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- Un Peuple - Un But Une Foi MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU PLAN DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET DES POLITIQUES ECONOMIQUES DIRECTION DE LA PREVISION ET DES ETUDES ECONOMIQUES Document d’Etude N°33 Politique Budgétaire et Transformation Structurelle de l’Economie Sénégalaise DGPPE/DPEE/DEPE @ octobre 2015

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Un Peuple - Un But – Une Foi

MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU PLAN

DIRECTION GENERALE DE LA PLANIFICATION ET DES POLITIQUES ECONOMIQUES

DIRECTION DE LA PREVISION ET DES ETUDES ECONOMIQUES

Document d’Etude N°33

Politique Budgétaire et Transformation Structurelle de l’Economie Sénégalaise

DGPPE/DPEE/DEPE @ octobre 2015

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POLITIQUE BUDGETAIRE ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE DE L’ECONOMIE SENEGALAISE

Par Arona BA et Hamat SY1

octobre 2015

Résumé

Cette étude vise à définir les choix budgétaires optimaux devant conduire à la réussite de l'axe 1 du Plan Sénégal Émergent (PSE) relatif à la transformation structurelle de l'économie. En effet, la plupart des pays émergents sont passés par cette phase cruciale de changement structurel qui leur a permis d'atteindre des taux de croissance élevés, de réorienter l'activité économique notamment par une promotion des industries manufacturières et de modifier le profil de leurs exportations. A l'aide d'un MEGC inter temporel et du profil des dépenses d’investissement inscrites dans le PTIP articulé autour du PSE, les résultats ont globalement montré un taux de croissance annuel moyen supérieur de 0,2 point de pourcentage au taux de croissance prévue à moyen terme ainsi qu’une évolution croissante de la productivité totale des facteurs (PTF). Par ailleurs, les objectifs concernant la structure de l’économie, le profil des exportations et le marché de l’emploi seraient globalement atteints, notamment par une forte contribution du secteur secondaire. Mots clés : Transformation structurelle, dépenses publiques, MEGC Classification JEL : L16, H50, D58

Abstract

The aim of this study is to determine the optimal budget choices that should lead to successfully reach the structural transformation of the Senegalese economy. As a matter of fact, most emerging countries have gone through this crucial step of structural change which led them to achieve high growth rates, redirect economic activity in favor of manufacturing industries and also modify exports profile. Using an inter temporal CGE model and simulating a scenario based on government investment expenditure program developed in the PTIP of PSE strategy would lead growth to exceed the expected medium term rate by 0,2 percentage point. TFP would also increase. Moreover, targets on the structure of the economy, exports profile and employment would be globally met in particular thanks to a strong contribution of the secondary sector according as recommended by the PSE. Keys words: Structural change, Public expenditures, CGE model JEL classification : L16, H50, D58

1 Etude réalisée avec l’appui du Projet de Coordination des Réformes Budgétaires et Financières.

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1. Introduction

Le Sénégal ambitionne, à l'horizon 2035, d’intégrer le groupe restreint des pays émergents. A l’origine du concept d'émergence, Van AGTMAEL (1981), économiste à la Société Financière Internationale (SFI), utilisait cette catégorie de pays pour distinguer les Etats en développement qui présentaient un fort attrait pour les investisseurs étrangers des pays exposés à des risques importants. Ainsi, l’avènement des pays dits « émergents », caractérisés par une croissance forte, un faible endettement et un accroissement des Investissements Directs Étrangers (IDE), a reconfiguré le paysage économique mondial.

Pour atteindre le stade d’émergence, l'axe 1 du Plan Sénégal Émergent (PSE) vise la transformation structurelle de l’économie qui permettrait d’atteindre des niveaux de croissance élevés et soutenus à travers notamment la définition de nouveaux secteurs créateurs de richesses, d'emplois, d'inclusion sociale et à forte capacité d'exportation et d'attraction d'investissements privés.

La transformation structurelle désigne généralement une réorientation de l'activité économique des secteurs les moins productifs vers ceux qui sont plus productifs. Elle se manifeste le plus souvent par une évolution de l'économie qui part d’une prédominance du secteur primaire, en passant par un développement du secteur manufacturier et finit par une économie de services. Par ailleurs, ce mouvement s’accompagne d’une baisse progressive de la part de l'emploi dans le secteur primaire. Les pays qui ont réussi l'émergence ont, en effet, expérimenté le processus de transformation structurelle de leur économie. Dans certains pays asiatiques tels que la Corée du Sud, le Taïwan, l’Inde ou l’Indonésie, le processus de transformation structurelle a été déterminant pour l’atteinte du stade d’émergence (Timmer et Szirmai, 2000).

La transformation structurelle de l'économie doit, cependant, s’accompagner d’une bonne politique budgétaire, à travers notamment des choix de dépenses publiques appropriés. Pour rappel, la politique budgétaire désigne l’ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics, à travers les politiques de recettes, de dépenses et d'endettement, afin d’agir efficacement sur l’activité économique et le niveau de vie d’un pays. Les objectifs visés traditionnellement par les utilisateurs de l’instrument budgétaire s'inscrivent dans la même dynamique que ceux du carré magique de Kaldor relatifs au plein emploi, à la stabilité des prix, à la croissance économique et à l’équilibre extérieur. Par ailleurs, selon MUSGRAVE

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(1959), la politique budgétaire poursuit trois principales fonctions relatives à l’allocation des ressources, la redistribution des revenus des agents économiques et la stabilisation de la conjoncture. Plus récemment, la politique de relance keynésienne, quelque peu ressuscitée par la crise financière de 2007-2008 et la récession qui s’en est suivie, a contribué à résorber la conjoncture économique.

Dans les pays en développement, les principales contraintes qui pèsent sur la politique budgétaire sont relatives à une base d’imposition inadéquate, une capacité limitée à collecter les impôts, la dépendance à l’égard du financement monétaire et/ou bancaire, des dépenses publiques inefficaces et, très souvent, des niveaux de dette publique élevés. Plus particulièrement, dans certaines régions d’Afrique subsaharienne, les crises financière mondiale et alimentaire ont eu un impact négatif sur les finances publiques du fait d’une baisse des recettes publiques induite par le repli de l’activité économique et d’une hausse des dépenses notamment celles liées aux subventions destinées à soulager les couches vulnérables de la population face aux effets adverses des chocs de prix. Cependant, les progrès considérables marqués par des taux de croissance élevés en Afrique, sur la dernière décennie, permettent de garder l’espoir d’un accroissement de la marge de manœuvre budgétaire afin d’atténuer les chocs internationaux. En tout état de cause, la politique budgétaire revêt une importance capitale en régime de change fixe. C’est le cas du Sénégal.

Durant la dernière décennie, la situation budgétaire du Sénégal a été marquée par un affaiblissement de la santé des finances publiques dû à une augmentation des dépenses plus rapide que celle des recettes. En effet, une tendance haussière du recouvrement des recettes fiscales a été observée permettant au taux de pression fiscale de passer en moyenne de 17% sur la période 2000-2005 à 18,2% entre 2006 et 2013. Le Sénégal atteint, de ce fait, l’un des taux de pression fiscale les plus élevés de la zone UEMOA. Ces performances en termes de mobilisation de recettes fiscales s’expliquent sans doute par les réformes fiscales entreprises par les autorités, notamment à travers la création du centre des grandes entreprises, la simplification de l’imposition des petites entreprises avec l’introduction de la contribution globale unique (CGU) et la modernisation de l’administration fiscale. En revanche, les dépenses publiques ont fortement augmenté. Le ratio des dépenses publiques sur le PIB est passé de 20,5% en 2000, à 24,5% en 2005 et 26,5% en 2013. Malgré un effort de rationalisation des dépenses courantes de la part des autorités, elles restent supérieures aux dépenses d’investissement dont l’impact sur la croissance reste mitigé comme dans les

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pays de la sous-région. FALL et THIAW (2012) ont montré que 40% des dépenses d’investissements dans l’UEMOA sont improductives. En définitive, le déficit budgétaire en pourcentage du PIB se dégrade, passant de 2,5% sur la période 2001-2006 à 5,2% sur la période 2007-2013, exacerbé par l’effet de la flambée des cours internationaux du pétrole et des produits alimentaires ayant nécessité le déploiement d’un plan d’urgence onéreux. La croissance économique est restée faible, avec notamment des taux moyens de 4,4% sur la période 2000-2005 et 3,4% sur la période 2006-2013.

Pour inverser la tendance, et permettre à l’économie d’exploiter tout son potentiel, le Sénégal cherche à travers sa stratégie d’émergence, à réaliser la transformation structurelle en s’appuyant notamment sur la politique budgétaire. Sur la période de 2014-2018 correspondant aux cinq premières années de la mise en œuvre du PSE, des taux de croissance moyens de 12,4% des recettes et de 10,2% des dépenses sont prévus. L’investissement devrait s’accroître de manière consistante sur la période et ainsi s’écarter de son niveau tendanciel. En outre, le PSE envisage la rationalisation et l’amélioration de la planification et de l’exécution budgétaires afin d’accroître l’efficacité des dépenses publiques.

Ainsi, l’objectif de cette étude est de définir une politique budgétaire permettant de répondre aux défis du PSE, notamment ceux de l’axe 1 qui vise la transformation structurelle de l’économie. L’étude devra permettre de déterminer l’impact d’une réallocation des dépenses d’investissements publics sur les indicateurs de transformation structurelle.

La suite du document se présente comme suit. La section 2 passe en revue la littérature. La section 3 retrace l’historique de la politique budgétaire du Sénégal depuis 1980. La section 4 procède à un benchmarking afin de s'inspirer de l'expérience de certains pays émergents en matière de transformation structurelle. Les faits stylisés sont présentés dans la section 5. La section 6 expose la méthodologie. Les résultats ainsi que leur interprétation sont présentés dans la section 7. Enfin, la section 8 est réservée à la conclusion.

2. Revue de littérature

L’objectif de cette partie est de faire un bref survol des études abordant le thème de la politique budgétaire à travers son impact sur la transformation structurelle des économies. Dans la théorie économique trois positions se dégagent par rapport à l’impact de la politique

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budgétaire sur l’activité économique. Selon la théorie keynésienne, celle-ci peut permettre de stimuler l’activité économique. Par contre, les classiques postulent que la politique budgétaire est inefficace et n’a pas d’impact sur l’activité économique à long terme. Plus tard, on retrouve la nouvelle théorie anti-keynésienne qui soutient que la politique budgétaire de relance peut avoir des effets dépressifs sur l’économie.

De nombreux auteurs ont utilisé les modèles de régression linéaire simple pour étudier la relation qui lie la politique budgétaire à la croissance économique. A cet égard, ODHIAMBO et al. (2013) ont utilisé cette méthode sur des données du Kenya et ont trouvé que le déficit budgétaire a un impact positif sur la croissance de l’activité économique. Par contre, NAJID (2013), en utilisant la même démarche pour le Pakistan, montre que cette relation, bien qu’étant positive, n’est pas significative. Ce qui voudrait dire que dans le cas du Pakistan, la relation entre la politique budgétaire et la croissance économique est relativement neutre. De plus, en effectuant un test de Granger sur ces deux variables, il trouve une causalité bidirectionnelle.

D’autres spécifications telles que les modèles à correction d’erreur (MCE), ont également été utilisées par KONE (2000), KAKAR (2011), EZEABASILI (2012) et MOHANTY (2013). Les deux premiers trouvent un impact positif de la politique budgétaire sur l’activité économique respectivement pour les pays de l’UEMOA et le Pakistan. Par contre, EZEABASILI (2012) a montré que dans le cas du Nigéria, l’effet du déficit budgétaire sur la croissance est négatif. Ce résultat est confirmé par l’étude de MOHANTY (2013) qui montre que le déficit budgétaire agit, à long terme, négativement sur la croissance économique pour le cas de l’Inde.

