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Une sclérodermie difficile
Université Paris Descartes, Inserm U1016, Institut Cochin, Paris
Service de Médecine Interne, hôpital Cochin, Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Paris
Centre de référence vascularites nécrosantes et sclérodermie systémique
*Service de Pneumologie, hôpital Tenon, Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Paris
Luc Mouthon, Jean-Marc Naccache*
DHU Authors
� Consultant: Actelion, CSL Behring, Cytheris, GSK, LFB Biotechnologies, Lilly, Pfizer
� Financial support to ARMIIC
� Investigator: Actelion, CSL Behring, Pfizer
� Financial support (grants): Actelion, CSL Behring, GSK, LFB Biotechnologies, Pfizer
Conflicts of interest: LM
Conflicts of interest: JMN�None
Cas clinique : Sarah, 58ans
Turque, vit en France depuis 1994
Veuve, sans emploi, 5 enfants
Cholécystectomie
Tabac=0
Sarah E. née en 1944 (I)
Sarah, 58 ans –Sclérodermie Systémique
Phénomène de Raynaud depuis 1990
Reflux gastro-oesophagien depuis 1993
Sclérodactylie en 1994
Dyspnée classe NYHA II
Anticorps antinucléaires 1/160 ième, spécificité anti-topoisomérase 1
Capillaroscopie: mégacapillaires
TDM thorax: pneumopathie infiltrante diffuse débutante
Diagnostic de sclérodermie systémique
Sarah E. née en 1944 (II)
Diagnostic criteria for systemic sclerosis
Arthritis Rheum, 1980
Major criteriaProximal skin sclerosis
Minor criteriasSclérodactilyPitting scars, digital ulcersPulmonary fibrosis
Systemic sclerosis: one major or two minor criteria s
Specific microvascular changes that characterize the different nailfold videocapillaroscopic SSc pattern s
Herrick A & Cutolo M A&R 2010
• Evolution 1994-1997 – Sclérose cutanée étendue au tronc dans les
deux premières années, score de Rodnan modifié maximal à 26/51
– Arthralgies invalidantes– Reflux gastro-oesophagien invalidant,
dysphagie– Pneumopathie interstitielle stable, pas de
syndrome restrictif
Sarah E. née en 1944 (III)
Question 1. Proposez vous un traitement de fond ? Pourquoi ?
• Non, il n’y a pas d’atteinte viscérale sévère
• Oui, elle a une sclérodermie diffuse qui évolue depuis moins de trois ans
• Oui, car elle a une atteinte interstitielle pulmonaire
Question 1. Proposez vous un traitement de fond ? Pourquoi ?
• Non, il n’y a pas d’atteinte viscérale sévère
• Oui, elle a une sclérodermie diffuse qui évolue depuis moins de trois ans
• Oui, car elle a une atteinte interstitielle pulmonaire
Shand L, et al. Arthritis Rheum 2007; 56:2422-31.
Disease duration and skin score in dcSSc
Change in skin score over 3 years in the subgroups Survival in the subgroups
High baseline/improvers
Disease duration
12 24 3610
20
30
40
50
Low baseline/improvers
High baseline/non-improvers
mR
SS High baseline/
improvers, n = 40
Low baseline/improvers, n = 67
252180108360
20
40
60
80
100
p=0.003
High baseline/non-improvers, n = 24
Cum
ulat
ive
surv
ival
(%
)
Disease duration
Treatment of skin manifestations
• Cyclophosphamide1
• Mycophenolate mofetil2
• Methotrexate3
EULAR/EUSTAR recommendations 4:Methotrexate may be considered for treatment of ski n
manifestations of early diffuse SSc
1.Tashkin DP, et al. N Engl J Med 2006; 354:2655-66.2.Nihtyanova SI, et al. Rheumatology 2007; 46:442-5.
3.van den Hoogen FH, et al. Br J Rheumatol 1996; 35:364-72.4.Kowal-Bielecka O, et al. Ann Rheum Dis published online 19 January 2009.
• En 2002, la patiente, qui a déjà un traitement par omeprazole 40 mg/j et domperidone 3 cp/j signale la survenue de vomissements en début de nuit. Elle dit vomir son repas complet.
