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DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE DU DÉPARTEMENT DU CALVADOS

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  • DICTIONNAIRE TOPOGRAPHIQUE DU

    DPARTEMENT DU CALVADOS

  • {I}INTRODUCTION.

    Le dpartement du Calvados est situ entre 48 45 30 et 49 25 25 de latitude septentrionale et entre 1 17 35 et 3 28 30 de longitude occidentale du mridien de Paris.

    Il est born au nord par le canal de la Manche, lest par le dpartement de lEure, au sud par celui de lOrne et une partie du dpartement de la Manche qui le borne aussi louest.

    Il a la forme dun quadrilatre, dont la plus grande diagonale a en ligne droite 125 kilomtres et la plus petite 123 kilomtres. Sa traverse, du nord au sud, a 55 kilomtres ; son littoral stend de la Morelle, lest, au Petit-Vey, louest, sur une longueur de 120 kilomtres. Sa plus grande largeur, prise de lest louest, de la commune de la Folletire-Abenon, prs dOrbec, la commune de Saint-Aubin-des-Bois, prs de Saint-Sever, est denviron 128 kilomtres.

    Prise du nord au sud, sa plus grande largeur, des roches de Maisy jusqu lextrmit mridionale de la commune du Gast, a environ 7 myriamtres.

    Ses principales rivires sont : lOrne, la Vire, la Touque, la Dive, la Seulle, qui se jettent toutes dans la mer et ont leur embouchure : lOrne la pointe de Merville, la Vire louest de la commune de Maisy, la Touque Trouville, la Dive sur la cte de Beuzeval, la Seulle Courseulles. La Morelle, lOrange et la Claire, qui coulent lest, forment chacune un bassin particulier.

    On compte dans le Calvados environ 1,538 cours deau dont la longueur totale dveloppe serait de 4,440 kilomtres.

    LOrne a pour affluents, dans le Calvados : la Baise, dont elle reoit les eaux au-dessus du Mesnil-Villement ; la Laize, qui sy joint prs de Laize-la-Ville, en face de Bully ; le Noireau, qui sy jette Pont-dOuilly ; la Guine, qui sy perd Bully ; lOdon, dont le confluent est Caen et auquel sont runies dans son cours les eaux de la Douvette et de lAjon.

    La Vire a pour affluents la Virenne et lAllire, lune gauche, lautre droite prs {II}de Vire ; la Souleuvre, qui sy joint prs de Campeaux ; lElle, qui sy runit au point o elle sert de limite aux dpartements du Calvados et de la Manche ; lAure infrieure, qui y verse ses eaux prs dIsigny, aprs avoir reu elle-mme celles de la Tortonne et ensuite celles de lEsques, prs de Canchy.

    LAure suprieure et la Drme, arrtes dans leur cours par le mont Escures, au fond dune prairie dpendante de la commune de Maisons, se perdent dans les fosses de Soucy, 6 kilomtres de Bayeux.

    La Touque reoit lOrbiquet et la Calonne. La Dive reoit le Laison et la Muance. Enfin la Seulle joint ses eaux celles de la Seuline, de la Thue et de la Mue. On peut reconnatre dans le dpartement sept bassins hydrauliques : 1 le bassin de la Manche,

    qui reoit 75 ruisseaux ctiers et 5 grandes rivires ; 2 le bassin de la Touque et ses affluents, au nombre de 299 ; 3 le bassin de la Dive et ses 270 affluents ; 4 le bassin de lOrne, qui compte 357 tributaires ; 5 le bassin de la Seulle, 75 affluents ; 6 le bassin de la Vire, 429 affluents ; 7 le bassin de la Sienne, ayant 26 affluents.

    La Touque est navigable jusquau Quai-au-Coq, 3 kilomtres en amont de la Touque ; la Dive jusquau quai de Dive, situ 1 kilomtre en aval du bourg ; lOrne, depuis Caen jusqu la mer, sur une longueur de 16,600 mtres. Le canal qui part de la mme ville pour aller la mer a seulement 14,500 mtres.

    La Seulle nest navigable qu son embouchure, o se trouvent le bourg, le chenal et le dock de Courseulles.

    La Vire est navigable seulement jusqu Saint-L. Des tudes ont t faites pour la rendre navigable jusqu Vire.

    Sur 22 passages deau desservis par des bacs ou de simples barques qui se trouvaient autrefois dans le dpartement, il nen existe aujourdhui que 9, dont 7 sont tablis sur lOrne, 1 sur la Touque et 1 sur la Dive ; ce sont :

    Le bac de Cantepie, sur la commune de Clcy ; Le bac de Boudigny, sur la commune de Saint-Martin-de-Sallen ;

  • Le bac du moulin Viard, sur la commune de Maisy ; Le bac de Percauville, sur la commune de Clinchamps ; Le bac de Montaigu, Caen ; Le bac de Clope, Mondeville ; Le bac de Colombelle, Colombelle ; Le bac de Dive, reliant la pointe de Cabourg Houlgate, lembouchure de la Dive ; {III}Le bac de Trouville, qui relie Trouville et Deauville la place de la Cabote.

    Indpendamment du rocher qui a donn son nom au dpartement, mais qui ne porte le nom de rocher du Calvados que dans la partie situe gauche de la Seulle, quoiquil se prolonge jusque devant Lion, on trouve en mer, peu de distance des ctes, les roches de Maisy devant la commune de ce nom, les roches de Ver que signale un phare, le rocher Germain en face du chenal de la Seulle, les les de Bernires, le raz de Langrune, les roches de Lion, les roches dsignes sous le nom de Vaches-Noires, non loin de Dive, et plus lest les roches de Hennequeville.

    Dans une tendue de 120 kilomtres de ctes baignes par la Manche, le dpartement possde 11 ports qui sont, dans lordre o ils sont situs, de lest louest : ceux de Saint-Sauveur, de Honfleur, de Trouville, de Touque, de Dive, dOuistreham, de Caen, de Courseulles, de Port-en-Bessin, de Grandcamp et dIsigny.

    Le nombre des feux allums pour lclairage des ctes du dpartement est de 19 : Honfleur, le fanal de la jete de lest et le phare de lHpital ; Trouville, le fanal damont, le fanal daval et le feu vert de la jete de lest ; Dive, deux feux rouges destins jalonner le chenal de lembouchure de la Dive, au pied et sur le coteau de Beuzeval ; Ouistreham, le fanal daval et le fanal damont, le feu de la jete de louest, le feu vert de la jete de lest et un nouveau feu vert provisoire tabli sur le plein de la rive droite du sas dOuistreham pour baliser le chenal travers les bancs en le prenant par le feu vert de lextrmit de la jete est ; Courseulles, le fanal de la jete de louest devant les rochers du Calvados ; le phare de Ver ; Port-en-Bessin, le fanal damont et celui daval ; Grandcamp, un fanal sur le bord de la place ; enfin, deux feux dans la baie dIsigny.

    CONSTITUTION GOLOGIQUE.

    Les progrs accomplis dans la science depuis lpoque o a t commenc notre Dictionnaire topographique ont d ncessairement nous faire abandonner notre premier travail sur la gologie du dpartement. Nous le remplaons par une suite de documents dus aux savants qui ont, depuis cette poque, publi les rsultats de leurs tudes et de leurs dcouvertes1.

    On en trouvera lexpos avec tous les dveloppements quil comporte dans les beaux {IV}volumes dont se compose le Bulletin de la Socit gologique de Normandie, fonde en 1871, et particulirement dans celui qui a t publi en 1880 par la savante socit, loccasion de lexposition gologique et palontologique du Havre en 1877. Nous avons pu, grce aux mmoires publis cette occasion, complter et rectifier les documents que nous avions runis autrefois sur la nature des diffrents terrains dont se compose le sol du dpartement du Calvados.

    Jetons dabord un coup dil gnral sur une rgion qui doit la beaut de ses sites, la richesse de ses cultures, limportance de ses monuments la constitution gologique de son sol et au relief que lui ont donn les divers soulvements qui sy sont produits.

    Les roches azoques, le granit, ne se trouvent en Normandie que dans les dpartements de la Manche, de lOrne et du Calvados.

    Au-dessus ou plutt adosss au granit, on rencontre des gneiss et micaschistes, puis les schistes cambriens, les quartzites du silurien ; ce sont les plus anciens terrains sdimentaires de la rgion. On y trouve de nombreux et remarquables fossiles.

    1 Ne pouvant les citer tous, nous nous bornerons seulement mentionner ceux de MM. de Caumont, Dufrnoy, lie de Beaumont, Daubre, Harl, Dollfus, Dalimier, Hrault, de Lapparent, Bonnissent, Hbert, Cotteau, de Saporta, E.-F. Vieillard, Morire, Eudes Deslongchamps et lhritier du nom et du savoir de ce naturaliste minent, M. Eugne Deslongchamps.

  • Puis viennent, en se dirigeant vers le nord-est, dans la Manche, les calcaires du dvonien, au-dessus desquels on rencontre le terrain houiller, exploit Littry et au Plessis. Depuis longtemps, la mine du Plessis est envahie par les eaux ; celle de Littry, au contraire, fait lobjet dune bonne exploitation et le charbon quelle fournit est, en grande partie, employ pour lclairage au gaz de la ville de Paris.

    Le terrain carbonifre est recouvert par des assises importantes, appartenant au trias. Les terrains jurassiques occupent une trs vaste tendue dans la Manche, dans lOrne et dans le

    Calvados. Ils sappuient vers le sud et le sud-ouest aux terrains de lancien Bocage normand et ils ont une pente assez rgulire vers le nord-est.

    Ces terrains sont riches en fossiles. On y compte des milliers despces de mollusques, dchinides, de polypiers ; mais ce qui rend surtout ces couches remarquables, cest le nombre considrable des grands reptiles qui y ont t rencontrs. Ce sont des Plsiosaurus au long cou, des Ichtyosaurus de taille gigantesque, des crocodiles cuirasss de plaques osseuses loges dans la peau et qui devaient les rendre invulnrables.

    Au-dessus des terrains jurassiques, les assises crtaces ont pris dans la mme rgion un grand dveloppement. Les falaises qui bordent la Manche depuis lembouchure de la Dive jusquau cap Blanc-Nez, dans le Boulonnais, sont presque exclusivement formes par le terrain crtac, qui repose sur les couches moyennes et suprieures du terrain jurassique. On a constat Dive lexistence de la craie glauconienne en contact avec les couches suprieures de loxfordien ; Villers-sur-Mer, de la craie glauconienne {V}avec le calcaire jaune du corallien suprieur ; Trouville, le gault et le kimmeridge ; Villerville et Honfleur, les sables ferrugineux ; mais les calcaires jaunes portlandiens napparaissent que dans le pays de Bray, aux environs de Neufchtel.

    En suivant les affleurements des terrains jurassiques, fait observer M.G. Lennier2, en marchant du sud-ouest au nord-est, on voit que les limites de ce terrain (les anciens rivages) sont toutes places les unes en dedans des autres, ce qui indique une longue priode du retrait de la mer.

    Pendant lpoque suivante, au contraire, les anciens rivages dbordent tous les uns sur les autres, ce qui indique une longue priode denvahissement de la mer.

    Les dpts quaternaires ont sur les plateaux du pays une paisseur trs variable ; cest seulement sur ces plateaux que se trouvent les argiles silex au-dessus desquelles stend un dpt argilo-sableux, limoneux, qui acquiert dans certaines localits une trs grande paisseur. Ce dpt est souvent dsign sous le nom de limon. Il est trs employ pour la fabrication de la brique.

    Indiquons rapidement la constitution de ces divers terrains daprs lordre que nous avons suivi dans ce rsum gnral.

    I TERRAINS GRANITIQUES.