Cependant, la relation liant la politique budgétaire à la croissance n’est pas toujours linéaire selon certains auteurs. Ainsi, ADAM et al. (2001) ont utilisé un modèle à générations imbriqués (OLG) avec un panel de 45 pays en développement dont le Sénégal pour étudier la relation entre le déficit budgétaire et la croissance. Cette étude trouve un seuil de déficit de 1,5% du PIB. Ainsi, la politique budgétaire est expansionniste si le déficit est inférieur à ce seuil et, en revanche, celle-ci devient récessive pour des déficits plus élevés. TANIMOUNE et al. (2005) ont adopté un modèle à effets de seuil pour les pays de l’UEMOA. Ils montrent que si l’endettement est inférieur au seuil de 83% du PIB, alors la politique budgétaire est keynésienne. Par contre, elle devient non-keynésienne ou anti-keynésienne, dans le cas où

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l’endettement est supérieur à ce seuil. MINEA et al. (2005) trouvent un seuil d’endettement de 90% du PIB pour 19 pays de l’OCDE. DIANE et FALL (2007) ont aussi étudié l’impact de la politique budgétaire sur la croissance économique au Sénégal en utilisant un modèle à seuil. Les auteurs concluent que la politique budgétaire est de nature keynésienne lorsque l’endettement extérieur est inférieur à 69% du PIB. Ce qui n’est pas le cas lorsque l’endettement est supérieur à ce seuil.

L’impact de la politique budgétaire sur la croissance a également été étudié dans un cadre plus global utilisant des modèles d’équilibre général. Ainsi, BRAND (2012) a évalué différentes politiques budgétaires en fonction de la vitesse et de la composition de l’ajustement dans la zone Euro en utilisant un modèle DSGE. L’auteur montre qu’une augmentation des dépenses publiques avec un ajustement rapide accroît la consommation privée. En outre, il indique aussi que les dépenses les plus efficaces pour stimuler la production sont l’investissement public, puis la consommation publique et les transferts vers les ménages vulnérables. MABUGU et al. (2013) ont utilisé un modèle d’équilibre général calculable intertemporel pour évaluer les effets d'une politique budgétaire expansionniste visant à accélérer la croissance économique en Afrique du Sud. Les auteurs montrent que celle-ci aurait un impact temporaire sur le PIB, mais se traduirait par un taux d’endettement plus élevé. Par contre, l’utilisation des impôts pour financer les dépenses supplémentaires permettrait de réduire cet impact, mais nuirait aussi aux variables macroéconomiques. L’augmentation des dépenses d’investissement permettrait de faire croitre le PIB à long terme, quel que soit le mode de financement, et entrainerait une diminution des ratios de la dette et du déficit par rapport au PIB. Ce résultat est expliqué par l’impact positif des infrastructures sur la productivité totale des facteurs.

Une autre approche consiste à recourir au modèle VAR structurel. A cet égard, BIAU et al. (2005) montrent, dans le cas de la France, que les dépenses agissent positivement sur la consommation et l’investissement privés alors que les recettes ont un impact négatif sur l’activité économique et la consommation privée.

Plusieurs auteurs se sont intéressés à la relation qui pourrait exister entre la politique de dépenses de l'Etat et le processus de transformation structurelle de l'économie. La Commission Économique pour l'Afrique (CEA) a étudié, en 2011, les options en matière de politiques industrielles des États africains en vue de leur transformation structurelle. Il

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ressort essentiellement de cette étude que la promotion des pôles de compétitivité industriels et la mise à niveau le long de la chaîne de valorisation agricole ont une importance primordiale pour encourager l’industrialisation et le développement. Par ailleurs, à l'aide d'un MEGC, Breisinger et al. (2007) ont étudié les effets de la croissance accélérée qu'a connue le Ghana sur sa transformation structurelle. De cette étude, il est ressorti essentiellement qu'un taux de croissance de 7,6% est nécessaire pour que le Ghana atteigne le stade de pays à revenu intermédiaire. D'autres auteurs, à l'image de Mc Cullough (2015), ont appréhendé la question de la transformation structurelle sous l'angle de deux de ses éléments constitutifs que sont la productivité du travail et l'allocation du facteur travail spécialement dans le domaine agricole. En effet, la transformation structurelle doit partir de l'agriculture avec la définition de chaînes de valeurs innovantes. Les travaux de Peter Timmer (2007) ont porté sur le rôle que devrait jouer le secteur agricole dans le processus d'une transformation structurelle de l'économie. Dans un processus d'équilibre général, l'auteur montre que, sur une période de 20 ans, une diminution de la part de la main d'œuvre agricole dans la main d'œuvre totale et de celle de la valeur ajoutée agricole dans la valeur ajoutée totale. Cependant, la production agricole augmente en valeur absolue, d'où un accroissement de la productivité du secteur. Chandrasekhar et J. Ghosh (2013) ont analysé l'expérience de pays asiatiques qui ont réussi, à travers des politiques économiques appropriées, la transformation structurelle de leur économie. La principale leçon qui ressort de cette étude est qu'une économie dépendant excessivement des exportations tend à subvertir le processus de croissance. Ainsi, la structure économique à bâtir est celle qui combine les marchés domestique et extérieur. Cependant, des obstacles structurels s'opposent à la transformation structurelle de certaines économies, notamment celles de l'Afrique subsaharienne. Sur cette question, les perspectives économiques régionales du FMI (2012) ont évoqué un ensemble de facteurs bloquants cette transformation. Le Fonds part du constat que la transformation structurelle suit un processus dont le rythme est plutôt lent. Ces facteurs structurels concernent essentiellement le coût des coupures d’électricité, l'insuffisance des infrastructures de transport et l'étendue de la corruption. A l'aide d'un modèle à générations imbriquées, Mourmouras et Rangazas (2008) ont analysé les liens entre la politique fiscale et le développement économique. En effet, l'auteur part du processus de transformation structurelle de certaines économies pour justifier la diminution du coût marginal de la taxation et la hausse des taux de taxation. Le secteur informel est apte à pénaliser l'emploi et la croissance, induire des pertes de recettes fiscales, décourager

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les investissements étrangers, réduire le commerce formel intra régional. C'est en ce sens que Mbaye (2014) s'est particulièrement intéressé au rôle pervers du secteur informel sur la transformation structurelle des pays en développement. Face à ces contraintes structurelles, l'auteur propose des solutions afin de permettre aux entreprises de s'intégrer progressivement dans le secteur formel et d'offrir des emplois de qualité aux populations jeunes et dynamiques des pays les moins avancés. Entre autres solutions, l'auteur propose des politiques d'assistance aux petites entreprises informelles visant à augmenter leur productivité, amener les grandes entreprises informelles à respecter leurs obligations fiscales et réglementaires, et renforcer les capacités des travailleurs.

3. Revue de la politique budgétaire du Sénégal depuis 1980

L’évolution du cadre macroéconomique est affectée par des facteurs extérieurs, mais également par les politiques et réformes budgétaires. C’est la raison pour laquelle, dans cette partie du document, une revue non exhaustive de la politique budgétaire du Sénégal depuis 1980 est présentée.

3.1. Les premières réformes budgétaires avant la dévaluation

La situation économique du Sénégal a été marquée à la fin des années 70 par une série de déséquilibres macroéconomiques principalement expliquée par une conjoncture internationale défavorable, un retour de la sécheresse et une chute des prix des principaux produits d’exportation. Ce qui a abouti à un alourdissement considérable des charges publiques. Ainsi, le Sénégal adopte en 1979 le programme de stabilisation à court terme (1979-1980). Le premier volet de ce programme visait l’augmentation des ressources de l’Etat avec la généralisation de la taxe sur la valeur ajoutée et la simplification du régime douanier avec l’augmentation des taux. Le second volet vise la réduction des dépenses de fonctionnement pour ainsi limiter les emprunts extérieurs de l’Etat. Enfin, concernant les échanges extérieurs, les taxes à l’exportation ont été supprimées pour tous les produits, à l’exception de l’arachide et des phosphates (Diouf, 1992). Ce programme a permis d’atteindre des résultats probants pour ce qui est de la dette et des finances publiques, alors que ceux relatifs aux crédits intérieurs et aux avoirs extérieurs ont été assez décevants.

En 1980, avec l’échec du programme de stabilisation, le Sénégal a mis en place le plan à moyen terme de redressement économique et financier (PREF 1980-1985) pour juguler les

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déséquilibres macroéconomiques. Les objectifs principaux du PREF sont la réalisation de l’équilibre des finances publiques, des échanges extérieurs et du marché de l’emploi, mais également la maîtrise de l’inflation. Les mesures prises dans le cadre de ce programme concernent l’assainissement des finances publiques avec notamment la réduction des dépenses de fonctionnement de l’Etat et des subventions aux denrées de consommation de première nécessité (riz, huile, sucre). Le PREF visait des objectifs relatifs à la réduction du déficit du compte courant avec des mesures protectionnistes pour encourager les exportations. Ainsi, les droits de douanes ont été élevés à 5% et les subventions à l’exportation à 10%2. Aussi, dans le but d’encourager l’épargne et l’investissement, les taux d’intérêts ont été augmentés. Les résultats ont été assez mitigés du fait des rigidités structurelles de l’économie sénégalaise et des aléas climatiques.

Après le PREF, le Plan d’ajustement économique et financier à moyen et long terme (PAMLT, 1985-1992) a été mis sur pied. A l’instar des deux premiers programmes, le PAMLT a eu comme objectif la restauration des équilibres financiers et la création d’une épargne intérieure capable de financer l’investissement. Pour atteindre ces objectifs, les autorités ont mis en œuvre de nouvelles politiques sectorielles comme la Nouvelle Politique Agricole (NPA) qui a cherché à donner aux paysans plus de responsabilités avec la création de groupements de producteurs, mais aussi la Nouvelle Politique industrielle (NPI). Dans le cadre de la NPI, des mesures fiscales et douanières ont été prises à travers la mise en place de nouveaux codes des douanes et des impôts et la révision du Code des investissements et le réaménagement du Code du travail. Enfin, concernant les finances publiques, les mesures ont porté principalement sur la restructuration du secteur parapublic et le redressement des finances publiques avec le gel des dépenses salariales, le blocage du recrutement dans la fonction publique, la suppression des remplacements en cas de départ à la retraite et le maintien des prix du riz et des produits pétroliers à des niveaux très élevés alors que leur cours avait fortement baissé sur le marché mondial. Les résultats sur le plan conjoncturel furent marqués par une inflation maîtrisée, une amélioration des finances publiques avec la réduction du déficit public et du stock des arriérés de paiement. Néanmoins, le taux de croissance économique a continué sur sa tendance au ralentissement et repli jusqu’en 1992.

2 Ces mesures sont censées correspondre à une dévaluation de 15% : la dévaluation figure dans tout

programme d’ajustement, mais le Sénégal étant membre d‘une union monétaire, il ne peut pas procéder à la dévaluation d’une monnaie commune de façon unilatérale (Diouf, 1992).

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Le plan d’urgence de redressement de la situation des Finances Publiques (ou Plan Sakho-Loum 1993-1995) a été adopté par le Sénégal, suite aux difficultés rencontrées avec la baisse du PIB par tête. Ce plan qui n’a pas bénéficié le soutien des institutions de Breton Woods visait la restauration de la capacité financière de l’Etat. Les deux mesures prévues par ce plan ont été un appel ponctuel de fonds à travers un emprunt obligatoire auprès du secteur privé et une réduction permanente des engagements de l’Etat par la baisse des salaires dans la Fonction publique. La mise en œuvre du plan dit Sakho-Loum qui devait durer jusqu’en 1995 sera interrompu avec l’intervention de la dévaluation du franc CFA.

En effet, malgré l’adoption successive des plans d’ajustement, la situation économique et sociale du Sénégal, à l’instar des autres pays de la zone CFA, n’a pas été sensiblement améliorée. Ainsi, pour corriger les déséquilibres macroéconomiques que connaissent ces pays depuis les années 80, le franc CFA a été dévalué de 50%par rapport franc français en janvier 1994.

3.2. Les réformes post-dévaluation

Au lendemain de la dévaluation, le Sénégal a adopté des réformes dans le cadre d’un programme d’ajustement macro-économique et de réformes structurelles en vue de promouvoir une compétitivité élevée et une croissance soutenue et diversifiée. Le premier programme s’appuyait sur une politique budgétaire restrictive, l’approfondissement des réformes structurelles telles que la libéralisation du commerce, la mise en œuvre du tarif extérieur commun (TEC) au sein de l’UMOA, l’assouplissement de la réglementation du travail et la promotion des investissements. Toutefois, ces mesures devaient être accompagnées du développement du secteur privé. Ce programme, appuyé par le Fonds monétaire international (Fmi) dans le cadre de la Facilité d’Ajustement Structurel Renforcée (FASR 1994-1998), sera reconduit sur la période 1998-2000. Les objectifs fixés dans le cadre de ces programmes, notamment, la maitrise de l’inflation au-dessous de 3%, le maintien des déficits du compte courant et budgétaire à des niveaux inférieurs respectivement à 9,8% et 2% ont été globalement atteints. Néanmoins, la croissance n’a été, en moyenne, que de 3,7% sur la période 1994-2000 contre la cible de 4,5% à 5% (Boye et al., 2010).