Sarah E. née en 1944 (IV)
Question 2. Quel est la cause la plus probable de ces vomissements ?
Oesophagite
Gastroparésie
Pseudo-obstruction intestinale
chronique
Question 2. Quel est la cause la plus probable de ces vomissements ?
Oesophagite
Gastroparésie
Pseudo-obstruction intestinale
chronique
Entre 1994-2002 • Extension rapide de la sclérose cutanée
au tronc• Progression de la PID• Traitements successifs par methotrexate
(polyarthrite), cyclophosphamide, azathioprine.
Sarah E. née en 1944 (V)
Sarah E. née en 1944 (VII)
Fév 2001
Dyspnée II
CPT82%
CVF79%
DLCO 32%
PaO2 mmHg 87
PAPs Echo Nale
Fév 2002
II
75%
69%
22%
85
Nale
Question 4. Devant l’aggravation de la PID réalisez vous un LBA? Si oui, qu’en attendez
vous?
NON
OUI à la recherche d’un agent infectieux
OUI à la recherche d’une pneumopathie médicamenteuse
Question 4. Devant l’aggravation de la PID réalisez vous un LBA? Si oui, qu’en attendez
vous?
NON
OUI à la recherche d’un agent infectieux
OUI à la recherche d’une pneumopathie médicamenteuse
Question 5. Devant l’aggravation de la PID quel traitement instituez vous?
Corticoïdes fortes doses
cyclophosphamide
Mycophenolate mofetyl
Question 5. Devant l’aggravation de la PID quel traitement instituez vous?
Corticoïdes fortes doses
cyclophosphamide
Mycophenolate mofetyl
Sarah E. née en 1944 (VIII)
Fév 2003 Juillet 2003
II II
66%3,13l71%
67%2,02l84%
28% 36%
46% 58%
81 81
Arrêt EDXDébut MMF
Poursuite MMF
Fév 2002
Dyspnée II
CPT75%
CVF69%
DLCO 22%
DLCO/VA 45%
PaO2 mmHg 85
PAPs Echo Nale
Décisionthérapeutique
Reprise EDX
Dyspnée NYHA classe II
SaO2 en AA 96%
TM6’: 400m pas de sat disponible
Echographie cardiaque « Itinérair Sclérodermie »
– Bonne fonction Systolique ventriculaire gauche (FEVG 75%)
– PAPs 60mmHg, VIT=3,5m/sec
– Pas de valvulopathie
– Pas de péricardite
Sarah E. née en 1944 (IX) – Aout 2003
Question 6: Auriez-vous effectué un cathétérisme cardiaque droit?
Non, car la fibrose pulmonaire peut
expliquer l’élévation de la PAPs
Oui, car VIT>3m/sec
Non, car le diagnostic d’hypertension
artérielle pulmonaire est certain
Question 6: Auriez-vous effectué un cathétérisme cardiaque droit?
Non, car la fibrose pulmonaire peut
expliquer l’élévation de la PAPs
Oui, car VIT>3m/sec
Non, car le diagnostic d’hypertension
artérielle pulmonaire est certain
Sarah E. née en 1944 (XI) Résultats du KT droit-Aout 2003
DatePAP S/D (M)
(mmHg)Pcap
(mmHg)RVP
(dynes/cm5/s)DC
(l/min)
au repos 36/12 (20) 5 197 6,07
Absence de dysfonction gauche démasquée après rempl issage
Vous confirmez le diagnostic d’HTP,
probablement en rapport avec l’hypoxémie
Vous confirmez le diagnostic d’HTTP
dysproportionnée
Vous infirmez le diagnostic d’HTP
Question 7: Quelle est votre conclusion après la réalisation de ce cathétérisme ?
Question 7: Quelle est votre conclusion après la réalisation de ce cathétérisme ?