    Lorsque lon veut donner une ide de lensemble des terrains primitifs en Normandie, il est impossible de ne pas les considrer dans leurs rapports avec ceux de la Bretagne. Ces deux provinces, au point de vue gologique, comme la dit M. lie de Beaumont, sont une seule et mme formation. On a suivi les diverses directions des roches granitiques appartenant aux deux provinces. Un de ces massifs, le plus considrable de ceux qui se trouvent en Normandie, prend sa naissance dans la commune de Saint-Jean-des-Bois, dans le dpartement de la Manche. Une faible portion pntre dans le Calvados et occupe le territoire dune douzaine de communes de larrondissement de Vire.

    Le granit y est gnralement plus lev que les roches schisteuses qui lavoisinent et il forme sur les confins de la Manche et du Calvados une suite dminences qui dterminent dans deux directions diffrentes le cours de plusieurs rivires.

    On a aussi trouv dans larrondissement de Falaise quelques roches granitiques qui se rencontrent dans la commune du Mesnil-Villement sur les bords de lOrne.

    2 Introduction lExposition gologique du Havre, page XXVII.

  • On exploite les blocs de ce genre pars dans la fort de Saint-Sever, le bois du Gast, {VI}celui de la Haye Tallevende, les monts de Vire, les landes de Roullours. Ces masses tant dgages peuvent, en effet, tre tailles immdiatement et sont faciles enlever. Des carrires existent aussi du ct du Gast et de Saint-Germain-de-Tallevende.

    Le granit de ces divers points est de deux sortes : lun est le granit normal gristre, dit granit de Vire ; lautre est jauntre avec un commencement de dcomposition : il sert lempierrement des routes et aussi pour la construction de lintrieur des fours. La route de Vire Cond est entretenue avec leurite et la pegmatite de la Bellire. Lexploitation du granit de Vire slevait il y a quelques annes, daprs M. Morire, plus de 72,000 quintaux par an.

    Le granit de la rgion qui nous occupe ici est le granit normal avec ses trois lments ordinaires : feldspath, quartz et mica. Il est dune nuance gnralement gris-bleutre avec quelques plaques noirtres, qui ne sont autre chose que des fragments de schistes empts dans la masse. Le grain en est gnralement petit, parfois plus gros, mais assez rgulier, diffrant en cela des granits de la Manche dont la structure porphyrode gros cristaux de feldspath prsente parfois des lments de volume extrmement variable.

    M. de Caumont a signal dans le granit de Vire la prsence de cristaux de pinite, du talc, de landalousite et de nombreuses tourmalines noires, principalement prs des hameaux de la Renaudire et de la Brunire Clinchamps, dans la fort de Saint-Sever. Le mme savant a remarqu des filons de quartz hyalin une lieue et demie de Vire et dans la commune de Saint-Manvieu. Le gneiss se rencontre sur le pourtour du massif granitique de larrondissement de Vire. La roche gneissique passe un schiste maclifre et son association au granit nest pas trs nettement dtermine.

    Quant lge du granit de Vire, il rsulte des observations de M. de Lapparent que lruption doit avoir eu lieu aprs le dpt des schistes cambriens et avant celui du grs armoricain.

    Lpanchement de plusieurs roches dorigine ruptive contribue modifier le relief du sol et lui donner la forme observe aujourdhui.

    Dans le dpartement du Calvados, le porphyre se montre la surface du sol dans la commune de Littry, prs du coteau de Montmirel, sur le bord du bassin entre les phyllades et le terrain houiller. On la observ dans la fort de Crigny. Un relvement d un filon de porphyre dans la mine de Littry a momentanment arrt les travaux et forc dabandonner un puits 300 mtres de profondeur.

    Le porphyre qui accompagne le terrain houiller du Calvados prsente une pte tantt compacte, cassure conchode et passant au trapp ; tantt grenue, contenant des cristaux de feldspath ; la couleur en est grise, tirant sur le brun, jauntre, verdtre {VII}et parfois rougetre ; on y remarque trs frquemment des veinules de chaux carbonate et des filets de feldspath blanchtre qui traversent la roche en tous sens.

    II TERRAINS PALOZOQUES.

    Ces roches primaires sont comprises dans les cinq classes qui suivent : les terrains mtamorphiques, le terrain cambrien, le terrain silurien, le terrain dvonien, le terrain carbonifre.

    Ces terrains affleurent dans la plus grande partie du dpartement de la Manche, except une sorte de golfe qui pntre dans le Cotentin et qui a t successivement rempli par les dpts du trias, des terrains secondaires ainsi que quelques lambeaux tertiaires. Ils constituent une partie du Calvados vers louest (Falaise, etc.) et savancent au del de la rivire de lOrne (May, etc.).

    Le terrain laurentien prsente des affleurements sur un grand nombre de points o lon reconnat en mme temps le terrain cambrien et la partie infrieure de ltage silurien moyen.

    M. Dalimier, dans une communication faite la Socit gologique de France, a fait connatre les caractres que prsente le terrain silurien des environs de Falaise, Noron. La roche signale appartient, selon lui, ltage des schistes cambriens rangs dans la partie azoque du silurien infrieur. Cest lquivalent de la plus grande partie des schistes du Bocage normand ; elle reprsente minralogiquement la varit de roches que les anciens auteurs appelaient grauwacke phylladifre et dont un type existe au roc du Ham, prs de Cond-sur-Vire. On rencontre prs de Noron, si lon

  • slve du point haut du vallon vers les sommits grseuses au nord, outre la grauwacke schisteuse, un grs rougetre micac en lits peu pais, sans couches visibles de poudingues, et des grs blancs dominant la valle. Sur ce grs repose un minerai dhydroxyde de fer, quelquefois schistode couches compactes ou pisolitiques, surtout au nord, prs du chteau, o lon peut voir des bancs de plusieurs dcimtres dpaisseur. Il est associ des schistes dun gris cendr recouverts de larges taches rougetres. Ce minerai, daprs les recherches de M. Dalimier, se trouve plac entre les grs Scolithus linearis et les schistes Calymene Tristani. Cest un fait reconnu dans tous les terrains anciens de la presqule de Bretagne. M. Morire a constat May lexistence de ces grs Scolithus linearis.

    Le terrain silurien de la valle de Laize a t, de la part de M. Eugne Deslongchamps, lobjet dune intressante tude.

    {VIII}La Laize coule dans une valle charmante et vient se jeter dans lOrne au lieu dit Moulin-de-Courgon. Ce petit cours deau, depuis Bretteville-sur-Laize jusqu son embouchure, est encaiss dans une gorge profonde trs favorable aux gologues par ses rochers escarps, ses coupures nettes o lon peut observer la srie dans toute sa continuit et sans lacunes.

    La route de Caen Harcourt a coup la roche au lieu dit la Butte-de-Laize, et le long de cette pente abrupte on trouve tout dabord des schistes ardoisiers bleutres, trs fendills dans tous les sens et dont la stratification est fort difficile reconnatre.

    On voit cependant quils plongent fortement vers le nord sous un angle de 50 environ ; ils sont recouverts par une puissante masse de calcaires rouges ou gris que lon connat dans le pays sous le nom de marbres de Laize ou de Vieux et quune exploitation maintenant abandonne a permis dtudier en dtail. Le haut de la butte est form par des assises jurassiques, cest--dire ici le lias moyen qui comble les ingalits de la roche et repose en ligne parfaitement horizontale sur des couches inclines du calcaire silurien. Ces schistes, dans lesquels il y a fort peu de fossiles regards comme synchroniques des schistes de Falaise Calymene Tristani, appartiennent peu prs au niveau des ardoisires dAngers. Leurs couches se dveloppent sur une tendue de plusieurs kilomtres.

    En suivant la route de Bretteville, on arrive bientt, dans un point trs sauvage, la hauteur du village de Fresney-le-Puceux et marqu rochers sur la carte de ltat-major. On y voit les schistes infrieurs plonger sous une masse de rochers dont les escarpements pittoresques marquent trs nettement la limite des schistes infrieurs. Ces rochers sont forms dun poudingue trs dur, de couleur rougetre ou verdtre, renfermant de gros galets rouls de quartz et de diverses roches anciennes, runis par une pte calcaire.

    Cette roche forme la base de la srie moyenne du silurien moyen qui se dveloppe jusqu Bretteville-sur-Laize, sous une inclinaison constante nord-est-sud-est, variant entre 40 et 45.

    Immdiatement au-dessus on voit quelques bancs de schistes verdtres feuillets et de grauwacke schisteuse dune puissance de 10 mtres, au-dessus desquels paraissent quelques petits bancs de schistes ampliteux alternant avec de minces assises de marbre brun ou violac, de mauvaise qualit et fendill. A la partie suprieure, ces marbres sont spars par des lits de psammites pourprs ; le tout a environ 3 mtres dpaisseur ; puis 10 mtres de schistes argileux se terminant par 2 mtres dune sorte de grauwacke violtre et dun calcaire trs dur, et enfin une mince assise dargile schisteuse.

    {IX}Au-dessus se dveloppe une srie de bancs minces dun calcaire bleu, dune puissance de 10 mtres environ ; ce calcaire est trs impur, caverneux et comme concrtionn, form de parties noduleuses. Puis on voit paratre de nouveaux schistes noirs, ensuite des calcaires et des schistes noirs en alternance dont lensemble peut avoir environ 20 mtres de puissance. Avec eux se termine ce quon peut appeler la partie moyenne du silurien moyen, forme, comme on le voit, dune alternance de schistes et de calcaires o ces derniers dominent.

    Les dernires assises de cette srie se chargent peu peu de silice, et en arrivant Bretteville-sur-Laize, on voit apparatre de vritables grs, dabord gris, puis rouges, et qui sont identiques ceux de May, renfermant les Homanolotus et les Conulaires, et quon sait tre les reprsentants du Coradoc sandstone des Anglais. Ces tages de grs sont recouverts dans le Calvados par les schistes et calcaires du silurien suprieur, caractris par les Graptolites et les Cardiola interrupta.

    La butte de Laize peut donc tre considre comme le centre de laxe dun petit soulvement qui a dispos en stratification arque les diverses roches du silurien moyen. Elles sont ensuite renverses

  • droite et gauche, do est rsulte une espce de stratification en ventail, comprenant trs rgulirement la succession suivante : 1 calcaires graptolites du silurien suprieur ; 2 grs de May ; 3 schistes et calcaires noirs ; 4 calcaires purs ; 5 schistes infrieurs ; 6 calcaires purs ; 7 schistes et calcaires noirs ; 8 grs de May. Lquivalence est complte, et partir de la butte de Laize, quon savance droite ou gauche, on suit une succession identique.

    Le tableau suivant, rdig par M.G. de Tromelin, rsume fort clairement la stratigraphie si irrgulire de ces terrains.

    TERRAIN LAURENTIEN Micaschistes et gneiss.

    TERRAIN CAMBRIEN Phyllades de Passais, de Cond-sur-Noireau, de Caumont, etc. Phyllades azoques de la valle de Vire.

    Faune seconde

    1. Poudingue pourpr de Fresney-le-Puceux, Clcy, Pont-crepin, Livaye, etc. Conglomrat de Saint-Martin-de-Vrigny, sans fossiles.

    2. Schistes rouges avec pais bancs calcaires (Laize, Vieux-Clcy, Ronay, Saint-Philbert-sur-Orne).

    3. Grs armoricain (grs tigillites de Falaise, Bagnols).

    4. Schistes ardoisiers de Falaise, grs Calymene Tristani. TERRAIN SILURIEN

    Faune troisime

    1. Grs de May, Feuguerolles, Jurques. 2. Grs culminant, sans fossiles. 1. Schistes et psammites fucodes, schistes

    ampliteux. 2. Calcaire ampliteux.

    {X}Le terrain dvonien, infrieur et suprieur, nest reprsent que dans la Manche. La mer dvonienne noccupe quune faible surface dans le Cotentin o elle semble stre fray un passage au fond des valles basses. Cest dans le mme dpartement que lon a pu tudier le terrain carbonifre et le terrain houiller dont on spare dune manire absolue les deux formations.

    Le terrain houiller de Littry, dans le Calvados, est adoss, dans toute ltendue de la concession, aux terrains de transition infrieurs, dessinant de lest louest une ligne sinueuse daprs laquelle a t trace, pour viter de concder des terrains striles, la limite sud du primtre de la concession en 1853.

