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GUIDE DE BONNES PRATIQUES FiliĂšre Animaux de Compagnie FICHES DE RECOMMANDATIONS POUR UN BON USAGE DES ANTIBIOTIQUES DerniĂšre mise Ă  jour : octobre 2016

de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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Page 1: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

guide de bonnes pratiques

FiliĂšre animaux de Compagnie

FiChes de reCommandationspour un bon usage des antibiotiques

DerniĂšre mise Ă  jour : octobre 2016

Page 2: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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introduCtion 3

CanCĂ©rologie

‱ Recommandations d’antibiothĂ©rapie chez les chiens et les chats atteints de cancer et recevant une chimiothĂ©rapie 12

Cardiologie

‱ Endocardites bactĂ©riennes chez le chien et le chat 16

Chirurgie des tissus mous

‱ Antibioprophylaxie et antibiothĂ©rapie en chirurgie gĂ©nĂ©rale chez le chien et le chat 20

‱ Infection du site opĂ©ratoire chez le chien et le chat 26

Chirurgie orthopédique

‱ Antibioprophylaxie en chirurgie ostĂ©o-articulaire chez le chien et le chat 29

‱ AntibiothĂ©rapie en chirurgie ostĂ©o-articulaire chez le chien et le chat 34

dermatologie

‱ Abcùs et granulomes chez les oiseaux et les reptiles 39‱ Pyodermite de surface chez le chien 41‱ Pyodermite superficielle chez le chien 45‱ Pyodermite profonde chez le chien 48‱ Otites externes non purulentes 52

neurologie

‱ Otites moyennes chez le chien et le chat 55‱ Les infections du systùme nerveux central du chien et du chat 61‱ Spondylodiscites chez le chien 69

odonto-stomatologie

‱ Maladie parodontale chez le chien et le chat 75‱ Pulpite chez le chien et le chat 80‱ Chirurgie et infections orales chez le chien et le chat 83

ophtalmologie

‱ Conjonctivites bactĂ©riennes chez le chien et le chat 87‱ KĂ©ratites ulcĂ©reuses chez le chien et le chat 91

pathologie appareil digestiF

‱ EntĂ©rites aiguĂ«s chez le chien et le chat 96

‱ EntĂ©ropathies chroniques chez le chien et le chat 99‱ Affections hĂ©patobiliaires chez le chien et le chat 102‱ PancrĂ©atites chez le chien et le chat 105

pathologie appareil respiratoire

‱ Rhinites chez le chien et le chat 108‱ TrachĂ©obronchite aiguĂ« chez le chien 110‱ Bronchopneumonies chez le chien et le chat 114‱ Affections pleurales bactĂ©riennes chez le chien et le chat 118‱ Rhinopneumonies infectieuses chez le lapin de compagnie 122

pathologie appareil reproduCteur

‱ Mammites chez le chien et le chat 128‱ PyomĂštre chez la chienne et la chatte 131‱ MĂ©trite infectieuse aigĂŒe chez la chienne et la chatte 134‱ MĂ©trite infectieuse chronique de la chienne et de la chatte 137‱ Vaginite chez la chienne et la chatte 140‱ Prostatite du chien 143‱ Orchites et Ă©pididymites bactĂ©riennes chez le chien

et le chat 147‱ AntibiothĂ©rapie chez le chien et le chat nouveau-nĂ© 151‱ AntibiothĂ©rapie chez la femelle gravide et la femelle

en lactation (chienne et chatte) 153

urgenCe et réanimation

‱ Sepsis et choc septique chez le chien et le chat 156‱ ProblĂ©matique des infections nosocomiales

(notamment en soins intensifs) chez le chien et le chat 162

uro-néphrologie

‱ Infections du tractus urinaire chez le chien 167‱ Infections du tractus urinaire chez le chat 171

anneXes

‱ Antibiotiques et dĂ©finitions utiles en chirurgie 174‱ Évaluation du risque septique en chirurgie chez

les carnivores domestiques 176‱ PrĂ©lĂšvements pour bactĂ©riologie 179‱ Les prĂ©requis Ă  la rĂ©alisation pratique et Ă  l’interprĂ©tation

d’un examen bactĂ©riologique 180‱ ProblĂ©matique de l’usage des antibiotiques chez

les Nouveaux Animaux de Compagnie 182‱ Proposition de catĂ©gorisation des antibiotiques pour une

prescription raisonnĂ©e en reproduction canine et fĂ©line 185‱ RĂ©glementation des antibiotiques d’importance critique 202

sommaire

Page 3: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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introduCtion

La rĂ©sistance aux antibiotiques a dĂ©sormais obtenu le statut de zoonose. Homme et Animal Ă©changent non seulement des bactĂ©ries avec, lorsque ces bactĂ©ries sont pathogĂšnes, un risque infectieux, mais aussi des facteurs de rĂ©sistance qui sont susceptibles de compromettre l’efficacitĂ© d’un traitement antibiotique. Pra-ticiens vĂ©tĂ©rinaires, spĂ©cialistes de l’infectiologie bactĂ©rienne, et autoritĂ©s sanitaires se sont associĂ©s pour lutter contre ce flĂ©au redoutable qu’est l’antibiorĂ©sistance.

Il est maintenant acquis qu’une mauvaise utilisation des antibiotiques conduit Ă  leur baisse d’efficacitĂ© et Ă  un renforcement de l’antibiorĂ©sistance : le rĂ©cent rapport de l’Anses* publiĂ© en juin 2014 (https://www.anses.fr/fr/documents/SANT2011sa0071Ra.pdf) dĂ©crit les risques d’émergence d’antibiorĂ©sistances liĂ©s aux modes d’utilisation des antibiotiques dans le domaine de la santĂ© animale. Il conclut au lien entre exposition aux antibiotiques et antibiorĂ©sistance, souligne la responsabilitĂ© dĂ©terminante de la pression de sĂ©lection et de la dissĂ©mination dans l’évolution de l’antibiorĂ©sistance, insiste sur l’intĂ©rĂȘt du recours Ă  une antibiothĂ©rapie Ă  spectre Ă©troit et le rapport bĂ©nĂ©fice-risque dĂ©favorable du traitement prĂ©ventif vis-Ă -vis de l’antibiorĂ©sistance.

De plus, il est malheureusement peu probable que de nouveaux antibiotiques viennent, dans un avenir proche, enrichir la pharmacie humaine ou vétérinaire. Et, pourtant, lorsque leur indication est bien ciblée, ce sont de trÚs précieux médicaments qui sauvent de nombreuses vies.

L’objectif est donc clair : utiliser l’antibiotique uniquement lorsqu’il est indispensable et choisir la molĂ©cule la mieux adaptĂ©e en obĂ©issant aux critĂšres les plus rĂ©cents de la science.

Le plan Ecoantibio 2017 et ses quarante mesures (http://agriculture.gouv.fr/ecoantibio-2017-une-seule-sante-une-seule-planete) visent Ă  rĂ©duire en 5 ans (de 2012 Ă  2017) la consommation d’antibiotiques de plus de 25 %.La mesure n°6 de ce plan est destinĂ©e Ă  mettre Ă  la disposition des prescripteurs des fiches de recommanda-tion d’usage des antibiotiques. Ces fiches, soucieuses de la rĂ©alitĂ© de la pratique se veulent ĂȘtre facilement ac-cessibles et adaptĂ©es Ă  chaque espĂšce afin de lutter au mieux contre les principales affections bactĂ©riennes. Chiens, chats et nouveaux animaux de compagnie seront les espĂšces envisagĂ©s ici.

VotĂ©e par l’AssemblĂ©e Nationale le 11 septembre 2014, la loi d’avenir agricole comporte un dispositif « an-tibiotiques » qui complĂšte les mesures du plan Ecoantibio 2017 avec une composante supplĂ©mentaire de rĂ©duction de 25 % des fluoroquinolones et des cĂ©phalosporines de troisiĂšme ou quatriĂšme gĂ©nĂ©ration entre 2013 (annĂ©e de rĂ©fĂ©rence) et le 31 dĂ©cembre 2016. Depuis avril 2016, la liste des antibiotiques d’importance critique vĂ©tĂ©rinaires est connue (arrĂȘtĂ© du 18 mars 2016). Le dĂ©cret n°2016-317 prĂ©sente leurs modalitĂ©s rĂ©glementaires d’utilisation (cf annexe antibiotique d’importance critique).

En complĂ©ment des fiches de recommandation d’usage prĂ©vues par la mesure n°6, la loi d’avenir agricole im-pose la rĂ©daction d’un guide plus gĂ©nĂ©ral de bonnes pratiques d’emploi raisonnĂ© des antibiotiques qui est confiĂ© Ă  l’Anses* et Ă  l’ANSM*. Il dĂ©crit les principes gĂ©nĂ©raux des bonnes pratiques Ă  observer dans toutes les espĂšces animales par tous les acteurs impliquĂ©s depuis la livraison des ayant-droits (vĂ©tĂ©rinaires, pharmaciens d’offi-cine
) par les distributeurs en gros, la prescription, la dĂ©livrance au dĂ©tail, jusqu’à l’administration Ă  l’animal et la destruction des contenants par le dĂ©tenteur de l’animal. Sa rĂ©daction est effectuĂ©e sous l’autoritĂ© de l’Anses qui a constituĂ© un groupe d’experts. Les praticiens de toutes les filiĂšres y sont reprĂ©sentĂ©s. Compte tenu de l’importance pour les santĂ©s humaine et animale des dispositions prĂ©sentĂ©es dans ce guide, il est opposable.

Les fiches contenues dans ce recueil font donc suite à ce guide général opposable.

FiChes de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

FiliĂšre animaux de Compagnie

Page 4: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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Composition du groupe de travail

Compte tenu de son expertise technique pour la mĂ©decine et la chirurgie des animaux de compagnie et de son implication dĂ©jĂ  ancienne dans la lutte contre l’antibiorĂ©sistance, l’AFVAC* s’est vu confiĂ©e par la DGAL* la mission de rĂ©diger ces fiches. Elle a constituĂ© un groupe de travail qui a dĂ©fini les thĂšmes des fiches et leur plan. Les membres de ce groupe de travail sont des personnalitĂ©s issues des groupes d’Etude de l’AFVAC concernĂ©s par la prescription des antibiotiques (cf. Composition du comitĂ© de pilotage, du goupe de travail et des relecteurs p 7-8). 15 mois ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour rĂ©pondre Ă  la demande de la DGAL.

les thĂšmes Choisis

Les maladies bactĂ©riennes sont trĂšs nombreuses. Pour chaque discipline, les affections les plus frĂ©quentes ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es. Certaines fiches abordent Ă©galement des affections trĂšs frĂ©quemment traitĂ©es avec des antibiotiques mais pour lesquelles il serait beaucoup plus judicieux de moins ou mĂȘme ne pas les prescrire.

Contrairement au guide de bonnes pratiques gĂ©nĂ©ral, ces fiches ne sont pas opposables. Elles se positionnent comme des aides Ă  la dĂ©cision et au choix thĂ©rapeutique et Ă©volueront dans le temps en fonction des connais-sances scientifiques. Le praticien restera le dĂ©cisionnaire final car c’est Ă  lui que revient la responsabilitĂ© du diagnostic et du traitement mĂȘme si la fiche a l’ambition de l’accompagner dans sa dĂ©marche.

Dans l’avenir, d’autres fiches pourront s’ajouter Ă  celles prĂ©vues ici. Plusieurs annexes figurent Ă  cĂŽtĂ© des fiches. Ce sont soit des synthĂšses gĂ©nĂ©rales dans certaines disciplines concernant l’originalitĂ© des traite-ments antibiotiques, soit des conseils pour la prise en charge des prĂ©lĂšvements ou pour l’interprĂ©tation des rĂ©sultats de laboratoire.

Le sommaire (cf. Tableau rĂ©capitulatif de l’ensemble des fiches et des auteurs p 9-10 ) est rĂ©solument dynamique et espĂšre votre contribution pour suggĂ©rer son Ă©volution et son Ă©largissement.

le plan des FiChes

Une quarantaine de fiches sont proposées à la profession.

La fiche dĂ©bute par un objectif qui met l’accent sur une pratique Ă  adopter ou, au contraire, Ă  abandonner. Chaque affection bactĂ©rienne envisagĂ©e fait ensuite l’objet d’une analyse : contexte de son apparition, patho-gĂšnes responsables et rĂ©sistances connues, pratiques actuelles de traitement.

La seconde partie de la fiche s’attache Ă  rĂ©pondre Ă  la question d’importance : faut-il traiter ou non avec un antibiotique ? En rappelant quelques clĂ©s pour un diagnostic performant, en indiquant les mĂ©thodes actuelle-ment reconnues pour rĂ©aliser un bon prĂ©lĂšvement et pouvoir isoler le/les germe(s) responsables, la rĂ©ponse Ă  la question posĂ©e sera grandement facilitĂ©e.

La derniÚre partie ne se bornera pas à indiquer les bonnes modalités, certes fondamentales, du traitement antibiotique mais essaiera à chaque fois que cela sera possible de proposer des mesures alternatives ou com-plémentaires.

Ces fiches prennent en compte la problĂ©matique infectieuse de l’individu (cas le plus frĂ©quent dans notre pratique), mais aussi celle des Ă©levages et des infections nosocomiales.

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Afin de les rendre plus lisibles, elles sont toutes bĂąties selon le mĂȘme plan gĂ©nĂ©ral trĂšs proche (cf. Tableau 3) de celui retenu par la SNGTV* (filiĂšre animaux de rente) ou l’AVEF* (filiĂšre Ă©quine). Mais au sein de la filiĂšre « canine » et compte tenu de la pluralitĂ© des maladies, des espĂšces et des disciplines, et des rĂ©dacteurs, il n’était ni possible ni souhaitable de structurer les fiches selon un seul et mĂȘme mode. Quelques diffĂ©rences existent donc mais favorisent la lecture plutĂŽt qu’elles ne la gĂšnent.

Les rĂ©fĂ©rences bibliographiques illustrent bien cette diffĂ©rence : elles peuvent ĂȘtre soit rĂ©fĂ©rencĂ©es dans le texte, soit figurer en fin de texte afin d’en inciter la lecture. Lorsqu’elles doivent Ă©tayer une affirmation impor-tante (exemple : dose ou durĂ©e de traitement non prĂ©vues par une AMM, cas heureusement trĂšs peu frĂ©-quent), elles sont particuliĂšrement lisibles et sont accompagnĂ©es du niveau de preuve selon les critĂšres de la mĂ©decine fondĂ©e sur les preuves (A : preuve scientifique Ă©tablie, B : prĂ©somption scientifique, C : faible niveau de preuve scientifique).

mode d’utilisation

Si le guide de bonnes pratiques doit ĂȘtre lu complĂštement afin de bien s’imprĂ©gner ou de se remĂ©morer la gestion gĂ©nĂ©rale de l’antibiotique, il n’en est pas de mĂȘme pour les fiches. Elles sont destinĂ©es Ă  ĂȘtre consul-tĂ©es rapidement avant une prescription d’antibiotiques afin de vĂ©rifier :‱ si le diagnostic de l’affection a Ă©tĂ© correctement menĂ© ;‱ si un prĂ©lĂšvement doit ĂȘtre fait et comment ;‱ si un traitement antibiotique est vraiment nĂ©cessaire ;‱ et dans ce cas, quelle molĂ©cule prescrire pour le traitement initial ;‱ si un antibiotique d’importance critique est vraiment indispensable ;‱ si une autre thĂ©rapeutique ne permettrait pas d’éviter le recours aux antibiotiques
Bref, toute question que l’utilisation raisonnĂ©e des antibiotiques impose.

L’équipe qui a rĂ©digĂ© ces fiches est Ă  l’écoute des praticiens vĂ©tĂ©rinaires pour que ces fiches Ă©voluent et atteignent les buts recherchĂ©s : la rĂ©gression de l’antibiorĂ©sistance et la prĂ©servation de l’efficacitĂ© des anti-biotiques pour l’Homme et l’Animal (un maillon essentiel dans le contexte One Health) avec comme consĂ©-quences, une augmentation de la durĂ©e de vie et de confort des animaux que nous soignons et la rĂ©duction des consommations d’antibiotiques qui est d’ailleurs dĂ©jĂ  bien engagĂ©e.

L’avenir proche verra l’apparition d’une nouvelle entitĂ© souhaitĂ©e par nos autoritĂ©s sanitaires : le rĂ©fĂ©rent en antibiothĂ©rapie vĂ©tĂ©rinaire. Leur mission et le mode selon lequel ils fonctionneront sont en cours de dĂ©finition. Ce seront des praticiens vĂ©tĂ©rinaires qui, dans chaque rĂ©gion et dans chaque filiĂšre, assureront l’information et la formation de leurs confrĂšres, diffuseront des donnĂ©es adaptĂ©es au contexte local en s’appuyant sur les donnĂ©es collectĂ©es telles que les rapports de suivi des ventes des antibiotiques de l’Anses ou les rapports du RESAPATH*. Ils assureront un appui technique pour les vĂ©tĂ©rinaires prescripteurs, en liaison avec les mĂ©de-cins rĂ©fĂ©rents rĂ©gionaux et les autoritĂ©s administratives rĂ©gionales. Trois rĂ©gions « test » devraient ĂȘtre rapi-dement envisagĂ©es dont une avec un rĂ©fĂ©rent « canin ».

Un autre projet visant Ă  mieux connaitre et Ă©valuer les prescriptions et dĂ©livrances d’antibiotiques consiste Ă  demander aux praticiens de les transmettre grĂące Ă  un Ă©quipement informatique centralisĂ©. LĂ  aussi, la filiĂšre canine devra rĂ©pondre Ă  cette demande d’informations.

Au dĂ©but 2015, l’Agence europĂ©enne du mĂ©dicament (EMA*) a publiĂ© une note de rĂ©flexion sur la possibilitĂ© de transfert, en particulier par contact, Ă  l’homme des rĂ©sistances prĂ©sentes chez les animaux de compagnie : chiens, chats, NAC et chevaux de loisirs. Le risque zoonotique de transfert de rĂ©sistance que ce soit pour les dĂ©tenteurs d’animaux de compagnie ou pour les professionnels de leur santĂ© est envisagĂ© dans cette note ainsi que des mesures (trĂšs proches de celles du plan Ecoantibio 2017) pour le combattre.

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Ce risque de transmission est une excellente opportunitĂ© pour promouvoir le concept d’hygiĂšne qui est le moyen idĂ©al pour prĂ©venir les infections bactĂ©riennes, leur transmission ainsi que celle de l’antibiorĂ©sistance. Les Ă©quipes soignantes ont un rĂŽle majeur Ă  jouer dans ce domaine en informant et conseillant les dĂ©tenteurs d’animaux et en appliquant les protocoles d’hygiĂšne au sein des Ă©tablissements vĂ©tĂ©rinaires afin de prĂ©venir les trĂšs redoutĂ©es infections nosocomiales.

ConClusion

L’émergence de l’antibiorĂ©sistance et l’absence, pour de nombreuses annĂ©es encore, de nouveaux antibio-tiques, imposent Ă  tous les intervenants responsables des santĂ©s humaine et animale de modifier les pra-tiques d’utilisation des antibiotiques.

En effet, toute prescription d’antibiotiques entraine la sĂ©lection de bactĂ©ries rĂ©sistantes. Les modalitĂ©s sont complexes, et la limitation de l’usage des antibiotiques doit se raisonner globalement. Il n’y a Ă©galement au-cun rationnel Ă  opposer les mĂ©decines vĂ©tĂ©rinaire et humaine sur ce sujet. Il n’existe pas un monde bactĂ©rien animal, pas plus qu’il n’existe un monde bactĂ©rien humain. Il existe un monde bactĂ©rien tout court.

La rĂ©sistance aux antibiotiques est devenue un sujet de premiĂšre prĂ©occupation pour les autoritĂ©s sanitaires, et qui est au cƓur du plan Ecoantibio pour le versant animal. Il est dĂ©sormais essentiel que la prescription d’antibiotiques soit entourĂ©e de la connaissance la plus dĂ©taillĂ©e possible par les vĂ©tĂ©rinaires des consĂ©-quences de cet acte. La sĂ©lection de bactĂ©ries rĂ©sistantes toujours plus nombreuses doit conduire le vĂ©tĂ©ri-naire Ă  apprĂ©cier le niveau de risque auquel sa prescription est associĂ©e, Ă  la fois en termes de santĂ© publique, de santĂ© animale ou de dissĂ©mination environnementale de la rĂ©sistance.

Ces derniĂšres annĂ©es, la baisse sensible de la consommation d’antibiotiques enregistrĂ©e dans la filiĂšre « ani-maux de compagnie », comme dans les autres filiĂšres animales, montre bien la prise de conscience du risque antibiotique par la profession vĂ©tĂ©rinaire. Les nombreuses mesures dĂ©crites, les guides de bonnes pratiques de gestion des antibiotiques, les fiches de recommandations telles que celles prĂ©sentĂ©es ici, sont d’excellents outils pour sauvegarder l’efficacitĂ© de ces mĂ©dicaments et renforcer la confiance qu’a le grand public dans les pratiques de la profession vĂ©tĂ©rinaire.

*Anses : Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail*ANSM : Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ©*DGAL : Direction gĂ©nĂ©rale de l’alimentation*AFVAC : Association Française VĂ©tĂ©rinaire pour Animaux de Compagnie*SNGTV : SociĂ©tĂ© Nationale des Groupements Techniques VĂ©tĂ©rinaires*AVEF : Association VĂ©tĂ©rinaire Equine Française*RESAPATH : RĂ©seau d’épidĂ©miosurveillance de l’antibiorĂ©sistance des bactĂ©ries pathogĂšnes animales*AMM : Autorisation de Mise sur le MarchĂ© vĂ©tĂ©rinaire

Juliette AndréJAkDocteur vétérinaire, Responsable de la formation continue AFVAC

Jean-Francois rousselotDocteur VĂ©tĂ©rinaire, Vice-PrĂ©sident de l’AFVAC chargĂ© des affaires nationales et du mĂ©dicament

eric GuAGuĂšreDocteur vĂ©tĂ©rinaire,PrĂ©sident de l’AFVAC

FiChes de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

Page 7: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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Composition du Comité de pilotage, du groupe de travail et des releCteurs

Comité de pilotage

groupe de travail

nom adresse pro titres et diplĂŽmesJF. rousselot [email protected]

Clinique Vétérinaire du Clos des Camélias72, Boulevard Charles de Gaulle92700 COLOMBES

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ Ancien Assistant dans le service de mĂ©decine

des carnivores et des Ă©quidĂ©s de l’ENVA‱ Membre titulaire de l’AcadĂ©mie vĂ©tĂ©rinaire

e. guaguĂš[email protected]

Clinique Vétérinaire Saint Bernard598, avenue de Dunkerque59160 LOMME

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ DiplĂŽmĂ© collĂšge europĂ©en de dermatologie ‱ DiplĂŽme d’études spĂ©cialisĂ©es en Dermatologie‱ Membre titulaire de l’AcadĂ©mie vĂ©tĂ©rinaire

J. andrĂ©[email protected]

AFVAC, 40 rue de Berri75008 PARIS

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ Ancienne Interne ENVA‱ CEAV mĂ©decine interne des petits animaux de compagnie ‱ Master 1 MĂ©thodes en santĂ© publique Paris Sud‱ Master 2 MĂ©thodologie et statistique en recherche

biomédicale Paris Sud

nom adresse pro titres et diplÎmese. asimus Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse

23, chemin des CapellesBP 8761431076 TOuLOuSE Cedex 03

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire ‱ Master en sciences‱ PhD‱ MaĂźtre de ConfĂ©rences en Chirurgie

s. beurlet-laffarge VEBIO Laboratoire de Biologie Vétérinaire41 bis, avenue Aristide Briand94117 ARCuEIL Cedex France

‱ Docteur VĂ©tĂ©rinaire ‱ Doctorat de Biologie Paris VII‱ Master de CancĂ©rologie Paris XI‱ Du AntibiothĂ©rapie Paris VII‱ Du HĂ©matologie Paris VI

e. bomassi Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers29 Avenue du Maréchal Joffre77100 MEAuX

‱ Docteur VĂ©tĂ©rinaire‱ DiplĂŽme d’études spĂ©cialisĂ©es en Cardiologie

g. de geyer Clinique vétérinaire35 avenue Patton49000 ANGERS

‱ Docteur VĂ©tĂ©rinaire ‱ DiplĂŽme d’études spĂ©cialisĂ©es en Ophtalmologie‱ CES Ophtalmologie‱ CES Dermatologie

C. escriou Vetagro-SupCampus VĂ©tĂ©rinaire de Lyon1, avenue Bourgelat69280 MARCy L’ETOILE

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ Ancienne Interne de MĂ©decine Ă  Alfort ‱ DEA et Doctorat de Neurosciences

p. roux Dentovet SARLJoliette 5CH-1006 LAuSANNE

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ DiplĂŽmĂ© du collĂšge europĂ©en de dentisterie

vétérinaire (EVDC)

Page 8: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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nom adresse pro titres et diplĂŽmes

i. goy-thollot Vetagro-SupCampus VĂ©tĂ©rinaire de Lyon1, avenue Bourgelat69280 MARCy L’ETOILE

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ Ancienne Interne de MĂ©decine Ă  Alfort ‱ DiplĂŽmĂ© du CollĂšge europĂ©en vĂ©tĂ©rinaire d’urgences

et soins intensifs (ECVECC) ‱ IngĂ©nieur de Recherches Hors Classe au SIAMu

d. héripret CHV Frégis - 94110 ARCuEILCHV Pommery - 51100 REIMS

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ CES Dermatologie‱ DiplĂŽmĂ© du CollĂšge europĂ©en vĂ©tĂ©rinaire de

dermatologie (ECVD)

J. hernandez Centre Hospitalier VĂ©tĂ©rinaire FrĂ©gis43, avenue Aristide BriandPorte d’OrlĂ©ans RN 2094110 ARCuEIL

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire ‱ Ancien Interne de MĂ©decine Ă  Alfort‱ CEAV en MĂ©decine Interne des Animaux de

Compagnie Master en Sciences‱ DiplĂŽmĂ© du CollĂšge amĂ©ricain vĂ©tĂ©rinaire de mĂ©decine

interne (ACVIM)

J-m. péricard Clinique Vétérinaire24, rue du Cers11130 SIGEAN

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ CES de Pathologie Aviaire ‱ DiplĂŽmĂ© d’ÉpidĂ©miologie Animale ÉlĂ©mentaire

Maisons-Alfort

C. poncet Centre Hospitalier VĂ©tĂ©rinaire FrĂ©gis43, avenue Aristide BriandPorte d’OrlĂ©ans RN 2094110 ARCuEIL

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ DiplĂŽmĂ© du CollĂšge europĂ©en vĂ©tĂ©rinaire de chirurgie

(ECVS)

e. rosset CERREC - Biotechnologies et Pathologie de la ReproductionVetAgro Sup - Campus vĂ©tĂ©rinaire de Lyon1, avenue Bourgelat69280 MARCy L’ETOILE

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ DiplĂŽmĂ© du CollĂšge europĂ©en de reproduction animale

(ECAR)

groupe de travail (suite)

releCteurs

nom adresse pro titres et diplĂŽmesJl. Cadore Vetagro-Sup

Campus VĂ©tĂ©rinaire de Lyon1, avenue Bourgelat69280 MARCy L’ETOILE

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ Professeur AgrĂ©gĂ©, unitĂ© mĂ©decine interne des

animaux de compagnie et PĂŽle Equin ‱ DiplĂŽmĂ© du CollĂšge europĂ©en vĂ©tĂ©rinaire de mĂ©decine

interne (ECVIM)

g. Chaudieu PÎle Santé Chanturgue (anciennement Clinique Vétérinaire Beaulieu)52, bd Maurice Pourchon63100 CLERMONT FERRAND

‱ Docteur vĂ©tĂ©rinaire‱ CES Ophtalmologie‱ DiplĂŽmĂ© du CollĂšge europĂ©en vĂ©tĂ©rinaire

d’ophtalmologie (ECVO)‱ DiplĂŽme d’études spĂ©cialisĂ©es en Ophtalmologie

b. Cloet AFVAC, 40 rue de Berri75008 PARIS

‱ CES d’Ophtalmologie VĂ©tĂ©rinaire ‱ Du de Microchirurgie et chirurgie expĂ©rimentale

Composition du Comité de pilotage, du groupe de travail et des releCteurs

Page 9: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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eXamen par le groupe de travail anses

Le groupe de travail « Bonnes pratiques relatives Ă  l’emploi des antibiotiques » crĂ©Ă© en par l’Anses a Ă©tĂ© chargĂ© en octobre 2015 de vĂ©rifier la cohĂ©rence des recommandations faites dans ces fiches avec d’une part l’ArrĂȘtĂ© du 22 juillet 2015 relatif aux bonnes pratiques d’emploi des mĂ©dicaments contenant une ou plusieurs substances antibiotiques en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire et d’autre part avec le rapport de l’Anses paru en juin 2014 : Risques d’émergence d’antibiorĂ©sistances liĂ©s aux modes d’utilisation des antibiotiques dans le domaine de la santĂ© animale. (https://www.anses.fr/fr/documents/SANT2011sa0071Ra.pdf).

Ce groupe de travail est composĂ© de :‱ Yves MILLEMANN (PrĂ©sident)‱ Jacqueline BASTIEN‱ Jacques BIETRIX‱ Guillaume LEQUEUX‱ GĂ©rard MOULIN‱ Jean-Pierre ORAND‱ Jacques ROBERTON‱ Jean-François ROUSSELOT‱ Xavier SAUZEA‱ Claire SCICLUNA

Les fiches ont Ă©tĂ© transmises au Syndicat de l’Industrie du MĂ©dicament et RĂ©actif VĂ©tĂ©rinaires (SIMV) qui a formulĂ© commentaires et suggestions par l’intermĂ©diaire de sa secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale Marie Anne BarthĂ©lĂ©my.

eXamen par le groupe de travail anses

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DISCIPLINE TITRE DE LA FICHEGROUPE D’ÉTUDE

CONCERNÉ PAR LA FICHE

AUTEUR(S)

CANCÉROLOGIERecommandations d’antibiothĂ©rapie chez les chiens et les chats atteints de cancer et recevant une chimiothĂ©rapie

GEOS. Lafarge- Beurlet en collaboration avec les membres du GEO

CARDIOLOGIE Endocardites bactériennes chez le chien et le chat GECA E. Bomassi et J-F. Rousselot

CHIRURGIE DES TISSUS MOUSAntibioprophylaxie et antibiothérapie en chirurgie générale chez le chien et le chat GEC C. Poncet

Infection du site opératoire chez le chien et le chat GEC C. Poncet

CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUEAntibioprophylaxie en chirurgie ostĂ©o-articulaire chez le chien et le chat GECOV E. Asimus

Antibiothérapie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat GECOV E. Asimus

DERMATOLOGIE

AbcĂšs et granulomes chez les oiseaux et les reptiles GENAC J-M. PĂ©ricard

Pyodermite de surface chez le chien GEDAC D. HĂ©ripret et A. Muller

Pyodermite superficielle chez le chien GEDAC D. HĂ©ripret et A. Muller

Pyodermite profonde chez le chien GEDAC D. HĂ©ripret et A. Muller

Otites externes non purulentes GEDAC D. HĂ©ripret et A. Muller

NEUROLOGIEOtites moyennes chez le chien et le chat GEN C. Escriou

Les infections du systĂšme nerveux central du chien et du chat GEN C. Escriou

Spondylodiscites chez le chien GEN C. Escriou

ODONTO-STOMATOLOGIEMaladie parodontale chez le chien et le chat GEROS P. Roux et P. Hennet

Pulpite chez le chien et le chat GEROS P. Roux et N. Girard

Chirurgie et infections orales chez le chien et le chat GEROS P. Roux et N. Girard

OPHTALMOLOGIEConjonctivites bactériennes chez le chien et le chat GEMO

G. De Geyer et G. Payen avec la collaboration de E. DĂ©an, T. Azoulay, P. Maisonneuve et F. Famose

Kératites ulcéreuses chez le chien et le chat GEMOG. De Geyer et G. Payen avec la collaboration de E. Déan, T. Azoulay, P. Maisonneuve et F. Famose

PATHOLOGIE APPAREIL DIGESTIF

Entérites aiguës chez le chien et le chat GEMI J. Hernandez

Entéropathies chroniques chez le chien et le chat GEMI J. Hernandez

Affections hépatobiliaires chez le chien et le chat GEMI J. Hernandez

Pancréatites chez le chien et le chat GEMI J. Hernandez

GEC : Groupe d’Etude en Chirurgie ; GECA : Groupe d’Etude en Cardiologie-Pneumologie ; GECOV : Groupe d’Etude en Chirugie OrthopĂ©dique VĂ©tĂ©rinaire ; GEDAC : Groupe d’Etude en Dermatologie des Animaux de Compagnie ; GEMI : Groupe d’Etude en MĂ©decine Interne ; GEMO : Groupe d’Etude en Ophtalmologie ; GENAC : Groupe d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie ; GEO : Groupe d’Etude en Oncologie ; GEN : Groupe d’Etude en Neurologie ; GEROS : Groupe d’Etude et de Recherche en Odonto-Stomatologie.

TABLEAU RÉCAPITULATIF DES FICHES ET DES AUTEURS

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DISCIPLINE TITRE DE LA FICHEGROUPE D’ÉTUDE

CONCERNÉ PAR LA FICHE

AUTEUR(S)

PATHOLOGIE APPAREIL RESPIRATOIRE

Rhinites chez le chien et le chat GEMI J. Hernandez

Trachéobronchite aiguë chez le chien GEMI J. Hernandez

Bronchopneumonies chez le chien et le chat GEMI J. Hernandez

Affections pleurales bactériennes chez le chien et le chat GEMI J. Hernandez

Rhinopneumonies infectieuses chez le lapin de compagnie GENAC J-M. PĂ©ricard

PATHOLOGIE APPAREIL REPRODUCTEUR

Mammites chez le chien et le chat GERES A. Gogny et E. Rosset

PyomĂštre chez la chienne et la chatte GERES A. Gogny et E. Rosset

MĂ©trite infectieuse aigĂŒe chez la chienne et la chatte GERES F. Lemoine et A. Gogny

MĂ©trite infectieuse chronique de la chienne et de la chatte GERES F. Lemoine et A. Gogny

Vaginite chez la chienne et la chatte GERES A. Gogny et E. Rosset

Prostatite du chien GERES X. LĂ©vy et A. Gogny

Orchites et épididymites bactériennes chez le chien GERES J. Séguéla et A. Gogny

Antibiothérapie chez le chien et le chat nouveau-né GERES A. Gogny et E. Rosset

Antibiothérapie chez la femelle gravide et la femelle en lactation (chienne et chatte) GERES A. Gogny et E. Rosset

URGENCE ET RÉANIMATIONSepsis et choc septique chez le chien et le chat GEUR I. Goy-Thollot et F. Roux

Problématique des infections nosocomiales (notamment en soins intensifs) chez le chien et le chat

GEUR F. Roux et I. Goy-Thollot

URO-NÉPHROLOGIEInfections du tractus urinaire chez le chien GEMI J. Hernandez

Infections du tractus urinaire chez le chat GEMI J. Hernandez

ANNEXE 1 Antibiotiques et définitions utiles en chirurgie GEC C. Poncet

ANNEXE 2 Évaluation du risque septique en chirurgie chez les carnivores domestiques GEC C. Poncet

ANNEXE 3 PrélÚvements pour bactériologie GEO S. Beurlet-Lafarge

ANNEXE 4 Les prĂ©requis Ă  la rĂ©alisation pratique et Ă  l’interprĂ©tation d’un examen bactĂ©riologique GEO S. Beurlet-Lafarge

ANNEXE 5 ProblĂ©matique de l’usage des antibiotiques chez les Nouveaux Animaux de Compagnie GENAC J-M. PĂ©ricard

ANNEXE 6 RĂ©glementation des antibiotiques d’importance critique DGAL

GEC : Groupe d’Etude en Chirurgie ; GEMI : Groupe d’Etude en MĂ©decine Interne ; GENAC : Groupe d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie ; GEO : Groupe d’Etude en Oncologie ; GERES : Groupe d’Etude en Reproduction, Elevage et SĂ©lection des Carnivores domestiques ; GEUR : Groupe d’Etude en Urgence et RĂ©animation.

TABLEAU RÉCAPITULATIF DES FICHES ET DES AUTEURS

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CAnCĂ©roloGIe

Recommandations d’antibiothĂ©rapie chez les chiens et les chats atteints de cancer et recevant une chimiothĂ©rapie

reCommandations d’antibiothĂ©rapie Chez les Chiens et les Chats atteints de CanCer et reCevant une ChimiothĂ©rapie

obJeCtiFs

‱ Savoir quand prescrire ou non une antibiothĂ©rapie lors de cancer.

‱ Optimiser le recours aux antibiotiques lors de neutropĂ©nie liĂ©e Ă  l’utilisation des agents de chimiothĂ©rapie chez le chien et le chat en favorisant les bonnes pratiques :

- identifier l’origine bactĂ©rienne et son profil de rĂ©sistance avant toute antibiothĂ©rapie systĂ©mique ; - hospitaliser pour antibiothĂ©rapie intraveineuse en cas de neutropĂ©nie fĂ©brile ; - assurer le suivi clinique et hĂ©matologique pour rĂ©duire la durĂ©e de l’antibiothĂ©rapie.

‱ PrĂ©venir : respecter les doses et les rythmes recommandĂ©s en tenant compte du poids de l’animal et de l’espĂšce concernĂ©e et suivre la numĂ©ration granulocytaire au moment de la neutropĂ©nie maximale attendue (nadir).

situation aCtuelle

ContexteLe risque infectieux chez les chiens et les chats cancéreux recevant une chimiothérapie est réel et majoritai-rement bactérien. Il peut découler de différentes situations :

‱ de l’immunodĂ©ficience gĂ©nĂ©rale ou locale liĂ©e Ă  la maladie cancĂ©reuse primitive lors de cancers hĂ©mato-logiques ou sur le site des cancers solides (poumon, vessie
) ;

‱ de la neutropĂ©nie liĂ©e aux cancers ou Ă  la chimiothĂ©rapie : pour la grande majoritĂ© des agents de chimio-thĂ©rapie, la neutropĂ©nie survient 7 Ă  10 jours aprĂšs l’injection. Pour la vinblastine elle peut ĂȘtre observĂ©e Ă  4 jours. Pour le carboplatine et la lomustine, elle peut ĂȘtre diffĂ©rĂ©e jusqu’à 3 ou 4 semaines. L’administration de plusieurs agents de chimiothĂ©rapie le mĂȘme jour augmente le risque d’apparition de neutropĂ©nie ;

‱ de la rupture des barriĂšres muqueuses : la chimiothĂ©rapie et les radiations contribuent Ă  dĂ©truire les bar-riĂšres muqueuses, ce qui permet d’autant plus le passage de germes dans la circulation sanguine ;

‱ d’une Ă©ventuelle splĂ©nectomie en cas d’hĂ©mangiosarcome splĂ©nique par exemple : la rate a un rĂŽle majeur pour la lutte contre les bactĂ©ries encapsulĂ©es (Streptococcus pneumoniae, Haemofilus influenzae, Neisseria meiningiditis) ;

‱ de l’utilisation de corticoĂŻdes et autres agents lymphotoxiques (analogue des purines comme cytarabine, fludarabine) Ă  l’origine d’une dĂ©plĂ©tion CD4 ;

‱ du type de cancer et de la taille de l’animal : chez le chien, le risque est plus Ă©levĂ© pour les chimiothĂ©rapies concernant les lymphomes et leucĂ©mies surtout pendant la phase d’induction des protocoles ainsi que pour les chiens de petite taille en probable relation avec l’utilisation d’un dosage par m2.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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CAnCĂ©roloGIe

Recommandations d’antibiothĂ©rapie chez les chiens et les chats atteints de cancer et recevant une chimiothĂ©rapie

reCommandations d’antibiothĂ©rapie Chez les Chiens et les Chats atteints de CanCer et reCevant une ChimiothĂ©rapie

pratiques actuelles de traitementLors de neutropĂ©nie non fĂ©brile, les pratiques actuelles utilisent la cĂ©falexine, l’amoxicilline, l’amoxicilline/acide clavulanique ou les sulfamides/trimĂ©thoprime [7,8].

Lors de neutropĂ©nies fĂ©briles, les antibiotiques disponibles en formes injectables par voie intraveineuse sont largement utilisĂ©s. Etant donnĂ© les difficultĂ©s d’approvisionnement des cliniques vĂ©tĂ©rinaires en antibiotiques de la famille des bĂ©talactamines sous cette forme, le recours aux quinolones devient pratiquement obliga-toire.

De nombreuses publications anglo-saxonnes recommandent l’utilisation de fluoroquinolones en antibiopro-phylaxie (enrofloxacine) probablement par analogie Ă  l’utilisation de la ciprofloxacine chez l’Homme dans le mĂȘme contexte. Nous ne recommandons pas l’usage de cet antibiotique en antibioprophylaxie car il n’existe pas d’étude montrant son intĂ©rĂȘt chez le chien ou le chat dans ce contexte. Leur utilisation constitue un risque important d’apparition de rĂ©sistance bactĂ©rienne [8] contrairement Ă  celle de l’association sulfamides-trimĂ©-thoprime.

pathogĂšnes en causeLe risque bactĂ©rien est trĂšs majoritaire et les principaux sites de contamination sont le tube digestif, les sinus, les poumons, la peau, l’urine et la cavitĂ© buccale. Les bactĂ©ries impliquĂ©es les plus frĂ©quentes sont :‱ Gram + : staphylocoques coagulase nĂ©gative, staphylocoques coagulase positive, streptocoques, entĂ©ro-

coques ;‱ Gram - : Escherichia coli, Klebsiella spp., Enterobacter spp., Pseudomonas aeruginosa.

rĂ©sistances connuesIl n’existe pas de rĂ©sistance spĂ©cifique reconnue Ă  cette situation.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Prévention des risques de neutropénie :

‱ Il faut respecter les doses d’agents de chimiothĂ©rapie recommandĂ©es : - pour les chiens de plus de 10 kg : doses par m2 - pour les chiens de moins de 10 kg et les chats : dose par m2 adaptĂ© au petit format ou dose par kg s’il

est disponible.

‱ un suivi de la numĂ©ration-formule est nĂ©cessaire pour mettre en Ă©vidence une Ă©ventuelle neutropĂ©nie. La neutropĂ©nie doit ĂȘtre Ă©valuĂ©e selon le grade donnĂ© dans le tableau 1. Pour les chimiothĂ©rapies de rythmi-citĂ© de 3 Ă  4 semaines, il convient de prĂ©voir une numĂ©ration formule sanguine au nadir (7 Ă  10 jours aprĂšs l’administration de l’agent) et un suivi obligatoire quelle que soit la rythmicitĂ© avant chaque nouvelle sĂ©ance de chimiothĂ©rapie.

gradeintensité de la neutropénie 1 2 3 4 5

nombre de granulocytes neutrophiles (gn)/ml

> 1500< 2500

1000-1499 500-999 < 500 Neutropénie mortelle

tableau 1 : grading des neutropĂ©nies (d’aprĂšs VCOG-CTCAE [9]) pour les neutropĂ©nies induites par les agents de chimiothĂ©rapie

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CAnCĂ©roloGIe

Recommandations d’antibiothĂ©rapie chez les chiens et les chats atteints de cancer et recevant une chimiothĂ©rapie

reCommandations d’antibiothĂ©rapie Chez les Chiens et les Chats atteints de CanCer et reCevant une ChimiothĂ©rapie

‱ si une neutropĂ©nie liĂ©e Ă  la chimiothĂ©rapie est mise en Ă©vidence lors d’un suivi de la numĂ©ration-formule, il est recommandĂ© de diminuer la dose lors de l’administration suivante. La diminution recommandĂ©e est fonction de l’intensitĂ© de la neutropĂ©nie observĂ©e : 10 % de diminution pour une neutropĂ©nie de grade 2, 20 % pour une neutropĂ©nie de grade 3, 25 % pour une neutropĂ©nie de grade 4.

Prise en charge et antibiothérapie initiale en cas de neutropénie induite par la chimiothérapie :

‱ pour les neutropĂ©nies de grade 1 et 2 (> 1000 Gn/ml), le risque de sepsis est faible et le traitement sys-tĂ©matique non recommandĂ© en l’absence de fiĂšvre sauf Ă©ventuellement si une diminution plus importante est attendue dans les jours qui suivent. En cas de prescription, il est recommandĂ© de choisir l’association sulfamide-trimĂ©thoprime par voie orale ;

‱ pour les neutropĂ©nies de grade 3 ou 4 (< 1000 Gn/ml) et non fĂ©brile, l’hospitalisation n’est pas nĂ©cessaire. Une antibiothĂ©rapie par voie orale (cf. Tableau 2 page suivante) est prĂ©conisĂ©e ainsi qu’un suivi de la tempĂ©-rature rectale Ă  la maison ;

‱ pour les neutropĂ©nies de grade 3 ou 4 (< 1000 Gn/ml) et fĂ©brile, l’hospitalisation est indispensable pour la mise en place d’une perfusion de cristalloĂŻdes si un Ă©tat de choc est objectivĂ© ou d’une perfusion de solutĂ©s isotoniques si l’état clinique est stable. Les recommandations sont :

‱ de rĂ©aliser au minimum : une hĂ©matologie, un frottis sanguin, un bilan biochimique complet, un examen cytobactĂ©riologique des urines et Ă©ventuellement une hĂ©moculture, des radiographies thoraciques, une Ă©chographie abdominale et cardiaque ;

‱ d’utiliser une antibiothĂ©rapie intraveineuse Ă  large spectre, bien que cette pratique ne soit pas conseillĂ©e dans la trĂšs grande majoritĂ© des autres situations cliniques, car les germes en cause peuvent ĂȘtre autant Gram + que Gram- et autant communautaires que nosocomiaux Ă©tant donnĂ© les hospitalisations frĂ©quentes pour les chimiothĂ©rapies :

- combinaison pĂ©nicilline/aminoglycosides si la fonction rĂ©nale est normale ; - combinaison cĂ©phalosporine/fluoroquinolone* si les aminoglycosides sont contre-indiquĂ©s ;‱ de prescrire une antibiothĂ©rapie de courte durĂ©e : arrĂȘter le traitement aprĂšs 3 Ă  5 jours si la fiĂšvre est rĂ©so-

lue avec des neutrophiles de nombre supĂ©rieur Ă  1000 par microlitres ;‱ de ne pas prescrire d’antibiothĂ©rapie prolongĂ©e notamment avec les quinolones car elles sont inutiles et

sĂ©lectionnent des germes rĂ©sistants ;‱ si la fiĂšvre est persistante au-delĂ  de 24 heures malgrĂ© l’antibiothĂ©rapie, de prescrire hĂ©mocultures, radio-

graphies, Ă©chographie pour rechercher le foyer infectieux et en attendant les rĂ©sultats des cultures d’ajouter du mĂ©tronidazole par voie intraveineuse pour Ă©largir le spectre anaĂ©robie.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLe respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement des affections bactĂ©riennes est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation. L’indication des antibiotiques en cancĂ©rologie n’étant pas envisagĂ©e dans le RCP, le niveau de preuve scientifique est indiquĂ© par les lettres A, B, C (cf. Tableau 2 page suivante).

mesures alternatives et complĂ©mentairesIl est possible d’utiliser le G-CSF Ă  la dose de 5 mg/kg/j (granulocytes colony stimulating factor, mĂ©dicament Ă  usage humain) pour stimuler la granulopoĂŻĂšse en cas de neutropĂ©nie infĂ©rieure Ă  500 cellules par mL persis-tante plus de 72 heures.

a retenirEn cas de neutropĂ©nie non fĂ©brile supĂ©rieure Ă  1000 granulocytes neutrophiles par microlitres, le risque sep-tique est faible et l’antibiothĂ©rapie n’est pas recommandĂ©e sauf cas particulier.En cas de neutropĂ©nie fĂ©brile infĂ©rieure Ă  1000 granulocytes neutrophiles par microlitres, l’antibiothĂ©rapie doit ĂȘtre hautement bactĂ©ricide, de courte durĂ©e en utilisant une association d’antibiotiques par voie veineuse.

*Attention, antibiotique d’importance critique !

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CAnCĂ©roloGIe

Recommandations d’antibiothĂ©rapie chez les chiens et les chats atteints de cancer et recevant une chimiothĂ©rapie

reCommandations d’antibiothĂ©rapie Chez les Chiens et les Chats atteints de CanCer et reCevant une ChimiothĂ©rapie

tableau 2 : traitement antibiotique recommandé en fonction des situations cliniques rencontrées lors de neutropénie induite par la chimiothérapie chez le chien et le chat

Faible risque : Grade 1 et 2 non fébrileniveau b

Pas de traitementOuSulfaméthoxypyridazine-triméthoprime 7,5 mg/kg PO minimum toutes les 12 heures 5 à 7 jours

Grade 3 et 4 non fébrile ou Grade 1 et 2 fébrileniveau b à C

Sulfaméthoxypyridazine-triméthoprime 7,5 mg/kg PO toutes les 12 heures 5 à 7 joursOuAmoxicilline/acide clavulanique : minimum 12,5 mg/kg PO toutes les 12 heures 5 à 7 joursOuCéfalexine : minimum 15 mg/kg PO toutes les 12 heures 5 à 7 jours

Grade 3 et 4 fébrile*niveau C

Amoxicilline/acide clavulanique : minimum 12,5 mg/kg IV toutes les 8 à 12 heures + Gentamicine 5 à 7 mg/kg IV toutes les 24 heures 3 à 5 jours maximum si la fonction rénale est normaleOuCéfalexine : minimum 15 mg/kg IV toutes les 8 à 12 heures + enrofloxacine 5 mg/kg IV toutes les 24 heures ou marbofloxacine 2 mg/kg IV toutes les 24 heures

Grade 3 et 4 fébrile et fiÚvre persistante malgré antibio-thérapie recommandée*niveau C

Ajouter aux associations précédentes : Métronidazole 15 mg/kg IV toutes les 12 heures

* La durĂ©e du traitement dĂ©pend :‱ du site de l’infection : se rĂ©fĂ©rer aux fiches spĂ©cifiques (pneumonie, endocardite
) ; ‱ de l’agent causal s’il est connu ;‱ de la rĂ©ponse au traitement ; ‱ de la persistance d’une neutropĂ©nie.

réFérenCes bibliographiques

1. Thamm DG, Vail DM. After shocks of Cancer Chemotherapy: Managing Adverse m effects. J Am Assoc Hosp Anim. 2007;43:1-7. 2. Fan TM et coll. Hematological toxicity and therapeutic efficacy of lomustine in 20 tumor-bearing cats: critical assessments of a practical dosing regimen. J Am Assoc Hosp Anim. 2002;38:357-63.3. Saba CF et coll. Phase II clinical evaluation of lomustine chemotherapy for feline vaccine-associated sarcoma. Vet Comp Oncol. 2012;10:283-91. 4. Page RL et coll. Pharmakinetic and phase I evalulation of carboplatin in dogs. J Vet Intern Med. 1993;7:235-40.5. Sorenmo K et coll. Case-Control study to evaluate risk factors for the development of sepsis . (neutropenia and fever) in dogs receiving chemotherapy. J Am Vet Med Assoc. 2010;236:650-6.6. Northrup NC. Neutropenia Associated with VCR and L-ASP Induction Chemotherapy for Canine Lymphoma. J Vet Intern Med; 2002;16:570-5.7. Vail DM. Supporting the Veterinary Cancer Patient on Chemotherapy: Neutropenia and Gastrointestinal Toxicity. Topics in Companion Animal Medecine. 2009, 3:122-9.8. Chretin J. Prophylactic TMP-Sulfadiazine during chemotherapy in dogs with lymphoma and osteosarcoma: a double-blind, placebo-controlled study. J Vet Intern Med. 2007;21:141-8.9. VCOG Common terminology criteria for adverse events (VCOG-CTCAE) following chemotherapy or biological antineoplastic therapy in dogs and cats v.1.1, Vet Comp Oncol. 2011;20.10. Chun R et coll. Cancer chemotherapy. In : Withrow SI, MacEwen EG, eds, Small Animal Clinical Oncology. 3rd ed. Philadelphia: Saunders ; 2001: 92-118.11. NCCN Clinical Practice Guidelines in Oncology. Prevention and Treatment of Cancer-Related Infections. Version 2.2011. Consultable sur : https://www.nccn.org/store/login/login.aspx?ReturnURL=http://www.nccn.org/profes-sionals/physician_gls/pdf/infections.pdf.

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CArdI

oloGIe

Endocardites bactériennes chez le chien et le chat

endoCardites baCtériennes Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

Une optimisation de l’usage des antibiotiques avec, lorsque cela est possible, une rĂ©duction de leur usage.Eviter l’usage des antibiotiques dans les situations ou cela ne s’avĂšre pas nĂ©cessaire.

avertissement

Les myocardites ne sont pas envisagĂ©es dans cette fiche de recommandation. Elles sont majoritairement in-flammatoires ou infectieuses virales (parvovirus, coronavirus,
), ou parasitaires chez le chien et le chat, mais rarement d’origine bactĂ©rienne. Leur traitement ne nĂ©cessite pas l’utilisation d’antibiotiques. Dans de rares cas les myocardites sont d’origine bactĂ©rienne, mais secondaires Ă  une endocardite avec un foyer primaire, une septicĂ©mie, un corps Ă©tranger, un traumatisme perforant
 Ces affections semblent ĂȘtre responsables d’altĂ©rations myocardiques comparables Ă  celles rencontrĂ©es lors de cardiomyopathies.

situation aCtuelle

ContexteUne endocardite est une inflammation de l’endocarde, classiquement localisĂ©e Ă  l’endocarde valvulaire, se-condaire Ă  une infection bactĂ©rienne. Une endocardite a toujours une origine bactĂ©rienne, survient toujours Ă  la suite d’une septicĂ©mie ou d’une bactĂ©riĂ©mie au cours de laquelle le germe se fixe sur l’endocarde aprĂšs diffusion sanguine d’un foyer primitif (abcĂšs prostatique, mĂ©trite, spondylodiscite, gingivite, dermatite...). La prolifĂ©ration des germes provoque des lĂ©sions ulcĂ©ratives, perforantes et vĂ©gĂ©tantes. Les valves les plus atteintes sont les valves aortique (51 %) et mitrale (59 %). Les valves tricuspide et pulmonaire sont rarement atteintes. La prĂ©valence des endocardites est faible chez le chien, environ 0,05 % des cas de cardiopathies. Chez le chat, les endocardites sont encore plus rares. Ces infections affectent majoritairement les chiens de grande race (92 % des cas d’endocardite) : Retriever du labrador, Berger allemand, Boxer, Rottweiler, Dalma-tien, Doberman, et les animaux sensibles (animaux dĂ©bilitĂ©s, immunodĂ©primĂ©s, diabĂ©tiques, avec cathĂ©ters de longue durĂ©e
). Elles peuvent Ă©voluer selon un mode suraigu, aigu ou chronique. Le chien mĂąle est plus reprĂ©sentĂ© que la femelle (66 % de mĂąles, 34 % de femelles). Soixante-dix-huit pour cent des animaux ont plus de 5 ans. Les germes sont majoritairement des staphylocoques ou des streptocoques (cf. ci dessous, diagnostic bactĂ©riologique).

pratiques actuelles de traitementLes antibiotiques sont prescrits lors d’endocardites aprĂšs suspicion de l’infection bactĂ©rienne. Cette antibio-thĂ©rapie concerne Ă©galement le foyer primaire, aprĂšs identification du/des germe(s) ou plus « simplement » dans un contexte infectieux en l’absence d’identification de ce foyer.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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Les principaux antibiotiques utilisĂ©s sont, par ordre d’importance estimĂ©e :‱ pour les traitements par voie orale : amoxicilline, amoxicilline + acide clavulanique, quinolones, (enro-

floxacine et marbofloxacine), cĂ©phalosporines de premiĂšre et seconde gĂ©nĂ©rations (cĂ©falexine) ;‱ pour les traitements par voie injectable : cĂ©falexine, cefovĂ©cine, quinolones (enrofloxacine, marbofloxa-

cine), pénicillines.

L’utilisation des antibiotiques est systĂ©matique, que le foyer infectieux soit identifiĂ© et localisĂ© ou non, que le germe soit identifiĂ© ou non.

pathogĂšnes en cause

Staphylococcus spp., Streptococcus spp., Pseudomonas spp., Corynébacterium spp.Escherichia coliGermes anaérobies

résistances connuesNon documenté.

approche diagnostique des endocardites infectieuses

Diagnostic cliniqueLes symptĂŽmes rencontrĂ©s sont la consĂ©quence des lĂ©sions cardiaques et extracardiaques liĂ©es Ă  l’infec-tion et la bactĂ©riĂ©mie. Selon le lieu exact du foyer primaire, les manifestations sont variables : hyperthermie, troubles digestifs, toux, boiterie (53 % des animaux prĂ©sentent un trouble locomoteur lors du diagnostic, pouvant ĂȘtre liĂ© Ă  une polyarthrite secondaire, ou Ă  une spondylodiscite primaire)
 Les modifications car-diaques (anomalies du fonctionnement myocardique, valvulaire, troubles du rythme) sont responsables d’une insuffisance cardiaque de survenue souvent brutale.

Diagnostic radiographiqueLes radiographies thoraciques n’apportent pas d’information spĂ©cifique pour le diagnostic d’une endocardite.

Diagnostic Ă©lectrocardiographiqueLes anomalies sont soit morphologiques (Ă©ventuellement celles d’une cardiomĂ©galie gauche) ou rythmo-logiques (dysrythmies).

Diagnostic Ă©chocardiographiqueSelon la localisation de l’infection cardiaque, l’examen bidimensionnel peut montrer des modifications mor-phologiques myocardiques (remodelage, plages hypo/hyperĂ©chogĂšnes), cavitaires (dilatations, atriales et ventriculaires) et, de façon plus frĂ©quente et souvent spectaculaire, des modifications valvulaires : Ă©paissis-sement avec vĂ©gĂ©tations, thrombus, embolisations. Il est important de ne pas confondre ces lĂ©sions, avec les images obtenues en lors de maladie valvulaire mitrale dĂ©gĂ©nĂ©rative, afin de ne pas surĂ©valuer l’intĂ©rĂȘt d’un traitement antibiotique. L’examen en mode Temps-Mouvement n’est pas spĂ©cifique des endocardites. L’examen Doppler rĂ©vĂšle les insuffisances d’ouverture valvulaire dues aux vĂ©gĂ©tations (stĂ©nose aortique ou mitrale) ou de fermeture (rĂ©gurgitation mitrale, insuffisance aortique) et les sĂ©quelles Ă©ventuelles aprĂšs cicatrisation.

endoCardites baCtériennes Chez le Chien et le Chat

Endocardites bactériennes chez le chien et le chat

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18Endocardites bactériennes chez le chien et le chat

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Dans un contexte d’infection bactĂ©rienne, l’antibiothĂ©rapie est obligatoire pour combattre l’infection car-diaque et celle du foyer primaire.

Le pronostic d’une endocardite est toujours rĂ©servĂ©. La mĂ©diane de survie est de 54 jours, avec un taux de mortalitĂ© de 56 %.

reCherCher et identiFier l’ (les) agent(s) baCtĂ©rien(s)

Une hĂ©moculture, Ă©ventuellement renouvelĂ©e sur plusieurs jours consĂ©cutifs, permet l’isolement et l’iden-tification du germe, et la rĂ©alisation d’un antibiogramme.

Les rĂ©sultats sont variables car l’agent causal n’est identifiĂ© que dans 58 % des cas seulement.

Le plus frĂ©quent est une bactĂ©rie Gram + (51 % des cas) avec une prĂ©dominance de Streptococcus canis pour 24 %. Une bactĂ©rie Gram – est prĂ©sente dans 22 % des cas.

Il faut reconnaĂźtre que la difficultĂ© d’isolement du germe, le temps nĂ©cessaire Ă  sa mise en Ă©vidence associĂ© Ă  la gravitĂ© et Ă  la rapiditĂ© d’évolution de l’infection justifient une antibiothĂ©rapie trĂšs prĂ©coce, dĂ©butĂ©e avant l’isolement du germe, dĂšs lors que l’examen Ă©chocardiographique a montrĂ© des vĂ©gĂ©tations valvu-laires compatibles avec une endocardite.

Conduite du traitement

traitement antibiotique1/ Traitement de la maladie causale (pyomĂštre, arthrite septique,...) et traitement anti-infectieux. Le choix

d’un antibiotique doit ĂȘtre orientĂ©, si possible, en fonction du rĂ©sultat de l’hĂ©moculture identifiant le germe, et en fonction du site primitif de l’infection (cf. tableau page suivante).

2/ En l’absence d’identification des germes, et d’hĂ©moculture : antibiothĂ©rapie Ă  large spectre (Gram + et Gram -), bactĂ©ricide (au besoin par l’utilisation d’une association), continue (4 Ă  6 semaines minimum de traitement) et si possible Ă  diffusion plasmatique maximale (intĂ©rĂȘt de la voie IV en dĂ©but de traite-ment pendant 1 Ă  2 semaines).

3/ Le respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et /ou rĂ©Ă©valuation.

mesures alternatives et complémentaires

Mesures alternativesAucune. Le traitement antibiotique est nĂ©cessaire lors d’endocardites bactĂ©riennes.

Mesures complĂ©mentaires‱ Traitement spĂ©cifique des consĂ©quences

organiques de l’endocardite‱ Traitement de l’insuffisance rĂ©nale

endoCardites baCtériennes Chez le Chien et le Chat

‱ Traitement des troubles digestifs‱ Traitement de la CIVD‱ Traitement de l’insuffisance cardiaque

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19Endocardites bactériennes chez le chien et le chat

endoCardites baCtériennes Chez le Chien et le Chat

source de l’infection germe en cause antibiothĂ©rapie initiale antibiothĂ©rapie en cas d’échec

Pyodermite Staphylococcus spp. Céphalosporine de premiÚre ou seconde génération

AminoglycosideFluoroquinolone*

Tractus gastro-intestinalPĂ©ritoniteTractus urinaire

Escherichia coli AminoglycosideSulfamideFluoroquinolone*

Céphalosporine de troisiÚme génération

Tractus urogénitalPeauTractus respiratoire

Streptococcus spp. PénicillinePremiÚre génération de céphalosporine

Céphalosporine de seconde générationClindamycine

Plaies, brûluresActes invasifs (trachéostomie, cathéters intraveineux,
)

Pseudomonas spp. AminoglycosideFluoroquinolone*

Céphalosporine de troisiÚme génération

AbcÚsCavité buccaleFlore intestinaleExsudats cavitaires

Germes anaérobies PénicillineMétronidazoleClindamycine

Ampiciline-acide clavulanique

PeauMuqueuses

Corynébacterium spp. PénicillineMacrolides

Fluoroquinolones*

Choix d’un antibiotique en fonction du germe et de la localisation du foyer primaire (d’aprùs Sykes JE et coll. Evaluation of the relationship between causative organisms and clinical characteristics of infective endocarditis in dogs : 71 cases (1992-2005). J Am Vet Med Assoc. 2006;228:1723-34)

réFérenCes bibliographiques

1 - Macdonald K. Infective endocarditis in dogs: diagnosis and therapy. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 2010;40: 665-84. (Niveau C)2 - Peddle G, Sleeper MM. Canine bacterial endocarditis: a review. J Am Anim Hosp Assoc. 2007;43:258-63. (Niveau C)3 - Sykes JE et coll. Clinicopathologic findings and outcome in dogs with infective endocarditis: 71 cases (1992-2005). J Am Vet Med Assoc. 2006;228:1735-47. (Niveau C)4 - Sykes JE et coll. Evaluation of the relationship between causative organisms and clinical characteristics of infective endocarditis in dogs: 71 cases (1992-2005). J Am Vet Med Assoc. 2006;228:1723-34. (Niveau C)5 - Dixon-Jimenez A, Margiocco ML. Infectious endocarditis and chylothorax in a cat. J Am Anim Hosp Assoc. 2011;47: 121-6. (Niveau C)6 - PekĂĄrkovĂĄ M et coll. Infectious endocarditis caused by gas-producing Escherichia coli in a diabetic dog. J Small Anim Pract. 2008;49:44-6. (Niveau C)7 - Miller MW et coll. Pathologic and clinical features of infectious endocarditis. J Vet Cardiol. 2004;6:35-43. (Niveau C)8 - Wall M et coll. Infective endocarditis in dogs. Comp Contin Educ Pract Vet. 2002;24:614-25. (Niveau C)9 - Cook LB et coll. Vascular encephalopathy associated with bacterial endocarditis in four dogs. J Am Anim Hosp Assoc. 2005;41:252-8. (Niveau C)10 - Forrester SD et coll. Pneumothorax in a dog with a pulmonary abscess and suspected infective endocarditis. J Am Vet Med Assoc. 1992;200:351-4. (Niveau C)11 - Fraga Veloso G et coll. Septic pericarditis and myocardial abscess in an English Springer spaniel. J Vet Cardiol. 2014;16:39-44. (Niveau C)

Le niveau de preuve scientifique est indiqué par les lettres A, B, C.

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* Attention, antibiotique d’importance critique !

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Antibioprophylaxie et antibiothérapie en chirurgie générale chez le chien et le chat

antibioprophylaXie et antibiothérapie en Chirurgie générale Chez le Chien et le Chat

obJeCtiFs

1. Savoir limiter l’antibioprophylaxie au maximum et ne la pratiquer que dans le cadre de rĂšgles Ă©tablies.2. Etudier les donnĂ©es scientifiques concernant l’antibioprophylaxie et l’antibiothĂ©rapie en chirurgie gĂ©nĂ©rale.3. Proposer des recommandations d’utilisation raisonnĂ©e des antibiotiques dans le cadre de l’antibioprophylaxie

et de l’antibiothĂ©rapie.

situation aCtuelle et ComprĂ©hension de l’antibioprophylaXie pĂ©ri-opĂ©ratoire

Bien que ce soit une pratique considĂ©rĂ©e comme parfois inutile voire nuisible, l’antibioprophylaxie pĂ©ri-opĂ©-ratoire reste un atout pour prĂ©venir des complications infectieuses hypothĂ©tiques mais possibles, Ă  adapter Ă  chaque type de traitement chirurgical. Ses bĂ©nĂ©fices ne peuvent ĂȘtre constatĂ©s que pour des interventions oĂč il existe effectivement un risque de contamination pouvant Ă©voluer vers une infection qui compromettrait la rĂ©cupĂ©ration de l’animal.

L’antibioprophylaxie, lorsqu’elle est raisonnĂ©e, est une Ă©tape incontournable pour limiter les consĂ©quences parfois dramatiques des infections du site opĂ©ratoire. Son intĂ©rĂȘt ne doit pas ĂȘtre sous-estimĂ© car les Ă©tudes cliniques ont dĂ©montrĂ© une diminution par quatre du taux d’infection lors d’antibioprophylaxie.

L’intĂ©rĂȘt de l’antibioprophylaxie a Ă©tĂ© clairement dĂ©montrĂ© dans plusieurs Ă©tudes impliquant des procĂ©dures orthopĂ©diques standards chez le chien mais Ă  ce jour aucune Ă©tude n’apporte d’élĂ©ments significatifs quant Ă  son intĂ©rĂȘt en chirurgie gĂ©nĂ©rale.

L’antibioprophylaxie est un acte Ă  raisonner non dĂ©nuĂ© de risques pour :

‱ l’animal : en raison de la toxicitĂ© propre des antibiotiques, des rĂ©actions induites par les antibiotiques ainsi qu’une altĂ©ration de la flore microbienne commensale peuvent survenir. Des risques dĂ©montrĂ©s d’apparition d’antibiorĂ©sistance sont Ă©galement Ă  craindre ;

‱ la structure vĂ©tĂ©rinaire : l’usage abusif ou inadaptĂ© d’antibiotiques aura inĂ©luctablement pour effet de voir Ă©merger des souches bactĂ©riennes multirĂ©sistantes dans l’environnement hospitalier. Ces faits sont main-tenant trĂšs nettement Ă©tablis chez l’Homme et des exemples sont maintenant citĂ©s dans la littĂ©rature vĂ©tĂ©-rinaire ;

‱ l’Homme : l’émergence et la propagation de germes rĂ©sistants ou multirĂ©sistants.

Ainsi, si le principal aspect de l’antibioprophylaxie est de diminuer l’incidence des infections postopĂ©ratoires, elle doit aussi ĂȘtre appliquĂ©e dans un souci de limiter les effets secondaires sur l’animal et sur la flore micro-bienne endogĂšne et environnementale.

A NOTERl’antibioprophylaxie ne soustrait pas au respect des conditions d’hygiĂšne et d’asepsie stricte. C’est bien un geste complĂ©mentaire qui ne peut se passer d’un geste chirurgical sĂ»r, d’un traitement chirur-gical aseptique, d’une gestion prĂ©cise du malade.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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21Antibioprophylaxie et antibiothérapie en chirurgie générale chez le chien et le chat

antibioprophylaXie et antibiothérapie en Chirurgie générale Chez le Chien et le Chat

antibioprophylaXie raisonnée en Chirurgie générale

principes de l’antibioprophylaxieQuelques grandes rùgles sont à respecter concernant l’antibioprophylaxie :

‱ l’antibioprophylaxie doit s’adresser Ă  une cible bactĂ©rienne dĂ©finie, reconnue comme la plus frĂ©quemment en cause. Le protocole d’antibioprophylaxie doit comporter une molĂ©cule incluant dans son spectre cette cible bactĂ©rienne mais elle ne doit pas chercher Ă  prendre en compte toutes les bactĂ©ries qui peuvent ĂȘtre rencontrĂ©es ;

‱ l’antibioprophylaxie est administrĂ©e par voie intraveineuse pour obtenir un pic de concentration rapide. Les antibiotiques Ă  libĂ©ration prolongĂ©e (type cĂ©fovĂ©cine) ne sont pas adaptĂ©s. L’administration doit toujours prĂ©cĂ©der l’acte opĂ©ratoire dans un dĂ©lai minimum de 30 minutes et maximum de 1 heure (donc lors de l’induction de l’anesthĂ©sie) ;

‱ elle doit durer le temps de l’intervention chirurgicale. Des rĂ©injections sont pratiquĂ©es pendant la pĂ©riode opĂ©ratoire, toutes les deux demi-vies de l’antibiotique. Si les injections peuvent ĂȘtre prolongĂ©es au-delĂ  du temps du traitement chirurgical, celles-ci doivent ĂȘtre limitĂ©es Ă  une pĂ©riode de 24 heures postopĂ©ratoire ;

‱ idĂ©alement, l’efficacitĂ© des protocoles d’antibioprophylaxie doit ĂȘtre rĂ©guliĂšrement rĂ©Ă©valuĂ©e par une sur-veillance des taux d’infections postopĂ©ratoires ;

‱ l’antibioprophylaxie ne se substitue pas aux prĂ©cautions chirurgicales, il faut donc continuer Ă  utiliser les meilleures mĂ©thodes de dĂ©sinfection, d’asepsie, etc.

indications de l’antibioprophylaxie en chirurgie gĂ©nĂ©raleEn prenant en compte le type d’intervention et sa durĂ©e, les recommandations actuelles peuvent se rĂ©sumer dans le tableau 1 ci-dessous :

Classe Classification Conduite à tenirI Propre Antibioprophylaxie non nécessaire sauf :

‱ intervention > 90 min ‱ insertion d’un matĂ©riel non rĂ©sorbable (implants, drains...)‱ animal Ă  risque (ASA* 3 Ă  5)

II Propre-contaminée Antibioprophylaxie recommandée, car bénéfices supérieurs aux risques

III ContaminĂ©e RelĂšve de l’antibiothĂ©rapie

IV Sale Antibioprophylaxie inutileAntibiothérapie raisonnée nécessaire

tableau 1 : Indications de l’antibioprophylaxie et des antibiotiques vĂ©tĂ©rinaires selon la classification d’Altemeier, la durĂ©e du traitement chirurgical et le statut ASA de l’animal

Ces recommandations mettent l’accent sur le fait que l’antibioprophylaxie n’est pas nĂ©cessaire pour tous les malades. Il fait appel au sens clinique des vĂ©tĂ©rinaires pour Ă©valuer la nĂ©cessitĂ© de l’antibioprophylaxie au cas par cas, ainsi que le regard critique pouvant ĂȘtre portĂ© sur les recommandations en chirurgie humaine.

A NOTERPour une chirurgie dite propre, de courte durĂ©e sur un animal en bonne santĂ© avec un risque anesthĂ©-sique AsA 1 ou 2, l’antibioprophylaxie n’est pas recommandĂ©e.

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antibioprophylaXie et antibiothérapie en Chirurgie générale Chez le Chien et le Chat

Choix des antibiotiquesLe choix de l’antibiotique dĂ©pend de plusieurs facteurs dont le type d’intervention chirurgicale, les organismes pathogĂšnes les plus probables, l’efficacitĂ©, la sĂ»retĂ©, le coĂ»t et les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques locales (souches rĂ©sistantes Ă©ventuellement prĂ©sentes au sein de la structure vĂ©tĂ©rinaire).

A ce jour, il n’y a malheureusement en France aucun antibiotique non critique administrable par voie intra-veineuse avec AMM vĂ©tĂ©rinaire pouvant ĂȘtre conseillĂ© dans le cadre d’une antibioprophylaxie. La cĂ©falexine, cĂ©phalosporine de premiĂšre gĂ©nĂ©ration encore disponible il y a quelques mois, Ă©tait la molĂ©cule de rĂ©fĂ©rence dans ce domaine. Son activitĂ© bactĂ©ricide, son efficacitĂ© contre les Staphylocoques et Escherichia coli ainsi que sa faible toxicitĂ© en font un antibiotique de choix dans la plupart des situations courantes.

D’autres molĂ©cules comme l’association amoxicilline-acide clavulanique et amoxicilline, sont envisageables mais ne disposent pas d’AMM vĂ©tĂ©rinaire.

Les cĂ©phalosporines de 3e et 4e gĂ©nĂ©ration et les fluoroquinolones*, facilement disponibles dans le milieu vĂ©tĂ©rinaire, sont en revanche Ă  proscrire en prophylaxie chirurgicale de routine au risque de favoriser de façon dramatique l’apparition de rĂ©sistances bactĂ©riennes.

A NOTERPour qu’une antibioprophylaxie soit bĂ©nĂ©fique il faut :‱ que l’intervention soit liĂ©e Ă  un risque infectieux significatif ;‱ que l’antibiotique utilisĂ© ait une action sur les germes supposĂ©s ;‱ que l’antibiotique soit actif sur le site opĂ©ratoire dĂšs le dĂ©but de l’intervention ;‱ que l’antibiotique ait un spectre Ă©troit afin de ne pas dĂ©sĂ©quilibrer la flore normale.

durĂ©e de l’antibioprophylaxieL’antibioprophylaxie ne doit pas se prolonger dans la pĂ©riode postopĂ©ratoire au-delĂ  de 12 Ă  24 heures. En s’appuyant sur des Ă©tudes de mĂ©decine humaine, certains auteurs recommandent l’arrĂȘt dĂšs la fin de l’inter-vention, d’autres de procĂ©der Ă  des injections rĂ©pĂ©tĂ©es sans excĂ©der la pĂ©riode de 24 heures.

L’erreur la plus frĂ©quente est de poursuivre l’administration de l’agent au-delĂ  de cette pĂ©riode. Cette pratique n’est, a priori, pas associĂ©e Ă  des taux d’infections postopĂ©ratoires plus faibles. En revanche, elle contribue Ă  l’émergence de rĂ©sistances, de surinfections et d’infections nosocomiales.

A NOTERIl est recommandĂ© d’utiliser l’antibioprophylaxie uniquement lorsque cela est indiquĂ© et de sĂ©lectionner l’antibiotique en fonction de l’efficacitĂ© contre les agents pathogĂšnes les plus courants qui entraĂźnent des infections du site opĂ©ratoire pour une opĂ©ration spĂ©cifique et Ă  la lumiĂšre des recommandations publiĂ©es.

antibiotiques de « couverture » : terme et pratique Ă  bannirIl est aujourd’hui largement admis que « l’antibiothĂ©rapie de couverture » ou « antibiocouverture » qui n’a aucun fondement scientifique est inefficace pour prĂ©venir la survenue d’une infection du site opĂ©ratoire.

UtilisĂ©e pendant de longues dĂ©cennies, cette pratique s’est rapidement rĂ©vĂ©lĂ©e dĂ©cevante car de nombreuses Ă©tudes ont montrĂ© son inefficacitĂ©, voire sa dangerositĂ©.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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23Antibioprophylaxie et antibiothérapie en chirurgie générale chez le chien et le chat

antibioprophylaXie et antibiothérapie en Chirurgie générale Chez le Chien et le Chat

En effet « l’antibiocouverture », outre son surcoĂ»t inutile, ne prĂ©vient pas les risques d’infection du site opĂ©-ratoire, peut devenir nĂ©faste en favorisant l’apparition de germes antibiorĂ©sistants et les infections nosoco-miales. Pour ces raisons, cette pratique est maintenant clairement dĂ©conseillĂ©e en mĂ©decine humaine. trop ancrĂ©e dans les habitudes, il est important que le milieu vĂ©tĂ©rinaire prenne conscience de cette mauvaise pratique.

A NOTERune prise de conscience de la profession vĂ©tĂ©rinaire est nĂ©cessaire quant Ă  l’utilisation abusive des antibiotiques en pĂ©riode postopĂ©ratoire. son surcoĂ»t inutile, ses avantages limitĂ©s dans la prĂ©vention d’infection du site opĂ©ratoire jumelĂ©s Ă  un risque accru de dĂ©veloppement de bactĂ©ries multirĂ©sistantes doivent faire oublier cette mauvaise pratique.

ChoiX thérapeutiques en Chirurgie générale

Certaines recommandations peuvent ĂȘtre formulĂ©es de façon spĂ©cifique selon le type d’intervention chirur-gicale. Ces recommandations prennent en compte la nature des germes pouvant ĂȘtre rencontrĂ©s, celle de l’intervention (classification d’Altemeier), sa durĂ©e et le statut de l’animal.

recommandations en chirurgie cardio-thoraciqueLes chirurgies cardio-vasculaires sont des interventions propres de classe I. Les bactéries les plus fréquem-ment rencontrées sont Staphylococcus aureus et dans une moindre mesure les bactéries anaérobies (Clostri-dium, Bacteroides).

Les chirurgies thoraciques non cardiaques sont de classe I ou II en fonction de l’ouverture des bronches et de la trachĂ©e. Les principaux contaminants sont les staphylocoques et les streptocoques de l’appareil res-piratoire superficiel. Chez l’animal sain, l’appareil respiratoire profond n’est pas une source significative de germes bactĂ©riens.

Une antibioprophylaxie, arrĂȘtĂ©e dĂšs la fin de l’intervention, Ă  base cĂ©phalosporine de premiĂšre gĂ©nĂ©ration est indiquĂ©e de façon systĂ©matique. L’antibiothĂ©rapie pourra ĂȘtre prolongĂ©e sur la base d’un antibiogramme en cas de risque septique accru.

recommandations en chirurgie orale ou pharyngéeLes principaux germes rencontrés sont Staphylococcus spp., Streptococcus spp. et les bactéries anaérobies, lar-gement présentes au niveau de la langue, des dents et des muqueuses gingivales. Cependant la richesse de la vascularisation dans cette région rend les infections postopératoires rares.

Pour les soins et les chirurgies dentaires, une antibioprophylaxie est recommandĂ©e pour limiter les risques de bactĂ©riĂ©mie. Pour les autres interventions de la tĂȘte et du cou, l’antibioprophylaxie est recommandĂ©e pour les chirurgies propres-contaminĂ©es et contaminĂ©es, mais ne l’est pas pour les chirurgies propres.

Les antibiotiques incluant un spectre le plus large possible contre les germes anaĂ©robies sont conseillĂ©s, comme l’association amoxicilline-acide clavulanique. L’association spiramycine-mĂ©tronidazole et la clinda-mycine sont Ă©galement intĂ©ressantes mais disponibles uniquement sous forme orale.

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recommandation en chirurgie auriculaireLes principaux germes rencontrĂ©s sont des Staphylococci majoritairement producteurs de bĂ©ta-lactamases, Pseudomonas aeruginosa, Proteus mirabilis et Escherichia coli.Les chirurgies se font le plus souvent dans le contexte d’une otite chronique, oĂč un ou plusieurs traitements antibiotiques n’ont pas apportĂ© de guĂ©rison. Une antibioprophylaxie n’est donc plus indiquĂ©e. Une antibio-thĂ©rapie ciblĂ©e et sur la base d’un antibiogramme doit permettre de sĂ©lectionner l’antibiotique le plus perti-nent. L’antibiotique, commencĂ© plusieurs jours avant l’intervention chirurgicale peut alors ĂȘtre poursuivi. En l’absence de traitement en cours, des prĂ©lĂšvements pour analyse bactĂ©riologie sont rĂ©alisĂ©s en cours d’inter-vention chirurgicale.

recommandations en chirurgie digestiveLa pression et la population bactĂ©rienne au niveau du tube digestif varient. Pauvre en rĂ©gion gastrique en raison du pH acide, la pression bactĂ©rienne s’intensifie progressivement au niveau de l’intestin grĂȘle pour atteindre une concentration extrĂȘme au niveau du gros intestin (atteignant 1012/g de fĂšces).

Les principaux germes rencontrĂ©s sont :‱ cocci Gram + et des coliformes dans la partie haute du tube digestif (jusqu’à la partie proximale de l’intestin) ;‱ des entĂ©robactĂ©ries et des anaĂ©robies (en particulier Clostridium spp.) au niveau du tractus hĂ©patobiliaire ;‱ des bactĂ©ries anaĂ©robies surtout (en particulier Bacteroides spp., Clostridium spp.), des coliformes et des

entĂ©rocoques au niveau de l’intestin grĂȘle distal, du cĂŽlon et du rectum.

En dehors des chirurgies gastriques, une antibioprophylaxie est indispensable pour toute chirurgie impli-quant une ouverture du tube digestif. Si une cĂ©phalosporine de premiĂšre gĂ©nĂ©ration sera suffisante pour les chirurgies d’intestin grĂȘle proximal, une protection contre les germes anaĂ©robies est nĂ©cessaire pour l’intestin distal. L’utilisation de l’association amoxicilline-acide clavulanique est un bon compromis dans ce contexte. Un relais thĂ©rapeutique peut ĂȘtre mis en place durant la pĂ©riode postopĂ©ratoire pendant lequel il existe un risque de dĂ©hiscence. Cependant, il ne doit pas ĂȘtre prolongĂ© car il est nĂ©faste Ă  la flore digestive commensale et sĂ©lectionne les rĂ©sistances.

