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 1 De la plume au clavier : Est-il toujours utile d’enseigner l’écriture manuscrite ? Jean-Luc Velay (1) , Marieke Longcamp (1)  & Marie-Thérèse Zerbato-Poudou (2)  (1) Institut de Neurosciences Cognitives de la Méditerranée (CNRS UMR 6193), 31 chemin Joseph Aiguier, 13402 Marseille cedex 20 (2) IUFM, Université de Provence, 63 La Canebière 13001 Marseille Résumé Quelle conséquences l’usage du clavier, qui change la relation entre le mouvement et la trace  produite, aurait-il s’il devenait systématique pour apprendre à écrire ? Une étude d’imagerie cérébrale (IRMf) chez l’adulte montre qu’une zone corticale prémotrice, qui est activée pendant l’écriture, est aussi activée pendant la simple observation des lettres. Un certain nombre d’arguments nous permettent d’avancer l’idée que la lecture mettrait automatiquement en jeu une forme d’écriture interne. Dans une étude à l’école maternelle, nous avons comparé l’apprentissage traditionnel de la lecture/écriture et l’apprentissage avec un clavier. Après l’apprentissage, les enfants qui avaient appris à la main reconnaissaient mieux les lettres que ceux qui avaient appris au clavier. Parce que nous apprenons simultanément à lire et à former les lettres en les traçant, nos aptitudes à la lecture  pourraient en partie dépendre de notre manière d’écrire. L’écrit face aux nouvelles technologies L’écriture dès son origine a été confrontée à la matière. Du roseau biseauté qui marquait l’argile, au clavier de l’ordinateur, en passant par le plomb du linotypiste et la plume du copiste, l’Homme a de tout temps dû inventer, pour écrire, des gestes, des techniques alliant fonctionnalité et économie [1]. Au fil du temps, le geste s’est peu à peu modifié; aujourd’hui, avec l’usage du clavier et de la souris, il devient de plus en plus virtuel. Le mode d’écriture (et de lecture ?) peut-être le plus pratiqué actuellement est l’écriture sur ordinateur, depuis l’essor des ordinateurs domestiques et l’avènement des logiciels de traitement de texte. De nombreuses études ont mis en évidence les changements induits par l’usage des outils informatiques sur notre façon d’écrire. Un des changements imposés par l’usage des

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De La Plume Au Clavier_Velay_Dunod

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    De la plume au clavier :

    Est-il toujours utile denseigner lcriture manuscrite ?

    Jean-Luc Velay(1), Marieke Longcamp(1) & Marie-Thrse Zerbato-Poudou(2)

    (1) Institut de Neurosciences Cognitives de la Mditerrane (CNRS UMR 6193), 31 chemin Joseph Aiguier, 13402 Marseille cedex 20

    (2) IUFM, Universit de Provence, 63 La Canebire 13001 Marseille Rsum Quelle consquences lusage du clavier, qui change la relation entre le mouvement et la trace produite, aurait-il sil devenait systmatique pour apprendre crire ? Une tude dimagerie crbrale (IRMf) chez ladulte montre quune zone corticale prmotrice, qui est active pendant lcriture, est aussi active pendant la simple observation des lettres. Un certain nombre darguments nous permettent davancer lide que la lecture mettrait automatiquement en jeu une forme dcriture interne. Dans une tude lcole maternelle, nous avons compar lapprentissage traditionnel de la lecture/criture et lapprentissage avec un clavier. Aprs lapprentissage, les enfants qui avaient appris la main reconnaissaient mieux les lettres que ceux qui avaient appris au clavier. Parce que nous apprenons simultanment lire et former les lettres en les traant, nos aptitudes la lecture pourraient en partie dpendre de notre manire dcrire. Lcrit face aux nouvelles technologies

    Lcriture ds son origine a t confronte la matire. Du roseau biseaut qui marquait

    largile, au clavier de lordinateur, en passant par le plomb du linotypiste et la plume du

    copiste, lHomme a de tout temps d inventer, pour crire, des gestes, des techniques alliant

    fonctionnalit et conomie [1]. Au fil du temps, le geste sest peu peu modifi; aujourdhui,

    avec lusage du clavier et de la souris, il devient de plus en plus virtuel. Le mode dcriture (et

    de lecture ?) peut-tre le plus pratiqu actuellement est lcriture sur ordinateur, depuis lessor

    des ordinateurs domestiques et lavnement des logiciels de traitement de texte. De

    nombreuses tudes ont mis en vidence les changements induits par lusage des outils

    informatiques sur notre faon dcrire. Un des changements imposs par lusage des

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    ordinateurs a peut-tre moins retenu lattention : il sagit des modifications dcriture lies

    lusage du clavier.

