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Historique du
Du 286e Régiment d’Artillerie Lourde
Source : Musée de l’Artillerie
Transcription intégrale – Luc Schappacher – 2015
HISTORIQUE
Du 286e Régiment d’ARtilleRie louRde
LYON I M P R I M E R I E N O I R C L E R C & F E N E T R I E R
3, rue Stella, 3 1920
2
HISTORIQUE
Du
286e Régiment d’ARtilleRie louRde
Le 286e R. A. L. a pris naissance le 1
er octobre 1917, à Verdun, sous le
commandement du lieutenant-colonel JULLIEN ; jusque-là les groupes qui furent appelés à le
constituer avaient vécu, d’abord isolés, puis avaient formé pendant l'année 1917 le 2e
groupement du 86e R. A. L.
L’origine, l’entrée en action et l’armement de ces groupes sont indiqués au tableau ci-
après.
A chaque groupe était affecté une S. M. (section de munitions).
Les 220 T. R. et 280 tiraient jusqu’à 10 kilomètres des projectiles de 100 et 200 kilos
contenant de 20 à 30 kilos d’explosif.
Au cours de l'année 1917, ces groupes participèrent à deux grandes offensives, l'une
sur l’Aisne (16 avril), l'autre au nord de Verdun (20 août).
En raison de leur armement, leurs missions ordinaires étaient des démolitions : abris,
batteries casematées, caves voûtées, villages.
ORIGINE DATE D'ENTREE
EN ACTION
A R M E M E N T
1
ER GROUPE (Capitaine
SCHNEIDER (Commandant RACT-
MADOUX)
2e GROUPE
(Commandant CHOUFFOT)
3e GROUPE
(Commandant ACHARD)
4e GROUPE
(Commandant DREYFFUS)
5e GROUPE
(Commandant MEYNIER)
(Commandant FOURCADE)
6e GROUPE
(Commandant CHEREL)
7e Groupe du 86
e AL
formé par la 47e Bat. du
11e R. A. P. et le dépôt du
83e AL
8
e Groupe du 86
e AL
formé par la 6e et 11
e R. A.
P., 81 et 82e AL
9
e Groupe du 86
e AL
formé par Le 53e Bat, du
10e R. A. P. et la 1
ère bat du
11e RAP
10e Groupe du 86
e AL
formé par les 2e et 25
e Bat,
du 9e R. A. P.
11
e Groupe du 86
e AL
formé par les 31e et 33
e
Bat, du 8e R. A. P.
12e Groupe du 86
e AL
formé par la 5e Bat. du 10
e
R. A. P. et le dépôt du 83e
RAL
31 mars 1917
15 mars 1917
28 juin 1916
13 mars 1916
6 mars 1917
24 mai 1917
155 Court Filloux
220 T.R.
220 P.F.M.
220 P.F.M.
280 Schneider
220 A.C.S.
3
OFFENSIVE DE L'AISNE 10 Avril
Les cinq groupes courts alors existants, mis à la disposition de la Ve armée,
eurent à agir dans des secteurs très différents :
Le 1er
groupe, affecté au 7° C. A., était le plus au sud, sur les pentes est
du massif de Saint-Thierry, et exerçait son action sur les environs du fort de Brimont.
Il fut fâcheusement scindé : une batterie fut affectée à une brigade russe, l'Etat -major
et l'autre batterie affectée à une division.
La région était découverte, l’observation ennemie facile, aussi l’intensité du
feu adverse obligeait-elle les batteries à changer de position, opération difficile à
cause du mauvais état des chemins, elle nécessita l’emplo i de chevaux.
Le groupe perdit en peu de jours sept tués, dont un sous-officier (sous-chef
BOLLIET) et six blessés, dont deux sous-officiers. Sa ténacité lui valut quinze
citations, dont six à l’ordre de la division.
Les 3e e t 5
e g r ou p es , affectés au 32
e C. A., étaient au sud-ouest de
Berry-au-Bac, sans autre défilement que quelques arbres insuffisants pour masquer
les lueurs (bois des G ea i s , Blanc-Bois, bois Poupeux). Leur action s’étendait au
nord et au sud de l’Aisne, d’Aguilcourt à Juvincourt.
Les batteries du groupe furent séparées et mises à la disposition de divisions
différentes.
Les principaux objectifs étaient : le village de Coudé, son château, la gare, la
sucrerie de Guignicourt, le Camp de César.
Les deux groupes se heurtèrent à des difficultés de toutes sortes : terrains
marécageux, d'où impossibilité de fouilles profondes, proximité de l'ennemi (Ferme
de Moscou à 800 mètres des lignes) rendant les mises en batterie et les mouvements
de matériel constamment troublés par l'ennemi qui déclenchait son tir au moindre
bruit de moteur, encombrement de munitions amenées par la voie de 0 m.60 et qui,
déchargées en hâte sur le côté de la voie, y restaient entassées sans que le personnel
des batteries fût suffisant pour les engerber à proximité des p ièces (position du 3e
groupe a la Chapelle de Cormicy).
Le 19 mai, un obus ennemi tombant sur un approvisionnement de 400
coups de 220 en provoqua l’explosion, retournant une pièce, tuant le maréchal
des logis MATHIEU et six hommes, effondrant trois abris, emmurant dans un
autre le capitaine, deux sous-officiers et vingt hommes. Il fal lut deux heures
d'efforts sous le bombardement pour dégager ce personnel.
L’entonnoir formé par l'explosion avait 10 mètres de profondeur et 15 mètres
de largeur.
Le 3e groupe laissait sur le champ de bataille 15 tués, dont le sous -lieutenant
DEVERIN, tué à l'observation, et 34 blessés sur 120 hommes en position, soit plus de
40% de pertes. Il obtenait 37 citations, dont 3 au C. A.
Du 30 au avril au 4 mai, jour de son changement de position, la batterie Iung a
été constamment contrebattue, les M.P. PICOT et BOIVE, l'infirmier BARBIER, le
canonnier GREGOIRE ont été tués. Un projectile ennemi éclata sur la bouche d’une
pièce et la mit hors de service sans toutefois causer de pertes.
Les pertes du 5e groupe furent plus légères : 5 tués, 10 blessés et 8 intoxiqués.
Une explosion de 70 obus F. A., qui se produisit le 21 mai à la batterie Du CLOS,
creusa un entonnoir de 30 mètres de diamètre, sans pertes.
4
Les 2e et 4e groupes, affectes au 1
er C. A., furent mis en batterie au
nord de l'Aisne, aux environs de Beaurieux, pour agir vers Craonne, ayant pour
objectifs principaux : batteries casematées de Corbeny, château de la Bove, réseaux
du moulin d’Aizellcs, réseaux au nord-est de Bouconville, abris bétonnés au nord de
Craonne, plateau de Californie, ouvrages Eitel-Fritz. Les tirs furent, réglés par
avions, ballons ou observatoires terrestres. Plusieurs réglages par avions furent
réussis.
Le 2e groupe, seul armé de 220 T. R, fit de la contre-batterie en concentrant
les tirs de ses deux batteries sur le même objectif.
Le nombre maximum des coups tirés en une seule journée par les six pièces du
groupe fut de 564.
Les groupes restèrent en batterie deux mois environ, exécutant des tirs presque
journaliers dans des conditions d’installation médiocres, ils ne subirent pas des tirs
systématiques, mais furent constamment harcelés. Le 27 avril, un obus de 105 tombe
sur un groupe de gradés de la batterie HURAULT, causant trois victimes : adjudant
MARTIN, maréchal des logis ARGOULT, canonnier BASERQUE.
Cet exemple n’est malheureusement, pas le seul d'obus isolés désorganisant
une b a t t e r i e ou une pièce par suite de rassemblement de personnel.
Le 29 mai, le groupe fut mis à la disposition de la VIe armée et alla prendre
position au nord de l’Aisne, à proximité de Celles-sur-Aisne
Son action devait s’exercer sur la ferme Vaurains et le ravin des Gobineaux,
situés à l’ouest du fort de la Malmaison. Quelques réglages purent être exécutés au
moyen de l’observation bilatérale ; l’étude des photographies permit de conclure à de
bons résultats.
Du au 25 juin, 1.300 coups environ furent tirés, mais l'attaque projetée fut
ajournée.
En résumé, dans l’offensive de l’Aisne, qui fut arrêtée le jour même où elle fut
déclenchée, le 2e groupement du 86° aida puissamment les divisions qui reconnurent ses
services par 115 citations.
Il paya cette gloire de 38 tués et 84 blessés.
OFFENSIVE DE VERDUN 20 Août 1917
Le 2e groupement du 80
e fut mis à la disposition de la 11
e armée (P. C. SOUILLY) dont
l’artillerie était commandée par le général FRANIATTE.
Il devait coopérer à l’attaque du 20 août qui nous rendit les fameuses positions de la
côte 804, de Samogneux et de la côte de l’Oie, puis il fut maintenu jusqu’à la prise de la
tranchée de Trêves.
