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De la notion de detachement topical a celle de
constituant thematique extrapropositionnel
Anne Lacheret, Jacques Francois
To cite this version:
Anne Lacheret, Jacques Francois. De la notion de detachement topical a celle de constituantthematique extrapropositionnel. Les cahiers de praxematique, Montpellier : Presses universi-taires de la Mediterranee, 2006-, 2004, pp.167-198. <halshs-00364047>
HAL Id: halshs-00364047
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00364047
Submitted on 25 Feb 2009
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1
Anne Lacheret, Jacques François Laboratoire CRISCO Université de Caen 14032 Caen cedex {anne.lacheret, jacques.francois}@crisco.unicaen.fr
De la notion de détachement topical à celle de
constituant thématique extrapropositionnel
1. Introduction
Dans cet article, nous porterons toute notre attention sur un certain type de constructions détachées : les détache-ments topicaux en position frontale d’énoncé qui instancient une ou plusieurs entités référentielles au sujet desquelles la proposition qui suit apporte une information pertinente (ex. la langue française, elle est compliquée mais elle est drôle). Notre contribution est organisée de la façon suivante : - Nous commençons par présenter la notion de détachement telle qu’elle a pu être appréhendée par les grammaires fonctionnelles et plus particulièrement par S. Dik et K. Lambrecht. A la suite de ces auteurs, nous défendons l’hypothèse que, en français parlé tout du moins, le déta-chement topical ne résulte pas d’une dislocation syntaxique, c’est-à-dire de la transformation d’une structure syntaxique première, naturellement liée. En d’autres termes, le topic1 n’est pas extrait de la clause2, bien au contraire, la clause s’ajuste à lui. Ceci nous conduira à questionnner la notion même de détachement et à poser ses limites. Existe-t-il des contextes où la notion s’impose vraiment ? Quels sont ceux qui ne la convoquent pas expli-citement ? Dans ces derniers, quel concept lui substituer ?
1 Nous employons indifféremment les termes thème et topic. 2 Au sens de proposition ici.
2
Telles seront nos questions ici. Au terme de cette réflexion, nous serons amenés à introduire la notion de constituant thématique extrapropositionnel (CTE), que nous appréhendons sous l’angle cognitif : le CTE est une unité perceptivement saillante, qui se détache comme une fi-gure sur un fond dans le fil discursif, pour servir des fonctions pragmatiques précises. - Nous exposons ensuite les marqueurs intonosyntaxiques susceptibles d’être mobilisés pour activer cette saillance. Sous l’angle syntaxique d’abord, en nous fondons sur des exemples de français parlé en situation de dialogue à bâtons rompus (émission les fous du roi, France Inter 2002, conversations familières), nous proposons un classement des détachements topicaux qui affine et prolonge les typo-logies déjà posées (voir notamment Lambrecht 2002). Du point de vue intonatif ensuite, nous proposons un modèle morphologique, hiérarchique de l’intonation (Rossi 1999, Lacheret 2002). Nous montrons comment une modélisation en termes de contours globaux peut conduire à l’émergence d’un paradigme d’intonèmes, l’actualisation de l’un ou l’autre de ces intonèmes sur le segment thématique pouvant lui conférer différents degrés de saillance. - La dernière section est consacrée à l’interprétation fonc-tionnelle de ces constructions. Dans un premier temps, l’alignement des structures syntaxique et intonative, nous permet de préciser la notion de degré amorcée dans la sec-tion précédente et d’exploiter la redondance des marques sous un angle écologique (tel que peut l’exploiter un au-diteur pour passer d’un percept brut à sa représentation cognitive). Nous explorons ensuite deux pistes pour préci-ser (i) les relations entre le type de construction intonosyntaxique produit et le degré d’accessibilité cogni-tive du constituant extraporpositionnel (actif, accessible, inactif) ; (ii) le rôle co-énonciatif de ces constructions. Dans cette dernière section, il s’agit de mener conjoin-tement une réflexion sur les opérations cognitives élé-
3
mentaires (ou principes d’activation) sous-jacentes aux constructions analysées (principe d’ancrage, de distance, de monstration).
2. Le détachement : définition du concept et présen-tation de ses marquages intonosyntaxiques
La notion de détachement topical est-elle fondée dès lors qu’on aborde le matériau oral ? Comment l’appréhender dans ce contexte ? Quels en sont les marqueurs linguistiques ? Telles sont les questions qui font l’objet de cette section.
2.1. Une notion cognitive et non transformationnelle
Commençons par évoquer la position de Simon Dik (1997), qui constitue l’aboutissement le mieux argumenté de la théorie de la perspective fonctionnelle de la phrase initiée par l’école de Prague dans les années 50 et déve-loppée ultérieurement par l’école fonctionnelle sytémique de M.A.K. Halliday (cf. Halliday & Hasan 1976, Halliday 1985).
Promoteur du modèle néerlandais de grammaire fonc-tionnelle (1997, Section 17.2.3), S. Dik opère une distinction fondamentale entre constituants intra- et extra-propositionnels (clausal vs. extraclausal constituent). Dans la terminologie de la Functional Grammar, un constituant topical est désigné comme Topic s'il est intrapropositionnel et comme Theme s'il est extrapropositionnel. Du point de vue de la gestion de l'acte de communication, la notion même de constituant extrapropositionnel est préférable à celles de constituant "détaché", "disloqué" ou "extraposé" qui, par l'emploi d'un participe passé, introduisent explici-tement ou suggèrent implicitement une opération ou trans-formation d'extraction d'un constituant de la proposition. S. Dik se place dans une toute autre perspective en propo-sant une reformulation de la maxime de pertinence de Grice
4
(1975) destinée à définir les relations admissibles entre un Thème et une Proposition : “ Pour qu'une paire quelconque d'un thème T et d'une proposition P fasse sens, il doit être pertinent de prononcer P en considération de T ”. En d’autres termes, l’introduction d’un énoncé par un Thème (extrapropositionnel) vise à désigner une entité ou un en-semble d'entités par rapport auxquelles la proposition qui suit va apporter une information pertinente.