    Les schistes et grauwackes des couches cambriennes atteignent ordinairement des altitudes variant entre 120 et 130 mtres, mais dans ltendue de la concession de Littry, ils ne dpassent que bien rarement 60 mtres et se maintiennent ordinairement entre 35 et 55 mtres daltitude.

    Cest le hasard qui a fait dcouvrir, en 1741, le seul gisement de houille encore exploit en Normandie, en creusant un puits sur une couche de minerai de fer.

    Le marquis de Balleroy, ayant eu connaissance de cette dcouverte, fit faire des recherches qui lamenrent trouver une importante couche de charbon ; il demanda, pour exploiter ce gisement, une concession qui lui fut accorde pour une priode illimite, le 15 avril 1744.

    Le terrain houiller, Littry et dans les environs, ne se montre que sur un trs petit nombre de points ; il est presque partout recouvert par les assises de trias. Il ne contient que peu de reprsentants de la flore de lpoque houillre ; on y a rencontr quelques chantillons de vgtaux fossiles et des restes danimaux qui vivaient cette poque.

    Depuis la dcouverte de la mine de Littry, 47 puits ont t fors, sur lesquels plus de 30 ont servi lextraction du charbon ; les autres ont d tre abandonns par suite des difficults que prsentait lpuisement des eaux dont ils taient constamment remplis.

  • Lextraction du charbon, qui emploie environ 168 ouvriers, se fait maintenant par les deux fosses de Fumichon, ouvertes, lune en 1844, lautre en 1857. Dans le creusement de ces deux puits, on a rencontr le terrain houiller une profondeur de 170 180 mtres. Les veines de charbon sont assez nombreuses, mais offrent fort peu dpaisseur. Elles sont spares par de minces couches de roches schistodes. Ltendue de lexploitation est de 10,006 hectares ; les trois puits dextraction ont produit, en 1876, 122,022 quintaux mtriques. La houille actuellement extraite du bassin de Fumichon appartient au type des houilles grasses longue flamme. La quantit de cendres {XI}assez considrable que donnait le charbon de Littry le rendait impropre certains emplois industriels. Le directeur a eu lide de laver les menus, opration qui a rendu les produits fort bons pour les travaux de forge et pour la fabrication du gaz dclairage. Aussi, maintenant, la matire extraite est-elle en grande partie envoye Paris pour servir ce dernier usage. Dans le pays, on lemploie dans les forges pour la cuisson du calcaire liasique et aussi pour la fabrication du gaz, notamment Saint-L et Bayeux3.

    Plusieurs recherches, soit pour la dcouverte, soit pour lexploitation du charbon, ont t faites infructueusement Aubigny, prs de Falaise, Saint-Laurent (arrondissement de Pont-lvque), Saint-Samson, May et Feuguerolles. On trouve de la houille Baynes, Bernesq, le Breuil, Bricqueville, Campigny, Cartigny-lpinay, Castilly, Colombires, Lison, Mestry, le Molay, Saint-Marcouf, Saint-Martin, Saonnet, Tournires, Trvires, le Tronquay.

    Le Calvados contient un grand nombre de marais tourbeux parmi lesquels est celui des Terriers, qui offre le dpt le plus important du dpartement.

    Cette tourbe, dans les marais des Terriers, de Troarn, de Plainville, de Percy, prs de Mzidon, de Chicheboville, de Bellengreville, de Villers-Canivet, de Rots, de Ver et de Meuvaines, prsente un tissu spongieux, form de mousse, de roseaux, de joncs, de racines, de feuilles et de tiges vgtales.

    Aucun dpt de lignites na encore t dcouvert dans le dpartement du Calvados. Le terrain permien, dont les couches suprieures appartiennent au trias, noffre gure

    daffleurements et ce nest la plupart du temps que par les roches retires des sondages que lon a pu runir un certain nombre de donnes sur ce sujet.

    Quant aux assises rapportes au trias, elles sont assez varies dans la Manche et le Calvados, depuis les environs de Valognes jusqu ceux de Bayeux ; peu leves au-dessus du niveau de la mer, elles ont une paisseur peu considrable et occupent le fond dune espce de golfe ouvert au nord-est. Dans cette direction, elles disparaissent sous le lias, et sur le reste de leur parcours elles sappuient sur les terrains de transition. Outre les lambeaux de lias qui les recouvrent sur beaucoup de points, des sdiments plus rcents et plus dvelopps diminuent encore ltendue de leurs affleurements naturels. Ltude et les sondages de Littry ont permis M. Vieillard, ingnieur des mines, de donner la coupe suivante du terrain triasique :

    1 Des assises importantes dargiles et de sables jaunes et rouges plus ou moins argileux, {XII}des galets parfois agglomrs de faon former des grs et des poudingues de grs blanchtres et de marnes rouges ;

    2 Un conglomrat calcaire et parfois magnsien ; 3 Des alternances de grs argileux rouges et de marnes de mme couleur ; 4 Des calcaires magnsiens compacts et ftides alternant avec des schistes gris et rouges et

    quelques bancs grseux ; 5 Des grs rouges amarante micacs, associs des schistes argileux de mme couleur et des

    poudingues forms de galets siluriens dans une gangue de grs rouge.

    Les sables, graviers et argiles de la partie suprieure forment des masses parfois puissantes sans stratification, rpandues avec plus ou moins dpaisseur sur les autres couches et ayant mme dbord de faon recouvrir en certains points les terrains de transition. Ils ont tous les caractres dun dpt de transport violent, ce qui leur avait fait donner par M. Harl le nom dalluvions triasiques.

    3 Voir limportant travail de M.F. Vieillard : Le terrain houiller en Normandie, ses ressources, son avenir, publi dans

    le Bulletin de la Socit linnenne de Nomandie (annes 1872-1873).

  • III TERRAINS SECONDAIRES.

    TERRAINS JURASSIQUES.

    Les terrains jurassiques de la Normandie se rattachent la formation des terrains secondaires du bassin anglo-parisien. Les affleurements stendent du Boulonnais vers la Lorraine, dans une direction sud-est ; ils tournent ensuite vers le sud et le sud-ouest travers la Bourgogne, le Nivernais et le Poitou, pour se relever travers la Sarthe, lOrne, le Calvados et la Manche. On les retrouve de lautre ct de la mer anglo-franaise, stendant en Angleterre, suivant une direction gnrale sud-ouest nord-est.

    Les rivages de la mer jurassique dans la partie occidentale du bassin de Paris, au moins pendant la formation des dpts infrieurs, taient constitus en presque totalit par le terrain de trias, par les terrains de transition et mme, en quelques points, par les roches granitiques. Ces rivages pntraient beaucoup plus avant quaujourdhui dans la rgion normande, formant un golfe dont le fond est reprsent maintenant par les assises calcaires des terrains de Valognes, de Baupte, de Carentan et dIsigny, avec un cap form par larte silurienne de Montebourg et qui savanait jusquaux les Saint-Marcouf. Ils constituaient encore toute la rgion qui stend de Bayeux Caen, dans cette partie dsigne sous le nom de plaine de Caen, stendaient vers le sud {XIII}jusquaux environs de Villers-Bocage, de May, et par un golfe sinueux jusqu Briouze. Cette partie tait sillonne de rcifs (rcifs de Mouen, de May, de Montabard) ; ce dernier se reliait sans doute la terre ferme. A lest de Montabard, autant que lon peut juger, la cte courait peu prs ouest-est. Mais les affleurements, bientt recouverts par les dpts de la priode crtace, ne permettent pas dtudier, vers lest au del de la valle de la Dive, la configuration des dpts jurassiques.

    Le contact immdiat des calcaires jurassiques avec les terrains de transition du Cotentin et de la Bretagne, dont le sol montueux est sillonn de petits ruisseaux, apporte une opposition qui rend les caractres que nous venons de signaler encore plus frappants. Aussi, de tout temps, a-t-on distingu ce pays en deux rgions naturelles : le Bocage et la Plaine.

    Si les terrains jurassiques moyen et suprieur ne prsentent plus de traces de leurs dpts dans toute la partie du pays de Plaine, cest quils en ont t enlevs par dnudation.

    La rgion o affleurent les terrains jurassiques suprieurs est beaucoup plus fertile que la plaine. Ils faut toutefois remarquer que, except dans certaines valles, les assises de ces terrains occupent le sous-sol ou naffleurent que dans les talus ; leur action sur la vgtation nest donc pas immdiate. Partout o ils sont dcouverts, ils forment principalement le pays des pturages, si verdoyant et daspect si pittoresque, bien connu sous le nom de pays dAuge.

    Dans ses tudes sur les tages jurassiques infrieurs de la Normandie, M. Eugne Deslongchamps a pos les limites du lias et de ces terrains dans le Calvados et dans lOrne. Ces deux systmes, dit-il, forment une large zone nord-ouest-sud-est qui constitue la deuxime rgion naturelle indique par M. de Caumont dans sa Topographie gognostique du Calvados.

    Cette zone prsente, en gnral, de vastes plaines dont luniformit nest interrompue que par quelques valles et contraste sous ce rapport avec deux autres rgions constitues, dun ct par la craie et les systmes jurassiques moyen et suprieur, cest--dire lancien Vexin ; de lautre, par des terrains anciens, cest--dire le Bocage normand.

    Les limites gologiques en sont aussi bien tablies que les limites topographiques, partout o lon a pu observer le contact du systme jurassique infrieur avec les jurassiques moyens. Ces limites sont surtout trs tranches en Normandie. Partout, en effet, o lon peut constater le contact immdiat de la grande oolithe et des assises oxfordiennes et calloviennes, on voit la surface suprieure de la premire use en table ou tage par des corrosions successives. Le fait est surtout facile observer dans la petite {XIV}falaise de Lion-sur-Mer. Cette circonstance prouve quil a d scouler un long espace de temps avant le dpt, sur la grande oolithe, des premires assises calloviennes.

    Mais cette discordance devient bien plus manifeste encore si nous suivons quelque temps le contact des deux roches. En effet, nous voyons Lion-sur-Mer quune couche de la grande oolithe a disparu. Cette couche est le cornbrash, dont les fossiles remanis sont sur la place mme ou prs de

  • lendroit do ils ont t arrachs par les eaux de la mer oxfordienne. Non seulement la surface de la grande oolithe est use et corrode, mais encore linclinaison des couches nest plus la mme ; enfin, la grande oolithe subit un affaissement entre Lion-sur-Mer et Colleville et se relve ensuite si fortement que, vers Priers, moins de 1 kilomtre, sa hauteur dpasse de 65 mtres le niveau du rivage callovien.

    Si nous suivons le contact des deux systmes depuis la cte jusque dans lOrne, nous verrons dautres faits se produire. Ainsi, dans un grand nombre de points, nous trouverons les assises calloviennes en contact immdiat avec loolithe miliaire ; par consquent, les couches de Langrune ont d tre enleves dans ces points par des dnudations.

    Le systme liasique est constitu en Normandie par une puissante srie de couches, les unes calcaires, les autres argileuses ou argilo-calcaires, reposant, tantt sur les terrains anciens, tantt sur le trias. On les suit dans le Calvados sur une longue bande qui coupe obliquement du nord-ouest au sud-est les arrondissements de Bayeux, de Caen et de Falaise, et senfonce sous les divers sdiments du systme oolithique infrieur.

    On peut diviser le systme liasique en trois tages :

    1 Le calcaire de Valognes ou infralias ; 2 Le calcaire gryphes ou lias infrieur ; 3 Le calcaire blemnites ou gryphes cymbiennes.

    Le dernier occupe une assez grande tendue dans le dpartement du Calvados ; il repose en stratification concordante sur les dpts du lias infrieur auquel il succde normalement et sans trace de discordance ; mais il ne se borne pas au bassin trs restreint du lias gryphes arques, et il empite vers lest un espace considrable. Il y a donc entre ces deux tages une discordance relle par transgression. Il est recouvert habituellement par les marnes infra-oolithiques qui lui succdent chronologiquement. Mais ce ne sont pas les mmes couches qui sont partout en rapport. Lorsquil est au grand complet, cest--dire lorsquil est termin par la petite couche Leptna (environs de Caen et dvrecy), il est recouvert par les paisses argiles de Curcy, correspondant aux schistes possidonomyes ; il ne parat alors exister aucune espce de lacune dans la srie ; mais il nen est pas toujours ainsi.