    Le clavier modifie drastiquement le geste dcriture et ses corrlats sensorimoteurs. Cela a

    probablement des consquences chez les personnes qui crivent trs souvent au clavier au

    cours de leur activit professionnelle : quand elles sont amenes crire la main, elles

    prouvent souvent une certaine difficult et laspect de leur criture est parfois modifi. En

    dpit de cela, les consquences du changement de mode d'criture chez l'adulte, si elles sont

    avres, peuvent probablement tre considres comme minimes. En revanche, il pourrait en

    aller tout autrement si les claviers taient systmatiquement utiliss par de trs jeunes enfants.

    Or, lutilisation dominante du clavier, qui est aujourdhui limite au adultes, pourrait demain

    stendre des enfants trs jeunes, avec lintroduction de plus en plus prcoce de cet outil

    lcole. Lvolution des mentalits embotant le pas celle des techniques, certains jusquau-

    boutistes nhsitent pas poser la question : pourquoi ne pas apprendre crire

    directement au clavier ? . Pose aussi brutalement, cette question choque et provoque dans

    un premier temps des ractions violentes ; la plupart dentre nous considrent comme une

    rgression lventuelle disparition dune activit comme lcriture manuscrite, qui est le fruit

    dune lente volution technique, culturelle, sociale et peut-tre biologique. Ensuite, on se

    rassure en se disant que a nest pas pour demain. Mais il ne faut pas sous-estimer les

    pressions techniques et surtout conomiques qui induisent de nouveaux comportements. La

    mme volution sest produite par exemple pour le dessin industriel, o les pratiques

    actuelles, grce aux nouvelles technologies (conception assiste par ordinateur ou CAO), se

    diffrencient trs fortement des anciennes, notamment parce que lactivit manuelle y est trs

    grandement limine [2]. On doit sinterroger sur la rduction de lactivit manuelle impose

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    par ces nouveaux outils, rduction qui pourrait conduire un appauvrissement des

    reprsentations spatiales pour les utilisateurs.

    En serait-il de mme si le stylo cdait peu peu la place au clavier ? Cest un problme qui

    proccupe aujourdhui les pdagogues. Les changements ne concerneraient-ils que la forme

    ou bien toucheraient-ils la nature mme de lcrit, la reprsentation interne que nous en

    avons ? Quelles rpercussions auraient-ils sur les aptitudes la lecture ? Derrire ces

    questions thoriques des relations entre lecture et criture se dissimule celle, toujours trs

    sensible, de lillettrisme. Quoi quil en soit, on peut sinterroger sur la pertinence des

    mthodes dapprentissage de lcriture qui, jusqu un pass trs rcent, imposaient un certain

    type de rapports avec lcrit. Cette interrogation des sciences de lducation voque deux

    questions importantes des neurosciences cognitives: - celle du rle cognitif de la motricit, - et

    celle de la reprsentation crbrale du langage crit.

    Les mouvements structurent les reprsentations spatiales

    Percevoir de faon cohrente les relations spatiales entre les divers lments du monde qui

    nous entoure ne nous est pas donn priori : cela doit sapprendre au cours de lenfance.

    Cest pendant cette priode de dveloppement que se mettent en place les reprsentations

    spatiales qui serviront ensuite au dcodage des signaux sensoriels. Les mouvements

    volontaires, et en particulier les mouvements de manipulation, jouent un rle dterminant

    dans ce processus. Comme le souligne Paillard [3], Lappareil moteur des organismes

    apparat comme une structure assimilatrice, transformatrice et gnratrice dordre spatial. .

  • 4

    Certaines proprits des objets nous sont accessibles par la vue (forme, couleur, taille),

    dautres par le toucher (texture, temprature...), ou par louie. Certaines proprits sont

    accessibles par plusieurs modalits sensorielles (localisation, taille, texture, etc.) alors que

    dautres le sont seulement par une modalit (la couleur pour la vision ; la temprature pour le

    toucher). Selon le point de vue Piagetien, toutes ces donnes sensorielles seraient associes

    dans lespace et dans le temps par la manipulation active des objets. En outre, les mouvements

    apportent des informations supplmentaires sur les objets (poids, taille, ). Au cours de la

    petite enfance, nous apprenons associer les diffrents attributs qui caractrisent un objet

    avec les mouvements qui permettent dagir sur lui, de faon construire une reprsentation

    cohrente et unifie de cet objet. Le support de cette reprsentation serait un rseau

    plurimodalitaire (visuel, tactile, sensorimoteur,) constitu de neurones situs dans

    diffrentes rgions crbrales et activs simultanment. Une fois ce rseau structur, une seule

    des entres participant sa mise en place (par exemple la vue dun objet) suffirait ractiver

    la totalit du rseau [4].

