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MILKA ANDONOVA HRISTOVA

LES NOUVEAUX MOUVEMENTS RELIGIEUX DFI POUR LEGLISE ORTHODOXE BULGAREEtude historique, doctrinale et critico-comparative de quatre nouveaux mouvements religieux

Thse de doctorat prsente la Facult de Thologie de lUniversit de Fribourg (Suisse), pour obtenir le grade docteur

Fribourg 2007

Je ddie ce travail ma chre maman qui est dcde rcemment

Lexemple des nouvelles religions ne doit pas nous troubler, mais plutt reprsenter pour nous un stimulant qui nous interdit le petit confort Dr Jean-Franois Mayer1

1

Dr Jean-Franois Mayer est un des meilleurs spcialistes des NMR en Suisse. Actuellement il est charg de cours en Science

compare des religions la Facult de lettres de lUniversit de Fribourg, Suisse.

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION.

1

Motivation personnelle et buts du travail 1 Plan et mthodes du travail 4

0.1. Origines des termes hrsie, secte, nouveau mouvement religieux et cult 50.1.1.Lhrsie 6 0.1.2. La secte 7 0.1.3. Le nouveau mouvement religieux 12 0.1.4. Le cult 13

0.2. Classements des nouveaux groupes religieux 160.2.1. Classements orthodoxes 16 0.2.2. Classements catholiques 18 0.2.3. Classements protestants 19 0.2.4. Classements sociologiques 20

PREMIERE PARTIE. LES HERESIES EN BULGARIE DU XE JUSQUAUMILIEU DU XXE SIECLE23

1. Les hrsies en Bulgarie du Xe au XVe sicle 231.1. Lhrsie des bogomiles23 1.1.1. Les origines de lhrsie des bogomiles 23 1.1.2. La doctrine de lhrsie des bogomiles 25

i

Table des matires

1.1.2.1. La doctrine thologique25 1.1.2.1.1. Limage de Dieu et du Satan, la gense du monde et lanthropologie bogomile 26 1.1.2.1.2. Le Christ27 1.1.2.2. La doctrine sociale 28 1.1.2.2.1. LEglise Orthodoxe et son clerg - en gnral 28 1.1.2.2.2. Les sacrements de lEglise Orthodoxe 29 1.1.2.2.3. La croix, les icnes et les reliques 30 1.1.2.2.4. Dautres ides bogomiles 30 1.1.3. Lorganisation, les rituels et les livres des bogomiles 31 1.1.4. Le destin des bogomiles 32 1.2. Dautres hrsies moins importantes propageant en Bulgarie 33 1.2.1. Les barlaamities 34 1.2.2. Les adamites et les judasants 34 2. Les hrsies en Bulgarie du XVIe au XVIIIe sicle 35 3. La situation religieuse en Bulgarie du XIXe jusquau milieu du XXe sicle 37

DEUXIEME PARTIE. LHISTORIE CONTEMPORAINE DES NOUVEAUXMOUVEMENTS RELIGIEUX EN BULGARIE 49

1. Les nouveaux mouvements religieux en Bulgarie aprs 1944 jusqu 1989 49 2. Les nouveaux mouvements religieux en Bulgarie aprs 1989 jusqu nos jours 552.1. LEglise de Jsus Christ des saints des derniers jours 56

ii

Table des matires

2.2. Les Tmoins de Jhovah 57 2.3. LEglise de lUnification et la Famille 58 2.4. LAssociation internationale pour la Conscience de Krishna, la Mditation transcendantale et le Sahaja Yoga 59 2.5. Les bahas 60 2.6. Le Falun Gong 61 2.7. Dautres communauts religieuses 63

3. Lglise Orthodoxe Bulgare, la socit, lEtat et les NMR 643.1. LEglise Orthodoxe Bulgare et les NMR 64 3.2. La socit bulgare et les NMR 68 3.3. LEtat bulgare et les NMR 75

TROISIEME PARTIE. CRITERIOLOGIE

THEOLOGIQUE

DE

LA 81 81

RECHERCHE

1. Raisons pour le choix des mouvements

2. Dmarche de la recherche 852.1. Prsentation 85 2.2. Critique 88 2.2.1. Critres doctrinaux 89 2.2.2. Critres sociologiques 95

3. Contexte thologique et sociologique 973.1. Critres doctrinaux 97 3.1.1. La Rvlation Divine 98 3.1.2. Limage de Dieu 99 3.1.3. La gense du monde 102

iii

Table des matires

3.1.4. Lanthropologie orthodoxe 105 3.1.5. Le Christ 109 3.1.6. Le Christ-Rdempteur 112 3.1.7. Leschatologie 113 3.1.8. La rincarnation 118 3.2. Critres sociologiques 120 3.2.1. La notion de la communaut (close/ouverte) 121 3.2.2. La doctrine sociale de lEglise Orthodoxe 122 3.2.3. Les rites de lEglise Orthodoxe 123 3.2.4. Concepts cologiques 125

QUATRIEME PARTIE. PRESENTATION

ET CRITIQUE DES QUATRE

NOUVEAUX MOUVEMENTS RELIGIEUX 129

I. Nouveaux mouvements religieux dorigine bulgare 1291. La Fraternit Blanche Universelle 1311.1. Prsentation de la Fraternit Blanche Universelle 1311.1.1. Origine et histoire la Fraternit Blanche Universelle 131 1.1.1.1. La vie de Petre Deunov avant la fondation de la Fraternit Blanche Universelle 131 1.1.1.2. Histoire de la Fraternit Blanche Universelle de 1897 1913 133 1.1.1.3. Histoire de la Fraternit Blanche Universelle de 1914 1921 141 1.1.1.4. Histoire de la Fraternit Blanche Universelle de 1922 1944143 1.1.1.5. Histoire de la Fraternit Blanche Universelle de 1945 2005150

iv

Table des matires

1.1.2. La Fraternit Blanche Universelle et Omraam Mikhal Avanhov 152 1.1.3. Les activits de la Fraternit Blanche aujourdhui 155

1.1.4. Doctrine de la Fraternit Blanche Universelle 1601.1.4.1. Doctrine thologique 160 1.1.4.1.1. Limage de Dieu 161 1.1.4.1.1.1. Limage de Dieu daprs Deunov 161 1.1.4.1.1.2. Limage de Dieu daprs Avanhov162 1.1.4.1.2. La christologie 163 1.1.4.1.2.1. Le Christ daprs Deunov 163 1.1.4.2.2.2. Le Christ daprs Avanhov 165 1.1.4.1.3. LEsprit de Dieu daprs Deunov 167 1.1.4.1.4. Lanthropologie 169 1.1.4.1.4.1. La cration de lhomme daprs Deunov 169 1.1.4.1.4.2. La cration de lhomme daprs Avanhov 170 1.1.4.1.4.3. Les corps humains daprs Deunov 172 1.1.4.1.4.4. Les corps humains daprs Avanhov 174 1.1.4.1.4.5. Ame, esprit, intellect et cur de lhomme daprs Deunov 177

1.1.4.1.4.6. Ame, esprit, intellect et cur de lhomme daprs Avanhov 180 1.1.4.1.4.7. Laura daprs Avanhov 182 1.1.4.1.5. La vie, la mort et la rincarnation 183 1.1.4.1.5.1. La vie daprs Deunov 183 1.1.4.1.5.2. La mort et les suicides daprs Deunov 188 1.1.4.1.5.3. La rincarnation et le karma daprs Deunov 189 1.1.4.1.5.4. La mort et la rincarnation daprs Avanhov 191 1.1.4.1.5.5. La rsurrection et le Jugement Dernier daprs Avanhov 193v

Table des matires

1.1.4.1.6. LAuguste Fraternit Universelle et la Loge Noire daprs Deunov 195 1.1.4.1.7. La sixime race et la vie nouvelle daprs Deunov 199 1.1.4.2. Dautres ides deunovistes 202 1.1.4.2.1. La Fraternit Blanche - ses origines, son enseignement et ses adeptes daprs Deunov et Avanhov 202 1.1.4.2.2. La personne de Petre Deunov 206

1.1.4.2.3. La Bulgarie, les Bulgares et les peuples slaves daprs Deunov et Avanhov 208 1.1.4.2.4. Lglise et lautorit ecclsiastique, les sacrements chrtiens 210 1.1.4.2.4.1. Lglise et lautorit orthodoxes, les sacrements chrtiens daprs Deunov 210 1.1.4.2.4.2. Lglise et les autorits ecclsiastiques, les sacrements chrtiens daprs Avanhov 210 1.1.4.2.5. Le Matre et le disciple daprs Deunov 213

1.1.4.2.6. Larbre sfirotique dAvanhov 214 1.1.4.2.7. Le symbolisme de la Fraternit Blanche Universelle 217 1.1.4.2.7.1. Le symbolisme des couleurs daprs Deunov 217 1.1.4.2.7.2. Le symbolisme des couleurs et des chiffres daprs Avanhov 218 1.1.4.2.7.3. Le pentagramme et licne de Deunov222 1.1.4.2.7.4. Lemblme de la Fraternit Blanche Universelle dAvanhov 228

1.1.4.3. Doctrine sociale 230 1.1.4.3.1. Rites et pratiques. 230 1.1.4.3.1.1. La paneurythmie de Deunov. 230

1.1.4.3.1.2. Le yoga du soleil de Deunov et dAvanhov 233 1.1.4.3.1.3. Le yoga de la nutrition de Deunov et dAvanhov 234 1.1.4.3.1.4. Le jnana-yoga et quelques autres rituels dAvanhov 239

vi

Table des matires

1.1.4.3.2. Les rencontres annuelles Rila 240 1.1.4.3.3. Calendrier de la Fraternit Blanche Universelle 241

1.2. Critique de la Fraternit Blanche Universelle du point de vue orthodoxe 2451.2.1. Critique doctrinale 245 1.2.2. Critique sociologique 269

2. La Socit du Chemin de la Sagesse2782.1. Prsentation de la Socit du Chemin de la Sagesse 2782.1.1. Origine, histoire et activits de la Socit du Chemin de la Sagesse 278

2.1.2. Doctrine de la Socit du Chemin de la Sagesse 2852.1.2.1. Doctrine thologique 285 2.1.2.1.1. La Sagesse 285 2.1.2.1.2. Les sept vagues spirituelles de lvolution 288

2.1.2.1.3. Les sacrements 292 2.1.2.1.4. La rincarnation et le carma 295 2.1.2.1.5. Leschatologie 296

2.1.2.1.6. Vaklouche Tolv et ses ides pour la Fraternit Blanche Universelle de Petre Deunov 297 2.1.2.1.7. Les symboles 298 2.1.2.2. Doctrine sociale 302 2.1.2.2.1. Les rencontres annuelles aux Rhodopes 302 2.1.2.2.2. Calendrier de la Socit du Chemin de la Sagesse 303

2.2. Critique de la Socit du Chemin de la Sagesse du point de vue orthodoxe 304

vii

Table des matires

2.2.1. Critique doctrinale304 2.2.2. Critique sociologique 320

II. Nouveaux mouvements religieux dorigine russe 329

1. Lglise de lUltime Testament /Vissarion/ 3391.1. Prsentation de lEglise de lUltime Testament3391.1.1. Origine et histoire de lglise de lUltime Testament 1.1.1.1. La vie de Sergue Torop avant la fondation de lEglise de lUltime Testament 339 1.1.1.2. Histoire de lEglise de lUltime Testament de 1991 2000 341 1.1.1.3. Histoire de lEglise de lUltime Testament de 2001 2005 348 1.1.2. Vissarion en Bulgarie 356 339