Dans son argumentation visant à rejeter l’expression “ constituant détaché ”, Dik insiste sur les cas où la formu-lation d'une règle tranformationnelle est impossible, lesquels relèvent dans ses exemples exclusivement de l’anaphore associative, ex. As for Paris, the Eiffel Tower is really spectacular, mais doivent inclure également les cas de détachement à SN non lié (cf. Lambrecht 2002, ex. La mer / tu vois de l’eau). Evoquant la classe des langues à topic proéminent de Li & Thompson (1976), il observe qu’à un degré plus ou moins marqué, toutes les langues font usage de ce type d'organisation3. Dik accorde une force illocutoire propre à certains constituants dotés d’une fonc-tion discursive thématique, en particulier en cas de reprise partielle en écho de la partie focale d'une question de l'in-
3 Hagège (1978) évoque des cas d'évolution cyclique, où certaines
langues procèdent en diachronie à la séparation du sujet et du topic puis à leur réunification. On sait que le français standard écrit ou oral soutenu ne sépare pas le sujet du topic en ce sens que le sujet représenté par un SN est un constituant topical intrapropositionnel (ex. Alors, ton ami t'a rendu ton livre ?). Si l'on considère les contraintes d'ordre des SN sujet et objet direct comme un type de marquage, cette variante du français entre dans le type des LANGUES A MARQUAGE SUR LES MEMBRES (dependent marking languages). En revanche, le français de la conversation relâchée abonde de SN thématiques extrapropositionnels repris par un pronom clitique (ex. Alors ce livre, il te l'a rendu, ton copain ?), configuration caractéristique des LANGUES A MARQUAGE SUR LES TETES (head marking languages) dans le classement proposé par van Valin & LaPolla (1997:23-25) et van Valin (2001:99-100).
5
terlocuteur. L'énoncé est alors analysé comme la conjonction d’un constituant à valeur initiale de Focus dans le tour de parole précédent et requalifié en Thème, et d’une proposition liée (cf . infra 3.2, pour un point de vue intona-tif) :
My brother ↑ I haven't seen him for years ↓
Statut fonctionnel
THEME PROPOSITION
Force illocutoire: QUESTION DECLARATION
Dik évoque aussi les phénomènes d'hésitation avant la formulation de la proposition (ex. As for the students, well, let me see) pour énoncer sa thèse centrale : “ Le thème n'est pas extrait de la proposition ; au contraire la proposition est ajustée au thème ”. (1997: 393). L’argument est effecti-vement pertinent, mais il demanderait à être articulé sur les expérimentations psycholinguistiques menées sur la plani-fication du discours entre ‘conceptualisation’ et ‘formulation’ (Pour une revue, voir Fayol 2002).
Dans cette mouvance, Lambrecht (1994, 2002) nous in-téresse particulièrement étant donné l’application de ses travaux au français parlé. Selon l’auteur, l’énoncé est pragmatiquement structuré autour de deux éléments cen-traux : le topic, ou élément donné, dont on dit quelque chose, accessible par le contexte discursif ou situationnel et le focus, qui correspond à l’information nouvelle. Parmi les différents types énonciatifs qui peuvent actualiser la struc-ture informationnelle, émergent en premier lieu les constructions à fous prédicatif, organisées autour d’un dé-tachement topical gauche (L-TOP) ou droit (R-TOP) dont la fonction discursive de base est d’introduire un référent qui n’a pas encore été ratifié dans le discours (L-TOP) ou de maintenir un référent topical déjà ratifié (R-TOP)
6
(Lambrecht 1998). C’est le premier qui nous intéresse ici. Selon Lambrecht, ce type de construction, caractéristique du français parlé, met en lumière le caractère extrêmement contraint du codage morphosyntaxique des expressions tropicales en français parlé : il tolère difficilement les ar-guments topicaux non ratifiés. D’où la formulation par l’auteur du principe de séparation de la référence et de la relation, qui exprime une tendance manifeste à actualiser les topics à fonction argumentale sous forme anaphorique (pronominale ou zéro) et à coder la fonction référentielle du topic en dehors de la proposition. Au sein de cette cons-truction générique, Lambrecht (2002) distingue 7 types de détachements gauches (DG) :
1 - Les DG à SN lié (ex. la vitesse, ça rime plus à rien).
2 - Les DG à SN lié à un argument zéro (ex. ça j’aime pas).
3 - Les DG à SP lié (ex. avec Michel, hier, on est allé se promener à Passy).
4 - Les DG à SN non lié (ex. la mer, tu vois de l’eau).
5 - Les DG à topic en chaîne (ex. tu sais, ma fille Laure, son copain, il est allemand).
6 - Les DG à topic inactif (ex. et les voitures, quand j’ai fait mon apprentissage en Lorraine, on avait des voi-tures).
7 - Les DG “ Mad Magazine ” (Lambrecht 1990, ex. Jean, docteur !, je n’en crois pas mes yeux).
2.2. Les marqueurs syntaxiques du détachement to-pical
Pour notre part, nous distinguons 5 types d’articulation syntaxique entre un constituant extrapropositionnel théma-tique (CET) et une proposition se dégagent de notre corpus. Ils mettent en cause la structure syntaxique du CET (cf.
7
type II) et le type de rattachement de la proposition au CET ou exceptionnellement du CET à la proposition (cf. ex. 12).
(I) Le premier type est celui d'un énoncé composé d'un CET et d'une proposition consécutive tels que le CET est le support anaphorique du pronom clitique sujet de la propo-sition, ex.
(1) sœur Thérèse, elle surfe très bien sur le web
(2) alors le spot, il se passe comme ça
(3) Dominique, elle est plus habituée
(4) la langue française, elle est compliquée mais elle est
drôle
(5) la construction verbe + adjectif invariée, elle ne fi-
gure pas dans cette typologie
et avec une reprise pronominale disjointe du CET :
(6) alors cet autre film, alors lui, il est encore plus sim-
ple que cette histoire
Pour les occurrences ci-dessus à thème non animé, le pronom clitique non neutre il(s), elle(s) est remplaçable par le pronom clitique neutre ça/c’ :
(2’) alors le spot, ça se passe comme ça
(4’) la langue française, c’est compliqué mais c’est drôle
(5’) la construction verbe + adjectif invariée, ça ne figure
pas dans cette typologie
Cependant la construction en {Thème<-animé>, ça V} peut présenter une nuance d’ordre méro- ou métonymique (dans le spot, ça se passe comme ça ; se débrouiller avec la langue française, c’est compliqué mais c’est drôle). Inver-sement les occurrences qui suivent présentent une reprise du thème par ça auquel on peut difficilement (6-8) voire pas du tout (9-10) substituer un pronom non neutre :
8
(6) la boulimie, ça coupe des autres
vs. ?elle coupe des autres
(7) une voix, ça se cultive aussi
vs. ?elle se cultive aussi
(8) le babil, c’est très expressif
vs. ?il est très expressif
(9) mon mot préféré, c’est aujourd’hui
vs. *il est aujourd’hui
(10) le premier exemple que vous donnez, c’est Oasis
vs.* il est Oasis
Un cas particulier est à mentionner, celui où un CET collectif est repris par un pronom clitique pluriel. Ainsi en (11) le Splendide est un collectif d'artistes, qui peut consti-tuer le support anaphorique d'un pronom pluriel.
