Ilette, l’Acheneau, leGèvre ou la Chézine, petites ri-vières qui furent longtemps ca-chées parce que considéréescomme des obstacles à l’urbanisa-tion. Leurs rives restaurées met-tront en valeur leur rôle de liensdans la ville.

Dominique Luneau

Perrache, Lacroix-Laval : les précurseurs de Raymond Barre

A la fin du XVIIe siècle, la pointe de la pres-qu’île, entre Saône et Rhône, s’arrête aux en-virons de l’actuelle place Carnot. Au-delà, ontrouve une poignée d’îles dont les contoursmouvants changent au gré des crues. Pour-tant, dès cette époque, on songe à rattacherles plus importantes d’entre elles (l’île Mo-gniat) à la terre ferme. Pour cela, il fautdompter le cours du Rhône, ici particulière-ment erratique. C’est ce qu’envisage de faireAntoine-Michel Perrache, qui, en 1769, ob-tient de la municipalité lyonnaise de lancerune chaussée sur ces îles. Sur une levée,doublée d’un canal, il doit installer une série

de moulins et, un peu plus bas, une gared’eau. Le tout est accompagné d’un projetimmobilier. En dépit du renfort de l’archi-tecte Soufflot, dépêché par le roi, les travauxavancent si lentement que ni la gare de ba-teaux ni les moulins n’auront le temps defonctionner. En revanche, ils favorisent l’en-sablement : la presqu’île s’allonge.

Sous l’Empire, on songe à l’aménagementd’un palais impérial au confluent des deuxfleuves. En 1826, le projet Perrache est défi-nitivement abandonné. On lui substitue leplan de Lacroix-Laval, qui propose à la mu-nicipalité un découpage des terrains en lots àvocation industrielle (entrepôts, moulins,nouvelle gare d’eau). Mais le chemin de fer

naissant va modifier une fois de plus ces des-seins : le chemin de fer de Saint-Etienne(1833) ayant son terminus à la Mulatière, laligne PLM qui arrive de Paris va établir sondébarcadère plus haut pour bloquer le pas-sage : la nouvelle gare, construite sur unremblai et appelée Perrache (1856), pro-voque la rupture de la continuité urbaine.Au-delà des voûtes, la presqu’île, définitive-ment stabilisée, devient la plate-forme logis-tique de Lyon avec ses entrepôts, ses arse-naux, ses greniers, ses usines à gaz et sabatellerie. Le nouveau quartier Sainte-Blan-dine permet de loger les prolétaires affectésà ces industries.

Au milieu des années 60, quand le plan au-

toroutier français se met en place, le mairede Lyon, Louis Pradel, obtient que l’A6 tra-verse sa ville, histoire d’inciter les automobi-listes à y faire une halte. On construit doncl’autoroute sur le cours de Verdun, qui dis-paraît, et le long du Rhône, où les platanesde la promenade sont tous abattus. Ce ver-rou sera complété par la création du centred’échange. L’« au-delà des voûtes » est défi-nitivement coupé du cœur historique de laville. Et le quartier Sainte-Blandine, déjàdéshérité, ne tarde pas à dépérir. C’est l’en-semble de ces 150 hectares qu’il s’agit de re-vivifier.

E. de R.

LYONde notre envoyé spécial

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N383

LA PRESQU'ÎLE

BELLECOUR

Cité internationale

LE CONFLUENT

La porte sud de l'agglomération

1 km

COMMUNAUTÉ URBAINEDE LYON

Lyon veut retrouver la magie de son confluentAbandonné au désordre urbanistique, l’espace prestigieux où se rejoignent Rhône et Saône est l’objet d’un gigantesque projet d’aménagement.

La reconquête de la porte sud s’étalera sur un quart de siècle et nécessitera 25 milliards de francs d’investissementLYON

de notre envoyé spécialEntre Saône et Rhône bat le

cœur historique de Lyon. Mais àdeux stations de métro de la placeBellecour, ce riche tissu urbain s’in-terrompt soudain, bloqué par unedouble barrière : au pied de la placeCarnot, l’autoroute A 6 sort du tun-nel de Fourvière et, avant d’obli-quer vers le sud, traverse un centred’échange – à la fois gare routièreet espace commercial – qui déploieses bastions fortifiés ; puis la gareSNCF de Perrache, juchée sur sonviaduc haut de trois étages, corse-tée par une batterie d’escalators,constitue un dernier verrou.

Pour franchir ces obstacles il fautse faufiler sous l’une des deuxvoûtes encore en fonction, lu-gubres boyaux qui passent sous lesvoies ferrées. Pourtant, de l’autrecôté de cette muraille, la presqu’îlese prolonge. Au-delà des prisonsSaint-Joseph et Saint-Paul et de lagendarmerie adjacente, on trouveles médiocres HLM de Sainte-Blan-dine, regroupés autour d’une église.Le quartier compte aujourd’huisept mille habitants. Ils étaient ledouble il y a une génération.

Sur le reste de ces 150 hectares,encadrés par l’autoroute qui longele Rhône à grand bruit et les voiesferrées qui filent vers le sud, on re-marque un autre exemple de l’ar-chitecture carcérale – une résidencepour les gendarmes et leurs fa-milles, cernées de grilles –, un port

de plaisance où végètent quelquespéniches, des entrepôts, des em-prises de l’EDF et le Marché d’inté-rêt national (MIN), appelé aussimarché de gros, immense bâtimentde béton inauguré en 1961. C’est làque s’est ouverte, en octobre1998, l’exposition Lyon Confluence.Devant le succès remporté par unetelle manifestation dans un endroitaussi peu festif (quinze mille visi-teurs depuis le 15 octobre), elle aété prolongée jusqu’en avril.

CONCOURS RESTREINTAvec Lyon Confluence, le maire

de Lyon, Raymond Barre, entendréaménager l’ensemble de ce terri-toire. « Cette pointe qui descend versla mer, indique-t-il, un rien lyrique,c’est une invite à se tourner versl’avenir. J’ai donc fait faire une étudepour cadrer ce rêve. » Il en est sortiun concours restreint qui opposaitplusieurs équipes d’architectes :celle du japonais Kenzo Tange, cellede l’espagnol Ricardo Boffill et celled’un autre espagnol, Oriol Bohigas,associé au français Thierry Melot età la paysagiste Catherine Mosbach.Ce sont ces derniers qui ont gagné.

Oriol Bohigas a été l’un des arti-sans du renouveau urbain de Bar-celone dans les années 80 et90. Thierry Melot est à la tête d’unegrosse agence parisienne rompueaux chantiers lourds. Au marché degros, leurs propositions sont déve-loppées à travers des plans, des ma-quettes, des photos et des dessins.

Le public, très divers, examine etdiscute longuement des aménage-ments présentés. Ceux-ci sont nésd’une étude attentive de ce terri-toire.

Premier constat : le confluent est

le prolongement du centre de laville. C’est un site prestigieux entreles deux fleuves, et une opportunitéfoncière à saisir puisque 80 % du solappartient au domaine public ouparapublic. C’est aussi un lieu dont

toutes les fonctions sont au-jourd’hui obsolètes. Pour en tirerpartie, une stratégie globale s’im-pose.

Deuxième constat : l’autorouteurbaine, infrastructure dépassée,lacère la ville au lieu de la servir. Lacondition sine qua non de toutaménagement est donc la dispari-tion de cette voie rapide. Ce quipermettrait la reconquête desberges du Rhône et la résurrectiondu cours de Verdun enseveli sous lebéton du centre d’échange de Per-rache.

RECONQUÊTEIl faut donc trouver une solution

de rechange à cette traversée ex-presse. On peut attendre le grandcontournement de Lyon par unerocade ouest. Dans ce cas, les édileslyonnais devront patienter unebonne dizaine d’années avant desonger à aménager cette pointe. Ilfaut donc trouver une solution plusrapide mais supportable financière-ment pour la communauté urbainede Lyon (Courly). Les architectespréconisent de faire passer sous lacolline de Sainte-Foy un tunnel au-toroutier de 5,5 kilomètres qui re-lierait l’échangeur de Valvert à l’A 7,au-delà de la Mulatière. Le coût decette construction est estimé à4 milliards de francs (609 millionsd’euros) et les délais seraient decinq à huit ans.

L’actuel tunnel de Fourvière dé-boucherait donc sur le cours de

Verdun redevenu boulevard urbain.Le centre d’échange serait détruit etl’important centre commercial quilui est attaché dispersé sur les par-vis de la gare SNCF, restructurée etdégagée de sa gangue. Sept voiesfranchiraient, au niveau du sol, leviaduc de Perrache, reliant ainsil’au-delà à l’en-deçà des voûtes,barrière physique autant que fron-tière sociale. La reconquête de cetau-delà commencera dès le débutde l’avenue Charlemagne élargie,avec une grande place où, symbo-liquement, les Archives munici-pales, mémoires de la ville de Lyon,seront, dès l’an 2000, implantées àla place d’un centre de tri postal.

Le métro, dont le terminus est àPerrache, en surface, replongerasous terre et poursuivra sa coursejusqu’au bout du confluent. Le via-duc de la SNCF, qui suit un cheminparallèle, sera isolé dans un caisson,au milieu de la trame urbaine.Celle-ci sera redessinée et étendueà l’ensemble du territoire. Quatrequartiers doivent être créés. Celuidu Confluent, le plus méridional etle plus résidentiel, ponctué par unetour dédiée à l’Europe ; celui de laSaône, tourné vers le port de plai-sance entièrement réaménagé ; ce-lui de Sainte-Blandine, rénové etétendu jusqu’au Rhône ; et celui dela gare, voué aux affaires, bureauxet commerces. L’extrémité de lapresqu’île accueillant un parc où lesvoies SNCF seront enfouies sousles déblais du tunnel autoroutier deSainte-Foy.

Le marché de gros dont le démé-nagement vers Corbas est acquisvers 2002, cédera la place à un équi-pement public lourd, « culturel,scientifique et technique », souhaiteRaymond Barre. Il devrait se dres-ser au centre d’un parc humide, quis’appuierait sur les anciennes struc-tures de la gare d’eau duXVIII e siècle. Le projet d’un coûtglobal de 20 à 25 milliards de francs(3 milliards à 3,8 milliards d’euros),devrait être achevé au bout d’unepériode de vingt-cinq à trente. Il adonc le temps de subir bien desmodifications. Mais il serait dom-mage qu’il passe purement et sim-plement à la trappe.

Emmanuel de Roux

Retard pour la ligne 2du métro lilloisPRÉVUE pour le 21 juin, l’ouverture au public de la ligne 2 de métroentre Lille, Roubaix et Tourcoing ne pourra avoir lieu avant la secondequinzaine d’août. Ce retard a été confirmé, vendredi 5 février, par leprésident de la communauté urbaine de Lille, Pierre Mauroy, qui a ex-pliqué ce contretemps par « les manœuvres et les changements de stra-tégie des constructeurs ».En 1996, Matra Transport s’était associé à parts égales avec Siemenspour créer Matra Transport International (MTI). La commande dessoixante rames avait été confiée pour moitié au groupement Fives-Cail-Babcock (FCB)-Vevey et, pour l’autre, à GEC-Alsthom. Mais cedernier groupe, fabriquant des métros clés en main, concurrence Ma-tra Transport. L’ensemble de la commande revient alors à FCB-Vevey,qui est racheté par le groupe Bombardier, concurrent de Siemens. OrSiemens est devenu majoritaire à 95 % de MTI. Au final, les caisses derame seront fabriquées dans les ateliers lillois de FCB, l’assemblage as-suré par Siemens à Vienne (Autriche), pendant que Vevey continuerade suivre la conception du véhicule. – (Corresp.)

a ILE-DE-FRANCE : le parc naturel régional du Vexin et la ville deCergy-Pontoise (Val-d’Oise) ont signé une convention « ville-porte ». Le syndicat d’agglomération nouvelle apportera une aide fi-nancière au syndicat mixte d’aménagement et de gestion du PNRpour des actions de valorisation touristique et de promotion du patri-moine culturel ainsi qu’en matière de développement économique.

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LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 13

H O R I Z O N SPORTRAIT

« C’est un esprit imaginatifqui sait débrouiller des situationsjuridiques inextricables et rend des avistoujours surprenants. Quand nous sommestous comme des mouches dans un bocal,c’est lui qui trouve la solution »

PH. G

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Christian Le Gunehecprésidera la Cour de justice

de la Républiquequi aura à juger, à partir

du 9 février, trois anciensministres - Laurent Fabius,

Georgina Dufoix et EdmondHervé - dans l’affaire du sang

contaminé. Portrait d’unepersonnalité énigmatique

et controversée

Monsieurle président

« Le Gu »

DANS les cou-

lisses du Palais,on l’appelle« Le Gu ». Cen’est pourtantpas ce genre dediminutifqu’inspire deprime abord le

président de la Cour de justice dela République (CJR) – créée par ré-forme constitutionnelle en rem-placement de la Haute Cour pourjuger pénalement les membres dugouvernement. Au siège parisiende cette toute nouvelle juridiction,surplombant la place des Invalides,Christian Le Gunehec semble sa-vourer son ultime fonction, autantdire un bâton de maréchal. Agé desoixante-huit ans, président de lachambre criminelle de la Cour decassation depuis 1988, il s’apprêtaità prendre sa retraite quand il a étéélu par ses confrères de la « Courde cass » en février 1997 pourinaugurer la présidence de la CJRet y honorer un mandat de troisans. Il ne s’en cache pas : cet ul-time honneur est une « petite re-vanche » pour le magistrat qui au-rait aspiré à terminer sa carrière ausommet de la plus haute juridic-tion de France et qui s’en est vu ra-fler la place – celle de premier pré-sident de la Cour de cassation –par Pierre Truche.

Sur ce, il arrache méticuleuse-ment le filtre de sa cigarette, s’as-surant de garder bien à portée demain son paquet de Philip Morris.Christian Le Gunehec, qui ponctuesa grande courtoisie et son élé-gance bon enfant par de brefsmouvements bourrus, à deux pasd’une colère spontanée, n’ignorepas l’ambiguïté de sa réputation.Ni les controverses dont il est lacible dans le procès des trois an-ciens ministres qu’il s’apprête à ju-ger. Redouté par les avocats de ladéfense, ceux-ci ont même laisséentendre qu’ils pourraient deman-der sa récusation, au motif de sapartialité.

L’histoire personnelle de ce ma-gistrat d’une droite plutôt anar-chiste, se désignant lui-même« sans sensibilité politique fixe », aconstruit une personnalité énig-matique. Breton, né le 2 août 1930à Auray (Morbihan), ChristianLe Gunehec vient d’une familled’esprit voltairien – activité peu re-posante dans la Bretagne del’époque. Son grand-père paternel,laïque, devenu instituteur en 1881sous Jules Ferry, fut directeur del’école de Carnac et fondateur dufoyer laïque de la même ville ; songrand-père maternel, séminaristeavant d’être maire de Carnac,proche du Parti radical, fut l’un desrares maires bretons à avoir prési-dé les inventaires. Dans le grenierde la maison de famille, on montreavec fierté la coiffe de la grand-mère trouée par une balle lorsd’un attentat, et la tombe de sa fa-

mille a longtemps été la seule ducimetière à rester sans croix. Legrand-père paternel ayant été aus-si juge de paix, il emmenait sonpetit-fils en fiacre, vêtu de sa cein-ture tricolore, sur les bancs du tri-bunal. L’ambiance était plutôt dé-contractée. « Ma vocation date delà, raconte le président. Quand j’aieu pour sujet de rédaction, à six ans,“Que ferez-vous plus tard et pour-quoi ? ”, j’ai répondu : “Je veux êtrejuge de paix pour avoir le temps defaire de la peinture.” »

Devenu orphelin en deuxièmeannée de droit, en charge de sesfrères et sœurs, le jeune ChristianLe Gunehec n’a pas les ressourcespour devenir avocat. Il l’est provi-soirement par obligation, alorsque n’existe pas encore l’Ecole dela magistrature. « C’est l’une des af-faires que j’ai eues à plaider qui m’apoussé à devenir magistrat », sesouvient-il avec une jovialité sou-daine. Il venait de rédiger l’acted’accusation contre cinq garçonspoursuivis pour « viol », quand lebâtonnier le commet d’office pourles défendre devant la cour d’as-sises. « J’ai si bien plaidé leur causequ’ils ont eu cinq ans d’emprisonne-ment avec sursis au lieu des travauxforcés. On m’a félicité de mon suc-cès. Moi, j’étais écœuré. J’ai décidéqu’à l’avenir je serai juge. » Peuaprès, il est nommé juge suppléantà Fort-de-France, puis procureurde la République à Cayenne, avantd’être appelé à la chancellerie à Pa-ris, passant vingt-deux ans à la di-rection des affaires criminelles,puis près de dix ans à la présidencede la chambre criminelle de laCour de cassation : « Dans les deuxcas, une sorte de record », se plaît-ilà préciser.

« Le Gu » serait-il illégitimepour présider la Cour de justicedans l’affaire du sang contaminé ?Plusieurs arguments joueraient ensa défaveur. Il faut remonter quel-ques années en arrière, jusqu’à la« première » affaire du sangcontaminé : c’est le procès de Mi-chel Garretta, ex-président duCentre national de tranfusion san-guine (CNTS), et des docteurs Al-lain, Netter, et Roux, condamnéspour « tromperie ». En juin 1994,l’avocat général requiert la cassa-tion au motif que les faits relèventplutôt de l’« empoisonnement ».Sous la présidence de ChristianLe Gunehec, la Cour rejette lepourvoi du docteur Allain. Selon larègle française de l’« arrêt à phraseunique », tous les motifs de la dé-cision doivent se trouver dans l’ar-rêt prononcé, sans avoir à l’explici-ter. Or le président ne s’en tientpas là. Au sortir du délibéré, ildonne publiquement devant lesvictimes, la presse et les télévisionsébahies, les raisons de l’arrêt. Aceux qui s’inquiètent de l’éventua-lité que ne soient pas engagéesd’autres poursuites pour « empoi-sonnement », il précise que l’arrêt

de la Cour de cassation ne l’exclutpas. Christian Le Gunehec a-t-ilcommis une faute déontologiqueen explicitant l’arrêt ? A-t-il fourniplus qu’une explication, un com-mentaire, en ouvrant la voie àd’éventuelles poursuites ulté-rieures ? A-t-il défié l’« autorité dela chose jugée » ? Il s’en défendaujourd’hui, visiblement peu per-turbé d’avoir fait entorse à la tradi-tion de l’« arrêt à phrase unique ».C’est un autre procès, conclut-ilhabilement. Et qu’on n’attendepas de lui qu’il s’étende sur le su-jet.

Sa légitimité à la présidence dela CJR dépend pourtant de cettesubtilité juridique : savoir si lesfaits que le président aura à jugersont radicalement distincts ouconnexes de ceux pour lesquels futcondamné le docteur Garretta, etsi M. Le Gunehec a déjà eu àconnaître ou non de l’affaire. Or la

Cour européenne des droits del’homme exige une impartialitédes magistrats non seulement sub-jective mais objective, c’est-à-direayant toutes les apparences d’untiers absolument impartial. Ledroit français est moins exigeantsur ce point. Le président pourraen jouer. Comme il pourra sansdoute compter sur le flou juridiqued’un procès sans précédent etd’une juridiction imparfaite.

C ERTAINS ont pu voir unautre indice de sa partialitéen défaveur des trois an-

ciens ministres dans la revue L’Hé-mophile : un article, paru en dé-cembre 1997, rapporte queChristian Le Gunehec avait reçudeux mois plus tôt Edmond-LucHenry et Francis Graëve, respecti-vement président et présidentd’honneur de l’Association fran-çaise des hémophiles (AFH). Leprésident Le Gunehec, indique larevue, « a tenu un discours très ras-surant aux représentants de l’AFH ».L’évocation agace le président.

« Ils ont demandé à me voir, je les aireçus aimablement, comme j’ai reçudes témoins de la défense. Je ne voispas pour autant en quoi j’ai été“rassurant”. Ils racontent ce qu’ilsveulent », se contente-t-il de rétor-quer en émettant un bref soufflenasal, signe chez lui de méconten-tement. Sur ce, il conclut : « Si onveut demander ma récusation, ehbien qu’on le fasse! »

Inutile de dire que les avocats dela défense y avaient songé. Ils yont renoncé pour l’instant, commeils ont écarté la possibilité de ré-cuser un juge parlementaire (UDF)ostensiblement partisan de lacondamnation des ministres,Charles-Amédée de Courson. Enpartie à la demande de Laurent Fa-bius, la stratégie immédiate est dene pas prêter le flanc à la moindreaccusation d’esquive et de se plieraux règles de la procédure.

On aura tout lu ces jours der-

niers sur le président Le Gunehec.Du Canard enchaîné au Figaro Ma-gazine, on l’a soupçonné d’avoirdéjà son idée du verdict, et de dési-rer si ardemment la condamnationdes ministres qu’il voudrait à toutprix assimiler le procès devant laCour de justice à un procès d’as-sises, pour faire des prévenus desassassins à coup sûr. Certains avo-cats assurent qu’à l’évocation destémoins cités par la défense, il au-rait ironisé par un « est-ce bien né-cessaire ? ». Et qu’il tiendrait à cepoint à donner une allure specta-culaire au procès qu’il aurait envi-sagé de faire siéger l’audience soità Fleury-Mérogis, là où se tint leprocès du réseau Chalabi, soitdans la fastueuse salle du Congrès,à Versailles. « C’est tout à fait ridi-cule, coupe-t-il, luttant apparem-ment contre l’éruption de sapropre colère. Vous me voyez de-mander à Laurent Fabius, présidentde l’Assemblée nationale, l’autorisa-tion d’utiliser la salle du Congrèspour le juger ? »

La polémique a commencé avec

le choix éminemment symboliquede la couleur des robes. Costumed’audience ou costume civil ? Dansune note aux juges parlementaires,le président s’est prononcé pour leport de la robe pour tous. Par sou-ci d’égalité des juges, allègue-t-il.A cause de son goût du faste et duprotocole, ont prétendu ses dé-tracteurs, certains ayant prétenduqu’il aurait même souhaité porterla robe rouge, traditionnellementréservée aux assises, dans un butpartisan. « Je ne me voyais pas enrouge, couleur peu adaptée à l’af-faire du sang, raconte tranquille-ment M. Le Gunehec, d’autant quece manteau de fourrure est horrible-ment lourd. J’étais pour l’unité– tout le monde en civil ou en robenoire. »

S’ajoute à la suspicion d’adversi-té le fait que les différents postesoccupés par le haut magistrat à lachancellerie ou dans l’administra-tion le situent politiquement àdroite : il fut directeur des affairescriminelles et des grâces sous JeanLecanuet, Olivier Guichard etAlain Peyrefitte de 1974 à 1979(dont il se sépara avant la rédac-tion de la loi sécurité et liberté),puis directeur du cabinet deJacques Chaban-Delmas, alorsprésident de l’Assemblée natio-nale, de 1986 à 1988. Il fut pro-cureur de la République à Paris,poste politique par excellence,dont on dit qu’il est fait pour« rendre des services, pas des ar-rêts ».

Même s’il est difficile d’attribuerla substance d’un arrêt, décidé demanière collégiale, au président dela chambre dont la voix n’est pasprépondérante, certaines jurispru-dences prononcées par Le Gune-hec ont prêté à controverses etconforté sa marque politique.Celle du 6 février 1996, parexemple, restreint considérable-ment le champ d’application du« délit d’abus de bien sociaux » (at-ténué s’il sert économiquementl’entreprise) et prête à croirequ’elle est destinée à étouffer les« affaires ». Là encore, comme àl’issue du procès Garretta, Chris-tian Le Gunehec a (trop ?) parlé. Ils’est prononcé personnellementsur le sujet, non pas sur le seuil duPalais cette fois, mais lors d’un col-loque organisé quelques mois plustard par la Maison de l’avocat àParis, dans lequel il soutenait la dé-cision de la Cour de cassation.

Mais les cartes se brouillent. Lereprésentant du ministère public àla Cour de justice de la Répu-

blique, le procureur Jean-FrançoisBurgelin, pourtant lui aussi mar-qué à droite, a prononcé au béné-fice des anciens ministres socia-listes deux réquisitoires denon-lieu. Par ailleurs, les différentsarrêts rendus par la chambre cri-minelle de la Cour de cassationsous la présidence de « Le Gu »permettent difficilement d’établirune ligne politique univoque.

I NSAISISSABLE, complexe, lapersonnalité du magistrat nese range pas, comme certains

l’auraient voulu, dans une case.« C’est un esprit imaginatif qui saitdébrouiller des situations juridiquesinextricables et rend des avis tou-jours surprenants. Quand noussommes tous comme des mouchesdans un bocal, c’est lui qui trouve lasolution », commente un avocatgénéral près la Cour de cassation.Quant à sa servitude supposée aupouvoir politique, cela fait bondirle président de la CJR : « A trois re-prises, j’ai failli être remercié de mesfonctions de directeur des affairescriminelles pour excès d’indépen-dance », affirme-t-il. Lors d’unmouvement de révolte dans lecontingent militaire en 1975, no-tamment, il aurait été convoqué àMatignon et à l’Elysée pour avoirrefusé de poursuivre devant laCour de sûreté de l’Etat. « De 1958à 1981, ajoute-t-il, je ne vois pascomment j’aurais été directeur desaffaires criminelles dans un gouver-nement de gauche. Et, du moins àl’époque, cette fonction avait pourmission de représenter les parque-tiers auprès du ministre, pas lecontraire. »

Quelques semaines avant le dé-but du procès des ministres, sub-mergé par les préparatifs pratiqueset les derniers règlements protoco-laires de cette cour d’exception quidoit tout inventer, Christian Le Gu-nehec prétendait avec un brin decoquetterie n’avoir pas commencéà étudier le dossier, « préférantavoir à juger avec une certaine virgi-nité ». De quoi laisser sceptique.« Le Gu » est un travailleur deforce. Homme de textes, habituéaux fonctions de parquetier et dejuge du siège pour les subtilitésformelles de la Cour de cassation,il s’apprête, pour la première fois,à présider une audience sur lefond. L’apothéose de sa carrière sejoue là. En attendant, il arrache unfiltre de sa Philip Morris, l’air derien.

Marion Van Renterghem

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14 / LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 H O R I Z O N S - D É B A T S

AU COURRIER DU « MONDE »

PRO-EUROPÉENRégulièrement, on peut lire

dans vos pages des points de vuede Max Gallo où il fait appel àl’orgueil national contre une véri-table et moderne cinquième co-lonne, le Prussien de l’intérieur : lepro-européen. Pro-européen quiimpose une nouvelle pax (germa-nique !) blessante à la conscienceexistentielle du Français.

Quelle belle image d’Epinal,bien nationaliste et revancharde,que la vision du Prussien botté etcasqué à Versailles par un mon-sieur qui fait, dans ses ouvrages,l’apologie exaltée des bottes etuniformes quand ils sont français(napoléoniens de préférence),mais qui oublie parallèlement que,si le Prussien trouva prétexte à al-ler jusqu’à Versailles, c’est que les« bottés » et « casqués » de Napo-léon III se seraient bien payé unebalade à Berlin. Mais là est l’art dunationaliste va-t-en-guerre : dansun cas, c’est l’apport de la civilisa-tion, dans l’autre, le retour à labarbarie. Que l’humanité cesseenfin d’entendre ces rancœursidentitaires et vendettas idiotesqui poussent à la haine et à sesconséquences parce qu’elles fontcroire que les êtres humains nepeuvent se côtoyer et vivre enpaix !

Permettez-moi, Monsieur Gallo,de vous laisser à vos livres d’his-toire de France, si peu objectifs ettravaillés à la sauce identitaireexacerbée, et de souhaiter quevous disparaissiez noyé dans l’Eu-roland, pour mon bonheur et celuide ceux qui veulent vivre en paixen Europe. De disparaître de la fa-çon la plus pacifique qui soit, pascelle que vous représentez avecvos hussards et autres marchandsde mort et de gloriole : de dispa-raître dans l’oubli.

Gilles CollinDampierre (Jura)

Nous ne prétendrons jamais faire justicequand la justice s’en charge,quelles que puissent être nos inquiétudessur le fonctionnement de la justice

Plusieurs textes préviennent avec raisoncontre le risque de l’anachronisme.Déclaration d’intention irréprochable,si elle ne prenait appui sur des déclarationslénifiantes de quelques sommités

Sang contaminé : trop de silences assourdissantspar Philippe Mangeot

L A photo date de 1992.Des militants d’Act Upbrandissent des pan-cartes où l’on discerne

les visages maculés de peinture deGeorgina Dufoix, de Laurent Fa-bius, d’Edmond Hervé. Cette pho-to, ou l’une de ses variantes, on l’arevue récemment dans des jour-naux. Avant que le procès des mi-nistres n’ait lieu, le décor est plan-té. Les manifestations qu’Act Up aorganisées devant le palais de jus-tice où se tenait le procès des doc-teurs Garretta, Allain, Netter etRoux le constituent en partie. Encontrepoint, d’autres images : levisage soucieux des trois ministresen rang d’oignon, ou le portraitsolitaire de Laurent Fabius – auchoix, le banc des accusés ou labête traquée.

Cette scénographie vaut tout undiscours. On y reconnaît d’embléeun récit archaïque et terrifiant :aux portes du palais, le peuple crievengeance et réclame des têtesque la justice ne lui donnerait pas.D’un côté, les « lyncheurs », del’autre, le « bouc émissaire »,termes que les éditorialistes re-prennent à l’envi.

Depuis quelques jours, des jour-nalistes appellent Act Up avec lamême question : « Qu’allez-vousfaire ? » Jusqu’à nouvel ordre,nous ne ferons rien. Dans le tondes journalistes, on perçoit unedéception à peine dissimulée.C’est Act Up pris en flagrant délitd’inconséquence : nous ne tien-drions pas notre rôle, nous nejouerions pas le jeu.

Les images que nous aurions pufournir figuraient pourtant à mer-veille le dispositif d’un procès oùles plaignants, faute de pouvoir seconstituer partie civile, ne serontpas représentés. Dans les murs, lesministres ; dans la rue, les vic-times. Où l’on retrouve la vieillescénographie, et tous les scénariosassociés : du côté des malades,l’image et les slogans assassins ; ducôté des accusés, le discours et laparole mesurée. Ou encore : le pri-vilège des puissants, pour lesquelsla Cour de justice aurait été tailléesur mesure, contre le dénuementdes petits, privés d’audience et in-terdits d’avocats. On a lu récem-ment ces deux scénarios : celui du« rituel sacrificiel » , celui de la« justice de caste ».

Nous ne jouerons pas ce jeu, eneffet. Nous n’irons pas dans la rueréclamer la tête des ministres aumoment où ils sont jugés, pas plus

que nous n’avons exigé celle desmédecins à l’époque de leur pro-cès. Cela n’a rien à voir avec nosconvictions quant à leurs respon-sabilités respectives dans la conta-mination d’hémophiles et detransfusés. Mais nous ne préten-drons jamais faire justice quand lajustice s’en charge, quelles quepuissent être nos inquiétudes surle fonctionnement de la justice.

Au début des années 90, nousavons manifesté pour la tenued’un procès qui étudie la questionde la responsabilité des politiques.Faute de ce procès, les quatre mé-decins jugés et condamnés étaientdes victimes expiatoires offertes àl’opinion publique pour qu’ellepasse sa colère. La violence desimages que nous avons données àvoir et que l’on exhume au-jourd’hui n’a de sens que dans uncontexte où l’inculpation des mi-nistres était inimaginable. On apeut-être oublié l’énergie formi-dable déployée par quelques asso-ciations pour faire admettre l’exis-tence d’un scandale que nul nevoulait reconnaître à l’époque. Onne se souvient manifestement pasdavantage de la bataille que nousavons menée pendant des années,en amont et au-delà de l’affaire dusang contaminé, pour fairecomprendre la nature politiqued’une épidémie trop volontiersconsidérée comme une fatalité.

Maintenant, ce procès vacommencer. Nous l’avions deman-dé. Nous aimerions pouvoir diresimplement que c’est à la justice

de faire son travail. Nous nous entiendrions là, n’était la série detextes publiés ces derniers tempsdans la presse : un front commund’historiens, de sociologues, dephilosophes, d’économistes et dedirecteurs de revue, qui vise à dis-qualifier le procès avant mêmequ’il n’ait lieu. Jean-Claude Casa-nova, Olivier Mongin et Pierre No-ra, Michel Crozier et Michel Bauer,Jean-Noël Jeanneney, BlandineKriegel, Alain Minc, Michel Wi-nock : tous récitent avec une appli-cation de bon élève des arguments

identiques, des paragraphes en-tiers recopiés sans effort dans ledossier concocté par les avocats deLaurent Fabius (le président del’Assemblée nous l’a fait parvenir ily a quelques semaines).

De la lecture de ces articles, dela consultation de ce dossier, onretiendra d’abord une séried’omissions. A la longue, certainssilences deviennent assourdis-sants.

Silence, d’abord, sur les motifsdu procès tels que les a définis lacommission d’instruction. A laCour de justice, il reviendra de dé-mêler un certain nombre depoints. Il y a des faits incontestés :c’est le cabinet du premier mi-nistre qui dessaisit, le 9 mai 1985,le secrétaire d’Etat à la santé dudossier du dépistage ; c’est cemême cabinet qui retarde l’homo-logation du test de dépistage amé-ricain pour favoriser le développe-ment du test français concurrent ;c’est encore lui qui, le 20 mai, faitretirer d’un discours d’EdmondHervé l’annonce du dépistage sys-tématique des dons de sang, dontLaurent Fabius se chargera finale-ment un mois plus tard.

Entre ces faits, les liens sont in-certains, les responsabilités obs-cures : Edmond Hervé s’en remet àMatignon ; François Gros, conseil-ler scientifique du premier mi-nistre, déclare avoir agi avec l’avalde Laurent Fabius ; Laurent Fabiusdit n’en avoir rien su. Ces incerti-tudes justifient à elles seules la te-nue d’un procès où l’on devra

trancher, entre autres, entre l’hy-pothèse d’une responsabilité ef-fective de Laurent Fabius et celled’un dysfonctionnement au cabi-net du premier ministre. De cetimbroglio, nos auteurs ne disentmot. Ils ne retiennent que le19 juin, quand Laurent Fabius dé-cide publiquement du dépistagedes dons : « Il a sauvé des vies. »

Cet escamotage vide le procèsde sa substance : il en fait un évé-nement absurde et arbitraire. Aces petits faits vulgaires, on substi-tue une explication invérifiable : ce

procès n’aurait d’autre motif quede désigner un coupable « qui soità la hauteur du drame ». Prestigede la rhétorique, qui fait du désirde vérité formulé par les plai-gnants une compulsion de lyn-chage...

Silence, ensuite, sur deux destrois ministres inculpés. Dans cestextes, il n’est question qu’en pas-sant de Georgina Dufoix et d’Ed-mond Hervé. Ces dernierssemblent faire les frais d’une opé-ration qui vise à ne disculper quele plus prestigieux des trois mi-nistres : pour sauver Laurent Fa-

bius, on sacrifie ses confrères.Dans cet oubli, il y a comme unvice de forme. L’argument centfois répété d’une « judiciarisa-tion » de la vie politique qui para-lyserait les élites dirigeantes auraitplus de poids s’il s’appliquait éga-lement aux trois ministres. On nese souvient pas, cependant,d’avoir tellement entendu ceux quis’offusquent aujourd’hui d’un telprocès quand fut instaurée, en1993, la Cour de justice de la Répu-blique, qui sanctionnait le principed’une responsabilité pénale des di-rigeants. On sait, par ailleurs, queLaurent Fabius a décidé de fairecavalier seul en choisissant unedéfense indépendante de celle desautres inculpés, au risque que cha-cun renvoie sur les autres la res-ponsabilité dont il est accusé. Delà le soupçon d’un argument decirconstance et de connivence, pu-blié juste avant l’ouverture du pro-cès, afin de discréditer d’avance ladécision des juges au cas où elle neserait pas favorable au présidentde l’Assemblée.

Silence, enfin, sur les hémo-philes et les transfusés, sur les ma-lades et sur les morts. L’affaire,telle que ces textes la présentent,est aussi abstraite que désincar-née. Parfois, les victimes sontcomptabilisées dans des pourcen-tages, des moyennes et des statis-tiques. Tout au plus leur re-connaît-on une « colère légitime »,

une « exigence légitime de vérité »,un « souci légitime de faire re-connaître leur souffrance ». Pourêtre reprise à l’identique d’articleen article, la concession n’en pa-raît que plus sèche et plus hau-taine. Dans l’opération, des corpsont disparu. En face du pluriel in-différencié des « victimes », unhomme seul. Celui-là a du corps. Ilsouffre. Les références extrava-gantes à Dreyfus, Caillaux et Blumservent d’abord à cela : LaurentFabius est une incarnation.

A ces silences, il faut ajouter unedose de malhonnêteté intellec-

tuelle. Plusieurs textes pré-viennent avec raison contre lerisque de l’anachronisme. Il fautéviter, disent-ils, de juger les faitsde 1985 avec le savoir dont on dis-pose aujourd’hui. La déclarationd’intention serait irréprochable sielle ne prenait naïvement appuisur une sélection des déclarationslénifiantes de quelques sommités.On voudrait rappeler aux auteursd’aujourd’hui que, pour restituersans anachronisme et sans partia-lité la teneur du débat de l’époque,il faudrait au moins rendre justiceà quelques sommités plus in-quiètes que les premiers signes del’épidémie avaient davantage affo-lées. Surtout, le fait que des infor-mations contradictoires aient cir-culé dans la communautéscientifique et dans les journauxne permet en rien de blanchir lesresponsables politiques. Ce seraitoublier qu’en matière de santé pu-blique le souci nécessaire de la vé-rité passe après le principe de pré-caution. En 1985, si les morts dusida étaient peu nombreux, ils n’enétaient pas moins réels. Dès lors,on aurait aimé qu’une politique unpeu responsable ait privilégié leshypothèses les plus alarmantes etse soit déterminée en fonction dupire : sous-estimer un danger estautrement dangereux que le sures-timer. A l’époque, on imaginaitque la majorité des séropositifs nedévelopperaient pas la maladie.

Pouvait-on prendre cependant lerisque de condamner des milliersde personnes à vivre une vie estro-piée, de les exposer à la haine et àl’exclusion ? Laurent Fabius le saitbien, qui dit s’être fait traiter depédé quand il a imposé le dépis-tage automatique des dons.

De silences en omissions, de lé-gers déplacements en franches dis-torsions, on tente de soustrairel’affaire à l’histoire, aux victimeset à la décision des juges. Maisla position « en surplomb »qu’adoptent les commentateurss’autorise parfois d’une ambitionplus haute : en critiquant la tenuemême de ce procès, on veut poin-ter le risque d’une confusion entreresponsabilité pénale et responsa-bilité politique qui mettrait en dan-ger le fonctionnement de la démo-cratie. C’est ce que disent deconcert les directeurs des trois plusimportantes revues françaises.

On leur prêterait peut-être uneoreille plus attentive si, après avoirémis des doutes sur la compatibili-té du droit pénal avec les faits quisont reprochés aux ministres, ilsproposaient une solution juridiquealternative crédible. Au contraire,ils décrètent a priori, et sans autreforme de procès, l’innocence deLaurent Fabius. Ce faisant, ils éva-cuent d’un revers de main la ques-tion de la responsabilité en ma-tière de santé publique que ceprocès devrait avoir pour missiond’éclairer. Tant que cette questionn’aura pas été sérieusement posée,on pourra en toute légèreté conti-nuer de sacrifier les exigences desanté publique à des considéra-tions économiques ou idéolo-giques. C’est ce qu’on a fait en1985. C’est ce qu’on a fait en 1986,quand un projet de décret instau-rant la vente libre des seringues aété oublié dans un tiroir parce qu’ilsemblait inopportun dans unepériode électorale. C’est ce qu’on afait jusqu’en 1987, tant que la pro-motion publique du préservatif estrestée interdite par la loi. Et c’estce qu’on fait encore aujourd’hui,quand on accumule les retards enmatière de prévention et d’infor-mation sur le virus de l’hépatite Cou quand on refuse de modifier leslois relatives à la toxicomanie,dont tout le monde s’accorde pourreconnaître les conséquences sani-taires désastreuses.

Philippe Mangeot est pré-sident d’Act Up-Paris.

Une cour forcément partiale par Dany Cohen

C ETTE Cour de justicede la République de-vant laquelle s’ouvrele procès des trois an-

ciens ministres n’offre pas les ga-ranties d’impartialité nécessaires.Trop de choses laissent à l’observa-teur le sentiment que la balancepenche d’avance du côté de lacondamnation.

La composition de la Cour : quedirait-on d’un juge qui, bien avantle procès, distribuerait des tractsstigmatisant le comportement desaccusés et ne verrait aucun in-convénient à faire ensuite partie dela juridiction chargée de déciders’ils sont ou non coupables ? C’estpourtant ce que fit un desmembres de la Cour, Charlesde Courson. Le fait qu’il s’agissed’un juge suppléant ne retire rien àla gravité de la chose.

On est en droit d’attendre d’unjuge qu’il soit impartial. En pra-tique, rien ne permet d’avoir la cer-titude qu’un juge aborde un dos-sier sans le moindre préjugé :comment savoir ce qui se passe enson for intérieur ? Face à cette in-certitude majeure, les parties auprocès sont absolument impuis-santes. Au moins doivent-ellespouvoir compter – c’est, dansnotre système juridique, le corol-laire de cette incertitude – sur laplus minimale des garanties : quel’impartialité « extérieure » du jugesoit manifeste, ostensible, indis-cutable et qu’en particulier seulspuissent siéger ceux qui ne se sontjamais prononcés sur l’affaire, carquiconque a déjà eu à juger dudossier ou de certains de ses as-pects s’est inévitablement forgé, eta exprimé, une opinion.

Or même cette garantie mini-male fait ici défaut : la Cour estprésidée par l’ancien président dela chambre criminelle de la Cour

de cassation qui, sur les pourvoisformés tant par les victimes quepar MM. Allain et Garetta, s’estprononcée le 22 juin 1994. Le faitque les anciens ministres n’étaientpas alors poursuivis n’y changerien ; il s’agissait bien de la mêmeaffaire. Il est dès lors superflu, endroit, d’ajouter qu’on y trouvaitdéjà les questions qui devaient en-suite être longuement débattuespour les ministres. Par quelquebout qu’on prenne les choses, seprononcer, c’est émettre une opi-nion et prendre publiquement po-sition. C’est le contraire de la neu-tralité. C’est incompatible avecl’impartialité qui reste l’impérieuxdevoir du juge.

Quant à l’argument selon lequell’appréciation à porter pourraitl’être complètement indépendam-ment de celle déjà émise sous lahoulette du même président sur lamême affaire, il vient de connaîtrele sort qu’il mérite : l’assembléeplénière de la Cour de cassation ajugé (4 novembre 1998) que le faitd’avoir eu à statuer, même commejuge des référés, sur un dossier in-terdit au magistrat concerné defaire partie du tribunal appelé àtrancher le fond du dossier, bienque l’appréciation à porter ne se si-tue pas sur le même registre. Aplus forte raison doit-il en être ain-si au pénal : avoir déjà statué dansl’affaire du sang contaminé doit in-terdire de siéger à la Cour de jus-tice de la République.

Le président Le Gunehec n’a passeulement présidé la chambre quia prononcé l’arrêt du 22 juin 1994 ;il l’a commenté devant les micros.Comme on imagine que ce com-mentaire n’était pas à proprementparler critique, cela revient à direque le signataire de la décision en aassuré la promotion médiatique− pratique exceptionnellement rare

chez les magistrats de ce niveau.Sur le fond, le propos était si... af-franchi des principes fondamen-taux de notre droit (il suggéraitqu’on pouvait poursuivre etcondamner une personne deuxfois pour un même fait) qu’il acontraint le premier président de laCour de cassation à rectifier publi-quement, fait sans précédent dansl’histoire de cette Cour. Il ne s’agitd’ailleurs nullement de remettre encause la liberté de parole des ma-gistrats, mais seulement d’observerqu’entre s’exprimer publiquementsur une affaire et être le présidentimpartial d’une juridiction qui lajugera ensuite, il fallait choisir, quele choix fut fait de parler.

Divers élémentsauraient dû,au regarddu droit commede la déontologie,conduireM. Le Gunehecà renoncer

Une lecture attentive de l’arrêtdu 22 juin 1994 met plus mal àl’aise encore. L’arrêt constate queles moyens invoqués par les partiesciviles sont irrecevables et rejetteles moyens (c’est-à-dire réfute tousles arguments) que les docteursGaretta et Allain invoquaient pourobtenir la cassation de l’arrêt de lacour d’appel qui les condamnait. Ace stade de la lecture, oncomprend que les pourvois en cas-

sation formés contre l’arrêt d’appelsont rejetés et qu’en conséquencele procès est terminé et lescondamnations définitives. Lachambre criminelle n’avait pas be-soin d’ajouter quoi que ce soit.

C’est pourtant là que surgit undernier passage où figure la phraseinsolite, sibylline, qui dit qu’uneaccusation d’empoisonnement« serait susceptible de poursuites sé-parées », en somme pourrait justi-fier de nouvelles poursuites bienque l’affaire soit déjà jugée. Ou-blions un instant que cette affirma-tion heurte un principe fondamen-tal en vigueur dans les paysdémocratiques pour nous intéres-ser à la manière dont elle survientdans l’arrêt. Il s’agit d’un « moyenrelevé d’office ». En clair, personnene demandait à la chambre crimi-nelle de se prononcer sur ce point,elle pouvait donc parfaitements’en dispenser, mais c’est elle qui,de son propre chef − « d’office » −décide de s’en saisir. Elle a le pou-voir de le faire. Pouvoir dont elleuse peu, estimant que si les avocatsdes justiciables ont mal fait leurtravail, ce n’est pas à elle à pallierleurs carences. Il faut vraiment quela cour d’appel ait violé une règlede droit essentielle pour que laCour de cassation franchisse le paset se résolve à soulever de sapropre initiative l’argument quin’avait été aperçu par personne.En un mot, il faut qu’elle estime in-dispensable de casser une décisionqui, sans cette initiative, échappe-rait à la censure.

Rien de tel ici. C’est même l’in-verse : la chambre criminelle se sai-sit d’office d’un moyen... qu’ellejuge elle-même infondé. Maisalors, pourquoi le fait-elle ? Il eûtété si simple et conforme à la tradi-tion judiciaire française d’extrêmeconcision d’approuver la cour

d’appel sans passer par cettecomplication − d’autant que lepoint soulevé d’office, loin detendre à préserver aucun principefondamental, en heurte un defront.

On est tenté de chercher une fi-nalité pratique à cette construc-tion. Celle-ci se révèle à la lecture :la proposition « et qui serait sus-ceptible de poursuites séparées »,qui vient en toute fin de phrase, estinutile, aussi bien d’un point devue logique que grammaticale-ment, à la réfutation de l’argumentsoulevé d’office ; comment ne paspenser qu’elle a pour fonctiond’ouvrir aux poursuites une voiequi eût été juridiquement insoute-nable sans un signal fort venant dusommet de la hiérarchie pénale ?

Ces éléments auraient dû, au re-gard du droit comme de la déonto-logie, conduire l’intéressé à renon-cer de lui-même, afin que lajuridiction conserve son crédit.

Comme il n’est évidemment paspossible d’entendre comme té-moins déposant sous serment plu-sieurs acteurs importants mis enexamen dans l’information susci-tée par l’arrêt du 22 juin 1994, leprésident a décidé qu’ils seraiententendus sans prêter serment, cequi signifie qu’ils n’auront pasl’obligation de dire la vérité et queleurs dépositions n’auront pas lavaleur de témoignages mais desimples renseignements. Mais cepouvoir exceptionnel n’est accordépar le code de procédure pénale(art. 310) qu’au président de la courd’assises et pas au président d’untribunal correctionnel, dont le pré-sident de la Cour de justice em-prunte les pouvoirs.

Dany Cohen est professeur dedroit privé à l’université Paris-XIII.

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H O R I Z O N S - A N A L Y S E S I LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 15

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

0123 est édité par la SA LE MONDEPrésident du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie ColombaniDirectoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ;

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ÉDITORIAL

La condamnation du cardinal MindszentyIL Y A près de huit cents ans, en

Angleterre, l’archevêque de Can-torbéry, Thomas Becket, étaitassassiné pour avoir obstinémentdéfendu les droits de l’Eglisecontre l’absolutisme royald’Henri II Plantagenêt. Le cardinalMindszenty est aujourd’hui rayéde la vie publique hongroise pouravoir défendu les mêmes droitscontre le totalitarisme des diri-geants communistes hongrois.

« Le cardinal Mindszenty aconspiré contre la démocratie,clame-t-on à Budapest. A ce titre, ildevait être condamné commen’importe quel autre conspirateur. »Quelle est donc cette démocratieque les activités du prélat hongroisont si gravement menacée ? Ladémocratie hongroise actuelle estle régime d’un pays gouverné des-potiquement, sous le couvertd’une coalition asservie, par uneminorité de communistes : 15 %

des électeurs en 1945, 21 % seule-ment aux élections de 1947 malgréles pressions de toutes sortes.

Un seul obstacle jusqu’ici à lamise au pas intégrale de la Hon-grie : l’Eglise catholique. Or,depuis 1945, cette Eglise était diri-gée par une personnalité hostileaux communistes et sans lamoindre confiance dans leurparole. Irréductible, intransigeant,le cardinal Mindszenty exigeaitpour se rallier le maintien de tousles droits de l’Eglise et des garan-ties précises dont les communistesdemandaient justement l’aban-don. Pour réduire le rôle etl’influence de l’Eglise hongroise, ilconvenait donc en premier lieud’abattre son chef. C’estaujourd’hui chose acquise grâceau procès qui vient d’avoir lieu.

Jean Schwœbel(9 février 1949.)

Internet, bulle spéculative ou poule aux œufs d’or ?Suite de la première page

Les sociétés de télécommunica-tion voient le volume de transfertsde données et de communicationstéléphoniques exploser grâce àInternet. France Télécom se réjouitainsi du succès d’Internet : il lui apermis de multiplier par presquetrois le trafic de données en un an.Les sociétés de communicationvoient l’émergence d’un nouveaumédia qui a l’avantage de s’adres-ser directement aux cent millionsd’internautes.

L’ENJEU PUBLICITAIRELa bataille que se livrent ces

grands groupes pour contrôlerInternet fait monter les prix. Legéant des télécoms AT&T a mis lamain sur Excite par l’intermédiairede l’une de ses filiales, @Home.Pour sa part, Disney a acquis de soncôté 43 % d’Infoseek. Tous lesgrands réseaux de télévisioncomme ABC, NBC et CBS devraientfaire rapidement leur marché. Intel,le leader mondial des microproces-seurs, trouve lui aussi dans le phé-nomène Internet un gisement decroissance : les entreprises et lesparticuliers doivent renouvelerrégulièrement leurs équipementsinformatiques pour obtenir plus depuissance. Une filiale de capital-risque d’Intel finance d’ailleurs lessociétés Internet.

Internet évolue ainsi par vaguessuccessives, attirant, à chaque fois,de nouveaux prédateurs. Il y a troisans, l’enjeu était technologique.Microsoft était monté en lignepour contrer l’émergence de Net-scape. Aujourd’hui, c’est la publi-cité sur Internet qui porte la vague.Entre 70 % et 90 % des maigresrevenus des sites « portails » enproviennent actuellement. Ce mar-ché a représenté 1,5 milliard de dol-lars en 1998 (1,33 milliard d’euros)et devrait s’accroître à 15 milliardsde dollars d’ici à 2002. AOL vientainsi de signer un contrat de publi-cité d’un montant de 500 millionsde dollars sur cinq ans avec FirstUSA, le premier émetteur de cartesbancaires.

Mais les perspectives sedéplacent déjà sur le terrain ducommerce électronique. Selon lecabinet Forrester Research, lecommerce électronique a repré-senté 7,8 milliards de dollars(6,9 milliards d’euros) aux Etats-Unis. Il devrait atteindre 108 mil-liards d’ici à 2003. Un marché mul-tiplié par quatorze en cinq ans ! Detelles occasions sont rares. L’émer-gence du commerce électroniquedevrait attirer tous les géants de ladistribution spécialisés ou généra-listes comme Wal-Mart.

Le commerce sur Internetinsuffle une nouvelle croissance àdes marchés matures. Si

Amazon.com, la librairie électro-nique, prend des parts de marché àla librairie traditionnelle Barnes &Nobles, elle touche aussi des per-sonnes qui n’étaient jamais entréesdans une boutique de livres. Levendeur de micro-ordinateurs DellComputer l’a également compris.Sur un marché dont la croissancese ralentit, il a réussi à distancer sesconcurrents en 1998, grâce auxcommandes sur Internet. Une qua-trième vague pourrait concernerles premium services ou services àvaleur ajoutée, comme les servicesfinanciers. Pour avoir adopté Inter-net, le broker électronique CharlesSchwab a ébranlé la puissance de labanque d’investissement MerrillLynch. Celle-ci a décidé de seconvertir à Internet.

LA MARGE ET LE VOLUMEPour Jacques Vallée, spécialiste

du capital-risque dans la SiliconValley, l’Internet de demain n’aurarien à voir avec le Web d’aujour-d’hui. Le programme Next Genera-tion of Internet (NGI), largementfinancé par le gouvernement amé-ricain, vise à contruire un réseaucapable d’augmenter la puissancede transmission. Mais il faut trou-ver les sociétés qui fourniront lesnouvelles applications pour ceréseau.

La liste des nouveaux prédateurss’allongeant et le nombre de cibles

de qualité étant assez rare, lesenchères devraient donc encoremonter. Sur quelles bases ces sites« portails » seront-ils rachetés ?Auparavant, la valorisation d’unesociété Internet dépendait de labelle histoire que voulaient bienraconter ses fondateurs. Aujour-d’hui, les analystes exigent deconnaître l’audience de ces sites (lenombre de pages visitées chaquejour) afin de pouvoir mesurer lepotentiel publicitaire. Bientôt, ilsdemanderont que les sitesdégagent des bénéfices.

Pour un site Web, les marges réa-lisées sur les revenus publicitairessont de 60 % à 70 %. En revanche,le commerce électronique ne géné-rera que des marges de 20 %, maisle volume d’activité sera plusimportant. Stephan Paternot préditque, dès que les sites feront desbénéfices, le marché reviendra àdes multiples de valorisation plusraisonnables : de l’ordre de qua-rante à soixante fois le bénéfice paraction, contre des multiples de sixcents à mille aujourd’hui. Le pro-blème d’un site Web sera de fairecroître la masse des bénéfices desorte qu’elle compense la chute desmultiples. Les cours de Bourse dessociétés qui y parviendront nedevraient pas chuter. Les autresseront, effectivement, emportées.

Enguérand Renault

Les « amis » du roi HusseinD ANS le groupe, au-

jourd’hui vieillis-sant, des dirigeantsarabes, le roi Hus-

sein de Jordanie fut, la plupartdu temps, un modèle de pondé-ration. Il s’est battu contre les Pa-lestiniens puis a su faire la paixavec Yasser Arafat ; il s’est battucontre les Israéliens puis a été ledeuxième chef d’Etat arabe,après l’Egyptien Sadate, à re-connaître son voisin de l’Ouest ;grâce aux relations informelleset clandestines liées de longuedate avec ce dernier, il a su teniren respect la Syrie, au nord, quine lui voulait pas de bien ; avecl’Irak, au sud, qui ne lui a pastoujours voulu du bien non plus,il a su tisser d’importants lienséconomiques. Enfin, seul de sespairs arabes ou à peu près, il aamorcé un début de démocrati-sation, qui a permis à un fortcourant islamiste d’être repré-senté au Parlement d’Amman.

La performance n’est pasmince. Et tous les grands de cemonde, réunis lundi 8 février àAmman pour lui rendre le der-nier hommage, le diront à satié-té. Mais leur présence massivemanifeste aussi leur inquiétude.De Boris Eltsine à Bill Clinton enpassant par l’Israélien BenyaminNétanyahou, chacun sait que laJordanie est le maillon faible dela région. Personne n’ose le direpubliquement, mais nul nel’ignore : à plus de 60 % palesti-nienne, la population duroyaume était animée de senti-ments pour le moins ambigus àl’égard du roi ; elle ne voyait pasles bénéfices économiques de lanormalisation avec Israël ; ellen’a pas compris les mouvementsdésordonnés de la diplomatie du

pays à l’égard de l’Irak (d’abordpour Saddam Hussein, en 1991,puis contre, à partir de 1994...).

Afin d’exorciser une bonnedose d’inquiétude quant à l’ave-nir du pays, les « grands » vontdire haut et fort leur inébran-lable confiance dans la pérennitéde la maison hachémite. Pourcertains d’entre eux, l’exercicerelèvera de l’hyprocrisie. Onpense, d’abord, à Benyamin Né-tanyahou. Après tout, si le pre-mier ministre israélien avait vou-lu autant de bien à la Jordaniequ’il l’a proclamé au lendemaindu décès du roi Hussein, il n’au-rait pas agi comme il l’a fait de-puis son arrivée au pouvoir. Entorpillant les négociations avecYasser Arafat, M. Nétanyahoun’a cessé de mettre le roi enporte-à-faux face à sa populationpalestinienne. Faut-il rappeler,ici, qu’il ne déplairait pas à unebonne partie de la droite israé-lienne d’installer en Jordanie lefutur Etat palestinien ?

On pense aussi à Bill Clinton.Le maintien de l’embargocommercial à l’encontre de l’Iraka privé la Jordanie de son princi-pal partenaire économique.Après celle de l’Irak, la popula-tion jordanienne paie le prix fortde l’embargo. Elle le supportemal. Elle comprendrait encoremoins que les Etats-Unisveuillent – comme ils en mani-festent l’intention – embrigaderla Jordanie dans leur bataillepour abattre le régime de Sad-dam Hussein. Ce ne sera pas ditlundi, dans le flot des louangesadressées à la mémoire du roiHussein. Mais on peut beaucoup,à Jérusalem et à Washington,pour assurer une transition pai-sible à Amman.