1.1.3. Doctrine de lglise de lUltime Testament 3611.1.3.1. Doctrine thologique 361 1.1.3.1.1. Limage de Dieu 362 1.1.3.1.2. La gense du monde 362 1.1.3.1.3. Lanthropologie364 1.1.3.1.4. Le Christ 367 1.1.3.1.5. Vissarion - Christ 368 1.1.3.1.6. Lme aprs la mort, la rincarnation 370 1.1.3.1.7. Le paradis et lenfer372 1.1.3.1.8. Leschatologie 373

viii

Table des matires

1.1.3.2. Doctrine sociale 376 1.1.3.2.1. Largent 377 1.1.3.2.2. Le maladies, la mdecine, les gurisseurs 378 1.1.3.2.3. Calendrier de lglise de lUltime Testament 379 1.1.3.2.4. La spcificit et lorganisation de lglise de lUltime Testament381 1.1.3.2.5. La vie quotidienne et la vie religieuse de lglise de lUltime Testament383 1.1.3.2.5. 1. La vie quotidienne.. 384 1.1.3.2.5. 2. Les rites et les pratiques religieux395

1.2. Critique de lEglise de lUltime Testament du point de vue orthodoxe 4011.2.1. Critique doctrinale403 1.2.2. Critique sociologique 420

2. Mouvement Anastassia 4332.1. Prsentation du mouvement Anastassia4332.1.1. Origine et histoire du mouvement Anastassia 433 2.1.2. Les activits du mouvement Anastassia 438

2.1.3. Doctrine du mouvement Anastassia 4422.1.3.1. Doctrine religieuse 442 2.1.3.1.1. La gense du monde et lanthropologie 443 2.1.3.1.2. Lanthropologie 444 2.1.3.1.3. Anastassia 446 2.1.3.1.4. Leschatologie 453 2.1.3.2. Doctrine sociale 454 2.1.3.2.1. Le culte du cdre 455

ix

Table des matires

2.1.3.2.2. Les lieux de plerinage et le culte des dolmens 456 2.1.3.2.3. Les Proprits familiales et les villages familiaux 460 2.1.3.2.4. La nutrition et le vgtarisme 462 2.1.3.2.5. Calendrier du mouvement Anastassia 464

2.2. Critique du mouvement Anastassia du point de vue orthodoxe 4652.2.1. Critique doctrinale466 2.2.2. Critique sociologique 474

CONCLUSIONS. 484 Abrviations 490 Bibliographie492 Annexes

x

INTRODUCTIONMotivation personnelle et buts du travail Le thme des mouvements sectaires occupe lhumanit depuis lpoque notestamentaire. Dj les aptres durent y faire face, lutter contre eux et dnoncer les drives doctrinales pour en prserver les chrtiens. Donc le mouvement sectaire est un phnomne de longue date qui est galement fort prsent dans le monde actuel et qui sy dveloppe avec une trs forte intensit. En dautres termes, les mouvements sectaires de notre temps, rpandus dans tous les pays, y compris en Bulgarie1, posent un dfi rel la fois aux glises existantes et la socit. Un dfi qui devrait tre affront non pas avec anxit mais avec des connaissances complexes. Or, de tels acquis solides permettraient llaboration de bonnes argumentations et encourageraient les dmarches pour louverture dun dialogue. Toutefois, ces connaissances ne peuvent tre acquises que grce aux tudes dtailles et approfondies labores par les spcialistes des nouveaux groupes religieux et aux recherches effectues par les jeunes scientifiques. Faisant donc partie de ces derniers je consacre la prsente recherche quatre nouveaux groupes religieux qui se propagent actuellement en Bulgarie. Les raisons pour ce choix furent la fois personnelles et dintrt commun. Parmi les raisons personnelles jaimerais signaler la perte2 de plusieurs amis et connaissances qui taient membres de nouveaux groupes religieux, les amitis actuelles avec des membres de ces groupes, lentre en dialogue imprvu avec eux ou avec dautres adeptes et enfin, la prsence considrable et imposante de nombreux groupes religieux en Bulgarie et notamment dans ma ville natale Bourgas3. Comme raisons dintrt commun je voudrais souligner surtout lignorance totale au sujet des nouveaux groupes religieux qui rgne quasiment dans tout le pays et dans tous les milieux sociaux et professionnels, linsuffisance de recherches compltes et modernes bulgares dans le domaine de ces groupes et le manque douverture de quelconque dialogue avec lesdits mouvements. Quant aux buts de ltude, on en vise plusieurs:1 2 3

La Bulgarie est mon pays dorigine. A comprendre le mot perte la fois comme mort suicidaire et comme rupture des contacts. Ville en Bulgarie de Sud-Est situe au bord de la Mer Noire.

1

Introduction

1.- Offrir des informations dtailles, la fois historiques et doctrinales des nouveaux groupes religieux en Bulgarie. 2.- Montrer travers la critique doctrinale et sociale de ces mouvements quils reprsentent un dfi rel pour lEglise et la socit bulgares. 3.- Tracer des pistes pour louverture dun ventuel dialogue au niveau local. Donc, ces buts-l montrrent bien que le travail est fond essentiellement sur les mthodes historique, dogmatique et analytique, do son primtre restreint. Autrement dit, la prsente tude se limite aux mthodes classiques danalyse des nouveaux groupes religieux utilises par la plupart des thologiens orthodoxes. Quoique, il faudrait signaler que ladite recherche nutilise pas la pure mthode analytique critique propre lapologie orthodoxe, donc celle de caractre polmique. On est conscient que lanalyse contient des dpostions sches et affirmatives comme aussi des apprciations de point de vue orthodoxe mais elle nest en aucun cas polmique. En plus, dans ce travail il sagit de lutilisation dune mthode propre, celle de lanalyse critico-comparative quon va dcouvrir dans la partie III. Donc, cette mthode peut tre considre comme un savoir-faire dvelopp par moi-mme issues de mes propres comptences. Or, malgr lefficacit prouve de cette mthodologie classique il est clair quil nexiste pas une mthode unique pour tudier un thme et quen plus, les thologiens orthodoxes qui travaillent sur le domaine des nouveaux groupes religieux ne peuvent pas se limiter lutilisation que de cette mthodologie classique. Ils devraient tablir des systmatisations de ltude des nouveaux groupes religieux diverses. Par exemple, ce travail aurait aussi trs bien pu tre bas sur une mthode pastorale concrte, sur les mthodes propres lthique chrtienne ou bien, sur la mthode de dialogue. Si le travail a t fond sur une mthode pastorale concrte on aurait pu travailler sur la question de lintgration et linsertion des sortants des nouveaux groupes religieux et se concentrer sur des problmes dordre social, psychologue et psychique. Si la recherche a t fonde entirement sur les mthodes propres lthique chrtienne on aurait touch que les questions de lesprit communautaire, de lautonomie et de la libert, des rapports de lhomme avec Dieu et avec ses semblables et les rapports de lhomme avec la nature. Si on avait favoris la mthode de dialogue on aurait du prendre, par exemple, du recul des diffrences qui existent au niveau dogmatique entre lEglise Orthodoxe et les nouveaux groupes religieux tudis et se concentrer

2

Introduction

que sur des sujets thiques et sociaux qui pourraient ventuellement devenir objets de discussions communes. Dun autre ct, face la modernisation les thologiens devraient aussi penser dentrer en contact avec les autres sciences car la mthodologie de base dune recherche sur les nouveaux groupes religieux pourrait aussi dpendre du domaine dune science autre que la thologie. Par exemple, il est tout fait possible de faire un travail entier sur les nouveaux groupes religieux bas sur les mthodes issues des changes effectus entre la thologie dogmatique orthodoxe pure et les sciences des religions. Or, au lieu danalyser et dinterprter les textes religieux le chercheur pourrait analyser les effets des nouveaux groupes religieux sur les tres humains et la socit. La personne humaine aurait t aussi lunique objet de discussion si le travail tait fond sur les mthodologies utilises par lanthropologie religieuse, la psychologie des religions et la sociologie des religions. Ces mthodologies-l dpendent des cultures, des civilisations, des gnrations, des coutumes locales, de la psychologie nationale, des priodes de lhistoire, etc. et non pas des dogmes et des canons de lEglise Orthodoxe. En diffrence de la mthodologie utilise, celles-ci exigent un travail de terrain tablir des listes de questions poser, chercher des personnes aller voir et interroger, collecter des informations et faire la fin un triage. En conclusion, lutilisation de chacune des mthodologies susmentionnes permet de mener de manire plus efficace ltude des nouveaux groupes religieux et de rsoudre un problme dogmatique, pastoral, social ou psychologue. Cependant vu la complexit du thme et les limites quantitatives dune thse de doctorat on sest rendu compte au cours de llaboration de celle-ci, quon ne pourrait pas les appliquer toutes et quil faudrait quon se concentre sur une seule. Cest pour ces raisons-l et prenant aussi en considration mes propres comptences que jai choisi dappuyer ma recherche surtout sur les mthodes historique, dogmatique et analytique. En fait, on na pas compltement nglig les autres mthodes et on doit souligner que le travail en soi contient des lments sociaux, thiques, anthropologiques mais on reconnat aussi que leur nombre est rduit. Cependant, on considre que ce dfaut ne minimise pas limportance de la thse et que les mthodologies historique, dogmatique et analytique sont aussi importantes que les autres ; en plus que pour les orthodoxes les dogmes de lEglise sont perus comme indicateurs de vie.

3

Introduction

Plan et mthodes du travail La prsente tude est divise en quatre parties bien distinctes, en plus de lintroduction et des conclusions. Lintroduction, la premire et la deuxime partie sont de genre historique, la troisime est purement thologique et pour la quatrime on utilisa les mthodes historico-thologique et critique-comparative. Dans lintroduction on expose brivement lorigine et lvolution des diffrents termes dsignant les groupes religieux sectaires ainsi que les divers classements de ces mouvements. Lobjectif principal de lintroduction est de faire connatre aux lecteurs la terminologie et les classements de base. Lacquisition de telles connaissances est essentielle pour eux car elle les aiderait se familiariser avec le vocabulaire employ, mieux connatre ses nuances et pouvoir galement situer les groupes quon tudiera dans les parties suivantes. Dans la premire partie intitule Les hrsies en Bulgarie du Xe au XIXe sicle , qui est pour sa part divise en trois parties sous-jacentes, on propose un survol historique de la situation religieuse en Bulgarie depuis le sicle des bogomiles1 jusquau dbut du XIXe sicle. Le but de cette partie est de prsenter lhistoire et lvolution des mouvements sectaires en Bulgarie et de montrer que ce phnomne nest pas rcent au pays et quil y existe depuis des sicles. La deuxime partie qui porte sur Lhistoire contemporaine des nouveaux mouvements religieux en Bulgarie est historiquement attache la premire. Elle aide mieux sorienter dans la situation contemporaine des mouvements sectaires en Bulgarie, comprendre le rle de lEglise, de lEtat et de la socit face ces groupes comme aussi mieux situer ceux quon tudiera du prs. Aprs avoir dress le panorama historique des nouveaux groupes religieux en Bulgarie, on prsente la troisime partie de ltude intitule Critriologie thologique de la recherche . Cest en fait un pont entre les deux premires et la quatrime et son but est de donner les raisons pour le choix des quatre mouvements tudis et de faire connatre aux lecteurs les principales ides dogmatiques et sociales orthodoxes. Pour leur part, celles-ci serviront crer les critres de llaboration de la critique des doctrines thologique et sociale des mouvements viss. Quant la quatrime partie du travail Prsentation et critique de quatre nouveaux mouvements religieux , elle est subdivise en deux sections:

4

Introduction

1. Nouveaux mouvements religieux dorigine bulgare et 2. Nouveaux mouvements religieux dorigine russe . Cest la partie essentielle de la recherche et elle est consacre ltude historique, thologique et critique de quatre mouvements religieux - La Fraternit Blanche Universelle de Petre Deunov2, la Socit du Chemin de la Sagesse, lEglise de lUltime Testament et Anastassia. Les conclusions de la recherche proposent des ides pour que lEglise Orthodoxe Bulgare puisse affronter le dfi des nouveaux groupes religieux en Bulgarie. 0.1. Origines des termes hrsie, secte, nouveau mouvement religieux et cult Il faut reconnatre que notre poque est une des poques la plus marque par la diversit et la richesse du vocabulaire spcialis. Prenons par exemple celui de la religion en nous focalisant plus spcialement sur les nouveaux groupes religieux. La terminologie utilise pour dsigner lesdits groupes est trs riche et parfois lastique. Sur les champs de bataille se mlent la fois les termes secte, nouveau mouvement religieux (NMR), confession non-traditionnelle, religion nouvellement cre, nouvelle religion, cult. Dans le langage courant cela ne poserait pas de problmes car les termes susmentionns y sont quasi-interchangeables. En revanche dans un langage spcialis chacun de ces termes occupe une place spcifique et chacun est porteur dune notion diffrente. Aprs avoir consult les ouvrages des deux thologiens orthodoxes bulgares, le Prof. Dimitr Dioulgrov et le Prof. Ilia Tsonvski, qui pour leur part staient bass sur des sources de lhistoire du christianisme on sest aperu que des termes comme secte, hrsie, schisme furent introduits dans le langage chrtien progressivement au cours des sicles pour des raisons diverses! Lhrsie tait considre comme une rvolte apparue au niveau thorique, la secte au niveau moral et le schisme au niveau de lexistence. Du point de vue orthodoxe les diffrences entre les trois termes susmentionns pourraient tre rsums ainsi: - Les sectes apparaissent et se trouvent sous une influence externe et se rvoltent contre la doctrine religieuse et morale de lglise.1 2

Hrsie bulgare du Xe sicle. Il ne faut pas la confondre avec la Grande Fraternit Blanche russe JUSMALOS de Maria Zvigoune et Juri Krivonogov.

5

Introduction

- Les hrsies pour leur part se prsentent comme des mouvements luttant contre la doctrine dogmatique de lglise. - Quant aux schismes, ils se caractrisent avec leurs actions contre ladministration de lglise et leurs adhrents essayent de librer lglise de linfluence externe.1 Cependant pour aller plus loin et pour mieux comprendre le sens des termes mentionns ci-dessus il faut se rfrer encore aux sources historiques des premiers sicles de lEglise du Christ. 0.1.1. Lhrsie Le mot hrsie (gr. ) fut utilis encore dans la Septante2 et plus prcisment dans les Actes des Aptres 5:17, 18; 15:5; 24:14, la 2e Eptre de laptre Pierre 2:1 et dans lEptre aux Galates 5:20. Bien quil ait plusieurs connotations3, dans la Bible il est utilis uniquement dans sa notion de parti, secte religieuse ou philosophique. Le Grand catchisme de lglise Orthodoxe pour sa part signala uniquement le mot hrsie. Quant au mot secte, il ny est pas cit. Dans son langage, saint Basile le Grand (329-379) utilisa les trois mots hrsie, schisme et assemble non-autorise4. Des sicles plus tard le missionnaire orthodoxe Mikhal Kalnev signala que le terme hrsie reprsente le rejet et la dformation de la vraie foi en Dieu trinitaire, de la doctrine de la nature divine de chacune des trois personnes de la Sainte Trinit. Les hrsies, continua le missionnaire, ne reconnaissent pas la nature divino - humaine du Jsus Christ le Rdempteur et le Juge du monde. Donc daprs lui elles rejettent les dogmes principaux du christianisme. Il donna comme exemples les hrsies des gnostiques, des manichens et des ariens.5

1 2 3

DIOULGEROV, D., TSONEVSKI, I., Manuel des activits missionnaires, Sofia, 1992, p. 244-245 (en bulgare). La traduction grecque de la Bible. 1. Occupation, conqute, 2. choix, 3. disposition, conviction, 4. parti, secte (religieuse ou philosophique). Cf. VOYNOV, M., MILEV, A., Dictionnaire grec ancien-bulgare, Sofia, 1992.

4

Sous lexpression assemble non-autorise on comprend les assembles organises par des prtres dsobissants sans autorisation du mtropolite. Cf. DIOULGEROV, D., TSONEVSKI, I., op. cit., p. 244.

5

KALNEV, M., Bouclier de la foi, Vliko Trnovo, 1994, p. 18 (en bulgare).

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Introduction

0.1.2. La secte Les origines du terme secte sont latines et on suppose quil a deux tymologies. La premire se doit au verbe sequare qui signifie couper, sparer et la deuxime au verbe sequi qui signifie suivre. En latin classique le sens du mot secta se repartit en trois directions: 1. rgle, principe, manire dagir; 2. principes politiques, parti et 3. doctrine philosophique, cole, secte.1 En 30 av. J.-C. le mot secte est utilis pour dessiner les principes politiques de Marc Antoine (83-30 av. J.C.) et la doctrine philosophique dEpicure2 (342-270 av. J.-C.). A lpoque des Conciles cumniques, les pres de lglise nutilisent pas le mot secte. Saint Augustin (354-430) fut le premier qui lemploya dans un sens religieux. Il tmoigna que les sectaires inventaient des cultes et des dogmes nouveaux. Le Concile de Toledo (589) comprit sous le terme secte une fausse doctrine condamne par le Concile luimme. Dans la Vulgate3 le terme secte acquit dj un nouveau sens, de socit soutenant des doctrines qui taient en dsaccord avec les fondements de la vie. En outre de socit spare de lglise pour des raisons de dsaccords avec elle au niveau de la foi, de la discipline ecclsiastique et de ladministration ecclsiastique.4 La Vulgate replaa donc le mot hrsie de la Septante avec le terme secte. Par exemple, aux Actes des Aptres 24:5 dans la rdaction grecque de la Bible, lexpression parti des Nazrens est traduite avec le mot hrsie ( ) tandis que dans la rdaction latine elle est traduite avec le mot secte (secta Nasarenorum).5 Cependant la Vulgate nimposa pas immdiatement le terme secte. En Occident, mme dans les ouvrages thologiques il ntait pas en usage. Chaque nouvelle doctrine qui travaillait pour la destruction de lautorit de lglise et qui ntait pas en accord avec celle de lglise tait nomme hrsie. Dautre part chaque nouvelle doctrine qui participait la destruction de la discipline ecclsiastique et qui enseignait lirrespect de lautorit spirituelle dune Eglise tait nomme schismatique. Au Moyen Age, le terme secte sutilisait dj pour dcrire les communauts qui sloignrent de lglise cause de dsaccords dogmatiques avec

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VOYNOV, M., MILEV, A., Dictionnaire latin-bulgare, Sofia, 1971. Philosophe grec. La traduction latine de la Bible. DIOULGEROV, D., TSONEVSKI, I., op. cit., p. 253. Ibid., p. 244.

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elle.1 Pendant la Rforme le terme secte resta correctement prserv cohabitant avec les mots allemands Irrtum (mprise, erreur) et Ketzerei (hrsie). Martin Luther (1483-1546) sauvegarda le terme secte uniquement dans les passages du Nouveau Testament o il tait question de dviation des vrits admises comme par exemple ceux sur les pharisiens, les saducens, les idoltres, les magiciens, etc. (Ac 5:17, 15:5, 26:5, 27:22, Ga 5:20; 2P 2:1; 1Co11:19; 1Tm 3:10). Sinon, il utilisait les termes Irrtum et Ketzerei. Plus tard, M. Luther dfinit dans ses ouvrages la secte ainsi: Le sectaire reconnat lvangile et en mme temps il cre des nouveauts qui ne sont pas dans lesprit de lvangile. Il tourne autour de la vraie doctrine et en cre mme une nouvelle. 2 Jusquau XVIe sicle les termes hrsie et secte sont quivalents au niveau religieux. Le terme secte ne reprsentait quune traduction du mot hrsie. A partir du XVIe sicle le terme secte consentit dj son propre sens et dcrivait les communauts qui se sparrent de lglise cause dune influence externe et qui avaient leurs propres modles de saintet et de salut.3 Au XIXe sicle le mot secte connaissait dj un caractre juridique et dcrivait les communauts religieuses qui navaient pas de droits reconnus par ltat. Donc la secte ne pouvait exister que dans les Etats o existait une religion dtat.4 En 1906 le sociologue Max Weber dfinit dj la secte comme une association volontaire et exclusive (dans ses ides) de caractre religio-thique dans laquelle lhomme est admis daprs sa propre volont5. Ernst Troeltsch la dfinit en 1912 de manire thologique comme un groupement libre austre et irrprochable de chrtiens qui sloignent du monde et restent dans un petit cercle limit dans lequel ils suivent dune manire plus au moins radicale les rgles de lamour de la vie chrtienne et tous esprent et sont dans lattente de la venue du Royaume de Dieu 6. Dans les annes 1980 en Occident, suite aux nombreux scandales - comme les suicides collectifs et les affaires politico-financires - le terme de secte prit dj une

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DIOULGEROV, D., TSONEVSKI, I., op. cit., p. 244-245. Ibid., p. 255. Ibid., p. 245. Ibid., p. 255. PIEPKE, J. G., "Sekten und Neureligionen. Ein Herausforderung fr Kirche und Christentum heute", NZM, N54, Immensee, 1998, p. 194.

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Ibidem

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forte connotation dfavorable et devint synonyme de lexpression groupe totalitaire et dangereux. Aujourdhui le mot secte est en concurrence avec deux autres termes - nouveau mouvement religieux et cult quon examinera plus loin dans les points 0.1.3. et 0.1.4. En plus son sens est devenu plus large et le terme porte dj en soi des nuances diffrentes influences par les points de vue des glises existantes et dees thologiens, des historiens, des sociologues et des journalistes ! Toutefois dans cette recherche on donne le privilge dabord aux positions des trois dnominations chrtiennes orthodoxe, catholique et protestante et ensuite celles des autres. En Bulgarie, un Etat majoritairement orthodoxe, la fin du XIXe et au dbut du XXe sicle le terme secte est utilis pour dcrire les divers courants protestants (mthodistes, congrgationalistes, baptistes, adventistes et pentectistes) qui pntrrent au pays cette poque. Ces mouvements ne furent pas considrs comme des parties vivantes de lorganisme de lEglise vivante1 et on continua les appeler sectes mme pendant lpoque communiste (1944-1989).2 Avec le terme secte lglise Orthodoxe Bulgare appela aussi les mouvements antichrtiens3 qui se propagrent au pays au XXe sicle. Parmi ces mouvements on pourrait signaler la Fraternit Blanche Universelle de Petre Deunov, la thosophie, le spiritisme, loccultisme et le tolstosme. Le missionnaire orthodoxe Mikhal Kalnev donna une dfinition complte du terme secte de lpoque: La secte est une communaut de croyants qui rejette et dforme tous les dogmes du christianisme au sujet de notre salut: les doctrines sur la misricorde de Dieu, sur la force salvatrice du sacrement de baptme, sur le changement dans lEucharistie du pain et du vin en vrai sang et en vrai corps du Christ, sur la vnration et les prires adresses aux saints et aux anges, sur les prires pour les morts. En mme temps les sectes gardent la foi en Dieu trinitaire, en la nature divino - humaine du Christ et en Christ comme le Rdempteur et le Juge du monde. 4 En Russie orthodoxe le mot secte fut import par les catholiques et les protestants qui se propageaient dans le pays la fin du XVIe sicle. Plus tard le terme recueillit le sens dune communaut religieuse spare de lglise qui indique de

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KALNEV, M., op. cit., p. 19. ASSENOV, B., Les religions et les sectes en Bulgarie, Sofia, 1998, p. 245. Mikhal Kalnev appela ces mouvements des courants religio - philosophiques. Cf. KALNEV, M., op. cit., p. 19. KALNEV, M., op. cit., p. 18.