(11) Alors le Splendide, ils m’ont embauchée
(II) Le second type est celui d'une succession de deux propositions telles que la première est de nature existen-tielle, typiquement : il y a un N, et que la seconde a pour sujet un pronom clitique sujet coréférent avec le N dont l'existence est déclarée dans la première, ex.
(12) [il y avait un homme] proposition existentielle support d’un thème indéfini [il voulait absolument être majorette] proposition rattachée
La proposition existentielle n'est pas auto-suffisante et en ce sens la seconde est équivalente à une relative déter-minative :
(13) [Il y avait SN[un homme [qui voulait absolument être
majorette]]SN]
La différence pragmatique entre (12) et (13) est que la construction relative déterminative ne permet pas à l'anté-
9
cédent un homme d'avoir un statut rhématique autonome : il est dit d'un homme qui voulait absolument être majorette qu'il est présent dans l'univers du discours. En revanche, en (12) il est dit d'un homme non spécifié qu'il a à voir avec l'univers du discours. Ce qu'il a à voir avec cet univers est énoncé séparément par la seconde proposition. La propo-sition existentielle (rhématique) permet alors à un constituant indéfini (cf. *un homme, [il ...]P) mais non générique (cf. un homme, [ça ...]P) de fonctionner comme un thème pour le co-texte postérieur sans être lié au co-texte antérieur.
(III) Un troisième type est constitué d'un CET et d'une proposition consécutive tels que le CET est le support anaphorique d'un pronom clitique occupant une fonction d'objet direct ou indirect (cf. 14, 15)4 :
(14) ♦Marie, tu ne l'as pas revue ces jours derniers ?
(15) ♦Thomas, tu lui as rappelé notre rendez-vous de
demain ?
Cette configuration est à distinguer clairement de deux cas
où une proposition est précédée d'un syntagme préposition-
nel extrapropositionnel. Dans le premier cas, nous avons
réellement affaire à une opération de détachement à gauche
à partir de la position [t] symbolisant la trace et l'origine du
mouvement, le constituant prépositionnel étant un actant
(objet indirect) antéposé, ex.
(16) ♦A Thomast, j'ai bien rappelé [t] notre rendez-vous
de demain, mais à sa soeur je ne me souviens plus du
tout.
4 Les exemples (14, 15 et 16) sont forgés en l’absence de
configurations de ce type dans notre corpus. Le symbole ♦ sera dorénavant utilisé pour marquer ce type d’exemples.
10
Tout à fait différent est le cas du positionnement en tête d'un constituant prépositionnel à fonction circonstancielle. Ce type de constituant extrapropositionnel n'est pas théma-tique, mais correspond à la fonction de cadrage (setting) évoquée par Dik (1997: 396-8). Ainsi en (17), moi est bien un CET, mais avec l'anglais est un constituant de cadrage :
(17) moi, avec l’anglais, j’ai des p’tits problèmes thème constituant de cadrage proposition rattachée
(III') Une variante du troisième type est représentée par le cas (en progression rapide en français oral actuel) où le pronom clitique objet n'est pas mentionné. Le CET consti-tue alors le support d'une relation anaphorique non instanciée :
(18) ♦Un voyage aux Caraïbes en avril, je [Ø] prends
vs.♦Un voyage aux Caraïbes en avril, j'en prends un
(19) ♦Les ONG donneuses de leçon, je ne [Ø] donne plus
!
vs.♦Les ONG donneuses de leçon, je ne leur donne
plus rien
(IV) Le quatrième type est celui des énoncés à CET fai-blement lié à la proposition consécutive. Le lien entre le CET et la proposition consécutive est accessible sans prendre en compte le co-texte antérieur — contrairement au type (v) — mais il passe par l'identification d'une opération de métonymie, ex.
(20) le pain fantaisie, le prix était libre
(21) l’Académie française, je me vois mal dans cet emploi
En (20) le prix est lié à le pain fantaisie par une relation de contiguïté conceptuelle (propriété définitoire de la méto-nymie) : tout pain a nécessairement un prix, les pains conventionnés ayant un prix fixe et le pain fantaisie un prix libre. En (21) l'Académie française n'est pas un ‘emploi’,
11
mais en être membre constitue une fonction culturelle et sociale assimilable à la rigueur à un emploi. Le déterminant anaphorique cet ne peut donc renvoyer qu'au statut de membre de l'Académie.
(IV’) Certaines configurations avec reprise du thème par le pronom neutre ça constituent une variante du type (iv), ex :
(22) la plante, c’est très compliqué
(23) l’Académie Goncourt, c’est beaucoup plus agréable (24) tous les sports, c’est que des mots anglais
(25) la règle de participe-passé, c’est extrêmement diffi-
cile
(26) la dictée, c’est venu de Lire Magazine
Ce qui est très compliqué c’est l’orthographe des plantes, (c’est Bernard Pivot qui parle), ce qui est beaucoup plus agréable (par rapport à l’Académie française), c’est de faire partie de l’Académie Goncourt, c’est le vocabulaire des sports qui est constitué de mots anglais, ce qui est ex-trêmement difficile c’est de manier la règle du participe passé (vs. la règle du participe passé, elle est très compli-quée), enfin ce qui est venu de Lire Magazine, c’est l’idée de soumettre des candidats à une dictée dans les médias écrits ou télévisuels. Dans aucun de ces cas (22-26) on ne peut à proprement parler identifier une ellipse, mais on peut être sûr qu'il manque un lien conceptuel dans le rattache-ment de la proposition au CET.
(V) Enfin le cinquième type est celui des énoncés à CET sans lien immédiatement accessible avec la proposi-tion consécutive, ex. (27, 28) :
(27) Loc1 : Papa, et la kangoo, elle marche ?