A partir de 2000, les politiques économiques du Sénégal ont commencé à prendre de plus en plus en compte le volet social. En effet, avec la détérioration des conditions de vie des

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populations et de l’avancé de la pauvreté, le troisième accord au titre de la FASR a été transformé en Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (FRPC 2000-2002) avec comme document cadre le « Document de Stratégie de réduction de la Pauvreté et de Croissance » (DSRP). Ainsi, la réduction de la pauvreté qui passe par l’augmentation du revenu par tête dans le cadre d’une croissance forte, équilibrée et mieux répartie constituait, entre autre, l’objectif principal de ce programme. En 2003, ce programme a été reconduit sur la période 2003-2005 et a vu la définition du « Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté, DSRP » comme document cadre de ce programme. Son évaluation a montré que les résultats ont été plus probants sur la deuxième période. En effet, la croissance a été en moyenne de 6,1% entre 2003 et 2005, contre un taux de 2,8% entre 2000 et 2002 et l’inflation s’est établie à 0,5% dans la seconde période, contre 2,0% pour la première période. S’agissant de la situation des finances publiques et du compte courant, elles sont caractérisées par un déficit plus élevé entre 2003 et 2005 comparé à ceux enregistré sur la période 2000-2002. De manière générale, les résultats ont été jugés satisfaisants. C’est dans ce contexte que le deuxième DSRP 2006-2010 a été mis en œuvre et couplé à la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA). Ces programmes ont eu le soutien des institutions de Bretton Woods. Par la suite, grâce à un cadre macroéconomique sain, le Sénégal devient éligible à l’Instrument de Soutien à la Politique Economiques (ISPE) et décide de s’inscrire à ce programme pour une période de trois (3) ans. Les politiques économiques et financières du Sénégal, pour la période 2007-2010 soutenues par l’ISPE visaient essentiellement la stabilité macroéconomique, la mise en place des bases nécessaires à une croissance soutenable, la réduction de la pauvreté et l’approfondissement des réformes budgétaires et du secteur financier. Une politique budgétaire prudente était la principale mesure du fait de la dégradation des finances publiques entre 2003 et 2006. Les résultats de ce programme ont été assez mitigés principalement dans un environnement international difficile, qui a affecté négativement l’économie sénégalaise. En effet, la croissance économique s’est établie à moyenne à 3,5%, l’inflation à 2,7%, le solde budgétaire global à -4,5% et celui du compte courant à -8,1%.

Le second programme économique et financier du Sénégal soutenu par l’ISPE 2010-2013 visait essentiellement à mener une politique prudente en matière de finances publiques et d'endettement, à accroître les recettes en vue de dégager une plus grande marge de manœuvre budgétaire pour financer les dépenses prioritaires, à poursuivre le renforcement

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de la gestion des finances publiques et de la gouvernance et à favoriser le développement du secteur privé3. Pour atteindre ces objectifs fixés dans la nouvelle politique économique, financière, les autorités ont pris la décision de mener une politique budgétaire saine, qui passe par un accroissement des recettes publiques et une amélioration de la qualité des dépenses. Ce qui devrait permettre de dégager une marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour financer l’investissement dans les infrastructures. Les résultats enregistrés dans le cadre de ce programme ont été assez mitigés. En effet, les niveaux de croissance (3,7% en moyenne sur la période 2010-2014) n’ont pas permis de réduire de manière conséquente les niveaux de la pauvreté et du chômage. Le nouvel ISPE 2015-2017 cherche à consolider les acquis en matière de cadre macroéconomique mais accorde davantage d’importance à la croissance à travers la levée des contraintes économiques et financières pour stimuler le potentiel de croissance.

Les politiques économiques et financières entreprises par le Sénégal depuis les années 1980 n’ont pas globalement abouti aux résultats escomptés. En effet, le Sénégal reste caractérisé par des niveaux de croissance économique faible (en moyenne 3,9% entre 2000 et 2013) et des taux de pauvreté (46,7%, ESPS en 2011) et de chômage (10,2%, ESPS 2011) élevés. La mise en œuvre du PSE intervient également suite à une période marquée par une croissance économique modeste avec pour ambition de placer le Sénégal sur une trajectoire d’émergence.

4. Benchmarking de la transformation structurelle

Le développement économique s’accompagne d’une transformation structurelle qui remodèle l’architecture économique dont le centre de gravité se déplace du secteur primaire vers le secteur secondaire puis vers le secteur tertiaire (Chenery, 1979). A ce titre, comprendre les tendances majeures de ce processus pourrait passer par une analyse de la trajectoire de diverses économies à divers stades de développement dans le temps. Cette analyse comparative pourra ainsi permettre une bonne appréciation de la dynamique et des ruptures structurelles et une identification des mécanismes explicatifs.

L’approche traditionnelle de mesure de la transformation structurelle est privilégiée dans ce qui suit, à savoir la dynamique intersectorielle de l’activité économique, de l’emploi et de la convergence en matière de productivité. Une approche alternative mettrait plutôt l’accent

3 Mémorandum sur les politiques économiques et financières

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sur des aspects sociaux, comme l’urbanisation ou la transition démographique. Mais loin d’être mutuellement exclusives, les dynamiques économiques et sociales tendent à évoluer en phase, et privilégier ainsi une approche unidimensionnelle qui renseignerait valablement sur le profil général de transformation structurelle au même titre qu’une analyse multidimensionnelle.

Cette section offre donc une analyse (statistique)4 des faits canoniques de la transformation structurelle en termes de répartition sectorielle de l’activité économique, de l’allocation des ressources (main d’œuvre) et de la productivité du travail.5 Les origines de cette dernière sont également analysées, ainsi que l’évolution d’un indice de transformation structurelle et de ses différentes composantes. Il est d’abord considéré une vue d’ensemble à travers le monde suivant le classement de la Banque Mondiale basé sur le niveau de maturité générale de l’activité économique. Puis il est analysé l’expérience de pays relativement proches du Sénégal du point de vue économique. Le rôle potentiel des Etats à travers leurs choix stratégiques en matière de dépenses est également mis en relief.

4.1. Transformation structurelle à travers le monde : une vue d’ensemble

La classification de la Banque mondiale considère trois grandes catégories suivant le niveau faible, intermédiaire ou élevé du revenu par habitant. En dépit d’une hétérogénéité évidente intra-catégorie au regard de plusieurs aspects sommes toutes pertinents (dotations naturelles, profil institutionnel, etc.), cette classification a le mérite de renseigner sur la dynamique d’ensemble de l’architecture économique, le degré de complexification de l’activité économique et le profil de long terme de croissance et de développement.6

Le Graphique 1, ci-dessous montre l’évolution de la structure de l’activité économique à travers la part relative des secteurs dans la valeur ajoutée globale pour les trois groupes de pays.

4 D’autres approches méthodologiques de détermination de scenario devant servir de benchmark repose sur une modélisation théorique ou empirique ou une combinaison des deux. Etant donné que ces exercices théoriques et empiriques confirment avec succès les faits stylisés obtenus à partir d’une analyse statistique, cette étude met l’accent sur cette dernière approche méthodologique. 5 Outre ces éléments d’offre, la transformation structurelle peut également être mesurée à partir de la composition sectorielle de la demande finale. Faute de données suffisamment désagrégées et longues, l’analyse se focalise sur les premiers éléments, sans perte de généralité. 6 Plusieurs études adoptent une telle approche de classification pour faire ressortir les tendances majeures de la transformation structurelles (voir par exemple Herrendorf et al. (2013) ou encore Dabla-Norris et al. (2013)).

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Graphique 1 : Part sectorielle de la valeur ajoutée (en %) suivant les catégories de pays

Source : Calculs des auteurs, à partir des indicateurs de développement de la Banque mondiale

Il ressort clairement de ce panel un premier fait canonique majeur de la transformation structurelle : en passant des pays à revenu faible aux pays à revenu intermédiaire puis aux pays à revenu élevé, le centre de gravité de l’activité économique domestique se déplace du secteur primaire (principalement l’agriculture) vers le secteur industriel (en particulier, manufacturier) puis vers le secteur tertiaire des services, en phase avec une tendance historique que l’on retrouve dans la littérature (voir Herrendorf et al. [2013] ou encore Broadberry et al. [2011] pour une perspective de plus long terme).

Il apparait ainsi que les pays classés en 2014 dans la catégorie des revenus faibles (parmi lesquels figurent les pays les plus pauvres et les pays les moins avancés – PMA) n’ont pas réussi un bouleversement significatif de la composition sectorielle de l’activité économique. Jusqu’au tournant du dernier siècle, les secteurs agricole et des services semblaient contribuer de façon égalitaire à l’activité globale. Par la suite, il est survenu un léger transfert du poids de création de richesse du secteur agricole au secteur des services. Pour l’essentiel de ces pays, on assiste ainsi à une « tertiarisation » de l’économie. La contribution du secteur industriel semble stagner loin derrière celle des deux premiers secteurs. C’est dire que la transformation structurelle est bi-sectorielle, car excluant le secteur des industries.

A l’opposé, les pays à revenu intermédiaire (parmi lesquels figure la plupart des économies émergentes) et ceux à revenu élevé connaissent une recomposition sectorielle de l’activité économique avec une chute de la part des secteurs primaire et secondaire au profit du secteur tertiaire. Le gain de ce dernier secteur semble plus provenir du recul de l’agriculture dans les pays à revenu intermédiaire, alors que dans les économies avancées, il est la

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résultante d’un recul du secteur industriel, l’activité agricole n’offrant plus suffisamment de marge en termes de création de richesse.

En définitive, la transformation structurelle telle que représentée par l’évolution du poids relatif de l’agriculture dans la valeur ajoutée totale semble indiquer une forme en « S » renversé : la hausse du revenu s’accompagne d’abord d’une stagnation relative du poids du secteur à des niveaux relativement élevés, puis d’une baisse à un rythme d’abord accéléré puis décéléré, et enfin d’une stagnation à des niveaux relativement bas. Ce résultat majeur se retrouve dans quasiment tous les travaux offrant une modélisation théorique ou empirique de la transformation structurelle (voir par exemple Clarke [1957], ou plus récemment Herrendorf et al. [2013]). Mais la forme particulière de la trajectoire non-linéaire n’est pas un résultat courant de la littérature économétrique qui pour l’essentiel privilégient des spécifications linéaires dans les modèles de régression.

Graphique 2 : Part de l’emploi agricole (%) et productivité du travail agricole (PPP $1990)

Source : Calculs des auteurs, à partir des Indicateurs de développement de la Banque mondiale

Ce rôle économique décroissant de l’agriculture peut également être observé à travers un examen de l’allocation sectorielle des ressources, plus particulièrement la main d’œuvre. Le Graphique 2 montre d’une part le poids du secteur dans la distribution de l’emploi et d’autre part la productivité sectorielle du travail.

Il apparait ainsi que la baisse du poids de l’agriculture dans la valeur ajoutée totale s’accompagne d’une redistribution de la main d’œuvre au détriment du secteur qui à terme perd son rôle de premier pourvoyeur d’emploi dans l’économie. En effet, en passant à des catégories de revenu de plus en plus élevés, la part de l’emploi utilisé dans le secteur

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Productivité agricole

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agricole baisse. Cette chute est cependant moins marquée que celle de la contribution du secteur dans la valeur ajoutée indiquée plus haut. La réallocation sectorielle de l’activité économique apparait donc plus rapide que celle de la main d’œuvre. En outre, cette dynamique comparée de la distribution sectorielle de la main d’œuvre et de la valeur ajoutée suggère ainsi que le processus de transformation structurelle est le plus souvent accompagnée à un moment donné d’une hausse relativement accélérée de la productivité du travail dans le secteur agricole au fur et à mesure que le revenu augmente, hausse dont pourraient éventuellement bénéficier le reste de l’économie, comme suggéré par le modèle dual de Lewis.