Concernant les chirurgies hĂ©patobiliaires, une diminution de la pression bactĂ©rienne anaĂ©robie est souhai-table. Le mĂ©tronidazole peut ĂȘtre utilisĂ© en association avec une cĂ©phalosporine de premiĂšre gĂ©nĂ©ration. Des prĂ©lĂšvements pour analyse bactĂ©riologique (aĂ©robie et anaĂ©robie) sont vivement conseillĂ©s lors de chirurgie biliaire.

recommandations en chirurgie urogĂ©nitaleLes bactĂ©ries les plus frĂ©quemment rencontrĂ©es en chirurgie urinaire sont des bactĂ©ries aĂ©ro-anaĂ©robies Ă  80 % Gram - (surtout Proteus mirabilis, Escherichia coli, Klebsiella spp.) et 20 % Gram + (Staphylococcus pseudo- intermedius et Streptococcus spp.). Les mĂȘmes pathogĂšnes se retrouvent en chirurgie gĂ©nitale mais en propor-tion lĂ©gĂšrement diffĂ©rente (60 % de Gram - pour 40 % de Gram +) avec une prĂ©dominance d’Escherichia coli.

Chez les sujets sains, le tractus urinaire Ă  l’exception des orifices, l’utĂ©rus et la prostate sont stĂ©riles. Les stĂ©rilisations chirurgicales de convenance ne nĂ©cessitent donc pas d’antibioprophylaxie, exceptĂ© lorsqu’il existe des facteurs de risque.

Les chirurgies urinaires peuvent faire l’objet d’une antibioprophylaxie. Toute cathĂ©tĂ©risation des voies urinaires pĂ©ri-opĂ©ratoire nĂ©cessite une mise en culture systĂ©matique avec antibiogramme.

Lors d’infection urinaire avĂ©rĂ©e ou lors de chirurgie prostatique, une antibiothĂ©rapie est mise en place sur la base d’un antibiogramme (prĂ©lĂšvements de tissu prostatique ou de muqueuse vĂ©sicale, calcul urinaire ou cathĂ©ter).

La chirurgie des glandes mammaires rentre dans les recommandations des chirurgies cutanées.

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antibioprophylaXie et antibiothérapie en Chirurgie générale Chez le Chien et le Chat

recommandations en chirurgie cutanĂ©eLes bactĂ©ries les plus frĂ©quemment rencontrĂ©es en chirurgie cutanĂ©e sont les germes de la peau rencon-trĂ©s classiquement (Staphylocoque pseudointermedius et aureus). Lors de plaie ou d’infection sous-cutanĂ©e, les germes pathogĂšnes dĂ©pendent essentiellement de la nature de la lĂ©sion (germes anaĂ©robies lors de plaie par morsure par exemple).

Les chirurgies cutanĂ©es dites simples ne nĂ©cessitent pas d’antibioprophylaxie. En revanche lors de chirurgie longue (supĂ©rieure Ă  90 minutes) ou lors d’identification de facteurs de risques particuliers liĂ©s Ă  l’animal (ASA Ă©levĂ©) ou au geste chirurgical (mis en place de drains), une antibioprophylaxie est recommandĂ©e.

Une antibiothĂ©rapie est recommandĂ©e dĂšs lors qu’une chirurgie est rĂ©alisĂ©e sur une plaie infectĂ©e.

A NOTERen l’absence de rĂ©percussion gĂ©nĂ©rale ou de syndrome fĂ©brile, l’utilisation d’antibiotique n’est pas jus-tifiĂ©e lors de parage chirurgical d’abcĂšs cutanĂ©.

bibliographie

1. Bachot A. DonnĂ©es actuelles sur l’usage des antibiotiques dans la prĂ©vention des infections du site opĂ©ratoire chez le chat et le chien. ThĂšse de Doctorat vĂ©tĂ©rinaire. ENVA. 2007 : 70p.2. Barie PS, Eachempati SR. Surgical site infections. Surg Clin North Am. 2005;85(6): 1115–35, viii–ix. 3. Beal MW et coll. The effects of perioperative hypothermia and the duration of anesthesia on postoperative wound infection rate in clean wounds : a retrospective study. Vet Surg. 2000 ; 29 : 123-7.4. Brown DC et coll. Epidemiologic evaluation of postoperative wound infections in dogs and cats. J Am Vet Med Assoc. 1997; 210 : 1302–6.5. Couto N et coll. Prevalence of methicillin-resistant staphylococci among dogs and cats at a veterinary teaching hospital in Portugal. Vet Rec. 2011 ; 169, 72a.6. Darles E. Antibioprophylaxie en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire : Bilan des donnĂ©es actuelles. ThĂšse de Doctorat vĂ©tĂ©rinaire. ENVT 2012 : 108p.7. Howe LM, Boothe HW. Antimicrobial Use in the Surgical Patient. Vet Clin North Am Small Anim Pract 2006 ; 36 : 1049–60.8. Locke H, Meldrum H. Use and Misuse of antimicrobials. Vet Rec. 2011 ; 169 : 25.9. MAYHEW P.D et coll. Comparison of surgical site infection rates in clean and clean-contaminated wounds in dogs and cats after minimally invasive versus open surgery: 179 cases (2007–2008) ; J Am Vet Med Assoc . 2012 ; 240 : 193– 198.10. NELSON L.L. Surgical Site Infections in Small Animal Surgery. Vet Clin North Am.2011; 41(5) : 1041-1056.11. NICHOLSON M et coll. Epidemiologic evaluation of postoperative wound infection in clean-contaminated wounds : a retrospective study of 239 dogs and cats. Veterinary Surgery. 2002 ; 31(6) : 577-581.12. RAMSEYER J. Guide d’antibiothĂ©rapie raisonnĂ©e des infections bactĂ©riennes du chien. ThĂšse de Doctorat vĂ©tĂ©ri-naire. ENVL. 2009 : 290p.13. WEESE J.S. Investigation of antimicrobial use and the impact of antimicrobial use guidelines in a small animal veterinary teaching hospital: 1995–2004. J Am Vet Med Assoc . 2006 ; 228(4):553–8.

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2626Infection du site opératoire chez le chien et le chat

inFeCtion du site opératoire Chez le Chien et le Chat

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1. Etudier les donnĂ©es scientifiques concernant l’infection du site opĂ©ratoire et l’utilisation des antibiotiques en chirurgie gĂ©nĂ©rale.

2. Proposer des recommandations d’utilisation raisonnĂ©e des antibiotiques lors d’infection du site opĂ©ratoire en chirurgie gĂ©nĂ©rale.

Ă©lĂ©ments et CritĂšres de dĂ©teCtion d’une inFeCtion du site opĂ©ratoire

Une infection du site opĂ©ratoire est une infection qui survient Ă  la suite d’une intervention chirurgicale. Elle se dĂ©finit par la pĂ©nĂ©tration et le dĂ©veloppement de germes pathogĂšnes, qui peuvent rester localisĂ©s, diffuser par voie sanguine ou rĂ©pandre leur toxine dans l’organisme. Elle peut ĂȘtre superficielle (peau et tissu sous-cutanĂ©s) ou profonde (muscles, organes et cavitĂ©s). L’antibiothĂ©rapie peut alors ĂȘtre Ă©vitĂ©e, d’autant que les caractĂšres de l’infection et de son Ă©volution peuvent ĂȘtre facilement Ă©valuĂ©s.

Pendant la phase postopĂ©ratoire, il est indispensable d’établir de façon rationnelle le diagnostic d’une infec-tion du site opĂ©ratoire avant de mettre en place un traitement antibiotique.

infection superficielleUne infection superficielle est une infection du site opĂ©ratoire survenant dans les 30 jours suivant l’interven-tion chirurgicale impliquant uniquement la peau ou la rĂ©gion sous-cutanĂ©e, avec Ă©vidence d’au moins un des Ă©lĂ©ments suivants :‱ Ă©coulements purulents de l’incision cutanĂ©e, avec ou sans confirmation des analyses de laboratoire ;‱ bactĂ©ries isolĂ©es Ă  partir d’une culture de liquide ou de tissus prĂ©levĂ©s aseptiquement au niveau de l’incision

cutanĂ©e ;‱ au moins un des signes ou symptĂŽmes suivants : douleur ou sensibilitĂ© de la plaie, inflammation localisĂ©e ou

rougeur, sauf en cas de culture nĂ©gative ;‱ diagnostic, d’aprĂšs l’expertise du chirurgien, d’une infection du site opĂ©ratoire superficielle.

infection profondeUne infection profonde est une infection survenant dans les 30 jours suivant l’intervention chirurgicale (dans les 12 mois si un implant a Ă©tĂ© posĂ©) impliquant les tissus profonds du site chirurgical (fascia, couches mus-culaires) avec Ă©vidence d’au moins un des Ă©lĂ©ments suivants :‱ Ă©coulements purulents venant des tissus profonds sans implication de l’organe ou de la cavitĂ© du site chirur-

gical ;‱ l’incision profonde montre des signes de dĂ©hiscence ou est laissĂ©e volontairement ouverte par le chirurgien

quand le patient présente au moins un des signes ou symptÎmes suivants : hyperthermie, douleur localisée ou hypersensibilité, sauf en cas de culture négative ;

‱ un abcĂšs ou un autre signe Ă©voquant directement une infection de la plaie profonde est mis en Ă©vidence Ă  l’examen direct, pendant une nouvelle intervention chirurgicale ou suite Ă  un examen histologique ou radio-graphique ;

‱ diagnostic, d’aprĂšs l’expertise du chirurgien, d’une infection du site opĂ©ratoire profond.

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Version - Juillet 2016 2727Infection du site opératoire chez le chien et le chat

inFeCtion du site opératoire Chez le Chien et le Chat

infection de l’organe ou de la cavitĂ©Une infection de l’organe ou de la cavitĂ© est une infection survenant dans les 30 jours suivant l’intervention chirurgicale (dans les 12 mois si un implant a Ă©tĂ© posĂ©) impliquant n’importe quelle partie de l’organe ou de la cavitĂ© du site chirurgical, autre que l’incision, ayant Ă©tĂ© manipulĂ©e ou ouverte pendant l’intervention chirurgi-cale avec Ă©vidence d’au moins un des Ă©lĂ©ments suivants :‱ Ă©coulements purulents venant d’un drain placĂ© proche de l’organe ou de la cavitĂ© du site chirurgical ;‱ bactĂ©ries isolĂ©es Ă  partir d’une culture de liquide ou de tissus prĂ©levĂ©s aseptiquement au niveau de l’organe

ou de la cavitĂ© du site chirurgical ;‱ un abcĂšs ou un autre signe Ă©voquant directement une infection impliquant l’organe ou de la cavitĂ© du site

chirurgical est mis en Ă©vidence Ă  l’examen direct, pendant une nouvelle intervention chirurgicale ou suite Ă  un examen histologique ou radiographique ;

‱ diagnostic, d’aprĂšs l’expertise du chirurgien, d’une infection du site opĂ©ratoire l’organe ou de la cavitĂ© du site chirurgical.

C’est sur la base de ces Ă©lĂ©ments cliniques et de ces examens complĂ©mentaires qu’une infection du site opĂ©ratoire est reconnue et un traitement spĂ©cifique mis en place (cf. Encart 1 page suivante). L’antibiothĂ©rapie constitue alors un des Ă©lĂ©ments thĂ©rapeutiques.

prinCipes de l’antibiothĂ©rapie lors d’inFeCtion du site opĂ©ratoire

L’antibiothĂ©rapie utilise les antibiotiques pour dĂ©truire ou inactiver les germes responsables d’une infection du site opĂ©ratoire avĂ©rĂ©e. Elle peut donc ĂȘtre mise en place de façon systĂ©matique lors de chirurgie dite sale ou contaminĂ©e ou en pĂ©riode postopĂ©ratoire en cas de complication infectieuse avec infection du site opĂ©ratoire.

Lors d’infections superficielles, l’antibiothĂ©rapie systĂ©matique peut ĂȘtre Ă©vitĂ©e d’autant que la surveillance et les caractĂšres de l’infection et son Ă©volution peuvent ĂȘtre facilement Ă©valuĂ©s.

Le choix de l’antibiotique dĂ©pend de l’agent pathogĂšne en cause (suspectĂ© ou isolĂ© aprĂšs culture bactĂ©rienne, cf. Tableau 1), de sa sensibilitĂ© aux antibiotiques (dĂ©terminĂ©e par un antibiogramme), de sa pharmacocinĂ©-tique (effet, diffusion et toxicitĂ©, selon la forme galĂ©nique) et du coĂ»t de traitement. IdĂ©alement, l’antibiotique retenu doit ĂȘtre efficace, non toxique et peu onĂ©reux. Si le choix de la molĂ©cule n’est basĂ© initialement que sur la seule suspicion de l’agent infectieux en cause, il peut ensuite ĂȘtre adaptĂ© suite aux rĂ©sultats de l’analyse bactĂ©rienne.

L’antibiothĂ©rapie sur une infection du site opĂ©ratoire est indissociable d’une approche thĂ©rapeutique globale (cf. Encart 1 page suivante). Si certains principes gĂ©nĂ©raux peuvent ĂȘtre Ă©noncĂ©s, une approche spĂ©cifique par rapport au type de chirurgie est souvent nĂ©cessaire (cf. fiches spĂ©cifiques de chaque appareil).

localisation anatomique micro-organismesThorax Staphylococcus aureus, bactéries anaérobies (Clostridium, Bacteroides)

Cavité buccale Staphylococcus spp., Streptococcus spp., anaérobies, aérobies facultatives

Oreille Staphylococci, Pseudomonas aeruginosa, Proteus mirabilis, Escherichia coliEstomac, intestin grĂȘle Coques Gram +, EntĂ©robactĂ©ries en trĂšs faible nombre

Tractus biliaire Entérobactéries, anaérobies (en particulier Clostridium spp.)CÎlon-rectum Coques Gram +, Entérobactéries, anaérobies (en particulier Bacteroides spp., Clostridium spp.)Appareil urogénital Escherichia coli, Streptococcus spp., anaérobies

Blessures profondes Anaérobies, aérobies facultatives

tableau 1 : nature des germes habituellement impliqués en fonction de la région anatomique

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inFeCtion du site opératoire Chez le Chien et le Chat

Infection du site opératoire chez le chien et le chat

encart 1 : principes gĂ©nĂ©raux de prise en charge d’une infection du site opĂ©ratoire

1. Exploration et dĂ©termination de la gravitĂ© de l’infection du site opĂ©ratoire : a. ouvrir la plaie opĂ©ratoire et dĂ©brider autant que nĂ©cessaire l’ensemble des tissus nĂ©crotiques incluant la graisse,

la peau, les muscles et les fascias ; b. dĂ©terminer la profondeur et l’étendue de l’infection.2. S’attaquer Ă  la source de la contamination par un geste appropriĂ© (par exemple, dĂ©hiscence d’un site d’entĂ©roto-

mie repris chirurgicalement).3. Obtenir de façon aseptique des Ă©chantillons de tissu, de liquide ou d’implants sur le site d’infection pour mise en

culture aĂ©robie et anaĂ©robie.4. Effectuer un lavage abondant du site d’infection.5. Mettre en place de drains (passif ou aspiratif) au niveau des diffĂ©rents plans pour faciliter la rĂ©colte des liquides

inflammatoires et le lavage du site d’infection (pyothorax, pĂ©ritonite par exemple).6. Envisager le retrait des implants s’ils peuvent ĂȘtre impliquĂ©s dans l’infection du site opĂ©ratoire et qu’ils n’apportent

plus d’intĂ©rĂȘt du point de vue fonctionnel (par exemple le matĂ©riel chirurgical sur une fracture consolidĂ©e).7. GĂ©rer la plaie avec un pansement appropriĂ© (pansement stĂ©rile humide ou sec, traitement des plaies par pression

nĂ©gative, etc.), avec des changements de pansements rĂ©guliers pour surveiller l’évolution de la plaie.8. Mettre en place d’une antibiothĂ©rapie raisonnĂ©e et guidĂ©e par la culture et les rĂ©sultats de l’antibiogramme. Le

traitement antibiotique initial est administrĂ© « Ă  l’essai » durant trois jours au minimum. L’amĂ©lioration recher-chĂ©e est Ă©valuĂ©e par des paramĂštres cliniques, biologiques et d’imagerie mĂ©dicale. Le traitement est prolongĂ© quelques jours (variable en fonction du type et de la gravitĂ© de l’infection) aprĂšs la normalisation de tous les facteurs et au minimum aprĂšs rĂ©ception des rĂ©sultats bactĂ©riologiques.

9. Fermer ou reconstruire l’incision aprĂšs obtention d’une plaie saine et aprĂšs connaissance des rĂ©sultats bactĂ©riolo-giques ou permettre la guĂ©rison par seconde intention.

bibliographie

1. Barie PS, Eachempati SR. Surgical site infections. Surg Clin North Am. 2005;85(6): 1115–35, viii–ix. 2. Beal MW et coll. The effects of perioperative hypothermia and the duration of anesthesia on post-operative wound infection rate in clean wounds : a retrospective study. Vet Surg. 2000 ; 29 : 123-7.3. Brown DC et coll. Epidemiologic evaluation of postoperative wound infections in dogs and cats. J Am Vet Med Assoc. 1997; 210 : 1302–6.4. Couto N et coll.. Prevalence of methicillin-resistant staphylococci among dogs and cats at a veterinary teaching hospital in Portugal. Vet Rec. 2011 ; 169, 72a.5. Eugster S et coll.A prospective study of postoperative surgical site infections in dogs and cats. Vet Surg. 2004 ; 33 : 542 - 50.6. Fossum TW , Willard MD. Surgical infections and antibiotic selection. In : Fossum TW, ed, Small Animal Surgery. Third ed. St Louis : Mosby Elsevier ; 2007 : 79-89.7. Howe LM, Boothe HW. Antimicrobial Use in the Surgical Patient. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 2006 ; 36 : 1049–60.8. Locke H, Meldrum H. Use and Misuse of antimicrobials. Vet Rec. 2011 ; 169 : 25.9. Mayhew PD et coll.. Comparison of surgical site infection rates in clean and clean-contaminated wounds in dogs and cats after minimally invasive versus open surgery: 179 cases (2007–2008). J Am Vet Med Assoc. 2012 ; 240 : 193–8.10. Nelson LL. Surgical Site Infections in Small Animal Surgery. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 2011; 41 : 1041-56.11. Nicholson M et coll. Epidemiologic evaluation of postoperative wound infection in clean-contaminated wounds : a retrospective study of 239 dogs and cats. Vet Surg. 2002 ; 31 : 577-81.12. Ramseyer J. Guide d’antibiothĂ©rapie raisonnĂ©e des infections bactĂ©riennes du chien. ThĂšse de Doctorat vĂ©tĂ©rinaire. ENVL 2009 : 290p.13. Weese JS. Investigation of antimicrobial use and the impact of antimicrobial use guidelines in a small animal vete-rinary teaching hospital: 1995–2004. J Am Vet Med Assoc. 2006 ; 228:553–8.

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Antibioprophylaxie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat

antibioprophylaXie en Chirurgie ostéo-artiCulaire Chez le Chien et le Chat

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1. Etudier les donnĂ©es scientifiques Ă©tablies concernant l’utilisation des antibiotiques en antibioprophylaxie en chirurgie ostĂ©o-articulaire.

2. Proposer des recommandations d’utilisation raisonnĂ©e et non abusive dans ce champ d’application.3. Eviter une utilisation injustifiĂ©e de l’antibioprophylaxie lors de chirurgie ostĂ©o-articulaire n’en nĂ©cessitant

pas.

situation aCtuelle

prĂ©valence des infections en chirurgie ostĂ©o-articulaireLes infections sont relativement rares en chirurgie ostĂ©o-articulaire (17). La plupart des donnĂ©es scientifiques Ă©tablies sont issues de la littĂ©rature concernant la chirurgie humaine. En chirurgie vĂ©tĂ©rinaire, la majoritĂ© des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es ne concernent ni un nombre suffisamment grand de malades ni une durĂ©e suffisante pour donner des preuves scientifiques irrĂ©futables (5). En chirurgie humaine, les Ă©tudes de prĂ©valence ont montrĂ© que les infections Ă©taient par exemple 2,1 fois plus frĂ©quentes en chirurgie urinaire et 4,8 fois plus frĂ©quentes en chirurgie gastro-intestinale qu’en chirurgie ostĂ©o-articulaire (14,17).

pratiques actuelles de traitementLes pratiques enseignĂ©es et utilisĂ©es en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire Ă  l’heure actuelle correspondent aux protocoles proposĂ©s dans cette fiche.

Facteurs de risquesLes facteurs de risques d’infection sont ceux de toute chirurgie aggravĂ©s par la prĂ©sence frĂ©quente d’implants et/ou par une Ă©ventuelle instabilitĂ© d’un foyer fracturaire (5,14,17) :‱ importance de la contamination bactĂ©rienne prĂ©opĂ©ratoire (fractures ouvertes) ;‱ moment oĂč la tonte est rĂ©alisĂ©e : une tonte anticipĂ©e (non rĂ©alisĂ©e immĂ©diatement avant l’intervention

chirurgicale) augmente le risque d’infection ;‱ durĂ©e de l’intervention chirurgicale ;‱ durĂ©e de l’anesthĂ©sie ;‱ Ăąge, maladie intercurrente (diabĂšte...) ;‱ traitement immunomodulateur.

pathogĂšnes en causeLa majoritĂ© des infections ostĂ©o-articulaires sont contractĂ©es pendant l’intervention chirurgicale. Chez le chien et le chat, le germe pathogĂšne est un staphylocoque dans plus de 60 % des cas. Staphylococcus pseudin-termedius puis Staphylococcus aureus sont les plus frĂ©quents (4,9).D’autres germes peuvent Ă©galement ĂȘtre retrouvĂ©s lors d’infection ostĂ©o-articulaire : Gram + : streptococcus spp., Gram - : Escherichia coli, Pseudomonas spp., Proteus spp., Klebsiella spp.En chirurgie humaine, les progrĂšs des mĂ©thodes de culture des anaĂ©robies ont permis de mettre en cause de maniĂšre de plus en plus frĂ©quente des germes anaĂ©robies associĂ©s ou non Ă  des germes aĂ©robies dans les in-fections ostĂ©o-articulaires. La recherche et l’identification de ces germes anaĂ©robies sont indispensables (4).

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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30Antibioprophylaxie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat

antibioprophylaXie en Chirurgie ostéo-artiCulaire Chez le Chien et le Chat

biofilmEn chirurgie orthopĂ©dique, au contact des implants, certaines bactĂ©ries (en particulier les staphylocoques) sĂ©crĂštent des complexes insolubles muco-polysaccharidiques (glycocalyx) qui, associĂ©s avec des protĂ©ines de liaison de l’hĂŽte, constituent une matrice tridimensionnelle solidement adhĂ©rente Ă  l’implant. Ce « biofilm » permet aux bactĂ©ries de se multiplier et les protĂšge des dĂ©fenses de l’organisme ainsi que de l’action des anti-biotiques (le biofilm joue le rĂŽle de filtre empĂȘchant la diffusion des antibiotiques au contact des bactĂ©ries). Il se constitue en quelques heures.La prĂ©vention de la mise en place de ce biofilm par la rĂ©alisation d’une antibioprophylaxie est un Ă©lĂ©ment majeur de prĂ©vention de l’infection chirurgicale en orthopĂ©die. L’administration d’antibiotiques avant le dĂ©but de l’intervention chirurgicale permet d’inhiber la croissance des bactĂ©ries qui contaminent la plaie opĂ©ratoire et donc empĂȘche la formation d’un biofilm (4).

rĂ©sistances connuesComme en chirurgie humaine, les cas d’infections ostĂ©o-articulaires dus Ă  des bactĂ©ries rĂ©sistantes augmen-tent en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire. Les premiĂšres infections ostĂ©o-articulaires dues Ă  des staphylococcus aureus rĂ©sistants Ă  la mĂ©ticilline (SARM) ont Ă©tĂ© dĂ©crites en 1999 chez le chien (16).Depuis les Ă©tudes ont rapportĂ© de nombreuses infections ostĂ©o-articulaires chez les carnivores domestiques dues Ă  des germes multirĂ©sistants : essentiellement des SARM et des staphylococcus pseudintermedius rĂ©sis-tants Ă  la mĂ©ticilline (SPIRM).Les premiĂšres infections ostĂ©o-articulaires dues Ă  des SARM ont Ă©tĂ© rapportĂ©es chez l’Homme dans les annĂ©es soixante. Elles ont progressĂ© rapidement Ă  partir des annĂ©es quatre-vingt.Les premiers cas de contamination de l’animal par des SARM ont Ă©tĂ© dĂ©crits chez le cheval. Ces contamina-tions Ă©taient a priori dues Ă  des germes provenant de foyer humain (2,15,20). Des cas ont ensuite Ă©tĂ© dĂ©crits chez le chien, pour lesquels le «rĂ©servoir humain» semble en cause (2,12,18,19).L’apparition et l’augmentation des infections ostĂ©o-articulaires dues Ă  des germes multirĂ©sistants en chirur-gie vĂ©tĂ©rinaire suivent la mĂȘme Ă©volution qu’en chirurgie humaine avec les mĂȘmes facteurs de risque iden-tifiĂ©s : hospitalisation prolongĂ©e, passage dans des unitĂ©s de soins intensifs, interventions de plus en plus complexes avec mise en place d’implants (10,11).Les Ă©tudes montrent des risques de transmission par contact Ă©troit de germes multirĂ©sistants entre l’Homme et l’animal, dans les deux sens (12,13,18,19).La prĂ©vention de ces rĂ©sistances doit donc ĂȘtre une prioritĂ© chez l’animal lors de chirurgie ou d’infection ostĂ©o-articulaire.

Faire ou ne pas Faire une antibioprophylaXie

Justification de l’antibioprophylaxie en chirurgie ostĂ©o-articulaireEn chirurgie ostĂ©o-articulaire, l’antibioprophylaxie est justifiĂ©e :‱ par les consĂ©quences dĂ©sastreuses d’une infection des tissus osseux et articulaires ;‱ par la prĂ©sence d’implants. Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© qu’en prĂ©sence d’implants, une infection peut se dĂ©velopper

avec un trĂšs faible inoculum en particulier avec Staphylococcus aureus (17) ;‱ par la durĂ©e de certaines interventions sur des tissus traumatisĂ©s.En chirurgie ostĂ©o-articulaire humaine, il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que l’antibioprophylaxie permet de faire passer le taux d’infection d’une frĂ©quence de 4 Ă  8 % (sans antibioprophylaxie) Ă  1 Ă  3 % (avec antibioprophylaxie) (17).

interventions en chirurgie ostĂ©o-articulaire ne justifiant pas d’antibioprophylaxieL’antibioprophylaxie n’est pas justifiĂ©e pour toutes les interventions chirurgicales ostĂ©o-articulaires. Elle ne doit pas ĂȘtre mise en Ɠuvre pour les interventions d’une durĂ©e infĂ©rieure Ă  une heure et qui ne nĂ©cessitent pas la mise en place de matĂ©riel non rĂ©sorbable (arthroscopie, arthrotomie...). Dans tous les autres cas l’anti-bioprophylaxie est justifiĂ©e.

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31Antibioprophylaxie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat

antibioprophylaXie en Chirurgie ostéo-artiCulaire Chez le Chien et le Chat

place de l’antibioprophylaxie dans la prĂ©vention de l’infection en chirurgie ostĂ©o-articulaireIl est important de rappeler que l’antibioprophylaxie en chirurgie orthopĂ©dique n’est qu’une des multiples mesures Ă  prendre pour prĂ©venir l’infection chirurgicale (5,10,17).En chirurgie humaine, des preuves scientifiques Ă©tablies ont montrĂ© que la prĂ©paration du patient, la prĂ©para-tion du chirurgien, le comportement en salle d’intervention et le respect des rĂšgles de la chirurgie atraumatique Ă©taient au mĂȘme niveau d’importance que l’antibioprophylaxie pour prĂ©venir les complications septiques. Aussi, les rĂ©sultats de l’antibioprophylaxie ne seront intĂ©ressants que si toutes les techniques de prĂ©vention de l’in-fection sont correctement mises en Ɠuvre. Si ces conditions sont respectĂ©es, le rapport bĂ©nĂ©fice/risque est incontestablement en faveur de la mise en Ɠuvre d’une antibioprophylaxie en chirurgie orthopĂ©dique (5,17).

protocole d’antibioprophylaxie lors de site chirurgical fermĂ©Les protocoles Ă©voluent.En chirurgie humaine, la durĂ©e de ces protocoles est de plus en plus limitĂ©e dans le temps. Des preuves scientifiques Ă©tablies montrent que la limitation de la durĂ©e d’administration des antibiotiques lors d’antibio-prophylaxie ne modifie pas son efficacitĂ© tout en limitant les risques de sĂ©lectionner des germes rĂ©sistants (17). En chirurgie vĂ©tĂ©rinaire de telles Ă©tudes, de mĂȘmes valeurs de preuves n’existent pas et l’évolution des protocoles vĂ©tĂ©rinaires suit celle des protocoles de chirurgie humaine.Depuis 2013 le protocole retenu pour rĂ©aliser une antibioprophylaxie en chirurgie ostĂ©o-articulaire vĂ©tĂ©rinaire est le suivant (5) :‱ Utilisation de cĂ©phalosporine de premiĂšre gĂ©nĂ©ration : cĂ©falexine, cĂ©fazoline. Ces deux molĂ©cules ne sont

plus disponibles en France Ă  l’heure actuelle. ;‱ Administration par voie veineuse entre 30 minutes et une heure avant le dĂ©but de l’intervention cĂ©fazoline

(22 mg/kg), cĂ©falexine (30 mg/kg) ;‱ RĂ©-injection pendant l’intervention toutes les deux demi-vies plasmatiques de l’antibiotique (toutes les 2

heures pour les deux molĂ©cules citĂ©es) ;‱ Une injection en fin d’intervention, voire jusqu’à 24 heures aprĂšs l’intervention (3).Aucune Ă©tude ne montre de preuves scientifiques Ă©tablies de l’intĂ©rĂȘt de poursuivre l’administration d’anti-biotique au-delĂ  des 24 heures suivant l’intervention.

En chirurgie orthopĂ©dique humaine, les derniĂšres Ă©tudes ont permis de dĂ©finir le protocole suivant (17) :‱ utilisation de cĂ©phalosporine de premiĂšre gĂ©nĂ©ration (essentiellement cĂ©fazoline). Ces molĂ©cules sont presque toujours « suffisantes » sauf situations exceptionnelles (allergies, risque particulier identifiĂ©) ;‱ Administration d’un antibiotique par voie veineuse entre 30 minutes et une heure avant le dĂ©but de l’inter-vention cĂ©fazoline (22 mg/kg) ;‱ une seule administration suffit pour les interventions de moins de 4 heures ;‱ Aucune Ă©tude ne montre des preuves scientifiques Ă©tablies de l’intĂ©rĂȘt de poursuivre l’administration

d’antibiotique aprùs l’intervention.

Compte tenu des risques de sĂ©lection de germes rĂ©sistants lorsqu’on prolonge l’administration d’antibiotique dans le temps et en l’absence de preuves scientifiques Ă©tablies de l’intĂ©rĂȘt de poursuivre l’administration d’antibiotique aprĂšs l’intervention en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire, il serait logique de faire Ă©voluer les protocoles en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire et d’adopter les protocoles retenus actuellement en chirurgie humaine.

l’utilisation d’antibiotiques d’importance critique comme les fluoroquinolones* n’est pas justifiĂ©e pour l’antibioprophylaxie en chirurgie orthopĂ©dique vĂ©tĂ©rinaire (malgrĂ© leur bonne diffusion dans les tissus os-tĂ©o-articulaires). L’intĂ©rĂȘt de l’utilisation de ces antibiotiques Ă  trĂšs large spectre n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©. Par contre leur capacitĂ© Ă  entraĂźner la sĂ©lection rapide de germes rĂ©sistants fait pencher le rapport bĂ©nĂ©fice/risque vers un risque injustifiĂ© (8). Il en est de mĂȘme pour les cĂ©phalosporines de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration et ce d’autant plus que la seule forme disponible en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire est une forme retard.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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32Antibioprophylaxie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat

antibioprophylaXie en Chirurgie ostéo-artiCulaire Chez le Chien et le Chat

mise en place de ciment chirurgicalLors d’utilisation de ciment chirurgical pour la mise en place de prothĂšse ou de vis « pilotis », il a Ă©tĂ© prouvĂ© depuis longtemps en chirurgie humaine que l’utilisation d’un ciment imprĂ©gnĂ© de gentamicine diminuait les risques d’infections (7,17). L’utilisation de ce type de ciment dans un but prophylactique de l’infection chirur-gicale est Ă©galement Ă  privilĂ©gier en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire (6).

Cas particulier des prothĂšsesUn prĂ©lĂšvement pour antibiogramme doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© en fin d’intervention. Compte tenu des risques majorĂ©s de contamination et des consĂ©quences dramatiques d’une complication septique lors de ce type d’interven-tion, il a Ă©tĂ© proposĂ© de continuer l’antibioprophylaxie jusqu’à l’obtention des rĂ©sultats de l’analyse bactĂ©rio-logique (1).

protocole d’antibioprophylaxie lors de fractures ouvertesAucune Ă©tude, mĂȘme chez l’Homme, n’a permis de distinguer de maniĂšre certaine les infections dues Ă  des germes inoculĂ©s lors de la fracture des infections contractĂ©es lors de la chirurgie. Certaines Ă©tudes montrent l’absence de concordance entre les germes retrouvĂ©s dans le foyer de fracture initial et les germes respon-sables d’une infection postopĂ©ratoire. D’autres Ă©tudes ont montrĂ© au contraire une concordance pouvant aller jusqu’à 83 % (17).

‱ Pour les fractures ouvertes de type I ou II, l’administration d’antibiotique ne doit pas dĂ©passer 24 heures. Il y a un dĂ©bat pour qualifier cette administration de 24 heures d’antibioprophylaxie ou d’antibiothĂ©rapie (17).

‱ Pour les fractures de type III, il n’y a pas de consensus. Il Ă©tait recommandĂ© jusqu’à prĂ©sent de continuer l’administration d’antibiotiques pendant plusieurs jours (voire plusieurs semaines). Les derniĂšres Ă©tudes en chirurgie orthopĂ©dique humaine montrent qu’il n’y a pas d’intĂ©rĂȘt Ă  continuer l’administration d’antibiotique aprĂšs 72 heures en dehors de signes tangibles d’infection (17).

En l’absence de preuves Ă©tablies en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire de l’intĂ©rĂȘt de poursuivre l’administration d’anti-biotique lors de fracture ouverte de type III, il paraĂźt, lĂ  encore, logique d’adopter les protocoles retenus ac-tuellement en chirurgie humaine qui permettent, en limitant la durĂ©e d’exposition, de limiter la survenue de rĂ©sistance. Les molĂ©cules utilisĂ©es lors d’antibioprophylaxie de fractures ouvertes sont les mĂȘmes que celles utilisĂ©es lors de fractures fermĂ©es.Lors de fracture ouverte, l’ensemble des Ă©tudes (en chirurgie humaine comme en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire) in-sistent sur la nĂ©cessitĂ© et l’importance du traitement chirurgical initial de la plaie. toutes les Ă©tudes montrent que la prĂ©cocitĂ© et la qualitĂ© de ce traitement initial, en particulier le parage chirurgical du foyer sceptique sont beaucoup plus importants que la durĂ©e du traitement antibiotique pour prĂ©venir l’infection (4,6,17).

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33Antibioprophylaxie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat

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34Antibiothérapie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat

antibiothérapie en Chirurgie ostéo-artiCulaire Chez le Chien et le Chat

obJeCtiFs

1. Etudier les donnĂ©es scientifiques Ă©tablies concernant l’utilisation des antibiotiques en antibiothĂ©rapie lors d’ostĂ©omyĂ©lite ou d’arthrite septique.

2. Proposer des recommandations d’utilisation raisonnĂ©e dans ce champ d’application pour Ă©viter l’utilisation abusive des antibiotiques.

situation aCtuelle

diagnostic de l’infection ostĂ©o-articulaireChez le chien et le chat, la trĂšs grande majoritĂ© des ostĂ©omyĂ©lites et des arthrites sont post-traumatiques. Les ostĂ©omyĂ©lites ou arthrites d’origine hĂ©matogĂšne sont trĂšs rares dans ces espĂšces. Cliniquement on dis-tingue des ostĂ©omyĂ©lites (ou des arthrites) aiguĂ«s et des ostĂ©omyĂ©lites (ou des arthrites) chroniques. Leur diagnostic repose sur des Ă©lĂ©ments  cliniques, bactĂ©riologiques et d’imagerie. La recherche et l’identification du ou des agents infectieux sont fondamentales dans le cadre du traitement et en particulier pour rĂ©aliser une antibiothĂ©rapie raisonnĂ©e.

prĂ©valence des infections en chirurgie ostĂ©o-articulaireLes infections sont relativement rares en chirurgie ostĂ©o-articulaire (21). La plupart des donnĂ©es scientifiques Ă©tablies sont issues de la littĂ©rature concernant la chirurgie humaine. En chirurgie vĂ©tĂ©rinaire, la majoritĂ© des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es ne concernent ni un nombre suffisamment grand de malades ni une durĂ©e suffisante pour donner des preuves scientifiques irrĂ©futables (3).En chirurgie humaine, les Ă©tudes de prĂ©valence ont montrĂ© que les infections Ă©taient, par exemple, 2,1 fois plus frĂ©quentes en chirurgie urinaire et 4,8 fois plus frĂ©quentes en chirurgie gastro-intestinale qu’en chirurgie ostĂ©o-articulaire (18,21).

pratiques actuelles de traitementLes pratiques enseignĂ©es et utilisĂ©es en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire Ă  l’heure actuelle correspondent aux protocoles proposĂ©s dans cette fiche.

Facteurs de risquesLes facteurs de risques d’infection sont ceux de toute chirurgie aggravĂ©s par la prĂ©sence frĂ©quente d’implants et/ou par une Ă©ventuelle instabilitĂ© d’un foyer fracturaire (3,18,21) :‱ importance de la contamination bactĂ©rienne prĂ©opĂ©ratoire (fractures ouvertes) ;‱ moment oĂč la tonte est rĂ©alisĂ©e : une tonte anticipĂ©e (non rĂ©alisĂ©e immĂ©diatement avant l’intervention

chirurgicale) augmente le risque d’infection ;‱ durĂ©e de l’intervention chirurgicale ;‱ durĂ©e de l’anesthĂ©sie ;‱ Ăąge, maladie intercurrente (diabĂšte...) ;‱ traitement immunomodulateur.

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35Antibiothérapie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat

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pathogĂšnes en causeLa majoritĂ© des infections ostĂ©o-articulaires sont contractĂ©es pendant l’intervention chirurgicale. Chez le chien et le chat, le germe pathogĂšne est un staphylocoque dans plus de 60 % des cas. Staphylococcus pseu-dintermedius puis Staphylococcus aureus sont les plus frĂ©quents (2,10).D’autres germes peuvent Ă©galement ĂȘtre retrouvĂ©s lors d’infection ostĂ©o-articulaire : Gram + : streptococcus, Gram - : Escherichia coli, Pseudomonas, Proteus, Klebsiella.En chirurgie humaine, les progrĂšs des mĂ©thodes de culture des anaĂ©robies ont permis de mettre en cause de maniĂšre de plus en plus frĂ©quente des germes anaĂ©robies associĂ©s ou non Ă  des germes aĂ©robies dans les in-fections ostĂ©o-articulaires. La recherche et l’identification de ces germes anaĂ©robies sont indispensables (2).

biofilmEn chirurgie orthopĂ©dique, au contact des implants, certaines bactĂ©ries (en particulier les staphylocoques) sĂ©crĂštent des complexes insolubles muco-polysaccharidiques (glycocalyx) qui, associĂ©s avec des protĂ©ines de liaison de l’hĂŽte, constituent une matrice tridimensionnelle solidement adhĂ©rente Ă  l’implant. Ce «biofilm» permet aux bactĂ©ries de se multiplier et les protĂšge des dĂ©fenses de l’organisme ainsi que de l’action des anti-biotiques (le biofilm joue le rĂŽle de filtre empĂȘchant la diffusion des antibiotiques au contact des bactĂ©ries). Il se constitue en quelques heures.La prĂ©vention de la mise en place de ce biofilm par la rĂ©alisation d’une antibioprophylaxie est un Ă©lĂ©ment majeur de prĂ©vention de l’infection chirurgicale en orthopĂ©die. L’administration d’antibiotiques avant le dĂ©but de l’intervention chirurgicale permet d’inhiber la croissance des bactĂ©ries qui contaminent la plaie opĂ©ratoire et donc empĂȘche la formation d’un biofilm (2).

rĂ©sistances connuesComme en chirurgie humaine, les cas d’infections ostĂ©o-articulaires dus Ă  des bactĂ©ries rĂ©sistantes aug-mentent en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire. Les premiĂšres infections ostĂ©o-articulaires dues Ă  des staphylococcus aureus rĂ©sistants Ă  la mĂ©ticilline (SARM) ont Ă©tĂ© dĂ©crits en 1999 chez le chien (20) ;Depuis les Ă©tudes ont rapportĂ© de nombreuses infections ostĂ©o-articulaires chez les carnivores domestiques dues Ă  des germes multirĂ©sistants : essentiellement des SARM et des staphylococcus pseudintermedius rĂ©sis-tants Ă  la mĂ©ticilline (SPIRM).Les premiĂšres infections ostĂ©o-articulaires dues Ă  des SARM ont Ă©tĂ© rapportĂ©es chez l’Homme dans les annĂ©es soixante. Elles ont progressĂ© rapidement Ă  partir des annĂ©es quatre-vingt.Les premiers cas de contamination de l’animal par des SARM ont Ă©tĂ© dĂ©crits chez le cheval. Ces contamina-tions Ă©taient a priori dues Ă  des germes provenant de foyer humain (1,19,24). Des cas ont ensuite Ă©tĂ© dĂ©crits chez le chien, pour lesquels le « rĂ©servoir humain » semble en cause (1,16,22,23).L’apparition et l’augmentation des infections ostĂ©o-articulaires dues Ă  des germes multirĂ©sistants en chirur-gie vĂ©tĂ©rinaire suivent la mĂȘme Ă©volution qu’en chirurgie humaine avec les mĂȘmes facteurs de risque iden-tifiĂ©s : hospitalisation prolongĂ©e, passage dans des unitĂ©s de soins intensifs, interventions de plus en plus complexes avec mise en place d’implants (12,13).Les Ă©tudes montrent des risques de transmission par contact Ă©troit de germes multirĂ©sistants entre l’Homme et l’animal, dans les deux sens (16,17,22,23).La prĂ©vention de ces rĂ©sistances doit donc ĂȘtre une prioritĂ© aussi chez l’animal lors de chirurgie ou d’infection ostĂ©o-articulaire.

traiter une ostéomyélite ou une arthrite septique

principes du traitementLe traitement est fondĂ© sur :‱ un traitement chirurgical de parage et nettoyage du site infectieux avec en particulier l’exĂ©rĂšse de l’os nĂ©cro-

tique et des implants recouverts de biofilm ;‱ la stabilisation du foyer de fracture si on est en prĂ©sence d’une fracture ayant fait l’objet d’une ostĂ©osynthĂšse :

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36Antibiothérapie en chirurgie ostéo-articulaire chez le chien et le chat

antibiothérapie en Chirurgie ostéo-artiCulaireChez le Chien et le Chat

si les implants stabilisent encore le foyer de fracture et s’ils ne peuvent pas ĂȘtre remplacĂ©s par un autre moyen de stabilisation, ils doivent ĂȘtre laissĂ©s en place jusqu’à cicatrisation osseuse ;

‱ une antibiothĂ©rapie ciblĂ©e d’une durĂ©e minimale de 4 semaines.

recherche et identification de l’agent (des agents) bactĂ©rien(s)Le prĂ©lĂšvement doit ĂȘtre fait avant l’emploi d’anti-infectieux. L’idĂ©al est de le rĂ©aliser dans le site infectĂ© : par ponction Ă  l’aiguille sous Ă©chographie ou prĂ©lĂšvement per-opĂ©ratoire de fragments osseux nĂ©crotiques et/ou d’implants. Le traitement du prĂ©lĂšvement doit permettre la recherche et l’identification des germes aĂ©robies et anaĂ©robies.La corrĂ©lation entre la sensibilitĂ© aux antibiotiques in vitro des germes isolĂ©s avec la sensibilitĂ© aux antibio-tiques de ces germes dans le foyer de fracture n’est pas toujours bonne. Le biofilm peut en effet empĂȘcher l’atteinte d’une concentration minimum inhibitrice au contact des implants (2,5).

Traitement antibiotique par voie gĂ©nĂ©raleIl comporte deux temps : (2,5)‱ Une antibiothĂ©rapie initiale, probabiliste, mise en place de maniĂšre temporaire dans l’attente des rĂ©sul-

tats bactĂ©riologiques. Cette antibiothĂ©rapie doit ĂȘtre ciblĂ©e sur les germes le plus souvent en cause (Sta-phylococcus spp.). Elle est rĂ©alisĂ©e avec un antibiotique ayant une bonne pĂ©nĂ©tration dans l’os et/ou l’arti-culation. Les antibiotiques de choix sont les cĂ©phalosporines de premiĂšre gĂ©nĂ©ration par voie veineuse : cĂ©fazoline (22 mg/kg toutes les 12 heures), cĂ©falexine (30 mg/kg toutes les 12 heures). Ces molĂ©cules, bien que non critiques ne sont actuellement pas disponibles pour les vĂ©tĂ©rinaires en France.

‱ Ensuite, une antibiothĂ©rapie ciblĂ©e sur les germes pathogĂšnes identifiĂ©s, mise en place dĂšs l’obtention des rĂ©sultats bactĂ©riologiques. Cette antibiothĂ©rapie doit ĂȘtre longue (entre 4 et 8 semaines). Elle doit donc uti-liser des antibiotiques non toxiques qui doivent par ailleurs bien diffuser dans l’os et/ou l’articulation. Outre les cĂ©phalosporines de premiĂšre gĂ©nĂ©ration, la clindamycine (11 mg/kg toutes les 12 heures) bĂ©nĂ©ficie d’une bonne diffusion osseuse. Les aminosides ont Ă©galement une bonne diffusion osseuse et permettent de lut-ter contre les infections ostĂ©o-articulaires dues Ă  certains germes aĂ©robies Gram - et Ă  certains staphyloc-coques multirĂ©sistants (SMR) sensibles aux aminosides. La gentamicine et la nĂ©tilmicine sont les molĂ©cules les moins « toxiques » de la famille des aminosides mais restent cependant nĂ©phrotoxiques (gentamicine 8000 UI/kg toutes les 24 heures avec surveillance de la fonction rĂ©nale). Elles ne doivent ĂȘtre utilisĂ©es que lorsque les antibiotiques moins toxiques ne sont pas efficaces (4).

Quand deux formes galĂ©niques sont possibles (orale et parentĂ©rale), la voie parentĂ©rale est Ă  privilĂ©gier pendant au moins les deux premiĂšres semaines de traitement avant le relais par voie orale (2,5).En raison de leur capacitĂ© Ă  entraĂźner la sĂ©lection de germes rĂ©sistants et malgrĂ© leur bonne diffusion dans les tissus ostĂ©o-articulaires, l’utilisation d’antibiotiques d’importance critique comme les fluoroquinolones* (par exemple marbofloxacine 2 mg/kg toutes les 24 heures) n’est justifiĂ©e que lors d’impasse thĂ©rapeu-tique avec les antibiotiques de premier niveau (7,10). Lors de traitement de longue durĂ©e, les quinolones* sont par ailleurs toxiques pour le cartilage et les tendons et interfĂšrent avec la cicatrisation osseuse (6,7,9,15). La toxicitĂ© pour le cartilage a Ă©tĂ© prouvĂ©e in vivo et vitro chez le chien, le rat, le lapin, le mouton, l’homme
 Les cĂ©phalosporines de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration doivent ĂȘtre rĂ©servĂ©es au traitement de l’infection chez l’Homme (5).

Traitement antibiotique localLa mise en place d’un anti-infectieux directement dans le foyer septique permet d’atteindre localement des concentrations trĂšs Ă©levĂ©es en anti-infectieux, impossibles Ă  atteindre par voie gĂ©nĂ©rale, tout en Ă©vitant des phĂ©nomĂšnes de toxicitĂ© gĂ©nĂ©rale. Ces antibiotiques peuvent ĂȘtre amenĂ©s sur site par des systĂšmes d’irriga-tion-aspiration continue ou par l’intermĂ©diaire de support posĂ©s in situ. Les difficultĂ©s de gestion des sys-tĂšmes d’irrigation-aspiration chez l’animal font privilĂ©gier l’utilisation de l’antibiothĂ©rapie sur support (5,14).La technique la plus documentĂ©e et permettant d’avoir les meilleurs rĂ©sultats est l’utilisation d’éponges, de compresses de collagĂšne ou de billes de PolymĂ©thacrylate de mĂ©thyle (PMMA) imprĂ©gnĂ©es de gentamicine laissĂ©es in situ pendant quatre semaines. Les concentrations atteintes localement peuvent permettre d’obte-nir un effet bactĂ©riostatique voire bactĂ©ricide sur des germes considĂ©rĂ©s comme rĂ©sistants ou intermĂ©diaires Ă  la gentamicine sur l’antibiogramme (2,5,14).

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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Les ciments imprĂ©gnĂ©s d’antibiotiques commercialisĂ©s pour mettre en place les prothĂšses prĂ©sentent une concentration en antibiotique insuffisante pour avoir une efficacitĂ© quelconque dans le cadre d’une antibio-thĂ©rapie locale lors d’ostĂ©omyĂ©lite. La possibilitĂ© d’adjonction d’antibiotique dans ces ciments est limitĂ©e dans un souci de prĂ©servation de leurs propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques. Ils ne sont intĂ©ressants qu’en antibioprophy-laxie lors de chirurgie prothĂ©tique. Pour le traitement des infections, si on veut obtenir un relargage impor-tant d’antibiotique in situ avec du ciment, il vaut mieux le prĂ©parer en extemporanĂ© et ajouter une quantitĂ© beaucoup plus importante d’antibiotique : 4,5 g de gentamicine pour une pochette de ciment de 40 g (contre 1 g de gentamicine pour une pochette de ciment de 40 g pour les ciments commerciaux « prophylactiques » pour prothĂšse) (8,11).

traitement chirurgical - stabilisation du foyerLe traitement chirurgical, non dĂ©veloppĂ© ici, est une part majeure du succĂšs du traitement de l’infection os-tĂ©o-articulaire. sans un traitement chirurgical permettant une stabilisation ainsi qu’un parage suffisam-ment drastique du foyer fracturaire, tous les traitements antibiotiques sont vouĂ©s Ă  l’échec et les risques de sĂ©lection de germes multirĂ©sistants seront majorĂ©s (2,5,12,21).La stabilisation la plus parfaite possible du foyer fracturaire est indispensable. Une fracture ne peut cicatriser en prĂ©sence d’infection que si le foyer est parfaitement stable (2,5).

Cas particulier des prothĂšsesLors d’infection en prĂ©sence de prothĂšse, la rĂšgle est l’ablation du matĂ©riel prothĂ©tique ainsi que le parage complet du site infectĂ©. La mise en place de nouveau matĂ©riel exogĂšne dans le foyer septique a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une prise de risque d’échec du traitement de l’infection (2,5).De nombreux cas sont maintenant rapportĂ©s, en chirurgie humaine comme en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire, de « guĂ©rison » de sites d’implantation infectĂ©s, aprĂšs exĂ©rĂšse de prothĂšses cimentĂ©es, parage chirurgical, mise en place d’une antibiothĂ©rapie locale sur support et rĂ©implantation de prothĂšses non cimentĂ©es (2,5).Le rapport bĂ©nĂ©fice/risque doit ĂȘtre Ă©valuĂ© au cas par cas en particulier en fonction du (des) germe(s) isolĂ©s responsable(s) de l’infection.

surveillance post « guĂ©rison »Des bactĂ©ries peuvent rester quiescentes, protĂ©gĂ©es dans un biofilm, et peuvent entraĂźner une rechute tardive de l’infection. Ces infections tardives sont bien documentĂ©es en chirurgie ostĂ©o-articulaire chez l’Homme, beaucoup moins en chirurgie vĂ©tĂ©rinaire. Il est cependant prudent de faire un suivi rĂ©gulier de l’animal traitĂ© pour une infection ostĂ©o-articulaire «avec succĂšs» afin d’éviter suffisamment tĂŽt une Ă©ventuelle reprise de l’infection (par exemple en faisant l’ablation du matĂ©riel d’ostĂ©osynthĂšse encore en place, s’il n’a plus de rĂŽle nĂ©cessaire) (5,21).Cette surveillance aprĂšs traitement de l’infection permet d’éviter d’avoir de nouveau recours Ă  une antibio-thĂ©rapie et lĂ  encore de minimiser les risques d’apparition de rĂ©sistance.

réFérenCes bibliographiques

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antibiothérapie en Chirurgie ostéo-artiCulaireChez le Chien et le Chat

Prescott JF, Dowling PM, eds, Antimicrobial Therapy in Veterinary Medicine. 5th ed. Hoboken : John Wiley & Sons Inc. 2013 ; 395-401.6. Egerbacher M. et coll. Effects of enrofloxacin and ciprofloxacin hydrochloride on canine and equine chondrocytes in culture. Am J Vet Res. 2001 ; 62 : 704-8.7. Giguere S, Dowling PM. Fluoroquinolones. In : Giguùre, Prescott JF, Dowling PM, eds, Antimicrobial Therapy in Veterinary Medicine. 5th ed. Hoboken : John Wiley & Sons Inc. 2013 ; 295-314.8. Henry SL et coll. Long-term implantation of gentamicin-polymethylmethacrylate antibiotic beads. Clin Orthop Relat Res. 1993 ; 295 : 47-53.9. Huddleston PM et coll. Ciprofloxacin inhibition of experimental fracture healing. J Bone Joint Surg Am. 2000 ; 82 : 161-73.10. Johnson, KA. Osteomyelitis in dogs and cats. J Am Vet Med Assoc. 1994 ; 204 (12) : 1882- 7.11. Klemm KW. Antibiotic bead chains. Clin Orthop Relat Res. 1993 ; 295 : 63-7612. Llyod DH. Multi resistant bacteria : current status including management. Proceedings 3rd World Veterinary Orthopaedic Congress. Bologna ; 2010 : 137-8.13. Llyod DH. Nosocomial surgical infections. Proceedings 3rd World Veterinary Orthopaedic Congress. Bologna. 2010 ; 139-40.14. Owen MR et coll. Management of MRSA septic arthritis in a dog using a gentamicin-impregnated collagen sponge. J Small Anim Pract. 2004 ; 45 ; 609-12.15. Perry AC et coll. Levofloxacin and trovafloxacin inhibition of experimental fracture-healing. Clin Orthop Relat Res. 2003 ; 414 : 95-100.16. Prescott J F. Beta-lactam Antibiotics. In : Giguùre, Prescott JF, Dowling PM, eds, Antimicrobial Therapy in Veteri-nary Medicine. 5th ed. Hoboken : John Wiley & Sons Inc ; 2013 ; 133-152.17. Price LB et coll. Staphylococcus aureus CC398 : host adaptation and emergence of methicillin resistance in lives-tock. mBio. 2012 ; 3 : 305-11.18. Rioux C et coll. The standardized incidence ratio as a reliable tool for surgical site infection surveillance. Infect Control Hosp Epidemiol. 2006 ; 27 : 817-2419. Seguin JC et coll. Methicillin-resistant Staphylococcus aureus outbreak in a veterinary teaching hospital : poten-tial human-to-animal transmission. J Clin Microbiol. 1999 ; 37 : 1459-63.20. T Tomlin J et coll. Methicillin-resistant Staphylococcus aureus infections in 11 dogs. Vet Rec. 1999 ; 144 : 60-4.21. Uçkay I et coll. Prevention of surgical site infections in orthopaedic surgery and bone trauma : state-of-the-art update. J Hosp Infect. 2013 ; 84 : 5-12.22. Van Duijkeren E et coll. Human-to-dog transmission of methicillin-resistant Staphylococcus aureus. Emerg Infect Dis. 2004 ; 10 : 2235–2237.23. Van Duijkeren E et coll. Methicillin-resistant staphylococci isolated from animals. Vet Microbiol 2004 ; 103 : 91-7.24. Weese JS. Methicillin-resistant Staphylococcus aureus in animals. ILAR J. 2010 ; 51 : 233–44.

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AbcĂšs et granulomes chez les oiseaux et les reptiles

abCĂšs et granulomes Chez les oiseauX et les reptiles

obJeCtiFs

Sensibiliser sur l’inutilitĂ© d’un traitement antibiotique seul en cas d’abcĂšs/granulome chez un oiseau ou un reptile.

situation aCtuelle

Dans ces deux classes animales, les infections localisĂ©es qui donneraient un abcĂšs chez un mammifĂšre Ă©vo-luent presque toujours sous forme d’un granulome solide.La majoritĂ© des granulomes sont d’origine bactĂ©rienne, mais certains font suite Ă  d’autre processus : virus, parasites, nĂ©oplasie.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Le traitement antibiotique en aveugle est contre-productif et ne doit pas ĂȘtre effectuĂ© : il gĂȘne le diagnostic Ă©tiologique, et en aucun cas ne peut faire disparaĂźtre le granulome.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

‱ Un prĂ©lĂšvement pour coloration de Gram, culture et antibiogramme ou PCR (mycobactĂ©ries, mycoplasmes, chlamydia spp.), Ă©ventuellement associĂ© Ă  une coloration de Ziehl-Nielsen, un calque, ou Ă  de l’histologie est indispensable avant traitement antibiotique Ă©ventuel.

‱ Le prĂ©lĂšvement ne doit pas provenir du centre nĂ©crotique du granulome mais plutĂŽt de sa pĂ©riphĂ©rie.‱ La coloration de Gram peut ĂȘtre faite immĂ©diatement Ă  la clinique pour orienter le traitement initial.‱ Une grande variĂ©tĂ© de bactĂ©ries peut ĂȘtre mise en Ă©vidence en fonction des espĂšces d’oiseaux et de reptiles

et des localisations du granulome.

Conduite du traitement

mesures alternatives et complĂ©mentaires au traitement antibiotiqueLe traitement principal est chirurgical : exĂ©rĂšse ou curetage de l’abcĂšs/granulome ; et nettoyage avec irriga-tion de solutĂ©s et antiseptiques locaux.

traitement antibiotiqueUniquement aprĂšs rĂ©sultats des analyses. Les situations sont tellement variables en fonction des espĂšces et des localisations qu’il n’est pas judicieux de lister ici des traitements antibiotiques.

FiliĂšre animaux de Compagnie / oiseaux - reptiles

Page 40: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

40AbcĂšs et granulomes chez les oiseaux et les reptiles

abCĂšs et granulomes Chez les oiseauX et les reptiles

réFérenCes bibliographiques

‱ Carpenter JW. Exotic Animal Formulary. Fourth ed. Saint Louis : Elsevier Saunders ; 2013.‱ Harrison GJ et Harrison LR Clinical avian medicine ans surgery. Philadelphia : Saunders ; 1986.‱ Harrison GJ et Lightfoot TL. Clinical avian medicine. Brenthwood : Spix Publishing ; 2006.‱ MacArthur S et coll J. Medecine and surgery of tortoises and turtles. Ames : Blackwell publishing ; 2004.‱ Mader DR. Reptile Medicine and Surgery. Second edition. Saint Louis : Saunders Elsevier ; 2006.‱ Mader DR. et coll. Current Therapy in Reptile Medicine and Surgery. Saint Louis : Saunders ; 2014.‱ Olsen G et Orosz S. Manuel of Avian Medicine. Saint Louis : Mosby ; 2000.

derMAtoloGIe

Page 41: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

41Pyodermite de surface chez le chien

pyodermite de surFaCe Chez le Chien

résultat attendu

Obtenir la guĂ©rison clinique de l’infection cutanĂ©e : disparition des lĂ©sions, examen cytologique nĂ©gatif et rĂ©gression des signes cliniques (prurit, Ă©rythĂšme, Ă©tat kĂ©rato-sĂ©borrhĂ©ique, odeur, lichĂ©nification).

situation aCtuelle

dĂ©finitionLes pyodermites de surface comprennent les intertrigos et le syndrome de surpopulation microbienne (SSM) :‱ Intertrigo : multiplication microbienne dans un pli cutanĂ©, favorisĂ©e par la macĂ©ration et les microtrauma-

tismes engendrĂ©s par les frictions et les poils dans les plis ;‱ SSM : maladie bactĂ©rienne Ă©pidermique avec trĂšs faible production de pus (polynuclĂ©aires) mais inflam-

mation chronique (sans doute liée à des endotoxines staphylococciques) à extension centrifuge (point de départ poitrail, ventre, ars et remontée progressive sur les flancs). On observe une alopécie avec érythÚme, puis rapidement un épaississement cutané avec hypermélanose.

Contexte Ă©pidĂ©miologique et facteurs de risque‱ Intertrigos : ils sont TRES frĂ©quents en pratique gĂ©nĂ©raliste Ă©tant donnĂ© la mode actuelle des chiens brachy-

cĂ©phales ou plissĂ©es : Bulldog anglais, Bouledogue français, Carlin, Shar Peï
)‱ SSM : le Berger allemand est prĂ©disposĂ© ; ce syndrome est souvent secondaire Ă  des modifications Ă©pider-

miques elles mĂȘmes secondaires Ă  un Ă©tat atopique.

pathogÚnes en causeStaphylococcus pseudintermedius ++++ Staphylococcus aureus +Complication fréquente de dermatite à Malassezia

rĂ©sistances connues35 Ă  50 % des souches de staphylocoques sont productrices de pĂ©nicillinases, 40 % sont rĂ©sistantes aux macrolides et tĂ©tracyclines, 20 % aux quinolones, moins de 10 % aux cĂ©phalosporines de premiĂšre gĂ©nĂ©ra-tion et association amoxicilline – acide clavulanique.Augmentation de la frĂ©quence de SPIRM (Staphylococcus pseudintermedius rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline) ou de SARM (Staphylococcus aureus rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline). Il y a donc nĂ©cessitĂ© pour les laboratoires de biologie vĂ©tĂ©rinaire de rechercher systĂ©matiquement la mĂ©ti-rĂ©sistance lorsque le profil du staphylocoque la laisse suspecter.

pratiques actuelles de traitement‱ Intertrigos : topiques antiseptiques‱ SSM : shampooings, antibiothĂ©rapie probabiliste mais souvent trop courtePlusieurs recommandations de choix d’antibiothĂ©rapie sont publiĂ©es, montrant la prĂ©occupation de la com-munautĂ© vĂ©tĂ©rinaire internationale au sujet de l’antibiothĂ©rapie cutanĂ©e.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien

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Page 42: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

42Pyodermite de surface chez le chien

pyodermite de surFaCe Chez le Chien

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Intertrigo : le traitement de choix d’un intertrigo rĂ©cidivant est un traitement chirurgical. Cependant beau-coup de propriĂ©taires refusent les plasties et un traitement hygiĂ©nique doit ĂȘtre effectuĂ© rĂ©guliĂšrement :‱ 1° Ă©tape : topiques antiseptiques et/ou topique antibiotique (acide fusidique)‱ 2° Ă©tape (rare) si Ă©chec ou lĂ©sions Ă©tendues avec Ă©volution en pyodermite superficielle ou profonde :

poursuite des topiques antiseptiques + antibiothĂ©rapie systĂ©mique selon l’isolement bactĂ©rien et antibio-gramme (privilĂ©gier catĂ©gorie 1, selon la classification Ă©tablie par le GEDAC (cf. ci-dessous), durĂ©e initiale 2-3 semaines.

Syndrome de prolifĂ©ration bactĂ©rienneTopiques antiseptiques indispensables (shampooings), antibiothĂ©rapie systĂ©mique (catĂ©gorie 1a). DurĂ©e ini-tiale de 3 semaines minimum, fonction de l’évolution (nĂ©cessitĂ© du suivi). Recherche et gestion de la cause sous-jacente.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s) et ConséquenCes thérapeutiques

1. Intertrigo : examen cytologique de l’exsudat‱ si mise en Ă©vidence cytologique de bactĂ©ries coccoĂŻdes et absence de cellules inflammatoires : gestion topique antiseptique‱ si mise en Ă©vidence de bactĂ©ries coccoĂŻdes en position intracytoplasmiques, ajout d’une antibiothĂ©rapie topique (acide fusidique)‱ si mise en Ă©vidence de bactĂ©ries coccoĂŻdes en position intracytoplasmiques et aspect clinique furonculeux, antibiothĂ©rapie systĂ©mique (aprĂšs bactĂ©riologie et antibiogramme) en plus du traitement topique

2. ssM : examen cytologique de l’exsudat Ă©pidermique :si mise en Ă©vidence de bactĂ©ries coccoĂŻdes avec absence ou faible nombre de cellules inflammatoires : ges-tion topique antiseptique

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLes recommandations ci-dessous sont issues des recommandations du Conseil Scientifique du GEDAC (Groupe d’Etude en Dermatologie VĂ©tĂ©rinaire)

PrĂ©ambule : Le respect du RCP (rĂ©sumĂ© des caractĂ©ristiques du produit) des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

Catégorie 1 : Antibiothérapie cutanée initiale1. Catégorie 1a : antibiotiques ayant gardé plus de 90 % de leur activité sur Staphylococcus pseudintermedius

(SPI) au fil des ans et ayant fait leurs preuves en dermatologie canine : ‱ pĂ©nicillines rĂ©sistantes aux pĂ©nicillinases : amoxicilline + acide clavulanique. Posologie minimale :

12,5 mg/kg toutes les 12 heures ; ‱ cĂ©phalosporines de 1° gĂ©nĂ©ration : cĂ©falexine. Posologie minimale : 15 mg/kg toutes les 12 heures ; ‱ acide fusidique (topique uniquement) : toutes les 12 heures sur des lĂ©sions peu Ă©tendues.

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Page 43: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

43Pyodermite de surface chez le chien

pyodermite de surFaCe Chez le Chien

2. CatĂ©gorie 1b : antibiotiques ayant globalement une activitĂ© sur 70 Ă  90 % des SPI : ‱ clindamycine : posologie : 11 mg/kg toutes les 24 heures ou 5,5 mg/kg toutes les 12 heures ; ‱ sulfamide-trimĂ©thoprime : posologie : 5 mg/kg toutes les 24 heures de trimethoprime.

CatĂ©gorie 2 : AntibiothĂ©rapie cutanĂ©e d’utilisation restreinte : antibiotiques utilisables dans des indications bien prĂ©cises et aprĂšs isolement bactĂ©rien et antibiogramme1. CatĂ©gorie 2a : fluoroquinolones* : enrofloxacine, marbofloxacine, pradofloxacine. Utilisables lors de pyodermites superficielles ne rĂ©pondant pas Ă  un premier traitement adaptĂ© et bien conduit (avec antibio-gramme)2. CatĂ©gorie 2b : cĂ©fovĂ©cine (cĂ©phalosporine de 3° gĂ©nĂ©ration) : dans les rares cas oĂč l’observance est dif-ficile, mais il est indispensable de prĂ©voir des injections rĂ©pĂ©tĂ©es tous les 14 jours jusqu’au-delĂ  la guĂ©rison clinique. Posologie : 8 mg/kg SC.

Catégorie 3 : Antibiotiques déconseillésFréquentes résistances (amoxicilline, ampicilline), mauvaise diffusion cutanée (tétracyclines), toxicité poten-tielle (gentamicine).

CatĂ©gorie 4 : Antibiotiques Ă  ne jamais utiliserRisques de dĂ©veloppement de rĂ©sistances en mĂ©decine humaine : cĂ©phalosporines de 3°gĂ©nĂ©ration avec AMM dans d’autres espĂšces, antibiotiques Ă  usage humain (mupirocine, rifampicine
) et hospitalier (imipĂ©-nĂšme, vancomycine, ticarcilline
).

durĂ©e de traitementLe suivi clinique est primordial.Dans les intertrigos, la gestion hygiĂ©nique doit ĂȘtre quotidienne lorsque le pli est important.Dans les SSM, le traitement systĂ©mique sera adaptĂ© en fonction du suivi clinique (minimum 3 semaines) et les shampooings antiseptiques seront utilisĂ©s de maniĂšre hebdomadaire au minimum, mĂȘme au-delĂ  de la guĂ©rison clinique.

mesures alternatives et complĂ©mentaires‱ Intertrigos : la tonte des plis est recommandĂ©e en cas de pilositĂ© importante. Un shampooing (Ă  dĂ©faut une

lotion) sera privilĂ©giĂ© et la chlorhexidine prĂ©fĂ©rĂ©e. Des lingettes imprĂ©gnĂ©es d’antiseptique (chlorhexidine) sont intĂ©ressantes au quotidien. Le traitement chirurgical est seul curatif.

‱ SSM : la tonte peut ĂȘtre recommandĂ©e pour favoriser les shampooings qui peuvent ĂȘtre les seuls traite-ments utilisĂ©s lors de formes peu Ă©tendues. Rechercher et prendre en charge la cause sous jacente Ă©tant donnĂ© le risque de rĂ©cidive de cette affection.

réFérenCes bibliographiques

1 - Ganiere JP et coll. Antimicrobial drug susceptibility of Staphylococcus intermedius clinical isolates from canine pyoderma. J Vet Med (Series B-Infectious Diseases and Veterinary Public Health). 2005 ; 52 : 25-31.2 – Kadlec K, Schwarz S – Antimicrobial resistance of Staphylococcus pseudintermedius. Vet Dermatol. 2012 ; 23 : 276-82.3 - Jones RD et coll. Prevalence of oxacillin- and multidrug-resistant staphylococci in clinical samples from dogs : 1,772 samples (2001-2005). J Amer Vet Med Assoc. 2007 ; 230 : 221-7.4 - Frank LA, Loeffler A – Meticillin-resistant Staphylococcus pseudintermedius : clinical challenge and treatment options. Vet Dermatol. 2012 ; 23 : 283-91.5 - Bemis DA et coll. Evaluation of susceptibility test breakpoints used to predict mecA-mediated resistance in Staphylococcus pseudintermedius isolated from dogs. J Vet Diagnostic Investigation. 2009 ; 21 : 53-58.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 44: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

44Pyodermite de surface chez le chien

pyodermite de surFaCe Chez le Chien

6 - Beco L et coll. Suggested guidelines for using systemic antimicrobials in bacterial skin infections : part 2 - antimi-crobial choice, treatment regimens and compliance. Vet Rec. 2013 ; 172 : 156-60.7 - Hillier A et coll. Guidelines for the diagnosis and antimicrobial therapy of canine superficial bacterial folliculitis (Antimicrobial Guidelines Working Group of the International Society for Companion Animal Infectious Diseases). Vet Dermatol. 2014 ; 25 : 163-e43.8 - Saijonmaa-Koulumies L et coll. Elimination of Staphylococcus intermedius in healthy dogs by topical treatment with fusidic acid. J Small Anim Pract. 1998 ; 39 : 341-47.9 – Foster AP – A review of topical therapy for skin infections with bacteria and yeast. Vet Dermatol. 2012 ; 23 : 330-41.10 - Pin D et coll. Prospective study of bacterial overgrowth syndrome in eight dogs. Vet Rec. 2006 ; 158 : 437-41.11 - Viaud S et coll. Comparison of two shampoos as sole treatment for canine bacterial overgrowth syndrome. Vet Rec. 2012 ; 170 : 675.

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Page 45: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

45Pyodermite superficielle chez le chien

pyodermite superFiCielle Chez le Chien

résultat attendu

‱ Obtenir la guĂ©rison clinique de l’infection cutanĂ©e (disparition des lĂ©sions spĂ©cifiques : papules, pustules, collerettes Ă©pidermiques).

‱ Proposer des recommandations d’utilisation raisonnĂ©e dans ce champ d’application.

situation aCtuelle

dĂ©finitionLes pyodermites bactĂ©riennes superficielles sont des infections bactĂ©riennes se limitant Ă  l’épiderme (impĂ©-tigo) et/ou aux follicules pileux (folliculite bactĂ©rienne).

ContexteAffection trÚs fréquente en pratique généraliste.

Facteurs de risqueUne cause sous jacente aiguĂ« (traumatisme, irritation, piqĂ»res de puces
) ou chronique (dĂ©modĂ©cie, Ă©tat atopique, dysendocrinie
) favorisant la prolifĂ©ration d’un germe local (staphylocoque) est trĂšs frĂ©quemment en cause et devra ĂȘtre recherchĂ©e systĂ©matiquement.La corticothĂ©rapie prolongĂ©e est Ă©galement un facteur de risque.

pathogÚnes en causeStaphylococcus pseudintermedius ++++ Staphylococcus aureus +Parfois contamination par des bacilles (Entérocoques, Pseudomonas spp.)

rĂ©sistances connuesTrente-cinq Ă  cinquante pour cent des souches de staphylocoques sont productrices de pĂ©nicillinases (rĂ©sis-tances amoxicilline, ampicilline), 40 % rĂ©sistent aux macrolides et tĂ©tracyclines, 20 % aux quinolones, moins de 10 % aux cĂ©phalosporines de premiĂšre gĂ©nĂ©ration et Ă  l’association amoxicilline – acide clavulanique.Augmentation nette de la frĂ©quence de SPIRM (Staphylococcus pseudintermedius rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline) ou de SARM (Staphylococcus aureus rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline). Il y a donc nĂ©cessitĂ© pour les laboratoires de biologie vĂ©tĂ©rinaire de rechercher systĂ©matiquement la mĂ©ti-rĂ©sistance lorsque le profil du staphylocoque la laisse suspecter.

pratiques actuelles de traitementAntibiothĂ©rapie probabiliste majoritairement.Ecueils : une durĂ©e de traitement parfois trop courte, une dose souvent insuffisante par rapport au poids de l’animal, sont des pratiques encore rencontrĂ©es.Plusieurs recommandations de choix d’antibiothĂ©rapie sont publiĂ©es, montrant la prĂ©occupation de la com-munautĂ© vĂ©tĂ©rinaire internationale le sujet de l’antibiothĂ©rapie cutanĂ©e.

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Page 46: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

46Pyodermite superficielle chez le chien

pyodermite superFiCielle Chez le Chien

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

‱ Si lĂ©sions localisĂ©es : antisepsie topique (chlorhexidine par exemple) et topique antibiotique (acide fusi-dique) ;

‱ Si lĂ©sions Ă©tendues : shampooings, antibiothĂ©rapie systĂ©mique catĂ©gorie 1a ou catĂ©gorie 1b selon la classifi-cation du GEDAC (cf. ci-dessous). DurĂ©e initiale de 3 semaines dĂ©passant d’une semaine l’obtention d’une guĂ©rison ;

‱ Si rechute ou Ă©chec malgrĂ© un premier traitement bien conduit, rĂ©alisation obligatoire d’un antibiogramme et recherche de la cause sous-jacente.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

1- Examen cytologique du contenu d’une pustule : si les 3 conditions suivantes sont remplies :‱ mise en Ă©vidence cytologique de bactĂ©ries coccoĂŻdes en position intracytoplasmique dans les neutrophiles ;‱ absence d’élĂ©ments Ă©pidĂ©miologiques permettant de suspecter une antibiorĂ©sistance ;‱ peu ou pas de traitements antibiotiques prĂ©alables. Un traitement initial (catĂ©gorie 1) peut ĂȘtre mis en place sans bactĂ©riologie/antibiogramme.

2- Sinon, il faut prĂ©lever le contenu d’une pustule pour isolement bactĂ©rien et antibiogramme et choix de l’antibiotique (en commençant par le choix dans la catĂ©gorie 1).

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLes recommandations ci dessous sont issues des recommandations du Conseil Scientifique du GEDAC (Groupe d’Etude en Dermatologie VĂ©tĂ©rinaire).

PrĂ©ambule : Le respect du RCP (rĂ©sumĂ© des caractĂ©ristiques du produit) des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le trai-tement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

Catégorie 1 : Antibiothérapie cutanée de premiÚre intention1. Catégorie 1a : antibiotiques ayant gardé plus de 90 % de leur activité sur Staphylococcus pseudintermedius

(SPI) au fil des ans et ayant fait leurs preuves en dermatologie canine : ‱ pĂ©nicillines rĂ©sistantes aux pĂ©nicillinases : amoxicilline + acide clavulanique. Posologie minimale : 12,5

mg/kg toutes les 12 heures ‱ cĂ©phalosporines de 1° gĂ©nĂ©ration : cĂ©falexine. Posologie minimale : 15 mg/kg toutes les 12 heures ‱ acide fusidique (topique uniquement) : toutes les 12 heures sur des lĂ©sions peu Ă©tendues.2. CatĂ©gorie 1b : antibiotiques ayant globalement une activitĂ© sur 70 Ă  90 % des SPI : ‱ clindamycine : posologie : 11 mg/kg toutes les 24 heures ou 5,5 mg/kg toutes les 12 heures ; ‱ sulfamide-trimĂ©thoprime : posologie : 5 mg/kg toutes les 24 heures de trimethoprime.

CatĂ©gorie 2 : AntibiothĂ©rapie cutanĂ©e d’utilisation restreinte : antibiotiques utilisables dans des indications bien prĂ©cises et aprĂšs isolement bactĂ©rien et antibiogramme1. CatĂ©gorie 2a : fluoroquinolones : enrofloxacine, marbofloxacine, pradofloxacine. Utilisables lors de pyoder-

mites superficielles ne répondant pas à un premier traitement adapté et bien conduit (avec antibiogramme).

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Page 47: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

47Pyodermite superficielle chez le chien

pyodermite superFiCielle Chez le Chien

2. CatĂ©gorie 2b : cĂ©fovĂ©cine* (cĂ©phalosporine de 3° gĂ©nĂ©ration) : dans les rares cas oĂč l’observance est diffi-cile mais il est indispensable de prĂ©voir des injections rĂ©pĂ©tĂ©es tous les 14 jours jusqu’au-delĂ  la guĂ©rison clinique. Posologie : 8 mg/kg SC.

Catégorie 3 : Antibiotiques déconseillés Fréquentes résistances (amoxicilline, ampicilline), mauvaise diffusion cutanée (tétracyclines), toxicité poten-tielle (gentamicine).

CatĂ©gorie 4 : Antibiotiques Ă  ne jamais utiliserRisques de dĂ©veloppement de rĂ©sistances en mĂ©decine humaine : cĂ©phalosporines de 3° gĂ©nĂ©ration avec AMM dans d’autres espĂšces, antibiotiques Ă  usage humain (mupirocine, rifampicine
) et hospitalier (imipĂ©-nĂšme, vancomycine, ticarcilline
).

durĂ©e de traitementLe suivi clinique est primordial. La durĂ©e actuellement recommandĂ©e est l’obtention de la guĂ©rison clinique Ă  laquelle on ajoute une semaine (environ 3 semaines de traitement gĂ©nĂ©ralement).

mesures alternatives et complĂ©mentairesUn shampooing (Ă  dĂ©faut une lotion) sera adjoint au traitement systĂ©mique. La chlorhexidine est prĂ©fĂ©rĂ©e. Le lactate d’éthyle, la povidone iodĂ©e et le triclosan peuvent Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©s.La tonte peut ĂȘtre recommandĂ©e chez les chiens Ă  pelage complet et prĂ©sentant de multiples lĂ©sions afin de faciliter les soins locaux.D’autres voies de traitement sont Ă  l’étude (peptides antimicrobiens, bactĂ©riophages, promotion du micro-biote normal).

réFérenCes bibliographiques

1 - Ganiere JP et coll. Antimicrobial drug susceptibility of Staphylococcus intermedius clinical isolates from canine pyoderma. J Vet Med (Series B-Infectious Diseases and Veterinary Public Health). 2005 ; 52 : 25-31.2 – Kadlec K, Schwarz S – Antimicrobial resistance of Staphylococcus pseudintermedius. Vet Dermatol. 2012 ; 23 : 276-82.3 - Jones RD et coll. Prevalence of oxacillin- and multidrug-resistant staphylococci in clinical samples from dogs : 1,772 samples (2001-2005). J Amer Vet Med Assoc. 2007 ; 230 : 221-7.4 - Frank LA, Loeffler A – Meticillin-resistant Staphylococcus pseudintermedius : clinical challenge and treatment options. Vet Dermatol. 2012 ; 23 : 283-91.5 - Bemis DA et coll. Evaluation of susceptibility test breakpoints used to predict mecA-mediated resistance in Staphylococcus pseudintermedius isolated from dogs. J Vet Diagnostic Investigation. 2009 ; 21 :53-58.6 - Beco L et coll. Suggested guidelines for using systemic antimicrobials in bacterial skin infections : part 2 - antimi-crobial choice, treatment regimens and compliance. Vet Rec. 2013 ; 172 : 156-60.7 - Hillier A et coll. Guidelines for the diagnosis and antimicrobial therapy of canine superficial bacterial folliculitis (Antimicrobial Guidelines Working Group of the International Society for Companion Animal Infectious Diseases). Vet Dermatol. 2014 ; 25 : 163-e43.8 - Saijonmaa-Koulumies L et coll. Elimination of Staphylococcus intermedius in healthy dogs by topical treatment with fusidic acid. J Small Anim Pract. 1998 ; 39 : 341-47.9 – Foster AP – A review of topical therapy for skin infections with bacteria and yeast. Vet Dermatol. 2012 ; 23 : 330-41.10 – Lloyd DH. Alternatives to conventional antimicrobial drugs : a review of future prospects. Vet Dermatol. 2012 ; 23 : 299-304.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 48: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

48Pyodermite profonde chez le chien

pyodermite proFonde Chez le Chien

résultat attendu

Obtenir la guĂ©rison clinique de l’infection cutanĂ©e : disparition des lĂ©sions spĂ©cifiques de pyodermite pro-fonde (furoncles, cellulite bactĂ©rienne, ulcĂšres, croĂ»tes). Absence de suintement ou d’épaississement Ă  la pression cutanĂ©e.

situation aCtuelle

dĂ©finitionLes pyodermites profondes sont caractĂ©risĂ©es par le passage en profondeur de l’infection cutanĂ©e. Le pro-cessus infectieux franchit la membrane basale et atteint le derme, voire l’hypoderme. Les follicules pileux peuvent se rompre, provoquant la libĂ©ration de kĂ©ratine, de bactĂ©ries et de pus dans le derme, ce qui est Ă  l’origine d’une pĂ©rifolliculite pyogranulomateuse (furoncle). Lorsque les furoncles sont nombreux et coales-cents, on parle de lĂ©sions de cellulite bactĂ©rienne (ou hypodermite pyogranulomateuse). Ces dermatoses sont plus rares, mais Ă©galement plus graves, que les pyodermites superficielles. Elles peuvent s’accompagner d’une atteinte de l’état gĂ©nĂ©ral, avec rĂ©action ganglionnaire associĂ©e. Dans les cas extrĂȘmes, une septicĂ©mie peut survenir.