Pour une justice équitableSuite de la première page

Aurions-nous été un peuple plusauthentiquement démocratique,nous aurions fait une place de plusen plus grande à la réparation, plu-tôt que de toujours privilégier lapunition : car au début de cette tra-gédie française qui devait faire prèsde 4 000 victimes, il y eut la colèrede ceux qui les représentent. Co-lère motivée par le refus de l’Etatd’entrer, comme ce fut le cas par-tout ailleurs, dans un processus deréparation. Refus qui renvoie àl’inadéquation de nombre de nosinstitutions, peu en phase avec l’af-firmation de la société civile, aurang desquelles la justice adminis-trative : le Conseil d’Etat n’admetque depuis peu la notion de res-ponsabilité sans faute, qui ouvredroit à réparation. Donc, devant lerefus de réparer, qui fut pris pourde l’indifférence, les associationsfurent conduites à réclamer, et ob-tinrent, la pénalisation de l’actionpublique.

Celle-ci n’est pas, dans son prin-cipe, condamnable. Au contraire :elle comble un vide juridique quipermettait de poursuivre et decondamner un directeur d’admi-nistration centrale, et interdisaitpour les mêmes faits de poursuivrele ministre. Au nom d’un vieuxprincipe de droit romain – princepsa legibus solutus est –, traduit enfrançais d’Ancien Régime par « leroi ne peut mal faire », et perpétuédepuis. L’objet de la Cour de jus-tice de la République est de mettrefin à ce privilège.

Au demeurant, il devrait en allersimplement : les délits, a fortiori lescrimes, doivent être jugés de lamême façon, quels qu’en soient lesauteurs. Quant aux actes de gou-vernement, ils ne peuvent plus re-lever seulement de la sanction poli-tique, autrement dit électorale.D’abord, parce que le jugementdes citoyens peut avoir besoin,pour se former, d’investigations ri-goureuses, approfondies et pu-bliques. Ensuite, parce que les actesde gouvernement peuventconduire à commettre des infrac-tions pénales : le procès Papon estvenu en faire, tardivement mais sa-lutairement, la démonstration.Même s’il est vrai qu’en matière degouvernement l’infraction pénalemérite une définition particulière-ment rigoureuse et précise.

Un défaut de réparation, et la co-lère – légitime – des représentantsdes victimes, un processus de nor-malisation de la vie publique à tra-vers le recours à une juridiction : ileût été normal, dans ces condi-tions, de se préparer à un épisodejudiciaire qui permette d’apaiserles passions, de démonter, danstoute leur complexité, les chaînesde commandements qui vont del’expert au décideur, et d’en tirer laleçon pour l’avenir.

Aux citoyens, et parmi eux auxvictimes et à leurs familles, ce pro-cès doit non pas une vengeance,mais une mise à plat rigoureuse,menée contradictoirement et jus-qu’au bout, des décisions prises,des conditions dans lesquelles elles

l’ont été, des informations dontdisposait le gouvernement. Afinque ceux qui le méritent soient dis-qualifiés pour toute responsabilitéfuture qu’ils viendraient à solliciterdes électeurs. Afin que ceux qui nele méritent pas soient prompte-ment réintégrés, requalifiés enquelque sorte pour toute responsa-bilité dont ils s’estimeraient dignes.Voilà ce que l’on est en droit d’at-tendre de ce procès.

a

Hélas ! les conditions qui ontprésidé à la mise en place de laCour et à la mise en cause des troisministres d’une part, la façon dontsemblent avoir été écartés des ar-guments de fond d’autre part, fontcraindre le pire. Et laissent, avantmême la première audience, unedétestable impression de malaise.

La Cour de justice de la Répu-blique est tenue de respecter la loicommune, autrement dit le codepénal. Première surprise, premièresource de malaise : pour faire en-trer des actes de gouvernementdans le cadre des crimes et délitsprévus par le Code, il a fallu que lamagistrature et le Parlement lui-même se livrent à une gymnastiquerappelant de fâcheux précédentshistoriques et aboutissant à quali-fier, disqualifier, puis requalifier lesactes de trois membres du gouver-nement. Donc à faire ce qui, dansune démocratie qui cherche à seconvertir en Etat de droit, devraitêtre, par définition, proscrit. Maischacun a bien compris que ces re-qualifications étaient là unique-ment pour déclencher le procès. Ilfallait qu’il eût lieu, voilà tout !

D’où l’invention de cette Cour dejustice dont ce procès sera le bap-tême du feu. Il fallait dépasser leblocage que constituait la HauteCour, qui ne sert que pour le crimede haute trahison. Autrement dit,pour ainsi dire jamais. Mais, au lieud’imaginer une solution claire etnovatrice, les parlementaires, sousla pression de l’opinion, ont optépour un dispositif bâtard, politico-pénal, judiciaro-politique : car, enl’espèce, la Cour de justice est des-tinée à juger pénalement des res-ponsabilités politiques. D’où le sen-timent de malaise devant laconfusion de deux registres. Il au-rait été plus pertinent de profiterde l’occasion pour instituer deuxprocédures : l’une, pénale – doncclairement judiciaire –, destinée àjuger les crimes ou délits éventuel-lement commis par des ministresdans l’exercice de leurs fonctions ;l’autre, politique – donc issue de lareprésentation nationale –, desti-née à sanctionner politiquementdes fautes qui ressortent de la res-ponsabilité politique. Ce seconddispositif est à l’œuvre dans la dé-mocratie américaine, où le Congrèspeut sanctionner d’une peined’amende ou d’inéligibilité l’un dessiens face à un manquement auxrègles éthiques du jeu politique.

D’entrée, nous avons donc quittéle processus d’origine – de normali-sation de la vie publique – pour al-ler vers un procès d’exception. Etprendre le risque d’une justice decirconstance, pour ne pas dire

d’occasion. Car le président Le Gu-nehec eut une place éminente dansla qualification des faits reprochésaux ministres. Il était donc déjà in-tervenu au fil de cette affaire,contredisant lui-même le principede « l’autorité de la chose jugée » :deuxième surprise, au-delà du ma-laise.

Chemin faisant, nous appro-chons d’une justice politique qui nedit pas son nom. Le défaut majeur– et inquiétant – de la Cour de jus-tice de la République telle qu’elle aété instituée est de mêler deuxpouvoirs qui devraient rester sépa-rés. Si les parlementaires– membres volontaires de laCour ! – se laissent entraîner, parleurs préjugés ou leurs intérêts po-litiques partisans – il y a à la Courune majorité de droite –, à seconduire en justiciers, la démocra-tie vivra, en France, de nouveau, unde ces épisodes lugubres qu’il se-rait alors juste de comparer àd’autres entreprises d’exécutionspolitiques camouflées en actes ju-diciaires.

a

La forme, les formes qui ont ac-compagné la naissance de ce pro-cès sont donc source de malaise. Ilen est d’autres, qui touchent aufond du dossier.

Et d’abord ceci : il ne s’agit passimplement de la pénalisation desdécisions politiques, il s’agit de lapénalisation de ces décisions dansle domaine de la santé publique.Dans les pays où existe la convic-tion de l’efficacité du système desanté, la justice ne s’en fait pas lecenseur : tout porte à croire que laFrance n’entre pas, ou pas encore,dans cette catégorie. Quoi qu’il ensoit, il serait bon d’admettre aupréalable qu’en matière médicale,le risque zéro n’existe pas ; et quel’aléa fait partie intégrante de toutacte thérapeutique. Le nier seraitcompromettre la relation médecin-malade.

En outre, deux élémentssemblent quelque peu minimisés.Au cœur de l’affaire dite du sangcontaminé, il y a ce que BlandineKriegel appelle la « sinistre excep-tion française » : le fait que laFrance compte, en proportion,trois à quatre fois plus de per-sonnes contaminées par transfu-sion, alors que la justice, attachéeaux actes de trois ministres, a es-sentiellement enquêté sur la miseen œuvre des techniques de chauf-fage (destinées à inactiver les pro-duits transfusés) et sur d’éventuelsretards dans la mise en œuvre destests de dépistage. Mais à l’originedu nombre des transfusés contami-nés il y a le fait que la France se si-tuait, ou se croyait, à l’avant-gardede la transfusion sanguine ; et quenotre système reposait largementsur une idée rédemptrice du dondu sang – d’où sa pratique en mi-lieu carcéral, c’est-à-dire, comptetenu de l’état de nos prisons, àhauts risques – et sur le laxismedans la sélection des donneurs : lacirculaire le réclamant n’a pas étéappliquée, sous la pression de ceuxqui y voyaient un signe de discrimi-nation. S’y est ajouté le refus, tantdes médecins spécialistes de l’hé-mophilie, que des associations demalades elles-mêmes, de revenir à

des traitements plus lourds – pré-parés à partir du don de quelquesdonneurs – et de renoncer à destraitements devenus usuels etconfortables.

Enfin, comment négliger unedonnée essentielle, dans les do-maines où l’expertise, la science dusavant, sont décisives par rapport àla responsabilité du politique, à sa-voir les connaissances scientifiquesde l’époque ? Or, à l’époque, per-sonne, du moins parmi les « ex-perts » faisant autorité, n’établis-sait de lien entre séropositivité,induite par le sang contaminé, etmaladie. Celui-ci ne s’imposera quedans le courant de 1986. Curieuse-ment, personne ne semble vouloirse souvenir aujourd’hui que le papede l’hématologie, le professeurJean Bernard, assurait que « lerisque du sida est moins grave quecelui de l’hépatite ». Donc l’évalua-tion du risque, telle que pouvait lapercevoir un ministre, avait degrandes chances d’être fausse.

a

A travers la relation entre le sa-vant-sachant, irresponsable, et lepolitique-ignorant, mais respon-sable, voici que réapparaît la ques-tion de la place de la justice dans ladémocratie française. De toustemps, la justice, en France, a étésoumise au pouvoir politique. Lesdix années qui viennent de s’écou-ler l’ont vu, progressivement,prendre son indépendance : c’estheureux. Mais comme souvent,cette évolution se déroule enFrance par à- coups, dans une vio-lence symbolique entre l’exécutif etle judiciaire. Nous sommes dans unde ces moments-symboles, avec unrisque évident de dérapage : parceque ce procès laisse entrevoir laprétention à juger de tout, ycompris dans un domaine où la cir-conspection devrait s’imposer aujuge, celui de la santé publique,dans une acception, qui peut rapi-dement devenir absurde, du champde la responsabilité politique.

Le vieux principe romain du pri-vilège du prince, assurément dé-suet, ne doit pas céder la place à unprécepte qui voudrait que le princesoit dissous dans la loi. Toute dé-mocratie repose sur l’équilibre et laséparation des pouvoirs : ce procèsmarquera, de ce point de vue, lefranchissement ou non, par la jus-tice, de la limite au-delà de laquelleil faudrait lui opposer un contre-pouvoir. C’est dire la responsabilitédes juges de la Cour de justice de laRépublique. Si, dans cette affaire,nous sommes passés du drame auscandale, c’est parce que noussommes passés de la démocratiereprésentative à la démocratied’opinion. Et les équilibres de celle-ci restent à définir.

C’est dire aussi notre responsabi-lité à tous, politiques, journalistes,militants d’associations, bref, ci-toyens : devenu nécessaire, dansun irrésistible enchaînement de cir-constances dramatiques, ce procèsdoit maintenant avoir lieu dans lasérénité, sans passion ni mise enscène. C’est la condition pour qu’ilsoit juste et équitable. Et que leverdict finalement rendu soit in-contestable et incontesté.

J.-M. C.

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16 / LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 H O R I Z O N S - E N T R E T I E N S

Une vie d’AméricainIL S’EST RETIRÉ au Texas. Il

y avait fait fortune dans le pé-t ro le , au l endemain de l aguerre, après avoir été sur lefront du Pacifique l’un des plusjeunes p i lotes de l ’US Navy .C’est au Texas encore qu’il en-tra en politique, pour y faireune aussi belle carrière, côté ré-pub l i ca in , que dans l e s a f -fa i res : é lu de l ’E ta t à l aChambre des représentants ,grand manitou dans le parti,puis directeur de la CIA, ambas-sadeur à Pékin, vice-président tout au long desdeux mandats de Ronald Reagan à la MaisonBlanche, avant d’occuper à son tour les respon-sabilités suprêmes (1988-1992). Une belle vied’Américain.

A 75 ans, l’homme n’a pas beaucoup changé. Ila une façon de porter le costume sombre à finesrayures blanches, d’arborer une chemise tailléesur mesure et frappée à ses initiales, qui trahitl’héritage : la famille aisée de la côte Est, le pèrebanquier et sénateur, l’éducation dans les meil-leurs collèges et universités, la pratique assiduedes sports de plein air. Et puis, très cultivée, il y ala manière de tomber la veste, ce petit rictus aus-

si au coin des lèvres, bref latouche texanne pour bien mon-trer, précisément, que GeorgeHerbert Walker Bush n’est pasque le représentant de la vieilleélite de Nouvelle-Angleterre.

Ins ta l lé dans un sa lon duRitz, en compagnie de BrentScowcroft, ancien conseil lerpour la sécurité nationale etcoauteur de ses Mémoires, A laMai son B lanche , quat re anspour changer le monde (édi-tions Odile Jacob, 600 p., 190 F,

ou 29 ¤), il parle avec toujours autant de passionde ce qui l’occupa le plus à la Maison Blanche : lapolitique étrangère.

A-t-il payé, en n’étant pas élu pour un secondmandat, à l’issue de la campagne de 1992, le faitd’avoir donné l ’ impression qu’il délaissait lefront intérieur ? Fair play, Bush, le grand sportif,dit qu’il n’en croit rien, simplement que Bill Clin-ton a mené une bonne campagne et que lui n’apas su convaincre les Américains que la repriseétait là, au coin de la route. Une reprise qui faittoujours la bonne fortune du même Clinton.

Al. F.

GEORGE BUSH

George Bush, ancien président américain

« Je ne veux pas voir la France et les Etats-Unis s’éloigner de plus en plus »Dans ses mémoires qui viennent d’être publiés en France, celui qui, en 1989, succéda à Ronald Reagan à la Maison Blanche s’explique sur la chute

de l’URSS, la guerre avec l’Irak, les rapports entre Washington et ses alliés. Avec son conseiller Brent Scowcroft, il exprime ses inquiétudes sur l’avenir« Vous qui, d’une crise à

l’autre, de la réunification alle-mande à la dissolution de l’em-pire soviétique en passant par lacrise irakienne, n’avez cessé deconsulter vos alliés européens,comment voyez-vous leurcontinent aujourd’hui, l’intégra-tion européenne, l’avènementde l’euro ?

– George Bush : Pour être tout àfait honnête, je vous dirais que celam’inquiète un peu. Comment vontse faire les interactions entre nouset cette Europe ? Est-ce que nousallons avoir à traiter avec un vastebloc commercial qui interdira cer-tains de ses marchés aux produitsaméricains ? Cela m’inquiète parceque nous avons déjà des difficultésavec l’Europe, sur l’agriculture parexemple. Je ne suis pas très, très in-quiet, parce que je suis sûr que lesEtats-Unis pourront s’arranger avecl’Europe, avec ce qu’elle décidera.Je ne m’inquiète pas vraiment mais,par exemple, et contrairement àbeaucoup dans mon équipe, je n’aijamais pensé que l’euro était la ré-ponse pour stabiliser l’Europe. Jevais être honnête avec vous : il y amême certains aspects de l’euroque je ne comprends pas pleine-ment. Je ne comprends pas com-ment cela va se passer quand unpays de l’Union ira mal et qu’il fau-dra que les autres aillent à son se-cours...

– Brent Scowcroft : Je crois quela plupart des Américains sont am-bivalents à l’égard de l’intégrationeuropéenne. Moi, je pense quec’est une bonne chose. Je crois qu’ilfaut que nous, Américains, sa-chions en profiter pour avoir uneperspective plus large, pour avoirune conception plus globale de lacommunauté atlantique [que for-ment les Etats-Unis et l’UE]. C’estvers plus d’intégration au sein del’ensemble de cette communautéatlantique qu’il faut aller. Aprèstout, ce sont bien l’Union euro-péenne et les Etats-Unis qui de-vront agir ensemble si l’on veut quel’état du monde soit meilleur pournos enfants.

– Mais vous redoutez desconflits d’intérêt croissantsentre les Etats-Unis et cette Eu-rope en formation ?

– G. B. : Ce n’est pas la relationentre les deux ensembles qui m’in-quiète, les difficultés qui peuventêtre créées par tel ou tel aspect del’intégration européenne, mais lesdifférends que nous pouvons avoiravec tel ou tel des membres del’Union. Le fait que nous ne soyonspas aujourd’hui aussi proches de laFrance que nous l’étions à l’époquede ma présidence m’inquiète. Al’évidence, Paris et Washington ontdes points de vue différents surl’Irak. Je ne veux pas voir nos deuxpays s’éloigner ainsi de plus en plusl’un de l’autre. Si une telle évolu-tion devait se confirmer, elle ren-forcerait le camp des isolationnisteset des protectionnistes aux Etats-Unis, ceux qui sont indifférents ànos relations avec nos alliés. AuCongrès, nous avons ainsi une coa-lition – d’isolationnistes et de pro-tectionnistes – qui unit des élus degauche, ceux qui sont proches des

syndicats, des types un peu cinglés,comme Ross Perot, et une partie dela droite républicaine.

» Quand je suis arrivé à la Mai-son Blanche, on m’avait dit : “Mit-terrand est quelqu’un de difficile.”Mais lorsqu’il y a eu des difficultésavec la France, avec Mitterrand, ona travaillé dur pour les résoudre.Aujourd’hui, je ne voudrais pas quenos deux pays soient de plus enplus distants, qu’il s’agisse de pro-blèmes politiques ou économiques.

– Vous représentiez une ma-nière de faire de la politiqueétrangère qui n’existe plus. Vousétiez un peu la dernière incarna-tion de cet establishment – très“Côte est”, grandes universités,“Ivy League”, comme on dit –soucieux de l’Europe. Au-jourd’hui, on a l’impression quela politique étrangère des Etats-Unis est largement aux mains duCongrès, aux mains d’élus quipratiquent volontiers l’unilaté-ralisme, qui se comportentcomme si l’Amérique était seule,ou à peu près, sur la scène inter-nationale.

– G. B. : Il y a une bonne part demythe dans cette affaire de l’esta-blishment de la Côte est ; aprèstout, j’ai passé une bonne partie dema vie d’adulte au Texas... Je necrois pas à cette thèse d’une géné-ration ou d’une élite qui aurait do-miné la politique étrangère desEtats-Unis. En revanche, je croisque le Congrès est, en effet, cou-pable de ce que vous dites, es-sayant de façonner la politiqueétrangère du pays, passant des ré-solutions qui n’ont aucun sens, ce-pendant que l’administration n’enfait pas assez pour empêcher cettedérive.

» Je crois que nous vivons unmoment difficile. Le Congrès ob-serve la Russie et ne veut pas dé-penser d’argent. Le Congrès re-garde la Chine et cultive uneattitude critique à l’égard de Pékin,attitude que je trouve franchementpréoccupante. Il y a des tentativesprotectionnistes, un manque decompréhension pour l’Europe. Toutcela est, certainement, inquiétant.Mais cela ne durera pas, cela ne vapas nous enfermer dans uncomportement isolationniste. LeCongrès change, les administra-tions changent. Sur le long terme,les Etats-Unis resteront engagésdans l’exercice de leur leadershipdans le monde.

– B. S. : Moi je suis beaucoupmoins confiant. Dans l’Amériqued’aujourd’hui, il y a vraiment unetendance au repli isolationniste. Etelle pourrait s’installer durable-ment.

– On a l’impression que vousavez été surpris par la vitesse àlaquelle se sont effondrésl’URSS et l’empire soviétique.

– G. B. : Si vous nous aviez dit, en1989, que nous allions voir, en l’es-pace de quatre ans, l’Allemagneunifiée, le mur de Berlin par terre,l’URSS en morceaux, je vous auraisrépondu : pas possible, cela va tropvite. Oui, nous avons été surpris parla rapidité des événements. Unefois le mur de Berlin tombé, l’Alle-magne unie – et, parce que Gorba-

tchev l’a accepté, une Allemagneunie dans l’OTAN –, alors on est al-lé très vite vers la fin de l’URSS.

– B. S. : Gorbatchev était vrai-ment un dirigeant soviétique à part.Aurions-nous eu affaire avec unhomme du type Brejnev, on auraitpeut-être toujours l’URSS.

– Justement, quand vousvoyez l’état de la Russie d’au-jourd’hui, ne pensez-vous pasque Gorbatchev a été trop vite ?

– G. B. : Les choses ne se passentpas comme cela. Quand les gensprennent le goût de la liberté,quand cette chose-là est dans l’airdu temps, vous ne pouvez pas vousy opposer, sauf à utiliser massive-ment la force. C’est ce qui est arrivéà Gorbatchev. Qu’est-ce qu’onpouvait faire nous ? Si, au moment

de la chute du mur, j’avais cédé auxpressions de tous ceux qui, auCongrès ou ailleurs, dans la presse,me disaient d’aller danser avec lesmanifestants à Berlin, alors là jepense que les Soviétiques auraientréagi, ne l’auraient pas permis. Etcela aurait reculé l’implosion del’URSS.

– Tout de même, est-ce que lesOccidentaux ne portent pas unepart de responsabilité dans la si-tuation de la Russie ? C’est nousqui les avons poussés à passerdu jour au lendemain à uneéconomie de marché, à importerle modèle américain ? Alors queles Russes n’y étaient au-cunement préparés...

– G. B. : Je ne pense pas qu’on aitjamais fait cela, qu’on ait lié notre

aide au passage à une économie demarché, je ne me souviens pas decela, mais peut-être est-ce parceque je vieillis.

– Est-ce qu’une Russie qui s’ef-fondre, sur tous les plans, quin’a toujours pas ratifié l’accordStartt II sur le démantèlementdes armes nucléaires les plusdangereuses, ne vous paraît pasplus dangereuse que l’ex-URSS ?

– G. B. : Il y a quelque chosed’important ici. Il faut que laFrance, la Grande-Bretagne, lesEtats-Unis continuent à traiter laRussie avec respect. J’ai peur quenous ne fassions pas ce travail-là,cette diplomatie-là. Il ne s’agit pasde leur signer des gros chèques, auxRusses. Ce qui compte, c’est de sa-voir rester en permanence en

contact avec eux, à tous les éche-lons, de leur faire comprendre quenous sommes partenaires, quenous savons ce par quoi ils passent,que nous n’essayons aucunementd’en tirer parti.

– Parlons de l’Irak, de SaddamHussein. On peut comprendrevotre décision d’arrêter laguerre une fois les Irakienschassés du Koweït en 1991. Maison a l’impression que les Etats-Unis n’ont jamais vraiment as-sumé cette décision, qui suppo-sait que vous laissiez SaddamHussein au pouvoir à Bagdad enconnaissance de cause et quevous acceptiez qu’il y reste...

– G. B. : Notre mission, celle quel’ONU nous avait confiée, celle quej’avais donnée à mes généraux,celle que les Britanniques, les Fran-çais, la coalition arabe avaient ac-ceptée, était de chasser les Irakiensdu Koweït. Je suis toujours très of-fensé quand on dit : “Bush n’a pasfini le travail!.” Vous imaginez cequi se serait passé si l’on avait oc-cupé Bagdad, ne serait-ce que qua-rante-huit heures ! Il n’y aurait pluseu de coalition arabe, on aurait pla-cé nos gars dans une situation deguérilla urbaine, on n’aurait jamaispu réunir la conférence de Madrid[qui démarra les négociations israé-lo-palestiniennes], etc.

» Là où je me suis trompé, c’est,à l’époque, à la fin de la guerre,quand j’ai pensé que Saddam Hus-sein ne résisterait jamais à une pa-reille défaite, à une telle humilia-tion. Je croyais qu’il allait êtrechassé du pouvoir, qu’il serait dansl’incapacité de s’y maintenir. Etc’était l’opinion de tout le mondealors. Là, j’ai commis une erreurd’analyse.

– On vous accuse d’avoir, versla fin de la guerre, incité lesKurdes et les chiites à se révol-ter, puis de les avoir laissé tom-ber...

– G. B. : Là encore, je trouve cetteaccusation très offensante. Jecroyais vraiment que les Irakiens al-laient renverser Saddam. Mais nousn’avons jamais eu pour politique dedire aux Kurdes et aux chiites : “Ré-voltez-vous et on vous aidera à lerenverser !” On nous a critiqués,peut-être pas tout à fait à tort, pourn’avoir pas empêché les hélicop-tères de la garde nationale d’allerécraser les gens qui se révoltaient.Mais la guerre était finie et vouspouvez imaginer quelles auraientété les réactions dans l’opinion pu-blique américaine, européenne ouarabe si nous avions continué àbombarder une armée irakienne endéroute, déjà hors du Koweït...

– B. S. : Vraiment, ce que nous di-sions à l’époque était simple : Sad-dam est le problème du peuple ira-kien. Si vous appelez cela un appel,une incitation à la révolte, très bien.Mais nous n’avons jamais laissé en-tendre que nous allions aider cetterévolte. On était d’ailleurs très sé-rieusement inquiets de la possibilitéd’un démembrement de l’Irak, cedont personne ne voulait. »

Propos recueillis parJean-Marie Colombani

et Alain Frachon

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Nicole Notat, secrétaire général de la CFDT, au « Grand Jury RTL-“Le Monde”-LCI »

« Les relations sociales ne sont pas toujours aussi développées dans le public que dans le privé »« Le congrès de la CGT a mon-

tré que, lorsqu’on parle des35 heures, les salariés du privésont plutôt pour, mais que ceuxdu public sont plutôt réservés...

– C’est une réalité que l’on nerencontre pas seulement quand onparle du temps de travail, maisaussi quand il est question des re-traites... Paradoxalement, les rela-tions sociales, la pratique de la né-gociation, du contrat,l’acceptation du compromis pourtraiter des choses qui sontcommunes aux chefs d’entrepriseet aux salariés ne sont pas tou-jours aussi développées dans lepublic que dans le privé. Dans leprivé, on prend mieux en considé-ration les choses comme ellessont ; on fonctionne moins sur lareprésentation ; on prend la réalitécomme elle est, on l’analyse et onfait des propositions, soumises ànégociation. Dans le public, il y aencore des progrès à faire.

– Même dans le privé, cepen-dant, on ne peut pas dire que

les 35 heures avancent beau-coup...

– Nous avons comptabilisé, à cejour, 5 000 accords d’entreprise– 2 900 accords “Robien” et 2 000ou 2 100 accords “Aubry” –, quiconcernent 600 000 salariés. Cesont des accords d’entreprise, où laréduction de la durée du travail estdevenue effective et où l’on peutévaluer ses résultats. Nous prenonsen compte les accords passés dansle cadre de la loi Robien, parcequ’ils ont anticipé sur la dynamiquede la réduction de la durée du tra-vail et qu’ils étaient inspirés par lamême philosophie que les négocia-tions qui ont lieu en ce moment.

– Combien d’emplois l’ensemblede ces accords ont-ils créés ?

– Ils ont créé 50 000 emplois, eton peut estimer qu’ils en ont sauvé20 000. Cent trente branches au-ront négocié d’ici la fin du mois demars : cela, c’est donc le privé. Au-jourd’hui, il n’y a pas encore énor-mément d’accords au niveau desbranches : on en est à quarante ac-

cords, dont nous avons signévingt-six, ce qui veut dire qu’il y aencore de la marge. Si cesbranches terminent leur négocia-tion fin mars, il va y avoir une mul-tiplication d’accords d’entreprise,qui sont nécessaires parce qu’unaccord de branche ne crée pas, parlui-même, la réduction de la duréedu travail.

» La réduction de la durée dutravail va devenir une réalité dansle secteur privé, et, contrairementà tous les pronostics catastro-phiques qu’on a pu entendre surl’« erreur » de cette réduction, jecrois que nous serons en capacitéde faire un bilan qui ira bien au-delà de ce que, les uns et lesautres, nous espérions en matièrede développement du dialogue so-cial et de modernisation des entre-prises. Pensez-vous que, il y a en-core un an ou un an et demi, nousaurions parlé de la flexibilité et del’annualisation comme on en parleaujourd’hui, c’est-à-dire commede réalités qui sont sur la table des

négociations – pas à n’importequel prix, bien sûr ? Qu’on auraitparlé des conditions dans les-quelles les cadres vont, eux aussi,bénéficier de la réduction dutemps de travail ? Qu’on allait trai-ter du recul de la précarité et d’untemps partiel qui ne soit pas unsous-contrat de travail ?

» Tout cela permet à la négocia-tion de jouer à plein et produit descompromis et des équilibres quivont dans le bon sens pour les en-treprises. Après tout, si une entre-prise se modernise, si elle est plusperformante sur son terrain et siles salariés y trouvent un bénéficeen termes de nouveaux équilibresentre leur temps de travail et lereste de leur vie, tant mieux !

– Les discussions préalables àla seconde loi ne sont-elles pas,tout de même, plus tendues ?

– Nous avons une demandepréalable, c’est que la seconde lois’attache à préserver le moded’emploi actuel, qui fait que la ré-duction de la durée du travail est

effective et qu’elle ne se trans-forme pas en nombre d’heuressupplémentaires à due concur-rence de la réduction légale. C’estun préalable sur lequel nous nepourrons pas transiger. Il seraitquand même assez paradoxalqu’au moment où l’on affiche laréduction du temps de travail,avec de l’annualisation et, donc,des conditions plus flexibles d’uti-lisation des salariés dans la se-maine, dans le mois ou dans l’an-née, on ait besoin d’heuressupplémentaires en plus !

» Quant au SMIC, ce serait, làaussi, un contresens d’imaginer,demain, deux SMIC dans ce pays.Peut-on imaginer qu’à travail égalil n’y ait pas salaire égal pour lessmicards, alors qu’il y aura salaireégal pour d’autres classifications ?Ce n’est pas envisageable. Il nes’agit pas d’un durcissement ; ils’agit de créer les bonnes règles dujeu, qui permettront aux négocia-tions de se développer dans debonnes conditions.

– Que s’est-il passé chez PSA ?Pourquoi le projet d’accord a-t-ilété rejeté par les syndicats ?

– Il faut se replacer dans lecontexte de Peugeot, entrepriseoù la négociation sociale n’avaitpas de grandes traditions. Dansun contexte où la concurrence estforte, avec, en arrière-plan, desproblèmes lourds à résoudre – lapyramide des âges –, l’équilibreest dur à trouver. Dans un secteuroù la pénibilité du travail estforte, quand on annonce encoreplus de flexibilité pour plus deproductivité, pour plus d’utilisa-tion des équipements – parexemple l’ouverture le samedi –,cela fait un choc sur la tête des sa-lariés. Eh bien, c’est l’occasion,pour les négociateurs, d’aller re-discuter, à la fois, avec les salariéset avec le patronat ! »

Propos recueillis parPatrick Jarreau,

Olivier Mazerolleet Pierre-Luc Séguillon

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LeMonde Job: WMQ0902--0017-0 WAS LMQ0902-17 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 10:31 S.: 111,06-Cmp.:08,11, Base : LMQPAG 53Fap:100 No:0341 Lcp: 700 CMYK

C A R N E T LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 17

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

– M. Jérôme CHOUCHANet M me, née MASAKO KOMAMURA,ont la joie d’annoncer la naissance de

Noé,

frère de Sagam,le 2 février 1999, à Tokyo.

Anniversaires de naissance

– Entre Naisey et Paris : 60 ans.9 février 1999.Joyeux anniversaire,

Hélène.

Michel, Alexandra, Blandine.

« Vieillir, c’est organiser sa jeunesseau cours des ans. »

Thierry.

Certains, académiquement, d’autresrugissants, les tiens,

allègrement.

Man’ Pa’,Mas de Litre. Lot.

Décès

– Jean-François Combe,président du Cesi,

Marie-Odile Paulet,vice-présidente,

Jacques Bahry,directeur général,

Le personnel du Cesi,Aquitaine-Poitou-Charentes,

Le comité de direction,et l’ensemble du personnel du Cesi,

ont la douleur de faire part du décès de

Mouloud AIT ALI,directeur du Cesi,

Aquitaine-Poitou-Charentes

dans sa 58e année, le vendredi 5 février1999.

Nos remerciements pour l’œuvreaccomplie.

Mouloud Ait Ali était directeur du CesiAquitaine-Poitou-Charentes depuis 1978après avoir été formateur au Cesi.

Il a créé la formation d’ingénieur àBordeaux et à Angoulême.

Précédemment il avait été chargé demission au service de la participation dela direction régionale de Bordeaux du mi-nistère du travail.

Il était diplômé de l’Institut dessciences politiques de Bordeaux (1965) etlicencié en droit.

Il était chevalier de l’ordre national duMérite.

– Alain et Sonia,Serge et Jeanine Scibor,

et leurs enfants,Mme Colette Chevallier,Claude Chevallier, Chantal Peaudecerf

et Bruno,Ses amis,

ont la douleur d’annoncer le décès de

Brigitte CHEVALLIER,à l’âge de quarante-cinq ans.

L’inhumation aura lieu dans l’intimité,mercredi 10 février, au cimetière inter-communal de Bondy (Seine-Saint-Denis).

Cet avis tient lieu de faire-part.

[Brigitte Chevallier travaillait au Monde depuis1982, au sein du service de la correction. Au journalcomme ailleurs, chacun a pu apprécier sa gentillesseet sa disponibilité constante envers les autres.

Ses collègues, consternés, expriment à sa familleleur infinie tristesse et toute leur sympathie. Ladirection du journal s’associe à ces condoléancesnavrées.]

– Mme Sabine Chouchan,son épouse,

Catherine Chouchan,M. et Mme Jean-Eric Chouchan,M. et Mme Laurent Chouchan,

ses enfants,Benjamin, Jules, Margaux,Ferdinand, Léonard,

ses petits-enfants,M. et Mme Jean-Claude Chouchan,M. et Mme Gérard Chouchan,M. et Mme Claude Barki,

leurs enfants,Et toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

Patrick CHOUCHAN,

survenu le 6 février 1999 à l’aube de sonsoixante-quatorzième anniversaire.

Les obsèques auront l ieu mardi9 février.

On se réunira à l’entrée principale ducimet ière par is ien de Bagneux à15 heures.

Cet avis tient lieu de faire-part.

1, avenue Paul-Doumer,75116 Paris.

– Solange et Charles Najman,Esther Welger-Barboza

et leurs amisvous invitent à rendre hommage à

Maurice NAJMAN,

décédé le jeudi 4 février à l’hôpital Brous-sais.

Nous nous réunirons au cimetière deBagneux, le mardi 9 février à 15 h 45.

Rendez-vous porte principale.

Nous resterons ensemble de 20 h 30 àl’aube, à l’Elysée-Montmartre.

« En ma douleur si on cherchebien et finement,

on trouvera que le plaisirs’y prélasse ; donc elle durera,

puisqu’elle a de quoi se supporter.Car sans plaisir,

la douleur, je crois, se retire de nous. »

(Le Monde du 6 février.)

– Marie-Maxence et Laurent Girerd,Alexandre Kovatcheff,M. et Mme Michel Galloni d’Istria et

leurs enfants,M. et Mme Marc Galloni d’Istria et leurs

enfants,ont la douleur de faire part du décès,

survenu le 26 janvier 1999, à l’âge desoixante et un ans, de

Françoise GIRERD,née GALLONI d’ISTRIA.

Tous ceux qui l’ont connue et aiméesont priés d’assister ou de s’unir d’inten-tion à la messe qui sera célébrée le jeudi11 février, à 14 h 30, en la chapelle du ci-metière du Père-Lachaise, à Paris.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Remerciements

– Nadine, Marcel et Stéphanie remercientl’amour que vous avez su partager autourde

Frédéric,

parti vers le soleil.

M. et Mme Benguigui Marcel,7, allée du Bois,78360 Montesson.

Anniversaires de décès

– Le 8 février 1998,

Bernard BERRIER

nous quittait.

Tous ses amis qui l’ont tant aimé sesouviennent.

Car ne meurent que ceux que l’onoublie.

« J’ai serré très fort les yeux pourle retenir

pour le garder en moi,puis je les ai ouverts tout grands

pour me présenter de nouveaudevant le monde. »

– Il y a vingt ans, le 7 février 1979, leprofesseur

François POTTON,médecin des Hôpitaux,

quittait sa famille.Elle demande à tous ses amis de penser

à lui.

Souvenir

– Il y a six mois, le 9 août 1998, dispa-raissait à Ajaccio

Charles ROUSSEL.

Sa femme, Viviane, demande à tousceux qui l’ont connu, donc apprécié et ai-mé, de penser à lui en ce jour.

Communications diverses

ACADÉMIE DIPLOMATIQUEINTERNATIONALE

Organisation internationaleintergouvernementale

fondée en 1926

Colloque annuel« LA ZONE DE COOPÉRATION

DE LA MER NOIRE »avec la participation

des 11 Etats signataires

vendredi 12 février 1999 – 9 h-18 h

Renseignements/inscription :Académie diplomatique internationale,

4 bis, avenue Hoche, 75008 Paris. Tél. :01-42-27-66-18. Fax : 01-46-22-09-18.

E-mail :[email protected].

Le FW SYMPOSIUM,Carrefour mondial des technologies

de l’informationDu 1er au 5 mars 1999

au Futuroscope à Poitiers

La Société mondialede l’information : acteurs

et victimesRenseignements et inscriptions

Tél. : 01-47-04-45-25http://www.fwsymposium.org

Collège des études juives del’Alliance israélite universelle :

Les beaux lendemainsde l’antisémitisme...

Forumsous la présidence du Pr Ady Steg,

avec N. Hansson, R. Redeker, D. Sibony,P.-A. Taguieff, J. Tarnero, S. Trigano

dimanche 14 févrierde 14 heures à 18 heures

établissement Georges-Leven30, bd Carnot, 75012 Paris

Mo Pte-de-Vincennes – P.C. Sahel (PAF)Renseignements : 01-53-32-88-55Site Internet : http://www.aiu.org

Conférences

– Institut des hautes études del’Amérique latine

Mercredi 10 février à 10 heures :« Globalisation, décentralisation et

pouvoirs locaux au Mexique et dans larégion andine » par MM. les professeursJaime Aboites, Fernando Rosero et Guil-lermo de la Pena.

Mercredi 24 février à 10 heures :« L’évolution récente des débats surl’économie du développement », confé-rence inaugurale de Mme le professeurElsa Assidon.

28, rue Saint-Guillaume, Paris 7e,Amphithéâtre premier étage.

LE MOUVEMENT JUIF LIBÉRALDE FRANCE (MJLF)

vous propose, dans le cadre de son cyclede conférence sur la pensée juive,la première intervention de

Shmuel TRIGANO,maître de conférence, à l’Université,

sur le thème :« Exil et retour

dans la pensée juive »

Jeudi 11 février 1999, 20 h 15,MJLF – 11, rue Gaston-de-Caillavet,

Paris-15e – Buffet dînatoireaprès la conférence.

Participation aux frais : 120 F.Renseignements et réservations au siège

du MJLF. Tél. : 01-44-37-48-48.

Formation continue

PARLER EN PUBLIC– Développer l’impact de sa parole, ga-

gner en confiance, présenter efficacement.Méthodes actives animées par des comé-diens formateurs.

Quilotoa formation : 01-47-48-18-18

Colloques

– Le Centre d’études sur GiambattistaVico qui dépend du CERPHI (Ecole nor-male supérieure de Fontenay/Saint-Cloud ; dir. : Pierre-François Moreau), leCentre d’histoire des systèmes de penséemoderne (Paris-I ; André Tosel, Jean Sa-lem), l’Institut culturel italien (Pietro Cor-si), la Scuola normale superiore de Pise(Paolo Cristofolini) et le Centro di StudiVichiani de Naples (Giuseppe Cacciatore,Manuela Sanna) organisent un

Colloque international« Giambattista Vico

et la pensée classique »

le jeudi 11 février 1999,de 9 heures à 18 heures,

Sorbonne, amphithéâtre LiardPerspectives actuelles de recherche

La question du droit,le vendredi 12 février,

de 9 heures à 17 heures,Ecole normale supérieurede Fontenay-aux-Roses,

salle des colloques (RER B)Vico et Spinoza :

les fondements cartésiensdu système vichien,le samedi 13 février,

de 9 heures à 13 heures,Institut culturel italien,

50, rue de Varenne, Paris-7e

Les problèmes liés à la traductionde Vico en langue française.

Séminaires

COLLÈGE INTERNATIONALDE PHILOSOPHIE

b SéminairesJacques RANCIÈRE : « L’idée esthé-tique »12 fév., 12 mars, 18 h 30-20 h 30, 19 mars,19 h 30-21 h 30, 2 et 9 avril, 7 mai,18 h 30-20 h 30, amphi Poincaré. Carrédes sciences, 1, rue Descartes, Paris.

Marce l DRACH : « La de t te e tl’échange. Destitution et institution dela raison économique »15 fév., 15 mars, 12 avr., 17 mai et 14 juin,13 h-15 h, Maison des sciences del’homme (salle 214), 54, bd Raspail, Paris.

Alain BADIOU : « De quoi le XXe sièclea-t-il été la fin et de quoi le commence-ment ? »10 fév., 10 et 24 mars, 7 avr., 5 et 19 mai,20 h-22 h, amphi 45, Uni. Paris-VII 2,place Jussieu, Paris.

Marc BALLANFAT : « L’athéisme dansles philosophies indiennes »16 fév., 9 et 23 mars, 6 avr., 18 h 30-20 h 30, salle RCA, Uni. Paris-VII, 2,place Jussieu, Paris.

Véronique FABBRI : « Figures du ryth-me : vers une esthétique de la danse »11 fév., 11 mars, 8 avr., 6 mai, 18 h 30-20 h 30, salle RC4, 10 juin, 20 h 30-22 h,salle RC3, Uni. Paris VII, 2, place Jus-sieu, Paris.

Jean-Michel SALANSKIS et François-David SEBBAH : « Les usages contem-porains de la phénoménologie »12 fév., 19 mars, 2 avr., 7 mai, 18 h-20 h,28 mai, 19 h 30-21 h 30, amphi A, Carrédes sciences, 1, rue Descartes, Paris.

Antonia SOULEZ : « Supposez que... :langage et expérience »16 fév., 9 mars, 6 et 13 avr., 11 et 18 mai,18 h 30-20 h 30, amphi Stourdzé, Carrédes sciences, 1, rue Descartes, Paris.

Claude BIRMAN : « Bible et philoso-phie. I »11 fév., 11 mars et 8 avr., 20 h-22 h,20 mai , 20 h 30-22 h-30 , 10 ju in ,20 h-22 h, amphi B, Carré des sciences,1, rue Descartes, Paris.

Claude GAUTIER, Olivier LECOURG R A N D M A I S O N e t S o p h i eWAHNICH : « Passions et sciences hu-maines »12 fév., 2 avr. et 14 mai, 11 h-13 h, Curapp,Faculté de droit. Pôle universitaire Cathé-drale, Amiens.

Philippe PELLETIER, Francis ROUS-SEAUX et Bruno SIFANTUS : « Re-constitution critique de la décision poli-tico-stratégique »15 fév., 20 h-22 h et 15 mars, 20 h 30-22 h 30, amphi Stourdzé, Carré dessciences, 1, rue Descartes, Paris, 19 avr.,18 h-20 h, villa Douce, 9 bd de la Paix,Reims.

b Samedi autour d’un livreLe Culte du néant, de Roger-Pol Droitavec Marc Ballanfat (sous réserve),Stéphane Douailler, Roger-Pol Droit etCharles Malamoud13 fév., 9 h 30-12 h 30, amphi Stourdzé,Carré des sciences, 1, rue Descartes, Paris.

L’accès à toutes les activités du Collègeest libre et gratuit (dans la limite desplaces disponibles).Renseignement sur salles, répondeur :01-44-41-46-85. – Autres renseigne-ments : 01-44-41-46-80.

SOUTENANCES DE THÈSE83F TTC - 12,65 ¤ la ligneTarif Etudiants 99

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vos annonces la veillepour le lendemain

jusqu’à 17 hPermanence le samedi

jusqu’à 16 heures

NOMINATIONS

COUR DES COMPTESJean-Pierre Teyssier, ancien

président de l’Institut national del’audiovisuel (INA), a été nomméconseiller maître en service ex-traordinaire à la Cour descomptes, lors du conseil des mi-nistres de mercredi 3 février.

[Né le 26 juillet 1940 à Niort (Deux-Sèvres), Jean-Pierre Teyssier est diplômé del’Institut d’études politiques de Paris et an-cien élève de l’ENA (1965-1967). Il a été no-tamment secrétaire général de TF 1 (1981-1983), directeur de la production et de la dis-tribution de la Compagnie luxembourgeoisede télévision (1983-1986), chargé de missionauprès d’Edouard Balladur, ministre del’économie (1986-1988), PDG de la Sociétédu Loto national (1987-1989), délégué géné-ral à la communication auprès de JacquesChirac, maire de Paris (1989-1991), conseillerauprès du PDG d’Eurocom, devenu Euro-RSCG (1991-1994). Depuis juillet 1994 et jus-qu’au 20 janvier, Jean-Pierre Teyssier étaitprésident de l’Institut national de l’audiovi-suel (INA).]

CRÉDIT FONCIERDE FRANCE

François Lemasson a été nom-mé gouverneur du Crédit foncierde France, lors du conseil des mi-nistres de mercredi 3 février. Ilsuccède à Jérôme Meyssonnier,dont le mandat de trois ans n’apas été renouvelé (Le Monde du3 février).

[Né le 11 décembre 1943 à Hanoï (Viet-nam), François Lemasson est diplômé del’Ecole polytechnique et de l’Ecole supé-rieure d’électricité, ancien élève de l’ENA(1975-1977). Il a été notamment conseillertechnique au cabinet de Pierre Mauroy, pre-mier ministre (1981-1982), attaché financierau Caire (1982-1984), avant d’occuper di-verses fonctions à la direction du Trésor(1984-1989). Il a été ensuite directeur généraladjoint de la Caisse centrale de coopérationéconomique, devenue en 1992 la Caissefrançaise de développement (1989-1993),PDG du Comptoir des entrepreneurs (1993-1995). Directeur général du Consortium deréalisation (CDR) de septembre 1995 à fé-

vrier 1998, François Lemasson était, depuisfévrier 1998, président du directoire de cettestructure qui a repris les actifs sortis du bi-lan du Crédit lyonnais.]

DIPLOMATIEHubert Forquenot de La For-

telle a été nommé ambassadeurauprès de la Conférence du dé-sarmement à Genève, en rempla-cement de Joëlle Bourgois, nom-mée ambassadrice auprès del’OCDE, par décret publié auJournal officiel du 3 février.

[Né le 28 février 1942 à Paris, Hubert For-quenot de La Fortelle est diplômé de l’Insti-tut d’études politiques de Paris et ancienélève de l’ENA (1965-1967). Il a été notam-ment en poste à Tokyo (1968-1971), à LaHaye (1975-1978), à Bonn (1982-1986) et àl’administration centrale du Quai d’Orsay,mais aussi membre des cabinets de MichelJobert et de Jean Sauvagnargues, ministresdes affaires étrangères (1973-1975), de Ray-mond Barre, premier ministre (1978-1981), etd’André Giraud, ministre de la défense(1986-1987), avant d’être ambassadeur enCorée du Sud (1987-1991). Hubert Forquenotde La Fortelle a été ensuite directeur des re-lations internationales au Commissariat àl’énergie atomique (CEA) et parallèlementgouverneur pour la France auprès del’Agence internationale de l’énergie ato-mique (AIEA) d’avril 1991 à mai 1994, puisambassadeur en Arabie saoudite de mai1994 à août 1998.]

Serge Smessow, ambassadeurau Kazakhstan, a été nommé am-bassadeur au Kirghizstan en rési-dence à Almaty, en remplace-ment d’Alain Richard, par décretpublié au Journal officiel du 5 fé-vrier.

[Né le 25 mars 1947 à Marseille (Bouches-du-Rhône), Serge Smessow est titulaired’une licence d’anglais et d’une maîtrise derusse. Il a été notamment en poste à Buca-rest (1974-1976), à Vienne auprès de laConférence sur la sécurité et la coopérationen Europe (1986-1989), à Moscou (1990-1991), à Stockholm (1992-1994) et à l’admi-nistration centrale du Quai d’Orsay. Ambas-sadeur en Moldavie à partir de mars 1996,Serge Smessow a été nommé ambassadeurau Kazakhstan le 13 janvier.]

JOURNAL OFFICIEL

Au Journal officiel du vendredi5 février sont publiés :

b Catastrophe naturelle : unarrêté portant constatation del’état de catastrophe naturelledans plusieurs départements.

b Audiovisuel : un décret sou-mettant les sociétés France Télévi-sion Numérique, France TéléFilms, Régions, Histoire SA etMezzo au contrôle économique etfinancier de l’Etat.

b Conseil constitutionnel : unedécision invalidant l’élection légis-lative d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) du 27 septembre 1998 (LeMonde du 5 février).

Au Journal officiel du samedi6 février sont publiés :

b Monuments historiques : laliste des immeubles inscrits à l’in-ventaire supplémentaire des mo-numents historiques de 1925 à1970 en Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Poitou-Charentes,Rhône-Alpes et Réunion.

b Parachutisme : un arrêté re-latif aux garanties de technique etde sécurité dans les établissementsd’activités physiques et sportivesqui organisent la pratique ou l’en-seignement du parachutisme.

Au Journal officiel du dimanche7 février sont publiés :

b Immatriculation : un arrêtémodificatif relatif à l’immatricula-tion des véhicules, obligeant no-tamment les sociétés de location àimmatriculer leurs véhicules dans« le département de l’établissementoù les véhicules sont mis à la dispo-sition du locataire au titre de leurpremier contrat de location ».

b Patrimoine : un décret relatifà la commission régionale du pa-trimoine et des sites.

b Presse : un décret et un arrêtérelatif au Fonds de modernisationde la presse quotidienne et assimi-lée d’information politique et gé-nérale.

a LE ROI HUSSEIN de Jordanieest mort d’un cancer, dimanche7 février, à Amman. Il était âgé desoixante-trois ans (lire pages 2 et 3et notre éditorial page 15).

DISPARITIONS

Wassily LeontiefPrix Nobel d’économie et maître en méthodologie

L’ÉCONOMISTE Wassily Leon-tief est mort à New York vendredi5 février à l’âge de quatre-vingt-treize ans. Considéré comme unmaître en méthodologie, reconnupour sa fécondité dans une ap-proche de l’économie sachantcombiner études de faits, modéli-sation et théorisation contrôlée,Wassily Leontief, qui a professé autotal pendant quarante-quatre ansà Harvard, avait tenu à poursuivreses recherches à l’université deNew York jusqu’à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Il est décédé dans lecentre médical de cette institution.

C’est en 1973 que Wassily Leon-tief, d’origine russe mais installéaux Etats-Unis depuis le début desannées 30, avait reçu le prix Nobelde sciences économiques pour l’en-semble de ses travaux sur l’analyseinterindustrielle. Mais c’est en1971, dans un discours prononcédevant l’American Economic Asso-ciation, dont il avait pris la prési-dence un an plus tôt, que ce théori-cien de l’économie avait présentéla forme la plus achevée de sonétude sur les input-output (entrées-sorties), qui devait lui valoir cetterécompense suprême.

Le grand œuvre de Leontief ré-side dans ce fameux tableau reliantles flux d’entrée (input), à savoir lesfacteurs de production, aux flux desortie (output) correspondant à cequi est produit. Son idée de baseconsistait à mettre au point une re-présentation globale de l’économiepermettant d’étudier les interdé-pendances entre les différents sec-teurs de cette même économie. Unconcept dont il élargira progressi-vement l’application à des do-maines aussi divers que le

commerce extérieur, l’analyse deseffets du désarmement, les pro-blèmes d’environnement, voire lechangement technologique, sou-lignent Michel Beaud et Gilles Dos-taler (La Pensée économique depuisKeynes, Seuil-Economie, 1996).

Né en 1906 à Saint-Pétersbourg,jeune diplômé (à dix-neuf ans) del’université de cette ville devenueLeningrad, Wassily Leontief quitterapidement la Russie pour étudieren Allemagne. Il effectue en1931 une mission d’un peu plusd’un an en Chine, avant de s’instal-ler aux Etats-Unis, d’abord au Na-tional Bureau of Economic Re-search de Washington, puis àl’université de Harvard où il estnommé professeur en 1946. C’est àpartir de cette date et jusqu’en1972 qu’il dirigera le HarvardEconomic Research Project avantde rejoindre en 1976, trois ansaprès avoir reçu son prix Nobel,l’université de New York, dont il di-rigera l’Institut d’analyse écono-mique jusqu’à la fin de sa longuecarrière.

L’ANALYSE INTER-INDUSTRIELLESes premiers articles publiés

dans des revues économiques alle-mandes et américaines, aussi biensur l’économie de la Russie que surl’analyse statistique de l’offre ou dela demande, avaient permis à Was-sily Leontief de se distinguer trèstôt dans l’art de combiner réflexionthéorique, travail statistique etmaîtrise de l’outil mathématique.C’est ce savant dosage qui devaitlui permettre de déboucher sur leconcept d’analyse interindustriellequi lui valut le prix Nobel. En s’ap-puyant sur un travail théorique et

statistique très lourd pourl’époque, compte tenu de la faiblepuissance des ordinateurs, il étudiaconcrètement les relations entre lesdifférentes branches de l’industrie.A travers l’analyse des coefficientstechniques s’appliquant à ces diffé-rents domaines, il construisit unematrice des relations établies entrequarante-quatre secteurs indus-triels, en évaluant les flux d’entréeset de sortie de chacun d’eux parrapport aux autres secteurs et encalculant les différents coefficientsexistant entre eux.

C’est à partir de cette matrice debase interindustrielle, améliorée aufur et à mesure que se renforçaientles capacités de calcul des ordina-teurs, que Wassily Leontief a puaugmenter le nombre des secteursétudiés, élargir son étude auxachats et ventes effectués à desti-nation des ménages, des adminis-trations, étudier dans le temps lesvariations des coefficients tech-niques, calculer de nouveaux multi-plicateurs de production. C’est ens’appuyant sur ce concept qu’il dé-veloppa, en 1953, le fameux « para-doxe de Leontief » selon lequel lesexportations des Etats-Unis se-raient plus « intensives en travail »et moins « intensives en capital »que leurs exportations. Une théoriequi prenait le contre-pied desthèses développées jusque-là.

Serge Marti

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LeMonde Job: WMQ0902--0018-0 WAS LMQ0902-18 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 10:41 S.: 111,06-Cmp.:08,11, Base : LMQPAG 53Fap:100 No:0342 Lcp: 700 CMYK

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999

Bruxelles cherche à faire pressionLa Commission européenne a annoncé, vendredi 5 février, des

mesures pour inciter les banques à réduire les frais bancaires et àles présenter plus clairement pour faciliter l’utilisation de l’euro.Bruxelles demande aux banques de publier avant le 31 mars 1999« un état exhaustif de l’évolution, depuis l’introduction de l’euro,des frais bancaires facturés pour les échanges de billets et les paiementstransfrontaliers par chèque, par virement et par carte dans la zoneeuro ».

Elle invite les consommateurs à lui signaler – par courrier électro-nique ([email protected]) ou par télécopie (00-32-2-295-07-50) –les cas où une banque ne respecterait pas la recommandationqu’elle a émise le 23 avril 1998. Selon ce texte, la conversion despaiements entrants ou sortants libellés en euros ou en unité moné-taire nationale sur un compte bancaire doit être gratuite, ainsi quela conversion des comptes. Les banques ne peuvent pas facturer desfrais différents pour un même service selon qu’il est rendu en euroou en monnaie nationale. Elles doivent assurer la transparence detoutes les opérations de conversion et d’échange.

LTCM part à la reconquête des investisseurs

Des performances positives en 1998En 1998, les fonds spéculatifs, les hedge funds, ces placements fi-

nanciers réservés aux investisseurs fortunés et avertis, ont souffert.Selon la société TASS Management, spécialisée dans l’évaluation deleur performance, le total des fonds investis sous cette forme estpassé de 240 milliards de dollars (212 milliards d’euros) en juillet1998 à 200 milliards fin décembre 1998 (176 milliards d’euros).

TASS constate que 85 fonds sont sortis de sa base de données pen-dant cette période, soit 6,5 %. Si une petite minorité a fait faillite, laplupart ont choisi d’arrêter leur activité après avoir touché leurs li-mites de pertes. Seules trois catégories (les fonds asiatiques, les ven-deurs à découvert ou les spécialisés sur les marchés émergents) ontenregistré des performances négatives, les huit autres ayant gagnéde l’argent (de 23,2 % pour les fonds spécialisés dans les valeurs eu-ropéennes à 1,83 % pour les fonds exploitant les situations parti-culières). La performance moyenne s’établit à 2,69 %.

CERTAINS FINANCIERS n’ontdécidément peur de rien. L’Amé-ricain John Meriwether, qui aconduit Long Term Capital Mana-gement (LTCM), l’un des plus grosfonds spéculatifs (hedge fund), aubord de la faillite à l’automne1998, fait à nouveau le tour des in-vestisseurs qui lui avaient permisde lancer cette machine à spé-culer. Le fonds a été sauvé en sep-tembre 1998, sous l’égide de laRéserve fédérale, par quatorzebanques américaines et euro-péennes, qui ont injecté 3,6 mil-

liards de dollars (3,15 milliardsd’euros) dans LTCM et en ont prisle contrôle à hauteur de 90 %.

M. Meriwether, qui détient en-core 3 % du fonds, et ses parte-naires font le tour du monde pourexpliquer à leurs clients les rai-sons qui ont conduit le fonds aubord de l’abîme, et surtout pourpréparer une autre campagne. Ilsenvisagent, indique l’agence amé-ricaine Bloomberg, de réunir denouveau des capitaux pour rache-ter aux banques du groupe de

sauvetage leur participation dansLTCM. Les clients qui ont confiéde l’argent à M. Meriwether aumoment où il a créé son fondsn’ont rien perdu dans la débâclede septembre. Plusieurs mois au-paravant, les gérants du fondsleur avaient rendu leur mise dedépart – et plus s’ils le souhai-taient – et ne continuaient à gérerque les plus-values. Ils n’ont tou-tefois pas encore commencé à le-ver ce capital.

