Débat public d’IPEMED du 9 décembre 2011Jean – Louis Guigou en collaboration avec Cécile Jolly et Macarena Nuño

MEDITERRANEE 2030

« Le scénario de la convergence »

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La crise financière au Nord et les révolutions au Sud paraissent

boucher l’horizon:

• au Nord : la peur de l’avenir et du déclin… les déceptions …

• au Sud : les ruptures, tous les produits dérivés des révolutions

Le rôle des élites, des responsables, des chefs d’entreprise:

identifier ce qu’il y a de profond et de mobilisateur dans ces crises.

Le retour de la proximité : la mondialisation avait nié la proximité,

la crise lui redonne toute sa valeur. On parle de convergence avec

l’Allemagne … Demain on travaillera sur la convergence avec les pays

arabes.

Le contexte troublé

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Les pays du Sud méditerranéen sont en révolution mais aussi en transition

La transition est enfin en marche. Elle est : démographique : la population jeune (50% de moins de 24 ans) a soif de liberté, de dignité et

d’emploi; elle est prête pour le développement, le respect des droits et libertés.

démocratique

• Prise en main du champ politique par la jeunesse contre toutes les dictatures, politiques ou religieuses

• Les partis islamistes ont gagné parce qu’ils représentent l’opposition à la dictature et qu’ils sont les seuls mouvements structurés d’alternance: le PJD au Maroc et Ennahda en Tunisie sont des partis conservateurs sur la société et libéraux sur l’économie. Ils ont promis le progrès social et la lutte contre la corruption et les passe droit. La confrontation avec les réalités de gouvernement les intégrera dans le jeu démocratique. Ils vont devoir composer.

• Ces transitions sont médiatisés à la différence de la révolution en Iran en 1979.

• Le modèle turc joue un rôle important et positif

pour les Européens, mieux vaut traiter avec des « démocraties en herbe » qu’avec des « dictateurs chevronnés »

Elle est aussi économique: d’ici 2030 il faut créer au Sud au moins 50 millions d’emplois, rendre les marchés transparents, sécuriser les investissements pour passer de la rente au profit : il y a des opportunités nouvelles d’investissements et de partenariat méditerranéen dans le champ de l’économie réelle : eau, énergie, agriculture, santé.

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Les pays européens sont eux aussi à la recherche d’un nouveau modèle de développement

Le potentiel de croissance au Sud méditerranéen – et au-delà, en Afrique – est important, alors que l’Europe a devant elle une décennie de faible croissance.

Le voisinage sud-méditerranéen en transition offre une partie de la solution pour l’Europe, car il valorise:

• la proximité• circuits courts de production et d'échanges (exemple allemand) • moindre consommation d’énergie dans les échanges internationaux (90% à l’intérieur du quartier

d’orange) • préférences collectives et régulations régionales communes possibles (normes sociales et

environnementales)• effets positifs d’entraînement et d’émulation : + revenu, + consommation, + échange

• la complémentarité économique: marchés, main d’œuvre, ressources, produits agroalimentaires… politique: peser ensemble sur la scène internationale (gabarit d’un milliard d’hommes)

Tout ce qui manque à l’Europe (l’énergie, la jeunesse, les marchés) on le trouve à mille kilomètres au Sud

Tout ce qui manque au Sud (la gouvernance, les brevets et l’ancrage à un ensemble commun) on le trouve au Nord

• la solidarité relever les défis communs: pollutions, transition énergétique, risques climatiques, migrations assurer la sécurité alimentaire au Sud former ensemble le capital humain et assurer la libre-circulation des professionnels. encourager la responsabilité économique, sociale et environnementale 4

Réintroduire le long terme dans l’action: « Méditerranée 2030 »

« L’avenir ne se prévoit pas. Il se prépare » F. Braudel inspiré de St Exupéry

Un processus inédit et original de coopération et d’anticipation qui regroupe :

15 pays du Bassin méditerranéen sur 24

plus de 30 instituts de prospective publics et privés de la Méditerranée

• Le concept: c’est une première : réflexion collective pour un avenir commun du Bassin

méditerranéen qui est trop souvent disloqué entre pays européens, Afrique et Moyen Orient

• La durée: deux ans et demi de travail qui a débuté en avril 2009

• La méthode: une première modélisation scénarisée à partir des projections institutionnelles à

2015 du FMI et affinées à 2030 par le « dire d’experts »

• Le résultat :