    {XV}M. Eugne Deslongchamps a, dans son savant ouvrage, donn plusieurs coupes de lias, parmi lesquelles nous citerons celles du Bessin (Vieux-Pont), des environs de Caen (vrecy), de Falaise (Fresn-la-Mre). Dans celle dvrecy, qui peut servir de type, prise derrire lglise du bourg, en montant une route qui conduit Sainte-Honorine-du-Fay, lauteur signale du bas en haut sept couches diffrentes.

    SYSTEME OOLITHIQUE INFERIEUR.

    Le systme oolithique infrieur est form en Normandie dune srie trs puissante de couches dabord argileuses et argilo-calcaires, puis de dpts calcaires renfermant souvent des oolithes ferrugineuses, surtout la base ; enfin de calcaires blancs ou dargiles trs puissantes surmontes dune masse norme de calcaires blancs. Ces derniers forment le sous-sol de cette grande et riche rgion, tendue depuis la mer jusquaux environs de Sez et laquelle on donne le nom de plaine de Caen. Cette srie repose gnralement sur le lias.

    Le systme oolithique infrieur offre un petit lambeau dans le Cotentin, auprs de Sainte-Marie-du-Mont ; puis, partir du nord-ouest du Calvados, ses limites infrieures tracent une ligne oblique en retrait sur les divers dpts de lias et il occupe ainsi une grande partie de larrondissement de Bayeux et presque tout larrondissement de Caen ; il se resserre dans larrondissement de Falaise pour staler de nouveau dans celui dArgentan, en contournant le grand rcif de Montabard, qui, du cap avanc de la terre ferme, devient une le. La grande oolithe, formant la partie suprieure de ces assises, plonge rgulirement sous les pais dpts du systme oolithique moyen, form par les petites buttes du pays

  • dAuge, la limite des deux rgions tant peu prs trace par le cours de la Dive, suivant une ligne nord-sud.

    Le systme oolithique infrieur est divis en quatre parties :

    1 Les marnes infra-oolithiques ; 2 Loolithe infrieure ; 3 Le fullers earth ; 4 La grande oolithe.

    MARNES INFRA-OOLITHIQUES.

    Dans ltage des marnes infra-oolithiques, on distingue les argiles poissons, les marnes moyennes et les calcaires suprieurs Ammonites Murchison.

    Les argiles poissons occupent peu dtendue ; elles ont t dposes dans une sorte de petit golfe qui comprend les communes de la Lande-sur-Drme, Vacognes, Praux, {XVI}Trois-Monts, la Caine, o existe une carrire devenue classique et o ont t trouvs, dans des niches ou nodules calcaires isols dans les argiles, des dbris de poissons et de grands vertbrs : Curcy, vrecy, Maisy, Amay-sur-Orne, la Morinire, Vieux, Feuguerolles.

    Cette assise repose sur les couches suprieures du lias blemnites, surmontes dans tous ces points par la petite couche Leptna, et est constamment recouverte par les marnes moyennes sans aucune trace de discordance.

    Les marnes moyennes se distinguent de lassise prcdente par lnorme quantit de fossiles et principalement dammonites dont elles sont cribles. Elles sont formes de calcaires trs marneux, spars par des argiles marneuses, gnralement grises ou bleutres, rarement jauntres. Leur paisseur est faible, mais leur surface est assez grande ; elle dpasse de beaucoup les argiles poissons. Dans le Calvados, elles dpassent les rcifs de Fontaine-toupefour et de May, et viennent se terminer en biseau trs aminci vers Bretteville-sur-Laize.

    Les calcaires suprieurs Ammonites Murchison se divisent en deux niveaux, en raison des fossiles qui leur sont particuliers : 1 niveau des Ammonites primordialis (environs de Clinchamps, de Vieux, de Fontaine-toupefour, Feuguerolles sur le prolongement du rcif de May et de Fontaine-toupefour, et sous un facies tout particulier) ; 2 niveau des Lima heteromorpha et Terebratula perovalis (mlire des gologues normands). Les localits o on peut les observer sont : les falaises des environs dtreham, falaises de Sainte-Honorine-des-Pertes, Curcy ; on a pu vrifier aussi leur existence Verson, vrecy, Clinchamps, Amay-sur-Orne, etc.

    OOLITHE INFERIEURE.

    Loolithe infrieure (oolithe ferrugineuse et oolithe blanche des gologues normands) existe dans lOrne et le Calvados. Un petit lambeau insignifiant se voit dans les environs de Sainte-Marie-du-Mont (Manche). Elle y occupe une bande troite qui se dirige, dans larrondissement de Bayeux, ouest-nord-est ou est-sud-est, depuis lembouchure des Veys jusqu Bayeux, resserre dune part entre le lias et les marnes infra-oolithiques, de lautre entre les puissants dpts du fullers earth (calcaire de Caen) et de la grande oolithe. On la voit au jour, de place en place, vers le milieu des collines du Bessin, principalement entre la route de Paris et la mer ; mais elle ne parat quen un seul point, aux Hachettes, dans la magnifique srie de falaises qui bordent la partie littorale de cet arrondissement. Au del de Bayeux, elle stend sur une ligne ouest-nord-ouest, qui suit peu prs la valle de la Seulle ; cest ainsi quon la retrouve sur {XVII}un grand nombre de points de larrondissement de Caen, o elle acquiert une assez grande paisseur et o elle est partout bien caractrise. La valle de lOrne lui sert peu prs de limite orientale et on la voit ensuite plonger

  • sous le calcaire de Caen (fullers earth) et les paisses couches de la grande oolithe. Dans larrondissement de Falaise, elle est trs rduite et change considrablement daspect.

    Elle se divise en oolithe ferrugineuse et oolithe blanche. La premire, toujours fort peu paisse, forme la base de loolithe infrieure dans la plus grande

    partie du Calvados. Elle est forme dun calcaire jauntre ou gristre, quelquefois plus ou moins siliceux, et renferme une multitude doolithes ferrugineuses qui lui donnent un aspect tout particulier. Elle est, en outre, remarquable par limmense quantit de fossiles cphalopodes, gastropodes et acphales quelle contient. On peut y distinguer trois couches.

    Loolithe blanche est forme dun calcaire blanc gristre, dont les joints de stratification sont peu marqus et qui renferme, surtout dans les environs de Bayeux, des parties plus ou moins marneuses et mme des oolithes dargile grise, mal dlimites. On peut dire que cest le dpt normal de loolithe infrieure. Loolithe ferrugineuse est, en effet, plutt un accident ayant marqu le commencement de la priode, et qui ne sest pas produit dans les dpartements de lOrne et de la Sarthe, o la couche correspondant au banc ferrugineux du Calvados est reprsente par des calcaires assez semblables daspect loolithe blanche. Les fossiles sont moins nombreux dans cette dernire assise que dans loolithe ferrugineuse. Les lieux dobservation sont principalement les falaises classiques des Hachettes, entre Port-en-Bessin et Sainte-Honorine-des-Pertes.

    FULLERS EARTH.

    Le dpt de fullers earth (calcaire de Caen et calcaire marneux des gologues normands) contraste avec les prcdents en ce quil parat stre fait, autant quon peut en juger par les caractres palontologiques et gologiques, dans des eaux profondes et dans une mer largement ouverte quhabitaient des cphalopodes de grande taille et des sauriens gigantesques.

    Ce dpt offre une grande puissance dans lOrne et le Calvados, mais ne se voit plus dans la Manche. Il suit partout en Normandie loolithe infrieure, sur laquelle il repose constamment et dont il ne dpasse les limites que dans les environs dArgentan. Il est alors tantt en relation avec le lias blemnites, tantt directement adoss aux terrains anciens. On peut lobserver tout le long de la falaise tendue depuis Grandcamp jusqu Arromanches, et sur le flanc des valles du Bessin, o il donne lieu de nombreuses {XVIII}nappes deau. Dans les environs de Caen, on le voit au jour dans un grand nombre de points et on peut facilement ltudier dans les exploitations ouvertes auprs de Caen, Allemagne, la Maladrerie, Quilly, aux Ocrets, etc.

    Le composition de cette assise varie assez notablement dun point un autre. Ainsi, Sainte-Honorine-des-Pertes et dans les falaises jusqu Arromanches, cest une puissante masse argilo-marneuse bleutre, avec des couches subordonnes de calcaire marneux jauntre, bleutre ou presque noir et qui se dtache facilement des couches de loolithe blanche. Dans les environs de Caen, de Falaise ou dArgentan, ce sont des calcaires blancs, difficiles distinguer de loolithe infrieure, plus particulirement marneux dans les localits voisines de la premire de ces villes et constituant la pierre de Caen, et assez sableux dans les environs des deux autres points, principalement dans la carrire de la gare de Fresn-la-Mre. On distingue le calcaire marneux de Caen et le calcaire marneux de Port-en-Bessin. Le premier a la proprit de durcir lair et entre comme pierre de construction dans la plupart des monuments et mme des maisons du pays. On sait quil a t employ pour la construction ddifices trangers, tels que labbaye de la Bataille, la tour de Londres, la cathdrale de Cantorbry, en Angleterre.

    GRANDE OOLITHE.

    La grande oolithe est subdivise en deux assises :

    1 Loolithe miliaire ; 2 Le calcaire polypiers ou couches de Ranville.

  • La grande oolithe miliaire se trouve dans les falaises de Bayeux, dans une partie de larrondissement de Caen, dans les petites valles de la Muance et du Laizon, la Brche-au-Diable, Rouvres, Olendon. Loolithe miliaire se voit autour des artes quartzeuses siluriennes sous la forme dun calcaire trs dur qui senchevtre dans les anfractuosits de la roche silurienne ; elle y renferme un grand nombre de fossiles, mais trs difficiles extraire de la roche.

    Le calcaire polypiers forme la partie suprieure de la grande oolithe. Il est peu pais dans larrondissement de Bayeux ; on le voit dans un grand nombre de points, la partie suprieure des falaises de Grandcamp Arromanches. Dans larrondissement de Caen, il occupe toute ltendue des petites falaises qui bordent le littoral, de lembouchure de la Seulle jusqu celle de lOrne, Langrune, Luc, Lion-sur-Mer. On le perd en arrivant Caen, o le fullers earth, reprsent par le calcaire de Caen, succde lui-mme loolithe miliaire.

    De lautre ct de lOrne, le calcaire polypiers est mieux caractris, surtout aux {XIX}carrires de Ranville. Cette assise forme, en outre, le sous-sol de la plaine dAmfrville, Hrouville, Escoville, et on la voit se plonger sous les premires collines oxfordiennes du pays dAuge.

    Au sud de Caen, on la reconnat ses nombreux bryozoaires, dans la plaine dIfs et, par lambeaux, dans la grande plaine de Bourgubus, Tilly-la-Campagne, Soliers, o elle offre une station de Penta crinites fort remarquables. Elle augmente dpaisseur en se rapprochant du pays dAuge, vers Moult, Bellengreville, Chicheboville, Mzidon, etc., et plonge galement sous les collines oxfordiennes, limites peu prs par le cours de la Dive.

    Le point o cette assise est la mieux dveloppe est la plaine nord de Caen, o une grande quantit de carrires, grandes et petites, permettent den faire une tude des plus faciles et des plus fructueuses.

    Notons-y deux modifications dont lune constitue les couches de Ranville ou caillasse et lautre la pierre blanche de Langrune.

    TERRAINS JURASSIQUES MOYENS ET SUPERIEURS.

    Ces terrains ont leurs affleurements le long des ctes du Calvados, depuis la rivire dOrne jusqu Honfleur, et dans lintrieur du pays, dans les valles de la Dive, de la Touque et de la plupart de leurs affluents.