ContexteAffections moins fréquentes que les pyodermites superficielles en pratique généraliste. Identification de plus en plus fréquente de méti-résistances.

Facteurs de risqueUne cause sous jacente aiguĂ« (traumatisme, irritation, 
) ou chronique (points de pression, dĂ©modĂ©cie, syn-drome de Cushing
) favorisant la prolifĂ©ration d’un germe local (staphylocoque) est trĂšs frĂ©quemment en cause et devra ĂȘtre recherchĂ©e systĂ©matiquement.La corticothĂ©rapie prolongĂ©e est Ă©galement un facteur de risque important.

pathogÚnes en causeStaphylococcus pseudintermedius ++++ Staphylococcus aureus +Pseudomonas + : souvent secondaire mais parfois primaireE. coli et autres entérobactéries Gram +

rĂ©sistances connues35-50 % des souches de staphylocoques sont productrices de pĂ©nicillinases, 40 % rĂ©sistent aux macrolides et tĂ©tracyclines, 20 % aux quinolones, moins de 10 % aux cĂ©phalosporines de 1Ăšre gĂ©nĂ©ration et association amoxicilline – acide clavulanique.Augmentation nette de la frĂ©quence de SPIRM (Staphylococcus pseudintermedius rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline) ou de SARM (Staphylococcus aureus rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline). Il y a donc nĂ©cessitĂ© pour les laboratoires de biologie vĂ©tĂ©rinaire de rechercher systĂ©matiquement la mĂ©ti-rĂ©sistance lorsque le profil du staphylocoque la laisse suspecter.

pratiques actuelles de traitementAntibiothérapie probabiliste encore majoritairement.

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Page 49: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

49Pyodermite profonde chez le chien

pyodermite proFonde Chez le Chien

Ecueils : une durĂ©e de traitement parfois trop courte, une dose parfois insuffisante par rapport au poids de l’animal, sont des pratiques encore rencontrĂ©es.Plusieurs recommandations de choix d’antibiothĂ©rapie sont publiĂ©es, montrant la prĂ©occupation de la com-munautĂ© vĂ©tĂ©rinaire internationale le sujet de l’antibiothĂ©rapie cutanĂ©e.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Furonculose‱ Tonte, shampooings antiseptiques‱ AntibiothĂ©rapie topique si lĂ©sion unique ou lĂ©sions localisĂ©es (acide fusidique)‱ AntibiothĂ©rapies systĂ©mique et topique, catĂ©gorie 1a en premiĂšre intention, voire catĂ©gorie 1b selon la clas-

sification proposĂ©e par le GEDAC (cf. ci-dessous)‱ Si Ă©chec d’un premier traitement bien conduit, rĂ©alisation obligatoire d’un antibiogramme (si non dĂ©jĂ  rĂ©a-

lisĂ©), antibiothĂ©rapie systĂ©mique catĂ©gorie 2a (fonction de l’antibiogramme)

Cellulite bactĂ©rienne (isolement bactĂ©rien et antibiogramme obligatoires)‱ Tonte (anesthĂ©sie souvent), shampooings antiseptiques ;‱ Si lĂ©sions peu Ă©tendues ou si lĂ©sions Ă©tendues avec faible risque septicĂ©mique, antibiothĂ©rapie systĂ©mique

catĂ©gorie 1 dans un premier temps, catĂ©gorie 2a si Ă©chec d’un premier traitement bien conduit ;‱ Si lĂ©sions Ă©tendues avec risque septicĂ©mique : catĂ©gorie 2a en premiĂšre intention.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

1. Examen cytologique : bactéries pas toujours visualisées dans des lésions furonculeuses ; aspect pyogranu-lomateux (neutrophiles et macrophages).

2. PrĂ©lĂšvement (Ă©couvillonnage, biopsie dermique et hypodermique) pour isolement bactĂ©rien et antibio-gramme pour choix de l’antibiotique.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLes recommandations ci-dessous sont issues des recommandations du Conseil Scientifique du GEDAC (Groupe d’Etude en Dermatologie VĂ©tĂ©rinaire).

PrĂ©ambule : Le respect du RCP (rĂ©sumĂ© des caractĂ©ristiques du produit) des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le trai-tement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

Catégorie 1 : Antibiothérapie cutanée de premiÚre intention1. Catégorie 1a : antibiotiques ayant gardé plus de 90 % de leur activité sur Staphylococcus pseudintermedius

(SPI) au fil des ans et ayant fait leurs preuves en dermatologie canine : ‱ pĂ©nicillines rĂ©sistantes aux pĂ©nicillinases : amoxicilline + acide clavulanique. Posologie minimale :

12,5 mg/kg toutes les 12 heures ; ‱ cĂ©phalosporines de 1° gĂ©nĂ©ration : cĂ©falexine. Posologie minimale : 15 mg/kg toutes les 12 heures ; ‱ acide fusidique (topique uniquement) : toutes les 12 heures sur des lĂ©sions peu Ă©tendues.

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50Pyodermite profonde chez le chien

2. CatĂ©gorie 1b : antibiotiques ayant globalement une activitĂ© sur 70 Ă  90 % des SPI : ‱ clindamycine : posologie : 11 mg/kg toutes les 24 heures ou 5,5 mg/kg toutes les 12 heures ; ‱ sulfamide-trimĂ©thoprime : posologie : 5 mg/kg toutes les 24 heures de trimĂ©thoprime.

CatĂ©gorie 2 : AntibiothĂ©rapie cutanĂ©e d’utilisation restreinte : antibiotiques utilisables dans des indications bien prĂ©cises et aprĂšs isolement bactĂ©rien et antibiogramme1. CatĂ©gorie 2a : fluoroquinolones : enrofloxacine, marbofloxacine, pradofloxacine. Utilisables lors de pyoder-

mites superficielles ne rĂ©pondant pas Ă  un premier traitement adaptĂ© et bien conduit (avec antibiogramme).2. CatĂ©gorie 2b : cĂ©fovĂ©cine (cĂ©phalosporine de 3° gĂ©nĂ©ration) : dans les rares cas oĂč l’observance est diffi-

cile, mais il est indispensable de prĂ©voir des injections rĂ©pĂ©tĂ©es tous les 14 jours jusqu’au-delĂ  la guĂ©rison clinique. Posologie : 8 mg/kg SC.

Catégorie 3 : Antibiotiques déconseillésFréquentes résistances (amoxicilline, ampicilline), mauvaise diffusion cutanée (tétracyclines), toxicité poten-tielle (gentamicine).

CatĂ©gorie 4 : Antibiotiques Ă  ne jamais utiliserRisques de dĂ©veloppement de rĂ©sistances en mĂ©decine humaine : cĂ©phalosporines de 3°gĂ©nĂ©ration avec AMM dans d’autres espĂšces, antibiotiques Ă  usage humain (mupirocine, rifampicine
) et hospitalier (imipĂ©-nĂšme, vancomycine, ticarcilline
).

durĂ©e de traitementFuronculose : durĂ©e initiale de 4 semaines, durĂ©e totale fonction de l’évolution (nĂ©cessitĂ© du suivi) ; prolonger le traitement 2-3 semaines au-delĂ  de la guĂ©rison clinique dans les formes Ă©tendues.Cellulite bactĂ©rienne : durĂ©e initiale de 4 semaines, durĂ©e totale fonction de l’évolution (nĂ©cessitĂ© du suivi) ; prolonger le traitement 2-3 semaines au-delĂ  de la guĂ©rison clinique.

mesures alternatives et complĂ©mentairesLa tonte (locale ou gĂ©nĂ©rale en fonction de l’étendue des lĂ©sions) est souvent indispensable. Un shampooing sera adjoint au traitement systĂ©mique : la chlorhexidine est l’antiseptique le plus utilisĂ©.D’autres voies de traitement sont Ă  l’étude (peptides antimicrobiens, bactĂ©riophages, promotion du micro-biote normal).

réFérenCes bibliographiques

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pyodermite proFonde Chez le Chien

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pyodermite proFonde Chez le Chien

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52Otites externes non purulentes

otites eXternes non purulentes

otites eXternes purulentes et non purulentes

Il s’agit d’un motif frĂ©quent de consultation (7% des consultations hors convenance).Une otite externe est par dĂ©finition une inflammation du conduit auditif et/ou du pavillon auriculaire. Il existe deux types d’otite externe :‱ l’otite externe purulente (OP) : elle se dĂ©finit cytologiquement avec visualisation de polynuclĂ©aires neutro-

philes.‱ l’otite externe non purulente (ONP), de loin la plus frĂ©quente (90 Ă  95% des otites externes). Le micro-

bisme fongique et/ou bactĂ©rien ne se dĂ©veloppe que secondairement et aggrave l’inflammation sans crĂ©er d’emblĂ©e de vĂ©ritable infection puisqu’il n’y a pas de pus (absence de polynuclĂ©aires). Cette multiplication microbienne entraĂźne un syndrome de surpopulation microbienne (cf. pyodermite de surface) responsable de l’aggravation de l’inflammation.

Il n’y a vraiment aucun consensus sur le traitement des otites purulentes Ă  l’heure actuelle et il est donc impossible de donner des recommandations. La majoritĂ© des cas sont des ONP et une grande partie des OP sont « crĂ©Ă©es » par les traitements successifs qui ne tiennent pas compte de l’inflammation chronique mais uniquement de « l’infection auriculaire » et entraĂźnent une sĂ©lection de germes plus rĂ©sistants voire de Pseudomonas.

situation aCtuelle

Facteurs de risqueTout phĂ©nomĂšne entraĂźnant une inflammation du conduit auriculaire, peut avoir une otite comme consĂ©-quence. Ce peut ĂȘtre par exemple :‱ un traumatisme : corps Ă©tranger, Ă©pilation agressive, chien nageur‱ un parasite : Otodectes cynotis, Demodex‱ une tumeur ou polype‱ une dermatite atopique‱ une otite moyenne primitive

La race Cocker est prĂ©disposĂ©e aux otites en raison d’une rĂ©partition glandulaire anormale dans le conduit auriculaire, compromettant le mĂ©canisme naturel d’expulsion du cĂ©rumen et favorisant donc la multiplication microbienne.

pathogĂšnes en causeDes levures du genre Malassezia et de nombreuses bactĂ©ries ont Ă©tĂ© identifiĂ©es lors d’otites externes non purulentes :‱ Staphylococcus pseudintermedius‱ Streptococcus canis‱ Proteus sp‱ Escherichia sp

pratiques actuelles de traitementA l’heure actuelle, il n’y a pas de rĂšgle dĂ©finie quant au traitement des otites externes tant dans le choix du traitement, que de sa durĂ©e, ni mĂȘme sur la pertinence du nettoyage (nature du produit, frĂ©quence) pendant le traitement.

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53Otites externes non purulentes

otites eXternes non purulentes

Les topiques auriculaires dont nous disposons actuellement ne sont toujours pas adaptĂ©s au traitement des otites car quasiment tous contiennent une association d’antifongique, d’antibiotique et de glucocorticoĂŻde de classe I Ă  III, association qui n’est pas toujours nĂ©cessaire. Nous n’avons pas, par exemple, de traitement antibiotique seul ou glucocorticoĂŻde seul.Ces topiques diminuent la surpopulation microbienne et, bien sĂ»r, momentanĂ©ment l’inflammation et donc amĂ©liorent le confort de l’animal, mais occultent la recherche d’une cause sous jacente (dermatite atopique souvent) et ne prĂ©viennent pas la rĂ©cidive (frĂ©quente).A l’heure actuelle les produits contenant de la gentamicine, de la marbofloxacine, de la nĂ©omycine et de la polymyxine B sont les plus utilisĂ©s.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

L’examen cytologique d’un Ă©couvillonnage auriculaire profond permet d’évaluer la prĂ©sence Ă©ventuelle de polynuclĂ©aires (otites purulentes) ou non, et la nature des microbes prĂ©sents : coques et/ou bacilles et/ou levures.Lors d’otite non purulente Ă  surpopulation bactĂ©rienne, l’antibiogramme n’a pas d’intĂ©rĂȘt car le traitement anti-infectieux est uniquement topique et apporte donc des quantitĂ©s d’antibiotiques trĂšs supĂ©rieures Ă  la CMI sanguine des germes prĂ©sents.

Conduite du traitement

principeLors d’otite non purulente, le nettoyage des sĂ©crĂ©tions en excĂšs diminue la charge microbienne (bactĂ©rienne et/ou fongique), rĂ©duit durablement l’inflammation et Ă©vite les rechutes. Le traitement anti-microbien n’est dont qu’une premiĂšre Ă©tape au vrai traitement de l’otite externe.

antibiotiques utilisablesComme malheureusement nous ne disposons que de mĂ©langes, les antibiotiques prĂ©sents dans ces mĂ©-langes, sont :‱ la nĂ©omycine 2 Ă  3 fois/jour (fonction du produit)‱ la polymyxine B 2 fois/jour‱ le chloramphĂ©nicol 1 fois/jour‱ l’ association acide fusidique / framycĂ©tine 2 fois/jour ‱ la gentamicine 1 Ă  2 fois/j (fonction du produit)‱ le florfĂ©nicol 2 fois Ă  7 jours d’intervalle

Dans cette indication d’otite externe non purulente, nous recommandons d’éviter l’utilisation des topiques auriculaires contenant des fluoroquinolones.Dans cette mĂȘme indication, l’antibiothĂ©rapie systĂ©mique n’est jamais recommandĂ©e.

administrationNous ne disposons que d’un seul produit avec injecteur et d’un autre pour lequel la prĂ©sentation traite une oreille pour 1 semaine. Les autres produits sont administrĂ©s par instillation directement dans le conduit (ca-nule) sans visualisation du nombre de gouttes ou de la quantitĂ© recommandĂ©e et ne permettent pas de contrĂŽler prĂ©cisĂ©ment la quantitĂ© instillĂ©e et donc la dose d’antibiotique administrĂ©e.

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54Otites externes non purulentes

otites eXternes non purulentes

recommandationsEn fonction de l’antibiotique contenu, il est donc recommandĂ© soit d’essayer de maitriser au mieux le nombre de gouttes Ă  instiller, soit d’avoir recours pour mieux quantifier la dose administrĂ©e Ă  deux produits qui per-mettent de mieux l’évaluer :‱ MĂ©lange gentamicine, miconazole, acĂ©ponate d’hydrocortisone (pompe doseuse dispositif multidose,

1 fois/j). Le RCP indique 5 jours de traitement dans le cadre des otites aiguĂ«s. Lors d’otites chroniques (indi-cation hors AMM), cette durĂ©e risque de ne pas ĂȘtre assez longue.

‱ MĂ©lange florfĂ©nicol, terbinafine, acĂ©tate de bĂ©tamĂ©thasone (1 dose/oreille/semaine).

durĂ©e du traitementIl n’y a pas de consensus quant Ă  la durĂ©e d’un traitement ; dans les RCP des diffĂ©rents topiques dont nous disposons, la durĂ©e de traitement recommandĂ© est comprise entre 2 et 14 jours.Nous considĂ©rons que le suivi est primordial afin de vĂ©rifier par un examen (vidĂ©o)otoscopique et par un examen cytologique auriculaire la guĂ©rison clinique et microbiologique, mais surtout d’envisager la recherche d’une cause sous-jacente voire un traitement prĂ©ventif non antibiotique.

alternativesCertains nettoyants contenant des antiseptiques (Tris-EDTA, peptides antimicrobiens, chlorhexidine
.) peuvent ĂȘtre une aide au traitement.L’usage prĂ©coce d’anti-inflammatoires in situ est en cours d’évaluation et semble prometteur.

NB : le traitement des otites externes purulentes ne fait pas encore l’objet d’un consensus. L’isolement du germe et l’antibiogramme n’apportent pas d’élĂ©ment thĂ©rapeutique supplĂ©mentaire mais reste nĂ©anmoins obligatoire en cas de prescription d’antibiotique critique en topique ou si une antibiothĂ©rapie systĂ©mique est envisagĂ©e en cas de stĂ©nose marquĂ©e.

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Otites moyennes chez le chien et le chat

otites moyennes Chez le Chien et Chez le Chat

résultat attendu

‱ Savoir quand prescrire ou non une antibiothĂ©rapie lors de diagnostic d’otite moyenne.

‱ Optimiser le recours aux antibiotiques par voie gĂ©nĂ©rale lors de diagnostic d’otite moyenne en favorisant les bonnes pratiques :

- identification bactĂ©rienne et antibiogramme avant toute antibiothĂ©rapie systĂ©mique ; - drainage et nettoyage de la bulle tympanique associĂ©s systĂ©matiquement ; - utilisation d’un traitement antibiotique local.

‱ PrĂ©venir : DĂ©crire les facteurs de risque de dĂ©veloppement d’une otite moyenne afin de mettre en place les mesures prĂ©ventives adĂ©quates visant Ă  Ă©viter le dĂ©veloppement ou la rĂ©cidive des otites moyennes et donc l’utilisation d’antibiotiques.

situation aCtuelle

ContexteUne otite moyenne (OM) se dĂ©finit comme une inflammation de la bulle tympanique qui se remplit alors d’un exsudat le plus souvent trĂšs Ă©pais et compact. Elle peut s’observer chez le chat et chez le chien.

Chez le chien, elle est le plus souvent la consĂ©quence d’une otite externe chronique (OE) (otite moyenne secondaire) tandis que chez le chat elle sera plus frĂ©quemment secondaire Ă  une inflammation oro-pharyn-gĂ©e, l’infection se propageant via la trompe d’Eustache (otite moyenne primaire). Ces particularitĂ©s d’espĂšce sont importantes Ă  connaĂźtre car elles seront associĂ©es Ă  des spĂ©cificitĂ©s bactĂ©riennes (germes respiratoires et de la cavitĂ© buccale dans le cas du chat, flore bactĂ©rienne auriculaire dans le cas du chien). On estime la prĂ©valence des otites moyennes lors d’otite externe chronique chez le chien Ă  plus de 50 %, c’est Ă©galement un facteur fortement associĂ© Ă  la chronicitĂ© de l’OE et incriminĂ© dans l’absence de rĂ©ponse au traitement topique de l’OE. Chez le chat, sa prĂ©valence est estimĂ©e Ă  moins de 2 % de la population.

L’otite moyenne du chien ou du chat est une affection chronique qui peut ĂȘtre asymptomatique ou faiblement symptomatique pendant plusieurs semaines/mois puis provoquer un syndrome vestibulaire (lors d’extension Ă  l’oreille interne), et/ou une paralysie faciale et/ou un syndrome de Claude Bernard Horner. Chez le chat, une Ă©tude nĂ©cropsique fait Ă©tat de plus de 90 % de cas asymptomatiques.

L’infection de l’oreille moyenne peut s’étendre Ă  l’encĂ©phale et gĂ©nĂ©rer phlegmon, abcĂšs ou empyĂšme en particulier chez le chat.

Des particularitĂ©s conformationnelles peuvent contribuer Ă  la pathogĂ©nie des OM du chien ou du chat (no-tion de prĂ©disposition raciale). C’est le cas des races brachycĂ©phales prĂ©disposĂ©es Ă  dĂ©velopper des otites primaires de par leur conformation pharyngĂ©e ou des races Ă  oreilles tombantes qui, prĂ©disposĂ©es aux OE, dĂ©veloppent plus frĂ©quemment des OM.

Il est dĂ©crit chez le Cavalier King-Charles, une otite primaire appelĂ©e otite effusive primaire ou otite sĂ©crĂ©-toire primaire (PSOM en anglais pour «primary secretory otitis media»). Cette forme trĂšs particuliĂšre d’otite est purement inflammatoire et n’est pas d’origine infectieuse. Elle est le plus souvent asymptomatique et n’impose pas de traitement immĂ©diat.

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otites moyennes Chez le Chien et Chez le Chat

pratiques actuelles de traitementUn traitement antibiotique est gĂ©nĂ©ralement prescrit que l’animal soit symptomatique ou non. En l’absence d’étude dĂ©diĂ©e ou de consensus, la durĂ©e et le choix du traitement antibiotique sont dĂ©pendants des pratiques habituelles du vĂ©tĂ©rinaire et varient beaucoup. Les traitements locaux (trĂ©panation de la bulle ou lavage/rin-çage sous vidĂ©o otoscopie nĂ©cessitant expertise et/ou matĂ©riel spĂ©cifique dĂ©diĂ© ne sont pas systĂ©matique-ment mis en Ɠuvre).

pathogĂšnes en causeChez le chat, les pathogĂšnes isolĂ©s dans les OM sont :‱ Mycoplasma spp.‱ Streptocoque spp.‱ Staphylocoque spp. (Staphylococcus pseudintermedius essentiellement)‱ Bordetella spp.‱ Bacteroides spp.‱ Fusarium spp.‱ Pseudomonas spp.‱ Pasteurella spp.

Chez le chien, les pathogĂšnes isolĂ©s dans les OM de chien sont :‱ Staphylococcus intermedius‱ Pseudomonas aeruginosa‱ Streptococcus spp.‱ Klebsiella spp.‱ Escherichia coli‱ Corynebacterium spp. (rarement isolĂ© seul, pathogĂ©nie discutĂ©e)

rĂ©sistances connuesLes problĂšmes de rĂ©sistance bactĂ©rienne ne sont pas documentĂ©s dans les OM. Par contre, la diffusion de l’antibiotique choisi dans la bulle tympanique est souvent difficile du fait de la prĂ©sence d’un exsudat inflam-matoire Ă©pais et compact. De plus, l’antibiotique choisi devra avoir une bonne rĂ©sorption osseuse car la colo-nisation bactĂ©rienne des structures osseuses adjacentes (os temporal) est habituelle lors d’OM. Enfin, lors d’OM secondaire Ă  une OE, les bactĂ©ries en cause Ă©tant originaires de l’oreille externe, on peut supposer que les rĂ©sistances bactĂ©riennes dĂ©crites pour les OE peuvent Ă©ventuellement s’appliquer aux OM. Dans une Ă©tude rĂ©cente menĂ©e en Angleterre (Degi 2013), 100 % des souches de staphylocoques isolĂ©es de prĂ©lĂšve-ment d’otite externe de chien Ă©taient rĂ©sistantes Ă  la polymyxine B et au moins Ă  deux antibiotiques testĂ©s. Par ordre d’importance dĂ©croissante, les rĂ©sistances observĂ©es sont envers l’érythromycine (61,3 %), la linco-mycine (54,8 %), la kanamycine (51,6 %), les tĂ©tracyclines (48,4 %), la gentamicine (38,7 %), l’amoxicilline/acide clavulanique (35,5 %), la doxycycline (29,0 %), la mĂ©thicilline (22,6 %), la rifampicine (3,2 %) et la vancomycine (3,2 %).

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Un traitement antibiotique systĂ©mique n’est pas nĂ©cessaire lors d’otites effusives primaires du Cavalier King-Charles puisqu’elles ne sont pas d’origine bactĂ©rienne mais d’origine inflammatoire exclusivement.

Un traitement antibiotique systĂ©mique est indispensable lors d’OM symptomatiques (troubles nerveux liĂ©s Ă  l’atteinte de l’oreille interne) ou lors d’OM associĂ© Ă  une OE chronique. Un traitement antibiotique local peut permettre d’augmenter la concentration tissulaire en antibiotique qui, par voie systĂ©mique uniquement,

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57Otites moyennes chez le chien et le chat

otites moyennes Chez le Chien et Chez le Chat

peut rester insuffisante. Un nettoyage/drainage de la bulle tympanique sous vidĂ©o-otoscopie est indiquĂ© (cf. mesures complĂ©mentaires) mais n’est pas suffisant et doit systĂ©matiquement ĂȘtre associĂ© Ă  un traite-ment antibiotique.

Le dĂ©veloppement et la banalisation des techniques d’imagerie de la boĂźte crĂąnienne et du systĂšme nerveux ont conduit Ă  l’observation de plus en plus frĂ©quente d’OM dites « silencieuses » car asymptomatiques au moment du diagnostic. Il est assez frĂ©quent d’observer une otite moyenne uni- ou bilatĂ©rale lors d’examen IRM de dĂ©pistage d’une malformation de Chiari chez le Cavalier King-Charles ou d’exploration de crises d’épi-lepsie chez le Bouledogue français par exemple. Il n’existe pas de donnĂ©es dans la littĂ©rature vĂ©tĂ©rinaire per-mettant de savoir si ces OM doivent ĂȘtre traitĂ©es ou non. Un suivi individuel de l’animal permettra au cas par cas d’adapter la dĂ©marche thĂ©rapeutique Ă  la prĂ©sentation clinique.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Le diagnostic d’OM repose sur la visualisation d’un exsudat inflammatoire dans la bulle tympanique lors d’un examen d’imagerie. Le scanner ou l’IRM sont les techniques d’imagerie Ă  privilĂ©gier de par leur sensibilitĂ©. L’IRM est plus sensible pour dĂ©tecter des signes d’extension intracrĂąnienne et constitue le «gold standard» pour le diagnostic des infections du systĂšme nerveux central en mĂ©decine humaine.

Les agents bactĂ©riens peuvent ĂȘtre isolĂ©s Ă  partir d’un Ă©couvillonnage de la bulle tympanique rĂ©alisĂ© sous vidĂ©o-otoscopie ou Ă  partir du LCS lors d’extension intracrĂąnienne. Une culture bactĂ©rienne doit systĂ©mati-quement ĂȘtre rĂ©alisĂ©e mĂȘme en l’absence de visualisation de bactĂ©ries Ă  l’examen cytologique.

Chez le chat, il peut ĂȘtre prĂ©conisĂ© de dĂ©pister les portages infectieux viraux ou bactĂ©riens chroniques de la sphĂšre oro-pharyngĂ©e afin de les traiter et diminuer les facteurs de risques (PCR calicivirus, Chlamydophyla spp., herpes, mycoplasme). Chez le chien, un traitement local bien conduit des otites externes peut permettre d’éviter le passage Ă  la chronicitĂ© et le dĂ©veloppement d’OM.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueTraitement antibiotique systĂ©mique : l’antibiotique choisit outre son activitĂ© sur les germes en cause doit avoir une bonne diffusion osseuse et le cas Ă©chĂ©ant, diffuser Ă  travers la barriĂšre hĂ©mato-mĂ©ningĂ©e.

Choix de l’antibiothĂ©rapie : aucune Ă©tude comparative n’a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e chez le chien ou chez le chat. Les recommandations proposĂ©es sont Ă©tablies d’aprĂšs les donnĂ©es parcellaires de la littĂ©rature fondĂ©es essen-tiellement sur des Ă©tudes rĂ©trospectives de sĂ©ries de cas (niveau C) sauf pour l’utilisation de l’enrofloxacine. Il est recommandĂ© de choisir l’antibiotique selon les rĂ©sultats de la bactĂ©riologie et de l’antibiogramme, en attendant ses rĂ©sultats il est proposĂ©

‱ en traitement initial, une cĂ©phalosporine (cĂ©falexine 15 mg/kg bid) ou une pĂ©nicilline (association amoxicil-line-acide clavulanique 12,5 mg/kg/bid) pour leur bonne rĂ©sorption osseuse et leur spectre d’action large ;

‱ dans le cas particulier de suspicion d’infection Ă  mycoplasmes (chat) et/ou d’extension intracrĂąnienne, une fluoroquinolone* peut ĂȘtre utilisĂ©e (marbofloxacine* 2 Ă  4 mg/kg sid ou enrofloxacine* 5 mg/kg/sid) si l’antibiogramme confirme son efficacitĂ©. La bonne diffusion de l’enrofloxacine* dans les tissus de l’oreille externe et interne a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e par une Ă©tude randomisĂ©e de niveau A (Cole 2008) qui a Ă©galement

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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58Otites moyennes chez le chien et le chat

otites moyennes Chez le Chien et Chez le Chat

permis de dĂ©terminer les doses Ă  utiliser (l’étude a utilisĂ© la voie veineuse) en fonction de la CMI (5 mg/kg pour CMI < ou = 0,12–0,15 mg/mL, 10 mg/kg pour CMI = 0,19-0,24 mg/mL, 15 mg/kg pour CMI = 0,31–0,39 mg/mL et 20 mg/kg pour CMI = 0,51–0,64 mg/mL). Un traitement Ă  l’enrofloxacine doit ĂȘtre proscrit pour les bactĂ©ries rĂ©sistantes et celles dont la sensibilitĂ© est intermĂ©diaire car une concentration tissulaire suffi-sante ne pourra ĂȘtre atteinte.

la durĂ©e du traitement antibiotique proposĂ© est exceptionnellement longue et au minimum de 6 Ă  8 se-maines (pratique hors AMM, Morris 2004). Dans une Ă©tude rĂ©trospective de 44 cas d’otite moyenne chez le chien la durĂ©e moyenne de rĂ©solution d’une otite moyenne chronique sous traitement Ă©tait de 117 +/- 86.7 jours (30–360 jours) (Palmeiro 2003).

traitement local : Lors d’OM secondaire Ă  une OE pour pallier la mauvaise diffusion des antibiotiques donnĂ©s par voie systĂ©mique dans le conduit auditif, certains auteurs recommandent simplement un nettoyage soignĂ© quotidien du conduit auditif, tant que la membrane tympanique reste percĂ©e, qui contribuera Ă  nettoyer et rincer la bulle tympanique.

Dans le cas de bactĂ©rie rĂ©sistante (rare), Pseudomonas spp. ou staphylocoque rĂ©sistants Ă  la mĂ©thicilline, la guĂ©rison peut ĂȘtre obtenue par la mise en Ɠuvre de soins locaux particuliĂšrement attentifs (nettoyage/rin-çage deux fois par jour avec une solution antiseptique). Le recours aux antibiotiques de derniĂšre gĂ©nĂ©ration ou hospitalier est interdit.

mesures alternatives et complĂ©mentairesLe traitement le plus important lors d’otite moyenne est le nettoyage/drainage de la bulle tympanique sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale. Il est indispensable pour retirer dĂ©bris tissulaires et exsudats qui vont empĂȘcher la dif-fusion efficace des antibiotiques.

Ce nettoyage/drainage peut se faire par vidĂ©o-otoscopie aprĂšs myringotomie. Il doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© plusieurs fois (une fois par semaine, trois fois au minimum) et a dĂ©montrĂ© ses effets sur la diminution de la charge bactĂ©-rienne (33 % d’isolation bactĂ©rienne en moins aprĂšs rinçage de la bulle tympanique versus avant [Hettlich 2005]). Une trĂ©panation de la bulle tympanique est possible si le nettoyage de la bulle tympanique sous vidĂ©o-otoscopie s’avĂšre impossible (exsudat trop compact, accĂšs par le conduit auditif impossible lors de stĂ©-nose par exemple). Elle peut ĂȘtre associĂ©e Ă  une exĂ©rĂšse complĂšte du conduit auditif dans les cas rĂ©fractaires.

a retenir

Non-utilisation : Les otites moyennes effusives du CKC ne sont pas d’origine infectieuse (otite effusive primaire) et ne nĂ©cessitent pas de traitement antibiotique. La dĂ©couverte Ă  l’examen d’imagerie d’une OM non symptomatique n’impose pas la mise en place immĂ©diate d’un traitement.

Optimisation : Un prĂ©lĂšvement dans la bulle tympanique en vue d’examen bactĂ©riologique et antibiogramme doit ĂȘtre rĂ©alisĂ© avant toute antibiothĂ©rapie systĂ©mique d’OM.

Des soins locaux sont impĂ©rativement associĂ©s Ă  tout traitement antibiotique systĂ©mique d’OM (drainage et net-toyage de la bulle sous vidĂ©o-otoscopie, trĂ©panation de la bulle tympanique).

PrĂ©vention : Chez le chien, les OM peuvent ĂȘtre Ă©vitĂ©es par une prise en charge adĂ©quate des OE. Chez le chat, le dĂ©pistage et la prise en charge des infections/inflammations oro-pharyngĂ©es (portage infectieux chronique) devrait contribuer Ă  la prĂ©vention des OM. Dans ces deux espĂšces des particularitĂ©s anatomiques pouvant conduire Ă  un dys-fonctionnement/obstruction des trompes d’Eustache (races brachycĂ©phales, conformation du voile du palais) sont Ă©galement des facteurs favorisants Ă  prendre en compte.

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otites moyennes Chez le Chien et Chez le Chat

prise en charge des otites externesUn traitement mal conduit d’otite externe associĂ© Ă  des facteurs prĂ©disposants (oreille tombante, atopie, ...) peut favoriser le passage Ă  la chronicitĂ© et l’apparition d’une otite moyenne.

réFérenCes bibliographiques

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Otites moyennes chez le chien et le chat

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otites moyennes Chez le Chien et Chez le Chat

Otites moyennes chez le chien et le chat

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Les infections du systĂšme nerveux central du chien et du chat 61

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les inFeCtions du systĂšme nerveuX Central du Chien et du Chat

Les infections du systÚme nerveux central envisagées dans cette fiche comprennent : les méningites, ménin-go-encéphalites, méningomyélites, méningoencéphalomyélites, abcÚs cérébraux ou empyÚmes sous duraux du chien et du chat.

résultat attendu

objectif(s) spécifique(s) par affection bactérienne

‱ Savoir prescrire ou non une antibiothĂ©rapie lors de diagnostic d’affection inflammatoire du SystĂšme Nerveux Central (SNC) du chien et du chat (diffĂ©rencier mĂ©ningo-encĂ©phalite d’origine dysimmunitaire ou virale ne nĂ©cessitant pas d’antibiothĂ©rapie des mĂ©ningo-encĂ©phalites d’origine bactĂ©rienne ou parasitaire (protozoaires) nĂ©cessitant une antibiothĂ©rapie).

‱ Optimiser le recours aux antibiotiques par voie gĂ©nĂ©rale lors de diagnostic d’infection du SNC en favorisant les bonnes pratiques :

- Confirmer l’origine bactĂ©rienne de l’atteinte (quels examens proposer, sensibilitĂ© et spĂ©cificitĂ© des examens).

- Utiliser un antibiotique ciblĂ© (actif sur l’agent en cause) dont la concentration intracĂ©rĂ©brale sera efficace (prise en compte du passage de la barriĂšre hĂ©mato-encĂ©phalique).

- Savoir recourir Ă  des traitements complĂ©mentaires permettant de limiter l’antibiothĂ©rapie systĂ©mique (drainage chirurgical des abcĂšs ou empyĂšmes).

‱ PrĂ©venir : connaĂźtre les facteurs de risque de dĂ©veloppement d’une infection du SNC et savoir les Ă©viter (infec-tion loco-rĂ©gionale non traitĂ©e (rhinite, otite moyenne, abcĂšs dentaire), dissĂ©mination par voie hĂ©matogĂšne d’un foyer infectieux Ă  distance (embols septiques), traitement immunosuppresseur, inoculation directe (morsure)).

situation aCtuelle

ContexteUne mĂ©ningite se dĂ©finit comme une inflammation des mĂ©ninges uniquement alors qu’une mĂ©ningo-encĂ©pha-lite (ou mĂ©ningomyĂ©lite) implique que l’inflammation atteigne Ă©galement le tissu cĂ©rĂ©bral (ou mĂ©dullaire). Un abcĂšs cĂ©rĂ©bral ou un empyĂšme sous-dural est la consĂ©quence d’une suppuration focale respectivement intraparenchymateuse ou cloisonnĂ©e entre la dure-mĂšre et l’arachnoĂŻde.De nombreux agents infectieux (virus, bactĂ©ries, protozoaires, champignons, et certains helminthes) peuvent affecter le systĂšme nerveux central. Les bactĂ©ries et les protozoaires imposent le recours Ă  un traitement antibiotique mais il n’est pas toujours aisĂ© de les mettre en Ă©vidence.Les infections bactĂ©riennes du SNC sont considĂ©rĂ©es comme peu frĂ©quentes voire rares ou anecdotiques chez le chien, peut ĂȘtre un peu plus frĂ©quentes chez le chat (en particulier dans un contexte d’immunodĂ©pres-sion). Il est dĂ©crit quelques cas de mĂ©ningites ou de mĂ©ningo-encĂ©phalites bactĂ©riennes, mais Ă©galement des cas d’abcĂšs cĂ©rĂ©braux ou d’empyĂšmes sous duraux. L’origine de l’infection peut ĂȘtre secondaire Ă  une inocu-

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les inFeCtions du systĂšme nerveuX Central du Chien et du Chat

lation bactĂ©rienne directe (morsure bien dĂ©crite chez le chat, corps Ă©tranger migrant), une extension loco- rĂ©gionale d’une infection au voisinage du SNC (otite moyenne, spondylodiscite, rhinite/sinusite, abcĂšs den-taire
 ) ou la migration d’emboles septiques Ă  partir d’un foyer infectieux Ă  distance (uro-gĂ©nital, pulmo-naire
). Les bactĂ©ries rencontrĂ©es ne sont en gĂ©nĂ©ral pas spĂ©cifiques du SNC et sont liĂ©es Ă  l’étiologie de l’infection initiale.La question se pose sur l’implication d’agents pathogĂšnes bactĂ©riens transmis de maniĂšre vectorielle appar-tenant Ă  la famille hĂ©tĂ©rogĂšne des rickettsies.Dans l’état actuel des investigations, il n’est pas possible de conclure sur l’implication de Bartonella spp. dans les affections inflammatoires du SNC chez le chien ou le chat, d’autres Ă©tudes doivent ĂȘtre conduites.En ce qui concerne Borrelia spp., aucun cas clinique d’encĂ©phalite ou de mĂ©ningite associĂ©e n’est dĂ©crit, les chiens infectĂ©s expĂ©rimentalement n’ont jamais dĂ©veloppĂ© de signes cliniques ou biologiques d’encĂ©phalite ou de mĂ©ningite (mĂȘme si on retrouve histologiquement des infiltrats inflammatoires dans le tissu cĂ©rĂ©bral ou mĂ©ningĂ©) (Chang, 2001) et la mĂȘme Ă©tude rĂ©trospective que prĂ©cĂ©demment citĂ©e pour Ehrlichia spp. s’est avĂ©rĂ©e Ă©galement nĂ©gative (Barber, 2010). Il convient donc d’ĂȘtre trĂšs prudent avant d’imputer les troubles neurologiques observĂ©s chez un chien Ă  ces agents, une simple sĂ©rologie positive n’étant bien sĂ»r pas suffi-sante pour affirmer le diagnostic, la mise en Ă©vidence de l’agent infectieux dans le LCS s’avĂšre indispensable (PCR, observation directe).Les infections parasitaires du SNC sont possibles. Une place particuliĂšre est accordĂ©e aux protozoaires (toxo-plasmose, nĂ©osporose) qui nĂ©cessiteront la mise en place d’un traitement antibiotique. Leur prĂ©valence reste cependant assez faible, une immunodĂ©pression de l’animal (d’origine virale ou mĂ©dicamenteuse) constitue un facteur favorisant. Leur diagnostic de certitude du vivant de l’animal reste difficile, et ces affections sont souvent abusivement surdiagnostiquĂ©es.L’infection par Toxoplasma spp. chez le chat ayant libre accĂšs Ă  l’extĂ©rieur est frĂ©quente (50 % de sĂ©ropo-sitifs) mais son expression clinique reste rarissime. Le SNC est dĂ©crit (avec les muscles, le poumon et les yeux) comme le tissu affectĂ© le plus souvent lors de toxoplasmose clinique mais trĂšs peu de cas sont dĂ©crits, des granulomes cĂ©rĂ©braux uniques ou multifocaux ou encore mĂ©dullaires sont alors observĂ©s (Alves 2011, Falzone 2008, Pfohl 2005). Plus rĂ©cemment, un autre protozoaire (Sarcocystis neurona) connu pour ĂȘtre responsable de mĂ©ningomyĂ©lite chez le cheval a Ă©tĂ© retrouvĂ© lors d’encĂ©phalite canine (Dubey 2014, Gerhold 2014). Sa prĂ©valence et sa rĂ©elle importance restent encore Ă  dĂ©terminer.

Enfin, une infection par certaines bactĂ©ries anaĂ©robies Clostridium tetani ou Clostridium botulinum va se tra-duire par des troubles neurologiques centraux (respectivement tĂ©tanos et botulisme) liĂ©s Ă  la libĂ©ration de neurotoxines mĂȘme si l’agent bactĂ©rien pathogĂšne ne gagne pas directement le SNC.Lors d’infection du systĂšme nerveux central, l’examen neurologique traduit le plus souvent le caractĂšre inflam-matoire de l’atteinte (signes diffus ou multifocaux) mais des symptĂŽmes focalisĂ©s sont possibles (lors d’abcĂšs ou granulomes). L’examen neurologique ne permet pas de distinguer les mĂ©ningites ou mĂ©ningoencĂ©phalites d’origine infectieuse des formes non infectieuses. Certaines particularitĂ©s de l’examen clinique (hyperther-mie, signes d’infection systĂ©mique ou localisĂ©s (gĂ©nito-urinaire, pulmonaire, ORL) peuvent orienter plus spĂ©cifiquement les hypothĂšses vers une origine infectieuse. Le contexte anamnestique et Ă©pidĂ©miologique (espĂšce, race, Ăąge) est Ă©galement important Ă  prendre en compte. Le recours aux examens complĂ©mentaires spĂ©cifiques (imagerie scanner ou IRM, analyse du LCS (cytologie, bactĂ©riologie, PCR) est indispensable pour diagnostiquer et traiter une infection du SNC.

pratiques actuelles de traitementLe traitement des infections du SNC fait appel Ă  des antibiotiques diffusant Ă  travers la barriĂšre hĂ©mato-encĂ©phalique (ou hĂ©mato-mĂ©ningĂ©e)**.Etant donnĂ© leur faible prĂ©valence, il n’existe pas d’étude dĂ©diĂ©e ou de consensus sur le choix de l’antibiotique en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire. Les antibiotiques utilisĂ©s ou recommandĂ©s sont ceux rĂ©putĂ©s bien diffuser Ă  travers la hĂ©mato-encĂ©phalique (trimĂ©thoprime-sulfamide, enrofloxacine*, mĂ©tronidazole). La voie intraveineuse est privilĂ©giĂ©e dans les premiers temps de traitement par analogie avec ce qui est dĂ©crit en mĂ©decine humaine de façon Ă  augmenter la concentration plasmatique de l’antibiotique et donc secondairement sa concentration dans le tissu cĂ©rĂ©bral ou le LCS de mĂȘme que l’utilisation de fortes doses d’antibiotiques pour les mĂȘmes raisons.

*Attention, antibiotique d’importance critique !

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les inFeCtions du systĂšme nerveuX Central du Chien et du Chat

Il est encore dĂ©crit dans certains ouvrages le recours aux pĂ©nicillines (pĂ©nicilline G surtout mais Ă©galement amoxicilline, ampicilline) Ă  forte dose (pour augmenter leur concentration plasmatique) mais ces prĂ©coni-sations sont de plus en plus abandonnĂ©es dans les articles rĂ©cents du fait de la trĂšs faible concentration de ces molĂ©cules dans le SNC (de 4 Ă  20 % de la concentration plasmatique seulement). Certains auteurs rapportent que l’altĂ©ration de la barriĂšre hĂ©mato-encĂ©phalique lors d’inflammation en favorisant le passage des antibiotiques peut potentialiser l’efficacitĂ© d’antibiotiques qui ne sont pas rĂ©putĂ©s bien diffuser dans le SNC et justifient ainsi leur emploi. Mais ces considĂ©rations sont de plus en plus abandonnĂ©es (le facteur de variation est trop faible pour faire une rĂ©elle diffĂ©rence) au profit de l’utilisation d’antibiotiques Ă  fort pouvoir de pĂ©nĂ©tration dans le tissu cĂ©rĂ©bral ou le LCS.Dans les cas de toxoplasmose ou nĂ©osporose, la clindamycine est prĂ©conisĂ©e mĂȘme si sa diffusion dans le SNC n’est pas optimale. De mĂȘme pour l’ehrlichiose, la doxycycline est prĂ©conisĂ©e alors que la diffusion des tĂ©tracyclines dans le SNC est jugĂ©e comme modĂ©rĂ©e.Il n’y a pas de consensus sur les durĂ©es de traitement qui sont trĂšs variables, de 2 Ă  16 semaines selon les cas.

** Le systĂšme nerveux est quasi totalement isolĂ© du sang grĂące Ă  une barriĂšre qui constitue un filtre de passage obligatoire et extrĂȘmement sĂ©lectif entre le contenu des capillaires sanguins et le milieu extracellulaire du tissu nerveux. On appelle cette barriĂšre : la barriĂšre hĂ©mato-encĂ©phalique (BHE). La BHE se constitue de trois Ă©lĂ©ments essentiels qui sont les jonctions serrĂ©es des cellules endothĂ©liales qui tapissent l’intĂ©rieur des capillaires sanguins, la membrane basale des capillaires artĂ©riels et les terminaisons astrocytaires (pieds astrocytaires) des astrocytes de type I, qui (en se joignant les unes avec les autres) forment un vĂ©ritable bouclier contre tout passage d’élĂ©ments indĂ©sirables Ă  l’intĂ©rieur du tissu nerveux. Les gaz (oxygĂšne et dioxyde de carbone) ainsi que les substances liposo-lubles et l’alcool peuvent librement la traverser selon leur gradient de concentration (du plus vers le moins concen-trĂ©). Alors que les molĂ©cules polaires (ionisĂ©es, hydrophiles) ne peuvent diffuser que grĂące Ă  des mĂ©canismes de transport actifs qui font appel Ă  des canaux et des pompes spĂ©cifiques et qui ne se font qu’en fonction des besoins.

pathogĂšnes en causeDivers pathogĂšnes sont dĂ©crits mais ces descriptions restent ponctuelles et il n’existe dans la littĂ©rature aucune grande sĂ©rie de cas, seuls sont rapportĂ©s des cas ponctuels ou des sĂ©ries de moins de 25 cas.

‱ MĂ©ningites, mĂ©ningoencĂ©phalites (myĂ©lites)

BactĂ©ries- AĂ©robies : Staphylococcus spp. (epidermidis, aureus, albus) ; Escherichia coli ; Pasteurella spp. (P. multocida) ; Actinomyces spp. ; Nocardia spp. ; Streptococcus spp. (rarement, 1 cas dĂ©crit d’encĂ©phalite Ă  Streptococcus pneumoniae (« pneumocoque »

retrouvĂ© frĂ©quemment dans les mĂ©ningites de l’enfant)) ; « Rickettsies » : Ehrlichia spp. (E. canis), (Anaplasma spp.) ; Bartonella spp. (B. henselae) (3 cas de granulomes mĂ©ningĂ©s, 1 cas de mĂ©ningite) ;- Mycoplasmes (M. felis, M. edwardii) ;- AnaĂ©robies : Bacteroides spp. ; Peptostreptococcus anaerobius ; Fusobacterium spp. ; Eubacterium spp. ; Propionibacterium spp. ;

Protozoaires Toxoplasma spp. (chat), Neospora spp. (chien)

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les inFeCtions du systĂšme nerveuX Central du Chien et du Chat

‱ AbcĂšs et empyĂšmes sous durauxLes agents bactĂ©riens en cause dĂ©pendent de la source de contamination (cf. fiche OM et spondylodiscites). Les abcĂšs et empyĂšmes sont souvent polymicrobiens. Chez le chat les abcĂšs cĂ©rĂ©braux peuvent ĂȘtre liĂ©s Ă  une contamination directe par morsure, et on retrouvera des germes de la cavitĂ© buccale (P. multocida ou haemolytica, E. coli, Corynebacterium spp., Prevotella oris-buccae et Enterobacter cloacae).

‱ Infections Ă  distance du SNC, mais signes neurologiques liĂ©s Ă  la libĂ©ration de toxinesBotulisme : Clostridum botulinumTĂ©tanos : Clostridum tetani

rĂ©sistances connuesLes problĂšmes de rĂ©sistance bactĂ©rienne (autre que les rĂ©sistances naturelles liĂ©es Ă  la souche bactĂ©rienne en cause) ne sont pas documentĂ©s dans les encĂ©phalites/mĂ©ningites du chien et du chat ; par contre, la capacitĂ© de diffusion de l’antibiotique choisi dans le SNC est le critĂšre de choix majeur. L’antibiotique choisi devra dĂ©montrer sa capacitĂ© Ă  passer la barriĂšre hĂ©mato-encĂ©phalique (molĂ©cule fortement lipophile de faible poids molĂ©culaire, peu ionisĂ©e et peu liĂ©e aux protĂ©ines) et Ă  atteindre une concentration suffisante dans le LCS et le tissu nerveux mais Ă©galement dans le pus lors d’abcĂšs ou d’empyĂšmes.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Un traitement antibiotique systĂ©mique n’est pas nĂ©cessaire lors d’encĂ©phalites nĂ©crosantes (mĂ©nin-goencĂ©phalite, leucoencĂ©phalite), de mĂ©ningoencĂ©phalite granulomateuse, de syndrome mĂ©ningite artĂ©rite rĂ©pondant Ă  la corticothĂ©rapie (SRMA : steroid responsive meningitis-arteritis). Le traitement de ces affec-tions ne fait appel qu’à des agents immunomodulateurs ou immunosuppresseurs.

Un traitement antibiotique probabiliste ne devra pas ĂȘtre mis en place sur une simple suspicion clinique d’encĂ©phalite/mĂ©ningite face Ă  un tableau non spĂ©cifique de troubles neurologiques associĂ©s ou non Ă  une hyperthermie. Le recours systĂ©matique Ă  l’usage de la clindamycine ou l’association sulfamide/trimĂ©tho-prime lors de troubles neurologiques chez le chat ou chez le chien pour traiter une Ă©ventuelle toxoplasmose ou nĂ©osporose n’est pas recommandĂ© du fait de leur faible prĂ©valence. De plus, les infections du SNC Ă©tant difficiles Ă  objectiver avec certitude, le recours trop rapide Ă  une antibiothĂ©rapie face Ă  des troubles nerveux risque d’empĂȘcher tout diagnostic ultĂ©rieur en modifiant et nĂ©gativant l’analyse du LCS.

Un traitement antibiotique probabiliste pourra ĂȘtre mis en place sur une mĂ©ningoencĂ©phalomyĂ©lite dont le diagnostic a Ă©tĂ© confirmĂ© par un examen d’imagerie (de prĂ©fĂ©rence une IRM) couplĂ©e Ă  une analyse du LCS en attente des rĂ©sultats de la recherche d’agents infectieux. L’antibiotique sera choisi en fonction de l’hypo-thĂšse prioritaire (signes cliniques associĂ©s, Ă©lĂ©ments Ă©pidĂ©miologiques, aspect lĂ©sionnel) et de sa capacitĂ© Ă  pĂ©nĂ©trer le SNC. Le traitement sera suspendu ou ajustĂ© en fonction des rĂ©sultats de la recherche infectieuse.

Un traitement antibiotique systĂ©mique est indispensable lors d’identification avec certitude d’un abcĂšs cĂ©rĂ©-bral, empyĂšme sous-dural (cĂ©rĂ©bral ou rachidien), de mĂ©ningite bactĂ©rienne, d’encĂ©phalite Ă  protozoaires (Toxoplasma spp., Neospora spp.), d’encĂ©phalite/mĂ©ningite Ă  Ehrlichia spp..

Un traitement antibiotique est recommandé lors de botulisme ou de tétanos pour limiter la prolifération bac-térienne sur le site de contamination et limiter la production de toxines.

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Les infections du systĂšme nerveux central du chien et du chat 65

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les inFeCtions du systĂšme nerveuX Central du Chien et du Chat

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Les infections du SNC peuvent ĂȘtre difficiles Ă  objectiver. Le diagnostic de certitude nĂ©cessite l’identification de l’agent bactĂ©rien in situ. Une culture peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e sur le LCS mais elle est frĂ©quemment nĂ©gative (si l’infection est tissulaire et trĂšs localisĂ©e le LCS peut ne pas vĂ©hiculer l’agent infectieux, de plus il constitue un trĂšs mauvais support de conservation de bactĂ©ries (le prĂ©lĂšvement doit ĂȘtre analysĂ© rapidement ou conservĂ© dans un milieu de culture, cf. fiche bonnes pratiques de prĂ©lĂšvement). Le dĂ©veloppement de techniques PCR dites « universelles ») semble prometteur pour pallier ce problĂšme et permettre un meilleur diagnostic des infections de SNC. Elle a dĂ©jĂ  dĂ©montrĂ© son efficacitĂ© dans un cas de mĂ©ningoencĂ©phalite canine d’origine streptococcique pour laquelle les cultures (sang, urine et LCR) Ă©taient nĂ©gatives. Lors d’abcĂšs ou d’empyĂšmes nĂ©cessitant une prise en charge chirurgicale (dĂ©bridement et drainage), l’agent bactĂ©rien peut ĂȘtre identifiĂ© Ă  partir de prĂ©lĂšvements directs.

La recherche d’agents parasitaires (toxoplasmose, nĂ©osporose), et de certains agents bactĂ©riens qui nĂ©ces-sitent des conditions de culture particuliĂšres qui ne sont pas rĂ©alisĂ©es en routine (Mycoplasmes ou Rickett-sies) implique la rĂ©alisation d’une PCR sur le LCS.

Des Ă©lĂ©ments indirects peuvent permettre de fortement suspecter un processus infectieux ou Ă  l’inverse de l’éliminer : ‱ l’aspect des lĂ©sions Ă  l’imagerie (l’IRM plus sensible Ă  la dĂ©tection de lĂ©sions inflammatoires constitue

l’examen de choix). Certaines lĂ©sions trĂšs spĂ©cifiques associĂ©es au contexte Ă©pidĂ©miologique (race prĂ©dis-posĂ©e) permettent d’affirmer une origine dysimmunitaire (encĂ©phalite nĂ©crosante par exemple), d’autres sont caractĂ©ristiques d’un processus infectieux (abcĂšs, empyĂšme) ;

‱ l’analyse du LCR. L’importance de la cellularitĂ© et sa composition peuvent orienter le diagnostic sans ĂȘtre pathognomonique (plĂ©iocytose neutrophilique suppurĂ©e en faveur d’une origine bactĂ©rienne, Ă©osinophilie en faveur d’une origine parasitaire, lymphocytose en faveur d’une origine dysimmunitaire ou virale) ;

‱ la prĂ©sence d’anomalies biologiques systĂ©miques peut ĂȘtre Ă©vocatrice d’une infection mais reste non spĂ©ci-fique (anĂ©mie, leucopĂ©nie, thrombopĂ©nie, leucocytose, Ă©lectrophorĂšses des protĂ©ines
) ;

‱ la prĂ©sence d’anomalies cliniques (cutanĂ©es, pulmonaires, gĂ©nito-urinaires, ORL
) peut Ă©toffer le tableau clinique d’une affection systĂ©mique (nĂ©osporose par exemple) ou faire suspecter un foyer infectieux « source » Ă  distance du SNC.

traitement antibiotiqueLe choix de l’antibiothĂ©rapie est basĂ© sur :‱ la capacitĂ© de l’antibiotique Ă  atteindre sa CMI dans le SNC. Cela va dĂ©pendre de : - sa capacitĂ© Ă  franchir la barriĂšre hĂ©mato-mĂ©ningĂ©e ; - sa capacitĂ© Ă  rester dans le SNC (certains antibiotiques seront excrĂ©tĂ©s rapidement hors du SNC par

des transporteurs spĂ©cifiques comme la glycoprotĂ©ine P par exemple).‱ l’identification de l’agent infectieux (Ă©lĂ©ments directs ou indirects).

satisfaisante intermédiaire mauvaiseTriméthoprime - Sulfonamide Clindamycine Pénicillines : Pénicilline G / Amoxicilline (+/- acide clavulanique)

Ampicilline

Fluoroquinolones* :EnrofloxacineMarbofloxacine

TĂ©tracyclinesDoxycycline

Céphalosporine de premiÚre génération :Céfalexine

MĂ©tronidazole Aminoglycosides : Gentamicine

Florfenicol

tableau : Capacité des antibiotiques à passer la barriÚre hémato-méningée

*Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 66: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

Les infections du systĂšme nerveux central du chien et du chat 66

neuroloGIe

Lors d’encĂ©phalite/mĂ©ningite bactĂ©rienne, en attendant le rĂ©sultat de l’antibiogramme, l’antibiothĂ©rapie pro-babiliste peut faire appel Ă  l’association sulfamide-trimĂ©thoprime (30 mg/kg/12 heures)L’usage de la doxycycline sera rĂ©servĂ© au traitement des anaplasmoses/ehrlichioses et celui de la clindamy-cine au traitement de la nĂ©osporose ou toxoplasmose (10 Ă  12,5 mg/kg/12 heures pendant 2 Ă  4 semaines).En ce qui concerne Bartonella spp., il n’existe pas de consensus du fait du faible nombre de cas dĂ©crits.Dans le cas d’infections Ă  Clostridium (tetani ou botulinum) Ă  l’origine «d’intoxination» du systĂšme nerveux, le recours au mĂ©tronidazole est possible.

mesures alternatives et complĂ©mentairesUne prise en charge chirurgicale est conseillĂ©e lors d’empyĂšme ou d’abcĂšs cĂ©rĂ©bral et peut permettre une rĂ©mission plus rapide des symptĂŽmes.Le foyer infectieux primitif doit ĂȘtre recherchĂ© en l’absence de point d’inoculation (morsure) ou de contami-nation loco-rĂ©gionale (spondylodiscite, otite moyenne, rhinite
 ) et traitĂ©.

a retenirEncĂ©phalite, mĂ©ningite, mĂ©ningoencĂ©phalite ou myĂ©lite sont rarement d’origine infectieuse et le plus souvent d’origine dysimmunitaire chez le chien. Elles ne nĂ©cessitent donc que rarement un traitement antibiotique mais le plus souvent uniquement un traitement immunosuppresseur.

Si un processus infectieux affectant le SNC est malgrĂ© tout suspectĂ© en compilant les Ă©lĂ©ments Ă©pidĂ©miologiques, la prĂ©sentation neurologique, les rĂ©sultats biologiques (LCS, hĂ©matologie
) et les rĂ©sultats d’imagerie, des prĂ©-lĂšvements en vue d’analyses spĂ©cifiques dans le but de mettre en Ă©vidence l’agent infectieux dans le SNC doivent systĂ©matiquement ĂȘtre rĂ©alisĂ©s avant tout traitement antibiotique (bactĂ©riologie sur LCS ou matĂ©riel chirurgical, PCR sur le LCS). Leur sensibilitĂ© n’étant pas optimale, ces analyses pourront ĂȘtre couplĂ©es Ă  d’autres recherches non spĂ©cifiques (sĂ©rologie ou PCR sur le sang). Lors de suspicion d’affection bactĂ©rienne, un foyer infectieux pri-mitif en dehors du SNC devra Ă©galement ĂȘtre recherchĂ©.

Un foyer infectieux non traitĂ© (gĂ©nito-urinaire, pulmonaire, ORL, vertĂ©bral 
 ) peut ĂȘtre Ă  l’origine d’une infection du SNC par contamination de voisinage ou Ă  distance (emboles septiques), sa prĂ©vention passe par le dĂ©pistage et la prĂ©vention des infections potentiellement sources. Une surveillance accrue doit ĂȘtre portĂ©e sur l’animal ĂągĂ© et l’animal immunodĂ©primĂ© (cancer, traitement immunosuppresseur). En ce qui concerne les bactĂ©ries d’origine vectorielle (Anaplasma, Ehrlichia, Bartonella) l’application rĂ©guliĂšre d’antiparasitaires externes est prĂ©conisĂ©e.

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Les infections du systĂšme nerveux central du chien et du chat 67

neuroloGIe

les inFeCtions du systĂšme nerveuX Central du Chien et du Chat

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Les infections du systĂšme nerveux central du chien et du chat 68

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Spondylodicites chez le chien 69

neuroloGIe

spondylodisCites Chez le Chien

résultat attendu

‱ Savoir quand prescrire ou non une antibiothĂ©rapie lors de diagnostic de spondylodiscite.‱ Optimiser le recours aux antibiotiques par voie gĂ©nĂ©rale lors de diagnostic de spondylodiscite en favorisant

les bonnes pratiques : - Recherche du foyer infectieux primitif, identification bactérienne et antibiogramme avant toute antibio-

thĂ©rapie systĂ©mique. - Drainage et nettoyage du site infectieux en particulier lors d’abcĂšs (empyĂšme) ou de phlegmon intrara-

chidien.‱ ConnaĂźtre les facteurs de risque de dĂ©veloppement d’une spondylodiscite afin de mettre en place les me-

sures préventives adéquates.

situation aCtuelle

ContexteUne spondylite se dĂ©finit comme une infection vertĂ©brale et rĂ©sulte le plus souvent d’une inoculation directe de l’agent infectieux (morsure, corps Ă©tranger). Une discite est une infection du disque intervertĂ©bral. Une spondylodiscite est une infection primaire des plateaux vertĂ©braux avec une extension secondaire au disque intervertĂ©bral. En mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, on ne distingue pas discite et spondylodiscite.L’agent infectieux peut ĂȘtre d’origine iatrogĂšne (inoculation directe de l’agent infectieux suite Ă  une injection, un corps Ă©tranger ou une morsure) ou « autogĂšne » (contamination par voie hĂ©matogĂšne des plateaux vertĂ©-braux suite Ă  l’existence d’un foyer infectieux initial le plus souvent uro-gĂ©nital). Une bactĂ©riĂ©mie transitoire secondaire Ă  un traumatisme pĂ©nĂ©trant Ă  distance peut Ă©galement ĂȘtre Ă  l’origine d’une spondylodiscite. Staphylococcus aureus est la bactĂ©rie la plus frĂ©quemment incriminĂ©e.Les mĂąles ont deux fois plus de risques de dĂ©velopper une spondylodiscite que les femelles. Certains auteurs font Ă©tat de prĂ©disposition raciale (dogue allemand, labrador, boxer) et d’une prĂ©dominance chez l’animal ĂągĂ© par rapport au jeune. Les spondylodiscites affectent prĂ©fĂ©rentiellement les rĂ©gions lombaires et thoracique alors que la rĂ©gion cervicale est moins frĂ©quemment atteinte. Le site infectĂ© peut ĂȘtre unique (dans ce cas la rĂ©gion lombosacrĂ©e est la plus frĂ©quemment touchĂ©e) ou multiple.Une infection intercurrente peut ĂȘtre retrouvĂ©e dans la majoritĂ© des cas : infection urinaire, cutanĂ©e, auricu-laire, respiratoire mais le foyer infectieux primaire n’est pas systĂ©matiquement identifiĂ©. Des antĂ©cĂ©dents de morsure ou traumatisme, une chirurgie rĂ©cente, un traitement immunosuppresseur ou un cancer sont des causes favorisant le dĂ©veloppement d’une spondylodiscite.Une spondylodiscite se traduit le plus souvent par un tableau clinique de douleur rachidienne (dĂ©marche raide, boiterie, plaintes spontanĂ©es lors des mouvements) associĂ©e Ă  de la fiĂšvre. Des dĂ©ficits nerveux (ataxie, parĂ©sie, paralysie) sont prĂ©sents lors de compression mĂ©dullaire associĂ©e secondaire aux lĂ©sions prolifĂ©ratives vertĂ©brales d’origine inflammatoire/infectieuse, d’instabilitĂ© vertĂ©brale ou d’abcĂšs (empyĂšme/phlegmon) intracanalaire.

pratiques actuelles de traitementUn traitement antibiotique de longue durĂ©e est gĂ©nĂ©ralement prescrit, les durĂ©es de traitement varient de 8 Ă  60 semaines (Burkert Blaine 2005, Harris 2013). En l’absence d’étude dĂ©diĂ©e ou de consensus, la durĂ©e et le choix du traitement antibiotique sont dĂ©pendants des pratiques habituelles du vĂ©tĂ©rinaire et varient beaucoup. Les traitements locaux restent encore sous-utilisĂ©s bien que leur intĂ©rĂȘt ait Ă©tĂ© observĂ© : rapiditĂ© de rĂ©cupĂ©ration, diminution de la durĂ©e du traitement antibiotique systĂ©mique (Kinzel 2005, Renwick 2010). La recherche locale de l’agent infectieux ainsi que la recherche du foyer infectieux primitif ne sont pas encore systĂ©matiquement rĂ©alisĂ©es ou s’avĂšrent dĂ©cevants.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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Spondylodicites chez le chien 70

neuroloGIe

spondylodisCites Chez le Chien

pathogĂšnes en causeLe pathogĂšne en cause peut-ĂȘtre retrouvĂ© dans environ 50 % des cas. Il peut ĂȘtre isolĂ© indirectement Ă  partir de prĂ©lĂšvement urinaire ou sanguin (hĂ©moculture) le plus souvent ou directement Ă  partir d’aspiration du disque intervertĂ©bral atteint (en fonction de la localisation ce geste peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© sous guidage Ă©chogra-phique), de prĂ©lĂšvement de liquide cĂ©rĂ©bro-spinal ou de prĂ©lĂšvement de l’empyĂšme ou du phlegmon lors de drainage chirurgical.Principaux pathogĂšnes en cause :‱ Staphylococcus spp ;‱ Brucella spp ;‱ Streptococcus spp ;‱ Escherichia Coli ;‱ Klebsiella spp ;‱ Pseudomonas spp.Des cas isolĂ©s de spondylodiscite secondaire Ă  une infection par Salmonella spp (Plessas, 2013) ou Bordetella spp (Cherubini, 2004) ont Ă©tĂ© dĂ©crits chez le Chien.Enfin, quelques cas de spondylodiscite d’origine fongique ont Ă©tĂ© dĂ©crits chez le Chien (Rizzo 2014, Berry 1996) y compris en France (Hugnet 2009).

rĂ©sistances connuesLes problĂšmes de rĂ©sistance bactĂ©rienne sont peu documentĂ©s dans les spondylodiscites. On peut rencontrer les rĂ©sistances habituelles des staphylocoques coagulase positifs (20 % de souches rĂ©sistantes aux cĂ©pha-losporines). Trois cas de spondylodiscite consĂ©cutifs Ă  un germe multirĂ©sistant (staphylocoque rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline) ont Ă©tĂ© dĂ©crits chez des chiens (Schwartz 2009, Foster 2014). On peut supposer rencontrer Ă©ga-lement les mĂȘmes rĂ©sistances bactĂ©riennes que celles dĂ©crites dans les infections gĂ©nito-urinaires du chien puisque ce foyer infectieux constitue un foyer source frĂ©quent lors de spondylodiscite canine. Enfin, Brucella canis* est dĂ©crite comme sensible uniquement Ă  la streptomycine, rifampicine, enrofloxacine, aux tĂ©tracy-clines et sulfonamides et prĂ©sente une rĂ©sistance naturelle aux macrolides. Des souches multirĂ©sistantes de Brucella canis ont Ă©tĂ© dĂ©crites. A ce jour, Brucella canis reste impossible Ă  Ă©radiquer et l’animal infectĂ©, mĂȘme s’il peut guĂ©rir des signes cliniques prĂ©sentĂ©s, reste porteur (et possiblement infectant) tout au long de sa vie (Reynes 2012, Wanke 2006, 2004).De plus, la diffusion de l’antibiotique choisi peut s’avĂ©rer difficile dans le disque intervertĂ©bral du fait de sa faible vascularisation en particulier sur un disque dĂ©gĂ©nĂ©ratif frĂ©quemment observĂ© chez l’animal ĂągĂ©. Le traitement antibiotique systĂ©mique ne servira alors qu’à Ă©viter la dissĂ©mination des pathogĂšnes, le foyer infectieux discal persistera jusqu’à destruction complĂšte du disque ou mise en place d’une nĂ©ovascularisation efficace ce qui peut expliquer la trĂšs longue durĂ©e des traitements antibiotiques.

*Il est rappelĂ© que l’infection par Brucella canis est une zoonose. Des cas de contamination humaine Ă  partir de chiens infectĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©crits (Lucero 2010). Le dĂ©tenteur de l’animal doit ĂȘtre informĂ© du risque, et des mesures sanitaires appropriĂ©es instaurĂ©es.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Un traitement antibiotique systĂ©mique de longue durĂ©e est toujours nĂ©cessaire lors de diagnostic avĂ©rĂ© de spondylodiscite. Par contre, des lĂ©sions de spondylose observĂ©es lors de radiographies de la colonne ne doivent pas faire conclure abusivement Ă  l’existence d’une spondylodiscite. La mise en place d’un traitement antibiotique nĂ©cessite :‱ la certitude diagnostique de l’évolution d’un foyer infectieux vertĂ©bral et discal. Le recours aux nouvelles

techniques d’imagerie est particuliĂšrement pertinent. Le scanner et surtout l’IRM (mĂ©thode de rĂ©fĂ©rence du diagnostic de spondylodiscite en mĂ©decine humaine) permettent d’affirmer l’existence d’un processus

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Spondylodicites chez le chien 71

neuroloGIe

spondylodisCites Chez le Chien

inflammatoire/infectieux actif (De Stefani 2008, Harris 2013). Certains auteurs proposent le recours Ă  l’échographie pour objectiver les lĂ©sions discales ;

‱ la recherche au prĂ©alable de l’agent infectieux ainsi que de sa source (foyer infectieux primitif) en s’assurant de bien rechercher Ă©galement les agents infectieux non bactĂ©riens (fongiques en particulier mĂȘme si cela reste assez rare en France) qui ne justifieraient pas un traitement antibiotique.

Enfin, la question peut se poser lors de diagnostic de brucellose, Ă©tant donnĂ© sa difficultĂ© de son Ă©radication et son statut de zoonose, de la pertinence de traiter l’animal.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Comme pour toute recherche infectieuse, la recherche de l’agent bactĂ©rien doit se faire avant tout traite-ment antibiotique qui risque d’entraĂźner la nĂ©gativitĂ© des cultures (c’est particuliĂšrement le cas pour Brucella canis dont la culture ne s’avĂšre pas toujours aisĂ©e).

agent bactĂ©rien « local »‹ Une cytoponction du ou des disques infectĂ©s (sous contrĂŽle Ă©chographique ou fluoroscopique) peut per-

mettre d’isoler le germe en cause. Elle n’est pas toujours diagnostique et il est possible que la technique de prĂ©lĂšvement influe sur la positivitĂ© des rĂ©sultats (3 positifs sur 11 en cas de cytoponctions ou biopsies (Blaine 2005) contre 9/10 lors de disquectomie percutanĂ©e sous guidage fluoroscopique (Kinzel 2014)). Dans le cas d’extension intracanalaire et d’empyĂšme/phlegmon ou de mĂ©ningomyĂ©lite associĂ©e une culture bactĂ©rienne sur le LCS ou mieux sur un prĂ©lĂšvement de la graisse Ă©pidurale lors de drainage chirurgical (4 positifs sur 5, De Stefani 2008) est indiquĂ©e. Malheureusement, l’isolement de l’agent bactĂ©rien causal n’est pas toujours possible (40 Ă  75 % des chiens uniquement en fonction des Ă©tudes).

‱ Une discospondylite pouvant ĂȘtre rĂ©vĂ©latrice de la prĂ©sence de Brucella canis, difficile Ă  cultiver (faux nĂ©ga-tifs frĂ©quents), une PCR brucella sur les prĂ©lĂšvements de matĂ©riel infectĂ© (ou sur le sang si pas de matĂ©riel infectĂ© disponible) est conseillĂ©e associĂ©e Ă  la rĂ©alisation d’une sĂ©rologie Brucellose (Wanke 2004, Cor-rente 2010).

‱ Enfin, il faut s’assurer que la recherche de l’agent infectieux inclut bien les agents fongiques mĂȘme si les spondylodiscites canines d’origine fongique sont rares.

agent bactĂ©rien « source »‹ Une recherche de foyer infectieux occulte est indispensable et comprend des examens d’imagerie couplĂ©s Ă 

des prĂ©lĂšvements pour culture bactĂ©rienne. Echographie gĂ©nito-urinaire et prĂ©lĂšvement d’urine pour ECBU, radiographie du thorax avec lavage bronchoalvĂ©olaire si nĂ©cessaire, hĂ©moculture.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueCette affectation nĂ©cessite une thĂ©rapeutique antibiotique longue. C’est dire toute l’importance qu’a l’iso-lement prĂ©alable du/des germes responsables associĂ© Ă  l’antibiogramme.Un traitement antibiotique systĂ©-mique probabiliste peut ĂȘtre mis en place en attente des rĂ©sultats bactĂ©riologiques. Une cĂ©phalosporine de premiĂšre gĂ©nĂ©ration est conseillĂ©e en espĂ©rant le retour rapide d’une forme injectable par voie intraveineuse.Le traitement est maintenu jusqu’à disparition du foyer infectieux (minimum 8 Ă  12 semaines de traitement objectivĂ© par un examen d’imagerie de contrĂŽle (idĂ©alement IRM). L’arrĂȘt prĂ©maturĂ© du traitement va entraĂź-ner une dissĂ©mination de l’agent bactĂ©rien Ă  partir du sĂ©questre. L’antibiotique doit ĂȘtre Ă©galement choisi en fonction de sa diffusion dans le foyer source (gĂ©nito-urinaire en particulier). L’antibiothĂ©rapie sera toujours

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neuroloGIe

spondylodisCites Chez le Chien

ajustĂ©e aux rĂ©sultats de la bactĂ©riologie (et de l’antibiogramme notamment pour les antibiotiques d’impor-tance critique) si celle-ci a permis l’identification de l’agent en cause. Dans la mesure oĂč elle est indiquĂ©e par l’antibiogramme, l’enrofloxacine* a Ă©galement dĂ©montrĂ©e son efficacitĂ© dans le traitement de Brucella canis (Wanke 2006) et du fait de ses capacitĂ©s de diffusion tissulaire, dans le contexte de discospondylite, elle sera prĂ©fĂ©rĂ©e aux autres antibiotiques actifs sur Brucella canis.

Traitement antibiotique localUn traitement antibiotique local Ă  base d’éponge ou de billes de collagĂšne imprĂ©gnĂ©es d’un aminoglycoside (gentamicine) a Ă©tĂ© rĂ©cemment proposĂ© (Renwick, 2010) et semble prometteur pour amĂ©liorer la rapiditĂ© de disparition du foyer infectieux. Il pourrait permettre de diminuer la durĂ©e de l’antibiothĂ©rapie systĂ©mique.

mesures alternatives et complĂ©mentairesLe chien est placĂ© au repos complet jusqu’à rĂ©cupĂ©ration pour Ă©viter d’entretenir l’inflammation propice Ă  l’infection.Une prise en charge chirurgicale (nettoyage, drainage, antibiotiques locaux) est indispensable lors de phleg-mon ou empyĂšme. Une stabilisation vertĂ©brale est envisagĂ©e si la destruction des disques et des plateaux in-tervertĂ©braux a gĂ©nĂ©rĂ© une instabilitĂ© vertĂ©brale qui entretient l’inflammation et l’infection d’autant plus qu’il a Ă©tĂ© rĂ©cemment dĂ©montrĂ© sur un modĂšle expĂ©rimental canin de spondylodiscite que la prĂ©sence d’implants mĂ©talliques ne favorisait pas la rĂ©manence ou la rĂ©currence de l’infection (Chen, 2014).

a retenirUne spondylodiscite nĂ©cessite toujours un traitement antibiotique par contre ce n’est pas le cas des lĂ©sions de spondylose trĂšs frĂ©quentes dans l’espĂšce canine. Le recours Ă  un examen d’imagerie de qualitĂ© est indispensable pour Ă©tablir un diagnostic de certitude

Des prĂ©lĂšvements doivent systĂ©matiquement ĂȘtre rĂ©alisĂ©s avant tout traitement antibiotique dans le but de s’as-surer que les lĂ©sions observĂ©es sont bien d’origine bactĂ©rienne et identifier la bactĂ©rie en cause.

Des soins locaux chirurgicaux (drainage et antibiothĂ©rapie locale, stabilisation vertĂ©brale si nĂ©cessaire) peuvent permettre d’amĂ©liorer la prise en charge (rapiditĂ© de la rĂ©ponse clinique et diminution de la durĂ©e de l’antibio-thĂ©rapie).

Une spondylodiscite Ă©tant frĂ©quemment la complication d’un foyer infectieux initial non diagnostiquĂ© ou traitĂ© de maniĂšre inadĂ©quate, sa prĂ©vention passe par le dĂ©pistage et le traitement des infections potentiellement sources (gĂ©nito-urinaires en particulier, cf. fiches mĂ©decine interne). Une surveillance accrue doit ĂȘtre portĂ©e sur l’animal ĂągĂ© et l’animal immunodĂ©primĂ© (cancer, traitement immunosuppresseur).

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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Spondylodicites chez le chien 73

neuroloGIe

spondylodisCites Chez le Chien

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Spondylodicites chez le chien 74

spondylodisCites Chez le Chien

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neuroloGIe

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odonto-stoMAtoloGIe

Maladie parodontale chez le chien et le chat

maladie parodontale Chez le Chienet le Chat

résultat attendu

Le traitement de la maladie parodontale repose avant tout sur la rĂ©alisation de soins dentaires appropriĂ©s (dĂ©tartrage et dĂ©bridement sous-gingival, extractions, mesures d’hygiĂšne bucco-dentaire). La prescription d’antibiotiques dans ce cadre est rarement justifiĂ©e, il est donc important pour le vĂ©tĂ©rinaire de connaĂźtre dans quels cas elle est indiquĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteIl est estimĂ© que plus de 75 % des chiens et chats de plus de 5 ans prĂ©sentent une maladie parodontale modĂ©rĂ©e Ă  importante. Elle constitue la principale affection de la cavitĂ© buccale du chien et du chat (Hennet 2012). La maladie parodontale est une maladie infectieuse due Ă  des bactĂ©ries s’accumulant progressivement sur les surfaces dentaires pour constituer un biofilm : la plaque dentaire bactĂ©rienne. L’évolution de ce biofilm bactĂ©rien avec l’agrĂ©gation de bactĂ©ries anaĂ©robies sur les premiĂšres espĂšces bactĂ©riennes colonisatrices dĂ©termine l’évolution de la maladie parodontale, de la gingivite Ă  la parodontite. Il n’existe donc pas une seule espĂšce bactĂ©rienne responsable de la maladie. Celle-ci est due Ă  une rupture de l’écologie buccale par modification de facteurs environnementaux et/ou des dĂ©fenses de l’hĂŽte favorisant ainsi le dĂ©veloppement de germes pathogĂšnes initialement peu agressifs dans une bouche saine.

pratiques actuelles de traitementLe traitement de la maladie parodontale est composĂ© de traitements dentaires appropriĂ©s permettant la dis-persion mĂ©canique de la plaque dentaire et du tartre : le dĂ©tartrage supra-gingival, le dĂ©tartrage sous-gingival et le dĂ©bridement des poches parodontales et un polissage dentaire. Ces soins parodontaux s’accompagnent de l’extraction des dents pour lesquelles la parodontite est jugĂ©e trop avancĂ©e. Ces traitements sont suivis de soins d’hygiĂšne bucco-dentaire (brossage dentaire) et de contrĂŽles rĂ©guliers.

pathogĂšnes en cause (Rober 2008, Riggio 2011, Elliott 2005, DahlĂ©n 2011, Hennet 2012). La gingivite n’est qu’une rĂ©action in-flammatoire de voisinage sans lĂ©sion tissulaire permanente. La progression sous-gingivale du biofilm bac-tĂ©rien et ses modifications architecturales et bactĂ©riologiques permettent la sĂ©lection d’espĂšces anaĂ©robies jusqu’alors minoritaires (en particulier des bacilles Gram -) ; certaines possĂšdent des facteurs de virulence marquĂ©s et sont responsables de la destruction des tissus parodontaux (donc de parodontite).BactĂ©ries isolĂ©es du milieu sous-gingival chez des chiens atteints de parodontite : Actinomyces canis, Capno-cytophaga cynodegmi, Campylobacter rectus, Campylobacter showae-like spp.., Desulfomicrobium orale, Eikenella modatum, Eikenella saburreum, Parvimonas micra (Peptostreptococcus micros), Porphyromonas salivosa, Porphy-romonas denticanis, Porphyromonas gulae (Porphyromonas gingivalis-like), Porphyromonas canis, Porphyromonas denticanium, Porphyromonas endodontalis, Porphyromonas cansulci, Prevotella intermedia, Pseudomonas brenneri et spp., Streptococcus constellatus, Tannerella forsythia.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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76Maladie parodontale chez le chien et le chat

maladie parodontale Chez le Chien et le Chat

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Un trĂšs grand nombre de chiens et chats atteints de maladie parodontale chronique, pour ces animaux le pro-blĂšme n’est pas le choix du bon antibiotique mais la rĂ©alisation de soins bucco-dentaires appropriĂ©s. La majo-ritĂ© des parodontites rĂ©cidivantes et donc des Ă©checs de traitement en dentisterie vĂ©tĂ©rinaire sont dus Ă  une hygiĂšne bucco-dentaire inadaptĂ©e ou absente (Mombelli 2011, Pattison 2011, Herrera 2008, Hennet 2005). Il existe cependant certaines formes de parodontites particuliĂšrement destructives, d’évolutions rapides ou rebelles aux traitements parodontaux. Elles sont favorisĂ©es par certaines circonstances : dysimmunitĂ© locale ou systĂ©mique, prĂ©disposition gĂ©nĂ©tique, affection dĂ©bilitante, invasion tissulaire bactĂ©rienne
 et se dĂ©ve-loppent dans les sites infectieux difficiles d’accĂšs et pour lesquels le traitement parodontal sous gingival est inefficace (Armitage 1999).

Certaines Ă©tudes chez l’Homme se sont attachĂ©es Ă  dĂ©terminer le rĂŽle bĂ©nĂ©fique (« adjunct therapy ») que pourraient avoir certains antibiotiques sur le traitement de la parodontite chronique en prĂ©sence d’hygiĂšne bucco-dentaire. Les rĂ©sultats sont variĂ©s et parfois contradictoires et aucune rĂšgle ne peut en ĂȘtre tirĂ©e. Les Ă©tudes analogues sont quasi inexistantes chez le chien et le chat et sont confrontĂ©es Ă  l’absence d’hygiĂšne bucco-dentaire dans le suivi Ă  moyen-long terme (Sarkiala 1993, American Academy Periodontology 2004).