La hausse de la productivité du travail dans l’économie pourrait donc provenir de performance intra-sectorielle et d’une meilleure allocation de la main-d’œuvre qui est indicatrice de la transformation structurelle de l’économie. Considérons à cet effet la formule suivante qui lie la performance d’ensemble de l’économie et la transformation structurelle, grâce à une combinaison de gains de productivité sectorielle et d’une réallocation intersectorielle de la main d’œuvre :

représente la variation de la productivité du travail au niveau de l’économie sur la période de durée , la productivité du travail dans le secteur i et la part sectorielle dans l’emploi total. Le gain de productivité de l’économie provient ainsi d’une efficacité accrue au sein des secteurs (premier terme) et d’une meilleure allocation intersectorielle de la main d’œuvre (second terme). Cette dernière donne toute la mesure de la transformation structurelle de l’économie qui, comme indiqué plus haut, renseigne sur le mouvement des facteurs à la base d’une redistribution sectorielle plus efficiente de l’activité économique. Le Graphique 3 indique comment ce processus se matérialise d’un groupe de pays à l’autre, et partant, comment son ampleur varie au fur et à mesure que l’économie se développe.

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Graphique 3 : Tendance de la transformation structurelle des économies 1990-2014 (variation de la productivité du travail, PPP $1990)

Source : Calculs des auteurs, à partir des indicateurs de développement de la Banque

mondiale

Il en ressort que l’intensité relative du processus de transformation structurelle diminue avec le revenu. En effet, la redistribution de la main-d’œuvre d’un secteur à l’autre contribue au gain de productivité global à hauteur de 39,2 % pour les pays à revenu faible. Cette contribution chute de près de la moitié pour s’établir à 18,2 % pour les pays à revenu intermédiaire. Elle devient nulle, voire négative pour les pays à revenu élevé. Le potentiel de gain de productivité associé à la transformation structurelle est donc d’autant plus élevé que l’économie est à un stade relativement bas de développement et en proie à des distorsions structurelles variées dans l’allocation des ressources productives. Diverses interventions publiques qui réussiront à libérer l’économie de ces contraintes vont ainsi contribuer à enclencher le processus de transformation. Le gain de productivité issu de la transformation structurelle sera ainsi quasiment épuisé lorsque l’économie aura atteint un niveau de développement très avancé, correspondant à une maturité du schéma structurel de l’activité économique qui reflète au mieux un alignement de la distribution sectorielle des ressources à la productivité relative des secteurs.

En définitive, il peut être retenu les faits canoniques suivants qui sont caractéristiques du processus de transformation structurelle d’une économie typique :

(i) Le processus de croissance de long terme s’accompagne inexorablement d’une recomposition du schéma de création de richesse qui voit baisser la part de l’agriculture dans la valeur ajoutée totale.

(ii) Le profil de cette baisse relative du poids du secteur primaire est loin d’être linéaire : d’abord une stagnation à des niveaux élevés, ensuite une chute rapide, puis de

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nouveau une stagnation à des niveaux relativement bas tout au long de la trajectoire de croissance.

(iii) Au cours de ce processus de transformation structurelle, la redistribution sectorielle de l’emploi suit le même schéma que celui de la valeur ajoutée, mais à un rythme plus lent, suggérant ainsi une hétérogénéité sectorielle croissante du point de vue de la productivité du travail.

(iv) Au profit de cette meilleure efficacité dans la réallocation des ressources productives, la productivité du travail augmente à l’échelle de l’économie nationale.

(v) La transformation structurelle n’est pas nécessairement défavorable à l’agriculture : la productivité du travail dans le secteur ne baisse pas : au mieux, elle tend à stagner.

(vi) Les gains de productivité associés à la transformation structurelle sont plus importants dans les premières phases de croissance, et ils s’épuisent lorsque l’économie atteint un stade de développement très avancé.

Ces faits stylisés sont pour l’essentiel en conformité avec la littérature, notamment dans les travaux de Dabla-Norris (2013) et de Bah (2011). L’hétérogénéité des parcours de développement et donc de transformation structurelle amène à analyser de façon plus détaillée les expériences de pays de référence du point de vue de leur proximité économique au pays cible.

4.2. Transformation structurelle dans des pays de référence

Cette partie offre une base de comparaison plus proche de l’économie Sénégalaise. Il est considéré les pays qui, comme le Sénégal, étaient des pays à revenu faible en 1994. Cette année marque le point de départ de l’expérience nationale de croissance économique durable. Suivant les trajectoires de croissance, il est retenu trois catégories de pays : (i) les pays considérés comme des « échecs » relatifs car n’ayant pas réussi à sortir de cette catégorie de revenu faible en 2014 ; (ii) les pays exemples de « réussite modérée » qui ont connu une croissance et une transformation structurelle à même de les propulser dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire catégorie inférieure (et pour beaucoup, de sortir du groupe des pays les moins avancés – PMA) ; et (iii) les pays à « réussite majeure », qui ont réussi à rejoindre en moins de deux décennies de croissance et de transformation structurelle la catégorie supérieure du groupe de pays à revenu intermédiaire, et dont le rythme, pour peu qu’il soit continu, pourrait à brève échéance faire d’eux des pays à revenu élevé.

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Graphique 4 : Répartition sectorielle de la valeur ajoutée (en %), par groupe de référence

Source : Calculs des auteurs, à partir des indicateurs de développement de la Banque mondiale

Le Graphique 4 montre l’évolution sectorielle de la valeur ajoutée dans ces trois groupes de pays. Pour les pays considérés comme des « réussites majeures », le processus de transformation structurelle est matérialisé par une baisse plus rapide du poids du secteur primaire dans la valeur ajoutée totale. Sur la période considérée, la contribution du secteur est passée de 34,3 à 12,2 %, soit une baisse de 22,1 points de pourcentage, contre 12,5 points pour les « réussites modérées » et seulement 4,3 points pour les « échecs ». Au profit de ces évolutions différenciées, le poids sectoriel est devenu le moins important pour les « réussites majeures » et toujours le moins important pour les « echecs ». Pour ces derniers, la composition structurelle de l’activité économique semble ne plus évoluer à partir de 2004. En moyenne, pour ce qui est des deux autres groupes de réussite, le recul significatif de l’agriculture a bénéficié pour l’essentiel au secteur des services dont la dominance est de plus en plus marquée, et de façon moindre au secteur des industries.

Le schéma de transition d’un groupe de pays à un autre traduit ainsi un des faits canoniques du processus de transformation structurelle mis en évidence plus haut : la baisse du poids du secteur primaire est irrégulière, et elle bénéficie d’abord au secteur industriel puis au secteur des services.

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Graphique 5 : Répartition sectorielle de l’emploi (en %), par groupe de référence

Source : Calculs des auteurs, à partir des indicateurs de développement de la Banque mondiale

Le Graphique 5 indique l’évolution de la répartition sectorielle de l’emploi. L’examen des trois groupes révèle que la baisse du poids relatif du secteur primaire dans l’emploi global accompagne le processus de transformation structurelle, bien que le rythme ne soit pas uniforme. En effet, le secteur voit son rôle de premier pourvoyeur d’emplois s’éroder de façon continue pour le premier groupe de pays (« échecs »), puis ce rôle est de plus en plus contesté avec succès dans les phases de dynamique plus soutenue de l’activité économique faisant passer le pays de la catégorie inférieure à la catégorie supérieure des revenus intermédiaires. En outre, pour le groupe de pays qui sont des « réussites majeures », le mouvement intersectoriel de la main d’œuvre semble moins irrégulier, ce qui laisse supposer qu’un processus relativement accéléré de transformation structurelle n’est pas nécessairement chaotique encore moins source d’instabilité de l’activité économique.

Graphique 6 : Productivité du travail (PPP $1990), par groupe de référence

Source : Calculs des auteurs, à partir des indicateurs de développement de la Banque mondiale

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Le Graphique 6 indique l’évolution sectorielle de la productivité du travail. Elle est d’autant plus importante, aussi bien en niveau qu’en rythme d’évolution, que la transformation structurelle est rapide. Tous secteurs confondus, elle a été multipliée par près de 4 sur la période 1994-2012 pour les « réussites majeures », soit 8 % en rythme annuel. Pour les « réussites modérées », la hausse est en moyenne de 2 % par an, et pour les « échecs » de seulement 0,5 % par an. La composition structurelle de la productivité semble également évoluer différemment. En effet, pour les « échecs », la contribution du secteur agricole dans la productivité globale a augmenté (elle est passe de 46,6 % en 1994 à 70,6 % en 2012), alors que dans les deux autres groupes de pays, elle a connu un recul (de plus de 66 % à moins de 40% sur la même période). Ainsi, les pays qui se sont transformés plus rapidement, aussi bien du point de vue de la distribution sectorielle de l’activité économique que celle de l’emploi, ont engrangé des gains économiques plus considérables en termes de productivité et de croissance.

Graphique 7 : Transformation structurelle (variation de la productivité du travail, PPP $1990)

Source : Calculs des auteurs, à partir des indicateurs de développement de la Banque mondiale

Le Graphique 7 renseigne sur la contribution de la réallocation intersectorielle de la main-d’œuvre sur la productivité du travail à l’échelle de l’économie nationale. En termes absolus, le transfert du facteur d’un secteur à un autre a généré un gain plus important en termes de supplément de productivité pour les « réussites majeures » que dans les deux autres catégories de pays. Le graphique révèle également un gain de productivité pour les pays qui n’ont pas connu un processus de croissance soutenue (« échecs »). Ce gain est davantage attribuable à une redistribution relativement importante de la main d’œuvre qu’au niveau de productivité des secteurs qui est resté faible et a évolué très peu sur la période. Pour ce qui est des pays à « réussite modérée », le faible gain associé à la transformation structurelle résulte en grande partie d’une composition sectorielle relativement stable de la main

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d’œuvre, ce qui explique également que tout le gain de productivité à l’échelle de l’économie est quasi-exclusivement d’origine intra-sectorielle.

En définitive, les fortunes diverses de ces pays qui au départ (1994) étaient classés pour l’essentiel parmi les économies les plus en retard dans le monde, restent tributaires du potentiel productif des secteurs ainsi qu’au rythme de bouleversement de l’architecture de l’activité économique. Les pays qui ont réussi un rythme plus élevé de transformation structurelle ont connu une baisse plus accélérée du poids économique du secteur primaire en termes de part dans la valeur ajoutée totale qui finit par ne plus être le plus gros pourvoyeur d’emplois, tout en réussissant à augmenter la productivité de ce secteur. La résultante de ce processus fut une hausse plus impressionnante de la productivité du travail à l’échelle de l’économie et une croissance économique plus soutenue qui ont fini par propulser ces pays à la catégorie supérieure du groupe des pays à « revenu intermédiaire » en moins de deux décennies.

4.3. Transformation structurelle et dépenses publiques : quelques leçons d’expériences nationales

Parmi les pays « à réussite majeure » figure la Chine qui jusqu’en 1999 était un pays à revenu faible, avec en 1994 un PIB par tête ($ constants de 2005) seulement supérieur de 12 % à celui du Sénégal. Durant les deux dernières décennies, la croissance économique s’est établie en moyenne à 9,6 % par an et la productivité du travail à l’échelle de l’économie a été plus que quadruplée (multipliée par 4,4). Ces performances ont fini par propulser le pays au rang de la seconde économie du monde, et le PIB par tête est de devenu 4,8 fois plus élevé que celui du Sénégal. Cette croissance rapide fut accompagnée d’une transformation structurelle relativement soutenue, avec d’une part un recul significatif du poids économique de l’agriculture de près de la moitié pour s’établir à 9,2 % de la valeur ajoutée totale, et d’autre part un rapide mouvement intersectoriel de la main d’œuvre qui a vu la part de l’agriculture dans l’emploi chuter de 10 points à 34,8 % en 2011, au profit de l’industrie (+ 6,8 points à 29,5 %) et des services (+ 12,7 points à 35,7 %).

Au cœur des réformes ambitieuses entreprises par le pays depuis la fin des années 1970 furent la libéralisation graduelle des marchés (dans une moindre mesure celui des capitaux de court terme) et l’ouverture extérieure. La transition d’une économie planifiée à une économie de marché fut marquée par des réformes structurelles qui ont réduit le poids de l’Etat dans l’appareil productif et réussi à libérer le travail du secteur rural agraire au profit

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des centres urbains industriels. Un autre facteur important fut les transferts de technologie et du savoir-faire qui fut à la base d’une hausse substantielle de la productivité totale, d’un doublement de la taille de l’économie toutes les 7-8 années, et d’une convergence à un rythme jusque-là inégalée vers les économies avancées (Yueh, 2013).