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nouvelles voies de salut, qui est insatisfait de ladministration ecclsiastique et qui nest pas en accord avec sa doctrine et avec son modle de salut.1 Quant lEglise catholique, il faut dabord indiquer le nom du Mgr Conrad Algermissen, un des spcialistes de la Science des confessions religieuses qui labora, encore dans les annes 1930, la dfinition complte du terme secte: Une communaut chrtienne tendance individualiste, oppose non seulement la vraie glise universelle du Christ, mais aux glises dissidentes 2. Un demi sicle plus tard le cardinal Francis Arinze, Prsident du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux signala dans le texte Le dfi des sectes ou des nouveaux mouvements religieux: une approche pastorale datant du 5 avril 1991 que le mot secte semble se rfrer de faon plus directe un petit groupe qui sest spar dun groupe religieux plus grand, gnralement chrtien, et qui suit des croyances ou des pratiques dviationnistes 3. Daprs lui le mot secte nest pas employ partout avec la mme signification. Par exemple en Amrique latine ce terme est appliqu tous les groupes non catholiques qui sont plus extrmistes et agressifs mme lorsque ceux-ci appartiennent aux glises protestantes traditionnelles. En Europe occidentale, le mot secte, mit en vidence le cardinal, revt une consonance ngative, alors quau Japon les mouvements religieux dorigine shintoste ou bouddhiste sont normalement appels sectes, et non pas dans un sens pjoratif.4 Michele Mat-Hasquin informa que lEglise catholique dsigne comme sectes les groupements protestataires qui nacceptent point lespce de compromis pass entre lglise et la socit, entre lappel religieux et lordre social. La secte se prsente ses adeptes comme larche au milieu de la tempte, la planche de salut au milieu de la corruption universelle. Elle ne prtend assurer le salut que dun petit nombre dun reste dlus, de saints de Dieu choisis personnellement, individuellement. La secte prsente un caractre nettement marqu dexclusivisme. Entrer dans une secte, signifie de se retirer du monde et rompre avec lui, la secte ne comporte pas ou presque pas de sacerdoce hirarchique. Tous sont oints et prtres, cest lexprience religieuse qui compte 5.1 2 3

DIOULGEROV, D., TSONEVSKI, I., op. cit., p. 256. LAVAUD, M.-B., Sectes modernes et foi catholique, Paris, 1954, p. 15. TEQUI, P., d., Sectes et Nouveaux Mouvements religieux. Anthologie de textes de lEglise catholique 1986-1994, Paris, 1994, p. 48.

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Ibidem MAT-HASQUIN, M., Les sectes contemporaines, "Lacit, Documents 1", Bruxelles, 1983, p. 11.

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Paul Wells, professeur de thologie systmatique la Facult de thologie rforme dAix-en-Provence signala pour sa part que daprs lexpression de Karl Popper1 la secte est dfinie comme une socit ferme qui se prsente comme ennemie de la socit ouverte 2. A part les opinions exposes ci-dessus, le langage populaire et les sociologues offrent aussi quelques dfinitions du mot secte. Dans le langage populaire la secte est vue comme un groupe qui se spara dune autre communaut dans le but de suivre un matre ou une nouvelle doctrine qui sera certainement diffrente de celle de lancienne communaut. Le sociologue Peter Berger dcrivit la secte comme un petit groupe religieux qui se trouve constamment sous la pression de la socit dans laquelle il vit. Un tel groupe est enferm son influence et exige de ses membres des parfaites fidlit et solidarit.3 Le sociologue anglais Bryan Wilson dcrivit dans son ouvrage Religious sects les sectes comme des mouvements de protestation religieuse 4. Le thologien et sociologue suisse Roland Campiche dsigna pour sa part la secte comme un groupe humain de style autoritaire dans lequel un gourou exerce une forte emprise sur les membres et dont les agissements sont suspects et cachs 5. La secte, daprs M.-Benoit Lavaud, est un ensemble, une collectivit de personnes professant une mme doctrine, suivant les mmes matres, en quelque domaine que ce soit 6. La Commission de recherche de lactivit des sectes auprs de de lAssembl Nationale (Le Parlement) de France fait sortir au mois de janvier 1996 une dfinition qui caractrisa aussi les sectes. Les sectes y furent dfinies comme des groupes quon peut reconnatre grce aux manipulations quils utilisent pour guider leurs adeptes vers une dstabilisation psychologique. Les buts principaux desdites manipulations rapportent sur la soumission absolue, la diminution de lesprit critique, la rupture avec les normes gnrales la fois thiques, scientifiques, civiques et denseignement commun.7Karl Popper (1902-1994), philosophe autrichien du XXe sicle. WELLS, P., "Secte synthse. Les sectes: lments de synthse", Revue Rforme, N 195, T. XLIII, sptembre1997/4. [En ligne] Adresse URL: http://www.unpoissondansle.net/rr/9709/index.php?i=6 (Page en franais consulte en janvier 2005)3 4 5 6 7

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MAYER, J.-F., Les sectes. Non-conformismes chrtiens et nouvelles religions, "Bref 4", Paris, 1987, p. 8. HEXHAM, I., POEWE, K., Understanding Cults and New Religions, Grand Rapids, Michigan, 1986, p. 127. CAMPICHE, R., Quand les sectes affolent. Ordre de Temple Solaire, mdias et fin de millnaire, Genve, 1995, p. 37. LAVAUD, M.-B., op. cit., p. 15. DVORKINE, A., "Dfinitions des termes sectaires principaux". Site officiel du Centre dinformation et de consultation "Saint Irne de Lyon" [En ligne] Adresse URL: http://iriney.vinchi.ru/sects/theory/003.htm (Page en russe consulte en 2002)

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0.1.3. Le nouveau mouvement religieux Un autre terme qui cohabite actuellement avec celui de la secte est celui du nouveau mouvement religieux (NMR). Il apparut dans les annes soixante et on lutilisa pour dfinir les mouvements nouvellement apparus ou ceux venus de lOrient.1 Le terme fut employ soit pour distinguer les groupes religieux crs sur des bases pas proprement chrtiennes soit les groupes qui offraient leurs adeptes un mlange de traditions diffrentes comme par exemple lglise de lUnification. 2 Les Professeurs Irving Hexam3 et Karla Poewe-Hexam soutinrent aussi cette ide et signalrent dans leur livre Understanding Cults and New Religious Movements que le terme nouveau mouvement religieux est li plutt aux traditions religieuses diffrentes y compris les traditions orientales, tandis que le terme secte amne directement aux racines chrtiennes.4 Il faut cependant signaler quen effet lesdits nouveaux mouvements religieux ne se prsentent pas vraiment comme trs nouveaux. Plusieurs dentre eux demeurent dans la vie religieuse mondiale depuis des sicles. Une partie dentre eux se sont dtachs des religions traditionnelles tandis que dautres se sont forms comme des mouvements compltement indpendants.5 Lorsque, par exemple, dans les annes 1960 les dvots de lAssociation internationale pour la Conscience de Krishna sortirent en dansant et en chantant dans les rues occidentales, ils furent considrs comme une nouveaut religieuse et qualifis mme comme une religion pour les jeunes, une nouvelle religion. En effet cette forme de propagande religieuse date dj depuis le XVIe sicle.6 Ce qui fait ces mouvements nouveaux nest pas uniquement leur ge mais leurs ractions face aux modes de vie actuels, leurs tensions particulires avec la vie moderne et leurs concepts spcifiques sur le salut.7 Ces mouvements taient considrs comme nouveaux car leurs ides et leurs croyances taient nouvelles la1

MAYER, J.-F., La science compare des religions face aux nouveaux mouvements religieux. Confrence douverture de lanne acadmique 1998-1999, Fribourg, 1999, p. 7.

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CAMPICHE, R., op. cit., p. 55. Irving Hexam est de confession anglicane et professeur de Religious studies lUniversit de Calgary, Canada. Mari de Karla Powe.

4 5 6 7

HEXHAM, I., POEWE, K., op. cit., p. 6-7. Ibid., p. 7. HUMMEL, R., Les gourous, "Bref 6", Paris, 1988, p. 13. HEXHAM, I., POEWE, K., op. cit., p. 7.

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fois pour lEurope de lOuest et pour lEurope de lEst.1 Le Cardinal Francis Arinze pour sa part exprima les mmes ides dans le texte Le dfi des sectes ou des nouveaux mouvements religieux: une approche pastorale du 5 avril 1991 et dit que le terme nouveaux mouvements religieux est plus neutre que celui de sectes. Ces mouvements sont appels nouveaux, non seulement parce quils sont apparus sous leur forme actuelle aprs la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi parce quils se prsentent comme une alternative aux religions institutionnelles officielles et la culture dominante. Ils sont appels religieux parce quils dclarent vouloir offrir la vision dun monde religieux ou sacr, ou des moyens pour atteindre dautres objectifs tels que la connaissance transcendantale, lillumination spirituelle ou lautoralisation, ou bien parce quils offrent leurs membres des rponses aux questions fondamentales 2. En Allemagne et en Autriche les nouveaux mouvements religieux comme lglise de lUnification, lAssociation internationale pour la conscience de Krishna sont simplement nomms Jugendsekte sectes des jeunes. 3 0.1.4. Le cult Avec les annes apparurent aussi des mouvements qui navaient plus de rapport avec le christianisme et qui se situaient entirement dans une autre tradition religieuse. Ces mouvements furent appels - dans pays anglophones et notamment aux Etats-Unis - des cults4, tandis quen Europe persistait et persiste encore le terme secte. La diffrence entre les deux mots cult et secte existe non seulement au niveau gographique mais aussi au niveau de la langue. En anglais le terme sect signifie groupe schismatique qui est fond par des fidles qui ont quitt leurs glises dorigine afin de crer un nouveau mouvement, dans lequel ils affirment tre revenus au message authentique. Quant au mot cult, il na pas une traduction exacte en franais dans le sens quil possde en anglais. En anglais, il est utilis dans le sens du mot franais secte, pour dsigner un nouveau mouvement religieux.5 Cependant1

RAJASHEKAR, J.-P., "Introduction" in BROCKWAY, A., RAJASHEKAR, J.-P., d., New Religious Movements and the Churches, Geneva, 1987, p. X.

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TEQUI, P., d., op. cit., p. 49. HEXHAM, I., POEWE, K., op. cit., p. 7. CAMPICHE, R., op. cit., p. 56. MAYER, J.-F., Les sectes. Non-conformismes chrtiens et, p. 11-12.