M. Meriwether était à Genèveau début du mois de janvier. Il y a

surpris et déçu certains de sesclients, envers qui il n’aurait paseu un mot d’excuse. Deux parte-naires de M. Meriwether viennenten outre de quitter LTCM : le PrixNobel 1997 Myron Scholes, qui arejoint son épouse à San Francis-co et sera conférencier à l’univer-sité Stanford, et William Krasker,un professeur de la Harvard Busi-ness School, ancien de SalomonBrothers, qui a conçu les modèlesinformatiques de LTCM. Il resteraconsultant pour le fonds. Deux

autres financiers – l’autre Prix No-bel du fonds, Robert Merton, etJames McEntee – devraient aussiquitter l ’entité, a indiqué unproche du fonds à Bloomberg.

CONDITIONS DE SORTIEInformées de la démarche pros-

pective et des intentions de JohnMeriwether, les quatorze banquesqui ont participé au sauvetage dufonds n’ont pas encore totale-ment arrêté leur stratégie. Lesbanquiers se sont réunis à NewYork, jeudi 4 février, pour discuterde l’avenir du fonds. Ils doiventnotamment définir dans quellesconditions le pool de banques« sauveteuses » pourra sortir ducapital du fonds. Des contacts in-fructueux avaient déjà eu lieu aumoment de la débâcle de LTCM,avec des investisseurs commeWarren Buffett, l’assureur AIG oule prince saoudien Al Waleed.

La réunion du 4 février avaitégalement pour but de donnerdes informations aux banquierssur la réduction de l’exposition fi-nancière du fonds. « Je ne suis pasinquiet sur la perspective de ce pla-cement et je suis certain que, àterme, il peut être rentable, maisvis-à-vis de mes actionnaires, je mesentirai plus à l’aise lorsque jepourrai leur dire que nous n’avonsplus rien dans LTCM », indiquaitrécemment le patron d’une desbanques françaises, qui a dû par-ticiper au sauvetage. De fait, de-puis qu’il a investi dans le fonds,le groupe de sauvetage a vu soninvestissement se valoriser de11 %, après avoir réglé lescommissions de gestion quecontinuent de toucher les parte-naires du fonds.

Sophie Fay(avec Bloomberg)

La Cour de cassation met en causele fonctionnement des autorités de régulation

LA COUR DE CASSATION a af-firmé, vendredi 5 février, que le dé-roulement des procédures de sanc-tion devant la Commission desopérations de Bourse (COB),

contredit laConventioneuropéennedes droits del’homme (LeMonde daté7-8 février).Les lourdessanctions pri-

ses par la COB contre le financierJean-Marc Oury sont donc annu-lées.

L’article 6 de cette conventionexprime le droit pour toute per-sonne de bénéficier d’un tribunalimpartial. Cette exigence impliqueque l’instruction et le jugementd’une affaire soient exercés par despersonnes distinctes. En effet, sil’on permet au juge qui instruitune affaire de la juger dans laphase ultérieure de la procédure, iltransporte son opinion dans l’actede jugement, corrompant celui-ci.Cette règle s’impose alors mêmeque les personnes considéréesconservent leur volonté d’impar-tialité. Ce que l’on appelle l’impar-tialité objective concerne l’organi-sation même des juridictions.

Dans la perspective européenne,la COB est traitée comme une juri-diction. Elle doit donc respecter leprincipe d’impartialité, alors qu’endroit français la loi, le Conseilconstitutionnel et le Conseil d’Etatn’y voient qu’une autorité admi-nistrative, une analyse qui n’estpas celle de la Cour de cassation.Son arrêt est très clair. Il approuvel’arrêt rendu par la cour d’appel deParis le 7 mai 1997. Celui-ci avait

annulé les sanctions prononcéespar la COB contre M. Oury, car lesjuges avaient relevé que « l’un desmembres de la Commission, nommérapporteur, a été chargé de procéderà une instruction sur les faits avec leconcours des services administratifset à toutes investigations utiles », cequi lui interdisait de « participer audélibéré ». Pour l’avoir fait, toute laprocédure, frappée de partialité,est annulée. A l’avenir, les sanc-tions prononcées par la COB dansd’autres affaires en cours le serontégalement.

Faut-il considérer que, par ana-logie, l’arrêt remet en cause lefonctionnement des autres autori-tés administratives indépendantes,par exemple le Conseil de laconcurrence ou le Conseil supé-rieur de l’audiovisuel ? Chacunexerce un pouvoir de sanction etbénéficie d’un rapporteur doté depouvoirs d’instruction.

DEUX POINTS DE CONTROVERSEMais deux points prêtent à

controverse. En premier lieu, l’ar-rêt Oury vise l’hypothèse d’un rap-porteur désigné parmi lesmembres de la COB. Lorsque l’au-torité bénéficie d’un rapporteurqui lui est extérieur, comme le rap-porteur devant le CSA, nommé parle Conseil d’Etat, cela suffit-il àécarter l’hypothèse de contrariétéavec l’article 6 ? Sans doute noncar la partialité objective de celuiqui tout à la fois instruit et jugen’est pas effacée par la source desa nomination.

En deuxième lieu, beaucoup plusdélicate est l’interprétation de la« participation » du rapporteur audélibéré, dénoncée par l’arrêt. Quesignifie « participer » à un délibé-

ré ? Celui qui peut voter pour inflé-chir la décision prise à la majorité yparticipe indubitablement. Maisqu’en est-il de celui qui a voixconsultative, c’est-à-dire exprimeune opinion qui ne pèse pas dansle décompte des voix, comme lefait le rapporteur du CSA ? Et, plusencore, comment apprécier celuiqui assiste au délibéré sans voterdu tout, comme au Conseil de laconcurrence ? On pourrait soutenirqu’une telle hypothèse n’est pas vi-sée par l’arrêt Oury : participer audélibéré se réduirait à l’acte de vo-ter. Dans ce cas, les procédures de-vant les autres autorités que laCOB peuvent rester inchangées.

Mais est-ce bien dans l’esprit del’article 6 de la Convention euro-péenne des droits de l’homme ? Eneffet, celui qui assiste au délibéréinflue sur l’opinion des autres endéveloppant une opinion. Certes,on peut soutenir qu’il se tait. Maisalors pourquoi assiste-t-il au déli-béré ? Il faut donc présumer qu’ilprend la parole et que, en cela, ilpeut convaincre les autres juges.La participation à l’élaboration dujugement ne s’exprime pas alorspar un vote mais par une influence.Dans son rapport annuel de 1992,la Cour de cassation avait analyséla seule présence du rapporteur duConseil de la concurrence au déli-béré comme attentatoire au procèséquitable. Si l’on donne ce sens àl’arrêt Oury, c’est l’ensemble desprocédures devant les autorités ad-ministratives indépendantes queles pouvoirs publics françaisdoivent revoir.

Marie-Anne Frison-Roche(professeur à l’université

Paris-Dauphine)

RÉMUNÉRATION

COMMISSION DE COMPTE

RELEVÉS DE COMPTE

BANQUE À DISTANCE

DÉCOUVERT (autorisé)

CARTES : • de débit • de crédit

• cartes de crédit

• paiementsTRANSACTIONS

INCIDENTS DE PAIEMENT

JOUR DE VALEUR

Source : Deloitte & Touche Consulting group/Braxton Associés

Comparaison des tarifs des banques en Europe

FRANCE ROYAUME-UNI ALLEMAGNE BELGIQUE PAYS-BAS

0 % 0,2-0,4 % 0-0,5 % (1) 0,5 % (> 5 000 F) 0,5 %

gratuite gratuite (si solde > 0) 15 F/mois 30F/an gratuite

gratuits gratuits frais de timbres frais de timbres gratuits

j-1/j+1/3 j-1/j+1/3 (chèques) j/j+1 j-1/j+1 j-1/j+1

150-300 F 240 F 50 F peu de rejets, pas de tarification spécifique

gratuits (3) gratuits 1,2-2 F/transaction 0,8 F/transaction manuelle (5)

gratuits

gratuits 10-15 F/retrait distributeur (4)

15 F/retrait distributeur (4)

8 F/retrait distributeur

gratuits

140-240 F (2) gratuite 35 F 40-130 F gratuitespeu développées 90-120 F/an peu développées peu développées 100-170 F/an

15-17 % 50-90 F/mois+ 16-18 % 10-12 % 15 % 13 %

abonnementou communication

surtaxéegratuite gratuite gratuite gratuite

(1) Selon les banques, (2) Hors Carte Première, (3) Sauf vir. permanents (6 F) et occasionnels (18-40 F), (4) Hors réseau de la banque, (5) 30 F pour les 48 premières transactions, 0,8 F par paiement carte

EURO L’arrivée de la monnaieunique a relancé le débat sur lesfrais prélevés par les banques. Lesdirigeants politiques et monétaireseuropéens ainsi que les associations

de consommateurs dénoncent destarifs trop élevés et expriment leurscraintes de voir les institutions fi-nancières profiter du passage à l’eu-ro pour augmenter leurs marges.

b MALGRÉ LA DISPARITION durisque de change entre devises eu-ropéennes, les commissions perçuespar les banques lors des opérationsde conversion n’ont guère baissé.

b LES VIREMENTS TRANSFRONTA-LIERS font eux aussi apparaître degrandes disparités entre établisse-ments financiers de l’Euroland. b EnFrance, banquiers, consommateurs

et pouvoirs publics doivent s’attelerà régler dans les mois qui viennentle problème spécifique du « ni-ni » :ni tarification des chèques ni rému-nération des dépôts.

Les dirigeants européens dénoncent des frais bancaires trop élevésUn mois après le lancement de la monnaie unique, son emploi par les particuliers reste marginal.

La Commission de Bruxelles a annoncé des mesures pour forcer les banques à faciliter l’utilisation de l’euro et à réduire les tarifs excessifsL’ARRIVÉE de l’euro a eu

comme conséquence immédiatede relancer le débat sur les fraispratiqués par les banques. Les au-torités européennes, la Banquecentrale européenne (BCE), lesgouvernements des pays de l’Eu-roland... et les associations deconsommateurs ont dénoncé destarifs trop élevés et exprimé leurscraintes de voir les banques profi-ter du passage à l’euro pour aug-menter leurs marges.

Pourtant, rien n’a encore vrai-ment changé pour le citoyen, nipour le paiement par chèque, nipour les opérations internes. Lestransactions en euros restent mar-ginales. Les commerçants sontplutôt réticents : « Pas de paie-ments en euros », mentionnent parexemple des autocollants réaliséspar des banques néerlandaises ap-posés sur des vitrines de commer-çants ! Au-delà de l’anecdote, lesdemandes de particuliers pour ob-tenir des chéquiers en eurosrestent faibles. Les paiements eneuros effectués hors du pays d’ori-gine sont facturés très cher – par-fois plus cher que le montant durèglement lui-même.

« On ne peut pas, en un jour,transformer des systèmes de paie-ment à 99 % nationaux en systèmeeuropéen, d’autant plus que les ha-bitudes culturelles des clients sonttrès différentes », indiquait PierreSimon, président de l’Associationfrançaise des établissements decrédit et des entreprises d’investis-sement (Afecei), dans un entretienaux Echos du 4 février. « On a pré-senté début janvier l’euro comme lamonnaie des entreprises, celle de lagestion des patrimoines, et cela nechange strictement rien pour leconsommateur, sauf la suppressionvoire la baisse des commissions dechanges, ce qui n’est pas le cas »,s’insurge Pierre Marleix, présidentde FO Consommateurs et rappor-teur du collège des consomma-teurs au sein du Centre nationalde la consommation. « Nous de-vons donc signaler tous les pro-

blèmes liés à l’euro », ajouteM. Marleix.

Si les banques ne sont pas suffi-samment obéissantes, les autori-tés de Bruxelles n’hésiteront pas àréglementer, a prévenu Yves-Thi-bault de Silguy, le commissaire eu-ropéen aux affaires économiques,monétaires et financières.

b Les commissions de change.L’arrivée de l’euro supprime defait tout risque de change entre lesonze pays qui ont adhéré à l’euro,ce qui devrait en théorie faire bais-ser les frais. Mais les risques dechange ne représentaient enmoyenne que 20 % des commis-sions réclamées par les banqueslors des opérations de change.Wim Duisenberg, président de laBanque centrale européenne(BCE), a tancé mi-janvier lesbanques en « déplorant de devoirpayer des commissions de changeexcessivement élevées ». La sous-commission monétaire du Parle-ment européen a demandé, jeudi4 février, l’ouverture d’une en-quête pour établir si des ententesillégales n’ont pas été concluesentre les banques qui continuent à

percevoir des commissions dechange dans la zone euro, quiétaient déjà très élevées avantl’euro.

Selon une étude rendue pu-blique jeudi par Christa Randzio-Platz, eurodéputée allemande(SPD) et présidente de la sous-commission monétaire du Parle-ment européen, portant sur sixpays (Allemagne, Belgique, Italie,Espagne, Luxembourg, France), lescommissions de change s’éche-lonnent de 1 % pour le Banco San-tander espagnol à 3,75 % pour laCommerzbank allemande.Mme Randzio-Platz considère queles banques n’ont pas fait profiterles consommateurs de l’économieque représente la suppression durisque de change entre les pays dela zone euro, qui devrait se situerentre 20 et 50 % de frais en moins.Les responsables bancaires de-vront s’expliquer lors d’une audi-tion publique devant la sous-commission monétaire, le 16 fé-vrier à Bruxelles.

b Les virements transfronta-liers. « Il est très difficile de savoirquels sont les frais a priori. Ces frais

demeurent trop élevés », expliqueOlivier Eon, chargé des étudeséconomiques à la Confédérationde la consommation, du logementet du cadre de vie. Par exemple, vi-rer une somme d’argent de Franceen Belgique coûte 115 francs(17,53 euros) au Crédit lyonnaismais 258,18 francs (39,36 euros) au

Crédit agricole. Le groupeBanques populaires pratique desfrais variables selon les pays desti-nataires, de 66,30 à 269 francs(10,11 à 41 euros), révélait uneétude réalisée en septembre 1998par la revue Budgets & droits. « Lesbanques pratiquent toutes une tari-fication incohérente et disparate »,concluait l’enquête. Il est certesnormal que les établissements fi-nanciers se rémunèrent, mais il nefaut pas que « cela se fasse au dé-triment du consommateur », souli-gnait, le 4 février, Marylise Lebran-chu, secrétaire d’Etat aux PME, aucommerce et à l’artisanat. En clair,elle demande, comme le fait laCommission européenne (lire ci-dessous), plus de transparence.

« Il faut être clair : la mise enplace de l’euro unifie la monnaie,mais, hélas, pas encore les systèmesde paiement de petits montants quicontinuent à fonctionner selon desarchitectures nationales sans lienentre elles », a expliqué M. de Sil-guy devant le Parlement européen.En effet, contrairement auxbanques, qui possèdent entre ellesun système de paiement pour lesgros montants, appelé « Target »,il n’existe pas de système de paie-ment unifié, compatible, peu oné-

reux, rapide, pour les usagers ban-caires entre les différents pays del’Euroland. L’objectif doit êtred’arriver à un « Target du citoyen »,selon les vœux de M. de Silguy.C’est dans cet esprit que sont me-nées les réflexions sur le porte-monnaie électronique, destiné aupaiement des petits achats.

b Les frais bancaires. Si l’arri-vée de l’euro ne change rien dansl’immédiat à la tarification ban-caire générale, la monnaie uniqueaura à terme pour effet de renfor-cer la concurrence entre établisse-ments européens. « La facturationde la tenue de compte des parti-culiers est très hétérogène en Eu-rope », révélait l’Afecei à partir del’étude réalisée par le BostonConsulting Group (BCG). Pour lesbanques françaises, proches de lamoyenne européenne en matièrede tarifs, mais avec une qualité deservice très supérieure à celled’autres établissements euro-péens, « le principal handicap tientau niveau des coûts réels de tenuede compte plus importants que pourleurs concurrentes européennes »,indique l’étude du BCG.

En France, avant 2002, ban-quiers, consommateurs et pou-voirs publics doivent s’atteler à ré-gler un problème très particulier,qui n’existe dans aucun autrepays : l’évolution du principe du« ni-ni » – ni tarification deschèques ni rémunération des dé-pôts »–, toujours en vigueur. Ungroupe de travail présidé par Be-noît Jolivet, président du comitéconsultatif du Conseil national ducrédit, s’y active pour trouver dessolutions dans les prochains moiset mettre la France au niveau desautres pays de l’Euroland, qui ré-munèrent les comptes courants autaux d’environ 0,5 % par an, maisfont payer des frais de tenue decompte et notamment l’usage duchèque, qui reste le moyen depaiement préféré du consomma-teur français.

Pascale Santi

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E N T R E P R I S E S LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 19

Un contratpour Air Liquide

Le contrat de 1 milliard defrancs (152,4 millions d’euros) si-gné entre Usinor et Air Liquide,pour fournir de l’électricité àDunkerque à partir d’une cen-trale alimentée par des gaz sidé-rugiques, est-il le premier signede la dérégulation du secteur ?EDF, qui postulait pour le renou-vellement de ce contrat, est enémoi. Usinor figure parmi lestout premiers consommateursd’électricité. Le groupe sidérur-gique nuance la situation : « Ils’agit juste d’un contrat tech-nique. Nous aurions pu le signer ily a trois ans. » Administrateurd’EDF depuis sept ans, FrancisMer se défend de passer à laconcurrence : « J’ai dit à EDFqu’il leur fallait évoluer. Nous de-vons trouver des solutions pourque tout le monde soit gagnant. »

Motorola tente de reprendrela première place

dans la téléphonie mobileLe groupe conclut des accords avec Cisco et Alcatel

LES PROCHAINES générationsde téléphones portables serontcapables de transmettre non seu-lement la voix, mais aussi desdonnées et des images, via Inter-net. Le constructeur américain demobiles Motorola a annoncé lun-di 8 février un accord avec soncompatriote Cisco, le numéro unmondial des fabricants d’équipe-ments pour réseaux (Le Monde du6 février), pour développer en-semble cette nouvelle technolo-gie. Les deux partenaires investi-ront 1 milliard de dollars(885 millions d’euros) sur cinq anspour développer ce qu’ils es-pèrent voir devenir la futurenorme de la téléphonie mobilebranchée sur Internet.

« Cette alliance (...) arrive au bonmoment dans la course à la conver-gence entre le téléphone mobile etInternet », a déclaré Bo Hedfors,vice-président de Motorola, àl’agence Bloomberg. L’an dernier,Qualcomm, le concurrent directde Motorola, et le géant du logi-ciel Microsoft avaient conclu unealliance dans la même perspec-tive. « Ceci étend la sphère d’in-fluence d’Internet au monde des té-léphones sans fil et représente leprincipal déploiement de servicesintégrant la voix, les données et lavidéo à partir d’un mobile », relèveDon Listwin, vice-président deCisco.

DÉTRÔNÉ EN 1998 PAR NOKIAPionnier et longtemps numéro

un incontesté de la téléphoniemobile, Motorola a été détrôné,en 1998, par Nokia, révèle la socié-té d’études de marché Dataquestdans son dernier classement, pu-blié le 8 février. L’an dernier, c’estle groupe finlandais qui a vendu leplus de mobiles dans le monde(22,9 % de part de marché), de-vant Motorola (19,8 %). Un pelo-ton d’industriels naguère tournésvers la téléphonie classique,comme l’américain Lucent, le ca-

nadien Nortel, le suédois Ericssonet le français Alcatel, ne cachentpas non plus leurs ambitions surce marché, devenu le principalmoteur de croissance des télé-communications. Selon l’Obser-vatoire mondial des systèmes detélécommunications (Omsyc), en1998, le marché des mobiles a gé-néré 25 % du volume d’affairesmondial, services et produitsconfondus, estimé à 881,9 mil-liards de dollars (780 milliardsd’euros).

Voyant ses positions remises encause, Motorola a ressenti la né-cessité de contre-attaquer. Outreson accord avec Cisco pour le dé-veloppement de la prochaine gé-nération, il a annoncé vendredi5 février un accord de coopérationmondiale avec Alcatel. Sur le plancommercial, Motorola mettra àson catalogue les commutateursdu groupe français pour complé-ter ses propres stations de base.Cela lui permettra d’offrir une in-frastructure complète de réseauxà la norme numérique américaineCDMA, utilisée aux Etats-Unis,tandis que l’Europe a adopté lanorme GSM. Dans la recherche etle développement, Motorola etAlcatel travailleront ensemble à ladéfinition d’une autre norme quidonnera naissance à des réseauxde téléphonie mobile mondiaux,et non plus régionaux commec’est le cas actuellement.

Attendue de longue date par lesanalystes financiers, cette alliancedevrait générer un chiffre d’af-faires de 1 milliard de dollars(880 millions d’euros) sur quatreans pour Alcatel, permettant augroupe français de rétablir l’équi-libre d’exploitation de sa divisionmobile en 1999. Les commuta-teurs concernés sont ceux de DSC,la société américaine rachetée parle groupe français pour 4,4 mil-liards de dollars en 1998.

Emmanuel Paquette

En Wallonie, le groupe français est attendu comme le messieBRUXELLES

de notre correspondantLe PDG d’Usinor, Francis Mer, doit solennellement re-

mettre, mardi 9 février à Namur, un chèque de 26 mil-liards de francs belges (4,4 milliards de francs, 670 mil-lions d’euros) à Robert Collignon, le ministre-présidentsocialiste de la région wallonne. Cette somme représentele montant de la prise de contrôle de la majorité des ac-tions du groupe sidérurgique wallon Cockerill-Sambre,première entreprise de la province. La Société wallonnepour la sidérurgie (SWS), établissement public, conser-vera encore pour un temps limité 25 % du capital de l’en-treprise, mais sans minorité de blocage. Lors de l’an-nonce de l’opération, en septembre 1998, legouvernement wallon avait été accusé de « brader » cejoyau de l’industrie belge.

COMPLÉMENTARITÉDésormais, les polémiques se sont apaisées. Au

contraire, on attend l’arrivée d’Usinor à Liège et à Char-leroi, principaux sites de production de Cockerill, avecune espérance que le français va devoir éviter de déce-voir. Les récents mécomptes d’un autre producteur wal-lon d’acier, les Usines Gustave Boël de La Louvière, ra-chetées l’an dernier par le néerlandais Hogovens et quise trouve actuellement au bord de la fermeture, rendentla position de Cockerill encore plus centrale dans un sec-teur et une région sinistrés économiquement.

Les dirigeants du groupe français ont fait valoir que lessynergies créées par la fusion étaient bénéfiques auxdeux parties. Fin janvier, la commission économique duParlement wallon était conviée à l’usine de Fos-sur-Merpar la direction d’Usinor, pour se rendre compte in situ

du dynamisme de l’entreprise, notamment en matière derecherche, ainsi que de la qualité des relations sociales.Bernard Serin, le directeur général de Sollac, maintenantdisparue avec la réorganisation d’Usinor en centres deprofits géographiques (Le Monde du 27 janvier), souli-gnait la complémentarité entre Fos-sur-Mer, tourné versles marchés méditerranéens, et le nouvel ensemble Lor-raine-Wallonie, proche des consommateurs d’Europe duNord.

Un autre argument en faveur d’Usinor était l’installa-tion en Belgique d’une antenne de la Sodie, cette filialedu sidérurgiste français spécialisée dans l’aide à la re-conversion et à la création d’emplois. Le bureau wallonde la Sodie vient d’ouvrir ses portes à Namur et disposed’un droit de tirage de 1,2 milliard de francs belges(30,4 millions d’euros, 200 millions de francs) pour ac-compagner des projets créateurs d’emplois. En Wallonie,la Sodie se donne comme objectif de contribuer, enquatre ans, à la création de 4 000 nouveaux emplois.

On aurait pu penser que le départ de Philippe Delau-nois, le numéro deux de Cockerill, Wallon bon teint, au-rait fait froncer les sourcils à des Belges soucieux de voirleurs nationaux conserver des postes de commande. Iln’en a rien été. Si le quotidien catholique La Libre Bel-gique estime que ce départ marque « la fin d’uneépoque » et se désole une fois de plus de la fin de la « bel-gitude » industrielle et économique, ni les syndicats ni lemonde politique n’interprètent cette démission commeune reprise en main par les Français des leviers decommande d’une entreprise symbolique de l’industriebelge jadis triomphante.

Luc Rosenzweig

La braderie réussie des licenciés de WeilBESANÇON

de notre correspondantLa cohue, durant cinq jours, fut joyeuse et grave.

Joyeuse, parce que de bonnes affaires, ça ne se re-fuse pas. Surtout quand il s’agit de costumes demarque à 300 francs ou de pulls et chemises à50 francs. L’ambiance fut grave, aussi : chaque clientvenu sous le chapiteau de 3 000 m2, dressé sur le par-king de la société textile Weil à Besançon, savait queles bénéfices de cette braderie de 10 000 pièces devêtements iraient aux 215 salariés licenciés. Entrecompassion et effet d’aubaine, la foule se pressadonc, du 29 janvier au 3 février.

4 000 FRANCS CHACUNFaute d’obtenir une prime supplémentaire pour

les licenciés, après la mise en règlement judiciairede Weil survenue à l’automne (Le Monde du 12 no-vembre 1998), le personnel avait adopté, après ac-cord entre direction et syndicats, le principe de cettecompensation en nature. A charge, pour les salariéscongédiés, de commercialiser les 10 000 articles,avec la perspective de toucher 4 000 francs chacun.Le succès fut tel qu’il fallut, à mi-chemin, débloquerun stock d’appoint de 35 000 vêtements, sur lesquelsles « ex-Weil » ne toucheront, cette fois, que 30 % duprix.

Licencié en mars – « mais j’ai plus de chance que

d’autres puisque, moi, je partirai dans le cadre d’unFNE » –, Michel Girardet, responsable de l’opéra-tion, ne cachait pas sa satisfaction. Lui qui avait ob-tenu le soutien de la mairie (pour le fléchage et lesbarrières métalliques), de la préfecture du Doubs(pour les formalités administratives), de grandessurfaces et d’un groupe de restauration (pour les re-pas des vendeurs), du CE de Weil (pour la locationdu chapiteau) et d’une société privée (pour le prêtde caisses enregistreuses) voyait son « appel à la so-lidarité » récompensé. D’autant que les cadres vic-times du plan social avaient accepté, comme l’avaitsouhaité la CFE-CGC, de laisser leur part de la re-cette aux employés et ouvriers.

Le PDG du groupe, Denis Weil, dressait, lui, un bi-lan nettement plus mitigé. « L’opération se retournecontre l’entreprise », confiait-il, après avoir reçu desappels d’acheteurs réguliers, mécontents de cette« concurrence » jugée par eux déloyale. « Il s’agitd’un malentendu. Ces 10 000 articles, démodés et dé-pareillés, tous très anciens, provenaient de stocks d’in-vendus que nous aurions de toute façon bradés, à desréseaux de soldeurs. Ce qui explique les tarifs, parti-culièrement bas. Cette vente, évidemment ponctuelle,n’a causé aucun préjudice à nos clients et au circuittraditionnel de distribution. »

Jean-Pierre Tenoux

Avec la reprise du groupe belge Cockerill,Usinor atteint sa taille européenne

Le sidérurgiste français met en place sa nouvelle organisationUsinor devait signer officiellement, mardi9 février, avec les autorités wallonnes, le ra-chat de Cockerill. Francis Mer, PDG d’Usinor,

multiplie les précautions pour respecter aumieux l’identité belge. La fusion devrait por-ter ses pleins effets dans trois ans. En paral-

lèle, Usinor a entamé un plan de réorganisa-tion de ses activités : 2 000 à 2 500 emploissont menacés.

POUR USINOR, le défi Cocke-rill-Sambre commence. FrancisMer, son PDG, devait signer, mardi9 février, avec les autorités wal-lonnes l’acte de vente. « Mainte-nant, la fusion doit se faire très vite.Les personnes doivent connaître ra-pidement leur responsabilité, leurdomaine d’intervention. Compte te-nu des investissements lourds quenous avons à réaliser, notamment àCarlam, près de Charleroi, tout seraen place dans trois ans », affirmeM. Mer.

Longuement préparée, l’intégra-tion de Cockerill et de sa filiale EkoStahl ne devrait pas, selon M. Mer,poser d’importants problèmes. « Al’image de Sollac, Cockerill a uneidentité très marquée. Il est hors dequestion de la modifier. » Soucieuxde s’inscrire dans la réalité belge,le groupe français multiplie lesprécautions. Tout en rappelantque le gouvernement wallonconservera 25 % du capital de Coc-kerill pendant cinq ans, il fera en-trer au conseil du groupe belge desadministrateurs indépendants.Dans sa nouvelle organisation,Usinor a déjà nommé des respon-sables de Cockerill à des postesclés. De même, Usinor a promis derespecter scrupuleusement le plansocial de Cockerill, qui prévoit ledépart de 2 000 personnes d’ici àl’an 2000. « Rien ne sera fait au-de-là », assure le PDG d’Usinor.

Dans la gestion courante, lescontours de la fusion sont déjà tra-cés. « Les changements sont limités.Nous n’avons aucune envie de cen-traliser les approches commerciales.Le plus important est de coordonnerles interventions, notamment dans

trois domaines où les clients sontmondiaux : l’automobile, l’électro-ménager et le fer blanc », souligneM. Mer.

La reprise de Cockerill intervientau moment où le marché de l’acierse dégrade très vite. « On ne choisitpas. Quand les occasions passent, ilfaut les saisir. Cockerill est un sujetmajeur pour le groupe », affirme leprésident d’Usinor. Avec ce rachat,le groupe achève le développe-ment de son dispositif européen.Grâce à ses acquisitions espa-gnoles et italiennes, il est en me-sure de fournir tout le pourtour

méditerranéen et un peu au-delà.Au Nord, il atteint avec Cockerillles marchés scandinaves dont ilétait absent. Enfin, Eko Stahl, la fi-liale est-allemande de Cockerill, luiouvre les marchés allemands et del’Europe de l’Est, qui vont rêverFrancis Mer.

La période d’intenses acquisi-tions en Europe est achevée.« Pourl’instant, notre priorité est d’amélio-rer nos comptes. Fin juin, notrestructure de bilan doit être revenueà un niveau acceptable avec un ra-tio d’endettement de 50 % », in-dique M. Mer. Pour l’avenir, il estmoins affirmatif : « Vu notre taille,nous aurions pour l’instant du mal àobtenir de Bruxelles de nous agran-dir. Mais, dans les prochaines an-nées, les choses peuvent changer. Lemouvement de concentration vas’amplifier. Les critères pour juger laconcurrence ne seront plus forcé-ment les mêmes. La vraie compéti-tion, ce ne sont plus les tonnes maisles prix. La réalité devient virtuelle :il suffit de savoir qu’il existe quelquepart dans le monde des tonnesd’acier disponibles à un bas prixpour que tout le marché s’en res-sente. »

Le groupe a commencé à perce-voir, en 1996, cette modificationprofonde de la réalité écono-mique, entraînant des ruptures decycle plus rapides qu’auparavant.Pendant deux ans, Usinor a engagéde profondes réflexions sur la stra-tégie « qui ont abouti à la décisionde se séparer des aciers spéciaux »,dit M. Mer. « Avec ou sans Cocke-rill, nous aurions engagé cette ces-sion. Compte tenu des changementsde l’économie, nous n’avons pas les

moyens de développer trois métiersen parallèle, sauf à en sacrifier un,ce que nous ne voulions pas » sou-tient le président d’Usinor, qui re-connaît, cependant, que la ventedes produits plats lui permettrad’améliorer ses comptes rapide-ment.

INVENTER D’AUTRES SOLUTIONSLe changement d’organisation

du groupe relève du même esprit,assure le PDG : il serait intervenumême si le groupe n’avait pas re-pris Cockerill. « La nécessité d’avoirdes unités plus petites, plus prochesdes clients, s’impose. Il faut créer lesconditions pour que les gens sesentent responsables, suivent leursclients, mesurent leur création devaleur. Les technologies de l’infor-mation et les mises en réseau nouspermettent de fusionner logistique,transports, achats.... et de mieuxmaîtriser nos coûts indirects », sou-ligne Francis Mer. La réorganisa-tion ne se fera pas sans coût so-cial : « 2 000 à 2 500 emploisdevraient être supprimés, selon noscalculs. Mais nous sommes inca-pables de les identifier pour l’ins-tant. »

Alors que la sidérurgie affiche lemême problème de pyramide desâges que l’automobile, le présidentd’Usinor refuse de s’inscrire dansla même logique que les construc-teurs. « Nous avons déjà commencéà régler certaines difficultés grâce ànotre accord sur le temps choisi, quinous a permis d’embaucher plu-sieurs milliers de jeunes. La loi surles 35 heures peut nous aider àpoursuivre ce chemin. Mais nous re-fusons de recourir à nouveau auxpréretraites : il n’est pas raisonnablede continuer à traiter des problèmessociaux de court terme, en prenantdes solutions antagonistes avec nosproblèmes de retraite sur le longterme. Nous devons inventerd’autres solutions », conclut-il.

Martine Orange

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C O M M U N I C A T I O NLE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999

Manière de voirLe bimestriel édité par

EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX – 45 F – 6,86 ¤

Un atlasdesconflits

Les armes de l’AmériquePoudrière balkanique

Impasse au Proche-OrientDes crises au tournant

Glossaire, bibliographie, sites Internet...

Manière de voir 43LE MONDE diplomatique Bimestriel

JANVIER-FÉVRIER 1999

LES CONVULSIONSDU MONDE

Ignacio RamonetAlain GreshMaurice LemoineDominique Vidal

Bernard AdamGeoffrey AronsonIsabelle AvranClaire BrissetJean-Pierre CatryVicken CheterianChristophe ChicletJean-Arnault DérensRichard DeutschTommaso Di FrancescoThomas HofnungNiels KadritzkePaul-Marie de La GorceMaurice NajmanSébastien NouvelEric RouleauEdward SaïdCatherine SamaryHerbert I. SchillerMwayila Tshiyembe

Cartographie :Cécile Marin

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6,86 euros France métropolitaine

a Les autres guerres, par Ignacio Ramonet.a L’information, atout maître de l’empireaméricain, par Herbert I. Schiller. a Révolution militaire pour le XXIe siècle, par MauriceNajman. a Pour le « micro-désarmement », parBernard Adam. a Double échec pour lanon-prolifération nucléaire, parPaul-Marie de La Gorce.a Comment la Yougoslavie s’estdésintégrée, parCatherine Samary.a La paix américaine en panne en Bosnie, par ThomasHofnung. a Les Kosovars dans le piège balkanique, par Jean-Arnault Dérens et SébastienNouvel.a Quel statut pour le Kosovo ? par Tommaso di Francesco.a L’Albanie fragili-sée, par Christophe Chiclet.a Guerre sans fin contre l’Irak, par Alain Gresh a Le Golfe,vu de Moscou et de Washington, (A. G.) a Clefs pour une guerre avortée, par Eric Rou-leau.a La colonisation, obstacle principal à la paix, par Geoffrey Aronson.a Aux intel-lectuels arabes fascinés par M. Roger Garaudy, par Edward Saïd.a Pari irlandais sur l’ave-nir, par Richard Deutsch.a La Géorgie face à ses minorités, par VickenCheterian. a Chypre victime de la crise des fusées, parNiels Kadritzke. a L’Afrique desGrands Lacs redessinée, parMwayila Tshiyembe.a Spirale meurtrière au Soudan sud, parClaire Brisset.a La guérilla colombienne rêve d’une paix armée, par Maurice Le-moine.a Timor-Oriental, vers l’autonomie ? par Jean-Pierre Catry.a Glossaire, par Isa-belle Avran. a L’hégémonie et le chaos, par Dominique Vidal.

La création publicitaire européenne s’affranchit de la référence au produitLes Anglais ont encore remporté un grand nombre de récompenses lors du concours des Eurobest 98,

qui priment les publicités les plus créatives en Europe. Mais les Portugais et les Néerlandais menacent désormais leur hégémonieLONDRES

de notre envoyée spécialeEloge du vide, du blanc, du mi-

nimal. A Amsterdam, une afficheblanche suffit à vendre du Tipp-Ex ; à Lisbonne, une farandole defourmis sur une page blanche, uninsecticide ; à Londres, c’est un ta-pis de bain antidérapant au fondd’une baignoire qui fait la promo-tion d’une voiture. Ces campagnesrévèlent le niveau de sophistica-tion atteint par le marketing enEurope : la publicité ne montreplus le produit pour le faire ache-ter, elle se contente de jouer avecnotre imagination.

C’est justement cette libertéqu’ont voulu récompenser, ven-dredi 5 février à Londres, les on-zièmes Eurobest. Ces trois an-nonces publicitaires –respectivement conçues pourTipp-Ex, l’insecticide Raid et laPolo de Volkswagen – comptentparmi les soixante meilleures pro-duites en Europe en 1998, selon unjury de publicitaires qui a évalué,dans quatorze pays, 3 760 publici-tés, en novembre et décembre1998.

Ces campagnes signent la find’une domination strictement an-glaise. Jusqu’ici, les publicitaireslondoniens constituaient la réfé-rence créative en Europe, la seulecapable de faire contrepoids auxdéferlantes venues des Etats-Unis.Par un jeu de mots ou une associa-tion graphique inattendue, les hotshops britanniques (de petitesagences spécialisées dans la créa-tion) parvenaient à faire oublier lafonction première de la publicité –faire acheter – en divertissant lepublic par des mini-histoiresbourrées d’humour, libérées desvieux tics publicitaires comme ladémonstration de l’efficacité duproduit par exemple.

Certes, la création insulaire aencore été remarquée cette année,mais elle n’est plus le fait que dedeux grandes agences londo-niennes, BMP DDB et Lowe Ho-ward-Spink, qui se sont octroyéseize prix à elles deux. Les hotshops habituellement présentes –comme Bartle Boggle Hegarty ouLeagas Delaney – ont brillé parleur absence.

BMP DDB et Lowe Howard-Spink ont présenté des publicitésà l’impact visuel puissant, parfois

délirant, qui utilisent savammentles effets spéciaux. Le film pour lavodka Smirnoff, par exemple, meten scène un détective privé, vic-time d’hallucinations, qui se re-trouve en train de courir, despalmes aux pieds, derrière unebrunette dont il ne sait plus si c’estun sex-symbol ou une mamie be-donnante (Lowe Howard Spink).Une autre montre un garde immo-bile posté devant Buckingham Pa-lace, des touristes japonais luiparlent, un enfant lui saute au vi-

sage, il ne bouge pas. Seule l’évo-cation d’une Volkswagen le tirerade son immobilisme (BMP DDB).

Il y a quatre ans, les publici-taires du nord de l’Europe conti-nentale – Néerlandais en tête –ont entrepris de copier les« trucs » anglais. Ils ont utilisé leregistre de la vie quotidienne pourplanter des décors – le métro, larue, le canapé du salon, etc. –, engénéral plutôt tristes, dans les-quels des comédiens, pas franche-ment beaux, jouent leur propre

rôle sous des lumières crues. Cer-taines de ces campagnes qui al-lient une simplicité formelle àbeaucoup de dérision ont reçu unEurobest.

LES FRANÇAIS EN RETRAITOn retiendra notamment celle

conçue par les Suédois de l’agenceForsman & Bodenfors : un enfantâgé d’environ six ans joue au bas-ket sur un terrain coincé entre desimmeubles de grande hauteur. Neparvenant pas à marquer, il va

chercher une échelle. Déséquili-bré, il se retrouve accroché au pa-nier. La caméra le montre se ba-lançant pendant de longuessecondes, suspendu par les brasau-dessus du vide. Le slogan ? Lelait rend les enfants plus forts.

Une autre, réalisée cette fois pardes Norvégiens pour une compa-gnie d’assurances, joue sur lemême registre : un couple de re-traités partage un modeste repasdans une demeure qu’ils n’ontmanifestement plus les moyensd’entretenir. Ils se sourient, ontl’air heureux... même lorsquel’épouse passe son dentier à sonmari afin qu’à son tour il puissecroquer dans l’unique biscotte. Etnos compères de sourire de toutesleurs gencives. Message : mieuxvaut choisir une assurance qui nevous fera pas faux bond lors devos vieux jours.

Si des pays comme les Pays-Bas,le Portugal ou la Suède se posentdésormais en alternative à l’écolebritannique, la France, elle, ne faitpas recette. Même si quelquescampagnes réalisées par lesagences CLM/BBDO (Kookaï) etDDB Advertising ont été ré-compensées.

Seul un film conçu pour les opti-ciens Visual par Enjoy Scher La-farge pouvait prétendre jouer àarmes égales avec le meilleur de lacréation britannique : un petitmonsieur pousse la porte d’unmagasin de musique. Il tourne,l’air inspiré, au milieu des clients,des musiciens hippies concentréssur leur instrument. Soudain le si-lence se fait, l’intrus – qui auraitbien besoin d’une paire de lu-nettes – vient de se soulager dansun saxophone qu’il a manifeste-ment pris pour un urinoir.

Florence Amalou

Quand Mickey et Picsou rencontrentTom-Tom et Nana pour attirer les annonceurs

MICKEY, Picsou, Tom-Tom etNana s’associent pour attirer lespublicitaires. La France a beauêtre l’un des pays où la pressepour enfants fait preuve d’unerare créativité, les annonceursn’ont d’yeux que pour la télévi-sion. Deux groupes concurrents etd’univers différents, Hachette Dis-ney Presse et Bayard Presse, ontdécidé de s’unir pour proposer uncouplage publicitaire rassemblantsix titres pour les 7-12 ans : LeJournal de Mickey (192 149 exem-plaires en diffusion totale payée1997, selon Diffusion contrôle),P’tit Loup (77 355), Picsou maga-zine (226 340), d’une part, Astrapi(60 313 exemplaires), J’aime lire(179 067) et Images doc (89 638)d’autre part. Ces magazines sontlus par 2,7 millions d’enfants decette tranche d’âge, soit les deuxtiers de cette population.

L’alliance peut paraître contrenature. D’un côté, il y a une asso-ciation à 50/50 de deux grandsgroupes : Hachette, roi de lapresse magazine, et Disney, l’undes symboles de la « WorldCompany » ; de l’autre, un groupepropriété de la congrégation reli-gieuse des assomptionnistes. Enréalité, Hachette et Bayard Pressesont déjà associés pour la régiepublicitaire et ont des partenariatsindustriels.

L’APPRENTISSAGE DES MARQUES« On nous oppose de façon cari-

caturale », explique Bruno Le-souëf, gérant d’Hachette DisneyPresse, rendant hommage à sonpartenaire et concurrent : « Il y aune tradition de la presse enfantineunique au monde. En France, laculture de la bande dessinée fran-co-belge s’est croisée avec la créati-vité de Bayard Presse. Le ludique etl’éducatif ne s’opposent pas. »

Cette exception française a eude l’influence sur les publicationsWalt Disney. Le Journal de Mickeyne consacre que la moitié de sespages aux bandes dessinées. Legroupe a créé des publicationscomme Bambi et Winnie destinéesaux plus jeunes et s’inspirant dumodèle français. Depuis, les deuxtitres ont été lancés par Disney en

Italie. Cette créativité se retrouvechez les autres concurrents,comme Fleurus ou Milan Presse,mais aussi dans la littérature et l’il-lustration pour la jeunesse, voiredans la création de CD-ROM.

Le couplage appelé « Espace 7-12 ans » prévoit sept insertions parmois pour 231 000 francs(35 220 euros). Pour Pierre-Fran-çois Colleu, directeur général d’In-terdéco, la régie publicitaire d’Ha-chette Filipacchi Médias, – etancien de Bayard-Presse –, « 7-12 ans, c’est l’âge de l’apprentissagedes marques. Et la presse est pra-tiquement absente. Les investisse-ments publicitaires pour les jeunesreprésentent 1,6 milliard de francs[240 millions d’euros] à la télévi-sion et seulement 55 millions[8,38 millions d’euros] pour lapresse. » Ainsi, la plupart des

marques de jouets ne font pas depublicité dans les journaux.

Conformément à d’autres cou-plages publicitaires, Interdécoveut attirer les regards des annon-ceurs sur son efficacité auprèsd’un public qu’il peut cibler,contrairement à la télévision.« Notre presse n’est pas connuepour ce qu’elle est, nous voulons dé-montrer aux annonceurs et auxagences la richesse de notre offremagazine, explique Georges Sane-rot, responsable de Bayard PresseJeunesse. La publicité fait partie dupaysage, mais on fait attention à cequ’elle ne soit pas envahissante.C’est aujourd’hui un matériau utili-sé dans les écoles. On a des généra-tions de sémiologues chez les en-fants. »

Alain Salles

DÉPÊCHESa MUSIQUE : Rupert Murdoch aurait l’intention d’acquérir legroupe de production et d’édition musicale britannique EMI, pourune somme de 4,2 milliards de livres (6,1 milliards d’euros), a affir-mé, dimanche 7 février, l’hebdomadaire britannique FinancialMail, qui cite des sources « industrielles ». EMI, qui produit no-tamment les Spice Girls, avait démenti en novembre 1998 des ru-meurs boursières indiquant que Rupert Murdoch était désireuxd’acquérir 20 % de son capital. – (AFP.)a TÉLÉVISION : la prochaine édition des 7 d’or sera retrans-mise sur TF 1, le samedi 2 octobre. Télé 7 jours a confié à la Une latreizième édition de cette manifestation au cours de laquelle sontremis les trophées décernés par les professionnels de la télévisionet par le public. TF 1 n’avait plus retransmis les 7 d’or depuis 1990.a Cécile Frot-Coutaz est nommée présidente de Pearson Télé-vision France. Elle succède à Michel Bassi, qui a quitté ses fonc-tions en juillet 1998. Née en 1966, Cécile Frot-Coutaz était ad-jointe du directeur de la direction européenne des opérations deproduction de Pearson Télévision.a ÉTATS-UNIS : CBS a enregistré une perte de 18,6 millionsd’euros (122 millions de francs) en 1998 contre un résultat net de486 millions d’euros (3,187 milliards de francs) en 1997, a annoncé,vendredi 5 février, le groupe de communication américain. – (AFP.)a NUMÉRIQUE : Gilles Galud et Denis Didolla ont été nommésrespectivement aux postes de directeur général adjoint aux pro-grammes et directeur financier de Multithématiques. Filiale deCanal Plus (30,16 %), Havas Images (30,16 %), Tinta (30,16 %) etPart’Com (9,5 %), Multithématiques, dirigée par Michel Thou-louze, diffuse sept chaînes dans huit pays auprès de 9,5 millionsde foyers abonnés au câble ou au satellite.a INTERNET : l’intégralité des programmes de France-Interest diffusée en direct, 24 heures sur 24, sur Internet en RealAudiodepuis samedi 6 février. L’adresse du site estr www.radio-france.fr.

Le court métrage intéresse les agencesCLERMONT-FERRANDde notre envoyé spécial

Le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand, dont la vingt et unième édition a eulieu du 29 janvier au 6 février, a conquis sonrang de premier festival international dugenre. Il devance d’autres manifestationsconsacrées au court métrage comme les festi-vals de Figuera da Foz (Portugal), Flickerfest(Australie) ou Uppsala (Suède). Au pointqu’une sélection des meilleurs films passésdans la cité du Puy-de-Dôme est traditionnel-lemement présentée en Nouvelle-Zélande, etqu’il est fréquent de citer Clermont-Ferrandcomme le « Cannes du court »... Ce premierrang est dû à sa fréquentation – 120 000 spec-tateurs cette année, contre 118 000 l’an der-nier – et à sa coloration internationale : surquelque 260 courts métrages en compétition,dont la longueur est comprise entre 4 et44 minutes, figurent deux tiers de films étran-gers, qu’ils soient néo-zélandais, tchèques,burkinabés, mauritaniens, estoniens, austra-liens, britanniques, russes ou italiens.

Le court métrage italien, hôte invité cetteannée, a connu des hauts et des bas. Très pri-sé dans les années 30, il est désormais soumisaux aléas des commandes des télévisions. Au-jourd’hui, Canale 5, l’une des chaînes dugroupe Medisaset de Silvio Berlusconi, dif-fuse régulièrement des courts métrages ita-

liens, mais à des heures tardives. La télévisionpublique tente aussi de lui faire de la placedans ses programmes ; la RAI 3 prévoit en ef-fet d’inscrire des courts métrages dans unmagazine qui sera diffusé, en mars, en milieude soirée.

L’aspect international du Festival de Cler-mont-Ferrand se manifeste aussi dans son« marché du film », avec ses 28 stands (cana-dien, néo-zélandais, coréen, américain, etc.)au lieu de 18 l’an dernier. Cette profusionoffre une vue panoramique et sa colorationinternationale attire à la fois les profession-nels du cinéma, mais aussi des publicitaires.

REPÉRER UN STYLE, UNE TECHNIQUELe spot publicitaire présente en effet une

parenté évidente avec le court métrage. Ilpratique aussi le format court (quelques di-zaines de secondes à deux minutes enmoyenne) et use souvent d’effets spéciaux ;enfin, il est grand consommateur de réalisa-teurs et de comédiens. Le grand prix du Festi-val du court métrage de Clermont-Ferrand1998 avait d’ailleurs été attribué à Ma placesur le trottoir, de Philippe Pollet-Villard, quifut auparavant directeur artistique dans lapub.

Rares sont toutefois les agences ou les so-ciétés de production qui ont compris ce cou-sinage et décidé d’en tirer parti. L’agence Eu-

ro RSCG Babinet Erra Tong Cuong(Euro-RSCG BETC) a dépêché la moitié deses créatifs, soit trente personnes, à Cler-mont-Ferrand. Euro-RSCG BETC n’est pasnéophyte en matière de courts métrages : savidéothèque en comprend plus de 1 200, dontdes clips, susceptibles de doper ou d’inspirerla créativité de ses équipes.

« C’est la troisième année que nous nous ren-dons à Clermont-Ferrand, indique Rémy Babi-net, directeur de la création d’Euro-RSCGBETC. L’expérimentation, malheureusement,n’a pas beaucoup de place dans la pub, quipréfère les gens confirmés aux talents neufs. Ici,on a une impression d’improvisation, de réa-lisme. Les jeunes cinéastes du court maîtrisentles techniques de l’image mais ne sont plus fas-cinés par elles : cela donne un style et des idéesqui confèrent un peu plus d’humanité à leursfilms. Ce que souhaitent de plus en plus les an-nonceurs et les consommateurs. »

Pour l’instant, l’agence n’a pas encore misla main sur un réalisateur ou des comédiens,mais a repéré au fil des projections, ici unstyle, là une technique filmique. Les publici-taires savent aussi que les jeunes réalisateursde court métrage susceptibles de les intéres-ser ne sont pas insensibles au « confort detournage » qu’offre la publicité.

Yves-Marie Labé

Page 21: e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

LeMonde Job: WMQ0902--0021-0 WAS LMQ0902-21 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 11:54 S.: 111,06-Cmp.:08,12, Base : LMQPAG 01Fap:100 No:0364 Lcp: 700 CMYK

Cotations, graphiques et indices en tempsreel sur le site Web du « Monde ».www.lemonde.fr/bourse

ASIE - PACIFIQUE

Indices cours Var. % Var. %Zone Asie 17 h 35 f selection 05/02 05/02 31/12

TOKYO NIKKEI 225 13992,49 0,68 1,09

HONGKONG HANG SENG 9139,60 ± 0,55 ± 9,05

SINGAPOUR STRAITS TIMES 0,00 .... ± 4,01

SEOUL COMPOSITE INDEX 62,11 ± 1,13 ± 4,36

SYDNEY ALL ORDINARIES 2900,00 ± 0,41 3,08

BANGKOK SET 23,92 ± 1,81 ± 6,85

BOMBAY SENSITIVE INDEX 3204,09 ± 0,35 4,87

WELLINGTON NZSE-40 2188,34 ± 1,06 5,96

9139,60

HONGKONG Hang Seng

10851

10509

10166

9824

9482

9139[ [ [

10 N. 22 D. 5 F.

13992,49

TOKYO Nikkei

15207

14838

14469

14099

13730

13360[ [ [

5 N. 18 D. 5 F.

127,71

¤URO / YEN

143

139

136

132

129

125[ [ [

9 N. 21 D. 5 F.

AMERIQUES

Indices cours Var. % Var. %Amerique 17 h 35 f selection 05/02 veille 31/12

ETATS-UNIS DOW JONES 9304,24 .... 1,34

ETATS-UNIS S&P 500 1239,40 ± 0,73 0,83

ETATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2373,62 ± 1,51 8,25

TORONTO TSE INDEX 6633,37 ± 0,42 2,27

SAO PAULO BOVESPA 8435,00 ± 2,51 24,34

MEXICO BOLSA 233,04 ± 0,65 0,24

BUENOS AIRES MERVAL 394,44 ± 0,61 ± 8,28

SANTIAGO IPSA GENERAL 103,95 0,25 35

CARACAS CAPITAL GENERAL 4131,34 ± 1,69 ± 13,73

1,12

¤URO / DOLLAR

1,19

1,17

1,16

1,15

1,13

1,12[ [ [

9 N. 21 D. 5 F.

9304,24

NEW YORK Dow Jones

9643

9464

9285

9107

8928

8749[ [ [

5 N. 18 D. 4 F.

2373,62

NEW YORK Nasdaq

2510

2377

2245

2112

1980

1847[ [ [

9 N. 21 D. 5 F.

EUROPE

Indices cours Var. % Var. %Europe 17 h 35 f selection 05/02 05/02 31/12

EUROPE EURO STOXX 50 3486,43 ± 0,10 4,31

EUROPE STOXX 50 3407,48 ± 0,05 2,63

EUROPE EURO STOXX 324 305,64 ± 0,06 2,44

EUROPE STOXX 653 287,15 .... 2,85

PARIS CAC 40 0,00 ± 0,15 ....

PARIS MIDCAC 0,00 .... ....

PARIS SBF 120 0,00 ± 0,02 ....

PARIS SBF 250 0,00 .... ....

PARIS SECOND MARCHEÂ 0,00 .... ....

AMSTERDAM AEX 532,26 ± 0,39 ± 1,13

BRUXELLES BEL 20 3467,83 ± 0,19 ± 1,33

FRANCFORT DAX 30 5061,94 ± 0,37 1,19

LONDRES FTSE 100 5855,30 ± 1,42 ± 0,46

MADRID STOCK EXCHANGE 0,00 .... ....

MILAN MIBTEL 30 33940,00 ± 0,01 ± 3,45

ZURICH SPI 7142,40 0,08 ± 0,26

5855,30

LONDRES FT 100

6152

5996

5840

5684

5528

5372[ [ [

5 N. 15 D. 5 F.

4167,42

PARIS CAC 40

4312

4158

4004

3850

3696

3542[ [ [

5 N. 18 D. 4 F.

5061,94

FRANCFORT DAX 30

5443

5249

5054

4860

4665

4471[ [ [

5 N. 15 D. 5 F.

Taux d’interet (%)Taux Taux Taux TauxTaux05/02 f j. j. 3 mois 10 ans 30ans

FRANCE ......... 3,13 2,86 3,88 4,74

ALLEMAGNE .. 3,12 3,02 3,79 4,72

GDE-BRETAG. 5,12 5,25 4,29 4,28

ITALIE ............ .... 3,02 4 4,95

JAPON............ 0,27 0,29 2,70 ....

ETATS-UNIS... 4,72 4,49 4,92 5,32

SUISSE ........... 0,68 1,15 2,49 3,86

PAYS-BAS....... 3,15 3,06 3,88 4,77

Taux de change fixe zone ¤uro¤uro contre f Taux contre franc f Taux

FRANC......................... 6,55957 ¤URO ........................... 0,15245DEUTSCHEMARK ......... 1,95583 DEUTSCHEMARK ......... 3,35385LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) .......... 3,38774PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100).... 3,27190SCHILLING AUTR. (10).. 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703PUNT IRLANDAISE....... 0,78756 PUNT IRLANDAISE....... 8,32894FLORIN NEERLANDAIS 2,20371 FLORIN NEERLANDAIS 2,97660

FRANC BELGE (10) ....... 4,03399 FRANC BELGE (10) ....... 1,62607MARKKA FINLAND....... 5,94573 MARKKA FINLAND....... 1,10324

Matieres premieresCours Var. %En dollars f 05/02 veille

METAUX (LONDRES) $/TONNECUIVRE 3 MOIS .............. 1476,5 0,10

ALUMINIUM 3 MOIS ...... 1237,3 0,19

PLOMB 3 MOIS .............. 498,5 0,30

ETAIN 3 MOIS ................ 5260 ± 0,38

ZINC 3 MOIS.................. 1027,5 ± 0,24

NICKEL 3 MOIS .............. 4723 ± 0,15

METAUX (NEW YORK) $/ONCEARGENT A TERME ......... 5,67 0,27

PLATINE A TERME ......... 76654,98 3,42

GRAINES DENREES $/BOISSEAUBLE (CHICAGO).............. 270 0,19

MAIS (CHICAGO)............ 217,5 ± 0,46

SOJA TOURTEAU (CHG.). 134,5 ± 0,66

SOFTS $/TONNECACAO (NEW YORK)....... 1306 ± 0,76

CAFE (LONDRES) ........... 1666 ± 0,83

SUCRE BLANC (PARIS) ... 220 ....

OrCours Var %En ¤uros f 05/02 04/02

OR FIN KILO BARRE ...... 8250 + 1,85

OR FIN LINGOT............. 8300 + 2,60

ONCE D’OR (LO) $ ......... 289,40 + 0,75

PIECE FRANCE 20 F........ 50,20 ± 0,20

PIECE SUISSE 20 F.......... 51 + 3,03

PIECE UNION LAT. 20 F . 51,50 + 3

PIECE 10 DOLLARS US ... 269 ....