Le lieutenant-colonel JULLIEN reçut le commandement d’un groupement d'artillerie
lourde mixte rattaché successivement aux 15e C, A. et 7
e C. A., comprenant :
Deux groupes de 145 du 86e (command. VACHAL et MECKLER) ;
Une batterie de 95 (capitaine MARTINELLE) ;
Une batterie de 270 de côte ;
5e groupe de 280 du 86
e (commandant MEYNIER).
D’autre part, les groupes 1, 3, 6 du 86e furent affectés aux divisions du 15
e C. A.
(command. artillerie général BUNOUST), remplacé en septembre par le 7e C. A. (command.
5
artillerie colonel BROUSSAUD) ; les groupes 2 et 4 aux divisions du 32‘ C. A. (command.
artillerie général PIQUEMAL).
Tous ces groupes répartis dans les divisions furent mis à la disposition des
commandants d’A. L. C.
Leurs emplacements de batterie furent fixés à proximité de la joute de Bras à Louve-
mont ou de Bras au ravin du Helly, région de trous d’obus et d’arbres déchiquetés, défilée aux
vues terrestres par la côte du Poivre et la cote 378, au sud des Chambrettes, mais non
entièrement aux vues des ballons.
Jusqu’au 20 août, la circulation ne put s’effectuer qu’exclusivement de nuit, la route
Verdun-Bras n’étant nullement défilée de la rive gauche de la Meuse.
Il serait inexact d’en conclure que la nuit la rendait hospitalière, car cette unique route
de ravitaillement en vivres et en munitions et, en particulier, son point d’aboutissement Bras,
étaient copieusement harcelés par canons et par avions.
Au cours du mois d’août, des embouteillages nombreux, voire même des paniques, se
produisirent, causés par des explosions de chargements de poudres ou par des attelages affolés
circulant sans conducteurs.
Le 18 août, un tracteur Jeffry, du 1er
groupe, chargé de poudre, prend feu et brûle dans
Bras. Le 19 août, un camion du même groupe saute, son conducteur est tué (SOULIE Léon).
Les sections de munitions eurent un travail des plus dangereux et des plus ingrats, qui
leur fait le plus grand honneur.
De l’ouest à l’est, les groupes s’échelonnaient dans l’ordre suivant :
Le 1er
groupe était installé a 400 mètres environ à l’est de Bras, entre le pied
de la côte du Poivre et la route, à 3 kilomètres de la ligne ennemie. Il avait pour objectifs
Samogneux, Regneville, le bois d’Haumoncourt, le bois des Caures.
Dès les débuts du tir, le 6 août, le capitaine SCHNEIDER, qui se trouvait à l'observation
sur la côte du Poivre, avec le lieutenant GOURLIER, le maréchal des logis GUILLOU et deux
téléphonistes, est grièvement blessé ; le même obus tue le maréchal des logis GUILLOU et
blesse les deux téléphonistes.
Quelques accidents indépendants du tir causent, deux morts ; le feu est mis
prématurément à une pièce pendant qu’il était procédé à son camouflage ; un canonnier
imprudent fait exploser une grenade en la maniant.
Pendant toute l'offensive les pertes (6 tués, 23 blessés, 38 intoxiqués) ont été dues aux
tirs de harcèlement ennemi atteignant principalement le personnel d’observation et de
ravitaillement, et à l'intoxication par les gaz, déversés abondamment dans le ravin de Bras.
La journée et la nuit du 17 octobre furent particulièrement dures. Après un tir de gros
calibre (210), l’ennemi exécuta toute la nuit un tir de 77 et de 105 à gaz, précurseur d’une
attaque. Malgré la pluie, malgré les gaz, il fallut servir les pièces pour parer à une offensive
possible de l'ennemi (C. P. O. contre préparation offensive).
Les servants exténués tombent à la peine. Au matin, une seule pièce tire encore ; mais
l’attaque ne s’est pas produite.
Avant de partir au repos, le 20 décembre le 1er
groupe voit sa brillante carrière à
Verdun couronnée par la citation suivante à l’ordre de l’armée :
« Occupant depuis juillet 1917 une position très avancée, a, sous l’énergique direction
du capitaine RINN, en août et septembre, puis du capitaine FORTADO, en octobre et novembre
1917, constamment, rempli ses missions jusqu’au bout, malgré des bombardements
incessants de tous calibres et d'obus asphyxiants. A brillamment participé aux attaques des
13 et 21 août 1917. Pendant les attaques du 25 novembre 1917, a de nouveau affirmé sa
bravoure et son entrain en accomplissant intégralement, avec des effectifs réduits, des
missions délicates dans des conditions difficiles. »
6
2e groupe. — Les deux batteries du groupe prirent position en échelon. La batterie
BRETON en avant du ravin du Helly, position la plus à l'est des six groupes courts, 3
kilomètres au nord-est de Bras. La batterie HURAULT à 2,5 km environ plus au sud, au ravin
des Vignes.
Beaumont, Ornes, Bezonveaux, la cote 344, la tranchée de Trêves, des abris bétonnés
furent les objectifs successifs du groupe.
L’installation de la batterie HURAULT fut particulièrement meurtrière. Un camion
atteint par un coup de harcèlement éclate et communique le feu à trois camions à munitions
qui sautent. La route est impraticable, les abris sont endommagés.
La batterie BRETON qui, jusqu'à épuisement complet (5 octobre), reste au ravin du
Helly, a beaucoup à souffrir du harcèlement constant et du bombardement à gaz : 65
intoxiqués au groupe.
Le 14 août, le commandant CHOUFFOT, intoxiqué lui-même par les gaz, doit être
évacué; le capitaine BRETON est très sérieusement éprouvé.
Les nombreux tirs effectués éprouvent le matériel, réduit à un certain moment à trois
canons pour le groupe.
Du 13 au 10 août, les batteries tirèrent en moyenne 75 coups par pièce et par jour. Si
l’on tient compte de ce qu’un projectile exige deux manutentions, l'une pour le descendre du
camion de ravitaillement, l’autre pour le mettre dans la pièce, chacune de ces batteries eut
donc journellement 60 tonnes a manutentionner, soit le contenu de 6 wagons. On conçoit des
lors quelle fut la fatigue du personnel, sans compter le poids de la civière des poudres.
Les pertes furent de 15 tués, dont ;
Le maréchal des logis VALLIN, qui mérita la citation suivante :
« Chef de pièce d'un courage remarquable, le 13 août, ayant reçu l’ordre de continuer
le feu malgré le tir de harcèlement ennemi, est resté volontairement hors de l’alvéole de sa
pièce pour encourager ses hommes de son exemple. A été tué d'un éclat d’obus pendant que
sa pièce était en action. »
L’adjudant RIVAULT, tué au cours d’un ravitaillement ;
Le maréchal des logis fourrier COQ, de la S. M., tué a l'échelon par une bombe
d’avion.
Il y eut en outre 30 blessés.
Le groupe obtint une citation collective à l’ordre de la division et 93 citations
individuelles.
Citation à l'ordre de la division
« Les deux batteries de 220 T. R. du 2e groupe du 86
e ont exécuté dans la préparation
des attaques des 20 et 26 août une série de tirs qui a demandé un effort considérable de tout
le personnel et dont le bon résultat constaté est dû à l’excellente instruction du tir du groupe.
Dans des positons très bombardées, les batteries n'ont jamais interrompu les tirs dont la
mission leur avait confiée et la bonne exécution des destructions faites par les mortiers a
contribué d'une manière sensible aux succès obtenus. »
Tenant compte de ce qu’une batterie seule occupait une position avancée, le 2e groupe
est celui qui souffrit le plus.
Au début de décembre, il partait au repos.
3e groupe. — Le groupe fut établi immédiatement à l'est du 1
er groupe et en arrière du 6
e, la
batterie IUNG à la carrière des Mitrailleurs, la batterie VERDIER 700 mètres plus a l’est, à
l’entrée du fond de Heurias.
Les objectifs du groupe furent : les ouvrages de la cote 344, ceux de Kiel et du Buffle,
la ferme d’Anglemont, la caserne des Sources de l’Orne.
7
La région fut particulièrement soumise aux gaz pendant le mois de septembre, 100
évacuations furent dues à des intoxications.
Dès le 15 septembre, la batterie VERDIER a trois pièces hors de service, il ne reste plus
que la batterie IUNG en position avec trois pièces. Elle est relevée le 13 octobre par l’autre
batterie du groupe, depuis un mois au repos, commandée, après l’évacuation du capitaine
VERDIER, par le sous-lieutenant COULONDRE.
Le 8 septembre, un obus ennemi de 150 tombe sur un approvisionnement de 40
projectiles de 220 placés sur le côté de la plate-forme d’une pièce et le fait exploser. Il ne reste
plus trace du mortier de 220.
Ce même jour le canonnier servant BERJON mérite la citation suivante :
« S’est particulièrement distingué le 8 septembre 1917, au cours d’un incendie
provoqué par le feu ennemi. A relevé des artifices sur le point d’être dévorés par les flammes.
A ainsi évité de nouvelles explosions. »
Le 5 novembre, le groupe est relevé pour aller au repos, il en revient le 30 novembre
pour relever le 4e groupe du 286
e réduit à deux mortiers.
Enfin le 20 décembre, il part définitivement au repos dans la région de Colombey-les-
belles, au sud de Toul.