    Ils forment cinq tages : callovien, oxfordien, corallien, kimmridien et portlandien.

    1 ETAGE CALLOVIEN.

    Il existe dans le Calvados et dans lOrne. Ses dpts, presqu ltat rudimentaire dans le Calvados, par suite des dnudations qui ont form la valle de la Dive, acquirent vers le sud une importance considrable. Partout o lon peut en constater la prsence, ils reposent, en discordance, sur les terrains antrieurs quils dpassent parfois, montrant que la mer callovienne a atteint jusquaux rivages forms par les terrains anciens. On y distingue plusieurs niveaux. Le niveau le plus infrieur du callovien est reprsent Lion-sur-Mer et Colleville-sur-Mer par la couche argileuse o se trouvent mlangs divers fossiles particuliers la grande oolithe et loxfordien infrieur.

    2 ETAGE OXFORDIEN.

    Cet tage comprend dimportants dpts dargiles alternant avec quelques bancs calcaires ; on peut le suivre dans les falaises de lembouchure de la Seine, depuis un point {XX}situ peu de distance de Trouville (Hennequeville) jusqu Villers, Auberville, Beuzeval et Dive. Vers ce point, les dpts de ce terrain ont acquis une puissance considrable ; ils slvent denviron 70 mtres dans la falaise de Beuzeval et la partie infrieure se perd dans les sables du rivage. A partir de Dive, les argiles de loxfordien se voient dans la ligne des collines du pays dAuge, suivant peu prs la

  • direction de la valle de la Dive et projetant quelques lambeaux jusqu lembouchure de lOrne. Elles ont pour limites, louest, les villages dHrouvillette, Sannerville, Argences, Moult, Airan, Ouzy, Canon, Plainville, Saint-Pierre-sur-Dive, Berville, Courcy, Louvagny, Baron, Norrey ; et lest, Beuzeval, Grangues, Brucourt, Dozul, Clermont, Pontfol, Estres, Livaye, Grandchamp, Saint-Julien-le-Faucon, Mittois, Montpinon, etc. Elles se voient aussi par dnudation dans la valle de la Vie, entre Saint-Julien-le-Faucon et Vimoutiers ; dans celle de la Touque, entre la mer et Lisieux ; dans celle de la Calonne et dans un grand nombre de valles moins importantes du dpartement. Les gologues distinguent loxfordien moyen et loxfordien suprieur.

    3 ETAGE CORALLIEN.

    Ce terrain recouvre presque partout en retrait les collines oxfordiennes, mais la plupart du temps, vers la limite ouest, il est dpass par les assises crtaces. Ses principaux affleurements vers louest sont Vimoutiers, Gac, chauffour, Mortagne, Bellme. On voit apparatre ses premires assises dans le Calvados, dans la petite falaise de Hennequeville, situe un peu louest de Villerville. Elles sont constitues sur ce point par des assises de calcaires spares par quelques lits marneux trs minces. Un de ses niveaux, dsign par M. de Caumont sous le nom de calcaire de Blangy, est constitu aussi par des assises calcaires. Vers Trouville, le terrain est couronn par une petite ligne de sables contenant des coquilles de Trigonies assez semblables celles de Glos.

    Il est un point qui offre un intrt spcial : cest la butte de Canisy ou de Bnerville. Le sommet de cette butte est entirement constitu par le corallien polypiers de la carrire dAguesseau Trouville et sans aucun dpt diluvien ou autre superpos. Cest l un fait tout particulier, car on sait que tous les sommets des collines environnantes sont constitus par des argiles silex, recouvrant la craie cnomanienne. La butte de Bnerville se trouve donc le seul point dont le sommet est form du calcaire corallien affleurant.

    Le corallien sobserve encore sur le penchant de la plupart des coteaux des valles de la Touque et de ses affluents, principalement aux environs de Pont-lvque, de {XXI}Blangy et de Lisieux. M. de Caumont en a donn plusieurs coupes prises dans la colline de Saint-Julien-sur-Calonne, du Mesnil-sur-Blangy et de Glos, prs de Lisieux.

    4 ETAGE KIMMERIDIEN.

    Ltage kimmridien noffre pas un dveloppement aussi considrable que les autres tages jurassiques ; il ne se prsente que sur dtroites surfaces et na pu tre tudi que dans les dclinaisons des coteaux et dans les coupes des falaises, au milieu ou la base desquelles il stend.

    Dans le Calvados, les assises de ltage kimmridien apparaissent dans les coteaux des valles situes aux environs de Lisieux, de Pont-lvque (valles de la Touque, de la Calonne, de lOrbec et autres) et dans le petit bassin de Blangy, au confluent de lOrbec et de la Touque.

    Le kimmeridge apparat Trouville, dans la falaise, au-dessus des calcaires coralliens, environ 20 mtres au-dessus du niveau des hautes mers. Par suite de labsence de ltage portlandien, les argiles kimmridiennes forment la partie suprieure de la srie jurassique et se trouvent en contact avec le terrain crtac. Le plongement des couches vers lest fait disparatre les assises coralliennes au-dessous du niveau de la mer en face de Villerville. De Villerville la valle de Cricquebuf, le kimmeridge argileux, trs fossilifre (zone des Prrocres), occupe la base de la falaise, et cest seulement en face de cette valle quil disparat, recouvert par des couches tourbeuses de formation rcente. Plus lest et jusqu Honfleur, le kimmeridge occupe encore la base de la falaise, mais il est masqu par un immense talus dboulement. Lensemble des couches kimmridiennes sur la cte du Calvados prsente un dveloppement denviron 34 mtres.

  • 5 ETAGE PORTLANDIEN.

    Nexiste en Normandie que dans le pays de Bray. Il a t tudi par M.A. de Lapparent qui, dans louvrage consacr ce sujet, a tabli trois divisions : 1 portlandien infrieur ; 2 portlandien moyen (marnes bleues grandes Ammonites) ; 3 portlandien suprieur (grs ferrugineux et sables Trigonia gibbosa).

    Noccupant jamais quune bande de peu de largeur, le portlandien suprieur nimprime aux cultures aucune physionomie particulire.

    On a rsum en ces quelques mots les phnomnes gologiques de la priode jurassique :

    1 Priode daffaissement. Linfralias ne stend que dans les golfes de Valognes et de Carentan ; la mer liasique abandonne ensuite Valognes ; le lias gryphes stend de {XXII}Montebourg jusquaux environs de Bayeux ; le lias blemnites occupe un espace triple du lias gryphes et correspond au maximum dextension du bassin jurassique. Les artes siluriennes de May, de Curcy, de Falaise, de Montabard, donnent aux plages liasiennes une physionomie et une faune particulires ;

    2 Priode darrt, qui affecte diversement les tages bajocien et bathonien ; 3 Priode dexhaussement. Les assises bathoniennes mergent, ainsi que le constatent les

    rosions de Lion-sur-Mer. Les dpts oxfordiens, coralliens, kimmridiens, perdent progressivement de limportance jusqu ce que ltage portlandien finisse par ntre plus reprsent que dans le pays de Bray.

    Lpoque crtace nous montrera la mme succession de mouvements.

    TERRAINS CRETACES.

    Le terrain crtac de la Normandie constitue une partie de ce quon a appel le terrain crtac du bassin anglo-parisien, dont lextension a t donne par M. Alc. dOrbigny. Il a t divis en sept tages, que lon trouve plus ou moins dvelopps dans la Normandie ; ce sont, en prenant pour base la classification de dOrbigny et dans lordre ascendant : le nocomien, laptien ou nocomien suprieur, lalbien, le cnomanien, le turonien, le snonien, le danien.

    Le terrain crtac de la Normandie se rencontre dans la Seine-Infrieure et lEure, dans la partie est du Calvados, et une petite zone dans la partie orientale de lOrne. Partout o lon peut en observer les sdiments dans la rgion occidentale du bassin de Paris, les couches reposent en stratification discordante sur les terrains antrieurs. Chaque tage est lui-mme recouvert, galement en stratification discordante, par ltage crtac suprieur. Il forme le sous-sol gologique de tous les plateaux de la Seine-Infrieure, de lEure et de la partie du Calvados situe lest de la Dive, et dune partie de lOrne aux environs de Bellme. Les assises en sont gnralement recouvertes par un manteau plus ou moins pais dargiles rouges silex, provenant de la craie sous-jacente et dont la formation a t rapporte assez gnralement lpoque tertiaire. Dans le beau travail consacr aux terrains crtacs de la Normandie, dans leurs sept subdivisions, la part du dpartement du Calvados est ncessairement fort petite : la plus considrable est consacre au pays de Bray. On ne peut constater dans le Calvados que quelques affleurements de ltage cnomanien dans les flancs des coteaux des valles de la partie orientale du dpartement, cest--dire dans les valles de la Touque, de la Calonne, de Honfleur Pont-lvque ; la pointe de la Roque, lembouchure de la Risle.

  • {XXIII}IV TERRAINS TERTIAIRES ET QUATERNAIRES.

    Les terrains tertiaires sont trs ingalement distribus sur ltendue des cinq dpartements ; on peut mme dire quils napparaissent que dans trois, formant deux groupes situs louest et lest, les deux dpartements intermdiaires, lOrne et le Calvados, en tant presque totalement dpourvus.

    On a depuis fort longtemps signal dans le dpartement du Calvados, vers Orbec, quelques grs, argiles plastiques et poudingues qui sont le prolongement des terrains tertiaires rpandus dans lEure, appartenant, ainsi que ceux de la Seine-Infrieure, au bassin de Paris. Les terrains tertiaires de la Manche forment dans le Cotentin un petit golfe entirement distinct du bassin de Paris et se relient probablement aux terrains tertiaires de la Bretagne.

    Quant lpoque quaternaire, il rgne encore ce sujet une grande obscurit. On a pu cependant constater sur quelques points la prsence dassez nombreux ossements dElephas primigenius, de Rhinoceros tichorinus, de bufs, cerfs, etc., et mme quelques dbris de lhyne des cavernes et du grand tigre Felis spla. M. Eudes Deslonchamps a publi un important mmoire sur ce sujet. Gnralement ce dpt quaternaire Rhinoceros et Elephas primigenius occupe le fond des valles. Le diluvium des plateaux parat devoir tre rapport au dpt de Lss. Mais, malgr le nombre des documents recueillis, la science ne possde pas encore les lments dune classification dfinitive.

    En rsum, la richesse minrale qui rsulte de la constitution gologique du Calvados est bien loin dgaler son incomparable richesse agricole. Indpendamment des mines de charbon de Littry, il existe du fer sur quelques parties de son territoire, Balleroy, Danvou, Saint-Remy, Urville et Gouvix. Mais la mine de Saint-Remy est la seule qui soit exploite : elle a produit 20,000 tonnes de minerai en 1877.

    Les sources minrales y sont rares et presque toutes ferrugineuses ; les principales sont celles de Brucourt, Roques et Touffrville. Les premires sont les plus frquentes. Les produits minraux quil est utile de mentionner sont la chaux Caen, la Maladrerie, Ranville, Clcy, Saint-Martin-de-Mieux, Martigny, Hottot, etc. ; les ardoises et les schistes ardoisiers la Bazoque, Castillon, Caumont, Litteau, Planquery ; le granit Clcy, Jurques, le Gast, Maisoncelles ; le grs quartzile May et Feuguerolles-sur-Orne ; le marbre Baron, Bretteville, Clinchamps, Fourneaux, Laize-la-Ville, Pierrefitte-en-Cinglais, Vieux. On trouve des carrires de pierre Clcy, Montigny, Fontenay-le-Pesnel, Thury-Harcourt ; de la tourbe dans les marais de Chicheboville et des Terriers ; {XXIV}de la terre foulon Hotot-en-Auge ; des sables et argiles dans la valle dAuge et les environs de Bayeux.

    MONTAGNES.