L’effort public apparait aussi à travers le volume croissant des dépenses publiques qui ont connu une hausse en moyenne annuelle de 8,6 % sur la période, mais également leur rationalisation au regard de l’objectif de forte croissance. Ce dernier a amené à privilégier un investissement massif dans les infrastructures économiques, mais également dans l’accumulation du capital humain, en particulier l’éducation. La part du budget qui va dans l’éducation est des plus importante au monde, soit 16,3 %, comparée à 13,8 % aux Etats-Unis ou encore 12,1 % dans les pays de l’OCDE.7 L’économie s’est ainsi dotée d’une main d’œuvre qualifiée à même d’adsorber la technologie étrangère, d’embrasser des secteurs d’activité à fort potentiel de gain de productivité, et également de faciliter la réallocation de la main d’œuvre de secteurs peu productifs et moins demandant en qualification (e.g., agriculture) vers des secteurs relativement plus intensifs en main d’œuvre qualifiée (industrie par exemple). C’est dire que le processus transformation structurelle devrait bénéficier d’un effort budgétaire à la fois soutenu et constant en termes de volume mais également en termes de structuration à même de libérer tout le potentiel créatif de l’économie et de la population.

L’importance du caractère constant de cet effort budgétaire est davantage illustrée par la Thaïlande dont le processus relativement rapide de transformation structurelle de son économie a connu une décélération dans les années 2000 (Klyuev, 2015). Outre la hausse des prix des produits agricoles sur les marchés mondiaux sur la période, une série de politique budgétaire a également contribué à accroitre le rendement du secteur agricole et freiner le mouvement de sortie de la main d’œuvre agricole vers les autres secteurs. En effet, en 2001, le gouvernement a introduit une politique de soutien du prix du riz au-delà de son niveau sur les marchés mondiaux. Cette croissance artificielle de la rentabilité du secteur ont été des incitations à l’accroissement de la part de la main d’œuvre agricole dans l’emploi global. Ces politiques de soutien se sont étendues à d’autres spéculations comme le sucre et le bois, et éventuellement leur assouplissement à la fin de la décennie à coïncidé à un regain de dynamisme du processus de transformation structurelle. Autant dire que les signaux et

7 Source: OCDE, 2011 (http://www.oecd.org/education/skills-beyond-school/48677215.pdf,

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incitations auxquels répondent les individus ne devraient point être brouillés par des distorsions associées à certains choix budgétaires, au rythme d’effacer les gains de productivité associés à la réallocation de la main d’œuvre.

A l’extrémité opposée, un pays comme la Tanzanie demeure encore dans la catégorie des pays à revenu faible (groupes des « échecs »). Le processus de transformation structurelle n’y a pas réussi à réduire significativement le poids économique du secteur primaire, comme du reste dans la plupart des pays africains où le processus semble bloqué dans les années 1990 (Rodrik et McMillan, 2011). La valeur ajoutée du secteur est toujours importante, avec une part de 31 % en 2014. Le secteur occupe plus de 2/3 de la main d’œuvre, contre plus de 4/5 en 2001. Le mouvement relativement faible de la main d’œuvre hors du secteur agricole moins productif n’a pas favorisé la productivité du travail à l’échelle de l’économie nationale, qui n’a évolué que de 2,2 % en rythme annuel. Sur une échelle temporelle plus longue, le pays a connu une inversion de la trajectoire de transformation structurelle du début des années 1980 jusqu’au milieu des années 1990, et ce n’est qu’à partir de cette date que le secteur manufacturier a recommencé à croitre en termes de part, sans avoir pour autant encore regagné son niveau des années 1970 (Dabla-Norris et al., 2013).

Cette évolution structurelle de l’économie fut accompagnée d’un profil défavorable des dépenses publiques, marqué par des baisses périodiques et une volatilité importante. De 1994 à 1999, les dépenses publiques ont baissé en moyenne annuelle de 9,4 %, et il est très vraisemblable que ces arbitrages budgétaires aient le plus pénalisé l’une des composantes les plus flexibles du budget, à savoir les dépenses en capital, par opposition aux dépenses courantes relativement très peu compressibles. En outre, cette volatilité a également affecté le secteur de l’éducation : 24,1% en 2001, 16% en 2002, 22% en 2006 et 19,6% en 2010. Cette volatilité n’est pas de nature à traduire une réelle volonté publique d’amélioration du profil de la main d’œuvre, compromettant ainsi le potentiel d’absorption de la main d’œuvre agricole par le secteur industriel, et partant le processus réussi de transformation structurelle de l’économie de ce pays typique qui continent.

En définitive, les choix d’orientation budgétaire des Etats sont au cœur du processus de transformation structurelle et de croissance économique. Ce processus est d’autant plus rapide que les orientations en matière de dépenses mettent l’accent sur le capital infrastructurel et le capital humain (éducation en particulier), en plus de la réduction des distorsions dans le fonctionnement des marchés et des signaux qu’ils envoient aux

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travailleurs et entrepreneurs. L’infrastructure physique devrait contribuer à réduire les goulets d’étranglement qui freinent la libre expression de tout le potentiel productif des secteurs, alors que le capital humain contribuerait à aligner le profil de la main d’œuvre mobile aux exigences de qualification des secteurs d’accueil (comme l’industrie). En plus des volumes, ces efforts budgétaires devraient s’inscrire dans la durée et être accompagnés de réformes visant un fonctionnement harmonieux des marchés domestiques, avec relativement moins de distorsions qui entraveraient la libre expression des tendances sectorielles majeures.

5. Transformation structurelle au Sénégal

Comme rappelé plus haut, l’année 1994 fut le début de l’expérience ininterrompue d’expansion du PIB. Le taux est en effet redevenu positif depuis lors, avec une moyenne annuelle de 3,8 %. Mais le rythme de croissance s’est considérablement ralenti à partir de 2005, passant d’un taux de 4,1 % à un taux de 3,1 %, ce qui n’a tout de même pas empêché le pays de passer en 2009 du groupe des revenus faibles à la catégorie inférieure des revenus intermédiaires. L’ambition du Plan Sénégal Emergent (PSE) d’un doublement du taux de croissance à plus de 7 % devrait passer par une amélioration du profil structurel de l’économie en référence aux groupes de pays définis plus haut.

Graphique 8 : Distribution sectorielle de la valeur ajoutée (%), de l’emploi (%) et de la productivité (FCFA1990) au Sénégal

Source : Calculs des auteurs, à partir de données de l’ANSD

Le Graphique 8 offre les premiers éléments descriptifs du schéma structurel de l’économie, à savoir la distribution sectorielle de la valeur ajoutée, de l’emploi et de la productivité du travail. L’agriculture a la plus faible contribution à la valeur ajoutée totale (moins de 20%),

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FCFA

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1995 2000 2005 2010 2015

Agric. Ind.

Serv.

Productivité

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mais continue d’occuper une part plus importante de la main-d’œuvre (près de la moitié), ce qui explique sa plus faible productivité relative. Cette dernière a peu évolué sur l’ensemble de la période, en raison de la dynamique similaire de baisse de la contribution du secteur à la valeur ajoutée et l’emploi. Un profil quasi-identique, mais dans le sens d’une hausse, est à l’origine de la quasi-stagnation de la productivité du travail dans le secteur des services. Pour ce qui est de l’industrie, elle a connu une hausse importante de la productivité du travail, qui est toutefois allée de pair avec une stagnation de sa contribution à la valeur ajoutée et l’emploi. Le processus de transformation, à travers la redistribution de l’activité et la réallocation de l’emploi, semble ainsi avoir concerné le secteur agricole et le secteur des services, à l’exclusion du secteur industriel qui pourtant apparait comme le moteur principal de la hausse de la productivité du travail à l’échelle de l’économie.

Graphique 9 : Variation de la productivité du travail par sous-secteur (ratio 2012/1994)

Source : Calculs des auteurs, à partir de données de l’ANSD.

Cette approche sommes toutes agrégée peut bien masquer des disparités intra-sectorielles. Le Graphique 9 renseigne sur la distribution de la productivité du travail dans les sous-secteurs. Sur une quarantaine de sous-secteurs répertoriés, il est mis l’accent sur ceux qui sont dans les deux extrémités en termes d’évolution (positive et négative) de la productivité du travail. Parmi les sous-secteurs les plus performants figurent en bonne place les branches d’activités industrielles, comme la fabrication de machines, de produits en caoutchouc ou de papier ou encore le raffinage de pétrole. Certaines activités autour des services comme les télécoms ou l’immobilier ont également connu un gain de productivité très substantiel. La distribution de l’emploi montre cependant très peu de mouvement en direction de ces sous-secteurs : les flux, pour la plupart négatifs, sont insignifiants, et les parts dans l’emploi total

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5

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ont varié en points de pourcentage de -0,14 (postes et télécoms) à 0,04 (fabrication de verre et poterie)

A l’opposé, parmi les sous-secteurs qui ont connu une baisse de la productivité du travail figure le commerce : le niveau de 2012 est près de 60 % de celui de 1994. Cependant, sa part dans la main-œuvre a connu l’augmentation la plus importante, avec près de 12 points, pour s’établir à 26,1 % de l’emploi total. Cette branche constituerait le pourvoyeur d’emploi en dernier ressort pour une part importante de la population ne pouvant pas s’insérer dans les autres branches d’activités. Cette analyse détaillée offre néanmoins très peu d’indications sur la dynamique d’ensemble de l’activité économique et la distribution de la main d’œuvre.

Graphique 10 : Evolution de la transformation structurelle au Sénégal

Source : Calculs des auteurs, à partir de données de l’ANSD.

Le Graphique 10 retrace l’évolution structurelle de l’activité économique. Jusqu’à la fin des années 1990, le processus de transformation structurelle était relativement erratique, avec comme conséquence une contribution relativement volatile dans la productivité du travail de la transformation structurelle matérialisée par une réallocation intersectorielle de la main d’œuvre. Mais par la suite, sa contribution est devenue plus régulière, et à partir de 2005, elle est redevenue la source la plus importante de gain de productivité (la seule à partir de 2008). L’économie a donc gagné plus de productivité à partir d’un mouvement de la main-d’œuvre en direction des secteurs plus productifs que des dynamiques intra-sectorielles qui n’ont pour l’essentiel pas été favorables. Ce résultat est conforme à celui de Diop (2012) et il en offre une extension temporelle.

En définitive, le processus de transformation structurelle de l’économie a été bi-sectorielle dans la réorganisation de l’activité, et relativement lent et peu en phase avec la distribution sectorielle de la productivité pour ce qui est du mouvement de l’emploi. Ce processus est à la

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-20

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40

Varia

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(FCF

A)

1995 2000 2005 2010 2015

Intra-sectorielle Reallocation

Totale

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base d’un essoufflement de la croissance dont le rythme s’est affaissé à partir de 2005, et pourrait sans doute avoir été le reflet de choix budgétaires de l’Etat.

5.1. Choix budgétaires et transformation structurelle au Sénégal

Le Graphique 11 présente l’évolution des dépenses publiques et de leurs principales composantes. La tendance générale est à la hausse quasi-continue des dépenses. Elles ont en effet plus que triplé sur la période 2001-2014, passant de 744,3 à 2318,7 milliards FCFA. Cette hausse correspond, en termes relatifs, à un surcroit d’effort budgétaire de la part de l’Etat, car les dépenses totales sont ainsi passées de 20,8 % du PIB en 2001 à 29,1 % en 2012.

Graphique 11 : Evolution et structure des dépenses publiques (milliers de milliards FCFA)**

Sources : Calcul des auteurs, à partir du TOFE (2015) ** Note : projections pour 2015-2019. En phase avec la volonté d’une réorganisation budgétaire plus efficiente devant permettre un rythme de croissance plus forte, le budget a également connu une importante évolution structurelle. Les dépenses en capital ont augmenté à un rythme plus soutenu que celui des dépenses courantes sur la période : les premières ont presque quadruplé (multipliées par 3,87) et les secondes ont presque triplé (multipliées par 2,72). Bien qu’étant toujours le poste le plus important, les dépenses courantes ont ainsi vu leur part diminuer de 69,4 à 60,1 %. Ce rythme de baisse relative devrait se poursuivre pour atteindre 52,1 % en 2019, au profit d’une hausse relative des dépenses en capital qui vont s’établir à 47,7 %, contre seulement 31,2 % en 2001.

Cette rationalisation budgétaire au profit des dépenses en capital devrait conduire à un rythme plus soutenu d’accumulation du capital public, grâce aux investissements massifs en infrastructures économiques et sociales. Les effets sur la croissance pourraient être

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0

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2001 2004 2007 2010 2013 2016 2019

Dépenses courantes Dépenses en capital Prêts nets

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considérables, si les conditions garantissant une meilleure qualité et une plus grande rationalisation spatio-économique sont réunies.