Il existe des prĂ©parations antibiotiques destinĂ©es Ă  un emploi local, Ă  libĂ©ration immĂ©diate ou contrĂŽlĂ©e. Des Ă©tudes encore peu nombreuses chez le chien ont montrĂ© un possible intĂ©rĂȘt clinique. En dentisterie humaine, en France, leur usage n’est pas indiquĂ© en raison de la faiblesse du niveau de preuve en termes de bĂ©nĂ©fice thĂ©rapeutique et de sĂ©curitĂ© d’emploi compte tenu du risque de sĂ©lection de mutants rĂ©sistants (Hayashi 1998, Zetner 2002, Hirasawa 2000, AFSSAPS 2011).

La prescription d’une antibiothĂ©rapie en parodontologie vĂ©tĂ©rinaire se justifie dans les cas suivants :‱ parodontite ne rĂ©pondant pas au traitement parodontal hygiĂ©nique en prĂ©sence d’une hygiĂšne bucco-den-

taire bien effectuĂ©e (= forme rĂ©fractaire) ;‱ maladie parodontale associĂ©e Ă  une maladie dĂ©bilitante ou immunosuppressive ;‱ gingivite/parodontite ulcĂ©reuse ou ulcĂ©ro-nĂ©crotique ;‱ parodontite agressive ;‱ infection parodontale aiguĂ« associĂ©e Ă  des signes loco-rĂ©gionaux ou gĂ©nĂ©raux (syndrome fĂ©brile, phlegmon,

ostéomyélite, adénomégalie importante).

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Les prĂ©lĂšvements microbiologiques ne sont pas justifiĂ©s en pratique courante, en raison du peu d’intĂ©rĂȘt qu’ils prĂ©sentent pour plusieurs bonnes raisons : le traitement nĂ©cessite des soins bucco-dentaires adaptĂ©s et non l’administration d’antibiotiques, il est difficile de rĂ©aliser des prĂ©lĂšvements reprĂ©sentatifs et d’avoir Ă  disposition un laboratoire ayant la capacitĂ© de cultiver et identifier les bactĂ©ries parodontales anaĂ©robies.) (AFSSAPS, 2011). Les antibiotiques ayant une activitĂ© sur les bactĂ©ries anaĂ©robies en particulier contre les bacilles Ă  Gram nĂ©gatifs sont les plus appropriĂ©s.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueCe choix est basĂ© sur la connaissance des germes habituellement impliquĂ©s dans la parodontite. L’antibio-tique choisi doit possĂ©der une bonne activitĂ© sur les bactĂ©ries anaĂ©robies (en particulier les bacilles Gram -),

odonto-stoMAtoloGIe

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77Maladie parodontale chez le chien et le chat

maladie parodontale Chez le Chien et le Chat

doit ĂȘtre prĂ©sent si possible dans la poche parodontale avec une concentration proche ou supĂ©rieure Ă  la CMI et ĂȘtre administrĂ© Ă  la bonne dose et avec le bon rythme d’administration.

L’amoxicilline-acide clavulanique est efficace in vitro sur l’ensemble des anaĂ©robies sous gingivaux chez le chien et 96 % des isolats (aĂ©robies et anaĂ©robies) (Harvey 1995). Des Ă©tudes ont montrĂ© chez le chat que l’amoxicilline-acide clavulanique et la clindamycine sont efficaces Ă  99 % sur les anaĂ©robies sous gingivaux (Harvey 1995). La doxycycline, la clindamycine et l’association spiramycine-mĂ©tronidazole ont Ă©galement Ă©tĂ© Ă©galement montrĂ©es leur efficacitĂ© in vitro et in vivo sur Porphyromonas spp. (Norris 1999). La pradofloxa-cine*, nouvelle fluoroquinolone dĂ©diĂ©e Ă  la mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, est un antibiotique bactĂ©ricide prĂ©sentant un spectre large sur les aĂ©robies et les anaĂ©robies. Son activitĂ© sur les bacilles anaĂ©robies buccaux (Porphyro-monas spp. et Prevotella spp.) est au moins aussi bonne que celle du mĂ©tronidazole ou de la clindamycine (Sil-ley 2011, Stephan 2008). La cĂ©fovĂ©cine* prĂ©sente Ă©galement une bonne activitĂ© sur les anaĂ©robies buccaux, sans ĂȘtre supĂ©rieure Ă  celle de l’amoxicilline-acide clavulanique (Stegemann 2006).

schémas de traitement (à partir de AFSSAPS 2011 : recommandations en dentisterie humaine)

‱ AntibiothĂ©rapieLa durĂ©e de prescription doit ĂȘtre courte (5 jours dans la plupart des cas), mais se prolonger jusqu’à dispari-tion des symptĂŽmes. Des prescriptions plus longues peuvent ĂȘtre effectuĂ©es dans certains cas (parodontite ulcĂ©ro-nĂ©crotique, ostĂ©omyĂ©lite associĂ©e
) en tenant compte notamment du fait de l’impossibilitĂ© de soins antiseptiques locaux.

Choix de l’antibiothĂ©rapie :En traitement initial‱ amoxicilline-acide clavulanique (12,5 mg/kg M et S) ;‱ clindamycine (11 mg/kg/j) ;‱ doxycycline (10 mg/kg/j) ;‱ mĂ©tronidazole (associĂ© Ă  la spiramycine) (12 Ă  22 mg/kg une Ă  2 fois par jour) ;En cas de rechute‱ clindamycine (11 mg/kg/j) ;‱ cĂ©fovĂ©cine* (8 mg/kg, une injection fait effet 14 jours) ;‱ exceptionnellement pradofloxacine* (3 mg/kg/j).

Le respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

‱ AntibioprophylaxieL’antibioprophylaxie est une pratique Ă  Ă©viter. Dans certaines situations (patients Ă  risque), elle soit nĂ©an-moins ĂȘtre envisagĂ©es.La notion de sujet Ă  risque chez l’Homme inclut les sujets immunodĂ©primĂ©s et ceux prĂ©sentant un fort risque d’endocardite bactĂ©rienne. Comme il n’existe pas de dĂ©finition prĂ©cise du sujet immunodĂ©primĂ©, la dĂ©cision repose donc sur l’évaluation du cas individuel par le clinicien. La catĂ©gorie Ă  fort risque d’endocardite bactĂ©-

affection patient normal patient Ă  risqueGingivite induite par la plaque dentaire NJ NJ

Parodontite chronique NJ NJ

Parodontite agressive localisée R R

Parodontite agressive généralisée R R

Parodontite ulcéro-nécrosante R R

antibiothérapie (en complément des soins parodontaux adaptés) NJ = antibiotique non justifié R = antibiotique recommandé

odonto-stoMAtoloGIe

*Attention, antibiotique d’importance critique !

tableau : principales indications des antibiotiques

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78Maladie parodontale chez le chien et le chat

maladie parodontale Chez le Chien et le Chat

rienne est trĂšs limitĂ©e en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire puisqu’elle ne concerne que les sujets porteurs de prothĂšse valvulaire (ne concerne pas actuellement les animaux de compagnie), les sujets ayant un antĂ©cĂ©dent d’endo-cardite bactĂ©rienne et les sujets prĂ©sentant une malformation cardiaque cyanogĂšne).

Exemple d’antibioprophylaxie chez des patients à risque en cas de chirurgie parodontale :‱ amoxicilline : 30 mg/kg IM ou IV (30 à 45 minutes avant l’acte chirurgical). 2e injection si l’acte dure plus

de 2 heures ;‱ amoxicilline-acide clavulanique : 20 mg/kg IM ou IV (30 à 45 minutes avant acte chirurgical) si l’acte dure

plus de 2 heures.

mesures alternatives et complĂ©mentaires, vaccinaleLes soins d’entretien des dents concernent le chiot ou jeune adulte pour prĂ©venir l’apparition de la maladie (prĂ©vention primaire) et l’adulte atteint de maladie parodontale, aprĂšs traitement parodontal, afin d’éviter les rĂ©cidives et l’aggravation des lĂ©sions (prĂ©vention secondaire). Il est toujours souhaitable d’encourager la prĂ©vention primaire car, en Ă©vitant l’apparition de la maladie.

Sur des dents dĂ©tartrĂ©es et polies, la plaque dentaire se reforme en 6 Ă  8 heures et s’organise progressive-ment en un biofilm structurĂ© en 24 heures. L’hygiĂšne bucco-dentaire doit donc ĂȘtre un acte frĂ©quent et rĂ©gu-lier. Le meilleur des soins est incontestablement le brossage dentaire rĂ©alisĂ© Ă  minima trois fois par semaine pour ĂȘtre efficace. Il existe un grand nombre de produits « Ă  visĂ©e bucco-dentaire » (barres Ă  mĂącher, aliments spĂ©cifiques, spray, liquides, poudres
). Ils possĂšdent des efficacitĂ©s variables mais toujours infĂ©rieures Ă  un brossage dentaire rĂ©gulier et correctement effectuĂ©.

réFérenCes bibliographiques

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procédure patient normal patient à risqueSoins parodontaux peu invasifs (détartrage supra et sous-gingival, sondage parodontal

NJ R

Chirurgie parodontale avec lambeaux NJ CC

Chirurgie parodontale avec comblement et membrane R CC

NJ = antibiotique non justifié CC = chirurgie contre-indiquéeR = antibiotique recommandé

tableau : principales indications de l’antibioprophylaxie

Page 79: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

79Maladie parodontale chez le chien et le chat

maladie parodontale Chez le Chien et le Chat

11 - Hirasawa M et coll. Measurement of peptidase activity and evaluation of effectiveness of administration of mino-cycline for treatment of dogs with periodontitis. Am J Vet Res. 2000 ; 61 : 1349-52.12 - Mombelli A et coll. ThĂ©rapie parodontale efficace. Schweiz Monatsschr Zahnmed. 2011 ; 121 : 145-57.13 - Norris JM, Love DN. Associations amongst three feline Porphyromonas species from the gingival margin of cats during periodontal health and disease. Vet Microbiol. 1999 ; 65 : 195-207.14 - Pattison AM et coll. Scaling and root planning. In : Newman MG et coll, eds, Carranza’s Clinical Periodontology. Saint-louis : Elsevier Saunders ; 2011 : 461-73.15 - Riggio MP et coll. Molecular identification of bacteria associated with canine periodontal disease. Vet Microbiol. 2011 ; 150 : 394-400.16 - Rober M. et coll. Intra-oral microbial profiles of beagle dogs assessed by checkerboard DNA-DNA hybridization using human probes. Vet Microbiol. 2008 ; 127 : 79-88.17 - Sarkiala E et coll. Clinical, radiological and bacteriological findings in canine periodontitis. J Small Anim Pract. 1993 ; 34 : 265-70.18 - Sarkiala EM et coll. The efficacy of tinidazole in naturally occurring periodontitis in dogs : bacteriological and clinical results. Vet Microbiol. 1993, ; 36 : 273-88.19 - Stegemann MR. et coll. Antimicrobial activity and spectrum of cefovecin, a new extendedspectrum cephalosporin, against pathogens collected from dogs and cats in Europe and North America. Antimicrob Agents Chemother, 2006 ; 50 : 2286-92.20 - Stephan B et coll. Activity of pradofloxacin against Porphyromonas and Prevotella spp. Implicated in periodontal disease in dogs : susceptibility test data from a European multicenter study. Antimicrob Agents Chemother. 2008 ; 52 : 2149-55.21 - Silley P et coll. Bactericidal properties of pradofloxacin against veterinary pathogens. Vet Microbiol. 2011 ; 2. [Epub ahead of print].22 - Zetner K, Rothmueller G. Treatment of periodontal pockets with doxycycline in beagles. Vet Ther. 2002 ; 3 : 441-52.

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Page 80: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

80Pulpite chez le chien et le chat

pulpite Chez le Chienet le Chat

situation aCtuelle

ContexteLe traumatisme dentaire Ă  la suite de jeux inappropriĂ©s ou de chocs est la cause principale d’apparition d’une pulpite chez les carnivores domestiques.L’exposition de la pulpe Ă  l’environnement oral est immĂ©diatement associĂ©e Ă  une infection, celle-ci devenant irrĂ©versible dans les 24 heures. La pulpe Ă©tant contrainte dans le canal et la chambre pulpaire, le traitement mĂ©dical antibactĂ©rien parentĂ©ral n’a pas la capacitĂ© d’endiguer les processus infectieux et inflammatoire en cours : le traitement des pulpites est avant tout local et chirurgical. Celui-ci est de plus en plus mis en pratique chez les carnivores domestiques.

pratiques actuelles de traitementLe type de traitement dentaire est dictĂ© par le dĂ©lai entre le traumatisme et l’infection. Les deux options thĂ©-rapeutiques sont soit l’amputation chirurgicale de la pulpe infectĂ©e (traitement conservateur) soit l’extraction de la dent.en prĂ©sence d’un dĂ©lai traumatisme-traitement infĂ©rieur Ă  48 heures, une pulpectomie partielle est recom-mandĂ©e et associĂ©e Ă  l’application d’un pansement pulpaire et d’une restauration de l’accĂšs dentaire.Pour un dĂ©lai traumatisme-traitement supĂ©rieur Ă  48 heures, le traitement comprend la pulpectomie totale, suivie de la dĂ©sinfection, puis de l’obturation du canal dentaire et de la restauration des accĂšs dentaires (trai-tement canalaire).Le traitement conservateur doit tenir compte de certaines contraintes : radiographies prĂ©opĂ©ratoires, Ă©tat gĂ©nĂ©ral et Ăąge de l’animal, capacitĂ© de suivi clinique Ă  moyen terme du traitement.Face Ă  une pulpite ou une dent cassĂ©e, la pratique actuelle consiste Ă  ne rien faire ou pire, Ă  traiter uniquement avec un antibiotique Ă  large spectre. Or une infection de l’endodonte doit absolument ĂȘtre traitĂ©e localement et chirurgicalement. Dans certains cas, une antibiothĂ©rapie peut ĂȘtre nĂ©cessaire mais toujours en complĂ©-ment du traitement endodontique.

pathogĂšnes en causeLes agents pathogĂšnes sont bactĂ©riens. Ils trouvent leur origine dans la flore buccale et notamment au niveau de la plaque dentaire voisine du traumatisme (cf. Fiche sur les maladies parodontales).La pulpite rĂ©versible est dominĂ©e par la prĂ©sence de bactĂ©ries Gram + aĂ©robies. Son Ă©volution vers une pul-pite irrĂ©versible se traduit par l’apparition d’une flore bactĂ©rienne Gram – anaĂ©robie. Le canal dentaire infectĂ© depuis plus de 48 heures par ces bactĂ©ries constitue la part essentielle du rĂ©servoir bactĂ©rien. Bien que la rĂ©action/lĂ©sion pĂ©riapicale soit principalement due Ă  la diffusion apicale des enzymes, toxines et produits de dĂ©gradation issus des bactĂ©ries intracanalaires, la prĂ©sence de cette flore au niveau du pĂ©riapex contribue Ă  la formation de parodontites apicales aiguĂ«s et chroniques.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Le traitement mĂ©dical des pulpites est inefficace et n’est donc pas recommandĂ©.

antibiothĂ©rapieLe praticien doit cependant faire face aux consĂ©quences des pulpites localisĂ©es Ă  l’apex de la racine. L’organi-sation de l’infection apicale est complexe et variĂ©e : elle s’observe en gĂ©nĂ©ral sous une forme inflammatoire chronique appelĂ©e “granulome pĂ©riapical” ou plus rarement sous la forme d’un kyste. Le granulome pĂ©ri-

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81Pulpite chez le chien et le chat

pulpite Chez le Chien et le Chat

apical peut connaĂźtre avec le temps des accĂšs aigus (abcĂšs, cellulite) avec l’apparition Ă©ventuelle d’un orifice fistuleux de drainage facial, nasal ou buccal. Cette phase aiguĂ« se dĂ©veloppe Ă  partir de lĂ©sions chroniques permanentes qui peuvent rester, selon les contraintes environnantes quiescentes.

l’utilisation d’antibiotiques ne se justifie que lorsqu’une cellulite ou un phlegmon d’origine endodontique sont associĂ©s Ă  de la fiĂšvre ou d’autres symptĂŽmes gĂ©nĂ©raux (infection odontogĂšne).

antibioprophylaxieL’antibioprophylaxie est une pratique Ă  Ă©viter. Dans certaines situations (patients Ă  risque), elle soit nĂ©an-moins ĂȘtre envisagĂ©es.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

La recherche des bactĂ©ries pathogĂšnes est exceptionnellement mise en Ɠuvre et devra de toute façon com-porter les requis nĂ©cessaires Ă  l’isolement des bactĂ©ries anaĂ©robies Gram -.

Conduite du traitement

traitement antibiotique‱ AntibiothĂ©rapie initiale : amoxicilline ou doxycycline ou clindamycine.‱ AntibiothĂ©rapie en cas d’échec et/ou aprĂšs isolement du germe : amoxicilline + ac. clavulanique ou spira-

mycine + métronidazole.

SchĂ©ma de traitement : le traitement est avant tout chirurgical, le traitement antibiotique permet uniquement d’éviter transitoirement les complications infectieuses du phlegmon ou de la cellulite en l’attente du traite-ment dentaire.

‱ Antibiotique initial : prescription pendant 7 jours.‱ AntibiothĂ©rapie en cas d’échec et/ou aprĂšs isolement du germe : complĂšte ou remplace le prĂ©cĂ©dent Ă 

compter du 5e jour en cas de persistance des symptĂŽmes.

Le respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

mesures alternatives et complémentairesTraitements dentaires chirurgicaux : cf. supra.

affection animal normal animal Ă  risquePhlegmon d’origine endodontique associĂ© Ă  fiĂšvre et symptĂŽmes gĂ©nĂ©raux

R R

Phlegmon NJ R*

Pulpite NJ NJ

antibiothĂ©rapie curativeNJ = non justifiĂ© R = recommandĂ© * jusqu’a extraction dentaire

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procédure animal normal animal à risqueTraitement endodontique NJ CC

tableau antibioprophylaxieNJ = non justifié CC = chirurgie contre-indiquée

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82Pulpite chez le chien et le chat

pulpite Chez le Chien et le Chat

arbre décisionnel de traitementTraumatisme de moins de 48 heures : pulpectomie partielle ou extraction.Traumatisme de plus de 48 heures : pulpectomie totale (traitement canalaire) ou extraction.Antibiothérapie : à envisager lors de phlegmon et pour les animaux à risque.

réFérenCes bibliographiques

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Page 83: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

83Chirurgie et infections orales chez le chien et le chat

Chirurgie et inFeCtions orales Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

objectifLa cavitĂ© buccale est un milieu naturellement contaminĂ© par une flore rĂ©sidente commensale. Toutes les affections bucco-dentaires comportent donc une composante bactĂ©rienne qu’elle soit primaire ou secon-daire. L’élimination complĂšte des bactĂ©ries de la cavitĂ© buccale est inenvisageable et non souhaitable. Les traitements doivent donc s’attacher Ă  supprimer le foyer infectieux et rĂ©tablir l’écologie buccale par des soins bucco-dentaires spĂ©cifiques suivis de mesures d’hygiĂšne bucco-dentaire.En dehors de la maladie parodontale, il existe peu d’articles concernant les infections orales et l’utilisation d’antibiotiques en chirurgie buccale vĂ©tĂ©rinaire.les recommandations prĂ©sentĂ©es dans les livres ou articles sont donc inspirĂ©es par celles publiĂ©es en mĂ©-decine humaine et sont adaptĂ©es aux carnivores domestiques.

situation aCtuelle

ContexteLes infections bucco-dentaires chez les carnivores domestiques sont souvent mĂ©connues. En l’absence de maĂźtrise des traitements bucco-dentaires spĂ©cifiques, l’antibiotique est souvent un recours facile mais inap-propriĂ© contre les infections bucco-dentaires.

pratiques actuelles de traitementLes antibiotiques sont souvent utilisĂ©s lors d’infection orale ou lors d’actes chirurgicaux comme les extrac-tions dentaires. Les affections bucco-dentaires reprĂ©sentent 7 Ă  14 % de l’utilisation d’antibiotiques en Europe chez le chien et le chat (De Briyne, 2014). Comme dans les autres domaines mĂ©dicaux, cette utilisation doit ĂȘtre raisonnĂ©e et correspondre aux objectifs classiques, curatifs (antibiothĂ©rapie curative) ou prĂ©ventifs (antibiothĂ©rapie prophylactique) (Lesclous P, 2013).

agents pathogĂšnes en causeIl n’existe pas bactĂ©rie spĂ©cifique d’un type particulier d’infection buccale. Les infections sont dues au dĂ©ve-loppement d’espĂšces bactĂ©riennes rĂ©sidentes en fonction du site et des conditions micro-environnementales. La progression de la maladie est fonction de la sĂ©lection d’espĂšces bactĂ©riennes qui rĂ©sulte : des modifica-tions des conditions locales physico-chimiques et nutritionnelles, de mĂ©canismes d’interaction bactĂ©rienne et de la communication interbactĂ©rienne ou Quorum Sensing (mode de signalisation bactĂ©rien reposant sur la production de petites molĂ©cules permettant l’expression spĂ©cifique de certains gĂšnes par les bactĂ©ries et per-mettant aux individus de la population de coordonner un comportement adaptif aux conditions environne-mentales lorsqu’une certaine densitĂ© bactĂ©rienne - quorum - est atteinte). Globalement, avec la progression des infections bucco-dentaires et l’augmentation des dĂ©gradations tissulaires, on observe le passage d’une flore aĂ©robie vers une flore aĂ©ro-anaĂ©robie puis vers une flore anaĂ©robie facultative ou anaĂ©robie stricte. Cette flore est organisĂ©e sous la forme d’un biofilm bactĂ©rien complexe et structurĂ©. Il existe de nombreuses Ă©tudes concernant la flore parodontale ou buccale du chien et du chat et trĂšs peu chez le furet. Les Ă©tudes bactĂ©riologiques rĂ©centes effectuĂ©es avec des techniques de biologie molĂ©culaire confirment la trĂšs grande diversitĂ© et l’abondance de la flore orale du chien et du chat (Sturgeon, 2013, Sturgeon, 2014).

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Page 84: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

84Chirurgie et infections orales chez le chien et le chat

rĂ©sistances connuesLes rĂ©sistances bactĂ©riennes varient en fonction des bactĂ©ries, de l’espĂšce cible concernĂ©e et de la population gĂ©ographique Ă©tudiĂ©es (Veloo, 2012). Il existe peu de donnĂ©es rĂ©centes chez le chien ou le chat. Les anaĂ©ro-bies buccaux, sont classiquement sensibles aux bĂȘtalactamines, cĂ©phalosporines, Ă  la clindamycine et aux tĂ©tracyclines avec moins de 10 % des bactĂ©ries rĂ©sistantes Ă  l’amoxicilline, l’ampicilline ou le mĂ©tronidazole (Senhorino, 2012 ; Khazandi 2014).

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Le traitement des infections orales est un traitement chirurgical ou un traitement dentaire spĂ©cifique qu’il soit conservateur ou non. L’antibiothĂ©rapie n’est jamais le traitement premier des infections orales mais elle peut dans certaines conditions aider Ă  sa rĂ©solution. En mĂ©decine humaine, l’antisepsie buccale permet de diminuer la charge bactĂ©rienne orale et le rĂ©tablissement de l’écologie buccale. La chlorhexidine sous forme de gel ou de liquide est l’antiseptique de choix pour la cavitĂ© buccale (Gunsolley 2010 – Grade A) lorsqu’elle peut ĂȘtre aisĂ©ment appliquĂ©e. Avant une chirurgie buccale, l’utilisation de chlorhexidine n’est pas toujours possible chez l’animal non anesthĂ©siĂ© et l’antibiothĂ©rapie reste parfois le seul moyen d’abaisser temporaire-ment la charge bactĂ©rienne lorsque cela est nĂ©cessaire (stomatites ulcĂ©reuses par exemple). Un traitement antibiotique ne peut et ne doit compenser l’absence de soins dentaires spĂ©cifiques ou de soins mal effectuĂ©s. Les indications de l’utilisation des antibiotiques en chirurgie buccale devraient donc ĂȘtre limitĂ©es.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Le choix des antibiotiques pour le traitement des infections bucco-dentaires doit ĂȘtre fait sur la base des espĂšces bactĂ©riennes connues pour ĂȘtres impliquĂ©es dans l’affection, du spectre d’activitĂ© des antibiotiques mais Ă©galement de leurs paramĂštres pharmacocinĂ©tiques. Les prĂ©lĂšvements microbiologiques ne sont pas justifiĂ©s en pratique courante, en raison du peu d’intĂ©rĂȘt qu’ils prĂ©sentent. (AFSSAPS, 2011 – Lesclous 2013). Les antibiotiques ayant une activitĂ© sur les bactĂ©ries anaĂ©robies en particulier contre les bacilles Ă  Gram nĂ©gatifs sont les plus appropriĂ©s.

Conduite du traitement

antibiothĂ©rapie curative - principales indications de l’antibiothĂ©rapie

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Chirurgie et inFeCtions orales Chez le Chien et le Chat

affection patient normal patient Ă  risquePhlegmon maxillo-facial R R

Stomatite infectieuse R R

Ostéite et ostéomyélite R R

Traumatologie alvéolo-dentaire (luxation, avulsion dentaire) R R

Fracture maxillo-faciale fermée NJ NJ

Fracture maxillo-faciale ouverte R R

Plaie contaminée ou sale aprÚs la 6e heure R R

Chirurgie maxillo-faciale sur site contaminé ou sale R RNJ = AB non justifié R = AB recommandé

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85Chirurgie et infections orales chez le chien et le chat

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Chirurgie et inFeCtions orales Chez le Chien et le Chat

antibioprophylaxieL’antibioprophylaxie est une pratique Ă  Ă©viter. Dans certaines situations (patients Ă  risque), elle soit nĂ©an-moins ĂȘtre envisagĂ©es. Son utilisation est limitĂ©e Ă  la rĂ©alisation d’un acte invasif chez un sujet Ă  risque. La notion de sujet Ă  risque inclut les sujets immunodĂ©primĂ©s et ceux prĂ©sentant un fort risque d’endocardite bactĂ©rienne. Comme il n’existe pas de dĂ©finition prĂ©cise du sujet immunodĂ©primĂ©, la dĂ©cision repose donc sur l’évaluation du cas individuel par le clinicien. La catĂ©gorie Ă  fort risque d’endocardite bactĂ©rienne est trĂšs limitĂ©e en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire puisqu’elle ne concerne chez l’Homme que les sujets porteurs de prothĂšse valvulaire, les sujets ayant un antĂ©cĂ©dent d’endocardite bactĂ©rienne et les sujets atteints d’une malformation cardiaque cyanogĂšne.

L’antibiotique est administrĂ© avant l’intervention par voie injectable lors de l’induction de l’anesthĂ©sie gĂ©nĂ©-rale. La dose utilisĂ©e est le double de la dose thĂ©rapeutique habituelle. Une dose unique est la rĂšgle sauf lorsque la durĂ©e d’intervention dĂ©passe le temps de demi-vie de l’antibiotique. Dans ce cas, une nouvelle injection doit ĂȘtre effectuĂ©e toutes les deux demi-vies, en cours d’intervention. (SFAR, 2010).

Actuellement, il n’existe pratiquement plus d’antibiotique non critique vĂ©tĂ©rinaire disponible par voie intra-veineuse utilisable chez le chien ou le chat dans le cadre de l’antibioprophylaxie. La disponibilitĂ© trĂšs rĂ©duite en antibiotique injectable ayant une AMM chez le chien et le chat limite considĂ©rablement les possibilitĂ©s de protocole d’antibioprophylaxie dans le respect du RCP des produits.

procédure patient « normal » patient à risqueExtractions dentaires NJ R

Chirurgie osseuse (dent incluse, kyste, tumeur bénigne prélÚvement greffon osseux
etc.)

R R

Tumeur bénigne gencive ou muqueuse NJ R

Trauma maxillo-facial (fracture fermée) traité par méthode non sanglante (attelle interdentaire ou blocage maxillo-mandibulaire ou fixateur externe)

NJ R

Trauma maxillo-facial (fracture fermée) traité par méthode sanglante (ostéosynthÚse à foyer ouvert) externe

R R

Plaie contaminée ou sale traitée avant la 6e heure R R

Chirurgie maxillo-faciale avec ouverture oropharyngée R R

Chirurgie des glandes salivaires NJ NJ

Chirurgie du palais NJ RNJ = AB non justifié R = AB recommandé

antibiotique Chien ChatAmoxicilline 10-20 mg/kg BID (*) 10-20 mg/kg BID (*)

Clindamycine 11 mg/kg SID ou BID (*) 11 mg/kg SID

antibiotique Chien ChatDoxycycline 10 mg/kg SID 10 mg/kg SID

Amoxicilline-acide clavulanique 12,5 mg/kg BID (*) 12,5 mg/kg BID (*)

MĂ©tronidazone-spiramycine 75000-100000 uI/kg SPIRA12,6 – 16,67 mg/kg MET (*)

75000-100000 uI/kg SPIRA12,6 – 16,67 mg/kg MET (*)

Pradofloxacine* 3 mg/kg SID (*) 3 mg/kg

antibiothérapie initiale

antibiothĂ©rapie en cas d’échec

(*) Indication bucco-dentaire dans l’AMM

(*) Indication bucco- dentaire dans l’AMM

*Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 86: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

86Chirurgie et infections orales chez le chien et le chat

réFérenCes bibliographiques

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Chirurgie et inFeCtions orales Chez le Chien et le Chat

Association amoxicilline-acide clavulanique (1) : 25 mg/kg SC 45-60 minutes avant l’acte chirurgicalUne deuxiĂšme injection est nĂ©cessaire pour un acte opĂ©ratoire durant plus de 2 heures (double de la 1/2 vie de l’amoxicilline chez le chien).

Lincomycine (2) : 20 mg/kg IM 15 minutes avant l’acte chirurgicalUne deuxiĂšme injection est rarement nĂ©cessaire compte tenu du long temps de demi-vie (3,5 heures chez le chat).

(1) produit Ă  AMM chez le chien par voie SC.(2) produit Ă  AMM chez le chien et le chat par voie IM.

Page 87: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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oPHtAlMoloGIe

Conjonctivites bactériennes chez le chien et le chat

ConJonCtivites baCtériennes Chez le Chien et le Chat

obJeCtiFs spéCiFiques

‱ En prĂ©sence d’une conjonctivite, rĂ©server les antibiotiques topiques au traitement des conjonctivites bactĂ©-riennes confirmĂ©es en privilĂ©giant une durĂ©e de traitement courte ;

‱ Chez le Chien, Ă©viter le recours aux antibiotiques par voie gĂ©nĂ©rale lors de conjonctivite ;‱ Chez le Chat, utiliser un antibiotique par voie gĂ©nĂ©rale lors de conjonctivite identifiĂ©e comme secondaire Ă 

Chlamydophila.

situation aCtuelle

ContexteLes conjonctives sont les muqueuses les plus exposĂ©es au milieu extĂ©rieur et leurs dĂ©fenses naturelles per-mettent de lutter efficacement contre les infections bactĂ©riennes. Les conjonctivites reprĂ©sentent une domi-nante pathologique importante chez le Chien et le Chat. Mais seule une partie d’entre elles sont d’origine bactĂ©rienne ou ont une composante bactĂ©rienne (surinfection).L’utilisation non raisonnĂ©e des antibiotiques topiques en cas de conjonctivite peut conduire Ă  des rĂ©sistances bactĂ©riennes, modifier la flore commensale et affaiblir les dĂ©fenses naturelles de la surface oculaire.Il n’y a pas eu de description de contamination humaine Ă  partir de foyers bactĂ©riens conjonctivaux d’animaux de compagnie, exceptĂ©, de maniĂšre anecdotique, pour la chlamydophilose fĂ©line.

pratiques actuelles de traitementLa rougeur de l’Ɠil est souvent assimilĂ©e en premiĂšre intention Ă  une conjonctivite dont le traitement com-prend un collyre ou une pommade comportant notamment un antibiotique ou une association d’antibiotiques dont le spectre d’action couvre majoritairement les coques Gram +. Cette prescription n’est pas toujours jus-tifiĂ©e car les conjonctivites ne sont pas souvent d’origine bactĂ©rienne et la rougeur de l’Ɠil peut avoir d’autres causes qu’une conjonctivite. D’autre part, la prescription d’un antibiotique par voie gĂ©nĂ©rale ou d’un antibio-tique topique dont le spectre d’activitĂ© est Ă©largi aux bacilles Gram - est parfois effectuĂ©e, sans justification, lors de conjonctivite.

pathogĂšnes en causeChez le Chien et le Chat, les conjonctivites bactĂ©riennes sont le plus souvent la consĂ©quence d’une surinfec-tion par des germes opportunistes rĂ©sidents sur la surface conjonctivale : coques Gram + (Staphylococcus spp., Staphylococcus aureus et Staphylococcus pseudintermĂ©dius, Streptococcus spp.), des coques Gram - (Nesseria spp.), des bacilles Gram + (Corynebacterium spp.), des bacilles Gram - (Pseudomonas aeruginosa, Eschericha coli, Enterobacter spp., Proteus spp., Hemophilus spp., Moraxella spp., Bacillus cereus). D’autres germes sont pos-sibles comme Actinomyces spp., Nocardia et chez le Chat : Chlamydophila felis, Chlamydophila pneumoniae et Mycoplasma [1-4].

rĂ©sistances connuesUn article a prĂ©cisĂ© les rĂ©sultats de l’isolement bactĂ©rien sur la surface oculaire de chiens prĂ©sentant une af-fection oculaire. L’auteur a identifiĂ© les sensibilitĂ©s et les rĂ©sistances d’une quarantaine de souches de staphy-locoques Ă  12 antibiotiques testĂ©s. Dans une conjonctivite bactĂ©rienne, la rĂ©sistance d’un germe spĂ©cifique est donc possible et doit ĂȘtre envisagĂ©e. RĂ©cemment un cas clinique isolĂ© a indiquĂ© un cas de Staphylococcus aureus mĂ©thicilline-rĂ©sistant sur une conjonctivite chronique chez un chat [5-6].

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

Page 88: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

88Conjonctivites bactériennes chez le chien et le chat

ConJonCtivites baCtériennes Chez le Chien et le Chat

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Le traitement d’une conjonctivite par des antibiotiques est justifiĂ© dans les situations suivantes :

1. la prĂ©sence de sĂ©crĂ©tions conjonctivales purulentes ou muco-purulentes blanchĂątres, jaunĂątres ou ver-dĂątres sur la surface des conjonctives et Ă©ventuellement de la cornĂ©e et des rebords palpĂ©braux. Ces sĂ©crĂ©-tions sont associĂ©es Ă  une hyperhĂ©mie conjonctivale et un chĂ©mosis d’intensitĂ© variable dans les infections aiguĂ«s. Ces sĂ©crĂ©tions sont associĂ©es Ă  des follicules ou des papilles dans les infections chroniques. Une conjonctivite bactĂ©rienne stricto sensu, n’entraĂźne ni douleur importante (blĂ©pharospasme minime Ă  mo-dĂ©rĂ©), ni trouble de la vision, ni photophobie ;

2. des éléments épidémiologiques et cliniques compatibles avec une infection par Chlamydophila felis chez le chat. Une conjonctivite aiguë secondaire à Chlamydophila se traduit par une hyperhémie, un chémosis, un écoulement séreux et un blépharospasme. La conjonctivite est unilatérale puis devient rapidement bilatérale ;

3. une cause prédisposante (sécheresse oculaire par déficit lacrymal aqueux, infection herpétique avec atteinte cornéenne chez le Chat, corps étranger conjonctival) ;

4. un ulcÚre de la cornée associé à la conjonctivite ;

5. une infection des voies lacrymo-nasales.

Une conjonctivite isolĂ©e ne doit pas ĂȘtre traitĂ©e par des antibiotiques quand elle est banale et sans les carac-tĂšres de suppuration prĂ©cĂ©demment citĂ©s ou quand une conjonctivite a Ă©tĂ© clairement identifiĂ©e comme non bactĂ©rienne (conjonctivite virale, conjonctivite Ă©osinophilique du Chat, infiltration lymphoplasmocytaire de la membrane nictitante du Chien, conjonctivite allergique, conjonctivite ligneuse, conjonctivite parasitaire Ă  Thelazia). En cas de doute, un examen cytologique (voir ci-dessous) permet de confirmer ou non une infection.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtĂ©rien(s) lors d’une ConJonCtivite baCtĂ©rienne

1. L’examen cytologique est une mĂ©thode rapide pour confirmer une infection conjonctivale. Le prĂ©lĂšvement est peu invasif, sans effet secondaire et sans contre-indication.

Le prĂ©lĂšvement s’effectue avec une cytobrosse stĂ©rile, une spatule ou un applicateur mĂ©dical (coton-tigeÂź). Le prĂ©lĂšvement est Ă©talĂ© sur lame.Si le praticien ne souhaite pas faire la lecture du prĂ©lĂšvement, il peut envoyer une ou plusieurs lames non colorĂ©es Ă  un laboratoire vĂ©tĂ©rinaire de bactĂ©riologie, de cytologie ou d’histopathologie.Le praticien peut colorer la lame et l’analyser lui-mĂȘme Ă  condition d’avoir rĂ©alisĂ© un apprentissage de cette lecture de cytologie. Les colorations (RAL, Diff-Quick ou Gram) permettent d’obtenir des informations pour la mise en place d’un traitement initial.La lecture se fait Ă  l’objectif 100 sous immersion. La prĂ©sence de bactĂ©ries en position extracellulaire avec des granulocytes neutrophiles non dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s indique une surinfection d’une affection primaire. La prĂ©sence de granulocytes dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s et de bactĂ©ries en grand nombre ou de bactĂ©ries intracellulaires confirme une infection. Les faux positifs sont les granules de pigments mĂ©laniques des cellules Ă©pithĂ©liales, les granules de granulocytes Ă©osinophiles et les artefacts de colorant en position intra- ou extracellulaire.

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ConJonCtivites baCtériennes Chez le Chien et le Chat

Conjonctivites bactériennes chez le chien et le chat

Chez le Chat, la prĂ©sence de nombreux granulocytes neutrophiles sans bactĂ©ries doit orienter vers une in-fection virale aiguĂ« ou une chlamydophilose. La suspicion de cette derniĂšre est renforcĂ©e par la prĂ©sence d’une inclusion intracytoplasmique dans plusieurs cellules Ă©pithĂ©liales si l’infection est rĂ©cente (infĂ©rieure Ă  15 jours).

La rĂ©alisation d’une mise en culture bactĂ©rienne et d’un antibiogramme lors de conjonctivite bactĂ©rienne n’est pas justifiĂ©e en routine pour diffĂ©rentes raisons :a) les bactĂ©ries en cause sont, dans la plupart des cas, des germes opportunistes connus ;b) dans la grande majoritĂ© des cas, les antibiotiques locaux proposĂ©s dans la pharmacopĂ©e vĂ©tĂ©rinaire, asso-

ciés à des soins de lavage ou à des antiseptiques permettent de guérir la conjonctivite bactérienne dans un délai bref (inférieur à 8 jours).

Un antibiogramme est justifiĂ© dans le cas exceptionnel d’une conjonctivite bactĂ©rienne rĂ©fractaire au traite-ment initial. Le prĂ©lĂšvement conjonctival se fait par Ă©couvillonnage au niveau du cul-de-sac conjonctival infĂ©-rieur, en prenant soin de ne pas prĂ©lever sur le bord libre et la rĂ©gion des cils de la paupiĂšre. Le prĂ©lĂšvement est envoyĂ©, dans un milieu de transport adĂ©quat, dans un laboratoire d’analyse bactĂ©riologique vĂ©tĂ©rinaire.

2. La recherche d’un agent bactĂ©rien par technique d’amplification gĂ©nique (technique PCR comme poly-merase chain reaction) auprĂšs d’un laboratoire spĂ©cialisĂ© vĂ©tĂ©rinaire et Ă  partir d’un frottis conjonctival Ă  la cytobrosse se justifie dans l’espĂšce fĂ©line pour le diagnostic de conjonctivites Ă  Chlamydophila felis ou encore Chlamydophila pneumoniae car leur traitement est spĂ©cifique et long.

Conduite du traitement

traitement antibiotique d’une conjonctivite bactĂ©rienne [1-4]Les topiques contenant des antibiotiques se prĂ©sentent sous la forme de collyres, de gels ou de pommades. La monothĂ©rapie est recommandĂ©e. La dose est d’une goutte de collyre 4 fois par jour jusqu’à guĂ©rison (en gĂ©nĂ©ral 5 Ă  8 jours) lors d’une forme aiguĂ« et d’une goutte de collyre ou de pommade 2 Ă  4 fois par jour 10 jours dans une forme chronique.

Les antibiotiques disponibles dans la pharmacopée vétérinaire sont :1. la polymyxine, bactéricide et avec une action limitée aux Gram -. La polymyxine est le plus souvent associée

Ă  la nĂ©omycine ;2. la nĂ©omycine, aminoside bactĂ©ricide pour les staphylocoques et les Gram - (Ă  l’exception de Pseudomonas

aeruginosa). Les rĂ©sistances sont nombreuses. Elle peut entraĂźner une rĂ©action d’allergie lors de son utili-sation Ă  long terme ;

3. l’acide fusidique, gel Ă  1 %, actif sur de nombreuses bactĂ©ries Gram + et particuliĂšrement les staphylo-coques avec une action de 12 heures ;

4. le chloramphĂ©nicol, pommade Ă  1 %, bactĂ©riostatique, actif sur un large spectre de Gram + et de Gram -, Ă  l’exception de Pseudomonas aeruginosa, et sur les mycoplasmes.

5. La gentamicine, collyre actif sur les germes dont la sensibilité est confirmée par un antibiogramme.

Cas particulier de la chlamydophilose chez le chatChlamydophila est sensible aux tĂ©tracyclines, l’érythromycine, le chloramphĂ©nicol, la rifampicine, les fluroqui-nolones et l’azythromycine.

Le seul antibiotique topique disponible dans la pharmacopée vétérinaire est le chloramphénicol.

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Les antibiotiques utilisables par voie orale sont :1. la doxycycline (10 mg/kg/j en une prise pendant 7 à 21 jours). Cette molécule est utilisée de maniÚre pré-

fĂ©rentielle. Elle permet de soigner la conjonctivite mais seule une administration prolongĂ©e sur 28 jours permet d’éliminer le micro-organisme. Les effets secondaires potentiels de la doxycycline sont une modifi-cation de la flore intestinale, une Ɠsophagite, un rĂ©trĂ©cissement Ɠsophagien et un effet photo sensibilisant chez les chats blancs. L’effet sur l’Ɠsophage peut ĂȘtre prĂ©venu par une administration sous forme de sus-pension ou de comprimĂ© suivi d’un bolus d’eau ;

2. l’enrofloxacine* (5 mg/kg/jour en une prise) pendant 3 semaines [7]. L’enrofloxacine ne provoque pas d’effet chondrotoxique chez le chaton. A dose supĂ©rieure Ă  5 mg/kg/jour, l’enrofloxacine peut avoir un effet toxique sur la rĂ©tine.

mesures alternatives et complĂ©mentairesUn lavage conjonctival est un prĂ©alable indispensable Ă  tout traitement antibiotique par voie topique d’une conjonctivite bactĂ©rienne.

Un simple lavage conjonctival (sĂ©rum physiologique oculaire) ou l’utilisation d’antiseptiques oculaires (am-monium quaternaire et acide borique), prĂ©sents dans les solutions de lavage oculaires vĂ©tĂ©rinaires, peuvent suffire Ă  traiter une prolifĂ©ration bactĂ©rienne conjonctivale.

Le traitement de la cause sous-jacente d’une conjonctivite bactĂ©rienne (dacryocystite bactĂ©rienne, ophtalmie nĂ©onatale, sĂ©cheresse oculaire, blĂ©pharite marginale infectĂ©e, conjonctivite virale chez le Chat, corps Ă©tran-ger, entropion, dermoĂŻde, tumeur) est indispensable.

réFérenCes bibliographiques

1. Maggs DJ. Ocular pharmacology and therapeutics. In : Maggs DJ, Miller PE, Ofri R, eds, Slatter’s fundamentals of veterinary ophthalmology. Fourth ed. Saint Louis : Saunders-Elsevier publishing ; 2008 : 33-43.2. Regnier A. Clinical pharmacology and therapeutics. Part 2 : antimicrobials, antiinflammatory agents, and antiglau-coma drugs. In : Gelatt KN, ed, Veterinary Ophthalmology. Fourth ed. Ames : Blackwell publishing ; 2007 : 288-331.3. Kern TJ. Antibacterial agents for ocular therapeutics. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 2004;34: 655-68.4. Chaudieu G. ThĂ©rapeutique et gestes chirurgicaux simples en ophtalmologie vĂ©tĂ©rinaire. Paris : Elsevier Masson ; 2008.5. Lin CT, Petersen-Jones SM. Antibiotic susceptibility of bacterial isolates from corneal ulcers of dogs in Taiwan. J Small Anim Pract. 2007;48:271-274.6. Medhus A et coll. Methicillin-resistant Staphylococcus aureus with the novel mecC gene variant isolated from a cat suffering from chronic conjunctivitis. J Antimicrob Chemother. 2013;68:968-969.7. Gerhardt N et coll. Pharmacokinetics of enrofloxacin and its efficacy in comparison with doxycycline in the treat-ment of Chlamydia felis infection in cats with conjunctivitis. Vet Rec. 2006;159:591-4.

ConJonCtivites baCtériennes Chez le Chien et le Chat

Conjonctivites bactériennes chez le chien et le chat

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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91Kératites ulcéreuses chez le chien et le chat

KĂ©ratites ulCĂ©reuses Chez le Chien et le Chat

obJeCtiFs spéCiFiques

‱ Adapter le type d’antibiotique utilisĂ© par voie topique et sa durĂ©e d’utilisation en fonction de la nature de l’ulcĂšre.

‱ Eviter le recours aux antibiotiques par voie systĂ©mique face Ă  un ulcĂšre de cornĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteL’ulcĂšre cornĂ©en (kĂ©ratite ulcĂ©rative) est dĂ©fini comme une perte de substance Ă©pithĂ©liale qui expose le stroma cornĂ©en au milieu extĂ©rieur. Un ulcĂšre est typiquement diagnostiquĂ© par l’observation d’un larmoie-ment, d’un blĂ©pharospasme, d’un ƓdĂšme cornĂ©en et d’un marquage Ă  la fluorescĂ©ine du stroma cornĂ©en. Un ulcĂšre d’origine traumatique non compliquĂ© (ulcĂšre simple) guĂ©rit, en gĂ©nĂ©ral, en 4 jours. L’épithĂ©lium cornĂ©en constituant une barriĂšre vis-Ă -vis des germes, le stroma, mis Ă  nu, est particuliĂšrement exposĂ© Ă  une surinfection bactĂ©rienne par des germes opportunistes prĂ©sents au niveau de la surface oculaire. Une Ă©tude a montrĂ© que les bactĂ©ries Ă©taient plus nombreuses dans les culs-de-sac conjonctivaux chez les chiens atteints d’ulcĂšre cornĂ©en. Les kĂ©ratites ulcĂ©reuses justifient donc le recours systĂ©matique Ă  des antibiotiques par voie topique. Une infection cornĂ©enne peut, en effet, conduire Ă  une perte de vision par fibrose de la cornĂ©e, kĂ©ra-tomalacie (ramollissement de la cornĂ©e), lyse stromale, perforation ou formation de synĂ©chies antĂ©rieures (iris adhĂ©rent Ă  la cornĂ©e). Les risques ultĂ©rieurs sont une opacitĂ© dĂ©finitive de la cornĂ©e, une endophtalmie, un glaucome ou un phtisis bulbi.

Les antibiotiques par voie générale disponibles dans la pharmacopée vétérinaire ne diffusent pas dans la cor-née à moins que celle-ci ne soit néovascularisée.

La plupart des antibiotiques topiques disponibles dans la pharmacopĂ©e vĂ©tĂ©rinaire ont une action suffisante sur la plupart des bactĂ©ries Gram + et Gram - prĂ©sentes Ă  la surface oculaire (conjonctive et cornĂ©e) et leur utilisation se limite au traitement des ulcĂšres superficiels. Ces antibiotiques ont :‱ soit une bonne pĂ©nĂ©tration cornĂ©enne, mais ils sont bactĂ©riostatiques ou peu efficaces contre les germes

Gram - ;‱ soit une action bactĂ©ricide, mais leur pĂ©nĂ©tration est limitĂ©e lorsqu’une infection cornĂ©enne est installĂ©e.

Les antibiotiques topiques bactéricides et ayant une pénétration cornéenne appartiennent à la pharmacopée humaine.

Les antibiotiques topiques, utilisĂ©s de maniĂšre non raisonnĂ©e, peuvent, d’une part, avoir une action toxique sur l’épithĂ©lium cornĂ©en et donc sur la cicatrisation cornĂ©enne et, d’autre part, perturbent la flore rĂ©sidente des conjonctives ou conduire Ă  des rĂ©sistances bactĂ©riennes.

pratiques actuelles de traitementLe traitement antibiotique d’un ulcĂšre de cornĂ©e, quelle que soit sa gravitĂ©, mis en place habituellement par les vĂ©tĂ©rinaires est un collyre comportant un ou deux antibiotiques disponibles en pharmacopĂ©e vĂ©tĂ©rinaire, dont le spectre d’action couvre les germes Gram + et quelques germes Gram -.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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92Kératites ulcéreuses chez le chien et le chat

pathogĂšnes en causeChez le Chien et le Chat, les kĂ©ratites bactĂ©riennes sont le plus souvent la consĂ©quence d’une surinfection par des germes opportunistes rĂ©sidents. Ce sont des coques Gram + (Staphylococcus spp., Staphylococcus aureus et Staphylococcus pseudintermedius, Streptococcus spp.), des coques Gram - (Nesseria spp.), des bacilles Gram + (Corynebacterium spp.), des bacilles Gram - (Pseudomonas aeruginosa, Eschericha coli, Enterobacter spp., Proteus spp., Hemophilus spp., Moraxella spp., Bacillus cereus). D’autres germes peuvent ĂȘtre rencontrĂ©s : Pasteurella, Nocardia, Mycoplasmes (Chat) et des bactĂ©ries anaĂ©robies strictes : Clostridium spp., Peptostreptoccus spp., Actinomyces spp., Fusobacterium spp. et Bacteroides spp.Toutes les Ă©tudes indiquent que parmi les germes rencontrĂ©s dans les ulcĂšres du Chien, Staphylococcus inter-medius est le germe le plus frĂ©quent.

rĂ©sistances connuesUne Ă©tude indique que pour la plupart des germes rencontrĂ©s (Staphylococcus, Streptococcus, Corynebacte-rium, Pseudomonas et E coli) une possibilitĂ© de rĂ©sistance doit ĂȘtre envisagĂ©e.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Le traitement antibiotique topique systématique de tout ulcÚre de cornée est fortement recommandé du fait des complications potentielles chez le Chien et le Chat.

un traitement antibiotique est appliquĂ© sur un ulcĂšre simple et sur un ulcĂšre rĂ©fractaire.Un ulcĂšre est dit simple quand il correspond Ă  une perte strictement Ă©pithĂ©liale avec un fond de l’ulcĂšre lisse et un ƓdĂšme cornĂ©en sous jacent minime. Sa guĂ©rison intervient en 4 Ă  6 jours.

Si un ulcĂšre simple ne cicatrise pas aprĂšs 6 jours, il est considĂ©rĂ© comme rĂ©fractaire et il convient d’en recher-cher la cause (anomalie des cils, anomalie palpĂ©brale, ulcĂšre indolent, ulcĂšre neurotrophique par paralysie du nerf trijumeau, dĂ©ficit lacrymal ou, chez le Chat, infection herpĂ©tique).

L’ulcĂšre « indolent » a de nombreuses autres appellations : dĂ©faut Ă©pithĂ©lial chronique spontanĂ©, ulcĂšre rĂ©ci-divant, ulcĂšre idiopathique persistant, dystrophie cornĂ©enne Ă©pithĂ©liale du Boxer. Cet ulcĂšre chronique Ă©vo-luant sur plusieurs semaines ou plusieurs mois, de forme ronde ou gĂ©ographique est visible Ă  l’Ɠil nu et comporte typiquement des bords Ă©pithĂ©liaux largement dĂ©collĂ©s avec un ƓdĂšme de cornĂ©e.

un traitement antibiotique particulier est appliquĂ© pour tout ulcĂšre stromal.Un ulcĂšre stromal (ou ulcĂšre profond) est dĂ©fini par une perte de substance stromale initiĂ©e le plus souvent par la surinfection d’un ulcĂšre superficiel. Cette surinfection intervient du fait de la prĂ©sence de nombreux germes opportunistes, d’un dysfonctionnement du film lacrymal prĂ©cornĂ©en notamment chez les brachy-cĂ©phales ou de l’usage de corticoĂŻdes locaux. Un ulcĂšre stromal se prĂ©sente sous la forme d’une dĂ©formation en creux de la cornĂ©e dont la surface est irrĂ©guliĂšre.

Une infection aiguĂ« de la cornĂ©e est la complication bactĂ©rienne d’un ulcĂšre superficiel ou d’une plaie cor-nĂ©enne type piqĂ»re ou griffure. Elle se caractĂ©rise par plusieurs signes caractĂ©ristiques : douleur intense d’apparition rapide avec un infiltrat dense sous jacent Ă  l’ulcĂšre, ƓdĂšme stromal dĂ©passant largement les limites de l’ulcĂšre (cornĂ©e entiĂšrement grise translucide) et rĂ©action uvĂ©ale intense (myosis, parfois hypo-pyon). L’aggravation de cette infection conduit Ă  une cornĂ©e opaque du fait de l’extension de l’infiltrat dense, d’une kĂ©ratomalacie (cornĂ©e devant molle) ou d’une lyse cornĂ©enne par action des mĂ©tallo-protĂ©ases (ulcĂšre dit Ă  collagĂ©nases) pouvant conduire Ă  une descemĂ©tocĂšle et Ă  la perforation. La lyse cornĂ©enne peut ĂȘtre dans certains cas trĂšs rapide en 24 Ă  48 heures.

KĂ©ratites ulCĂ©reuses Chez le Chien et le Chat

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KĂ©ratites ulCĂ©reuses Chez le Chien et le Chat

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtĂ©rien(s) lors d’une KĂ©ratite baCtĂ©rienne

recherche spécifique lors de kératite ulcéreuse stromale

1. Cytologie cornĂ©enneL’examen cytologique du raclage cornĂ©en est le moyen de confirmer une infection lors d’un ulcĂšre stromal. Le prĂ©lĂšvement nĂ©cessite un apprentissage. Il s’effectue par exfoliation (cytobrosse ou Ă©couvillon) ou par grattage de la base et des berges de l’infiltrat stromal sous biomicroscope. Lorsque la cornĂ©e est amincie, les risques de perforation cornĂ©enne et de contamination endoculaire secondaire rendent ce prĂ©lĂšvement particuliĂšrement dĂ©licat. Le prĂ©lĂšvement est Ă©talĂ© sur lame et colorĂ©. La coloration Gram pour dĂ©terminer le caractĂšre Gram + ou Gram - d’une bactĂ©rie est particuliĂšrement recommandĂ©e. Une coloration rapide (RAL ou Diff-Quik) peut aussi confirmer l’infection. La lecture se fait Ă  l’objectif 100 sous immersion.

Une infection bactĂ©rienne du stroma cornĂ©en est caractĂ©risĂ©e par la prĂ©sence de bactĂ©ries intracellulaires et de polynuclĂ©aires dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s. Les faux nĂ©gatifs sont liĂ©s Ă  la technique de prĂ©lĂšvement. Les faux positifs sont les pigments mĂ©laniques extracellulaires, les granules extracellulaires d’éosinophiles et les artefacts de coloration. L’examen cytologique des conjonctives ne permet pas de confirmer ou d’infirmer une infection de la cornĂ©e.

2. Mise en culture bactĂ©rienne et antibiogrammeLa rĂ©alisation d’une culture bactĂ©rienne et d’un antibiogramme lors d’un ulcĂšre superficiel n’est pas justifiĂ©e. En revanche, elle est recommandĂ©e lors d’une infection bactĂ©rienne stromale. Mais elle pose souvent des problĂšmes en ophtalmologie vĂ©tĂ©rinaire du fait du manque de laboratoire de proximitĂ©. Le dĂ©lai d’obtention des rĂ©sultats auprĂšs d’un laboratoire de bactĂ©riologie Ă©loignĂ© est trop long pour un ulcĂšre rapidement Ă©vo-lutif. La fiabilitĂ© des rĂ©sultats des kits rapides d’antibiogrammes utilisables sur place en clinique n’a pas fait l’objet d’étude en ophtalmologie vĂ©tĂ©rinaire.

La technique la plus efficace est l’ensemencement immĂ©diat du produit de grattage cornĂ©en sur une boĂźte gĂ©lose chocolat transmise Ă  un laboratoire de bactĂ©riologie le jour mĂȘme. Un prĂ©lĂšvement de cornĂ©e trop superficiel et une antibiothĂ©rapie en cours ou arrĂȘtĂ©e depuis moins de 4 jours peuvent donner un rĂ©sultat faussement nĂ©gatif. L’absence de laboratoire vĂ©tĂ©rinaire Ă  proximitĂ© oblige Ă  utiliser un milieu de transport.

Conduite du traitement

En prĂ©sence d’un ulcĂšre cornĂ©en, l’association antibiotique-corticoĂŻde ne doit pas ĂȘtre prescrite. Les antibio-tiques par voie gĂ©nĂ©rale n’ont pas d’intĂ©rĂȘt, sauf en cas d’infection cornĂ©enne aux stades de prĂ©perforation ou de perforation.

traitement antibiotique topique des ulcĂšres simplesIl est appliquĂ© 2 Ă  4 fois par jour. Dans les ulcĂšres simples, l’antibiotique est arrĂȘtĂ© aprĂšs cicatrisation. Celle-ci doit donc ĂȘtre contrĂŽlĂ©e systĂ©matiquement aprĂšs 4 Ă  6 jours de traitement. Quand l’ulcĂšre est rĂ©fractaire, le traitement doit ĂȘtre prolongĂ© jusqu’à la cicatrisation (avec ou sans traitement chirurgical).Les topiques antibiotiques utilisables sont sous forme de collyre, de gel ou de pommade. Cette derniĂšre forme est moins recommandĂ©e lors d’ulcĂšre.

Les antibiotiques disponibles en pharmacopée vétérinaire sont :1. la polymyxine, collyre ou pommade (en association avec la néomycine), bactéricide limité aux Gram - avec

une absence de pénétration intraoculaire ;

Kératites ulcéreuses chez le chien et le chat

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94Kératites ulcéreuses chez le chien et le chat

KĂ©ratites ulCĂ©reuses Chez le Chien et le Chat

2. l’acide fusidique, gel Ă  1 %, actif sur les staphylocoques avec une action de 12 heures. Il pĂ©nĂštre bien dans la cornĂ©e ;

3. le chloramphĂ©nicol, pommade Ă  1 %, bactĂ©riostatique, actif sur un large spectre de Gram + et Gram - comprenant les mycoplasmes et Ă  l’exception de Pseudomonas aeruginosa. Il est utile chez le chat ;

4. la néomycine, aminoside bactéricide pour les staphylocoques et les Gram -. Les résistances sont nom-breuses. Elle ne pénÚtre pas la cornée ;

5. la gentamicine, en collyre, aminoside bactĂ©ricide actif sur certains Gram + et Gram – comme Pseudomonas spp., avec une pĂ©nĂ©tration cornĂ©enne facilitĂ©e par l’inflammation.

traitement antibiotique topique des ulcĂšres stromauxCe traitement varie selon le caractĂšre aigu ou non de l’ulcĂšre stromal [1-4].Si l’ulcĂšre stromal est chronique et sans douleur nette, l’application doit se faire 4 ou 5 fois par jour.Si l’ulcĂšre stromal est aigu avec les signes d’infection aiguĂ« prĂ©cĂ©demment dĂ©crits, la prise en charge est urgente, intensive et avec des antibiotiques pĂ©nĂ©trants bien la cornĂ©e. Elle se fait par une instillation toutes les 1 Ă  2 heures y compris la nuit et un contrĂŽle journalier. L’amĂ©lioration de l’ulcĂšre se prĂ©sente par une dimi-nution de la taille de l’ulcĂšre visualisĂ©e Ă  l’aide de la fluorescĂ©ine. Cette diminution indique une rĂ©-Ă©pithĂ©lia-lisation du stroma. Le traitement est prolongĂ© 8 jours au-delĂ  de la cicatrisation complĂšte de l’ulcĂšre tout en diminuant progressivement la frĂ©quence des antibiotiques sur 15 jours.

Les antibiotiques bactéricides ayant une pénétration cornéenne disponibles en pharmacopée humaine sont :1. la tobramycine, collyre ou pommade 0,3 %, aminoside bactéricide actif sur Pseudomonas spp., avec une

pĂ©nĂ©tration cornĂ©enne facilitĂ©e par l’inflammation (c’est un mĂ©dicament humain dont la prescription est autorisĂ©e) ;

2. les fluoroquinolones*, collyre ou pommade, bactĂ©ricides sur les Gram - et les Gram + avec une excellente pĂ©nĂ©tration cornĂ©enne. Seuls la norfloxacine*, la ciprofloxacine*, l’ofloxacine* en collyre et pommade sont accessibles aux vĂ©tĂ©rinaires en respectant la rĂ©glementation « antibiotiques critiques ».

Si une aggravation des lésions cornéennes est notée, une prise en charge rapide par un spécialiste est nécessaire.

traitement antibiotique par voie gĂ©nĂ©rale d’un ulcĂšre de cornĂ©eCe traitement est rarement utile. Il est rĂ©servĂ© aux situations graves de perforation avec risque d’endophtal-mie. La marbofloxacine par voie intraveineuse a une bonne pĂ©nĂ©tration intraoculaire [5].

mesures alternatives et complĂ©mentairesLors de perte de substance, il faut s’assurer de l’absence de sĂ©cheresse oculaire et la combattre si nĂ©cessaire.Le nettoyage, la dĂ©sinfection et la tonte pĂ©ri-oculaire des poils longs sont indispensables lorsque les sĂ©crĂ©-tions purulentes pĂ©ri-oculaires sont abondantes et si un Ă©rythĂšme palpĂ©bral est notĂ©.Le lavage de la surface oculaire est obligatoire si des sĂ©crĂ©tions purulentes sont visibles. Ce lavage est rĂ©alisĂ© matin et soir avec une solution de lavage oculaire vĂ©tĂ©rinaire ou avec un sĂ©rum physiologique oculaire.Certains traitements chirurgicaux cornĂ©ens (kĂ©ratectomie, greffe cornĂ©enne de lambeau conjonctival, de col-lagĂšne ou de membrane amniotique, iontophorĂšse et cross linking) peuvent ĂȘtre effectuĂ©s dans l’urgence en cas d’infection profonde, de kĂ©ratomalacie ou de lyse cornĂ©enne avec risque de perforation. Ces traitements se font sous anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale et sous microscope opĂ©ratoire.Le recouvrement par la membrane nictitante et la pose de lentille thĂ©rapeutique de collagĂšne sont contre indiquĂ©s lors d’infection cornĂ©enne.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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95Kératites ulcéreuses chez le chien et le chat

réFérenCes bibliographiques

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KĂ©ratites ulCĂ©reuses Chez le Chien et le Chat

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Entérites aiguës chez le chien et le chat

entĂ©rites aiguËs Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

‱ Eviter l’utilisation systĂ©matique des antibiotiques lors d’entĂ©rite aiguĂ«.‱ Citer les critĂšres cliniques et biologiques justifiant l’utilisation d’antibiotique lors d’entĂ©rite aiguĂ«.‱ Citer les antibiotiques utilisables lors d’entĂ©rite aiguĂ« lorsque l’antibiothĂ©rapie a Ă©tĂ© jugĂ©e indispensable.

situation aCtuelle

ContexteLes causes de diarrhĂ©e aiguĂ« sont multiples chez le chien et le chat et regroupent :‱ des causes infectieuses virales, parasitaires ou bactĂ©riennes ;‱ des causes alimentaires ;‱ des causes toxiques ;‱ des causes mĂ©taboliques (insuffisance rĂ©nale, maladie d’Addison, pancrĂ©atite
).

Les causes alimentaires ou toxiques sont les plus frĂ©quentes et rĂ©trocĂšdent spontanĂ©ment ou avec de simples mesures hygiĂ©niques. L’utilisation d’un antibiotique est alors inutile voire nĂ©faste par ses effets sur le micro-biote intestinal de l’organisme traitĂ© (favorise la sĂ©lection des populations rĂ©sistantes notamment).

pratiques actuelles de traitementLes pratiques actuelles incluent des mesures diĂ©tĂ©tiques (diĂšte hydrique puis rĂ©alimentation hyperdiges-tible), l’administration de pansements (montmorillonite, smectite
), de modificateurs de la motricitĂ© diges-tive (lopĂ©ramide, bromure de prifinium) et beaucoup trop frĂ©quemment d’un antibiotique (sulfaguanidine, framycĂ©tine, amoxicilline
).

pathogÚnes en causeLes entérites primitives bactériennes existent mais sont rares chez les carnivores domestiques : Clostridium difficile, Clostridium perfringens, Salmonella spp., Campylobacter jejuni.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Les situations oĂč l’antibiothĂ©rapie est indiquĂ©e se limitent Ă  deux :1. lors d’entĂ©rite aiguĂ« grave avec rupture de la barriĂšre Ă©pithĂ©liale, le risque de translocation bactĂ©rienne est

accru. Une complication de bactĂ©riĂ©mie est alors Ă  redouter et justifie la mise en place d’une antibiothĂ©ra-pie systĂ©mique ;

2. lors de suspicion d’entĂ©rite bactĂ©rienne (rare).

Les critĂšres de gravitĂ© amenant Ă  suspecter une rupture de la barriĂšre Ă©pithĂ©liale ou une entĂ©rite primitive bactĂ©rienne sont les suivants :‱ suspicion ou confirmation de parvovirose canine ou fĂ©line (jeune animal non vaccinĂ©, signes gĂ©nĂ©raux im-

portants, leucopĂ©nie, recherche virale positive dans les selles) ;‱ signes d’atteinte grĂȘle (selles liquide, borborygmes) avec sang dans les selles (sang rouge ou noir). La prĂ©-

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entĂ©rites aiguËs Chez le Chien et le Chat

sence de sang dans les selles est un critĂšre de gravitĂ© si une atteinte grĂȘle est bien suspectĂ©e. Lors d’atteinte colique (selles bouseuses, glaireuses, tĂ©nesme, Ă©preinte), la prĂ©sence de sang n’est pas un critĂšre de gravitĂ© ;

‱ fiĂšvre ;‱ signes de choc : abattement, hypothermie, tachycardie
 ;‱ leucopĂ©nie ou leucocytose avec virage Ă  gauche, visualisation de granulocytes neutrophiles toxiques.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Les entĂ©rites bactĂ©riennes existent mais sont rares chez les carnivores domestiques et leurs mĂ©thodes d’iden-tification sont souvent complexes Ă  rĂ©aliser et/ou Ă  interprĂ©ter (Morley et al. 2005). La mise en Ă©vidence d’une bactĂ©rie potentiellement pathogĂšne ne prouve pas son implication car les porteurs sains sont nom-breux. Sans compter que certaines bactĂ©ries potentiellement pathogĂšnes font partie du microbiote normal des chiens et des chats (Clostridium perfringens en particulier). Les tests de dĂ©tection sont relativement peu utilisĂ©s Ă  cause des difficultĂ©s d’interprĂ©tation. Les techniques diffĂšrent selon l’agent recherchĂ© :‱ Clostridium difficile : mise en Ă©vidence de l’agent par culture ou ELISA antigĂšne ou PCR, combinĂ©e Ă  la

recherche de la toxine par ELISA ;‱ Clostridium perfringens : mise en Ă©vidence de l’agent par PCR, combinĂ©e Ă  la recherche de la toxine par ELISA ;‱ Salmonella spp. : mise en Ă©vidence de l’agent par PCR ou cultures rĂ©pĂ©tĂ©es ;‱ Campylobacter jejuni : observation directe par cytologie des selles, culture de la bactĂ©rie (milieux spĂ©ciaux),

techniques moléculaires (PCR).

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueSi, et uniquement si, un critĂšre de gravitĂ© est clairement identifiĂ© (parvovirose, fiĂšvre, leucopĂ©nie, signes de choc
), une antibiothĂ©rapie est indiquĂ©e. Elle vise Ă  traiter ou Ă  prĂ©venir l’épisode bactĂ©riĂ©mique. Le traite-ment est nĂ©cessairement dĂ©butĂ© par une antibiothĂ©rapie de 1re intention et ne peut ĂȘtre complĂ©tĂ© par une antibiothĂ©rapie de 2nd intention que si l’on a de bonnes raisons de suspecter que les molĂ©cules de 1re intention ne sont pas efficaces. L’évolution clinique est seule guide dans cette situation et aucun critĂšre objectif ne peut ĂȘtre avancĂ©. L’antibiothĂ©rapie devra ĂȘtre la plus courte possible (le temps de l’hospitalisation souvent). La dose sera calculĂ©e au plus juste afin de bannir tout sous-dosage.

molécule posologie

traitement initial

Amoxicilline / Ac. clavulanique 12,5 mg/kg toutes les 12 heures, voie IV, IM ou PO

MĂ©tronidazole en association amoxicilline /ac. clavulanique

10-15 mg/kg toutes les 12 heures, voie IV ou PO

Trimethoprime-sulfamide 15 mg/kg toutes les 12 heures, voie IV, IM, SC ou PO

Lincomycine 10 mg/kg 1 à 2 fois par jour, voie IM, fréquence 3 à 5 jours

Lincomycine + spectinomycine 1 ml/5 kg 1 à 2 fois par jour, voie IM, fréquence 3 à 7 jours

traitement en cas d’évolution

défavorable malgré le

traitement initial

Enrofloxacine 5 mg/kg toutes les 24 heures, voie IV, IM, PO

Gentamicine 7 mg/kg/j SID voie IV toutes les 24 heures (animaux hospitalisés, sous perfusion, non déshydratés avec suivi urée / créatinine)

Marbofloxacine 2 mg/kg toutes les 24 heures, voie IV, SC ou PO

Le respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

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98Entérites aiguës chez le chien et le chat

entĂ©rites aiguËs Chez le Chien et le Chat

mesures alternatives et complémentairesLes mesures complémentaires sont fondamentales :1. mesures alimentaires : une diÚte hydrique (absence de nourriture mais eau à disposition) pendant 24

heures est indiquĂ©e mais la rĂ©introduction d’une alimentation entĂ©rale doit ĂȘtre faite Ă  l’issue de ce dĂ©lai. Le jeĂ»ne naturellement imposĂ© par une anorexie avant la prĂ©sentation doit ĂȘtre pris en compte et un animal qui n’a pas mangĂ© depuis plus de 24 heures doit ĂȘtre immĂ©diatement alimentĂ© dĂšs que la dĂ©shydratation est corrigĂ©e ;

2. réanimation médicale : si des signes de déshydratation ou choc sont présents, une perfusion intraveineuse est mise en place afin de corriger les perturbations hydro-électrolytiques ;

3. pansements digestifs ;4. modificateurs de la motricité digestive ;5. pro et prébiotiques.

réFérenCes bibliographiques

Marks SL. Diarrhea. In : RJ Washabau, Day MJ, eds, Canine and Feline Gastroenterology. St Louis : Elsevier Saunders ; 2013 : 99-108.

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Page 99: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

99Entéropathies chroniques chez le chien et le chat

entéropathies Chroniques Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

‱ Eviter l’utilisation systĂ©matique des antibiotiques lors d’entĂ©ropathie chronique.‱ ConnaĂźtre le seul antibiotique prĂ©conisĂ© lors de certaines entĂ©ropathies chroniques.

situation aCtuelle

ContexteL’appellation « entĂ©ropathie chronique» dĂ©signe l’ensemble des affections des animaux prĂ©sentant de la diar-rhĂ©e depuis au moins 3 semaines. La classification actuelle des entĂ©ropathies chroniques inclut :

Les entĂ©ropathies infectieuses (giardiose, coccidiose
)FrĂ©quentes chez les jeunes animaux, les causes infectieuses de diarrhĂ©e doivent rigoureusement ĂȘtre exclues dĂšs les premiĂšres Ă©tapes de la dĂ©marche diagnostique. Pour cela, une analyse coprologique (trois analyses augmentent la sensibilitĂ© de dĂ©tection d’agents infectieux) suivi d’un traitement empirique avec un vermifuge Ă  large spectre sont indispensables.

Les entĂ©ropathies rĂ©pondant au changement alimentaireLe traitement des entĂ©ropathies rĂ©pondant Ă  un changement alimentaire est a priori simple puisqu’il suffit de changer de type d’aliment. En pratique, il peut ĂȘtre assez compliquĂ© Ă  mettre en Ɠuvre et la progression suivante est conseillĂ©e :‱ si l’animal reçoit un aliment « bas de gamme », le passage Ă  un aliment « premium » peut suffire Ă  amĂ©liorer

le dysfonctionnement intestinal ;‱ si l’animal reçoit dĂ©jĂ  un aliment « premium », le passage Ă  un aliment de type hyperdigestible est l’étape

logique ;‱ si l’animal reçoit un aliment hyperdigestible, le passage Ă  un aliment hypoallergĂ©nique (hydrolysats pro-

tĂ©iques ou vĂ©ritable rĂ©gime d’éviction mĂ©nager) est recommandĂ©.

Dans cette circonstance, l’utilisation de probiotiques est recommandĂ©e par le comitĂ© scientifique du GEMI.

Les entĂ©ropathies rĂ©pondant au mĂ©tronidazoleLes chiens atteints de ce type d’entĂ©ropathie prĂ©senteraient une anomalie de la permĂ©abilitĂ© muqueuse intes-tinale exposant ainsi le systĂšme immunitaire intestinal aux antigĂšnes bactĂ©riens intra-luminaux. L’administra-tion d’un antibiotique modifierait les interactions bactĂ©rie-hĂŽte et limiterait l’exposition du systĂšme immuni-taire local aux antigĂšnes bactĂ©riens. Cette entitĂ© n’est pas reconnue chez le chat.

Le traitement passe par l’administration de mĂ©tronidazole (20 Ă  25 mg/kg/j en 2 prises quotidiennes. L’utili-sation d’autres antibiotiques (tylosine, tĂ©tracyclines, fluoroquinolones
) est Ă©galement rapportĂ©e mais n’est pas recommandĂ©e.

Les entĂ©ropathies rĂ©pondant aux immunomodulateursL’administration de predniso(lo)ne est souvent nĂ©cessaire. La dose de predniso(lo)ne est de 1-2 mg/kg/j lors d’entĂ©ropathie sans pertes de protĂ©ines et de 2-4 mg/kg/j lors d’entĂ©ropathie avec pertes de protĂ©ines. Un

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100Entéropathies chroniques chez le chien et le chat

protocole dĂ©gressif lent est rĂ©alisĂ© sur plusieurs mois. Si la rĂ©ponse clinique n’est pas satisfaisante et qu’une inflammation importante est identifiĂ©e sur les biopsies digestives, l’ajout d’un autre agent immunodĂ©presseur est possible. Chez le chien, la ciclosporine a fait l’objet d’une Ă©tude montrant une efficacitĂ© dans 75 % des cas de MICI rebelles. Empiriquement, le chlorambucil, le mĂ©thotrexate ou l’azathioprine peuvent ĂȘtre utilisĂ©s. Chez le chat, le chlorambucil (ChloraminophĂšneÂź 0,2 mg/kg/j ou 1 gĂ©lule de 2 mg tous les 2 ou 3 jours selon le poids du chat) est prĂ©fĂ©rĂ©.

Une alimentation hyperdigestible et hypoallergĂ©nique est nĂ©cessaire pour rĂ©duire la prĂ©sence de molĂ©cules antigĂ©niques intra-luminales. Un aliment diĂ©tĂ©tique hypoallergĂ©nique utilisant une source de protĂ©ine origi-nale et/ou des protĂ©ines fractionnĂ©es est souvent privilĂ©giĂ©e. Une ration mĂ©nagĂšre constituĂ©e de protĂ©ines particuliĂšres (poisson, viande de cheval, porc, lapin, canard
) peut ĂȘtre proposĂ©e selon la volontĂ© des pro-priĂ©taires et les manƓuvres diĂ©tĂ©tiques prĂ©cĂ©dentes.

Les entĂ©ropathies exsudativesLe traitement consiste Ă  traiter la cause lorsqu’elle est identifiĂ©e (traitement de l’insuffisance cardiaque ou de la tamponnade, traitement de la tumeur
). Lors de lymphangiectasie idiopathique ou secondaire Ă  un processus inflammatoire chronique, le traitement comporte les trois mĂȘmes volets que lors d’entĂ©ropathie rĂ©pondants aux immunomodulateurs. Quelques particularitĂ©s sont toutefois Ă  connaĂźtre : une alimentation hyperdigestible et hypolipidique peut rĂ©duire la dilatation des canaux lymphatiques. L’administration de pred-nisolone qui se rĂ©vĂšle nĂ©cessaire. La dose de prednisolone est de 2-4 mg/kg/j. Un protocole dĂ©gressif lent est rĂ©alisĂ© sur plusieurs mois avec suivi des protĂ©ines totales et de l’albumine sĂ©rique. Lors de lĂ©sions de cryptites, un traitement Ă  base de ciclosporine peut ĂȘtre indiquĂ©.

Les entĂ©ropathies tumoralesLe diagnostic des entĂ©ropathies tumorales (lymphome, carcinome, GIST
) requiert la rĂ©alisation d’examens d’imagerie (Ă©chographie) et de prĂ©lĂšvements pour analyses histopathologiques.

pratiques actuelles de traitementUne pratique actuelle qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme dangereuse consiste Ă  faire rĂ©aliser une coproculture. Cet examen met naturellement en Ă©vidence des bactĂ©ries (E. coli le plus souvent) et l’écueil, parfois observĂ©, consiste Ă  prescrire un traitement antibiotique sur la base de l’antibiogramme fourni par le laboratoire. Outre l’inefficacitĂ© thĂ©rapeutique de cette pratique, le traitement prescrit expose l’ensemble du microbiote intesti-nal de l’animal Ă  l’antibiotique et fait prendre le risque de sĂ©lection de germes rĂ©sistants.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Lors d’entĂ©ropathie chronique, seule la suspicion d’entĂ©ropathie rĂ©pondant au mĂ©tronidazole justifie une anti-biothĂ©rapie.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueMĂȘme si de nombreux antibiotiques sont potentiellement efficaces (tylosine, tĂ©tracycline, ...), il est recom-mandĂ© de se limiter Ă  la seule utilisation du mĂ©tronidazole lors d’entĂ©ropathie chronique.

Cas particulier de la colite histiocytaireLa colite histiocytaire du boxer est une affection inflammatoire chronique du cĂŽlon caractĂ©risĂ©e par une infil-tration de sa muqueuse par de nombreux histiocytes. Cette inflammation provoque l’apparition d’ulcĂ©rations

entéropathies Chroniques Chez le Chien et le Chat

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101Entéropathies chroniques chez le chien et le chat

entéropathies Chroniques Chez le Chien et le Chat

marquĂ©es de la muqueuse colique. La cause de cette inflammation n’est pas totalement Ă©lucidĂ©e, mais il semblerait que la colite histiocytaire soit la consĂ©quence d’un envahissement de la muqueuse par une souche entĂ©ro-invasive de E. coli dans le colon chez certains chiens gĂ©nĂ©tiquement prĂ©disposĂ©s.

La colite histiocytaire affecte principalement les jeunes boxers (moins de 2 ans en gĂ©nĂ©ral) et les bouledo-gues français. Des signes similaires ont Ă©tĂ© dĂ©crits dans d’autres races (Bulldog anglais, Doberman, Mala-mute d’Alaska, Mastiff).

Lors de colite histiocytaire, l’inflammation et les ulcĂ©rations coliques provoquent une diarrhĂ©e mucoĂŻde avec du sang frais. Les dĂ©fĂ©cations sont alors frĂ©quentes, urgentes, et parfois douloureuses. AprĂšs plusieurs mois, on peut observer une perte de poids et une baisse d’état gĂ©nĂ©ral. En l’absence de prise en charge, le dĂ©cĂšs peut survenir.

Une analyse sanguine est recommandĂ©e pour exclure des causes mĂ©taboliques de diarrhĂ©e, ainsi qu’une recherche de parasites digestifs dans les selles.

Le diagnostic de colite histiocytaire nĂ©cessite cependant obligatoirement la rĂ©alisation d’une coloscopie qui rĂ©vĂšle des lĂ©sions de colite prolifĂ©rative et/ou ulcĂ©rative. Des biopsies viennent complĂ©ter l’examen et per-mettent d’obtenir un diagnostic de certitude par mise en Ă©vidence d’une infiltration histiocytaire. L’implica-tion d’une souche invasive d’Escherichia coli ayant Ă©tĂ© prouvĂ©e, l’analyse bactĂ©riologique d’une biopsie avec obtention d’un antibiogramme est recommandĂ©e. En revanche, l’analyse bactĂ©riologique des selles ne prĂ©-sente aucun intĂ©rĂȘt diagnostic.

Le traitement de la colite histiocytaire fait appel Ă  l’utilisation de fluoroquinolone pendant six semaines qu’il est conseillĂ© d’utiliser uniquement quand le diagnostic est confirmĂ© par biopsies et que l’on dispose de l’an-tibiogramme du E. coli pariĂ©tale. En effet, la rĂ©sistance aux fluoroquinolones est possible si l’antibiothĂ©rapie n’est pas correctement menĂ©e. Les signes cliniques s’amĂ©liorent en gĂ©nĂ©ral rapidement aprĂšs quelques jours. Le pronostic est favorable dans 60-70 % des cas (Davies 2004).

réFérenCes bibliographiques

1. Davies DR et coll. Successful management of histiocytic ulcerative colitis with enrofloxacin in two Boxer dogs. Aust Vet J. 2004;82:58-61.2. German A j et coll. Comparison of Direct and Indirect Tests for Small Intestinal Bacterial Overgrowth and Antibio-tic-Responsive Diarrhea in Dogs. J ,Vet Intern Med. 2003;17:33–43. doi:10.1111/j.1939-1676.2003.tb01321.x3. Walker D et coll. A Comprehensive Pathological Survey of Duodenal Biopsies from Dogs with Diet-Responsive Chronic Enteropathy. J Vet Intern Med. 2013 ;27:862–74. doi:10.1111/jvim.120934. Westermarck et coll. Effect of Diet and Tylosin on Chronic Diarrhea in Beagles. J Vet Intern Med. 2005;19:822–7. doi:10.1111/j.1939-1676.2005.tb02771.x5. Westermarck E et coll. Tylosin-Responsive Chronic Diarrhea in Dogs. J Vet Intern Med. 2005;19:177–86. doi:10.1111/j.1939-1676.2005.tb02679.x

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102Affections hépatobiliaires chez le chien et le chat

aFFeCtions hépatobiliaires Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

‱ Identifier les critĂšres cliniques et biologiques justifiant l’utilisation d’antibiotiques lors d’affection hĂ©patobi-liaire chez le chien et le chat

‱ ConnaĂźtre les antibiotiques Ă  utiliser en prioritĂ© lors d’infection hĂ©patobiliaire chez le chien et le chat

situation aCtuelle

ContexteChez le chien, les infections hĂ©patobiliaires (cholĂ©cystite ou cholangite infectieuse) sont gĂ©nĂ©ralement attri-buables Ă  des germes d’origine intestinale, qui colonisent les voies biliaires de maniĂšre ascendante. Les cho-lĂ©cystites reprĂ©sentent environ 25 % des affections de la vĂ©sicule biliaire chez le chien (Crews et coll. 2009) parmi lesquelles 50 % sont d’origine bactĂ©riennes (Wagner et coll. 2007).