    La chane la plus saillante des montagnes du Calvados, en gnral-peu leves, arrive du dpartement de lOrne et se dirige, par larrondissement de Vire, vers le sommet de la presqule de la Manche. Son point culminant est le Montpinon, situ dans larrondissement de Vire, commune du Plessis-Grimoult, et dont llvation est porte 363m 49 au-dessus du niveau de la mer et 233m 12 au-dessus du sol dAunay. On signale ensuite comme les plus grandes hauteurs du Calvados : la butte de Caumont (Bayeux) (244 mtres) ; les buttes de Hamars et les monts dAncre (331 mtres), Valcongrain ; le Montbrocq, sur la route de Villers (219 mtres) ; la Croix-des-Filandriers, sur Esquay et Bougy (112 mtres) ; le Mont-Aigu, Saint-Martin-de-Sallen (184 mtres) ; la Hoguette-de-Moult (89 mtres) ; labbaye dArdennes (Caen), la chapelle Saint-Clair-de-la-Pommeraye (306 mtres) ; le mont de la Chaize, Combray (245 mtres) ; le mont du Pre, Saint-Omer (272 mtres) ; la Bruyre et lminence de Clcy (262 mtres) ; les monts draine (Falaise) (116 mtres) ; la butte Saint-Laurent (Lisieux), la cte de Grce, Honfleur (Pont-lvque) (90 mtres) ; les buttes des Houlles, sur Roullours (312 mtres) ; de Jurques (225 mtres) ; de Brmoy (237 mtres) ; de Montbosq (315 mtres) ; la Bruyre-de-Montchauvet (287 mtres) ; les roches de Campeaux (260 mtres) ; les buttes de Saint-Martin-Don (Vire) (203 mtres).

  • HISTOIRE ET ANCIENNES DIVISIONS.

    Parmi les sept cits qui ont servi de point de dpart la formation des sept diocses compris dans la province de Normandie, celles qui occupaient le territoire dont est form le dpartement du Calvados sont : la cit des Bajocasses, celle des Viducasses et celle des Lexoviens. Csar a fait mention des Lexoviens (Lexovii), qui rpondent au diocse de Lisieux, et des Unelli, rpondant au diocse de Coutances. Pline, dans sa description de la Gaule lyonnaise, cite aussi les Lexoviens et les Unelli, auxquels il joint les Viducasses, les Badiocasses. Ptolme, qui crivait sous le rgne dAntonin le Pieux, mentionne aussi les Viducasses auxquels il donne pour capitale Arigenus ou Aregenus ( ).

    Lemplacement occup par les Lexoviens a donn lieu peu de contestations. Il en est autrement pour ce qui concerne les Badiocasses ou Baiocasses (Saxones Baiocassini, {XXV}578, Grg. de Tours, V, 27) et les Viducasses. La dcouverte faite dans le XVIe sicle, au village de Vieux, situ 4 kilomtres de Caen, de la fameuse inscription transporte au chteau de Thorigny par Goyon de Matignon et conserve aujourdhui lhtel de ville de Saint-L, a lev ce sujet toutes les incertitudes. Elle a appris que ctait prcisment dans ce village de Vieux quil fallait placer la capitale de la cit des Viducasses, laquelle rigea en 238 une statue Titus Sennius Solennis. La position respective des Unelli, des Badiocasses et des Viducasses sest ainsi parfaitement tablie. On a suppos que la capitale des Viducasses a d son premier nom dArigenus et dAregenus la rivire de Guine qui sert de limite au territoire de Vieux. Le nom de Vieux fut tir prcisment de celui de la cit dont elle tait la capitale : Viducasses, Viduca et par abrviation Veoca, Veex (noms qui lui sont donns dans deux chartes en faveur de labbaye de Fontenay, la premire de 1070, la seconde de 1239) et enfin Vieux. Elle fut dtruite la fin du IVe sicle ou dans les premires annes du sicle suivant. Cite comme une ville importante dans la carte de Peutinger, dresse, croit-on, sous le rgne de Thodose le Grand, elle ne parat plus dans la Notice des provinces et des cits de Gaule, rdige sous le rgne dHonorius. Elle fut ruine, selon toute apparence, par les Saxons qui, pendant deux sicles, dsolrent les frontires de la Gaule et se fixrent dans toute la longueur du pays qui stend entre la Morinie et la Bretagne, pays qui fut dsign sous le nom de littus Saxonicum.

    Le pays des Viducasses fut alors runi au territoire des Badiocasses, qui constitua le pagus Bajocassinus ou le Bessin. Lancien nom de la capitale des Bajocasses tait Augustodurum ; plus tard, comme cela se fit dans les autres cits, le nom du peuple devint celui de la ville, Bajoca, Baoca, Baex, Baeus, Bayeux.

    Quelle tait ltendue des deux pagus runis sous le nom commun de pagus Bajocensis ? Elle diffrait peu sans doute de celle du diocse qui eut Bayeux pour mtropole, les circonscriptions ecclsiastiques ayant t le plus souvent modeles sur les circonscriptions administratives des Romains. Lancien pagus Bajocensis ou Bagisinus tait en 853 divis en trois contres, dsignes, dans le capitulaire de Servais, sous les noms de Bagisinus, Otlingua Saxonia et Harduini4. taient-ce des divisions nouvelles ou ces divisions correspondaient-elles des pagi ou pagelli, formant dj des dmembrements du Bessin ? Il est assez difficile de se prononcer sur ce point. On a suppos que le Corilisium, mentionn dans le mme document, rpondait la portion bayeusaine de la contre naturelle connue aujourdhui sous le nom de Bocage normand et qui occupe non seulement le midi du diocse de Bayeux et de Coutances, mais encore la plus grande portion {XXVI}de celui dAvranches. Quant lOtlingua Saxonia, Lebeuf et Bziers lont place louest de Bayeux, cause des deux villages de Saon et Saonnet dont le nom leur semblait rappeler le souvenir de lantique dnomination. Huet et aprs lui Auguste Le Prvost, trouvant du rapport entre le nom dHeidram, mentionn au capitulaire de 853 comme appartenant ce pagellus, et celui dAiran, commune situe au midi dArgences, prs de Moult, seraient disposs voir lOtlingua Saxonia dans la contre situe entre la mer et les rivires dOrne et de Dive, cest--dire le pays connu sous le nom de plaine de Caen. LOtlingua Harduini serait, daprs ce dernier savant, le terrain compris entre lOtlingua Saxonia et lHimois, le long de la rive droite de lOrne, et ayant form plus tard le doyenn de Cinglais. Du reste, ces subdivisions paraissent avoir cess dexister ds 860. Une charte de Charles le Chauve les

    4 Capitulaire de 802 dans la collection de Pertz.

  • omet dans lindication dun des lieux appartenant ce canton du Bessin. In pago Bajocensi, y est-il dit, villa Sancti Silvini. Or Saint-Silvain est situ, comme Airan, sur la Muance, prs de Tassilly, et appartient lHimois.

    La cit des Lexoviens, civitas Lexoviensium, composant le territoire occup plus tard par le diocse de Lisieux, compris aujourdhui en grande partie dans le dpartement du Calvados, avait les mmes limites : lest et au nord, la Charentonne, la Risle et la mer ; au midi, ce qui est devenu plus tard le diocse de Sez ; louest, la ligne de la Dive.

    Le pagus Lexoviensis, pagus Lisvinus ou Lieuvin (Lisvinum, 1014, charte de Richard II ; 1030, charte de Robert Ier pour Sainte-Trinit-du-Mont ; 1095, charte de Richard Cur-de-Lion pour Saint-Taurin dvreux), pagus Lisiocensis, comprit seulement par la suite le territoire qui stend entre la Charentonne, la Risle, la mer, la Touque et la rivire dOrbec.

    La rgion situe de lautre ct de la Touque reut le nom de pays dAuge. Il parat que cette partie du territoire tait occupe par une fort existant encore au Xe sicle : Quoddam monasterium Sagiensi urbi vicinum quod est in saltu Algie situm (IXe sicle), dit lvque Adelelme, dans la Vie de sainte Opportune. En 1082, Roger de Montgommery donnait labbaye de Saint-tienne de Caen le bourg de Trun, cum silva de Alge.

    Bessin, Bocage, campagne de Caen, pays dAuge, Cinglais, Lieuvin, autant de divisions, devenues populaires, du territoire dont se compose principalement le Calvados.

    Nous en avons marqu, dans chacun des articles du Dictionnaire qui leur sont consacrs, ltendue et les limites.

    M. Le Prvost cite une charte de 690 donne par Wandemir et sa femme Ercamberte en faveur de Saint-Germain-des-Prs, dans laquelle le Lieuvin est dsign sous {XXVII}le nom de pagus Lexuinus (Cambrimaro, in pago Lexuino, anciennes divisions de la Normandie).

    Le pagus Oximensis, Himois, Exmois, dsign aussi sous les noms de pagus Oxmensis, Oxminsis, Oxomensis, Oximus, Osismensis, Oismacensis, comitatus Oximensis, Oismacencis, Oximium, contenait vraisemblablement toute la portion du diocse de Bayeux situe sur la rive droite de lOrne et compose des doyenns de Troarn, de Vaucelles et de Cinglais. Cette portion du diocse portait autrefois le nom darchidiacon dExmes. La rue Saint-Jean, Caen, sappelait au moyen ge rue Exmosine. Wace (1155), dans le rcit de la bataille de Val-des-Dunes, place ce lieu dans lHimois :

    Valesdunes est en Oismeiz Entre Argences e Cingueleiz.

    On trouve dans le Calvados les traces des voies excutes par les Romains travers la contre. Lune de ces voies, construite sous le rgne de Claude (41 54 aprs J.-C.), partait de Bayeux, passait par Vienne, le Manoir, Colombires, longeait la cte et allait toucher la station romaine tablie, soit alors, soit plus tard, Bnouville. Elle franchissait probablement lOrne au Bac-du-Port pour se prolonger dun ct le long de la cte, peut-tre vers la cte des Morins (Boulogne), en passant par le pays des Lexoviens et des Caltes ; de lautre, vers la cit mme des Lexoviens, en allant reprendre une autre voie stratgique par laquelle Trajan (98 117 aprs J.-C.) avait reli la cit des Lexoviens celles des Bajocasses et des Viducasses. On trouve des traces de cette voie Estres, Croissanville, Moult et Vimoult. Une troisime voie, la plus considrable, reliait le pays des Unelles, des Bajocasses, des Viducasses, des Essui et des Carnutes ; elle touchait ainsi dune part au Cotentin et lOrlanais. Elle traversait le territoire des communes de Bayeux, Bretteville-lOrgueilleuse, Norrey, Verson, Monts, Baron, Esquay, Vieux, Bully, franchissait lOrne pour continuer jusqu Jort, Exmes, Sez, Alenon et le Mans.

    DIVISIONS ECCLSIASTIQUES.

    Les diocses de Bayeux et de Lisieux se sont forms, comme nous lavons dit, de tout ou partie des territoires quembrassaient lpoque gallo-romaine la civitas Bajocassium et la civitas

  • Lexoviorum. Si les circonscriptions ecclsiastiques reprsentaient dune manire exacte, comme la pens Adrien de Valois, les civitates, nous aurions, par la connaissance que nous avons des limites des deux diocses, ltendue et les bornes de ces antiques divisions. Sil tait vrai encore que les pagi majores sont devenus les archidiacons {XXVIII}et les pagelli les doyenns ruraux, ces subdivisions nous offriraient encore le moyen de dterminer ltendue des diverses parties du territoire dsignes sous les noms de pagi et de pagelli.

    Ces circonscriptions ecclsiastiques nous permettraient encore de dterminer les limites des divisions introduites par la fodalit, si chaque diocse prsentait ltendue du gouvernement assign chaque comt et si les subdivisions diocsaines rpondaient aux subdivisions des comts. Il nen est malheureusement pas ainsi et les exceptions les plus nombreuses compromettent lheureuse symtrie de ces systmes plus ingnieux que vrais. Les divisions naturelles nont pas toujours servi de base aux circonscriptions politiques, et les divisions administratives dune poque ne se retrouvent que rarement aux poques suivantes.