PIECE 20 DOLLARS US ... 470 ± 3,64

PIECE 50 PESOS MEX...... 307 + 0,66

MatifVolume dernier premierCours17 h 35 f 05/02 prix prix

Notionnel 5,5MARS 99 ......... .... .... 111,94

Euribor 3 moisMARS 99 ......... .... .... ....

PetroleCours Var. %En dollars f 05/02 veille

BRENT (LONDRES) ........ 10,41 ....

WTI (NEW YORK) ........... 11,93 1,10

LIGHT SWEET CRUDE .... 11,85 ± 0,38

Cours de change croisesCours Cours Cours Cours Cours Cours

05/02 17 h 35 f DOLLAR YEN(100) ¤URO FRANC LIVRE FR. S.DOLLAR ................. .... 0,87951 1,12350 0,17130 1,63285 0,70111

YEN ....................... 113,70000 .... 127,71500 19,47500 185,66000 79,71500

¤URO ..................... 0,89008 0,78299 .... 0,15245 1,45335 0,62395

FRANC................... 5,83770 5,13665 6,55957 .... 9,53305 4,09295

LIVRE ..................... 0,61243 0,53880 0,68805 0,10490 .... 0,42935

FRANC SUISSE ....... 1,42630 1,25480 1,60240 0,24430 2,32915 ....

TABLEAU DE BORD

Hors zone ¤uro¤uro contre f 05/02

COURONNE DANOISE. 7,4358

COUR. NORVEGIENNE 8,6725

COUR. SUEDOISE ........ 8,8720

COURONNE TCHEQUE 37,365

DOLLAR AUSTRALIEN . 1,7294

DOLLAR CANADIEN .... 1,6765

DOLLAR NEO-ZELAND 2,0431

DRACHME GRECQUE..321,95FLORINT HONGROIS ..248,91ZLOTY POLONAIS........ 4,1753

F I N A N C E S E T M A R C H É S LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 21

VALEUR DU JOUR

18,25

18,37

18,50

18,62

18,75

18,87

18,12

19

Action Delphi

15h30 17h30 19h30 21h30

en dollars à New-York

Source : Bloomberg

vendredi 5 février

18,43 à 22h30

Delphi quittele giron de GMVENDREDI 5 février, Delphi, lepremier équipementier automo-bile mondial faisait ses premierspas à la Bourse de New York. Ge-neral Motors, qui contrôlait entiè-rement Delphi, a proposé 20 % ducapital au marché sur la base de17 dollars (15 euros) par action.Lors de la première séance, l’ac-tion a progressé de 8,5 %, jusqu’à18,43 dollars. De l’aveu même duprésident de Delphi, J. T. Batten-berg III, le prix d’offre avait été vo-lontairement minoré afin d’ac-croître les chances de succès decette opération.En août 1998, General Motorsavait annoncé son intention dedonner une autonomie progres-sive à sa filiale. L’introduction enBourse de 20 % du capital n’estque la première étape. Dans undeuxième temps, General Motorsdevrait céder le reste du capital deDelphi à ses actionnaires paréchange de titres Delphi contredes actions General Motors.Créé en 1994 par le regroupementdes différentes filiales d’équipe-ment automobile de General Mo-tors, Delphi a dû opérer une vasterestructuration pour se préparer àcette introduction. Sous l’égide deJ. T. Battenberg III, le groupe a fer-mé une quarantaine d’usines, pourréduire le nombre d’unités de pro-duction à 169. Dans le mêmetemps, il a accru son internationa-lisation. Il est désormais présentdans trente-six pays, et les venteshors Etats-Unis représentent untiers du chiffre d’affaires global.Il reste toutefois un défi de taille :

Delphi devra réussir progressive-ment à sortir de l’ombre de son ac-tionnaire. En 1998, sur les 28,4 mil-liards de dollars de chiffred’affaires réalisés par Delphi, 77 %provenaient encore decommandes passées par GeneralMotors. En accédant à une plusgrande autonomie, il devrait pou-voir séduire de nouveaux clients.Pour GM, la séparation de Delphiest considérée comme une néces-sité stratégique. En effet, le pre-mier constructeur automobilemondial souffre toujours de la len-teur et de la faible compétitivité deses usines d’assemblage. Lancéedans le grand bain de la concur-rence mondiale, Delphi devra net-tement réduire ses prix de vente.Ce qui profitera directement à sonprincipal client : General Motors.

Enguérand Renault

NEW YORKVENDREDI 5 FÉVRIER, l’indiceDow Jones de la Bourse de NewYork est resté pratiquement stableà 9 304,24 points. En revanche,l’indice Nasdaq de la Bourse élec-tronique a perdu 1,51 % à 2 373,62points sous l’effet de prises de bé-néfice. Les gestionnaires de porte-feuilles ont liquidé les valeurs de lahaute technologie, qui ont enre-gistré une forte hausse en janvier,pour acheter des valeurs tradition-nellement plus sûres (pétrolièreset équipements lourds).

TAUXLES MARCHÉS OBLIGATAIRESeuropéens étaient mal orientéslundi 8 février en début de mati-née. Le rendement des obligationsde l’Etat français à 10 ans s’inscri-vait en hausse à 3,95 % tandis quecelui des bunds allemands émissur la même période se situait à3,8 %. Vendredi, outre-Atlantique,le taux de l’obligation du Trésor à30 ans est remonté à 5,338 %contre 5,258 % jeudi. Les interve-nants craignent un relèvement destaux aux Etats-Unis dans uncontexte de forte croissance.

MONNAIESLE DOLLAR était en hausse contrele yen lundi 8 février en début dematinée, à la faveur d’un redresse-ment du marché obligataire nip-pon. Le billet vert s’échangeait à113,56 dollars contre 113,30 yens àNew York vendredi soir. L’eurorestait mal orienté et cotait 1,1244dollar contre 1,1260 dollar à NewYork à la veille du week-end.

ÉCONOMIE

Vers une améliorationde la situationéconomique au JaponL’ÉCONOMIE japonaise a touchéle fond à la fin 1998 mais une re-prise totale ne sera possiblequ’avec un rebond des dépensesd’investissements des entreprises,a déclaré, lundi 8 février, le chef desservices économiques du gouver-nement japonais Taichi Sakaiya.« L’économie japonaise devraits’améliorer au deuxième semestre del’année fiscale 1999-2000 », qui dé-bute en avril, a-t-il poursuivi lorsd’une réunion, en mettant en avantles mesures de relance par l’inves-tissement public et les baisses fis-cales prises par le gouvernement etqui feront sentir leurs effets à par-tir de « mars ou avril ». Mais « lemoteur d’une reprise économiquetotale sera les dépenses d’investisse-ments », a-t-il ajouté. M. Murofus-hi a également estimé que l’objec-tif gouvernemental d’unecroissance de 0,5 % pour la pro-chaine année fiscale allait être at-teint.a Eisuke Sakakibara, vice-mi-nistre des finances japonais, a es-timé, lundi, qu’il était très probableque, pendant le quatrième tri-mestre 1998, l’économie nipponeait eu une croissance nulle ou légè-rement positive en ajoutant que« la période de janvier-mars consti-tue un tournant pour l’économie ».a Kazuo Ueda, membre duconseil de politique monétairede la Banque du Japon, pense queles taux longs japonais risquent demonter si le débat actuel sur l’op-portunité pour la banque centralede souscrire directement à desfonds d’Etat gagne en intensité.a Les prix de gros japonais ontbaissé de 0,9 % en janvier, par rap-port à leur niveau de décembre, cequi a poussé leur déclin en glisse-ment annuel à 4,9 %, a annoncévendredi la Banque du Japon.

a ÉTATS-UNIS : le taux de chô-mage aux Etats-Unis est resté in-changé à 4,3 % en janvier etl’économie a créé 245 000 nou-veaux emplois pendant la mêmepériode, a annoncé vendredi le dé-partement du travail. Le secteurdes services a tiré la croissance desemplois en créant 252 000 nou-veaux emplois, a noté le départe-ment du travail. Le nombre de per-sonnes sans emploi a reculé de73 000 à 5,95 millions en janvier. Lesalaire horaire moyen a progresséde 0,5 % en janvier à 13,04 dollars.C’est la plus forte hausse depuisaoût. Sur l’année, les gains horairessont en progrès de 4 %.a Les crédits à la consommationaux Etats-Unis ont augmenté de

7,3 milliards de dollars (6,4 mil-liards d’euros) en décembre pourse monter à 1 308 milliards de dol-lars, a indiqué vendredi la Réservefédérale. Cette hausse est supé-rieure à ce qu’attendaient les ana-lystes qui prévoyaient une haussede 5,8 milliards de dollars. Elle estparticulièrement importante pourles prêts automobiles et ceux liés àl’utilisation d’une carte.

a BRÉSIL : les sept gouverneursd’opposition réunis vendredi àPorto Alegre ont décidé de nepayer les échéances de la dette deleurs Etats respectifs vis-à-vis del’Etat fédéral que si celles-ci ne dé-passent pas 5 % de leurs fonds dis-ponibles. La dette de l’ensembledes 27 Etats brésiliens envers legouvernement central s’élevait enjanvier à quelque 55,2 milliards dedollars (48 milliards d’euros). Cer-tains Etats consacrent jusqu’à 15 %de leurs ressources au paiement deleur dette.a La balance commerciale duBrésil a enregistré un déficit de 754millions de dollars (667,2 millionsd’euros) au mois de janvier, soit en-viron 100 milliards de dollars deplus qu’en janvier 1998, a annoncévendredi à Brasilia le ministère dudéveloppement.

a CHINE : les livraisons de pé-trole vers le Japon auraient étésuspendues afin de privilégier l’ap-provisionnement du marché inté-rieur, selon le journal japonais Ni-hon Keizai Shimbun de samedi. LeJapon risque de subir en retour uneaugmentation des prix du brut livrépar l’Indonésie et un ralentisse-ment de l’activité de certaines cen-trales électriques.

a EURO : le commissaire euro-péen chargé des affaires moné-taires, Yves-Thibault de Silguy, adéclaré samedi que le taux dechange de l’euro, qui a perdu en unmois plus de 4 % de sa valeur faceau dollar américain, ne lui posait« pas de problème ». « Un moisaprès son lancement, l’euro se tientbien », a-t-il assuré, citant le « testimportant » de l’émission en obli-gations. « En janvier, 50 % des obli-gations dans le monde ont été faitesen euros contre 40 % en dollars », a-t-il indiqué.

a ROUMANIE : le gouvernementveut boucler 1999 avec un déficitconsolidé représentant 2,4 % duproduit intérieur brut (PIB), contre4 % du PIB en 1998, a indiqué RaduVasiel, lors de la présentation dubudget devant le Parlement. Letaux d’inflation doit baisser à 25 %en 1999 contre 40,6 % en 1998, a-t-ildit. Le chef du gouvernement aégalement annoncé un recul de 2 %du PIB pour l’année en cours.

MARDI 9 FÉVRIERa ALLEMAGNE : statistiques del’emploi (janvier).a FRANCE : conférence de pressecommune de Jean-Claude Gayssotet Dominique Strauss-Kahn surl’ouverture du capital d’Air France.a JAPON : chiffres de la consom-mation des ménages (décembre).a ÉTATS-UNIS : estimation de laproductivité au quatrième tri-mestre.

MERCREDI 10 FÉVRIERa FRANCE : Emile Zuccarelli, mi-nistre de la fonction publique, pré-sente le rapport Roché sur letemps de travail dans la fonctionpublique.

JEUDI 11 FÉVRIERa JAPON : marchés financiers fer-més (jour férié de la Constitution).

VENDREDI 12 FÉVRIERa POLOGNE : rencontre à Craco-vie des ministres de la défense du« triangle de Weimar » (polonais,français et allemand).a FRANCE : balance des paie-ments (statistiques de novembre,ministère de l’économie). Réservesde change (janvier).

AGENDA

PARISÀ CAUSE DE PROBLÈMES tech-niques, la Bourse de Paris n’a pasété en mesure d’ouvrir à l’heurehabituelle (10 heures), lundi 8 fé-vrier. Vendredi, l’indice CAC 40s’était inscrit en recul de 0,48 %, à4 147,30 points et avait terminésur une quatrième baisse consé-cutive, à la suite notamment detensions sur les marchés obliga-taires.

FRANCFORTQUELQUES MINUTES après ledébut des cotations, lundi, l’in-dice DAX s’inscrivait en baisse de1 % à 5 046,55 points. Vendredi, laBourse de Francfort avait terminéla semaine en hausse, le DAX ga-gnant 0,72 % à 5 097,48 points.

LONDRESLA BOURSE de Londres a clôtu-ré, vendredi 5 février, en recul,dans la crainte notamment d’unretournement de tendance à WallStreet. L’indice Footsie 100 a ter-miné en baisse de 1,42 %, à5 855,3 points.

JAPONENCOURAGÉ par la détente surles marchés obligataires, l’indiceNikkei a progressé de 0,7 %, lun-di, pour clôturer à13 992,49 points. Toutefois, les in-vestisseurs ont fait preuve de pru-dence en raison de la confusionqui continue à régner sur le mar-ché obligataire, après des déclara-tions divergentes sur le compor-tement de la banque centrale.

AFFAIRESINDUSTRIE

b BMW : le constructeurautomobile allemand aconfirmé, dimanche 7 février,qu’il négociait avec legouvernement britannique uneaide pour sauver sa filiale endifficulté Rover. Par ailleurs, lesrumeurs du rachat de BMW parun concurrent ont été démentiespar le groupe allemand, après lelimogeage du patron BerndPischetsrieder (Le Monde daté 7 et8 février).

b VOLKSWAGEN : le patron dugroupe automobile allemand,Ferdinand Piëch, a indiqué, dansl’hebdomadaire Der Spiegel dulundi 8 février, être toujoursintéressé par la reprise d’unconstructeur de poids lourds,mais, selon lui, ils sont trop cherspour l’instant.

b CHIMIE : la CFDT a confirmé,vendredi, son intention designer l’accord de branche sur les35 heures, finaliséle 26 janvier dans la chimie(250 000 salariés) et rejeté par lesautres syndicats.

b GALLAHER : la reineElizabeth II a retiré le brevet defournisseur royal au fabricant descigarettes Benson & Hedges.Cette décision a été prise aprèsque la reine eut décidé de ne pluspasser de commandes decigarettes, le fait de fumer n’étantplus prisé par la famille royale.

SERVICESb AIR FRANCE : la compagnieaérienne et son homologuelibanaise, Middle East Airlines(MEA) signeront, jeudi 11 février,une alliance commerciale. AirFrance et MEA se partageront dèsavril l’exploitation commerciale desvols Paris-Beyrouth.

b CEGELEC : le tribunal degrande instance de Nanterre ainterdit, vendredi, à Cegelec(16 418 salariés dans58 établissements) de mettre enœuvre son projet de réorganisationpar secteurs, tant qu’elle n’aura pasrecueilli l’avis du comité centrald’entreprise.

FINANCEb MATIF : le marché à termefrançais et son associé, leChicago Mercantile Exchange(CME), ont signé un accordd’accès croisé avec le SingapourInternational Monetary Exchange(Simex), le premier marché dérivéen Asie. Une alliance se dessineentre le Matif, le MEFF espagnol, leMIF italien, le CME américain et leSimex singapourien alors que ducôté de la concurrence, le CBOT deChicago a refusé de s’allier avecEurex, le marché germano-suisse.

b DAIWA SECURITIES : la banquejaponaise a décidé, vendredi, dereporter la vente de sa filiale DaiwaEurope Bank Plc., en l’absence d’unaccord sur le prix avec les acheteurspotentiels.

b CRÉDIT LYONNAIS : lessyndicats de la banque publiquedevaient se réunir lundi dans lamatinée pour adopter une positioncommune sur l’avenir de leurbanque après l’annonce de la fusionSG-Paribas.

RÉSULTATSa DASSAULT SYSTEMES : l’édi-teur de logiciels de conceptionassistée par ordinateur a annon-cé, lundi 8 février, un résultat netpour 1998 de 89,1 millions d’euros(584,5 millions de francs), contreune perte de 17,3 millions d’eurosen 1997. Son chiffre d’affaire atteint2,71 milliards de francs(413,3 millions d’euros) en haussede 30 %.

SUR LES MARCHÉS

Page 22: e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

LeMonde Job: WMQ0902--0022-0 WAS LMQ0902-22 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 11:58 S.: 111,06-Cmp.:08,12, Base : LMQPAG 01Fap:100 No:0365 Lcp: 700 CMYK

22 / LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 F I N A N C E S E T M A R C H É S

Code Cours % Var.08/02 10 h 25 f pays en ¤uros veille

AUTOMOBILEAUTOLIV SDR SE 36,29 ....

BASF AG BE e 32 ± 0,47

BMW DE e 710 + 4,11

CONTINENTAL AG DE e 25,55 + 2,20

DAIMLER-BENZ AG DE e 78,99 ....

FIAT IT e 2,83 + 1,07

FIAT PRIV. IT e 1,48 + 2,07

LABINAL /RM FR e 180 ± 0,06

LUCAS VARITY GB 4,21 ± 0,34

MAGNETI MARELLI IT e 1,28 + 1,59

MICHELIN-B- /RM FR e 36 ....

PEUGEOT /RM FR e 135,4 + 0,67

PIRELLI IT e 2,52 + 0,80

RENAULT FR e 43,62 + 1,21

SOMMER ALLIBER/ FR e 23,5 ± 0,84

VALEO /RM FR e 72,7 ....

VOLKSWAGEN DE e 67,1 + 0,30

VOLVO -A- SE 23,84 ....

VOLVO -B- SE 24,29 ....

f DJ E STOXX AUTO P 270,25 + 0,30

BANQUESABBEY NATIONAL GB 17,14 ± 1,26

ABN AMRO HOLDIN NL e 18,4 ± 0,27

ALLIED IRISH BA GB 16,63 + 2,42

ALPHA CREDIT BA GR 115,55 ....

ARGENTARIA RS ES e 23,17 ....

B PINTO MAYOR R PT e 19,15 ....

BANCO ESSI R PT e 10,8 ....

BANK AUSTRIA AG AT e 40,93 + 0,20

BANK OF IRELAND GB 19,03 + 0,31

BANK OF PIRAEUS GR 37,15 ....

BANKINTER ES e 32,8 ....

BARCLAYS PLC GB 20,39 ± 1,47

BAYR.HYPO-U.VER DE e 56,5 ± 2,42

BCA FIDEURAM IT e 5,57 ± 0,36

BCA INTESA IT e 4,4 ....

BCA ROMA IT e 1,33 + 1,53

BCO BILBAO VIZC ES e 13,01 ....

BCO CENTRAL HIS ES e 10,28 ....

BCO POPULAR ESP ES e 62 ....

BCO SANTANDER ES e 17,09 ....

BCP REG PT e 27,49 ....

BNP /RM FR e 77 ± 0,13

CCF /RM FR e 84,5 ± 0,47

CHRISTIANIA BK NO 3,79 ....

COMIT IT e 5,73 + 0,53

COMM.BANK OF GR GR 108,71 ....

COMMERZBANK DE e 25,8 ± 0,39

DEN DANSKE BK DK 115,66 ± 1,04

DEN NORSKE BANK NO 3,76 ....

DEUTSCHE BANK A DE e 48,9 + 0,62

DEXIA CC BE e 148 + 0,41

DEXIA FCE RM FR e 133 ± 1,63

DRESDNER BK AG DE e 34,6 ± 0,29

ERGO BANK GR 76,72 ....

FIRST AUSTRIAN AT e 49,42 ± 91,41

FOERENINGSSB A SE 23,22 ....

FOKUS BK NO 8,76 ± 1,30

HALIFAX GB 10,21 ± 0,28

HSBC HOLDS GB 21,53 ± 0,87

IMI IT e .... ....

IONIAN BK REG.S GR 54,82 ....

JYSKE BANK REG DK 77,33 ± 0,86

KAPITAL HOLDING DK 44,25 ± 1,79

KBC BANCASSURAN BE e 73,9 + 0,41

LLOYDS TSB GB 11,11 ± 1,16

MERITA FI e 5,6 ± 2,61

NAT BANK GREECE GR 63,99 ....

NATEXIS FR e 55,5 ± 0,89

NATL WESTM BK GB 16,78 ± 1,87

NORDBANKEN HOLD SE 6,09 ....

OBERBANK AT e 62 ....

ROLO BANCA 1473 IT e 21,3 + 1,43

ROYAL BK SCOTL GB 17,21 + 0,94

S-E-BANKEN -A- SE 10,14 ....

SPAREBANKEN NOR NL e 155 ....

STE GENERAL-A-/ FR e 138,7 ± 0,14

SV HANDBK -A- SE 35,62 ....

UBS N CH 283,85 + 0,22

UNICREDITO ITAL IT e 4,45 + 0,45

UNIDANMARK -A- DK 72,62 ± 0,92

XIOSBANK GR 40,69 ....

f DJ E STOXX BANK P 262,45 ± 0,31

PRODUITS DE BASEACERINOX REG ES e .... ....

ALUMINIUM GREEC GR 52,14 ....

ARJO WIGGINS AP GB 1,79 ± 0,81

ASSIDOMAEN AB SE 16,79 ....

AVESTA SE 3,19 ....

BEKAERT BE e 386 + 2,12

BILTON GB 4,47 + 1,65

BOEHLER-UDDEHOL AT e 42,35 ....

BRITISH STEEL GB 1,89 + 0,78

BUHRMANN NV NL e 15,25 + 3,04

BUNZL PLC GB 3,57 + 0,41

CART.BURGO IT e 5,08 + 0,40

DEGUSSA DE e 36 ....

ELKEM ASA, OSLO NO 11,59 ....

ELVAL GR 11,18 ....

INPARSA PT e 19,83 ....

JOHNSON MATTHEY GB 6,91 ± 0,42

MAYR-MELNHOF KA AT e 46 ± 0,22

METSAE-SERLA A FI e 6,6 + 4,60

MODO B FR SE 24,23 ....

NORSKE SKOGIND- NO 28,25 ....

OUTOKUMPU OY -A FI e 8,5 + 1,19

PECHINEY-A- FR e 30,5 ± 1,61

PORTUCEL INDUST PT e 5,3 ....

RAUTARUUKKI K FI e 5,85 + 1,74

RIO TINTO GB 10,97 + 2,30

SIDENOR GR 21,43 ....

SILVER & BARYTE GR 32,05 ....

SMURFIT JEFFERS GB 1,66 ± 0,87

SONAE INDUSTRIA PT e 12,09 ....

SOPORCEL PT e 11,72 ....

SSAB SW ST A FR SE 10,26 ....

STORA ENSO -A- FI e 8,25 + 3,13

STORA ENSO -R- FI e 8,3 + 0,61

STORA KOPPARB - SE 9,92 ....

SVENSKA CELLULO SE 20,34 ....

THYSSEN DE e 170 + 2,26

TRELLEBORG B SE 9,07 ....

UNION MINIERE BE e 33,3 + 0,33

UPM-KYMMENE COR FI e 24,9 + 1,63

USINOR FR e 11,76 ± 1,59

VIOHALCO GR 29,51 ....

VOEST-ALPINE ST AT e 27,15 ± 1,74

f DJ E STOXX BASI P 153,92 + 1,30

CHIMIEAGA -A- SE 11,95 ....

AGA -B- SE 11,78 ....

AIR LIQUIDE /RM FR e 137,2 ± 0,94

AKZO NOBEL NL e .... ....

BASF AG DE e 32 ± 0,47

BAYER AG DE e 32 ± 0,78

BOC GROUP PLC GB 11,72 ± 7,13

CIBA SPEC CHEM CH 70,88 + 1,11

CLARIANT N CH 452,79 + 0,42

DYNO INDUSTRIER NO 14,53 ....

EMS-CHEM HOLD A CH 5027,48 + 0,63

HENKEL KGAA VZ DE e 72,5 ± 2,29

HOECHST AG DE e 40 ± 1,23

ICI GB 8,05 + 2,78

KEMIRA FI e 5,98 + 3,10

LAPORTE GB 8,31 + 0,35

LENZING AG AT e 41 ± 26,19

PERSTORP -B- SE 9,92 ....

SNIA BPD IT e 1,36 ....

SOLVAY BE e 61 + 0,08

TESSENDERLO CHE BE e 44,5 + 1,37

UCB BE e .... ....

f DJ E STOXX CHEM P 287,3 ± 0,37

CONGLOMERATSAKER RGI -A- NO 10,61 ....

BTR GB 1,95 + 0,75

CGIP /RM FR e 53 ± 1,30

CIR IT e 1,05 ± 2,78

D’IETEREN SA BE e 456,1 + 1,36

GAZ ET EAUX /RM FR e 43,85 ± 0,90

GBL BE e 168,5 ± 0,30

GENL ELECTR CO GB 7,48 ± 1,15

GEVAERT BE e 62 ....

HAGEMEYER NV NL e 30,6 + 1,16

INCHCAPE PLC GB 2,15 + 4,23

INVESTOR -A- SE 41,37 ....

INVESTOR -B- SE 41,93 ....

KVAERNER -A- NO 20,52 ....

KVAERNER -B- NO 16,95 ....

LVMH / RM FR e 212 ± 1,35

MYTILINEOS HOLD GR 14,58 ....

NORSK HYDRO NO 32,34 ....

OERLIKON-BUEHRL CH 106,48 ± 0,58

ORKLA -A- NO 13,43 ....

ORKLA -B- NO 11,53 ....

SONAE INVESTIME PT e 37,3 ....

VEBA AG DE e 48,7 + 3,40

f DJ E STOXX CONG P 229,89 + 0,89

TELECOMMUNICATIONSBRITISH TELECOM GB 13,41 ± 1,81

CABLE & WIRELES GB 12,04 ± 1,66

DEUTSCHE TELEKO DE e 39,2 + 0,51

EUROPOLITAN HLD SE 93,67 ....

FRANCE TELECOM FR e 80,1 + 0,56

HELLENIC TELE ( GR 26,25 ....

KONINKLIJKE KPN NL e 42,55 ....

PORTUGAL TELECO PT e 45,18 ....

SWISSCOM N CH 380,96 + 0,66

TELE DANMARK DK 110,95 ± 0,36

TELECEL PT e 181,35 ....

TELECOM ITALIA IT e 8,7 ± 1,58

TELECOM ITALIA IT e 6,05 ± 1,47

TELEFONICA ES e 39,68 ....

TIM IT e 5,5 ± 0,54

VODAFONE GROUP GB 15,57 ± 0,83

f DJ E STOXX TCOM P 660,99 ± 0,23

CONSTRUCTIONAALBORG PORTLAN DK 17,48 ....

ACCIONA ES e 57,9 ....

ACESA REG ES e 13,12 ....

AKTOR SA GR 13,48 ....

ASKO OY FI e 12,9 + 0,78

AUMAR ES e 21,99 ....

AUTOSTRADE IT e 6,88 + 0,44

BCA INTESA IT e 4,4 ....

BICC PLC GB 1,23 + 2,41

BILFINGER & BER DE e 18,5 + 0,27

BLUE CIRCLE IND GB 4,87 ± 1,47

BOUYGUES /RM FR e 228,6 ± 1,17

BPB GB 3,38 ± 0,85

CARADON GB 2,09 ± 0,69

CBR BE e 83 ....

CHARTER GB 5,29 ± 0,27

CIMPOR SGPS R PT e 25,2 ....

COLAS /RM FR e 183,5 ± 0,27

CRH PLC GB 15,69 + 0,19

CRISTALERIA ESP ES e 51,7 ....

DRAGADOS CONSTR ES e 34,13 ....

FOM CON CONTRAT ES e 59,95 ....

GROUPE GTM FR e 81,5 ± 0,61

HEIDELBERGER ZE DE e 56,5 + 0,89

HELL.TECHNODO.R GR 8,65 ....

HERACLES GENL R GR 23,79 ....

HOCHTIEF ESSEN DE e 28 ± 4,11

HOLDERBANK FINA CH 226,70 ± 0,55

HOLDERBANK FINA CH 950,54 + 0,33

IMETAL /RM FR e 107,5 ± 1,38

ITALCEMENTI IT e 9,37 ± 0,32

ITALCEMENTI RNC IT e 4,28 + 0,71

LAFARGE /RM FR e 76 + 1,20

MICHANIKI REG. GR 7,36 ....

PARTEK FI e 7,7 + 1,32

PHILIPP HOLZMAN DE e 116 ± 3,33

PILKINGTON PLC GB 1,02 + 7,69

POTAGUA -B- DK 18,02 + 1,52

RMC GROUP PLC GB 7,63 ± 30,74

RUGBY GRP GB 1,44 + 1,02

SAINT GOBAIN /R FR e 135,7 ± 0,88

SEMAPA PT e 15 ....

SKANSKA -B- SE 26,60 ....

SUPERFOS DK 12,91 ....

TARMAC GB 1,63 ....

TAYLOR WOODROW GB 2,34 + 0,63

TECHNIP /RM FR e 72 ± 0,76

TITAN CEMENT RE GR 73,64 ....

UNICEM IT e 8,87 ± 1,99

URALITA SA ES e 9,53 ....

VALENCIANA CEM ES e 11,96 ....

WIENERB BAUSTOF AT e 174,1 ± 0,07

WILLIAMS GB 5,49 + 1,07

f DJ E STOXX CNST P 183,7 ± 0,04

CONSOMMATION CYCLIQUEACCOR /RM FR e 189 ± 0,05

ADIDAS-SALOMON DE e 80 + 0,63

AMER GROUP A FI e 11,5 + 0,88

AUSTRIAN AIRLIN AT e 29,3 ± 1,01

BANG & OLUFSEN DK 63,21 + 1,08

BARRATT DEV PLC GB 3,56 ± 0,41

BEAZER GROUP GB 2,44 ± 0,59

BENETTON GROUP IT e 1,46 ± 0,68

BERKELEY GROUP GB 7,41 ± 0,39

BRITISH AIRWAYS GB 5,66 + 0,52

BRYANT GROUP PL GB 1,63 ± 0,88

CHARGEURS RM FR e 41 ± 0,24

CLUB MED. /RM FR e 89 ± 2,20

COATS VIYELLA GB 0,54 + 2,78

COMPASS GRP GB 10,43 + 0,14

COURTAULDS TEXT GB 2 ± 1,43

DT.LUFTHANSA N DE e 19,1 + 1,60

ELECTROLUX -B- SE 15,61 ....

EMI GROUP GB 6,74 + 2,65

EURO DISNEY /RM FR e 1,1 ± 1,79

FINNAIR FI e 4,73 ....

G WIMPEY PLC GB 1,71 + 0,85

GRANADA GROUP P GB 16,85 ± 0,43

HERMES INTL FR e 73,5 ± 2,65

HPI IT e 0,57 ± 1,72

HUNTER DOUGLAS NL e 22,25 + 3,49

KLM NL e 25 ± 2,72

LADBROKE GRP GB 3,43 + 0,85

MOULINEX /RM FR e 9,55 ± 1,55

NCL HLDG NO 2,53 ....

PATHE /RM FR e 231 ± 0,26

PENTLAND GRP GB 1,38 + 2,15

PERSIMMON PLC GB 3,01 ± 0,48

RANK GROUP GB 2,79 ± 4,95

SAIRGROUP N CH 194,23 + 0,32

SAS DANMARK A/S DK 9,55 ....

SEB /RM FR e 51,5 ± 0,58

THE SWATCH GRP CH 502,75 ± 1,47

THE SWATCH GRP CH 119,91 + 0,39

WILLIAM BAIRD GB 1,15 ± 2,47

WILSON BOWDEN GB 7,99 ± 0,54

WOLFORD AG AT e 44,05 ± 1,01

WW/WW UK UNITS GB 0,70 ....

f DJ E STOXX CCYC P 148,47 + 0,06

PHARMACIEASTRA -A- SE 18,15 ....

ASTRA -B- SE 18,09 ....

ELAN CORP GB 66,81 + 7,60

GLAXO WELLCOME GB 28,89 + 0,96

NOVARTIS N CH 1657,51 ± 0,23

NOVO NORDISK B DK 104,90 ± 0,13

ORION A FI e 20 ....

ORION B FI e 20,2 + 0,75

RHONE POUL./RM FR e 42,85 + 0,23

ROCHE HOLDING CH 15831,88 ....

ROCHE HOLDING G CH 11382,09 ± 0,14

SANOFI /RM FR e 153 ± 0,65

SCHERING AG DE e 122,1 ± 1,53

SMITHKLINE BEEC GB 11,68 + 1,13

ZENECA GROUP GB 38,27 ....

f DJ E STOXX PHAR P 401,12 ± 0,17

ENERGIEAKER MARITIME NO 7,15 ....

BG GB 5,36 + 3,07

BP AMOCO GB 12,91 + 0,34

BURMAH CASTROL GB 12,64 + 10,27

CESPA ES e 33,75 ....

ELECTRAFINA BE e 105,2 ± 1,68

ELF AQUITAINE / FR e 100 ± 3,01

ENI IT e 5,57 ....

ENTERPRISE OIL GB 3,27 ± 0,88

F.OLSEN ENERGY NO 5,82 ....

LASMO GB 1,61 + 5,71

OCEAN RIG NO 0,24 ....

OMV AG AT e 77,1 ± 0,06

PETROFINA SA BR BE e 410 ± 1,44

PETROLEUM GEO-S NO 11,76 ....

PRIMAGAZ /RM FR e 70,35 ± 0,92

PROSAFE NO 8,30 ....

REPSOL ES e 47,89 ....

ROYAL DUTCH CO NL e 40 + 0,88

SAGA PETROLEUM NO 8,07 ....

SAIPEM IT e 3,47 + 0,87

SHELL TRANSP & GB 4,85 ± 0,30

SMEDVIG -A- NO 8,30 ....

TOTAL /RM FR e 94,65 ± 0,79

f DJ E STOXX ENGY P 232,68 + 0,35

SERVICES FINANCIERS3I GB 9,03 ± 0,80

ALMANIJ BE e 74,75 + 0,88

ALPHA FINANCE GR 43,17 ....

AMVESCAP GB 7,45 ± 1,91

BAIL INVEST /RM FR e 122,7 ± 1,84

BPI-SGPS N PT e 33,22 ....

BRITISH LAND CO GB 6,58 ± 6,02

CAPITAL SHOPPIN GB 5,20 + 1,13

COBEPA BE e 68,5 ± 0,72

CORP FIN ALBA - ES e 129,5 ....

CPR /RM FR e 36,3 ....

CS GROUP N CH 139,11 + 0,79

EURAFRANCE /RM FR e 500 ....

FONCIERE LYONNA FR e 130 ± 1,37

FORTIS AG BE e .... ....

GECINA /RM FR e 101,2 ± 1,27

HAMMERSON GB 5,88 + 1

IMM FRANCE /RM FR e 71,96 ....

KAPITAL HOLDING DK 44,25 ± 1,79

LAND SECURITIES GB 11,56 + 1,92

LIBERTY INT.HDG GB 6,88 + 0,85

MEDIOBANCA IT e 9,95 + 1,02

MEDIOLANUM IT e 6,11 + 0,83

MEPC PLC GB 6,32 + 0,69

METROVACESA ES e 23,08 ....

NATIO-INTER -C- NL e .... ....

PARIBAS FR e 84,9 ± 0,70

PROVIDENT FIN GB 12,30 ± 1,97

RODAMCO NV NL e 20,8 ± 1,42

SCHRODERS PLC GB 16,46 ± 0,26

SEFIMEG N /RM FR e 58,3 ± 0,51

SIMCO N /RM FR e 78,1 ....

SLOUGH ESTATES GB 4,49 ± 0,32

SOPHIA /RM FR e 38 ....

UNIBAIL /RM FR e 109,5 ± 1,26

UNIM IT e 0,5 ....

VALLEHERMOSO ES e 11,55 ....

WOOLWICH PLC GB 4,73 ± 0,31

f DJ E STOXX FINS P 252,35 ± 0,18

ALIMENTATION ET BOISSONALLIED DOMECQ GB 6,86 ± 0,63

ASSOCIATE BRIT GB 7,58 ± 3,51

BASS GB 12,27 + 0,12

BBAG OE BRAU-BE AT e 45 ± 0,33

BONGRAIN /RM FR e 360 ....

BRAU-UNION AT e 47,65 + 1,28

CADBURY SCHWEPP GB 13,64 + 2,40

CARLSBERG -B- DK 43,71 ....

CARLSBERG AS -A DK 43,04 + 0,31

CHR. HANSEN HLD DK 106,92 + 0,63

CULTOR -1- FI e 7,3 ± 2,67

DANISCO DK 42,23 ± 0,95

DANONE /RM FR e 250 ± 0,08

DELTA DAIRY GR 15,44 ....

DIAGEO GB 9,59 + 0,76

ELAIS OLEAGINOU GR 20,50 ....

ERID.BEGH.SAY / FR e 138 + 3,84

GREENCORE GROUP GB 3,38 + 0,87

HEINEKEN NL e 47,5 ....

HELLENIC BOTTLI GR 32,61 ....

HELLENIC SUGAR GR 9,29 ....

HUHTAMAEKI I VZ FI e 35 ....

KERRY GRP-A- GB 11,60 ± 7,95

MONTEDISON IT e 0,92 + 1,10

NESTLE N CH 1602,55 ± 0,74

PARMALAT IT e 1,37 + 2,24

PERNOD RICARD / FR e 54 ± 0,55

RAISIO GRP K FI e 6,5 ....

RAISIO GRP V FI e 6,4 + 2,40

RIEBER & SON -B NO 6,11 ....

TATE & LYLE GB 6,46 ± 0,89

UNICER REG PT e 21,39 ....

UNIGATE PLC GB 6,03 + 0,24

UNILEVER NL e 64,2 ± 2,73

UNILEVER GB 8,26 + 0,89

f DJ E STOXX F & BV P 232,59 ± 0,50

BIENS D’EQUIPEMENTABB AB -A- SE 10,60 ....

ABB AB -B- SE 10,60 ....

ABB BADEN CH 1139,15 + 1,45

ADECCO CHESEREX CH 424,06 + 0,59

ALSTOM FR e 21,1 ± 0,94

ALUSUISSE LON G CH 988,01 + 0,76

ASSOC BR PORTS GB 3,95 ± 0,37

ATLAS COPCO -A- SE 21,92 ....

ATLAS COPCO -B- SE 21,75 ....

ATTICA ENTR SA GR 7,30 ....

BAA GB 10,75 ± 0,40

BBA GROUP PLC GB 6,35 ....

BERGESEN NO 12,22 ....

BONHEUR NO 17,76 ....

CMB BE e 32,6 + 0,15

COOKSON GROUP P GB 1,96 + 0,75

DAMPSKIBS -A- DK 5110,41 ± 9,52

DAMPSKIBS -B- DK 5581,11 ± 3,49

DAMSKIBS SVEND DK 8069,07 ± 2,44

DELTA PLC GB 1,76 + 2,54

DET SONDENFJ NO NO 7,09 ....

ELECTROCOMPONEN GB 6,03 + 3,75

EQUANT NV DE e 74 ± 2,63

FINNLINES FI e 32 + 4,92

FKI GB 2,54 + 6,06

FLS IND.B DK 18,83 ....

FLUGHAFEN WIEN AT e 41,4 + 0,12

GKN GB 12,27 ± 2,76

GLYNWED INTL PL GB 2,77 + 3,80

HALKOR GR 9,09 ....

HANSON PLC GB 6,61 ± 1,52

HAYS GB 8,18 + 1,26

HEIDELBERGER DR DE e 52 + 4,84

HELLAS CAN SA P GR 19,21 ....

IFIL IT e 3,08 + 3,01

IMI PLC GB 3,76 + 0,78

ISS INTL SERV-B DK 61,86 ....

KOEBENHAVN LUFT DK 102,88 ± 0,65

KON.NEDLLOYD NL e 10,8 ± 0,92

KONE B FI e 108,5 ± 1,32

LAHMEYER DE e 47 + 7,80

LEGRAND /RM FR e 194,8 + 0,41

LEIF HOEGH NO 10,72 ....

LINDE AG DE e 515 ± 1,72

MAN AG DE e 250,5 + 0,60

MANNESMANN AG DE e 121 + 0,41

METALLGESELLSCH DE e 17,85 + 12,26

METRA A FI e 14,6 ± 2,73

MORGAN CRUCIBLE GB 3,46 ....

NFC GB 2,15 ....

NKT HOLDING DK 73,97 ....

OCEAN GROUP GB 11,37 + 0,51

PENINS.ORIENT.S GB 9,50 + 1,24

PREMIER FARNELL GB 2,95 + 2,01

PREUSSAG AG DE e 452 ± 0,44

RAILTRACK GB 23,06 + 0,32

RANDSTAD HOLDIN NL e 50,3 ± 0,10

RATIN -A- DK 182,90 ....

RATIN -B- DK 184,24 ± 1,51

RAUMA OY FI e 11,05 + 0,45

RENTOKIL INITIA GB 6,46 ± 1,11

REXAM GB 2,73 + 1,62

REXEL /RM FR e 72 ± 0,69

RHI AG AT e 22,65 + 2,12

RIETER HLDG N CH 523,98 + 0,36

SANDVIK -A- SE 18,65 ....

SANDVIK -B- SE 18,60 ....

SAURER ARBON N CH 430,30 + 4,24

SCANIA AB -A- SE 28,46 ....

SCANIA AB -B- SE 28,63 ....

SCHINDLER HOLD CH 1427,05 ± 0,22

SCHINDLER HOLD CH 1442,67 + 2,12

SCHNEIDER /RM FR e 55,5 ± 1,68

SEAT-PAGINE GIA IT e 1,18 ....

SECURICOR GB 8,31 ± 1,21

SECURITAS -B- SE 13,30 ....

SGS GENEVA BR CH 774,42 + 0,73

SHANKS & MCEWAN GB 3,34 + 0,44

SIDEL /RM FR e 66,3 ± 0,30

BTR SIEBE GB 3,50 ± 1,23

SITA /RM FR e 185 ± 0,43

SKF -A- SE 12,68 ....

SKF -B- SE 13,07 ....

SOPHUS BEREND - DK 31,47 ± 0,43

SOPHUS BERENDS DK 29,32 ± 3,11

STORK NV NL e 17,35 + 0,58

SULZER FRAT.SA1 CH 507,12 + 0,25

SVEDALA SE 14,48 ....

SVENDBORG -A- DK 8069,07 ....

T.I.GROUP PLC GB 5,66 ± 1,02

TOMRA SYSTEMS NO 28,71 ....

ULSTEIN HOLDING NO 19,37 ....

UNITOR NO 8,19 ....

VA TECHNOLOGIE AT e 64,45 + 0,17

VALMET FI e 10,5 + 5

f DJ E STOXX IND P 318,47 ± 0,11

ASSURANCESAGF /RM FR e 55,05 ± 0,63

ALLEANZA ASS IT e 9,7 + 1,57

ALLIANZ AG DE e 305 ± 0,33

ALLIED ZURICH GB 13,29 ± 1,29

ASPIS PRONIA GE GR 13,68 ....

AXA /RM FR e 121,1 ± 1,06

CGU GB 12,65 ± 0,57

CORP.MAPFRE REG ES e 21 ....

ERGO VERSICHERU DE e 126 ....

ETHNIKI GEN INS GR 37,21 ....

FONDIARIA ASS IT e 4,61 ± 1,50

FORSIKRING CODA DK 96,83 ± 0,87

FORTIS AMEV NV NL e 73,95 ± 1

GENERALI ASS IT e 35 + 0,29

GENERALI HLD VI AT e 195 ± 2,50

INA IT e 2,03 ± 0,49

IRISH LIFE GB 8,50 ± 0,85

LEGAL & GENERAL GB 12,67 ± 0,68

MUENCH RUECKVER DE e 217 ± 0,23

NORWICH UNION GB 6,61 ± 0,66

POHJOLA GRP.B FI e 45 + 2,27

PRUDENTIAL CORP GB 12,98 ± 2,93

RAS IT e 9,8 + 1,03

ROYAL SUN ALLIA GB 6,91 ± 0,42

SAMPO -A- FI e 34,5 ....

SCHWEIZ RUECK N CH 2099,05 + 0,12

SEGUROS MUNDIAL PT e 30,34 ....

SKANDIA FOERSAE SE 14,37 ....

STOREBRAND NO 6,86 ....

SWISS LIFE BR CH 626,41 ± 0,40

TOPDANMARK AS DK 180,21 ....

TRYG-BALTICA DK 20,85 ± 1,90

ZURICH ALLIED N CH 632,03 ± 0,39

f DJ E STOXX INSU P 354,54 ± 0,29

MEDIAS

B SKY B GROUP GB 6,04 ± 0,72

CANAL PLUS /RM FR e 260 ± 0,08

CARLTON COMMUNI GB 9,62 + 1,38

ELSEVIER NL e 13,8 ± 0,36

HAVAS ADVERTISI FR e 150,3 ± 0,13

INDEPENDENT NEW IR e 3,24 ....

LAGARDERE SCA N FR e 37,55 ± 1,21

MEDIASET IT e 8 + 1,01

PEARSON GB 19,35 ± 1,41

REED INTERNATIO GB 7,92 ± 0,55

REUTERS GROUP GB 11,91 + 0,61

SCHIBSTED NO 12,45 ....

TF1 FR e 156 ± 0,06

UNITED NEWS & M GB 9,16 + 1,94

WOLTERS KLUWER NL e 169,05 + 0,24

WPP GROUP GB 6,87 ± 0,63

f DJ E STOXX MEDIA P 309,29 ± 0,17

BIENS DE CONSOMMATIONAHOLD NL e 35,75 ± 0,14

ASDA GROUP PLC GB 2,25 ± 0,64

ATHENS MEDICAL GR 21,87 ....

AUSTRIA TABAK A AT e 66 + 0,76

BEIERSDORF AG DE e 65 ± 0,31

BIC /RM FR e 52,95 ± 2,13

BRIT AMER TOBAC GB 8,69 ± 1,64

CASINO GP /RM FR e 88,5 ± 0,11

CFR UNITS -A- CH 1467,65 + 2,04

CPT MODERNES /R FR e 525 ± 0,76

DELHAIZE BE e 86,2 + 1,41

ESSILOR INTL /R FR e 352,1 ± 0,54

ETS COLRUYT BE e 722 + 0,28

FYFFES GB 2,40 + 3,12

GIB BE e 37,2 ± 1,59

GOODYS GR 26,87 ....

IMPERIAL TOBACC GB 9,66 ± 2,92

KESKO OY FI e 12,8 ....

L’OREAL /RM FR e 596 ....

MODELO CONTINEN PT e 19,39 ....

PAPASTRATOS CIG GR 13,19 ....

PROMODES /RM FR e 599 ± 0,25

RECKITT & COLMA GB 10,34 ± 19,37

SAFEWAY GB 4,02 ± 1,77

SAINSBURY J. PL GB 5,69 ± 2,49

SEITA /RM FR e 52,6 ± 0,19

SMITH & NEPHEW GB 2,86 + 5,91

STAGECOACH HLDG GB 3,70 + 1,59

TABACALERA REG ES e 21,02 ....

TAMRO FI e 3,87 ± 0,77

TESCO PLC GB 2,66 + 0,55

TNT POST GROEP NL e 31,15 ± 0,32

f DJ E STOXX CNCY P 502,84 ± 0,08

COMMERCE DISTRIBUTIONARCADIA GRP GB 2,82 + 1,04

BOOTS CO PLC GB 12,69 ± 0,57

CARREFOUR /RM FR e 593 ± 1

CASTO.DUBOIS /R FR e 198,1 ± 0,95

CENTROS COMER P ES e 22 ....

CONTINENTE ES e 25,2 ....

DIXONS GROUP PL GB 14,74 ± 0,59

GEHE AG DE e 51 + 0,99

GREAT UNIV STOR GB 10,50 ± 1,63

GUILBERT /RM FR e 116 ± 3,33

HENNES & MAURIT SE 74,28 ....

JERONIMO MARTIN PT e 37,99 ....

KARSTADT AG DE e 365 ± 0,82

KINGFISHER GB 9,62 ± 0,60

MARKS & SPENCER GB 5,21 + 0,28

METRO DE e 68,5 ± 0,07

NEXT PLC GB 9,88 + 6,08

PINAULT PRINT./ FR e 160,3 ± 0,37

RINASCENTE IT e 8,32 ± 1,42

STOCKMANN A FI e 19,5 ....

VALORA HLDG N CH 208,91 + 0,60

W.H SMITH GRP GB 8,37 ....

WOLSELEY PLC GB 6,54 + 4,90

f DJ E STOXX RETL P 350,89 ± 0,54

HAUTE TECHNOLOGIEALCATEL /RM FR e 92,5 ± 0,32

ALTEC SA REG. GR 27,32 ....

ASK PROXIMA NO 6,23 ....

BAAN COMPANY NL e 8,7 ± 0,57

BARCO BE e 185 ....

BOWTHORPE GB 6,13 + 0,48

BRITISH AEROSPA GB 6,29 + 1,88

BRITISH BIOTECH GB 0,38 ....

CAP GEMINI /RM FR e 167 ± 0,60

COLOPLAST B DK 99,52 ± 1,33

DASSAULT SYST./ FR e 40,05 ± 1,11

ERICSSON A. SE 25,87 ....

FINMECCANICA IT e 1 ± 1,96

FRESENIUS MED C DE e 53,5 + 1,90

GAMBRO -A- SE 8,40 ....

GAMBRO -B- SE 8,40 ....

GETRONICS NL e 41,6 ± 0,95

GN GREAT NORDIC DK 32,14 ....

INSTRUMENTARIUM FI e 32,5 ....

INTRACOM N GR 50,29 ....

KON. PHILIPS EL NL e 63 ± 1,18

MERKANTILDATA NO 10,32 ....

MISYS GB 8,80 ± 0,16

NERA ASA NO 1,87 ....

NETCOM ASA NO 28,48 ....

NOKIA -A- FI e 116,99 ± 0,09

NOKIA -K- FI e 117 ....

NYCOMED AMERSHA GB 5,81 + 2,30

OCE NL e 25,55 + 0,39

OLIVETTI IT e 3,12 ± 0,32

RACAL ELECT CON GB 5,56 + 1,06

RADIOMETER -B- DK 42,36 ± 1,56

ROLLS ROYCE GB 3,82 ± 1,13

SAGEM FR e 564 ± 0,18

SAP AG DE e 307 ± 0,97

SAP VZ DE e 343 ....

SEMA GROUP GB 10,17 ± 3,18

SIEMENS AG DE e 63 + 0,16

SIRTI IT e 5,16 + 0,39

SMITHS IND PLC GB 14 ± 0,41

STMICROELEC SIC FR e 82 ....

TANDBERG DATA A NO 3,72 ....

THOMSON CSF /RM FR e 34,3 ± 2

WILLIAM DEMANT DK 56,48 + 0,48

ZODIAC /RM FR e 167,7 ± 0,18

f DJ E STOXX TECH P 367,89 ± 0,18

SERVICES COLLECTIFSANGLIAN WATER GB 11,33 + 1,69

BRITISH ENERGY GB 9,82 ± 1,31

CENTRICA GB 1,79 + 3,36

EDISON IT e 9,2 ± 2,13

ELECTRABEL BE e 369 ± 1,55

ELECTRIC PORTUG PT e 20,95 ....

ENDESA ES e 22,95 ....

EVN AT e 124,5 ± 0,64

GAS NATURAL SDG ES e 90,1 ....

HAFSLUND -A- NO 5,88 ....

HAFSLUND -B- NO 3,52 ....

IBERDROLA ES e 15,15 ....

ITALGAS IT e 4,84 ± 1,22

NATIONAL GRID G GB 7,12 ± 1,01

NATIONAL POWER GB 6,90 + 0,64

OESTERR ELEKTR AT e 140 ± 0,36

POWERGEN GB 11,79 ± 1,34

RWE DE e 41 + 0,99

SCOT POWER GB 9,27 + 5,28

SEVERN TRENT GB 13,20 + 0,22

SUEZ LYON EAUX/ FR e 173,4 ± 0,12

SYDKRAFT -A- SE 24,80 ....

SYDKRAFT -C- SE 18,37 ....

THAMES WATER GB 15,47 + 0,95

TRACTEBEL BE e 163 ± 0,31

UNION EL.-FENOS ES e 14,69 ....

UNITED UTILITIE GB 11,62 + 1,27

VIAG DE e 470 + 1,69

VIVENDI/RM FR e 250,1 ± 0,36

f DJ E STOXX UTIL P 332,46 + 0,17

287,15

STOXX 653 sur un an

315

294

273

253

232

212[ [ [

17 FEÂ V. 10 AOUT 5 FEÂ V.

292,21

290,57

290,48

288,25

287,15

sur 5 jours

[ [ [ [ [

L M M J V

3486,43

EURO STOXX 50 sur un an

3685

3432

3178

2925

2672

2419[ [ [

5 FEÂ V. 7 AOUT 5 FEÂ V.

3594,48

3552,98

3527,87

3490,95

3486,43

sur 5 jours

[ [ [ [ [

L M M J V

VALEURS EUROPEENNES

e CODES PAYS ZONE EUROFR : France - DE : Allemagne - ES : EspagneIT : Italie - PT : Portugal - IR : IrlandeLU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : AutricheFI : Finlande - BE : Belgique.

CODES PAYS HORS ZONE EUROCH : Suisse - NO : Norvege - DK : DanemarkGB : Grande-Bretagne - GR : Grece - SE : Suede.

(PubliciteÂ)

b Les valeurs de la technonologieont reculé vendredi 8 février. Les in-vestisseurs redoutent un recul desprofits en raison de la baisse des prixdes produits. ASM Lithography areculé de 2,85 %, à 39,2 euros. Art-work Systems Group a perdu2,92 %, à 16,6 euros. Tieto Corp achuté de 7,09 %, à 32,5 euros.b Adidas-Salomon a gagné 6,43 %,à 79,5 euros vendredi. Le leader de lachaussure de sport en Europe a an-noncé qu’il s’attendait à une aug-mentation de ses ventes et de sesprofits en 1999.b BMW a progressé de 3,49 %, à682 euros vendredi avant que ne soitrendue officielle la démission de sonprésident, Bernd Pischetsrieder.

b Gucci a clôturé vendredi enhausse de 2,47 %, à 62,25 euros.L’action a profité de rumeurs selonlesquelles le groupe LVMH pourraitêtre prêt à payer 100 dollars l’actionpour contrôler le designer italien.b Henkel a grimpé vendredi de11,41 %, à 74,2 euros. Le numéro un-mondial des adhésifs a indiqué qu’ilréfléchissait à la création d’une filialeregroupant ses activités chimiques.b Le titre Scania a bénéficié de l’in-formation parue vendredi dans lequotidien suédois Dagens Nyheter,selon laquelle Volvo pourrait lancerune offre publique d’achat sur leconstructeur de camions. Il a grimpéde 2,83 %, à 254 couronnes sué-doises.

Page 23: e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

LeMonde Job: WMQ0902--0023-0 WAS LMQ0902-23 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 11:40 S.: 111,06-Cmp.:08,12, Base : LMQPAG 01Fap:100 No:0366 Lcp: 700 CMYK

% Var.Precedent Cours Cours % Var.France f 31/12en ¤uros en ¤uros en francs veille (1)

B.N.P. (T.P)...................... 148 147 964,26 ± 0,67 1000

CR.LYONNAIS(TP) .......... 140,30 140,30 920,31 .... 1000

RENAULT (T.P.)............... 440 438 2873,09 ± 0,45 1000

SAINT GOBAIN(T.P......... 174,50 175,10 1148,58 + 0,34 1000

THOMSON S.A (T.P ........ 144,90 146 957,70 + 0,75 1000

ACCOR ............................ 194 189,10 1240,41 ± 2,52 100

AGF ................................. 55,45 55,40 363,40 ± 0,09 30

AIR LIQUIDE ................... 137,30 138,50 908,50 + 0,87 70

ALCATEL ......................... 97,20 92,80 608,73 ± 4,52 10

ALSTOM.......................... 21,07 21,30 139,72 + 1,09 40

ALTRAN TECHNO. #....... 252,50 258,80 1697,62 + 2,49 10

ATOS CA.......................... 214 205 1344,71 ± 4,20 10

AXA.................................. 121,40 122,40 802,89 + 0,82 60

BAIL INVESTIS................. 125 125 819,95 .... 100

BAZAR HOT. VILLE ......... 102 104 682,20 + 1,96 50

BERTRAND FAURE......... 57,90 55 360,78 ± 5 5

BIC................................... 53,75 54,10 354,87 + 0,65 25

BIS................................... 80,65 80,60 528,70 ± 0,06 20

B.N.P. .............................. 77 77,10 505,74 + 0,12 25

BOLLORE ........................ 170,50 173 1134,81 + 1,46 50

BONGRAIN ..................... 368 360 2361,45 ± 2,17 50

BOUYGUES ..................... 232,40 231,30 1517,23 ± 0,47 50

BOUYGUES OFFS............ 22,31 23,80 156,12 + 6,67 10

BULL#.............................. 6,09 6,12 40,14 + 0,49 10

CANAL + ......................... 264 260,20 1706,80 ± 1,43 20

CAP GEMINI ................... 166 168 1102,01 + 1,20 40

CARBONE LORRAINE..... 36,05 36,81 241,46 + 2,10 10

CARREFOUR ................... 585 599 3929,18 + 2,39 100

CASINO GUICHARD ....... 90,15 88,60 581,18 ± 1,71 10

CASINO GUICH.ADP ...... 57 56 367,34 ± 1,75 10

CASTORAMA DUB.(L...... 200 200 1311,91 .... 25

C.C.F. ............................... 82 84,90 556,91 + 3,53 25

CEGID (LY) ...................... 159,50 159,50 1046,25 .... 25

CERUS EUROP.REUN ..... 6,82 6,82 44,74 .... 45

CGIP ................................ 55,20 53,70 352,25 ± 2,71 2

CHARGEURS................... 40,40 41,10 269,60 + 1,73 100

CHRISTIAN DALLOZ ...... 41 41,10 269,60 + 0,24 10

CHRISTIAN DIOR ........... 112 113,50 744,51 + 1,33 52

CIC -ACTIONS A.............. 79 81,50 534,60 + 3,16 100

CIMENTS FRANCAIS ...... 47,50 46 301,74 ± 3,15 26,23

CLARINS ......................... 66 64,75 424,73 ± 1,89 50

CLUB MEDITERRANE .... 90,80 91 596,92 + 0,22 25

CNP ASSURANCES ......... 24,95 24,25 159,07 ± 2,80 25

COFLEXIP........................ 55 56 367,34 + 1,81 10

COLAS ............................. 184 184 1206,96 .... 40

COMPTOIR ENTREP....... 2,13 2,17 14,23 + 1,87 10

CPR ................................. 36 36,30 238,11 + 0,83 50

CRED.FON.FRANCE ....... 13,80 14,45 94,79 + 4,71 100

CFF.(FERRAILLES) .......... 28,45 28,45 186,62 .... 50

CREDIT LYONNAIS......... 40 40,10 263,04 + 0,25 60

CS SIGNAUX(CSEE)......... 72,50 70,95 465,40 ± 2,13 100

DAMART ......................... 68,25 65 426,37 ± 4,76 5

DANONE......................... 246,60 250,20 1641,20 + 1,45 10

DASSAULT-AVIATIO ....... 166 162,70 1067,24 ± 1,98 50

DASSAULT SYSTEME...... 41,50 40,50 265,66 ± 2,40 5

DE DIETRICH.................. 42,45 42,36 277,86 ± 0,21 25

DEVEAUX(LY)# ................ 78,50 77,40 507,71 ± 1,40 20

DEV.R.N-P.CAL LI............ 9,80 9,80 64,28 .... 100

DEXIA FRANCE ............... 130 135,20 886,85 + 4 100

DMC (DOLLFUS MI) ....... 6,07 5,86 38,44 ± 3,45 75

DYNACTION ................... 23,45 23,79 156,05 + 1,44 25

ECIA................................. 99,50 95,85 628,73 ± 3,66 25

EIFFAGE .......................... 58,30 62,70 411,29 + 7,54 50

ELF AQUITAINE .............. 100 103,10 676,29 + 3,10 8

ERAMET .......................... 26 27,75 182,03 + 6,73 20

ERIDANIA BEGHIN......... 135 132,90 871,77 ± 1,55 65

ESSILOR INTL ................. 360,50 354 2322,09 ± 1,80 20

ESSILOR INTL.ADP......... 322 310 2033,47 ± 3,72 20

ESSO................................ 71,40 73,05 479,18 + 2,31 50

EURAFRANCE................. 519,50 500 3279,79 ± 3,75 200

EURO DISNEY................. 1,12 1,12 7,35 .... 5

EUROPE 1........................ 227 220 1443,11 ± 3,08 100

EUROTUNNEL................ 1,07 1,08 7,08 + 0,93 ....