Chez le chat, les cholangites (anciennement dĂ©nommĂ©es cholangiohĂ©patites) sont des affections hĂ©patobi-liaires relativement frĂ©quentes. On distingue deux principales entitĂ©s : les cholangites lymphocytaires et les cholangites neutrophiliques. Les formes neutrophiliques sont souvent d’origine infectieuse (infection ascen-dante d’origine intestinale, comme chez le chien) et justifient alors d’une antibiothĂ©rapie prolongĂ©e.

Les signes cliniques d’une affection hĂ©patobiliaire sont peu spĂ©cifiques : dysorexie ou anorexie, vomisse-ments/diarrhĂ©e, abattement, ictĂšre. Des examens complĂ©mentaires d’orientation sont gĂ©nĂ©ralement nĂ©ces-saires pour en prĂ©ciser l’origine hĂ©patobiliaire : augmentation des enzymes hĂ©patiques, Ă©lĂ©vation de la biliru-bine plasmatique, bilirubinurie chez le chat. L’échographie abdominale est souvent incontournable.

pratiques actuelles de traitementLors de cholĂ©cystite chez le chien et lorsque les rĂ©percussions sur l’état gĂ©nĂ©ral sont limitĂ©es, un traitement mĂ©dical est gĂ©nĂ©ralement instaurĂ©, associant cholĂ©rĂ©tique (acide ursodĂ©oxycholique) et antibiotiques. En cas d’échec du traitement mĂ©dical ou si les donnĂ©es cliniques et biologiques, ou l’imagerie mĂ©dicale laissent craindre une rupture des voies biliaires, une prise en charge chirurgicale est indiquĂ©e.

Lors de cholangite fĂ©line, le traitement associe gĂ©nĂ©ralement traitement symptomatique (anti-Ă©mĂ©tiques, parfois stimulants d’appĂ©tit
), hĂ©patotrope (S-adĂ©nosylmĂ©thionine, silybine
), cholĂ©rĂ©tiques (acide urso-dĂ©oxycholique) et antibiotiques.

pathogĂšnes en causeLes bactĂ©ries les plus frĂ©quemment isolĂ©es (Wagner et coll. 2007, Crews et coll. 2009) lors d’infection hĂ©pa-tobiliaire chez le chat et le chien sont les suivantes :‱ bacilles Ă  Gram - : Escherichia coli ;‱ coques Ă  Gram + : Enterococcus spp., Streptococcus spp. ;‱ anaĂ©robies : Bacteroides spp., Clostridium spp.

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103Affections hépatobiliaires chez le chien et le chat

aFFeCtions hépatobiliaires Chez le Chien et le Chat

rĂ©sistances connues (Wagner et coll. 2007)‱ E.coli : rĂ©sistance aux aminopĂ©nicillines et aux cĂ©phalosporines de premiĂšre gĂ©nĂ©ration chez 35 Ă  55 % des

souches, mais bonne sensibilitĂ© des entĂ©robactĂ©ries Gram - aux quinolones et aminoglycosides.‱ Bacteroides spp. : identification frĂ©quente de bĂ©ta-lactamase.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Les Ă©lĂ©ments cliniques et biologiques devant conduire Ă  suspecter une cause bactĂ©rienne lors d’affection hĂ©-patobiliaire sont les suivants : fiĂšvre, leucocytose neutrophilique, dĂ©placement Ă  gauche de la courbe Harnett avec prĂ©sence de mĂ©tamyĂ©locytes neutrophiles en circulation, prĂ©sence de neutrophiles toxiques au frottis.

La confirmation de l’origine infectieuse est prĂ©fĂ©rable, dans la mesure oĂč le traitement d’une infection hĂ©pa-tobiliaire requiert une antibiothĂ©rapie prolongĂ©e. L’obtention de prĂ©lĂšvements diagnostiques est rĂ©alisable relativement aisĂ©ment chez le chat, mais prĂ©sente plus de difficultĂ©s chez le chien en l’absence d’indication chirurgicale (voir ci-dessous). Ce sont alors les donnĂ©es cliniques, biologiques et l’imagerie mĂ©dicale qui doivent guider le clinicien dans la dĂ©cision de mettre ou non en place une antibiothĂ©rapie.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Chez le chat, la cholĂ©cystocentĂšse Ă©choguidĂ©e est un geste rĂ©alisable assez aisĂ©ment par un manipulateur expĂ©rimentĂ©. Le prĂ©lĂšvement est rĂ©alisĂ© sous tranquillisation avec un risque faible de complication chez le chat. Elle est donc fortement recommandĂ©e lorsqu’une affection hĂ©patobiliaire est suspectĂ©e (sauf obstruc-tion des voies biliaires ou suspicion de cholĂ©cystite emphysĂ©mateuse) ; elle est gĂ©nĂ©ralement couplĂ©e Ă  la rĂ©alisation de biopsies du parenchyme hĂ©patique, requises pour caractĂ©riser la cholangite et Ă©carter d’autres causes d’affection hĂ©patique. La bile doit ĂȘtre soumise en prioritĂ© pour analyse bactĂ©riologique aĂ©ro- et ana-Ă©robie ; une biopsie hĂ©patique peut Ă©galement faire l’objet de l’analyse bactĂ©riologique mais avec une sensi-bilitĂ© infĂ©rieure (Wagner et coll. 2007).

Chez le chien, le risque de rupture de vĂ©sicule biliaire n’est pas nĂ©gligeable en prĂ©sence de cholĂ©cystite infec-tieuse (Crews et coll. 2009). La cholĂ©cystocentĂšse Ă©choguidĂ©e apparaĂźt donc comme un geste plus risquĂ© que dans l’espĂšce fĂ©line et n’est pas recommandĂ©e en premiĂšre intention. La rĂ©alisation d’une culture est en revanche indispensable si une exploration chirurgicale est rĂ©alisĂ©e. Des prĂ©lĂšvements de bile, de tissu hĂ©pa-tique et de paroi vĂ©siculaire devraient alors ĂȘtre envoyĂ©s au laboratoire pour culture aĂ©robie et anaĂ©robie.

Il convient d’interprĂ©ter avec prudence un rĂ©sultat bactĂ©riologique nĂ©gatif, en raison de la prĂ©sence frĂ©quente et probablement sous-estimĂ©e de germes anaĂ©robies pouvant ĂȘtre difficiles Ă  cultiver.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLes infections hĂ©patobiliaires nĂ©cessitent gĂ©nĂ©ralement un traitement antibiotique prolongĂ© (4 Ă  6 semaines) (Rondeau 2013), d’oĂč l’intĂ©rĂȘt d’identifier autant que possible l’agent bactĂ©rien et sa sensibilitĂ© aux antibio-tiques. L’utilisation de doses d’antibiotique supĂ©rieures Ă  celles prĂ©conisĂ©es dans le RCP peut se justifier dans la mesure oĂč la distribution des antibiotiques dans les tissus hĂ©patobiliaires peut ĂȘtre faible. Cet ajustement

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104Affections hépatobiliaires chez le chien et le chat

aFFeCtions hépatobiliaires Chez le Chien et le Chat

de dose est bien rapportĂ© dans la littĂ©rature (Simpson and Washabau, 2013) mais n’a fait l’objet d’aucune Ă©tude pharmacologique permettant de dĂ©terminer la dose la plus adaptĂ©e.

Lorsqu’un traitement sans antibiogramme doit ĂȘtre utilisĂ©, le schĂ©ma suivant est recommandĂ© :‱ L’association d’amoxicilline-acide clavulanique 10-20 mg/kg 2 fois par jour (ou 3 fois par jour en cas d’admi-

nistration IV) en association avec du mĂ©tronidazole (10-15 mg/kg 2 fois par jour).‱ En l’absence d’amĂ©lioration ou d’emblĂ©e en cas de sepsis grave, et en accord si possible avec le rĂ©sultat de

l’antibiogramme, l’ajout d’une fluoroquinolone* (marbofloxacine* 2 mg/kg 1 fois par jour, enrofloxacine* 5 mg/kg 1 fois par jour, pradofloxacine 3 mg/kg 1 fois par jour). Tel que mentionnĂ© plus haut, l’administration de doses supĂ©rieures aux RCP se justifie – rappelons toutefois que chez le chat l’utilisation d’enrofloxacine Ă  des doses supĂ©rieures Ă  5 mg/kg/j est contre-indiquĂ©e de par sa toxicitĂ© rĂ©tinienne. Les aminoglycosides (gentamicine 7 mg/kg IV une fois par jour) peuvent Ă©galement ĂȘtre envisagĂ©s mais attention Ă  leur nĂ©ph-rotoxicitĂ©.

mesures alternatives et complĂ©mentaires‱ MĂ©dicaments « » (S-adĂ©nosylmĂ©thionine, silybine) et cholĂ©rĂ©tiques (acide ursodĂ©oxycholique, nĂ©anmoins

contre-indiquĂ© en cas d’obstruction biliaire).‱ Prise en charge chirurgicale en cas de rupture ou obstruction des voies biliaires.‱ Prise en charge des affections concomitantes chez le chat (pancrĂ©atite, MICI).

réFérenCes bibliographiques

1 - Crews. et coll. Clinical, ultrasonographic, and laboratory findings associated with gallbladder disease and rupture in dogs : 45 cases (1997-2007). J Am Vet Med Assoc. 2009 ; 234 : 359-66.2 - Wagner KA et coll. Bacterial culture results from liver, gallbladder, or bile in 248 dogs and cats evaluated for hepa-tobiliary disease : 1998-2003. J Vet Intern Med. 2007 ; 21 : 417-24.3 - Rondeau MP. Intrahepatic biliary disorders. In : RJ Washabau, Day MJ, eds, Canine and Feline Gastroenterology. St Louis : Elsevier Saunders ; 2013 : 927-30.4 - Simpson KW et Washabau RJ. Infection. In : RJ Washabau, Day MJ, eds, Canine and Feline Gastroenterology. St Louis : Elsevier Saunders ; 2013 : 628.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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105Pancréatites chez le chien et le chat

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résultat attendu

‱ Éviter l’utilisation systĂ©matique des antibiotiques lors de pancrĂ©atite.‱ ConnaĂźtre les critĂšres cliniques et biologiques justifiant l’utilisation d’antibiotiques lors de pancrĂ©atite.‱ ConnaĂźtre les antibiotiques utilisables lors de pancrĂ©atite lorsque l’antibiothĂ©rapie a Ă©tĂ© jugĂ©e nĂ©cessaire.

situation aCtuelle

ContexteUne pancrĂ©atite est une inflammation, la plupart du temps stĂ©rile, du pancrĂ©as. La distinction entre une pan-crĂ©atite aiguĂ« et une pancrĂ©atite chronique repose exclusivement sur des critĂšres histologiques mais n’a pas vraiment d’importance dans la dĂ©cision de traiter avec des antibiotiques ou pas. En effet, un animal atteint de pancrĂ©atite chronique peut prĂ©senter des signes cliniques importants d’expression aiguĂ« qui nĂ©cessitent un traitement antibiotique. A contrario, un animal atteint de pancrĂ©atite aiguĂ« peut prĂ©senter des signes rĂ©currents de faible intensitĂ© mimant une Ă©volution chronique et ne nĂ©cessitant pas d’antibiothĂ©rapie. C’est essentiellement l’intensitĂ© des signes cliniques et biologiques qui guide la dĂ©cision thĂ©rapeutique.

pratiques actuelles de traitementLes antibiotiques sont actuellement quasi systĂ©matiquement utilisĂ©s alors que l‘affection est inflammatoire non septique initialement. Il convient donc ici de replacer les pancrĂ©atites dans leur contexte exclusivement inflammatoire et de n’envisager l’antibiothĂ©rapie que lorsqu’une complication septique est suspectĂ©e.

pathogÚnes en causeLors de complication septique, ce sont les bactéries commensales du tube digestif qui sont en cause avec une importante prédominance de E. coli et plus anecdoctiquement des bactéries anaérobies.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

L’intensitĂ© clinique des pancrĂ©atites est trĂšs variable. Certains animaux ne prĂ©sentent que des signes d’hypo-rexie passagĂšre et de vomissements cycliques alors que d’autres prĂ©sentent de graves rĂ©percussions gĂ©nĂ©-rales (abattement, anorexie, dĂ©shydratations, hypo- ou hyperthermie, ictĂšre
).

Les complications qui assombrissent le pronostic incluent la survenue d’une insuffisance rĂ©nale aiguĂ«, une dĂ©tresse respiratoire, une CIVD, des troubles du rythme ou une nĂ©crose pancrĂ©atique Ă©tendue. Dans les cas les plus complexes, une dĂ©faillance multi-organique s’exprime rapidement. La palpation abdominale peut ne pas ĂȘtre douloureuse et l’ictĂšre est moins frĂ©quent que dans l’espĂšce fĂ©line lors d’un processus inflammatoire.

Le diagnostic diffĂ©rentiel inclut de nombreuses affections d’origine mĂ©tabolique et toutes les maladies gas-tro-intestinales au sens large, ainsi que tout syndrome abdominal aigu. Le diagnostic Ă©tiologique ne peut ĂȘtre Ă©tabli qu’au terme d’une prise en charge mĂ©dicale impliquant une sĂ©quence complĂšte d’examens complĂ©-mentaires (analyses biologiques et Ă©chographie abdominale).

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106Pancréatites chez le chien et le chat

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En situation aiguĂ«, dĂšs lors que les rĂ©percussions gĂ©nĂ©rales sont significatives et qu’un processus de translo-cation bactĂ©rienne paraĂźt possible, une antibiothĂ©rapie systĂ©mique est indiquĂ©e. Les formes bĂ©nignes (pas ou peu de rĂ©percussions gĂ©nĂ©rales) de pancrĂ©atite ne nĂ©cessitent pas d’antibiothĂ©rapie.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Les bactĂ©ries en cause ne sont quasiment jamais recherchĂ©es (Ă  l’exception de l’abcĂšs pancrĂ©atique qui fait l’objet d’une vidange per-Ă©chographique ou per-opĂ©ratoire).

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueL’utilisation des antibiotiques est assez controversĂ©e en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire puisqu’il est admis que l’inflam-mation pancrĂ©atique dĂ©coule d’un processus chimique et non septique [1]. Toutefois, nombreux sont les auteurs qui s’accordent pour recommander la mise en place d’une antibiothĂ©rapie dont l’objectif est de traiter d’éventuelles translocations bactĂ©riennes digestives. Elle est donc rĂ©servĂ©e aux pancrĂ©atites avec rĂ©percus-sions cliniques significatives. L’administration d’une bĂȘtalactamine (amoxicilline, ampicilline, cĂ©falexine
) et de mĂ©tronidazole est l’association la plus utilisĂ©e. L’utilisation des fluoroquinolones ou de la gentamicine est rĂ©servĂ©e aux cas suspects de bactĂ©riĂ©mie pouvant Ă©voluer vers un Ă©tat de choc septique.

« Le respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation »

mesures alternatives et complémentaires

Éliminer un Ă©ventuel facteur favorisantMĂȘme si de nombreuses pancrĂ©atites canines surviennent spontanĂ©ment, des facteurs de risque ont Ă©tĂ© identifiĂ©s. Il convient donc de les rechercher afin de les Ă©liminer.‱ Si l’animal reçoit une alimentation trop riche en graisse, la ration alimentaire doit ĂȘtre corrigĂ©e. Ceci est

particuliĂšrement important chez les animaux prĂ©sentant une hypertriglycĂ©ridĂ©mie ou une endocrinopathie.‱ L’interruption de mĂ©dicaments potentiellement Ă  l’origine de la pancrĂ©atite est indiquĂ©e : azathioprime,

bromure de potassium, L-asparaginase
 Les corticoĂŻdes ne semblent pas ĂȘtre clairement impliquĂ©s dans l’apparition de pancrĂ©atites.

‱ La lutte contre une Ă©ventuelle hypercalcĂ©mie est Ă©galement indiquĂ©e.

Maintenir la volĂ©mieLe maintien de la volĂ©mie grĂące Ă  la mise en place d’une perfusion adaptĂ©e est une Ă©tape incontournable.

Lutter contre la douleur Cette Ă©tape est Ă©galement cruciale car, outre le confort de l’animal, une importante douleur viscĂ©rale peut participer Ă  l’état de choc et la survenue de troubles du rythme cardiaque. L’analgĂ©sie est donc systĂ©matique lors de pancrĂ©atite aiguĂ«. Les morphiniques sont souvent nĂ©cessaires.

RĂ©alimenter : quand et comment ? En situation aiguĂ«, la maladie est principalement prise en charge par des thĂ©rapies de soutien de l’organe et de ses fonctions. En situation chronique, la prise en charge vise Ă  limiter les risques de rĂ©cidive. L’alimentation fait partie intĂ©grante de la thĂ©rapie mĂ©dicale.

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107Pancréatites chez le chien et le chat

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La réalimentation doit se faire le plus vite possible, dÚs que la réanimation médicale a été mise en place et a rétabli les désordres hydriques et électrolytiques.

Transfusion de plasmaLa transfusion de plasma frais apporte de nombreux éléments potentiellement bénéfiques au traitement des chiens atteints de pancréatite aiguë (alpha-Macroglobuline, albumine, nombreux facteurs de la coagula-tion
).

réFérenCes bibliographiques

Marks SL. Diarrhea. In : Washabau RF, Day MJ, eds, Canine and Feline Gastroenterology. St Louis : Elsevier Saunders ; 2013 : 99-108.

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Page 108: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

108Rhinites chez le chien et le chat

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résultat attendu

‱ Etre conscient que les rhinites primitives bactĂ©riennes sont exceptionnelles et que les rares agents bactĂ©-riens (Bordetella spp., Chlamydophila spp.) qui peuvent infecter la cavitĂ© nasale sans cause sous-jacente sont Ă  l’origine de rhinite aiguĂ«.

‱ Choisir un antibiotique lors du traitement d’une rhinite aiguĂ«.‱ S’interdire de renouveler une antibiothĂ©rapie lors de rhinite chronique.

situation aCtuelle

ContexteLes principales causes de rhinite chronique chez le chien et le chat sont les suivantes : 1. tumeurs nasales ; 2. rhinites inflammatoires lymphoplasmocytaires idiopathiques ; 3. rhinites virales (chez le chat) ; 4. corps étrangers ; 5. aspergilloses ; 6. fistules oro-nasales ; 7. malformations congénitales ; 8. rhinites parasitaires ; 9. sinusite chronique.

Les causes de rhinite aiguë sont les suivantes : 1. rhinites virales (chez le chat) ; 2. rhinite bactérienne (Bordetella, Pasteurella, Chlamydophilla) ;3. corps étrangers ; 4. fistules oro-nasales.

Parmi les causes citĂ©es, seule les rhinites bactĂ©riennes aiguĂ«s justifient le recours Ă  l’antibiothĂ©rapie.Lors de rhinite chronique, le traitement nĂ©cessite l’identification de la cause avec le plus souvent la rĂ©alisation d’un examen d’imagerie en coupe (scanner ou IRM).

pathogÚnes en causeLes rhinites primitives bactériennes sont rares. Ce sont des formes exclusivement aiguës dues à Bordetella bronchiseptica, Pasteurella multocida et Chlamydophila félis. Les rhinites bactériennes chroniques sont toutes secondaires à une des causes énumérées plus haut et ne constituent que des surinfections (1).

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Lors de signes de rhinite aiguĂ«, une antibiothĂ©rapie probabiliste est possible. Elle est d’autant plus lĂ©gitime s’il existe les signes classiquement associĂ©s Ă  l’infection par Bordetella spp. chez le chien (toux quinteuse et sonore) ou par Chlamydophila spp. chez le chat (conjonctivite).

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Page 109: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

109Rhinites chez le chien et le chat

rhinites Chez le Chien et le Chat

L’utilisation rĂ©pĂ©tĂ©e d’antibiotiques ou au long terme est contre-indiquĂ©e lors de rhinite chronique mĂȘme si une amĂ©lioration des signes cliniques est observĂ©e. Cette amĂ©lioration tient Ă  la rĂ©duction de la surinfection bactĂ©rienne et non au traitement de la cause.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

L’intĂ©rĂȘt d’un examen bactĂ©riologique du liquide de jetage ou d’un Ă©couvillonnage nasal est trĂšs limitĂ©. Il met, le plus souvent, en Ă©vidence une ou des bactĂ©ries commensales de la cavitĂ© nasale. Un traitement antibio-tique amĂ©liore frĂ©quemment les signes de rhinite chronique purulente, mais l’arrĂȘt du traitement est suivi d’une rĂ©cidive dĂšs lors que la cause initiale n’a pas Ă©tĂ© identifiĂ©e et traitĂ©e. Il peut ĂȘtre intĂ©ressant dans les rares cas de sinusite chronique, de pratiquer un prĂ©lĂšvement profond sur une zone suspecte. Le prĂ©lĂšvement est alors rĂ©alisĂ© Ă  la faveur d’une trĂ©panation sinusale.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLors de rhinite aiguĂ« dont la cause n’a pas Ă©tĂ© identifiĂ©e, la doxycycline, l’amoxicilline avec ou sans acide clavulanique sont indiquĂ©s si on suspecte une infection Ă  Bordetella spp., Pasteurella spp. ou Chlamydophila spp. En cas d’absence d’amĂ©lioration ou de rĂ©cidive (passage Ă  la chronicitĂ©), une recherche Ă©tiologique est nĂ©cessaire pour pouvoir traiter la cause primitive.

En rĂ©sumĂ©, l’utilisation prolongĂ©e des antibiotiques ne se justifie que pour les infections sinusales chroniques. Elles sont dĂ©tectĂ©es Ă  l’aide d’un examen d’imagerie en coupe. Pour les autres types de rhinite chronique, seule l’identification de la cause permet de traiter efficacement.

mesures alternatives et complĂ©mentairesLors de rhinite lymphoplasmocytaire idiopathique (examen d’imagerie en coupe + biopsies en faveur), le traitement est souvent frustrant. Un traitement immunomodulateur est le plus souvent mis en place avec une rĂ©ponse clinique assez alĂ©atoire. Actuellement, d’autres choix thĂ©rapeutiques sont exploitĂ©s : phytothĂ©rapie, laser thĂ©rapeutique...

Les soins locaux visant Ă  favoriser l’élimination des sĂ©crĂ©tions et Ă  rĂ©duire les surinfections doivent ĂȘtre privi-lĂ©giĂ©s : instillation de solutĂ© physiologique par les narines, nĂ©bulisations (sans antibiotiques).

réFérenCes bibliographiques

1. Berrylin J F et coll. Prospective observational study of chronic rhinosinusitis : environmental triggers and antibiotic implications. Clin Infect Dis. 2012;54:62-8. 2. Kuehn NF.Chronic Nasal in Cats : Diagnosis & Treatment. ACVIM 2010.3. Johnson LR. Maximizing Diagnostic Yield from Rhinoscopic Specimens. ACVIM 2007.4. Lappin MR, Diagnosis and Treatment of Rhinitis and Conjunctivitis in Shelter Cats (S23D). Western Veterinary Conference 2011 C .5. Kuehn NF. Chronic Nasal Disease in Dogs : Diagnosis & Treatment. ACVIM 2010.

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110Trachéobronchite aiguë chez le chien

traChĂ©obronChite aiguË Chez le Chien

résultat attendu

‱ Lors de toux d’apparition aiguĂ«, connaĂźtre les situations cliniques oĂč une antibiothĂ©rapie probabiliste est indiquĂ©e.

‱ Eviter l’utilisation abusive des fluroquinolones dans cette indication.

situation aCtuelle

ContexteLe syndrome « toux de chenil » reconnaĂźt comme cause essentielle l’infection par Bordetella bronchiseptica. D’autres agents pathogĂšnes peuvent Ă©galement ĂȘtre impliquĂ©s comme le virus parainfluenza, l’adĂ©novirus canin, l’herpesvirus canin, les rĂ©ovirus et bien sĂ»r le virus de la maladie de CarrĂ© sans oublier les Ă©ventuels mycoplasmes.

pathogĂšnes en causeBactĂ©rie Gram -, Bordetella bronchiseptica est l’agent bactĂ©rien le plus souvent isolĂ© chez des chiens atteints de trachĂ©obronchite infectieuse. Elle prĂ©sente un tropisme pour les cellules ciliĂ©es de l’appareil respiratoire du chien mais aussi du chat et de l’Homme. Les chiens de tout Ăąge sont susceptibles d’ĂȘtre infectĂ©s, mais les chiots et les animaux immunodĂ©primĂ©s semblent plus sensibles ; beaucoup de chiens restent asymptoma-tiques. Bordetella bronchiseptica est transmise par contact direct avec un animal infectĂ© (malade ou porteur asymptomatique), par le biais d’aĂ©rosols et d’expectorations. Il a Ă©galement Ă©tĂ© prouvĂ© que cette bactĂ©rie pouvait survivre et se rĂ©pliquer dans l’eau douce pendant au moins trois semaines Ă  37 °C, une contamination par le milieu extĂ©rieur (gamelles
) est donc possible. Une fois dans l’appareil respiratoire, Bordetella bronchi-septica dĂ©veloppe des facteurs Ă  l’origine de sa virulence et acquiert des propriĂ©tĂ©s lui permettant d’échap-per aux dĂ©fenses immunitaires de l’hĂŽte. Une fois l’épithĂ©lium respiratoire colonisĂ©, Bordetella bronchiseptica produit plusieurs exotoxines capables de lĂ©ser le tractus respiratoire et de limiter la rĂ©ponse immunitaire de l’hĂŽte. Le rĂŽle du lipopolysaccharide membranaire ou endotoxine est encore incertain. L’action combinĂ©e de ces facteurs serait responsable des signes du syndrome « toux du chenil », la durĂ©e d’incubation Ă©tant de 6 jours en moyenne. Bordetella bronchiseptica a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme une bactĂ©rie extra-cellulaire stricte ; cependant, des Ă©tudes rĂ©centes ont permis de montrer qu’en fonction des conditions environnemen-tales et de l’hĂŽte, Bordetella bronchiseptica serait capable de « dĂ©livrer » des protĂ©ines bactĂ©riennes directe-ment dans le cytosol des cellules hĂŽtes via un systĂšme d’intĂ©grine (protĂ©ine prĂ©sente Ă  la surface des cellules de l’hĂŽte). Ainsi, Bordetella bronchiseptica pourrait Ă©chapper aux dĂ©fenses immunitaires de l’hĂŽte, et cette position intracellulaire serait responsable d’infection et de portage chroniques (Bordetella bronchiseptica peut en effet persister jusqu’à 14 semaines dans les prĂ©lĂšvements nasaux ou trachĂ©aux de chiens non immunisĂ©s infectĂ©s expĂ©rimentalement). Bordetella bronchiseptica peut Ă  elle seule ĂȘtre responsable des signes de la tra-chĂ©obronchite infectieuse, mais en gĂ©nĂ©ral, un agent viral initiateur ou co-infectant est incriminĂ© : on parle de synergie viro-bactĂ©rienne.

traitements actuelsActuellement, l’utilisation d’antibiotiques lors de syndrome « toux de chenil » est rĂ©pandue. Le choix s’oriente souvent vers la doxycycline ou l’association amoxicilline-acide clavulanique, les sulfamides et les cĂ©phalos-porines. Le choix est ainsi souvent judicieux puisque ces antibiotiques sont efficaces. Moins judicieuse, l’utili-sation de fluoroquinolones est parfois dĂ©cidĂ©e. Certes efficace, ce choix n’est pas justifiĂ© compte tenu de leur classement critique.

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Page 111: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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traChĂ©obronChite aiguË Chez le Chien

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

La suspicion clinique est Ă©tablie dĂšs lors qu’un animal prĂ©sente un risque Ă©pidĂ©miologique en ayant frĂ©quentĂ© une collectivitĂ© canine et en prĂ©sentant une toux sĂšche, sonore et quinteuse. L’état gĂ©nĂ©ral n’est souvent pas atteint sauf si une broncho-pneumonie est prĂ©sente.

La dĂ©cision d’instaurer ou non une antibiothĂ©rapie doit ĂȘtre prise selon l’individu (clinique) et ses conditions de vie (collectivitĂ©).

Lors de jetage, d’hyperthermie, d’abattement, de signes d’atteinte de l’appareil respiratoire profond et chez les chiens vivant en collectivitĂ©, l’antibiothĂ©rapie est fortement conseillĂ©e.

En revanche, lors de forme simple, le plus souvent auto-rĂ©solutive, l’antibiothĂ©rapie peut sembler inutile, elle est pourtant recommandĂ©e par la majoritĂ© des auteurs. En effet, bien que celle-ci ne diminue pas la durĂ©e des signes cliniques, elle est conseillĂ©e afin de prĂ©venir la survenue de surinfections bactĂ©riennes.

L’implication de Bordetella bronchiseptica dans ce syndrome est suffisamment frĂ©quente et la sensibilitĂ© Ă  la doxycycline ou l’association amoxicilline-acide clavulanique suffisamment efficace pour ne pas nĂ©cessiter la rĂ©alisation de prĂ©lĂšvements pour analyse bactĂ©riologique en premiĂšre intention (signes aigus, animal jamais traitĂ© pour ces signes). Si les signes persistent au-delĂ  de 3 semaines, rĂ©cidivent ou s’aggravent, une explora-tion radiographique et endoscopique respiratoire avec analyse cytobactĂ©riologique du liquide de lavage tra-chĂ©o-bronchique ou broncho-alvĂ©olaire est indiquĂ©e. Bien qu’ayant parfois une indication pour les affections respiratoires, l’utilisation de fluoroquinolones avant la rĂ©alisation de ces prĂ©lĂšvements est dĂ©conseillĂ©e.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

La réalisation de prélÚvements respiratoires profonds est indiquée uniquement lorsque les signes persistent aprÚs le traitement initial (3 semaines de doxycycline et/ou amoxicilline-acide clavulanique).

La radiographie du thorax peut rĂ©vĂ©ler une augmentation de taille du champ pulmonaire (hyperinsufflation consĂ©cutive Ă  la dyspnĂ©e) et des Ă©lĂ©ments Ă©vocateurs d’une affection bronchopulmonaire (opacifications broncho-interstitielle voire alvĂ©olaire, diffuse ou lobaire dissymĂ©trique et ventrale).

Si l’évolution avec le traitement initial (doxycycline et/ou amoxicilline-acide clavulanique) est dĂ©favorable, l’analyse du liquide de lavage trachĂ©al ou broncho-alvĂ©olaire est conseillĂ©e. Elle permet de confirmer l’atteinte de l’appareil respiratoire profond et autorise un diagnostic Ă©tiologique. Dans le cadre d’une trachĂ©o-bronchite infectieuse compliquĂ©e, l’examen cytologique est en faveur d’un phĂ©nomĂšne inflammatoire neutrophilique (cette modification n’est bien sĂ»r pas spĂ©cifique). Les granulocytes neutrophiles apparaissent souvent dĂ©gĂ©-nĂ©rĂ©s et peuvent contenir des bactĂ©ries en position intracellulaire si un agent bactĂ©rien, et en particulier Bordetella bronchiseptica, est impliquĂ©.L’examen bactĂ©riologique permet de confirmer l’implication de Bordetella bronchiseptica ou de tout autre agent bactĂ©rien de surinfection et de choisir une antibiothĂ©rapie adaptĂ©e. Des mĂ©thodes d’identification molĂ©cu-laires (PCR) sont plus sensibles pour la dĂ©tection des Mycoplasma spp., le laboratoire doit ĂȘtre prĂ©venu de la recherche spĂ©cifique de cet agent. On peut Ă©galement procĂ©der Ă  l’isolement d’agents viraux, et en particulier de Parainfluenza et de l’AdĂ©novirus de type 2. Les techniques d’isolement et de conservation des Ă©chantillons Ă©tant spĂ©cifiques Ă  chaque laboratoire, un contact avec celui-ci est prĂ©fĂ©rable avant la rĂ©alisation des prĂ©lĂš-vements.

Trachéobronchite aiguë chez le chien

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Page 112: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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traChĂ©obronChite aiguË Chez le Chien

Trachéobronchite aiguë chez le chien

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLa voie parentérale est conseillée lors de forme compliquée. La voie orale est utilisée en premiÚre intention lors de forme simple et en relais de la voie parentérale lors de forme compliquée.

L’antibiotique est choisi en fonction des rĂ©sultats de l’antibiogramme si un prĂ©lĂšvement a Ă©tĂ© effectuĂ©, et de sa capacitĂ© Ă  diffuser dans le parenchyme pulmonaire et les sĂ©crĂ©tions bronchiques.

Une Ă©tude portant sur 78 souches de Bordetella bronchiseptica a montrĂ© que 100 % d’entre elles Ă©taient sen-sibles Ă  la doxycycline et l’amoxicilline-acide clavulanique. D’autres Ă©tudes ont mis en Ă©vidence un pourcen-tage Ă©levĂ© de rĂ©sistance Ă  l’enrofloxacine.

Pour le traitement initial, la doxycycline est l’antibiotique de choix pour le traitement de la trachĂ©obronchite infectieuse canine. Par rapport Ă  l’association amoxicilline-acide clavulanique, elle prĂ©sente l’avantage d’avoir une diffusion intracellulaire permettant d’atteindre les bactĂ©ries dans cette position.

L’antibiothĂ©rapie est instaurĂ©e pendant une durĂ©e de 2 Ă  4 semaines.

En cas d’échec, et aprĂšs isolement et antibiogramme, la marbofloxacine* peut ĂȘtre choisie pour sa bonne diffusion bronchique.

L’administration d’antibiotiques par aĂ©rosol est dĂ©conseillĂ©e contenue de l’exposition environnementale. Par contre un consensus existe pour son intĂ©rĂȘt dans l’administration des modificateurs des sĂ©crĂ©tions bron-chiques et alvĂ©olaires.

mesures alternatives et complĂ©mentairesTout animal suspect de trachĂ©obronchite infectieuse doit ĂȘtre confinĂ© et mis au repos. On veillera Ă©galement Ă  limiter tous les facteurs tussigĂšnes (excitation, port d’un collier
) susceptibles de perpĂ©tuer l’inflammation de l’appareil respiratoire.

L’utilisation des AINS est encore aujourd’hui controversĂ©e.

Les corticoĂŻdes sont Ă  Ă©viter autant que possible mais si ils doivent ĂȘtre utilisĂ©s c’est Ă  dose anti-inflamma-toire. Ils permettent de limiter la toux induite par l’inflammation. La dose conseillĂ©e est de 0,25 Ă  0,5 mg/kg PO SID ou BID pendant une durĂ©e maximale de 5 jours. L’utilisation en parallĂšle d’antibiotiques est obligatoire.

La vaccination est recommandĂ©e dĂšs qu’un sĂ©jour en collectivitĂ© est programmĂ©. Un vaccin administrĂ© par voie nasale et un vaccin administrĂ© par voie parentĂ©rale sont disponibles. Ils peuvent ĂȘtre administrĂ©s dĂšs l’ñge de 3 semaines en prĂ©voyant 2 administrations Ă  2 ou 3 semaines d’intervalle lors de forte pression infectieuse dans un Ă©levage. La voie intranasale est privilĂ©giĂ©e lors d’urgence d’immunisation (exposition trĂšs prochaine) ou lors de vaccination chez de trĂšs jeunes animaux possĂ©dant sans doute encore des anticorps maternels.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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traChĂ©obronChite aiguË Chez le Chien

Trachéobronchite aiguë chez le chien

réFérenCes bibliographiques

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114Bronchopneumonies chez le chien et le chat

bronChopneumonies Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

‱ Eviter de multiplier les traitements antibiotiques sans s’ĂȘtre interrogĂ© sur une cause sous-jacente.‱ RĂ©duire la durĂ©e des traitements antibiotiques.

situation aCtuelle

ContexteLes broncho-pneumonies sont le plus souvent primitives chez le jeune animal non encore immunisĂ©. Chez l’adulte, les broncho-pneumonies sont le plus souvent secondaires. Chez un adulte, on s’interrogera donc systĂ©matiquement sur une cause sous-jacente dysphagie, dysmotilitĂ© laryngĂ©e
 L’accent doit aussi ĂȘtre mis sur la grande difficultĂ© de distinction clinique et radiographique entre une broncho-pneumonie et d’autres maladies bronchopulmonaires comme les infestations parasitaires, les tumeurs, les pneumonies Ă©osinophi-liques
 On s’interrogera donc systĂ©matiquement sur la rĂ©alitĂ© du diagnostic en cas de rĂ©sistance au traite-ment antibiotique et on Ă©vitera de multiplier les traitements antibiotiques probabilistes sans avoir explorĂ© les autres hypothĂšses.

pratiques actuelles de traitementUn Ă©cueil est frĂ©quemment rencontrĂ©. La durĂ©e de l’antibiothĂ©rapie est trop souvent excessive (plusieurs mois) alors que nombre de bronchopneumonies sont guĂ©ries en moins de 10 jours.

Flore normale respiratoireQue ce soit chez le chien ou chez le chat, de trĂšs nombreux germes peuvent ĂȘtre isolĂ©s Ă  tous les Ă©tages de l’appareil respiratoire des animaux sains. Pour des raisons multiples, certains germes peuvent se dĂ©velopper et ĂȘtre responsables de rĂ©elles infections respiratoires la plupart du temps seuls ou en association.

Ainsi peuvent constituer la flore normale Acinetobacter, Bordetella bronchiseptica, Enterobacter, Escherichia coli, Klebsiella spp., Moraxella, Mycoplasma spp., Pasteurella spp., Pseudomonas spp., Staphylococcus spp., Streptococ-cus spp. Elle est surtout Gram + aĂ©robie dans les cavitĂ©s nasales et les sinus, pharynx et larynx, Gram + et Gram – dans la trachĂ©e et les bronches, surtout Gram + dans les bronches et les alvĂ©oles.

La flore pathogÚne retrouvée le plus souvent dans les premiÚres voies respiratoires est Bordetella bronchisep-tica, Pasteurella multocida et Mycoplasma spp.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

DĂšs lors que les signes cliniques et des lĂ©sions radiographiques de broncho-pneumonie sont prĂ©sents, un traitement antibiotique est indiquĂ©. Si le diagnostic est rĂ©cemment Ă©tabli et qu’aucun traitement n’a jamais Ă©tĂ© mis en place pour cette affection, un traitement probabiliste est indiquĂ©. Si la rĂ©ponse au traitement ne semble pas satisfaisante, une exploration est recommandĂ©e. Cette derniĂšre vise Ă  :

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115Bronchopneumonies chez le chien et le chat

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1) Ă©carter une autre maladie dont l’expression clinique et radiographique peut mimer une broncho-pneumo-nie (tumeur, pneumonie Ă©osinophilique
) ;

2) identifier une cause sous-jacente (corps étranger, dysphagie, déficit immunitaire
) ; 3) réaliser un prélÚvement broncho-alvéolaire pour analyse cytobactériologique.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Le lavage broncho-alvĂ©olaire (LBA) est l’examen complĂ©mentaire de choix pour confirmer la broncho-pneu-monie et identifier le ou les agents en cause. Il permet de prĂ©lever le contenu cellulaire, bactĂ©rien ou parasi-taire des bronches et des alvĂ©oles pulmonaires. L’examen est le plus souvent rĂ©alisĂ© Ă  l’occasion d’une bron-choscopie et consiste Ă  instiller du solutĂ© physiologique stĂ©rile dans les bronches terminales et Ă  rĂ©cupĂ©rer ce liquide par aspiration. Il peut Ă©galement ĂȘtre rĂ©alisĂ© en aveugle si les radiographies montrent que l’affection est Ă©tendue.

Le liquide rĂ©coltĂ© est distribuĂ© dans un tube EDTA pour l’analyse cytologique et dans un tube sec pour l’ana-lyse bactĂ©riologique. Une recherche d’agent bactĂ©rien (mycoplasme) ou viral par PCR ou par test antigĂ©nique peut Ă©galement ĂȘtre demandĂ©e.

L’analyse du LBA prĂ©sente des limites dont il faut tenir compte pour son interprĂ©tation : si le liquide rĂ©coltĂ© ne provient pas de la zone pathologique, le diagnostic peut ĂȘtre erronĂ©. Le guidage bronchoscopique est prĂ©-cieux pour Ă©viter cet Ă©cueil. De mĂȘme, si le processus pathologique, de type tumoral par exemple, ne libĂšre pas de cellules anormales dans la lumiĂšre des alvĂ©oles ou des bronchioles, l’examen cytologique ne sera pas reprĂ©sentatif de l’affection et seule une inflammation secondaire sera mise en Ă©vidence.

Les contre-indications tiennent Ă  l’état de l’animal : le LBA est contre-indiquĂ© en cas d’ƓdĂšme pulmonaire, de bronchospasme, de cyanose ou de dyspnĂ©e ne rĂ©pondant pas Ă  une administration d’oxygĂšne pur.

Les complications sont rares : hypoxie transitoire, Ă  combattre rapidement par apport d’oxygĂšne, bronchos-pasme chez le chat, que l’on peut prĂ©venir par administration d’un bronchodilatateur en prĂ©mĂ©dication.

Concernant l’analyse bactĂ©riologique du LBA, il est admis classiquement, selon les travaux de Peeters, qu’en dehors de la confrontation avec l’analyse cytologique, un rĂ©sultat est considĂ©rĂ© comme positif quand on trouve plus de 1,7 103 colonies formant unitĂ© par mL. Les germes les plus frĂ©quemment mis en Ă©vidence sont listĂ©s dans le Tableau 1.

L’étude la plus rĂ©cente sur les pneumonies par aspiration n’apporte que peu de prĂ©cisions sur les pathogĂšnes incriminĂ©s.

germes isolements chez 468 chiensE coliPasteurella spp.Bordetella bronchisepticaAnaérobies obligatoiresSteptococcus spp.Staphylococcus spp. coag+Klebsiella pneumoniaeMoraxella spp.Enterococcus spp.Pseudomonas aeruginosa

77695041403721171715

tableau 1 : principaux germes isolés dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire de chiens atteints de broncho-pneumonie)

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116Bronchopneumonies chez le chien et le chat

bronChopneumonies Chez le Chien et le Chat

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueEn fonction du contexte clinique et du bilan d’imagerie mĂ©dicale, une antibiothĂ©rapie probabiliste reposera sur l’utilisation de cĂ©phalosporines, d’amoxicilline, de sulfamides, de tĂ©tracyclines ; lors de suspicion de par-ticipation de germes anaĂ©robies (notamment lors de complications de fausses dĂ©glutitions [Bacteroides spp., Nocardia spp., Actinomyces spp., Corynebacterium spp.]), le mĂ©tronidazole ou la clindamycine bien que hors AMM trouvent une excellente indication. Les quinolones doivent ĂȘtre rĂ©servĂ©es aux formes graves ou lors de rĂ©orientation thĂ©rapeutique aprĂšs rĂ©alisation d’un antibiogramme.

La prĂ©sence de Gram - justifie initialement l’utilisation des sulfamides, des tĂ©tracyclines ou des quinolones, mais la sensibilitĂ© de ces germes peut ĂȘtre variable lors de pneumonies graves. Celle de Gram + jusitifie les pĂ©nicillines, les cĂ©phalosporines et les sulfamides.

En fonction de l’importance des lĂ©sions et de leur nature (abcĂšs ou infections diffuses, pneumopathies lo-baires) la voie parentĂ©rale doit ĂȘtre privilĂ©giĂ©e pour son intĂ©rĂȘt dans l’administration des modificateurs des secrĂ©tions bronchiques et alvĂ©olaires.

L’administration d’antibiotiques par aĂ©rosol est dĂ©conseillĂ©e Ă  cause de l’exposition environnementale. Par contre un consensus existe pour son intĂ©rĂȘt dans l’administration des modificateurs des sĂ©crĂ©tions bron-chiques et alvĂ©olaires.

La durĂ©e du traitement varie bien sĂ»r en fonction de la nature de l’affection reconnue : au minimum 10 jours aprĂšs rĂ©solution des images radiographiques anormales.

antibiotique pourcentage du pic sérique atteint dans les secrétions bronchiques

Ampicilline 4-10

Érythromycine 5

Amoxicilline 2-6

CĂ©foxitine 20

Doxycycline 20

Gentamicine 40

Clindamycine 60

Fluoroquinolones 70

MĂ©tronidazole 100

tableau 2 : Concentration de différents antibiotiques dans les sécrétions bronchiques

Des travaux déjà anciens ont établi la relation entre la concentration sérique et celle dans les secrétions bron-chiques. Les résultats sont présentés dans le Tableau 2.

Le respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

mesures alternatives et complĂ©mentairesLes bronchopneumonies induisent une altĂ©ration des Ă©changes gazeux et une inadĂ©quation entre les sec-teurs ventilĂ©s et les secteurs perfusĂ©s. Une hypoxie peut en rĂ©sulter. Elle est cliniquement manifeste lors de dĂ©tresse respiratoire avec cyanose des muqueuses. Une supplĂ©mentation en oxygĂšne doit ĂȘtre apportĂ©e si la saturation en oxygĂšne est infĂ©rieure Ă  94 % ou si la pression partielle artĂ©rielle en oxygĂšne (PaO2) est infĂ©-

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117Bronchopneumonies chez le chien et le chat

bronChopneumonies Chez le Chien et le Chat

rieure Ă  80 mmHg. La supplĂ©mentation en oxygĂšne peut ne pas suffire Ă  amĂ©liorer l’oxygĂ©nation des animaux gravement atteints. La persistance d’une hypoxĂ©mie malgrĂ© une supplĂ©mentation adaptĂ©e en oxygĂšne est une indication de ventilation mĂ©canique assistĂ©e. Elle doit ĂȘtre envisagĂ©e lorsque la PaO2 reste infĂ©rieure Ă  50 mmHg malgrĂ© la supplĂ©mentation en oxygĂšne ou si la PaCO2 est supĂ©rieure Ă  50 mmHg (hypoventilation).La mise sous perfusion est frĂ©quemment nĂ©cessaire et vise Ă  maintenir la volĂ©mie mais Ă©galement Ă  optimi-ser l’hydratation. Lors de dĂ©shydratation, la qualitĂ© du mucus respiratoire est altĂ©rĂ©e et l’efficacitĂ© de l’esca-lator muco-ciliaire diminuĂ©e. Une attention particuliĂšre sera portĂ©e au fait de ne pas provoquer de surcharge volumique surtout chez le chat et les chiens souffrant de cardiopathie concomitante.

Les nĂ©bulisations de solutĂ© physiologique stĂ©rile sont indiquĂ©es pour fluidifier les sĂ©crĂ©tions et favoriser leur Ă©limination. De courtes promenades aprĂšs les sĂ©ances de nĂ©bulisation sont recommandĂ©es pour favoriser le dĂ©crochage des sĂ©crĂ©tions. Des sĂ©ances de kinĂ©sithĂ©rapie respiratoire aprĂšs chaque nĂ©bulisation permettent d’optimiser l’élimination du mucus. Ces mesures de kinĂ©sithĂ©rapie respiratoire ne peuvent ĂȘtre mises en Ɠuvre que sur les animaux stables.

Cas particuliers des mycobactĂ©riosesLe caractĂšre zoonotique et le risque de contribuer Ă  l’apparition de nouvelles rĂ©sistances amĂšnent Ă  contester la mise en place de l’antibiothĂ©rapie, bien qu’en pratique il ne soit pas toujours aisĂ© de convaincre les propriĂ©-taires, en l’absence de rĂ©glementation officielle.

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118Affections pleurales bactériennes chez le chien et le chat

aFFeCtions pleurales baCtériennes Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

‱ ConnaĂźtre les critĂšres diagnostiques d’une pleurĂ©sie septique (pyothorax).‱ ConnaĂźtre les bactĂ©ries le plus frĂ©quemment incriminĂ©es chez le chien et chez le chat.‱ ĂȘtre capable de choisir une antibiothĂ©rapie probabiliste en attendant l’arrivĂ©e de l’examen bactĂ©riologique.

situation aCtuelle

ContexteL’origine de l’infection pleurale est souvent indĂ©terminĂ©e, et peut ĂȘtre variĂ©e : migration d’un corps Ă©tranger ingĂ©rĂ© ou inhalĂ©, plaie thoracique pĂ©nĂ©trante (morsure
), extension d’un autre foyer infectieux (infection respiratoire haute, pneumonie bactĂ©rienne ou fongique, discospondylite, abcĂšs pulmonaire), tumeur pulmo-naire, mĂ©diastinite, perforation Ɠsophagienne, traumatisme pulmonaire ou de la paroi thoracique, dissĂ©mi-nation par voie hĂ©matogĂšne ou lymphatique, ou iatrogĂšne. L’extension d’un foyer infectieux bronchopulmo-naire semble ĂȘtre la cause majoritaire chez le chat, et la migration d’un corps Ă©tranger celle du chien. L’origine de l’infection est dĂ©terminĂ©e dans 14 Ă  67 % des cas [1-3].

pathogĂšnes en cause (tableau 1)De nombreux germes peuvent ĂȘtre incriminĂ©s lors de pyothorax, notamment des germes anaĂ©robies. Selon les auteurs, les principaux germes pour chacune des deux espĂšces sont variables. Chez le chien, on retrouve gĂ©nĂ©ralement des germes anaĂ©robies obligatoires ou des germes filamenteux Gram + (Actinomyces spp., Nocardia spp.). Escherichia coli est Ă©galement bien reprĂ©sentĂ©e dans certaines Ă©tudes. Chez le chat, les princi-paux germes mis en Ă©vidence sont des anaĂ©robies obligatoires et/ou Pasteurella spp. ainsi que des germes du genre Clostridium spp. Dans la plupart des cas, des infections mixtes sont observĂ©es, et les germes prĂ©sents dans l’espace pleural sont ceux rencontrĂ©s dans l’environnement, et dans les flores oro-pharyngĂ©es et cuta-nĂ©es des chiens et des chats. L’identification d’Actinomyces spp. est souvent associĂ©e Ă  la prĂ©sence d’un corps Ă©tranger.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

germes Caractéristiques gramFréquence chez

le chien [1,2]Fréquence chez

le chat [2,3]Actinomyces spp. Anaérobie facult. à oblig.

non acido-résistant+ 3 % 11 % 15 % 9 %

Bacillus spp. AĂ©robie + 2 %

Bacteroides spp. Anaérobie oblig. - 5 % 36 % 15 % 44 %

Clostridium spp. Anaérobie oblig. + 6 % 0 % 38 % 2 %

Corynebacterium spp. Aérobie, anaérobie facult. + 11 %

Enterobacter spp. Aérobie, anaérobie facult. - 1 % 4 % 0 %

Escherichia coli Aérobie, anaérobie facult. - 10 % 6 % 2 %

Fusobacterium spp. Anaérobie oblig. - 3 % 30 % 17 % 31 %

tableau 1 : principaux germes isolés lors de pyothorax selon 1, 2 et 3

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119Affections pleurales bactériennes chez le chien et le chat

aFFeCtions pleurales baCtériennes Chez le Chien et le Chat

germesCaractéristiques gram

Fréquence chez le chien [1,2]

Fréquence chez le chat [2,3]

Klebsiella spp. Aérobie, anaérobie facult. - 6 % 2 % 0 %

Nocardia spp. Aérobie, anaérobie facult.acido-résistant

+ 2 % 2 % 0 %

Pasteurella spp. Aérobie, anaérobie facult. - 3 % 11 % 40 % 29 %

Peptostreptococcus spp. Anaérobie obligatoire + 5 % 38 % 38 %

Pseudomonas spp. AĂ©robie - 1 % 2 % 0 %

Staphylococcus spp. Aérobie, anaérobie facult. + 10 % 2 % 2 %

Streptococcus spp. Aérobie, anaérobie facult. + 6 % 6 % 0 %

tableau 1 (suite) : principaux germes isolés lors de pyothorax selon 1, 2 et 3

L’examen cytologique du liquide pleural est la pierre angulaire du diagnostic. Il a pour objectif de savoir si le liquide est inflammatoire et septique ou s’il contient des cellules suspectes de malignitĂ©. Il faudra toujours tenir compte des ponctions antĂ©rieures pouvant modifier le liquide natif.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Une antibiothĂ©rapie par voie gĂ©nĂ©rale est instaurĂ©e une fois les prĂ©lĂšvements bactĂ©riologiques rĂ©alisĂ©s. Compte tenu des contraintes de diffusion des antibiotiques dans l’espace pleurale et des bactĂ©ries frĂ©quem-ment incriminĂ©es, le traitement de premiĂšre intention varie selon l’espĂšce, l’aspect du liquide et les observa-tions cytologiques.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

La thoracocentĂšse est un geste Ă  la fois diagnostique et thĂ©rapeutique. Les premiers millilitres doivent ĂȘtre prĂ©levĂ©s et conservĂ©s dans un tube sec et un tube EDTA pour les analyses (physico-chimique, cytologique et bactĂ©riologique). Les prĂ©lĂšvements doivent ĂȘtre rapidement acheminĂ©s au laboratoire d‘analyse.

Macroscopiquement, le liquide est opaque et trouble ; la couleur est variable (de blanc Ă  rouge ou ambre). Parfois des granules de sulfure sont prĂ©sents (grains jaunes) et sont Ă©vocateurs d’une infection Ă  Actinomyces spp. ou Nocardia spp. Une odeur nausĂ©abonde suggĂšre la prĂ©sence de germes anaĂ©robies.

À l’analyse cytologique, les polynuclĂ©aires neutrophiles dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s sont le plus souvent majoritaires, mais des neutrophiles non dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s peuvent prĂ©dominer. Des macrophages et des cellules mĂ©sothĂ©liales rĂ©actives peuvent Ă©galement ĂȘtre observĂ©s, notamment lors d’épanchement chronique. Des bactĂ©ries intra-ou extra-cellulaires sont souvent prĂ©sentes (leur absence ne permet pas d’exclure un pyothorax, notamment si un traitement antibiotique a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mis en place). Des Ă©lĂ©ments filamenteux peuvent ĂȘtre observĂ©s en cas de prĂ©sence d’Actinomyces spp. ou Nocardia spp. La probabilitĂ© de mettre en Ă©vidence ces germes est augmentĂ©e en cas d’analyse cytologique sur les granules de sulfure. Plus rarement, des Ă©lĂ©ments fongiques sont prĂ©sents en cas d’extension de maladie fongique pulmonaire.

1 : étude sur 87 cultures bactériennes issues de 46 chiens. 2 : étude sur 47 chiens et 45 chats. 3 : étude sur 52 chats.facult. : facultatif ; oblig. : obligatoire.

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120Affections pleurales bactériennes chez le chien et le chat

aFFeCtions pleurales baCtériennes Chez le Chien et le Chat

L’analyse bactĂ©riologique du liquide d’épanchement peut rester stĂ©rile (30 % des cas), notamment lors de prĂ©sence de germes anaĂ©robies ou bien lorsqu’un traitement antibiotique a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mis en place.

Dans tous les cas, une culture bactĂ©riologique aĂ©ro-anaĂ©robies doit ĂȘtre envoyĂ©e et un antibiogramme de-mandĂ©.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueChez le chat, le premier choix portera sur l’association amoxicilline-mĂ©tronidazole. La clindamycine, grĂące Ă  son spectre anaĂ©robie et sa bonne diffusion dans les milieux suppurĂ©s constitue une bonne alternative.

Chez le chien, l’association amoxicilline-mĂ©tronidazole reste un bon compromis. La part de bactĂ©ries Gram nĂ©gatif Ă©tant plus importante dans cette espĂšce, l’identification de bacilles Gram - Ă  l’examen cytologique peut justifier l’ajout d’une fluroquinolone (en association avec l’amoxicilline et le mĂ©tronidazole) dans cette espĂšce. En revanche, lors de pyothorax d’aspect floconneux avec granules de sulfures et l’identification de coques en chapelets Ă  l’examen cytologique, les sulfamides constituent le traitement de choix.

Le traitement antibiotique est ensuite adaptĂ© en fonction des rĂ©sultats de la culture et de l’antibiogramme. Cependant, l’antibiotique dirigĂ© contre les anaĂ©robies doit ĂȘtre maintenu mĂȘme si la culture n’en a pas mis en Ă©vidence (culture des germes anaĂ©robies difficile). En moyenne, la durĂ©e du traitement est de 5 Ă  7 se-maines, et certains auteurs recommandent de le poursuivre 2 semaines aprĂšs la disparition des signes radio-graphiques de pyothorax.

mg/kg voie Fréquence

Ampicilline 20 PO / IV / SC 12 heures

Amoxicilline + ac clav 25 PO 12 heures

CĂ©falexine 30 PO / SC / IV / IM 8 heures

Doxycycline 10 PO 12 heures

Gentamicine 7 IV 24 heures

TriméthoprimeSulfamethoxazole

30 PO / IM / SC / IV 12 heures

Lincomycine 10 IM 12 Ă  24 heures

Lincomycine + spectinomycine 1 ml/5kg IM 12 Ă  24 heures

MĂ©tronidazole 12-25 PO / IV 12 heures

Marbofloxacine* 4 PO / IM / SC / IV 24 heures

Enrofloxacine* 5 PO / IM / IV 12 heures

tableau 2 : dose des principaux antibiotiques utilisés lors de pleurésie bactérienne

drainage pleuralDans certains cas, une premiĂšre thoracocentĂšse associĂ©e Ă  l’initiation du traitement antibiotique suffit Ă  limi-ter la rĂ©accumulation de fluide pleural. NĂ©anmoins la plupart des cas nĂ©cessitent la pose d’un ou de deux drains thoraciques.

De nombreux auteurs prĂ©fĂšrent la pose d’un ou deux drains thoraciques pour effectuer le drainage. En cas d’épanchement bilatĂ©ral, situation la plus frĂ©quente, il est recommandĂ© de placer un drain de chaque cĂŽtĂ© afin d’optimiser le drainage (la communication entre les deux hĂ©mithorax pouvant ĂȘtre altĂ©rĂ©e par les rema-niements pleuraux et par la viscositĂ© du fluide). Leur placement est vĂ©rifiĂ© par radiographie thoracique. Le drainage doit ĂȘtre effectuĂ© toutes les 2 Ă  6 heures selon la production les premiĂšres 48 heures.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 121: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

121Affections pleurales bactériennes chez le chien et le chat

aFFeCtions pleurales baCtériennes Chez le Chien et le Chat

La mise en place de drains thoraciques permet Ă©galement le lavage de la cavitĂ© pleurale. Ces lavages per-mettent de faciliter le drainage en limitant l’obstruction des drains et en favorisant le dĂ©bridement des plĂšvres par rupture des adhĂ©rences et de la fibrine, et permettent de diluer les bactĂ©ries et les mĂ©diateurs de l’inflam-mation. Ils permettraient Ă©galement de diminuer le temps de maintien des drains. Les lavages sont rĂ©alisĂ©s Ă  l’aide d’un solutĂ© physiologique stĂ©rile. Une Ă©tude a permis de montrer l’intĂ©rĂȘt d’hĂ©pariner la solution afin de favoriser les ruptures d’adhĂ©rences [3].

mesures alternatives et complĂ©mentairesL’approche chirurgicale du pyothorax a pris de plus en plus d’importance ces derniĂšres annĂ©es avec le dĂ©ve-loppement des techniques d’imagerie et d’intervention mini-invasive. Elle peut ĂȘtre conseillĂ©e dans diffĂ©-rentes situations :‱ aprĂšs une premiĂšre prise en charge mĂ©dicale, lorsque le traitement mĂ©dical seul n’apporte pas d’amĂ©liora-

tion significative aprĂšs 2 Ă  3 jours ;‱ chez le chien, certaines Ă©tudes ont montrĂ© une amĂ©lioration trĂšs significative du pronostic lorsqu’une ap-

proche chirurgicale Ă©tait dĂ©cidĂ©e en premiĂšre intention ;‱ lorsque l’origine du pyothorax est identifiĂ©e et localisĂ©e par les diffĂ©rentes techniques d’imagerie (corps

Ă©tranger, abcĂšs pulmonaire, torsion de lobe
) ;‱ certains auteurs recommandent Ă©galement une approche chirurgicale en cas de mise en Ă©vidence d’Actino-

myces spp. dans l’épanchement (gĂ©nĂ©ralement associĂ© Ă  la prĂ©sence d’un corps Ă©tranger).

réFérenCes bibliographiques

1. Barrs VR, Beatty JA. Feline pyothorax - new insights into an old problem: part 1. Aetiopathogenesis and diagnostic investigation. Vet J. 2009;179:163-70.2. Barrs VR, Beatty JA. Feline pyothorax - new insights into an old problem: part 2. Treatment recommendations and prophylaxis. Vet J. 2009;179:171-8.3. Boothe HWet coll. Evaluation of outcomes in dogs treated for pyothorax: 46 cases (1983-2001). J Am Vet Med Assoc. 2010;236:657-63.4. Cadoré JL. Diagnostiquer et traiter, une pleurésie bactérienne chez le chien et le chat. Nouveau Prat Vét. Hors série 2006;371:27-32.5. Demetriou, JL et coll. Canine and feline pyothorax: a retrospective study of 50 cases in the UK and Ireland. J Small Anim Pract. 2002;43:388-94.6. Mellanby RJ et coll. Canine pleural and mediastinal effusions : a retrospective study of 81 cases. J Small Anim Pract. 2002 ;43 :447-51.7. Olsen JD. Rational antibiotic therapy for respiratory disorders in dogs and cats. Vet Clin North Am Small Anim Pract. 2000;30:1337-55.8. Papich MG. Antibiotic therapy : what to do befor microbiologist arrives. IVECC symposium, 2007.9. Rooney MB, Monnet E. Medical and surgical treatment of pyothorax in dogs: 26 cases (1991-2001). J Am Vet Med Assoc. 2002;221:86-92.10. Scott JA, Macintire DK. Canine Pyothorax: Clinical Presentation, Diagnosis, and Treatment. Compend Contin Educ Pract Vet. 2003;25:180-94.11. Swinbourne F et coll. Computed tomographic findings in canine pyothorax and correlation with findings at explo-ratory thoracotomy. J Small Anim Pract. 2011;52:203-8.12. Walker AL et coll. Bacteria associated with pyothorax of dogs and cats: 98 cases (1989-1998). J Am Vet Med Assoc. 2000 ; 216 :359-6.

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Page 122: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

122Rhinopneumonies infectieuses chez le lapin de compagnie

rhinopneumonies inFeCtieuses Chez le lapin de Compagnie

obJeCtiFs

1. Prise en compte globale des causes de ce syndrome (approche multifactorielle).2. Aide à un diagnostic plus précis avant traitement.3. Promouvoir le bon usage des antibiotiques dans ce syndrome respiratoire.

situation aCtuelle

ContexteLe lapin est un animal Ă  respiration nasale obligatoire. Le syndrome rhinopneumonie est frĂ©quent chez le lapin animal de compagnie, en particulier sous la forme «coryza» qui s’accompagne de suppuration des voies respiratoires hautes. Les causes infectieuses sont dominantes, bactĂ©riennes ou virales. Des causes non infec-tieuses favorisent l’apparition de ces infections : les conditions d’ambiance et le mode de vie, ainsi que la gĂ©nĂ©tique. La morphologie des lapins nains au nez trĂšs aplati et aux sinus courts est un facteur gĂ©nĂ©tique favorisant les rhinites. Une approche multifactorielle de ce syndrome serait souhaitable, comme en Ă©levage «industriel». D’autant que la majoritĂ© des lapins de compagnie vendus en animalerie proviennent d’élevages importants spĂ©cialisĂ©s en production de lapins nains. Le diagnostic diffĂ©rentiel est Ă  faire principalement avec les complications de malocclusion dentaire.Il faut bien noter que les lapins de compagnie ne sont jamais consommĂ©s, que la majoritĂ© des traitements sont individuels sur animaux malades, et que les volumes d’animaux traitĂ©s, mĂȘme si la population de lapin de compagnie est de plus en plus grande (estimĂ©e Ă  600 000 animaux), sont sans comparaison avec la produc-tion des lapins de chair (estimĂ©s Ă  40 millions d’animaux), destinĂ©s Ă  la consommation humaine et soumis le plus souvent Ă  des traitements collectifs curatifs ou prĂ©ventifs.

pratiques actuelles de traitementLe traitement le plus couramment mis en place chez le lapin de compagnie est une antibiothérapie, souvent sans recherche préalable approfondie de la cause réelle ou des germes éventuellement en cause, et une thé-rapie par aérosol.

Ă©tiologie

FiliĂšre animaux de Compagnie / lapin

Causes prinCipales Commentaires

bactĂ©riesPasteurella multocida Agent majeur ; contamine tout l’appareil respiratoire ; transmission par contact et aĂ©rosol, il existe

des porteurs

Bordetella bronchiseptica Aggrave syndrome lors de co-infection avec pasteurelles

Mycoplasma arginini Signes modérés si seul ; aggrave si co-infection avec pasteurelles ; transmission directe, il existe des porteursMycoplasma bovis

Staphylococcus aureus Dans cavités nasales des porteurs

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Page 123: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

123Rhinopneumonies infectieuses chez le lapin de compagnie

Causes prinCipales CommentairesvirusMyxomatose Surtout forme respiratoire Ă  transmission directe, et forme nodulaire obstructive des narines

Maladie virale hémorragique

Evolution trĂšs rapide avec dyspnĂ©e et mort par hĂ©morragie, dans la forme « classique » en cours de disparition (seulement 2 % des cas) au profit d’un variant RHVD2 provoquant essentiellement une hĂ©patite virale (98 % des cas)

non infectieusesConditions d’ambiance Changement brusque de tempĂ©rature, trop forte ventilation avec mouvements importants d’air,

aĂ©ration insuffisante avec prĂ©sence d’un taux anormalement Ă©levĂ© d’ammoniac, humiditĂ©

Mode de vie avec stress Surpeuplement, lieu inadapté, bruits, présence de prédateur (chien, chat, furet), malnutrition

Génétique, morphologie Races naines au nez trÚs aplati et au sinus courts favorisant les rhinites

Malocclusion dentaire Malocclusion dentaire maxillaire de stade 4 et 5 : pousse rétrograde vers cavité nasale et sinus, puis complication infectieuse à anaérobies (Eusobacterium necrophorum...)

Ă©tiologie (suite)

diagnostic différentiel

rĂ©sistances connuesLes sensibilitĂ©s naturelles classiques des grands groupes de germes par rapport aux familles d’antibiotiques sont respectĂ©es. En Ă©levage industriel de lapins, de nombreuses rĂ©sistances existent et obligent un antibio-gramme avant traitement. Quelques Ă©tudes, dont Rougier et coll (2006), donnent une idĂ©e des bactĂ©ries et de leur sensibilitĂ© chez les lapins de compagnie prĂ©sentant une rhinite.

diagnostic différentiel Commentaires

Malocclusion dentaire Malocclusion maxillaire de stade 4 et 5 : pousse rétrograde vers cavité nasale et sinus provoquant des écoulements chroniques

Corps étranger Rare (narines étroites, forte sensibilité) sauf si poils longs

Suite d’intubation TrachĂ©ite, ƓdĂšme laryngĂ©

Trauma thoracique Induisant pneumothorax ou hernie diaphragmatique

Maladies cardio-vasculaires Toux, Ɠdùme pulmonaire

Allergies respiratoires Peu documentées chez le lapin de compagnie

Tumeurs Tumeurs nasales primaires et pulmonaires primaires et secondaires

rhinopneumonies inFeCtieuses Chez le lapin de Compagnie

antibiotiquepasteurella multocida

bordetella bronchiseptica

mycoplasmesstaphylococcus

aureusPĂ©nicilline G procaĂŻne ++ - +

Dihydrostreptomycine +++ + +

Gentamicine ++ +++ + ++

Colistine + +++ 0

TétracyclineChlortétracyclineOxytétracyclineDoxycycline

++ +++ +++ +++

sensibilitĂ© chez le lapin d’élevage (modifiĂ© d’aprĂšs Boucher et Nouaille 2013)

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Page 124: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

124Rhinopneumonies infectieuses chez le lapin de compagnie

rhinopneumonies inFeCtieuses Chez le lapin de Compagnie

sensibilitĂ© chez le lapin d’élevage (suite) (modifiĂ© d’aprĂšs Boucher et Nouaille 2013)

antibiotiquepasteurella multocida

bordetella bronchiseptica

mycoplasmesstaphylococcus

aureusChloramphénicol +++ +++ +++

Spiramycine + / - + / - +++ +++

TilmicosineTildipirosineTulathromycine

+ - +++ ++

Trimethoprime + Spiramycine

++ ++ +++ ++

Sulfadimethoxine + Triméthoprime

++ ++ - ++

Flumiquine ++ ++ - ++

EnrofloxacineMarbofloxacineDanofloxacine

++ +++ ++ ++

Tiamuline + + / - +++

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

La dĂ©cision de la mise en place d’une antibiothĂ©rapie doit se baser impĂ©rativement sur un diagnostic prĂ©cis. Ceci inclut une localisation de l’affection, une identification du ou des pathogĂšnes. En cas d’infection bac-tĂ©rienne, culture, identification et antibiogramme sont indiquĂ©s. Une thĂ©rapie multimodale est plus satis-faisante qu’une antibiothĂ©rapie seule. La prise en compte des conditions d’ambiance et du mode de vie est indispensable.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

prĂ©lĂšvements‱ Ecouvillonnage intranasal : sur animal vigile avec un Ă©couvillon trĂšs fin prĂ©alablement humidifiĂ© d’une solu-

tion stĂ©rile isotonique (NaCl 0,9 % ou Ringer lactate) ou sous sĂ©dation ou anesthĂ©sie. L’étroitesse des cavitĂ©s nasales du lapin, associĂ©e Ă  la petite taille des races naines, ne permet cependant pas la plupart du temps d’écouvillonner suffisamment profondĂ©ment pour obtenir un rĂ©sultat fiable.

‱ Lavage trachĂ©o-bronchique.‱ PrĂ©lĂšvements d’autopsie : trachĂ©e, poumon (trĂšs utile dans un groupe d’animaux si l’un d’entre eux dĂ©cĂšde).

analyses‱ Culture bactĂ©rienne (aĂ©robie, anaĂ©robie), identification, antibiogramme vĂ©tĂ©rinaire‱ PCR de Mycoplasma spp. ou plus spĂ©cifiques (M. arginini, M. bovis)‱ PCR virales : en particulier myxomatose, et maladie virale hĂ©morragique‱ PCR des gĂšnes de virulence de staphylocoques‱ Recherche de l’ornitine dĂ©carboxylase des Pasteurella multocida (OCD+)

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Page 125: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

125Rhinopneumonies infectieuses chez le lapin de compagnie

rhinopneumonies inFeCtieuses Chez le lapin de Compagnie

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueNe pas oublier que de nombreux antibiotiques prĂ©sentent une toxicitĂ© chez le lapin et ne peuvent ĂȘtre utilisĂ©s mĂȘme s’ils sont en thĂ©orie actifs sur les germes isolĂ©s. C’est le cas en particulier de l’ampicilline et l’amoxi-cilline, des pĂ©nicillines et cĂ©phalosporines par voie orale, des lincosamides (lincomycine, clindamycine), de la tylosine et du florfĂ©nicol. Certains antibiotiques sont Ă  utiliser avec prĂ©caution car ils prĂ©sentent un danger pour l’animal traitĂ© : les tĂ©tracyclines Ă  forte dose par voie orale, la dihydrostreptomycine Ă  forte dose par voie orale, la nĂ©omycine injectable, la colistine injectable Ă  double dose, la tiamuline Ă  dose Ă©levĂ©e.

La durĂ©e du traitement peut ĂȘtre de quelques jours pour les formes aiguĂ«s, mais les formes chroniques peuvent nĂ©cessiter une antibiothĂ©rapie prolongĂ©e jusqu’à 2 ou 3 mois. Il convient alors de suivre l’animal pĂ©riodiquement pour renouveler la prescription.

Dans certains cas chroniques une antibiothĂ©rapie par voie orale ne semble pas suffisante. Il peut s’agir d’une identification incorrecte ou d’une infection bactĂ©rienne enkystĂ©e et dans laquelle les antibiotiques diffusent mal, type granulome ou abcĂšs nasal ou pulmonaire.

Le tableau ci-dessous mentionne les antibiotiques utilisables dans cette indication respiratoire chez le lapin, avec ou hors AMM. La dose indiquĂ©e dans le RĂ©sumĂ© des CaractĂ©ristiques du Produit (RCP) pour le lapin est en italique. Le prescripteur appliquera bien sĂ»r la cascade en fonction du rĂ©sultat du ou des antibiogrammes vĂ©tĂ©rinaires et de l’efficacitĂ© rĂ©elle constatĂ©e. Sauf indication contraire le prescripteur utilise initialement un mĂ©dicament avec AMM lapin pour l’indication d’infection respiratoire : trois tĂ©tracyclines, quatre sulfamides Ă©ventuellement potentialisĂ©s par le trimĂ©thoprime, un macrolide (tilmicosine), et deux quinolones (flumi-quine et enrofloxacine), tous par voie orale sauf une prĂ©sentation d’oxytĂ©tracycline injectable.

L’usage des cĂ©phalosporines de 3e gĂ©nĂ©ration, mĂȘme s’il est techniquement faisable par voie parentĂ©rale (mais non mentionnĂ© dans le tableau), et celui des fluoroquinolones, est Ă  Ă©viter si d’autres options sont possibles.

prinCipe aCtiF posologie (italique = rCp) p m lapin autres respiPĂ©nicilline G procaĂŻne 60000 uI/kg IM 3 fois par jour x x x

CĂ©falexine 15 mg/kg SC 2 fois par jour x x x

Dihydrostreptomycine En injection pour indication respiratoire 75 mg/kg IM SC x x x

Gentamicine En injection pour indication respiratoire 10 mg/kg IM SC x x x

Colistine 25000 uI/kg IM 2 fois par jour 3 jours x x

TĂ©tracycline 15 Ă  30 mg/kg/j PO 3 Ă  5 jours ou 50 mg/kg, PO, 2 fois/j x x x x x

Chlortétracycline 20 à 40 mg/kg/j PO 10 jours ou 50 mg/kg, PO, 1 fois/j x x x x

Oxytétracycline 20 mg/kg/j PO 3 à 5 jours ou 5 à 10 mg/kg/j IV IM SC IP 3 à 5 jours ou 30 mg/kg, SC, 1 fois/3 j (si forme retard) ou 50 mg/kg, PO, 2 fois/j

x x x x x

Oxytétracycline + Sulfadimethoxine

20 mg/kg/j +50 mg/kg/j PO 3 Ă  8 jours x x x x x

Doxycycline 2,5 mg/kg PO 2 fois par jour Ă  4 mg/kg, PO, 1 fois/j x x x

ChloramphĂ©nicol 50 mg/kg, PO, 2 fois/j ou 1,3 mg/ml d’eau si aliment sec uniquement

x x x

antibiotiques utilisables sur les rhino-pneumonies infectieuses du lapin de compagnieCompilation JM Péricard avril 2015 ; liste non exhaustive. Les médicaments listés sont parmi ceux disponibles en France. Cible : P = Pasteurelles, M = Mycoplasmes.

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Page 126: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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prinCipe aCtiF posologie (italique = rCp) p m lapin autres respiSpiramycine 50 mg/kg = 150000 u I/kg, PO, SC, 1 fois/j x x x x

Tilmicosine 12,5 mg/kg PO 7 jours ou 12,5 mg/kg, SC, 1 fois/j x 3j répéter 15 jours plus tard

x x x x x

Tildipirosine 4 mg/kg/j SC IM x x x x

Tulathromycine 2,5 mg/kg SC IM 1 fois ? x x x x

Triméthoprime + Spiramycine

4 Ă  8 mg/kg + 50 mg/kg PO x x x x

Sulfadimidine 150 Ă  180 mg/kg/j PO 3 Ă  5 jours x x x x

Sulfadimidine + Sulfaquinoxaline

Traitement prĂ©ventif en milieu infectĂ© 9,2 mg/kg/j + 2,8 mg/kg/j PO 3 jours, arrĂȘt 3 jours, reprendre 3 jours Traitement curatif 27,6 mg/kg/j + 8,4 mg/kg/j PO 3 jours, arrĂȘt 3 jours, reprendre 3 jours

x x x x

Sulfadimethoxine 37 Ă  46,5 mg/kg/j PO x x x x

Sulfadimethoxine + Triméthoprime

18,68 Ă  37,36 mg/kg/j +4 Ă  8 mg/kg/j PO 5 jours ou 11,6 Ă  23,2 mg/kg/j +5 Ă  10 mg/kg/j PO 5 jours

x x x x

Sulfadiazine + Triméthoprime

18,4 Ă  36,8 mg/kg/j +4 Ă  8 mg/kg/j PO 5 jours x x x x

Flumiquine 12 mg/kg/j PO 5 jours ou 15 Ă  30 mg/kg, SC, lM, PO, 2 fois/j x x x x

Enrofloxacine* 10 mg/kg/j PO 5 jours ou 5 Ă  20 mg/kg, PO, SC, lM, 2 fois/j x x x x x

Marbofloxacine* 2 mg/kg SC IM IV 1 fois par jour ou 5 mg/kg PO, 1 fois/j (Abo-El-Sooud K, 2009 ; Carpenter, 2009)

x x x x

Danofloxacine 2,5 mg/kg IM SC 1 fois par jour x x x x

Tiamuline 16 mg/kg/j PO 10 jours (indication digestive) ou 2,5 mg/kg PO 1 fois/j

x x x

rhinopneumonies inFeCtieuses Chez le lapin de Compagnie

Rhinopneumonies infectieuses chez le lapin de compagnie

antibiotiques utilisables sur les rhino-pneumonies infectieuses du lapin de compagnie (suite)Compilation JM Péricard avril 2015 ; liste non exhaustive. Les médicaments listés sont parmi ceux disponibles en France. Cible : P = Pasteurelles, M = Mycoplasmes.

mesures alternatives et complĂ©mentaires‱ AmĂ©lioration des conditions de vie : hygiĂšne, ventilation adaptĂ©e, rĂ©duction du stress‱ AĂ©rosol avec agent antiseptique et/ou mucolytique (RespicatÂź en inhalation ou nĂ©bulisation, F10Âź Ă  1/250e

en nĂ©bulisation)‱ Traitement homĂ©opathique des «coryza» (RespylÂź PO, PVB RespiratoireÂź PO ou injectable)‱ Vaccination avec autovaccins pour les pasteurelles et mycoplasmes‱ Irrigation antiseptiques des cavitĂ©s nasales, sinus, canaux lacrymaux‱ Chirurgie dentaire, chirurgie des abcĂšs, rhinotomie lors d’empyĂšme des cavitĂ©s nasales

réFérenCes bibliographiques

1. Abo-El-Sooud K, Goudah A. Influence of Pasteurella multocida infection on the pharmacokinetic behaviorof marbofloxacin after intravenous and intramuscular administrations in rabbits. J Vet Pharmacol Ther.2009;33:63–68. 2. Boucher S. et Nouaille L.Maladies des lapins. Third Ă©dition. Paris : Edition France Agricole ; 2013.3. Carpenter JW. Exotic Animal Formulary. Fourth ed. Saint Louis : Elsevier Saunders ; 2013.

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 127: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

127

rhinopneumonies inFeCtieuses Chez le lapin de Compagnie

4. Carpenter JW, Pollock CG, Koch DE, et al. Single- and multiple-dose pharmacokinetics of marbofloxacinafter oral administration to rabbits. Am J Vet Res. 2009;70:522–526.5. Desfontis JC. Guide pratique des mĂ©dicaments Ă  usage vĂ©tĂ©rinaire. Paris : Edition Med’Com ; 2010.6. Index des RCP de l’ANSES : consultĂ© le 29/04/2015 sur http://www.ircp.anmv.anses.fr7. Pericard JM. AntibiothĂ©rapie chez les nac, in Comptes-rendus du congrĂšs du GENAC 2011: ThĂ©rapeutique chez les nac, AFVAC, Paris, p 147-162.8. Quinton, JF. Atlas des Nouveaux Animaux de Compagnie. Petits MammifĂšres. Paris : Elsevier Masson ; 2009.9. Quesenberry KE et Carpenter JW. Ferrets, rabbits and rodents, clinical medicine and surgit. Third edition. Sait Louis : Elsevier; 2012.10. Rougier S et coll. Epidemiology and susceptibility of pathogenic bacteria responsible for upper respiratory tract infections in pet rabbits. Vet Microbiol. 2006;115:192-8.11. Wheler CL. Antimicrobial Drug Use in Rabbits, Rodents, and Ferrets. In : GiguĂšre S, Prescott JF, Dowling PM, eds, Antimicrobial Therapy in Veterinary Medicine. Fifth Edition. Ames : Wiley Blackwell;2013: 595-622.