Loc2 : Ah la Kangoo, j’crains l’pire
12
(28) Loc1 : on aimerait vous voir membre de l’Académie
Goncourt
Loc2 : l’Académie Goncourt, j’aimerais bien
En présence d'un énoncé à thème sans lien avec la pro-position qui suit, l’allocutaire est obligé de se représenter un contenu propositionnel complet comprenant une réfé-rence au CET, en général à partir du co-texte antérieur. Ainsi en (27) la crainte du Loc2 concernant la Kangoo est relative à la capacité de la voiture évoquée à satisfaire la déclaration “ elle marche ”. C'est à propos de la dispo-nibilité immédiate de la Kangoo comme véhicule que le Loc2 craint le pire. En (28), le locuteur aimerait bien être admis dans le cénacle de l'Académie Goncourt et l'allocu-taire doit reconstituer le contenu prédicatif entre crochets (28') :
(28') l’Académie Goncourt, j'aimerais bien <en faire par-
tie>
2.3. Les ressources intonatives
Le modèle que nous proposons pour aborder la structure
prosodique des énoncés oraux, s’inscrit dans les approches
morphologiques hiérarchiques de l’intonation. Un tel trai-
tement suppose de voir le continuum prosodique comme
une entité structurée autour de points intonatifs clés, des-
criptibles au plan formel en termes de contours et
interprétables sous l’angle fonctionnel comme des mor-
phèmes intonatifs, ou intonèmes, c’est-à-dire des objets qui
se laissent décrire à la fois par leurs caractéristiques objec-
tales signifiantes et leur contenu interprétatif. L’approche
est hiérarchique, dans la mesure où l’intonation est suppo-
sée recevoir des niveaux de traitement sémantico-pragma-
tique l’information nécessaire à son interprétation. En ce
13
sens, nous envisageons une primauté ontogénétique du mo-
dule sémantico-pragmatique dans la dérivation des
structures intonative et syntaxique du message. Ces der-
nières coopèrent par le biais de rendez-vous structurels
nombreux pour, non seulement segmenter l’énoncé en
segments thématiques et rhématiques, mais également indi-
quer la structure interne de ces derniers (pour un point de
vue identique, voir Morel & Danon-Boileau 1998). De ce
cadre théorique découle notre stratégie de traitement : pour
mettre au jour le rôle fonctionnel de l’intonation, en parti-
culier comme indicateur de détachement, nous nous
fondons sur une méthode inductive qui se décompose en
deux volets, appelés respectivement concret, et représenta-
tionnel. Le premier concerne la matérialité des faits
prosodiques tels qu’ils sont observés dans le signal de pa-
role, le second est dédié à la représentation phonologique
formelle de ces observables. Ce second niveau constitue
une médiation nécessaire pour rendre compte ensuite de la
fonctionnalité des objets prosodiques, à savoir : les fonc-
tions communicatives qu’ils servent dans le langage. C’est
à ce stade du traitement que sont identifiés les différentes
relations prosodiques que peuvent contracter les groupes
intonatifs identifiés dans la chaîne parlée. Pour préciser la
spécificité de notre approche par rapport aux modèles mor-
phologiques standards, deux points doivent être soulignés :
(i) le refus du primat de la syntaxe pour la dérivation des
structures (figures 1.a, 1.b), (ii) le caractère ascendant du
traitement : les morphèmes intonatifs ne constituent pas des
primitives données en entrée mais émergent par induction à
partir du repérage phonétique de contours mélodiques (fi-
gure 2).
14
Figure 1.a. Hiérarchie des modules d’après Rossi (1999 :
52)
Figure 1.b. Hiérarchie des modules d’après Lacheret
(2002)
syntaxe sémantique
Grammaire de l’intonation
syntaxe intonation
sémantique pragmatique
15
Intonèmes
Hiérarchie intonative
Traitement phonétique (matérialité des faits prosodiques
Modélisation phonologique (représentation formelle)
Interprétation fonctionnelle
Fonctions communicatives des détachements thématiques
MODULE PROSODIQUE
Contours continus
en temps et en fréquence
Segmentation, étiquetage
16
Figure 2. Traitement inductif : de l’observation des don-
nées prosodiques à l’interprétation fonctionnelle
• Matérialité des faits prosodiques
Le niveau ici décrit concerne le traitement phonétique
des données sonores, c’est-à-dire l’étude des paramètres
physiques mobilisés pour actualiser le système intonatif
dans la substance. La question est la suivante : comment,
malgré son extrême hétérogénéité, transformer de la ma-
tière brute en données manipulables et interprétables pour
l’expérimentateur ? Les problèmes de segmentation et
d’étiquetage des unités à manipuler s’avèrent donc cen-
traux. Nous situant dans une approche globale de
l’intonation5, nous proposons une description du conti-
nuum prosodique en termes de gestes, ou contours,
continus en temps et en fréquence. Toute variation signifi-
cative de la fréquence fondamentale et/ou de la durée, cal-
culée par rapport à une valeur de base6 et identifiée en
position terminale de mot, est considérée comme la fron-
tière droite d’un groupe intonatif7 (figure 3).
(Dominique)GI1 (elle n’est plus habituée)GI2
(La langue française)GI1 (elle est compliquée)GI2
(mais elle est drôle)GI3
5 Pour la distinction entre modélisation globale et locale de l’intonation,
voir Lacheret & Beaugendre (1999 : 100). 6 Pour la fréquence fondamentale, la valeur de base dépend du registre
mélodique moyen du locuteur, pour la durée, elle correspond à la durée moyenne des syllabes non terminales de mots.
7 Il s’agit là d’un traitement acoustique effectué à l’aide du logiciel winpitch (Léon & Martin 2000).
17
Figure 3. L’actualisation des groupes intonatifs dans la
parole
Notre stratégie d’analyse est ainsi axée sur la modélisa-
tion des proéminences accentuelles terminales de mots,
considérées comme des marqueurs perceptifs que l’auditeur
utilise pour segmenter le continuum sonore en groupes in-
tonatifs successifs. Ces proéminences sont décrites par un
faisceau de traits, représentant les propriétés phonétiques
nécessaires et suffisantes pour les caractériser formellement
et les interpréter fonctionnellement ensuite (figure 4). Les
informations fournies par la matrice de traits sont fondées
sur un principe de valeur relative, selon lequel la valeur
fonctionnelle des unités se définit à la fois à partir du repé-
rage d’oppositions paradigmatiques8 et de l’enchaînement
syntagmatique des contours porteurs des proéminences et
de leur contexte immédiat. En d’autres termes, la valeur
8 Un contour prend sa valeur relativement à d’autres qui lui sont
substituables et forment son paradigme de définition.
18
d’un contour dépend non seulement de la valeur de ceux
avec lesquels il pourrait se substituer dans un contexte ter-
minal de mot, mais également de la configuration du
contour terminal du groupe qui le précède et également de
son entourage proche. Ainsi, la présence éventuelle d’une
pause subséquente à un contour peut modifier la valeur de
ce dernier et prendre elle-même différentes valeurs relati-
vement à son environnement. L’interprétation fonctionnelle
qu’on peut en faire (conclusive ou continuative) dépend, en
effet, de la présence éventuelle d’un euh d’hésitation
antéposé ou postposé. Quatre types d’informations sont
donc codés : le profil d’un contour terminal de groupe into-
natif, le niveau fréquentiel qu’il traverse, son caractère
allongé ou non et son contexte droit (présence éventuelle
d’une pause et/ou d’un euh d’hésitation).