En cours de route, par suite du grand froid, les radiateurs de tous les tracteurs éclatent
le 22 décembre, et ne sont réparés que provisoirement; à l’arrivée huit tracteurs seulement
sont disponibles au groupe.
Les pertes du 3e groupe étaient de 9 tués et 18 blessés.
Il obtenait 47 citations individuelles.
4e
Groupe. — Les deux batteries furent installées au sud du bois d’Haudromont et près de la
carrière du même nom.
Leurs objectifs, en partie communs avec ceux du 3e groupe, comprirent en outre dans
le secteur du 32e C. A. : tranchée de Mésopotamie, boyau du Thibet, ouvrage du Lama, ravin
des Rattes.
La proximité d’un stockage du génie et le peu de largeur du ravin occasionnèrent au
groupe des pertes sévères : 17 tués, 20 blessés, 58 intoxiqués. Le mois de novembre fut
particulièrement meurtrier.
Le 4e groupe resta au complet en ligne jusqu’au 3 décembre, alors que les autres, sauf
le 5e purent être relevés en partie ou en totalité.
Dans la nuit du 17 au 18 août, l’ennemi bombarde par obus explosifs et asphyxiants,
les chemins, les pistes, les positions de batterie. La batterie DIDIER est largement
approvisionnée.
Vers 22 heures, les projectiles ennemis se rapprochent progressivement. Soudain une
explosion fait trembler tous les abris de la batterie. Chacun croit son abri atteint et s’attend à
le voir s effondrer, les portes, les toiles contre les gaz sont arrachées, laissant voir une
immense lueur, une odeur caractéristique indique que les gaz pénètrent dans l'abri. Les
masques sont mis et à la lueur des lampes électriques chacun se précipite au dehors.
Un dépôt de munitions de la batterie vient de sauter, un abri s’est effondré, le capitaine
DIDIER, d’une part, le sous-lieutenant DECROUX, de l’E.-M., de l’autre, rassemblent leur
personnel et se portent vers l’abri. Le capitaine DIDIER est gêné par son masque, il l’enlève, Je
sous-lieutenant DECROUX est blessé à l’œil, il ne s’en inquiète pas.
La partie sud de l’abri est effondrée, bouchant les deux entrées, des voix appellent au
secours.
Le déblaiement commence. Le tir ennemi, le port du masque, l’obscurité rendent le
travail particulièrement pénible.
8
Enfin la cheminée d’aération est dégagée, le canonnier BIRROCHON s’emploie
vaillamment à dégager ses camarades pris sous les décombres, tous sont sauvés avec quelques
blessures.
L’explosion de 200 obus avait projeté la pièce à 20 mètres et fait un trou de 25 mètres
de diamètre et de 7 mètres de profondeur.
Le lendemain matin la batterie effectuait un tir de réglage comme si rien
d’extraordinaire ne s’était passé.
Quelques semaines plus tard, le 24 novembre, la batterie GANSTER était en butte à un
tir mixte de 210 à retard et de coups fusants. Le sol tremble sous les arrivées voisines des
abris. Soudain une secousse très violente, une pluie de débris, puis des cris de détresse ; un
abri de la 3e pièce vient d’être touché, de la fumée le couronne, les canonniers se précipitent
au dehors poussant des cris.
La partie droite de l’abri est effondrée. Les secours s'organisent sous la direction du
capitaine GANSTER ; le maréchal des logis GAIFFE, quoique contusionné, participe au
sauvetage, effectué sous le tir non interrompu de l’ennemi.
Hélas! Ce sont sept cadavres qui sont retirés des décombres.
De nombreux exemples individuels de dévouement sont à l’actif de canonniers du
groupe.
Le 20 août, le maréchal des logis la, FRAPPER est tué à sa pièce, et cité à l’ordre
de l'armée avec la citation suivante :
« Excellent sous-officier ayant pris part, aux offensives de la Somme et de l'Aisne.
S’est dépensé sans compter dans le secteur de Verdun. En particulier, le 20 aout 1917, un
seul servant, restant a son peloton, a continué le service de sa pièce avec l'aide de deux autres
sous-officiers, malgré un bombardement ininterrompu de 130 et 150. A été tué à son poste au
moment où il disait : - Ne nous arrêtons pas, nous tirons pour la Patrie. »
Le 15 novembre, l’agent de liaison GALTIER, grièvement blessé, ne se laisse panser
qu’a près avoir chargé un camarade de remplir sa mission.
Les mérites du groupe lui ont valu 80 citations et sont résumées dans la citation
suivante, à l’ordre de la division :
« Pendant les attaques d'août 1917, sous le commandement du chef d’escadron
DREYFUS, du capitaine DIDIER et du capitaine GANSTER, a fait preuve d'un esprit de sacrifice
magnifique en se dépensant jusqu’à la limite de ses forces.
« Sous les bombardements très violents de jour et de nuit d’obus de gros calibres et d’obus
toxiques, malgré de grosses pertes, n'a jamais eu un instant de défaillance, a rempli toutes ses
missions et a ainsi contribué à faciliter la grande tâche de notre infanterie. »
5e groupe. Le 5
e groupe fut installé à cheval sur la Meuse. La batterie DUCLOS au sud de la
cote de Froideterre, près de Petit Bois, la batterie FERY sur la rive gauche, près de la ferme de
Longbut.
Après le 20 août, cette dernière batterie se porta en avant pour s’installer au bord de la
route de Charny à Villiers-les-Moines.
Le groupe qui faisait partie du groupement JULLIEN exécuta des destructions au profit
de diverses divisions dans la région : cote 344, bois des Fosses, Beaumont, ravin de Haumont
et ravin de la Mamelle.
Quelque déceinturages provoquèrent des chutes de projectiles dans nos lignes,
heureusement sans accident et conduisirent à des visites très minutieuses des projectiles.
La batterie DUCLOS fut inquiétée pendant quelques jours par des obus toxiques, mais
eut ensuite tout le loisir de s’installer très complètement.
Au total, ce groupe eut peu à souffrir et ne compta que quatre blessés.
9
6e groupe. — Le 6
c groupe, nouvellement formé, fut mis en batterie au bord du chemin de
Bras à Louvemont, au-dessus de la Carrière des Mitrailleurs.
Ses objectifs différaient peu de ceux du 3e groupe : Ferme Mormont, petit bois
Chausson, ouvrages du Crapaud, les abris du ravin d’Anglomont et Dasserieux.
Au cours des travaux les positions sont déjà bombardées.
Le 23 juillet, le tir ennemi met le feu à un camouflage ; en éteignant l'incendie, le sous-
lieutenant PACRAUX est blessé par un éclat d’obus.
Les 4 et 5 août, les pièces sont amenées en batterie ; le 8 août, leur approvisionnement
à cinq jours de feu est complet.
Dans la nuit du 17 au 18 août, l’ennemi commence à arroser tout le ravin d’obus toxiques.
Avertis par le bruit sourd des éclatements et l’odeur caractéristique, les hommes
mettent leurs masques et malgré la gêne qui en résulte assurent le ravitaillement.
L’ennemi est prodigue de munitions. Plus de 6.000 obus de 77, 105, 150, 210 tombent
sur la région.
A l’aube, le tir ennemi cesse, mais l’air reste infecté.
Tous ceux qui ne s'obligèrent pas à conserver leurs masques furent sérieusement
atteints.
Tel fut le cas du capitaine GROENE.
Son P. C. était envahi par le gaz. Il envoie ses lieutenants dans un abri surélevé et reste
à son poste de combat, à proximité du téléphone et de ses cartes. Il dut à plusieurs reprises
enlever son masque pour donner des ordres ou pour téléphoner. Il ne tarda pas à être atteint
d’une conjonctivite aiguë et de troubles respiratoires, qui eurent raison de son énergie et
l’obligèrent le lendemain à quitter son poste.
Le capitaine GROENE venait de donner un haut exemple d’abnégation et d’esprit de
sacrifice, qui fut reconnu par une citation de l’Artillerie du C. A.
Dès le 19 août, 3 mortiers de 220 sont atteints par le tir ennemi, l’un d’eux ne peut
plus tirer.
Le 23 août, le tir sur l’ouvrage du Crapaud est observé par un avion qui signale
plusieurs coups au but.
Le 6 septembre, un obus ennemi détermine l’explosion d’un dépôt de projectiles de la
batterie BELLECOUR.
Le 7 septembre, au cours d’un réglage, la batterie BELLECOUR est vivement prise à
partie. Trois pièces sont touchées, dont une entièrement hors de service ; une pièce avait déjà
été mise hors de service le 20 août. Le tir continue avec deux pièces.
L’observateur, sous-lieutenant PACRAUX, signale de nombreux coups au but.
Malheureusement ce jeune officier payait de sa vie l'occupation d'un excellent observatoire de
première ligne.
Sa conduite passera à la postérité avec la citation suivante à l'ordre de l’armée :
« Jeune officier de grande valeur, ayant par son mépris absolu du danger un grand
ascendant sur son personnel. Chargé le 7 septembre 1917 de régler le tir de sa batterie, d’un
observatoire de première ligne, n’a pas hésité à s’installer à un coin très exposé pour remplir
sa mission. Tué à son poste d’observation. »
Le 20 septembre, la position est bombardée par obus de 150 et 210. Deux nouvelles
pièces sont mises hors de service et une autre le 21.