Rhinopneumonies infectieuses chez le lapin de compagnie

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Page 128: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

128Mammites chez le chien et le chat

mammites Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

L’objectif est de connaĂźtre les principaux agents infectieux Ă  l’origine des mammites chez la chienne et la chatte afin de savoir les rechercher et afin de proposer une dĂ©marche thĂ©rapeutique adaptĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteLes mammites sont des inflammations peu frĂ©quentes de la mamelle chez le chien ou chez le chat. Chez le chien et le chat, elles peuvent ĂȘtre d’origine infectieuse, tumorale ou traumatique et Ă©voluent selon leur origine de façon aiguĂ« ou chronique. Les mammites infectieuses, qui reprĂ©sentent la majoritĂ© des cas, cor-respondent Ă  une infection ascendante liĂ©e Ă  une contamination par l’environnement. Elles Ă©voluent de façon gĂ©nĂ©ralement aiguĂ«. Les mammites infectieuses sont associĂ©es Ă  une sĂ©crĂ©tion lactĂ©e, et surviennent donc pendant une pĂ©riode de lactation ou une pseudogestation. En l’absence de traitement, elles peuvent conduire Ă  un sepsis, et se solder Ă©ventuellement par la mort de l’animal [1,2,3].

pratiques actuelles de traitementLe traitement des mammites infectieuses de la chienne et de la chatte repose sur l’antibiothĂ©rapie. La plupart du temps, les jeunes sont sĂ©parĂ©s de la femelle et alimentĂ©s par du lait de remplacement. La lactation de la chienne est alors stoppĂ©e brutalement Ă  l’aide d’anti-laiteux (caberoline ou bromocriptine) et un antibiotique Ă  large spectre est administrĂ© par voie gĂ©nĂ©rale une dizaine de jours.

pathogĂšnes en causeLes germes le plus souvent en cause sont Staphylococcus aureus (80 % des cas chez la chienne) et Escherichia coli, mais d’autres staphylocoques ou des streptocoques peuvent aussi ĂȘtre impliquĂ©s [1,3,4].

résistances connuesRésistances associées à Staphylococcus aureus.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Une antibiothĂ©rapie est Ă  entreprendre systĂ©matiquement en prĂ©sence d’une inflammation mammaire asso-ciĂ©e Ă  des signes gĂ©nĂ©raux plus ou moins marquĂ©s dans un contexte de sĂ©crĂ©tion lactĂ©e [1,3,5,6].

A l’inverse, les affections tumorales (tumeurs, carcinome inflammatoire mammaire), parfois trĂšs proches cliniquement des mammites infectieuses, ne nĂ©cessitent pas d’antibiothĂ©rapie. C’est Ă©galement le cas de l’inflammation mammaire associĂ©e Ă  la fibradĂ©nomatose fĂ©line, qui a un support hormonal et qui ne nĂ©cessite pas d’antibiothĂ©rapie. Ces deux derniers types d’infection peuvent parfois donner lieu Ă  une ulcĂ©ration locale. Dans ce cas, un traitement antiseptique local suffit gĂ©nĂ©ralement Ă  Ă©viter les infections ascendantes [3].

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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reProduCteur

Page 129: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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mammites Chez le Chien et le Chat

Mammites chez le chien et le chat

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Avant recueil du lait, la mamelle doit ĂȘtre au prĂ©alable nettoyĂ©e et dĂ©sinfectĂ©e Ă  l’aide de compresses imbi-bĂ©es de Chlorhexidine. Les analyses bactĂ©riologiques sont ensuite Ă  effectuer Ă  partir de prĂ©lĂšvements de lait recueilli par pression des mamelles sur un Ă©couvillon stĂ©rile.

Conduite du traitement

traitement antibiotique et traitements complĂ©mentairesLe traitement des mammites infectieuses de la chienne et de la chatte repose sur l’antibiothĂ©rapie. Lorsqu’une seule glande mammaire est atteinte, et en l’absence de retentissement gĂ©nĂ©ral marquĂ©, les jeunes peuvent ĂȘtre laissĂ©s avec la mĂšre. La prĂ©sence Ă©ventuelle de jeunes susceptibles de consommer le lait sĂ©crĂ©tĂ© par une femelle sous traitement est Ă  prendre en compte dans le choix de l’antibiotique. Dans les cas les plus graves, les jeunes sont sĂ©parĂ©s de la femelle et alimentĂ©s par du lait de remplacement [3].

Ce choix est Ă  effectuer en fonction de la bactĂ©rie en cause, et si possible en fonction du pH du lait. Lors d’inflammation mammaire, la majoritĂ© des antibiotiques diffuse dans la mamelle. Compte tenu de la nature du germe majoritairement en cause (Staphylococcus aureus) et du risque de rĂ©sistances bactĂ©riennes asso-ciĂ©, une identification bactĂ©rienne et un antibiogramme devraient ĂȘtre rĂ©alisĂ©s systĂ©matiquement avant tout traitement antibiotique. La durĂ©e du traitement antibiotique est Ă  adapter Ă  la nature de l’antibiotique choisi. En attendant les rĂ©sultats des examens bactĂ©riologiques et compte tenu des signes cliniques et du risque de sepsis associĂ© Ă  la maladie, un antibiotique Ă  spectre large est Ă  administrer dĂšs le diagnostic [1,3,6].

Cf. Tableau page suivante.

réFérenCes bibliographiques

1. Arus MJ, Fernandez S. Clinical approach to mammary gland disease. In : England G, Von Heimendahl A, eds, BSAVA Manual of Canine and Feline Reproduction and Neonatalogy. 2d ed. Gloucester : BSAVA ed ; 2010 : 155-60.2. Burstyn U. Management of mastitis and abscessation of mammary glands secondary to fibroadenomatous hyper-plasia in a primiparturient cat. J Am Vet Med Assoc. 2010 ; 236 : 326-9.3. Johnston SD et coll. Disorders of the mammary glands of the bitch. In : Johnston SD et coll, eds, Canine and feline theriogenology. Philadelphia : WB Saunders ; 2001 : 243-6.4. SchÀffer-Somi S et coll. Bacteriological status of canine milk and septicaemia in neonatal puppies- a retrospective study. J Vet Med B. 2003 ; 50 : 343-6.5. Tulkens P. http://www.antiinfectieux.org/antiinfectieux/ (consulté le 11/02/2012).6. Wiebe JW, Howard JP. Pharmacologic advances in canine and feline reproduction. Topics in Companion Animal Medicine. 2 009 ; 24 : 71-99.

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mammites Chez le Chien et le Chat

Mammites chez le chien et le chat

type de prélÚvement

‱ lait pour identification bactĂ©rienne et antibiogramme‱ lait pour mesure du pH local

antibiotiques utilisables

(à demander dans l’antibio-

gramme)

ph du lait > 7,4 :‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexineph du lait < 7,4 et bactĂ©ries g+ :‱ Macrolides (ex : spiramycine)ph du lait < 7,4 et bactĂ©ries g- :‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

stratégie clinique

Commencer le traitement le plus rapidement possiblerĂ©aliser systĂ©matiquement un antibiogramme au moment du diagnostic de mammitemesurer le ph du lait1. en premiĂšre approche, en attendant les rĂ©sultats de l’antibiogramme :‱ utiliser un antibiotique actif contre Staphylocoque, aurĂ©us et qui tient compte du pH local - papier pH ou

pHmĂštre sur lait recueilli (cf. supra)2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenus‱ Ajuster l’antibiotique en fonction des rĂ©sultats de l’antibiogramme‱ VĂ©rifier que les mesures associĂ©es ont bien Ă©tĂ© mises en Ɠuvre‱ Au besoin, appliquer les mesures recommandĂ©es pour la lutte contre Staphyloccus aureus rĂ©sistant

schéma posologique

dosesutiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMMFrĂ©quence d’administrationToutes les 12 heures au moins pour les bĂȘtalactamines et les cĂ©phalosporines (temps-dĂ©pendants)durĂ©e du traitementContinuer le traitement jusqu’à 2 jours aprĂšs la fin des signes cliniques (8 Ă  10 jours en moyenne) (niveau C)

traitements associés

indispensables

‱ sĂ©parer les jeunes de la femelle, si la lĂ©sion est sĂ©vĂšre (procĂ©der au sevrage ou Ă  un allaitement artificiel) ou si un risque est identifiĂ© pour les jeunes («lait toxique»)

‱ Si l’allaitement doit ĂȘtre stoppĂ©, antiprolactiniques pour stopper la sĂ©crĂ©tion lactĂ©e‱ prĂ©venir la stimulation de la sĂ©crĂ©tion lactĂ©e par la femelle (en l’absence de jeunes, port d’une

collerette pour éviter le léchage) ou par les personnes (ne pas stimuler la production de lait par «vidange» ou massage des mamelles)

‱ Traiter les signes gĂ©nĂ©raux Ă©ventuels (anti-inflammatoires non stĂ©roĂŻdiens)

toxicité spécifique

sulfamides‱ InterfĂ©rences possibles sur l’absorption des acides foliques conduisant Ă  des carences (chat)‱ NĂ©phrotoxicitĂ© (trĂšs rare) (chien)Fluoroquinolones‱ En l’absence de sevrage : toxicitĂ© cartilagineuse potentielle sur les chiots allaitĂ©s (grandes races)bĂȘtalactamines, CĂ©phalosporines‱ Troubles digestifs possibles chez la femelle et/ou les jeunes

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mammites bactĂ©riennes chez la chienne et chez la chatte

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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131PyomĂštre chez la chienne et la chatte

pyomĂštre Chez la Chienne et la Chatte

résultat attendu

L’objectif est de connaĂźtre les principaux agents infectieux Ă  l’origine du pyomĂštre (ou mĂ©trite hormonale) chez la chienne et la chatte afin de savoir les rechercher et de proposer une dĂ©marche thĂ©rapeutique adaptĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteLe pyomĂštre (ou mĂ©trite postƓstrale) correspond une accumulation de pus dans l’utĂ©rus qui peut survenir Ă  n’importe quel moment de la vie de l’animal. C’est une affection frĂ©quente chez les chiennes non stĂ©rilisĂ©es ĂągĂ©es de plus de 6 ans. Chez la chatte, l’ñge moyen d’apparition du pyomĂštre est de 7 ans. Cette affection chronique est sous dĂ©pendance des stĂ©roĂŻdes sexuels, survenant principalement en di-Ɠstrus. Elle s’accom-pagne souvent d’hyperplasie glandulo-kystique de l’utĂ©rus [1-3]. Le pyomĂštre se caractĂ©rise par des pertes vulvaires purulentes permanentes ou intermittentes, un abattement avec dĂ©shydratation, dysorexie, amai-grissement et tempĂ©rature normale ou augmentĂ©e. Lors de pyomĂštre Ă  col fermĂ©, l’accumulation de pus dans l’utĂ©rus entraĂźne parfois une distension abdominale et une atteinte de l’état gĂ©nĂ©ral plus marquĂ©e [4-6]. Elle est due, le plus souvent, Ă  des bactĂ©ries opportunistes, notamment des E. coli possĂ©dant des facteurs d’attachement spĂ©cifiques, capables de coloniser la muqueuse utĂ©rine [6]. Une infection polybactĂ©rienne est possible. En l’absence de traitement, la maladie se complique frĂ©quemment d’une insuffisance rĂ©nale, parfois mortelle, secondaire Ă  une endotoxĂ©mie [1,4].

pratiques actuelles de traitementActuellement, le traitement du pyomĂštre est l’ovariohystĂ©rectomie associĂ©e Ă  des mesures de rĂ©animation (rĂ©hydratation de l’animal, correction des troubles Ă©lectrolytiques, traitement des troubles digestifs) et Ă  une antibiothĂ©rapie Ă  large spectre. Une antibiothĂ©rapie seule n’est jamais curative car elle n’élimine pas la cause de l’infection.

pathogĂšnes en cause [1,4,6-8]‱ E. coli (le plus frĂ©quent)‱ Staphylocoques‱ Streptocoques

résistances connuesRésistances associées à Staphylococcus aureus, E. coli et Streptocoque beta hémolytique.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

L’antibiothĂ©rapie n’est pas nĂ©cessaire en l’absence de signes objectifs de sepsis (leucocytose > 25 000.106/L). Si la femelle prĂ©sente des signes de sepsis, une antibiothĂ©rapie Ă  large spectre est conseillĂ©e par voie intra-veineuse le plus rapidement possible, pendant 5 Ă  7 jours (relais per os dĂšs que l’animal est stabilisĂ©) [9-10].

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‱ Proteus spp.‱ Pseudomonas aeruginosa‱ Klebsiella

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132PyomĂštre chez la chienne et la chatte

pyomĂštre Chez la Chienne et la Chatte

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Un frottis vaginal (coloration de May-GrĂŒnwald Giemsa le plus souvent) permet de confirmer la prĂ©sence de bactĂ©ries en trĂšs grande quantitĂ©. Des images de phagocytose par des cellules polynuclĂ©aires neutrophiles confirmeront l’infection.

Si les pertes vaginales perdurent plus de 3 semaines malgrĂ© un traitement ou si l’état gĂ©nĂ©ral de la femelle n’est pas satisfaisant, il est possible d’effectuer une bactĂ©riologie dans le vagin crĂąnial, reflet de ce qui se passe dans l’utĂ©rus. Les contaminations sont limitĂ©es par une dĂ©sinfection de la vulve et l’utilisation d’un spĂ©culum stĂ©rile [1].

Conduite du traitement

traitement antibiotique et traitement complĂ©mentaireLe respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

Le traitement du pyomĂštre demeure l’ovariohystĂ©rectomie car il supprime la cause de l’infection et permet de stĂ©riliser l’animal. Chez un animal prĂ©sentant des signes de sepsis, il est recommandĂ© d’ajouter un antibio-tique actif sur Echerichia coli (germe prĂ©sent dans 80% des cas de pyomĂštre) (association amoxicilline-acide clavulanique) Ă  la chirurgie ainsi qu’une rĂ©hydratation de l’animal et une correction des troubles Ă©lectroly-tiques. Si la femelle est en bon Ă©tat gĂ©nĂ©ral ou trop faible pour ĂȘtre anesthĂ©siĂ©e, un traitement mĂ©dical existe. Il repose sur l’administration d’aglĂ©pristone, de prostaglandines (contre-indiquĂ©es si l’animal est cardiopathe ou dans un Ă©tat gĂ©nĂ©ral trop altĂ©rĂ©) et Ă©ventuellement d’un antibiotique.

AntibiothĂ©rapieCompte tenu de la nature du germe quasi systĂ©matiquement en cause (Escherichia coli dans 80 % des cas), l’identification bactĂ©rienne n’est gĂ©nĂ©ralement pas rĂ©alisĂ©e lors de pyomĂštre. Chez un animal prĂ©sentant des signes de sepsis, il est recommandĂ© d’ajouter un antibiotique actif sur Echerichia coli. Le recours Ă  des antibio-tiques critiques n’est pas nĂ©cessaire.

Vidange utĂ©rineDans l’hypothĂšse d’une conservation de l’utĂ©rus, la vidange de l’utĂ©rus s’impose car l’injection d’aglĂ©pristone en SC Ă  J0 (1er jour de traitement), J2, J7 et Ă©ventuellement Ă  J14 jours permet d’ouvrir le col et a un effet utĂ©rotonique. L’association avec des prostaglandines PgF2a Ă  faible dose complĂšte l’action de l’aglĂ©pristone sur la contractilitĂ© de l’utĂ©rus [1-4,6].

Cf. Tableau page suivante.

réFérenCes bibliographiques

1. Johnston SD et coll. Canine and feline theriogenology. 1st Edition. Philadelphia : W.B. Saunders Company ; 2001.2. Pretzer SD. Clinical presentation of canine pyometra and mucometra: a review. Theriogenology. 2008 ; 70 : 359-63.3. Feldman EC, Nelson RW. Canine and feline endocrinology and reproduction. Third Edition. Saint Louis : W.B. Saun-ders Company ; 2004.4. Dean R et coll. A retrospective study of pyometra at five RSPCA hospitals in the UK : 1728 cases from 2006 to 2011. Vet Rec. 2013 ; 173 : 396.

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Page 133: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

133PyomĂštre chez la chienne et la chatte

pyomĂštre Chez la Chienne et la Chatte

5. Hagman R. Clinical and molecular characteristics of pyometra in female dogs. Reprod Domest Anim. 2012 ; 47 Suppl 6 : 323-5.6. Smith FO. Canine Pyometra. Theriogenology. 2006 ; 66 : 610-2.7. Ström Holst B et coll. Characterization of the bacterial population of the genital tract of adult cats. Am J Vet Res. 2003 ; 64 : 963-8.8. Watts JR et coll. Uterine, cervical and vaginal microflora of the normal bitch throughout the reproductive cycle. J Small Anim Pract. 1996 ; 37 : 54.9. Yates DG. The antimicrobial sensitivity of bacteria isolated from 30 cases of pyometra in the bitch. Irish Vet J. 1996 ; 49 : 709-10.10. Wiebe JW, Howard JP. Pharmacologic advances in canine and feline reproduction. Topics in Companion Animal Medicine. 2009 ; 24 : 71-99.

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites d’origine hormo-nale et pyomĂštres chez la chienne et chez la chatte [9-10]

schéma thérapeutique

en l’absence de signes objectifs de sepsis :‱ l’antibiothĂ©rapie n’est pas nĂ©cessaire ;‱ procĂ©der Ă  une ovariohystĂ©rectomie ou Ă  un traitement mĂ©dical du pyomĂštre.si la femelle prĂ©sente des signes de sepsis :‱ amoxicilline et acide clavulanique ou cĂ©falexine ou sulfamides‱ administration intraveineuse ;‱ le plus rapidement possible ;‱ aux doses les plus Ă©levĂ©es possible ;‱ administration toutes les 8 heures.en l’absence de signes objectifs de sepsis :‱ l’antibiothĂ©rapie n’est pas nĂ©cessaire ;‱ procĂ©der Ă  une ovariohystĂ©rectomie ou Ă  un traitement mĂ©dical du pyomĂštre.si la femelle prĂ©sente des signes de sepsis :‱ amoxicilline et acide clavulanique, cĂ©falexine, Sulfamides-TMP ;‱ administration intraveineuse ;‱ le plus rapidement possible ;‱ aux doses les plus Ă©levĂ©es possible ;‱ administration toutes les 8 Ă  12 heures selon les molĂ©cules.durĂ©e du traitement5 - 7 jours.

traitements associés indispensables

traitement de référence : ovariohystérectomietraitement médical possible avec un antagoniste de la progestérone (aglépristone), éventuellement associé à des PGF2a (cloprosténol) (attention aux effets indésirables des PFG2a).si sepsis : corriger les troubles associés.

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134MĂ©trite infectieuse aigĂŒe chez la chienne et la chatte

mĂ©trite inFeCtieuse aiguË Chez la Chienne et la Chatte

résultat attendu

L’objectif est de connaĂźtre les principaux agents infectieux Ă  l’origine des mĂ©trites chez la chienne et chez la chatte afin de savoir les rechercher et afin de proposer une dĂ©marche thĂ©rapeutique adaptĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteLes mĂ©trites sont des inflammations des diffĂ©rents tissus de l’utĂ©rus - endomĂštre mais aussi myomĂštre. La forme aiguĂ« de la maladie correspond le plus souvent Ă  une affection d’apparition brutale dans la pĂ©riode du post-partum immĂ©diat [1,2]. La contamination de l’utĂ©rus se produit gĂ©nĂ©ralement de façon ascendante par les bactĂ©ries opportunistes du vagin puisque le col utĂ©rin ouvert suite Ă  la mise bas. Les mĂ©trites apparaissent suite Ă  des rĂ©tentions placentaires ou fƓtales, des macĂ©rations fƓtales, un part languissant, aprĂšs des ma-nƓuvres obstĂ©tricales ou lors d’une insuffisance d’hygiĂšne gĂ©nĂ©rale [1-3]. Elles se manifestent par des pertes vulvaires purulentes et/ou hĂ©morragiques. Une atteinte importante de l’état gĂ©nĂ©ral (hyperthermie, anorexie, vomissements) voire un sepsis complĂštent le tableau clinique [1-3].

pratiques actuelles de traitementL’ovariohystĂ©rectomie associĂ©e Ă  une antibiothĂ©rapie est gĂ©nĂ©ralement le traitement mis en Ɠuvre. En cas de prĂ©servation de l’utĂ©rus, une vidange utĂ©rine est nĂ©cessaire.

pathogĂšnes en cause [4,5]Une colonisation ascendante de bactĂ©ries opportunistes du bas appareil uro-gĂ©nital est le plus souvent res-ponsable de l’affection. Escherichia coli, les staphylocoques, streptocoques, Proteus spp., Pseudomonas aerugi-nosa et Klebsiella spp. sont les germes les plus frĂ©quemment isolĂ©es chez la chienne et la chatte.

résistances connuesRésistances associées à Staphylococcus aureus, E. coli et Streptocoque beta hémolytique.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Une antibiothĂ©rapie est Ă  entreprendre systĂ©matiquement et rapidement. Le contexte (post-partum immĂ©-diat) et la clinique sont Ă©vocateurs d’une mĂ©trite post-partum. Un frottis vaginal prĂ©sentant des images de phagocytose bactĂ©rienne permet de confirmer la pertinence du traitement.

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mĂ©trite inFeCtieuse aiguË Chez la Chienne et la Chatte

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Un frottis vaginal (coloration de May-GrĂŒnwald Giemsa) permet de confirmer la prĂ©sence de bactĂ©ries en trĂšs grande quantitĂ©. Des images de phagocytose par des cellules polynuclĂ©aires neutrophiles confirmeront l’infection.

Une bactĂ©riologie est Ă  effectuer sur le pus provenant de l’utĂ©rus qui est prĂ©levĂ© dans le vagin crĂąnial. Les contaminations sont limitĂ©es par une dĂ©sinfection de la vulve et l’utilisation d’un spĂ©culum stĂ©rile [1-2].

Conduite du traitement

traitement antibiotique et traitement complĂ©mentaireLe respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle.Le traitement des mĂ©trites aigues de la chienne et la chatte repose sur l’antibiothĂ©rapie Ă  minima. Chez la femelle non reproductrice et Ă  l’état gĂ©nĂ©ral conservĂ©, la chirurgie (ovario-hysterectomie) est le trai-tement de choix de cette affection en plus de l’antibiothĂ©rapie.Chez la chienne reproductrice et en bon Ă©tat gĂ©nĂ©ral, une vidange utĂ©rine peut ĂȘtre tentĂ©e en traitement adju-vant de l’antibiothĂ©rapie. L’ocytocine dans les 48 premiĂšres heures post partum et les prostaglandines PgF2a Ă  faible dose pour leur propriĂ©tĂ© sur la contractilitĂ© de l’utĂ©rus permettent l’élimination des rĂ©sidus utĂ©rins en cause au dĂ©but de l’infection [1, 6, 7].Chez la femelle en Ă©tat de choc, il est probable qu’une vidange utĂ©rine ou une chirurgie en urgence serait mal tolĂ©rĂ©e. Lors de sepsis, une correction des troubles hydro-Ă©lectrolytiques doit ĂȘtre rapidement instaurĂ©e [1, 2, 6].

AntibiothĂ©rapieLe choix de l’antibiotique est Ă  effectuer en fonction de la bactĂ©rie en cause. Compte tenu de la nature du germe majoritairement responsable (Staphylococcus aureus) et du risque de rĂ©sistances bactĂ©riennes asso-ciĂ©es, une identification bactĂ©rienne et un antibiogramme doivent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s systĂ©matiquement avant tout traitement antibiotique. La durĂ©e du traitement antibiotique est Ă  adapter aux caractĂ©ristiques de l’antibio-tique choisi. En attendant les rĂ©sultats des examens bactĂ©riologiques et compte tenu des signes cliniques et du risque de sepsis associĂ© Ă  la maladie, un antibiotique ciblĂ©e sur les germes majoritairement retrouvĂ©s est Ă  administrer dĂšs le diagnostic [1, 2, 6]. Cf. Tableau page suivante.

Vidange utĂ©rineL’ocytocine dans les 48 premiĂšres heures post-partum et les prostaglandines PgF2a Ă  faible dose pour leur propriĂ©tĂ© sur la contractilitĂ© de l’utĂ©rus permettent l’élimination des rĂ©sidus utĂ©rins en cause au dĂ©but de l’infection [1,6,7]. Dans l’hypothĂšse d’une conservation de l’utĂ©rus, la vidange de l’utĂ©rus est nĂ©cessaire.

Cf. Tableau page suivante.

réFérenCes bibliographiques

1. Johnston SD et coll. Periparturient disorders in the bitch. In : Johnston SD, Root-Kustritz MV, Olson PNS, eds, Canine and Feline Theriogenology. Philadelphia : Elsevier; 2001 : 129-45.2. Feldman EC, Nelson RW. Periparturient diseases. In: Feldman EC, Nelson RW, eds, Canine and Feline Endocrinology and Reproduction. 3rd ed. Philadelphia : Elsevier; 2007 : 827-8.

MĂ©trite infectieuse aigĂŒe chez la chienne et la chatte

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Page 136: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

136

3. Grundy SA, Davidson AP. Acute metritis secondary to retained fetal membranes and a retained nonviable fetus. Theriogenology question of the month. J Am Vet Med Assoc. 2004 ; 224 : 844-7.4. Watts JR et coll. Uterine, cervical and vaginal microflora of the normal bitch throughout the reproductive cycle. J Small Anim Pract. 1996 ; 37 : 54.5. Ström Holst B et coll. Characterization of the bacterial population of the genital tract of adult cats. Am J Vet Res. 2003 ; 64 : 963-8.6. Wiebe JW, Howard JP. Pharmacologic advances in canine and feline reproduction. Topics in Companion Animal Medicine. 2009 ; 24 :71-99.7. Gåbor G et coll. Intravaginal prostaglandin F2 alpha for the treatment of metritis and pyometra in the bitch. Acta Vet Hung. 1999 ; 47 :103-8.

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites aiguĂ«s chez la chienne et chez la chatte

mĂ©trite inFeCtieuse aiguË Chez la Chienne et la Chatte

MĂ©trite infectieuse aigĂŒe chez la chienne et la chatte

schéma thérapeutique

tenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’antibiogramme, qui tiennent Ă  ce que :‱ les agents pathogĂšnes sont des bactĂ©ries opportunistes issues de la flore commensales ;‱ le prĂ©lĂšvement vaginal n’est qu’un reflet indirect de la flore de l’utĂ©rus ;‱ l’isolement de plus de 2 germes ou une pousse peu abondante est non interprĂ©table (flore commensale).traitement antibiotique immĂ©diat requis, en raison du risque Ă©levĂ© de sepsis1. en premiĂšre approche, en attendant les rĂ©sultats de l’antibiogramme :en l’absence de signes de sepsis, utiliser :‱ amoxicilline et acide clavulanique ;‱ cĂ©falexine.si la femelle prĂ©sente des signes de sepsis :‱ amoxicilline et acide clavulanique ou cĂ©falexine ;‱ administration IV ;‱ le plus rapidement possible.2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenus‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©phalosporines

traitements associés

indispensables

‱ identifier et Ă©ventuellement corriger la cause primaire de la mĂ©trite (dystocie, hygiĂšne dĂ©faillante, etc.).‱ si sepsis, corriger les troubles associĂ©s.‱ Selon le degrĂ© de l’atteinte maternelle, sĂ©parer les animaux allaitĂ©s de la mĂšre et procĂ©der Ă  un

allaitement artificiel.

toxicité spécifique

bĂȘtalactamines, CĂ©phalosporines‱ Troubles digestifs possibles chez la femelle et/ou les chiots ou les chatons allaitĂ©s.Fluoroquinolones‱ En l’absence de sevrage : toxicitĂ© potentielle sur les chiots allaitĂ©s (grandes races).

‱ aux doses les plus Ă©levĂ©es possible ;‱ toutes les 8 Ă  12h en fonction de l’AB utilisĂ© ;

‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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métrite inFeCtieuse Chronique de la Chienne et de la Chatte

résultat attendu

L’objectif est de connaĂźtre les principaux agents infectieux Ă  l’origine des mĂ©trites chroniques chez la chienne et la chatte afin de savoir les rechercher et de proposer une dĂ©marche thĂ©rapeutique adaptĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteLa forme chronique de la maladie se traduit par des pertes vulvaires purulentes et intermittentes parfois trĂšs discrĂštes et trĂšs souvent liĂ©es Ă  une infertilitĂ© [1]. Ces mĂ©trites sont des affections chroniques de l’utĂ©rus. Les lĂ©sions touchent plus particuliĂšrement l’endomĂštre.Les lĂ©sions histologiques les plus frĂ©quentes sont les endomĂ©trites et les modifications kystiques [2,3]. Elles surviennent le plus souvent pendant la phase d’anƓstrus.La rĂ©alisation de biopsies utĂ©rines permet de mieux qualifier les lĂ©sions. Les images d’endomĂ©trite sont prĂ©-sentes chez environ 50 % des chiennes subfertiles (c’est-Ă -dire des chiennes qui reproduisent mais qui sont peu prolifiques avec peu de chiots) [3-5]. Un scoring (4 catĂ©gories) est proposĂ© en fonction de la prĂ©sence, de la distribution, de la gravitĂ© et de la nature des infiltrats cellulaires inflammatoires, du contenu de la lumiĂšre utĂ©rine, de l’état de l’épithĂ©lium, de la prĂ©sence ou non d’un ƓdĂšme, d’hĂ©morragie, de kystes, de fibrose, de lĂ©sions vasculaires ou de nĂ©crose [1,2].

Une recherche des autres causes d’infertilitĂ© doit ĂȘtre systĂ©matiquement pratiquĂ©e : Ă©chographie de l’appareil reproducteur, voire vaginoscopie, bilan virologique [5].

pratiques actuelles de traitementLe traitement des mĂ©trites chroniques de la chienne et la chatte reproductrices repose sur l’antibiothĂ©rapie. Dans certains Ă©levages, la pratique de l’antibiothĂ©rapie durant les chaleurs est frĂ©quente pour prĂ©venir cette affection, mais elle n’est pas recommandĂ©e et peut ĂȘtre Ă  l’origine d’antibiorĂ©sistance.

pathogĂšnes en cause‱ E. coli pathogĂšne le plus frĂ©quent‱ Staphylocoques ‱ Streptocoques ‱ Pasteurelles‱ Proteus spp.

résistances connuesPas de résistance spécifique connue.

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MĂ©trite infectieuse chronique de la chienne et de la chatte

‱ Corynebacterium spp.‱ Pseudomonas aeruginosa‱ Klebsiella spp.‱ Mycoplasmes‱ Brucella canis, autres brucelles

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métrite inFeCtieuse Chronique de la Chienne et de la Chatte

MĂ©trite infectieuse chronique de la chienne et de la chatte

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

L’ovario-hystĂ©rectomie entraĂźne la guĂ©rison dĂ©finitive, mais si le potentiel reproducteur doit ĂȘtre conservĂ©, le choix de l’antibiotique est fait en fonction des rĂ©sultats de l’antibiogramme. La durĂ©e de traitement n’excĂ©dera pas -sauf exception- 3 semaines au risque d’une modification de la flore vaginale favorable au dĂ©veloppement des mycoplasmes [1,2,6,7].

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

L’identification du pathogĂšne responsable est un dĂ©fi pour le praticien :‱ il est difficile d’effectuer les prĂ©lĂšvements significatifs dans l’utĂ©rus,‱ la culture de certains germes est rĂ©servĂ©e Ă  certains laboratoires (ainsi que la quantification dans le cas des

mycoplasmes).

Les prĂ©lĂšvements sont rĂ©alisĂ©s par :‱ biopsie utĂ©rine obtenue chirurgicalement ou par endoscopie transcervicale (technique de rĂ©fĂ©rence) ;‱ rinçage de l’utĂ©rus et collecte des liquides Ă  l’aide d’une sonde transcervicale ;‱ Ă©couvillonnage -stĂ©rile- des pertes utĂ©rines dans le vagin crĂąnial.

Conduite du traitement

traitement antibiotique et traitement complémentaireLe respect du RCP des spécialités utilisées dans le traitement de cette affection bactérienne est la rÚgle.

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites bactĂ©riennes chro-niques chez la chienne et chez la chatte

schéma thérapeutique

s’appuyer sur les rĂ©sultats d’un antibiogrammetenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’identification bactĂ©rienne de l’antibiogramme, qui tiennent Ă  ce que :‱ les agents pathogĂšnes peuvent ĂȘtre des bactĂ©ries issues de la flore commensale ;‱ d’autres agents peuvent ĂȘtre en cause (virus, mycoplasmes) ;‱ le prĂ©lĂšvement vaginal n’est qu’un reflet indirect de la flore de l’utĂ©rus, ce qui limite la reprĂ©sentativitĂ©

du prélÚvement.

dosesutiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMM.FrĂ©quence d’administrationLa plus Ă©levĂ©e possible.durĂ©e du traitement7 Ă  10 jours. Absence de consensus actuellement mais jamais plus de 3 semaines sinon risque de favoriser une mycoplasmose.

traitements associés indispensables

exploration exhaustive de la fonction reproductrice pour Ă©liminer les causes d’infertilitĂ© Ă©ventuellement associĂ©es (kystes ovariens, corps Ă©tranger).

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métrite inFeCtieuse Chronique de la Chienne et de la Chatte

MĂ©trite infectieuse chronique de la chienne et de la chatte

réFérenCes bibliographiques

1. Schlafer DH et coll. Diseases of the canine uterus. Reprod Domest Anim. 2012 ; 47 : 18-322.2. Gifford AT et coll. Histopathologic findings in uterine biopsy samples from subfertile bitches : 399 cases (1990-2005). J Am Vet Med Assoc. 2014 ; 244 : 180-6.3. Mir F et coll. Findings in uterine biopsies obtained by laparotomy from bitches with unexplained infertility or pre-gnancy loss: an observational study. Theriogenology. 2013 ; 79 : 312-22.4. Freeman SL et coll. Uterine fluid from bitches with mating induced endometritis reduces the attachment of sper-matozoa to the uterine epithelium. Vet J. 2013 ; 198 : 76-80.5. Freeman SL et coll. Prevalence and effect of uterine luminal free fluid on pregnancy and litter size in bitches. The-riogenology. 2013 ; 80 : 73-6.6. Fontaine E et coll. Diagnosis of endometritis in the bitch: a new approach. Reprod Domest Anim. 2009 ; 44 : 196-9.7. Watts JR et coll. New techniques using transcervical uterine cannulation for the diagnosis of uterine disorders in bitches. J Reprod Fertil. 1997 ; 51 : 283-93.8. England GC et al. Delayed uterine fluid clearance and reduced uterine perfusion in bitches with endometrial hyper-plasia and clinical management with postmating antibiotic. Theriogenology . 2012 ; 78 : 1611-7.

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140Vaginite chez la chienne et la chatte

vaginite Chez la Chienne et la Chatte

résultat attendu

L’objectif est de connaĂźtre les principales causes Ă  l’origine des vaginites chez la chienne et la chatte afin de savoir les rechercher et de proposer une dĂ©marche thĂ©rapeutique adaptĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteLa vaginite est une inflammation du vagin, principalement causĂ©e par un dĂ©rĂšglement de la flore vaginale commensale [1, 2]. Cette affection peut ĂȘtre Ă©galement liĂ©e Ă  un dĂ©faut de conformation gĂ©nitale ou pĂ©ri-nĂ©ale, Ă  un corps Ă©tranger ou Ă  une cystite [2-5]. Elle est rare chez la chatte [1,2,4]. La vaginite se traduit par des pertes vulvaires purulentes permanentes ou intermittentes parfois trĂšs discrĂštes et souvent liĂ©es Ă  une infertilitĂ© [1,2].Chez la chienne, il existe une entitĂ© pathologique particuliĂšre : la vaginite de la chienne prĂ©pubĂšre [1, 2].Si la vaginite est causĂ©e par une infection, elle est due le plus souvent Ă  des bactĂ©ries opportunistes de la flore vaginale, mais des agents non bactĂ©riens peuvent Ă©galement ĂȘtre responsables de symptĂŽmes de vaginite (herpĂšs virus, par exemple) [1,2,6,7].

pratiques actuelles de traitementLe traitement des vaginites de la chienne et la chatte repose en gĂ©nĂ©ral sur une administration d’antibiotiques durant quelques jours lorsque des pertes vulvaires sans atteinte de l’état gĂ©nĂ©ral sont observĂ©es. Les antibio-tiques classiquement employĂ©s sont l’amoxicilline - acide clavulanique et la cĂ©falexine. Deux voies d’admi-nistration sont gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©es (voie locale : intra-vaginale et voie gĂ©nĂ©rale). L’antibiothĂ©rapie devrait toujours ĂȘtre associĂ©e Ă  l’élimination d’une autre cause (herpĂšs virus, corps Ă©tranger, dĂ©faut de conformation gĂ©nitale, cystite...).

pathogùnes en cause [6,7]Chienne‱ Streptocoques‱ E. coli‱ Pasteurella multocida‱ Enterococcus faecalis‱ Streptococcus-haemolyticus

résistances connuesRésistances naturelles. Pas de résistance spécifique connue.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Il n’est pas recommandĂ© de traiter les vaginites de la chienne prĂ©pubĂšre. Dans les autres cas, le choix du traite-ment est conditionnĂ© par l’agent en cause prĂ©alablement diagnostiquĂ©. En cas de vaginite infectieuse, le choix de l’antibiotique est effectuĂ© en fonction des rĂ©sultats de l’antibiogramme. La durĂ©e de traitement n’excĂ©dera pas -sauf exception- 3 semaines au risque d’une modification de la flore vaginale en faveur des mycoplasmes.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

‱ Klebsiella pneumoniae‱ Proteus mirabilis‱ E. coli haemoliticus‱ Arcanobacterium pyogenes‱ Streptococcus spp.‱ Staphylococcus spp.

Chatte‱ E. coli‱ Staphylocoques‱ Streptocoques

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141Vaginite chez la chienne et la chatte

vaginite Chez la Chienne et la Chatte

antibiothĂ©rapieLe choix de l’antibiotique est Ă  effectuer en fonction de la bactĂ©rie en cause et Il est prĂ©fĂ©rable de s’appuyer sur les rĂ©sultats d’un antibiogramme. Il faut aussi tenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’antibio-gramme, qui tiennent Ă  ce que les agents pathogĂšnes sont quasi systĂ©matiquement issus de la flore com-mensale. Une pousse polymicrobienne sera considĂ©rĂ©e comme normale Ă  la bactĂ©riologie vaginale et c’est uniquement lorsqu’une souche majoritaire sera en pousse abondante qu’un antibiogramme sera demandĂ© et un traitement antibiotique par voie gĂ©nĂ©rale instaurĂ©.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

L’identification du pathogĂšne responsable est un dĂ©fi pour le praticien :‱ il est difficile d’effectuer les prĂ©lĂšvements significatifs dans l’utĂ©rus,‱ la culture de certains germes est reserve Ă  certains laboratoires (ainsi que la quantification dans le cas des

mycoplasmes).

Les prĂ©lĂšvements sont rĂ©alisĂ©s par une bactĂ©riologie dans le vagin crĂąnial. Les contaminations sont limitĂ©es par une dĂ©sinfection de la vulve et l’utilisation d’un spĂ©culum stĂ©rile.

Conduite du traitement

traitement antibiotique et traitement complĂ©mentaireLe respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation [8].

Cf. Tableau page suivante.

réFérenCes bibliographiques

1- Johnston SD et coll. Canine and feline theriogenology. 1st Edition. Philadelphia : W.B. Saunders Company ; 2001.2- Feldman EC, Nelson RW. Canine and feline endocrinology and reproduction. Third Edition. Saint Louis : W.B. Saun-ders Company ; 2004. 3- Kyles AE et coll. Vestibulovaginal stenosis in dogs: 18 cases (1987-1995).J Am Vet Med Assoc. 1996 ; 209 : 1889-93.4- Nicastro A, Walshaw R. Chronic vaginitis associated with vaginal foreign bodies in a cat. J Am Anim Hosp Assoc. 2007 ; 43 : 352-5. 5- Snead EC, Pharr JW, Ringwood BP, Beckwith J. Long-retained vaginal foreign body causing chronic vaginitis in a bulldog.J Am Anim Hosp Assoc. 2010 ; 46 : 56-60. 6- Whithear KC. Uterine, cervical and vaginal microflora of the normal bitch throughout the reproductive cycle. J Small Anim Pract. 1996 ; 37 : 54.7- Ström Holst B et coll. Characterization of the bacterial population of the genital tract of adult cats. Am J Vet Res. 2003 ; 64 : 963-8.8- Wiebe JW, Howard JP. Pharmacologic advances in canine and feline reproduction. Topics in Companion Animal Medicine. 2009 ; 24 : 71-99.

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142Vaginite chez la chienne et la chatte

vaginite Chez la Chienne et la Chatte

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des vaginites bactĂ©riennes chez la chienne et chez la chatte

schéma thérapeutique

prĂ©fĂ©rer la voie gĂ©nĂ©rale Ă  la voie locale (intravaginale) en premiĂšre intention (rĂ©sultats identiques, mais moins de risque d’apparition de rĂ©sistances bactĂ©riennes)

durée du traitementCas général : 10 joursMycoplasmes : 3 semaines

1. en premiĂšre approche‱ Amoxicilline et acide clavulanique (12.5 mg/kg/j 6 jours)‱ CĂ©falexine (15 mg/kg deux fois par jour 6 jours)2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenustenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’antibiogramme (bactĂ©ries souvent issues de la flore commensale)penser Ă  explorer les autres causes possibles (herpĂšs virus, corps Ă©tranger, dĂ©faut de conformation gĂ©nitale, cystite...)

traitements associés

indispensables

ne pas utiliser de dĂ©sinfectants gynĂ©cologiques localement : irritants et peu efficacesChez la chienne pubĂšre et chez la chatte‱ Corriger la cause primaire Ă©ventuelle de la vaginite (dĂ©faut de conformation vulvaire ou pĂ©rinĂ©al,

corps Ă©tranger) ou les causes associĂ©es (cystite)‱ Associer un traitement local anti-inflammatoire en cas de vaginite rĂ©cidivante : par exemple,

benzidamine (Opalgyne 0,1 %Âź [H]) (hors AMM)Chez la chienne impubĂšre‱ Attendre 2 mois aprĂšs les premiĂšres chaleurs avant de procĂ©der Ă  une ovariectomie si la stĂ©rilisation

est souhaitée par le propriétaire

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143Prostatite du chien

prostatite du Chien

résultat attendu

L’objectif est de connaĂźtre les principaux agents infectieux Ă  l’origine des prostatites chez le chien afin de savoir les rechercher et afin de proposer une dĂ©marche thĂ©rapeutique adaptĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteLa prostatite est une inflammation du parenchyme prostatique Ă©voluant sous forme « aiguĂ« » ou « chronique » chez le chien. Elle est souvent une complication inflammatoire d’une autre affection prostatique qui fragilise le parenchyme prostatique (hyperplasie, mĂ©taplasie squameuse, tumeur, abcĂšs). La prostatite peut aussi ĂȘtre la complication d’une affection testiculaire (orchi-Ă©pididymite). L’origine bactĂ©rienne aĂ©robie-anaĂ©robie de la prostatite ne reprĂ©sente qu’un tiers des prostatites en France oĂč la brucellose est exceptionnelle [1,2,3]. Les prostatites Ă  mycoplasme sont potentiellement sous-estimĂ©es par manque de recherche systĂ©matique chez le chien (milieu de culture spĂ©cifique, coĂ»t Ă©levĂ© de l’analyse).

Les affections prostatiques sont Ă  l’origine d’environ 3 % des motifs de consultation du chien mĂąle tous Ăąges confondus, 8 % du chien de plus de 10 ans et moins de 1 % des chiens de moins de quatre ans [1]. Les chiens entiers reprĂ©sentent la grande majoritĂ© des cas, mais des chiens castrĂ©s peuvent prĂ©senter une prostatite (castration d’un chien qui souffre d’une infection prostatique sans une antibiothĂ©rapie adaptĂ©e) ou encore une tumeur prostatique.

pratiques actuelles de traitementActuellement, les prostatites sont traitĂ©es, en fonction du niveau d’altĂ©ration de l’état de l’animal, par une rĂ©animation associĂ©e Ă  la castration ou Ă  des anti-androgĂšnes (progestatifs ou osatĂ©rone), et couplĂ©e Ă  des antibiotiques administrĂ©s pendant plusieurs semaines, et Ă  des AINS. Les anti-androgĂšnes sont parfois ou-bliĂ©s au profit de l’antibiothĂ©rapie seule, qui ne traite que les effets du trouble initial, et non la cause primaire.

pathogùnes en cause‱ Escherichia coli‱ Proteus mirabilis‱ Staphylococcus spp.‱ Streptococcus canis

résistances connuesRésistance naturelle uniquement.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

L’antibiothĂ©rapie seule n’est jamais indiquĂ©e.La prostatite d’origine bactĂ©rienne aĂ©robie/anaĂ©robie reprĂ©sente uniquement un tiers des cas de syndrome prostatique prĂ©sentant une manifestation de prostatite. Il n’est pas possible, sans signe d’infection urinaire ou systĂ©mique associĂ© d’évaluer la composante infectieuse lors de syndrome prostatique ou d’infertilitĂ© asso-

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‱ Enterococcus faecalis‱ Pseudomonas aeruginosa‱ Mycoplasma spp.‱ Brucella canis

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prostatite du Chien

Prostatite du chien

ciĂ© Ă  une prostatite. Une antibiothĂ©rapie prolongĂ©e est indispensable lors d’infection mais celle-ci doit ĂȘtre dĂ©montrĂ©e avant la mise en Ɠuvre d’un traitement prolongĂ©.À l’inverse, une antibiothĂ©rapie systĂ©matique de courte durĂ©e lors de suspicion de prostatite sans signe de cystite associĂ©e est Ă  proscrire.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

La biopsie est le seul examen complĂ©mentaire de choix (bactĂ©riologie et antibiogramme) permettant de dia-gnostiquer avec certitude une infection prostatique. Bien que la biopsie soit un acte technique qui nĂ©cessite un apprentissage, elle reste la technique de rĂ©fĂ©rence. Elle permet de diagnostiquer l’ensemble des affections prostatiques par analyse anatomopathologique.

urocultureLes prostatites aiguës infectieuses sont fréquemment compliquées par une cystite consécutive à un ense-mencement bactérien de la vessie par voie rétrograde.

Ainsi, lors de signes compatibles avec une cystite, les bactĂ©ries prĂ©sentes dans la vessie semblent ĂȘtre un bon reflet des bactĂ©ries prĂ©sentes dans le parenchyme prostatique (sensibilitĂ© de 85,7 % ; spĂ©cificitĂ© de 78,6 %).En l’absence de signe Ă©vocateur de cystite, l’examen bactĂ©riologique des urines n’apporte aucune information sur le caractĂšre infectieux de la prostatite (avec une sensibilitĂ© nulle).

autres techniques de prĂ©lĂšvements utilesEn cas de syndrome prostatique, sans atteinte du bas appareil urinaire, les prĂ©lĂšvements permettant l’analyse bactĂ©riologique sont le liquide recueilli par massage prostatique ou la ponction Ă©choguidĂ©e.

Le massage prostatique est un examen difficile Ă  pratiquer correctement (prostate basculĂ©e et de grande taille difficile Ă  masser, chien douloureux). NĂ©anmoins, selon une Ă©tude menĂ©e Ă  l’ENVA (sur un faible nombre de cas (14 chiens)), le massage permet de confirmer la prĂ©sence d’une prostatite aiguĂ« (prĂ©sence de nom-breux polynuclĂ©aires et de macrophages) dans 80 % et d’exclure une infection prostatique dans 89 % des cas [2]. Lors d’un rĂ©sultat bactĂ©riologique positif, la spĂ©cificitĂ© de l’analyse semble insuffisante pour confirmer avec certitude une infection prostatique (spĂ©cificitĂ© de 50 % Ă  70 %) [2].

La ponction échoguidée du parenchyme prostatique permet de confirmer une inflammation avec fiabilité, voire une infection mais la quantité de cellules prélevées ne permet généralement pas de réaliser une culture et un antibiogramme.

Conduite du traitement

l’antibiothĂ©rapiePour traverser la capsule prostatique intĂšgre, l’antibiotique doit ĂȘtre liposoluble, faiblement liĂ© aux protĂ©ines plasmatiques et avec un pKa Ă©levĂ©. Ainsi, seuls le sulfamide-trimĂ©thoprime, les macrolides, et les fluoroqui-nolones se concentrent fortement dans la prostate [3,6,7].De plus, le traitement antibiotique doit ĂȘtre long pour permettre la destruction de l’ensemble des bactĂ©ries. Ainsi, un chien castrĂ© nĂ©cessite une antibiothĂ©rapie de 4 Ă  6 semaines et un chien non castrĂ© une durĂ©e mini-male de 9 semaines. Une durĂ©e infĂ©rieure est inefficace car de nombreuses bactĂ©ries restent prĂ©sentes et se multiplieront progressivement dĂšs l’arrĂȘt du traitement. Le caractĂšre brutal de la prostatite aiguĂ« impose la mise en place d’une antibiothĂ©rapie Ă  large spectre dĂšs le diagnostic. Cependant, considĂ©rant le faible

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prostatite du Chien

Prostatite du chien

nombre d’antibiotiques Ă  disposition et la durĂ©e importante du traitement, il paraĂźt nĂ©cessaire de toujours rĂ©aliser un prĂ©lĂšvement bactĂ©riologique prĂ©alablement Ă  l’initiation du traitement antibiotique afin de confir-mer une infection et de connaĂźtre la sensibilitĂ© des bactĂ©ries aux antibiotiques.

traitement antibiotique

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie de la prostatite chronique chez le chien

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schéma thérapeutique

1. en premiĂšre approche (si liquide prostatique rĂ©coltĂ©)‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime

2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenusremarque : interprĂ©tation des mises en culture bactĂ©riennes dĂ©licate : les germes identifiĂ©s font partie de la microflore normale du tractus urogĂ©nital : nĂ©cessitĂ© d’observer une culture pure, ou abondante avec un ou deux germes largement prĂ©dominants.‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime : 12, 5 mg/kg deux fois par jour pendant 4 Ă  6 semaines lors de rĂ©duction de

l’activitĂ© prostatique associĂ©e ou 4 Ă  6 semaines chez un chien dĂ©jĂ  castrĂ© ou 9 semaines chez un chien non castrĂ©.

‱ Amoxicilline et acide clavulanique : 12, 5 mg/kg deux fois par jour pendant 4 Ă  6 semaines lors de rĂ©duction de l’activitĂ© prostatique associĂ©e ou 4 Ă  6 semaines chez un chien dĂ©jĂ  castrĂ© ou 9 semaines chez un chien non castrĂ©.

‱ CĂ©falexine : 15 mg/kg deux fois par jour pendant 4 Ă  6 semaines lors de rĂ©duction de l’activitĂ© prosta-tique associĂ©e ou 4 Ă  6 semaines chez un chien dĂ©jĂ  castrĂ© ou 9 semaines chez un chien non castrĂ©.

‱ Enrofloxacine* : 5 mg/kg/jour en une prise pendant 4 Ă  6 semaines lors de rĂ©duction de l’activitĂ© prosta-tique associĂ©e ou 4 Ă  6 semaines chez un chien dĂ©jĂ  castrĂ© ou 9 semaines chez un chien non castrĂ©.

‱ Marbofloxacine* : 2 mg/kg/jour en une prise pendant 4 Ă  6 semaines lors de rĂ©duction de l’activitĂ© pros-tatique associĂ©e ou 4 Ă  6 semaines chez un chien dĂ©jĂ  castrĂ© ou 9 semaines chez un chien non castrĂ©.

Cas particulier de la brucellose : Thérapie combinée : sulfamides ou fluoroquinolones et aminosides associés à une castration (caractÚre zoonotique)

durĂ©e du traitement : 4 Ă  6 semaines lors de rĂ©duction de l’activitĂ© prostatique associĂ©e

traitements associés

indispensables

le traitement antibiotique seul ne permet pas la résolution complÚte.traitement de la cause hormonale : réduction du volume prostatique (anti-androgÚne ou castration)traitement des cavités volumineuses associées : drainage échoguidé, omentalisation chirurgicale...

la rĂ©duction de l’activitĂ© prostatiqueLa «rĂ©duction de la fonction prostatique» est indispensable dans le traitement des prostatites. Elle est sou-vent suffisante pour faire rĂ©gresser rapidement les symptĂŽmes cliniques (5 Ă  7 jours), et permet une rĂ©duc-tion significative de la durĂ©e de l’antibiothĂ©rapie en cas d’infection : de 12 semaines (sans rĂ©duction d’activitĂ© de la fonction prostatique) Ă  4/6 semaines en cas de traitement. Lors de prostatite, il est recommandĂ© de commencer par un traitement mĂ©dical (acĂ©tate d’osatĂ©rone, acĂ©tate de delmadinone) avant d’opter pour une Ă©ventuelle castration chirurgicale afin : d’évaluer la rĂ©ponse au traitement, de laisser le temps Ă  une funicu-lite secondaire de rĂ©gresser et d’éviter des complications postopĂ©ratoires sur le site chirurgical (granulome, dĂ©hiscence, etc.), et parfois de stabiliser l’état gĂ©nĂ©ral du chien [4,5].

*Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 146: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

146Prostatite du chien

prostatite du Chien

réFérenCes bibliographiques

1. Krawiec DR, Heflin D. Study of prostatic disease in dogs: 177 cases (1981-1986). J Am Vet Med Assoc. 1992;200 : 1119-22.2. Levy X et coll. Comparative evaluation of five different techniques to diagnose prostatic infection in the dog (abstr): EVSSAR Scientific Proceedings;2006, p 319.3. Nizanski W et coll. Pharmacological treatment for common prostatic conditions in dogs - benign prostatic hyper-plasia and prostatitis: an update. Reprod Domest Anim. 2014;49 Suppl 2:8-15.4. Dorfman MI et Barsanti JA. CVT update: treatment of canine bacterial prostatitis. In : Bonagura JD, Kirk RW, eds, Current Veterinary Therapy XII. Philadelphia, WB Saunders;1995:1029-32.5. L’Abee-Lund TM et coll. Mycoplasma canis and urogenital disease in dogs in Norway. Vet Rec. 2003;231-5.6. Cowan LA et coll. Effects of castration on chronic bacterial prostatitis in dogs. J Am Vet Med Assoc. 1991;199 : 346-50.7. Lopate C. Clinical approach to conditions of the male. In : England G, Von Heimendahl A, eds, BASAVA Manual of Canine and Feline Reproduction and Neonatalogy. Second Edition. Gloucester : BSAVA association;2010:205-7.

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147Orchites et épididymites bactériennes chez le chien

orChites et épididymites baCtériennesChez le Chien

résultat attendu

L’objectif est de connaĂźtre les principaux agents infectieux Ă  l’origine des orchites et des Ă©pididymites chez le chien afin de savoir les rechercher et afin de proposer une dĂ©marche thĂ©rapeutique adaptĂ©e.

situation aCtuelle

ContexteUne orchite et une Ă©pididymite infectieuses sont respectivement une inflammation du testicule et de l’épi-didyme secondaire Ă  une invasion des tissus par des bactĂ©ries, virus ou agents fongiques. Ces infections se font le plus souvent par voie ascendante rĂ©trograde Ă  partir du prĂ©puce, de l’urĂštre, de la vessie ou encore de la prostate. Elles peuvent se faire par voie hĂ©matogĂšne (par dissĂ©mination Ă  partir d’un foyer infectieux primaire), par entrĂ©e directe via une plaie perforante (morsure, ponction, corps Ă©tranger, piqĂ»re d’insecte) ou par voie vĂ©nĂ©rienne dans le cadre de la brucellose [1-4].

Des micro-abcĂšs se mettent en placent progressivement : ils Ă©voluent le plus souvent en une cavitĂ© inflam-matoire purulente neutrophilique plus importante ; en l’absence de prise en charge, une phase chronique succĂšde Ă  la phase aiguĂ« et sera accompagnĂ©e d’une atrophie testiculaire et d’une fibrose. Des orchi-Ă©pididy-mites chroniques existent sans passage par une phase aiguĂ«.

L’origine bactĂ©rienne est la plus frĂ©quente. Des orchites Ă  mycoplasmes, urĂ©aplasmes, Ă  blastomycose sont Ă©galement dĂ©crites (mais plus difficiles Ă  objectiver Ă©tant donnĂ© la spĂ©cificitĂ© du milieu de culture et le coĂ»t de l’analyse). Les virus de l’herpesvirus et de la pĂ©ritonite infectieuse fĂ©line, peuvent Ă©galement se multiplier et se dissĂ©miner au sein des testicules et des Ă©pididymes. Il convient de signaler que des orchites non infec-tieuses, lymphoplasmocytaires, d’origine probablement auto-immune sont dĂ©crites [5].

Une orchite/Ă©pididymite atteint gĂ©nĂ©ralement les jeunes adultes d’ñge moyen 3-4 ans et peut Ă©voluer de façon aiguĂ« ou chronique et ĂȘtre Ă  l’origine d’infertilitĂ©. L’atteinte unilatĂ©rale est la plus frĂ©quente [3,6]. C’est une affection rare chez le chien et exceptionnelle chez le chat.

pratiques actuelles de traitement

La prise en charge chirurgicaleLa prise en charge mĂ©dicale, bien que possible (voir infra), reste dĂ©cevante. Ainsi, chez un animal non repro-ducteur, la castration bilatĂ©rale est recommandĂ©e car l’orchite peut ĂȘtre un symptĂŽme de brucellose qui est une zoonose et afin de prĂ©venir une orchite auto-immune sur le testicule controlatĂ©ral.

Si l’animal est destinĂ© Ă  la reproduction, une hĂ©micastration doit ĂȘtre envisagĂ©e rapidement afin d’éviter de perturber la spermatogĂ©nĂšse dans le testicule controlatĂ©ral.

L’antibiothĂ©rapieUn antibiotique Ă  large spectre, actif notamment sur les bactĂ©ries Gram nĂ©gatif, est pratiquĂ©e avec les cĂ©pha-losporines, l’amoxicilline/acide clavulanique ou les fluoroquinolones.

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Page 148: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

148

orChites et épididymites baCtériennes Chez le Chien

pathogùnes en cause‱ Escherichia coli‱ Staphylococcus spp.‱ Streptococcus spp.‱ Klebsiella spp.‱ Pseudomonas spp.‱ Proteus vulgaris

résistances connuesRésistance naturelle uniquement.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Chez le chien non reproducteurSur un animal non destinĂ© Ă  la reproduction, quel que soit l’agent infectieux, la castration est indispensable.

Chez le chien reproducteurLa castration bilatĂ©rale est indispensable si l’animal est atteint de brucellose, de par le caractĂšre zoonotique de la maladie. Une antibiothĂ©rapie supplĂ©mentaire est indiquĂ©e.Lors d’orchite bactĂ©rienne unilatĂ©rale, sauf brucellose, une castration unilatĂ©rale et une antibiothĂ©rapie de premiĂšre intention sont recommandĂ©es.Lors atteinte bilatĂ©rale, sauf brucellose, une antibiothĂ©rapie seule de quatre semaines doit ĂȘtre mise en place.Lors d’évolution chronique ou en l’absence d’amĂ©lioration satisfaisante aprĂšs une antibiothĂ©rapie initiale, un antibiogramme sera rĂ©alisĂ© et l’antibiothĂ©rapie sera adaptĂ©e et prolongĂ©e.En l’absence d’amĂ©lioration rapide, la castration est Ă  considĂ©rer.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Culture de la semenceLors d’orchite, le prĂ©lĂšvement de semence rĂ©vĂšle souvent une pyospermie. Une mise en culture pour germes aĂ©robies, pour les mycoplasmes et urĂ©aplasmes (milieu de Amie sans charbon, milieu de Stuart, milieu de Hayflick modifiĂ©) est conseillĂ©e. L’interprĂ©tation de la culture et de l’antibiogramme est difficile car les bactĂ©-ries sont souvent issues de la flore commensale de l’appareil gĂ©nito-urinaire.

autres techniques de prĂ©lĂšvements utilesla ponction Ă©choguidĂ©e et l’aspiration d’un « mini-abcĂšs » intratesticulaire peuvent ĂȘtre envisagĂ©es afin de soumettre le prĂ©lĂšvement Ă  une culture bactĂ©riologique.

la cytoponction Ă  l’aiguille fine (aspiration) du parenchyme testiculaire est une technique facile permettant de disposer d’échantillon en vue d’examen cytologique (pour orienter le choix d’une antibiothĂ©rapie empi-rique) ou d’un examen bactĂ©riologique (aprĂšs avoir rĂ©cupĂ©rĂ© le contenu de l’aiguille avec du sĂ©rum physiolo-gique stĂ©rile et mis en milieu de culture. Des cytoponctions multiples des testicules ne semblent pas altĂ©rer ni l’histologie des testicules, ni les caractĂ©ristiques de la semence chez des chiens sains [7].

La mise en culture d’un broyat testiculaire ou de la zone abcĂ©dĂ©e isolĂ©e lors de l’intervention chirurgicale est possible.

‱ Bacillus spp.‱ Mycoplasma spp.‱ Ureaplasma spp.‱ Brucella canis, Brucella abortus, Brucella melitensis, Brucella suis‱ Blasctomyces dermatitidis

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Orchites et épididymites bactériennes chez le chien

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orChites et épididymites baCtériennes Chez le Chien

sĂ©rologie et pCr brucelloseL’infection Ă  Brucella canis existe en France mais sa prĂ©valence reste faible [8]. Une sĂ©rologie par test d’agglu-tination doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e en premiĂšre intention. Ces tests sont intĂ©ressants en dĂ©pistage (« screening ») Ă  cause de leur grande sensibilitĂ© (95-99,7 %) ; ils ont nĂ©anmoins une faible spĂ©cificitĂ©) car il existe en effet des rĂ©actions croisĂ©es avec Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus spp., Bordetella bronchiseptica
 Ă  l’origine de faux positifs dans 20-50 %. Un test douteux est Ă  renouveler 3-4 semaines plus tard pour mettre en Ă©vi-dence une sĂ©roconversion. Ces tests sĂ©rologiques ne sont pas positifs avant 30-60 jours aprĂšs l’infection. Ils peuvent rester positifs pendant trois mois aprĂšs une infection Ă  Brucella canins traitĂ©e [9].

En cas de résultat douteux, un examen PCR (Polymerase Chain Reaction) sur sang, sperme, cellules préputiales ou organe est possible. Attention, la brucellose est une zoonose.

Conduite du traitement

traitement antibiotique

tableau 1 : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des orchites et des Ă©pididy-mites bactĂ©riennes chez le chien et chez le chat

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Orchites et épididymites bactériennes chez le chien

schéma thérapeutique

1. prĂ©fĂ©rer la voie gĂ©nĂ©rale Ă  la voie locale (moins de risque d’apparition de rĂ©sistances bactĂ©riennes) en premiĂšre approche‱ Amoxicilline et acide clavulanique : 12,5 mg/kg deux fois par jour pendant 10 jours en phase aiguĂ«,

4 semaines en phase chronique.‱ CĂ©falexine : 15 mg/kg deux fois par jour pendant 10 jours en phase aiguĂ«, 4 semaines en phase chronique.‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime : 12,5 mg/kg deux fois par jour pendant 10 jours en phase aiguĂ«, 4 semaines

en phase chronique.‱ Marbofloxacine* : 2 mg/kg/jour en une prise pendant 10 jours en phase aiguĂ«, 4 semaines en phase

chronique.

2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenustenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’antibiogramme (bactĂ©ries souvent issues de la flore commensale)penser Ă  explorer les autres causes possibles (herpĂšs virus du chien, PIF chez le chat)

Cas particulier de la brucellose : thérapie combinée : sulfamides ou fluoroquinolones et aminosides associés à une castration (caractÚre zoonotique)

traitements associés

indispensables et démarche

ultérieure

le traitement antibiotique seul est trĂšs souvent dĂ©cevantCastration recommandĂ©e dans tous les cas chez les animaux qui ne sont pas destinĂ©s Ă  la reproduction (portage bactĂ©rien possible, potentiellement zoonotique)Anti-inflammatoire non stĂ©roĂŻdienLe pronostic reproducteur de l’animal ne sera pas Ă©valuĂ© avant 2-3 mois aprĂšs la fin du traitement, la spermatogĂ©nĂšse du chien durant 62 jours.

*Attention, antibiotique d’importance critique !

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150

orChites et épididymites baCtériennes Chez le Chien

réFérenCes bibliographiques

1. Lopate C. Clinical approach to conditions of the male. In : England G, Von Heimendahl A, eds, BSAVA Manual of Canine and Feline Reproduction and Neonatalogy Second Edition. Gloucester : BSAVA association ; 2010 : 191-3.2. Ellington J et coll. Unilateral bacterial epididymitis in the dog. J Am Anim Hosp Assoc. 1993 ; 29 : 315-9.3. Feldman EC., Nelson RW. Disorders of the testes and epididymes. In : Feldman EC, Nelson RW. Canine and feline endocrinology and reproduction. 2e ed. WB Saunders ; 1996 : 697-710.4. Szasa F. et coll. One case of epididymitis caused by Escherichia coli and Bacteroides fragilis group bacterium in a dog. Kisallatvorvoslas. 1 994 ; 1 : 10-3.5. Tung K., Mahi-Brown CA. Autoimmune orchitis and oophoritis. Immunol Allergy Clin North Am. 1990 ; 10 : 199-214.6. Lein D. Canine orchitis. In : Kirk RW, ed, Current Veterinary Therapy VI. 6e ed. Philadelphia : WB Saunders ; 1977 : 1255-9.7. Dahlbom M. et coll. Testicular fine needle aspiration cytology as a diagnostic tool in dog infertility. J Small Anim Pract. 1997 ; 38 : 506-12.8. Fontbonne A. La brucellose canine : une maladie trop peu souvent recherchée par les praticiens. Nouv Prat Vét Canine Féline. 2004 ; 17 : 21-5.9. Hollet R.Canine brucellosis: outbreak and compliance. Theriogenoly. 2006 ; 66 : 575-87.

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Orchites et épididymites bactériennes chez le chien

Page 151: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

151Antibiothérapie chez le chien et le chat nouveau-né

antibiothérapie Chez le Chien et le Chat nouveau-né

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

résultat attendu

L’objectif est de distinguer les anti-infectieux utilisables et les anti-infectieux non utilisables chez le trùs jeune chiot ou chaton (< 8 semaines).

situation aCtuelle

ContexteLes effets indésirables des antibiotiques résultent de leur toxicité ou de leur action sélective sur la flore bac-térienne intestinale du jeune. Afin de limiter au minimum la destruction de cette flore commensale, en pleine croissance chez les jeunes animaux, la voie orale est à proscrire [1,2].

Une rĂ©duction de 30 Ă  50 % de la dose prĂ©conisĂ©e pour l’adulte et une augmentation de l’intervalle entre les doses sont gĂ©nĂ©ralement, mais pas toujours, conseillĂ©es. Les antibiotiques les mieux tolĂ©rĂ©s par les nouveau-nĂ©s sont les bĂȘtalactamines et les cĂ©phalosporines. Une complĂ©mentation par un probiotique pourrait rĂ©duire le risque de diarrhĂ©e [3].

Dans certains cas, les avantages de l’utilisation des antibiotiques l’emportent sur les risques sur le jeune chien ou chat [1,2,4].

pratiques actuelles de traitement

Affections du jeuneLorsqu’un nouveau-nĂ© est atteint par une pathologie nĂ©cessitant l’administration d’antibiotiques, le traite-ment est effectuĂ© par analogie avec l’adulte dans la mĂȘme situation.

pathogÚnes en causeToutes les affections bactériennes.

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Il ne faut pas exclure totalement le traitement antibiotique durant les premiĂšres semaines de vie mais des prĂ©cautions supplĂ©mentaires dans le choix de l’anti-infectieux, la dose et la frĂ©quence d’administration sont nĂ©cessaires en fonction de leur toxicitĂ© Ă©ventuelle.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Spécifique à chaque affection bactérienne.

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Page 152: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

152Antibiothérapie chez le chien et le chat nouveau-né

antibiothérapie Chez le Chien et le Chat nouveau-né

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLes antibiotiques utilisables chez le chiot ou le chaton de moins de 8 semaines sont décrits dans le tableau ci-dessous.

tableau 1 : principaux antibiotiques utilisables chez le chiot et le chaton de moins de 8 semaines

Les antibiotiques qui doivent ĂȘtre Ă©vitĂ©s chez le chiot ou le chaton de moins de 8 semaines sont dĂ©crits dans le tableau ci-dessous.

tableau 2 : principaux antibiotiques Ă  Ă©viter chez le chiot et le chaton de moins de 8 semaines

réFérenCes bibliographiques

1. Johnston SD et coll. Canine and feline theriogenology. First Edition. Philadelphia : W. B. Saunders Company ; 2001.2. Feldman EC, Nelson RW. Canine and feline endocrinology and reproduction. Third ed. Saint Louis : W.B. Saunders Company ; 2004.3. Wiebe JW, Howard JP. Pharmacologic advances in canine and feline reproduction. Topics in Companion Animal Medicine. 2009 ; 24 : 71-99.4. Milani C et coll. Antimicrobial resistance in bacteria from breeding dogs housed in kennels with differing neonatal mortality and use of antibiotics. Theriogenology. 2012 ; 78 : 1321-8.

antibiotiques dose prĂ©conisĂ©e FrĂ©quence d’administration

PĂ©nicillines 1. Augmenter la dose initiale (50% de plus)2. Dose d’entretien identique Ă  l’adulte Diminuer l’intervalle entre les administrations

(toutes les 8h au lieu de toutes les 12h)CĂ©phalosporines3. Dose d’entretien identique Ă  l’adulte

Macrolides

Lincosamides4. Dose d’entretien identique à l’adulte Pas de modification

MĂ©tronidazoles

antibiotiques effets indésirables décrits

TĂ©tracyclines ‱ Inhibition du mĂ©tabolisme‱ AdministrĂ©es par voie orale, chĂ©lation du calcium osseux nĂ©faste pour la croissance,

et dyscoloration de l’émail dentaire‱ ToxicitĂ© hĂ©patique et rĂ©nale

Aminosides ‱ NĂ©phrotoxicitĂ© de la gentamicine

Sulfamides ‱ A proscrire chez les animaux leucopĂ©niques ou anĂ©miĂ©s

ThrimĂ©thoprime ‱ AnĂ©mie, leucopĂ©nie et thrombocytopĂ©nie

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153Antibiothérapie chez la femelle gravide et la femelle en lactation (chienne et chatte)

antibiothérapie Chez la Femelle gravide et la Femelle en laCtation (Chienne et Chatte)

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

résultat attendu

L’objectif est de distinguer les principaux anti-infectieux utilisables et non utilisables chez la chienne et la chatte gravides ou en lactation afin de ne nuire ni à la gestation, à la femelle et/ou à ses fƓtus/produits.

situation aCtuelle

ContexteAvant d’utiliser une molĂ©cule chez une femelle gravide ou en lactation, la balance risques/bĂ©nĂ©fices doit ĂȘtre Ă©tudiĂ©e avec attention pour les trois niveaux en cause : la femelle, la gestation elle-mĂȘme, et les fƓtus. De nombreux agents infectieux sont toxiques pour le fƓtus en croissance, particuliĂšrement pendant l’organogĂ©-nĂšse [1, 2, 3].

Cependant, ces risques ne doivent pas ĂȘtre surestimĂ©s. En effet, de nombreux critĂšres pharmacologiques peuvent aider Ă  dĂ©terminer les consĂ©quences d’une exposition des embryons et des fƓtus aux antibiotiques. Ce sont le poids molĂ©culaire, le degrĂ© d’ionisation, la liposolubilitĂ© et le degrĂ© de liaison aux protĂ©ines de l’antibiotique, ainsi que le pH du milieu, le niveau de passage de la barriĂšre placentaire et la dose de la molĂ©-cule administrĂ©e [4]. Pour qu’un effet toxique apparaisse chez les fƓtus, l’exposition aux anti-infectieux doit se produire Ă  un moment dĂ©fini de la gestation et atteindre une concentration-seuil dans le placenta.

pratiques actuelles de traitement

Affections de la chienne/chatte gestanteLorsqu’une chienne/chatte gestante est atteinte par une affection nĂ©cessitant l’administration d’antibio-tiques, soit le traitement est effectuĂ© sans se soucier de la gestation elle-mĂȘme afin de sauver la femelle Ă  tout prix, au risque de provoquer un avortement ou des malformations, soit la femelle n’est pas correctement traitĂ©e pour prĂ©server la gestation.

Affections de la chienne/chatte en lactationLorsqu’une chienne/chatte est atteinte par une affection nĂ©cessitant l’administration d’antibiotiques alors qu’elle allaite, le traitement est trop souvent effectuĂ© sans se soucier de la lactation elle-mĂȘme et les nouveaux-nĂ©s sont gĂ©nĂ©ralement sevrĂ©s brutalement.

pathogÚnes en causeToutes les affections bactériennes.

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antibiothérapie Chez la Femelle gravide et la Femelle en laCtation (Chienne et Chatte)

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Il ne faut pas exclure totalement le traitement antibiotique durant la gestation ou la lactation mais des prĂ©-cautions supplĂ©mentaires dans le choix de l’anti-infectieux sont nĂ©cessaires en fonction de leur toxicitĂ© Ă©ven-tuelle.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

Spécifique à chaque affection bactérienne.

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueLes antibiotiques utilisables et leur toxicité potentielle sont décrits ci-dessous.

Cf. Tableau 1 page suivante.

réFérenCes bibliographiques

1. Johnston SD et coll. Canine and feline theriogenology. First Edition. Philadelphia : W.B. Saunders Company ; 2001.2. Feldman EC, Nelson RW. Canine and feline endocrinology and reproduction. Third ed. Saint Louis : W.B. Saunders Company ; 2004.3. Wiebe JW, Howard JP. Pharmacologic advances in canine and feline reproduction. Topics in Companion Animal Medicine. 2009 ; 24 : 71-99.4. Milani C et coll. Antimicrobial resistance in bacteria from breeding dogs housed in kennels with differing neonatal mortality and use of antibiotics. Theriogenology. 2012 ; 78 : 1321-8.

Antibiothérapie chez la femelle gravide et la femelle en lactation (chienne et chatte)

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antibiothérapie Chez la Femelle gravide et la Femelle en laCtation (Chienne et Chatte)

Antibiothérapie chez la femelle gravide et la femelle en lactation (chienne et chatte)

antibiotiquesrecommandations

de la Food and drug administration (Fda)*

éléments connus de la toxicité

Amikacine D Peut entraßner de la néphrotoxicité et une toxicité nerveuse

Ampicilline APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Amoxicilline et amoxicilline – acide clavulanique

APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

CĂ©phalosporines APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Clindamycine APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Doxycycline XPeut entraĂźner des malformations osseuses et dentaires chez le ou les fƓtus et peut ĂȘtre toxique pour la mĂšre (risque d’hĂ©patite)

Enrofloxacine XToxicité potentielle des quinolones sur les cartilages de croissance des chiots de grande race

Gentamycine D Peut entraßner de la néphrotoxicité et une toxicité nerveuse

MĂ©tronidazole CPas d’études chez les chiens et les chats et effets tĂ©ratogĂšnes dans d’autres espĂšces

OxytĂ©tracycline XPeut entraĂźner des malformations osseuses et dentaires chez le ou les fƓtus et peut ĂȘtre toxique pour la mĂšre (risque d’hĂ©patite)

PĂ©nicilline APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Sulfonamides BPas d’effets toxiques chez les chiens et les chats bien qu’il ait Ă©tĂ© rapportĂ© l’existence d’effets tĂ©ratogĂšnes dans d’autres espĂšces

Sulfamides-Triméthoprime B Normalement sûr

TĂ©tracycline XPeut entraĂźner des malformations osseuses et dentaires chez le ou les fƓtus et peut ĂȘtre toxique pour la mĂšre (risque d’hĂ©patite)

tableau 1 : principaux antibiotiques utilisables chez la femelle gravide ou en lactation [1,2]

CatĂ©gorie a : « probablement sĂ»r » : Les Ă©tudes menĂ©es en mĂ©decine humaine et chez les animaux n’ont pas permis de dĂ©montrer l’existence d’un risque pour le ou les fƓtus durant le premier trimestre. La toxicitĂ© fƓtale est Ă©cartĂ©e.CatĂ©gorie b : « probablement sĂ»r si utilisation raisonnĂ©e » : Les Ă©tudes menĂ©es chez le chien ou le chat n’ont pas permis de dĂ©montrer l’existence d’un risque pour le ou les fƓtus durant le premier trimestre. Cependant, des risques ont Ă©tĂ© mis en Ă©vi-dence dans d’autres espĂšces.

CatĂ©gorie C : « risque potentiel » : Soit il n’y a pas eu d’études menĂ©es en humaine ou chez les animaux, soit les Ă©tudes chez l’animal ont rĂ©vĂ©lĂ© des effets indĂ©sirables.CatĂ©gorie d : « risque avĂ©rĂ© » : Les Ă©tudes menĂ©es en hu-maine et chez les animaux ont permis de dĂ©montrer l’existence d’un risque pour le ou les fƓtus durant la gestation. Cependant, ils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s si le pronostic vital de la mĂšre est engagĂ©.CatĂ©gorie X : « Contre-indiquĂ© » : Il a Ă©tĂ© montrĂ© l’existence d’un effet indĂ©sirable de ces molĂ©cules (embryotoxicitĂ© et/ou malformations congĂ©nitales
).

* Classification de la Fda concernant les antibiotiques utilisés pendant la gestation

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Sepsis et choc septique chez le chien et le chat

sepsis et ChoC septique Chez le Chien et le Chat

introduCtion

Rappel des dĂ©finitions :‱ sepsis : Syndrome de rĂ©ponse inflammatoire systĂ©mique (SIRS) qui est une rĂ©ponse inflammatoire gĂ©nĂ©ra-

lisĂ©e consĂ©cutive Ă  une infection. Si non traitĂ©, peut conduire Ă  une dĂ©faillance multiviscĂ©rale et Ă  la mort.‱ Choc septique : sepsis associĂ© Ă  une dĂ©faillance circulatoire (hypotension) qui ne rĂ©pond pas Ă  la rĂ©anima-

tion liquidienne.

résultat attendu

La pratique des soins intensifs et la reconnaissance des Ă©tats de sepsis et de choc septique sont trĂšs rĂ©centes en France. Les donnĂ©es disponibles sont, soit issues de la littĂ©rature vĂ©tĂ©rinaire nord-amĂ©ricaine, soit de la mĂ©decine humaine. L’objectif de cette fiche est de proposer une pratique raisonnĂ©e de l’utilisation des anti-biotiques dans ces circonstances.

situation aCtuelle

ContexteL’antibiorĂ©sistance est un risque rĂ©el en soins intensifs. Une exposition constante aux antibiotiques et parti-culiĂšrement aux antibiotiques Ă  large spectre favorise les mutations et les rĂ©sistances des bactĂ©ries du tube digestif. Les aĂ©robies sont reprĂ©sentĂ©es par E. coli (principale bactĂ©rie gram-) et Enterococcus spp. (principale bactĂ©rie gram+). Les bactĂ©ries anaĂ©robies, bien que souvent sous estimĂ©es, sont les plus nombreuses.

pathogĂšnes en causeCf Tableau 1 page suivante.

rĂ©sistances connuesDepuis les annĂ©es 1990 des nouveaux germes multirĂ©sistants (MDR) sont apparus : Staphylocoques dorĂ©s mĂ©thicilline-rĂ©sistants (MRSA), Enteroccocus spp. vancomycine-rĂ©sistants (VRE), Pseudomonas spp. fluoro-quinolone-rĂ©sistants (FQRP) et Staphylocoques dorĂ©s vancomycine-rĂ©sistants (VSRA) (rares, surtout dĂ©crits aux États-Unis) et les EntĂ©robactĂ©ries BLSE. Une multirĂ©sistance se dĂ©finit comme une rĂ©sistance Ă  trois antibiotiques ou plus auxquels la bactĂ©rie est habituellement sensible. Les Staphylocoques coagulase + sont virulents, capables de s’adapter Ă  n’importe quel environnement et Ă  l’origine d’infections potentiellement mortelles. La large utilisation des antibiotiques exerce une pression de sĂ©lection sur les germes et favorise l’apparition de nouveaux phĂ©notypes MDR. Par exemple : l’apparition des MRSA pourrait ĂȘtre due Ă  l’utilisa-tion des cĂ©phalosporines. Des E. coli MDR sembleraient ĂȘtre la consĂ©quence de l’utilisation des fluoroquino-lones. Le cefotaxime et la ceftazidime (cĂ©phalosporines de 3° gĂ©nĂ©ration) pourraient ĂȘtre responsables de l’apparition de coliformes MDR. L’impact de l’amoxicilline associĂ©e Ă  l’acide clavulanique sur l’émergence de bĂ©ta-lactamases ainsi que sur l’apparition Clostridium difficilis rĂ©sistants et de VRE semble moindre que celui des cĂ©phalosporines.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

Page 157: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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tableau 1 : bactĂ©ries les plus probables en fonction du foyer infectieux (d’aprĂšs Boothe, 2009)

Sepsis et choc septique chez le chien et le chat

sepsis et ChoC septique Chez le Chien et le Chat

Foyer primaire d’infection

bactéries les plus fréquentes

Respiratoire

Gram + : Streptococcus spp., Staph. coagulase + Klebsielles (Gram-)Enterobactéries (Gram-) : E. ColiAutres bacilles Gram- : Haemophilus influenzae, Bordetella spp., Pasteurella spp., Pseudomonas spp. 
Anaérobies

urinaireEnterobacteries (Gram-) : E. Coli, Proteus spp., Klebsielles, Enterobacter, Serratia spp.Autres Bacilles Gram- : Pseudomonas spp.Coques Gram+ : Entérocoques, Staph. Coagulase +

GĂ©nital

Enterobactéries : E. Coli, Enterobacter spp., Salmonella spp., Acinetobacter spp.Autres Bacilles Gram- : Pseudomonas spp.Gram+ : Streptococcus pp.s, Enterococcus fecalisBacteroïdes fragilis (Gram-, anaérobies)

Digestif

Enterobactéries : E. Coli, Enterobacter, Salmonella
Autres Bacilles Gram-Gram+ : Streptococcus, Enterococcus fecalisAnaérobie

Fistules et trajets des corps Ă©trangers migrants

Gram + : Staph. coagulase +, Staph. coagulase-, Streptococcus spp.Bacilles Gram-Clostridium spp. (Gram +, anaérobie)Anaérobies

pratiques actuelles de traitementRelativement peu de donnĂ©es existent actuellement en France sur les pratiques actuelles en termes d’antibio-thĂ©rapie lors de sepsis et de choc septique. Les raisons en sont les suivantes :‱ Les soins intensifs sont une discipline trĂšs nouvelle (10 ans) et encore cantonnĂ©s aux structures universi-

taires et libĂ©rales de forte capacitĂ©. La reconnaissance et la prise en charge des sepsis et chocs septiques n’est pas encore standardisĂ©e.