Figure 4. Matrice de traits associés aux contours terminaux
où, de gauche à droite, sont indiqués : (i) les caractéristiques prosodiques d’un contour relatives à sa direction (montant, ‘M’, descendant, ‘D’, dynamique, ‘MD’ ou statique ‘T’), le niveau traversé par un contour (de suraigu à infragrave) et son caractère allongé ou non (marqueur ‘ :’) ; (ii) l’environnement droit du contour, le cas échéant : euh préposé à une pause (Hésitation), pause (silence ou inspiration), euh postposé (H)
SA
A M G
IG
T
M
D MD
: H #
H
19
• Représentation formelle
Si les proéminences accentuelles terminales de mots
constituent d’abord des indices perceptifs utilisés par
l’auditeur pour segmenter le continuum sonore en groupes
intonatifs successifs, elles lui permettent également
d’estimer les relations d’inclusion ou, au contraire,
d’autonomie qui unissent les groupes en présence, cela in-
dépendamment des contraintes syntaxiques qui pourraient
les sous-tendre. En conséquence, le module phonologique
ici décrit a pour rôle de fournir une représentation de la
hiérarchie intonative sous-jacente à l’actualisation des
groupes intonatifs émergents à l’issue du traitement pho-
nétique. C’est autour des traits utilisés pour coder ces
catégories que s’effectue le passage entre les deux modules.
Dans un premier temps, il s’agit de statuer sur le potentiel
d’intégration intonative d’une unité thématique. La règle est
la suivante : tout segment thématique non accentué est
intonativement intégré à la chaîne rhématique qui le suit
(ex. ça, ça n’se voit pas)GI). En fait, ce type de structure est
pour l’heure inexistant dans nos corpus d’étude. Le thème,
en effet, fait toujours l’objet d’une accentuation finale, ma-
nifestée par un contour montant dans le niveau aigu par
rapport au registre de base du locuteur (cf. supra, figure 3).
Pour reprendre la terminologie standard (Rossi & al 1981),
il s’agit là d’un intonème continuatif. La question est alors
à nouveau de savoir quelle valeur associer à cet intonème,
en termes de ruptures et d’emboîtements potentiels. Il y a
détachement maximal lorsque les quatre conditions sui-
vantes sont réunies (voir Lacheret et Victorri 2002 pour une
première approche) :
20
- présence d’une pause après le continuatif dont la
durée dépasse un seuil de 300 ms ;
- excursion fréquentielle terminale du contour dans
le niveau suraigu ;
- écart mélodique (ou downstep) dépassant un seuil
de 3 demi-tons9,
- absence d’un euh à proximité de la pause.
Figure 5. Exemple de détachement thématique pour la sé-
quence sœur Thérèse # elle surfe très bien sur le web
Plusieurs remarques s’imposent ici. Tout d’abord, les
indices de détachement maximal sont à chercher simulta-
nément dans les paramètres activés (durée, fréquence
fondamentale) mais également dans les seuils d’activation.
Autrement dit, il ne suffit pas qu’il y ait détection d’une
pause pour que l’on puisse identifier un détachement, en-
core faut-il qu’elle soit d’une certaine longueur et accom-
pagnée d’une variation fréquentielle suffisamment mar-
quée. Ensuite, le repérage d’un détachement ne dépend pas
de la valeur précise des seuils mais de leur ordre de gran-
deur. En conséquence, lorsqu’un paramètre est inférieur au
seuil mais très proche, le détachement pourra malgré tout
9 le donwstep correspond à la différence de hauteur entre le dernier
extremum de F0 précédant la pause et la première valeur de f0 suivant la pause.
21
être identifié si les autres paramètres ont des valeurs nette-
ment au-dessus du seuil. Enfin, l’absence d’un euh contigu
à gauche ou à droite de la pause permet d’opposer deux
types de pause, l’une structurale, marquant un détachement
effectivement planifié par le locuteur pour laisser à son
interlocuteur le temps d’intégrer le thème posé avant de
prédiquer à son sujet, l’autre, liée au problème de planifi-
cation du segment rhématique.
Ces deux niveaux de structuration posés (intégration
potentielle vs. rupture effective), il s’agit de voir ensuite s’il
est possible de faire émerger une granularité plus fine dans
les types de relation instanciés. La question est alors la sui-
vante : n’existe-t-il pas des niveaux de détachement et/ou
d’intégration intermédiaires ? Autrement dit, outre la ma-
nière dont se structurent et s’apparient les objets intonatifs,
les uns avec les autres, divers degrés peuvent également
être détectés dans les relations établies. Ces dernières sont
donc à la fois qualitatives et quantitatives. C’est ici
qu’intervient la notion de groupe intonatif affixé (GIA) qui
repose sur l’emboîtement de deux groupes intonatifs, l’un
étant perceptivement plus saillant que l’autre10. Les indices
acoustiques utilisés pour calculer cette saillance se fondent
sur l’application d’un principe générique de dominance
intonative (principe DOM). Selon ce dernier, tout GI do-
mine le GI immédiatement contigu à gauche s’il est marqué
soit par une excursion fréquentielle terminale dans le ni-
veau aigu, supérieure d’au moins 1 ton, soit par une
10 Ces phénomènes de saillance ne sont pas spécifiques à la prosodie
ni sans doute même au langage, mais correspondent à des fonctions cognitives élémentaires d’organisation de formes, tels qu’on peut les rencontrer en vision par exemple Bonnet 1989).
22
descente dans le niveau infra-grave, soit enfin par un
contour terminal de pente opposée (figure 6). L’application
de DOM donne lieu au regroupement des GI en GIA
(intégration de deuxième niveau), dans le cas contraire, la
construction intonative révèle un détachement
intermédiaire. La structure intonative interne de l’énoncé
est ainsi obtenue par le test récursif gauche-droite de ce
principe d’inclusion (comparaison de GI1 avec GI2, de GI2
avec GI3, etc.), la présence du trait infra-grave (conclusif
majeur) ou d’un continuatif dominant (niveau suraigu)
représentant la condition d’arrêt de l’algorithme.