    A lappui de cette hypothse, et grce la technique de limagerie crbrale qui permet

    dtudier lactivit du cerveau pendant des tches motrices, perceptives et cognitives, on a pu

    montrer que la simple prsentation visuelle dobjets manipulables activait des zones

    crbrales impliques dans les activits motrices, alors quaucun mouvement ntait effectu

    [5]. Ces rsultats obtenus chez des sujets sains sont rapprocher de certaines observations

    cliniques. En effet, des lsions crbrales peuvent parfois provoquer une incapacit

    reconnatre les objets non manipulables, alors que les objets manipulables continuent tre

    reconnus [6]. Parfois, lorsquils ne sont pas identifis la simple prsentation visuelle, ils

    peuvent ltre si lon autorise le patient les manipuler. Celui-ci utilise alors les

    connaissances procdurales quil a conserves sur lobjet pour retrouver son nom [7, 8]. Tout

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    se passe comme si la reprsentation des objets manipulables comprenait une composante

    sensorimotrice, qui serait utilise pour les reconnatre ou pour les nommer.

    Mouvements et reprsentation de lcrit

    Les caractres ne sont pas des objets mais ce sont des signes qui sont troitement et

    spcifiquement associs aux mouvements qui permettent de les former. De ce point de vue,

    les symboles les plus pertinents sont probablement les idogrammes chinois ou japonais, qui

    sont trs nombreux et visuellement complexes. Les traits composant chaque idogramme

    doivent tre crits dans un ordre prcis et rigoureusement codifi. Savoir lire les idogrammes

    kanji demande aux jeunes japonais de nombreuses annes dapprentissage, au cours

    desquelles la mthode utilise pour les mmoriser est lcriture trs rptitive sur le papier ou

    mme avec le doigt, sur la table ou dans lair. Cette mthode dapprentissage a une

    consquence : souvent, lorsquun lecteur japonais hsite devant un caractre complexe, il fait

    appel au Ku-sho (crire avec le doigt en lair) pour retrouver sa signification [9]. En

    dautres termes, il trace en lair les traits constitutifs du caractre, dans lordre appropri, et sa

    signification lui revient en mmoire. Cest semble-t-il un des moyens mnmotechniques les

    plus populaires parmi les japonais [10].

    Comme pour la reconnaissance des objets, les donnes cliniques sur les troubles de la

    reconnaissance des lettres sont riches denseignement. Dans certains cas dalexie, cest--dire

    lorsque des patients porteurs dune lsion crbrale deviennent incapables de reconnatre des

    lettres ou des mots, la reconnaissance des lettres est parfois amliore si le patient est autoris

    les crire, ou simplement les tracer du doigt [11, 12, 13]. Cette facilitation kinesthsique

    a t employe comme technique damlioration de la lecture chez des patients alexiques

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    [13]. Lensemble de ces donnes suggre que, comme les objets manipulables, les lettres

    seraient reprsentes au sein de notre cerveau, non seulement par leur composante visuelle, ou

    auditive, mais aussi sous leur forme sensorimotrice. Des tudes dimagerie crbrale sur des

    sujets sains conduisent aux mmes conclusions.

    Dans une tude en imagerie par rsonance magntique fonctionnelle (IRMf), Kato et coll. [14]

    ont prsent, des sujets japonais, uniquement les premiers traits dun caractre kanji et leur

    ont demand de retrouver lintgralit du caractre. Ils ont montr que des structures

    normalement impliques dans lcriture du kanji (dont le cortex prmoteur gauche) taient

    actives dans ces conditions. Pour les auteurs, retrouver les kanjis en mmoire induirait une

    sorte dcriture mentale, automatique et non-intentionnelle. Dans une tude rcente en IRMf,

    nous avons obtenu un rsultat similaire pour les caractres romains, chez des adultes franais

    [15]. Nous avons observ en effet que la simple prsentation visuelle de lettres provoquait,

    chez des droitiers, lactivation dune zone prcisment situe dans le cortex prmoteur

    gauche, alors quaucune rponse motrice ntait requise. Cette zone ne sactivait pas lorsque

    des pseudolettres (que les sujets ne savaient pas crire) taient prsentes. En revanche, la

    mme zone sactivait trs fortement lorsque les sujets devaient effectivement crire les lettres.

    Une fois encore, les donnes de la neuroimagerie chez le sujet sain sont mettre en relation

    celles de la clinique. Anderson et coll. [16] ont dcrit le cas dune patiente, portant une lsion

    trs focale dans le cortex prmoteur gauche, qui tait incapable dcrire les lettres, bien

    quelle ne ft pas atteinte au plan moteur ; elle tait encore capable dcrire les chiffres par

    exemple. De faon particulirement intressante, cette patiente tait galement incapable de

    lire les lettres, alors quelle restait capable de lire les chiffres et mme deffectuer des

    oprations arithmtiques complexes. Cela souligne les liens fonctionnels troits qui

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    existeraient entre les processus mis en jeu pour la lecture et pour lcriture. Dans ltude en

    IRMf prcdente [15], le fait que seule une zone prmotrice de lhmisphre crbral gauche,

    qui gre les mouvements de la main droite, soit active par la prsentation visuelle des lettres

    conforte lide selon laquelle ces activations sont bien relies aux mouvements dcriture.