FIMALAC SA.................... 100,90 99 649,40 ± 1,88 140

FINEXTEL........................ 18,01 18,70 122,66 + 3,83 100

FIVES-LILLE..................... 62,50 62 406,69 ± 0,80 50

FRANCE TELECOM......... 80,50 79,65 522,47 ± 1,05 25

FROMAGERIES BEL........ 672 678 4447,39 + 0,89 50

GALERIES LAFAYET ........ 800 800 5247,66 .... 100

GASCOGNE..................... 74,10 73,90 484,75 ± 0,26 80

GAUMONT #................... 63,30 63,50 416,53 + 0,31 50

GAZ ET EAUX .................. 43,48 44,25 290,26 + 1,77 5

GECINA........................... 102,50 102,50 672,36 .... 100

GEOPHYSIQUE ............... 38,25 38,10 249,92 ± 0,39 10

GRANDVISION ............... 23,60 23 150,87 ± 2,54 10

GROUPE ANDRE S.A ...... 99,50 102,50 672,36 + 3,01 50

GPE VALFOND ACT. ....... 43,76 43,50 285,34 ± 0,59 100

GR.ZANNIER (LY) ........... 17,50 17,02 111,64 ± 2,74 10

GROUPE GTM ................ 83 82 537,88 ± 1,20 50

GROUPE PARTOUCHE ... 71,30 69 452,61 ± 3,22 91

GUILBERT....................... 118 120 787,15 + 1,69 10

GUYENNE GASCOGNE... 354 353 2315,53 ± 0,28 100

HACHETTE FILI.ME........ 225,20 220 1443,11 ± 2,30 20

HAVAS ADVERTISIN ....... 153,80 150,50 987,22 ± 2,14 8

IMETAL ........................... 110 109 714,99 ± 0,90 50

IMMEUBLES DE FCE ...... 17,50 17,50 114,79 .... 10

INFOGRAMES ENTER .... 57,70 58 380,46 + 0,51 20

INGENICO ...................... 23,60 23,84 156,38 + 1,01 10

INTERBAIL...................... 21,90 21,90 143,65 .... 100

INTERTECHNIQUE......... 253 264 1731,73 + 4,34 100

ISIS .................................. 52 52,50 344,38 + 0,96 50

JEAN LEFEBVRE .............. 78,45 77,85 510,66 ± 0,76 50

KLEPIERRE...................... 84,80 86 564,12 + 1,41 50

LABINAL.......................... 180 180,10 1181,38 + 0,05 100

LAFARGE......................... 76 75,10 492,62 ± 1,18 25

LAGARDERE.................... 37,05 38,01 249,33 + 2,59 40

LAPEYRE ......................... 65,95 64,90 425,72 ± 1,59 10

LEBON (CIE).................... 35 35,95 235,82 + 2,71 50

LEGRAND ....................... 193,50 194 1272,56 + 0,25 10

LEGRAND ADP ............... 111 110,20 722,86 ± 0,72 10

LEGRIS INDUST.............. 47,40 46 301,74 ± 2,95 20

LOCINDUS...................... 122,80 121,60 797,64 ± 0,97 150

L’OREAL .......................... 612,50 596 3909,50 ± 2,69 10

LVMH MOET HEN. ......... 212 214,90 1409,65 + 1,36 10

MARINE WENDEL .......... 190 185,10 1214,18 ± 2,57 100

METALEUROP ................ 4,17 4,25 27,88 + 1,91 25

MICHELIN....................... 33,50 36 236,14 + 7,46 12

MONTUPET SA............... 36,40 36,70 240,74 + 0,82 10

MOULINEX ..................... 9,75 9,70 63,63 ± 0,51 10

NATEXIS.......................... 56,30 56 367,34 ± 0,53 100

NORBERT DENTRES. ..... 28,59 28,88 189,44 + 1,01 10

NORD-EST...................... 23,20 23,30 152,84 + 0,43 50

NORDON (NY)................ 70 72 472,29 + 2,85 70

NRJ # ............................... 180,20 184,90 1212,86 + 2,60 10

OLIPAR............................ 6,92 .... .... .... 60

PARIBAS.......................... 86,10 85,50 560,84 ± 0,69 100

PATHE............................. 239 231,60 1519,20 ± 3,09 100

PECHINEY ACT ORD ...... 29,95 31 203,35 + 3,50 100

PERNOD-RICARD........... 54,60 54,30 356,18 ± 0,54 20

PEUGEOT........................ 132,70 134,50 882,26 + 1,35 35

PINAULT-PRINT.RE........ 166 160,90 1055,43 ± 3,07 20

PLASTIC OMN.(LY) ......... 70,15 70,55 462,78 + 0,57 20

PRIMAGAZ...................... 70,35 71 465,73 + 0,92 10

PROMODES.................... 601 600,50 3939,02 ± 0,08 20

PUBLICIS #...................... 136,10 137 898,66 + 0,66 25

REMY COINTREAU......... 16,77 16 104,95 ± 4,59 10

RENAULT ........................ 43,08 43,10 282,72 + 0,04 25

REXEL.............................. 70 72,50 475,57 + 3,57 5

RHODIA .......................... 12,80 13,19 86,52 + 3,04 100

RHONE POULENC A....... 44 42,75 280,42 ± 2,84 25

ROCHEFORTAISE CO ..... 103,30 100,10 656,61 ± 3,09 10

ROCHETTE (LA) .............. 2,40 2,39 15,68 ± 0,41 10

ROYAL CANIN................. 42,01 45,40 297,80 + 8,06 20

RUE IMPERIALE (L.......... 1027 1050 6887,55 + 2,23 200

SADE (NY) ....................... 35,90 36 236,14 + 0,27 100

SAGEM SA....................... 566,50 565 3706,16 ± 0,26 50

SAINT-GOBAIN............... 135,50 136,90 898,01 + 1,03 100

SALVEPAR (NY) ............... 72,50 74,75 490,33 + 3,10 50

SANOFI ........................... 162 154 1010,17 ± 4,93 25

SAUPIQUET (NS) ............ 56 55,15 361,76 ± 1,51 50

SCHNEIDER SA............... 53,85 56,45 370,29 + 4,82 50

SCOR............................... 49 49,50 324,70 + 1,02 25

S.E.B. ............................... 49,95 51,80 339,79 + 3,70 20

SEFIMEG CA.................... 59 58,60 384,39 ± 0,67 100

SEITA............................... 50,80 52,70 345,69 + 3,74 50

SELECTIBANQUE............ 11,01 11,02 72,29 + 0,09 100

SFIM................................ 60,95 .... .... .... 160

SGE.................................. 40,32 40,65 266,65 + 0,81 85

SIDEL............................... 69 66,50 436,21 ± 3,62 15

SILIC CA .......................... 156 157 1029,85 + 0,64 100

SIMCO............................. 79,60 78,10 512,30 ± 1,88 100

S.I.T.A .............................. 196 185,80 1218,77 ± 5,20 50

SKIS ROSSIGNOL............ 10,74 10,60 69,53 ± 1,30 25

SOCIETE GENERALE....... 140,60 138,90 911,12 ± 1,20 30

SOC.FONC.LYON.# ......... 131 131,80 864,55 + 0,61 50

SODEXHO ALLIANCE...... 169 161,90 1061,99 ± 4,20 100

SOGEPARC (FIN) ............ 74,25 76,20 499,84 + 2,62 50

SOMMER-ALLIBERT....... 24,40 23,70 155,46 ± 2,86 5

SOPHIA ........................... 38 38 249,26 .... 75

SPIR COMMUNIC. # ....... 53 53,85 353,23 + 1,60 20

STRAFOR FACOM........... 70,40 67,90 445,39 ± 3,55 25

SUEZ LYON.DES EA ........ 179 173,60 1138,74 ± 3,01 60

SYNTHELABO ................. 210 199 1305,35 ± 5,23 10

TECHNIP......................... 73,20 72,55 475,90 ± 0,88 20

THOMSON-CSF.............. 34,55 35 229,58 + 1,30 20

TOTAL ............................. 91,20 95,40 625,78 + 4,60 50

UNIBAIL .......................... 111 110,90 727,46 ± 0,09 100

UNION ASSUR.FDAL ...... 108,10 105 688,75 ± 2,86 10

USINOR........................... 11,46 11,95 78,39 + 4,27 20

VALEO ............................. 75,50 72,70 476,88 ± 3,70 20

VALLOUREC.................... 30,40 30,99 203,28 + 1,94 100

VIA BANQUE ................... 27,22 27,44 179,99 + 0,80 100

VIVENDI .......................... 254 251 1646,45 ± 1,18 16

WORMS (EX.SOMEAL ..... 13,85 14 91,83 + 1,08 10

ZODIAC EX.DT DIV ......... 171,90 168 1102,01 ± 2,26 10

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

.........................................

% Var.Precedent Cours Cours % Var.International f 31/12en ¤uros en ¤uros en francs veille (1)

AMERICAN EXPRESS...... 89 88,95 583,47 ± 0,05 0,60

A.T.T. #............................. 81,60 79,20 519,52 ± 2,94 1

BARRICK GOLD #............ 17,14 18,12 118,86 + 5,71 ....

CROWN CORK ORD.#..... 26,39 26,32 172,65 ± 0,26 5

DE BEERS # ..................... 12,90 13,35 87,57 + 3,48 ....

DU PONT NEMOURS..... 45,40 48,80 320,11 + 7,48 0,30

EASTMAN KODAK # ....... 60 62,20 408,01 + 3,66 2,50

FORD MOTOR # ............. 54 51,60 338,47 ± 4,44 1

GENERAL ELECT. # ......... 90,25 88,95 583,47 ± 1,44 0,16

GENERAL MOTORS # ..... a 78,90 76,30 500,50 ± 3,29 1,67

HITACHI # ....................... 5,97 5,78 37,91 ± 3,18 50

I.B.M # ............................. 151,80 147 964,26 ± 3,16 0,50

ITO YOKADO #................ 54,20 54,10 354,87 ± 0,18 50

MATSUSHITA #............... 15,10 15,20 99,71 + 0,66 50

MC DONALD’S #............. 72 70,45 462,12 ± 2,15 ....

MERCK AND CO # .......... 133 132 865,86 ± 0,75 ....

MITSUBISHI CORP. ........ 5 4,81 31,55 ± 3,80 50

MOBIL CORPORAT.#...... 74,70 77,50 508,37 + 3,74 1

MORGAN J.P. # ............... 91,20 .... .... .... 2,50

NIPP. MEATPACKER....... 13,55 13,50 88,55 ± 0,36 50

PHILIP MORRIS # ........... 41,31 42,08 276,03 + 1,86 0,33

PROCTER GAMBLE ........ 79 78,35 513,94 ± 0,82 ....

SEGA ENTERPRISES ....... 17,10 17 111,51 ± 0,58 50

SCHLUMBERGER #......... 46,50 45,93 301,28 ± 1,22 0,01

VALEURS FRANCAISES

REGLEMENT MENSUEL__________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________VENDREDI 5 FE VRIER Cours releves a 17h 35Liquidation : 19 fe vrier

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ; a couponde tache ; b droit de tache ; # contrat d’animation ; o = offert ;d = demande ; x offre reduite ; y demande reduite ; d cours precedent.

DERNIERE COLONNE RM (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12 ; Mardi date mercredi : montant ducoupon en euros ; Mercredi date jeudi : paiement dernier coupon ;Jeudi date vendredi : compensation ; Vendredi date samedi : nominal.

VENDREDI 5 FEÂ VRIER

Cours releves a 17 h 35

Cours Cours % Var.Valeurs f en ¤uros en francs veille

ADLPARTNER # .... 24,40 160,05 + 8,92

AB SOFT............... 16 104,95 ....

ALPHAMEDIA ....... 31,55 206,95 ± 9,85

ALPHA MOS ......... 6,60 43,29 ± 1,49

ALTAMIR & CI ...... 152,30 999,02 ± 0,06

ALDETA ................ 5,17 33,91 + 3,40

APPLIGENE ON .... 2,66 17,45 ....

ASTRA .................. 0,95 6,23 ± 5

ATN...................... 11,90 78,06 + 8,18

AVENIR TELEC...... 53 347,66 ± 7,18

BARBARA BUI....... 6 39,36 ± 7,97

BELVEDERE .......... 88,90 583,15 ± 1,76

BIODOME #.......... 13,08 85,80 ± 0,15

BVRP EX DT S....... 48,90 320,76 ± 2,18

BVRP DS 99 ..........d 0,20 1,31 ....

CAC SYSTEMES .... 7,25 47,56 + 11,19

CEREP .................. 25 163,99 + 7,57

CHEMUNEX #....... 1,08 7,08 + 12,50

COIL..................... 41,50 272,22 + 3,75

CRYO INTERAC .... 19 124,63 ± 7,76

CYBER PRES.P ...... 47,95 314,53 + 2,02

CYRANO # ............ 14,85 97,41 ± 0,33

DESK # ................. 22,90 150,21 + 14,50

DESK BS 98 .......... 2,99 19,61 ± 0,33

DMS # .................. 9,80 64,28 + 4,25

DURAND ALLIZ.... 6,09 39,95 ± 3,33

DURAN DUBOI..... 90,50 593,64 ± 7,17

DURAN NV JCE ....d 99 649,40 ....

EFFIK ................... 22 144,31 ....

ESKER .................. 20 131,19 ± 1,71

EUROFINS SCI...... 63,20 414,56 ± 6,85

EURO.CARGO S .... 10 65,60 ± 12,89

EUROPSTAT #....... 34,45 225,98 + 1,32

FABMASTER # ...... 17,50 114,79 ± 3,04

FI SYSTEM #......... 22,50 147,59 ± 5,54

FLOREANE MED... 8,20 53,79 ....

GENERIX #............ 55 360,78 ± 3,50

GENESYS #............ 12,20 80,03 + 0,82

GENSET ................ 51,90 340,44 ± 1,79

GROUPE D #......... 24,80 162,68 + 0,60

GUILLEMOT #....... 59,80 392,26 ± 0,33

GUYANOR ACTI .... 0,40 2,62 ....

HF COMPANY....... 68,50 449,33 + 5,38

HIGH CO. ............. 32,50 213,19 + 0,27

HOLOGRAM IND .. 53,50 350,94 ± 4,46

IDP ....................... 2,36 15,48 ± 3,67

IDP BS 98 (2..........d 1,07 7,02 ....

IGE + XAO............. 3,80 24,93 + 0,52

ILOG # .................. 8 52,48 + 0,12

IMECOM GROUP .. 3,01 19,74 ± 8,78

INFONIE ............... 25,45 166,94 + 1,39

INFOTEL # ............ 27 177,11 + 0,37

LEXIBOOK # .......... 38,30 251,23 ± 0,51

JOLIEZ-REGOL ...... 7,50 49,20 ± 6,13

JOLIEZ-REGOL ...... 0,28 1,84 ....

LACIE GROUP ....... 10,99 72,09 ± 3,17

MEDIDEP #........... 17,50 114,79 ....

MILLE AMIS # ....... 6,25 41 ± 0,15

MONDIAL PECH ... 9,50 62,32 ± 5

NATUREX.............. 13 85,27 + 7,43

OLITEC ................. 94,10 617,26 ± 0,42

OMNICOM............ 113 741,23 + 4,62

OXIS INTL RG ....... 2,20 14,43 + 4,76

PERFECT TECH..... 18,25 119,71 ....

PHONE SYS.NE ..... 6,96 45,65 ± 9,61

PICOGIGA............. 12,30 80,68 + 6,95

PROSODIE ............ 69 452,61 + 0,21

PROLOGUE SOF.... 30,35 199,08 ± 5,15

PROXIDIS.............. 2,01 13,18 ± 1,95

QUANTEL ............. 5,12 33,58 ± 6,56

R2I SANTE ............ 42 275,50 ± 4,54

RADOUX INTL ...... 36,30 238,11 ± 1,08

RECIF #................. 13,20 86,59 ± 5,03

REPONSE # ........... 16,30 106,92 ± 4,06

REGINA RUBEN.... 4,40 28,86 ± 15,05

SAVEURS DE F ...... 23 150,87 + 2,22

SILICOMP # .......... 9,60 62,97 ± 4

SERP RECYCLA ..... 120,80 792,40 ± 0,90

STACI #................. 23,01 150,94 ....

STELAX ................. 0,37 2,43 + 2,77

SYNELEC #............ 34 223,03 + 0,59

LA TETE D.L.......... 3,20 20,99 + 0,62

THERMATECH I.... 26 170,55 ± 5,79

TITUS INTERA ...... 72,95 478,52 ± 1,21

TITUS INTER. .......d 100,60 659,89 ....

TRANSGENE # ...... 42,60 279,44 ± 9,93

SECOND_______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________MARCHE

VENDREDI 5 FEÂ VRIER

Une selection. Cours releves a 17 h 35

Cours Cours % Var.Valeurs f en ¤uros en francs veille

ADA...................... 64,50 423,09 + 2,46

AIGLE # ................ 72,40 474,91 ± 0,82

ALGECO #............. 67,50 442,77 + 3,84

APRIL S.A.#( ......... 75,90 497,87 ± 0,13

ARKOPHARMA #... 69 452,61 + 1,47

ASSUR.BQ.POP ..... 97 636,28 ....

ASSYSTEM # ......... 21 137,75 + 10,52

BENETEAU CB# .... 150 983,94 + 7,91

BISC. GARDEI ....... 6,67 43,75 ± 0,29

BOIRON (LY)#....... 59 387,01 + 0,85

BOISSET (LY) ........ 45 295,18 + 9,22

BOIZEL CHANO.... 79,90 524,11 + 9,45

BONDUELLE......... 17,64 115,71 + 0,57

BOURGEOIS (L ..... 8,02 52,61 ....

BRICE ................... 42,10 276,16 + 0,23

BRICORAMA # ...... 44 288,62 ± 4,65

BRIOCHE PASQ .... 96 629,72 ± 2,53

BUT S.A. ............... 45 295,18 + 2,27

SOLERI ................. 52 341,10 + 0,77

CDA-CIE DES ........ 29 190,23 ....

CEGEDIM #........... 38,75 254,18 + 0,78

CERG-FINANCE .... 83,55 548,05 + 7,52

CGBI .................... 23,30 152,84 ± 2,91

CLAYEUX (LY)....... 7,15 46,90 + 0,70

CNIM CA# ............ 34,70 227,62 + 1,46

COFITEM-COFI .... 54,15 355,20 + 2,07

CIE FIN.ST-H ....... 62,60 410,63 + 0,16

C.A. PARIS I.......... 149 977,38 ....

C.A.ILLE & V......... 48,50 318,14 ....

C.A.LOIRE/H. ........ 42,10 276,16 ....

C.A.MORBIHAN.... 47,40 310,92 ± 0,33

C.A.DU NORD# .... 74,80 490,66 ....

C.A. OISE CC ........ 59,60 390,95 ....

C.A.PAS DE C ....... 87,35 572,98 ± 0,05

C.A.TOULOUSE..... 75,60 495,90 + 1,34

CRCAM CCI NV ....d 41,80 274,19 ....

CRCAM TOUR.P ... 53,35 349,95 ± 1,20

CROMETAL .......... 43 282,06 ....

DAPTA-MALLIN ... .... .... ....

GROUPE J.C.D...... 55,50 364,06 + 0,90

DAUPHIN OTA..... 65 426,37 ± 2,40

DECAN GPE NO...d 40 262,38 ....

DU PAREIL AU ..... 65 426,37 ± 1,51

EXPAND S.A ......... 38,70 253,86 + 1,84

L ENTREPRISE ..... 63,20 414,56 ± 2,39

ETAM DEVELOP ... 30,10 197,44 + 10,05

EUROPEENNE C... 82 537,88 ± 2,20

EUROP.EXTINC .... 54,50 357,50 + 0,18

EXEL INDUSTR .... 54 354,22 + 3,84

FACTOREM .......... 138 905,22 ....

FACTOREM NV.....d 126,70 831,10 ....

FAIVELEY #........... 18,79 123,25 ± 7,43

FINACOR .............d 3,70 24,27 ....

FINATIS(EX.L........ 76,95 504,76 + 0,13

FININFO .............. 150 983,94 ± 1,96

FLO (GROUPE)..... 33,30 218,43 + 0,90

FOCAL (GROUP.... 46 301,74 ± 1,07

FRAIKIN 2# .......... 56 367,34 + 1,08

FRANKOPARIS ..... 13,77 90,33 ....

GARONOR ORD. ..d 18,65 122,34 ....

GAUTIER FRAN.... 52,50 344,38 ± 7,24

GEL 2000 .............. 2,09 13,71 ± 5,85

GENERALE LOC ... 25,50 167,27 ....

GEODIS # ............. 63,60 417,19 ± 1,39

G.E.P PASQUI....... 2,47 16,20 ....

GFI INDUSTRI ..... 28,02 183,80 + 1,15

GFI INFORMAT.... 101 662,52 ± 0,98

GO SPORT ........... 65,50 429,65 ± 1,05

FINANCIERE G.....d 7,08 46,44 ....

GRAND MARNIE.. 5000,50 32801,13 + 0,01

GROUPE BOURB.. 47 308,30 ....

GUERBET S.A ....... 17 111,51 + 3,28

GUY DEGRENNE .. 39,60 259,76 ± 3,17

GUYOMARC H N .. 56 367,34 ....

HERMES INTL ...... 75,50 495,25 ± 0,65

HYPARLO #(LY...... 101 662,52 ....

I.C.C.#................... 27,50 180,39 ....

IMMOB.BATIBA.... 50,50 331,26 + 0,89

IMS(INT.META ..... 8,53 55,95 + 10,06

INFO REALITE ...... 41,20 270,25 + 4,99

INT. COMPUTE .... 7 45,92 + 2,18

JET MULTIMED .... 92,60 607,42 + 4,22

LATECOERE # ....... 76,40 501,15 + 0,52

L.D.C. ................... 115 754,35 ....

LECTRA SYST........ 6,59 43,23 + 2,64

LEON BRUXELL .... 42 275,50 + 4,47

LOUIS DREYFU..... 23,50 154,15 + 0,08

LVL MEDICAL ....... 16,80 110,20 + 1,32

M6-METROPOLE .. 142 931,46 ± 4,18

MEDASYS DIGI..... 2,22 14,56 ± 8,26

MANITOU #.......... 134 878,98 + 3,07

MANUTAN ........... 48 314,86 + 2,12

MARC ORIAN ....... 103,50 678,92 ± 3,72

MARIONNAUD P.. 40,80 267,63 ....

MECATHERM # .... 28,68 188,13 ....

MGI COUTIER ...... 41,40 271,57 ± 3,96

MICHEL THIER..... 105 688,75 ± 3,31

TOUPARGEL (L ..... 9,20 60,35 ....

NAF-NAF # ........... 10,80 70,84 ± 1,81

PARIS EXPO.......... 35,75 234,50 ± 2,58

PENAUILLE PO ..... 245 1607,09 + 1,87

PHYTO-LIERAC..... 21 137,75 ....

POCHET ...............d 85 557,56 ....

RADIALL # ............ 61,90 406,04 + 3,16

RALLYE(CATHI...... 64,50 423,09 ± 3

REYNOLDS ........... 36,50 239,42 ± 1,29

RUBIS # ................ 20,50 134,47 ± 2,38

SABATE SA #......... 104,40 684,82 + 4,40

SEGUIN MOREA ... 69 452,61 ....

SIDERGIE ............. 70 459,17 ± 2,71

SIPAREX (LY) ........ 23,56 154,54 ± 3,04

SOCAMEL-RESC.... 17,55 115,12 ....

SOPRA # ............... 287,50 1885,88 + 0,87

SPORT ELEC S ...... 3,78 24,80 + 5

STALLERGENES.... 25 163,99 ± 3,47

STEF-TFE #........... 39,69 260,35 ± 0,77

SUPERVOX (B) ...... 2,45 16,07 ± 7,54

SYLEA ................... 49,30 323,39 + 1,64

TF1....................... 156,10 1023,95 ± 3,64

TRIGANO ............. 30 196,79 ....

UBI SOFT ENT...... 117 767,47 + 9,34

UNILOG ............... 402 2636,95 + 0,50

NOUVEAUMARCHE

(PubliciteÂ)

Une se lection.

Cours de cloture le 5 fevrier

Valeurs unitairese DateEmetteurs f ¤uros francsee cours

AGIPI

AGIPI AMBITION (AXA) ........ 24,57 161,17 04/02

AGIPI ACTIONS (AXA)........... 23,28 152,71 04/02

3615 BNP

ANTIGONE TRESORIE .......... 141541,98 928454,53 05/02

NATIO COURT TERME ......... 2269,61 14887,67 05/02

NATIO COURT TERME 2 ...... 61639,77 404330,39 05/02

NATIO EPARGNE.................. 346,58 2273,42 05/02

NATIO EP. CROISSANCE ...... 618,10 4054,47 05/02

NATIO EP. PATRIMOINE ...... 26,03 170,75 05/02

NATIO EPARG. RETRAITE..... 30,21 198,16 05/02

NATIO EPARGNE TRESOR.... 1844,92 12101,88 05/02

NATIO EURO VALEURS ........ 207,81 1363,14 05/02

NATIO EURO OBLIG............. 174,30 1143,33 05/02

NATIO EURO OPPORT. ........ 194,63 1276,69 05/02

NATIO EURO PERSPECT....... 328,15 2152,52 05/02

NATIO IMMOBILIER............. 250,70 1644,48 05/02

NATIO INTER ....................... 178,23 1169,11 05/02

NATIO MONETAIRE C .......... 864,64 5671,67 05/02

NATIO MONETAIRE D.......... 795,87 5220,56 05/02

NATIO OBLIG. LT ................. 36,89 241,98 05/02

NATIO OBLIG. MT C ............ 143,77 943,07 05/02

NATIO OBLIG. MT D ............ 136,89 897,94 05/02

NATIO OPPORTUNITES ....... 32,29 211,81 05/02

NATIO PLACEMENT C.......... 12534,27 82219,42 05/02

NATIO PLACEMENT D ......... 11457,03 75153,19 05/02

NATIO REVENUS .................. 175,42 1150,68 05/02

NATIO SECURITE ................. 1760,01 11544,91 05/02

NATIO VALEURS................... 269,48 1767,67 05/02

BANQUE POPULAIREASSET MANAGEMENT

MONEDEN ........................... 14802,94 97100,92 05/02

OBIG. TTES CATEGORIES..... 46,79 306,92 05/02

www.cdc-assetmanagement.com

LIVRET B. INV.D PEA............ 171,90 1127,59 04/02

NORD SUD DEVELOP. C....... 415,34 2724,45 04/02

NORD SUD DEVELOP. D ...... 372 2440,16 04/02

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPATRIMOINE RETRAITE C.... 50,01 328,04 07/02

PATRIMOINE RETRAITE D ... 47,34 310,53 07/02

Minitel :3616 CDC TRESOR (1,29 F/mn)

FONSICAV C ......................... 3148,29 20651,43 04/02

MUTUAL. DEPaTS SIC. C ...... 3137,63 20581,50 04/02

Sicav en ligne :08 36 68 09 00 (2,23 F/mn)

ECUR. ACT. FUT.D PEA......... 59,99 393,51 04/02

ECUR. CAPITALISATION C.... 42,72 280,22 04/02

ECUR. EXPANSION C ............ 13353,43 87592,76 04/02

ECUR. GEOVALEURS C.......... 648,80 4255,85 07/02

ECUR. INVESTIS. D PEA........ 47,70 312,89 04/02

EC. MONET.C/10 30/11/98 ...... 206,72 1355,99 07/02

EC. MONET.D/10 30/11/98...... 186,49 1223,29 07/02

ECUR. TRESORERIE C........... 50,70 332,57 04/02

ECUR. TRESORERIE D .......... 47,54 311,84 04/02

ECUR. TRIMESTRIEL D......... 332,30 2179,75 04/02

EPARCOURT-SICAV D ........... 30,59 200,66 04/02

GEOPTIM C .......................... 2226,04 14601,87 07/02

GEOPTIM D.......................... 1992,86 13072,30 07/02

HORIZON C.......................... 439,79 2884,83 07/02

PREVOYANCE ECUR. D......... 16,91 110,92 04/02

CREDIT AGRICOLE08 36 68 56 55 (2,23 F/mn)

AMPLIA ................................ 19098,84 125280,18 05/02

ATOUT AMERIQUE ............... 37,52 246,12 04/02

ATOUT ASIE.......................... 12,87 84,42 04/02

ATOUT FRANCE EUROPE ..... 174,61 1145,37 04/02

ATOUT FRANCE MONDE...... 43,15 283,05 04/02

ATOUT FUTUR C .................. 172,28 1130,08 04/02

ATOUT FUTUR D.................. 159,77 1048,02 04/02

COEXIS ................................. 325,01 2131,93 04/02

DIEZE ................................... 422,03 2768,34 04/02

ELICASH ............................... 152032,98 997270,97 05/02

EURODYN............................. 521,33 3419,70 04/02

INDICIA................................ 375,59 2463,71 03/02

INDOCAM CONVERT. C........ 2468,58 16192,82 04/02

INDOCAM CONVERT. D ....... 2259,75 14822,99 04/02

INDOCAM EUR. NOUV. ........ 1764,92 11577,12 03/02

INDOCAM HOR. EUR. C ....... 193,44 1268,88 04/02

INDOCAM HOR. EUR. D ....... 182,55 1197,45 04/02

INDOCAM MULTI OBLIG...... 151,56 994,17 04/02

INDOCAM ORIENT C............ 23,98 157,30 05/02

INDOCAM ORIENT D ........... 21,54 141,29 05/02

INDOCAM UNIJAPON........... 135,23 887,05 04/02

INDOCAM STR. 5-7 C ........... 326,11 2139,14 04/02

INDOCAM STR. 5-7 D ........... 223,21 1464,16 04/02

MONE.J C ............................. 1894,13 12424,68 05/02

MONE.J D ............................ 1753,12 11499,71 05/02

OBLIFUTUR C ...................... 94,90 622,50 04/02

OBLIFUTUR D...................... 87,47 573,77 04/02

ORACTION........................... 178,18 1168,78 04/02

REVENU-VERT ..................... 182,58 1197,65 04/02

SEVEA .................................. 18,31 120,11 03/02

SYNTHESIS .......................... 3285,13 21549,04 04/02

UNIVERS ACTIONS .............. 47,92 314,33 04/02

UNI ASSOCIATIONS............. 18,30 120,04 05/02

UNI-FONCIER ...................... 288,35 1891,45 04/02

UNI-REGIONS...................... 280,24 1838,25 04/02

UNIVAR C ............................ 49,11 322,14 05/02

UNIVAR D ............................ 46,05 302,07 05/02

UNIVERS-OBLIGATIONS ...... 41,34 271,17 04/02

Fonds communs de placementsINDOCAM DOLLAR 3 M....... 16601,34 108897,65 07/02

INDOCAM VAL. RESTR......... 2768,70 18161,48 28/01

OPTALIS DYNAMIQ. C ......... 18,59 121,94 03/02

OPTALIS DYNAMIQ. D......... 18,41 120,76 03/02

OPTALIS EQUILIB. C ............ 18,01 118,14 03/02

OPTALIS EQUILIB. D............ 17,55 115,12 03/02

OPTALIS EXPANSION C ....... 17,04 111,78 03/02

OPTALIS EXPANSION D ....... 17,04 111,78 03/02

OPTALIS SERENITE C........... 16,79 110,14 03/02

OPTALIS SERENITE D .......... 16,04 105,22 03/02

PACTE SOL. LOGEM............. 79,99 524,70 02/02

PACTE VERT T. MONDE....... 81,89 537,16 02/02

CIC BANQUES

FRANCIC.............................. 29,90 196,13 04/02

FRANCIC PIERRE ................. 26,49 173,76 05/02

EUROPE REGIONS ............... 38,48 252,41 05/02

CIC PARIS

ASSOCIC .............................. 168,40 1104,63 07/02

CICAMONDE........................ 27,34 179,34 05/02

CONVERTICIC...................... 75,96 498,26 05/02

ECOCIC ................................ 299,76 1966,30 05/02

MENSUELCIC....................... 1523,56 9993,90 05/02

OBLICIC MONDIAL.............. 657,07 4310,10 05/02

OBLICIC ReGIONS ............... 192,13 1260,29 05/02

RENTACIC............................ 25,24 165,56 04/02

EURCO SOLIDARITE ............ 224,79 1474,53 04/02

LION 20000 C ....................... 2719,52 17838,88 05/02

LION 20000 D....................... 2480,50 16271,01 05/02

LION-ASSOCIATIONS C........ 1810,38 11875,31 05/02

LION-ASSOCIATIONS D ....... 1633,19 10713,02 05/02

LION COURT TERME C........ 4223,87 27706,77 05/02

LION COURT TERME D ....... 3611,37 23689,03 05/02

LIONPLUS C ........................ 271 1777,64 05/02

LIONPLUS D ........................ 248,24 1628,35 05/02

LION TRESOR ...................... 410,74 2694,28 05/02

OBLILION............................. 376,90 2472,30 04/02

SICAV 5000 ........................... 151,08 991,02 04/02

SLIVAFRANCE....................... 256,22 1680,69 04/02

SLIVAM ................................ 105,90 694,66 04/02

SLIVARENTE......................... 42,01 275,57 05/02

SLIVINTER............................ 149,85 982,95 04/02

TRILION............................... 797,14 5228,90 04/02

CM EURO PEA...................... 19 124,63 05/02

CM FRANCE ACTIONS ......... 31,36 205,71 04/02

CM MID. ACT. FRANCE........ 23,85 156,45 05/02

CM MONDE ACTIONS.......... 300,76 1972,86 05/02

CM OBLIG. LONG TERME .... 107,58 705,68 05/02

CM OPTION DYNAM............ 27,09 177,70 05/02

CM OPTION EQUIL. ............. 49,66 325,75 05/02

CM OBLIG. COURT TERME .. 150,54 987,48 05/02

CM OBLIG. MOYEN TERME . 314,99 2066,20 05/02

CM OBLIG. QUATRE............. 169,22 1110,01 05/02

Fonds communs de placementsCM OPTION MODERATION . 17,73 116,30 05/02

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEASIE 2000.............................. 57,79 379,08 04/02

SAINT-HONORE CAPITAL .... 3408,78 22360,13 04/02

ST-HONORE MAR. EMER. .... 50,57 331,72 04/02

ST-HONORE PACIFIQUE ...... 76,21 499,90 04/02

ST-HONORE VIE SANTE ....... 325,75 2136,78 04/02

LEGAL & GENERAL BANK

SECURITAUX ........................ 290,27 1904,05 04/02

STRATEGIE IND. EUROPE .... 187,05 1226,97 04/02

STRATEGIE RENDEMENT .... 332,37 2180,20 04/02

Sicav Info Poste :08 36 68 50 10 (2,23 F/mn)

AMPLITUDE AMERIQUE C ... 23,61 154,87 04/02

AMPLITUDE AMERIQUE D... 23,55 154,48 04/02

AMPLITUDE EUROPE C........ 32,75 214,83 07/02

AMPLITUDE EUROPE D ....... 32,11 210,63 07/02

AMPLITUDE MONDE C........ 200,82 1317,29 04/02

AMPLITUDE MONDE D ....... 187,79 1231,82 04/02

AMPLITUDE PACIFIQUE C ... 12,96 85,01 07/02

AMPLITUDE PACIFIQUE D... 12,85 84,29 07/02

ELANCIEL FRANCE D PEA.... 40,81 267,70 04/02

ELANCIEL EURO D PEA........ 102,11 669,80 04/02

EMERGENCE E.POST.D PEA. 28,90 189,57 04/02

GEOBILYS C ......................... 111 728,11 07/02

GEOBILYS D......................... 103,88 681,41 07/02

INTENSYS C ......................... 19,09 125,22 07/02

INTENSYS D......................... 17,57 115,25 07/02

KALEıS DYNAMISME C......... 207,74 1362,69 04/02

KALEıS EQUILIBRE C ............ 189,62 1243,83 04/02

KALEıS SERENITE C.............. 176,37 1156,91 04/02

KALEIS DYNAMISME D......... 204,82 1343,53 04/02

KALEIS EQUILIBRE D............ 186,66 1224,41 04/02

KALEIS SERENITE D ............. 172,99 1134,74 04/02

LATITUDE C ......................... 23,60 154,81 07/02

LATITUDE D......................... 20,96 137,49 07/02

OBLITYS D............................ 105,88 694,53 07/02

PLENITUDE D PEA ............... 41,13 269,80 04/02

POSTE GESTION D............... 2286,89 15001,02 04/02

POSTE PREMIERE SI............. 6480,65 42510,28 07/02

POSTE PREMIERE 1 AN ........ 38769,91 254313,94 07/02

POSTE PREMIERE 2-3........... 8364,14 54865,16 07/02

REVENUS TRIMESTR. D ....... 820,79 5384,03 07/02

THESORA C .......................... 170 1115,13 04/02

THESORA D.......................... 148,73 975,60 04/02

TRESORYS C......................... 42833,19 280967,31 07/02

SOLSTICE D.......................... 366,95 2407,03 07/02

SG ASSET MANAGEMENTServeur vocal :

08 36 68 36 62 (2,23 F/mn)

ACTIMONETAIRE C .............. 6046,78 39664,28 05/02

ACTIMONETAIRE D.............. 4663,66 30591,60 05/02

CADENCE 1 D....................... 164,49 1078,98 05/02

CADENCE 2 D....................... 164,54 1079,31 05/02

CADENCE 3 D....................... 162,77 1067,70 05/02

CAPIMONETAIRE C .............. 64,91 425,78 05/02

CAPIMONETAIRE D.............. 57,14 374,81 05/02

SOGEOBLIG C/D ................... 105,03 688,95 05/02

INTEROBLIG C ..................... 51,37 336,97 05/02

INTERSELECTION FR. D....... 68,57 449,79 05/02

SELECT DEFENSIF C............. 181,06 1187,68 05/02

SELECT DYNAMIQUE C ........ 214,90 1409,65 05/02

SELECT EQUILIBRE 2............ 154,99 1016,67 05/02

SELECT PEA 3 ....................... 147,52 967,67 05/02

SOGEPEA EUROPE................ 214,35 1406,04 05/02

S.G. FRANCE OPPORT. C...... 382,87 2511,46 05/02

S.G. FRANCE OPPORT. D...... 359,94 2361,05 05/02

SOGENFRANCE C................. 420,03 2755,22 05/02

SOGENFRANCE D................. 379,78 2491,19 05/02

SOGEPARGNE D................... 46,76 306,73 05/02

SOGINTER C......................... 57,53 377,37 05/02

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SICAVFCP

LEGENDEe Hors frais. ee A titre indicatif.

F I N A N C E S E T M A R C H É S LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 23

b A la clôture des transactions, vendredi 5 février, l’actionDassault Systèmes avait reculé de 2,40 %. Les investis-seurs ont préféré prendre des bénéfices avant la publica-tion, lundi 8 février, d’un résultat net pour 1998 de 89,11 mil-lions d’euros (584,5 millions de francs), en ligne avec lesprévisions.b L’action STMicroelectronics a chuté de 7,96 % vendredi5 février. Le groupe de semi-conducteurs a souffert de lacomparaison avec le groupe américain Advanced MicroDevices, qui est victime de la guerre des prix dans le secteur.b Le titre Air Liquide a gagné 0,87 %, vendredi, soutenupar la rumeur d’une signature d’un contrat avec Usinorpour la construction d’une centrale électrique à Dun-kerque. Air Liquide confirme ainsi son savoir-faire dans cemétier.b Vendredi 5 février, le titre LVMH a gagné 1,38 % en réac-tion à l’article de Business Week qui révèle que Gucci, legroupe italien de luxe, serait à la recherche d’un nouvel ac-tionnaire pour contrer la montée en puissance de LVMH,qui détient 34 % de son capital.b Le titre CGIP a abandonné 2,71 %, vendredi 5 février, à lasuite de l’acquisition de 5 % de son capital par l’investisseurjaponais Nomura International. Un mois auparavant, labanque d’affaires britannique Warburg Dillon Read avaitfranchi le seuil de 10 % du capital, estimant que la décoteboursière sur la CGIP était trop élevée.

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24

A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999

Le Français Philippe Benetton (no 6) plaque l’Irlandais Dion O’Cuinneagain.

REU

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SPORTS Le XV de France s’est im-posé (10-9) face à l’Irlande, sur la pe-louse colorée du stade de Lansdow-ne Road, samedi 6 février, lors de lapremière journée du Tournoi des

cinq nations 1999. b CETTE VICTOIREa été acquise en fin de rencontre,grâce à un essai transformé d’EmileNtamack et une pénalité de ThomasCastaignède tandis que le buteur ir-

landais manquait d’offrir la victoireaux siens à la dernière minute dejeu. b JEAN TRILLO, ancien entraî-neur de l’équipe de France, sou-ligne, dans sa chronique au Monde,

l’opiniâtreté défensive des Françaiset leur courage sous les chandellesdélivrées par leurs adversaires.b L’AUTRE RENCONTRE, qui oppo-sait l’Ecosse au pays de Galles, s’est

achevée sur la victoire inattenduedes joueurs du Chardon (33-20).b PROCHAINE JOURNÉE, le 20 fé-vrier, avec Angleterre-Ecosse et paysde Galles-Irlande.

FRANCE 10IRLANDE 9

Infographie : Le Monde avec Pierre Lepidi

Stade de Lansdowne Road, à Dublin • Temps frais, pluie en 2e période • Terrain bon • Public enthousiaste • 49 000 spectateurs • Arbitre : M. Marshall (Angleterre)

TOURNOI DES CINQ NATIONS

25e 3 - 0. Après une tentative échouée à la 8e minute, David Humphreys ouvre le score.

6 - 0. Contre le vent, le pack français souffre face aux Irlandais, très virulents. Après écroulement d’une mêlée, David Humphreys passe une pénalité, mais manque la cible avant le retour aux vestiaires (39e).

9 - 0. La pluie s'abat violemment sur Lansdowne Road. Nouvelle réussite de David Humphreys, qui met son équipe à l'abri d'un éventuel essai adverse.

36e

46e

61e

9 - 10. Un hors-jeu de Paul Wallace permet à Thomas Castaignède de transformer une pénalité d'une trentaine de mètres. Quel-ques instants après, dans une position équiva-lente, David Humphreys manque l'occasion, procurée par une faute de Raphaël Ibanez, de donner la victoire à son équipe.

79e

9 - 7. Le bon déroulement d'un maul, consécutif à une pénalité jouée à la main par Philippe Carbonneau, permet à Emile Ntamak, bien soutenu par ses équipiers, de marquer un essai, transformé par Thomas Castaignède.

POINTS

LE FAIT DU MATCH

MÉLÉESTOUCHES

FAUTES

IRLANDE : 3 pénalités (Humphreys, 25e , 36e , 46e ); FRANCE : 1 essai (Ntamack, 61e ); 1 transformation (Cataignède, 61e ); 1 pénalité (Castaignède, 79e ).

REGROUPEMENTS P r o v o q u é s par l'Irlande : 67 (33+34), dont 9 perdus (4+5). Provoqués par la France : 51 (25+26), dont 8 per-dus (4+4).

ATTAQUES IRLANDE : 36, dont 19 (9+10) déclenchées par les avants et 17 (12+5) par les arrières. FRANCE : 36, dont 23 (12+11) déclenchées par les avants et 13 (9+4) déclenchées par les arrières.

IRLANDE : 17 (9+8), dont aucune de perdue. FRANCE : 16 (6+10), dont aucu-ne de perdue.

IRLANDE : 13 (8+5), dont 1 perdue (1+0). FRANCE : 16 (7+9), dont 2 per-dues (0+2).

P é n a l i t é s contre l'Irlande : 2 (0+2), dont 2 pour hors-jeu (0+2). Pénalités contre la France : 7 (5+2), dont 3 pour hors-jeu (1+2), 2 lors d'une mêlée (2+0), 2 pour brutali-tés (2+0).

LES ÉQUIPES

LES CHIFFRES

LE MATCH

IRLANDE

FRANCE

Sélectionneur : Warren Gatland •15. Conor O’Shea • 14. Justin Bishop, 13. Kevin Maggs, 12. Jonathan Bell (16 Rob Henderson, 15e),11. Girwan Demsey •10. David Humphreys • 9. Conor Mc Guiness, 7. Dion O’Cuinneagain, 8. Victor Costello (19. Trevor Brennan 51e), 6. Eric Miller • 5. Jeremy Davidson, 4. Paddy Johns (cap.) • 3. Paul Wallace, 2. Keith Wood, 1. Peter Clohessy (21. Justin Filtzpatrick, 64e).

Sélectionneurs : Jean-Claude Skréla et Pierre Villepreux •15. Emile Ntamack • 14. Philippe Bernat-Salles, 13. Richard Dourthe, 12. Frank Comba, 11. Thomas Lombard (18. Artur Gomes, 79e) • 10. Thomas Castaignède, 9. Philippe Carbonneau • 7. Olivier Magne, 8. Thomas Lièvremont, 6. Philippe Benetton • 5. Fabien Pelous, (20. Thierry Cléda, 69e), 4. Olivier Brouzet • 3. Franck Tournaire, 2. Raphaël Ibanez (cap.), 1. Christian Califano (21. Sylvain Marconnet, 41e).

Le sang-froid de Thomas Castaignède a permis cette courte victoire de la France (2 coups de pied réussis sur 3 tentés). Avec 7 tenta-tives (dont 3 réussies), Da-vid Humphreys a marqué tous les points de son équi-pe mais a manqué le coup de pied décisif.

Avec des « têtesde Schtroumpfs »

Pour profiter de la retrans-mission télévisée, deux parte-naires du Tournoi des cinq na-tions avaient décidé depeindre leurs logos en grandsur la pelouse du stade deLansdowne Road, samedi 6 fé-vrier. Le procédé n’est pas unepremière, et il s’est assez rapi-dement banalisé depuis quel-ques années sur les terrains derugby dans les î les Britan-niques.

Ce qui n’était pas prévu, enrevanche, c’est que, sous l’effetde la tempête de pluie qui anoyé Dublin, la peinture de cespublicités géantes s’est rapide-ment diluée pour s’accrocheraux corps et aux tenues desjoueurs irlandais (habillés devert et blanc) et français (vêtusde bleu et blanc), à chaque foisqu’ils tombaient sur les empla-cements occupés par les publi-cité sur le terrain.

Peinturlurés de taches rougeet bleue difficiles à faire dispa-raître, ils se sont découvert« des têtes de Schtroumpfs » enrentrant aux vestiaires.

En 1998, à l ’occasion dumatch France-Angleterre, déci-sif pour l’obtention du grandchelem, France Télévisionavait prévu de diffuser des pu-blicités en incrustation, avantd’y renoncer, finalement.

Le pays de Galles fait les frais du réveil écossais

Les chandelles irlandaises ont manqué d’obscurcir l’avenir du XV de FranceUn essai et une pénalité permettent aux Français de gagner sur la fin (10-9) un match d’une rare âpreté. Selon l’entraîneur Pierre Villepreux,

le recours systématique aux coups de pied en l’air par les Irlandais a donné à la rencontre des airs de « guerre des étoiles »DUBLIN

de notre envoyé spécialIl était une fois dans l’ouest de

l’Irlande, au bord de la rivière Shan-non, un club de rugby établi à Gar-ryowen, un quartier de Limerick. Unpetit club comme tant d’autres enIrlande, avec son terrain battu parles vents d’ouest, son club-house fré-quenté par les gens de bonne socié-té et quelques titres de championd’Irlande qu’on narre en dégustantquelque « café » à la mode du coin.

Un club anodin, ou presque. C’estlà qu’a prospéré un style qui devaitconnaître un grand succès danstoutes les îles britanniques : le jeu derugby aux chandelles. Un rude bon-heur goûté par tous les spectateursbritanniques. Un immuable cauche-mar pour toutes les équipes deFrance de rugby. Mille fois averti dela difficulté, le XV de France conduitpar Raphaël Ibanez a appris qu’enIrlande, la légende se mêle souventà la réalité : sous le déluge de chan-delles, la fameuse furia irlandaiseétait bien au rendez-vous de Lans-downe Road, samedi 6 février. « Uneguerre des étoiles », disait Pierre Vil-lepreux après la victoire étriquée(10-9) conquise par ses joueurs dansles tous derniers instants du match.Ancien arrière international, l’en-traîneur de l’équipe de France sesouvenait à quel point ce type dematch n’est « pas une sinécure »pour une défense française.

Les rugbymen de Garryowenn’ont pas inventé les coups de pieden cloche. mais le recours systéma-tique à cette technique, alors que lejeu à quinze vivait encore son pre-mier âge, a rendu célèbre leur clubdans tout le monde du rugby : onparle de « chandelle » en France, d’« up and under » dans l’hémisphèresud, mais, en Grande-Bretagne, onprononce aujourd’hui garryowenpour désigner ces coups de pied quifont tourbillonner les ballons hautdans les airs et trembler sur terre lesarrières les plus courageux, tétanisésà l’idée des mauvais coups quimanquent rarement de pleuvoir enmême temps que les ballons.

Face à la France, David Hum-phreys a fait honneur à la tradition.L’homme de Belfast, héros de la vic-toire de la province d’Ulster enCoupe d’Europe, avait justementété préféré au titulaire habituel, EricElwood, pour sa capacité à expédiersans répit ces chandelles millimé-trées qui déroutent les défensesfrançaises.

Un sélectionneur aussi avisé que

Warren Gatland sait que le XV dutrèfle, toujours victime de la fai-blesse de ses lignes arrières, doitjouer « les yeux dans les yeux » de sesadversaires, et nulle part ailleurs.Dans la tourmente de pluie et devent qui s’était installée sur Lans-downe Road, il n’était donc pasquestion, pour ses hommes, de selancer dans un jeu plus osé que cerugby « à 10 », combinant la forcedu pack à l’adresse des deux demisdans le jeu au pied.

Garryowen après garryowen, Da-vid Humphreys a parfaitement me-né sa mission. Il a su plonger la dé-fense française dans l’embarras,noyer ses certitudes sous un délugede ballons aériens et la conduire à lafaute, faute de jeu ou indiscipline,peu importe. « Il donne des ballonstoujours entre deux zones, toujours àla lutte, observe Emile Ntamack,premier visé par les chandellesd’Humphreys. Avec son jeu au piedexceptionnel, il ne donne jamais unballon trop loin, il ne laisse jamais dechamp pour remonter le terrain. Avecle vent, le ballon part à droite, àgauche, accélère. On n’est pas deszorros. On savait qu’on allait tomberquelques ballons. » Cinq ou six, selonJean-Claude Skrela.

Sous la tempête de LansdowneRoad, le XV de France, héroïque endéfense, a souvent semblé prochede l’asphyxie. « Dans les regroupe-

ments, on a vu des gestes qu’on nevoit même plus dans notre champion-nat », assure Philippe Benetton, seuljoueur français à perdre, momenta-nément, ses esprits en assomantd’un coup de poing l’ébouriffant ta-lonneur irlandais, Keith Wood. Pourle reste, les Français n’ont pas été àla hauteur de la réputation que leura collé la presse anglo-saxonne. Etc’est heureux : leurs manquements àla règle et à la discipline ont étérares dans ce match « d’hommes ».

Malmenés comme ils ne l’avaientjamais été, les avants français nesont pas tombés dans le traquenardirlandais. Ils n’ont concédé que huitpénalités dans leur propre camp. Lepilier Franck Tournaire lui-mêmeétait étonné de sa capacité à garderses « mains dans les poches ». DavidHumphreys, moins inspiré pour vi-ser entre les barres que pour en-voyer ses garryowen meurtrières, ena tenté sept et réussi seulementtrois. Sa dernière tentative, man-quée à 25 mètres, dans les arrêts dejeu, aurait sans doute apporté à l’Ir-lande sa première victoire sur laFrance depuis 1983. Parfait jusque-là, le botteur a raté son derniergeste ; il en a pleuré de rage, avectoute l’Irlande. « Encore une défaitehéroïque pour l’Irlande », déplorait,dimanche 7 février, le Sunday Tri-bune de Dublin.

Le XV de France, muet pendantune heure, a attendu les derniersinstants pour convaincre les Irlan-dais qu’une malédiction françaiseplane toujours sur LansdowneRoad. Un essai du tandem RichardDourthe-Emile Ntamack pousséspar le pack (61e), la transformationet une pénalité de Thomas Castai-gnède (79e) ont suffi pour faire ladifférence : un point, c’est peu.

Cet Irlande-France n’était certai-nement pas un beau match. C’étaitmême la négation du beau jeu. Peude courses, peu de passes, ducombat pendant 80 minutes. « Vi-rulent », « sauvage », entendait-ondans les vestiaires français. Cen’était pas du grand rugby, ce n’étaitpas du jeu formaté pour les télévi-sions à péage du magnat RupertMurdoch. Ce n’était pas un beaumatch, certes. Mais les visageséprouvés par la pluie, la boue et lescouleurs envahissantes des publici-tés peintes sur le terrain disaientaussi que cette rencontre était decelles qui font la légende du Tournoides cinq nations.

Eric Collier

Restés debout dans la tempêteNOUS EN AVONS EU la preuve samedi : en se

donnant les moyens de rapatrier ses meilleursjoueurs exilés dans le championnat anglais, l’Ir-lande bâtit une équipe pour la Coupe du monde.Difficile pour autant de balayer en quelques moisla culture de l’échec accumulée au cours de la der-nière décennie. Les joueurs au maillot vert frappédu trèfle ont perdu l’habitude de gagner. Face auxFrançais, ils ont eu la victoire au bout du pied deDavid Humphreys, à la dernière minute de jeu.Sa défaillance a sonné la défaite de son équipe.Comme si une fatalité s’acharnait à ne pas ré-compenser l’engagement physique et mental del’Irlande.

Les Français, eux, ont prouvé qu’après deuxGrands Chelems, ils ont suffisamment de sérénitéet de confiance pour ne jamais douter dans latourmente. Pour avoir su se maîtriser sans jamaislâcher prise, les coéquipiers de Raphaël Ibanezont pu revenir doucement dans la partie. Oui,cette équipe a une grande qualité : elle croit enson étoile. Sa capacité à s’adapter aux cir-constances en est la preuve, quitte à négliger laméthode Villepreux. Résolument tournés vers unrugby offensif, les Français ont surtout montré

des qualités défensives. Certes, il y a eu des er-reurs au niveau du premier rideau, des duels aé-riens perdus mais ils ont su utiliser les quelquesballons de récupération grappillés.

Le revirement tactique effectué après le repos aété judicieux : choisir le petit côté plutôt que lesgrands espaces. La solution pour réduire lesrisques en cas de faute de main, car les mala-dresses furent nombreuses en première période.Les Bleus, dans un registre délibérément offensif,ont perdu trop de ballons sous la pression des pla-quages dévastateurs irlandais. Chaque contact,chaque impact était gagné par un adversaire.Dans les regroupements, les hommes en vertétaient plus nombreux au soutien. Du coup, les li-bérations de balles françaises, trop lentes, ne per-mettaient pas de dynamiser le jeu.