Figure 6. Exemple d’intégration intonative par application
du principe DOM
3. Interprétation fonctionnelle
L’alignement des patrons intonatifs et syntaxiques ren-
contrés permet de poser un continuum de détachement
topical, interprétable sous l’angle informatif, discursif et
cognitif.
alors le splendide ils m’ont embauchée
La plante c’est très compliqué
23
3.1. Alignement inotonsyntaxique
Les différentes configurations prosodiques, considérées
indépendamment de la syntaxe, mettent en lumière plu-
sieurs degrés de saillance thématique. Un thème est
phonétiquement peu saillant lorsqu’il entretient une relation
d’emboîtement intonatif avec le segment rhématique qui le
suit, la rupture intonative de niveau 1 indique une amorce
de détachement, la rupture de niveau 2 constitue un mar-
queur de détachement explicite (figure 7).
Figure 7. Les différents degrés de détachements intonatifs
comme indices de saillance thématique où ‘GIL’ = groupe intonatif lié, ‘GID’ = griype intonatif détaché
Ainsi, pour une même structure syntaxique à détache-
ment gauche, SN[PRO-V-(SX)] par exemple, il sera
possible de distinguer différents degrés de détachement.
Première remarque donc : ce que la syntaxe ne peut pas
coder, à savoir un continuum de détachement, la prosodie le
marque. Dans certains cas, en revanche, la redondance des
marques est fonctionnellement pertinente. Autrement dit,
un thème qui fait l’objet à la fois d’un détachement proso-
dique fort et d’un déploiement syntagmatique (entité
introduite par une proposition existentielle, ou insérée dans
une chaîne thématique) sera particulièrement saillant (cf.
exemple 12 en supra). En conséquence, pour l’observateur,
la combinaison des indices syntagmatiques et intonatifs
permet de préciser ce continuum de détachement théma-
GIL1 GIL2 GID1 GID2
Saillance thématique + -
24
tique en associant à chaque type de CET un poids, d’autant
plus fort que le détachement prosodique est important (soit
4 poids intonatifs). Pour le marquage syntaxique, on oppose
le thème extrait accompagné d’un déploiement
syntagmatique (DS+, poids 2), au thème extrait codé par un
et un seul syntagme, voire une seule unité lexicale (DS-,
poids 1).
GIL1 GIL2 GIR1 GIR2 DS+ DS- Poids de saillance
- - 1 - - 1 2
- - - 2 - 1 3
- - 1 - 2 - 3
- - - - 2 - 4
0 - - - - 1 1
- 0,5 - - - 1 1,5
Nous souhaitons commenter ce tableau par trois points :
1. Etant donné ce qui a été dit en supra, sur l’inexistence
dans nos corpus de thème inaccentué, le poids 1 n’est là
qu’à titre prospectif (dans l’attente d’une occurrence de ce
type).
2. L’intégration perceptive du détachement résulte de
deux niveaux de traitement en parallèle : syntaxique et pro-
sodique.
3. Les contraintes structurales, de nature syntagmatique,
bloquent certaines configurations prosodiques. Ainsi, un
thème qui se déploie sur l’axe syntagmatique (DS+) ne
pourra jamais être intégré prosodiquement. De prime abord
donc, il y a bien une dépendance explicite de la prosodie
vis à vis de la syntaxe. En fait, il s’agit là d’une contrainte
interne purement rythmique : la longueur du syntagme
25
thématique est, bien entendu, associée à la production
d’une chaîne syllabique trop longue pour faire l’objet d’une
désaccentuation. Ensuite, le caractère dominant du contour
marquant la fin du topic, provenant d’une instruction prag-
matique spécifique, bloque toute possibilité
d’emboîtement : l’intonème qui le marque, dominant dans
la structure intonative globale (voir aussi Rossi 1999), si-
gnale de façon iconique que l’attention de l’interlocuteur
doit se porter en priorité sur le constituant en question.
3.2. Accessibilité cognitive, stratégies illocutoires et enjeux co-énonciatifs
Selon l’approche informative adoptée par les gram-
maires fonctionnelles, le codage du topic est étroitement lié
à son degré d’accessibilité. Ainsi, pour Dik (1989)11, les
fonctions pragmatiques spécifient le statut informationnel
des constituants à l’intérieur comme à l’extérieur de la pré-
dication, en fonction du cadre communicatif d’ensemble
dans lequel ils sont employés. Cette notion de cadre com-
municatif correspond à l’évaluation de la part du locuteur
du stock d’informations pragmatiques possédé par
l’allocutaire au moment du déroulement de l’acte de com-
munication. Une telle conception de l’interlocution conduit
l’auteur à opposer différents types de topic. Un topic donné
supposera un référent qui est très saillant (donc co-
gnitivement actif) dans la représentation mentale des
interlocuteurs. Il correspond à ce sur quoi porte le discours
au moment où l’expression ainsi marquée est employée.
Les unités codant cette fonction sont la plupart du temps
morphologiquement et phonologiquement atténuées –
11 Voir François et Cornish 1995.
26
formes ∅ (ellipses), pronoms clitiques (atones) de
troisième personne (la dentiste, elle a dit qu’il fallait que tu
prennes rendez-vous). L’instruction ainsi véhiculée à
l’interlocuteur consiste à solliciter un effort cognitif faible,
le référant en question étant hautement disponible,
puisqu’au premier plan de la conscience des uns et des
autres. Un sub-topic sert à pointer un référent disponible en
puissance par l’intermédiaire d’une référence antérieure,
qui va faire l’objet à son tour d’un développement discursif.
