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Correction de l’examen blanc du 12 Novembre TEXTE DE TRISTAN CORBIERE

Correction de l’examen blanc du 12 Novembre

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Correction de l’examen blanc du 12 Novembre

TEXTE DE TRISTAN CORBIERE

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« PETIT MORT POUR RIRE »

• Signification du titre: jeu de mots: « un petit mot pour rire »• Position du poème dans les « Rondels pour après »• Le rondel, forme d’origine médiévale, composée de douze ou treize

décasyllabes et qui ne présente que deux rimes.• Dans cette forme, on remarque l’existence d’un refrain que Corbière

réduit à la répétition du premier vers à la fin. • Exemple typique de rondel du XVe siècle de Charles d’Orléans:

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Le temps a laissié son manteauDe vent, de froidure et de pluye,Et s’est vestu de brouderie,De soleil luyant, cler et beau.Il n’y a beste, ne oyseau,Qu’en son jargon ne chant ou crie :Le temps a laissié son manteauDe vent, de froidure et de pluye.Riviere, fontaine et ruisseauPortent, en livrée jolie,Gouttes d’argent et d’orfaverie,Chascun s’abille de nouveau.Le temps a laissié son manteau.

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Les « Rondels pour après »

• En choisissant le rondel, Corbière prend une forme légère, mélodieuse qui rappelle les chansons populaires.• Tous les « Rondels pour l’après » évoquent la mort du poète lui-

même, qui s’adresse toujours à son être posthume à la deuxième personne du singulier. Le premier de ces rondels se nomme d’ailleurs « Sonnet posthume ». • Ils ont tous la même tonalité et la même intention. Il convient d’en

noter la similitude.

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Intentions communes des « Rondels pour après ».• Ils imaginent tous le poète sous forme de cadavre, pendant les

honneurs funéraires ou dans son tombeau. • Ils montrent une commisération pour le sort du pauvre corps menacé

mais jamais réellement touché par le comportement grossier des vivants. La mort est souvent assimilée au sommeil et le poète à l’enfant.• Ils insistent sur la nouvelle parure du poète mort, sa nouvelle

compagnie : les fleurs, le vent.• Ils attribuent une postérité aux vers du poète et la qualifient de

diverses façons, plus ou moins nobles, plus ou moins ironiques.

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Qualifications du poète dans « Rondels pour après »• I) « Sonnet posthume » : « Dors : on t’appellera beau décrocheur d’étoiles ! / Chevaucheur de rayons !  »• « Museleur de voilette ! »• II) « Rondel »: « Il fait noir, enfant, voleur d’étincelles !  »• III)« Do, l’enfant, do »: « Tu n’auras pas peur seul, pauvre petit ?…  »• IV)« Mirliton »: « Dors d’amour, méchant ferreur de cigales !  »• V)« Petit mort pour rire »: « Va vite, léger peigneur de comètes !  »• VI) « Male-fleurette » : « Ici reviendra la fleurette blême. »

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La figure du poète dans « Rondels pour après »• Corbière maintient la tendance générale des Amours jaunes qui jettent un regard amusé

sur la poésie, passe-temps léger et sans prétention. • Dans le même temps, pour la première fois dans le recueil, il reprend certaines images

romantiques en les infléchissant, images qui sont par exemple représentées par le poème de V. Hugo « Fonction du poète » : « Il rayonne! il jette sa flamme / Sur l'éternelle vérité ! / Il la fait resplendir pour l'âme / D'une merveilleuse clarté. / A tous d'en haut il la dévoile; /Car la poésie est l'étoile /Qui mène à Dieu rois et pasteurs ! »

• Mais on notera que chez Corbière, le poète est celui qui saisit l’insaisissable et le fugitif : comètes, étincelles, étoiles. Il réalise l’impossible et l’immatériel, mais cela seulement après sa mort, tandis que lui n’est qu’un pauvre enfant plongé dans le noir, un cadavre, dont la poésie continue néanmoins à flotter dans l’air et à déranger les bourgeois.