    Nous avons toutefois cherch le vrifier en effectuant une exprience similaire avec des

    gauchers (qui ne savaient pas crire de la main droite). En effet, il y a des raisons de penser

    que chez eux cest lhmisphre crbral droit qui prend en charge les mouvements dcriture.

    Nous avons observ que lorsquon demandait aux gauchers de regarder des lettres, la mme

    zone du cortex prmoteur, mais cette fois dans lhmisphre droit, sactivait [17].

    Linterprtation avance pour rendre compte de lensemble de ces rsultats est que la

    reprsentation crbrale des lettres reposerait sur un rseau plurimodalitaire dont lune des

    composantes serait de nature sensorimotrice. Ce rseau se mettrait en place pendant

    lapprentissage simultan de la lecture/criture. En effet, pendant cette priode, les enfants qui

    apprennent la lettre A par exemple associent sa forme visuelle avec le son [a] et le

    mouvement qui permet dcrire un A. Quadviendrait-il si le mode dcriture changeait au

    moment de cet apprentissage ? Cest la question laquelle nous avons cherch rpondre en

    comparant chez des enfants lapprentissage traditionnel avec un apprentissage au clavier.

    Dans un premier temps, nous allons tenter danalyser les raisons pour lesquelles lcriture au

    clavier, qui met galement en jeu la motricit manuelle, pourrait ne pas permettre le codage

    sensorimoteur des caractres.

    Les mouvements du scripteur et ceux du dactylographe

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    Certaines diffrences entre les motricits utilises dans les deux modes dcriture sont

    manifestes, dautres sont plus fines ; toutes mritent dtre soulignes :

    - Lcriture manuscrite est par essence uni-manuelle, mme si lautre main joue un certain

    rle postural (maintien de la feuille). Cette forte asymtrie manuelle est bien sr lie

    lasymtrie hmisphrique pour le langage : les commandes motrices sont mises par

    lhmisphre qui gre le langage (le gauche pour les droitiers). Lcriture au clavier est bi-

    manuelle : la main gauche, qui est commande par lhmisphre droit, participe au geste

    dcriture au mme titre que la droite. Par consquent, cela suppose une communication et

    une coordination fine entre les deux hmisphres crbraux.

    - Lorientation gauche droite de la ligne, et le sens de rotation anti-horaire des lettres cursives,

    qui imposent des contraintes motrices fortes dans lcriture manuscrite, ne sont plus prgnants

    au clavier.

    - Lespace sparant les mots na plus le mme statut dans les deux types dcriture : en

    criture manuscrite, il se traduit par une lvation de la plume et un saut vers le dbut de

    lautre mot. Au clavier lespace possde sa touche et on lcrit comme un vrai caractre. En

    revanche, les retours la ligne ne seffectuent pas au clavier (dans les traitements de texte)

    sauf sil sagit dune fin de paragraphe.

    - Sur le plan temporel, il faut aussi considrer des diffrences : la dure dcriture manuscrite

    est due au temps de formation des lettres ; celle-ci est immdiate au clavier et le temps est

    occup par le dplacement des doigts vers les touches. Cette diffrence est trs nette si on

    observe des scripteurs et des dactylographes dbutants.

  • 9

    - Dans lcriture manuscrite lespace douvrage est la feuille de papier et plus prcisment

    lextrmit du crayon o la vision se focalise et o naissent les mots : il est la fois lespace

    moteur et lespace visuel. Au clavier, il y a 2 espaces distincts : lespace moteur (le clavier), et

    lespace visuel, qui est lcran pour les experts et la fois lcran et le clavier pour les

    dbutants. Lespace moteur est trs concentr dans le cas de lcriture manuscrite ; il stend

    sur tout le clavier en dactylographie. Il en va de mme pour lespace visuel. Plus important, en

    dactylographie ces deux espaces sont spars et non contrls par les mmes modalits

    sensorielles. Cela impose un partage de lattention entre eux, au moins chez les dbutants qui

    effectuent beaucoup de mouvements de tte de lcran au clavier.

    - Enfin, et cest nos yeux le plus important, criture manuscrite et dactylographie relvent de

    deux catgories de mouvements que lon oppose classiquement :

    - les morphocinses destines produire des formes (mouvements dexpression,

    danse,...)

    - les topocinses destines atteindre un lieu, un point prcis de lespace : ces

    mouvements sont orients vers un objectif extrieur et leur trajet dpend de contraintes

    physiques externes : position de lobjectif, obstacles ventuels. Ils donnent gnralement lieu

    des trajectoires rectilignes.

