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  • N 1 2 2 1 E R T R I M E S T R E 2 0 0 6 MODERNEMODERNE

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  • DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :Anne Bernard-Gly DIRECTEUR DE LA RDACTION :Roland Dallemagne CONSEILLERS TECHNIQUES : Patrick Guiraud, Serge Horvath, Franois LHuillier CONCEPTION, RDACTION ET RALISATION : LAGENCE PARUTION 41, rue Greneta 75002 Paris RDACTEUR EN CHEF :Norbert Laurent RDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Maryse Mondain SECRTAIRE DE RDACTION :Philippe Franois MAQUETTISTE :Sylvie Conchon DESSINS TECHNIQUES ET PLANS :Xano Pour tout renseignement concernant la rdaction, tl. : 0153007413 ; fax :0153230110 La revue Construction moderne est consultable sur www.infociments.fr Pour les abonnements : envoyer un fax au 01 55 23 01 10 ou un e-mail [email protected]

    ditorialCe dbut danne 2006 est marqu par le lancement desbourses Cimbton, initiative mene en alternance avec le concours Btons,matire darchitecture.Les tudiantsdes coles darchitectes et dingnieurs se voient ainsiproposer trois bourses dun montant total de 8000 euros,destines financer des projets abordant lusage du bton.En parallle,Cimbton prpare activement la 8e sessiondu concours Btons,matire darchitecture, lance ds la rentre universitaire 2006-2007, sur le thmeRenouvellement urbain et valorisation des initiatives locales.On notera cette occasion la prsence de lUnesco comme nouveau partenaire de Cimbton.Toutes ces actions et dautres encore illustrent la volont de Cimbton et de lindustrie cimentire de simpliquer dans la formationdes futurs architectes et ingnieurs.Dans ce mme esprit et fidle sa ligne ditoriale,Construction moderne tmoignede la crativit de larchitecture contemporaine en bton,source dinspiration des professionnels de demain.

    ROLAND DALLEMAGNEDirecteur de la rdaction

    7, place de la Dfense 92974 Paris-la-Dfense CedexT l . : 01 55 23 01 00 Fax : 01 55 23 01 10

    E-mail : [email protected] internet : www.infociments.fr

    >> CouvertureLIUT du quartier du Val-dArgent, Argenteuil,

    sign Jean-Pierre Lott.

    Photo : Jean-Michel Landecy.

    Sommaire n122

    >> PAGE 01> Reims Centre des musiquesArchitecte : Jacques Ripault

    >> PAGE 15 >Le nouvel ge des parkings urbains

    >> PAGE 05 > Cannet-Rocheville MaisonsArchitectes : Comte & Vollenweider

    >> PAGE 23 > Argenteuil IUTArchitecte : Jean-Pierre Lott

    >> PAGE 09 > Vieilley Groupe scolaireArchitectes : B. Quirot & O. Vichard

    >> PAGE 28 > Saint-Germain-la-Blanche-Herbe ArchivesArchitecte: Bruno Decaris

    >> PAGE 12 > Rennes LogementsArchitecte : Jean Guervilly

    >> PAGE 31 > Portrait Architectes: Juan Carlos Sancho & Sol Madridejo

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  • r a l i s a t i o n Reims (51) Centre des musiques

    Vaisseau immobilepour mouvements musicaux>>> La Cartonnerie de Reims est un quipement culturel novateur, ddi aux musiques et aux

    cultures actuelles. Ce lieu davant-garde dessin par larchitecte Jacques Ripault est essentiellement

    conu pour la diffusion et la cration des musiques rock, reggae, world, jazz, rap, techno, lectro,

    blues, etc., mais dautres formes artistiques telles que les arts de la rue, le multimdia ou les arts

    plastiques y ont aussi leur place. Un btiment trs ouvert dans son esprit, donc, qui se prsente comme

    un vaste vaisseau minral mis en valeur par ses volumes de bton brut ou lasur en vert bouteille.

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  • Plus quune salle traditionnelle deconcerts, la Cartonnerie qui a ouvertses portes le 25 fvrier 2005 Reims estun quipement culturel novateur, ddiaux musiques et aux cultures actuelles. Ilexiste encore peu de programmes de cetype en France ; la Cartonnerie proposedonc un lieu davant-garde et surtoutpilote en la matire. En effet, cet qui-pement de 4000m2 est essentiellementconu pour la diffusion et la cration demusique rock, reggae, world, jazz, rap,techno, lectro, blues, ou encore de chan-son franaise. Il offre aussi un outil per-formant au service de laccueil, de la for-mation et de laccompagnement desmusiciens, amateurs ou professionnels.Au-del de cette vocation principale, laCartonnerie est aussi largement ouverte dautres formes artistiques telles que lemultimdia ou les arts plastiques.