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daprs les thologiens amricains Josh MsDowell et Don Stewart lutilisation du terme cult concide trs souvent avec celle de secte.1 Alexandre Dvorkine2 pour sa part part souligna que les auteurs anglophones utilisent le mot cult plutt dans le sens de secte totalitaire. Lorigine du mot cult vient du terme latin cultus qui veut dire hommage ou respect. Daprs lOxford English Dictionary le mot cult commence tre utilis dj au XVIIe sicle et au milieu du XIXe sicle dans le sens dun groupe religieux spcifique. Le premier ouvrage qui examina les cults fut celui de William Erwin intitul Timely Warnings et dit en 1917. Le mme livre fut rdit en 1919 mais cette fois sous le titre Heresies Exposed. W. Erwin signala dans son ouvrage la ncessit dune conception thologique des cults par lintermdiaire de la Bible comme un critre de distinction entre la vrit et lerreur. Le terme cult au sens de groupe religieux apparut aprs 1950 lorsque les mass mdias commencrent tudier les diffrents groupes religieux et les classifier comme des cults. Ces groupes religieux furent classifis comme des cults cause de leur comportement nuisible. Le journal Time3 appela cult le groupe des adeptes du livre de Ron Hubbert Dianetics.4 Parmi les dfinitions donnes par les chercheurs contemporains il faut mentionner Walter Martin qui crivit dans son livre Speaks Out on the Cults dit en 1983: Le cult est un groupe de personnes qui attachent du prix linterprtation de la Bible faite par quelquun. Ce groupe se caractrise avec ses dviations du christianisme classique au niveau des doctrines principales de la foi chrtienne et plus spcialement celle que Jsus Christ est devenu homme. 5 Dave Greese pour sa sa part mit en vidence dans le livre Know the Marks of Cults que le cult est une perversion religieuse, une hrsie organise 6. J. McDowell et D. Stewart tudiant les cults les dfinirent comme un groupe de personnes qui adhrent aux points de vue de chefs isols et rejettent les doctrines primordiales du christianisme

1

MCDOWELL, J., STEWART, D., LIllusion. Quest-ce que les sectes et les cults croient et comment ils attirent des adeptes, Sofia, 1993, p. 7-8 (en bulgare).

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Professeur orthodoxe dorigine russe et directeur du Centre dtudes religieuses "St Irne de Lyon" Moscou. Il sagit du journal Time du 3 septembre 1951, p. MCDOWELL, J., STEWART, D., op. cit., p. 13-14. Ibid., p. 13. BECK, H., Les cults, Sofia, 1995, p. 8 (en bulgare).

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biblique1. Pour les protestants conservateurs des tats Unis les cults sont tous les groupes religieux qui confessent des doctrines non-bibliques 2. Donc les protestants conservateurs soutiennent lopinion courante que les cults nont plus rien voir avec le christianisme et que ce sont des mouvements originaires dune religion diffrente. Lorganisation canadienne Info Cult donna la dfinition suivante du mot cult: Le cult est un groupe qui exploite ses membres et les manipule. Il peut les endommager physiquement, psychologiquement et financirement. Le groupe contrle le comportement, les penses et les motions de ses membres. Il utilise des mthodes diffrentes pour transformer les nouveaux adhrents en membres loyaux, obissants et serviles. 3 Dans son usage populaire le mot cult est li trs souvent au lavage du cerveau et la manipulation destructive.4 Pour les psychologues le cult est un groupe qui change le comportement et les conceptions de quelquun. Les sociologues en gnral le dcrivent comme un groupe qui ne rpond pas aux normes dune socit.5 Le sociologue James T. Richardson donna la dfinition suivante au mot cult: Le cult est un groupe ayant des croyances et/ou des pratiques lencontre de celles de la culture dominante. 6 Il rajouta que ces croyances et pratiques peuvent tre aussi en opposition de celles de la sous-culture 7. Le sociologue Ronald Enrott signala pour part les trois mthodes dfinissant un cult 1. Sensitive, 2. Sociologique et 3. Thologique.8 Dans le groupe de ces mthodes les historiens et les thologiens amricains ajoutent encore la mthode historique qui est en effet souvent utilise avec la thologique.9 Aux Etats-Unis le terme cult implique de nombreuses caractristiques ngatives qui font partie des activits des nouveaux mouvements religieux comme par exemple: 1.- Le recrutement manipulateur et psychologiquement coercitif.

1 2 3

MCDOWELL, J., STEWART, D., op. cit., p. 13. Ibidem DVORKINE, A., "Dfinitions des termes sectaires principaux". Site officiel du Centre dinformation et de consultation "Saint Irne de Lyon" [En ligne] Adresse URL: http://iriney.vinchi.ru/sects/theory/003.htm (Page en russe consulte en 2002)

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HEXHAM, I., POEWE, K., op. cit., p. 6. MCDOWELL, J., STEWART, D., op. cit., p. 13. HEXHAM, I., POEWE, K., op. cit., p. 6. Ibidem ALEXANDROV, A., "La notion du cult", BM, N1, Sofia, 1997, p. 65 (en bulgare). Ibid., p. 65-66.

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2.- Le leadership autoritaire. 3.- La privation et lexploitation des convertis. 4.- Laventurisme politique et conomique dguiss en religion. 5.- La destruction dlibre des contacts avec le monde externe y compris avec les membres de la famille.1 0.2. Classements des nouveaux groupes religieux En abordant la question des nouveaux groupes religieux, il est indispensable de signaler que ces groupes ne peuvent pas tre mis sur une mme chelle et soumis un jugement commun. Ils se diffrencient les uns des autres, tant par leurs origines et dimensions que par leurs doctrines et manires dagir, de propager et de recruter des membres. Cest pour cela quils devraient tre classs daprs des critres diffrents qui permettraient de les discerner clairement. Tels classements, issus de points de dpart diffrents, furent labors au cours des annes par les thologiens orthodoxes, catholiques et protestants, par les sociologues et les historiens. Ci-dessous apparaissent les quelques types de classements jugs comme prdominants. 0.2.1. Classements orthodoxes Encore au dbut du XXe sicle le missionnaire orthodoxe Mikhal Kalnev classa les nouveaux groupes religieux, utilisant le terme secte en deux grandes parties rationalistes et mystiques. Les rationalistes, daprs lui, sont ces mouvements qui au sujet de la foi, du salut comme aussi de linterprtation de la Bible ne sappuient pas sur la Sainte Tradition et lautorit de lglise catholique2. Ils ne sont guids que par lintellect humain. Comme des mouvements rationalistes M. Kalnev reconnat les luthriens, les calvinistes, les baptistes, les adventistes, etc. Les mystiques pour leur part rejettent lautorit de lglise et la source principale de leur doctrine est lillumination personnelle interne ou lextase pendant lequel ils affirment la rception dune rvlation directement de Dieu par laction du Saint Esprit.3

1

BROMLEY, D.G., SHUPE, A.D., "The Archetypal Cult: Conflict and the Social Construction of Deviance" in JAMES, G., ed., The Family and the Unification Church, New York, 1983, p. 3.

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Lexpression glise catholique est utilise en sens de lglise universelle. KALNEV, M., op. cit., p. 19.

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A part le classement de M. Kalnev on peut souligner aussi celui de Feudr Fdorenko quil prsenta dans son livre Les sectes, leur foi et leurs activits. Il sagit en effet de deux classements diffrents - daprs la doctrine de Dieu et daprs dautres critres. F. Fdorenko divisa les mouvements daprs leurs doctrines de Dieu en quatre groupes: Panthistes ou ceux qui prsentent Dieu comme une force impersonnelle qui se trouve dans la nature. Charismatiques ou ceux qui enseignent que leurs adeptes reoivent des rvlations divines par lEsprit Saint. Thistes ou ceux qui croient lexistence dun dieu absolu qui est loign des tres humains et qui a cr le monde et le gouverne. Messiano-eschatologiques ou ceux qui attendent la fin du monde dans un avenir proche et le Second Avnement du Christ.1 F. Fdorenko, daprs dautres critres, en distingue cinq: Prdicateurs ou ceux qui limitent leurs activits aux propagations de leurs doctrines. Tels qutaient les tolstostes et les staroobriadtsi en Russie. Extatiques ou ceux qui ont une forte organisation dans le but de tenir leurs membres en sous-ordre constant. La particularit de ce type de mouvements est lextase des membres. Dans le groupe des mouvements extatiques F. Fdorenko inclut les glises pentectistes. Autoritaires ou les mouvements religieux dans lesquels la vie interne est guide par une autorit. Dans le groupe des mouvements autoritaires peuvent tre mis lglise de lUnification, la scientologie, LEglise de lUltime Testament, les baptistes, les adventistes, etc... Hirarchiques ou les mouvements construits sur la base de la hirarchie interne. Thocratiques ou les mouvements qui sappuient sur les versets bibliques pour la fondation dune organisation religio-thocratique sur la terre. Les reprsentants typiques de ce groupe sont les Tmoins de Jhovah.1

1

FEDORENKO, F., Les sectes, leur foi et leurs activits, Moscou, 1965, p. 221-222 (en russe).

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0.2.2. Classements catholiques LEglise catholique proposa pour sa part sept catgories de

mouvements classs daprs la diversit de leur origine: Mouvements fondamentalistes bibliques. Groupes dorigine chrtienne dont on peut discuter lorthodoxie. Mouvements drivant des grandes religions orientales. Fondations prophtiques locales, souvent de caractre syncrtiste. Tendances gnostiques, spcialement dans les diverses expressions du mouvement New Age. Groupes philosophiques ou psychologiques, souvent dorigine occidentale et Groupes pseudo-religieux caractriss par des tendances magiques ou occultistes.2 Le Cardinal F. Arinze distingua quatre types de nouveaux mouvements religieux classs daprs le systme de connaissance: Mouvements fonds sur la Sainte criture, qui sont chrtiens ou drivent du christianisme. Mouvements qui proviennent dautres religions comme lhindouisme, le bouddhisme ou les religions traditionnelles. Certains dentre eux intgrent de manire syncrtiste des lments provenant du christianisme. Mouvements qui sont marqus par la dsintgration de lide authentique de religion et un retour au paganisme. Ils montrent des signes dune culture qui devient spirituellement paresseuse ou fatigue par le rationalisme exaspr de la civilisation technologique moderne. Mouvements gnostiques qui semblent offrir dans leurs revendications naturalistes la possibilit de se librer du poids de la libert et de la responsabilit, et dentreprendre une voie qui nexige pas de prendre des dcisions mais offre seule ment lillumination.1

1 2

FEDORENKO, F., op. cit., p. 312-347. TEQUI, P., d., op. cit., p. 45-46.

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0.2.3. Classements protestants Les glises protestantes traditionalistes distinguent deux catgories de groupes religieux chrtiens: glises libres et groupes particuliers. Les premires sont libres des liens institutionnels avec ltat, elles nacceptent pas comme membres des gens qui ne sont pas croyants et qui ne confessent pas lvangile en paroles et en actes. Au nombre de ces glises libres sont classs des groupes comme les baptistes, mthodistes, les mennonites, certains courants pentectistes, dautres groupes dits vangliques , comme lArme du Salut et les quakers. Bien que les glises libres soient mises dans une catgorie spciale elles ne sont pas considres par les glises protestantes traditionalistes comme des sectes. Pourtant les groupes religieux chrtiens particuliers sont classs dans la catgorie des sectes. La raison de ce classement est dabord la prtention pour beaucoup dentre eux de reprsenter la seule vritable glise sur terre et ensuite le dveloppement de leurs doctrines particulires qui sloignent de celles des glises traditionnelles.2 Les deux thologiens protestants amricains Josh McDowell et Don Stewart prsentrent dans leur livre Lillusion, utilisant le terme cult, une classification dtaille. Ils suggrrent trois catgories de mouvements: Les cults occidentaux sont ceux qui se sparent du christianisme et qui rejettent ses doctrines principales. Ils utilisent la Bible comme un des sources principales et Jsus Christ joue le rle dune figure centrale. Les adeptes des cults occidentaux affirment quils sont actuellement les seuls reprsentants du christianisme. Dans le groupe des cults occidentaux, J. McDowell et D. Stewart mirent les Tmoins de Jhovah, les mormons et Lglise de lUnification. Les cults orientaux proviennent de la philosophie orientale. Leurs fondements sont le bouddhisme, lhindouisme ou le taosme. Comme des cults orientaux J. McDowell et D. Stewart considrrent la Mditation transcendantale, lAssociation internationale pour la Conscience de Krishna, la scientologie, la Communaut internationale de lautoralisation. Les cults New Age essaient, daprs J. McDowell et D. Stewart, dunir la pense orientale la pense occidentale. Cest pour cela ils reprsentent un mlange et leurs

1 2

TEQUI, P., d., op. cit., p. 51-52. MAYER, J.-F., Les sectes. Non-conformismes chrtiens et, p. 9-11.