    Lcriture manuscrite appartient la catgorie des morphocinses : chaque lettre

    correspond un patron moteur spcifique. Ces patrons moteurs ont t bien tudis [18] : ils

    se caractrisent par certaines lois gnrales dont les plus remarquables sont les suivantes :

  • 10

    - le temps ncessaire pour crire une lettre est relativement indpendant de sa taille (principe

    disochronie).

    - la forme produite est la mme quelle que soit sa taille (loi dinvariance homothtique

    spatiale) : un caractre est crit de la mme faon en tout petit sur un timbre-poste (avec les

    doigts), en plus grand sur une feuille de papier (main et coude) et en trs grand au tableau

    (main, coude et paule), ce qui suggre que cest la mme reprsentation motrice qui est

    utilise. Ce modle interne du mouvement est donc mmoris sous une forme abstraite, non

    attache au systme neuro-musculo-squelettique utilis pour lapprendre ou pour le produire.

    Ces lois gnrales sont cependant largement pondres par des paramtres individuels

    qui personnalisent lcriture. Il faut adjoindre ces lois implicites, une rgle explicite,

    impose par les apprentissages scolaires, car cohrente avec le sens gauche-droite de

    progression de lcriture : il sagit du sens de rotation anti-horaire, pour les lettres cursives.

    Remarquons que ce sens de rotation nest pas toujours adopt spontanment par les enfants

    chez qui il suscite quelques difficults dapprentissage, et que certains adultes, les gauchers

    notamment, ne sy conforment pas toujours.

    Lcriture au clavier met galement en jeu la motricit manuelle, mais les mouvements

    effectus sont qualitativement trs diffrents. La dactylographie relve des mouvements dits

    topocintiques. En pratique, il sagit datteindre un point du clavier o se trouve une forme

    dfinie. La correspondance entre le mouvement et la forme de la lettre est arbitraire : un

    mouvement identique peut aboutir produire deux lettres diffrentes et inversement la mme

    touche peut tre atteinte par des mouvements diffrents (ventuellement produits par des

    doigts diffrents, voire une main diffrente). Il nexiste donc pas une relation univoque entre

    la lettre crire et le mouvement. Bien que lcriture dactylographique require galement un

  • 11

    apprentissage visuospatial complexe, au cours duquel le dbutant doit construire une

    reprsentation cognitive du clavier [19], rien dans le mouvement datteinte des touches ne

    renseigne sur la configuration spatiale ou lorientation de la lettre forme.

    Si, comme nous le supposons, les mouvements dcriture participent la reprsentation que

    les enfants se construisent du langage crit, au regard des diffrences que nous venons

    dnumrer, les contributions de lcriture manuscrite et dactylographique seront-t-elles de

    mme nature ? En fait, trs peu dauteurs ont compar les avantages respectifs de ces deux

    modes dcriture et ceux qui lont fait ont tudi des processus trs cognitifs comme

    lapprentissage de lorthographe (avec des enfants dj avancs dans leur scolarit et assez

    gs par consquent). Les raisons pour lesquelles la motricit graphique pourrait influencer

    lorthographe ne sont dailleurs pas prcises dans ces travaux et les rsultats obtenus sont

    plutt contradictoires. Une premire tude a montr que les enfants orthographiaient mieux

    les mots appris la main que ceux appris avec un ordinateur [20]. Toutefois, deux tudes

    suivantes nont pas retrouv cet avantage de lcriture manuscrite [21]. Puisque crire au

    clavier est plus simple qucrire la main, et puisque cela ne semble pas affecter

    lapprentissage de lorthographe, certains auteurs promeuvent lordinateur comme outil

    privilgi pour enseigner lecture et criture aux enfants prsentant un handicap intellectuel

    lger [22]. Nous pensons que, sil existe effectivement un processus influenc par la motricit

    graphique, celui-ci devrait tre un processus perceptif, , mis en jeu au moment de la

    reconnaissance des lettres, cest--dire au moment de cette tape prcoce de la lecture o des

    traits sur une feuille de papier doivent tre identifis comme des caractres alphabtiques. En

    dautres termes, les mouvements dcriture pourraient permettre de mieux mmoriser la forme

    et/ou lorientation des lettres.

  • 12

    Une tude sur lapprentissage de la lecture/criture en maternelle

    Pour valuer les consquences dun changement dcriture au moment de lapprentissage,

    nous avons compar chez deux groupes denfants lapprentissage des mmes lettres, grce

    lcriture manuscrite et lcriture au clavier [23]. Aprs lapprentissage, nous avons test la

    capacit des enfants reconnatre visuellement les lettres apprises parmi des distracteurs.