Plus inattendues étaient les difficultés en mê-lées ordonnées. Comme en 1998, au stade deFrance, la lutte a été âpre entre les deux pre-mières lignes mais la tolérance de Justin Marshall,l’arbitre de l’hémisphère sud, plus enclin à favori-ser le spectacle que le règlement, est suspect.Pourquoi ne pas avoir sanctionné Paul Wallace, lepilier droit irlandais, qui refusait de se lier à son

vis-à-vis ? Malgré le manque de rythme d’élé-ments-clés comme Emile Ntamack, Thomas Cas-taignède, Christian Califano ou Fabien Pelous, leshommes de Raphael Ibanez ont réussi ce que peud’équipes de France auraient pu faire dans detelles conditions : tenir, faire bloc, repousser lesIrlandais, grignoter mètre après mètre le terri-toire adverse pour, finalement, marquer un essai.Un essai d’avants inscrit par les trois-quarts, sym-bole d’une réelle volonté collective. Cette volonté,Thomas Castaignède l’incarne également parfai-tement. Il n’est pas le buteur le plus régulier durugby international, pourtant il transforme le tirau but de la victoire au moment où tout le poidsde la rencontre repose sur ses épaules. Il necraque pas là où David Humphreys s’écroule. Unchampion ne manque jamais ce qu’il faut réussir.Et cette victoire de gladiateurs dans l’enfer deLandsdowne Road, si pauvre rugbystiquement,restera pour eux une référence de valeur.

Jean Trillo

. Jean Trillo, ancien international, a été entraî-neur du XV de France.

EDIMBOURGde notre envoyé spécial

John Leslie, Néo-Zélandaisd’Ecosse, a sûrement inscrit l’undes essais les plus rapides de l’his-toire du Tournoi des cinq nations.Les supporteurs terminaient àpeine l’hymne Flowers of Scotland,samedi 6 février, dans les tribunesde Murrayfield que le trois-quartscentre de Glasgow récupérait lecoup d’envoi de son demi d’ouver-ture, Duncan Hodge (victime parla suite d’une fracture du péronéet indisponible pour la suite de lacompétition), et portait le ballondans l’en-but gallois. La chrono-mètre de l’arbitre anglais de la ren-contre décomptait le temps de jeudepuis à peine 10 secondes. Le78e Ecosse-pays de Galles démar-rait à la vitesse d’un Grand Prix deformule 1.

Une heure et 35 minutes plustard, il s’achevait sur le mêmerythme. Au terme d’un match dé-bridé et d’une intensité toujourségale, les Ecossais de Garry Ams-trong l’ont emporté 33-20, mar-quant quatre essais par John Leslie(1re), Gregor Townsend (48e), AlainTait (69e) et Scott Murray (77e), eten concédant deux aux Gallois deRobert Howley, inscrits par Da-fydd James (34e) et Scott Gibbs(64e). « Nous avons beaucoup tra-vaillé cette semaine, pour améliorerles aspects techniques de notre jeuet être capables de passer très vite la

balle à nos arrières, expliquaitScott Murray, auteur de l’essai dela victoire. Maintenant, nous allonsfêter cela avec quelques bières. »

Une fête méritée car le rugbyécossais revient de loin. On le di-sait miné par une déplorable sai-son 1998 – une seule victoire dansle Tournoi des cinq nations et deuxdéfaites face à la Nouvelle-Zé-lande (8-24) et l’Australie (10-35) –,de graves problèmes financiers – lafédération écossaise (15 000 licen-ciés) accuse une dette de 170 mil-lions de francs (près de 29 millionsd’euros) à la suite des travaux derénovation de son stade de Mur-rayfield –, l’incapacité, faute demoyens financiers, à mettre enplace une politique sportive cohé-rente à l’heure du professionna-lisme et le cynisme des bookma-kers qui ont eu l’outrecuidanced’en faire les meilleurs préten-dants à la dernière place du Tour-noi.

« AVEC LA CONFIANCE... »Quelques heures avant la ren-

contre, Jim Telfer glissait toute-fois : « Dans un grand jour, avec laconfiance, qui sait... » La confiance,justement, a habité les Ecossaisface à des Gallois souvent fébrileset à court d’imagination. « Au-jourd’hui, nous n’avions rien àperdre », commentait GregorTownsend, le seul Ecossais àn’avoir pas manqué un match du

Tournoi depuis 1993. « Nous étionsderrière à la mi-temps mais, toute lasemaine, toute l’équipe a vraimentcru qu’elle pouvait gagner cematch », assurait le capitaine, GaryArmstrong.

Ni la botte de l’ouvreur galloisNeil Jenkins, ni les percussions descentres Scott Gibbs et Allan Bate-man – tous deux venus du rugby àXIII –, ni l’arrivée d’un entraîneurnéo-zélandais – l’ancien coach desAuckland Blues, Graham Henry –,fût-il le mieux payé du monde,n’ont su finalement résister au ré-veil écossais. « L’Ecosse nous a bat-tus à l’avant et mérite beaucoup decrédit pour cela. Aujourd’hui, l’or-ganisation écossaise était meilleureque la nôtre. Nous ne méritions pasde gagner », a commenté GrahamHenry.

Faut-il voir dans ce succès unsimple sursaut du XV du Chardondont la dernière victoire dans leTournoi remonte à 1990 – leshommes de Gavin Hastingsavaient décroché le troisièmegrand chelem de leur histoire –, sarésurrection ou, au contraire, unerechute du pays de Galles, pour-tant annoncé comme l’équipe àsuivre en 1999 ? La prochaine jour-née du Tournoi, samedi 20 février,avec Angleterre-Ecosse et pays deGalles-Irlande, devrait fournirquelques éléments de réponse.

Yves Bordenave

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A U J O U R D ’ H U I - S P O R T S LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 25

L’amertume d’Antoine DenériazAntoine Denériaz, seul réprésentant français dans la descente

masculine, organisée samedi 6 février sur la piste Birds of Prey, aurasouffert de sa solitude. A vingt-deux ans, le Haut-Savoyard s’esttrouvé propulsé porte-drapeau d’une équipe accablée par les bles-sures : Jean-Luc Crétier, Nicolas Burtin, Vincent Blanc et David Pré-tot avaient déclaré forfait. Or la meilleure préparation à ce rendez-vous avec le risque se fait collectivement, quand les équipiers seserrent les coudes face à l’échéance. Lui n’aura pas connu la chaleur,la solidarité et l’amitié qui tissent en coulisse les fils du succès. Il apris la 22e place, loin de son objectif. Skieur en devenir, il était en-core trop tendre face au carré d’as autrichien et aux collectifs norvé-gien ou suisse. « J’ai fait ce que j’ai pu, a-t-il confié à l’arrivée. Avec detelles conditions météo, je n’ai pas pu prouver ma vraie valeur. Ce n’estpas de chance. Mais c’est une expérience supplémentaire. J’apprends. »

Stockholm soupçonnéed’avoir voulu acheter

les voix de délégués du CIODes « accords d’assistance » en Afrique mis en doute

STOCKHOLMde notre correspondant

Candidate malheureuse à l’ac-cueil des Jeux olympiques d’été en2004, Stockholm prétendait orga-niser une manifestation sportive« propre ». Respect de l’environ-nement et droiture scandinave,« contrôle » et « élégance » de-vaient caractériser l’événement.S’il était hors de question de déni-grer les villes rivales (Le Cap,Rome, Buenos Aires et Athènes, lafuture gagnante), le dossier deStockholm exhalait une discrètesupériorité bien suédoise. En résu-mé : pas de pollution ni de corrup-tion chez nous... A voir.

Le quotidien suédois Dagens Ny-heter a affirmé, dimanche 7 fé-vrier, que Stockholm n’est pas au-dessus de tout soupçon elle nonplus. Depuis le mois de janvier, onsavait que, juste avant le vote dé-cisif du Comité internationalolympique (CIO) le 5 septembre1997 à Lausanne, le Comité olym-pique suédois (SOK) avait signédes accords d’assistance avec sixpays africains. Le SOK s’était en-gagé à financer le transport, le sé-jour et l’entraînement en Suède desportifs originaires du Kenya, duSwaziland, de la Côte-d’Ivoire, duTogo, de l’Ouganda et du Zimbab-we. Montant total de l’aide :1,5 million de couronnes(170 000 ¤). Mais le SOK démentaitjusqu’à présent tout lien entre cesaccords et la candidature scandi-nave.

ACCORDS À POINT NOMMÉDagens Nyheter affirme qu’en

réalité Stockholm 2004, la sociétéqui menait la campagne de la capi-tale suédoise, était l’initiatrice deces accords tombés à point nom-mé. Le journal publie la copie dedeux factures de 1,5 million decouronnes chacune. La premièreest adressée par le SOK à Stock-holm 2004 « pour prise en chargede l’échange sportif » ; l’autre, rédi-gée par cette dernière dès le len-demain, est destinée à Investor, leholding d’investissement de la fa-mille Wallenberg, qui contrôleprès de la moitié des sociétés co-tées en Bourse à Stockholm. Entermes clairs, Investor a sponsori-sé Stockholm 2004 pour le finan-cement de ces accords, ce qui a étéconfirmé dimanche 7 février parplusieurs responsables impliqués.

Mais le SOK, tout comme Stock-holm 2004, s’est refusé à y voirune tentative d’achat de pré-cieuses voix africaines. « Il était denotre intérêt que les accords soientsignés, mais ils l’ont été entre des fé-dérations olympiques nationales(...) et ce soutien n’était pas condi-tionné à l’obtention des Jeux », a as-suré Olof Stenhammar, le direc-teur de Stockholm 2004, unesociété financée par le secteur pri-vé et par la municipalité. Pour leprésident du SOK, Carl-GustafAnderberg, il ne s’agissait pas de« corruption », mais d’une pra-tique « assez naturelle » de la partde villes candidates.

« C’EST INACCEPTABLE »La municipalité de Stockholm

– dont la majorité a changé depuis1997 – ne l’entend pas de cetteoreille. « Il faut être bien naïf pourcroire que la signature de ces ac-cords avec six pays africains déte-nant des voix-clés, quatre joursavant le vote, n’ait rien eu à voiravec l’élection », a répliqué JanBjörklund, membre de l’équipemunicipale aux affaires. « Il estclair que Stockholm 2004 a essayéd’acheter des voix, et c’est inaccep-table », a-t-il ajouté, annonçantune enquête sur les activités decette société. La ministre dessports, Ulrica Messing, va convo-quer les dirigeants du SOK pourentendre leurs explications.

Selon Dagens Nyheter, deux desaccords bilatéraux signés entre leSOK et les pays africains l’ont étépar des délégués du CIO démis-sionnaire (David Sikulumi Siband-ze, du Swaziland) ou suspendu (leKenyan Charles Mukora) pouravoir « terni la réputation » dumouvement olympique. Dans sonédition du lundi 8 février, le jour-nal indique que le SOK n’a toute-fois pas encore versé d’argent auxsix nations concernées, ayant jus-qu’au mois d’août 2000 pour lefaire d’après les accords signésavec elles.

Par ailleurs, samedi à Nagano, àl’occasion du premier anniversairedes JO d’hiver de Nagano, le pré-sident du CIO, Juan Antonio Sa-maranch, a présenté « les excusesdu mouvement olympique pour lescandale de corruption » qui lefrappe depuis plus d’un mois.

Antoine Jacob

Même pour ses compatriotes, Renate Götschl était « invincible »VAIL (Etats-Unis)

d’un de nos envoyés spéciauxAprès un triplé – déjà exception-

nel –en super-G, le quadruplé – to-talement inédit – en descente. C’estce que l’on pourrait gentiment appe-ler une invasion féminine, une« Blitzkrieg » sur la neige. Les Autri-chiennes ont prouvé, dimanche 7 fé-vrier sur la piste de Vail, qu’ellesn’avaient pas de rivales dans lesépreuves de vitesse des champion-nats du monde. Renate Götschl, Mi-chaela Dorfmeister, Stefanie Schus-ter et Alexandra Meissnitzer ont prisles quatre premières places de ladescente. Jusqu’à présent, aux Etats-Unis, seule la Suédoise Pernilla Wi-berg les a dépossédées d’un titremondial, en s’adjugeant, le 5 février,la première place du combiné. Surles neuf médailles mondiales déjàmises en jeu, les filles de la WunderMannschaft en ont gagné sept. Et,

même si les Autrichiennes ont la ré-putation d’être moins coriaces dansles épreuves techniques (slalom etgéant), qui restent à disputer, leurenthousiasme actuel en fait des fa-vorites à tous les titres.

SANS CONCURRENCELeur domination met également

en lumière l’absence actuelle deconcurrence. Les Suissesses ont été« désespérantes » (la première, Syl-viane Berthod, termine à la 13e place,à 1 s 50 de Renate Götschl). En l’ab-sence de Katja Seizinger, les Alle-mandes, décevantes, ont toutes subiles derniers mètres très bosselésd’une piste pourtant docile. Privéesde Régine Cavagnoud,les Françaisesn’ont pu que figurer. Mélanie Sucheta pris la 6e place, Florence Masnadala 11e et Carole Montillet la 22e.

Renate Götchl, 23 ans, avaitconnu la malchance aux Jeux olym-

piques de Nagano (1998), où ellen’avait terminé que 5e du super-G.Riche d’un titre mondial au combiné(1997) et déjà nantie à Vail de deuxmédailles d’argent (super-G etcombiné), elle a pris une belle re-vanche à l’issue d’une descente par-faite.

« Il n’y pas de secret, dit-elle.Comme toutes les autres filles del’équipe nationale, je m’entraîne dur.Cet été, nous avons soigné notre pré-paration physique. Je voulais gagnerune médaille et j’en ai trois dont uneen or. Je n’oublierai jamais cette se-maine. »

PLUS VITE SUR LA FINDétendue, conquérante et libérée,

Renate Götschl a skié à la perfec-tion. Les bras tendus vers l’avant, lesjambes puissantes et les genouxélastiques, la petite skieuse d’Ob-dach (1,64 m pour 60 kg) a su intel-

ligemment utiliser son centre de gra-vité plus bas pour décupler sa vitessesur les parties glissantes et maîtriserses envols sur les nombreuses diffi-cultés aériennes du tracé. En retard àtous les temps intermédiaires, ellen’a jamais renoncé et refait son re-tard sur la fin du parcours où elle asu effacer toutes les bosses.

« J’ai fait une grande course du dé-but à la fin. Je ressentais une fortepression avant le départ parce que jesavais que deux de mes coéquipièresétaient en tête et avaient fait un bonparcours, a expliqué, simplement,Renate Götschl. Je savais qu’il fallaitque je me lâche et que je prenne desrisques. » Elle les a tous pris. Et àl’image de la Française FlorenceMasnada, ses adversaires n’ont puque se rendre à l’évidence : « Actuel-lement, elle est invincible. »

Pa. M.

Avec Werner Margreiter, le ski autrichien a trouvé un nouveau sorcierVAIL

d’un de nos envoyés spéciauxLa pédagogie, c’est son « truc ». Bien avant

de prendre les rênes de l’équipe masculined’Autriche de ski alpin en 1992, une fois que laflamme olympique eut quitté Albertville, Wer-ner Margreiter était enseignant dans un collège.De ses années de professorat, ce robuste gail-lard de quarante-cinq ans a gardé le goût dutravail collectif. Un goût qu’il a exprimé de 1980à 1984 avec l’équipe féminine d’Autriche, puisauprès des skieuses des Etats-Unis deux annéesdurant. Avec Hans Pum, le charismatique direc-teur des équipes d’Autriche, notre homme, ren-tré au pays, a mis en place, depuis la fin des an-nées 80, un système de formation dont lapertinence n’est plus à prouver.

A Vail, les Autrichiens dominent les cham-pionnats du monde de ski alpin, et seuls les des-cendeurs norvégiens ont, pour l’instant, réussi àcontester cette hégémonie.

Quel est donc le secret de l’école autrichiennede Werner Margreiter ? « Chez nous, explique-t-il, le ski alpin est d’abord le premier sport natio-nal. Contrairement aux footballeurs, les skieursont toujours ramené des médailles au pays et lesjeunes se sont toujours identifiés à ces cham-pions. » « Les premières compétitions, détaille-t-

il, commencent à l’âge de six ans grâce aux struc-tures sportives des neuf régions autrichiennes. LaFédération nationale possède des antennes lo-cales et développe sa propre politique dans les pe-tits clubs. A partir de dix ans, les meilleurs sontorientés dans des classes de sport-études. »

DEUX CENTRES NATIONAUXElitiste, la méthode autrichienne ne laisse au-

cune place au hasard : « Entre quatorze et quinzeans, les meilleurs éléments du sport-études se pré-sentent au concours d’entrée, très sélectif, desdeux grands centres de ski nationaux : l’école deStams et celle de Schladming. »

Trois jours sont alors nécessaires pour déni-cher cent vingt perles rares qui feront l’honneurde Stams et quatre-vingts génies des neiges quibâtiront la réputation de Schladming. Mais lasélection ne s’arrête pas là. Les trois équipes na-tionales (juniors, Coupe d’Europe et Coupe dumonde) puisent enfin dans ce vivier pourconstituer leurs effectifs. Actuellement, 80 %des skieurs autrichiens sont passés par Stamsou Schladming. Même Hermann Maier, qui aconstruit sa légende sur une carrière d’autodi-dacte, a passé une année du côté de Schlad-ming.

« A partir de seize ans, certaines filles peuvent

prétendre à la grande équipe nationale. Pour lesgarçons, le grand saut ne se fait pas avant dix-huitou dix-neuf ans, assure Werner Margreiter.Chaque année, nous intégrons cinq ou huit skieursdans la sélection. Jamais plus. » A ce moment-là,les champions en herbe doivent choisir troisspécialités. « Un descendeur doit faire ses preuvesen slalom et un slalomeur en super-G. C’estcomme ça et il n’y a pas d’exception », dit le ma-gicien du Tyrol. Complets, bagarreurs, suren-traînés, les skieurs autrichiens semblent invin-cibles.

« L’Autriche est aujourd’hui la référence, com-mente Didier Bonvin, l’entraîneur suisse del’équipe de France masculine. Primo, leurs en-traîneurs sont très, très bien formés. Secundo, uneplace énorme est accordée à la psychologie. Pourmoi, il n’y a pas une école autrichienne mais plu-sieurs. Le style de chaque skieur est décortiqué etles entraînements sont adaptés à chaque indivi-dualité. » « Le boulot de Werner Margreiter estsimple, note avec envie Michel Vion, le directeurdes équipes de France. Il se place sur un monti-cule de neige et observe les lions se battre. A la findu combat, il recrute les rescapés. » Le ski autri-chien ignore la pitié.

Pa. M.

Avec un supplément de rage, Hermann Maierincarne un nouveau style de descendeur

Le skieur autrichien réussit une brillante démonstration aux championnats du monde Les championnats du monde de ski alpin, qui ontlieu à Vail (Colorado), ont été marqués samedi 6 etdimanche 7 février par la domination de l’équipe

d’Autriche. Après la démonstration de HermannMaier, médaille d’or de la descente (après avoirpartagé avec le Norvégien Lasse Kjus celle du su-

per-G), samedi, les Autrichiennes se sont adjugédimanche les quatre premières places d’uneépreuve gagnée par Renate Götschl.

VAIL (Etats-Unis)de nos envoyés spéciaux

Encore essoufflé par la violenceet l’engagement total de sa course,Hermann Maier ne lâche pas le

grand écrandes yeux.Dans l’aired’arrivée, ilne perd pasune image dela descentedu NorvégienLasse Kjus,

qui fut son alter ego d’un jour surla plus haute marche du podiummondial du super-G. Encore unefois, le skieur d’Oslo est son princi-pal rival. Plus qu’un titre de cham-pion du monde de descente, c’estaujourd’hui l’hégémonie du des-cendeur de Flachau qui est en jeu.A l’arrivée, 31 centièmes séparentles deux meilleurs skieurs du mo-ment. Maier sait qu’il a gagné, déjàcertain que personne, pas mêmeses compatriotes, Hans Knauss ouStefan Eberharter, pourtant fortsaux entraînements, ne pouvaient« faire mieux » que lui.

La raison de cette indifférenceest simple : plus encore que decoutume, Hermann Maier a pristous les risques. Il a calculé au mil-limètre ses trajectoires, raccourciles distances, taillé des courbes auscalpel et défoncé trois portes, se-lon le vieux précepte des descen-deurs : « Bouffe la piste, sinon c’estelle qui te bouffe. »

UNE COURSE « OPTIMALE »A le voir dévaler la piste « Birds

of Prey » (oiseaux de proie) sanssubir les assauts de la pente ou dela vitesse, là où les autres sem-blaient payer leur retenue à coupsde centièmes, le public comprenaitque ce skieur était programmépour gagner.

« Werner Margreiter, mon entraî-neur, n’avait pas apprécié ma per-formance en super-G, a expliqué ledouble champion du monde. Mal-

gré ma médaille d’or, il avait l’im-pression que je ne m’étais pas donnéà 100 %. Il voulait donc que j’effacece mauvais souvenir. Ma victoire ensuper-G m’a complètement libéré,j’ai réalisé une course optimale etcette victoire est la plus importantede ma carrière. » Avec ce titre, Her-mann Maier affirme avoir atteintles sommets de sa discipline.« J’envisageais de prendre ma re-traite à la fin de la saison, mais j’aitellement de plaisir à skier que je ré-serve ma décision pour le prin-

temps... »Depuis deux ans, la réussite de

Hermann Maier est un bonheurpour le ski de compétition. Aucunautre skieur n’avait présenté un ca-talogue aussi complet de qualités.On avait déjà parlé de « ski total »,du temps de Jean-Claude Killy oude Franz Klammer, ce mythiquedescendeur autrichien à qui la « fu-ria » de Hermann Maier faisaitpenser samedi 6 février. Le ski total« version Maier » intègre, au plushaut niveau de sophistication etd’excellence, tous les paramètres(mental, physique, tactique, tech-nique, technologique, culturel,etc.) qui font définitivement la dif-férence entre le champion d’excep-tion et l’athlète de haut niveau.

« Auparavant, un bon skieur, soittrès technique, soit très puissant outrès fort moralement, pouvait fairela différence, analyse Luc Alphand,admiratif. Hermann Maier, lui, de-puis la saison dernière, est le pre-mier à réunir au même moment tousces ingrédients. Concrètement, pouratteindre son niveau, il faudrait queses adversaires lèvent un peu plus defonte afin de gagner en puissance etoser, du coup, les mêmes lignes ex-trêmes. » L’harmonie, la puissanceet la densité musculaire de cet an-

cien maçon lui confèrent un équi-libre physique rare, au serviced’une technique agressive, exi-geante et explosive. Cela se mani-feste par une très fine précision etune grande sobriété gestuelle.

Lors des reconnaissances depiste, Hermann Maier analysechaque centimètre de neige,chaque bosse, chaque porte. Et cetesprit méticuleux se retrouve logi-quement dans le choix de ses skis– ses spatules présentent desformes plus « taillées » que cellesdes autres compétiteurs – et de sonnuméro de dossard. Superstitieux,Hermann Maier choisit le numé-ro 8, son chiffre fétiche, celui qu’ilportait pour la médaille d’or du su-per-G de Nagano en 1998.

Hermann Maier possède enoutre une sensibilité et une acuitévisuelle telles qu’il sait se jouermieux que quiconque des situa-tions extrêmes, même dans desconditions de visibilité réduite. Dece potentiel, peaufiné avec travailet abnégation, il a su tirer le meil-leur pour aiguiser un engagementpermanent et une ambition exa-cerbée par des années de frustra-tion et de galère solitaire.

BRISER LES RÈGLESMarquée par un amour quasi

maladif du ski depuis son enfance,Hermann Maier n’a pas été pétridans le moule éducatif des écolesde ski autrichiennes. Arrivé tard, àvingt-quatre ans, dans le mondedes compétitions grâce à AlexMaier, le président de la Fédéra-tion de ski de Salzbourg, cettemontagne de muscles a tout desuite brisé les règles élémentairesdu milieu. Conséquence : Her-mann Maier n’a jamais perdu l’en-thousiasme de ses jeunes années.Mieux, à vingt-six ans, il a conser-vé une fraîcheur que d’autres ontperdue depuis longtemps. Aupoint d’être considéré comme un« fou » par certains, à cause de sesprises de risques inconsidérées surles pistes et de son comportementviolent dans les chambres d’hô-tel...

Architecte de la piste de des-cente du « Birds of Prey », l’ancienchampion suisse Bernhard Russiavait expliqué, avant l’épreuve,que seul un « skieur parfait » pour-rait s’imposer sur ce tracé. Her-mann Maier ne l’a pas fait mentir.Mais, pour les mauvaises langues,la différence entre « Herminator »et les autres descendeurs devraitplutôt se rechercher dans ce qu’ilingurgite avant les courses. Sanspreuve, ces allégations ne sont quede sournoises rumeurs.

Gilles Chappaz etPaul Miquel

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Shabani Nonda, le George Weah du Stade rennais

La France gagneune médaille de bronzeau mondialde bob à deux

DÉJÀ MÉDAILLÉS de bronze enbob à quatre aux Jeux olympiquesde Nagano, en 1998, Bruno Min-geon et Emmanuel Hostache ontobtenu la médaille de bronze auxchampionnats du monde de bob àdeux, dimanche 7 février, à Cortinad’Ampezzo (Italie). Les deux Fran-çais, licenciés à Macôt-La Plagne(Savoie), ont terminé derrière les Al-lemands Christoph Langen-MarkusZimmerman et les Italiens GuentherHuber-Ubaldo Renzi. « Nous nousattendions à un résultat entre les 4e et6e places, a déclaré l’entraîneur, Na-no Pourtier. Mais Bruno a très bienpiloté et cette médaille de bronze estune superbe récompense après uneannée de gros travail. »

DÉPÊCHESa CYCLISME : le Français DavidLefèvre (Casino) a gagné, di-manche 7 février, la 29e édition del’Etoile de Bessèges. a FOOTBALL : Saint-Etienne acreusé l’écart en tête du cham-pionnat de France de deuxièmedivision, en s’imposant face auMans (1-0), samedi 6 février. LesVerts, abordent le dernier tiers duchampionnat avec quatre longueursd’avance sur Troyes, qui s’est faitsurprendre à Lille (1-0).a L’équipe nationale d’Allemagnea concédé une étonnante défaite(0-3) face aux Etats-Unis, samedi6 février, lors d’un match amical. Lapresse germanique n’a pas épargnéson équipe. « Honte sur vous », a ti-tré le quotidien populaire Bild aulendemain du match ; « L’Allemagneridiculisée » a choisi Die Welt ; « Apleurer de rire », a ironisé l’agencede presse Sid.a La Fiorentina a concédé le nul àdomicile (0-0) face au Milan AC, di-manche 7 février, lors de la 20e jour-née du championnat d’Italie. Auclassement, la formation toscane nedispose plus que d’un pointd’avance sur la Lazio Rome, qui aenregistré son neuvième succèsconsécutif, devant Pérouse (3-0). Ladéfaite (4-2) de la Juventus, à domi-cile, face à Parme, a provoqué la dé-mission de l’entraîneur, MarcelloLippi.a Le club italien du Torino a dé-boursé 400 000 francs (60 000 ¤)pour un contrat d’exclusivité avec lafamille d’un enfant de dix ans, origi-naire de Naples. Vincenzo Sarno(136 cm, 36 kg) a été remarqué alorsqu’il jouait un tournoi annuel, au-quel participent 70 clubs et près de1 400 jeunes. Il ne pourra signer unpremier contrat qu’à l’âge de qua-torze ans. Le quotidien France-Soirprécisait, samedi 6 février, que lejeune prodige aurait plutôt souhaitédevenir champion de karaté.

RENNESde notre envoyé spécial

Le football ne serait-il rien d’autrequ’un éternel recommencement ?Ce n’est pas parce que vous avez

étrillé l’Olym-pique de Mar-seille 4-1 en fai-sant montre desérénité et detranquille inso-lence que vousne craquerezpas, nerveuse-

ment, la semaine suivante devant unautre adversaire.

Les Girondins de Bordeaux ontperdu la face, samedi 6 février. Paslongtemps, l’instant de quelques mi-nutes. En déplacement à Rennes, leshommes d’Elie Baup n’ont que trèsmodérément apprécié de devoir par-tager le point du match nul à l’occa-sion de la 23e journée du champion-nat de France. Alors qu’ils menaientau score à la suite d’une magnifiqueaction collective conclue par Sylvain

26 / LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 A U J O U R D ’ H U I - S P O R T S

Bordeaux perd la tête mais pas l’espoir de trouver un repreneurLes Girondins ont été tenus en échec (1-1) à Rennes, à l’occasion d’un match émaillé d’incidents,

alors que l’Olympique de Marseille s’imposait (3-1) face à Bastia, et reprenait la tête du championnat de FranceAprès avoir longtemps mené au score, leshommes d’Elie Baup ont dû concéder lematch nul, samedi 6 février, face au Staderennais, lors de la 23e journée du champion-nat de France. L’égalisation des Bretons, sur

un coup franc indirect dans la surface de ré-paration, a provoqué la colère des Borde-lais. L’entraîneur et le meneur de jeu, AliBenarbia, ont été expulsés, tandis que Jo-han Micoud, Michel Pavon et François Gre-

net recevaient un avertissement. Ce résul-tat fait l ’affaire de l ’Olympique deMarseille, qui a profité de sa victoire surBastia pour s’emparer à nouveau de la pre-mière place du classement. L’avance des

deux animateurs du championnat est telle(l’OM compte treize points d’avance surLyon, troisième, et Bordeaux neuf) qu’ilssemblent d’ores et déjà qualifiés pour laLigue des champions 1999-2000.

Wiltord (36e), les postulants au titresont brutalement sortis de leursgonds, en fin de rencontre.

Le but égalisateur de Patrick Wei-ser (86e) précipita les Bordelais au-tour de l’arbitre, Alain Sars, cou-pable à leurs yeux d’avoir sifflé uncoup franc indirect « injustifié »dans la surface de réparation. Laconfusion se propagea jusqu’aubanc de touche. Fait peu banal,M. Sars renvoya aux vestiaires l’en-traîneur, Elie Baup, et le meneur dejeu, Ali Bernarbia, qui venait d’êtreremplacé. Au coup de sifflet final,d’autres scènes d’énervement ternis-saient un peu plus la soirée.

Ce qui ne pouvait que consoliderla conclusion du jour : s’ils veulentdevenir champions de France cettesaison, les Girondins de Bordeauxdevront apprendre à contrôler leursnerfs.

Jean-Didier Lange et Jean-LouisTriaud, les deux coprésidents du clubaquitain, se seraient bien passés decette vérité. La journée avait mal

commencé pour eux : dans son édi-tion du 6 février, Le Figaro révélaitque la chaîne de télévision M 6 étaitsur le point de racheter les Girondinsde Bordeaux.

Cela fait près de deux ans que lesdeux hommes essaient de« vendre » la société anonyme à ob-jet sportif (SAOS) qu’ils dirigent, enduo, depuis 1996. « Nous en sommesactuellement à la constitution d’uneliste de candidats. Pour des raisons deconfidentialité entre ces derniers, nousne pouvons rien infirmer, ni confir-mer », indiquait Jean-Didier Lange,samedi, juste avant la rencontre.

DIVERSIFICATIONComme l’a précisé Jean Drucker,

le PDG de M 6, sa chaîne n’a jamaiseu l’intention d’acquérir le club bor-delais. Une proposition d’investisse-ment, en revanche, a bel et bien étéfaite par l’un des actionnaires deM 6, en l’occurrence la société alle-mande UFA, qui, associée avec lacompagnie luxembourgeoise CLT,

forme l’un des plus importants hol-dings audiovisuels européens. L’unedes filiales du groupe, UFA-sport, estjustement spécialisée dans le foot-ball. En 1998 elle a pris une participa-tion de 25 % dans le groupe de mar-keting d’événements de Jean-ClaudeDarmon et a négocié, l’an dernier,les droits télévisés d’environ200 matches, dans une quarantainede pays différents.

Dans un but de diversification,elle commence également à organi-ser elle-même des compétitions,comme la Fuji Cup, un tournoi ami-cal réunissant avant le début de lasaison les quatre meilleures équipesdu championnat allemand. Basée àHambourg, UFA-sport a égalementla responsabilité du marchandisagedu Borussia Dortmund et du HerthaBerlin. Les négociations avec les Gi-rondins de Bordeaux datent du prin-temps 1998. Un courrier d’intentiona été envoyé à la direction du clubau moment où celle-ci était enpleine négociation avec la société

d’investissement English NationalCompany Investment (ENIC). Diri-gée par l’homme le plus riche deGrande-Bretagne, Joseph Lewis,cette entreprise possède déjà 25 %des Glasgow Rangers, 30 % de Vi-cence, 54 % du Slavia Prague et 79 %de l’AEK Athènes. Récemment, elleétait sur les rangs pour devenir pro-priétaire du mythique stade deWembley (finalement racheté par laFédération anglaise de football).

En avril 1998, le conseil d’adminis-tration des Girondins de Bordeauxrompait les discussions avec ENICpour plusieurs raisons. La premièreest liée au litige qui oppose la firmebritannique à l’Union européennede football (UEFA). Pour des raisonsd’éthique sportive, l’UEFA interditen effet le multiactionnariat dans lesclubs professionnels. L’autre motifest d’ordre financier. ENIC se disaitprêt à investir 120 millions de francs(plus de 18 millions d’euros) sur troisans, ce qui représente assez peupour un club comme Bordeaux, fortde quatre titres de champion, detrois Coupes de France et d’une fi-nale de Coupe d’Europe). Quand estarrivée la proposition d’UFA, les diri-geants girondins ont décidé de déca-ler l’opération d’une saison.

Plusieurs grands groupes ont déjàfait acte de candidature et ENIC esttoujours en course. « Ils sont moinsde dix et la plupart sont étrangers »,affirme Jean-Didier Lange. Une foisdésigné, le lauréat devra répondre àun cahier des charges extrêmementprécis. Il lui faudra notammentconstruire des bâtiments pour lecentre de formation du club, accep-ter de vivre à côté d’une associationde loi 1901 (qui a la charge des en-fants et des amateurs) et, bien sûr,augmenter les salaires des joueursen cas de qualification pour la Liguedes champions. Tendu vers cet ob-jectif, l’effectif professionnel est res-té éloigné des négociations. Au len-demain de la victoire sur Marseille,Elie Baup s’est acheté un tracteurpour cultiver les terres familiales deMontespan (Haute-Garonne).

Frédéric Potet

a LOTO : résultats des tiragesn° 11 effectués samedi 6 février. Premier tirage : 9, 20, 29, 36, 42, 47,numéro complémentaire : 6. Pas degagnant pour 6 numéros. Rapportspour 5 numéros et le complémen-taire : 512 745 F, 78 167 ¤ ; 5 numéros7 495 F, 1 142 ¤ ; 4 numéros et lecomplémentaire : 342 F, 52,13 ¤ ; 4numéros : 171 F, 26,06 ¤ ; 3 numéroset le complémentaire : 34 F, 5,18 ¤ ;3 numéros : 17F : 2,59 ¤.Second tirage : 6, 27, 34, 39, 41, 46,numéro complémentaire : 4. Rap-ports pour 6 numéros : 16 051 840 F,2 447 087 ¤ ; pour 5 numéros et le complémentaire : 97 470 F,14 859,20 ¤ ; pour 5 numéros :6 320 F , 963,47 ¤ ; pour 4 numéroset le complémentaire : 332 F, 50,6 ¤;pour 4 numéros : 166 F, 25,30 ¤;pour 3 numéros et le complémen-taire : 36 F 5,48 ¤, pour 3 numéros :18 F, 2,74 ¤.

Quelques mètres d’accélération suffisent, deuxou trois dribbles sont nécessaires, et la ressem-blance saute aux yeux : Shabani Nonda, jeuneattaquant burundais de vingt et un ans portantles couleurs du Stade rennais depuis cette sai-

son, rappelle de manière confondante GeorgeWeah, l’avant-centre du Liberia qui fit les beauxjours de l’AS Monaco puis du Paris-Saint-Ger-main avant de rejoindre le Milan AC. Mêmepuissance, même obsession du but et mêmenonchalance trompeuse. Samedi 6 février, dansle match au sommet face aux Girondins de Bor-deaux, Shabani Nonda n’est pas parvenu à amé-liorer son crédit au classement des meilleurs bu-

teurs du championnat (quatrième avec 10 buts).Marqué de très près, et parfois de façon musclée,par les défenseurs adverses, il aura pu vérifierque sa réputation montante lui garantit déjà dessurveillances étroites, quelques douleurs auxchevilles et, bientôt, l’attention des plus grandsclubs.

Shabani Nonda possède un autre pointcommun avec George Weah. Tout joueur d’ex-ception qu’il est, il ne connaîtra probablementjamais une phase finale de Coupe du monde. Onpeut en dire de même du Tchadien Japhet N’Do-ram (Monaco) ou encore du Togolais BachirouSalou (Borussia Dortmund). Shabani Nonda leBurundais vient en effet d’un des pays les plusdémunis d’Afrique. Samedi, après la rencontre,l’attaquant se réjouissait de la décision des septEtats de la région de lever l’embargo sur sonpays. « Je pense que je retournerai là-bas sitôt lafin du championnat », confiait-il.

Si elle n’en est qu’à ses débuts, la carrière deShabani Nonda se lit déjà comme un roman.Exilé pour cause de guerre, l’apprenti footballeuren est à son quatrième club et à son quatrièmepays. Arrivé en Tanzanie à l’âge de dix-sept ans,

puis transféré en Afrique du Sud, il pose sescrampons en Suisse, un matin de février 1996, auFC Zurich. Le pur buteur suscite sans tarder laconvoitise de plusieurs grands clubs allemandset italiens. Repéré du côté du Stade rennais parJean-Michel Moutier, il décide alors de s’installeren Bretagne, attentif à ne pas se brûler les ailes.Le montant du transfert s’élève à 23 millions defrancs (3,5 millions d’euros), ce qui est un recordpour le club repris par l’industriel François Pi-nault.

Combien de temps le Stade rennais va-t-ilpouvoir garder son buteur ? La Juventus Turinest repartie à la charge ces dernières semaines,en vain. « Je veux prendre mon temps. Mon ob-jectif est de rester à Rennes jusqu’à la fin de la sai-son prochaine. Je n’ai pas encore vingt-deux ans »,rappelle le Burundais, dont le contrat court jus-qu’en 2003. Si l’attaquant poursuit son cheminavec la même efficacité devant le but, le montantde son futur transfert pourrait, dit-on, approcherles 100 millions de f rancs (plus de 15 millionsd’euros) d’ici dix-huit mois.

F. P.

RENNESde notre envoyé spécial

PORTRAIT« Je veux prendre mon temps.Mon objectif est de resterà Rennes jusqu’à la finde la saison prochaine »

L’Olympique de Marseille a « repris les choses en main »LES NERFS des Girondins de

Bordeaux ont lâché. L’Olympiquede Marseille (OM) n’a pas laissépasser l’occasion. C’est par unnouveau chassé-croisé en tête duchampionnat de France de foot-ball que s’est soldée la 23e journée,disputée samedi 6 février et di-manche 7 février. Marseille a re-pris les commandes d’un cham-pionnat qui voit également leFC Nantes se positionner à la qua-trième place.

Etrillés lors de la journée précé-dente à Bordeaux (1-4), les joueursde l’OM ont « repris les choses enmain », comme a tenu à le souli-gner Robert Pires à l’issue d’unmatch victorieux, à domicile, faceà Bastia (3-1). Le club phocéen,porté par un Fabrizio Ravanelli enverve (deux buts, 40e et 81e), au-quel Daniel Bravo (33e) avait mon-tré l’exemple, a ainsi signé sa neu-vième victoire auStade-Vélodrome, en douze mat-ches.

« Nous voulons nous imposer àToulouse, dimanche, et creuser unécart suceptible d’atteindre le mo-ral des Bordelais, a annoncé DanielBravo. Je pense que nous sommesles plus costauds et que notreéquipe est celle qui possède le plusde chances d’être championne. »Les Toulousains, revigorés depuis

le retour d’Alain Giresse, au pointde s’imposer (2-1) à Auxerre,semblent prêts à relever le défi.

UN JEU LIMPIDE ET VIVACEDerrière l’OM et Bordeaux, à

treize longueurs du premier et on-ze du second, Nantes s’est replacédans la course aux places euro-péennes. Sous les yeux d’« es-pions » de la Lazio Rome, de clubsespagnols ou allemands, lesjeunes Canaris se sont imposésface au champion en titre Lens(2-0). Déployant un jeu limpide etvivace, ils ont signé leur neuvièmematch d’affilée sans défaite.

« On a énormémemt prisconfiance en nous en cinq mois.Maintenant on rentre dans les mat-ches sans appréhension et toujourssans pression. Je crois que l’on a dé-passé cette phase d’acclimata-tion », explique le milieu récupéra-teur Sébastien Piocelle.« Maintenant, renchérit le gardiende but, Mickaël Landreau, on im-pose une certaine crainte chez nosfuturs adversaires. »

Le FC Nantes est désormais àégalité de points avec l’Olympiquelyonnais, qui, endeuillé par lamort de son gardien de but rem-plaçant, Luc Borelli, l’a malgrétout emporté (2-1) face à Nancy.Lyon compte toutefois un match

en moins et possède une diffé-rence de buts supérieure (+ 11,contre + 9).

L’AS Monaco a également faitune bonne affaire en allant s’im-poser au Havre (2-1). L’équipemonégasque occupe désormais lesixième rang du championnat. Dequoi faire – temporairement ? –oublier la crise de confiance quetraverse l’équipe. Mais aussi lescoups de semonce du prince Al-bert, qui, dans les jours précédantla rencontre, s’était montré trèscritique sur la gestion du présidentdu club, Jean-Louis Campora.

Dans la même catégorie desclubs traumatisés, le Paris-Saint-Germain a également donné de lé-gers signes d’embellie. L’équipe dela capitale, qui n’avait plus gagnédepuis sept matches de cham-pionnat, s’est reprise, au Parc desPrinces, face à Sochaux (2-1). Leclub sochalien ne constitue certespas une référence, puisqu’il oc-cupe la dernière place du classe-ment. Mais il n’avait plus perdudepuis trois rencontres. Et le PSGavait déjà prouvé qu’un promuavait toutes ses chances face à lui,puisque, en cinq matches contreLorient, Nancy et ce même So-chaux, il avait cédé quatre fois, ar-rachant tout juste un match nul enLorraine.

http://www.lemonde.fr0123interactif

http://www.lemonde.fr

La Bourse au quotidien : les acteurs et lesvaleurs des marchés, les cotations en direct, lesinformations financières sur les entreprises...”

Le championnat de France de football de D1

RougesJaunes

CLASSEMENT

LES CARTONS

Poin

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.Chg

ts

Série

s

LES DÉFENSES

LES BUTEURS

LES ATTAQUES

51 15 6 22349 15 4 42338 10 8 42238 10 8 52337 10 7 62335 10 5 72232 9 5 92331 8 7 82330 9 3 112329 8 5 102328 7 7 92328 7 7 92325 5 10 82324 6 6 112322 5 7 112321 4 9 102320 4 8 112317 3 8 1021

1 Marseille 2 Bordeaux 3 Lyon 4 Nantes 5 Rennes 6 Monaco 7 Montpellier 8 Auxerre 9 Bastia10 Lens11 Paris SG12 Metz13 Strasbourg14 Nancy15 Le Havre16 Toulouse17 Lorient18 Sochaux

+ 23+ 29+ 11+ 9+ 2

+ 10+ 4+ 3– 1 – 2

0– 7– 6– 9

– 12

– 18– 19

– 17

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24e JOURNÉE : Samedi 13 février : Sochaux-Le Havre, Monaco-Rennes, Lens-Paris SG, Lyon-Nantes, Bordeaux-Bastia, Strasbourg-Auxerre, Lorient-Montpellier. Dimanche 14 février : Nancy-Metz, Toulouse-Marseille.

1 Bordeaux 49 buts • 2 Marseille 42 buts • 3 Montpellier 40 buts.

1 Marseille 19 buts • 2 Bordeaux, Lyon 20 buts • 4 Monaco, Paris SG 22 buts.

Nantes-Lens 2-0

Le Havre-Monaco 1-2

Lyon-Nancy 2-1

Marseille-Bastia 3-1

Rennes-Bordeaux 1-1

Paris SG-Sochaux 2-1

Metz-Lorient 3-0

Auxerre-Toulouse 1-2

Montpellier-Strasbourg 1-1

1

1

2

1

1

1

1

1 Auxerre 0 39 2 Nantes 1 333 Lorient 1 35

23e JOURNÉE

16 Bordeaux 5 5017 Lens 6 4018 Bastia 11 67

1 Wiltord (Bordeaux) 15 buts • 2 Laslandes (Bordeaux) 15 buts • 3 Maurice (Marseille) 11 buts.

Page 27: e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

LeMonde Job: WMQ0902--0027-0 WAS LMQ0902-27 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 10:49 S.: 111,06-Cmp.:08,11, Base : LMQPAG 54Fap:100 No:0348 Lcp: 700 CMYK

A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 27

0123 est édité par la SA Le Monde. La reproduction de tout article est interdite sans l’accordde l’administration. Commission paritaire des journaux et publications n° 57 437.

ISSN 0395-2037

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Tél : 01.42.17.39.00 - Fax : 01.42.17.39.26

P U B L I C I T É

AFFAIRE DE LOGIQUE PROBLÈME No 108MOTS CROISÉS PROBLÈME No 2623g SOS Jeux de mots :

3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

Situation le 8 février à 0 heure TU Prévisions pour le 10 février à 0 heure TU

HORIZONTALEMENT

I. Coupe du monde. – II. Cou-verture légère. Mit en couleur.– III. Sa prise déclenche les hostili-tés. Souvent en ville, ils travaillentà la campagne. – IV. Bien engagé.Ouvre la valise. Dans la farine. – V.Sans bavure. Qui remonte vers lesparents. – VI. Plutôt irrégulièrecette attirance de la Lune par leSoleil. Ignoble. – VII. Chanté àl’office. Aide au tirage. – VIII. Pré-position. Devient intéressant avecla cure. Exclamation. – IX. Fermâtson corset. Paroles et musique

allemandes. – X. Une fin pour Io.Comme Io, elle fut aimée parZeus.

VERTICALEMENT

1. Mise à l’eau ratée pour le bâti-ment. – 2. Couleur de fonds. – 3.Poussent un peu loin le régime.Petit et craquant. – 4. Vieilleshabitudes. Compresseur depuispeu disparu. – 5. Elle suit de près,parfois dangereusement. – 6. Faitle bon poids. Victoire qui ouvritles portes de Berlin à l’empereur.– 7. Sa scène est ouverte à tous.

Font leurs trous. – 8. Bien plein.– 9. Ensemble. Réservés en théorieaux revenus les plus modestes.– 10. Dans ces lieux. Du mauvaiscôté dans la séparation. – 11.Rapace qui crie moins qu’on le dit.Article retourné. – 12. Comme unevoix sortie des fosses.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 2622

HORIZONTALEMENT

I. Irrésistible. – II. Moulinée.Rab. – III. Butane. Noé (Eon). –IV. Ré. Négatif. – V. OLP. Caresser.– VI. Globule. Mi. – VII. Leurre.Plouf. – VIII. Lue. Iles. – IX. Open.Adoubée. – X. Sites. Etrier.

VERTICALEMENT

1. Imbroglios. – 2. Rouelle. Pi.– 3. Rut. Poulet. – 4. Elan. Brune.– 5. Sinécure. – 6. Inégalé. – 7. Se.Are. Ide. – 8. Tente. Plot. – 9. Oise-leur. – 10. Brefs. Osbi (bois).

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Solution du problème no 107, paru dans Le Monde du 2 février

Un 1/1999e de page coûte 70 F, et un 1/13e de page coûte 1 280 F.b Si une annonce occupe 1/3 de la page, d’après la loi 2, elle coûte la moitié duprix d’une page, soit 4 480 F. Mais en vertu de la loi 4, une annonce occupant 2/3de page est facturée le même prix, et d’après la loi 1, toute surface comprise entre1/3 et 2/3 de page est facturée 4 480 F. En particulier, une surface de 729/1999es

coûtera ce prix. Donc, d’après la loi 2, 243/1999es coûteront 2 fois moins, 81/1999es

encore 2 fois moins, et ainsi de suite jusqu’à 1/1999e de page, qui coûtera 70 F.b Appelons x le prix de 1/13e de page, et S = 8 960 le prix d’une page.12/13es coûtent S – x d’après la loi 4, 4/13es coûtent (S – x)/2 d’après la loi 2, 9/13es

coûtent (S + x)/2 d’après la loi 4, 3/13es coûtent (S + x)/4 d’après la loi 2, 1/13e coûte(S + x)/8 d’après la loi 2.On résout l’équation x = (S + x)/8, qui donne x = 1 280 F.

Le traind’engrenages

UN TRAIN d’engrenages estformé de quatre roues dentées A,B, C et D de 36, 10, 35 et 9 dents,disposées sur trois tiges, commeindiqué sur la figure ci-contre.

b De combien de tours, ou frac-tions de tour, tournera la roue Dlorsque la roue A fait un tourcomplet ?

b Si vous pouviez modifier lenombre de dents des roues C et D,combien en mettriez-vous pourque la roue D fasse 15 tours quandla roue A en fait 1

Elisabeth Busser et Gilles Cohen

© POLE 1999

Solution du problème dansLe Monde du 16 février

La petite dernière du système solaire

Infographie : Le Monde

Plus petite planète du système solaire, Pluton effectue sa révolution autour de notre étoile en 247 ans.Mais, du fait de son excentricité, elle se situe pendant vingt ans plus près du Soleil que ne l’est Neptune. PLUTON

PLUTON

Le 9 février

URANUS

Le système solaire extérieur

NEPTUNE

SATURNE

JUPITER

ÉTATS-UNIS

(Les proportions des planètes ne sont pas respectées)

Lever Coucher

Lever Coucher

8 h 06 18 h 04

5 h 17 14 h 20

SOLEIL ET LUNE DE LA SEMAINE• vendredi 12 février 1999 (à Paris) •

ASTRONOMIE

Pluton conserve son statut de neuvième planète du système solaireQUI CROIRAIT, en pensant à la

très lointaine Pluton, que la neu-vième planète du système solaireétait, sans qu’elle en ait la moindreidée, au cœur d’un débat passionnéentre astronomes. Une polémiquequi vient de connaître un terme– provisoire ? – mardi 3 février.« C’est une très longue histoire, quim’a dévoré une quantité de temps in-croyable », en sourit encore Jo-hannes Andersen, le secrétaire gé-néral de l’Union astronomiqueinternationale (UAI). Cette dernièreétait ni plus ni moins accusée devouloir déclassifier Pluton, de lui re-tirer son grade de planète.

C’est que ce corps, découvert le18 février 1930 par l’AméricainClyde Tombaugh, n’entre dans au-cune des deux grandes catégoriesreconnues au sein de notre systèmesolaire : les planètes telluriques(Mercure, Vénus, Terre et Mars) etles géantes gazeuses (Jupiter, Sa-turne, Uranus et Neptune).

Avec un diamètre de seulement2 200 kilomètres, Pluton est plus pe-tite que notre Lune. Si la Terre pe-sait 1 kilo, sa lointaine homologuene pèserait qu’un peu plus de2 grammes. Un petit caillou à côtéd’une grosse boule de pétanque. Deplus, son orbite est inclinée de plus

de 17 degrés par rapport au plan del’écliptique alors qu’aucune desautres planètes n’en dévie de plusde 7 degrés.

Enfin, et ce n’est pas la moindrede ses « bizarreries », Pluton décritune trajectoire si excentrée par rap-port au Soleil que, au cours de sonparcours de 247 ans autour de notreétoile, elle se retrouve, vingt ans du-rant, plus proche du Soleil que nel’est Neptune, la « huitième pla-nète ». C’est le cas depuis le 21 jan-vier 1979. C’est encore le cas àl’heure où ces lignes sont impri-mées. Cela ne le sera plus le 9 fé-vrier.

COLLISION IMPOSSIBLECe jour-là, Pluton croisera le plan

orbital de Neptune et reprendra sadernière place dans le cortège pla-nétaire pour 227 ans. Qu’on se ras-sure, selon les calculs des astro-nomes, les orbites de ces deuxplanètes sont telles qu’elles n’entre-ront jamais en collision l’une avecl’autre.

Le cas de Pluton l’excentrique,petite bille recouverte d’azote et deméthane gelés, ne s’est pas arrangéavec la découverte, en 1992, du pre-mier représentant d’une nouvellecatégorie d’astres lointains. Au-

jourd’hui, ces « objets transneptu-niens » (TNO, selon l’abréviationanglaise) composent une famillecomptant environ soixante-dixmembres mesurant au maximumquelques centaines de kilomètres dediamètre. Pluton, selon certains as-tronomes, dont Jane Luu (universitéde Leyde, aux Pays-Bas) qui codé-couvrit le premier TNO, ne seraitque le plus gros d’entre eux.

La discussion s’est donc ouverteau sein de l’UAI, qui fédère les as-tronomes professionnels du mondeentier, pour savoir s’il fallait donnerun numéro à Pluton dans cette liste,ou bien l’intégrer dans la classifica-tion, beaucoup plus vaste celle-là,des petites planètes. L’AméricainBrian Marsden, responsable duCentre des petites planètes à l’UAI,proposait d’attribuer à Pluton l’ho-norifique numéro 10 000.

LA SEULE « AMÉRICAINE »Levée de boucliers outre-Atlan-

tique : on s’attaquait au statut de laseule planète découverte par unAméricain ! « A mon avis, juge le se-crétaire général de l’UAI, ce débatétait complètement farfelu et décalépar rapport à une mise au point tech-nique. Faites la comparaison avecmoi. Depuis que je suis né, je suis Jo-

hannes Andersen. Plus tard, on m’adonné un numéro de Sécurité socialemais je n’en suis pas redevenu singepour autant ! »

Mardi 3 février, l’UAI a, pour cal-mer les esprits, publié un communi-qué indiquant qu’elle n’avait jamais« proposé de changer le statut de Plu-ton ». L’incident est donc clos, maispour combien de temps ? « La clas-sification actuelle est basée sur descaractéristiques historiques et nonphysiques. Pluton est l’objet le plusbrillant au-delà de Neptune mais il sepourrait bien que, d’ici dix ou quinzeans, on découvre un corps plus mas-sif, plus grand et plus sombre... »

Pierre Barthélémy

LE CARNETDU VOYAGEUR

a ALLEMAGNE. Lufthansa an-nonce des « prix légers » sur quel-que cinquante destinations long-courriers. Citons New York (2 170 F,330 ¤), San Francisco (2 733 F,416 ¤), Toronto (2 166 F, 330 ¤), Riode Janeiro (3 346 F, 510 ¤), Acapul-co (3 250 F, 495 ¤), Johannesburg(3 420 F, 521 ¤), Bombay (3 172 F,483 ¤), Pékin et Shanghaï (3 361 F,512 ¤). Pour en bénéficier, acheterson billet avant le 15 mars et voya-ger entre le 12 avril et le 31 mai.Réservations au 0802-020-030.a HÔTELS. Estonie, Togo, Maroc,Madagascar, Australie et Thaï-lande figurent parmi les pays ve-nus étoffer le réseau des hôtelsMercure dont les 420 établisse-ments sont présentés dans leGuide Mercure 1999. Parmi les40 nouveaux venus, 32 se trouventen Europe, dont 11 aux Pays-Bas.Mercure est désormais implanté àCuba et en Colombie. Renseigne-ments au O803-88-33-33.

Encore un peu de neige dans le nordMARDI, la dépression, ainsi que

la perturbation qui l’accompagne,s’enfonce sur le sud du pays, ame-nant des pluies en plaine et de laneige en montagne. Avec un fluxde nord, la moitié nord passe pro-gressivement en ciel de traîne, avecde l’air froid et quelques averses deneige.