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points de vue sont soit monistes soit panthistes. Comme nouveaux cults sont considrs tous les mouvements Nouvel Age et la thosophie.1 On trouve un autre classement pareil celui de J. McDowell et D. Stewart mais plus gnral et fait daprs lorigine du mouvement et la base de sa doctrine chez R. Hummel : Mouvements qui proviennent du christianisme. Mouvements qui drivent des religions asiatiques. Mouvements marqus par la psychologie de lOuest et de la sous-culture thrapeutique.2 Le thologien Prof. Dr. Joachim G. Piepke pour sa part proposa le classement suivant: 1.- Sectes classiques les adventistes, la Science chrtienne, les mormons, lEglise no-apostolique, les swedenborgiens, les unitaristes, les Tmoins de Jhovah, etc. 2.- Nouvelles religions qui incluent: 2.1.- Les nouveaux mouvements religieux. 2.2.- Les nouvelles communauts religieuses: 2.2.1.- Nouvelles communauts religieuses avec des racines asiatiques - la Mditation transcendantale, lAssociation internationale pour la conscience de Krishna, Ananda Marga, le mouvement Osho, les bahas, lEglise de lUnification, les Enfants de Dieu, le Sahaja yoga, Sathya Sai Baba, la thosophie, Soka Gakkai, etc.. 2.2.2.Nouvelles communauts religieuses de caractre universel les anthroposophes, lAncien et Mystique Ordre de la Rose Croix (AMORC), la scientologie, etc.. 2.3.- Les Jugendreligionen. 2.4.- Les psychocults - la scientologie.3 0.2.4. Classements sociologiques Le sociologue Bryan Wilson prsenta un classement dtaill des nouveaux groupes religieux utilisant le terme secte. Il les classa daprs leurs doctrines et leurs ides ainsi:MCDOWELL, J., STEWART, D., op. cit., p. 15. HUMMEL, R., "Contemporary New Religions in the West" in BROCKWAY, A., RAJASHEKAR, J.-P., ed., op. cit., p. 19. PIEPKE, J. G., op. cit., 1998, p. 195.

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Convertionnistes, qui mettent laccent sur le salut de lindividu et qui essayent de faire partager ce salut un maximum dindividus. Parmi les groupes qui reprsentent les sectes convertionnistes on cite les pentectistes ou les Tmoins de Jhovah. Rvolutionnaires sont les mouvements religieux qui veulent tablir le Royaume de Dieu sur terre dune manire quelquefois violente. Rformistes sont ceux qui veulent changer le monde, mais dune manire non violente. Tels sont les mouvements comme la Fraternit Blanche Universelle de Petre Deunov, lglise de lUltime Testament, la Socit du Chemin de la Sagesse, Anastassia et les bahas. Introversionnistes sont les groupes qui cherchent une rupture avec le monde, jug dfinitivement mauvais, pour vivre leur histoire religieuse comme un petit groupe dlus - lglise de lUltime Testament. Manipulatrices sont les groupes qui mettent en avant les moyens surnaturels, les miracles. Thaumaturgiques sont nommes les groupes qui sont centrs sur la gurison. Telles sont certaines communauts pentectistes.1 Les membres des nouveaux groupes religieux peuvent aussi tre classs en plusieurs groupes. Dabord il y une partie de membres engags pleinement (comme moines et moniales) qui consacrent leurs vies au mouvement auquel ils ont adhr. Ils habitent dans une commune et travaillent tout le temps pour elle. Ensuite, le deuxime groupe est celui des membres associs (comme membres assembls) qui viennent une fois par semaine au culte ou pour un cours. En plus, il existe un troisime groupe de sympathisants (ou membres nominaux ) qui sont probablement daccord avec les croyances et les pratiques du groupe mais qui ne sont pas profondment affects. On adhre les nouveaux groupes religieux sans considration dage, doccupation, de classe, de groupe ethnique, de niveau dducation, de religion. Il ne faut pas oublier les adeptes qui sont ns dans une famille adhrente dun nouveau groupe religieux.2 Les professeurs Lawrence Lilliston et Gary Shepherd de lUniversit dOkland Rochester exprimrent une opinion fort intressante concernant les trois types de personnes adhrant aux nouveaux groupes religieux en montrant le rle que la sant1 2

CAMPICHE, R., op. cit., p. 53-54. BARKER, E., "New Religious Movements: their incidence and significance" in WILSON, B., CRESSWELL, J., ed., New Religious Movements: Challenge and Response, London, 1999, p. 17, 21.

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mentale peut y jouer. Ils signalrent que ces groupes font leur proslytisme sur des gens qui sont dj mentalement malades ou sur de gens qui souffrent dune certaine faiblesse morale ou caractrologique. De plus, les nouveaux groupes religieux sont rejoints par des personnes relativement normales, mais assez naves pour participer aux rencontres et aux sessions de ces mouvements. Encore, les nouveaux groupes religieux prchent aux enfants qui sont dj ns dans un de ces groupes et qui sont levs avec et dans son culte.1 Pour conclure il faut souligner quon considre aujourdhui tous les groupes religieux apparus hors des glises existantes comme des sectes ou des cults. Ils portent la marque du danger et on leur attache le lavage de cerveau, la programmation, les suicides individuels ou collectifs, lintolrance, le dtournement de largent. Or, on les diabolise et on les signale comme des prils pour la socit. Cest pour cette raison que dans ce travail-ci, ds maintenant, on prfrera utiliser surtout le terme nouveau mouvement religieux (NMR) car il suscite moins de peur et il est plus neutre voire tolrant; cela vitera aussi tout prjug nuisible la recherche. Mais cela ne veut pas dire quon ne reconnat pas la distinction de leurs enseignements et de leur politique sociale de ceux des glises existantes et quon ne les considre pas comme des dfis pour le christianisme et pour la socit. Les NMR sont bien porteurs de caractristiques doctrinales et sociales diffrentes de celles du christianisme. Ils laborent leurs propres visions de Dieu et au sujet de la cration du monde. Leurs conceptions anthropologiques et eschatologiques sont souvent spciales et lies la rincarnation. Leurs doctrines sur le Christ et sur Son uvre rdemptrice sont aussi particulires. Une grande partie de ces NMR propagent une rupture sociale et isolement de leurs membres dans une communaut close au sein de laquelle on est soumis des rgles et des rites propres. Donc, on emploiera le terme nouveau mouvement religieux tant bien conscient de leurs drivations thologiques et sociales. Mais ce nest que dans lvaluation la fin du travail quon indiquera les lments sectaires ou hrtiques de ces mouvements !

1

LILLISTON, L., SHEPHERD, G., "New Religious Movements and mental health" in WILSON, B., CRESSWELL, J., ed., op. cit., p. 123124.

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PREMIERE PARTIELES HERESIES EN BULGARIE DU Xe JUSQUAU MILIEU DU XXe SIECLE1. Les hrsies en Bulgarie du Xe au XVe sicle1.1. Lhrsie des bogomiles 1.1.1. Les origines de lhrsie des bogomiles Les hrsies sont un syndrome constant dans la vie de lglise. Ds ses premiers jours on parle de la prsence dlans hrtiques. Dj lpoque notestamentaire, les aptres du Christ ne cessaient pas de combattre, travers leurs ptres, les hrsies existantes lpoque. Plus tard, aux Ier et IIe sicles, des hrsies comme celles des gnostiques, des bionites, des montanistes, des antitrinitaires, propagrent et creusrent les fondements de lglise qui tait encore fragile et instable. Toute lhistoire de lglise plus tardive renseigne sur les luttes incessibles de celle-ci contre les diverses hrsies. Au IVe sicle dj lglise dut faire face larianisme et au Ve sicle au nestorianisme et au monophysisme. Quant lglise Orthodoxe Bulgare, tant jeune, elle ne connut les hrsies qu partir du IXe sicle. La pntration de diffrentes hrsies sur les terres bulgares commena la suite du baptme du peuple bulgare en 865. Le problme avec les hrsies en Bulgarie fut dcrit en outre dans Les rponses du pape Nicolas adresses au prince Boris Ier.1 Daprs les sources historiques, des hrsies comme celles des bogomiles, des barlaamites et des judasants apparurent en Bulgarie au Moyen-ge. Parmi lesdites hrsies la plus forte et la plus longue en Bulgarie mdivale fut celle des bogomiles (bulg. [Bog] = Dieu et [mil]= bien-aim, chri). Elle se rvla au pays probablement dj au milieu du Xe sicle, pendant le rgne du tsar Ptr (927-969) et surgit comme une raction contre la destruction

1

KAJMAKOVA, M., "Des doctrines et des mouvements socio-religieux en Bulgarie mdivale (X-XIV s.)". [En ligne] Adresse URL:

http://viavita.net (Page en bulgare consulte en 2003)

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totale dans le pays bulgare et lappauvrissement global de la population villageoise aprs les guerres du Tsar Simon (893-927) contre Byzance et les autres pays voisins. Quant lEglise Orthodoxe Bulgare, moteur principal de laccroissement spirituel et de lunit du peuple bulgare pendant lpoque du prince Boris Ier et du tsar Simon, elle na pas pu sauvegarder cette position aprs le rgne du tsar Simon. Son autorit faiblit et elle perdit son pouvoir dinstitution spirituelle du peuple. Cest dans cette priode de dstabilisation de ltat Bulgare et daffaiblissement de lEglise Orthodoxe Bulgare que le mcontentement du peuple bulgare sexprima travers le mouvement des bogomiles. Le surgissement de celui-ci fut aussi favoris par la propagation des hrsies plus anciennes comme celles des manichens, des messaliens et des pauliciens qui taient trs fortement prsents en Bulgarie et plus spcialement dans la rgion de la Thrace 1, suite larrive des byzantins de lAsie Mineure. Pour sa part, le mouvement des bogomiles se propagea avec une grande rapidit au pays des bulgares et eut pendant cinq sicles une forte influence sur la vie socio - politique, culturelle et religieuse du peuple. Le succs des bogomiles en Bulgarie fut dcrit encore par le Patriarche Thophilacte de Constantinople (933-956) dans son Eptre adresse au tsar Ptr. Cette ptre prsente en effet une rponse du Patriarche aux lettres du tsar Ptr propos de la nouvelle hrsie.2 En outre, deux types de textes sont lorigine de la connaissance des bogomiles: dune part le peu des livres apocryphes qui sont parvenus, et dautre part une littrature anti-bogomile abondante qui donne beaucoup de dtails sur leurs croyances et leurs rites. Parmi les livres bogomiles les plus importants, on retiendra lvangile de Jean connu encore comme Le Livre secret et lEucologe des cathares. Quant aux ouvrages officiels de lEglise Orthodoxe, on peut en citer quatre dont limportance historique est indubitable. Le premier est Le Trait contre les bogomiles de Cosme le Presbytre, crit dans la deuxime moiti du Xe sicle. Dans cet ouvrage Cosme le Presbytre montre une connaissance dtaille de la doctrine bogomile. Le deuxime, Lomniarme dogmatique dEuthymios Zigabine, est une uvre vaste ayant pour but de condamner les hrsies qui existaient dans lEmpire Byzantin lpoque, y compris celle des bogomiles. Le troisime ouvrage de grande importance pour ltude des bogomiles est celui de lhistorien, philosophe et politicien byzantin Michel Psellos (1018-1092), intitul Sur1 2

Aujourdhui la rgion de Plovdiv. ANGELOV, D., Le bogomilisme en Bulgarie, Sofia, 1969, p. 167 (en bulgare).