Les référents auxquels renvoie ce type de topic sont
évidemment moins saillants que dans le cas des topics don-
nés, mais ils sont disponibles, à court terme, au niveau de la
mémoire de travail, ils sont donc semi-actifs. Le groupe
nominal défini constitue le type d’expression archétypal
pour y référer (Justine m’a prêté son cahier pour réviser,
mais les pages elles sont toutes tachées). Un topic repris
permet de réactiver un topic élaboré bien antérieurement
dans le discours mais délaissé par les interlocuteurs depuis
lors. Le référent en question est donc inactif au moment où
l’expression le ravivant est utilisée. Selon Dik, une telle
fonction est codée par un signal de changement topical en
même temps que par une expression anaphorique forte ou
explicite (nom propre, groupe nominal défini ou démons-
tratif par exemple). Quelle que soit l’unité employée, il y
aura toujours un marqueur pour signaler que le référent
pointé fait déjà partie du discours en cours (pour revenir à Charlotte, elle m’inquiète un peu en ce moment). Pour ter-
miner, Dik envisage un topic nouveau, qui correspond à
l’introduction d’un référent donné dans un discours au
moyen (prototypiquement) d’une expression indéfinie, réfé-
rent qui est destiné à faire l’objet d’une élaboration dans le
discours ultérieur (tiens ! j’ai rencontré une des grévistes ce
27
matin, tu sais ce qu’elle m’a dit ?). Ce raisonnement est, de
notre point de vue, applicable à la prosodie (configuration
GIL1 pour un topic donné, GIL2 pour un sub-topic, GID1
pour un topic repris, GID2 pour un topic nouveau). Le cri-
tère de disponibilité cognitive (ou saillance mémorielle) est
également fondamental chez Lambrecht pour expliquer le
principe de séparation du rôle et de la référence, qu’il pose
comme premier dans la construction des messages en fran-
çais parlé et dont la fonction discursive de base est
d’introduire un référent topical qui n’a pas été encore rati-
fié12 dans le discours. Certes, comme chez Dik, une
distinction purement binaire entre unité ratifiée et non rati-
fiée n’est pas suffisante, d’où l’utilisation par Lambrecht de
l’échelle d’accessibilité des référents posée par Chafe
(1987) : si un topic est toujours identifiable, il n’est pas
nécessairement actif, on a donc bien des degrés
d’accessibilité, donc de ratification, qui pourront motiver
les différents degrés de détachement intonosyntaxique po-
sés dans notre tableau précédent13. Soit le continuum sui-
vant :
12 C’est-à-dire dont le rôle topical à l’intérieur de la proposition n’est
pas encore établi. 13 Pour l’heure, nous nous soucions uniquement de l’extraction
syntaxique, celle où le topic n’occupe jamais la fonction de sujet argumental.
28
Figure 8. Topic (externe (détaché) ou interne à la clause) :
les contraintes d’accessibilité cognitive
Cette approche en terme de saillance mémorielle est
certes pertinente, mais elle n’est pas seule à justifier les
détachements intonosyntaxiques rencontrés : le locuteur
n’est pas une simple machine à produire de l’information,
encore le fait-il selon un point de vue spécifique14 et avec
un certain objectif interlocutoire. Autrement dit, si les
différentes opérations de topicalisation, associées au
mode de donation du référent, peuvent être expliquées par
le statut plus ou moins actif des référents traités, divers
facteurs énonciatifs, tels que les aspects interactionnels à
l’œuvre dans le dialogue, le contexte discursif, les visées
14 A la fonction représentative se superpose une fonction expressive.
Topic argumental Topic détaché
actif inactif
accessible
par inférence
situationnellement
textuellement
29
illocutoire et perlocutoire15, fournissent également un
cadre interprétatif pour préciser les contraintes qui sous-
tendent l’application du principe de séparation de la réfé-
rence et de la relation. Ces points nous amènent à compléter
notre figure 1.b : les instructions provenant de la structure
communicative (module pragmatique) relèvent de deux
sous-composantes : une structure informationnelle et une
structure discursive indépendante. Cette dernière détermine
les mécanismes d’enchaînement discursif, les facteurs de
négociation dialogale et les phénomènes de coloration af-
fective manifestés par l’emphase par exemple. Elle n’est,
bien évidemment, pas étrangère aux constructions par
décondensation caractéristiques de nos corpus d’étude.
15 Les messages véhiculent non seulement des informations mais aussi
des instructions pour traiter ces informations (Valduvi 1994).
Schémas intonosyntaxiques
Pragmatique : structure communicative
Structure informationnelle (thème/focus)
Structure discursive -Enchaînements discursifs -Point de vue -Coloration affective (emphase)
30
Figure 9. Les sources pragmatiques des schémas intono-
syntaxiques
Au principe de séparation du rôle et de la référence for-
mulé par Lambrecht, on peut superposer le principe de
monstration. L’essentiel, en effet, pour le locuteur, qui
construit l’énoncé par touches successives “ n’est pas tant
d’insister sur ce qu’il dit de nouveau que de bien montrer le
point d’où il part ” (Morel & Danon-Boileau 1998 : 37).
Cet angle d’attaque se superpose donc aux approches clas-
siques sur le statut des référents, qu’elles soient formulées
en termes textuels ou cognitifs (notion d’identifiabilité du
référent et de saillance mémorielle). Il fait appel à une autre
notion, fondamentale pour notre système de représentation :
celle de scène verbale :
Au cours de l’activité de parole, se produit un pro-cessus cognitif très particulier, qui consiste pour le locuteur à essayer de construire un espace extérieur à lui-même, partageable par ses interlocuteurs, et dans lequel il donne à voir ce dont il parle comme une scène projetée devant eux. L’acte d’énonciation de base serait donc constitué d’au moins deux éléments : la description d’une scène et la donnée d’un point de vue sur cette scène, ce deuxième élément étant essen-tiel pour permettre le partage de la “vision”. Victorri & Fuchs (1996 : 200).
Ainsi, la saillance et l’arrière plan sont à situer égale-
ment et surtout sur la scène verbale partagée par les
interlocuteurs, et la place d’une entité sur la scène n’est pas
toujours dépendante du fait qu’elle soit nouvelle ou déjà
connue, ou encore saillante dans la mémoire des interlo-
cuteurs. Sous l’angle de la visée illocutoire donc, les varia-
tions de saillance sont conditionnées par l’engagement de
31
l’énonciateur dans son discours et par l’effet qu’il veut pro-
duire sur son co-énonciateur (voir également Morel &
Danon-Boileau 1998). Ce point est d’ailleurs implicitement
reconnu par Dik qui ne réduit pas la notion de stock
d’informations pragmatiques à l’ensemble des données
connues par l’allocutaire, ou supposées comme telles par le
locuteur, mais qui y inclut également les croyances,
sentiments et idées préconçues du co-énonciateur. Quand
Dik affirme que la dimension topicale reflète l’évaluation
que fait le locuteur du stock d’informations pragmatiques
de son interlocuteur à tout moment du déroulement de
l’acte d’énonciation, il dit également qu’en fonction de
cette évaluation, l’objectif du locuteur est d’amener ce der-
nier à modifier d’une certaine manière ce stock, soit en y
introduisant de nouvelles entités ou de nouvelles propriétés
ou relations attribuées à des entités déjà en place, soit en
éliminant du stock en question des entités ou propriétés
données16. Autrement dit, produire un discours, c’est agir
sur l’autre et, le cas échéant, se positionner par rapport à ses
croyances, voire les réorienter. Pour ce faire, les stratégies
mises en œuvre dans l’articulation discursive sont
fondamentales. A ce titre, les constituants extra-proposi-
tionnels, détachés à gauche permettent non seulement
d’ancrer la prédication à venir, mais également de gérer
l’interaction verbale dans son ensemble et d’organiser ce
contenu par rapport au contexte discursif global. Il est donc
nécessaire d’appréhender la notion de détachement dans un
16 A l’inverse des constituants détachés, des objets de discours qui ne
sont plus relancés par l’intermédiaire de marqueurs linguistiques spécifiques auront tendance à disparaître d’eux-mêmes et à quitter la scène.