    Contentons-nous dindiquer ici les limites et les divisions des deux diocses compris dans le dpartement du Calvados, en y joignant celles de ses parties qui appartenaient aux diocses de Sez et de Coutances.

    DIOCESE DE BAYEUX.

    Lancien diocse de Bayeux tait, au levant, spar du diocse de Lisieux par la Dive ; au couchant, du diocse de Coutances par la Vire ; au nord, il tait born par la mer, et il touchait au sud aux diocses dAvranches, du Mans et de Sez. Il possdait dans le diocse de Lisieux une enclave compose de huit paroisses, appele lexemption de Cambremer, situe entre Lisieux et la Dive. Une autre exemption, dite de Sainte-Mre-glise, lui appartenait dans le diocse de Coutances, et se composait de cinq paroisses rattaches au doyenn de Trvires (Neuville-le-Plain, Sainte-Mre-glise, Chef-du-Pont, Vierville et Lieusaint).

    Lvque de Bayeux tait le premier suffragant de la province de Rouen. Le temporel de lvch comprenait en 1460, poque laquelle le dnombrement en fut fait par lvque Louis de Harcourt, sept baronnies : Saint-Vigor-le-Grand, Neuilly et Isigny, le Bois-dElle, la Ferrire-Harang, Douvre, le Plessis-Grimoult et Cambremer. Les deux baronnies de la Ferrire-Harang et du Plessis-Grimoult furent acquises au XVIe sicle par les comtes de Thorigny, et au XVIIIe le bourg dIsigny fut lobjet dun change entre Mgr de Rochechouart et le marquis de Bricqueville.

    Lvque de Bayeux tait en outre seigneur trfoncier de Port-en-Bessin, Commes, Surrain, Saint-Laurent-sur-Mer, Sommervieu, Carcagny, Juaye, Ellon, etc.

    Les terres et seigneuries de lvch avaient t riges en haute justice par Louis XI en considration de Louis de Harcourt, patriarche de Jrusalem et vque de Bayeux.

    {XXIX}Le revenu de lvch de Bayeux slevait 100,000 livres. La justice ecclsiastique tait rendue dans le diocse par deux officialits, celle de Bayeux et celle

    de Caen. La premire comprenait les doyenns de la chrtient de Bayeux, de Campigny, de Couvains, de

    Creully, de Fontenay-le-Pesnel, de Thorigny, de Trvires, de Villers et de Vire. La deuxime avait dans son ressort les doyenns de la chrtient de Caen, de Cinglais, de Cond,

    de Douvre, dvrecy, de Maltot, de Troarn, de Vaucelles, et lexemption de Cambremer. Les abbayes et prieurs fonds dans le diocse de Bayeux taient les suivants :

    1 Dans lofficialit de Bayeux : labbaye de Cerisy, fonde en 1030 par le duc de Normandie Robert Ier ; labbaye de Longues (ordre de Saint-Benot), fonde en 1168 par Hugues Wac ; labbaye du Cordillon (ordre de Saint-Benot), dont la fondation est attribue Richard Cur-de-Lion, mais qui, selon une opinion plus probable, doit sa naissance Guillaume de Soliers, seigneur de Lingvres au XIIIe sicle ; le prieur du Plessis-Grimoult (chanoines rguliers de Saint-Augustin), tabli en 1131 par Richard de Douvre.

  • 2 Dans lofficialit de Caen : labbaye de Saint-tienne ou abbaye aux Hommes (Bndictins) et labbaye de Sainte-Trinit ou abbaye aux Dames (Bndictines), fondes par Guillaume le Conqurant en 1066 ; labbaye de Barbery (ordre de Cteaux) fonde vers lan 1040 par Robert Marmion, seigneur de Fontenay ; labbaye du Val (chanoines rguliers de Saint-Augustin), fonde par Gosselin de la Pommeraye ; labbaye de Notre-Dame-de-Belle-toile (ordre de Prmontr), fonde en 1215 par Henry de Beaufou et dice son pouse ; labbaye dvrecy, runie par saint Gerbold celle de Deux-Jumeaux ; labbaye dAunay (ordre de Cteaux), fonde en 1152 par Richard du Hommet ; labbaye dArdennes (ordre de Prmontr), fonde en 1121 par un riche habitant de Caen, Aiulphe du March ; labbaye de Troarn (ordre de Saint-Benot), fonde en 1022 par Roger de Montgommery ; labbaye de Saint-tienne de Fontenay (Bndictins), fonde vers 1050 par Raoul Tesson ; labbaye du Val-Richer (Cisterciens), fonde en 1150 par Philippe de Harcourt, vque de Bayeux ; labbaye de Mondaye (ordre de Prmontr), fonde vers 1215 par Jourdain du Hommet, vque de Lisieux.

    Les Templiers possdaient plusieurs commanderies dans le ressort du bailliage de Caen : la commanderie de Baugy, paroisse de Planquery, fonde en 1148 par Roger Bacon ; celle de Voismer, dans la paroisse de Fontaine-le-Pin, fonde la mme poque par Roger de Gouvix et Guillaume son fils ; celle de Bretteville-le-Rabet, quon ne connat point avant 1250 ; celle de Courval, dans la paroisse de Vassy. Aprs la suppression {XXX}de lordre des Templiers, ces quatre commanderies passrent lordre de Malte et furent rduites deux : Courval fut annex Baugy, et Bretteville-le-Rabet Voismer.

    Les prbendes appartenant lvch taient au nombre de 48 ; ctaient : Saint-Jean-le-Blanc (Sanctus Joannes Albus), Cussy (Cusseium), Barbires (Barberi), Esquay (Escaium), Guron (Guerona), Vaucelles (Vaucell), Cartigny (Cartigneium), Cambremer, Gavrus, Arrey (Arreyum), Bernesq (Bernescum), Gavray (Gavreyum), Aubray (Allebrayum), Colombires (Colomberi), la Vieille (Vetula), Saint-Germain-de-la-Lieue (Sanctus Germanus de Leuca), Poligny (Poligneium), Goupillires (Goupilleri), les Essartiers (Essarteri), le Locheur (Lochier), Notre-Dame-de-Froide-Rue Caen (Sancta Maria de Frigido Vico), Cussy (Cusseium), Castilly (Castilleyum), May (Mayeum), Castillon (Castellion), Subles, Port, Thaon, la Haye (Haya), Saint-Martin-des-Entres (Sanctus Martinus de Introitibus), la Mare (Mara), Brcy (Brecheyum), Missy (Misseyum), Monts, Danvou (Damnum Votum), Vendes, Landes, Audrieu (Audreyum), Sainte-Honorine, Bretteville, Mouen (Moon), Saint-Jean de Caen, Saint-Pierre de Caen, Merville (Merrevilla), Saint-Patrice, Feuguerolles, Mathieu et Saint-Laurent.

    Les abbayes de Saint-tienne (abbaye aux Hommes) et de Sainte-Trinit (abbaye aux Dames) avaient leur officialit o se traitaient les affaires de leur exemption.

    Labbaye de Fcamp exerait la double juridiction ecclsiastique et civile sur quelques paroisses du diocse. La juridiction spirituelle tait exerce par un officier, et la juridiction temporelle par un snchal ou vicomte. Cette juridiction sappelait la haute justice dArgences et de Saint-Gabriel. Le sige en fut dabord tabli Argences, et transfr ensuite Sainte-Paix de Caen. Il existe encore dans le faubourg de Vaucelles.

    Le diocse de Bayeux tait divis en quatre archidiacons :

    Larchidiacon de Bayeux, comprenant les doyenns de Cond, dvrecy, de Fontenay, de Villers et de Vire ;

    Larchidiacon de Caen, comprenant le doyenn de la chrtient de Bayeux, le doyenn de la chrtient de Caen, les doyenns de Creully, de Douvre et de Maltot ;

    Larchidiacon dHiesmes, comprenant les doyenns de Cinglais, de Troarn et de Vaucelles ; Larchidiacon des Veys, comprenant les doyenns de Campigny, de Couvains, de Thorigny et de

    Trvires.

    Les doyenns se divisaient en paroisses ; plusieurs de ces circonscriptions comprenaient en outre des chapelles, des abbayes, des prieurs et dautres tablissements religieux.

  • {XXXI}Bayeux a compt jusqu 17 paroisses, 6 chapelles, 1 collgiale de chapelains, les prieurs de Saint-Vigor et de Saint-Nicolas-de-la-Chesnaye, des communauts dAugustins, de Cordeliers et de Capucins, 1 prieur de Saint-Jean-lvangliste, 1 sminaire et des surs de la Misricorde lHtel-Dieu et des surs de Saint-Vincent lhpital gnral, des couvents dUrsulines, de Bndictines, de religieuses de la Charit, des surs de la Providence, et enfin des frres de la Doctrine chrtienne.

    Le doyenn de Campigny comptait 37 cures ou prieurs-cures, 5 chapelles et 2 prieurs simples. Le doyenn de Couvains : 32 cures ou prieurs-cures, 9 chapelles et 1 abbaye de lordre des

    Bndictins, celle de Cerisy. Le doyenn de Creully : 38 cures ou prieurs-cures, 7 chapelles, 1 abbaye de Bndictins, celle de

    Notre-Dame de Longues, le prieur de Saint-Gabriel et le prieur de Pierre-Solain, ordre de Saint-Benot.

    Le doyenn de Fontenay-le-Pesnel : 36 cures ou prieurs-cures, 8 chapelles, labbaye de Cordillon, ordre de Saint-Benot, les prieurs de Notre-Dame-de-Brulles Longraye, dAudrieu et de Fontenay.

    Le doyenn de Thorigny : 51 cures ou prieurs-cures, 4 chapelles, labbaye de Thorigny, le prieur des Bernardines de lordre de Cteaux et 1 Htel-Dieu avec le titre de prieur.

    Le doyenn de Trvires : 35 cures ou prieurs-cures, 4 chapelles, le prieur de Deux-Jumeaux, dabord conventuel et plus tard prieur simple.

    Le doyenn de Villers : 31 cures, 5 chapelles, le prieur hospitalier de Sainte-lisabeth de Villers, donn plus tard aux religieuses de Vignats, pour y fonder un monastre de Bndictines, et 3 prieurs simples.

    Le doyenn de Vire : 54 cures ou prieurs-cures, 6 cures ou chapelles Vire, des communauts de Cordeliers, de Capucins, dUrsulines, de Bndictines tablies dans la ville de Vire, 1 Htel-Dieu, 1 hpital gnral desservis par des religieux et des religieuses, des surs de la Providence au Plessis-Grimoult, 1 communaut de chanoines rguliers de Saint-Augustin, la lproserie de Saint-Nicolas sur le territoire de Neuville et 3 prieurs simples.

    Le doyenn de la chrtient de Caen avait 13 paroisses dont 4 taient attribues saint Rgnobert (Saint-Pierre, Notre-Dame-de-Froide-Rue, Saint-Sauveur-du-March et Saint-Jean), 8 chapelles ; labbaye de Saint-tienne, fonde en 1066 par Guillaume le Conqurant ; les Carmes, les Dominicains, les Cordeliers, les Capucins, les Croisiers, les Jsuites, les Oratoriens, les Eudistes, les Sachets, les Templiers, labbaye de Sainte-Trinit, les Bguines, les Carmlites, les Ursulines, les surs de la Visitation, {XXXII}les Bndictines, les surs de la Charit, les Nouvelles-Catholiques, le Bon-Sauveur, les frres de la Doctrine chrtienne, des surs de Saint-Vincent-de-Paul, 3 communauts hospitalires, 11 hpitaux.

    Le doyenn de Cinglais avait 48 cures ou prieurs-cures, 6 chapelles, les abbayes de Barbery et du Val, le prieur hospitalier du Bois-Halbout, 3 prieurs simples.

    Le doyenn de Cond : 44 cures ou prieurs-cures, 3 chapelles ; la ville de Cond avait 2 glises et 1 hpital. Dans le doyenn se trouvaient labbaye de Cerisy-Belle-toile, le prieur dYvrande, 2 prieurs simples.