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laction des dmons. Dans cet ouvrage Michel Psellos parle de ses observations sur une commune bogomile en Thrace.1 Il ne faut pas oublier non plus la Synodique du roi Borile datant de 1211. Or, daprs les sources susmentionnes, le fondateur du bogomilisme fut le prtre Bogomile qui ne faisait pas partie du haut clerg mais qui malgr tout tait quelquun qui connaissait bien les livres pauliciens. Cependant daprs lEptre du Patriarche Thophilacte, dj mentionne, le mouvement des bogomiles tait apparu bien avant le prtre Bogomile. Certains historiens attachent mme son dbut au nom et aux activits du fils cadet du tsar Simon, Boian. Alors il est probable que le prtre Bogomile dveloppa seulement le mouvement, fit de lui un systme socio-religieux, organisa ses adhrents en communes en tant le plus zl propagateur de lhrsie ! 1.1.2. La doctrine de lhrsie des bogomiles La prsence des bogomiles en Bulgarie fut surtout marque par la propagation dides thologiques et sociales particulires. Ils dvelopprent leurs doctrines en opposition celles de lEglise Orthodoxe. La doctrine thologique reposait sur des concepts dualistes et sur des ides christologiques particulires. Quant la doctrine sociale, elle ntait point influence par celle de lEglise Orthodoxe. Les ides sociales des bogomiles taient fondes sur un systme de penses, dorganisation et de mode de vie propres. 1.1.2.1. La doctrine thologique La doctrine thologique des bogomiles tait assez particulire. Ils proposaient un enseignement religieux dualiste qui tait en dsaccord avec la doctrine officielle de lEglise Orthodoxe. Une grande partie des ides cosmogoniques et christologiques des bogomiles influencrent les doctrines religieuses des cathares2.

1

TABAKOV, Y., "Les Bogomiles". [En ligne] Adresse URL:

http://www.polytechnique.fr/eleves/binets/xpassion/numeros/xpnumero22/xpnum22pdfsi/bogomiles22.pdf (Page en franais consulte en dcembre 2004)2

Mouvement religieux dualiste apparu au XIe sicle et rpandu au XIIe sicle en France.

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1.1.2.1.1. Limage de Dieu et du Satan, la gense du monde et lanthropologie bogomile La doctrine cosmogonique des bogomiles reposa sur le concept dualiste. Ils enseignaient quau dbut nexistait que le Bon Dieu ( ) qui tait incorporel et anthropomorphe. Il cra lunivers constitu de quatre lments principaux feu, air, eau et terre et des sept cieux o se trouvait son royaume. Le bon dieu lui-mme habitait le septime ciel et il sy asseyait sur un trne clair de lumire. Au-dessous du dernier ciel commenait lair suivi par les eaux qui emballaient la terre de toutes parts. Au-dessous du premier ciel se trouvait la terre, tenue par deux grands poissons et couverte de leau. La terre, enseignaient les bogomiles, tait inhabite et dserte. Sous la terre, des gros nuages tenaient la mer au-dessous de laquelle se trouvait le fond de lunivers o tait place la ghenne.1 Les bogomiles enseignaient que le bon dieu cra paralllement lunivers des anges innombrables qui formaient larme cleste. Les anges taient guids par un chef et ils taient obligs de payer dieu des impts en nature du bl, du beurre, etc. En mme temps que les anges, Dieu cra Satan pour quil soit toujours prs de lui, pour quil laide et pour surveiller les anges. Cependant, mcontent de sa position et jaloux de son pre, Satan sen rvolta et organisa un complot contre lui. Promettant aux anges de pouvoir diminuer leurs impts, Satan entrana un tiers dentre eux dans une rvolte. Aprs cet acte malin de Satan, Dieu le priva de son image divine, de sa puissance crative et de son nom divin, le chassa du ciel et le jeta avec les tratres sur la terre. Cependant il lui laissa le pouvoir de rgner pendant sept sicles sur sa cration. Se trouvant sur une terre dserte entoure deau et possdant encore une certaine force crative, Satan dcida de la rorganiser et dy crer son royaume. Aprs avoir reu la permission du Bon Dieu, il commena la cration de son royaume terrestre. Au dbut Satan inventa les plantes, les animaux, les continents et les mers puis cra lhomme Adam. Pour accomplir ce dernier acte il se servit de lange du troisime ciel quil fit entrer dans un corps dargile. Malgr tous les efforts Satan ne parvenait pas lui donner de la vie. Alors le bon dieu eut piti de cette crature et lui insuffla une me. Jaloux de la beaut de lme, Satan voulut faire prir lhomme et anantir son me. Dans ce but, il utilisa une partie du corps dargile et y fit entrer1

ANGELOV, D., Le bogomilisme..., p. 167-168.

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lange du deuxime ciel. Ainsi Satan cra la femme Eve quil sduit dans le but de pouvoir crer ses propres successeurs qui devaient tuer ceux dAdam. De la relation de Satan avec Eve naquirent Kalmena et Can, le meurtrier dAbel, le fils dAdam et dve. Can tua son frre Abel et introduisit ainsi les meurtres sur la terre. Satan resta lunique et le terrible seigneur du monde visible, les gens devinrent de plus en plus corrompus et seul un nombre restreint dmes pouvait accder au royaume cleste. Daprs la doctrine des bogomiles les serviteurs de Satan furent tous les rois, les patriarches, les prophtes de lAncien Testament (surtout Mose et Saint Jean Baptiste) et les gouverneurs. Cependant son rgne dura jusqu la venue du Christ.1 1.1.2.1.2. Le Christ La christologie des bogomiles est assez originale et imaginative. Ils affirmaient quen 5505 le Verbe () donc le fils de Dieu, mana du cur du Bon Dieu. Ce fils de Dieu tait, daprs les bogomiles, larchange Michel. Il fut nomm archange car il tait plus identique Dieu que ne ltaient les autres anges. Le nom Jsus lui fut donn puisquil pouvait gurir chaque maladie et reut celui du Christ car son corps tait oint. Les bogomiles enseignaient que le Verbe descendit du ciel sur la terre et rentra dans la Vierge Marie par son oreille droite. Aprs avoir pris chair semblable une matire, mais qui tait en effet immatrielle et divine, il sortit de loreille gauche de la Vierge Marie sans que celle-ci ne saperoive de quoi que ce soit. Ainsi le Christ commena prcher parmi les gens. Ne pouvant pas le sduire et lloigner de sa mission Satan le fit crucifier par lintermdiaire de ses serviteurs sur la terre. Le Christ mourut, en apparence, et fut mis au tombeau. Le troisime jour il ressuscita, agrippa Satan et le jeta dans la ghenne. Ensuite il enleva la partie anglique -l de son nom et Satanal devint Satana. Lorsque le Christ eut accompli sa mission, il revint au Ciel et sunit de nouveau son pre et lEsprit Saint qui demeurait en lui. Par cet acte le Christ mit fin la vie singulire de la Sainte Trinit dont les trois personnes avaient survcu spares pendant 33 ans. Satan pour sa part russit sortir de la ghenne et recommena rgner sur la terre. Il tait aid par tous les rois terrestres, par tous ceux qui nacceptaient pas le1

ANGELOV, D., Le bogomilisme..., p. 168-176. et TABAKOV, Y., op.cit.

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vrai christianisme et mme par les saints. Cependant, ce rgne ne durera pas longtemps puisque le jour de la Seconde Venue du Christ sapproche! Satan et tous ses serviteurs seront jets aux enfers et ils ne russiront plus jamais sen chapper! 1 1.1.2.2. La doctrine sociale En parallle de la doctrine thologique les bogomiles dvelopprent une doctrine sociale spcifique. Ils montraient manifestement une haine envers lEglise Orthodoxe et son clerg et lexprimaient ouvertement. Les plus grandes lignes de la doctrine sociale des bogomiles furent bien prsentes par Cosme le Presbytre dans son Trait contre les bogomiles. Il souligna que les bogomiles dtestaient le tsar, blmaient et injuriaient les nobles et les anciens et considraient ceux qui travaillaient pour eux comme dtests de Dieu. Cest pourquoi les bogomiles ordonnaient aux serviteurs ne pas travailler chez leurs matres. 2 A part cela les bogomiles institurent leur propre rgime alimentaire, leurs rituels et leur systme dorganisation. 1.1.2.2.1. LEglise Orthodoxe et son clerg - en gnral Quant lEglise Orthodoxe, les bogomiles attaquaient trs svrement son clerg et la considraient comme un mdiateur inutile dans le contact de lhomme avec Dieu. Ils ne respectaient non plus les difices religieux orthodoxes et les appelant refuges des dmons. Les bogomiles dsignaient lglise comme Jrusalem et affirmaient qu Jrusalem habite Satan. Les liturgies et les autres services furent qualifis comme un ensemble de beaucoup de paroles. Comme argumentation contre lEglise les bogomiles utilisaient lEvangile de Matthieu 6:6: Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Pre qui est l, dans le secret; et ton Pre, qui voit dans le secret, te le rendra o, daprs eux, Jsus Christ Lui-mme ordonna la prire dans une chambre. Pour certains le mot chambre signifiait la raison ( ) et pour dautres signifiait que les services religieux devraient tre clbrs dans la maison du croyant ( ) et non pas dans une glise. Cest pour cela que les bogomiles naccomplissaient pas leurs1 2

ANGELOV, D., Le bogomilisme, p. 178-180. et TABAKOV, Y., op.cit. KAJMAKOVA, M., op.cit.

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services et leurs prires dans une glise, mais dans des maisons prives ou lextrieur, sous le ciel. Ils soulignaient encore que les glises ne sont quun acte humain ( ) et que Dieu nhabite pas dans des maisons faites par les mains humaines.1 1.1.2.2.2. Les sacrements de lEglise Orthodoxe Les bogomiles rejetaient aussi les sacrements de lglise Orthodoxe. Ils se baptisaient sans eau, par lEsprit Saint en prononant simplement la prire Notre Pre. Le baptme navait aucun sens pour eux car il tait fait par des prtres indignes et pcheurs. Leau pour le baptme et lhuile sainte pour lonction ntaient pas considres comme saintes. Certains des bogomiles disaient mme que lhuile sainte nest quune simple huile lampe qui pue. Quant lEucharistie, celle-ci tait considre comme une simple nourriture. Largument contre lEucharistie provenait surtout de lenseignement dualiste des bogomiles daprs lequel chaque matire est une manifestation du mal. Donc la communion et mme toute la liturgie taient qualifies comme des sacrifices offerts aux dmons habitant lglise. Le sacrement de la pnitence, quant lui, les bogomiles le rejetaient en disant que le pardon des pchs pouvait tre donn sans lintermdiaire du prtre mais tout naturellement dans une simple conversation entre les fidles.2 Quant au mariage, les bogomiles en avaient aussi un regard ngatif. Pour eux la naissance des enfants ntait quun acte de Satan et chaque naissance ntait quune continuation du pch originel. Pour soutenir leurs ides, les bogomiles se rfraient aussi aux textes de lEvangile, comme par exemple celui de Matthieu 22:30: la rsurrection, en effet, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans le ciel . Pour bogomiles le mariage ntait pas un sacrement et ceux qui se marirent ne pouvaient plus tre sauvs.3

1 2 3

ANGELOV, D., Le bogomilisme, p. 227-238. Ibid., p. 239-246. Ibid., p. 296-304.