32
cadre discursif plus large que celui constitué par le segment
<thème + prédicat>. Les constituants thématiques détachés
en position frontale servent ainsi souvent à assurer la tran-
sition entre un thème développé dans une unité discursive
précédente et celui d’une nouvelle unité qu’ils servent à
délimiter. Au sein de ce cadre discursif global, l’autonomie
intonosyntaxique du thème est nécessaire pour, dans bien
des cas, lui conférer son propre statut illocutoire (cf. supra
2.1 : l’analyse de Dick). L’instanciation du segment théma-
tique correspond à la production d’un acte spécifique qui le
plus souvent constitue une reprise en écho d’un segment
antérieur dans le discours. Il est notamment très productif
dans les situations d’interaction dialogale (où tu as mis le
journal ? le journal, ben il est sur la table), Ce marqueur de
force illocutoire indique en quelque sorte la direction
d’ajustement entre le contenu propositionnel et la référence.
L’intonation est, là encore, essentielle puisqu’elle permet
de distinguer les deux fonctions que peut jouer le CET
(mode de donation d’un topic ou reprise en écho). Pour
conclure : ce constituant de tête peut jouer deux rôles qui s’excluent mutuellement. Il peut jouer le rôle de déictique17, le locuteur montre ce dont il va parler (…) dans ce cas nous dirons que T est chargé d’une valeur contextuelle référentielle, car l’allocutaire prend connaissance du référent avant de recevoir l’information qui le concerne. Dans une seconde hy-pothèse, le locuteur répond à une question explicite ou implicite de l’allocutaire (…) Dans ce cas, le constituant de tête, écho de la question, coïncide avec le donné et il acquiert une valeur contextuelle infé-rentielle, puisque de la réponse on peut inférer qu’une
17 Voir en supra, la présentation du principe de monstration.
33
question a été posée ou que simplement l’allocutaire attend une information à son sujet précis (Rossi 1999 : 65).
Ces différences sont marquées intonativement : un
thème repris en écho est nécessairement marqué par un
geste terminal dans le niveau suraigu et ponctué d’une
pause, la marge de manœuvre étant plus souple pour le
thème à valeur déictique.
4. Conclusion
L’angle d’attaque qui a été le nôtre pour aborder la
notion de détachement thématique s’inscrit dans une pers-
pective psycholinguistique, dans laquelle la notion de
représentation mentale est centrale. L’activité du langage
est vue comme la construction d’une représentation d’une
certaine réalité et selon un certain éclairage, que l’on a dési-
gnée par le terme de scène verbale et qu’on pourrait
nommer, à l’instar de Grize (1990), schématisation discur-
sive. Si le terme est d’abord appréhendé dans une
perspective dynamique et entendu au sens de processus
(construction de scène), il correspond également à un ré-
sultat (la représentation qui en dérive). Ces deux phases
convoquent et le locuteur et l’allocutaire. En conséquence,
nous avons voulu prendre en compte à la fois les méca-
nismes de production et les traitements perceptifs qu’ils
induisent, les premiers étant révélateurs des intentions
communicatives du locuteur, les seconds de son exploita-
tion par l’interlocuteur. Nous avons souhaité montrer que
derrière le principe de séparation du rôle et de la référence
se cache un principe beaucoup plus fondamental encore
pour la construction de la scène : le principe d’ancrage,
qui se matérialise dans le discours par un principe de quan-
34
tité. Pour préciser ces notions d’ancrage et de quantité : les
constituants extrapropositionnels thématiques, qui ne sont
ni des propositions, ni constitutifs d'une proposition, assu-
rent clairement une fonction de signalisation
interpropositionnelle spécifique, radicalement différente
de celle des connecteurs par exemple. Tandis que les se-
conds relient deux constituants à fonction prédicative, les
premiers établissent le lien entre fonction référentielle et
fonction prédicative, assurant ainsi à la proposition consé-
cutive un fondement référentiel (extrapropositionnel) qui
lui permet d'exercer pertinemment sa fonction prédicative.
Le principe de quantité, quant à lui, est d’abord associé à la
redondance des marques et permet d’isoler une figure thé-
matique dans un fond discursif. Il explique non seulement
la mobilisation conjointe des niveaux de traitement into-
natif et syntaxique mais également les déploiements
syntagmatiques éventuels sur le segment thématique et/ou
le nombre de traits prosodiques et les seuils activés pour
produire une figure thématique, la configuration {+ample,
+aigu, +pause} marquant l’application phonétique proto-
typique d’un tel principe (voir l’hypothèse de l’effort
articulatoire chez Gussenhoven 2002). Nous avons voulu
montrer ensuite que les différents degrés de détachement
intonatif mobilisés pour actualiser une figure thématique
sont à corréler simultanément avec des critères informatifs
et discursifs. Sous l’angle informationnel, il s’agit de régler
les problèmes de l’accessibilité référentielle. Du point de
vue discursif, les détachements variables sont liés aux
enjeux co-énonciatifs (correction d’une présupposition
pragmatique ou d’une croyance erronée, négociation de
point de vue par exemple) et aux problèmes de cohésion
textuelle. Dans tous les cas, les différents schémas théma-
35
tiques rencontrés répondent au principe général de
pertinence, selon lequel un énoncé est d’autant plus perti-
nent que le coût cognitif pour le comprendre est faible :
l’activation d’unités thématiques saillantes permet une co-
construction de la scène verbale plus immédiate, cette der-
nière subissant au cours de l’échange verbal des transfor-
mations, jusqu’à un état final stabilisé car partagé par les
interlocuteurs. A partir de ce stade, les objets de discours
n’ont plus à être relancés et les détachements thématiques
se font de plus en plus ténus jusqu’à disparaître complète-
ment.
Un tel angle d’attaque pourrait être avantageusement
enrichi par une prise en compte des facteurs relatifs aux
problèmes de planification du message (mémoire et éco-
nomie cognitive, ordre de stockage des informations,
processus d’encodage, récupération de l’information en
mémoire, etc.). Cela suppose que les expérimentations ef-
fectuées sur l’écrit puissent être transposées judicieusement
sur l’oral (voir. Olive 2002 pour un bilan des différentes
techniques d'expérimentation).
36
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