‱ Le coĂ»t de la prise en charge du sepsis et du choc septique est un frein.‱ La disponibilitĂ© des prĂ©sentations IV des antibiotiques est trĂšs limitĂ©e et toutes n’ont pas d’AMM vĂ©tĂ©ri-

naire, ce qui reprĂ©sente parfois une entrave au dĂ©veloppement de stratĂ©gies thĂ©rapeutiques raisonnĂ©es. Les antibiotiques IV disponibles en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire des carnivores domestiques sont actuellement : gentamicine (AMM), sulfamides/trimĂ©toprime (AMM), enrofloxacine (AMM mais antibiotique critique), marbofloxacine (AMM mais antibiotique critique), amoxicilline/acide clavulanique (AMM pour les formes PO et IM), mĂ©tronidazole (absence d’AMM, disponibilitĂ© et prescription restreintes).

Cependant, Ă  l’instar de ce qui se passe en soins intensifs en mĂ©decine humaine et en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire aux États-Unis, des recommandations Ă©mergent.La premiĂšre des prĂ©ventions consiste Ă  prĂ©venir les maladies nosocomiales (voir fiche spĂ©cifique).

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Lors de sepsis ou de choc septique, l’antibiothĂ©rapie est indispensable. La discussion porte sur le choix du ou des antibiotiques et sur le protocole de mise en place du traitement.

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158Sepsis et choc septique chez le chien et le chat

sepsis et ChoC septique Chez le Chien et le Chat

Les protocoles doivent viser Ă  amĂ©liorer l’utilisation des antibiotiques. L’antibiothĂ©rapie initiale doit traiter les germes pathogĂšnes les plus probables dans le cas d’une infection donnĂ©e (Ă  dĂ©faut de connaĂźtre les rĂ©els responsables). Ensuite, l’antibiothĂ©rapie devrait reposer sur les rĂ©sultats d’une culture et d’un antibiogramme pour dĂ©terminer le traitement le plus adaptĂ©. La durĂ©e d’administration devra ĂȘtre la plus courte possible. Le risque de dĂ©velopper une rĂ©sistance est liĂ© Ă  la fois Ă  la dose et Ă  la durĂ©e du traitement.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

GĂ©nĂ©ralement la nature de la bactĂ©rie est inconnue lors de sepsis ou de choc septique, nĂ©anmoins, l’antibio-thĂ©rapie doit ĂȘtre mise en place prĂ©cocement. Dans ce cas, l’antibiothĂ©rapie est probabiliste et repose sur les donnĂ©es de la littĂ©rature, les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques issues des analyses faites dans la structure hospita-liĂšre ainsi que sur les donnĂ©es anamnestiques, cliniques et paracliniques du malade (site de l’infection, ori-gine probable de l’infection, antibiothĂ©rapie(s) antĂ©rieure(s)). Chez les animaux en Ă©tat critique, les germes gĂ©nĂ©ralement rencontrĂ©s sont des germes de la flore saprophyte ou des germes nosocomiaux (Tableau 1). Par exemple, les infections de l’appareil urogĂ©nital sont souvent dues Ă  des bactĂ©ries aĂ©robies gram-, alors que les infections abdominales sont dues Ă  des bactĂ©ries aĂ©robies gram- et Ă  des bactĂ©ries anaĂ©robies. Une antibio-thĂ©rapie couvrant les anaĂ©robies est Ă©galement Ă  prĂ©voir lors d’ostĂ©omyĂ©lite, d’infection des organes creux, de foyers infectieux profonds, d’abcĂšs en formation ou de tout foyer infectieux accompagnĂ© d’un syndrome inflammatoire gĂ©nĂ©ralisĂ© important. Les animaux leucopĂ©niques et plus gĂ©nĂ©ralement immunodĂ©primĂ©s sont prĂ©fĂ©rentiellement sujets Ă  des bactĂ©ries aĂ©robies gram-. Une antibiothĂ©rapie antĂ©rieure (trois derniers mois) peut avoir induit une rĂ©sistance. L’utilisation antĂ©rieure de bĂȘtalactamines est susceptible d’avoir engendrĂ© une rĂ©sistance aux bĂȘtalactamines et une antibiothĂ©rapie antĂ©rieure aux fluoroquinolones d’avoir sĂ©lectionnĂ© des bactĂ©ries MDR.

Conduite du traitement

traitement antibiotique

Principaux antibiotiques disponibles en médecine vétérinaireLes formes IV sont les plus utilisées dans le traitement du sepsis et du choc septique

groupes antibiotique iveffet

aérobieeffet

anaérobiespectre temps / Concentration

AminosideGentamicine + -

G+: +G- : ++

C

Fluoroquinolone (antibiotique critique)

EnrofloxacineMarbofloxacine

+ -G+: +

G- : +++T (G+)C (G-)

Nitroimidazole MĂ©tronidazole + +++ G+& G- : + C

PĂ©nicilline A + Inhibiteur

Amoxicilline / Acide Clavulanique

+ + G+ & G- : + T

Sulfamide Triméthoprime- sulfamide

+ + G+& G- : +

Choix de l’antibiotique en fonction du foyer infectieuxIl existe trois types de pĂ©nĂ©tration tissulaire pour les antibiotiques. Les capillaires sinusoĂŻdes (foie, rate) laissent passer les molĂ©cules liĂ©es ou non Ă  des protĂ©ines de transport. Les capillaires fenĂȘtrĂ©s (reins) laissent

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159Sepsis et choc septique chez le chien et le chat

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passer les molĂ©cules non liĂ©es. Les capillaires non fenĂȘtrĂ©s (cerveau, LCR, testicules, prostate, muscle, tissus adipeux) reprĂ©sente une barriĂšre aux mouvements de molĂ©cules entre le secteur IV et l’interstitium. Dans ces tissus, les doses d’antibiotiques hydrosolubles (bĂȘtalactamines, aminosides, tĂ©tracyclines) doivent ĂȘtre ajustĂ©es. Les antibiotiques hydrosolubles se distribuent prĂ©fĂ©rentiellement dans les fluides extracellulaires alors que les liposolubles qui passent la membrane cellulaire se distribuent dans l’eau totale corporelle. Les antibiotiques Ă©liminĂ©s par voie rĂ©nale se concentrent dans les urines et non dans les tissus pĂ©riphĂ©riques. Il en est de mĂȘme pour ceux Ă©liminĂ©s pas voie biliaire qui s’accumulent dans la bile. MalgrĂ© le faible nombre de donnĂ©es chiffrĂ©es objectives (doses actives), l’aĂ©rosol thĂ©rapie reste une mĂ©thode d’administration efficace avec peu d’effets secondaires des antibiotiques (en particulier de la gentamicine) pour traiter les infections respiratoires, nĂ©anmoins cette voie peut ĂȘtre Ă  l’origine d’une dissĂ©mination environnementale d’antibiotique.

Choix de l’antibiotique en fonction de l’état de l’animalLes changements physiopathologiques dus Ă  la nature critique de l’affection influencent le mĂ©tabolisme des antibiotiques, leur absorption, leur distribution et leur excrĂ©tion. Les modifications d’absorption intestinale ont peu de consĂ©quences en soins intensifs oĂč les prescriptions sont essentiellement IV. Par contre, les dĂ©fi-cits perfusionnels peuvent diminuer l’assimilation d’antibiotiques administrĂ©s par voie SC ou IM. D’autres facteurs influencent la concentration plasmatique en particulier pour les antibiotiques hydroso-lubles (aminosides, bĂȘtalactamines) :‱ Diminution de la concentration lors d’augmentation du volume de distribution (ƓdĂšmes pĂ©riphĂ©riques,

Ă©panchements, fluidothĂ©rapie agressive). En consĂ©quence les doses doivent ĂȘtre augmentĂ©es. ‱ Augmentation de la concentration lors de diminution du volume circulant (hypovolĂ©mie, hĂ©morragie, dĂ©s-

hydratation).Il est prĂ©fĂ©rable de rĂ©tablir le volume circulant par fluidothĂ©rapie que de diminuer les doses d’antibiotiques.

Les changements de volĂ©mie ont peu d’impact sur les antibiotiques liposolubles si leur dose est calculĂ©e en mg/kg, Ă  condition que le poids soit mesurĂ© de façon fiable en tenant compte des changements liĂ©s Ă  la per-fusion. L’hypoalbuminĂ©mie diminue Ă©galement les concentrations tissulaires en antibiotiques, probablement Ă  cause des oedĂšmes pĂ©riphĂ©riques ; il est alors recommandĂ© de multiplier les doses par 1,5 ou 2. L’élimination des antibiotiques dĂ©pend de leur clairance (inversement proportionnelle) et du volume de dis-tribution (proportionnelle). GĂ©nĂ©ralement, les affections critiques diminuent la clairance des antibiotiques. Les diminutions de la clairance rĂ©nale rĂ©duisent l’élimination rĂ©nale des antibiotiques hydrosolubles et les graves affections hĂ©patiques diminuent l’excrĂ©tion des antibiotiques liposolubles. Si la clairance d’un antibio-tique temps-dĂ©pendant est augmentĂ©e, il convient d’augmenter la frĂ©quence d’administration. Lors de sepsis et de choc septique, il est fondamental d’ajuster le protocole d’antibiothĂ©rapie Ă  la volĂ©mie et la clairance rĂ©nale du patient. Si la volĂ©mie et la clairance sont rĂ©duites, il ne convient pas d’augmenter les doses.

Choix de l’antibiotique en fonction de sa toxicitĂ© potentielle pour un animal donnĂ©Les principales toxicitĂ©s mĂ©dicamenteuses des antibiotiques rĂ©sident dans leurs effets indĂ©sirables sans rapport avec les effets antimicrobiens.‱ Aminosides - NĂ©phrotoxiques - ToxicitĂ© liĂ©e Ă  la dose et Ă  la durĂ©e d’exposition - Administration une fois par jour, Ă  forte dose, de prĂ©fĂ©rence le matin - Peu de relargage de toxines bactĂ©riennes - Conseils : ° FluidothĂ©rapie concomitante conseillĂ©e pour favoriser l’élimination rĂ©nale ° Associations avec autres mĂ©dicaments potentiellement nĂ©phrotoxiques (AINS, les IECA, diurĂ©-

tiques) dĂ©conseillĂ©es. ‱ Enrofloxacine* - DĂ©gĂ©nĂ©rescence rĂ©tinienne chez le chat surtout si il est ĂągĂ© et/ou insuffisant rĂ©nal pour des doses

supĂ©rieures Ă  5 mg/kg/24 h) - RĂ©action anaphylactique possible due Ă  une dĂ©granulation mastocytaire. Elle peut ĂȘtre minimisĂ©e par

une administration plus lente - Fasciculites nécrosantes et choc par relargage de toxines streptococciques dans le traitement du Strep-

tocoque canin ‱ BĂȘtalactamines - Relargage de toxines bactĂ©riennes

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160Sepsis et choc septique chez le chien et le chat

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Choix de la dose la mieux adaptĂ©eLes antibiotiques sont classĂ©s en temps-dĂ©pendants et en concentration-dĂ©pendants :‱ antibiotiques temps-dĂ©pendants (bĂȘtalactamines) : leur prĂ©sence est nĂ©cessaire tant que les bactĂ©ries Ă©di-

fient leur paroi cellulaire. L’administration en perfusion continue est intĂ©ressante ;‱ antibiotiques concentration-dĂ©pendants (fluoroquinolones, aminosides) : ils sont liĂ©s de façon irrĂ©versible Ă 

leurs cibles. Ils ont des effets antimicrobiens prolongĂ©s aprĂšs une brĂšve exposition Ă  l’antibiotique.Certains antibiotiques comme les macrolides peuvent se comporter comme des temps-dĂ©pendants contre certaines bactĂ©ries et comme des concentration-dĂ©pendants contre d’autres bactĂ©ries.Chez l’Homme, l’arrĂȘt d’une antibiothĂ©rapie inutile a Ă©tĂ© dĂ©crit comme associĂ©e Ă  une diminution du temps d’hospitalisation, du coĂ»t, de l’antibiorĂ©sistance et des surinfections. Des traitements de courte durĂ©e (3 Ă  5 jours) sont de plus en plus prĂ©conisĂ©s Ă  la place des traitements classiques de 7 Ă  10 jours.

Association d’antibiotiquesLors d’associations d’antibiotiques, les mĂ©canismes d’action des molĂ©cules doivent se complĂ©ter et non s’antagoniser. En gĂ©nĂ©ral, les bactĂ©riostatiques ne doivent pas ĂȘtre associĂ©s avec des bactĂ©ricides comme les bĂȘtalactamines. L’activitĂ© bactĂ©ricide des bĂȘtalactamines et des fluoroquinolones dĂ©pend de la synthĂšse continue de protĂ©ines. Des antibiotiques peuvent agir de façon additive et synergique comme les bĂȘtalac-tamines et les aminosides. Par exemple, les bĂȘtalactamines et les aminosides qui n’ont pas le mĂȘme mĂ©ca-nisme d’action, sont bien synergiques nĂ©anmoins car l’action des bĂȘtalactamines donne une permĂ©abilitĂ© bien meilleure aux aminosides. La pĂ©nĂ©tration intracellulaire des aminosides est facilitĂ©e par la fragilisation de la membrane cellulaire induite par les pĂ©nicillines. L’activitĂ© des aminosides contre les Enterococcus spp. n’est adĂ©quate que s’ils sont administrĂ©s en synergie avec les bĂ©ta-lactamines ou la vancomycine. Une synergie similaire a Ă©tĂ© dĂ©crite contre Enterobacteriaceae, P. aeruginosa, staphylococci (MRSA inclus). Les pĂ©nicillines facilitent aussi la pĂ©nĂ©tration intrabactĂ©rienne des fluoroquinolones. L’association d’antibiotiques doit couvrir les infections polymicrobiennes. Les aminosides et les fluoroquinolones sont souvent associĂ©s avec les bĂȘta-lactamines, le mĂ©tronidazole ou la clindamycine afin de cibler les infections aĂ©robies gram+ et gram- ou les infections aĂ©robies dues Ă  des germes aĂ©robies et anaĂ©robies.

RĂ©capitulatif des antibiotiques utilisĂ©s disponibles et des doses recommandĂ©esLes posologies sont au minimum celles des RCP. La plupart des posologies proposĂ©es sont celles du Plumb’s, Veterinary Drug Handbook. 7th Ed. Plumb DC Ed. 2012. Wiley-Blackwell. Iowa USA.

antibiotique iv amm vétérinaire thérapie posologie

Amoxicilline/Acide Clavulanique AMM pour les formes PO et IM

MonoBiTri

20-30 mg/kg/6-8 heures, IV(Greene 2006)

Triméthoprime-sulfamide AMM Sulfadoxine / TriméthoprimeSulfaméthoxypyridazine / Triméthoprime

Mono 30 mg/kg/12h IV

MĂ©tronidazole Absence d’AMM, disponibilitĂ© et prescription restreintes

Bi Tri

15 mg/kg/12h en IV lente

Gentamicine AMM Tri 5-7 mg/kg 1 fois par jour 3-5 jours maximum (Greene 2006)

Enrofloxacine*Marbofloxacine*

AMM Bi Plus rarement mono

Enrofloxacine : 10 mg/kg/12h IV chez le chien, ne pas dépasser 2,5 mg/kg/12h chez le chat Marbofloxacine : 4 mg/kg

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161Sepsis et choc septique chez le chien et le chat

sepsis et ChoC septique Chez le Chien et le Chat

mesures alternatives et complĂ©mentairesUn diagnostic anatomique spĂ©cifique de l’infection permet de connaĂźtre la source et de la contrĂŽler (drainage des abcĂšs, drainage et rinçage des Ă©panchements pleuraux septiques, laparotomie et rinçages lors de pĂ©rito-nites septiques) dans les 12 premiĂšres heures, si cela est possible (1, niveau C de preuve).Si des dispositifs d’accĂšs intravasculaire sont une source possible de sepsis sĂ©vĂšre ou de choc septique, ils doivent ĂȘtre retirĂ©s rapidement aprĂšs qu’un accĂšs vasculaire ait Ă©tĂ© mis en place (recommandation non classĂ©e).

réFérenCes bibliographiques

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162Problématique des infections nosocomiales (notamment en soins intensifs) chez le chien et le chat

problématique des inFeCtions nosoComiales(notamment en soins intensiFs) Chez le Chien et le Chat

résultat attendu

Etre capable de prendre en charge les infections nosocomiales (IN) chez le chien et le chat. Déjà connues en chirurgie, elles représentent un risque en devenir avec le développement des hospitalisations de patients critiques en soins intensifs.

situation aCtuelle

ContexteUne infection nosocomiale (IN) est une infection qui se dĂ©veloppe lors d’une hospitalisation (en l’occur-rence dans un Ă©tablissement de soins vĂ©tĂ©rinaire) et qui n’était pas prĂ©sente, ni en phase d’incubation lors de l’admission. Est considĂ©rĂ©e comme nosocomiale, une infection qui se manifeste plus de 48 heures aprĂšs l’admission en hospitalisation ou soins intensifs ou moins de trois jours aprĂšs la sortie du patient (moins de 30 jours pour une intervention chirurgicale).

Il existe quatre grands groupes d’infections nosocomiales courantes en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire : les Infections du Tractus Urinaire (ITU), les infections des sites opĂ©ratoires, les infections des cathĂ©ters et les pneumonies.

pathogĂšnes en cause et rĂ©sistances connuesLes agents pathogĂšnes proviennent gĂ©nĂ©ralement de l’environnement du patient. Il peut s’agir de bactĂ©ries Gram+ ou Gram-. En gĂ©nĂ©ral, ces pathogĂšnes prĂ©sents en milieu hospitalier sont rĂ©sistants Ă  au moins une famille d’antibiotiques. Seule l’épidĂ©mio-surveillance permet de connaĂźtre le type de bactĂ©ries frĂ©quemment rencontrĂ©es pour un type d’infection nosocomiale dans un hĂŽpital donnĂ©.

les In du tractus urinaires (Itu) sont les infections acquises Ă  l’hĂŽpital les plus frĂ©quentes et sont le plus sou-vent associĂ©es au sondage urinaire Ă  demeure. Le biofilm Ă  la surface du cathĂ©ter favorise la colonisation bactĂ©-rienne. L’antibioprophylaxie ne doit pas ĂȘtre utilisĂ©e pendant la pĂ©riode de prĂ©sence de la sonde urinaire car elle augmente alors la survenue d’une rĂ©sistance. Les bactĂ©ries rencontrĂ©es sont souvent Gram- (EntĂ©robactĂ©ries : souvent Escherichia coli, Klebsielles, Proteus spp., Enterobacter spp.) issues de la contamination fĂ©cale. Il n’est pas rare de trouver des Gram+ (Streptococcus spp. Staphylococcus spp. et Enterocoques). Des Pasteurelles, Actinobacter spp. et Pseudomonas Aeruginosa ont Ă©galement Ă©tĂ© identifiĂ©es.

les In des sites opĂ©ratoires sont probablement les mieux Ă©tudiĂ©es en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire. Une durĂ©e d’in-tervention chirurgicale supĂ©rieure Ă  deux heures augmente significativement le risque infectieux. L’antibio-prophylaxie doit ĂȘtre entreprise une heure avant la chirurgie et ne doit pas durer plus de 24 heures si la plaie n’a pas Ă©tĂ© contaminĂ©e en pĂ©riode peropĂ©ratoire (voir fiche chirurgie). Les bactĂ©ries rencontrĂ©es sont le plus souvent Gram+ issues de la contamination par la peau mais les infections Ă  Gram– sont Ă©galement rencon-trĂ©es, notamment lors de pĂ©ritonite aprĂšs chirurgie digestive. Les Staphylococus aureus et pseudo intermedius multirĂ©sistants commencent Ă  Ă©merger en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire.

les In liées aux cathétersLa durée pendant laquelle le cathéter reste en place augmente sensiblement le risque de développer une IN.

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien - Chat

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163Problématique des infections nosocomiales (notamment en soins intensifs) chez le chien et le chat

problématique des inFeCtions nosoComiales (notamment en soins intensiFs) Chez le Chien et le Chat

‱ les In liĂ©es aux cathĂ©ters intraveineux (IV) pĂ©riphĂ©riques sont les plus frĂ©quentes. La contamination a principalement lieu au moment de la pose du cathĂ©ter. La colonisation localisĂ©e par des bactĂ©ries Gram + cutanĂ©es, est plus frĂ©quente qu’une invasion par des bactĂ©ries systĂ©miques. Le simple retrait du cathĂ©ter doit suffire Ă  Ă©radiquer l’infection des cathĂ©ters pĂ©riphĂ©riques.

‱ les In liĂ©es aux cathĂ©ters IV centraux sont Ă  l’origine de septicĂ©mies souvent fatales. Il s’agit le plus sou-vent de bactĂ©ries Gram- (Escherichia coli, Enterobacter spp., Klebsiella spp., Proteus spp.). Des bacilles Gram+ comme des Staphylocoques coagulase + ont aussi Ă©tĂ© isolĂ©s. Il s’agit souvent de bactĂ©ries multirĂ©sistantes, notamment aux pĂ©nicillines et bĂȘtalactamines.

les pneumonies acquises sous ventilation mĂ©canique (VM) ne sont pas les IN les plus frĂ©quentes mais sont souvent Ă  l’origine d’une mortalitĂ© importante. Les facteurs de risque les plus importants sont, comme en mĂ©decine humaine, l’intubation trachĂ©ale, la ventilation mĂ©canique et l’utilisation de sondes naso-gastriques. Les bactĂ©ries sont aussi bien Gram+ que Gram– (Staphylococcus spp., Pseudomonas spp., Klebsiella spp., Ente-robacter spp., Serratia spp.).

En mĂ©decine humaine, on distingue classiquement deux populations bactĂ©riennes en fonction du dĂ©lai de survenue de l’IN :‱ Les pneumonies prĂ©coces acquises aprĂšs moins de cinq jours de VM : les germes cibles sont le Streptococcus

pneumoniae, l’Haemophilus influenzae et le Staphylococcus aureus, sensible Ă  la mĂ©ticilline et plus rarement des Enterobacter spp.

‱ Les infections acquises aprĂšs cinq jours de VM : les germes cibles sont souvent des bactĂ©ries multirĂ©sis-tantes (Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumoniae et Acinetobacter spp., Staphylocoque aureus rĂ©sistant Ă  la mĂ©ticilline).

pratiques actuelles de traitementLa prise en compte des maladies nosocomiales est relativement rĂ©cente en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire. Ainsi, peu de pratiques rigoureuses sont en vigueur. L’antibioprophylaxie est pratiquĂ©e en chirurgie (voir fiche). En re-vanche, elle est dĂ©conseillĂ©e pour les cathĂ©ters IV, les sondes urinaires et la ventilation mĂ©canique. En effet, elle ne prĂ©vient pas l’apparition des IN et augmente mĂȘme les risques d’antibiorĂ©sistance. Dans ces cas, les mesures prĂ©ventives hygiĂ©niques sont fondamentales.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

En matiĂšre d’infection nosocomiale, il est impĂ©ratif d’identifier le germe en cause car celui-ci peut ĂȘtre trĂšs variable en fonction du terrain du patient et des souches prĂ©sentes dans un hĂŽpital donnĂ©. Il est toujours intĂ©ressant de rĂ©aliser un examen direct et une coloration de Gram au chevet du patient pour obtenir une premiĂšre orientation diagnostique et choisir l’antibiothĂ©rapie initiale.

Itu : La recherche de l’agent pathogĂšne s’effectue sur une culture urinaire Ă  l’aide d’un prĂ©lĂšvement asep-tique des urines par cystocentĂšse.

In des sites opĂ©ratoires : Il convient de rĂ©aliser un Ă©couvillonnage stĂ©rile de la plaie infectĂ©e. Lors de pĂ©rito-nite septique suite Ă  une chirurgie digestive, il faut mettre en culture du liquide d’épanchement.

In liĂ©e aux cathĂ©ters IV : La preuve ultime d’une septicĂ©mie liĂ©e Ă  une IN des cathĂ©ters est dĂ©montrĂ©e lorsqu’une hĂ©moculture est positive avec le mĂȘme germe que celui rĂ©vĂ©lĂ© par la culture de l’extrĂ©mitĂ© du cathĂ©ter. En pratique, une culture du cathĂ©ter et/ou une hĂ©moculture positive en prĂ©sence de signes de sepsis est une preuve suffisante.

Pneumonies acquises sous VM : il est impĂ©ratif d’effectuer un lavage broncho-alvĂ©olaire afin de recueillir et de mettre en cultures des sĂ©crĂ©tions de l’appareil respiratoire profond.

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164Problématique des infections nosocomiales (notamment en soins intensifs) chez le chien et le chat

problématique des inFeCtions nosoComiales (notamment en soins intensiFs) Chez le Chien et le Chat

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueune antibiothĂ©rapie probabiliste est gĂ©nĂ©ralement entreprise dĂšs la mise en Ă©vidence de l’infection. Cette pratique est plus simple avec les infections communautaires dont on connaĂźt plus frĂ©quemment l’épidĂ©mio-logie. En matiĂšre d’IN, il faut toujours procĂ©der Ă  une identification du germe en cause et Ă  la rĂ©alisation d’un antibiogramme.

Faut-il d’emblĂ©e utiliser une association d’antibiotiques ?Il est dĂ©conseillĂ© d’utiliser d’emblĂ©e une association d’antibiotiques sauf si elle est justifiĂ©e par un antibio-gramme. Les arguments pour une association reposent sur l’élargissement du spectre de l’antibiothĂ©rapie, la recherche d’une synergie et la prĂ©vention de la sĂ©lection de mutants rĂ©sistants au traitement. Des infections nosocomiales polymicrobiennes sont frĂ©quemment rapportĂ©es ce qui justifierait l’élargissement du spectre. La synergie entre les bĂȘtalactamines et les aminosides est documentĂ©e in vitro et in vivo dans de nombreux modĂšles d’infection expĂ©rimentale. Le risque de sĂ©lection de mutants rĂ©sistants varie en fonction des bactĂ©-ries en cause et des antibiotiques. Il est d’autant plus Ă©levĂ© que l’inoculum bactĂ©rien est important et que le foyer infectieux est collectĂ© voire enkystĂ©. Il impose le drainage le plus complet possible de toute collection et l’optimisation des modalitĂ©s d’utilisation des antibiotiques notamment en terme de posologie initiale et de connaissance de la pharmacodynamique des agents anti-infectieux.

Choix de l’antibiothĂ©rapie probabiliste des in en rĂ©animationLe respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es n’est pas toujours la rĂšgle dans le traitement des IN en rĂ©anima-tion. La plupart des posologies proposĂ©es sont celles du Plumb’s, Veterinary Drug Handbook. 7th Ed. Plumb DC Ed. 2012. Wiley-Blackwell. Iowa USA. La mise en place de l’antibiothĂ©rapie dĂ©finitive doit se faire au regard de l’antibiogramme aprĂšs mise en culture.

ITUCes infections sont souvent dues Ă  des entĂ©robactĂ©ries comme E. Coli ou Ă  des pseudomonas. Dans ce contexte particulier de patients critiques en rĂ©animation, de maladie nosocomiale avec germes trĂšs souvent rĂ©sistants, une monothĂ©rapie utilisant les fluoroquinolones* peut ĂȘtre proposĂ©e de façon exceptionnelle : par exemple enrofloxacine* 10 mg/kg IV toutes les 12 heures chez le chien et 2,5 mg/kg toutes les 12 heures chez le chat (Plumb’s 2012). Pour les infections de l’appareil urinaire haut (pyĂ©lonĂ©phrite), en mĂ©decine vĂ©tĂ©-rinaire, peut ĂȘtre envisagĂ©e, Ă©galement de façon exceptionnelle, une bithĂ©rapie amoxicilline-acide clavula-nique 20 mg/kg toutes les 8 heures + enrofloxacine* 10 mg/kg IV toutes les 12 heures chez le chien, et 2,5 mg/kg toutes les 12 heures chez le chat (Plumb’s 2012).

IN des sites opĂ©ratoiresUne monothĂ©rapie Ă  base d’amoxicilline-acide clavulanique 20 mg/kg toutes les 8 heures doit suffire si la plaie est parĂ©e. Les pĂ©ritonites septiques postopĂ©ratoires sont le plus souvent poly-microbiennes avec possibilitĂ© de bactĂ©ries multirĂ©sistantes (Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter spp., EntĂ©robactĂ©ries). Une bithĂ©rapie amoxicilline-acide clavulanique 20 mg/kg toutes les 8 heures associĂ©e Ă  la gentamicine IV 6 mg/kg une fois par jour est proposĂ©e (Plumb’s 2012).

IN liĂ©e aux cathĂ©ters IVEn gĂ©nĂ©ral le retrait du cathĂ©ter suffit et il n’est pas nĂ©cessaire d’ajouter un antibiotique sur un animal qui en avait dĂ©jĂ  un. Pour les IN liĂ©es aux cathĂ©ters IV centraux, il semble raisonnable d’envisager une bithĂ©rapie amoxicilline-acide clavulanique 20 mg/kg toutes les 8 heures associĂ©e Ă  la gentamicine IV 6 mg/kg une fois par jour (Plumb’s 2012).

Pneumonies acquises sous VM En cas d’infection prĂ©coce (< 5 jours) amoxicilline-acide clavulanique 20 mg/kg toutes les 8 heures est un choix efficace. En cas d’infection plus tardive (> 5 jours), est proposĂ©e une bithĂ©rapie amoxicilline-acide

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*Attention, antibiotique d’importance critique !

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165Problématique des infections nosocomiales (notamment en soins intensifs) chez le chien et le chat

problématique des inFeCtions nosoComiales (notamment en soins intensiFs) Chez le Chien et le Chat

clavulanique 20 mg/kg toutes les 8 heures associĂ©e Ă  la gentamicine IV 6 mg/kg une fois par jour (Greene 2006). Dans le cas oĂč la fonction rĂ©nale est fortement altĂ©rĂ©e ou risque d’ĂȘtre altĂ©rĂ©e, il est judicieux de rem-placer la gentamicine par une fluoroquinolone et de diminuer les doses de bĂȘtalactamines.

mesures alternatives et complĂ©mentairesLa mesure la plus importante pour prĂ©venir les IN est l’hygiĂšne des mains et du matĂ©riel. En effet, les agents pathogĂšnes persistent sur les stĂ©thoscopes, thermomĂštres, matĂ©riel, tondeuse, robinets, barreaux de cages etc. et sont transmis par les mains des soignants et le matĂ©riel contaminĂ©. Un lavage minutieux des mains avec un savon antiseptique (chlorhexidine) suivi de l’application d’un gel hydroalcoolique est obligatoire avant et aprĂšs chaque manipulation. Le brossage des ongles (courts) est Ă©galement recommandĂ©.

Il convient d’isoler les patients prĂ©sentant des infections avĂ©rĂ©es ou suspectĂ©es. L’isolement peut se faire dans des locaux dĂ©diĂ©s ou en prenant des mesures hygiĂ©niques autour de la zone d’hospitalisation du patient (port de blouse, lunettes et gants Ă  usage uniques, disposition de pĂ©diluves ou de bandes adhĂ©sives antibac-tĂ©riennes autour de la cage).

PrĂ©vention des ITU Limiter au maximum la durĂ©e de cathĂ©tĂ©risme urinaire, utiliser un systĂšme de collection clos des urines et Ă©viter au maximum les souillures du cathĂ©ter par les fĂšces. Toute pose de sonde urinaire doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e dans la plus stricte asepsie. En cas d’ITU nosocomiale, la sonde doit ĂȘtre retirĂ©e avant la mise en place de l’antibiothĂ©rapie.

PrĂ©vention des IN liĂ©es aux cathĂ©ters IVProcĂ©der Ă  une pose aseptique du cathĂ©ter. Le site d’insertion et le pansement font l’objet d’un examen quo-tidien. Pour les IN avĂ©rĂ©es des cathĂ©ters, il faut retirer le cathĂ©ter.

PrĂ©vention des IN des sites opĂ©ratoires ProcĂ©der Ă  une asespsie prĂ©opĂ©ratoire rigoureuse et dĂ©sinfection minutieuse des peignes de tondeuse. En cas d’infections avec incision purulente, parer chirurgicalement la plaie et faire un prĂ©lĂšvement microbiologique avant la mise en place d’une antibiothĂ©rapie.

PrĂ©vention des pneumonies acquises sous VM Changer rĂ©guliĂšrement les sondes d’intubation en utilisant des sondes stĂ©riles et maintenir une hygiĂšne buc-cale. La VM est encore peu rĂ©pandue en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire en France.Un tableau pour l’asepsie des lieux et matĂ©riels en fonction des agents est proposĂ© ci-dessous.

Famille gram + gram - mycobactérie levures moisissuresvirus

nuvirus

enveloppésspores

Halogéné chloré (hypochlo-rite de sodium, eau de javel)

+ + + + + + + +

Aldéhydes(formol, glutaraldéhyde
)

+ + + + + + + +

Oxydant (ac peracétique) + + + + + + + +

Biguanides (chlorhexidines) + + + / - + + / - + / - + -

Alcools + + + + / - + / - + / - + -

Ammonium quartenaire + + / - - + + + / - + -

D’aprùs Lancet Infectious Diseases 2001, Avril ; 9-20

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Page 166: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

166Problématique des infections nosocomiales (notamment en soins intensifs) chez le chien et le chat

problématique des inFeCtions nosoComiales (notamment en soins intensiFs) Chez le Chien et le Chat

réFérenCes bibliographiques

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uro-néPHroloGIe

Infections du tractus urinaire chez le chien

inFeCtions du traCtus urinaireChez le Chien

résultat attendu

‱ Prendre en compte les facteurs qui favorisent le dĂ©veloppement des infections du tractus urinaire‱ SystĂ©matiser la rĂ©alisation d’une analyse bactĂ©riologique des urines lors de suspicion d’infection‱ Eviter la prescription de fluoroquinolones lorsque cela n’est pas rendu indispensable par les rĂ©sultats de

l’analyse bactĂ©riologique ou la prĂ©sence d’une infection compliquĂ©e (prostatite).

situation aCtuelle

ContexteLes infections bactĂ©riennes reprĂ©sentent environ 25 % des causes d’affections du bas appareil urinaire dans l’espĂšce canine [1].

La contamination du bas appareil urinaire survient trĂšs frĂ©quemment par voie ascendante (Ă  partir des flores commensales de la flore urogĂ©nitale). MalgrĂ© la menace permanente des germes commensaux, le tractus urinaire (Ă  l’exception de l’urĂštre distal) est normalement Ă©pargnĂ© d’infections.

Toute infection implique un trouble transitoire ou persistant des mĂ©canismes naturels de dĂ©fense. Une dĂ©-faillance des mĂ©canismes de dĂ©fenses quelle que soit la virulence du germe impliquĂ© prĂ©dispose donc Ă  l’in-fection du tractus urinaire. L’infection urinaire non compliquĂ©e ou simple est dĂ©finie comme une infection oĂč l’on ne peut pas identifier une anomalie sous-jacente structurelle ou fonctionnelle (anomalie transitoire). Les infections urinaires qui se caractĂ©risent par l’invasion bactĂ©rienne Ă  la faveur d’une interfĂ©rence identifiable avec les mĂ©canismes de dĂ©fense naturels sont dites compliquĂ©es. La rĂ©solution dĂ©finitive de l’ITU ne pourra ĂȘtre envisagĂ©e qu’en cas d’élimination ou de correction de cette cause sous-jacente, dans le cas contraire l’animal est prĂ©disposĂ© Ă  la rĂ©apparition de signes plus ou moins longtemps aprĂšs le premier Ă©pisode dĂ©finis-sant ainsi les infections rĂ©cidivantes. Ainsi, la prĂ©sence d’épisodes rĂ©pĂ©tĂ©s d’infections urinaires doit inciter le clinicien Ă  rechercher des facteurs favorisants qui ont Ă©branlĂ© les moyens de dĂ©fense naturels du tractus urinaire. Les facteurs prĂ©disposants sont multiples [1-3] :‱ immunodĂ©pression systĂ©mique (ex : origine iatrogĂ©nique, syndrome de Cushing) ;‱ anomalie des propriĂ©tĂ©s physico-chimiques de l’urine (ex : glycosurie) ;‱ anomalie fonctionnelle (ex : tumeur, lithiase, corps Ă©tranger, anomalie urĂ©tĂ©rale, incompĂ©tence sphinc-

tĂ©rienne, affection neurologique de la vessie existence d’un foyer de persistance des germes (ex : pyĂ©lo-nĂ©phrite, abcĂšs prostatique, lithiase notamment Ă  struvites, vaginite).

pathogÚnes en causeDans prÚs de 80 % des cas, les ITU sont monomicrobiennes. Les ITU incriminant Escherichia Coli sont les plus fréquentes (un tiers à la moitié des isolements). Les coques Gram + regroupant Staphylococcus spp., Strepto-coccus spp. et Enterococcus spp. recouvrent ensuite un quart à un tiers des cultures. Le quart ou le tiers restant comprend les infections causées par Proteus spp., Klebsiella spp., Pseudomonas spp., Pasteurella spp., Corynebac-térium spp. et Mycoplasmes [4].

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chien

Page 168: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

168Infections du tractus urinaire chez le chien

inFeCtions du traCtus urinaire Chez le Chien

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Lorsque l’infection est avĂ©rĂ©e, l’antibiothĂ©rapie est la pierre angulaire du traitement. Toutefois la prise en compte d’un facteur favorisant lorsqu’il existe est indispensable pour espĂ©rer la guĂ©rison.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

La rĂ©alisation d’une uroculture est le meilleur examen pour confirmer une infection du tractus urinaire. La cystocentĂšse est la technique de choix. Il est indispensable lors de cystite dite compliquĂ©e [5].

Il est acceptable, lors d’un premier Ă©pisode et en l’absence de facteur favorisant identifiĂ©, de dĂ©buter une antibiothĂ©rapie probabiliste. Chez le chien, la bandelette urinaire peut suggĂ©rer la prĂ©sence d’une infection par la prĂ©sence de leucocytes (sensibilitĂ© : 90 %), de nitrites, d’un pH alcalin (une alcalinisation des urines en dehors de la pĂ©riode postprandiale Ă©voque une infection par une bactĂ©rie productrice d’urĂ©ase, enzyme responsable de la transformation de l’urĂ©e en ammoniac). L’absence d’alcalinisation urinaire ne permet pas d’éliminer une ITU, par exemple Escherichia Coli ne possĂšde pas d’urĂ©ase. Un examen du culot de centrifuga-tion peut permettre de visualiser des bactĂ©ries. Ainsi, la prĂ©sence de bactĂ©ries (forme de bĂątonnets) avec une urine acide indique en premier lieu une infection par Escherichia Coli. Une cristallurie Ă  struvite dans l’espĂšce canine Ă©voque un processus infectieux par une bactĂ©rie urĂ©asique. La forme des bactĂ©ries et le pH orientent l’identification de la bactĂ©rie comme indiquĂ© dans le Tableau 1.

Conduite du traitement

traitement antibiotique

Principes gĂ©nĂ©rauxDe nombreuses familles d’antibiotiques peuvent ĂȘtre prescrites lors d’ITU basses. La plupart atteignent une concentration urinaire supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  quatre fois la CMI dĂ©terminĂ©e in vitro, critĂšre d’efficacitĂ© retenu dans le traitement des ITU basses. Si le pH urinaire intervient dans la biodisponibilitĂ© des antibiotiques, il n’est pas prouvĂ© que de le modifier augmente l’efficacitĂ© d’une molĂ©cule.

Le deuxiĂšme critĂšre est le spectre d’activitĂ© de l’antimicrobien. PrĂšs de 80 % des souches d’Escherichia Coli sont sensibles aux sulfamides-trimĂ©thoprime et aux cĂ©phalosporines, Ă  l’amoxicillne, acide clavulanique, lincomy-cine de premiĂšre gĂ©nĂ©ration. Ceci justifie leur recours comme thĂ©rapeutique initiale. Chez le chien et l’Homme, un traitement aux quinolones est un facteur de risque dĂ©montrĂ© d’isoler a posteriori une souche urinaire d’Es-cherichia Coli multirĂ©sistante. Aussi, bien que sĂ©duisantes pour leurs faibles frĂ©quences de rĂ©sistance, l’usage des fluoroquinolones doit ĂȘtre Ă©vitĂ© en traitement initial sauf lors de pyelonĂ©phrite. Les genres Streptocccus spp. et Enterococcus spp. sont classiquement sensibles aux pĂ©nicillines (peu ou pas aux cĂ©phalosporines).

ph urinaire Caractéristiques microscopiques bactérie probable

AcideBacilles Escherichia ColiCoques Enterococcus spp. ou streptococcus spp.

AlcalinBacilles Proteus spp.Coques Staphylococcus spp.

tableau 1 : orientation de l’identification de la bactĂ©rie selon la forme des bactĂ©ries et le ph des urines

uro-néPHroloGIe

Page 169: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

169Infections du tractus urinaire chez le chien

inFeCtions du traCtus urinaire Chez le Chien

Le genre Staphylococcus est sensible Ă  de trĂšs nombreux agents antibactĂ©riens. Les bĂȘtalactamines de pre-miĂšre et deuxiĂšme gĂ©nĂ©rations seront donc privilĂ©giĂ©s.

CystiteLors de cystite simple, une antibiothérapie courte à large spectre de 7 à 10 jours est suffisante.

Lors de cystite rĂ©cidivante, un antibiogramme est indispensable, le traitement proposĂ© sera de trois semaines minimum. Un contrĂŽle par un examen bactĂ©riologique une semaine aprĂšs l’arrĂȘt de l’antibiothĂ©rapie est indis-pensable pour s’assurer de la guĂ©rison. Une fois dĂ©tectĂ©e, la cause sous-jacente doit ĂȘtre corrigĂ©e et Ă©limi-nĂ©e par des moyens mĂ©dicaux (insulinothĂ©rapie, prise en charge thĂ©rapeutique d’un hypercorticisme, d’une incontinence..) ou chirurgicaux (exĂ©rĂšse de lithiases, vulvoplastie, chirurgie de l’incontinence
). Dans l’étude de Seguin (7), sur 55 chiens souffrant d’infections rĂ©currentes et oĂč aucun facteur prĂ©disposant n’est mis en Ă©vidence, 75 % des individus dĂ©veloppent un nouvel Ă©pisode infectieux dans les 8 semaines suivant l’arrĂȘt de l’antibiothĂ©rapie.

PyĂ©lonĂ©phriteLors de pyĂ©lonĂ©phrite, Le choix de l’antibiotique repose sur :‱ L’antibiogramme. l’eCBu et l’antibiogramme doivent ĂȘtre systĂ©matiquement rĂ©alisĂ©s car il existe un risque

potentiel de sĂ©quelles si le traitement est inappropriĂ©.‱ La diffusion de l’antibiotique dans le parenchyme rĂ©nal. Il est important de choisir un antibiotique qui attein-

dra une concentration élevée dans la médullaire rénale.

Pour cette raison, les sulfamides potentialisĂ©s, les aminosides et les fluoroquinolones* sont les antibiotiques de choix en raison de leur bonne diffusion tissulaire plutĂŽt que les bĂȘtalactamines. En raison de leur potentiel nĂ©phrotoxique, les aminosides ne sont pas choisis en initialement. Etant donnĂ© la plus forte prĂ©valence de souches rĂ©sistantes aux sulfamides, les quinolones sont exceptionnellement les antibiotiques de choix dans l’attente des rĂ©sultats de l’antibiogramme, une dĂ©sescalade thĂ©rapeutique pourra ĂȘtre faite en fonction des rĂ©sultats de l’antibiogramme.

Le traitement parentĂ©ral (voie intraveineuse) est justifiĂ© pendant les 48-72 premiĂšres heures si l’animal est urĂ©mique, prĂ©sente un mauvais Ă©tat gĂ©nĂ©ral et est trĂšs fĂ©brile ou vomit.

La durĂ©e de l’antibiothĂ©rapie est fonction de la chronicitĂ© des signes. Si l’infection est d’apparition aiguĂ«, une antibiothĂ©rapie de 2 Ă  3 semaines est prĂ©conisĂ©e. Face Ă  une pyĂ©lonĂ©phrite chronique, il est recommandĂ© de traiter au minimum pendant 3 semaines mais le traitement peut ĂȘtre prolongĂ© jusqu’à 6 semaines chez les animaux qui ont un facteur retardant la guĂ©rison (reflux vĂ©sico-urĂ©tĂ©ral). Toutefois, il n’existe aucune validation Ă  ce jour en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire de la durĂ©e nĂ©cessaire de l’antibiothĂ©rapie lors de pyĂ©lonĂ©phrite. AprĂšs l’instauration d’un traitement antibiotique efficace sur les donnĂ©es de l’antibiogramme, l’amĂ©liora-tion clinique doit ĂȘtre obtenue en 24-48 heures. L’intĂ©rĂȘt de traiter les bactĂ©riuries asymptomatiques dans l’espĂšce fĂ©line reste Ă  dĂ©montrer. Chez l’Homme, l’absence de traitement n’engendre pas d’augmentation de la mortalitĂ© ni de la morbiditĂ© (8).

Le respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

mesures alternatives et complĂ©mentairesLa prise en charge des facteurs favorisants est indispensable pour espĂ©rer la guĂ©rison [6-7].L’utilisation de canneberge est rapportĂ©e dans l’espĂšce canine. Les proanthocyanidines contenus dans cette plante limiteraient l’adhĂ©sion de certaines bactĂ©ries telle qu’Escherichia Coli sur l’urothĂ©lium. Bien que parfois proposĂ©e, son efficacitĂ© nĂ©cessiterait d’ĂȘtre prĂ©cisĂ©e.L’acidification des urines lors d’infection par une bactĂ©rie urĂ©ase positive est intĂ©ressante. Elle peut ĂȘtre obte-nue par l’utilisation d’aliments diĂ©tĂ©tiques.

uro-néPHroloGIe

*attention, antibiotique d’importance critique

Page 170: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

170Infections du tractus urinaire chez le chien

inFeCtions du traCtus urinaire Chez le Chien

Enfin, si un facteur favorisant la survenue de l’infection est identifiĂ© (plis vulvaires par exemple), une prise en charge spĂ©cifique de l’anomalie peut ĂȘtre indiquĂ©e.

réFérenCes bibliographiques

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uro-néPHroloGIe

Page 171: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

171Infections du tractus urinaire chez le chat

inFeCtions du traCtus urinaireChez le Chat

FiliĂšre animaux de Compagnie / Chat

résultat attendu

‱ Ne pas surestimer le risque d’infection bactĂ©rienne face Ă  des signes d’affection du bas appareil urinaire (ABAU).

‱ ConnaĂźtre la diffĂ©rence entre colonisation, bactĂ©riurie occulte et infection.‱ Compte tenu de la forte prĂ©valence des infections Ă  germes multirĂ©sistants, la rĂ©alisation d’une analyse

bactĂ©riologique est nĂ©cessaire sur tout chat suspect d’infection.

situation aCtuelle

ContexteSi la prĂ©valence des ITU dans l’espĂšce fĂ©line varie selon les Ă©tudes, beaucoup d’auteurs s’accordent sur le fait suivant : les ITU sont rares chez le jeune chat mais la frĂ©quence augmente avec l’ñge [1,2]. La majoritĂ© des Ă©tudes rĂ©alisĂ©es pour Ă©valuer les ITU comme cause initiale d’inflammation chez des chats prĂ©sentĂ©s pour des signes d’affections du bas appareil urinaire (ABAU) (pollakiurie, hĂ©maturie, dysurie +/- obstruction urĂ©trale) montre qu’une cystite bactĂ©rienne est dĂ©tectĂ©e dans moins de 3 % des cas [1-4]. En revanche, la prĂ©valence des ITU bactĂ©riennes chez les chats ĂągĂ©s (10 ans ou plus) ayant une ABAU Ă©tait supĂ©rieure Ă  50 %.

Ainsi, l’ITU est une cause initiale relativement rare d’ABAU. En revanche, la prĂ©sence d’une ITU doit ĂȘtre recherchĂ©e chez les chats qui ont subi un cathĂ©tĂ©risme urĂ©tral Ă  demeure et chez ceux qui ont subi une urĂ©-trostomie pĂ©rinĂ©ale [5]. En effet, 20 % des chats opĂ©rĂ©s dĂ©velopperont une ITU au cours de leur vie et une bactĂ©riurie est dĂ©tectĂ©e aprĂšs cathĂ©tĂ©risme urĂ©tral dans prĂšs de 70 % des cas [6]. Les autres causes prĂ©dis-posant aux ITU frĂ©quemment identifiĂ©es dans l’espĂšce fĂ©line sont l’insuffisance rĂ©nale chronique, le diabĂšte sucrĂ© et l’hyperthyroĂŻdie [7-10]. Elles prĂ©sentent la particularitĂ© dans ce contexte d’ĂȘtre souvent asymptoma-tiques : le terme de bactĂ©riurie asymptomatique est alors utilisĂ©.

La pyĂ©lonĂ©phrite aiguĂ« est suggĂ©rĂ©e par une altĂ©ration de l’état gĂ©nĂ©ral, de l’anorexie, des vomissements, une hyperthermie, des douleurs Ă  la palpation de l’abdomen crĂąnial, une nĂ©phromĂ©galie et possiblement un choc septique [11]. L’évolution d’une pyĂ©lonĂ©phrite chronique peut ĂȘtre pauci symptomatique jusqu’aux signes cliniques d’urĂ©mie ou compliquer une maladie rĂ©nale chronique.

pratiques actuelles de traitementLors de signes d’affection du bas appareil urinaire dans cette espĂšce, le recours aux antibiotiques, sans prendre en compte le contexte Ă©pidĂ©miologique ne doit pas ĂȘtre systĂ©matique. le risque est en effet trĂšs faible que les signes soient engendrĂ©s par une infection bactĂ©rienne chez un animal adulte sans facteur favorisant.L’utilisation d’antibiotiques chez un chat avec cathĂ©tĂ©risme urĂ©tral doit ĂȘtre proscrite.

pathogĂšnes en causeLes diffĂ©rentes bactĂ©ries responsables d’ITU chez le chat sont Escherichia Coli, Enteroccocus spp., Staphylococ-cus spp. et Proteus spp.. Les urocultures sont mono microbiennes dans plus de 85 % des cas. Escherichia Coli est la bactĂ©rie la plus souvent incriminĂ©e. Enterococcus spp. est une famille frĂ©quemment rencontrĂ©e dans les rĂ©centes publications, cette famille prĂ©sente des rĂ©sistances importantes aux antibiotiques classiquement utilisĂ©s dans le traitement des ITU.

uro-néPHroloGIe

Page 172: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

172Infections du tractus urinaire chez le chat

inFeCtions du traCtus urinaire Chez le Chat

traiter ou ne pas traiter aveC un antibiotique ?

Lorsque l’infection est avĂ©rĂ©e, le traitement antibiotique est incontournable. Toutefois la prise en compte d’un facteur favorisant lorsqu’il existe est indispensable pour espĂ©rer la guĂ©rison.

reCherCher et identiFier le(s) agent(s) baCtérien(s)

La rĂ©alisation d’une uroculture est le meilleur examen pour confirmer une infection du tractus urinaire. La cystocentĂšse est la technique de prĂ©lĂšvement de choix. Dans cette espĂšce, l’uroculture permet de confirmer une infection du tractus urinaire dans un contexte clinique oĂč elle est plutĂŽt rare et ainsi Ă©viter le recours Ă  une antibiothĂ©rapie inutile. Par ailleurs, la frĂ©quence d’isolement de souches multirĂ©sistantes d’Enterococcus spp. justifie de rĂ©aliser un antibiogramme en premiĂšre intention. L’examen du sĂ©diment urinaire corrĂ©lĂ© au pH urinaire peut ĂȘtre une aide Ă  l’identification de la bactĂ©rie et guider le choix thĂ©rapeutique (cf. fiche « ITU chez le chien ») si l’uroculture n’est pas rĂ©alisĂ©e.

L’examen cytobactĂ©riologique des urines prĂ©levĂ©es par cystocentĂšse permet d’affirmer qu’une ITU est prĂ©-sente mais il ne permet pas de localiser l’infection et d’affirmer la prĂ©sence d’une pyĂ©lonĂ©phrite : le seul diagnostic de certitude d’une pyĂ©lonĂ©phrite repose sur la mise en culture d’urine prĂ©levĂ©e par pyĂ©locentĂšse (ponction d’urine directement dans la cavitĂ© pyĂ©lique, examen rĂ©alisĂ© sous Ă©chographie) et/ou mise en culture d’une biopsie rĂ©nale. La mise en pratique de ces deux gestes est ainsi souvent limitĂ©e par l’expertise technique qu’ils requiĂšrent. Ainsi, le diagnostic de pyĂ©lonĂ©phrite repose plus couramment sur un ensemble de donnĂ©es convergentes (ex : examen bactĂ©riologique urinaire positif, hyperthermie, douleurs lombaires, images Ă©chographiques Ă©vocatrices).

Conduite du traitement

traitement antibiotiqueIlfaut souligner que l’antibiotique ne doit ĂȘtre prescrit qu’en cas d’infection bactĂ©rienne et que la majoritĂ© des causes d’ABU ne sont pas de cette origine. Une infection simple sans identification de cause favorisante nĂ©cessite une antibiothĂ©rapie de 7 Ă  10 jours. L’antibiotique choisi doit ĂȘtre Ă©liminĂ© par voie urinaire, les bĂȘta-lactamines, la lincomycine et les sulfamides sont ainsi les antibiotiques de choix initial.

Enterococcus spp. est naturellement rĂ©sistant aux cĂ©phalosporines (y compris ceux de derniĂšre gĂ©nĂ©ration). L’amoxicilline potentialisĂ©e ou non reste trĂšs active sur cette bactĂ©rie et doit ĂȘtre privilĂ©giĂ©e.

L’utilisation de quinolones* et de cĂ©phalosporines de derniĂšre gĂ©nĂ©ration* est Ă  considĂ©rer uniquement sur la base d’un antibiogramme. Toutefois, dans un contexte de suspicion de pyĂ©lonĂ©phrite oĂč le pronostic vital de l’animal est engagĂ©, l’utilisation de quinolones par voie intraveineuse pourra ĂȘtre envisagĂ©e et confortĂ©e par les rĂ©sultats a posteriori de l’antibiogramme.

L’apparition de rĂ©sistances en particulier d’Escherichia Coli aux cĂ©phalosporines de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration* est par ailleurs dĂ©crite. Si l’observance d’un traitement est un point essentiel pour limiter le dĂ©veloppement de rĂ©sistances et souligne l’attrait de la cĂ©fovecine injectable en sus de son efficacitĂ©, son utilisation devrait ĂȘtre rĂ©servĂ©e Ă  un traitement aprĂšs rĂ©sultat de l‘antibiogramme.

uro-néPHroloGIe

*Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 173: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

173Infections du tractus urinaire chez le chat

inFeCtions du traCtus urinaire Chez le Chat

Une infection dite compliquĂ©e avec identification de la cause favorisante nĂ©cessite la prise en charge de la maladie causale si l’on veut espĂ©rer une guĂ©rison complĂšte. Dans ce cas, l’antibiothĂ©rapie est mise en place pour une durĂ©e de 15 jours Ă  trois semaines, sans que la durĂ©e de ce traitement soit clairement validĂ©e par la mĂ©decine par les preuves. Il est prĂ©fĂ©rable de s’assurer de la guĂ©rison par la rĂ©alisation d’une uroculture 5 Ă  7 jours aprĂšs la fin du traitement [1,2].

Soulignons que l’antibiothĂ©rapie ne doit ĂȘtre prescrite qu’en cas d’affection bactĂ©rienne. La majoritĂ© des causes d’affections du bas appareil urinaire de sont pas de cette origine.

L’intĂ©rĂȘt de traiter les bactĂ©riuries asymptomatiques dans l’espĂšce fĂ©line reste Ă  dĂ©montrer. Chez l’Homme, l’absence de traitement n’engendre pas d’augmentation de la mortalitĂ© ni de la morbiditĂ© [12].

Le respect du RCP des spĂ©cialitĂ©s utilisĂ©es dans le traitement de cette affection bactĂ©rienne est la rĂšgle jusqu’à Ă©ventuelle Ă©volution et/ou rĂ©Ă©valuation.

mesures alternatives et complémentairesLa prise en charge des facteurs favorisants est indispensable pour espérer la guérison.Les infections étant fréquemment associées à une maladie débilitante (hyperthyroïdie, maladie rénale chro-nique
), la prise en charge spécifique de ces affections est indiquée.

réFérenCes bibliographiques

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uro-néPHroloGIe

Page 174: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

CAnCĂ©roloGIe

FiChe anneXe : antibiotiques et déFinitions utiles en Chirurgie

antibiocouvertureIl s’agit d’une administration d’antibiotique effectuĂ©e aprĂšs l’intervention chirurgicale, pendant une longue durĂ©e et non ciblĂ©e en fonction du germe ou du risque infectieux.

antibioprophylaxieAppelĂ©e Ă©galement antibioprĂ©vention, l’antibioprophylaxie a pour but de participer Ă  la rĂ©duction en frĂ©-quence et en gravitĂ© d’un risque d’infection hypothĂ©tique mais prĂ©cis, liĂ© Ă  une intervention chirurgicale don-nĂ©e. Elle intervient en phase de contamination Ă©ventuelle pour crĂ©er localement des conditions dĂ©favorables Ă  la multiplication microbienne. Elle est empirique, basĂ©e sur la sensibilitĂ© des bactĂ©ries potentielles. Dans tous les cas, l’antibioprophylaxie reste un acte ciblĂ©, prĂ©coce et ponctuel.

antibiothĂ©rapieL’antibiothĂ©rapie utilise les antibiotiques pour dĂ©truire ou inactiver les germes responsables d’une infection du site opĂ©ratoire avĂ©rĂ©e.

ContaminationLa contamination se dĂ©finit par la souillure du site chirurgical par des germes pathogĂšnes. Cela ne signifie pas forcĂ©ment infection, qui ne se manifestera que si les germes peuvent se multiplier dans des conditions favorables. On considĂšre gĂ©nĂ©ralement qu’il faut environ 105 Ă  106 germes pathogĂšnes par gramme de tissu pour qu’une infection puisse apparaĂźtre dans des conditions normales (appelĂ© seuil critique).

infection du site opĂ©ratoireUne infection du site opĂ©ratoire est une infection qui survient Ă  la suite d’une intervention chirurgicale. Elle se dĂ©finit par la pĂ©nĂ©tration et le dĂ©veloppement de germes pathogĂšnes, qui peuvent rester localisĂ©s, diffuser par voie sanguine ou rĂ©pandre leur toxine dans l’organisme. Elle peut ĂȘtre superficielle (peau et tissu sous-cutanĂ©s) ou profonde (muscles, organes et cavitĂ©s).

infection nosocomialeUne infection est dite nosocomiale si elle apparaĂźt au cours ou Ă  la suite d’une hospitalisation et si elle Ă©tait absente Ă  l’admission au centre de soin. Ce critĂšre est applicable Ă  toute infection.

ClassiFiCation des interventions ChirurgiCales

1. intervention chirurgicale propreSelon la classification d’Altemeier une intervention chirurgicale est dite propre si elle est rĂ©alisĂ©e sur un site stĂ©rile et non traumatisĂ©, sans faute technique et sans ouverture de viscĂšres creux.

2. intervention chirurgicale propre-contaminĂ©eSelon la classification d’Altemeier une intervention chirurgicale est dite propre-contaminĂ©e si elle rĂ©alisĂ©e sur un site stĂ©rile et non traumatisĂ©, avec faute technique mineure ou une ouverture d’un viscĂšre creux avec contamination trĂšs faible en l’absence d’infection ou d’inflammation Ă©vidente.

FiliĂšre animaux de Compagnie

174FICHE ANNEXE : Antibiotiques et définitions utiles en chirurgie

Page 175: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

CAnCĂ©roloGIe

175FICHE ANNEXE : Antibiotiques et définitions utiles en chirurgie

FiChe anneXe : antibiotiques et déFinitions utiles en Chirurgie

3. intervention chirurgicale contaminĂ©eSelon la classification d’Altemeier une intervention chirurgicale est dite contaminĂ©e si elle rĂ©alisĂ©e sur un site rĂ©cemment traumatisĂ©e (moins de 4 heures), avec faute technique grave ou une ouverture d’un tube digestif inflammatoire, une ouverture des voies biliaires ou urogĂ©nitales infectĂ©es, et ce en l’absence de pus.

4. intervention chirurgicale saleSelon la classification d’Altemeier une intervention chirurgicale est dite sale si elle rĂ©alisĂ©e sur un site trauma-tisĂ© de façon tardive (plus de 4 heures) et/ou prĂ©sentant des tissus dĂ©vitalisĂ©s, des corps Ă©trangers ou du pus, une intervention sur des viscĂšres perforĂ©s ou nĂ©crosĂ©s, ou contaminĂ©e par des matiĂšres fĂ©cales.

Page 176: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

CAnCĂ©roloGIe

176FICHE ANNEXE : Évaluation du risque septique en chirurgie chez les carnivores domestiques

FiChe anneXe : Ă©valuation du risque septique en Chirurgie Chez les Carnivores domestiques

Les antibiotiques doivent ĂȘtre utilisĂ©s de façon limitĂ©e et raisonnĂ©e en chirurgie. Il est important de pouvoir Ă©valuer le risque septique d’une intervention chirurgicale afin d’apprĂ©hender le risque infectieux et la cible bactĂ©rienne potentielle.

Toute intervention chirurgicale est nĂ©cessairement contaminante par la souillure du site chirurgical. Seuls 105 Ă  106 germes/g de tissu suffisent Ă  rendre possible la multiplication des agents infectieux et l’infection. Un stade de contamination Ă©volue vers une infection si l’un des paramĂštres relatifs au milieu (tissu dĂ©vascularisĂ© par exemple), au malade (une immunodĂ©ficience de l’animal) ou Ă  l’environnement (la prĂ©sence de germes pathogĂšnes) favorise cette multiplication des agents infectieux.

Ce risque septique peut ĂȘtre Ă©valuĂ© en fonction de diffĂ©rents critĂšres : la nature de l’intervention chirurgicale, l’état et la nature du geste chirurgical.

Ă©valuation en fonction de la nature de la chirurgieLa nature de l’intervention permet de dĂ©terminer la probabilitĂ© de contamination du site opĂ©ratoire et du risque d’infection du site opĂ©ratoire (ISO). Une classification en fonction de la nature de l’intervention chirur-gicale et du degrĂ© de contamination a Ă©tĂ© Ă©tablie pour Ă©valuer le risque d’infection (cf. Tableau 1). Cette clas-sification humaine d’Altemeier datant de plus de 30 ans a rarement Ă©tĂ© remise en cause.

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type d’intervention chirurgicale risque d’infection exemplesI - PROPRE Site stĂ©rile.

Absence d’ouverture du tractus respiratoire, digestif ou gĂ©nito-urinaire.

~2 % [1,4-5 %] Ovariectomie, fracture du radius et de l’ulna sur site fermĂ©.

II - PROPRE-CONTAMINÉE

Site stérile.Ouverture du tractus respiratoire, digestif ou génito-urinaire, sans infection ni inflammation nette.

~5 % [4,5-10 %] Extraction d’un corps Ă©tranger ingĂ©rĂ©.

III - CONTAMINÉE Site traumatisĂ©.Ouverture du tractus digestif enflammĂ©, des voies biliaires ou urinaires infectĂ©es.

~10 % [6-29 %] Fracture ouverte, chirurgie digestive suite Ă  l’ingestion ancienne d’un corps Ă©tranger avec fuite de liquide intestinal.

IV - SALE Site infecté.Intervention tardive sur zone purulente avec présence de corps étrangers, sur des viscÚres nécrosés ou contaminés par des matiÚres fécales.

~20 % [10,1-40 %] Pneumothorax, pyothorax, pĂ©ritonite secondaire Ă  l’ingestion d’un corps Ă©tranger perforant.

tableau 1 : risque d’infection du milieu selon le type d’intervention chirurgicale effectuĂ©e (classification d’Altemeier, American College of Surgeons)

Ă©valuation du risque en fonction du patientCertains facteurs de risques d’une ISO liĂ©s aux patients sont dĂ©crits chez l’animal : Ăąges extrĂȘmes, obĂ©sitĂ©, diabĂšte, infection concomitante, antibiothĂ©rapie prĂ©alable, malnutrition, etc. D’autres facteurs peuvent ĂȘtre extrapolĂ©s en fonction des facteurs de risques dĂ©montrĂ©s chez l’Homme (cf. Tableaux 2 et 3) : score ASA Ă©levĂ©, albuminĂ©mie basse, maladie intercurrente ou cancer, traitement immunosuppresseur, etc.

Page 177: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

CAnCĂ©roloGIe

177FICHE ANNEXE : Évaluation du risque septique en chirurgie chez les carnivores domestiques

FiChe anneXe : Ă©valuation du risque septique en Chirurgie Chez les Carnivores domestiques

Il convient ainsi d’évaluer le risque d’ISO selon les facteurs de risque connus.

tableau 2 : Facteurs de risque d’infection du site opĂ©ratoire connus en mĂ©decine humaine (d’aprĂšs BARIE PS. Surgical site infections. Surg Clin North Am 2005)

Facteurs inhĂ©rents Ă  l’animal‱ Ascite‱ Inflammation chronique‱ Traitement corticostĂ©roĂŻde‱ ObĂ©sité‹ DiabĂšte‱ Age avancé‹ HypocholestĂ©rolĂ©mie‱ HypoxĂ©mie

Facteurs environnementaux‱ MĂ©dicaments injectables contaminĂ©s‱ DĂ©sinfection/stĂ©rilisation inadĂ©quate

Facteurs liĂ©s au traitement‱ PrĂ©sence de drains sur le site opĂ©ratoire‱ ProcĂ©dure en urgence‱ Hypothermie

‱ Maladie vasculaire pĂ©riphĂ©rique‱ AnĂ©mie postopĂ©ratoire‱ Irradiation du site opĂ©ratoire prĂ©opĂ©ratoire‱ OpĂ©ration rĂ©cente‱ Infection Ă  distance‱ Infection cutanĂ©e Ă  staphylocoque‱ LĂ©sion cutanĂ©e dans la rĂ©gion du site opĂ©ratoire‱ Malnutrition

‱ Antibioprophylaxie inadĂ©quate‱ Temps d’hospitalisation postopĂ©ratoire prolongĂ©s‱ Temps d’anesthĂ©sie et d’intervention chirurgicale prolongĂ©s

‱ PrĂ©paration/antisepsie inadĂ©quate du site opĂ©ratoire‱ Ventilation inadĂ©quate des locaux

CatĂ©gorie asa statut physique exemples d’interventions chirugicalesI Bonne santĂ© Convenance

II Affection systémique compensée Affection focale

Masse cutanée, fracture sans choc, hernie sans complications, maladie cardiaque compensée, infection localisée

III Affection systémique sévÚre FiÚvre, déshydratation, anémie, cachexie, hypovolémie modérée

IV Affection systémique sévÚre engageant le pronostic vital

Déshydratation, anémie, hypovolémie sévÚre, urémie, maladie cardiaque décompensée

V Patient moribond, survie > 24 heures non espérée

Choc avancé, forte déshydratation, traumatisme sévÚre

VI Si l’intervention est pratiquĂ©e en urgence, un u est ajoutĂ© Ă  la classe ASA

tableau 3 : score de l’american society of anesthesiologists

Ă©valuation du risque en fonction de l’acte chirurgicalAu-delĂ  de la nature de l’intervention chirurgicale et du patient, l’acte chirurgical influence Ă©galement le risque d’ISO.Le temps de chirurgie a montrĂ© un impact sur le risque d’infection. Chez le chien, les risques sont 2 fois plus importants pour une chirurgie de 90 minutes que pour une chirurgie de 60 minutes, avec un risque qui aug-mente de 30 % pour chaque heure supplĂ©mentaire.D’autres facteurs de risque sont Ă©galement dĂ©montrĂ©s, comme la prĂ©sence d’un implant mĂ©tallique ou non mĂ©tallique (drain, ciment), une tonte de l’animal avant l’induction, le nombre de personnes prĂ©sentes dans la salle d’intervention ou encore la durĂ©e d’hospitalisation. De la mĂȘme façon il a Ă©tĂ© clairement dĂ©montrĂ© que la qualitĂ© du geste chirurgical avait un impact majeur sur le risque d’ISO. Plus rĂ©cemment une Ă©tude tend Ă  montrer la diminution du risque d’ISO en fonction du type d’approche chirurgicale, avec des risques moins importants pour des approches mini-invasives par rapport Ă  une approche invasive (thoracoscopie versus thoracotomie et laparoscopie versus laparotomie par exemple).

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CAnCĂ©roloGIe

178FICHE ANNEXE : Évaluation du risque septique en chirurgie chez les carnivores domestiques

FiChe anneXe : Ă©valuation du risque septique en Chirurgie Chez les Carnivores domestiques

dĂ©finition d’une codification de risque d’iso chez les carnivores domestiquesEn plus de l’association logique du degrĂ© de contamination du site chirurgical avec les risques d’ISO, il a Ă©tĂ© montrĂ© que plusieurs facteurs liĂ©s au patient et Ă  l’acte chirurgical sont Ă©galement d’une importance capitale dans le dĂ©veloppement d’ISO. Ces Ă©lĂ©ments complĂštent en consĂ©quence la classification d’Altemeier. Une codification a Ă©tĂ© Ă©tablie en mĂ©decine humaine, se dĂ©finissant comme l’index de risque NNSS (National No-socomial Surveillance System). Le NNSS dĂ©crit trois catĂ©gories de variables pouvant ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des indicateurs fiables du risque d’ISO : 1) l’estimation du degrĂ© intrinsĂšque de contamination microbienne du site chirurgical, 2) la durĂ©e de l’acte chirurgical, 3) le degrĂ© ASA du patient au moment de la chirurgie.

En suivant les tendances actuelles de la chirurgie humaine, la durĂ©e de chirurgie et le score ASA du patient peuvent ĂȘtre intĂ©grĂ©s comme des variables supplĂ©mentaires dans l’établissement du risque d’ISO. Ainsi les animaux ASA 3 Ă  5 pourraient bĂ©nĂ©ficier d’une antibioprophylaxie, mĂȘme dans le cadre d’une chirurgie dite propre et de courte durĂ©e. Une codification est proposĂ©e en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire (cf. Tableau 4 ci-dessous).

A NOTERIl est important de préciser le risque infectieux lié à toute intervention chirurgicale, car celui-ci va condi-tionner la nécessité de mettre ou non en place un traitement antibiotique.

Conduite à tenirI Propre Antibioprophylaxie non nécessaire sauf :

‱ intervention > 90 min ‱ insertion d’un matĂ©riel non rĂ©sorbable (implants, drains...)‱ patients Ă  risque (ASA 3 Ă  5)

II Propre-contaminée Antibioprophylaxie recommandée, car bénéfices supérieurs aux risques

III ContaminĂ©e RelĂšve de l’antibiothĂ©rapie

IV Sale Antibioprophylaxie inutile.Antibiothérapie raisonnée nécessaire.

tableau 4 : indications de l’antibioprophylaxie selon la classification d’altemeier, la durĂ©e de chirurgie et le statut asa du patient.

bibliographie1 Altemeier WA et Infections American College of Surgeons Committee on Control of Surgical. Manual on control of infection in surgical patients. Philadelphia : JB Lippincott ; 1976.2. Saklad M. Grading of patients for surgical procedures. Anesthesiol. 1941 ;2:281–4.

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CAnCĂ©roloGIe

179FICHE ANNEXE : PrélÚvements pour bactériologie

FiChe anneXe : prélÚvements pour baCtériologie

FiliĂšre animaux de Compagnie

type de prélÚvement

matériel de prélÚvement pour mise en culture

et antibiogramme

matĂ©riel de prĂ©lĂšvement pour recherche d’agents

bactériens par pCr

Comment Ă©viter les contaminations ?

Cutané Ecouvillon avec milieu de transport - Préférez une bactériologie de suppurations ou de biopsies

auriculaire Ecouvillon avec milieu de transport -

oculaire : cornée, conjonctive

Ecouvillon avec milieu de transport Ecouvillon sec Pour la cornée, préférez un grattage de la cornéeAttention de ne pas contaminer les prélÚvements de cornée par les conjonctives et les prélÚvements conjonctivaux par les paupiÚres

appareil respiratoire : lavage nasal, lavage trachéal, lavage broncho-alvéolaire

Tube sec et ensemencement de la gélose de transport avec un écouvillon plongé dans le liquide de lavage

Tube sec utilisation d’un fibroscope, d’un endoscope ou d’une sonde stĂ©rile protĂ©gĂ©e pour effectuer les prĂ©lĂšvements trachĂ©aux ou broncho-alvĂ©olaires. La prĂ©sence de cellules Ă©pithĂ©liales kĂ©ratinisĂ©es ou de bactĂ©ries de type Simonsiella sont des indices de la contamination oro-pharyngĂ©e des prĂ©lĂšvements

liquides biologiques : épanchement, bile, synovie, liquide céphalo-rachidien

Tube sec et ensemencement de la gĂ©lose de transport avec un Ă©couvillon plongĂ© dans le liquidePour les recherches de germes anaĂ©-robies, Ă©viter un contact de plus de 20 minutes avec l’oxygĂšne, les Ă©couvillons avec milieu de transport sont adaptĂ©s

Tube sec Pour les ponctions transcutanées : procédez à une antisepsie de la zone cutanée de ponction

urine Tube borate ou ensemencement de la gĂ©lose de transport avec un Ă©couvillon plongĂ© dans l’urine

- Récoltez les urines par cystocentÚse ou par cathétérisme urétral

biopsie : tout site

Flacon avec milieu de transport ou Ă  dĂ©faut une biopsie poussĂ©e dans la gĂ©lose de transport d’un Ă©couvillon et une biopsie dans un flacon ou un tube avec sĂ©rum physiologique stĂ©rilePour les recherches de germes anaĂ©-robies, Ă©viter un contact de plus de 20 minutes avec l’oxygĂšne, les Ă©couvillons avec milieu de transport sont adaptĂ©s

Flacon ou tube avec sérum physiologique stérile

sang Flacon spĂ©cifique pour hĂ©moculture Tube EDTA Tondre et dĂ©sinfecter la rĂ©gion de la prise de sang, rĂ©colter la quantitĂ© de sang indiquĂ©e sur le flacon Ă  l’aide d’une aiguille et d’une seringue stĂ©rile (habituellement 10 mL) et injecter ensuite le sang directement au travers du bouchon du flacon

selles Flacon Ecouvillon rectal ou Flacon avec selles

matériel :ostéosynthÚse, cathéter

Flacon avec milieu de transport -

Page 180: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

CAnCĂ©roloGIe

180FICHE ANNEXE : Les prĂ©requis Ă  la rĂ©alisation pratique et Ă  l’interprĂ©tation d’un examen bactĂ©riologique

FiChe anneXe : les prĂ©requis Ă  la rĂ©alisation pratique et Ă  l’interprĂ©tation d’un eXamen baCtĂ©riologique

savoir pourquoi on effectue l’examenDans la majoritĂ© des cas il s’agira de rechercher une infection face Ă  des signes cliniques Ă©vocateurs, dans d’autres cas plus rares il pourra s’agir de rechercher le profil des germes saprophytes d’une rĂ©gion anato-mique donnĂ©e (Ă©pidĂ©miologie).

Connaitre les non-indications Il existe de nombreuses situations oĂč il convient de ne pas prĂ©lever (cf. fiches spĂ©cifiques). Un mauvais prĂ©lĂšve-ment peut entraĂźner une erreur de diagnostic et la mise en place d’un traitement non nĂ©cessaire ou inadaptĂ©.

Joindre les commĂ©moratifsLorsque l’on effectue un prĂ©lĂšvement, il est indispensable de joindre les commĂ©moratifs : rapporter le site de prĂ©lĂšvement, le mode de prĂ©lĂšvement, la ou les suspicions cliniques, rapporter si une antibiothĂ©rapie prĂ©a-lable a Ă©tĂ© prescrite (antibiotique/durĂ©e d’arrĂȘt).

acheminer correctement et rapidementL’acheminement au laboratoire d’analyse doit ĂȘtre le plus rapide possible (coursier, dĂ©pĂŽt au laboratoire, transport express comme Chronopost par exemple). Si le prĂ©lĂšvement est ensemencĂ© au laboratoire dans les heures qui suivent le prĂ©lĂšvement (maximum 4 heures), le prĂ©lĂšvement peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© sur un Ă©couvillon sec stĂ©rile ou coton-tigeÂź stĂ©rile humidifiĂ© avec sĂ©rum physiologique. En dehors de ce contexte il faut privilĂ©gier un prĂ©lĂšvement sur milieu gĂ©losĂ© de transport. Les milieux de transport permettent une conservation opti-male pendant 48 heures. Les conditions optimales de prĂ©lĂšvement doivent respecter l’absence de traitement antibiotique prĂ©alable et l’absence de dĂ©sinfection prĂ©alable de la zone prĂ©levĂ©e. Un nettoyage au sĂ©rum physiologique est en revanche possible.

Choisir son laboratoire et communiquer avec le biologisteLe laboratoire d’analyse doit pouvoir proposer un antibiogramme adaptĂ© Ă  la prescription vĂ©tĂ©rinaire et si possible pouvoir proposer un antibiogramme interprĂ©tatif. Il faut absolument solliciter la communication avec le biologiste lorsque l’interprĂ©tation pose problĂšme au clinicien.

Connaitre les risques de contamination bactĂ©rienne des prĂ©lĂšvements et les Ă©viterIl existe des sites de prĂ©lĂšvements qui sont naturellement riches en microbiote comme la peau ou les mu-queuses. Les germes saprophytes de la peau lors de prĂ©lĂšvements cutanĂ©s ou transcutanĂ©s (articulations, LCR) ou de la cavitĂ© buccale lors de prĂ©lĂšvement de l’arbre respiratoire peuvent ĂȘtre isolĂ©s sans pour autant ĂȘtre responsable d’une infection du site prĂ©levĂ©. Pour Ă©viter ce type de problĂšme, se reporter aux instructions du tableau « prĂ©lĂšvements pour bactĂ©riologie ».

Pour les prĂ©lĂšvements au travers de fibroscope ou d’endoscope : respectez scrupuleusement les procĂ©dures de nettoyage de ces appareils et utiliser si possible des dispositifs de prĂ©lĂšvements Ă  usage unique car les germes ubiquitaires de type Pseudomonas peuvent facilement coloniser le matĂ©riel et contaminer les prĂ©lĂš-vements.

FiliĂšre animaux de Compagnie

Page 181: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

CAnCĂ©roloGIe

181FICHE ANNEXE : Les prĂ©requis Ă  la rĂ©alisation pratique et Ă  l’interprĂ©tation d’un examen bactĂ©riologique

FiChe anneXe : les prĂ©requis Ă  la rĂ©alisation pratique et Ă  l’interprĂ©tation d’un eXamen baCtĂ©riologique

Connaitre les risques et les causes d’altĂ©ration de la viabilitĂ© des germesLa viabilitĂ© des germes peut ĂȘtre mauvaise ou altĂ©rĂ©e :‱ Pour certains germes fragiles‱ Pour les germes anaĂ©robies s’ils ont Ă©tĂ© en contact prolongĂ© avec l’air‱ Si une antibiothĂ©rapie a Ă©tĂ© instaurĂ©e avant le prĂ©lĂšvement‱ Par un transport trop long

garder Ă  l’esprit qu’isolement d’un germe ne signifie pas toujours infectionIl est particuliĂšrement important de corrĂ©ler cet isolement, Ă  la clinique (fiĂšvre, lĂ©sions purulentes), Ă  la cyto-logie (prĂ©sence de cellules inflammatoires, de germes intracellulaires) et Ă©ventuellement aux autres examens complĂ©mentaires (imagerie par exemple).‱ Si les germes sont potentiellement saprophytes de la zone prĂ©levĂ©e, l’interprĂ©tation peut ĂȘtre dĂ©licate.‱ Certains germes peuvent avoir colonisĂ©s la zone prĂ©levĂ©e sans pour autant ĂȘtre responsable d’une infection : - Colonisation bactĂ©rienne vĂ©sicale lors de sondage urinaire - Colonisation bactĂ©rienne respiratoire (Pseudomonas notamment) lors de ventilation mĂ©canique

bibliographie‱ Carter GR. Selection and Submission of Clinical Specimens. In : Carter GR, Cole JR, eds, Diagnostic Procedure in Veterinary Bacteriology and Mycology. 5th Edition. St Louis : Elsevier ; 1990 : 11-4.‱ Quinn PJ et coll. Clinical Veterinay microbiology. St Louis ; Mosby ; 1994.‱ Van Horn KG et coll. Comparison of 3 swab transport systems for direct release and recovery of aerobic and anae-robic bacteria. Diagn Microbiol Infect Dis. 2008;6:471-3.

Page 182: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

CAnCĂ©roloGIe

182FICHE ANNEXE : ProblĂ©matiques de l’usage des antibiotiques chez les « Nouveaux Animaux de Compagnie »

FiChe anneXe : problĂ©matiques de l’usage des antibiotiques Chez les « nouveauX animauX de Compagnie »

objectifs1. Un meilleur usage des antibiotiques chez les «nouveaux animaux de compagnie».2. La conservation de la notion d’espĂšce ou de groupe zoologique dans l’usage des antibiotiques : posologie,

indications, AMM, etc.3. La mise à disposition de présentations adaptées en vue de ne délivrer que les petites doses nécessaires et

sous une forme utilisable facilement par le propriĂ©taire pour faciliter l’observance.

la problĂ©matique de l’espĂšce animaleL’expression «Nouveaux Animaux de Compagnie», rĂ©sumĂ©e dans l’acronyme NAC, est maintenant largement employĂ©e. Mais c’est un fourre-tout zoologique regroupant des espĂšces, domestiques ou non-domestiques, appartenant aux 5 classes animales de vertĂ©brĂ©s (MammifĂšres, Oiseaux, Reptiles, Amphibiens, Poissons) et Ă  d’autres d’invertĂ©brĂ©s, dont le seul point commun est de ne pas ĂȘtre des chiens, chats ou chevaux. Ce n’est donc pas du tout un terme opĂ©rationnel en mĂ©decine et, en particulier, pour la connaissance du mĂ©tabolisme de mĂ©dicaments. Pour la thĂ©rapeutique, et bien sĂ»r les antibiotiques, la rĂ©flexion doit se faire au niveau de l’espĂšce, ou Ă  dĂ©faut dans les regroupements d’espĂšces en remontant la classification zoologique.

la problĂ©matique des connaissances scientifiques pour chaque espĂšceles donnĂ©es scientifiques concernant ces espĂšces et l’usage des antibiotiques sont de qualitĂ©s et quan-titĂ©s variables. nous disposons de donnĂ©es fiables pour un certain nombre d’espĂšces, mais globalement elles sont encore trop rares. Il est important de continuer les Ă©tudes de pharmacocinĂ©tique molĂ©cule par molĂ©cule et espĂšce par espĂšce, de façon Ă  utiliser les antibiotiques de maniĂšre correcte, Ă  la bonne dose, frĂ©quence et durĂ©e. en effet en «nAC» il y a encore beaucoup de transpositions de donnĂ©es d’une espĂšce Ă  l’autre.