Il reste 3 pièces au groupe sur 8.
Le 30 septembre, l’ennemi envoie 300 coups de 210 sur la position. Il détermine à
onze heures l’explosion d’un dépôt de 120 obus allongés, un mortier de 220 voisin est mis
hors de service, les abris sont fortement ébranlés. Deux nouveaux accidents à des pièces se
produisent le 2 octobre, après moins de deux mois de mise en action, le groupe, du fait du feu
ennemi, n’a plus aucune pièce en état de tirer et est retiré à son échelon.
10
Il avait eu 7 tués, 56 blessés, 70 intoxiqués et obtenu 60 citations, dont la citation
collective suivante :
« Le 12e groupe du 86
e R. A. L., sous les ordres du capitaine CHEREL, occupant des
emplacements avancés soumis à des bombardements incessants d’obus toxiques qui lui
causèrent de lourdes pertes, a fait preuve d’une énergie peu commune et d’une endurance
digne d’éloges. »
A la fin de décembre, tous les groupes du 286e avaient quitté Verdun. Un groupe était
cité à l’ordre de l’armée, trois autres à l'ordre de leur division.
Le groupement JULLIEN avait vu de nombreux groupes étrangers au 286e entrer dans sa
composition, son action avait été reconnue, en dehors des citations obtenues par ces divers
groupes, par la citation individuelle suivante du 15e C. A. :
« Lieutenant-colonel JULLIEN. Brillant officier supérieur, très actif et d’une
compétence technique absolue. A commandé pendant l’offensive de la IIe armée, en août
1917, sous Verdun, un important groupement d’A. L. dont il a su obtenir, en dépit des
difficultés nombreuses dues au terrain et aux réactions ennemies, un très bon rendement. A
notamment réussi de nombreuses destructions d’ouvrages et de batteries ennemies et a ainsi
grandement contribué à l’heureux succès des opérations ».
11
P É R I O D E D E D E F E N S I V E
1918
I. LORRAINE
Pendant les premiers mois de 1918, le 286e rassemblé au sud de Toul, dans la région
de Colombey-les-Belles, procéda à des organisations défensives et à des reconnaissances sur
le front de la VIIIe armée (P. C. Flavigny), de Pont-à-Mousson à Baccarat. Cette période fut
marquée par deux coups de main : Coup de main de Flirey (8 janvier) ; de Moncel (20
février).
COUP DE MAIN DE FLIREY
Les 1er
, 2e et 5
e groupes furent mis à la disposition de la division marocaine, vers la fin
de décembre, pour un coup de main dans les lignes ennemies au nord de Toul, ayant pour but
de reconnaître ses organisations et de ramener des prisonniers.
L’opération eut lieu le 8 janvier et réussit pleinement, malgré les conditions
atmosphériques très défavorables.
La glace rend les routes glissantes, plusieurs tracteurs et pièces glissent dans les fossés
et sont remis péniblement sur la route.
Les alternatives de gel et de dégel remplissent d’eau les cuves du 280 et empêchent de
le déplacer en le soudant au sol.
Les clavettes, les verrous sont gelés dans leurs logements, l’eau chaude est
indispensable pour les faire fonctionner.
Aucun réglage préalable n’avait eu lieu, le feu fut ouvert le 8 au matin, d’après la
carte, sur des tranchées de 1ère
et de 2ème
ligne pour le 155 et le 220, sur des batteries pour le
280.
Il fut observé par la S. R. O. T. (service renseignement observation terrestre).
A la suite de l’opération, une vingtaine d'hommes eurent les pieds gelés.
Le 20 janvier, le maréchal PETAIN vient inspecter le régiment à Colombey-les-Belles.
A la suite de l’historique sommaire des groupes, exposé par le lieutenant-colonel JULLIEN, le
maréchal félicite le régiment d’avoir toujours été engagé dans les actions importantes et d’y
avoir mérité des citations les plus élogieuses ; il fait remettre des souvenirs aux sous-officiers
et canonniers présents.
Le 25 janvier, toutes les S. M. sont dissoutes et remplacées par le groupe des S. T.,
comprenant les 11e et 12
e S. T.
COUP DE MAIN DE MONCEL
Le 20 février, nouveau coup de main dans la région de Moncel, village sur la route de
Nancy a Château-Salins.
12
Les quatre groupes 2e, 3
e, 5
e, 6
e, y prennent part et sont mis à la disposition de la 123
e
D. I. (15e C. A.).
Les objectifs sont des nœuds de communication, des fils de fer, des abris de
mitrailleuses, les fermes des Ervantes et Rozebois qui ont des abris souterrains.
Les réglages ne commencent qu'au lever du jour, le 20 février, et doivent être observés
par avion, observation gênée par le temps brumeux.
L’opération combinée avec une autre toute semblable plus au sud réussit et produit
quelques centaines de prisonniers.
Toutefois ces va-et-vient commencent a être éventés par l'ennemi qui, dès la
préparation de l’attaque, abandonne les lignes soumises à notre feu, nous laisse avancer sans
résistance d’infanterie et reprend ses tranchées après notre départ, se contentant de nous
inquiéter par son artillerie.
Dès le soir du 20, les groupes désarment et rentrent dans leur cantonnement.
Pendant le séjour du régiment à Colombey, des reconnaissances et des travaux de
construction de batterie furent faits dans la région de Nomény et dans celle de la forêt de
Champenoux.
L’instruction du régiment est complétée activement.
En mars, les reconnaissances et les travaux s’étendent à la région de Baccarat.
Enfin le coup de tonnerre attendu éclate, le 21 mars l'ennemi se précipite à la soudure
des armées anglaises et françaises, franchit la Somme et canonne Paris à longue portée.
Toutes les réserves refluent vers Paris, y compris le 286e.
II. VALOIS ET SOISSONNAIS
Le 24 mars, à midi, le régiment reçoit l’ordre de faire mouvement de Colombey sur
Vitry-le-François.
Les travailleurs rentrent dans la nuit. La réserve d’essence, représentée simplement en
bons, est perçue avec mille difficultés à différents dépôts, qui lâchent péniblement leur
approvisionnement, et le régiment part le 25 au matin.
Après une halte d’un jour à Vitry, le régiment continue ; le point extrême fixé est
Clermont (Oise), mais, en réalité, le 286e est arrêté à Château-Thierry le 30 mars.
La distance Colombey-Château-Thierry, soit 250 kilomètres, avait été franchie en 5
jours, dont 1 jour de stationnement. La colonne lourde qui aurait dû faire 6 kilomètres en
moyenne par heure est resté en réalité 50 heures sur la route, faisant 5 kilomètres à l’heure. La
dernière étape, Sézanne-Château-Thierry, a été faite par les derniers éléments à la vitesse de
2,5 km à l’heure, en raison de l’embouteillage des routes dû à l'encombrement et au mauvais
état du sol.
Toute cette route pénible a été supportée stoïquement par le personnel qui comprenait
la nécessité de cet effort.
La ligne Nancy-Paris voyait se succéder les trains militaires à dix minutes d’intervalle,
lorsqu’un arrêt non prévu se produisait, les trains formaient un ruban continu.
Si les routes, grâce à la traction automobile, n'avaient pu amener divisions et batteries,
la percée de l’ennemi risquait de ne pas être aveuglée.
Elle le fut, et le 286e resta en stationnement, prêt à tout événement, aux environs de
Château-Thierry, à Mont-Saint-Père, Chartrêves, du 1er
au 12 avril.
Le 9 avril, le 6e groupe, armé de 220 (affût circonstance Schneider), part à Vincennes,
pour y être armé de 280.
13
Le 13 avril, le 286e, mis à la disposition de la VI
e armée (E.-M. BELLEU) commandée
par le général DUCHENE, est cantonné aux environs de Fismes ; l'artillerie du 1er
C. A. (général
DUPONT) fait exécuter au régiment des reconnaissances et des travaux au sud de l'Aisne, entre
Bourg et Comin et. Mezy, à Glennes, Meurival, Ventelay.
Successivement les 1er
, 2e, 4
e et 5
e groupes sont détachés près de divisions ou de corps
d’année pour des missions de C. P. O. (contre préparation offensive) ou de contre-batterie.
Le 2e groupe (command. RACT-MADOUX) est affecté à la 1
ere division (2
e C. A.) pour
agir dans la région de Noyon. Il est assez éprouvé pendant son séjour dans ce secteur. Un
bombardement à l’ypérite, dans la nuit du 29 au 30 avril, amène à lui seul 27 évacuations.
Le 2e groupe (commandant CHOUFFOT) exécute la contre-batterie au profit de
l'artillerie du 11e C. A. puis, de la région d’Ostel, participe au coup de main du Moulin
Rouge.
Le groupe DREYFUS, en batterie près de Moulin, au nord d’Oeuilly-sur-Aisne, est
affecté successivement à l’A. D. 22, puis à l’A. L. du 11e C. A. et fait des destructions et de la
contre-batterie.
Le groupe MEYNIER participe au coup de main sur Anizy-le-Château qui ne réussit
pas.