Même si elles peuvent générer des rendements élevés en termes de croissance, ces orientations générales en matière d’évolution et de restructuration budgétaires ne sont pas nécessairement associées à une transformation structurelle soutenue. Un examen détaillé des postes de dépenses pourrait ainsi renseigner sur les effets potentiels en matière de redistribution de l’emploi et de l’activité économique. Bien que le niveau de détail permis par les données ainsi que l’impossibilité d’une ventilation sous-sectorielle ne puissent permettre d’aller suffisamment loin dans l’analyse, quelques éléments informatifs peuvent tout de même en être extraits.

Le poste budgétaire des « transferts et subventions » a connu une hausse de 4,9 % sur la période 2001-2014, représentant près de 30 % des dépenses courantes et près de 5 % du PIB en 2014. Les distorsions associées le plus souvent à ces dépenses conduisent à un ralentissement du rythme de transformation structurelle de l’économie. En brouillant les signaux envoyés par les prix, ces interventions publiques altèrent ainsi la dynamique sectorielle de l’activité et le mouvement de la main d’œuvre qui ne reflètera alors plus les tendances structurelles propres à chaque secteur. Par exemple, les subventions massives octroyées à l’agriculture et qui portent sur les intrants et les soutiens de prix lors de campagnes agricoles continuent de masquer la faible productivité structurelle du secteur.

Une analyse détaillée de ce poste budgétaire suggère un soutien massif et croissant au secteur agricole. En effet, entre 2001 et 2011, l’enveloppe budgétaire des subventions agricoles est passée de 75 millions FCFA à 36,3 milliards FCFA, après près de deux décennies de gel de cette forme d’intervention publique dans le secteur dans le sillage des politiques d’ajustement du début des années 1980. Les cibles privilégiées sont les engrais (30 % du montant de 2011), le prix de l’arachide (27,3 %), et les semences (22%) (Seck, 2015). En gonflant ainsi de façon artificielle les rendements de l’activité du secteur, les interventions budgétaires de l’Etat ont comme conséquence de fixer la main d’œuvre rurale dans le secteur primaire, ralentissant ainsi le rythme de transfert intersectoriel de la main d’œuvre qui aurait pu bénéficier en particulier au secteur industriel et à la productivité et à la croissance de l’économie nationale.

La correction de ces distorsions pourrait améliorer le profil de transformation structurelle de l’économie. Il est en effet projeté une baisse de ces dépenses de 349,5 milliards FCFA en

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2014 à 288,8 milliards FCFA en 2019, soit à un rythme annuel de 2,1 %. Une fois de plus, l’impossibilité de désagréger ce poste n’autorise pas une analyse du niveau de rationalisation de cette baisse, car les transferts et les subventions n’ont pas le même effet sur le fonctionnement des marchés (les secondes sont associées à des distorsions plus importantes sur les prix que les premières), et toutes les subventions n’ont pas le même impact sur la productivité, le prix ou encore la dynamique de l’emploi dans le secteur ciblé. Une analyse comparative des incidences de ces dépenses pourrait guider l’option publique vis-à-vis de ce poste budgétaire et de bien d’autres. Le principe général qui devrait sous-tendre cette restructuration budgétaire devrait être un ciblage adéquat des secteurs suivant leurs potentialités en matière de gain de productivité relative et de croissance et dans le souci d’impulser une dynamique intersectorielle subséquente de la main-d’œuvre.

A l’image de la Chine, des efforts budgétaires (en rapport avec le développement du capital humain et de la technologie) devraient être consentis pour impliquer davantage le secteur industriel dans le processus de transformation, et éviter ainsi une « tertiarisation » de l’économie qui verrait ainsi un transfert de la main d’œuvre de l’agriculture directement aux services à emplois aussi peu productifs (Rodrik, 2015). Les différentes approches de développement du secteur n’ont pas réussi à lever les différentes contraintes qui ont depuis fort longtemps limité son expansion et à libérer tout son potentiel de création de richesse. Déjà, un rapport diagnostic de 2005 identifiait les contraintes suivantes : des coûts de facteurs de production élevés (énergie, transport, etc.), la sous-utilisation des capacités de production, des équipements vétustes, la faible disponibilité des sites industriels, des pesanteurs d’ordre fiscal et judiciaire, et l’accès difficile au financement (Ball, 2005). Au lendemain des indépendances qui a vu l’émergence de concurrents dans la sous-région, la politique industrielle a privilégié une approche protectionniste à la fois tarifaire et non tarifaire, suivie en 1979 par une approche par filières industrielles. Le manque de dynamisme et l’essoufflement du secteur à partir du début des années 1980, mis à nu par divers chocs externes (récession mondiale) et internes (cycles répétitifs de sècheresse), ont amené les pouvoirs publics à libéraliser le secteur avec l’avènement de la Nouvelle Politique Industrielle (NPI) au milieu des années 1980.

Ce changement sommes toutes radical de la politique industrielle devrait conduire à la réduction du niveau élevé des protections tarifaires, la suppression des protections non tarifaires, le renforcement de la compétitivité de l’industrie sénégalaise, la promotion des

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produits à haute valeur ajoutée et l’accélération de la relance industrielle. Cependant, le rythme élevé, voire insoutenable, de cette libéralisation à la fois brusque et quasi-généralisée a semé les germes de son échec relatif. La période post-NPI, qui a coïncidé avec l’avènement des approches programmes à partir de 1993 et surtout la dévaluation du FCFA, a été marquée par un regain relatif du secteur. Cependant, la persistance des contraintes mentionnées plus haut est symptomatique de l’échec relatif de l’approche publique de développement du secteur industriel dont l’exclusion du processus jusque-là bi-sectoriel de la transformation structurelle au Sénégal a réduit le rythme de maturation de l’activité économique et le potentiel de développement économique et social.

La volonté de redéploiement industriel pourrait bénéficier, d’une part, d’une main d’œuvre à qualification appréciable et, d’autre part, d’une modernisation qui passe par la réduction du poids de l’informel. Le manque persistent de qualification de la main d’œuvre a longtemps été un goulot d’étranglement à la productivité du secteur. L’option budgétaire en matière d’éducation semble dénoter une reconnaissance de son importance dans le processus de croissance et de développement. En effet, de 2000 à 2010, en moyenne 1/5 du budget était alloué à l’éducation (20,7 % en 2010).8 La tendance à la hausse régulière de ce poste budgétaire suggère que l’effort présent devrait être encore plus important. Cependant, la qualité semble ne pas aller de pair avec ces réalisations quantitatives, en particulier dans sa distribution spatiale. Le niveau d’éducation plus faible dans le monde rural ainsi que la quasi-absence de l’offre de formation professionnelle et technique sont synonymes d’une mauvaise adéquation aux besoins de l’industrie de la main d’œuvre que pourraient libérer les activités rurales. Dans ce cas, le secteur des services, le plus souvent dans les activités informelles, devient le bassin naturel de réception de ce surplus qui arrive dans les zones urbaines.

Déjà en 2007, un rapport sur le marché du travail au Sénégal indiquait que dans le secteur informel plus de la moitié des travailleurs déclaraient n’avoir pas été à l’école et seulement 2% avaient atteint un niveau supérieur ; dans le secteur formel, le niveau d’études moyen de 11 années correspondait au niveau scolaire du secondaire (Banque Mondiale, 2007). Il est très vraisemblable que le niveau encore faible de productivité du travail dans le secteur est synonyme d’une absence d’évolution significative dans la qualité de la main d’œuvre. Un effort budgétaire qui accroitrait aussi bien le niveau d’éducation (en particulier dans le

8 Source: World Development Indicators Online.

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domaine de la formation technique et professionnelle mieux orientée vers les besoins des industries) que la qualité pourraient sans conteste mieux impliquer le secteur dans le processus de transformation structurelle de l’économie, à l’image des pays considérés plus haut comme des « réussites majeures » (comme la Chine) qui ont su améliorer le profil de leur capital humain à la hauteur de leurs aspirations en matière de croissance soutenue et de développement.

6. Méthodologie 6.1. Énoncé du problème

L'objectif de l'étude est d'évaluer l'impact d’une réallocation des dépenses publiques dans le processus de transformation structurelle de l'économie sénégalaise sur la période 2015-2035. Dans le modèle MEGC, la Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) décrit la situation de référence à partir de laquelle les simulations sont réalisées. Étant donné que des objectifs spécifiques notamment en matière de croissance et de stabilité macroéconomique ont été fixés dans le PSE, les données de base des simulations permettront non seulement de confronter avec les objectifs, mais également de proposer des mesures correctrices en termes de programmation des dépenses. A cet effet, il faut noter que le PTIP est glissant et révisable tous les ans. Comme mentionné dans la spécification du modèle du Gouvernement, les dépenses publiques sont composées de dépenses de fonctionnement et de dépenses d'investissement. Le présent PTIP a entamé une programmation des dépenses qui prend en compte une certaine rationalisation des dépenses courantes et une plus grande efficacité des dépenses d'investissement.

6.2. Données utilisées Les données de base du modèle sont celles de la MCS construite par l’ANSD. Elle utilise des données de 2011. La MCS est un tableau synthétique qui retrace les structures de production dans une économie à travers l'utilisation des comptes de production et d'exploitation et les interrelations entres les agents économiques. Elle est construite de sorte à assurer l'équilibre entre l'offre et la demande. C’est à partir de ce tableau que les variations des variables d’intérêt induites par les simulations sont évaluées. Les dépenses publiques qui vont servi de base de simulations sont celles inscrites dans le PTIP 2015-2017. Il faut noter que pour la période 2018-2035, il a été supposé un taux d’évolution annuelle de 10% des dépenses publiques. Cependant, pour prendre en compte les secteurs stratégiques et les objectifs du PSE, une réallocation spécifique des investissements publics a été considérée.

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Celle-ci a été effectuée en transférant des dépenses agricoles ainsi que des dépenses allouées au secteur des services vers les industries, notamment alimentaires et extractives. Le tableau ci-dessous décrit la structure des dépenses d’investissements publics dans le PTIP 2015-2017 ainsi que celle des dépenses effectivement simulées.

Tableau 1 : Structure des investissements du PTIP 2015-2017 et des simulations

PTIP 2015-2017 Simulations Agriculture 17,43 16,43 Elevage et chasse 1,25 0,25 Pêche 0,71 0,71 Extractives 0,39 2,39 Industries alimentaires 0,36 2,36 Tabac 0,28 0,28 Textiles et cuir 0,42 0,42 Bois 0,41 0,41 Autres industries 0,28 3,28 Pétrole 0,30 0,3 Chimiques 0,28 0,28 Verre et poterie 0,28 0,28 Électricité, eau et gaz 11,6 11,6 Construction 20,25 20,25 Services 45,75 40,75 Source : Calculs des auteurs, à partir des données de la DCEF

6.3. Processus de modélisation Afin d'évaluer l'impact de la politique budgétaire dans le processus de transformation structurelle de l'économie, il est important d'examiner la programmation des dépenses, les objectifs fixés dans l'axe 1 du PSE et les facteurs de risque. En effet, dans le PSE, une enveloppe est destinée spécifiquement à la réussite de l'axe 1 relatif à la transformation structurelle de l'économie. Le processus de changement structurel s'accompagne généralement par une modification de la structure de l'économie c'est-à-dire de ses moteurs de croissance et de développement, une réorientation de l'activité économique des secteurs les moins productifs vers ceux qui sont plus productifs, un accroissement de la contribution relative du secteur manufacturier au PIB, une diminution de l'emploi agricole dans l'emploi total, un redéploiement de l'activité économique des zones rurales vers les zones urbaines, l'essor d'une économie industrielle et des services modernes, une transition démographique et une urbanisation croissante.

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Ces différents éléments qui serviront à apprécier la transformation structurelle sénégalaise sont effectivement les sorties des résultats issus du modèle. Cependant, l'atteinte des objectifs fixés doit s'accompagner par une certaine stabilité macroéconomique. Par ailleurs, la mise en œuvre des projets et programmes du PSE peut être compromise par des facteurs de risques qui peuvent être aussi bien externes qu'internes. Au plan international, les contraintes pourraient être liées à la lenteur de la reprise de l'activité économique mondiale, la flambée des cours des matières premières et notamment des produits pétroliers, les fluctuations du taux de change et l'instabilité politique au niveau de la sous-région.

Au plan national, les risques pourraient être liés au retard dans la mise en œuvre des réformes sur l'environnement des affaires et la modernisation de l'Administration publique, l'absence de ressources humaines requises pour conduire les réformes et projets ainsi que les aléas climatiques.