Vous confirmez le diagnostic d’HTP,
probablement en rapport avec l’hypoxémie
Vous confirmez le diagnostic d’HTTP
dysproportionnée
Vous infirmez le diagnostic d’HTP
Algotithme Itinérair Sclérodermie
Itinéraire sclérodermie: exclusion des patients ave c PID sévères
En cas de pathologie infiltrante sévère– N=106– PAPs évaluable=54%– VPP=60%– VPN=44%
Hachulla et al, Arthritis Rheum.2009. 60(6);1831-1839
Arcasoy et al. Am J Respir Crit Care Med 2003
Sarah E. née en 1944 (XII) – Situation en 2008
Mars 2007 Aout 2008
NYHA II/III III/IV
CPT 70% 75%
CVF 70% 69%
DLCO 30% 18%
DLCO/VA 53% 29%
TM6’, m 400 370
Score de Borg 10 6
SaO2 97%→81% 80%→72%
PaO2 / PaCO2, mmHg
76/32 64,5/30
PAPs écho 46mmg 48mmHg
BNP pg/ml (< 100)
82
Angioscanner thoracique:pas d’Embolie pulmonaire
Question 8: Devant ce profil d’aggravation à l’EFR qu’évoquez vous ?
Une aggravation de la PID
Une insuffisance cardiaque gauche
Une hypertension pulmonaire
Question 8: Devant ce profil d’aggravation à l’EFR qu’évoquez vous ?
Une aggravation de la PID
Une insuffisance cardiaque gauche
Une hypertension pulmonaire
Sarah E. née en 1944 (XII)– deuxième KT en 2008
DatePAP S/D (M)
(mmHg)Pcap
(mmHg)RVP
(dynes/cm5/s)DC
(l/min)
08/2003 36/12 (20) 5 197 6,07
08/2008 65/17 (37) 7 428,5 5,60
Absence de réponse au NO
Question 9. Quel est votre diagnostic?
Hypertension artérielle pulmonaire pré-
capillaire modérée
Elevation de la PAP en rapport avec l’hypoxie
Hypertension pulmonaire post-capillaire
Question 9. Quel est votre diagnostic?
Hypertension artérielle pulmonaire pré-
capillaire modérée
Elevation de la PAP en rapport avec l’hypoxie
Hypertension pulmonaire post-capillaire
�Un traitement par O2 et bosentan est instauré
Traitement de l’HTP associée aux PID?
Traitement “spécifiques” de l’HTAP (ETRAs, PDE-5i, prostacyclines) – Absence d’essai contrôlé– Patients avec CPT < 70 % généralement exclus des
essais– Problème de définition de l’HTP associée aux PID
• PID sévère avec HTP légère à modérée (HTP « secondaire »)• HTP sévère dans un contexte de PID, quelle que soit sa
sévérité (lien ou association fortuite ?)
– Safety ?
Question 10. Sarah a de plus en plus de télangiectasies. Cela a-t-il un intérêt dans le contexte de sa pathologie respiratoire?
oui
non
J’ai du me tromper de réunion
Question 10. Sarah a de plus en plus de télangiectasies. Cela a-t-il un intérêt dans le contexte de sa pathologie respiratoire?
oui
non
J’ai du me tromper de réunion
Telangiectases in Scleroderma: A Potential Clinical Marker of Telangiectases in Scleroderma: A Potential Clinical Marker of Telangiectases in Scleroderma: A Potential Clinical Marker of Telangiectases in Scleroderma: A Potential Clinical Marker of
Pulmonary Arterial HypertensionPulmonary Arterial HypertensionPulmonary Arterial HypertensionPulmonary Arterial Hypertension
Shah et al. J Rheumatol 2010Shah et al. J Rheumatol 2010Shah et al. J Rheumatol 2010Shah et al. J Rheumatol 2010
Question N°11: quelle prise en charge non pharmacologique proposez vous à Sarah pour ses
mains ?
Utiliser des dispositifs occlusifs pour protéger certaines surfaces des chocs répétés
Programme personnalisé de kinésithérapie
Franchement, je n’en sais rien, j’ai du me tromper de réunion….
Question N°11: quelle prise en charge non pharmacologique proposez vous à Sarah pour ses
mains ?
Utiliser des dispositifs occlusifs pour protéger certaines surfaces des chocs répétés
Programme personnalisé de kinésithérapie
Franchement, je n’en sais rien, j’ai du me tromper de réunion….