    Comme nous voulions raliser cette tude avec des enfants nayant pas encore bnfici dun

    apprentissage de lcrit, nous avons fait appel des enfants jeunes (3-5 ans), encore en

    maternelle. Quarante-deux enfants gs de 2 ans et 9 mois 4 ans et 9 mois provenant de trois

    classes maternelles (1 petite et 2 moyennes sections) ont particip lexprience qui a eu lieu

    au dbut de lanne scolaire dans deux des classes (moyennes sections) et en fin danne

    scolaire dans la troisime (petite section). Avant de dbuter lapprentissage en lui-mme nous

    avons fait passer aux sujets une srie de pr-tests cognitifs et sensorimoteurs qui, avec

    dautres donnes individuelles (ge, sexe), nous ont servi rpartir les enfants pour constituer

    deux groupes quilibrs.

    Apprentissage :

    Nous avons fait apprendre aux enfants 12 caractres majuscules dont limage en miroir est

    diffrente de la lettre elle-mme (B, C, D, E, F, G, J, L, N, P, R, Z). Ces lettres ont t

    incluses dans 4 mots (LAPIN, JOB, CERF, ZADIG). Les enfants avaient pralablement t

    familiariss avec ces mots grce une histoire que lenseignant avait raconte avant le dbut

    de lapprentissage. Les voyelles A, O et I ntaient l que pour constituer des mots, mais nont

    pas t utilises pour le test de reconnaissance. L'apprentissage a dur 3 semaines, raison

    dune sance dune vingtaine de minutes par semaine.

  • 13

    Groupe criture manuscrite

    Chaque mot tait prsent sur une feuille de papier, en haut gauche. Les enfants, avaient

    pour consigne de le reproduire le plus exactement possible en-dessous avec un stylo feutre.

    Chaque mot tait copi deux fois par sance. Il ny avait pas de ncessit de produire les

    lettres dans le bon ordre, ni de les disposer dans un espace particulier de la feuille ; aucune

    consigne de taille ntait donne, lessentiel tant que chaque lettre soit crite.

    Groupe clavier

    Chaque mot tait prsent en haut gauche de lcran. La consigne donne aux enfants tait

    de le reproduire le plus exactement possible en-dessous, cest--dire de reprer chaque lettre

    sur le clavier et dappuyer dessus. Chaque mot tait copi deux fois par sance. Aucune

    consigne dordre dcriture des lettres ntait donne. Le clavier utilis avait t amnag

    pour cette tude : seules les 15 touches ncessaires pour crire les mots avaient t conserves

    et regroupes au centre du clavier.

    Tests :

    Un test de reconnaissance des caractres tait effectu immdiatement aprs la 3e semaine

    dapprentissage. Le mme test tait rpt une semaine plus tard. A chaque essai, 4 caractres

    dont 3 taient des distracteurs taient prsents sur lcran dun ordinateur (figure 1).

    Lenfant devait pointer du doigt la bonne lettre, cest--dire celle quil reconnaissait comme

    ayant t crite pendant lapprentissage. Les distracteurs taient de trois types : - mme forme

    mais mauvaise orientation (en miroir), - mme orientation mais mauvaise forme (parties de la

    lettre ajoutes ou enleves), - mauvaise forme et mauvaise orientation.

    --------- insrer figure 1 par ici -------------

  • 14

    Les rsultats de cette exprience peuvent tre rsums en trois points :

    1- La reconnaissance des lettres, estime par le nombre de rponses correctes, est meilleure

    quand les enfants ont appris les lettres en les crivant la main, condition quils

    soient suffisamment gs (> 50 mois). Chez les enfants plus jeunes (< 50 mois), le

    type dcriture utilis pendant lapprentissage ninfluence pas la reconnaissance

    ultrieure des lettres (fig. 2).

    2- Cette augmentation des rponses correctes est due une diminution des erreurs en miroir

    dans ce groupe (fig. 2). Donc, les enfants qui ont appris en crivant la main ont une

    meilleure reprsentation de lorientation des lettres que ceux qui ont appris au clavier.

    3- Cette diffrence dans la reconnaissance de lorientation des lettres napparat quaprs une

    semaine : les performances restent stables chez ceux qui ont crit la main et elles se

    dgradent chez ceux qui ont appris au clavier.

    --------- insrer figure 2 par ici -------------

    Ces diffrents points seront discuts successivement :

    limportance de la motricit

    La premire conclusion de cette tude est que lcriture manuscrite semble contribuer une

    meilleure mmorisation des caractres chez les enfants. Ce rsultat est en accord avec ceux

    dexpriences antrieures qui avaient dj montr que tracer des formes graphiques permettait

    de mieux les mmoriser [24]. Au-del de lcriture proprement parler, tout mouvement

    exerc sur les lettres semble porteur dinformation. En effet, une tude rcente indique que le