Le 15 mai, le régiment est rassemblé aux environs de Couvrelles, entre Fismes et
Braine, puis le 18 mai se transporte entre Crépy-en-Valois-Senlis, à la disposition de la IIIe
armée (E. M. Clermont). La route Soissons-Villers-Cotterets, en très mauvais état, doit être
évité, l’itinéraire est pris par Longpont.
Le 21 mai, le 6° groupe, parti le 9 avril pour Vincennes, revient armé de G canons de 280.
Le régiment commence des travaux dans le secteur du 34* C. A., au nord de Compiègne, dans
la vallée du Matz.
Le 27 mai, à la suite de la percée vers Château-Thierry, le régiment est alerté ; les
travailleurs sont rappelés ; le 286° doit être prêt à faire mouvement dans un délai de 15 heures.
Le 1er
groupe doit se rendre au C. O. A. L. de Saint-Dizier pour transformation et n'est pas
alerté : il part le 29 mai.
Le 3 juin, après un ordre de coopération avec la division marocaine, dont l’exécution
est interrompue, le 286e est mis à la disposition de la X° armée (général MANGIN) dont
l’artillerie est commandée par le général FRANIATTE (P. C. Chantilly).
La Xe armée se trouve engagée entre la IIIe armée au nord (général HUMBERT) et la
IVe armée au sud (général DEGOUTTE) et son secteur s’étend de Tracy-le-Mont, au nord de
l’Aisne, jusqu’à Antheuil-en-Valois, au sud de la forêt de Villers-Cotterets.
Une position de résistance est jalonnée entre ces deux points.
Pour la défense de cette position, le général commandant l’artillerie de l’armée
constitue son artillerie en deux groupements.
Le groupement sud, sous les ordres du lieutenant-colonel JULLIEN, commandant le
286e, doit comprendre tous les groupes du 286
e R. A. L., 2 groupes de 145, 1 groupe de 155 L.,
77 hippomobile et 1 groupe de 155 C. S. hippomobile.
Il avait à agir dans les secteurs des 20e C. A. (général BERTHOULAT), 11
e C. A.
(général NIESSEL), pendant que le groupement nord agirait dans les secteurs du 30e C. A.
(général CHRETIEN) et 1er
C. A. (général LACAPELI.E).
Le 7 juin, les deux groupements sont réunis en un seul sous les ordres du lieutenant-
colonel JULLIEN, qui établit son P. C. au bois d’Ancourt, près de Pierrefonds. Tout le
groupement, 2 groupes longs et 8 groupes courts, était prêt à ouvrir le feu le 10 juin au matin.
L’attaque ennemie ne s’étant pas produite, le 11 juin les batteries rentrent à leurs
échelons, prêtes à réarmer ou à recevoir une nouvelle destination.
Du 11 juin au début de juillet, des fiches de position sont établies pour toutes les
batteries de 2éme ligne, le personnel exécute des travaux sous la direction des divisions.
14
Le 22 juin, les 2e et 4° groupes, mis en réserve de G. A. R. (groupe armée réserve), se
portent sur Saint-Sulpice, par Creil et Nouilles, puis ils reviennent le 26 pour appuyer l’A. L.
20 dans l’attaque effectuée le 28 par le 20e C. A. sur le front Amblessy- Saint-Pierre-d’Aigle.
Le 3 juillet, les deux groupes désarment pour retourner à Saint-Sulpice.
Les aménagements définitifs étaient en cours d'exécution sur le front de la Xe armée
lorsque le 14 juillet se déclencha l’offensive allemande en Champagne.
Immédiatement les ordres se précipitèrent pour la contre-offensive du 18 juillet.
Les 2e et 4
e groupes furent remis à la disposition de la Xe armée qui affecta l’E.-M. du
régiment avec les 2e, 4
e et 5
e groupes au 30
e C. A. (général PENET) et le 6
e groupe au 11
e C. A.
(général FRAX).
Le 3e groupe restait en réserve de la Xe armée.
15
C O N T R E - O F F E N S I V E D E L A X X e A R M É E
J u i l l e t 1918
L’offensive générale entre Aisne et Ourcq était orientée sur Fère-en-Tardenois.
Elle avait pour but d’atteindre les communications, d’ailleurs difficiles, des forces
ennemies qui avaient atteint et même dépassé la Marne et étaient installées à Château-Thierry.
Le 30e C. A. avait à déboucher de la forêt de Villers-Cotterets et à occuper les hauteurs
au delà de la Savière, jalonnées par Vierzy, Montrebœuf, Villers-Helon.
La forêt constituait un abri aux vues, mais les chemins obligés étaient des défilés
propices aux harcèlements ennemis.
A sa lisière il n’existait comme débouchés que deux points de passage sur le ruisseau
de Longpont, la Savière.
Au delà, dans un terrain moyennement accidenté, les points d’appui étaient les villages
et les bois du Plessier et d’Hartennes qui arrêtèrent plusieurs jours notre effort.
Le groupement était prêt à ouvrir le feu le 17 juillet au matin, mais son
approvisionnement à deux jours de feu et son réseau téléphonique ne furent terminés que dans
la journée du 17.
La mission du groupement était la destruction ou la neutralisation de batteries et la
destruction de points importants tels qu’un P. C. au château de Villers-Helon.
Les groupes sont dans la forêt de Villers-Cotterets, entre le carrefour-du Saut-du-Cerf
et le village de Fleury.
Le P. C. JULLIEN est à la Croix-Saint-Georges, dans la forêt de Villers-Cotterets.
Le groupe des sections de transport de munitions fut la cheville ouvrière indispensable
du transport des munitions, malheureusement le 18 juillet il cessa d’être un organe de
régiment pour être à la disposition du parc du corps d’année.
Les tracteurs et ses plates-formes de caterpillars servirent aux transports de chars
légers de l’artillerie d’assaut.
L'attaque eut lieu le 18 juillet à 4 h. 35 sans préparation d'artillerie.
Elle réussit et commença la série de nos progressions victorieuses qui, tantôt
en un point, tantôt en un autre, ne cessèrent que le jour de l’armistice.
Pendant l'avance jusqu’à Soissons, la caractéristique de l'action du
groupement fut la possibilité de suivre la progression avec du matériel de 220.
Dès le 19 au soir, une batterie de 220 T. R. (batterie GAY) s'installait sur la
rive ouest de la Savière et appuyait l’attaque générale en direction de Grand Rozoy,
prenant pour objectif le bois du Plessier, les villages de Contremain et du Plessier -
Huleu.
Ce déplacement rapide lui valu la citation suivante :
« La 24e batterie, sous l’énergique impulsion du capitaine GAY a effectué dans des
conditions remarquables de rapidité pour une batterie lourde un déplacement de 6
kilomètres qui lui a permis d’ouvrir le feu à l'heure H et de participer ainsi à
l'avance de notre infanterie. »
Le 21 juillet, le village du Plessier-Huleu était enlevé.
Le même jour, le 4e groupe (220 T. R.) traversait la Savière et établissait une
batterie dans le ravin de Montrambœuf, l'autre au Moulin le Comte. Ce changement
de position coûtait au groupe 1 tué et 14 blessés dont l’aspirant FERNIER.
16
Le 22 juillet, ce groupe prépare la prochaine attaque en exécutant des tirs sur
les nids de mitrailleuses du bois d’Hartennes pendant que le 2e groupe se porte, au
bois de Mauloy et agit sur le bois de la Terre à l'Or et la tranchée du C. M. P.
L’attaque du 23 juillet sur l'Orme du Grand Rozoy, de concert avec la 34e
division britannique, ne réussit pas et dut être reprise le 29 juillet.
Après un détachement des groupes 2 et 4 au 18e C. A., opération qui ne reçoit
pas son entière exécution, le groupement se retrouve le 28 dans la situation suivante:
Tout le groupement a passé la Savière, le P.C. du colonel JULLIEN est à
Louâtre, le 2e groupe est au bois du Bœuf, dans le ravin de Saint-Rémy-Blanzy, le 4
e
groupe tout entier près du Moulin le Comte, le 5e groupe en bordure de la route de
Saint-Remy-Blanzy.
Dans cette position le 4e groupe perd 1 tué et 16 blessés dont 14 par les gaz, le
maréchal des logis VILAIN mérite la citation suivante :
« Excellent sous-officier, a fait preuve, pendant les offensives de la Somme, de
l'Aisne et de Verdun du plus grand sang-froid et d'un absolu mépris du danger. Le
30 juillet 1918 a mené à bien, malgré le bombardement incessant, le dépannage d'un
tracteur, a été grièvement blessé en terminant cette manœuvre (déjà cité dans l a
Somme). »
Le maréchal des logis V ILAIN est mort le 30 juillet des suites de sa blessure.
Le même jour, le 11e corps progresse au sud, son avance permet d’installer un
observatoire près de la ferme de Géromesnil.
Le 29, le 30e corps d'armée se porte à l’attaque de l’Orme du Grand Rozoy avec deux divisions
accolées ; Grand Rozoy est pris et les premières pentes de la croupe 203 sont escaladées.