• Education
• Traitement local
• Traitement chirurgical
• Kinésithérapie
• Orthèses
• Ergothérapie
UD mécaniques: prise en charge thérapeutique
UD mécaniques: prise en charge thérapeutique
Eviter les traumatismes des mains
• Port régulier de gants• Eviter les microtraumatismes répétés, les
blessures, les coupures• Adapter le poste de travail• Limiter les comportements à risque, vibrations
ou microtraumatismes• Utiliser des dispositifs occlusifs pour protéger
certaines surfaces des chocs répétés
Sarah E. née en 1944 (XIV)–Situation sous ETRA (1)
Aout 2008 Juillet 2009
NYHA III/IV IV
CPT 75% 53%
CVF 69% 66%
DLCO 18% 25%
DLCO/VA 29% 48%
TM6’, m 370 56 arrêt 1 min
Score de Borg 6 8
SaO2 80%→72% 94%→89%
PaO2 / PaCO2, mmHg
64,5/30Sous O2 90/29 Marche 51/23
PAP S/D (M) (mmHg)
65/17 (37) 99/26 (58)
RVP(dynes/cm5/s)
428,5 1104
DC (l/min) 5,60 3,55
Sarah E. née en 1944 (XVI)–Situation sous ETRA (2)
S’aggrave t’elle en raison de la PID?– Acutisation de la PID: diminution significative des volumes et
majoration des images au TDM
S’aggrave t’elle en raison de l’introduction des ET RA?– Aggravation de l’hématose par modification des rapports V/P sous
ETRA ?
S’aggrave t’elle de son HTP devenue sévère?– Dégradation importante de l’hémodynamique avec
• Baisse du débit cardiaque• augmentation de RVP
S’aggrave t’elle, car progression de l’HTAP et de l a fibrose? – Oui, car dégradation des volumes et TDM et dégradation
hémodynamique
Association ETRA et PDE-5i
Impact des traitements de l’HTAP dans la ScS-PID
Etude rétrospective bi-centrique Clamart/Johns Hopk ins university70 patients sclérodermiques avec HTP-ILD Tous sont traités:– 46 ETRA, 20 PDE-5i, 12 prostacycline IV, 4 inhalée
Suivi moyen 7 ±7 mois– Pas d’amélioration classe fonctionnelle (p=0.56)– Pas d’amélioration de l’index cardiaque ni RVP
Aucun facteur prédictif de réponsePas de différence entre les traitementsFacteur de risque de mortalité aggravation hématose (p=0,04)Aggravation de l’hématose est corrélée à :– Forme diffuse– O2 au départ– DLCO basse
Le Pavec et al, A&R 2011
Question 12. Quels sont les facteur de mauvais pron ostic de Sarah??
L’association HTP et PID
Indication à l’oxygénothérapie en 2008
Dégradation de l’hématose sous traitement
spécifique de l’HTAP
Question 12. Quels sont les facteur de mauvais pron ostic de Sarah??
L’association HTP et PID
Indication à l’oxygénothérapie en 2008
Dégradation de l’hématose sous traitement
spécifique de l’HTAP
Survie HTP -ScS
Survie HTAP isolée HTTP-ScS
1-an 2-ans 3-ans 1-an 2-ans 3-ans p
Condliffe et al,AJRCCM 2009;179:151–7
47% 38% 0.005
Mathai Sc et al,Arthritis Rheum. 2009;60:569–77
87% 79% 64% 82% 46% 39% <0.01
Launay et al, Chest, 2011 71% 47% 0.07
Le Pavec et al, Arthritis Rheum2011
71% 39% 21%
Launay et al. Chest 2011
Conclusion PID dans la ScS
Prévalence importante (90% d’anomalies TDM) mais rares formes sévères (<15%)Souvent stablesFacteur de mauvais pronostic surtout si HTP associé eQui traiter:– PID sévères selon les critères de Goh– PID aggravatives– Les autres?
Comment traiter– EDX: IV, PO– Corticostéroides: doses?– Autres: essais controlés indispensables.
Conclusion - PH-ILD dans la ScS
Moins bon pronostic des HTP-ILD que les HTAP isoléesDiagnostic difficile = définition Bénéfices attendus des traitements spécifiques de l’HTAP?Essais contrôlés indispensables pour évaluer leurs efficacité Place de la transplantation chez ces patients sclérodermiques dans la stratégie thérapeutique