    Le doyenn de Douvre : 30 cures, 4 chapelles, le sminaire et chapelle de Notre-Dame dYvrande, plus connue sous le nom de la Dlivrande, 3 prieurs simples, labbaye dArdennes.

    Le doyenn dvrecy : 32 cures ou prieurs-cures, 5 chapelles, labbaye dvrecy, labbaye dAunay et le prieur de Notre-Dame de la Caine.

    Le doyenn de Maltot : 36 cures ou prieurs-cures, 7 chapelles, labbaye des Prmontrs dArdennes, 1 prieur simple.

    Le doyenn de Troarn : 45 cures ou prieurs-cures, 7 chapelles, labbaye de Bndictins de Troarn, 1 lproserie et 1 hospice Troarn, 2 prieurs Bavent, le prieur de Notre-Dame de Cagny.

    Le doyenn de Vaucelles : 43 cures ou prieurs-cures, 4 chapelles, labbaye de Fontenay, 1 prieur simple.

    Lexemption de Cambremer au diocse de Lisieux : 9 cures, 2 chapelles, labbaye du Val-Richer, 1 prieur simple.

  • DIOCESE DE LISIEUX.

    Lexistence du diocse de Lisieux, dit M. Le Prvost dans sa prface du pouill de ce diocse, le sixime de la Seconde Lyonnaise dans la hirarchie ecclsiastique comme dans la Notice des cits, nest rvle quaccidentellement par des faits postrieurs au Ve sicle. Le sige piscopal de Bayeux, bien plus ancien, et foyer principal du christianisme en basse Normandie aux Ve et VIe sicles, avait pris possession, par suite dantriorit de prdication, de lexemption de Cambremer, compose des huit paroisses de Cambremer, Grand-Douet, Saint-Laurent-du-Mont, Manerbe, Saint-Ouen-le-Paing, Saint-Pair-du-Mont, le Pr-dAuge, Saint-Vigor-de-Crvecur, et qui, des bords de la Dive, stendait jusquaux portes de Lisieux. Celui-ci fut amplement ddommag au XIe sicle par un autre empitement bien plus considrable encore qu son tour il sappropria du ct de lHimois ; nous pensons que non seulement les doyenns {XXXIII}de Gac et de Montreuil, mais encore la portion mridionale de celui de Vimoutiers, sont dus cet agrandissement dont Orderic Vital nous a transmis les circonstances5. Ce quil y a de certain, cest que, peu dannes auparavant, la paroisse des Autieux, qui, en 1063, sappela les Authieux-en-Auge (Altaria que sunt in Alge), tait encore signale par Richard II comme appartenant lHimois (Ad domus et Masnil qui dicitur Altaria in pago Oximensi). Une exemption qui soumettait lvch de Lisieux plusieurs paroisses de la ville et de la banlieue du Bessin parat remonter lvque Gislebert Maminot, chapelain de Guillaume le Conqurant, et stre compose pour la plus grande partie des glises comprises dans la circonscription du chteau et du parc de ce prince. Une seconde exemption dans le Bessin, compose des paroisses de Nonant-sur-Seulle, Ellon, Verson, Juaye, passe pour tre le don de lun de ses successeurs, Jourdain de Hommet, mais elle remonte, au moins en partie, jusquau XIe sicle.

    Le diocse de Lisieux comprenait tout le Lieuvin avec une partie du pays dOuche et du pays dAuge.

    Il tait spar du diocse de Rouen par la Risle, de celui dvreux par la Carentonne, de celui de Bayeux par la Dive. Vers le midi, il confinait avec le diocse de Sez et stendait jusqu la distance de 5 6 kilomtres de la ville de Sez.

    Il comprenait 4 archidiacons et 9 doyenns. A lvch appartenaient les prbendes des Chnes, de Verson (1re partie), de la Chapelle-Harang, de Lieurrey, de Crvecur (1re partie), de Courtonne, de Saint-Hymer, de Formentin, dAssemont, de Saint-Germain et de Saint-Jacques de Lisieux, de Pesnel (paroisse Saint-Jacques), de Fains (ibid.), de Bourguignolles, de Villers, de Croisilles, de Surville, du Val-au-Vigneur, de Deauville, des Vaux, de la Pluyre, de Saint-Pierre-Azif, du Val-Rohais, du Pr, des Fresnes, dcajeul, du Faulq, de Roques, de Touque, dtrepagny (exemption de Saint-Cande de Rouen), de Nonant-sur-Seulle, de Verson, dEllon, de Juaye et Mondaye (exemption de Nonant), de Lasson et de Plumetot.

    De larchidiacon de Lieuvin dpendaient les abbayes de Bernay, de Cormeilles, du Bec, de Sainte-Catherine-du-Mont, de Lire, de Saint-Georges-de-Boscherville, de Saint-Taurin, de Saint-Sauveur, et les prieurs dOuillie Saint-Lger-du-Houlley, de Saint-Philbert-sur-Risle, de Beaumont-le-Roger, de Saint-Lambert-de-Malassis, de Saint-L Rouen, de Friardel, de Saint-Amand-de-Rouen Meulles.

    De larchidiacon dAuge dpendaient les abbayes de Saint-Pierre-sur-Dive, de Troarn, de Saint-Ouen de Rouen, de Sainte-Catherine-du-Mont, de Saint-tienne de Caen, de Sainte-Trinit de Caen, et les prieurs de Beaumont-en-Auge, de Sainte-Barbe-en-Auge, {XXXIV}de la Motte, de lcaude, de Fribois, de Dozul, de Mont-Argis, de Rouville, de Basbourg (territoire dAngoville), de Dive, de Biocottes et des Groiselliers.

    Larchidiacon de Pont-Audemer tait compos des doyenns de Touque, dHonfleur et de Pont-Audemer.

    Larchidiacon du Lieuvin : doyenns de Moyaux, de Cormeilles, de Bernay et dOrbec. Larchidiacon dAuge : doyenns du Mesnil-Mauger, de Beuvron et de Beaumont-en-Auge. Larchidiacon de Gac : doyenns de Livarot, de Montreuil, de Vimoutiers et de Gac.

    5 Orderic Vital, d. Le Prvost, t. II.

  • Lvch de Lisieux possdait en outre, dans le diocse de Bayeux, quatre paroisses : Nonant, Ellon, Juaye et Verson, constituant ce que lon nommait lexemption de Nonant. Cest dans la paroisse de Juaye quavait t fonde labbaye de Mondaye.

    Le doyenn de Moyaux, archidiacon du Lieuvin, comprenait 38 cures ou prieurs-cures, 3 chapelles, 3 prieurs simples.

    Le doyenn de Touque comprenait 33 paroisses, 1 chapelle, 1 lproserie et 1 prieur. Le doyenn dHonfleur comptait 36 cures ou prieurs-cures. Le doyenn du Mesnil-Mauger : 51 cures, 3 prieurs (Fribois, lcaude et Sainte-Barbe-en-Auge). Le doyenn de Beuvron : 28 cures ou prieurs-cures ; ce doyenn appartenait le prieur de

    Croisilles. Le doyenn de Beaumont-en-Auge : 35 cures, les prieurs de Beaumont-en-Auge et de Royal-Pr. Le doyenn de Livarot : 30 cures, 2 chapelles, le prieur de Saint-Mathieu-de-Montgommery. Les doyenns de Montreuil, de Vimoutiers et de Gac appartiennent au dpartement de lOrne. Les doyenns de Cormeilles et de Bernay et la plupart des paroisses qui taient comprises dans le

    doyenn dOrbec appartiennent au dpartement de lEure.

    DIOCESE DE SEEZ.

    Une partie de larrondissement de Falaise appartenait au diocse de Sez ; les paroisses qui la composaient faisaient partie des doyenns de Falaise, dAubigny, de Saint-Pierre-sur-Dive.

    {XXXV}Le doyenn de Falaise comptait 39 cures ou prieurs-cures, 1 prieur simple, les abbayes de Saint-Jean-de-Falaise Guibray, de Vignats et de Saint-Andr-en-Gouffern, hameau de la Hoguette, 1 commanderie Louvagny, 1 lproserie Jort.

    Le doyenn dAubigny : 25 cures, 1 abbaye Villers-Canivet, la chapelle de Saint-Nicolas-sur-Orne aux Isles-Bardel.

    Le doyenn de Saint-Pierre-sur-Dive : 28 cures, 1 prieur, 1 lproserie, 2 chapelles.

    DIOCESE DE COUTANCES.

    Les communes suivantes : le Gast, le Mesnil-Caussois, Pont-Bellanger, Pont-Farcy, Saint-Aubin-des-Bois et Sainte-Marie-outre-lEau, Fontenermont, Sept-Frres, comprises dans le dpartement du Calvados, appartenaient au diocse de Coutances, doyenn de Montbray.

    Celles dAsnebec, Beaumesnil, Campagnolles, Champ-du-Boult, Clinchamps, Coulonces, Coupigny, touvy, Landelles, le Mesnil-Benot, le Mesnil-Robert, Sainte-Marie-Laumont, Saint-Germain-de-Tallevende, Saint-Manvieu, Saint-Martin-Don et Saint-Sever, avec une abbaye de ce nom, taient comprises dans le doyenn de Tallevende, archidiacon du Val-de-Vire.

    ADMINISTRATION JUDICIAIRE.

    Les juridictions dsignes sous les noms de bailliages et de vicomts ressortissaient, sous le gouvernement des ducs de Normandie, lchiquier, tribunal qui, compos de prlats, de comtes, de barons et des officiers de justice de la province, sassemblait deux fois par an, Caen, Rouen, Falaise et dans quelques autres villes. Rendu sdentaire par Louis XII qui le fixa Rouen, il prit en 1515 le nom de Parlement.

    Sept grands bailliages dpendaient du parlement de Rouen. La haute Normandie en comprenait quatre : ceux de Rouen, de Caux, dvreux et de Gisors. Il y en avait trois dans la basse Normandie : ceux de Caen, de Cotentin et dAlenon.

    Le bailliage de Caen comprenait le Bessin, le Bocage, une partie du diocse de Sez. Il tait divis en cinq vicomts : celles de Caen, de Bayeux, de Falaise, de Vire et Cond et de Thorigny.

    Les vicomts dAuge et de Pont-lvque taient comprises dans le bailliage de Rouen.

  • Lautorit des baillis alla toujours en saffaiblissant. Ils navaient conserv, la fin {XXXVI}du XVIIIe sicle, que le droit de convoquer larrire-ban et de commander la noblesse de leurs bailliages.

    GOUVERNEMENT ET GNRALITS.

    Le gouverneur gnral de la province de Normandie avait sous ses ordres deux lieutenants gnraux, lun pour la haute et lautre pour la basse Normandie. Plus tard, un lieutenant du roi fut plac dans le chef-lieu de chaque bailliage.

    Le gouvernement tait divis en trois gnralits : celles de Rouen, de Caen et dAlenon. Chaque gnralit tait subdivise en lections. La cration des intendants en 1636 donna cette organisation plus de force et de rgularit. Chaque lection devint le sige dune subdlgation. La gnralit de Caen comprenait les lections de Caen, de Bayeux, de Carentan, de Valognes, de

    Coutances, dAvranches, de Mortain, de Saint-L et de Vire. Ces lections taient subdivises en 100 sergenteries. Il y en avait 248 pour toute la Normandie.

    La plupart des communes du Calvados taient comprises dans la gnralit de Caen. Quelques-unes cependant appartenaient celles dAlenon et de Rouen.

    Le pays dAuge (lection de Pont-lvque) appartenait la gnralit de Rouen ; llection de Falaise, la gnralit dAlenon.

    ADMINISTRATIONS DIVERSES.

    Il y avait une cour des aides Lisieux, Pont-lvque, Bayeux, Falaise et Vire. Les cours des aides et des comptes, runies en 1707 sous le nom de cour des comptes, aides et

    finances, ayant Rouen pour sige, tendaient leur juridiction sur les trois gnralits divises en 32 lections. Rouen, Caen et Alenon avaient chacune