6.4. Spécification du modèle

Un modèle d’équilibre général dynamique intertemporel construit pour l’économie sénégalaise9, sera utilisé dans le cadre de cette étude. Ce modèle s’appuie sur la littérature récente (Dissou, 1998, Devarajan et Go,1998, et Dissou et Didic, 2014, etc.). L’apport de ce type de modèle est la faculté des agents économiques de procéder à un arbitrage intertemporel contrairement aux versions statique et dynamique récursive des MEGC qui supposent des agents économiques myopes.

Le modèle décrit les interrelations entre les différents secteurs d’activités d’une petite économie ouverte avec quatre agents (ménages, firmes, gouvernement, reste du monde) et deux types de biens (biens domestiques et biens importés). Par ailleurs, les agents adoptent un comportement prospectif, en d’autres termes, leurs décisions à la période courante sont affectées par leurs anticipations.

6.4.1. Ménage représentatif

Le ménage représentatif procède à un arbitrage intertemporel pour déterminer une allocation optimale pour son épargne et sa consommation. Il maximise sa fonction d’utilité intertemporelle (Uo) pour déterminer sa consommation agrégée ) et procède à 9 Par la DPEE en octobre 2014

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l’allocation à travers les différents biens ( ) en utilisant une spécification de type Cobb-Douglas

) qui minimise ses dépenses ( ).

La maximisation de l’utilité intertemporelle du ménage

se fait sous

la contrainte budgétaire qui illustre le comportement prospectif du ménage :

Avec , le taux de préférence pour le temps ; , le prix composite (avec taxes) de la consommation ; , le taux d’intérêt constant ; , la richesse financière du ménage ; , le taux de salaire ; , l’offre totale de travail ; , le transfert du gouvernement aux ménages ; , le taux de change ; , les transferts du reste du monde aux ménages et , la dividende de la firme J versée aux ménages.

6.4.2. Firme représentative La firme représentative dans chaque secteur produit un seul bien composite en utilisant du travail, du capital et des consommations intermédiaires. La production ( ) est une combinaison de la valeur ajoutée ( ) et de biens de consommation intermédiaires ( . La valeur ajoutée est obtenue en combinant le travail ( ) et le capital ( ) avec une technologie d’élasticité de substitution constante (CES). L’investissement ( ) comprend des coûts d’ajustement ou coûts d’installation que l’entreprise supportent à chaque fois qu’elle décide d’investir. Aussi, le capital physique est spécifique à chaque secteur, dans le court terme, tandis que le travail est supposé parfaitement mobile entre les différents secteurs de production. De plus, la firme paye une taxe sur la production et sur les consommations intermédiaires.

La firme représentative maximise son profit intertemporel ( pour déterminer les niveaux appropriés d’investissement, de travail, de consommations intermédiaires, sous la contrainte de l’accumulation du capital. Ensuite, elle décide de l’allocation de sa production suivant les différents marchés (domestique et étranger).

On a Max

.

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Avec , le taux de dépréciation du capital de la branche J.

6.4.3. Gouvernement

Le revenu du gouvernement est composé des taxes à l’exportation, à l’importation, sur la consommation, sur les biens d’investissement, sur les revenus des ménages, sur les dividendes, sur les consommations intermédiaires et des transferts du reste du monde. Avec ses ressources, le gouvernement procède à une allocation entre consommation publique et investissement (GINV) et le solde budgétaire est versé aux ménages sous forme de transferts.

Le gouvernement minimise ses dépenses de consommation agrégée ( ) qui sont une fonction de type Cobb-Douglas des dépenses par produit ( ). Ce qui permet d’obtenir les dépenses de consommation du gouvernement par produit et le prix composite.

Avec , le prix composite de la consommation du gouvernement ; , le prix de la consommation du gouvernement en bien i et

, la part du bien I dans la consommation du gouvernement.

6.4.4. Reste du monde

La production agrégée des firmes pour chaque bien i ( ) est ventilée sur le marché domestique ( ) et sur le marché extérieur ( ) selon une spécification de type CET. Chaque firme maximise son revenu tiré de la vente entre ces deux marchés pour déterminer les niveaux optimaux d’offre domestique et d’exportation.

L’optimisation est réalisée en maximisant son revenu pour:

s.c.

, le prix de la production des firmes en bien i ; , le prix du bien d'exportation i ; , le prix du bien domestique i.

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Par ailleurs, l’hypothèse d’Armington est formulée de la manière suivante : la demande totale de chaque bien i est composite d’importation et de production locale.

7. Sous la contrainte :

Mi

Mi

Mi

Mi

Mi

Mi

XDDMAMXTD MiiMiiit

111

*1*

L’épargne du reste du monde, correspondant à l’opposé du solde du compte courant et l’équation d’accumulation de la dette extérieure sont données par les expressions suivantes :

tt

i

ititit

i

itt TRROWHTROWGEXPWEXMPWMFSAV **

tttt BFrFSAVERBFN *1**1 1

6.5. Modifications apportées au modèle de base Le choix des projets phares devant concourir à la réussite du PSE se base sur le critère prioritaire de la productivité. Ainsi, l'hypothèse d'une éventuelle amélioration de la productivité des facteurs de production peut être émise à juste titre. Sur ce, il peut être établi que les investissements publics constituent une externalité positive sur la productivité totale des facteurs (PTF). En outre, les investissements publics jouent un rôle prépondérant dans le processus d’accumulation du capital. Les modifications apportées dans le modèle inter temporel de base sont liées aux équations du secteur productif et au bloc du gouvernement.

6.5.1. Bloc du secteur productif La fonction de la valeur ajoutée de la firme représentative du modèle de base est de forme CES et s'écrit comme suit :

Avec : la productivité totale des facteurs, la valeur ajoutée de la branche j à la date t, le facteur travail utilisé par la branche j à la date t, un paramètre de distribution de la valeur ajoutée entre le capital et le travail de la branche j, un paramètre d'élasticité de substitution et le facteur capital utilisé par la branche j à la date t. Il faut signaler que la production des entreprises dépend également des dépenses gouvernementales allouées à ce secteur (sous l'hypothèse des rendements constants des

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facteurs de production mais avec une possibilité de rendements croissants des dépenses publiques). L'un des changements majeurs apportés au modèle de base est l'endogénéisation de la productivité totale des facteurs qui, selon les travaux de Dumont et Mesplé-Somps (2000), peut être effectuée comme suit :

Avec : le progrès technique exogène non causé par le capital public, : paramètre d’élasticité d’externalité du capital public (paramètre de la productivité du capital public), et un paramètre de congestion. Estache, Perrault et Savard (2007) ont capté l'externalité du capital public à travers le rapport entre les nouveaux investissements en infrastructures et le niveau de ces investissements à la période de référence. La fonction de la valeur ajoutée définie par ces auteurs s'écrit comme suit :

L'avantage d'une telle spécification est la prise en compte des flux d'investissement contrairement au stock de capital public qui est l'élément central Par analogie à la problématique de l'étude qui est liée aux dépenses publiques dans leur globalité, la spécification suivante peut être proposée :

correspond ainsi à la nouvelle fonction de la productivité totale des facteurs. est le flux d'investissements publics dans le secteur i à l'année t est le flux d'investissement de la période de référence qui peut être définie comme étant le flux d'investissement d'une année correspondant au taux de croissance structurel du Sénégal est un paramètre d'élasticité

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6.5.2. Bloc du gouvernement

Dans le bloc du gouvernement, les équations devant subir des modifications sont celles du solde budgétaire et de l'investissement public. Étant donné qu'il s'agit d'investissements financés par l'État selon différents modes, ceux-ci viennent augmenter les dépenses publiques et, par conséquent, dégrader davantage le solde budgétaire dont la formule est la suivante :

Avec : le solde budgétaire, les recettes fiscales, les autres types de recettes, le prix des dépenses gouvernementales, les dépenses de consommation gouvernementales, les dépenses d’investissements publics, les transferts du gouvernement.

Par ailleurs, puisqu’il s’agit de dépenses d’investissements effectuées par les autorités publiques, l’équation de la dynamique du capital public s’écrit comme suit :

Avec : le stock de capital public de la période t+1, le stock de capital public de la période t, le taux de dépréciation du capital public, l’investissement public de la période t.

6.5.3. Équilibre sur le marché des biens et services

Les nouveaux programmes d'investissements publics auront comme conséquence une hausse de la demande agrégée selon l'équation suivante :

avec la demande agrégée en bien i à l'année t, la consommation privée en bien i à l'année t, la demande d'investissement gouvernementale en bien i à l'année t. 7. Résultats et interprétations La transformation structurelle de l'économie sénégalaise peut être appréciée à travers la croissance économique, la productivité totale des facteurs (PTF), la structure de l'économie, le développement du secteur manufacturier, l'emploi et le profil des exportations. En effet,

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les projets du PSE devraient, non seulement, permettre d'atteindre des taux de croissance élevés, mais également, constituer des moteurs d'emplois, d'inclusion sociale et d'exportations.

7.1. Croissance

La transformation structurelle des pays émergents s'accompagne nécessairement d’une période d'accélération de la croissance en ce sens que l'activité économique se réoriente vers des secteurs présentant les meilleures performances économiques. C'est pour cette raison que le PSE a défini de nouveaux moteurs de croissance, en plus des secteurs traditionnels.

La réallocation des dépenses d’investissements publics simulés devrait permettre d’atteindre un taux de croissance annuel moyen du PIB de 7,3% sur la période 2014-2018. Ainsi, si les résultats escomptés en termes d’effets économiques sont réalisés pour le Plan d'Actions Prioritaires (PAP 2014-2018), cette réallocation permettrait d’atteindre un taux de croissance annuel moyen supérieur de 0,2% au taux prévu. En effet, sur cette période le PAP prévoit un taux de croissance moyen de 7,1%.

7.2. Productivité totale des facteurs

Le modèle est spécifié de telle sorte que les dépenses publiques agissent sur la productivité totale des facteurs. En effet, le choix des projets et programmes du PSE devant concourir à la réussite de la transformation structurelle se base sur l’amélioration de la productivité. Le tableau ci-après montre l'évolution de la PTF sur la période 2015-2035.

Tableau 2 : Evolution de la productivité totale des facteurs entre 2015-2035

Sous-périodes 2015-2020 2021-2025 2026-2030 2031-2035 Évolution de la productivité

totale des facteurs (en %) 6,7 9,8 12,7 15,5

Source : résultats des simulations

La PTF devrait évoluer, en moyenne, de 6,7% sur la période 2015-2020 à 15,5% entre 2031 et 2035. Cependant, cette évolution n'est pas homogène selon les secteurs d'activités. En effet, la variation de la PTF du secondaire est la plus élevée (14,2%), suivie successivement de celles du tertiaire (9,4%) et du primaire (9,3%).

Par ailleurs, la productivité du travail est un indicateur important de transformation structurelle. En effet, la migration de la main d'œuvre du secteur agricole au secteur

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manufacturier ne devrait pas compromettre la valeur ajoutée agricole. Ce qui signifie un accroissement significatif de la productivité de la main d'œuvre. Le tableau suivant indique l'évolution de cette productivité sur la période 2015-2035.

De manière globale, la productivité du travail dans le secteur secondaire est plus élevée, suivie successivement du primaire et du tertiaire. Ce résultat est logique en ce sens que la migration du travail se fait au profit du secondaire durant toute la période de simulation. Sur ce, il faut noter que cette migration n'est pas mécanique et suppose la mise en place d'un enseignement technique et d'une formation professionnelle qui permettrait de créer de la main d'œuvre qualifiée. Cependant, l’écart entre la productivité du travail entre le secondaire et les autres secteurs se rétrécit au fil du temps, laissant entrevoir la possibilité d’un essoufflement du secondaire. Par ailleurs, la baisse de la main d'œuvre des secteurs primaire et tertiaire étant moins que proportionnelle à l'évolution de la valeur ajoutée de ces deux secteurs, la productivité du travail évolue sur les périodes suivantes. Ce résultat renseigne sur l'importance de créer des activités innovantes et diversifiées dans le domaine industriel afin d'absorber davantage la main d'œuvre.