  • 15

    fait dexplorer visuellement et tactilement avec lindex des lettres en relief par des enfants de

    maternelle amliore leur apprentissage de la lecture [25]. En dernier lieu, il faut mentionner

    que le lien entre la trace crite et les mouvements peut tre trs abstrait car la seule description

    verbale par lenseignant et llve des procdures motrices permet ces derniers daccder

    plus aisment lcriture [26].

    lorientation des lettres

    Dans ltude faite en maternelle, crire les lettres informe davantage sur lorientation des

    caractres que sur leur forme globale. Il faut souligner que lorientation des lettres est dune

    importance cruciale pour identifier les lettres, les confusions entre les caractres et leur image

    en miroir tant parmi les erreurs les plus frquemment commises par les jeunes enfants et les

    mauvais lecteurs [27, 28]. Or, pour les trs jeunes enfants le problme nest pas simple au

    plan cognitif. En effet, ils apprennent dabord par eux-mmes quun objet est toujours le

    mme, quelle que soit son orientation dans lespace. Lorientation spatiale nest donc pas une

    variable critique pour discriminer les objets qui les entourent. En revanche, elle devient

    cruciale lorsquils sont face des lettres : en effet, un d nest pas un b, un p nest pas un

    q, etc. Les lettres sont donc des objets tranges qui changent didentit lorsquon les fait

    tourner ! Il est important davoir une bonne reprsentation de lorientation des lettres. Or,

    visuellement, la diffrence entre une lettre et son image en miroir nest pas immdiate : les

    segments rectilignes et curvilignes sont les mmes, seule leur position relative par rapport

    un axe vertical change. Les caractristiques extraites dune image deux dimensions peuvent

    suffire pour reconnatre rapidement la forme globale de la lettre (dtecter sil manque un

    segment, ou si au contraire il y en a un en trop) ; mais la vision semble tre moins efficace

    pour distinguer le mme stimulus dans diffrents orientations. Sur le plan moteur en revanche,

    crire une lettre ou son inverse ncessite des mouvements trs diffrents : lordre de trac des

  • 16

    traits, la progression des segments horizontaux (de gauche droite) et le sens de rotation des

    parties courbes (horaire ou anti-horaire) diffrent. En consquence, le programme moteur qui

    a t labor pour un caractre ne correspond pas son image en miroir.Si, comme nous le

    pensons, ce programme moteur est automatiquement activ la simple vue de la lettre, il

    pourrait permettre dviter la confusion avec son image en miroir.

    lge des enfants

    Lapport des mouvements dcriture dpend de lge des enfants : il existe chez les plus gs

    mais pas chez les plus jeunes. Cela pourrait tre d au fait que les structures neuronales qui

    contrlent la motricit fine, ncessaire pour produire des mouvements prcis des doigts et du

    poignet, ne seraient pas suffisamment matures chez les enfants les plus jeunes. On sait par

    exemple que des faisceaux de fibres comme le faisceau cortico-spinal, qui commande les

    mouvements digitaux, ou le corps calleux qui permet la communication entre les deux

    hmisphres crbraux, croissent trs fortement au cours des 2 ou 3 premires annes de la

    vie mais continuent se dvelopper graduellement jusqu la fin de ladolescence.

    le besoin de temps

    Lapport des mouvements dcriture demande du temps pour tre effectif car il met en jeu des

    processus mnsiques qui sont assez lents se stabiliser. En effet, quand un apprentissage

    moteur prend fin, le programme moteur sous-tendant lhabilet apprise devient graduellement

    moins fragile (en quelques heures) et cette consolidation saccompagne de changements dans

    la reprsentation neuronale de la mmoire motrice. En contrepartie, une fois stabilise, la

    mmoire motrice peut durer pendant trs longtemps en absence de toute pratique.

    le clavier serait moins efficace

  • 17

    Les mouvements dcriture dactylographique ne semblent pas favoriser la mmorisation de

    lorientation de la lettre. Nanmoins, nous navons pas test la condition contrle dans

    laquelle lapprentissage des lettres aurait t effectu en lecture seulement, sans crire, cest-

    -dire sans aucun mouvement manuel. Toutefois, des rsultats acquis chez des adultes qui

    devaient apprendre un nouvel alphabet indiquent que lusage du clavier ne conduit pas une

    meilleure reconnaissance des lettres apprises quun apprentissage simplement visuel [29].

    Comme cela a t mentionn prcdemment, nous pensons que le mouvement dcriture au

    clavier ninforme pas sur les proprits spatiales du caractre produit.