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Autres références constantes des « Rondels pour après »• Le poète (vivant) est associé à la misère et à la bohème: I) « - Qui dort dîne. — À tes dents viendra tout seul le foin  ». VI) « — C’est la male-fleur, la fleur de bohème. —  »• Les morts sont associés au poète (contrairement aux vivants). En un sens,

tous les morts sont poétiques. IV): « La Muse camarde ici posera, /Sur ta bouche noire encore elle aura /Ces rimes qui vont aux moelles des pâles…  ». VI) « Elle connaît bien tous ses trépassés !  »• Les vivants, représentés par les bourgeois, les religieux, les indifférents, sont

désignés avec mépris. I): « Doux fumet !… pour la trogne en fleur, pleine de moelle /D’un sacristain très-bien, avec son éteignoir.  » III): « Du fesse-cahier ne crains plus la verge  »  « — Il n’est plus, ici, de concierge  » VI): « — Oh ! ne craignez pas son humble anathème / Pour vos ventres mûrs, Cucurbitacés !  »

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Références constantes (suite)

• La nature entoure le corps mort comme s’il était un corps vivant, comme si elle le soignait. Les éléments naturels sont choisis pour leur valeur symbolique: II) « Immortelles », « fils-de-la-Vierge », « muguet », « cigale », « rosée », « rafale », « vent du sud ». • La mort est un lieu où le poète retrouve l’amour. Ce n’est certes pas un

amour sensuel. Mais l’amour plane autour de lui comme la poésie: II) « Dors… en attendant venir toutes celles / Qui disaient : Jamais! Qui disaient: Toujours!  » IV): « Dors d’amour » • La mort ne semble pas ouvrir sur un autre monde pour le poète. Mais il

y a un espoir réel car c’est le monde naturel, et en particulier celui qui entoure le tombeau, qui devient poétique.

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« Petit mort pour rire » : la polysémie• Certaines allusions et expressions du poème ont été mal comprises.• Les « feux follets » sont des apparitions lumineuses qui surviennent la nuit,

particulièrement dans les marais et les cimetières. On a pu démontrer qu’elles sont liées à la décomposition de la matière organique. Bien des légendes y sont rattachées. • Les amourettes (le muguet) et les myosotis sont des fleurs joyeuses et non des

fleurs de cimetière. Elles poussent au printemps et dans les champs. Les amourettes sont bien sûr les fleurs de l’amour et les myosotis les fleurs du souvenir.• Les croque-morts sont les personnes qui s’occupent de mettre les morts dans

les cercueils et de les enterrer. « Être un simple jeu » signifie, être très facile, très léger, n’opposer aucun obstacle.

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La polysémie (suite)

• « faire le lourd »: au sens figuré, être pompeux inutilement, s’étendre sur un sujet qui n’a pas d’importance. • « sonner (le) creux »: au sens figuré, être faux, dénué de

fondement. »• « les bourgeois »: le bourgeois, ici, s’oppose directement au

« bohème », à celui qui vit une existence marginale et misérable.

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• VA vite, léger peigneur de comètes !Les herbes au vent seront tes cheveux ;De ton œil béant jailliront les feuxFollets, prisonniers dans les pauvres têtes…

Les fleurs de tombeau qu’on nomme AmourettesFoisonneront plein ton rire terreux…Et les myosotis, ces fleurs d’oubliettes…

Ne fais pas le lourd : cercueils de poètesPour les croque-morts sont de simples jeux,Boîtes à violon qui sonnent le creux…Ils te croiront mort — Les bourgeois sont bêtes —Va vite, léger peigneur de comètes !

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Plan du commentaire

I. Une vision matérielle de la mort1) La représentation du cadavre2) La mort concrète est le domaine des bourgeoisII. La mort créatrice1) Mort et fertilité2) Domaine de la légèretéIII. Mort et sublimation poétique3) Une multiplication de symboles4) Une transfiguration universelle qui incarne une victoire poétique

provocatrice.