Ce succès est complété par une nouvelle attaque, le 1er
août, appuyée par le 2e groupe
qui s’est porté une nouvelle fois en prenant position à l’est de Billy-sur-Ourcq.
Le 2 août, l'ennemi commence sa retraite générale, quinze jours après le début de la
contre-offensive ; la Vesle est atteinte le 3 août.
Le groupement fait un dernier bond, son P. C. s’installe aux Crouttes. Le 4e groupe a
une batterie à la ferme de l'Epitaphe, l’autre à Cuiry-Housse.
Là s’arrête l’action du groupement du 286e dans l’offensive du 18 juillet qui lui valut
la citation au C. A. suivante :
« Les 2, 4, 6, du 286e R. A. L., sous le commandement habile et énergique du
lieutenant-colonel JULLIEN (J, R. M.), ont montré pendant l’offensive du 18 juillet au 8 août,
de Villers-Cotterets à la Vesle, les plus belles qualités d’audace, de bravoure et d’abnégation.
Ont effectué dans des conditions très difficiles des changements de position sous des
bombardements sévères et par la précision de leur tir et l'admirable dévouement de tout le
personnel ont contribué à la réussite des opérations. »
Le 1er
groupe avec son nouvel armement de 220 T. R. était rentré en action le 31
juillet, le 2 août il était engagé dans la région de Courcy (s.-o. de Fère-en-Tardenois).
Le 3e groupe était resté en réserve.
D’autre part, le 5e groupe avait coopéré le 18 à l’avance du 11
e C. A. de sa position de
la foret de Retz, mais n’avait pas suivi la progression.
Pendant cette période la consommation des munitions a été de 5.000 coups de 220 et de
500 coups de 280.
Les effets heureux du tir ont été constatés sur place au fur et à mesure de la
progression.
Le groupe des sections de transports a fourni un effort considérable, chaque camion a
parcouru une moyenne de 83 kilomètres par jour avec une charge de 3 tonnes 7. Après trois
semaines, sur 41 camions, 12 seulement restaient en service.
Le groupe a été cité comme suit:
17
« Le groupe de S. T. M. du 286e, sous le commandement du capitaine VIRAT, a fourni
un effort remarquable pendant l’offensive de juillet 1918 et a toujours conduit à bien des
missions qui lui étaient confiées, malgré de très grandes et de très nombreuses difficultés. Du
15 au 24 juillet ses convois ont eu à traverser à huit reprises différentes des zones battues par
l'ennemi, soit à obus explosifs, soit à obus toxiques. »
Dans les premiers jours du mois d'août les 1er
et 2e groupes firent mouvement pour une
action de quelques jours sur Montdidier. Le 2e groupe fit 120 kilomètres en 21 heures au bout
desquelles il ouvrit le feu à son arrivée.
O F F E N S I V E E N T R E S O I S S O N S e t L ' A I L E T T E Août 1918
Pendant le mois d’août et les premiers jours de septembre, le régiment, toujours avec
la Xe armée, participa aux actions d e s 7
e et 1
er corps d’armée, entre Noyon et Soissons.
La région entre Oise et Aisne, avec comme axes de communication des deux vallées,
était fortement découpée.
Les nombreux combats qui s’y étaient livrés avaient rendu célèbres les noms de Tracy-
le Mont. Tracy-le-Val, Moulin-sous-Touvent.
Les 1er
et 5e groupes faisaient partie du groupement JULLIEN à la disposition du 7
e C.
A., dont l’artillerie était commandée par le général MOUCHON (P. C. du château de Chenay,
puis aux carrières de Bitry). Le 7e C. A. devait occuper le plateau de Nampcel.
Les batteries prirent position au nord d’Attichy, à proximité de Bitry et Saint-Pierre-
les-Bitry, à la ferme Navet. Leur action avait à s’exercer sur les batteries du ravin Nampcel-
Audignicourt et sur les crêtes des Toucouleurs, des Moricauds et des Iroquois.
L’attaque du 7e C. A. sur l’Ailette eut lieu le 20 août et nous procura une avance
importante complétée le lendemain par une attaque de la 127e D. I. au nord de Soissons.
Pendant ce temps, trois autres groupes, les 2e, 3
e et 4
e groupes, étaient mis à la
disposition du 1er
corps d'armée.
Seul le 6e allait à Carlepont avec la 38
e D. I. (18
e C. A.) pour agir sur le Mont Renaud et
les abords de Noyon.
Les 2e et 3
e groupes furent successivement à la disposition de la 11
e puis de la 127
e
division d’infanterie du 1er
corps d’armée.
Leurs positions primitives étaient pour le 2e groupe à cheval sur l’Aisne, une batterie
(batterie POGNON) à l’est de Fontenoy, à 800 mètres des lignes, l’autre batterie (batterie
GAY) à Montaigu, à l’est d’Amblegny, pour le 3e groupe, au nord de l’Aisne, à 4km de Vic-
sur-Aisne.
Ils avaient pour objectifs les abris et creutes de la région Vingre, Nouvron-Vingre,
Epargny, Bagneux. Chavigny, Juvigny, Cuffies.
L'action de ces groupes fut particulièrement efficace, mais leur coûta des pertes
sévères. La batterie GAY en particulier fut cruellement éprouvée et perdit par les gaz presque
tout son personnel.
LES deux groupes eurent 9 tués dont l'aspirant MEQUILLET, les sous-officiers SORLIN
et EGAUX, 18 blessés dont le commandant CHOUFFOT, le sous-lieutenant ISNARD, 91
intoxiqués dont le capitaine GAY, le sous-lieutenant FAURE-BRAC, l’aspirant VIAUX. Le
capitaine GAY, les yeux fortement atteints, le corps couvert de brûlures, ne demeura à la tête
des hommes qui lui restaient que par un prodige d’énergie. Les citations suivantes prouvent le
courage et le sang-froid de tous ces braves :
18
Aspirant MEQUILLET ,
« Blessé mortellement dans la nuit du 14 au 15 août, pendant une mise en batterie
effectuée sous un violent bombardement ennemi, alors qu’il s’efforçait de stimuler l’ardeur et
le courage des hommes au travail en leur donnant l’exemple du mépris du danger. »
Sous-lieutenant ISNARD ,
« Officier de grande valeur qui a donné en maintes circonstances des preuves de
courage et de sang-froid. Le 19 août 1918 ayant été très grièvement blessé sous un
bombardement des plus meurtriers, a soutenu par son calme et ses paroles le courage de ses
hommes. A quitté son abri, malgré sa blessure, pendant le bombardement et donné des ordres
énergiques pour y faire abriter des hommes très grièvement touchés. »
Commandant CHOUFFOT,
« Officier supérieur de haute valeur technique et morale. Après avoir au prix de
lourdes pertes occupé des positions de batterie lui permettant d’agir sur l’ennemi dans les
meilleures conditions, y a exécuté des tirs très efficaces et qui ont grandement contribué au
succès des journées des 18 et 20 août, Blessé à son poste de combat. »
Le 29 août, le 3e groupe (commandant ACHARD) fut mis à la disposition de la 32
e
division américaine, puis le lor
septembre à la disposition de la 66e division.
Il occupa alors les postions de Chavigny, est de Juvigny, ravin de la ferme de Saint-
Rémy (ouest de Vauxaillon et du Moulin de Laffaux).
Les pertes furent de :
1 tué, maréchal des logis FIGHIERA, 8 blessés, dont le capitaine IUNG et le maréchal des
logis FILMONT ; la conduite du capitaine IUNG ressort de la citation obtenue :
« Commandant de batterie d'une rare énergie, donne à tout le personnel le plus bel exemple
de courage et de sang-froid. A ainsi obtenu de lui un rendement remarquable, faisant avec du
220 P. F. M. cinq mises en batterie en quinze jours dont deux sous le feu de l’ennemi. Blessé
au milieu de son personnel par un éclat d’obus au bras droit pendant la mise en batterie du 5
septembre 1918. »
Enfin la 24e batterie tout entière obtenait la citation suivante :
« Sous le commandement du capitaine GAY, durant la période du 15 au 21 août,
malgré des pertes très élevées, sous des bombardements de jour et de nuit, par obus de gros
calibres et obus toxiques, a rempli toutes ses missions et contribué efficacement à l’attaque du
20 août 1918. »
Le 4e groupe, mis successivement à la disposition de la 162
c; puis de la 59
e D. I., prit
position à Ambleny, puis à Tartiers et Chavigny. Ses objectifs furent : les abris de Tartiers, le
ravin de Chavigny, le carrefour de Cuffies, Terny-Sorny, le Pont Rouge.
Le matériel fut peu à peu mis hors de service, le 25 août une seule pièce était en état de
tirer dans le groupe (nombre porté à quatre le ler
septembre).
Le régiment eut malheureusement à déplorer la perte irréparable du sous-lieutenant
DECROUX , écrasé par un obus; il fut unanimement regretté de tous ses hommes. La
citation suivante relate les circonstances de sa mort :
Sous-lieutenant Decroux,
« Officier d'une haute valeur morale et professionnelle, d’un dévouement absolu, d'un
courage a toute épreuve, toujours volontaire pour les missions périlleuses. Le 20 août 1918,
alors que de nombreux obus de tous calibres tombaient autour du P.C. du groupe, est allé
spontanément s'assurer qu’aucune liaison du groupe n’était coupée et que tout le personnel
s’abritait dans la mesure du possible. A été tué au cours de cette mission. »
19
Le 4e groupe tout entier était cité avec le motif :
« Groupe d’une valeur combative de premier ordre, sous le commandement du chef
d’escadron DREYFUS a pris une part brillante à la préparation de l’attaque du 20 août 1918.