    Un quipement de nouvellegnration

    Ds la premire anne, lquipe encharge de lanimation et du bon fonc-tionnement des lieux a atteint son objec-tif de 80 100 concerts programms paran pour les deux salles. Laffluence auxspectacles et le nombre des abonne-

    ments dmontrent que cet quipementde nouvelle gnration et les activits quisy droulent rencontrent un franc succsauprs du public jeune et tudiant auquelil sadresse en premier lieu. La reconnais-sance des artistes est aussi au rendez-vous. Superbus, Cali, Louis Bertignac,Indochine, Dionysos,Arthur H, Le Peuplede lherbe, Mickey 3D et bien dautressont venus en concert au cours de lanne 2005. Mais la scne de la Car-tonnerie nest pas un lieu litiste rserv aux stars de renomme nationale ouinternationale. Elle est aussi ouverte aux groupes et aux artistes de la rgion Champagne-Ardenne, ainsiquaux dbutants et autres amateurs quipeuvent sy produire et par-l faireconnatre leur rpertoire un plus largepublic. La vocation de la Cartonnerie ne

    se limite pas aux concerts. Diffrentesactivits en relation avec les culturesactuelles sont proposes. Le Kiosque estun centre dinformation sur les musiqueset cultures actuelles, qui possde unfonds documentaire audio, vido, Inter-net et papier consultable sur place et enpartie empruntable. Des fanzines et deslivres y sont galement destins lavente. Le Kiosque propose aussi un ren-dez-vous hebdomadaire pour dcouvrirou approfondir un thme ou une probl-matique en lien avec les musiques etcultures actuelles. Dans un volume enverre color, la Cyber-base constituepour sa part un centre de ressource mul-timdia destin tous les publics. Elleoffre un lieu daccs aux nouvelles tech-nologies de linformation ou de la com-munication et propose des ateliers dini-

    tiation ou de formation de niveauxvaris au montage vido, au logicielPhotoshop, la MAO, etc.

    Prestations davant-garde

    La Cartonnerie met galement la dispo-sition des musiciens amateurs ou profes-sionnels sept studios de rptition et unstudio denregistrement. Ce dernier per-met de raliser des maquettes et desprproductions non commercialisables. Ilest aussi possible de faire des enregistre-ments live, le studio tant cbl sonavec les deux salles de concerts. La Car-tonnerie reoit galement des artistes enrsidence. Ils ont la possibilit dutiliserlune des deux salles, de solliciter lescomptences et les moyens de la Carton-nerie pour mettre au point une tourne

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  • de concerts ou dvelopper un travail sp-cifique sur leur rpertoire, les lumires, lascnographie, la mise en scne, etc. Parsa capacit daccueil et par la diversitde son offre, la Cartonnerie est un qui-pement unique dans la rgion Cham-pagne-Ardenne et bien des gards pr-curseur au niveau national.

    Comme un vaisseau minral

    Conue par larchitecte Jacques Ripault,cette maison des musiques actuellesprend place sur le site dune ancienneusine de cartonnage (Dropsy Carton), langle des rues Philippe et du Docteur-Lemoine. Cette implantation choisie enconcertation avec les futurs occupantsprsente lavantage dtre proche ducentre-ville et bien desservie par lestransports en commun. Du fait quil estsitu dans un quartier industriel en coursde transformation, le site est isol deslieux dhabitation, ce qui carte les pro-blmes lis aux nuisances sonores et auxmouvements de foule inhrents ce typedouvrage. Le nom de baptme du bti-ment, enfin, est un clin dil lancienneactivit industrielle du lieu. Cette dno-mination tisse un lien avec le pass touten voquant par sa consonance linten-

    sit et la diversit des sonorits musi-cales actuelles, ainsi que lnergie cra-trice des musiciens.La Cartonnerie se prsente comme unvaste vaisseau minral install en prouedun espace trs allong. Le soulve-ment des deux salles de concert donne lesentiment dun volume gnral sus-pendu au-dessus du sol. La compositiondes masses opaques en bton, brut oulasur vert, et des parois transparentessouligne cette mise en tension de lamatire et lquilibre des diffrents l-ments qui sculptent le volume global. Lesparois en bton brut enveloppant lesdeux salles sont animes par le rythmedes carteurs de banches et la rptitiondun module rectangulaire, dessin parle calepinage des joints creux. Elles sontrevtues dune lasure vert bouteille quileur donne une brillance cristalline. Lesvolumes en saillie des loges, de ladmi-nistration et de loffice, les volumes enretrait des studios de rptition, du sasdentre ou du foyer, sont en bton grislaiss brut. Soulignant lemplacement deces lieux spcifiques, ils viennent commeautant de ponctuations participant lquilibre de la composition gnrale.Sur la rue du Docteur-Lemoine, le porte--faux de la grande salle de concert

    constitue un signal fort et affirme la pr-sence de ldifice dans la ville. Il vientpartiellement en auvent sur le parvis,assurant larticulation entre la rue etlentre principale. Dalles de sol et ban-quettes en bton fabriquent ce parvispublic et lui donnent la prennit quiconvient un lieu soumis au pitinementde la foule attendant le dbut dunconcert, voire lexpression des figuresde style des pratiquants de roller, deskate-board et autres formes dani-mations spontanes.