    Conclusion

    Sil fallait se hasarder donner une rponse la question provocatrice pose en titre de ce

    chapitre, nous dirions quil est videmment utile, et plus dun titre, denseigner lcriture

    manuscrite. Lensemble des rsultats prsents ici suggre en effet que les mouvements

    dcriture participent la reprsentation et la mmorisation des caractres et donc leur

    reconnaissance visuelle. Nous ne pouvons affirmer toutefois que cela aurait un impact sur la

    lecture proprement parler, quand il sagit de percevoir et reconnatre des mots et non plus

    des lettres isoles. Nanmoins, sil est dfinitivement tabli que la reconnaissance des lettres

    est le premier des processus cognitifs qui se produisent pendant la lecture [27], il se pourrait

    que la faon dont les enfants apprennent crire interfre avec leur aptitude la lecture. Doit-

    on pour autant rejeter dfinitivement lordinateur pour apprendre lcrit ? A notre avis, il est

    trop tt pour laffirmer. En effet, si lcriture manuscrite enrichit la reprsentation des

    caractres et facilite leur reconnaissance chez la majorit des enfants, elle pourrait produire

    leffet inverse chez ceux qui, pour des raisons diverses, ont des difficults effectuer les

    mouvements fins et prcis imposs par lcriture. Dans ce cas, lusage du clavier, beaucoup

  • 18

    plus simple au plan moteur, associ lordinateur pour lequel les enfants manifestent un

    engouement prononc, pourrait constituer une tape pour prparer le passage lcriture

    manuscrite. De plus, nous navons mis laccent que sur la composante graphique de lcrit :

    en demandant aux enfants de reproduire un modle et de produire une bonne forme, nous

    avons nglig laspect langagier de lcriture. De ce point de vue, nous tions dailleurs assez

    proches des pratiques pdagogiques habituelles qui, en ce qui concerne la prparation

    l'criture, privilgient de faon quasi exclusive les aspects formels de l'criture, l'entranement

    moteur, les exercices rptitifs Mais, la centration sur les seuls aspects formels, rduit l'crit

    une activit gestuelle et nglige le fait que c'est un objet social et culturel, un langage et non

    uniquement une trace [30]. En librant lapprentissage de lcrit des seules contraintes de

    graphisme, le clavier et lordinateur pourraient faciliter ltablissement de la relation entre la

    trace de lcrit et son sens.

    Remerciements : Cette recherche a t finance par lACI Cognitique du Ministre de lEducation Nationale. M. Longcamp a bnfici dune allocation de Recherche de lACI Cognitique. Nous remercions tout particulirement les enseignant(e)s et les enfants des coles maternelles de Marseille (Chteau-sec, Desautel et Valmante) grce auxquels ltude en maternelle a t ralise dans les meilleures conditions. Pour en savoir plus : Anis, J. (1998). Texte et ordinateur : lcriture rinvente ?, De Boeck Universit. [Cet ouvrage explique de manire accessible les techniques et en analyse les enjeux dans le cadre dune smiolinguistique de lcrit ouverte aux sciences cognitives. Les thmes traits sont les relations entre informatique et criture ; le traitement de texte, hypertexte, multimedia, internet, livres lectroniques] Amigues R. et Zerbato-Poudou M.T. (2000) : Comment lenfant devient lve. Les

    apprentissages lcole maternelle. Paris, Retz. [La troisime partie de cet ouvrage pose la question de lapprentissage premier de lcriture dans ses rapports aux activits graphiques traditionnelles. Elle montre linfluence des dispositifs pdagogiques sur la construction du rapport au savoir par les lves et le sens quils donnent leur activit.] Zeziger P.(1995) Ecrire. Approches cognitive, neuropsychologique et developpementale.

    Paris, P.U.F. [Louvrage tente de cerner les processus dcriture du point de vue de la psychologie cognitive. Deux grandes classes de processus sont examines : les processus orthographiques et les processus perceptivo-moteurs, partir de lapproche exprimentale classique et par ltude dindividus prsentant des troubles de lapprentissage ou de la production de lcrit.]

  • 19

    Rfrences bibliographiques : [1] Jean, G. (1987). Lcriture, mmoire des hommes. Paris : Gallimard. [2] Poitou, J.P. (1992). Nouvelles technologies et lvation des qualifications : propos du

    rle de la visuo-motricit et de la motricit graphique dans lactivit cognitive globale du technicien de bureau dtude, Intellectica, 1/2, 13-14, 185-217.

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  • 20

    [21] Vaughn, S., Schumm, J. S., and Gordon, J. (1992). Early spelling acquisition: Does writing really beat the computer? Learning Disability Quarterly, 15, 223-228.

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  • 21

    Figure 1 : exemple de configuration prsente lcran au cours du test de reconnaissance.

    < 50 mois > 50 mois

    AGE

    35

    40

    45

    50

    55

    60

    65

    % R

    pon

    ses

    corre

    ctes

    < 50 mois > 50 mois

    AGE

    25

    30

    35

    40

    45

    50

    % R

    pon

    ses

    en m

    iroir

    Figure 2 : Taux de rponses correctes (gauche) et de rponses en miroir (droite) en fonction de lge pour le groupe qui a appris les lettres en les crivant la main (trait continu) et pour celui qui a appris au clavier (trait pointill)