Bien qu’ayant eu beaucoup à souffrir du feu de l’artillerie ennemie, a rempli intégralement
toutes ses missions, puis est venu avec un entrain incomparable occuper une position
avancée, en vue de donner le plus longtemps son appui aux troupes d'attaque. »
Du 23 août au 8 septembre, les 1er
et 5e groupes qui avaient terminé leur mission au 7
e
corps, firent partie d’un groupement d’artillerie lourde du 1er
corps d’armée, constitué pour
exercer une action d’écrasement sur les puissantes-organisations défensives de l’ennemi au
nord de Soissons : creutes de Cuffies, Crouy, Braye, Margival.
Ils prirent position : le 1er
groupe à Soissons, dans les faubourgs de Crise, le 5e groupe
à Belleu ; ils n’eurent pas à souffrir du feu ennemi.
Un de leurs observatoires était dans le clocher de Saint-Jean-des-Vignes, à Soissons.
A partir du ler
septembre, le 2e groupe fut dissous ; une batterie (lieutenant POGNON)
passa au 1er
groupe devenu groupe A, l’autre batterie (capitaine GAY) passa au 4e groupe
devenu groupe B. Les groupes A et B devinrent donc groupes de trois batteries au lieu de
deux.
Dans les premiers jours de septembre, tout le régiment fut mis en réserve et rassemblé
dans la région de Gretz-Armainvillers.
Depuis le 18 juillet, le 286e avait toujours pu suivre l’infanterie pour l’appuyer.
Lorsque son action fut retardée, la cause en a été dans la nécessité de laisser les routes libres
pour les mouvements du 75 et son approvisionnement.
Les lourdes munitions du 220 sont arrivées en temps voulu, grâce à l’activité de tous.
Le régiment peut être fier de la part qu’il a prise à la contre-offensive MANGIN.
O F F E N S I V E D E C H A M P A G N E , V O U Z 1 E R S Septembre - Octobre – Novembre
Le 286e est appelé à participer à l’attaque de la IV° armée, d’Auberive à l’Argonne, et
est affecté au 9e corps d’armée. Le groupe A et le 6
e groupe sont mis à la disposition de la 161
e
division, les groupes B et les groupes 3 et 5 à la disposition de la division marocaine.
Le commandant DREYFUS exerce provisoirement le commandement du régiment en l'absence
du lieutenant-colonel JULLIEN, évacué. Pour assurer la surprise, toutes les routes ont été faites
de nuit et les batteries se sont dissimulées le jour.
Au cours de reconnaissance, le sous-lieutenant MARECHAL et le sous-lieutenant
BATON, ainsi que deux canonniers, sont blessés le 22.
Le 25 septembre, les groupes de la 101e division sont en position aux environs de
Minaucourt (s.-o. de Ville-sur-Tourbe), ceux de la division marocaine aux environs de
Minaucourt et de WargeMoulin.
Les objectifs sont les organisations ennemies du Mont Cuvelet, de la Butte du Mesnil,
de Ripont, de Fontaine-en-Dormois, de Gratreuil.
L’attaque est déclenchée le lendemain matin à 7 h. 25.
L’armée américaine prolonge le mouvement à la droite de la IVe armée, de
l’Argonne à la Meuse.
Nous progressons sur toute la ligne, le début de l'offensive qui conduira à l'armistice a
sonné.
Le 27, les groupes coopèrent à l’attaque de l’éperon sud de Fontaine-en-Dormois et le
28 à celle de Gratreuil et du Mont Cuvelet.
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Le 29, à 23 heures, ils reçoivent l’ordre de mettre sur roues. Les groupes A et B
restent à proximité de leurs emplacements, les autres groupes vont s’installer au Camp
Ballavoine, aux environs de Somme-Lionne.
Pendant ces quatre premiers jours d’offensive, la ligne générale a été avancée de 6 à
10 kilomètres ; le régiment a tiré en 24 heures 4.500 coups, autant qu’il en avait tiré en 20
jours du 18 juillet au 20 août.
Le colonel SCHNEIDER, commandant l'artillerie lourde de la 61e division, a reconnu les
services des groupes RACT-MADOUX et CHEREL (A et 6e) en ces termes :
« Grâce à leur activité, à l’entrain et à l’excellente instruction des unités placées sous
leurs ordres, la préparation de l’attaque et l'accompagnement de l’infanterie ont été réalisés
avec une très grande précision, malgré les difficultés résultant de l’absence complète de
réglages préalables. Une progression 6 kilomètres, 1.000 prisonniers, un matériel
considérable non dénombré témoignent du succès de l’opération. »
Le 1er
octobre, deux batteries du groupe A sont mises en position au nord-est de
Gratreuil, pour l’attaque de Monthois et de Challerange.
Quelques jours après, deux batteries du groupe B s’établissent aux environs de Maure.
Le 12 octobre, l’ennemi a évacué Vouziers.
Les groupes A et B se rassemblent à leurs échelons, puis se transportent à Orfeuil, au
sud-est de Semide, en passant par .Somme-Tourbe, Somme Suippes. Suippes, Souain.
Le but de ce mouvement est de les faire coopérer à la création, d’une tête de pont
devant Vouziers, sur la rive droite de l’Aisne.
Le 16 octobre, une batterie du groupe A est en position au sud-est de Sainte-Marie et
une batterie du groupe B, sur la route de Quilly à Grivy.
L'ennemi tient bon ; notre situation au nord de l’Aisne est pendant quelques jours très
précaire, les tirs de harcèlement ne cessent pas, 5 blessés au groupe A.
Les groupes A et B reçoivent l’ordre de mettre en position leurs trois batteries.
Le groupe A, mis à la disposition de la 42e division, doit s'installer dans les vergers
sud-ouest de Vouziers, et le groupe B, mis à la disposition de la 120e division à Grivy, Loisy
et Coegny. Les batteries de ce dernier groupe se portent à partir du 31 octobre à Vrizy.
Une attaque exécutée le 1er
novembre a pour but de développer la tête de pont de
Vouziers.
Dans ces diverses actions, Le groupe A perd le maréchal des logis artificier Fossi, tué
à son poste, et un homme, 12 hommes sont blessés.
Le 3 novembre, nouvelle attaque vers 10 heures à la suite de laquelle l'ennemi
précipite sa retraite sur Sedan.
Le 286e hors de portée de l'ennemi, est remis à la disposition de la IV
e armée.
Avant son départ, la 120e division avait reconnu les services du groupe B par la
citation suivante :
« Sous le commandement du capitaine DIDIER, chef calme et énergique, a fait preuve
pendant les attaques du 30 octobre au 5 novembre 1918, d'une endurance et d’un allant au-
dessus de tous éloges. Appelé à occuper d’urgence des positions avancées, a réussi, malgré le
tir ennemi, les gaz et les circonstances atmosphériques défavorables, a mettre en batterie un
matériel très lourd avec une rapidité remarquable, remplissant ses missions dans un laps de
temps très court, s’offrant toujours à aller de l’avant, plein d’entrain et d’initiative. »
L’armistice du 11 novembre trouva le 286e en réserve d’armée.
Quoique le régiment n’ait pas eu la satisfaction de prendre part aux entrées
triomphales dans les villes d’Alsace et de Lorraine, il eût celle d’occuper en vainqueur des
territoires ennemis.
Il stationna en janvier et février à Worms, en mars, avril et mai à Mayence. Il coopéra
à l'organisation de cette dernière tête de pont.
21
Au cours de cette occupation, le régiment représenta dignement la France ; par sa
conduite correcte et modérée, il ne laissa derrière lui que des regrets.
La grippe sévit malheureusement à Worms et causa de nouvelles victimes. Le
capitaine DIDIER, qui s’était couvert de gloire au cours de la campagne, y succomba.
Il fut inhumé au cimetière de Hochheim, au milieu d’autres tombes françaises, après
de solennelles funérailles.
Dès le mois de février, la dissolution des batteries et groupes commença pour se
poursuivre jusqu’en juillet.
Le 1er
juillet. 1919, le 286e était fusionné avec le 86
e R. A. L. d’où il était sorti et
terminait son existence avec la guerre pour laquelle il avait été créé.