Le Groupe d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie (GENAC) de l’AFVAC (Association française des vĂ©tĂ©rinaires pour animaux de compagnie) a rĂ©digĂ© en 2011 un document en français concernant la thĂ©rapeu-tique, incluant l’usage des antibiotiques. Il existe un ouvrage de rĂ©fĂ©rence en anglais, rĂ©guliĂšrement remis Ă  jour (1996, 2001, 2005, 2013) : «Exotic Animal Formulary», de Carpenter James W. chez Elsevier Saunders. Cet ouvrage cite ses sources bibliographiques et indique si les doses et frĂ©quences indiquĂ©es proviennent d’études de pharmacocinĂ©tique. Certains journaux publient rĂ©guliĂšrement de nouvelles Ă©tudes sur les mĂ©di-caments chez les «nac». En particulier les revues des diffĂ©rentes associations mondiales : AAV (Association of Avian Veterinarians), EAAV (European Association of Avian Veterinarians), ARAV (Association of Reptilian and Amphibian Veterinarians), AEMV (Association of Exotic Mammal Veterinarians).

Ces associations AAV, EAAV, AEMV, ARAV et le collÚge européen ECZM (European College of Zoological Me-dicine) se sont regroupées pour proposer un congrÚs mondial en Europe, appelé ICARE. Le premier a eu lieu en 2013 à Wiesbaden, le deuxiÚme à Paris en avril 2015.

la problĂ©matique de l’absence d’ammPour ces groupes d’animaux, la plupart des traitements sont conduits hors AMM.A cette situation, il y a quelques exceptions qui bĂ©nĂ©ficient des Ă©tudes pour les animaux de production, et pour lesquelles nous disposons d’assez nombreuses AMM pour des antibiotiques :‱ le lapin (Oryctolagus cuniculus) d’une part, espĂšce qui fait l’objet d’une production importante en France pour

FiliĂšre animaux de Compagnie / naC

Page 183: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

CAnCĂ©roloGIe

183FICHE ANNEXE : ProblĂ©matiques de l’usage des antibiotiques chez les « Nouveaux Animaux de Compagnie »

FiChe anneXe : problĂ©matiques de l’usage des antibiotiques Chez les « nouveauX animauX de Compagnie »

la consommation, mais aussi d’une grande prĂ©sence comme animal de compagnie dans de nombreux pays europĂ©ens ;

‱ certains oiseaux d’autre part : en particulier la poule (Gallus gallus) et le pigeon domestique (Columba livia domesticus).

Pour toutes les autres espĂšces, l’absence d’AMM, bien comprĂ©hensible, oblige le vĂ©tĂ©rinaire, sauf rares excep-tions, Ă  prescrire hors AMM, selon la cascade et les connaissances scientifiques Ă©voquĂ©es ci-dessus.Paradoxalement il est surprenant que quelques produits mentionnent «NAC» ou «Nouveaux Animaux de Com-pagnie» dans l’AMM ou le RCP, compte tenu de ce qui a Ă©tĂ© dit au premier paragraphe quant aux espĂšces.

la problĂ©matique des prĂ©sentations de mĂ©dicamentsLa prĂ©sentation idĂ©ale d’un mĂ©dicament pour NAC, dont les antibiotiques, devrait permettre :‱ un usage simple par les propriĂ©taires favorisant l’observance de la prescription : dose facile Ă  administrer par

voie orale individuellement (le plus polyvalent serait un liquide Ă  goĂ»t neutre avec une concentration de la molĂ©cule sous un volume compatible avec la dĂ©glutition de l’espĂšce, soit par exemple entre 0,5 et 1 mL par prise pour un lapin ou un perroquet) ;

‱ une dĂ©livrance juste de la quantitĂ© nĂ©cessaire, sans laisser des quantitĂ©s «importantes» d’antibiotiques non utilisĂ©s qui finissent tĂŽt ou tard en automĂ©dication ou dans l’environnement.

Le fait de dĂ©livrer uniquement la quantitĂ© strictement nĂ©cessaire Ă  l’animal traitĂ© diminue drastiquement la consommation globale d’antibiotiques pour ces petits animaux de compagnie.

Or actuellement trĂšs peu des mĂ©dicaments nĂ©cessaires chez les NAC rĂ©pondent Ă  ces critĂšres. Il faudrait :‱ inciter Ă  la commercialisation de spĂ©cialitĂ©s au volume ou quantitĂ© et Ă  la galĂ©nique adaptĂ©e aux diffĂ©rentes

espĂšces de NAC ;‱ adapter la rĂ©glementation sur le dĂ©conditionnement ou les prĂ©parations extemporanĂ©es pour pouvoir dĂ©tailler

et/ou changer la concentration.

la problĂ©matique de la frĂ©quence des mycoplasmes et chlamydiaLa frĂ©quence de chlamydioses et des mycoplasmoses chez toutes les espĂšces concernĂ©es, tant sous forme deportages asymptomatiques que sous forme d’infections cliniques, a pour consĂ©quence :‱ un diagnostic de routine plus difficile, mĂȘme avec les PCR ;‱ une absence d’antibiogramme pour ces pathogĂšnes ;‱ un usage plus frĂ©quent des cyclines (oxytĂ©tracycline, doxycycline), fluoroquinolones (enrofloxacine*,

marbofloxacine*), et phĂ©nicolĂ©s (chloramphĂ©nicol) ;‱ un usage possible des macrolides, lincosamides et aminosides (gentamycine).

la problĂ©matique de l’immunodĂ©ficience liĂ©e aux conditions d’entretien de l’animalDe nombreuses affections bactĂ©riennes sont en relation avec les conditions de vie et d’entretien de l’animal :‱ dĂ©sĂ©quilibre nutritionnel, qui provoque une immunodĂ©ficience gĂ©nĂ©rale ou locale (muqueuses, peau) ;‱ qualitĂ© physico-chimique et microbienne de l’environnement (sol, air, lieu de couchage, matĂ©riel) favorisant un

dĂ©sĂ©quilibre entre l’immunitĂ© et les pathogĂšnes ;‱ conditions de vie inadaptĂ©es au comportement normal de l’espĂšce, gĂ©nĂ©rateur de stress et anxiĂ©tĂ©, favorisant

Ă©galement un dĂ©sĂ©quilibre entre l’immunitĂ© et les pathogĂšnes.

Nous citerons ci-dessous deux exemples typiques chez les NAC :‱ les infections de l’appareil respiratoire supĂ©rieur des PsittacidĂ©s : trĂšs souvent favorisĂ©es ou provoquĂ©es par

des carences alimentaires (28 erreurs nutritionnelles dans une ration exclusivement en graines) et un manque d’hygiùne, souvent dans de petites cages rondes ;

‱ les abcĂšs dentaires des lapins, dernier stade des malocclusions dentaires, elles-mĂȘmes provoquĂ©es par une alimentation inadaptĂ©e, trop riche en graines et granulĂ©s, et probablement aussi une exposition insuffisante au soleil ou aux UV.

*Attention, antibiotique d’importance critique !

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CAnCĂ©roloGIe

184FICHE ANNEXE : ProblĂ©matiques de l’usage des antibiotiques chez les « Nouveaux Animaux de Compagnie »

FiChe anneXe : problĂ©matiques de l’usage des antibiotiques Chez les « nouveauX animauX de Compagnie »

la problĂ©matique des alternatives aux antibiotiquesLes alternatives Ă  l’usage des antibiotiques, ou au moins les complĂ©ments de traitement, ou les moyens de prĂ©vention, incluent :‱ une nutrition Ă©quilibrĂ©e (bilan nutritionnel, conseils et prescriptions) ;‱ un mode de vie adaptĂ© Ă  l’espĂšce (consultation de zootechnie et de comportement) ; Ces deux points Ă©tant fondamentaux pour avoir un systĂšme immunitaire efficient.

‱ un usage des antiseptiques : cutanĂ©s, aĂ©rosol, ou dĂ©sinfection de l’environnement ;‱ les immunostimulants (ce sont souvent, en fait, des correcteurs de nutrition !) ;‱ les mĂ©decines alternatives Ă  l’allopathie : phytothĂ©rapie, homĂ©opathie, acupuncture...

la problĂ©matique de l’usage excessif de l’enrofloxacineL’enrofloxacine a Ă©tĂ© largement utilisĂ©e en mĂ©decine des NAC. En raison de son spectre large qui inclue les mycoplasmes et chlamydia, les rĂ©sultats Ă©taient souvent spectaculaires. Sa tolĂ©rance et la prĂ©sentation orale liquide, aussi bien chez les oiseaux (sa premiĂšre indication pour les volailles) que chez les reptiles et petits mammifĂšres, a Ă©galement Ă©tĂ© une raison de cette large utilisation. Malheureusement, cela c’est aussi traduit par une automĂ©dication importante et une importation illĂ©gale, en particulier en provenance de pays Ă©tran-gers. Le GENAC diffuse dans ses formations pour vĂ©tĂ©rinaires toutes les informations pour un usage raisonnĂ© de l’enrofloxacine et les diffĂ©rentes options de traitements alternatives au «tout enrofloxacine».

pour en savoir plus1. ArrĂȘtĂ© du 10 aoĂ»t 2004 fixant les rĂšgles gĂ©nĂ©rales de fonctionnement des installations d’élevage d’agrĂ©ment d’ani-maux d’espĂšces non domestiques.2. ArrĂȘtĂ© du 11 a ;oĂ»t 2006 fixant la liste des espĂšces, races ou variĂ©tĂ©s d’animaux domestiques.3. GENAC, ThĂ©rapeutique chez les NAC. Comptes rendus du congrĂšs GENAC/NAC au Puy du Fou, AFVAC septembre 2011.4. Carpenter JW. Exotic Animal Formulary. Fourth ed. Saint Louis : Elsevier Saunders ; 2013.5. Proceedings 1st International Conference on Avian, Herpetological and Exotic Mammal Medicine (ICARE) (12th European AAV Conference, 2nd International ARAV Conference, 1st International AEMV Conference and 2nd ECZM Scientific Meeting). April 20-26, 2013 Wiesbaden, Germany.6. Proceedings 2nd International Conference on Avian, Herpetological and Exotic Mammal Medicine (ICARE) (13th European AAV Conference, 3rd International ARAV Conference, 2nd International AEMV Conference and 3rd ECZM Scientific Meeting). April 18-23, 2015, Paris, France.

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FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline 185

FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

- NOVEMBRE 2012 -CONSEIL SCIENTIFIQUE du Groupe d’Etude en Reproduction Elevage et SĂ©lection des Animaux de Compagnie (GERES) de l’Association Française des VĂ©tĂ©rinaires pour Animaux de Compagnie (AFVAC)

Président : Coordinateurs et Rédacteurs de la proposition :LEVY Xavier (DV, Dip ECAR) GOGNY Anne (DV, Dip ECAR) ; ROSSET Emilie (DV, Dip ECAR)

Membres : BUFF Samuel (DV, Dip ECAR) ; DUMON Christian (DV) ; LEMOINE Françoise (DV) ; MIMOUNI Philippe (DV) ; SEGUELA Jérome (DV) ; TOPIE Emmanuel (DV)

Le traitement antibiotique des infections de l’appareil reproducteur et des produits de la reproduction du chien et du chat nĂ©cessite une approche particuliĂšre. Ce document a pour objectif de fournir des outils au praticien pour l’aider dans sa dĂ©marche thĂ©rapeutique, face aux affections de l’appareil gĂ©nital et Ă  celles susceptibles d’interfĂ©rer avec le dĂ©veloppement du fƓtus et du jeune chien ou chat. Il ne se substitue pas Ă  un raisonnement mĂ©dical, et doit ĂȘtre intĂ©grĂ© Ă  une dĂ©marche thĂ©rapeutique raisonnĂ©e globale, qui prend en compte la balance risques/bĂ©nĂ©fices au cas par cas, selon le profil de l’animal Ă  traiter, l’organe affectĂ© et l’agent pathogĂšne en cause.

Ce document prĂ©sente dans une premiĂšre partie les spĂ©cificitĂ©s de l’utilisation des antibiotiques en reproduc-tion. Dans une deuxiĂšme partie, il dĂ©crit les principaux paramĂštres Ă  prendre en compte dans la mise en Ɠuvre d’une antibiothĂ©rapie, pour chacune des affections de l’appareil reproducteur mĂąle et femelle. La troisiĂšme partie Ă©tablit la liste des antibiotiques utilisables chez la femelle gravide en ou lactation, et chez le jeune.

Avertissements sur les rĂšgles gĂ©nĂ©rales d’utilisation‱ respect de la dose (ne jamais sous-doser), de la frĂ©quence ‱ respect de la durĂ©e d’administration (nĂ©cessitĂ© d’un suivi clinique Ă  prĂ©voir dĂšs la premiĂšre consultation)‱ respect de la rĂšgle dite de la « cascade » (article L-5143-4 du CSP) ‱ respect de la prescription-dĂ©livrance (dĂ©cret 2007-596 du 24 Avril 2007).

Chapitre 1 : spĂ©CiFiCitĂ©s de l’utilisation des antibiotiques en reproduCtion Canine et FĂ©line

les contraintes de l’utilisation des antibiotiques en reproductionEn reproduction, l’utilisation des antibiotiques doit tenir compte de plusieurs particularitĂ©s :

1. les maladies de l’appareil gĂ©nital mĂąle et femelle sont principalement liĂ©es Ă  des dĂ©sordres hormo-naux. Des infections bactĂ©riennes peuvent cependant apparaĂźtre d’emblĂ©e, ou secondairement Ă  des remaniements induits par un dĂ©sĂ©quilibre hormonal qui favorisent le dĂ©veloppement bactĂ©rien. Dans ces conditions, une antibiothĂ©rapie, mĂȘme bien conduite, ne suffit gĂ©nĂ©ralement pas Ă  traiter la maladie.

FiliĂšre animaux de Compagnie / naC

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

En parallĂšle au traitement antibiotique, la suppression de la source hormonale, par des moyens chirurgi-caux ou mĂ©dicaux, s’avĂšre donc indispensable dans la plupart des cas.

2. les organes gĂ©nitaux internes et externes du mĂąle et de la femelle possĂšdent une flore bactĂ©rienne propre, qui n’est pas pathologique dans les conditions normales. Aussi, identifier un agent bactĂ©rien dans un prĂ©lĂšvement issu de l’un de ces organes ne permet pas automatiquement d’établir le diagnostic Ă©tiologique. Le choix d’un traitement antibiotique doit donc tenir compte des spĂ©cificitĂ©s de la flore bac-tĂ©rienne locale.

3. le diagnostic Ă©tiologique est compliquĂ© par la difficultĂ© d’obtenir des prĂ©lĂšvements qui soient un reflet reprĂ©sentatif de l’atteinte locale. C’est le cas dans les affections de la prostate ou de l’utĂ©rus, qui sont des organes peu accessibles.

4. la plupart des principes actifs diffusent mal dans les tissus gĂ©nitaux et mammaires, relativement isolĂ©s du reste de l’organisme. De plus, les propriĂ©tĂ©s de ces tissus subissent des variations en fonction de la situation clinique (augmentation de la permĂ©abilitĂ©, modifications du pH, ...), qui modifient le comporte-ment des principes actifs. Il est donc indispensable de confronter les propriĂ©tĂ©s pharmacologiques des molĂ©cules utilisables avec les caractĂ©ristiques locales du tissu-cible en fonction de la situation clinique et de l’organe affectĂ©.

Il en rĂ©sulte que le choix d’entreprendre un traitement antibiotique doit d’abord reposer sur une dĂ©marche diagnostique raisonnĂ©e. Celle-ci doit s’attacher Ă  cerner le degrĂ© d’implication des valences hormonale et bactĂ©rienne dans la maladie observĂ©e, identifier la ou les bactĂ©ries potentiellement responsables lorsque c’est possible, et Ă©tablir un lien de causalitĂ© entre la prĂ©sence de ces agents infectieux et la maladie dans son contexte clinique.Une fois Ă©tablie la pertinence d’un traitement antibiotique, l’antibiotique choisi doit ĂȘtre adaptĂ© au germe identifiĂ©, diffuser suffisamment dans le tissu cible et atteindre des concentrations thĂ©rapeutiques pendant toute la durĂ©e du traitement. En outre, il doit ĂȘtre dĂ©pourvu de toxicitĂ©, notamment quand la durĂ©e prĂ©visible du traitement est longue, ou que le traitement concerne - ou est susceptible de retentir sur - des animaux dont le mĂ©tabolisme est immature ou modifiĂ© (fƓtus, nouveau-nĂ©s, animaux ĂągĂ©s, animaux obĂšses, etc.).

raisonner l’antibiothĂ©rapie dans le traitement des maladies infectieuses de l’appareil gĂ©nital

limiter la sĂ©lection de rĂ©sistances bactĂ©riennesL’antibiothĂ©rapie vise avant tout Ă  Ă©liminer les germes pathogĂšnes chez un individu donnĂ©. Cependant, les spectres d’action des antibiotiques, souvent assez Ă©tendus, ne permettent pas une bonne discrimination, et l’action des antibiotiques ne se limite donc pas aux seuls germes pathogĂšnes : les bactĂ©ries non pathogĂšnes qui entrent dans leur spectre d’action sont Ă©galement concernĂ©es. Ceci a pour consĂ©quence de provoquer des mutations Ă  l’origine de rĂ©sistances chez certaines bactĂ©ries, dont l’impact le plus nĂ©gatif est le risque potentiel sur la santĂ© humaine (bactĂ©ries zoonotiques).Plus la population bactĂ©rienne est importante, et plus le risque d’apparition de rĂ©sistances est multipliĂ©. Le systĂšme gĂ©nital est donc particuliĂšrement concernĂ©, car il reprĂ©sente un rĂ©servoir important en raison du grand nombre de bactĂ©ries commensales qui y sĂ©journent. C’est aussi le cas des systĂšmes cutanĂ©s et diges-tifs, dans lesquels ce risque a Ă©tĂ© clairement Ă©valuĂ©.Les antibiotiques diffusent assez mal dans les organes reproducteurs. Pour les rĂ©sistances bactĂ©riennes, ceci reprĂ©sente donc un risque supplĂ©mentaire puisqu’elles apparaissent entre autres dans les situations oĂč les doses d’antibiotiques ne sont pas suffisantes. Comme la distribution des antibiotiques ne se limite pas au seul organe visĂ©, il est probable que ce risque existe dĂšs lors que l’animal reçoit un antibiotique susceptible de diffuser dans l’appareil reproducteur, mĂȘme si celui-ci n’est pas visĂ© par le traitement.

L’aptitude d’un antibiotique Ă  traverser une membrane est conditionnĂ©e par sa liposolubilitĂ© et, secondaire-ment, sa taille. Les substances qui pĂ©nĂštrent le plus rapidement Ă  travers les membranes sont les substances liposolubles, donc les molĂ©cules non polaires, non ionisĂ©es. A l’inverse, les molĂ©cules hydrosolubles diffusent

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FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

trĂšs peu de part et d’autre des membranes. La pharmacocinĂ©tique d’une molĂ©cule dĂ©pend aussi de son carac-tĂšre hydrosoluble, l’antibiotique Ă©tant dans une phase aqueuse avant sa rĂ©sorption (dans le tube digestif ou au site d’injection) et au site d’infection.

Pour une molĂ©cule polaire (hydrosoluble), le degrĂ© d’ionisation dĂ©pend de son pKa et du pH du milieu (pH du plasma = 7,4) :‱ un acide faible sera d’autant moins ionisĂ© que le milieu est plus acide, d’oĂč une pĂ©nĂ©tration facilitĂ© Ă  travers

les membranes à pH bas‱ pour une base faible, l’influence du pH se fait en sens contraire : c’est en milieu à tendance basique que la

diffusion est favorisée.

Figure 1 : echelle des pKa des différents antibiotiques (Prescott et al., 2000)

Les antibiotiques trÚs lipophiles traversent facilement les membranes cellulaires et sont retrouvés dans les liquides péritonéal, synovial, prostatique, les sécrétions bronchiques et, pour certains, dans le liquide céphalorachidien (LCR). Les antibiotiques trÚs peu lipophiles, que ce soient des acides forts ou des bases fortes ou polaires, ne traversent pas les membranes cellulaires facilement et des concentrations efficaces ne sont en général pas atteintes.

liposolubilité élevée modérée Faible / nulleMacrolidesLincosamidesTriméthoprimeDoxycyclineMinocyclinePhénicolés

OxytétracyclineChlortétracyclineSulfamidesQuinolonesNitroimidazolés

Aminocyclitols (nulle)b-lactaminesPolymyxines (trĂšs faible)Sulfaguanidine,Succinylsulfathiazole,Phtalylsulfathiazole

acide bases neutres amphotĂšresForts : PĂ©nicillines, CĂ©phalosporinesFaibles : Sulfamides, Acide oxolinique, Acide nalidixique

Fortes : Polymyxines, ErythromycineFaibles ou fortes : AminocyclitolsFaibles : Macrolides sauf Erythromycine, Lincosamides, Triméthoprime

Phénicolés TétracyclinesFluoroquinolones

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FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

Les bases faibles et les antibiotiques amphotĂšres non ionisĂ©s au pH considĂ©rĂ© et plus ou moins lipophile tra-versent gĂ©nĂ©ralement trĂšs bien les membranes cellulaires.La capacitĂ© Ă  traverser les membranes cellulaires des sulfamides dĂ©pend beaucoup de leurs propriĂ©tĂ©s phy-sico-chimiques qui sont trĂšs variables d’une molĂ©cule Ă  l’autre. Par exemple, certaines molĂ©cules comme la phtalylsulfathiazole sont ionisĂ©es dans l’estomac et le duodĂ©num et leur rĂ©sorption aprĂšs administration orale est nulle. La plupart des sulfamides passent nĂ©anmoins bien par diffusion comme la sulfadiazine.

le choix du schĂ©ma posologiqueLe choix du schĂ©ma posologique dĂ©pend de chaque couple «bactĂ©rie / antibiotique». Dans la plupart des cas, il a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© en fonction de critĂšres pharmacocinĂ©tiques chez l’animal sain, et de donnĂ©es pharmaco-dynamiques obtenues in vitro. Ces donnĂ©es ont Ă©tĂ© ensuite confrontĂ©es Ă  la rĂ©ponse thĂ©rapeutique obtenue lors d’essais cliniques de terrain.

L’approche pharmacologique dite PK/PD (pharmacocinĂ©tique/pharmacodynamique) consiste Ă  confronter in vivo, chez l’animal malade ou dans des modĂšles expĂ©rimentaux, l’exposition effective de l’agent pathogĂšne Ă  l’antibiotique, mesurĂ©e par des donnĂ©es pharmacocinĂ©tiques, Ă  la sensibilitĂ© de l’agent pathogĂšne Ă  l’anti-biotique, Ă©valuĂ©e par des critĂšres pharmacodynamiques. Cette approche prĂ©sente l’avantage de mesurer in situ l’efficacitĂ© de l’antibiotique Ă©tudiĂ© sur une bactĂ©rie donnĂ©e, au sein d’un systĂšme ou d’un organe dĂ©fini. Plus pertinente, cette approche ne s’applique pourtant pas Ă  toutes les situations cliniques, notamment celles oĂč les organes sont protĂ©gĂ©s par une «barriĂšre» physiologique, ce qui est le cas des organes reproducteurs (prostate, testicule, utĂ©rus, mamelle...). Elle est Ă©galement plus difficile Ă  appliquer dans les situations oĂč les infections sont dues Ă  des bactĂ©ries extracellulaires (E. coli, Klebsiella pneumoniae, Pasteurella multocida, Bor-detella bronchiseptica...). Or, les bactĂ©ries extra-cellulaires sont majoritairement en cause dans les infections de la mamelle, de l’utĂ©rus, du vagin et, chez le mĂąle, de la prostate.

Les schĂ©mas thĂ©rapeutiques actuellement Ă©tablis sur la base de l’approche PK/PD concernent donc un nombre restreint d’appareils, dans un nombre restreint d’espĂšces (dont l’Homme). Concernant les traite-ments des maladies infectieuses de l’appareil gĂ©nital, il n’existe pas de preuves solides Ă©tayĂ©es par des Ă©tudes contrĂŽlĂ©es sur le choix de schĂ©mas thĂ©rapeutiques pertinents.

En premiĂšre approche, les doses d’antibiotiques sont donc Ă  dĂ©terminer en suivant les rĂšgles de conduite gĂ©-nĂ©rales proposĂ©es ci-aprĂšs. Pour un antibiotique donnĂ©, il convient de choisir la dose en fonction des Ă©tudes Ă©tablies pour chaque molĂ©cule et publiĂ©es dans le RCP (rĂ©sumĂ© des caractĂ©ristiques du produit). Concernant les durĂ©es de traitement, en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, les pratiques reposent sur des choix le plus souvent empi-riques faute d’études contrĂŽlĂ©es menĂ©es dans les domaines d’intĂ©rĂȘt. Par extrapolation des donnĂ©es issues de la mĂ©decine humaine, il semble cependant recommandĂ© de limiter la durĂ©e des traitements antibiotiques, en respectant une durĂ©e minimum pour les antibiotiques temps-dĂ©pendants, afin de diminuer la pression de sĂ©lection exercĂ©e sur la flore commensale. Ceci permet en outre de rĂ©duire les effets indĂ©sirables et d’amĂ©-liorer l’observance du traitement.

Dans ce contexte, il apparaĂźt donc indispensable de respecter les rĂšgles suivantes :

1. Maintenir les concentrations les plus Ă©levĂ©es possibles :‱ utiliser des antibiotiques Ă  demi-vie longue‱ pour les antibiotiques Ă  demi-vie courte, utiliser des voies d’absorption lente (IM ou SC) ou maintenir une

frĂ©quence Ă©levĂ©e d’administration avec des formulations Ă  absorption rapide‱ l’administration des antibiotiques par voie locale (vagin, utĂ©rus) n’a fait l’objet d’aucune Ă©tude chez le chien

bien que cette voie soit intĂ©ressante dans d’autres espĂšces.

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

2. PrĂ©venir les rĂ©sistances bactĂ©riennes :‱ dans les traitements pris en charge tardivement, ou dans les cas oĂč la quantitĂ© de bactĂ©ries est trĂšs importante,

utiliser les doses les plus Ă©levĂ©es possibles pour lesquelles l’innocuitĂ© a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e (se rĂ©fĂ©rer au RCP)‱ dans les traitements pris en charge prĂ©cocement, commencer le traitement antibiotique le plus rapidement

possible‱ prĂ©voir une durĂ©e de traitement la plus courte possible

Choisir un antibiotique : ancienne ou nouvelle gĂ©nĂ©ration ?Le degrĂ© de gravitĂ© clinique ne justifie pas l’utilisation de l’antibiotique le plus rĂ©cent. Par ailleurs, il convient de garder des antibiotiques «de rĂ©serve» pour ĂȘtre en mesure de faire face Ă  des rĂ©sistances majeures, no-tamment celles affectant des germes zoonotiques. Les antibiotiques de derniĂšre gĂ©nĂ©ration actuellement sur le marchĂ© vĂ©tĂ©rinaire appartiennent aux cĂ©phalos-porines et aux quinolones, deux familles d’antibiotiques dans lesquelles les rĂ©sistances apparaissent rapide-ment. Inversement, les rĂ©sistances ont moins de possibilitĂ© de se dĂ©velopper lorsque l’antibiotique choisi est effi-cace.Le choix de l’antibiotique doit donc ĂȘtre raisonnĂ© au cas par cas sur la base de la balance risques/bĂ©nĂ©fices. En cas de doute, il semble prĂ©fĂ©rable d’utiliser en premiĂšre intention les antibiotiques les plus anciens.

Choisir un antibiotique Ă  spectre large ou non ?Un antibiotique Ă  spectre large a plus de chances d’ĂȘtre efficace sur le germe visĂ©, surtout si celui-ci n’est pas identifiĂ© au moment du traitement. En outre, il offre plus de chances d’ĂȘtre efficace sur les infections dues Ă  plusieurs bactĂ©ries.En revanche, il dĂ©truit une large part de la population bactĂ©rienne locale, y compris la flore commensale, qui est un moyen de dĂ©fense naturel contre les germes pathogĂšnes.En outre, le risque d’inefficacitĂ© sur certaines populations bactĂ©riennes est plus Ă©levĂ©. Or, une action par-tielle sur certaines bactĂ©ries, notamment celles de la flore commensale, conduit aussi Ă  augmenter le risque d’apparition de rĂ©sistances. De plus, l’utilisation d’un antibiotique Ă  spectre large complique l’interprĂ©tation d’un antibiogramme pratiquĂ© en cours de traitement.Il semble donc plus cohĂ©rent de tenter d’identifier la ou les bactĂ©ries en cause dĂšs que le diagnostic de la maladie est Ă©tabli. Ceci suppose de connaĂźtre les principaux germes en cause dans l’infection Ă  cerner, et les antibiotiques auxquels ces agents sont le plus susceptibles d’ĂȘtre sensibles, pour orienter les recherches du laboratoire qui rĂ©alise l’antibiogramme. Ces aspects sont prĂ©sentĂ©s infra.

Choisir un antibiotique concentration-dĂ©pendant ou temps-dĂ©pendant ?L’activitĂ© d’un antibiotique temps-dĂ©pendant dĂ©pend de la durĂ©e pendant laquelle sa concentration au site d’intĂ©rĂȘt est supĂ©rieure ou Ă©gale Ă  la CMI (concentration minimale inhibitrice). Celle d’un antibiotique concentration-dĂ©pendant est proportionnelle Ă  la concentration maximale, trĂšs au-dessus de la CMI, qu’il est susceptible d’atteindre dans l’organe visĂ©.Compte tenu de la nature des germes rencontrĂ©s dans les organes reproducteurs, et de la mauvaise diffusion des principes actifs dans ces tissus, les antibiotiques temps-dĂ©pendants sont donc souvent plus adaptĂ©s au traitement des affections de l’appareil gĂ©nital. Cependant, la nature de leur activitĂ© impose de renouveler leur administration Ă  une frĂ©quence Ă©levĂ©e, de façon Ă  ce que la concentration dans l’organe cible reste supĂ©-rieure Ă  la CMI. De plus, il est important de les administrer pendant une durĂ©e suffisante.

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

Cas particulier des chiots ou des chatons en dĂ©veloppementDans le cas particulier de l’embryon, du fƓtus, des nouveau-nĂ©s, et des jeunes animaux jusqu’au sevrage, les donnĂ©es avĂ©rĂ©es sont encore plus rares que chez l’adulte. Elles sont quasiment toutes empiriques, et extra-polĂ©es des donnĂ©es issues d’autres espĂšces, dont l’homme et le rat. Cependant, les informations avĂ©rĂ©es issues de quelques Ă©tudes de toxicitĂ© justifient de prendre en compte cet aspect dans le choix des antibiotiques, en intĂ©grant au raisonnement les effets indĂ©sirables potentiels de ces mĂ©dicaments sur des organismes en croissance, directement ou Ă  travers le traitement de la femelle en gestation (passage transplacentaire associĂ© Ă  une toxicitĂ© embryonnaire ou fƓtale) ou de la femelle en lacta-tion (passage dans le lait associĂ© Ă  une toxicitĂ© chez le jeune).

les prises en charge thĂ©rapeutiques obligatoirement associĂ©es Ă  l’antibiothĂ©rapieLes affections de l’appareil reproducteur ont presque toujours une valence hormonale. Les modifications induites par les dĂ©sĂ©quilibres hormonaux provoquent des remaniements anatomiques et histologiques, qui reprĂ©sentent des terrains favorables au dĂ©veloppement bactĂ©rien. Les infections sont donc le plus souvent secondaires, et dues Ă  des germes opportunistes.Il est donc indispensable de traiter en premier lieu la cause de l’affection, et non l’infection elle-mĂȘme. Dans certains cas, et notamment les affections prostatiques ou le pyomĂštre de la chienne ou de la chatte, le succĂšs du traitement repose mĂȘme avant tout sur l’élimination de la cause hormonale primaire. Ainsi, les affections prostatiques sont presque toutes jugulĂ©es par la castration, et l’ovariohystĂ©rectomie est le traitement de rĂ©fĂ©rence du pyomĂštre. Dans ce contexte, il peut ne pas ĂȘtre nĂ©cessaire de mettre en Ɠuvre un traitement antibiotique. Seul un tableau clinique mettant objectivement en Ă©vidence un dĂ©but de rĂ©ponse inflammatoire systĂ©mique, ou un risque trĂšs prononcĂ© de sepsis (par exemple, chez un animal immunodĂ©fi-cient, ou lorsque le volume des abcĂšs prostatiques ou d’un pyomĂštre Ă  col fermĂ© sont trĂšs importants) peut justifier une antibiothĂ©rapie.

Chapitre 2 : mise en Ɠuvre d’une antibiothĂ©rapie dans les inFeCtions de l’appareil reproduCteur mĂąle et Femelle

Les paramĂštres du raisonnement thĂ©rapeutique face aux infections de l’appareil reproducteur mĂąle et femelle sont prĂ©sentĂ©s ici sous forme de monographies classĂ©es par maladies

‱ MAMMITE AIGUË

Principales caractĂ©ristiques de la maladie‱ Affection survenant principalement pendant une lactation, ou une lactation de pseudogestation‱ Infection ascendante liĂ©e Ă  une contamination par l’environnement‱ Diagnostic diffĂ©rentiel Ă  effectuer avec un cancer mammaire‱ Risque de sepsis, notamment lors de mammite gangrĂ©neuse

Cf Tableau page suivante.

Page 191: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

type de prélÚvement

‱ lait pour identification bactĂ©rienne et antibiogramme‱ lait pour mesure du pH local

antibiotiques utilisables

(à demander dans l’antibiogramme)

ph du lait > 7,4 :‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexineph du lait < 7,4 et bactĂ©ries g+ :‱ Macrolides (ex : spiramycine)ph du lait < 7,4 et bactĂ©ries g- :‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

stratégie clinique

Commencer le traitement le plus rapidement possiblerĂ©aliser systĂ©matiquement un antibiogramme au moment du diagnostic de mammitemesurer le ph du lait1. en premiĂšre approche, en attendant les rĂ©sultats de l’antibiogramme :‱ utiliser un antibiotique Ă  spectre large (pĂ©nicillines ou sulfamides) qui tient compte du pH local (cf. supra)2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenus‱ Ajuster l’antibiotique en fonction des rĂ©sultats de l’antibiogramme‱ VĂ©rifier que les mesures associĂ©es ont bien Ă©tĂ© mises en Ɠuvre‱ Au besoin, appliquer les mesures recommandĂ©es pour la lutte contre Staphyloccus aureus rĂ©sistant

schéma posologique

dosesutiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMMFrĂ©quence d’administrationToutes les 12 heures au moins pour les bĂȘtalactamines et les cĂ©phalosporines (temps-dĂ©pendants)durĂ©e du traitementContinuer le traitement jusqu’à 2 jours aprĂšs la fin des signes cliniques (8 Ă  10 jours en moyenne)

traitements associés

indispensables

‱ sĂ©parer les jeunes de la femelle, si la lĂ©sion est sĂ©vĂšre (procĂ©der au sevrage ou Ă  un allaitement artificiel) ou un risque de «lait toxique» apparait : les jeunes stimulent la production de lait + risque de contamination des jeunes conduisant Ă  des lĂ©sions le plus souvent cutanĂ©es

‱ antiprolactiniques pour rĂ©duire (ou stopper) la sĂ©crĂ©tion lactĂ©e ‱ ne pas stimuler la production de lait («vidange» des mamelles ou massage)

toxicité spécifique

sulfamides‱ InterfĂ©rences possibles sur l’absorption des acides foliques conduisant Ă  des carences (chat)‱ NĂ©phrotoxicitĂ© (trĂšs rare) (chien)Fluoroquinolones‱ En l’absence de sevrage : toxicitĂ© cartilagineuse potentielle sur les chiots allaitĂ©s (grandes races)bĂȘtalactamines, CĂ©phalosporines‱ Troubles digestifs possibles chez la femelle et/ou les jeunes

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mammites bactĂ©riennes chez la chienne et chez la chatte

* Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 192: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

‱ MÉTRITE INFECTIEUSE AIGUË

Principales caractĂ©ristiques de la maladie‱ Affection d’apparition brutale, survenant principalement en pĂ©riode postpartum‱ Se manifeste par des pertes vulvaires purulentes et/ou hĂ©morragiques, parfois associĂ©e Ă  une baisse de

l’état gĂ©nĂ©ral, Ă  une hyperthermie et Ă  des signes digestifs‱ Infection ascendante liĂ©e Ă  une contamination de l’utĂ©rus au moment du part‱ Due le plus souvent Ă  des germes opportunistes‱ Risque Ă©levĂ© de sepsis

type de prélÚvement

‱ pus issu de l’utĂ©rus, prĂ©levĂ© par Ă©couvillonnage du vagin crĂąnial

principaux germes impliqués

‱ E. coli (le plus frĂ©quent)‱ Staphylocoques‱ Streptocoques

antibiotiques utilisables

(à demander dans l’antibiogramme)

‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexine‱ Autres cĂ©phalosporines (cf. stratĂ©gie clinique)

stratégie clinique

tenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’antibiogramme, qui tiennent Ă  ce que :‱ les agents pathogĂšnes sont des bactĂ©ries opportunistes issues de la flore commensales ;‱ le prĂ©lĂšvement vaginal n’est qu’un reflet indirect de la flore de l’utĂ©rus ;‱ l’isolement de plus de 2 germes ou une pousse peu abondante est non interprĂ©table (flore commensale).traitement antibiotique immĂ©diat requis, en raison du risque Ă©levĂ© de sepsis1. en premiĂšre approche, en attendant les rĂ©sultats de l’antibiogramme :en l’absence de signes de sepsis, utiliser un antibiotique Ă  spectre large :‱ amoxicilline et acide clavulanique (premiĂšre intention) ;‱ cĂ©falexine.si la femelle prĂ©sente des signes de sepsis :‱ amoxicilline et acide clavulanique ou cĂ©falexine ;‱ administration IV ;‱ le plus rapidement possible.2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenus‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©phalosporines

schéma posologique

dosesutiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMM.FrĂ©quence d’administration‱ La plus Ă©levĂ©e possible.‱ Toutes les 12 heures au moins pour les bĂȘtalactamines et les cĂ©phalosporines (temps-dĂ©pendants).durĂ©e du traitement5 jours (Ă  allonger en fonction de l’évolution clinique).

‱ aux doses les plus Ă©levĂ©es possible ;‱ toutes les 8 heures ;

‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites aiguĂ«s chez la chienne et chez la chatte

‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

‱ Proteus‱ Pseudomonas aeruginosa‱ Klebsiella

* Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 193: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

tableau (suite) : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites aiguĂ«s chez la chienne et chez la chatte

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites bactĂ©riennes chroniques chez la chienne et chez la chatte

traitements associés

indispensables

‱ identifier et Ă©ventuellement corriger la cause primaire de la mĂ©trite (dystocie, hygiĂšne dĂ©faillante, etc.).‱ si sepsis, corriger les troubles associĂ©s.‱ Selon le degrĂ© de l’atteinte maternelle, sĂ©parer les animaux allaitĂ©s de la mĂšre et procĂ©der Ă  un

allaitement artificiel.

toxicité spécifique

bĂȘtalactamines, CĂ©phalosporines‱ Troubles digestifs possibles chez la femelle et/ou les chiots ou les chatons allaitĂ©s.Fluoroquinolones‱ En l’absence de sevrage : toxicitĂ© potentielle sur les chiots allaitĂ©s (grandes races).

‱ MÉTRITE INFECTIEUSE CHRONIQUE

Principales caractĂ©ristiques de la maladie‱ Affection chronique‱ Se manifeste par des pertes vulvaires purulentes intermittentes et de l’infertilité‹ Due Ă  des agents divers (virus, mycoplasmes), dont des bactĂ©ries opportunistes‱ Infection polybactĂ©rienne possible‱ Diagnostic diffĂ©rentiel avec les autres causes de pertes vulvaires

type de prélÚvement

antibiogramme fortement recommandé‹ biopsie utĂ©rine, prĂ©levĂ©e chirurgicalement ou par endoscopie transcervicale‱ rinçage de l’utĂ©rus avec une sonde transcervicale‱ pertes issues de l’utĂ©rus, prĂ©levĂ©es par Ă©couvillonnage du vagin crĂąnial.

principaux germes impliqués

‱ E. coli‱ Staphylocoques ‱ Streptocoques ‱ Pasteurelles‱ Proteus

antibiotiques utilisables

(à demander dans l’antibiogramme)

‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexine‱ Sulfamides- trimĂ©thoprime

stratégie clinique

il est prĂ©fĂ©rable de s’appuyer sur les rĂ©sultats d’un antibiogrammetenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’antibiogramme, qui tiennent Ă  ce que :‱ les agents pathogĂšnes peuvent ĂȘtre des bactĂ©ries issues de la flore commensale ;‱ d’autres agents peuvent ĂȘtre en cause (virus, mycoplasmes) ;‱ le prĂ©lĂšvement vaginal n’est qu’un reflet indirect de la flore de l’utĂ©rus, ce qui limite la reprĂ©sentativitĂ©

du prélÚvement.Cas particulier de la brucellose : thérapie combinée : sulfamides ou fluoroquinolones et aminosides associés à une castration (caractÚre zoonotique).

‱ Corynebacterium sp.‱ Pseudomonas aeruginosa‱ Klebsiella‱ Mycoplasmes‱ Brucella canis, autres brucelles

‱ Macrolides‱ Enrofloxacine* ‱ Marbofloxacine*

* Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 194: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

schéma posologique

dosesutiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMM.FrĂ©quence d’administrationLa plus Ă©levĂ©e possible.durĂ©e du traitement7 Ă  10 jours Absence de consensus actuellement mais a priori moins de 3 semaines sinon risque de favoriser une mycoplasmose.

traitements associés indispensables

exploration exhaustive de la fonction reproductrice pour Ă©liminer les causes d’infertilitĂ© Ă©ventuellement associĂ©es (kystes ovariens, corps Ă©tranger).

tableau (suite) : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites bactĂ©riennes chroniques chez la chienne et chez la chatte

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites d’origine hormonale et des pyomĂštres chez la chienne et chez la chatte

‱ MÉTRITE D’ORIGINE HORMONALE ET PYOMÈTRE

Principales caractĂ©ristiques de la maladie‱ Affection chronique sous dĂ©pendance des stĂ©roĂŻdes sexuels, survenant principalement en diƓstrus‱ Se manifeste par des pertes vulvaires purulentes permanentes ou intermittentes, mais absence de pertes

vulvaires possible (pyomĂštre Ă  col fermĂ©)‱ Due le plus souvent Ă  des bactĂ©ries opportunistes, notamment des E. Coli possĂ©dant des facteurs d’attache-

ment spĂ©cifiques‱ Infection polybactĂ©rienne possible‱ Risque de sepsis‱ Diagnostic diffĂ©rentiel avec les autres causes de pertes vulvaires

type de prélÚvement

remarque : IntĂ©rĂȘt trĂšs limitĂ© de l’identification bactĂ©rienne dans les formes non compliquĂ©es (en raison du support hormonal qui prĂ©vaut dans la cause de l’affection)

principaux germes impliqués

‱ E. Coli (agent le plus frĂ©quent)‱ Streptocoques‱ Staphylocoques‱ Klebsiella

antibiotiques utilisables

‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexine

stratégie clinique

en l’absence de signes objectifs de sepsis :‱ l’antibiothĂ©rapie n’est pas nĂ©cessaire ;‱ procĂ©der Ă  une ovariohystĂ©rectomie ou Ă  un traitement mĂ©dical du pyomĂštre.si la femelle prĂ©sente des signes de sepsis :‱ amoxicilline et acide clavulanique ou cĂ©falexine ;‱ administration intraveineuse ;‱ le plus rapidement possible ;‱ aux doses les plus Ă©levĂ©es possible ;‱ administration toutes les 8 heures.

‱ Proteus‱ Pseudomonas aeruginosa‱ Corynebacterium sp.‱ Pasteurelles

Page 195: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

tableau (suite) : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des mĂ©trites d’origine hormonale et des pyomĂštres chez la chienne et chez la chatte

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des vaginites bactĂ©riennes chez la chienne et chez la chatte

schéma thérapeutique

dosesutiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMM.FrĂ©quence d’administration‱ La plus Ă©levĂ©e possible.‱ Toutes les 8 heures au moins pour les bĂȘtalactamines et les cĂ©phalosporines (temps-dĂ©pendants).durĂ©e du traitement5 - 7 jours.

traitements associés indispensables

traitement de référence : ovariohystérectomietraitement médical possible avec un antagoniste de la progestérone (aglépristone), éventuellement associé à des PGF2a (cloprosténol) (attention aux effets indésirables des PFG2a).si sepsis : corriger les troubles associés.

‱ VAGINITES

Principales caractĂ©ristiques de la maladie‱ Affection liĂ©e Ă  un dĂ©faut de conformation gĂ©nitale ou pĂ©rinĂ©ale, Ă  un corps Ă©tranger ou Ă  une cystite‱ Rare chez la chatte‱ Chez la chienne, entitĂ© pathologique particuliĂšre : vaginite de la chienne impubĂšre‱ Se manifeste par des pertes vulvaires purulentes permanentes ou intermittentes‱ Si infection, due le plus souvent Ă  des bactĂ©ries opportunistes, mais agents non bactĂ©riens possibles (her-

pĂšsvirus, par exemple)‱ Infection polybactĂ©rienne possible‱ Diagnostic diffĂ©rentiel avec les autres causes de pertes vulvaires

type de prélÚvement

pertes vaginales, prĂ©levĂ©es par Ă©couvillonnage (prĂ©lĂšvement stĂ©rile) de la partie crĂąniale du vaginremarque : InterprĂ©tation des rĂ©sultats de l’identification bactĂ©rienne difficile car prĂ©sence d’une flore vaginale saprophyte trĂšs variĂ©e

principaux germes impliqués

Chienne‱ Streptocoques ‱ E. coli‱ Pasteurella multocida‱ Enterococcus faecalis‱ Streptococcus-haemolyticus‱ Klebsiella pneumoniae

antibiotiques utilisables

(à demander dans l’antibiogramme)

‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexine‱ Autres cĂ©phalosporines*‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

‱ Proteus mirabilis‱ E. coli haemoliticus‱ Arcanobacterium pyogenes‱ Streptococcus spp.‱ Staphylococcus spp.

Chatte‱ E. coli ‱ Staphylocoques‱ Streptocoques

* Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 196: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

stratégie clinique

il est prĂ©fĂ©rable de s’appuyer sur les rĂ©sultats d’un antibiogrammetenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’antibiogramme, qui tiennent Ă  ce que les agents pathogĂšnes peuvent ĂȘtre des bactĂ©ries issues de la flore commensalepenser Ă  explorer les autres causes possibles (herpĂšsvirus, corps Ă©tranger, dĂ©faut de conformation gĂ©nitale, cystite, ...)

schéma posologique

prĂ©fĂ©rer la voie gĂ©nĂ©rale Ă  la voie locale en premiĂšre intention (rĂ©sultats identiques, mais moins de risque d’apparition de rĂ©sistances bactĂ©riennes)dosesutiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMMFrĂ©quence d’administration‱ La plus Ă©levĂ©e possible‱ Toutes les 12 heures pour les bĂȘtalactamines et les cĂ©phalosporines (antibiotiques temps-dĂ©pendants)durĂ©e du traitementCas gĂ©nĂ©ral : 10 joursMycoplasmes : 4 semaines

traitements associés

indispensables

ne pas utiliser de dĂ©sinfectants gynĂ©cologiques localement : irritants et peu efficacesChez la chienne pubĂšre et chez la chatte‱ Corriger la cause primaire Ă©ventuelle de la vaginite (dĂ©faut de conformation vulvaire ou pĂ©rinĂ©al,

corps Ă©tranger) ou les causes associĂ©es (cystite)‱ Associer un traitement local anti-inflammatoire en cas de vaginite rĂ©calcitrante : par exemple,

Benzidamine (Opalgyne 0,1 %Âź [H]) (hors AMM)Chez la chienne impubĂšre‱ Attendre les 1Ăšres chaleurs avant de procĂ©der Ă  une ovariectomie ? : pas de consensus (non avĂ©rĂ©)‱ Ne traiter avec des antibiotiques que les vaginites entraĂźnant des rĂ©percussions cliniques sĂ©vĂšres

(cystite, douleur, etc.).

tableau (suite) : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des vaginites bactĂ©riennes chez la chienne et chez la chatte

‱ ORCHITES ET ÉPIDIDYMITES

Principales caractĂ©ristiques de la maladie‱ Affections souvent associĂ©es‱ Rares chez le chien, exceptionnelles chez le chat‱ Dues Ă  une infection ascendante issue de la vessie, ou Ă  des germes spĂ©cifiques de l’appareil gĂ©nital, ou Ă 

un traumatisme extĂ©rieur (morsure, 
)‱ Autres causes non bactĂ©riennes possibles (virus)

Cf Tableau page suivante.

Page 197: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

type de prélÚvement

prĂ©lĂšvement par ponction Ă  l’aiguille fine possibleattention au caractĂšre zoonotique de la brucellose

principaux germes impliqués

‱ E. coli‱ Staphylocoques ‱ Streptocoques

antibiotiques utilisables

(à demander dans l’antibiogramme)

‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexine‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime

stratégie clinique

1. en premiĂšre approche‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexine‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenustenir compte des difficultĂ©s d’interprĂ©tation de l’antibiogramme (bactĂ©ries souvent issues de la flore commensale)penser Ă  explorer les autres causes possibles (herpĂšs virus du chien, PIF chez le chat)

Cas particulier de la brucellose : thérapie combinée : sulfamides ou fluoroquinolones et aminosides associés à une castration (caractÚre zoonotique)

schéma posologique

prĂ©fĂ©rer la voie gĂ©nĂ©rale Ă  la voie locale (moins de risque d’apparition de rĂ©sistances bactĂ©riennes)doses : utiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMMFrĂ©quence d’administration : la plus Ă©levĂ©e possibledurĂ©e du traitement : 10 jours

traitements associés

indispensables

Castration recommandée dans tous les cas chez les animaux qui ne sont pas destinés à la reproduction (portage bactérien possible, potentiellement zoonotique)

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie des orchites et des Ă©pididymites bactĂ©riennes chez le chien et chez le chat

‱ Aminosides‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

‱ Brucella canis‱ Autres brucelles

‱ PROSTATITE INFECTIEUSE CHEZ LE CHIEN‱ La prostatite correspond à une inflammation de la prostate. C’est la deuxiùme affection prostatique chez le

chien aprĂšs l’hyperplasie bĂ©nigne de la prostate (ou HBP).‱ Cependant, seulement une petite partie des prostatites (un tiers) semble ĂȘtre d’origine bactĂ©rienne. De fait,

un traitement antibiotique doit nĂ©cessairement ĂȘtre justifiĂ© par une recherche bactĂ©rienne.‱ Les altĂ©rations du parenchyme prostatique comme l’HBP, inĂ©vitable chez un chien mĂąle non castrĂ© ĂągĂ©,

semblent favoriser l’apparition d’une prostatite.‱ Les prostatites d’origine infectieuses sont souvent liĂ©es Ă  une infection ascendante urĂ©trale.‱ Les prostatites se manifestent par une relative unicitĂ© symptomatique (le « syndrome prostatique ») alors

qu’on a, en fait, une hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© lĂ©sionnelle. Le syndrome prostatique regroupe une association variable selon la nature et l’importance de l’affection considĂ©rĂ©e de symptĂŽmes digestifs, urinaires et locomoteurs +/- complications.

‱ La plupart des troubles prostatiques passent inaperçus exceptĂ© les prostatites aigĂŒes.

* Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 198: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

‱ Il existe deux formes cliniques dont le traitement doit ĂȘtre associĂ© Ă  une antibiothĂ©rapie, la forme aigĂŒe et la forme chronique des prostatites.

‱ Le passage d’une phase chronique Ă  une phase aigĂŒe, vice versa, est frĂ©quente.‱ Face Ă  une forme aigue, tous les antibiotiques diffusent mais uniquement pendant les premiers jours car le parenchyme prostatique est altĂ©rĂ©.‱ Par contre, la plupart des antibiotiques diffusent trĂšs mal et sont insuffisants pour traiter une prostatite chronique.‱ La prostatite chronique peut entrainer des cystites chroniques rĂ©cidivantes et des troubles de la fertilitĂ©.‱ Diagnostic diffĂ©rentiel avec les autres affections prostatiques1.

1 En dehors des situations oĂč ces lĂ©sions sont associĂ©es Ă  une infection, l’hyperplasie bĂ©nigne, la mĂ©taplasie squameuse, les kystes et les tumeurs ne relĂšvent pas d’une antibiothĂ©rapie.

type de prélÚvement

‱ biopsie prostatique : examen complĂ©mentaire de rĂ©fĂ©rence‱ Ponction des structures cavitaires prostatiques identifiĂ©es Ă  l’échographie puis analyse cytologique

et mise en culture‱ liquide prostatique aprĂšs massage prostatique‱ Attention Ă  Ă©viter la contamination des prĂ©lĂšvements (cf. stratĂ©gie clinique)‱ si signes Ă©vocateurs de cystite associĂ©e (signes cliniques, bandelette urinaire, culot urinaire :

examen bactĂ©riologique urinaire aprĂšs prĂ©lĂšvement d’urine par cystocentĂšse (90% de corrĂ©lation entre les bactĂ©ries prĂ©sentes dans le parenchyme prostatique et celles prĂ©sentes dans la vessie)

principaux germes impliqués

‱ Staphylococcus intermedius‱ Escherichia coli ‱ Proteus

antibiotiques utilisables

(à demander dans l’antibiogramme)

‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime‱ Clindamycine‱ Erythromycine‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

stratégie clinique

1. en premiĂšre approche (si liquide prostatique rĂ©coltĂ©)ph du liquide prostatique basique (rare, liĂ© aux germes producteurs d’urĂ©ase) :‱ SulfamĂ©thoxazoleph du liquide prostatique acide (frĂ©quent) :‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime‱ Erythromycine2. aprĂšs rĂ©sultats de l’antibiogramme, selon le germe isolĂ© et les rĂ©sultats obtenusremarque : interprĂ©tation des mises en culture bactĂ©riennes dĂ©licate : les germes identifiĂ©s font partie de la microflore normale du tractus urogĂ©nital : nĂ©cessitĂ© d’observer une culture pure, ou abondante avec un ou deux germes largement prĂ©dominants‱ Sulfamides-trimĂ©thoprime‱ Clindamycine‱ Amoxicilline et acide clavulanique‱ CĂ©falexineCas particulier de la brucellose : ThĂ©rapie combinĂ©e : sulfamides ou fluoroquinolones et aminosides associĂ©s Ă  une castration (caractĂšre zoonotique)

tableau : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie de la prostatite chroniquechez le chien

‱ Staphylococcus sp.‱ Mycoplasma sp.‱ Brucella canis

‱ Enrofloxacine*‱ Marbofloxacine*

‱ Clindamycine

* Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 199: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

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FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

schéma posologique

doses : utiliser les doses les plus Ă©levĂ©es permises par l’AMMFrĂ©quence d’administration : La plus Ă©levĂ©e possibledurĂ©e du traitement : 6 semaines

traitements associés

indispensables

le traitement antibiotique seul n’est jamais curatiftraitement de la cause hormonale : rĂ©duction du volume prostatique (anti-androgĂšne ou castration)traitement des cavitĂ©s volumineuses associĂ©es : drainage Ă©choguidĂ© en premiĂšre intention, omentalisation chirurgicale.

tableau (suite) : paramĂštres thĂ©rapeutiques et approche recommandĂ©e pour l’antibiothĂ©rapie de la prostatite chroniquechez le chien

Chaptitre 3 : utilisation des antibiotiques Chez la Femelle gravide, la Femelle en laCtation et Chez le Jeune

Cas particulier de l’utilisation des antibiotiques chez la femelle gravide ou en lactationAvant d’utiliser une molĂ©cule chez une femelle gravide ou en lactation, la balance risques/bĂ©nĂ©fices doit ĂȘtre Ă©tudiĂ©e avec attention pour les trois niveaux en cause : la femelle, la gestation elle-mĂȘme, et les fƓtus. De nombreux agents infectieux sont toxiques pour le fƓtus en croissance, particuliĂšrement pendant l’organo-gĂ©nĂšse. Cependant, ces risques ne doivent pas ĂȘtre surestimĂ©s. En effet, de nombreux critĂšres pharmacologiques peuvent aider Ă  dĂ©terminer les consĂ©quences d’une exposition des embryons et des fƓtus aux antibiotiques. Ce sont le poids molĂ©culaire, le degrĂ© d’ionisation, la liposolubilitĂ© et le degrĂ© de liaison aux protĂ©ines de l’antibiotique, ainsi que le pH du milieu, le niveau de passage de la barriĂšre placentaire et la dose de la molĂ©-cule administrĂ©e. Pour qu’un effet toxique apparaisse chez les fƓtus, l’exposition aux anti-infectieux doit se produire Ă  un moment dĂ©fini de la gestation et atteindre une concentration-seuil dans le placenta.Les antibiotiques utilisables et leur toxicitĂ© potentielle sont dĂ©crits dans le Tableau 1 (page suivante).

toxicitĂ© des antibiotiques chez les fƓtus et chez les nouveau-nĂ©sLes effets indĂ©sirables des antibiotiques rĂ©sultent de leur toxicitĂ© ou de leur action sĂ©lective sur la flore bac-tĂ©rienne intestinale du jeune. Afin de limiter au minimum la destruction de cette flore commensale, en pleine croissance chez les jeunes animaux, la voie orale est Ă  proscrire. Une rĂ©duction de 30 Ă  50 % de la dose prĂ©conisĂ©e pour l’adulte et une augmentation de l’intervalle entre les doses sont gĂ©nĂ©ralement, mais pas toujours, conseillĂ©es. Les antibiotiques les mieux tolĂ©rĂ©s par les nouveau-nĂ©s sont les bĂ©ta-lactamines et les cĂ©phalosporines. Une complĂ©mentation par un probiotique peut rĂ©duire le risque de diarrhĂ©e. Dans certains cas, les avantages de l’utilisation des antibiotiques l’emportent sur les risques sur le jeune chien ou chat.Les antibiotiques utilisables chez le chiot ou le chaton de moins de 8 semaines sont dĂ©crits dans le Tableau 2 (page suivante). Ceux qui doivent ĂȘtre Ă©vitĂ©s sont dĂ©crits dans le Tableau 3 (page suivante).

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200

FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

antibiotiquesrecommandations

de la Food and drug administration (Fda)*

éléments connus de la toxicité

Amikacine D Peut entraßner de la néphrotoxicité et une toxicité nerveuse

Ampicilline APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Amoxicilline et amoxicilline – acide clavulanique

APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

CĂ©phalosporines APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Chloramphénicol CPeut entraßner une diminution de la synthÚse protéique, en particulier dans la moelle osseuse

Clindamycine APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Doxycycline XPeut entraĂźner des malformations osseuses et dentaires chez le ou les fƓtus et peut ĂȘtre toxique pour la mĂšre (risque d’hĂ©patite)

Enrofloxacine* XToxicité potentielle des quinolones sur les cartilages de croissance des chiots de grande race

Erythromycine APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Gentamycine D Peut entraßner de la néphrotoxicité et une toxicité nerveuse

MĂ©tronidazole CPas d’études chez les chiens et les chats et effets tĂ©ratogĂšnes dans d’autres espĂšces

OxytĂ©tracycline XPeut entraĂźner des malformations osseuses et dentaires chez le ou les fƓtus et peut ĂȘtre toxique pour la mĂšre (risque d’hĂ©patite)

PĂ©nicilline APasse la barriĂšre placentaire mais il n’a pas Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© de toxicitĂ© particuliĂšre chez le ou les fƓtus

Streptomycine D Peut entraßner de la néphrotoxicité et une toxicité nerveuse

Sulfonamides BPas d’effets toxiques chez les chiens et les chats bien qu’il ait Ă©tĂ© rapportĂ© l’existence d’effets tĂ©ratogĂšnes dans d’autres espĂšces

Sulfamides-Triméthoprime B Normalement sûr

TĂ©tracycline XPeut entraĂźner des malformations osseuses et dentaires chez le ou les fƓtus et peut ĂȘtre toxique pour la mĂšre (risque d’hĂ©patite)

tableau 1 : principaux antibiotiques utilisables chez la femelle gravide ou en lactation

CatĂ©gorie a : « probablement sĂ»r » : Les Ă©tudes menĂ©es en mĂ©decine humaine et chez les animaux n’ont pas permis de dĂ©montrer l’existence d’un risque pour le ou les fƓtus durant le premier trimestre. La toxicitĂ© fƓtale est Ă©cartĂ©e.CatĂ©gorie b : « probablement sĂ»r si utilisation raisonnĂ©e » : Les Ă©tudes menĂ©es chez le chien ou le chat n’ont pas permis de dĂ©montrer l’existence d’un risque pour le ou les fƓtus durant le premier trimestre. Cependant, des risques ont Ă©tĂ© mis en Ă©vi-dence dans d’autres espĂšces.

CatĂ©gorie C : « risque potentiel » : Soit il n’y a pas eu d’études menĂ©es en humaine ou chez les animaux, soit les Ă©tudes chez l’animal ont rĂ©vĂ©lĂ© des effets indĂ©sirables.CatĂ©gorie d : « risque avĂ©rĂ© » : Les Ă©tudes menĂ©es en hu-maine et chez les animaux ont permis de dĂ©montrer l’existence d’un risque pour le ou les fƓtus durant la gestation. Cependant, ils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s si le pronostic vital de la mĂšre est engagĂ©.CatĂ©gorie X : « Contre-indiquĂ© » : Il a Ă©tĂ© montrĂ© l’existence d’un effet indĂ©sirable de ces molĂ©cules (embryotoxicitĂ© et/ou malformations congĂ©nitales
).

* Classification de la Fda concernant les antibiotiques utilisés pendant la gestation

* Attention, antibiotique d’importance critique !

Page 201: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

201

FiChe anneXe : proposition de Catégorisation des antibiotiques pour une presCription raisonnée en reproduCtion Canine et Féline

FICHE ANNEXE : Proposition de catégorisation des antibiotiques pour une prescription raisonnée en reproduction canine et féline

réFérenCes

‱ Dorfman MI, Barsanti JA, Budsberg SC. Enrofloxacin concentration in the normal prostate gland and in chronic bacterial pros-tatitis in the dog. Am J Vet Res 1995;3:386-390.‱ Dorfman MI, Barsanti JA. CVT update: treatment of canine bacterial prostatitis. In: Bonagura JD, Kirk RW (eds): Current Vete-rinary Therapy XII. Philadelphia, WB Saunders, 1995:pp. 1029-1032.‱ Fontaine E, Levy X, Grellet A, Luc A, Bernex F, Boulouis HJ, Fontbonne A. Diagnosis of endometritis in the bitch: a new approach. Reprod Domest Anim 2009;44(Suppl 2):196-9.‱ Gropetti D, Pecile A, Barbero C, Martino PA. Vaginal bacterial flora and cytology in proestrous bitches: Role on fertility. Therio-genology 2012; 77:1549-1556.‱ Johnson CA. Disorders of the vagina and uterus. In: Nelson RW, Couto CG (eds). Essentials of small animal internal medicine, Mosby, St. Louis, USA. 1992:pp 654-664.‱ Levy X., Prigent S., Gomes E. et coll. Treatment of prostatic abscesses: value of one-step trans-abdominal ultrasound guided needle aspiration and in situ injection of marbofloxacin (MarbocylÂź). In Proceedings EVSSAR symposium, Estoril, 2007, 101.‱ Ling GV, Nyland TG, Kennedy PC, Hager DA, Johnson DL. Comparaison of two sample collection methods for quantitative bac-teriologic culture of canine prostatic fluid. J Am Vet Med Assoc 1990;196:1479-1482.‱ Strom B, Linde-Forsberg C. 1993. Effects of ampicillin and trimethoprim-sulfamethoxazole on the vaginal bacterial flora of bit-ches. Am J Vet Res 1993;54:891-896.‱ Ström Holst B, Bergström A, Lagerstedt A-S, Karlstam E, Englund L, BĂ„verud V. Characterization of the bacterial population of the genital tract of adult cats. AJVR 2003;64(8):963-8.‱ Watts JR, Wright PJ, Whithear KC. Uterine, cervical and vaginal microflora of the normal bitch throughout the reproductive cycle. J Small Anim Pract 1996;37:54.‱ Wiebe JW, Howard JP. Pharmacologic advances in canine and feline reproduction. Topics in Companion Animal Medicine 2009;24(2):71-99.‱ Yates DG. The antimicrobial sensitivity of bacteria isolated from 30 cases of pyometra in the bitch. Irish Vet J 1996;49:709-710.

antibiotiques dose prĂ©conisĂ©e FrĂ©quence d’administration

pĂ©nicillinesAugmenter la dose initialeDose d’entretien identique Ă  l’adulte Augmenter l’intervalle entre les administrations

CĂ©phalosporines Dose d’entretien identique Ă  l’adulte

macrolides

Dose d’entretien identique à l’adulte Pas de modificationlincosamides

métronidazoles

antibiotiques effets indésirables décrits

tétracyclines

Inhibition du mĂ©tabolismeAdministrĂ©es par voie orale, chĂ©lation du calcium osseux nĂ©faste pour la croissance, et dyscoloration de l’émail dentaire ToxicitĂ© hĂ©patique et rĂ©nale

aminosides Néphrotoxicité de la gentamycine

sulfamides A proscrire chez les animaux leucopéniques ou anémiés

thriméthoprime Anémie, leucopénie et thrombocytopénie

quinolones* Effets nocifs sur les cartilages chez les chiots de grande race

tableau 2 : principaux antibiotiques utilisables chez le chiot et le chaton de moins de 8 semaines

tableau 3 : principaux antibiotiques Ă  Ă©viter chez le chiot et le chaton de moins de 8 semaines

* Attention, antibiotique d’importance critique !

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202

FiChe anneXe : rĂ©glementation des antibiotiques d’importanCe Critique en mĂ©deCine vĂ©tĂ©rinaire. l’arrÊtĂ©.

DĂ©crets, arrĂȘtĂ©s, circulaires

TEXTES GÉNÉRAUX

MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’AGROALIMENTAIRE ET DE LA FORÊT

ArrĂȘtĂ© du 18 mars 2016 fixant la liste des substances antibiotiques d’importance critique prĂ©vue Ă  l’article L. 5144-1-1 du code de la santĂ© publique et fixant la liste des mĂ©thodes de rĂ©alisation du test de dĂ©termination de la sensibilitĂ© des souches bactĂ©riennes prĂ©vue Ă  l’article R. 5141-117-2

NOR : AGRG1526116A

La ministre des affaires sociales et de la santĂ© et le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt, porte-parole du Gouvernement,

Vu la directive 98/34/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil du 22 juin 1998 prĂ©voyant une procĂ©dure d’information dans le domaine des normes et des rĂ©glementations techniques et des rĂšgles relatives aux services de la sociĂ©tĂ© de l’information ;

Vu le code de la santĂ© publique, notamment ses articles L. 5144-1-1 et R. 5141-117-1 et suivants ; Vu l’avis du directeur gĂ©nĂ©ral de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ© en date

du 6 juillet 2015 ; Vu l’avis du directeur gĂ©nĂ©ral de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement

et du travail en date du 23 septembre 2015,

ArrĂȘtent :

Art. 1er. – Les substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es aux articles R. 5141-117-1 et R. 5141-117-2 du code de la santĂ© publique susvisĂ©s sont les suivantes :

FAMILLE D’APPARTENANCE DE LA SUBSTANCE NOM DE LA SUBSTANCE

Céphalosporines de troisiÚme génération Céfopérazone

Ceftiofur

Céfovécine

Céphalosporines de quatriÚme génération Cefquinome

Quinolones de deuxiÚme génération (fluoroquinolones) Danofloxacine

Enrofloxacine

Marbofloxacine

Orbifloxacine

Pradofloxacine

25 mars 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 31 sur 97

FICHE ANNEXE : RĂ©glementation des antibiotiques d’importance critique

Page 203: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

203

Art. 2. – Les substances antibiotiques d’importance critique non autorisĂ©es pour un usage en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire sont les suivantes :

FAMILLE D’APPARTENANCE DE LA SUBSTANCE NOM DE LA SUBSTANCE

Céphalosporines de troisiÚme ou de quatriÚme génération Ceftriaxone Céfixime Cefpodoxime Céfotiam Céfotaxime Ceftazidime Céfépime Cefpirome Ceftobiprole

Autres céphalosporines Ceftaroline

Quinolones de deuxiÚme génération (fluoroquinolones) Lévofloxacine Loméfloxacine Péfloxacine Moxifloxacine Enoxacine

PĂ©nĂšmes MĂ©ropĂšnĂšme ErtapĂ©nĂšme DoripĂ©nem ImipĂ©nĂšme + inhibiteur d’enzyme

Acides phosphoniques Fosfomycine

Glycopeptides Vancomycine Teicoplanine TĂ©lavancine Dalbavancine Oritavancine

Glycylcyclines Tigécycline

Lipopeptides Daptomycine

Monobactams Aztréonam

Oxazolidones Cyclosérine Linézolide Tédizolide

Riminofenazines Clofazimine

PĂ©nicillines PipĂ©racilline PipĂ©racilline + inhibiteur d’enzyme TĂ©mocilline Tircacilline Tircacilline + inhibiteur d’enzyme

Sulfones Dapsone

Antituberculeux/antilépreux Rifampicine Rifabutine Capréomycine Isoniazide Ethionamide Pyrazinamide Ethambutol Clofazimine Dapsone + ferreux oxalate

Art. 3. – Les substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es au 2o du I de l’article R. 5141-117-3 du code de la santĂ© publique susvisĂ© sont les suivantes :

FAMILLE D’APPARTENANCE DE LA SUBSTANCE NOM DE LA SUBSTANCE USAGE VÉTÉRINAIRE

Quinolones de deuxiÚme génération (fluoroquinolo-nes)

Ciprofloxacine Ofloxacine Norfloxacine

Ophtalmologie des animaux de compagnie et des équidés pour une administration par voie locale

Art. 4. – La liste des normes et mĂ©thodes validĂ©es applicables lors du test de dĂ©termination de la sensibilitĂ© des souches bactĂ©riennes est la suivante :

– norme NFU 47-107 ;

25 mars 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 31 sur 97

FICHE ANNEXE : RĂ©glementation des antibiotiques d’importance critique

Page 204: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

204

– norme NFU 47-106. Art. 5. – Le directeur gĂ©nĂ©ral de la santĂ© et le directeur gĂ©nĂ©ral de l’alimentation sont chargĂ©s, chacun en ce qui

le concerne, de l’exĂ©cution du prĂ©sent arrĂȘtĂ©, qui sera publiĂ© au Journal officiel de la RĂ©publique française. Fait le 18 mars 2016.

Le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt,

porte-parole du Gouvernement, Pour le ministre et par délégation :

Le directeur gĂ©nĂ©ral de l’alimentation, P. DEHAUMONT

La ministre des affaires sociales et de la santé,

Pour la ministre et par délégation : Le directeur général de la santé,

B. VALLET

25 mars 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 31 sur 97

FICHE ANNEXE : RĂ©glementation des antibiotiques d’importance critique

Page 205: de reCommandations pour un bon usage des antibiotiques

FICHE ANNEXE : RĂ©glementation des antibiotiques d’importance critique 205

FiChe anneXe : rĂ©glementation des antibiotiques d’importanCe Critique en mĂ©deCine vĂ©tĂ©rinaire. le dĂ©Cret.

DĂ©crets, arrĂȘtĂ©s, circulaires

TEXTES GÉNÉRAUX

MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’AGROALIMENTAIRE ET DE LA FORÊT

DĂ©cret no 2016-317 du 16 mars 2016 relatif Ă  la prescription et Ă  la dĂ©livrance des mĂ©dicaments utilisĂ©s en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique

NOR : AGRG1515288D

Publics concernĂ©s : vĂ©tĂ©rinaires ; pharmaciens d’officine ; fabricants d’aliments mĂ©dicamenteux ; laboratoires d’analyses biologiques.

Objet : mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique.

Entrée en vigueur : le texte entre en vigueur le 1er avril 2016.

Notice : les mĂ©dicaments contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique listĂ©es par arrĂȘtĂ© sont interdits en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire pour un usage prĂ©ventif. Pour les autres usages (curatif ou mĂ©taphylaxique), ils peuvent ĂȘtre prescrits sous conditions, ou interdits. Les conditions pour leur prescription sont la rĂ©alisation d’un examen clinique et l’obtention de rĂ©sultats de laboratoire indiquant que la souche bactĂ©rienne identifiĂ©e n’est sensible qu’à cette substance antibiotique d’importance critique.

RĂ©fĂ©rences : le code de la santĂ© publique peut ĂȘtre consultĂ©, dans sa rĂ©daction issue de cette modification, sur le site LĂ©gifrance (http://www.legifrance.gouv.fr).

Le Premier ministre, Sur le rapport de la ministre des affaires sociales et de la santĂ© et du ministre de l’agriculture, de

l’agroalimentaire et de la forĂȘt, porte-parole du Gouvernement, Vu le rĂšglement (CE) no 1950/2006 de la Commission du 13 dĂ©cembre 2006 Ă©tablissant, conformĂ©ment Ă  la

directive 2001/82/CE du Parlement européen et du Conseil instituant un code communautaire relatif aux médicaments vétérinaires, une liste de substances essentielles pour le traitement des équidés ;

Vu la directive 98/34/CE du Parlement europĂ©en et du Conseil du 22 juin 1998 prĂ©voyant une procĂ©dure d’information dans le domaine des normes et des rĂ©glementations techniques et des rĂšgles relatives aux services de la sociĂ©tĂ© de l’information ;

Vu la directive 2001/82/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 novembre 2001 instituant un code communautaire relatif aux médicaments vétérinaires ;

Vu le code de la santĂ© publique, notamment ses articles L. 5141-16 et L. 5144-1-1 ; Vu la notification no 2015/311/F adressĂ©e Ă  la Commission europĂ©enne en date du 15 juin 2015 ; Vu l’avis de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail en date

du 23 septembre 2015 ; Le Conseil d’Etat (section sociale) entendu,

DĂ©crĂšte :

Art. 1er. – L’article R. 5141-111 du code de la santĂ© publique est ainsi modifiĂ© : 1o Au 1o du II, aprĂšs les mots : « mĂ©dicaments vĂ©tĂ©rinaires », sont insĂ©rĂ©s les mots : « contenant une ou plusieurs

substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es Ă  l’article L. 5144-1-1, ou » ; 2o Le III est complĂ©tĂ© par les mots : « , Ă  l’exception de la prescription d’un mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire contenant

une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es Ă  l’article L. 5144-1-1 pour laquelle la durĂ©e maximale est d’un mois. »

Art. 2. – AprĂšs l’article R. 5141-117 du code de la santĂ© publique, sont insĂ©rĂ©s les articles R. 5141-117-1 Ă  R. 5141-117-3 ainsi rĂ©digĂ©s :

« Art. R. 5141-117-1. – I. – Pour l’application du prĂ©sent article, on entend par : « 1o “ Traitement prĂ©ventif ” : tout traitement prophylactique, individuel ou collectif, appliquĂ© Ă  des animaux

sains, exposés à un facteur de risque pour une maladie infectieuse considérée ;

18 mars 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 40 sur 163

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« 2o “ Traitement mĂ©taphylactique ” : tout traitement appliquĂ© aux animaux cliniquement malades et aux autres animaux d’un mĂȘme groupe qui, bien que cliniquement sains, prĂ©sentent une forte probabilitĂ© d’infection du fait de leur contact Ă©troit avec les animaux malades ;

« 3o “ Traitement curatif ” : tout traitement, individuel ou collectif, des seuls animaux prĂ©sentant les symptĂŽmes d’une maladie.

« II. – La prescription d’un mĂ©dicament en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es Ă  l’article L. 5144-1-1 est rĂ©servĂ©e aux traitements mĂ©taphylactiques et curatifs.

« Le vĂ©tĂ©rinaire ne prescrit un traitement mĂ©taphylactique avec un mĂ©dicament contenant une ou plusieurs de ces substances que s’il suspecte une maladie prĂ©sentant un taux Ă©levĂ© de mortalitĂ© ou de morbiditĂ© pour laquelle, en l’absence de traitement prĂ©coce, une propagation rapide Ă  l’ensemble des animaux est inĂ©vitable.

« Le vĂ©tĂ©rinaire ne peut prescrire un traitement curatif ou mĂ©taphylactique avec un mĂ©dicament contenant une ou plusieurs de ces substances qu’en l’absence de mĂ©dicament ne contenant pas ces substances suffisamment efficace ou adaptĂ© pour traiter la maladie diagnostiquĂ©e.

« III. – Pour les mĂ©dicaments contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es au II, l’ordonnance ne peut prescrire qu’un traitement d’une durĂ©e au plus Ă©gale Ă  un mois mĂȘme si la durĂ©e figurant dans le rĂ©sumĂ© caractĂ©ristique du produit mentionnĂ© Ă  l’article R. 5141-15 est supĂ©rieure Ă  un mois. Dans le cas oĂč cette durĂ©e est supĂ©rieure Ă  un mois, ce traitement ne peut ĂȘtre prolongĂ© par une nouvelle prescription qu’aprĂšs un nouvel examen clinique de l’animal ou du lot d’animaux.

« Art. R. 5141-117-2. – I. – La prescription d’un mĂ©dicament utilisĂ© en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es Ă  l’article L. 5144-1-1 est subordonnĂ©e :

« 1o A la rĂ©alisation prĂ©alable d’un examen clinique effectuĂ© par le vĂ©tĂ©rinaire prescripteur ou d’un examen nĂ©cropsique effectuĂ© Ă  sa demande, ainsi que d’une analyse du contexte Ă©pidĂ©miologique ;

« 2o A la rĂ©alisation prĂ©alable d’un examen complĂ©mentaire visant Ă  identifier la souche bactĂ©rienne responsable de l’infection Ă  partir d’un Ă©chantillon prĂ©levĂ© par le vĂ©tĂ©rinaire prescripteur ou Ă  sa demande, sur un ou plusieurs animaux vivants ou morts, sous rĂ©serve que la localisation de l’infection, le type d’infection ou l’état gĂ©nĂ©ral du ou des animaux permettent le prĂ©lĂšvement d’échantillon ;

« 3o A la rĂ©alisation prĂ©alable d’un examen complĂ©mentaire visant Ă  dĂ©montrer la sensibilitĂ© de la souche bactĂ©rienne identifiĂ©e Ă  cet antibiotique au moyen d’un test de sensibilitĂ© rĂ©alisĂ© selon une des mĂ©thodes fixĂ©es par arrĂȘtĂ© conjoint des ministres chargĂ©s de la santĂ© et de l’agriculture ;

« 4o Au respect des mentions figurant dans les paragraphes « contre-indications » et « prĂ©cautions d’emploi » du rĂ©sumĂ© des caractĂ©ristiques du produit mentionnĂ© Ă  l’article R. 5141-15.

« II. – Les rĂ©sultats d’examens et d’analyses mentionnĂ©s au I justifiant une prescription d’un mĂ©dicament contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©s au I sont conservĂ©s par le vĂ©tĂ©rinaire prescripteur pendant cinq ans.

« III. – Par dĂ©rogation au I, le vĂ©tĂ©rinaire n’est pas tenu de rĂ©aliser les examens complĂ©mentaires mentionnĂ©s aux 2o et 3o si les rĂ©sultats d’examens complĂ©mentaires effectuĂ©s depuis moins de trois mois pour le mĂȘme animal ou des animaux du mĂȘme stade physiologique prĂ©sents sur le mĂȘme site et pour la mĂȘme affection ont Ă©tĂ© portĂ©s Ă  sa connaissance.

« IV. – Par dĂ©rogation aux 2o et 3o du I, un mĂ©dicament contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es au I peut ĂȘtre prescrit avant connaissance des rĂ©sultats des examens complĂ©mentaires lorsqu’il s’agit d’un cas aigu d’infection bactĂ©rienne pour laquelle un traitement avec d’autres familles d’antibiotiques serait insuffisamment efficace. Dans un dĂ©lai de quatre jours aprĂšs la prescription, le vĂ©tĂ©rinaire adapte le traitement en fonction de l’évolution du contexte clinique et Ă©pidĂ©miologique et des rĂ©sultats des examens complĂ©mentaires portĂ©s Ă  sa connaissance.

« Art. R. 5141-117-3. – I. – La prescription d’un mĂ©dicament Ă  usage humain en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire contenant une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique mentionnĂ©es Ă  l’article L. 5144-1-1 et non contenues dans un mĂ©dicament vĂ©tĂ©rinaire n’est autorisĂ©e que dans les cas suivants :

« 1o La substance figure sur la liste des substances essentielles pour les équidés et pour une des indications prévues par le rÚglement (CE) no 1950/2006 ;

« 2o Le mĂ©dicament contient une ou plusieurs substances antibiotiques d’importance critique prĂ©vues pour un usage prĂ©cis figurant sur une liste fixĂ©e par arrĂȘtĂ© des ministres chargĂ©s de l’agriculture et de la santĂ©, sous rĂ©serve que la prescription respecte les dispositions des articles R. 5141-117-1 et R. 5141-117-2 et du a du 3o de l’article L. 5143-4. Cette liste est arrĂȘtĂ©e aprĂšs avis de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail et de l’Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ©.

« II. – Le renouvellement de la dĂ©livrance de ces mĂ©dicaments est interdit. »

Art. 3. – Les dispositions du prĂ©sent dĂ©cret entrent en vigueur le 1er avril 2016.

Art. 4. – La ministre des affaires sociales et de la santĂ© et le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt, porte-parole du Gouvernement, sont chargĂ©s chacun en ce qui le concerne, de l’exĂ©cution du prĂ©sent dĂ©cret, qui sera publiĂ© au Journal officiel de la RĂ©publique française.

Fait le 16 mars 2016. MANUEL VALLS

18 mars 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 40 sur 163

FICHE ANNEXE : RĂ©glementation des antibiotiques d’importance critique

Par le Premier ministre :

Le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forĂȘt,

porte-parole du Gouvernement, STÉPHANE LE FOLL

La ministre des affaires sociales et de la santé,

MARISOL TOURAINE

18 mars 2016 JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Texte 40 sur 163