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1.1.2.2.3. La croix, les icnes et les reliques Les bogomiles nacceptaient pas la vnration de la croix, des icnes et des reliques. La croix pour eux tait un objet que Dieu dtestait, car les juifs y crucifirent son fils Jsus Christ. En plus, la croix tait un objet prfr par Satan et par ses dmons, et elle ntait quun simple morceau de bois. Pour les bogomiles, la vraie croix ntait pas la croix matrielle mais le Christ Lui-mme. La vnration des icnes tait considre comme une idoltrie et celle des reliques comme une vnration des os des morts ( ). Le rejet de la vnration des reliques tait attach aux concepts dualistes des bogomiles. Ceux-ci affirmaient encore que les reliques des saints taient habites par des dmons qui faisaient des miracles pour tromper les gens nafs.1 1.1.2.2.4. Dautres ides bogomiles Rejetant les dogmes et les sacrements de lglise Orthodoxe, les bogomiles ne reconnaissaient ni les dcisions des Conciles cumniques et locaux, ni les uvres des saints pres de lglise.2 Ils nacceptaient non plus la rsurrection des morts, les miracles et les ftes de lglise. Les bogomiles enseignaient quau Jugement Dernier il ny aura par de rsurrection des corps. Les corps resteront enterrs pour toujours sous la terre. Quant aux mes, elles seront juges. Celles des justes iront au Royaume de Dieu et les autres, celles des pcheurs dans la ghenne.3 Quant aux rgimes alimentaires des bogomiles, ils propageaient labstinence de la viande et de lalcool et ne consommaient que des aliments vgtariens. Ces derniers furent, daprs eux, recommands encore aux peuples de lAncien Testament. Quant la consommation du vin, ils soulignrent que lalcool rendait les gens ivres et quil tait aussi la raison principale pour tous les malheurs et pchs. En plus les bogomiles critiquaient ceux qui portaient des habits de luxe.4

1 2 3 4

ANGELOV, D., Le bogomilisme, p. 247-256. Ibid., p. 228-229. Ibid., p. 259. Les prdications des bogomiles contre les tenues riches ne furent pas leurs prdications originales. Ils les empruntrent des

hrsies qui les prexistaient comme le manichisme et le messalianisme. Cf. ANGELOV, D., Le bogomilisme, p. 284-288.

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1.1.3. Lorganisation, les rituels et les livres des bogomiles Les bogomiles se distinguaient aussi par une organisation particulire, des rituels spciaux et leurs propres livres sacrs. Leurs adeptes taient diviss en trois groupes: auditeurs, croyants et parfaits. Les auditeurs ne prenaient pas part aux rituels religieux des confrries bogomiles et ils ntaient pas obligs de mener une vie asctique. Les croyants se contentaient uniquement de confesser les doctrines principales et de tenter de mener une vie daprs la philosophie bogomile. Ils constituaient la partie la plus considrable des confrries bogomiles. Quant au groupe des parfaits, il tait le plus important dans le mouvement bogomile. Ses membres consacraient leur vie lascse totale1 y compris le clibat. Ils renonaient tout bien terrestre et se nourrissaient de manire trs modeste. Les parfaits taient les prcheurs principaux des doctrines bogomiles et faisaient la propagande contre les guerres et les effusions de sang. Le suprieur des parfaits et le chef principal de la vie religieuse dans la commune portaient le nom de Ddts .2 Quant la femme, elle avait le droit dentrer, aprs une prparation spciale, au cercle des parfaits et de devenir enseignante et prcheuse.3 Les bogomiles taient trs bien organiss. Ils se rassemblaient dans des communes religieuses nommes glises (). La tche principale de ces communes tait de contrler la diffusion correcte de lenseignement bogomile et de travailler pour laccroissement du nombre des adeptes. Pour laccomplissent de cette mission les bogomiles nommaient des prcheurs spciaux qui provenaient du milieu des parfaits. Leurs devoirs taient de voyager dans les villes et les villages avec lvangile dans les mains et de recruter des membres. Ces prdicateurs portaient le nom daptres. Tous les aptres qui prchaient dans une rgion dtermine se rassemblaient autour dun enseignant et ils taient guids par lui. Un autre devoir principal des communes bogomiles tait le culte religieux dont le droulement tait confi des personnes du milieu des parfaits.4 Quant aux diffrents rituels que les bogomiles pratiquaient, on peut souligner la prire commune, la confession rciproque, la conscration des croyants et la1 2

KAJMAKOVA, M., op.cit. ANGELOV, D., "Le mouvement bogomile dans les pays slaves balkaniques et en Byzance" dans Les Balkans au Moyen Age: la

Bulgarie des bogomiles aux turcs, London, 1978, p. 609, 332.3 4

ANGELOV, D., Le bogomilisme, p. 304. Ibid., p. 328-332.

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conscration des parfaits. Cest lEuchologue des cathares qui peut tre considr comme une authentique source dinformation sur ces rituels. Daprs ce texte la prire commune est qualifie comme une petite liturgie organise autour de la prire du Notre Pre et prside par le Ddts ou par ses remplaants. Les participants rcitaient le Notre Pre en faisant des prosternations. Le Ddts bnissait et rompait du pain, aprs quoi il le distribuait aux participants. A la fin de cette prire commune les bogomiles lisaient le dbut de lvangile de Jean. Le rituel de la confession rciproque reprsentait un acte du pardon des pchs. Accomplissant lacte symbolique de la mise des mains sur la tte de celui qui se repentait les bogomiles croyaient que sur lui descendra la grce divine qui le librera des pchs. Quant aux deux derniers rituels, la conscration des croyants et la conscration des parfaits, ils taient en effet les rituels les plus spcifiques des bogomiles.1 En ce qui concerne les livres sacrs, les bogomiles reconnaissaient uniquement le Nouveau Testament et ils le citaient dans toutes leurs prdications. Ils connaissaient trs bien les quatre vangiles, comme aussi les ptres de laptre Paul, les Actes des aptres et lApocalypse de Saint Jean. Bien quils reconnaissaient tous les vangiles comme des sources principales du christianisme, ils avaient une large prfrence pour celui de Jean. Le privilge que les bogomiles octroyaient cet vangile trouva expression dans leur apocryphe Lvangile de Jean o lvangliste Jean est le personnage principal. Pendant les prdications, les bogomiles interprtaient les vangiles dans leur sens symbolique et non pas dans leur sens littral. En plus des vangiles canoniques, les bogomiles se servaient de certains vangiles - apocryphes comme Le protvangile de Jacques, lvangile de Thomas connu encore comme lEnfance de Jsus et lvangile de Nicodme que lglise ne reconnaissait point.2 1.1.4. Le destin des bogomiles Au XIIIe sicle la propagation du bogomilisme et son influence sur le peuple bulgare se renfora. Jugeant les bogomiles comme un dfi rel pour le pays et le1 2

ANGELOV, D., Le bogomilisme, p. 336-338. Ibid., p. 216-220.

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peuple, le tsar Borile (1207-1218) convoqua le 11 fvrier 1211 Trnovo un concile anti-bogomile et le prsida lui-mme. Par contre pendant le rgne du tsar Ivan II Assen (1218-1241), les bogomiles taient plutt tolrs et ne subirent pas de perscutions. Les raisons pour cette tolrance envers eux taient sans doute politiques. Au milieu et la deuxime moiti du XVe sicle, pendant que la Bulgarie tait menace par les ottomans, le bogomilisme apparut et se renfora de nouveau. Aprs la domination ottomane le bogomilisme disparut compltement.1 A part la Bulgarie le bogomilisme pntra aussi au XIe sicle Byzance et aprs elle se dispersa en Thrace et en Asie Mineure. En Asie Mineure on appelait les bogomiles des fundigiagites (lat. funda = sac). Un des bogomiles les plus connus Byzance, Basile, fut condamn par lempereur Alexis Ier Comnne (1081-1118) et fut brl Constantinople en 1111. Aux Xe-XVe sicles les bogomiles propagrent aussi en Serbie, en Bosnie, en Roumanie, en Russie de Kiev, en Italie du Nord et en France du Sud; et plus tard mme en Allemagne, en Angleterre et en Hongrie.2 1.2. Dautres hrsies moins importantes propageant en Bulgarie Au dbut du XIVe sicle le bogomilisme revint sur les terres bulgares. En mme temps le pays fut envahi par de nouvelles hrsies qui jouaient un rle moins important dans sa vie religieuse et sociale. La source principale dinformation sur la situation de ces hrsies en Bulgarie reste La vie de Saint Thodose de Trnovo. Saint Thodose de Trnovo devait se battre la fois contre les fausses doctrines propages par des personnes isoles et contre les adeptes du bogomilisme et contre les judasants. Il signala dans son oeuvre les noms des moines Thodorte et Thodose, ceux de Cyrille Bossota, de Lazaros et du prtre Stephan. Le moine Thodorte enseignait une doctrine clectique compose danti-hsychasme, de paganisme et de magie. Quant Thodose, il prchait la dissolution du mariage. Pour leur part Cyrille Bossota, Lazaros et le prtre Stephan prchaient dans lesprit dualiste des bogomiles. Ils dtestaient les icnes, la croix et lEucharistie, niaient les biens matriaux et mettaient au pidestal la pauvret. Au cours du temps, Lazaros se

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ANGELOV, D., Le bogomilisme, p. 452-460. KAJMAKOVA, M., op.cit.

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repentit et reconnut ses erreurs. Quant C. Bossota et Stephan, on leur mit des marques sur les visages et on les chassa de Bulgarie.1 1.2.1. Les barlaamities Les propagandes hrtiques en Bulgarie ne se limitrent pas avec les activits individuelles des personnes susmentionnes. Aux XIVe XVe sicles la Bulgarie fut encore envahie par une hrsie originaire de Byzance et connue sous le nom des barlaamites. Le barlaamisme rsulta des ractions du moine Barlaam de Calabre (en Asie Mineure) et du Bulgare Acyndinus (originaire de Prilpe) contre la doctrine hsychaste. Tous les deux habitaient le Mont Athos et taient auteurs de plusieurs ouvrages anti-hsychastes. Les barlaamites enseignaient que lhypostase et lnergie sont identiques. Cest pour cela, pour eux, la Lumire du Tabor tait matrielle et corruptible. Elle ne fut cre que pour un moment dtermin pour que les aptres puissent la voir. Barlaam signalait que mme si Dieu napparaissait pas directement aux gens il pouvait tre connu au moyen de ses propres crations, par exemple par lunivers et par lhomme. Cest dici que dcoule la doctrine principale des barlaamites daprs laquelle la philosophie externe ou la science avec toutes ses branches est extrmement utile et indispensable car cest elle qui amnerait la fin ncessaire la connaissance de Dieu. Ce processus, daprs eux, ne pourrait pas tre effectu quaux ides philosophiques dAristote, de Platon et de Pythagore. Alors la maintenance de tels concepts de la part des barlaamites, montre que leur doctrine tait fonde sur des lments rationalistes.2 1.2.2. Les adamites et les judasants Dans la mme priode avec les barlaamites en Bulgarie se propagea encore un autre mouvement religieux dont les adeptes portaient le nom des adamites. Le proslyte principal de ladamisme tait le moine Thodose. Les adamites enseignaient que lhomme pouvait acqurir un bonheur complet et atteindre ltat paradisiaque primitif uniquement sil suivait la manire de se comporter dAdam qui ne1 2

OBOLENSKY, D., The Bogomils. A Study in Balkan Neo-Manichaeism, Cambridge, 1948, p. 259-262. KAJMAKOVA, M., op.cit.

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connaissait ni la honte ni le pch.