Bretagne, pays de Loire, Basse-Normandie. – Poussé par un ventde nord l’air froid s’installe. Nuageset éclaircies alterneront. Quelquesaverses pourront se produire prèsde la Manche. De rares flocons nesont pas exclus en Normandie.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Les passages nuageux al-terneront avec quelques éclaircies.Des averses de neige se produirontencore çà et là. Le vent de nord, quisoufflera jusqu’à 50 km/h, accen-tuera la très nette impression defroid qui domine.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. – Ilneigera en Franche-Comté au-des-sus de 500 m le matin et jusqu’en

plaine l’après-midi. En Bourgogne,ce sera tantôt un peu de pluie, tan-tôt un peu de neige, avant le déve-loppement d’éclaircies. Le vent denord accentue la sensation defroid.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – La journée serapluvieuse en Midi-Pyrénées. EnAquitaine, des éclaircies se deve-lopperont l’après-midi, comme enPoitou-Charente, où le soleil ferades apparitions dès le matin. L’airfraîchit par le nord.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Journée pluvieuse et ven-tée avec des pluies sur les versantsouest des reliefs et de la neige au-dessus de 1000 m en Auvergne etde 300 m dans les Alpes. Des éclair-cies se développeront l’après-midien Limousin.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse.– Pluies et vent d’ouest n’épargne-ront personne. Il neigera au-dessusde 500 m en soirée sur les Alpes duSud. Le vent atteindra 90 à100 km/h sur la pointe varoise. 10o 20o0o

40 o

50 o

Belfast

Belgrade SofiaToulouse

Barcelone

Dublin

Londres

Paris

Lyon

Nantes

Bruxelles

Amsterdam

Liverpool

StockholmOslo

Berlin

Prague

VienneBudapest

Bucarest

Strasbourg

Moscou

Kiev

MadridLisbonne

Séville

Alger

Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brumebrouillard

Brèveséclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropoleAJACCIOBIARRITZBORDEAUXBOURGESBRESTCAENCHERBOURGCLERMONT-F.DIJONGRENOBLELILLELIMOGESLYONMARSEILLE

NANCYNANTESNICEPARISPAUPERPIGNANRENNESST-ETIENNESTRASBOURGTOULOUSETOURSFRANCE outre-merCAYENNEFORT-DE-FR.NOUMEA

PAPEETEPOINTE-A-PIT.ST-DENIS-RÉ.EUROPEAMSTERDAMATHENESBARCELONEBELFASTBELGRADEBERLINBERNEBRUXELLESBUCARESTBUDAPESTCOPENHAGUEDUBLINFRANCFORTGENEVEHELSINKIISTANBUL

KIEVLISBONNELIVERPOOLLONDRESLUXEMBOURGMADRIDMILANMOSCOUMUNICHNAPLESOSLOPALMA DE M.PRAGUEROMESEVILLESOFIAST-PETERSB.STOCKHOLMTENERIFEVARSOVIE

VENISEVIENNEAMÉRIQUESBRASILIABUENOS AIR.CARACASCHICAGOLIMALOS ANGELESMEXICOMONTREALNEW YORKSAN FRANCIS.SANTIAGO/CHITORONTOWASHINGTON AFRIQUEALGERDAKARKINSHASA

LE CAIREMARRAKECHNAIROBIPRETORIARABATTUNISASIE-OCÉANIEBANGKOKBOMBAYDJAKARTADUBAIHANOIHONGKONGJERUSALEMNEW DEHLIPEKINSEOULSINGAPOURSYDNEYTOKYO

09 FEVRIER 1999

6/12 P 5/11 P 3/10 N -1/5 N 1/4 N 0/2 N -1/4 N -1/6 N -2/2 * -2/2 * -1/1 * -2/7 N 0/5 P

4/12 P

1/4 N -2/1 *

4/12 P -1/1 *

1/8 P 5/12 P 1/4 N 0/4 P -2/1 * 4/10 P 1/4 N

24/28 P 22/27 S 25/28 S

7/15 S 6/13 S 0/3 P

24/28 C

25/30 P 19/28 S

-3/2 C -3/6 P -3/-2 S -5/-2 C -3/1 C -5/4 S -3/1 P -5/-2 S -2/2 N -3/-1 N -4/1 C

-17/-13 C 3/9 S

-2/10 N 4/11 P -4/-3 C

-3/2 N -3/3 S

-6/-3 C 9/15 P

-14/-5 C -7/-1 C 3/11 P -15/-9 N 8/16 C -5/-3 C 6/13 P 6/16 N -6/3 N

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10/14 N -6/-3 C

-1/7 N 21/28 N 17/25 S 20/29 S

0/6 N -4/1 N

22/28 N 7/15 P 12/24 S -11/1 N 0/6 S

6/10 N 14/31 S -2/2 S

-1/14 N

5/16 C 16/23 N 21/30 C

9/16 S 8/16 N

17/29 S 19/30 S

12/20 S 6/16 S

21/29 N 19/28 S 26/29 C 18/27 S 18/24 S 14/22 S 11/19 S 10/24 S -3/7 S 0/8 N

25/31 P 22/24 P 2/10 S

09 FEVRIER 1999 09 FEVRIER 1999

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30

C U LT U R ELE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999

HELSINKIde notre envoyée spéciale

Sylvie Guillem est trop orgueil-leuse, ou trop modeste, pour fairesemblant. Est-elle ou n’est-elle paschorégraphe ? Elle pose la questionfrontalement, en signant sa pre-mière création pour le Ballet natio-nal de Finlande. La voilà qui ne peutplus reculer. Depuis plus d’un an,elle a décidé de se faire violence, enmettant à plat sur le plateau tout cequ’elle a appris de son corps d’ex-ception, de son intelligence (trèsgrande, très angoissée), ses doutes,ses terreurs. Elle, Sylvie Guillem,s’expose, paradoxalement cachée,protégée, tout là haut, dans cette ci-té du nord de l’Europe, en ce mo-ment prise dans les glaces, lesneiges amoncelées. Avec un ther-momètre voisinant – 17 degrés. Evé-nement comparable à Nijinski lan-çant toutes ses forces créatricesdans Le Sacre du printemps, prou-vant, au risque de sa santé mentale,et contre l’avis de tous, qu’un dan-seur hors du commun peut aussiêtre un chorégraphe qui inventetout. A l’inverse de Nijinski, SylvieGuillem part de ce qu’elle connaît lemieux : le répertoire classique duXIXe siècle. Et s’attaque au ballet leplus connu : Giselle. Avec ce désirtrès vif d’en dire la modernité. Carcomment pourrait-elle, elle, la plusimpressionnante danseuse de sontemps, consacrer sa vie à interpréterdes histoires démodées ?

« Dans Giselle, il fallait retrouverce rôle puissant de femme devenueau fil des ans une bécasse. Ce balletm’agaçait tellement, à cause de soninvraisemblance historique, théâ-trale ! Je ne savais pas dans quoi jeme lançais, mais je savais ce que jene voulais plus voir. Il fallait bâtir,analyser, et recréer ; voire créer detoutes pièces », dit l’étoile au lende-main d’une première représentationcrépitante, émouvante, devant lepublic élégant d’Helsinki.

SA VOLONTÉ EST UN COUTEAULes spectateurs ont l’habitude, en

arrivant aux vestiaires, de troquerles gros godillots contre des escar-pins. Le passe-montagne contre undécolleté. Cet Opéra du GrandNord a de l’allure. Des filles auxcheveux de lin. Et un exceptionneldirecteur de la danse : Jorma Uoti-nen, sorte de Méphisto habillé enHamlet, aussi inquiet que SylvieGuillem. Une paire magnifique.« Au départ, ce Giselle a été conçupour être un film, reprend la dan-seuse. Jorma m’a alors proposé,après avoir lu le script, d’en faire uneversion scénique pour le Ballet natio-nal de Finlande. Il a pris ce risqueavec bonheur. »

Nombril à l’air, petit haut minus-cule dégageant épaules et bras mus-clés, elle vient de prendre la leçondonnée par Jarmo Rastas. Enfileune chemise blanche, des chaus-sons fourrés rouges. « Je n’ai pas eule temps de visionner la vidéo duspectacle d’hier soir, dit-elle. Mais lesdanseurs sont là. Ils attendent descorrections. »

Il faut le voir pour le croire : Guil-lem, la timide, née pour diriger.Sans élever la voix. Sachant le pou-voir du verbe, des mots qui magné-tisent. Observer le regard d’amourde ceux qui l’écoutent... « Elle peuttout, murmure David Garforth, chefde la Philharmonique de Monte-Carlo, partenaire musical de cetteGiselle. Elle donne du sens à tout cequ’elle touche. De plus, elle est si mu-sicale que tout devient plaisir. Elle estdorénavant taillée pour diriger unegrande maison. » La maturité est là.L’étoile en a fini d’exister à traversses refus. Elle est entrée dans laphase où l’on construit. Décidée àêtre positive. A croire en sa force.Des années qu’elle s’entraîne, tel lesamouraï, à affronter cette initia-tion.

Elle reprend le pianiste qui pa-tauge, chante le passage qu’elleveut. Sa volonté est un couteau.« Tu peux changer les pas. L’impor-tant est la manière dont tu te ra-

contes ton histoire, dont tu lacommuniques au public », explique-t-elle à Asla Jääskeläinen et à JoyceKitseroo. Mais qui est cette Giselle ?Vaut-elle encore le coup qu’on luiconsacre tout son temps, toutes sespensées ? Une petite paysanne quitombe amoureuse d’un beau gar-çon (Albrecht), qu’elle prend pourun paysan alors qu’il appartient à lanoblesse. Jeu de masques. Elle enoublie son soupirant (Hilarion).Amour brisé net entre classes so-ciales différentes. Giselle, devenuefolle, meurt d’amour. Et se trans-forme en willis, c’est-à-dire en créa-ture qui revient sur la terre pourtourmenter les hommes infidèles,

jouer avec leurs sentiments. A cha-cun son tour de souffrir.

MERVEILLEUSE FOLLEApothéose du romantisme ? Mo-

nument de réalisme social ? « J’airendu à l’histoire sa logique. Je vou-lais un premier acte qui reconstituevraiment une vie de village, avec despersonnages qui soient autre choseque des potiches sur le bas-côté. J’airesponsabilisé les danseurs. A eux detrouver l’histoire de leur personnage.J’ai été jusqu’à écrire des dialogues.Toi, tu es un ivrogne, ta femme t’aplaqué en emportant ton môme. Toi,tu es l’idiot, invente tes tics. Il fallaitcependant que tout reste compréhen-

sible. Je voulais des nobles quimangent bruyamment après une par-tie de chasse, des mains aux fesses.Sinon, on s’ennuie dans ce premieracte qui n’arrête pas de raconter lamême chose. Je voulais des paysansqu’on puisse encore trouver au-jourd’hui. Des vendangeurs qui aientl’air de savoir le poids des raisins. Jene pouvais pas tout apprendre auxdanseurs. Je leur ai donné tout ce queje pouvais. Je les ai dirigés commemoi-même je ne l’ai jamais été.Comme je l’ai toujours rêvé. Toujoursdisponible pour répondre aux ques-tions. Ne jamais dicter son savoir. »

Dégraissage, lifting. Coupe au sé-cateur de ce qui vient alourdir, dé-naturer la diagonale de cette mer-veilleuse folle de Giselle. Ledeuxième acte, l’acte blanc des wil-lis en longs tutus, a radicalementchangé.

La chorégraphe a dessiné pourchacune des femmes une robe demariée adaptée à sa personnalité.Elle a voulu que ces créatures, habi-tuellement éthérées, phtisiques,soient heureuses de s’amuser, à leurguise, avec les hommes. Qu’ellescessent d’être des victimes. « J’aipartiellement réussi ce pari. MinnaTervamäki, reine des willis, aussi belleque Sharon Stone, incarne cette sen-sualité affirmée que je désirais obte-nir. »

Tenter que les danseurs en-tendent des choses nouvelles. Passeulement sur Giselle, mais sur eux-mêmes, sur la complexité de leurtravail. Credo de Guillem : la scèneest le lieu idéal de la psychanalyse.S’y livrer tout entier, y révéler sa vé-rité. Chercher un rôle n’a pasd’autre sens que d’oser la libertéd’être unique.

MÉCONTENTEMENT MOTEUR« Je suis venu à bout de ce Giselle,

mais je n’y croyais pas. Au début, j’aiperdu beaucoup de temps. Tout estécrit sur le papier, tout vibre dans latête. Il faut jeter sans arrêt. J’étais làde neuf heures du matin à onzeheures du soir. Je faisais tout au fur età mesure. Les lois syndicales m’empê-chaient d’avoir tout le monde enmême temps. Les règles sont strictes.Les pauses inviolables. Par exemple, jen’avais pas le droit de parler auxdanseurs dans les couloirs, ou à lacantine, car ces échanges étaientconsidérés comme des heures supplé-mentaires ! »

Tout est organisé dans la vie deSylvie Guillem. Non pas en fonctionde sa vie personnelle, mais en fonc-tion de ce qu’elle veut vivre enscène. Des analyses lui indiquentses besoins alimentaires, exacte-ment ce qu’il lui faut absorber pourmaximiser son énergie. A Helsinki,l’étoile souhaite dîner au restaurantjaponais Koto. Doudoune de grim-peuse d’Himalaya, mais plisséMiyake pour la robe qu’elle dé-couvre. Air d’une star en exil. D’unejeune Greta Garbo qui, à l’aube deses trente-cinq ans, maîtrisant le re-gard des autres, descendrait sou-dain dans l’arène de la vie.

Tofu grillé et eau plate. « Je vis unéternel mécontentement. Le senti-ment de culpabilité est uneconscience plus forte que la volonté,qui travaille à votre insu. Et derrièrela conscience, il y a l’instinct. Autantde moteurs qui, au bout du compte,ont permis l’immense plaisir de cetaboutissement. » Sylvie Guillemparle des noyés qui peuplent sonsommeil. Evoque les paroles de cetostéopathe aveugle qui la troublentencore : « Je sens une petite fille quiaimerait faire sentir son besoind’amour. ». En la réalisatrice Fran-çoise Ha Van, en Gilles Tapie (il estaussi l’homme qui partage sa vie),elle sait avoir trouvé son équipe.L’amour fou ? « Pour que les dan-seuses comprennent la scène de la fo-lie de Giselle, je leur ai fait écouterOrly de Jacques Brel. Savoir chanterà ce point les sentiments est capitalpour la compréhension de l’être hu-main. »

Dominique Frétard

Sylvie Guillem offre à Helsinki une Giselle mise à nu par l’amour fouPour sa première chorégraphie, qu’elle interprète avec le Ballet national de Finlande,

la danseuse étoile choisit une des pièces les plus romantiques du répertoire et en révèle l’ardente modernité

Le livret de Giselle, ballet en deux actes, est signé Théophile Gautier,amoureux de la danse et des danseuses. Il s’inspire du spiritisme envogue à l’époque. L’héroïne, petite paysanne, se réincarne en elfe (Wi-lis) inaccessible. Jules Coralli et Jules Perrot ont écrit la chorégraphie.Ce ballet fut dansé pour la première fois, à Paris, le 28 juin 1841. Lerôle-titre est créé par Carlotta Grisi (Giselle), Lucien Petipa incarnantcelui d’Albrecht. Puis, en 1884, à Saint-Pétersbourg, le maître de balletfrançais Marius Petipa donne sa propre version.

Giselle est l’héroïne par laquelle les étoiles triomphent (Alicia Mar-kova, Margot Fonteyn, Yvette Chauviré, Alicia Alonso, ont toutes mar-qué le rôle). En 1982, le Suédois Mats Ek présentait une Giselle mar-xiste, victime de la lutte des classes. Sylvie Guillem a préféré pour saversion, qui est aussi sa première chorégraphie, revenir à la logiqued’un personnage féminin plus charnel, au réalisme des situations.

Une certaine idée de la femme

Jorma Uotinen, équilibriste et directeur de ballet

PORTRAITIl préfère la scèneà son poste, chante,joue dans des téléfilms.Et reste un écorché

JORMA UOTINEN, actuel direc-teur du Ballet national de Finlande(fondé en 1921), est un dandy auxcheveux blonds-blancs. « C’est unchat sauvage enfermé dans un bu-

reau », dit de lui Sylvie Guillem.L’homme a l’air hanté. C’est aussiun pragmatique. Après avoir étéun danseur inoubliable chez Caro-lyn Carlson, il est retourné en Fin-lande il y a dix ans. Prenant la di-rection du Théâtre municipald’Helsinki, puis celle du Ballet na-tional au sein du nouvel opéra, ou-vert en 1993 (ce bâtiment estl’œuvre du cabinet d’architectureHyvamaki-Karhunen-Parkkinen).

Jorma Uotinen sera l’homme quia su convaincre Sylvie Guillemd’oser la chorégraphie. « La lo-gique qu’elle a trouvée à l’histoirerend son Giselle très moderne. Trèscinématographique aussi, avec tousces mouvements circulaires qui ani-ment l’acte 1. J’ai déjà demandé à

Sylvie Guillem un autre ballet. »Dans son bureau dont la simplicitésurprend, Jorma Uotinen, qui estaussi un chorégraphe contempo-rain, laisse entendre qu’il n’est pashomme de pouvoir traditionnel :« Le jour où je n’ai plus de satisfac-tion morale, intellectuelle, ou artis-tique, j’arrête tout. J’y ai songé il y adeux ans. J’avais chorégraphié unballet que je n’aimais pas. Tout rou-lait, mais je me sentais vide. Avecl’aide de textes de Fernando Pessoa,je suis reparti à la recherche de monmouvement. Un solo a vu le jour,The Man who never was... J’en aifait un film qui a gagné le Prix Italiaen octobre 1998. Je viens d’acheverKolmas Yö, une pièce pour seizedanseurs. J’ai enfin retrouvé la subs-tance de mon travail, la profon-deur. »

« FAIRE AVANCER LA DANSE »Uotinen reste un écorché. Il

chante. Il joue dans des téléfilms.« Si je dois faire un choix, j’optepour la scène. Mon contrat de direc-teur court jusqu’en l’an 2001. » Cha-cun reconnaît qu’il sait l’art délicatde composer un répertoire. « Il atous les classiques, dans de trèsbonnes versions, dit Sylvie Guillem,difficile en la matière. Il lui manque

seulement un Cendrillon. Il travailleavec Forsythe, Kylian, Ohad Naha-rin, tous les grands contemporains. »

Le matin même, nous avions as-sisté à une répétition très sportivede Noces du Français Angelin Prel-jocaj. « Je vois beaucoup de jeunestalents à Helsinki, explique JormaUotinen. Je viens de passercommande à une chorégraphe indé-pendante Sanna Kekalainen. Quantà Tero Saarinen et Kenneth Kvarnsr-tröm, ils ont déjà tous deux choré-graphié pour la compagnie. Monrôle consiste à faire avancer ladanse en Finlande. L’opéra est deve-nu un pôle culturel fort. Nousn’avons plus à partir en tournée. Lepublic vient à nous en bus. Il voitainsi nos programmes dans de trèsbonnes conditions de salle et de pla-teau. »

Le Ballet national de Finlandecompte quatre-vingt-cinq dan-seurs. Son budget s’élève à 30 mil-lions de marks finlandais (5 mil-lions d’euros). Jorma Uotinen aenfilé une houppelande à la coupeimpeccable. Et a disparu. Telle unedivinité sylvestre qu’un traîneau,attelé à des loups argentés,.. attendquelques étages plus bas.

D. F.

Le commentaire joyeux d’un classique rajeuniGISELLE, de Sylvie Guillem(d’après les versions de Coralli/Perrot, et de Petipa), assistéed’Olivier Chanut. Adolphe Adam(musique). David Garforth (chefd’orchestre). Ramon B. Ivars(scénographie, costumes). SylvieGuillem (costumes des Wilis).Kimmo Ruskela (lumières). OPÉRA D’HELSINKI, les 2 et4 février. Le spectacle sera reprisen l’an 2000 au Sadler’s Wells àLondres et en 2001, au Châtelet,à Paris.

HELSINKIde notre envoyée spéciale

A l’angle de Mannerheimintie etde Helsinginkatu, l’Opéra d’Helsinki,tout blanc, lumineux, se fond dansle paysage de neige et de glace quienserre la ville. Un cadre parfaitpour raconter l’histoire de cette Gi-selle que le désespoir et la morttransforment en créature de la nuit,appelée Wili. Les lumièress’éteignent. Musique. Lever de ri-deau. Nulle trace de paysans decarte postale, mais un décor de fa-çades grises, bistres, qui se déplace,se déroule, s’enroule. L’œil du spec-tateur devient travelling. Il va, il

vient, découvrant les protagonistes.Des gens s’apprêtent à partir chas-ser. Là, un dépenaillé boit au goulot ;ici, un idiot s’agite (superbe JavierTorrès). Vie de village. Lavandièreset vendangeurs. D’entrée de jeu, onsent la patte Guillem : le désir defaire vrai, mais pas forcément réa-liste.

La danseuse connaît le classique àtravers chaque fibre de ses muscles.Elle a enfin l’occasion de le débar-rasser de son côté « cucul ». Les pasde deux, les adages, les variations nesont plus isolés comme autantd’exercices de virtuosité, mais prisdans un continuum où l’action cen-trale – l’amour naissant entre Giselle(Sylvie Guillem) et Albrecht (KareLänsivuori, un physique de conte defées) – n’étouffe pas les actions se-condaires. D’ordinaire, quelqu’unqui voit Giselle pour la première foistrouve grotesque cette pantomimeexagérée. Sylvie Guillem a cherchéle geste juste, l’ellipse qui favorise lacompréhension.

Impression de vitesse, de raccour-ci. Il n’en est rien. Il s’agit seulementde raconter autrement une mêmehistoire. Quand Giselle découvrequ’Albrecht est de famille noble, queson amour est sans issue, elle de-vient littéralement folle de douleur.

Cette « grande scène de la folie »,Guillem, avec culot, avec sang-froid,l’escamote. Giselle se casse. Brutaledéchirure qui tétanise. Elle refuse dedanser autant de douleur. SylvieGuillem pleure. La chair de poule.Mon voisin soupire, à bout d’émo-tion : « How touching ! » Fin du pre-mier acte. Deuxième acte : forêt detubes d’acier figurant des bouleaux.Nuit de lune. La reine des Wilis ap-paraît. Grande Minna Tervamäki.Tout est parfait chez cette ballerine.

Comment danser le rôle principal,tout en dirigeant l’ensemble des in-terprètes ? Comment veiller aux cos-tumes, aux lumières ? Il y a des ins-tants fugitifs où l’étoile n’est pasentièrement dégagée de sa créationtoute neuve. Dans l’argument origi-nel du ballet, Giselle est décritecomme « une jeune fille qui ne peuts’empêcher de danser ». Une occa-sion pour Sylvie Guillem, qui ob-serve les uns, les autres, d’accompa-gner, en l’esquissant, la danse detous ses partenaires. Une sorte decommentaire joyeux, innocent, trèsjeune. Ainsi la chorégraphe re-tourne-t-elle en sa faveur le risquede dédoublement qui parfois laguette. Fort.

D. F.

DANSE Sylvie Guillem signe avecGiselle, pour le Ballet national deFinlande, sa première création. Elleaborde ainsi une nouvelle étape desa carrière, se mettant à diriger les

interprètes, créant les costumes,tout en jouant le rôle-titre. b LADANSEUSE ÉTOILE de l’Opéra de Pa-ris a revisité ce classique, créé en1841 par Marius Petipa, avec le désir

très vif d’en dire la modernité. Pourcela, elle n’a pas craint de « bâtir,analyser, et recréer ; voire créer detoutes pièces », a-t-elle déclaré auMonde. b C’EST JORMA UOTINEN,

le directeur du Ballet national deFinlande, qui a demandé à SylvieGuillem de se lancer dans cette cho-régraphie. Il compose à Helsinki unrépertoire classique en même temps

qu’il commande des créationscontemporaines, et déclare qu’iln’hésiterait pas à « arrêter tout » s’ilne trouvait « plus de satisfaction in-tellectuelle ou artistique ».

Kare Lansivuori (Albrecht) et Sylvie Guillem (Giselle) sur la scène de l’opéra d’Helsinki, dans les décors de Ramon B. Ivars.

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32 / LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 C U L T U R E

Une classe de théâtre itinéranteL’atelier qui a donné naissance à Alors, Entonces est la première ma-

nifestation de la Classe internationale itinérante issue du Laboratoire iti-nérant du théâtre (formation, échanges et création) initié par l’Actionfrançaise d’action artistique (AFAA) en coopération avec le Conserva-toire national supérieur d’art dramatique à Paris. L’objectif est d’appor-ter aux jeunes Français une première expérience internationale avantl’entrée au Jeune Théâtre national et dans la vie active.

L’atelier a réuni à l’été 1998 à Mexico, durant six semaines, six acteursfrançais issus du Conservatoire où ils avaient participé à l’atelier « Maté-riau Koltès » de Catherine Marnas en 1998, et huit acteurs mexicains sor-tis de la Escuela de Arte Teatral (CNA) et du Centro Nacional de lasArtes. Pour donner plus de relief aux rencontres, Catherine Marnas avoulu des participants d’origines différentes, de formations différentes,ne parlant pas leurs idiomes respectifs.

Paris-Mexico-Paris avec Catherine Marnasau Conservatoire d’art dramatique

La metteur en scène présente « Alors, Entonces », spectacle créé au cours d’un atelier dans la capitale mexicaineUn petit bout de Mexique s’est installé dans lecadre néoclassique du Théâtre du Conservatoire,à Paris. La metteur en scène Catherine Marnas y

présente, jusqu’au 11 février, Alors, entonces,spectacle qu’elle a créé à l’été 1998 à Mexico aucours d’un atelier franco-mexicain. L’expérience

associe des textes contemporains (Gabily, Kol-tès, Lagarce, Mazev, Py), auxquels ont été ajou-tés des œuvres mexicaines (Kahlo, Revueltas).

SOIR DE FÊTE. Filles en robenoire, épaules nues. Garçons encostume gris, cravate. Ecrasés parla touffeur de une, deux, trois, dixversions de Besame mucho quis’abattent sur eux. Dans le cadrenéoclassique du Théâtre duConservatoire, devant un chaos depeintures pompéiennes et de ten-tures accordées, un petit autelbrûle à jardin, où pointe leMexique. Chaque acteur s’avancedans l’ovale brutal d’un projecteurpour dire un moment d’enfance.Le français et l’espagnol se frôlent,se croisent, s’emmêlent.

Traduction, entraide, déguise-ment dans la langue de l’autre,rires juvéniles. Reflux soudains,dans l’exercice de corps qui re-viennent chercher leurs marques.A chaque nouvelle avancée vers lemicro, chacun dépose un peu del’histoire de sa rencontre avecl’autre sur la sciure qui recouvre lascène. Elle est le sable de Vitez, ci-té ultérieurement : « L’acteur estun poète qui écrit sur le sable. »

Ainsi s’engage Alors, entonces,spectacle créé par la metteur enscène Catherine Marnas l’été1998 à Mexico au cours d’un ate-lier franco-mexicain dirigé par elleet réunissant des élèves issus del’enseignement supérieur duthéâtre en France et au Mexique.Expérience menée autour d’unepoignée de textes contemporains(Gabily, Koltès, Lagarce, Mazev,Py), auxquels ont été ajoutés desœuvres mexicaines (Kahlo, Re-vueltas). Le double « alors », deAlors, entonces, dit le lien qui lesunit, le passage de témoin entreles textes et les individus, les his-toires, les écoles. Une démarcheinséparable de l’itinéraire person-nel de Catherine Marnas, de sa

liaison passionnée avec leMexique.

La rencontre remonte à 1990,dans les pas de Georges Lavau-dant, qu’elle assiste à l’époque deVera Cruz. La jeune femme vientde vivre la disparition soudaine etsuccessive de ses proches, l’épui-sement de leur accompagnement.« Soudain, j’ai reçu le choc d’unecivilisation qui n’a jamais pousséaussi loin le tabou de la mort. Venude la tradition indienne, le rappel àchaque vivant qu’il est mortel, quechaque seconde peut être la der-nière. » Le Mexique lui offre sonsol pour donner le coup de talonqui la fait remonter à la vie, lavéede l’esprit de sérieux, de l’idée decarrière, de pouvoir.

LE RÔLE DE KOLTÈSTrois ans plus tard, elle vient en-

seigner au Foro de la Ribera, uneécole de théâtre. Son maniementde la langue est encore insuffisantpour diriger les cours. Il ne ralentiten rien sa volonté d’éclaircir « cemystère croissant que représente lejeu de l’acteur ». Elle sait déjà ce

que le Mexique doit lui apporter :éviter que le théâtre ne se refermesur lui-même, autour d’elle, l’aiderà repérer et combattre les effetsde mode, de plus en plus rapides às’imposer et à s’effacer.

Entre elle et le Mexique, unautre intermédiaire s’est imposé :Koltès. En 1995, Catherine Marnasmet en scène Roberto Zucco àGuanajuato, avec des comédiens,scénographes, techniciens mexi-cains. La pièce va tourner durantune saison. La metteur en scènemesure mieux ce qui sépare lesdeux côtés de l’Atlantique, dans lecomportement du public notam-ment. Elle repère ce que cet « angedoux » de Zucco, son « déraille-ment » dans la violence gratuite, ad’incompréhensible sur un terri-toire où les violences n’ont jamaiscessé. Elle n’en démord pas : « Laforce de révolte de Koltès est adé-quate, accordée au pays ». Aprèsson atelier « Matériau Koltès » auConservatoire en 1998, c’est en-core l’auteur de Dans la solitudedes champs de coton qui jouera lespasseurs des deux mondes, avec

un dernier texte partiellement iné-dit, laissé inachevé, qu’elle intègreà Alors, Entonces.

Cette fois, « adéquat » est bienle mot. Le ton est radicalementnouveau, plus joyeux et plus in-quiétant. Il devient l’une des mé-taphores possibles de la ren-contre. Il oppose une Cocochanelissime, haute en chapeau(Fred Cacheux) et sa soubrette in-dienne, Consuelo, rebelle forte enplumes (Giovanni Ortega). Entrele texte et la réalité s’ouvrent desextrêmes de l’aventure franco-mexicaine menée par CatherineMarnas. Au centre, loin des tem-pêtes, resteront des ouverturessur la vie et les personnes qui dé-bordent toute acquisition tech-nique. Les élèves auront pu « ap-prendre à désapprendre », commedit Fred Cacheux, et trouver, avecJorge Sepulveda « la basecommune d’un langage universel ».

Le Mexique n’en finit pas d’opé-rer son travail souterrain chez lesFrançais. Certains y sont déjà re-partis, comme Nicolas Martel etChloé Réjon. La jeune femme avoulu retraverser « dans les deuxsens le miroir entre les deuxmondes », et est revenue « avec unsentiment autre du cœur dutemps ». Tout le poids de sa voixporte sur le mot cœur.

Jean-Louis Perrier

. Alors, Entonces. Mise en scène :Catherine Marnas. Avec les élèvesde la classe internationale itiné-rante franco-mexicaine. Théâtredu Conservatoire, 2 bis, rue duConservatoire, Paris 9e. Mo Bonne-Nouvelle. A 21 heures. Entrée surréservation. Tél. : 01-53-24-90-16.Jusqu’au 11 février.

Gallimard rachèteses parts à HavasLES ÉDITIONS Gallimard ont racheté au groupe Havas la participa-tion qu’il détenait, depuis 1990, dans leur capital (12,5 %). Menée àl’initiative d’Antoine Gallimard, PDG de la maison, cette opérations’est faite, selon ce dernier, « de manière non conflictuelle », Havassouhaitant « se désengager de ses participations minoritaires », tandisque Gallimard, soucieux de « renforcer la structure de son capital »,veut « afficher de nouveau son indépendance ». Ce rachat vise aussi àse séparer d’un actionnaire qui, depuis la création d’Havas Publica-tions Editions, était entré dans la « zone concurrentielle » de Galli-mard.La part d’Havas disparaissant, l’opération s’accompagne d’une réduc-tion du capital de Gallimard, lequel passe, selon son PDG, de quelque10 à 9 millions de francs environ (1,37 million d’euros). La part de lasociété holding familiale Madrigall, dans laquelle Antoine Gallimardest majoritaire, passe de 51 % à 59 %, tandis que les actionnaires ex-térieurs – BNP, Natexis, Caisse des dépôts, Financière de Rothschild,Comptoir des entrepreneurs... – se partagent les 41 % restants. Galli-mard, qui a réalisé lors de l’exercice 1977-1998 un résultat net de55 millions de francs (8,38 millions d’euros) pour un chiffre d’affairesde 1,2 milliard de francs (182,92 millions d’euros), s’est refusé àcommuniquer le montant de cette transaction.

DÉPÊCHESa CINÉMA : le réalisateur américain Steven Spielberg et l’acteur TomHanks ont commencé cette semaine dans l’archipel des Fidji le tournaged’un nouveau film, Cast Away (Jeté à la mer), rapporte le magazine PacificIslands. Le tournage devrait durer un mois dans les îles Mamanuca, àl’ouest de l’archipel.a Le conseil régional d’Alsace organise un soutien financier pour larénovation des petites salles de cinéma dont il souhaite éviter la dispari-tion. Dans les quartiers défavorisés des grandes villes, dans les petites ag-glomérations et en milieu rural, le montant global des aides a été fixé à1,5 MF (228 000 ¤) à condition que les communes apportent une sub-vention équivalente. Les grandes structures de production et distributionen sont exclues.a ARTS : le Musée Getty (Etats-Unis) va remettre aux autorités ita-liennes trois antiquités, après être parvenu à la conclusion que ces objetsd’art avaient été volés. Il s’agit d’une coupe en terre cuite datant de480 avant J.-C., d’un torse de Mithra du IIe siècle après J.-C. et d’une copieromaine de la même époque de la tête du Diadumène de Polyclète.a La France est l’invitée d’honneur de l’ARCO à Madrid. Trente pays,mille artistes, 215 galeries d’art, dont 35 représenteront la France, serontréunis du 11 au 14 février, à Madrid, pour l’ARCO, foire internationale d’artcontemporain.a ALLEMAGNE : Michael Naumann est devenu officiellement mi-nistre délégué à la culture, après une modification de la législation quiréservait cette fonction à des députés du Bundestag. La décision de Ger-hard Schröder de se doter d’un ministre de la culture était très contestéedans un pays où le centralisme du régime nazi a laissé de mauvais souve-nirs et où les questions culturelles relèvent des Länder depuis la fondationde la RFA en 1949. Docteur en philosophie et ancien journaliste, MichaelNaumann présidait avant sa nomination une maison d’édition américaineet n’avait jamais exercé de fonctions politiques.a Le gouvernement allemand a annoncé, le jeudi 4 février, son inten-tion de ne pas amputer les subventions versées au Festival de Bay-reuth. Le projet de réduire de moitié l’aide de l’Etat à cette prestigieusemanifestation mais aussi au Musée allemand de Munich ainsi qu’à l’Or-chestre symphonique de Bamberg avait provoqué une vive émotion.

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C U L T U R E LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 33

Rossignol d’exception, Natalie Dessay ensorcelle StravinskyRIMSKI-KORSAKOV, Le Coq d’or(extrait) ; STRAVINSKY, Renard,Le Rossignol. Natalie Dessay, Ma-rie McLaughlin (sopranos), Hé-lène Perraguin (alto), Ian Caley,Vsevolod Grivnov (ténors), Al-bert Schagidullin (baryton),Laurent Naouri, Maxime Mik-haïlov (basses), Orchestre etChœurs de l’Opéra national deParis, James Conlon (direction).Palais Garnier, le 4 février à 20 h.

GUIDE

FILMS NOUVEAUXAfflictionde Paul Schrader (Etats-Unis, 1 h 54).Astérix et Obélix contre Césarde Claude Zidi (France, 1 h 45).Bubbles Galore (**)de Cynthia Roberts (Canada, 1 h 30).Buffalo’66de Vincent Gallo (Etats-Unis, 2 h).Children of the Revolutionde Peter Duncan (Australie, 1 h 38).Des chambres et des couloirsde Rose Troche(Grande-Bretagne, 1 h 36).Le Fantôme de l’Opéra (*)de Dario Argento (Italie, 1 h 43).Le Jour du peintre (**)de Werner Nekes (Allemagne, 1 h 24).Le Nuagede Fernando Solanas(Argentine, 1 h 50).O Amor Natural (**)de Heddy Honigmann(Pays-Bas-Brésil, 1 h 16).L’Ombre d’Andersendessin animé de Jannik Hastrup etBent Haller(Danemark, 1 h 18).La Petite Marchande de rosesde Victor Gaviria (Colombie, 1 h 45).Plus qu’hier, moins que demainde Laurent Achard (France, 1 h 26).Preaching to the Perverted (**)de Stuart Urban (Grande-Bretagne, 1 h 39).Redeyef 54d’Ali Abidy (Tunisie, 1 h 31).Vénus Beauté (Institut)de Tonie Marshall (France, 1 h 45).(*) Film interdit aux moins de 12 ans.(**) Film interdit aux moins de 16 ans.

TROUVER SON FILMTous les films Paris et régions sur leMinitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/mn)

ENTRÉES IMMÉDIATESLe Kiosque Théâtre : les places du jourvendues à moitié prix (+ 16 F decommission par place). Place de laMadeleine et Parvis de la gare Mont-parnasse. De 12 h 30 à 20 heures, dumardi au samedi ; de 12 h 30 à16 heures, le dimanche.Madame Jonas, prophèted’Elie-Georges Berreby, mise en scènede Stéphane Bouvet.Guichet-Montparnasse, 15, rue duMaine, 14e. Mo Montparnasse-Bienve-nüe. Le 8, à 20 h 30. Tél. : 01-43-27-88-61. De 50 F à 100 F. Jusqu’au 27 février.Di tanti palpitiCoup de cœur à Claire Geoffroy-De-chaume. Airs et romances pour voix etguitare de Cimarosa, Martin y Soler,Rossini et Guiliani.Péniche Opéra, 200, quai de Jem-mapes, 10e. Mo Jaurès. Le 8, 9 et 10, à20 h 30. Tél. : 01-42-45-18-20. 100 F.Bernard Levasseur (baryton)Louise-Andrée Baril (piano)Francis Poulenc : des animaux et despeintres.Bibliothèque nationale de France (siteTolbiac), quai François-Mauriac, 13e.Mo Quai-de-la-Gare. Le 9, à 19 heures.Tél. : 01-53-79-59-59. 100 F.Trio Gabriel-FauréIntégrale des trios pour piano, violonet violoncelle de Mendelssohn.Eglise des Billettes, 24, rue des Archi-ves, 4e. Mo Hôtel-de-Ville. Le 9, à19 heures. Tél. : 08-36-68-75-06. 120 F.Danse NomadeCafé de la danse, 5, passage Louis-Phi-lippe, 11e. Mo Bastille. Les 8 et 9, à20 h 30. Tél. : 01-47-00-57-59. De 90 Fà 120 F.

K’s ChoiceElysée-Montmartre, 72, boulevard Ro-chechouart, 18e. Mo Anvers. Le 8, à19 h 30. Tél. : 01-44-92-45-45. 110 F.Morgan Heritage, The Slackers,The GadjitsNew Morning, 7-9, rue des Petites-Ecuries, 10e. Mo Château-d’Eau. Le 8, à21 heures. Tél. : 01-45-23-51-41. De110 F à 130 F.Têtes raidesLavoir moderne parisien, 35, rueLéon, 18e. Mo Château-Rouge. Le 8, à20 heures. Tél. : 08-03-80-88-03. 100 F.Jusqu’au 20 février.Les NégropolitainsChansons de Boby Lapointe.Théâtre d’Edgar, 58, boulevard Edgar-Quinet, 14e. Mo Edgar-Quinet. Le 8, à20 h 15. Tél. : 01-42-79-97-97. De 70 F à90 F. Jusqu’au 28 février.IndigoThéâtre de Dix-Heures, 36, boulevardde Clichy, 18e. Mo Pigalle. Le 8, à20 h 30. Tél. : 01-46-06-10-17. 120 F.

RÉSERVATIONSCe soir on improvisede Luigi Pirandello, mise en scène deLuca Ronconi.Théâtre national de l’Odéon, 1, placePaul-Claudel, 6e. Du 4 au 17 mars.Tél. : 01-44-41-36-36. De 30 F à 170 F.Le Juif de Maltede Christopher Marlowe, mise enscène de Bernard Sobel.Théâtre, 41, avenue des Grésillons,92 Gennevill iers. Du 12 mars au18 avril. Tél. : 01-41-32-26-26. De 80 F à140 F.Kingde Michel Vinaver, mise en scèned’Alain Françon.Théâtre national de la Colline, 15, rueMalte-Brun, 20e. Du 11 mars au25 avril. Tél. : 01-44-62-52-52. De 55 Fà 160 F.Le Misanthropede Molière, mise en scène de JacquesLassalle.Maison de la culture, 1, boulevard Lé-nine, 93 Bobigny. Du 5 mars au 3 avril.Tél. : 01-41-60-72-72. De 60 F à 140 F.Natacha AtlasOlympia, 28, boulevard des Capu-cines, 9e. Le 17 mars, à 20 heures. Tél. :01-47-42-25-49. 159 F.

DERNIERS JOURS10 février :Les Merdicolesde Michel Albertini, mise en scène deMichel Albertini et Françoise Petit.Comédie-Française Studio-Théâtre,99, rue de Rivoli, 1er. Tél. : 01-44-58-98-58. De 45 F à 80 F.13 février :Sallingerde Bernard-Marie Koltès, mise enscène de Michel Didym.Les Abbesses (Théâtre de la Ville),31, rue des Abbesses, 18e. Tél. : 01-42-74-22-77. 95 F et 140 F.14 février :Sainte Jeanne des abattoirsde Bertolt Brecht, mise en scèned’Alain Milianti.Théâtre national de l’Odéon, 1, placePaul-Claudel, 6e. Tél. : 01-44-41-36-36.De 30 F à 170 F.Vie de Myriam C.de François Bon, mise en scène deCharles Tordjman.Théâtre national de la Colline, 15, rueMalte-Brun, 20e. Tél. : 01-44-62-52-52.De 55 F à 160 F.La Fuite en Egyptede Bruno Bayen, mise en scène del’auteur.Théâtre, 41, avenue des Grésillons,92 Gennevilliers. Tél. : 01-41-32-26-26.De 80 F à 140 F.

SORTIR

PARIS

JulietteJuliette est une chanteuse qui enimpose. Face au public, elleexplose de présence, toujours enformes et voix généreuses. Unpublic qu’elle aime volontiersprovoquer, arrogante et le verbeabrupt. Les convertis à sa causesont de plus en plus nombreux.D’où cet Olympia, amplementjustifié, pour lequel la dameemploie les grands moyens, unquintette de musiciens. On iraréentendre ses morceaux debravoure (notamment les textesque lui a écrits Pierre Philippe) etsurtout découvrir sur scène ceuxde son nouvel album, Assassinssans couteaux (Scalen).Olympia, 28, boulevard desCapucines, 8e. Mo Opéra. Les 9, 10,11, 12 et 13, à 20 h 30 ; le 14, à 17 heures. Tél. : 01-47-42-25-49. De 160 F à 240 F.Jean-Michel Pilc TrioLe pianiste Jean-Michel Pilcrevient, pour un passage éclair,des Etats-Unis, où il s’est installéen 1995. Il joue à New York,rencontre le dessus du panier dessolistes américains, multiplie lesoccasions de croisements desstyles et des genres. Pour ses deuxconcerts parisiens, Pilc, soliste auphrasé rythmique, compositeur deformes inattendues, sera avec lesfrères François (contrebasse) etLouis (batterie) Moutin, que lespianistes s’arrachent.Au duc des Lombards, 42, rue desLombards, 1er. Mo Châtelet. Les 8 et

9, à 22 heures. Tél. : 01-42-33-22-88. 80 F.Félix RuckertDe son passage chez Pina Bausch,il a acquis la certitude qu’unspectacle est avant tout uneforme, une mise en danger. Si ledanseur se mouille, le public doitaussi payer de sa personne,expérimenter une relationdifférente à la danse. Par exemple,un danseur se produit en solopour un spectateur seul, isolé.Dans ce nouveau spectacle, Ring,vingt et un interprètes font face àvingt et un spectateurs placés encercle. Tout peut arriver.Théâtre contemporain de la danse,9, rue Geoffroy-l’Asnier, 4e.Mo Saint-Paul. Du 8 au 12 février, à 19 heures. Tél. : 01-42-74-44-22.Le Sabotage amoureuxValérie Mairesse interprètel’héroïne du roman de la BelgeAmélie Nothomb, Le Sabotageamoureux, adapté et mis en scènepar Annabelle Milot. Fille dediplomate, la romancière faitrevivre, à travers un journalintime, son enfance en Chine et sapremière grande histoire d’amourabsolu pour une petite Italienne.Publié en 1993, ce livre est paruune année après Hygiène del’assassin, également adapté authéâtre par Gérard Desarthe en1993.Théâtre du Ranelagh, 5, rue desVignes, 16e. Mo Muette. Du mardiau samedi, à 21 heures ; le dimanche, à 17 heures. Tél. : 01-42-88-64-44. De 90 F à180 F. Jusqu’au 30 mai.

M.R

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CONCERTS

Centre culturel Calouste Gulbenkian51, avenue d’Iéna - 75116 Paris

Jeudi 11 février - 20 heures

Bin Chao, violon

Ju Hee Suh, piano

Beethoven - TartiniR. Strauss - Sarasate

Entrée dans la limite des places disponiblesp.e. Valmalete

Placée sous le signe de la légendeet du conte populaire russes, cettesoirée à Garnier nous a transportésdans ce monde fabuleux où leshommes et les animaux parlent lemême langage. Là, un vieux roi ri-dicule que tue un coq mal embou-ché ; là, un empereur que le chantsalvateur du rossignol ramènerades rives de la mort. Là encore, unglouton de renard convoitant uncoq vaniteux, pléonastique, avantque d’être lui-même la proie de lachèvre et du chat.

« Histoire burlesque chantée etjouée par quatre voix d’hommes etun orchestre de chambre », Renardappartient à la période suisse deStravinsky, dans la veine des Noceset de l’Histoire du soldat. De cettemusique colorée et volontiers bur-lesque, voire sarcastique, l’Or-

chestre de l’Opéra nous donne uneversion plus cauteleuse que caus-tique, la direction de James Conlontendant à en araser les pointes acé-rées et autres acidités. Mais chacundes instrumentistes prouve qu’ilpeut avoir à l’occasion l’étoffe d’unsoliste. Quant au quatuor vocal,c’est un régal : un Ian Caley criantde suffisante véhémence (le Coq),un Vsevolod Grivnov confondantde suave rouerie (Renard), laChèvre et le Chat (respectivementLaurent Naouri et Maxime Mikhaï-lov) se révélant de bien redoutableszélateurs.

PÊCHEUR OU EMPEREURIl était pertinent que la seconde

partie s’ouvrît sur le Finale de laSuite symphonique tirée du Coqd’or, le dernier opéra de Rimski-Korsakov ayant en effet précédé depeu le premier ouvrage lyrique deson élève Stravinsky, encore impré-gné de l’art du magister – du moinsen ce qui concerne le premier acte.Car l’œuvre, malgré un effectif or-chestral impressionnant, est en faitconçue comme un opéra dechambre. Dès la scène d’introduc-tion (étonnant rappel des Noc-turnes de Debussy : lignes si-nueuses de Nuages et appels deSirènes), un état de grâce mira-culeux.

Pour Natalie Dessay, la salle seferait volontiers pêcheur ou empe-reur. C’est un chant irrésistible,merveilleux de délicatesse, rond etclair, d’une élasticité incomparable.Comme l’oiseau que son chant seuldistingue tant est discrète sa robe,la voix de Natalie Dessay a le fon-dant des nuits de printemps, la ma-gie des amours à venir. Elle saitdonner à chaque inflexion sa justemesure, moduler le son et lesouffle jusqu’à l’extase, passer surle chemin semé d’embûches des in-tonations, se jouant des intervalleset des ambitus. Chaque note est unenchantement.

Autour de ce Rossignol d’excep-tion, la distribution ne manque pasde lustre : pour Vsevolod Grivnovdevenu Pêcheur, l’onctuosité s’estfaite ferveur, quant au Chat et à laChèvre (Laurent Naouri et MaximeMikhaïlov) désormais Bonze etChambellan, ils ont tous deux laprestance de leurs rôles. De mêmepour Albert Schagidullin (l’Empe-reur), Marie McLaughlin (la Cuisi-nière) et Hélène Perraguin (laMort), en tous points remar-quables. Chœur et orchestre engrande tenue nous laisseront long-temps au cœur la marque ensorce-lante de ce Rossignol de haut vol.

M.-A. R.

La rêve-partie de la musique françaiseà la faveur de la cinquième Folle Journée nantaise

Après Mozart, Beethoven, Schubert et Brahms, Nantes fêtait les compositeurs de notre paysVingt-quatre mille personnes ont passé les jour-nées du samedi 6 février et du dimanche 7, à volerde salles de concert en auditoriums pour découvrir

et redécouvrir grandes et petites figures du patri-moine musical français des XIXe et XXe siècles. Avecsoixante mille billets vendus, cette cinquième édi-

tion bat tous les records d’affluence et fidélise sonpublic : dès l’ouverture de la location, vingt-cinqmille billets se sont arrachés en une journée

FOLLE JOURNÉE, Cité descongrès, les 6 et 7 février.

NANTESde nos envoyés spéciaux

Huit cents personnes assises etquelques-unes debout, un di-manche matin à 11 heures, pourécouter les Visions de l’Amend’Olivier Messiaen, dans un si-lence recueilli ? C’est le miracle dela Folle Journée nantaise. Qua-rante-cinq minutes d’une musiqueaussi exigeante pour le public quedifficile pour Michel Béroff etJean-François Heisser qui ontconquis l’auditoire, dont de nom-breux enfants ! Deux mille per-sonnes assises et quelques-unesdebout, un dimanche après-midi,pour écouter le Poème pour violonet orchestre de Chausson, au mi-lieu des toux, accompagné par unorchestre imprécis et un chefmou ? C’est la limite de la granderêve-partie nantaise ! Et l’on enadmire davantage le violon téné-breux de Laurent Korcia dont l’ar-chet, aussi intense que celui deGinette Neveu, ne dévia pas mal-gré ces expectorations intempes-tives.

Cela se passe à Nantes, commeailleurs. Mais ici, allez savoirpourquoi ?, on s’en fiche. On esttellement content d’avoir entendudeux fois l’œuvre dépressive deChausson – superbes Régis Pas-quier et Michel Plasson – que l’onn’arrive pas à se sortir de la tête cethème, l’un des plus beaux del’histoire de la musique. Il se mé-lange alors avec ceux tout aussiprégnants du Concert pour piano,violon et quatuor du mêmecompositeur joué par Renaud Ca-puçon et le Quatuor Castagneri,avec l’Ouverture du Carnaval ro-main de Berlioz par Plasson et unOrchestre du Capitole élégants etflamboyants, avec les Miroirs deRavel par Alain Planès en apesan-teur, avec le deuxième livre desPréludes de Debussy, sanguins,drus, intenses de Michel Béroff...

Cette cinquième édition de laFolle Journée s’intitule Hector, Ga-briel, Maurice et les autres, maison aurait aussi pu oser « tout ceque vous avez toujours voulu savoirsur la musique française sans ja-mais oser le demander ». Nulleprétention cependant à l’exhaus-

tivité, nulle simplification enforme de digest, mais le souci deréunir en deux jours valeurs sûreset compositeurs méconnus. Pourle mélomane averti et l’auditeurendimanché, le lycéen et l’étu-diant, des parcours croisés quechacun peut vivre et recréer à saguise.

UNE FORCE ÉTONNANTESalle Mallarmé, Laurent Korcia

et Jean-François Heisser abordentla Deuxième Sonate pour violon etpiano de Fauré. La concentrationdu public comme celle des musiciens donneà la musique une force étonnante,celle de la bonté. C’est perceptibledans l’air comme un parfum, cedésir de partage, ce sentiment deproximité qui dessinent des sou-rires bienveillants sur les visages.Feu et sang, salle Baudelaire avecla Suite de Carmen et l’Orchestrenational de Bordeaux-Aquitainesous la direction du bouillant Yu-taka Sado. Le chef japonais estmagnifique à regarder diriger,tout de force et grâce mêlées.Après l’exotisme littéral, Tziganede Ravel, un concentré de violonque Gérard Poulet défend avecune magistrale intégrité. Quant au

fameux Boléro, peut-on rêvermeilleur ferment de cohésion so-ciale ? Ce thème unique, sanscesse démultiplié, est bien àl’image de la foule : une sommed’individus.

Mais, porté par la houle des24 000 personnes qui se sont arra-chées 65 000 billets dont 25 000achetés dès l’ouverture de la loca-tion – six heures de queue un lun-di matin –, on passe d’une salle deconcert à une autre pour s’immer-ger dans un bain de musique quinous ramène à cet état d’inno-cence que l’on désespérait retrou-ver un jour : ne plus écouter lesinterprètes mais la musique qu’ilsjouent comme si on la découvraitpour la première fois. Et ce quecette armée d’interprètes – prèsde neuf cents – nous fait en-tendre, malgré les inévitables im-perfections dues au fait qu’ilsdonnent en deux jours autant deconcert qu’en deux ou trois se-maines habituellement, noussemble être une vérité irréductibleà toute contingence matérielle.

Paniqués le vendredi soir, in-quiets le samedi matin, fourbus ledimanche après-midi, les solistesn’en gardent pas moins leurbonne humeur et l’« effet Folle

Journée » se fait bientôt sentir :attablé au restaurant, Michel Bé-roff écoute François-René Du-châble jouer le Quatrième Concer-to de Saint-Saëns, avec MichelPlasson, le casque de son bala-deur sur les oreilles. Il le passe auxautres pianistes présents habituésmais quand même stupéfaits parles doigts fantastiques de leur col-lègue « Fafou ». On l’apprendraaprès, car pour rien au monde, onn’aurait manqué une telle ren-contre. Duchâble ? Roi de lacontrepèterie et de l’anagramme– en un week-end, il a bien dû eninventer trente –, Lucky Luke dupiano – au départ arrêté, il laissetous ses collègues dans les star-ting-blocks –, pourrait jouer lesstars ; mais non !, comme GérardCaussé, comme Plasson, BrigitteEngerer, Michel Béroff, VéroniqueGens et tous les autres, à l’excep-tion notable d’un pianiste à alluredéplacée d’altesse sérénissime, ilsjouent le jeu de la rencontre avecle public pour le prix d’une oudeux places de cinéma. L’autremiracle de ces Folles Journées,c’est aussi celui-ci.

Marie-Aude Rouxet Alain Lompech

Page 34: e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

LeMonde Job: WMQ0902--0034-0 WAS LMQ0902-34 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 10:28 S.: 111,06-Cmp.:08,11, Base : LMQPAG 54Fap:100 No:0355 Lcp: 700 CMYK

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K I O S Q U ELE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999

www.inventions-tech.comAider les inventeurs français à trouver des partenaires dans le monde entier

LUCIEN VACHEY, soixante-qua-torze ans, ancien joaillier, est le seulhomme au monde à connaître lacomposition exacte du silverplati-nium, un alliage d’argent de couleurnoire, qu’il a mis dix-sept ans à per-fectionner dans son rez-de-chausséeparisien. Après avoir vendu ses lin-gots à des bijoutiers, il recherche au-jourd’hui des partenaires étrangerspour développer d’autres applica-tions de son alliage. Pour 100 francspar an, il s’est inscrit sur le catalogueen ligne du site Inventions& Technologies de Compagnie 12(éditrice du Livre mondial des inven-tions), qui assure la promotion surInternet des travaux d’inventeursauprès de professionnels et d’inves-tisseurs du monde entier.

La fiche technique du silverplati-nium, en français et en anglais, a re-joint ainsi celles de la centaine d’in-ventions présentées sur le site etclassées par rubriques : sport, édu-cation, alimentation, transport, sé-curité...

Après deux mois d’attente, Lucienn’a encore reçu aucune réponse. Iln’est pas le seul dans ce cas : malgré

plus de deux ans de présenceconstante sur le site, la « valise am-bulante à moteur », qu’il suffit d’en-fourcher pour qu’elle se transformeen moyen de transport, n’a toujourspas trouvé preneur, pas plus que lapincette pour manger les aspergesproprement.

En revanche, Gestra, une associa-tion de six inventeurs indépendants,a pu entrer en contact rapidementavec des sociétés intéressées par sesprises électriques éjectables ou sonrobot poseur de balises sur auto-route, baptisé Oscar. Gestra reçoiten moyenne un appel téléphonique

par semaine, en provenance desEtats-Unis, des Pays-Bas, des Ca-raïbes ou du Portugal. BernardAversenq, le papa d’Oscar, estimeaujourd’hui que, « sans Internet, nosinventions n’auraient jamais évolué.Nous aurions été obligés de dépenserbeaucoup d’argent et de temps pourdémarcher, participer à des Salons,ou acheter de la publicité dans des re-vues techniques. »

Pourtant, les inventeurs sontconcients qu’en exposant leur tra-vail dans une vitrine planétairecomme Internet ils prennent aussides risques : leur invention peut êtrecopiée plus facilement, d’autantque, faute d’argent, la plupart desabonnés à Inventions & Technolo-gies se contentent de déposer desbrevets pour la France, qui n’offrentaucune protection dans le reste dumonde. Ils auront donc intérêt àprésenter aux industriels un produitpresque achevé plutôt qu’uneébauche, afin de garder une lon-gueur d’avance sur leurs concur-rents potentiels.

Sylvie Dodeller

SUR LA TOILE

IRAKa Le Centre national informatiqued’Irak a annoncé que le pays allaitbientôt être connecté à Internet.Les premières bénéficiaires serontles grandes administrations. Desfiltrages seront mis en place, « afinque les Irakiens ne soient pas affec-tés par des pensées occidentales né-gatives ». Jusqu’à une date récente,la presse irakienne critiquait Inter-net, considéré comme un instru-ment créé par les Etats-Unis pourdominer le monde en pénétrantdans tous les foyers. – (AP.)

COMMANDOS ANTIPIRATESa Selon la chaîne de télévisionCNN, le département américainde la justice a demandé une allo-cation budgétaire de 122 millionsde dollars (environ 107 millionsd’euros) afin de lutter contre le« cyberterrorisme ». Il souhaiterecruter soixante détectives etautant de juristes, qui enquête-ront sur les affaires de piratagedes grands centres informa-tiques américains. Par ailleurs, ilsouhaiterait obtenir 39 millionsde dollars (environ 34 millionsd’euros) pour financer un sys-tème qui permettra aux agentsdu FBI d’échanger des informa-tions sur ces dossiers.

La revue « Vacarme » reparaîtAprès plusieurs mois d’interruption, cette revue intellectuelle de gauche refait surface...

et s’en prend à la conversion de la majorité à l’idéologie sécuritaireEN PUBLIANT ce septième

numéro, après quelques moisd’interruption, les rédacteurs deVacarme ont voulu « faire mentirla sinistre statistique selon la-quelle les revues indépendantes nepassent pas l’hiver ». Il s’agit aus-si, comme pour Pétition, d’ap-porter la preuve qu’il existe unespace pour de nouvelles revuesintellectuelles de gauche qui nesont liées à aucun parti ni mêmeà un mouvement d’idées claire-ment identifié. La fin du mar-xisme triomphant, le déclin dutiers-mondisme et du freudismesont passés par là. S’il fallait unadjectif pour résumer l’esprit decette jeune revue, ce serait, fautede mieux, celui d’« antiautori-taire ».

Cela vaut, en particulier, pour

le dossier que ce numéroconsacre à la sécurité en s’inter-rogeant sur le bien-fondé du tour-nant spectaculaire opéré par lagauche sur ce sujet. Selon StanyGrelet, la conversion de la gaucheà l’idéologie sécuritaire commenceen 1993, lorsque les experts duParti socialiste, analysant lescauses de l’échec aux législativesde cette année-là, découvrent ladésaffection croissante de l’électo-rat des banlieues où se conjuguentimmigration dense et forte insé-curité. Elle est accomplie lors ducolloque de Villepinte, en octobre1997. « Avant Villepinte, la sécuritéreste un boulet de droite que lagauche doit apprendre à traîner sielle veut gouverner ; il faut mainte-nant convertir le plomb en or, effa-cer les origines trop ostensiblement

électorales d’une préoccupation ré-cente pour l’inscrire dans des gé-néalogies plus flamboyantes et unlangage plus pur. Jean-Pierre Che-

vènement, grand alchimiste de lamajorité et vedette incontestée dece colloque, s’y colle avec virtuosi-té. »

La proclamation du « droit à lasûreté » dans l’article 2 de la Dé-claration des droits de l’hommeet du citoyen de 1789 permet defournir cette « généalogie » plusreluisante, puisque remontant àla Révolution. Mais le coup degénie, l’« estocade » portée à Vil-lepinte par Jean-Pierre Chevène-ment, est l’affirmation selon la-quelle « ce sont les couchessociales les plus démunies quisouffrent le plus de l’insécurité ».Celle-ci permet à la gauched’adopter le nouveau discours surla sécurité sans avoir l’impressionde trahir ses valeurs. Qu’importesi la réalité sociologique est dif-

férente : le sentiment d’insécuritéculmine en fait aux deux extrémi-tés de l’échelle, chez les plusriches et chez les plus pauvres...