Tableau 3 : Evolution sectorielle de la productivité du travail entre 2015-2035

Sous-périodes productivité du travail primaire

productivité du travail secondaire

productivité du travail tertiaire

2015-2020 586,7 620,5 582,8

2021-2025 627,3 647,3 627,1 2026-2030 675,3 679,9 670,6 2031-2035 723,1 727,5 716,1

Source : résultats des simulations

7.3. Structure de l'économie

La croissance de l'économie sénégalaise est tirée par le tertiaire mais reste très vulnérable à la production du secteur de l’agriculture. La trajectoire économique qu'a connue le pays est celle d'une économie agraire qui a migré vers une économie des services, sans passer par une réelle phase d'industrialisation. Le tableau suivant montre, sur la période 2015-2035, l'évolution de la part de chaque secteur dans le PIB.

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Tableau 4 : Structure de l’économie

Secteurs Primaire Secondaire Tertiaire 2015-2020 17,2 24,8 58,0 2021-2025 15,4 29,8 54,8 2026-2030 12,6 36,0 51,4 2031-2035 11,0 39,3 49,7

Source : résultats des simulations

Le tableau 4 montre l'évolution de la structure de l'économie sénégalaise suite aux dépenses d'investissements prévues dans le PSE. Globalement, les parts des valeurs ajoutées primaire et tertiaire diminuent au profit de la valeur ajoutée secondaire. Ainsi, sur la période 2015-2020, la part de la valeur ajoutée primaire s'établit en moyenne à 17,2% avant de chuter à 11,0% sur la période 2031-2035. De même, par rapport aux mêmes périodes que précédemment, la valeur ajoutée tertiaire passerait de 58,0% à 49,7%. Il faut ainsi noter que malgré sa chute, la part du tertiaire demeure importante. La valeur ajoutée du secondaire, quant à elle, passerait de 24,8% à 39,3%.

7.4. Marché de l'emploi

L'emploi reste la principale priorité du PSE. La structure de l'emploi dans les pays émergents se caractérise très souvent par une dominance de l'emploi dans le secteur industriel comparativement à l'emploi agricole. Le tableau ci-après indique l'évolution de la part de l'emploi dans les différents secteurs et renseigne en même temps sur les phénomènes de migration du travail.

Tableau 5 : Répartition de la main d’œuvre entre 2015-2035

Secteurs Secteur primaire (en %)

Secteur secondaire hors construction (en %)

Secteur de la construction (en %)

Secteur des services (en %)

2015-2020 17,4 17,2 6,8 58,6 2021-2025 15,7 20,7 8,2 55,4 2026-2030 12,7 25,1 10,1 52,0 2031-2035 11,1 26,7 12,0 50,2 Source : résultats des simulations

Ce tableau montre le profil de la mobilité de la main d'œuvre entre les différents secteurs d'activités. Ainsi, la main d'œuvre agricole passerait, en moyenne, d'une part de 17,4% sur la période 2015-2020, à 15,7% entre 2021 et 2025, 12,7% entre 2026 et 2030 et 11,1% entre

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2031 et 2035. La part de la main d'œuvre dans le secteur des services chuterait également sur la période en passant successivement de 58,6%, 55,4%, 52,0% et 50,2% sur les périodes sus mentionnées. Par contre, la part de l'emploi du secteur secondaire hors construction augmenterait en passant successivement à 17,2%, 20,7%, 25,1% et 26,7%. On assisterait ainsi à une migration du travail des secteurs primaire et tertiaire vers le secteur secondaire. Cette situation correspond aux objectifs du PSE de rendre le secteur secondaire plus productif. Ce qui a pour conséquence d'attirer la main d'œuvre des autres secteurs. Il faut noter que la productivité du travail agricole est très faible au Sénégal en ce sens que ce secteur occupe plus de la moitié de la population active et contribue à moins de 20% à la richesse nationale. Par ailleurs, le secteur de la construction connaitrait également une hausse de la part de sa main d'œuvre avec, en moyenne, 6,8% entre 2015 et 2020, et, 12,0% entre 2031 et 2035. Ce résultat serait dû, entre autres, au projet d'habitat social et d'écosystème de construction du PSE.

7.5. Profil des exportations

La transformation structurelle se traduit généralement par un changement du profil d'exportations passant de celle des produits à faible valeur ajoutée aux biens manufacturiers. Concernant l'économie sénégalaise, le PSE prévoit le développement des moteurs d'exportations, notamment le secteur des mines, l'industrie et le tourisme. Les dépenses publiques dans ces trois secteurs se traduiraient par l'évolution de la part des moteurs d'exportations dans les exportations totales comme le montre le tableau suivant :

Tableau 6 : Profil des exportations du Sénégal entre 2015-2035

Secteurs Part des exportations des produits du primaire

Part des exportations

minières

Part des exportations du

secteur manufacturier

Part des exportations de

services

2015-2020 5,2 7,2 60,3 27,3 2021-2025 3,5 10,3 67,6 18,7 2026-2030 2,0 13,6 72,4 12,0 2031-2035 1,3 13,2 76,7 8,8

Source : résultats des simulations

Les dépenses d'investissements publics occasionneraient, sur la période 2015-2035, une baisse des exportations des produits primaire de base avec une part moyenne qui passerait

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de 5,2% sur la période 2015-2020 à 1,3% entre 2031 et 2035. L'un des secteurs prioritaires d'exportations est le secteur des extractives avec notamment, le développement de la filière phosphates, l'accélération de l'exploitation du zircon et le programme national des mines artisanales. Ainsi, la part des exportations des extractives passerait de 7,2% entre 2015-2020 à 13,2% entre 2031-2035. Le développement du secteur secondaire permettrait au Sénégal d'accroître son offre exportable de biens manufacturiers avec une part qui évoluerait respectivement, en moyenne, entre 60,3% à 76,7, sur les périodes 2015-2020 et 2031-2035. Par contre, la part des exportations de services passerait, en moyenne, de 27,3% à 8,8%, sur les mêmes périodes que précédemment. Ce résultat ne signifie pas que le rythme des exportations de services n'évolue pas de manière positive, mais qu'il serait inférieur à celui du secteur de la manufacture du fait, notamment des projets inscrits dans le PSE tels que les plateformes industrielles intégrées et les paris industriels intégrés.

8. Conclusion et recommandations

La transformation structurelle est une étape importante de la stratégie d'émergence. Elle désigne généralement une réorientation de l'activité économique des secteurs les moins productifs vers ceux qui sont plus productifs. Au Sénégal, la croissance est tirée par le secteur tertiaire mais reste très vulnérable aux variations de la production agricole. Le secteur agricole, bien que représentant moins de 20% du PIB, occupe plus de la moitié de la population active. Le secteur secondaire est peu productif et est contraint par des obstacles liés à l'environnement des affaires. L'ambition du Sénégal de faire partie des pays émergents en 2035 passe nécessairement par la définition d'une politique budgétaire adéquate. Cette étude a donc cherché à vérifier si le plan d’émergence défini par le Sénégal, notamment à travers les choix budgétaires inscrits dans le PTIP, répond effectivement aux objectifs de l’axe 1 du PSE relatif à la transformation structurelle de l’économie et à la croissance.

La politique budgétaire au Sénégal a été marquée par de nombreux événements depuis le programme de stabilisation à court terme de 1979 pour résorber les déséquilibres macroéconomiques enregistrés à la fin des années 70 jusqu’à l’Instrument de soutien à la politique économique qui est un programme de conseils sans décaissement. Les faits stylisés concernant le schéma structurel de l'économie du Sénégal ont révélé que l’agriculture a la plus faible contribution à la valeur ajoutée totale (moins de 20%) et continue d’occuper une part plus importante de la main-d’œuvre (près de la moitié), d’où sa plus faible productivité.

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Malgré une stagnation de sa contribution dans la valeur ajoutée et l'emploi, le secteur secondaire a connu une hausse importante de la productivité du travail. La réorientation de l'activité économique et de l'emploi au Sénégal est allée dans le sens des secteurs primaire et tertiaire, au détriment du secteur industriel qui devrait constituer le principal moteur de la hausse de la productivité du travail. Par ailleurs, les informations intra sectorielles ont révélé que les branches d'activités industrielles telles que la fabrication de machines, de produits en caoutchouc ou de papier ou encore le raffinage de pétrole, ont connu les hausses de productivité les plus importantes. Les gains de productivité ont également été importants dans les secteurs des télécoms et de l'immobilier.

A partir des données du PTIP notamment celles portant sur la période 2015-2017, un MEGC inter temporel a permis de simuler l'impact de la réallocation des dépenses d’investissement publics du Sénégal sur la transformation structurelle. Le modèle décrit les interrelations entre les différents secteurs d’activités d’une petite économie ouverte avec quatre agents (ménages, firmes, gouvernement, reste du monde) et deux types de biens (biens domestiques et biens importés). Par ailleurs, les agents adoptent un comportement prospectif, en d’autres termes, leurs décisions à la période courante sont affectées par leurs anticipations. A cet effet, l’endogénéisation de la PTF, composante importante du changement structurel, a été utilisée.

Les résultats des simulations ont montré qu’une réallocation des investissements publics au profit du secteur secondaire permettrait d’atteindre un taux de croissance annuel moyen de dépassant de 0,2 point de pourcentage le niveau escompté à moyen terme. Les simulations ont également indiqué une évolution croissante de la PTF à long terme Cette évolution est plus marquée pour le secteur secondaire, suivi du tertiaire et du primaire. Par ailleurs, la productivité du travail serait plus élevée dans le secteur secondaire. Cependant, l’écart entre le secondaire et les secteurs primaire et tertiaire finit par se rétrécir sur les périodes suivantes. Ce résultat montre l'importance de mettre l'accent sur la possibilité de saturation de certains secteurs qui connaissent des gains de productivité importants. L'innovation doit donc être permanente dans la structure économique d'un pays. Concernant les résultats relatifs à la structure de l'économie, les parts de la valeur ajoutée des secteurs primaire et tertiaire diminuent au fil de la période 2015-2035, au profit du secteur secondaire. Cette évolution est conforme au schéma traditionnel de transformation structurelle qui prévoit un déplacement de la valeur ajoutée et de l'emploi du secteur agricole aux secteurs industriel et

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des services. Pour ce qui du marché de l'emploi, on assiste à une migration du travail des secteurs primaire et tertiaire vers le secteur secondaire. Quant au profil des exportations, les résultats des simulations montrent une baisse progressive de la part des exportations des produits primaires de base au profit des exportations minières et de produits manufacturiers.

A l'issue des résultats des simulations, les recommandations suivantes peuvent être formulées :

Afin de réussir la transformation structurelle et les objectifs en termes de croissance économique, les autorités publiques devraient mettre davantage l’accent sur le secteur industriel dans le cadre des prochaines allocations budgétaires, améliorer l’efficacité de celle-ci ainsi que l’efficience des dépenses publiques ;

Il est important de développer le secteur manufacturier. Cependant, les phénomènes de migration de la main d'œuvre peuvent entrainer une certaine saturation du secteur. Ainsi, il serait judicieux de créer des activités innovantes qui permettent d'absorber le plus de main d'œuvre ;

La migration de la main d'œuvre vers le secteur manufacturier n'est pas un phénomène mécanique et suppose la préparation d'une main d'œuvre qualifiée, d’où l’importance d’élargir et d’adapter l’offre de formation professionnelle ;

La mise en valeur du secteur secondaire devrait s'accompagner de politiques d'assainissement de l'environnement des affaires dans la mesure où le développement du secteur pourrait être compromis notamment par un déficit énergétique, la concurrence du secteur informel et les coûts de facteurs trop élevés ;

La part des produits primaires à faible valeur ajoutée dans les exportations devrait baisser au profit des produits manufacturiers dont les prix sont, heureusement, moins volatiles que ceux des produits de base. Cependant, une forte dépendance vis-à-vis de l'extérieur pourrait accroître la vulnérabilité du pays. Aussi, est-il nécessaire d’avoir une bonne politique commerciale extérieure sans pour autant négliger la gestion de la demande intérieure.

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Annexe: Liste de pays par groupes suivant leur profil de transformation structurel et de

croissance.

« Echecs »: vingt-neuf pays dont vingt-cinq africains.

« Réussite modérée »: Arménie, Bangladesh, Bhutan, Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire,

Egypte, Georgia, Ghana, Guyane, Honduras, Inde, Kenya, Kyrgyztan, Laos, Lesotho,

Mauritanie, Myanmar, Nicaragua, Nicaragua, Nigeria, Pakistan, São Tomé et Principe,

Sénégal, Sri Lanka, Soudan, Tadjikistan, Vietnam, Yémen, Zambie.

« Réussite majeure »: Albanie, Azerbaïdjan, Bosnie Herzégovine, Chine, Mongolie.