*
* *
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286e RÉGIMENT D’ARTILLERIE LOURDE
Militaires tués à l'ennemi (Groupes Courts)
NOMS ET PRENOMS BATTERIES DATE DU
DECES LIEU DU DECES
BERNARD Joseph, 2° c.s. 17° Bat. 13 Mars 1916 1 Km. au N. de Massiges
LAFOND, Etienne — 19° Bat. 1er
Juil. --- Rainecourt
GRANDJEAN Emile — 19° Bat. 16 --- --- Maricourt
OLOCCO Adrien, — 18° Bat. 10 Août --- Cayeux
CORNU Jean-Bapt., — 20° Bat. 8 --- --- Carrières de Chugnolles
ESTRADE, Jean, 18° Bat. 11 Nov. --- Ravin d'Assevillers
GODARD, Emile Brigad. 17° Bat. Ier Dec. --- Bercquincourt
GIRARDOT, Louis 2e c.s. 20° Bat. 23 Mars 1917 Ambulance 15/3
THONON, Prosper, — 17° Bat. 24 Mars --- Aisne
MOLLE, Antoine, — 21° Bat. 6 Avril --- Blanc Bois
BALTENWEG Eugène, m. d. 1. 22° Bat. 8 --- --- Ambulance 3/54
TORSET, Jean, 2e c. s. 17° Bat. 7 --- --- --- TUECH, Joseph — 14° Bat. 11 --- --- --- 4/1
HUET, Louis, — 14° Bat. 11 --- --- Pouillon
BETEND, André, — 17° Bat. 11 --- --- — FAHY , Achille, — 22° Bat. 12 --- --- Bois des Geais
ROLLIET, Claude, m. d. 1. 13° Bat. 13 --- --- Pouillon
MARTIN, Pierre, adjudant 16° Bat. 28 --- --- Ambulance 3/8
ARGOUD, Charles, m. d. l 16° Bat. 28 --- --- — — BAZERQUE, Francois, 1er c. s 16° Bat. 28 --- --- --------
COUTEAULT, Francois. m. d. 1. 16° Bat. 27 --- --- Ravin du Moulin Rouge
GREGOIRE, Joseph, 2e c. s. 18° Bat. 3 Mai --- Cormicy
BASTHOULLE, Francis, --- 22° Bat. 3 --- --- —
MONTAUD, Leon, --- 19° Bat. 23Avril --- Ambulance 3/18
DEVERIN, André, S.lieut. 17° Bat. 29 --- --- ?
PICCOT, Joseph, 2e c. s. 17° Bat. 1er
Mai --- Bois des Geais
BOIRE, Jean, — 17° Bat. 1er --- --- _ _
BARBIER, Vincent. — 17° Bat. 3 --- ---- - ---
PLANES, Francois, — 13° Bat. 3 --- --- Thil
BARATANGE, Aristide, — EM 8° Grpe 7 --- --- Ambulance 6/21
MATHIEU GASTON m. d. 1. 18° Bat. 19 - -- --- Cormicy
PRADIER. Jean, m. p. 18° Bat. 19 --- --- à la Chapelle
LADAME, Auguste, 2e c. s. 18° Bat. 19 --- --- ----
REBOUL, Antoine, — 18° Bat. 19 --- --- ----
CLAVAUD, Franeuis, — 18° Bat. 19 --- --- ----
DELOUME, Jean,
MARQUES, Henri,
BAQUE, JEAN
JOLLIET, Louis,
SACKSENHAUS, Samuel
DOLLE, Julien
VANGRAECHSCHEPE, Elie
—
1er
c. s.
2e c. s.
---
---
---
Brig.
18°
18°
18° EM 7°
15°
14°
22°
Bat.
Bat.
Bat. Grpe
Bat.
Bat.
Bat.
19 ---
19 ---
19 ---
23 ---
14 ---
27 ---
3 juin
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H.O.E de Bayeux
Ravin du Moulin Rouge
Ambulance d’Urie
Hop. de Neuilly S. Seine
23
RIBES, Alfred
PIERRIER, Marcel
FAGNONI, Roch
BODIN, Celestin
VANIER, Henri
MICHAUX, Pierre
DULAC, Michel,
LE FRAPPER, Joseph,
RIVAULT, JULES
DELOZIER, Charles
GUILLON, Ismael,
PILLARD, Hippolyle,
MUSSO, Marius,
ROUSSEAU , Jules,
RODARIE, Jean-Bapt.
CURVEUR Jean-Et.
LEROY, Marcel,
VALLIN, Pierre,
CHARLAT, Joseph,
PAGE, Jules-Emile,
DELHAY, Louis.
SOULIE, Léon-Pierre
BEAUCOURT, Paul
VAN DE PONSEILE, EUG.
ROUSTIT, Charles
MARCOMBES, Antoine
MOINE, Raphael,
EYNARD, Romain,
CIBADE, Raphael,
FORTANO, Georges
GUILLOT,René
FRANCHET, Hilaire
PACREAU André,
LOISY, Henri,
COQ, Elie,
BOUVET,
BOUVIER, Raymond
CLERC, Charles
CHAUSSEPIED, Baptiste
BRIZE, Gaston
BOIRIN, Marcel
PILANDON, Gustave
PEBRET, Louis
BOIREL, Henry
ROYET, Joanny
ROCHE, Marcelin
SIMON, Henry
LEBLANC, Maurice
GERARDIN, Jean
HOSTE, Henry
2e c. s.
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m.d.l .
adjudant
2e c. s.
m.d.l.
brig.
2e c. s.
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m.d.l.
2e c. s.
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S. lieut
2e c. s.
m.d.l.
2e c. s.
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17°
24°
16°
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9°
19°
8° EM 8°
13°
19°
18°
8°
16°
16°
16°
16°
20°
20°
24°
14°
23°
15°
18°
14°
14°
14°
18°
18°
23°
18°
23°
20°
8°
17°
17°
23°
19°
14°
24°
24°
24°
17°
20°
20°
15°
28°
19°
23°
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
S.M.
Bat.
S.M. Grpe
Bie
Bie
Bie
S.M.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
S.M.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
29 juil
31 ---
8 Aout
8 Aout
7 Aout
8 Aout
16 aout
20 aout
18 aout
15 aout
15 aout
14 aout
26 aout
20 aout
24 aout
26 aout
16 aout
26 aout
5 sept
4 sept
18 aout
25 aout
25 aout
27 aout
03 sept
05 sept
05 sept
31 aout
13 sept
12 sept
12 sept
12 sept
7 sept
12 sept
16 sept
19 sept
19 sept
19 sept
15 sept
20 sept
26 sept
26 sept
22 sept
29 sept
23 sept
22 sept
10 oct
9 oct
7 oct
1917
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Ambulance 225
Cote du Poivre
Ravin des Vignes
Ravin des Vignes
Ravin des Vignes
Ambulance 225-317
Ravin de la Goulette
A Haudremont
A la position 407
Carriere d’Albin
Cote du Poivre
Ambulance 3/6
Position de batterie
Hop 12 Vadlaincourt
Ambulance 6/6
Ambulance 6/6
Ch de Bat. De Verdun
--- ---
--- ---
A Haudremont
A Glorieux
---
Ambulance 6/12
Ambulance 6/6
Ambulance 6/12
Cote du Poivre
Ambulance 3/8
A Glorieux
Ambulance 6/6
Ravin de la Goulette
Ambulance 12/10
Ravin de la Goulette
A la cote 344
Carr d’Haudremont
Landrecourt
Ravin de la Goulette
--- ---
Cote du Poivre
A Souilly
Cote du Poivre
Rte de Bras à Louvremt
--- ---
Ravin de la Goulette
Haudremont
Ch de Bat. De Verdun
--- ---
Reminghe
Ambulance 9/12
Ch de Bat. De Verdun
24
BOICHOT, Bernard
HERARD, Louis
RAT, Marcel
BORGEY SAMMARIOZ, Ant
POINSON, Alfred
PASCAL, Louis
CLARET, Marius
BENOIS, Eugène
DUPIN, Jean
DAOUT, Ulysse
MICHARD, René
VALLET, François
RASPAIL, Georges
CHEVALIER, Félix
VILAIN, Louis.
EGASSE, Maurice,
GIRARD, Auguste
SORLIN, Benjamin,
CASSINET, Joseph,
MATHON, Jean,
REYNES, Ernest,
JOUAN, Guillaume,
BONHENHY, André,
VIELLE, André,
DECROUX, Louis,
MICHEL, Ulysse,
CADIEU, Alexis,
SUBLARD, Maurice.
FILMONT, Emile,
BARBIER, Francois,
FOSSI, Paul,
GUILLAUMIN, Gabriel
LARRIERE, Isidore
28°
28°
28°
28°
28°
28°
28°
24°
25°
25°
28°
28°
27°
27°
25°
25°
24°
24°
24°
24°
24°
24°
27°
EM4°
23°
25°
24°
25°
?
2°
3°
4°
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Grpe
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
Bat.
24 nov
25 nov
25 nov
25 nov
25 nov
25 nov
25 nov
18 nov
05 mar
5 juil
14 juil
23 juil
26 juil
30 juil
30 juil
15 aout
15 aout
19 aout
10 aout
19 aout
19 aout
19 aout
19 aout
20 aout
20 aout
22 aout
21 aout
22 juil
12 sept
8 nov
2 nov
9 nov
2 nov
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1918
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Ch de Bat. De Verdun
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?
?
Forêt de Retz
Hop du Val de Grace
?
?
Ambulance 4/6
Le Port
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La Ferme Labarre
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Ambleny
?
Ambulance 16/22
Ambulance 242
?
Ambulance 16/2
Hop n°1 Sezanne
Ambulance 5/56
Ambulance 1/21
Ambulance 5/56