Le récit que fait Mathieu Potte-Bonneville, rédacteur en chef deVacarme, de son passage commeenseignant dans un lycée deSeine-Saint-Denis, voisin d’unétablissement réputé « dur », estégalement une remise en causedu nouveau discours de gauchesur la sécurité à l’école. Le ton estcelui de l’étonnement amusé. Ce-la commence dès le seuil du ly-cée : la porte d’entrée est conçuede telle sorte, avec son boutonélectrique placé sous la surveil-lance d’une caméra, qu’il est im-possible de respecter ce geste mi-nimal de politesse qui consiste àtenir la porte pour la personnequi vient derrière vous.

Nul militantisme, donc, maisun regard différent, volontierssarcastique. Vacarme pratiqueaussi un étonnant mélange desgenres. On y trouve une recettede daurade au fenouil et au vinblanc et une autre de charlotte auchocolat et aux écorces d’orange,ce qui n’est pas commun dansune revue d’idées. La même re-marque vaut pour la rubrique« Air du temps », où est déploréela disparition du garçon de cafétraditionnel, « prestidigitateur àmoustache et tablier blanc », auprofit de son regrettable succes-seur, prompt à chasser indistinc-tement poivrots et vendeurs defleurs pakistanais.

Dominique Dhombres

M. Chevènement et l’éthique par Alain Rollat

EN TANT QUE citoyen, Jean-Pierre Chevènement a une hauteidée de l’Etat. Cela l’honore. Il estdonc naturel que Jean-PierreChevènement le prenne de haut,en tant que ministre de l’inté-rieur, quand l’Etat lui semble in-criminé à tort. Cela prouve qu’il ade la suite dans les idées. Il n’y adonc pas lieu de s’étonner queJean-Pierre Chevènement, quiétait, dimanche soir, l’invité del’édition nationale de France 3,ait vivement réagi, en direct, à unreportage sur la situation enCorse dont les auteurs avaientpris le parti d’illustrer le mé-contentement que les enquêtesmusclées des représentants del’Etat suscitent dans cette île sin-gulière depuis l’assassinat du pré-fet Erignac. Il a fait la leçon aujeune présentateur de ce journaltélévisé : « Votre reportage estorienté. Il tend à désigner un seulcoupable : l’Etat, ce pelé, ce ga-leux, d’où viendrait tout le mal... »

Sa réaction, sur ce point, n’étaitpas totalement infondée.

Dans le reportage en question,en effet, un militant nationalisteracontait sur le mode specta-culaire l’assaut subi par son do-micile au cours d’une perquisi-tion. Il mettait tant d’ardeur àreconstituer les faits qu’il rejouaitlui-même le rôle des gendarmes.Le regard de la caméra sur cettemise en scène n’était pas exemptde complaisance. Cette séquenceétait-elle pour autant malhon-nête ? Non, elle ne l’était pas. Elleillustrait, sans doute jusqu’à l’ex-cès, mais sans fard, la vérité sub-jective d’un état d’esprit authen-tique.

Mais le ministre de l’intérieur aaussi reproché aux auteurs de cereportage de s’être référés, pourjustifier leur angle de vue, aurécent rapport de la Fédérationinternationale des ligues desdroits de l’homme stigmatisant« l’arbitraire de la justice antiter-

roriste française ». Regrettant queFrance 3 accorde un tel crédit àun rapport établi « par deux avo-cats étrangers qui ont passé huitjours en France et peut-être vingt-quatre heures en Corse », il s’estexclamé : « Pensez-vous que ce soitbien conforme – je vous pose laquestion – à l’éthique du servicepublic ? » Poli, inexpérimenté, leprésentateur a fait semblant dene pas entendre ce propos xéno-phobe et cet appel archaïque àl’autocensure.

Il faudra donc attendre pourque Jean-Pierre Chevènement ex-plique en quoi le fait qu’un rap-port soit établi sous la responsa-bilité d’avocats « étrangers » peutinvalider les faits et les témoi-gnages sur lesquels il se fonde, et,surtout, quelle est sa conceptionde l’éthique en matière d’infor-mation publique. On imagineraitmal qu’une si haute idée de l’Etatrépublicain verse dans des argu-ments de bas étage.

DANS LA PRESSE

EUROPE 1Alain Duhamela Philippe Séguin et Alain Ma-delin vont tenter d’accréditerl’idée selon laquelle FrançoisBayrou est le diviseur de ladroite. I ls auront du mal àconvaincre. En ce qui concerneAlain Madelin, c’est lui qui adonné le signal de la division enfaisant scission au sein de l’UDF.Quant au RPR, le cavalier seul deCharles Pasqua prouve bien qu’iln’est pas à l’abri des compéti-tions internes. Et puis, en ce quiconcerne directement l’échec dela liste d’union de la droite, c’estPhilippe Séguin et Alain Madelin

qui ont pris l’initiative les pre-miers en cherchant à mettrel’UDF devant le fait accompli etmême en l’humiliant, puisque letonitruant président du RPR in-carne mieux que quiconque lerefus de l’euro. Les centristes ontsouvent fait preuve de faiblessedans leur histoire. Pour une fois,ce n’est pas le cas. La bataille se-ra difficile pour François Bayrou.Au moins aura-t-il combattupour ses idées.

THE TIMESa Le roi Hussein savait que laJordanie avait besoin de la paix,assortie de l iens financiersétroits, avec Israël pour at-teindre la prospérité. Il a donc

choisi cette voie malgré l’impo-pularité de cette dernière danssa population. Le peu d’enthou-siasme manifesté par de nom-breux Jordaniens à la présenceaujourd’hui à Amman de Benya-min Netanyahou est le signe vi-sible que certains chercherontsûrement à exploiter ce senti-ment. Seul un processus de paixeffectif peut rendre la coopéra-tion entre Israël et la Jordaniepolitiquement plausible. Beau-coup de choses dépendront dedeux facteurs sur lesquels le roin’a pas de contrôle : l’éventualitéque Yasser Arafat proclame unEtat palestinien en mai, et le ré-sultat des élections israéliennespeu de temps après. Ces événe-

ments, cependant, pourraient nepas être les aspects les plus trou-blants de l’héritage du roi Ab-dallah. Les machinations de laSyrie, bien que sérieuses, pour-raient aussi se révéler gérables.Le vrai danger pourrait bien êtreconstitué par un homme qui, àcoup sûr, ne se rendra pas auxfunérailles du roi Hussein. Tantque Saddam Hussein dirigeral’Irak, la Jordanie sera priseentre les Etats-Unis et les senti-ments de la majorité de la popu-lation. Le roi Abdallah doit espé-rer que le prochain hommepolitique nouveau et inexpéri-menté à apparaître au Moyen-Orient arrive au pouvoir à Bag-dad.

EN VUE

a Six personnes ont été tuéesrécemment dans le sud del’Afghanistan au cours de rixesentre les hommes des tribus de larégion de Khost et les talibans, qui,à l’occasion de la fête du Fitr,prétendaient les priver du« Tokhm-Jangi », un jeutraditionnel consistant à casser desœufs.

a Empreints de l’esprit declémence observé pour la fête duFitr, les policiers de Dubaï, qui, aucours des neuf premiers mois de1998, ont dressé210 000 procès-verbaux pour excèsde vitesse, ont distribué auxmauvais conducteurs desdouceurs et des cartes de vœux.

a La Cour de cassation vient dedécider que les jeteurs de yaourts,équivalents grecs des entarteursbelges, ne seront plus poursuivispour « injure aggravée » s’ils onteu, au préalable, des relationspersonnelles avec leurs cibles.

a Les gardiens de Jaime Gomezjurent que ce clown-illusionnistedu cirque Josman, en tournée àBogota, incarcéré pour« séquestration de mineurs », s’estévadé par un tour de passe-passedu centre pénitentiaire de Beltran,où la corruption sévit.

a L’ancien juge Philippe LeFriant, radié en 1988 pour« atteinte à l’honneur de lamagistrature », qui a récemmentrepris sa grève de la faim àSaint-Etienne pour pouvoir vivredignement avec sa compagnearrachée à la prostitution, serait« moralement au bout durouleau », selon son avocat,Me Portejoie.

a « Ce genre de spectaclen’apportant rien au caractèreculturel et artistique de la zone »,les juges du tribunal administratifdu canton viennent d’interdire unstrip-tease dans un bar de la vieilleville de Berne.

a « J’ai essayé de serrer le foulardque j’avais autour du cou, mais,vous savez, c’est presque impossiblede s’étrangler soi-même », araconté, mercredi 3 février, auxpompiers, Germaine, 75 ans, qui« n’y croyait plus », après avoirpassé plus de trois jours bloquéedans le minuscule ascenseur de samaison, sans manger ni boire,assise sur un seau à linge renversé.

a Une femme de 86 ans, « petitdealer » qui tentait de revendre dela marijuana à un élève de 12 ans, aété arrêtée, mercredi 3 février, à lasortie d’une école dans la localitérusse de Lipetsk, au sud deMoscou.

a Pour lui faire oublier la mort, en1992, de sa compagne, RongRong, les gardiens de Zhai Zhai,vieux panda du zoo de Tianjin, enChine, avaient fini par lui trouverune femelle de seize ans. Dans unpremier temps, il avait été « trèsamical » avec elle, avant de s’endétourner, de tomber malade et demourir.

Christian Colombani

Page 35: e o 16808 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE Sang … · 2018. 2. 22. · d’annonces classées 55e ANNÉE – No 16808 ... hippies des annŁes 70, aujourd’hui, les

LeMonde Job: WMQ0902--0035-0 WAS LMQ0902-35 Op.: XX Rev.: 08-02-99 T.: 07:17 S.: 111,06-Cmp.:08,11, Base : LMQPAG 54Fap:100 No:0356 Lcp: 700 CMYK

R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / MARDI 9 FÉVRIER 1999 / 35

GUIDE TÉLÉVISION

DÉBATS

21.20 Possession, à chacun ses esprits.Invités : Père Maurice Bellot ;Tobie Nathan ; Jacques Postel ; Andras Zempleni. Forum Planète

23.20 Les Insectes et la science.Avec Vincent Albouy ; Edith Bertrand ;Nicole Hawlitzky ; Firouz Kabiri ;Frédéric Marion-Poll. Forum Planète

MAGAZINES

18.30 Nulle part aillieurs.Invités : Cassius, Christophe Malavoy,Sonic Youth, Sami Frey, Jean-FrançoisBalmer. Canal +

19.10 et 0.10 Le Rendez-vous. La parité.Avec Elisabeth Badinter. LCI

20.00 20 h Paris Première. Avec Pierre Bachelet. Paris Première

21.05 Le Point. Le bogue de l’an 2000dans les hôpitaux. Le Canada :refuge des terroristes.Le sexe pratiqué en groupe. TV 5

23.15 D’un monde à l’autre.La révolte des chasseurs :les écologistes pas d’accord. France 2

0.45 Le Cercle.Théâtre et politique. France 2

DOCUMENTAIRES

20.30 Jinebana, la possession au quotidien. Forum Planète

20.35 L’Epopée des fusées. Planète21.05 La Danse des baleines

à bosses. Odyssée

21.55 L’Histoire de l’Italie au XXe siècle.[19/42]. Mussolini. Planète

22.30 Les Automates vivants. Forum Planète

22.35 Les Parois de la mémoire. [1/6].Riccardo Cassin. Planète

22.50 Grecs, Byzantins, Ottomans,enfants de la Macédoine. Odyssée

23.30 Voyage en pays FN. Planète

23.40 Jean Dreville. Odyssée

0.30 A la rencontre de nos ancêtres.[2/5]. La dame des sables. Planète

0.50 Jazz 6. Sarah Vaughan. M 6

SPORTS EN DIRECT

19.00 Ski. Championnats du monde. Eurosport

20.00 Rugby à XIII.Championnat de France. 17e journée. St-Gaudens - Carpentras. Eurosport

MUSIQUE

21.00 Jeanne d’Arc.Opéra de Verdi. Par l’Orchestre et les Chœurs du Theâtre communal deBologne, dir. Riccardo Chailly. Muzzik

23.30 Magic of Montreux 92. Muzzik

0.35 E.L.O. Liveat Wembley. Canal Jimmy

0.40 Renato Bruson et l’Orchestre de la Suisse italienne. Lugano 1983.Par l’Orchestre de la Radio-télévisionsuisse italienne,dir. Bruno Amaducci. Muzzik

TÉLÉFILMS

20.50 Vérité oblige. L’avocat du diable. Claude Michel Rome. TF 1

21.15 Les Allumettes suédoises.Jacques Ertaud [2/3]. France 2

23.00 Pour cent millions.Brigitte Sauriol. 13ème Rue

0.30 Hurlevent. David Skynner. Arte

COURTS MÉTRAGES

22.14 Les Faell. Canal +

22.35 Courts au 13. Un portrait de Laura.Philippe Montpontet. Avec Gabrielle Lazure. 13ème Rue

23.50 Court-circuit. Dans la peau. Ran Tal et Etgar Keret. Arte

SÉRIES

20.13 Alfred Hitchcock présente.Le chat de miss Paisley. 13ème Rue

20.15 Ellen. The Boyfriend Stealer. RTL 9

21.30 New York Police Blues.Andy passe sur le billard. Canal Jimmy

21.55 The Sentinel. Quand les dieuxdescendent sur terre. TSR

22.10 La Rédac.Rêves éveillés. Disney Channel

22.40 Buffy contre les vampires.La face cachée. Série Club

23.25 NYPD Blue. Le ver dans le fruit. TSR

23.30 Cosmos 1999. A la dérive. Série Club

0.20 New York Undercover.Sans pitié. 13ème Rue

PARIS PREMIÈRE21.00 Sang pour sang22.45 Barton FinkJoel, l’aîné des frères Coen, assurela réalisation, Ethan, la production,et, ensemble, ils écrivent les scéna-rios. Spécialisés dans le polar noircinglé, ils sont révélés par Sangpour sang (1983). En 1991, àCannes, ils raflent plusieurs prix,dont la Palme d’or, avec BartonFink, un cauchemar aux couleursd’angoisse. Ces deux films sont dif-fusés en v.o.

FRANCE-CULTURE22.10 L’adieu au siècleL’écrivain Claude-Henri Buffard etle metteur en scène Moïse Touréont demandé à quarante écrivainsd’écrire un texte d’adieu au siècle.Je m’appelle, d’Enzo Cormann, au-teur d’une vingtaine de pièces dethéâtre, est une visite guidée deshorreurs du siècle ; L’Age de sang,de Mohamed Rouabhi, acteur etauteur dramatique d’origine algé-rienne, un texte tissé sur la tramed’un film d’horreur.

FRANCE 31.05 La Case de l’Oncle DocEn 1986, Vincent Martorana livraitune belle chronique de la vie sici-lienne avec son film Ragazzi.Douze ans après, il est retournévoir ce qu’étaient devenus les amisdont il avait brossé le portrait.Vincent Martorana n’a guère plusde choses à leur dire. Sauf un aveud’importance : il est homosexuel.Chose incompréhensible sur cetteterre sicilienne... Une chroniquetendre et cruelle.

GUIDE TÉLÉVISION

DÉBATS

21.30 La Guerre d’Espagne.Invités : Andrée Bachoud ; MichelCatala ; Josephina Cuesta ; GenevièveDreyfus ; Rémi Skoutelsky.

Forum Planète

MAGAZINES

15.10 1 an de +. Invités : Fabrice Bénichou,Frédéric Bonnot, Yves Weber. Canal +

17.10 Le Débat. LCI

18.00 Stars en stock. Faye Dunaway.Dean Martin. Paris Première

18.00 et 21.00 Le Grand Journal. LCI

18.30 Nulle part ailleurs.Avec Jewel, Edward Norton, FrançoisForestier, Teri Moïse. Canal +

19.00 Archimède. Arte

19.10 et 0.10 Le Rendez-vous. LCI

20.00 20 h Paris Première.Avec Xavier Beauvois. Paris Première

20.50 Fréquenstar.Notre-Dame de Paris. M 6

21.00 Le Gai Savoir.Faut-il brûler l’Internet ? Invités :Claude Allègre, Alain Finkielkraut,Marc Fumaroli, Yann Quéffélec, Arielle Dombasle. Paris Première

21.05 Temps présent. Le bogue de l’an 2000. TV 5

22.50 Place de la République. France 2

23.35 Comment ça va ? Hôpital, mode d’emploi. France 3

0.20 Capital. Les nouveaux pirates. M 6

0.45 Le Cercle.Les femmes et le polar. France 2

1.50 Saga-Cités. De gré ou de force :enquête sur le mariage des jeunes fillesafricaines. France 3

DOCUMENTAIRES

17.40 Otjikoto, la légende du lac. Odyssée

17.55 Les Coulisses de la science. Lesgrands lacs du Canada. La Cinquième

18.05 On the Road Again.Pakistan. Odyssée

18.10 Les Grands Compositeurs. [5/7]. Tchaïkovski (1840-1893). Planète

19.00 Le Musée d’Orsay.Après l’impressionnisme. Odyssée

19.10 Seul en poste. Planète

19.55 Le Vieux Pêcheuret la Mer. Odyssée

20.05 Les Tribus indiennes. [7/20]. Les Cherokees. Planète

20.15 Reportage. Ma Bourgogne. Arte

20.25 Botticelliou la trilogie humaniste. Odyssée

20.30 Les Grands Jours du siècle.[4/14]. La guerre d’Espagne,prélude à la tragédie. Forum Planète

20.35 Y a-t-il une vie dans l’espace ? Planète

20.40 La Vie en face. Apartado, villemeurtrière. La lutte de Gloria Cuartas,maire colombien. Arte

20.45 Les Descendants. [1/13].Les Bonaparte. Histoire

21.15 Andrew Carnegie. Odyssée

21.25 Les Enfants d’Helsinki. Planète

21.40 Francis Scott Fitzgerald,retour à Babylone. Arte

21.50 Les Ateliers du rêve.[1/6]. Cinecittà. Histoire

22.30 Les Pompiers de Paris, la cinquième compagnie.

Forum Planète

23.00 L’Egypte. [4/5].Dieux et démons. Histoire

23.30 L’Epopée des fusées. [5/13]. Les femmes astronautes. Planète

23.35 Les Déserts australiens. Odyssée

23.50 Le Fils du pressing. TSR

0.55 Le Mystèredes faux Van Gogh. France 3

SPORTS EN DIRECT

18.30 et 21.30 Ski.Championnats du monde. Eurosport

19.30 et 22.15 Football. Coupe des Rois.Tournoi international indoorde Genève (Suisse). Eurosport

MUSIQUE

17.20 Festival de piano de Munich 1990. Avec Alexei Sultanov, piano. Par l’Orchestre symphonique d’Etat de Moscou, dir. Pavel Kogan. Muzzik

19.00 Muddy Waters.Maintenance Shop Blues. Muzzik

19.30 Haydn, Mozart et Schubert par le Wiener Klavier Trio. Mezzo

20.00 Angélique Kidjo.Montréal 1996. Muzzik

20.45 La Folle Journée de Nantes.Œuvres de Franck,Ravel et Debussy. Mezzo

20.50 Les 6es Victoires de la musiqueclassique et du jazz.En direct du palais des Congrèsde Paris. Retransmis simultanémenten stéréophonie sur France-Musique.Présidé par Yehudi Menuhin. France 3

20.59 Soirée Leopold Stokovski. Muzzik

22.25 Solti’s Bartok in Budapest.Avec l’Orchestre symphonique de Chicago. Muzzik

22.45 Beethoven par Davis et Arrau.Avec l’Orchestre symphonique de Londres. Mezzo

TÉLÉFILMS

17.00 Le Masque de Satan.Lamberto Bava. Festival

18.30 Les Ritals.Marcel Bluwal [2/2]. Téva

18.45 Balle perdue.Etienne Périer. Festival

20.30 Jennie, Lady Randolph Churchill.James Cellan Jones [1/3]. Festival

21.15 Les Montagnes bleues.Paolo Barzman [2/2]. RTBF 1

22.40 Parfum de meurtre.Bob Swaim. M 6

SÉRIES

17.00 Au nom de la loi. Chasseur de primes. La Cinquième

17.10 Les Repentis. Mariage à l’essai. TSR

17.20 Seconde B. Câlins troqués. TMC

17.45 La Loi de Los Angeles. Sidney, the Dead Noise Reinder. Téva

17.50 Hartley, cœurs à vif. France 2

18.30 John Woo : Les Repentis.Faux en tout genre. RTL 9

19.20 Mariés, deux enfants.Voir ou conduire, il faut choisir. M 6

19.35 Happy Days. Walter. Série Club

20.00 Larry et Balki.Allons, allons, mesdames. TMC

20.05 Cosby. France 3

20.10 Notre belle famille.Noël n’est plus ce qu’il était. M 6

20.13 Alfred Hitchcock présente.Corps diplomatique. 13ème Rue

20.15 Ellen. The Soft Touch. RTL 9

20.40 The Practice.Dans l’arène.Coup de poker. Série Club

20.40 McMillan. Jusqu’à la mort. 13ème Rue

20.55 La Vie à cinq. Retour de flammes. Téva

21.00 Seinfeld.Une vie de chien. Canal Jimmy

21.45 Ally McBeal.These are the Days (v.o.). Téva

22.15 Twin Peaks. (v.o.). Série Club

22.50 High Secret City. Adieu bébé. Mort d’un vétéran. TF 1

23.05 Millennium.L’apprentissage de l’ordinaire. TSR

23.10 L’Instit.Le Crime de Valentin. Festival

23.10 Star Trek, la nouvelle génération.Soupçons (v.o.). Canal Jimmy

0.00 Star Trek, Deep Space Nine.Abandon (v.o.). Canal Jimmy

0.05 Expériences interdites.Panique (v.o.). 13ème Rue

0.50 Cop Rock. HappyMudder’s Day (v.o.). Canal Jimmy

FRANCE-MUSIQUE9.10 Le temps des musiciensIl y aura bientôt cent ans, ErnestChausson, le compositeur duPoème pour violon qu’Ysaye allaitrendre célèbre, mourait acciden-tellement, à quarante-quatre ans.Ami et parfois mécène de Debus-sy, il fut marqué par l’influence deCésar Franck. Depuis une quin-zaine d’années, les partitions decelui qu’on appelle parfois le« Brahms français » tentent deplus en plus les interptrètes.

CANAL +22.19 Les bizzareries des FaellBien connu des amateurs d’anima-tion à base de pâte à modeler et debizarreries en 3 D, Lyonel Kourosigne cette surprenante série deprogrammes interludes. Diffuséesdu lundi au jeudi, les Faell (formesaléatoires en légère lévitation) nedurent qu’une minute, même pasle temps d’un clip. On y voit deschoses étranges, de forme géomé-trique, animées d’imprévisiblesmouvements.

ARTE23.10 The Great GatsbyDistribuée en France en 1951 sousle titre Le Prix du silence, cetteadaptation du roman de FrancisScott Fitzgerald, réalisée en 1949par Elliot Nugent, un spécialiste decomédies légères, fut considéréecomme médiocre et sombra dansl’oubli. On la redécouvre, au-jourd’hui, à cause de la patine dunoir et blanc et grâce à l’interpré-tation romantique d’Alan Ladd, enarriviste au cœur tendre.

PROGRAMMES

TÉLÉVISION

TF 115.30 La loi est la loi. 16.25 L’homme qui tombe à pic. 17.15 Sunset Beach.17.40 Beverly Hills. 18.30 Exclusif.19.05 Le Bigdil.20.00 Journal, Météo.20.50 Le Père de la mariée.

Film. Charles Shyer.22.50 High Secret City.

Adieu bébé. Mort d’un vétéran.0.30 Le docteur mène l’enquête.

L’orpheline.1.20 TF 1 nuit, Météo.1.35 Reportages.

Du rififi sur le Rio Grande.

FRANCE 215.50 La Chance aux chansons.16.45 Des chiffres et des lettres.17.15 et 22.35 Un livre, des livres.17.20 Cap des Pins.17.50 Hartley, cœurs à vif.18.45 Et un, et deux, et trois.19.20 1 000 enfants vers l’an 2000.19.25 Qui est qui ?20.00 Journal, Météo.20.55 Un jour sans fin.

Film. Harold Ramis.22.40 Bouche à oreille.22.50 Place de la République.0.25 Journal, Météo.0.45 Le Cercle. Les femmes et le polar.

FRANCE 314.58 Questions au gouvernement.16.05 Grands gourmands.16.40 Les Minikeums.17.45 Le Kadox.18.20 Questions pour un champion.18.50 Un livre, un jour.18.55 19-20 de l’information, Météo.20.05 Cosby.20.35 Tout le sport.20.50 Les 6es Victoires de la musique

classique et du jazz.22.55 Météo, Soir 3.23.30 Le Journal de Vail. 23.35 Comment ça va ?

Hôpital, mode d’emploi.0.30 Magazine olympique.0.55 Le Mystère des faux Van Gogh.1.50 Saga-Cités.

CANAL +15.55 Derniers

paradis sur Terre.16.50 Touch a

Film. Paul Schrader.

E En clair jusqu’à 20.4018.30 Nulle part ailleurs.20.30 Le Journal du cinéma.20.40 Les 101 Dalmatiens a

Film. Stephen Herek.22.19 Les Faell.22.20 Le Flic de San Francisco.

Film. Thomas Carter (v.o.).0.15 Le Capitaine Nemo

et la Ville sous-marine aFilm. James Hill (v.o.).

LA CINQUIÈME/ARTE14.30 La Cinquième rencontre...

Santé et sciences.14.35 Corps humain, journal intime.15.25 Entretien avec François Lelord.

16.00 Les Grandes Aventuresdu XXe siècle.

16.30 Les Dessous de la Terre. 17.00 Au nom de la loi. 17.30 100 % question.17.55 Les Coulisses de la science.18.20 Météo.18.30 Le Monde des animaux.19.00 Archimède. 19.45 Météo, Arte info.20.15 Reportage. Ma Bourgogne.20.40 La Vie en face.

Apartado, ville meurtrière.La lutte de Gloria Cuartas, maire colombien.

21.35 Soirée thématique. Francis Scott Fitzgerald : L’envers du paradis.21.40 Francis Scott Fitzgerald,retour à Babylone.23.10 The Great Gatsby a aFilm. Elliott Nugent (v.o.). 0.40 L’argent fait le bonheur a aFilm. Robert Guédiguian.

M 615.15 Les Routes du paradis. 16.15 Boulevard des clips.17.40 Les Nouvelles Aventures

de Robin des Bois.18.25 Loïs et Clark.19.20 Mariés, deux enfants.19.54 Le Six Minutes, Météo.20.10 Notre belle famille.20.40 Décrochage info,

E = M6 découverte.20.50 Fréquenstar. Notre-Dame de Paris.22.40 Parfum de meurtre.

Téléfilm. Bob Swaim.0.20 Capital. Les nouveaux pirates.

RADIO

FRANCE-CULTURE20.30 Agora. Altan Gokalp (Le Livre de Dede

Korkut. Récit de la Geste oghuz).21.00 Poésie studio. Rafael Alberti.

Hélène Sanguinetti.22.10 Mauvais genres.23.00 Nuits magnétiques [2/2].

FRANCE-MUSIQUE20.30 Les 6es Victoires de la musique

classique et du jazz. Émis simultanément du France 3, par l’Orchestre national de France,dir. Enrique Arturo Diemecke.Œuvres de Mozart, Schubert, Ravel,Ginastera, Saint-Saëns.

22.30 Musique pluriel.

RADIO-CLASSIQUE20.15 Les Soirées. Impromptus no 1 op. 29

et no 3 op. 51, de Chopin ; Giselle (le début du ballet), de Adam, parl’Orchestre symphonique de Londres,dir. Michael Tilson-Thomas. 20.40 Tchaïkovski au festivalde Verbier. Œuvres de Tchaïkovski.

22.43 Les Soirées... (suite).Œuvres de Beethoven, Bartok, Kurtag.

FILMS12.45 Jardins de pierre a a

Francis Ford Coppola (Etats-Unis,1987, 115 min). Cinéstar 1

13.20 Le Meilleur a aBarry Levinson (Etats-Unis, 1984,120 min). Cinétoile

15.20 Les Maudits a aRené Clément (France, 1946, N.,100 min). Cinétoile

16.00 Ludwig ou le Crépusculedes dieux a a aLuchino Visconti.Avec Romy Schneider, HelmutBerger (France - Italie - Allemagne,1972, 80 min). Ciné Cinéma 2

17.00 Irma la douce a aBilly Wilder (Etats-Unis, 1963,150 min). Cinétoile

18.30 La Reine des bandits a aShekhar Kapur (Grande-Bretagne,1994, 117 min). Ciné Cinéma 3

19.30 Ceuxde Cordura a aRobert Rossen (Etats-Unis, 1959,125 min). Cinétoile

20.55 Les Contrebandiers de Moonfleet a a aFritz Lang (Etats-Unis, 1955,95 min). TMC

21.55 Trainspotting a aDanny Boyle (Grande-Bretagne, 1995,v.o., 90 min). Ciné Cinémas

22.00 Leçon de chimieà neuf heures a aMario Mattoli (Italie, 1941, N., v.o.,85 min). Ciné Classics

22.15 Kika a aPedro Almodovar (France - Espagne,1993, 110 min). Cinéstar 1

23.05 Histoiresextraordinaires a aRoger Vadim, Louis Malleet Federico Fellini (France, 1967,120 min). Cinétoile

23.05 Secrets et mensonges a aMike Leigh (Grande-Bretagne, 1996,v.o., 140 min). Cinéstar 2

23.10 The Great Gatsby a aElliott Nugent. Avec Alan Ladd,Betty Field (Etats-Unis, 1949, N., v.o.,90 min). Arte

23.25 Le Beau Serge aClaude Chabrol (France, 1958,93 min). Ciné Classics

1.00 Key Largo a aJohn Huston (Etats-Unis, 1948, N., v.o.,100 min). Ciné Classics

FILMS20.05 Baisers volés a a

François Truffaut (France, 1968,90 min). Cinétoile

20.30 La Reine des bandits a aShekhar Kapur (Grande-Bretagne,1994, 120 min). Ciné Cinémas

20.30 Swing Kids a aT.Carter(EU,1992,115 min). Cinéstar1

20.40 Country,les moissons de la colère a aR. Pearce (EU, 1984, 110 min). RTL 9

20.40 Charade a aStanley Donen (Etats-Unis, 1963,115 min). 13ème Rue

20.45 Bonjour tristesse a aOtto Preminger (Etats-Unis, 1957, v.o.,90 min). Arte

20.50 En cas de malheur a a aClaude Autant-Lara (France, 1958, N.,125 min). France 3

21.00 Sang pour sang a aJoel Cohen et Ethan Cohen (EU, 1984,v.o., 105 min). Paris Première

22.15 Les Anges déchus a aWong Kar-Wai (Hongkong, 1996, v.o.,95 min). Canal +

22.15 Few of Us a aSharunas Bartas (Lituanie, 1996, v.o.,95 min). Arte

22.40 Marathon Man a aJ. Schlesinger (EU, 1976, 130 min). M 6

22.40 Blade Runner a a aRidley Scott (Etats-Unis, 1982,115 min). Canal Jimmy

22.45 Barton Fink a aJoel Coen et Ethan Coen. Avec JohnTurturro, John Goodman (Etats-Unis,1991, v.o., 120 min). Paris Première

22.55 Jardins de pierre a aFrancis Ford Coppola (Etats-Unis,1987, 110 min). Cinéstar 1

23.25 Norma Rae a aMartin Ritt (EU, 1978, 115 min). Téva

1.50 The Crow a aAlex Proyas (Etats-Unis, 1993, v.o.,105 min). Cinéstar 2

PROGRAMMES

TÉLÉVISION

TF 118.30 Exclusif.19.05 Le Bigdil.20.00 Journal, Météo.20.50 Vérité oblige. L’avocat du diable.

Téléfilm. Claude Michel Rome.22.50 Y a pas photo ! Les histoires

étonnantes et drôles du mariage.0.15 Histoires naturelles. L’œil du lynx.1.10 TF 1 nuit, Météo.

FRANCE 218.45 Et un, et deux, et trois.19.20 1 000 enfants vers l’an 2000.19.25 Qui est qui ?20.00 Journal.

Dossier : l’affaire du sang contaminé.21.15 Les Allumettes suédoises.

Téléfilm. Jacques Ertaud [2/3].23.15 D’un monde à l’autre.0.25 Journal, Météo.0.45 Le Cercle. Théâtre et politique.2.05 Histoires courtes.

En désespoir de cause. Court métrage. V. Loury.

FRANCE 318.20 Questions pour un champion.18.50 Un livre, un jour.18.55 19-20 de l’information, Météo.20.05 Cosby. 20.35 Tout le sport.20.50 En cas de malheur a a a

Film. Claude Autant-Lara.22.55 Météo, Soir 3.23.25 Le Journal de Vail. 23.35 L’Amour conjugal a

Film. Benoît Barbier.1.05 La Case de l’Oncle Doc.

Retour en Sicile.

CANAL +

E En clair jusqu’à 20.4018.30 Nulle part ailleurs.20.35 Pas si vite.20.40 XXL a

Film. Ariel Zeitoun.22.14 Les Faell.22.15 Les Anges déchus a a

Film. Wong Kar-Wai (v.o.).23.50 Boxe hebdo.1.00 Football. Championnat anglais.

Charlton Athletic - Wimbledon.2.45 La Trêve a

Film. Francesco Rosi (v.o.).

ARTE19.00 Nature. Quand l’Oder sort de son lit. 19.45 Météo, Arte info.20.15 Reportage. Timor, la guerre sans fin.20.45 Bonjour tristesse a a

Film. Otto Preminger (v.o.).22.15 Few of Us a a

Film. Sharunas Bartas (v.o.).23.50 Court circuit. Dans la peau.

Court métrage. R. Tal et E. Keret (v.o.).0.30 Hurlevent.

Téléfilm. David Skynner.

M 618.25 Loïs et Clark.19.20 Mariés, deux enfants.19.54 Le Six Minutes, Météo.20.10 Notre belle famille.20.40 Décrochage info,

Les Produits stars. 20.50 Turner et Hooch a

Film. Roger Spottiswoode.22.40 Marathon Man a a

Film. John Schlesinger.0.50 Jazz 6. Sarah Vaughan.

RADIO

FRANCE-CULTURE20.30 Agora. Henriette Walter. 21.00 L’Histoire en direct. 1940 : la

création de l’Ecole des cadres d’Uriage. 22.10 Fiction. L’adieu au siècle. 23.00 Nuits magnétiques [1/2].0.05 Du jour au lendemain.

FRANCE-MUSIQUE20.00 Festival du Lubéron.

Par le Quatuor Danel. Œuvres deBeethoven, Wainberg, Tchaïkovski.

22.30 Musique pluriel. Concoursinternational de piano. Œuvresde Prévin, Kagel, Starita.

23.07 Le Bel Aujourd’hui. FestivalPrésences 99. Œuvres de Salonen,Vinao, Cherney, Dusapin.

RADIO-CLASSIQUE20.15 Les Soirées. Symphonie no 85 La

Reine, de Haydn, par l’EnsembleTafelmusik, dir. Bruno Weil. 20.40 François Poulenc et les peintres.Œuvres de Poulenc : Le Travail dupeintre FP 161 ; Œuvres de Stravinsky,Poulenc, De Victoria.

22.46 Les Soirées... (suite). Œuvres de Mozart, Schubert.

MARDI 9 FÉVRIER

LUNDI 8 FÉVRIER

Le Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro-grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévisionainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite.Le nom qui suit le genre de l’émission (film, téléfilm, etc.) est celui du réalisateur.

SIGNIFICATION DES SYMBOLES :a On peut voir.

a a Ne pas manquer.a a a Chef-d’œuvre ou classiques

d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants.

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Les détournements de fonds recensés par l’ordonnance de renvoi

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MARDI 9 FÉVRIER 1999

Tirage du Monde daté dimanche 7-lundi 8 février 1999 : 600 782 exemplaires. 1 - 3

Des élus basques espagnols et français constituent leur « Assemblée »PAMPELUNE (Espagne)de notre envoyée spéciale

« Journée historique pleined’émotion » pour les uns, « dange-reuse pantomime » pour les autres :la réunion constitutive de l’« As-semblée permanente des maires etdes élus municipaux d’Euskal Her-ria [Pays basque] » a rassembléquelque sept cents élus, essentiel-lement du Pays basque espagnol,ainsi qu’une trentaine de Navarreet vingt et un du Pays basque fran-çais, samedi 6 février dans un ciné-ma de Pampelune, à l’appel despartis nationalistes basques.Danses, hymnes et drapeaux, in-terventions traduites en troislangues (espagnol, français et eus-kera) et adoptées à l’unanimité : entrois heures à peine, dans une am-biance voulue solennelle, la réu-nion était bouclée, et la premièrepierre posée, d’une hypothétique« construction nationale basque ».

L’idée, promue il y a quelquesjours par le Parti nationaliste

basque (PNV, « modéré »), re-prend à son compte, à peine édul-coré, en raison des vives réactionssuscitées, un projet de Herri Bata-suna (HB), la vitrine politique del’organisation séparatiste basquearmée, ETA. Il s’agissait de tisserde facto une unité politiquebasque, en encourageant la coopé-ration entre les villes des provincesbasques espagnoles, françaises etde Navarre. En somme, un premierpas vers l’indépendance.

DIFFÉRENCES D’INTERPRÉTATIONLe texte adopté samedi n’est pas

si explicite. Dans un souci de ras-surer, on y précise toutefois quel’Assemblée nouvellement crééene « saurait en aucun cas se surim-poser aux institutions existantes »,c’est-à-dire au Parlement basque,« contrairement [à ce que dif-fusent] les campagnes de désinfor-mation ». Il s’agirait plutôt, selonles signataires, de prendre acte del’existence d’une « nation basque »

et de renforcer son développementà travers une « coopération trans-frontalière ». Le but final n’en res-tant pas moins, en reprenant l’idéede « l’Europe des peuples », defaire de cette « nation basque »,une « entité politique unie, démo-cratique et libre, dans l’Europe dedemain ».

Qu’est-ce à dire ? Le texte, suffi-samment souple et fédérateur, estsujet à toutes les interprétations,celles « modérées » du PNV et deEusko Alkartasuna (EA), et « radi-cales » de HB. Ainsi, si l’adjoint aumaire de Biarritz, Jakes Abeberry,présent dans la salle, salue « unepage qui se tourne irrémédiable-ment et une initiative de coopéra-tion en plein accord avec laconstruction européenne », le mairede la vallée du Baztan (Navarre),Patxiko Oyarzabal (EA) parle plu-tôt de « mettre à jour un livre blancdes aspirations de toutes les pro-vinces basques ». Le maire radicalde Puente-de-la-Reina, Patxi Velez

(HB), sera plus tranché : « C’est undes plus beaux jours de ma vie, dit-il, le début du chemin démocratiquequi nous mènera vers l’indépen-dance et le socialisme. »

Réflexions accueillies avec uneindignation unanime par le restede la classe politique. Ainsi, notantque les maires des grandes villes nes’étaient pas déplacés et que le sys-tème de fonctionnement de lanouvelle Assemblée, selon lequel« une mairie égale une voix »,quelle que soit son importance, fa-vorise les nationalistes qui dé-tiennent de nombreux villages, est« antidémocratique », le Parti po-pulaire (centre droit, au pouvoir àMadrid) parle de « provocation,sans aucune légitimité », tandis queles socialistes dénoncent le « graverisque de coupure sociale entre na-tionalistes et non nationalistes, àl’heure de la réconciliation exigéepar la nécessité de la paix ».

Marie-Claude Decamps

Trois ans d’instruction b 2 décembre 1994. Révélée parLe Monde, une note confidentielledu chef de l’Inspection généraledes affaires sociales (IGAS),Michel Lucas, adressée en 1991 àClaude Evin, ancien ministre desaffaires sociales, indique que lescharges de fonctionnement del’ARC représentent 65 % de sesrecettes.b 2 janvier 1996. Libération révèlele contenu d’un rapport de laCour des comptes mettantgravement en cause la gestion del’ARC. Le lendemain, JacquesCrozemarie, président etfondateur de l’ARC, « se met enretrait » de l’association.b 8 janvier. Le Monde révèle lecontenu d’une note confidentielle

adressée en novembre 1990 parl’IGAS au gouvernement. Lelendemain, la note de la Cour descomptes est transmise auministère de la justice.b 16 janvier. Le parquet de Parisouvre une information judiciairecontre X... pour abus deconfiance, complicité, recel, fauxet usage de faux. Elle est confiéeau juge d’instruction Jean-PierreZanoto.b 18 janvier. Jacques Crozemariedémissionne. b 27 juin. Jacques Crozemarie estmis en examen pour « abus deconfiance, faux, usage et complicitéde faux, recel d’abus de bienssociaux, complicité de fraude ».Placé en détention provisoire, ilsera remis en liberté sous contrôlejudiciaire le 20 décembre. Michel

Simon, dirigeant d’InternationalDevelopment, principale filiale del’ARC, est mis en examen pour« complicité et recel d’abus deconfiance, faux et usage de faux,abus de biens sociaux, complicitéde fraude, recel d’abus deconfiance, présentation de comptessociaux inexacts ». Placé endétention provisoire, il est remisen liberté sous contrôle judiciairele 1er juillet.b 5 septembre 1997. Le jugereçoit un rapport d’expertisedévoilant que « plusieurs centainesde millions de francs » ont étédétournés de l’ARC vers la Suisseet les Etats-Unis.b 20 mars 1998. Michel Simon està nouveau placé en détentionprovisoire. Il est remis en libertésous contrôle judiciaire le 3 juillet.Accor reprend Frantour,

le pôle tourisme de la SNCFACCOR, groupe spécialisé dans l’hôtellerie, le tourisme et le serviceaux entreprises a annoncé, lundi 8 février, la signature d’un protocoled’accord avec SNCF Participations pour l’acquisition de 65 % du capi-tal de Frantour, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 1,48 milliard defrancs (225 millions d’euros) en 1997. L’offre de reprise d’Accor, sou-mise à l’approbation des pouvoirs publics, est aussi proposée aux ac-tionnaires minoritaires de Frantour. Depuis plusieurs semaines, laSNCF avait confirmé qu’elle était en « discussion exclusive » avec legroupe Accor (Le Monde du 28 décembre 1998). Le portefeuille dugroupe présidé par Jean-Marc Espalioux devrait ainsi s’enrichir d’unetrentaine d’hôtels représentant 4 500 chambres, de 86 agences devoyages sous enseigne Frantour ou Sud-Ouest Voyages et de sept so-ciétés de voyagistes représentant environ 620 000 clients. Selon Ac-cor, « cette acquisition, qui n’entraînera pas de suppressions d’emplois,ouvrira des perspectives professionnelles nouvelles aux salariés de Fran-tour ». La restauration en gare gérée par Frantour a été cédée à l’ita-lien Autogrill, filiale de Benetton, pour 320 millions de francs, soit48,8 millions d’euros.

DÉPÊCHESa VENTES : un acheteur français anonyme a acquis, dimanche7 février, lors d’une vente aux enchères à Lyon une sculpture de César– Le Patineur, œuvre de cinq mètres de haut en bronze, représentantun homme-oiseau – pour le prix de 3 millions de francs (457 300 eu-ros). La vente s’est tenue dans le cadre de la liquidation de la Sociétélyonnaise de conseil en investissement, propriétaire de l’œuvre. Cé-sar, mort le 6 décembre 1998, était opposé au déplacement de la sta-tue. La Ville de Lyon, elle aussi opposée à la vente, a fait part de sa« grande déception ». Elle voulait lancer une souscription publique de2 millions de francs (305 000 euros) pour que la statue reste auxabords de l’Opéra de Lyon où elle a été installée en 1992.a ESPACE : la sonde américaine Stardust, qui doit ramener surTerre des échantillons de la comète Wild-2, a été lancée dimanche7 février de Cap Canaveral (Floride), par une fusée Delta-2. En janvier2004, Stardust devrait rattraper, après un voyage de 4,8 milliards dekilomètres, la comète Wild-2. Elle en traversera la queue lumineusepour y collecter des échantillons des poussières et des gaz qui lacomposent et les ramener sur Terre, à la mi-janvier 2006.a ALGÉRIE : sept personnes ont été assassinées, dimanche 7 fé-vrier, à quelque 500 km au sud d’Alger, a annoncé la radio d’Etat, at-tribuant ce massacre aux islamistes armés. La semaine dernière, aumoins vingt-cinq personnes avaient été tuées, en majorité de jeunesbergers. – (AFP.)a ACCIDENT : trois personnes ont trouvé la mort et cinq autresont été blessées dans la collision de treize voitures, lundi matin 8 fé-vrier sur l’autoroute A 9, entre Vendargues et Montpellier (Hérault).L’accident a été provoquée par un couple de personnes âgées quiavait arrêté intempestivement sa voiture après s’être rendu comptede la perte d’une valise placée sur le toit du véhicule, a précisé la gen-darmerie.a VACHE FOLLE : un nouveau cas de vache folle a été décelé enIlle-et-Vilaine, a annoncé lundi 8 février le ministère de l’agriculture.Il s’agit du 54e cas répertorié en France depuis 1990 pour un cheptelde 21 millions de têtes. C’est le cinquième cas mis en évidence en 1999dans l’Hexagone et le troisième observé en Ille-et-Vilaine depuis juil-let 1991. Conformément à la réglementation en vigueur, le troupeauconcerné qui comptait 85 bovins, a été abattu et incinéré dimanche.

L’ORDONNANCE DU JUGE D’INSTRUCTIONprécise que Jacques Crozemarie est renvoyé de-vant le tribunal correctionnel pour :

« 1) Avoir, à Villejuif, Rians, Bandol et en toutcas sur le territoire national, du 1er octobre 1984

au 31 janvier 1992, enconnaissance de cause, bé-néficié, par tout moyen, duproduit des délits d’abus debiens sociaux commis parMichel Simon et FrançoisBoquel au préjudice de lasociété Publicadvise, enl’espèce : en demandant

que la société verse, sans contrepartie, un sa-laire à Suzanne Poser, qui lui servait de secré-taire particulière, et représentant, entre le 1er oc-tobre 1984 et le 31 janvier 1992, une sommesupérieure à 2 millions de francs ; en bénéficiantde travaux dans ses résidences de Rians (2 mil-lions), de Bandol (5,7 millions hors taxes ou6,8 millions TTC) et l’appartement de fonctionde Villejuif (1,2 million), soit un total de 10 mil-lions de francs.

2) Avoir, à Villejuif, Bandol et en tout cas surle territoire national, courant 1990, 1991, 1992,1993, 1994 et 1995, en connaissance de cause,bénéficié, par tout moyen, du produit des délits

d’abus de biens sociaux commis par Michel Si-mon et Pascal Sarda au préjudice de la sociétéInternational Development, en l’espèce : en bé-néficiant de nombreux déplacements en avion,en France ou à l’étranger, supportés par la so-ciété International Development pour un mon-tant total de 234 708 francs ; en bénéficiant durachat de sa propriété de Rians par Internatio-nal Development pour un prix de 4,6 millionsde francs ; en faisant supporter par Internatio-nal Development la rémunération de son em-ployé de maison (10 000 francs par mois versésen espèces), ainsi que que les dépenses de fonc-tionnement de la villa de Bandol ; en recevantdes dirigeants d’International Development desfonds en espèces.

3) Avoir, à Villejuif, Rians, Bandol et tout cassur le territoire national, de janvier 1988 à octo-bre 1994, en connaissance de cause, bénéficié,par tout moyen, du produit du délit d’abus debiens sociaux commis par Michel Simon et Pas-cal Sarda au préjudice de la société Distrisar-mon, en l’espèce en faisant prendre en chargepar cette société les salaires de ses employés demaison, ce qui a représenté en tout une sommeminimale de 677 000 francs.

4) Avoir, à Villejuif, Rians, Bandol et en toutcas sur le territoire national, de janvier 1990 à

octobre 1994, en connaissance de cause, bénéfi-cié, par tout moyen, du produit du délit d’abusde biens sociaux commis part Michel Simon aupréjudice de la société Christel Organisation, enl’espèce en faisant prendre en charge par cettesociété les salaires de ses [deux] employés demaison. [...]

6) D’avoir, à Villejuif et sur le territoire natio-nal, de 1985 à 1995, détourné au préjudice del’ARC, dont il était le président, des valeurs ouun bien quelconque qui lui avaient été remis etqu’il avait acceptés en charge de les rendre oud’en faire un usage déterminé, en l’espèce enfaisant supporter à l’ARC des prestations fic-tives ou manifestement surfacturées par Inter-national Development, Publicadvise et SQ2, so-ciétés dont il recevait par ailleurs des avantagesen nature importants ; en faisant supporter àl’ARC le surcoût du prix du papier acheté parl’intermédiaire de Soafi ; en percevant, par lebiais des sociétés Lynx Partners et Andara,2 117 696 francs d’honoraires correspondant àaucune prestation de sa part et qui ont, in fine,été supportés par l’ARC à travers les facturesadressées par les sociétés du groupe ID ; en fai-sant supporter par l’ARC le salaire de ses em-ployés de maison et l’achat d’un véhicule Clioqui a servi à son usage personnel en province. »

L’herbe bleuepar Pierre Georges

À L’ÉTAL DU BOUCHER, lesquartiers de viande portentsouvent ce tampon sanitaire decouleur bleue façon « bon pour lerosbif ! ». Ce n’est pas excessive-ment appétissant mais cela ras-sure. A l’étal du rugby samedi,dans ce crépusculaire affronte-ment qui, sous la tempête, oppo-sa quinze furieux, et plus, d’Ir-lande à autant de Français, lesquintaux de chair à rugby finirentmaculés de peinture bleue,comme bestiaux d’abattoir.

Spectacle étrange. Entre Apo-calypse Road et happening au ri-polin pour les braves du Tournoi,le match avait taché. Comme unbuvard bave, comme la publicitédégueule. Les shorts, les maillots,les cuisses, les visages, tout étaitmaculé de toutes sortes de ba-vures bleuâtres. Au point qu’onne savait plus trop, l’œil de la té-lévision aidant, ce qui relevait desstigmates de l’héroïque batailleou ce qui procédait de la rixe depeintres en bâtiment.

Dans les entreprises perfor-mantes, il fut de mode à un mo-ment, pour remotiver les cadres,de les envoyer en forêt de Fon-tainebleau, ou d’ailleurs, pour selivrer à des simulacres de guerreau fusil à peinture. Cela s’appel-lait le painting balls ou quelquechose comme cela. Et le jeuconsistait à se tuer fictivement àgrandes giclées de peinture dansle buffet. Etait tout à fait mort ethors de combat celui qui s’en re-venait des bois maculé commepalette de barbouilleur du di-manche.

On doute qu’il ait été vraimentnécessaire de remonter lestroupes dans la tempête de Lans-downe Road. Mais les joueurssont sortis du terrain tous mar-qués comme billets de banqueaprès un hold up. Pourquoi ?

Tout simplement parce que lerugby, saisi par la publicité désor-mais comme M. Le Trouhadecpar la débauche, avait accordé li-cence à un annonceur de peindrelargement son logo sur la pe-louse. Un beau logo bien bleu etun peu rouge, bien large, bien ba-veux comme omelette, fait nipour le jeu, ni pour les joueurs,mais évidemment pour le télé-spectateur.

Cela devient une manie et unemanne en effet que d’utiliser dé-sormais les terrains de sportcomme panneaux d’affichage. Cematch vous est offert par lacompagnie d’assurances X. Doncà Dublin, la pelouse était en bleu,c’est-à-dire pas tout à faitconforme à l’idée qu’on peut sefaire d’un cliché irlandais. Etcomme il plut à tonneaux – là onrestait dans la norme –, cela fitune drôle de bouillie irlandaise.

Ce n’est pas grave, dira-t-on.Non, pas plus grave qu’une gênepermanente, qu’une insulte faiteau jeu et aux joueurs, sortes debonhommes-couleur malgré eux,affublés de leur peinture de pu-blicité comme il en est de guerre.Et de la plus tenace, paraît-il, carun collègue racontait qu’au len-demain du match, dans l’avion duretour la tribu des visages bleusportait encore au visage les tracesdes bavures.

Revenir de Dublin recousu departout, la lèvre tuméfiée, le cuirchevelu recousu, l’œil encocardé,voilà bien de l’héroïsme coutu-mier. Mais en revenir, pauvresbestiaux, repeint bleu d’Irlandefait nettement moins chic.Comme le signe de cette fameusetraçabilité instaurée en matièresanitaire pour détecter la vachefolle. De fait, le rugby est nette-ment sur la voie de l’herbe folle etdu maquignonnage publicitaire.

Le fondateur de l’ARC, Jacques Crozemarie,est renvoyé devant le tribunal correctionnel

De 200 à 300 millions de francs auraient été détournés entre 1990 et 1995LE JUGE D’INSTRUCTION en

charge de l’affaire de l’Associationpour la recherche sur le cancer(ARC), Jean-Pierre Zanoto, a déci-dé de renvoyer Jacques Crozema-rie, fondateur et ancien présidentde cette association, devant le tri-bunal correctionnel de Paris pour« abus de confiance et recel d’abusde biens sociaux ». Au terme detrois années d’investigations quiont permis de faire la lumière surun système complexe de détour-nements d’une partie importantedes fonds provenant de centainesde milliers de donateurs, le jugeparisien a, conformément aux ré-quisitions du parquet de Paris,également renvoyé vingt-sixautres personnes devant le tribu-nal correctionnel.

Datée du vendredi 5 février, l’or-donnance de renvoi du juge Zano-to, qui compte 122 pages, fait uneanalyse détaillée des « avantagesinjustifiés » dont ont bénéficié lesresponsables du groupe d’entre-

prises sous-traitantes qui gravi-taient autour de l’ARC et deJacques Crozemarie. Il s’agitd’abus de bien sociaux réalisés aupréjudice des sociétés Publicad-vise, International Development,IDC, SQ2, Distrisarmon, ChristelOrganisation, etc. Ces sociétésétaient dirigées par Simon Félix,dit Michel Simon, Denis Baumont,Ivan Ledoux et plusieurs de leursproches. Ils sont aujourd’hui misen examen pour « complicité et re-cel d’abus de confiance, faux etusage de faux ». Ces abus de bienssociaux pouvaient prendre diffé-rentes formes : rémunérationssubstantielles versées à certainessalariées ou à des tiers, travaux ef-fectués à des domiciles privés,remboursements de frais de dépla-cement non professionnels oucommissions versées en Suisse.

Ces commissions provenaientdes deux fournisseurs du papierutilisé pour les revues que l’ARCdiffusait auprès de ses adhérents.

Versé sur différents comptes gene-vois, l’argent était ensuite reverséà Paris, le plus souvent en liquide,aux dirigeants d’International De-velopment (Le Monde du 7 avril1998). Différentes commissions ro-gatoires internationales ont per-mis d’établir que l’un des fournis-seurs a versé un total de près de88 millions de francs, une sommecorrespondant à environ 20 % dumontant des travaux commandéspour International Developmentpour le compte de l’ARC. L’ordon-nance de renvoi détaille égalementles honoraires versés à JacquesCrozemarie après son départ à laretraite du CNRS lorsqu’il avaitdéclaré, à compter du 1er mai 1990,une activité de « conseil en marke-ting d’entreprises ».

On apprend ainsi qu’entre mars1991 et juin 1994, le président-fon-dateur de l’ARC a reçu, sur l’un deses comptes bancaires ouverts à laSociété générale de Toulon2 117 696 francs d’honoraires pro-

venant de deux mystérieuses so-ciétés américaines (Lynx Partnerset Andara) dont le siège socialétait situé 380, Madison Avenue àNew-York et qui était dirigées parDanielle Pihl, une proche deJacques Crozemarie mise en exa-men. Il est reproché à Mme Pihld’avoir reçu des fonds du groupedes sociétés sous-traitantes del’ARC et d’avoir ainsi créé uneautre voie, américaine, de détour-nement des sommes détournées.

L’instruction de M. Zanoto amontré que l’une des contrepar-ties des tarifs prohibitifs auxquelsles sociétés sous-traitantes factu-raient leur prestations à l’ARCconsistait à alimenter le train devie personnel de M. Crozemarie : ila ainsi bénéficié d’avantages subs-tantiels pour sa villa de Rians puispour celle de Bandol, qu’il a ven-due le 19 juillet 1995 à Jacques Lit-wak, l’un des responsables des so-ciétés sous-traitantes, pour600 000 francs et une rente an-nuelle d’un même montant.L’aménagement de son apparte-ment de fonction de Villejuif, dontil vantait la modestie, est revenu àun coût supérieur à 2 millions defrancs. Les responsables des socié-tés sous-traitantes ont expliqué« ne pas avoir facturé la totalité destravaux car il leur paraissait difficiled’adresser à une association huma-nitaire une facture de 2,5 millionsde francs TTC pour l’aménagementdu logement de fonction du pré-sident ». Jusqu’à sa démission for-cée, le 18 janvier 1996, JacquesCrozemarie aurait ainsi indûmentbénéficié d’environ 20 millions defrancs, le total des détournementsde fonds au préjudice de l’ARC sesituant entre 1990 et 1995 dans unefourchette comprise entre 200 et300 millions de francs.

Jean-Yves Nau