• Adhésion d’une centaine d’experts à un texte commun d’analyse et de diagnostic

• Adhésion de tous à l’idée d’une possible convergence car les autres perspectives sont dramatiques

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Réintroduire le long terme dans l’action: « Méditerranée 2030 »

Trois scenarii - trois images de l’avenir possible ont été retenus par tous

• Scenario tendanciel : scenario des divergences méditerranéennes crise économique de l’Europe latine avec une croissance faible crise politique dans certains pays du Sud certains pays s’en sortent (ceux déjà dans une dynamique de convergence avec l’UE: Malte, Chypre,

Slovénie, Croatie, Turquie, Tunisie ) et d’autres stagnent (Egypte, Jordanie, Maroc, Syrie…). même division du travail Nord/Sud (textile, tourisme, agriculture)

• Scenario de crise aigue: scenario de la marginalisation de tous les pays du Bassin méditerranéen. marginalisation et convergence par le bas : les grand pays résistent (RFA, France…) ,

l’Europe latine s’enfonce (Espagne, Italie, Grèce, Portugal) Maghreb impacté par cette crise : progression à 65 % de l’économie informelle les pays émergents (Chine, Brésil) se substituent aux pays européens en Méditerranée les pays du Golfe résistent

• Scenario volontariste : scenario de convergence des deux rives de la méditerranée convergence de revenus, plus de redistribution Nord-Sud et dans chaque pays, et d’investissements croisés, mise en place progressive des 4 libertés de l’UE

accroissement de la productivité du travail et intégration des systèmes de production (redéploiement) intégration régional plus forte au Sud tirée par la Turquie grands bénéficiaires : pays des Balkans, Chypre , Malte, Tunisie, Turquie et effet de retour de

croissance en France, Espagne, Italie

L’avenir se situera quelque part entre ces trois scenarii. Le but est d’influencer l’avenir et d’agir des aujourd'hui pour que la convergence soit la plus forte possible.

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Agir collectivement pour la convergence

Les neufs priorités :

1. Investir dans le capital humain: mobilité et qualification professionnelle

2. Accélérer les transferts au Sud: savoir faire, technologies, innovation en priorité en matière énergétique et

production (outsourcing)

3. Engager le processus de certification des production agricoles: label-Med (fruits et légumes)

4. Mieux sélectionner les projets de l’UpM: potentiel de création d’emploi et sobriété énergétique

5. Eriger l’environnement en priorité: créer un fonds méditerranéen environnemental

6. Mettre en place une banque méditerranéenne d’investissement: sécurisation des investissements à long

terme, arbitrage, PPP, fonds de garantie

7. Intensifier les réseaux de transports et de logistique au Sud de la méditerranée

8. Elaborer une politique commune de sécurité alimentaire

9. Créer un espace institutionnel commun: statut de partenaire en s’inspirant de l’expérience de la préadhésion

Plus que jamais les experts du Nord et du Sud affirment que le rapprochement des deux rives se fera par les actions économiques.

L’avenir de l’Europe est en Méditerranée et réciproquement l’avenir des PSEM est un ancrage à l’Europe.

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Réussir en Méditerranée l’intégration productive que les Allemands ont réussie avec les PECO

L’intégration par la production prend le pas sur l’intégration par le commerce:• L’ancien modèle libre-échangiste et de démantèlement des droits de douane a

montré ses limites.• Le Japon, la Chine, l’Allemagne valorisent leur voisinage par le redéploiement de leur

appareil de production

Le redéploiement de l’appareil de production allemand après 1989:• Externalisation des fragments de production vers les pays de l’Est (outsourcing)• Contrôle de la chaine de valeurs en réimportant les productions de l’Est• Création d’ateliers dans les PECO avec le minimum d’expatriés et partage de la

valeur ajoutée• Création en Allemagne des emplois industriels haut de gamme (R & D , ingénieurs,

techniciens…)• Politique « win – win » : gains pour l’Allemagne (25% VA dans l’industrie + 150

milliards de balance commerciale), gains pour les PECO (création d’emplois, transition économique)

Europe – Méditerranée - Afrique: • L’industrie allemande s’installe fortement en Tunisie.• Le Japon a créé les dragons et les tigres asiatiques• La Chine propulse les pays qui lui sont voisins (Vietnam, etc.)• Demain, l’Europe va investir massivement en Méditerranée et après-demain ce sera

le tour de l’Afrique.8

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