    Le projet sorganise sur quatre niveaux

    Lors de notre premire visite dans cequartier de friches industrielles, nousavons dcouvert un terrain vague dbar-rass de toute construction et bord parune voie ferre longeant en contrebas larue Philippe, prcise Jacques Ripault.Nous avons souhait donner une go-graphie au site dimplantation du projeten crant un talus vgtal en bordure de

    la rue Philippe. Appuy sur un grandmur de bton brut, ce talus artificielconstitue une vritable faade qui vientmasquer et attnuer la prsence dugrand parking situ larrire du bti-ment. Il est aussi utilis comme unerampe permettant daccder directe-ment ltage dans les salles, do despossibilits daccs diffrencies enfonction des programmations des deuxsalles. Cet amnagement fait partieintgrante de notre projet et lancre dansle site, reprend Jacques Ripault. Lqui-pement se structure et sorganise partirde trois lieux principaux, une grandesalle de diffusion de 1 200 places, unepetite salle de rencontres musicales de400 places, sept studios de rptition etun autre denregistrement. Le projet sergle sur quatre niveaux (R+3) selon unprincipe de coupe longitudinale en quin-conce qui alterne le ple de rencontresmusicales et la grande salle, et les asso-cie de part et dautre dun foyer-atriumvertical, lui-mme en balcon sur le halldentre et parcouru par les escaliers.

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    >>> Le volume soulev de la grande salle vient en auvent sur le parvis.Les loges des artistes sont disposes en saillie sur le ct, comme une

    ponctuation qui participe lquilibre de la composition gnrale. Le volume

    en bton brut de ladministration merge de la faade en bton revtue

    dune lasure vert bouteille. Le hall dentre se dveloppe sous la grande

    salle. Lespace double hauteur du foyer est en surplomb sur le hall.4

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  • Dans le prolongement du parvis et delauvent, le hall dentre se dveloppesous le volume soulev de la grande sallede concert. Il est bord sur sa gauche parles espaces consacrs au Kiosque et laCyberbase, auxquels sajoute lespace-radio, une pice amnage pour effec-tuer des interviews. Le comptoir enbton, commun au ple daccueil et aubar de jour, se dploie du ct droit. Lessept studios de rptition et le studiodenregistrement sont installs larriredu btiment, en contrebas du hall den-tre auquel ils sont relis par une rampeintrieure. Un jeu de rampe et descalierles relie aussi directement lextrieur.Rservs aux musiciens, ces locaux sontisols et loigns des zones ouvertes aupublic. Le hall dentre se prolonge parun gnreux escalier qui conduit unpalier en surplomb donnant accs les-pace de rencontre musical baptis leCabaret. Dans cette salle, une scne, unbar et des galeries latrales (lounge)sorganisent autour de la piste de danse(dancefloor) amnage en contrebasdans un videment du plancher. Lesca-lier conduit ensuite au deuxime tagevers lespace double hauteur du foyer-atrium qui se prolonge vers lextrieurpar une passerelle le reliant au talus. Le

    public peut ainsi rejoindre le parkingdirectement sans passer par le hall, ouprendre lair pendant les entractes. Leniveau bas de la grande salle de dif-fusion, qui contient 1 050 personnesdebout, souvre directement sur le foyer.Un balcon en gradins dune capacit de150 places assises surplombe le parterre.Il se prolonge lextrieur de la salle parune galerie au troisime tage quidomine le foyer. La salle est longe sur lect est du btiment par des espaces dedgagement, les locaux de stockage dumatriel et les quatre loges des artistes.Dans chaque loge une fentre verticaleouvre sur la cathdrale de Reims et lalumire naturelle. Un office et une sallede repas et de dtente des artistes com-pltent lensemble. Les bureaux de lad-ministration sont aussi installs audeuxime tage. Ils sont accessibles parle foyer ou depuis lextrieur par la pas-serelle reliant au talus.

    Un quipement exigeant

    Un quipement de ce type prsenteune grande complexit, constate larchi-tecte. Plus de 1600 personnes peuventtre prsentes simultanment dans lebtiment, dans un environnement musi-

    cal intense et une ambiance survolte.Les rgles appliques en matire descurit et dacoustique sont draco-niennes. De plus, un tel ouvrage doit tresolide pour rsister aux sollicitationsdun public enthousiaste qui bouge entous sens. Au-del de lcriture architec-turale, le matriau simposait ici dunpoint de vue technique pour rpondreaux exigences exprimes en matiredacoustique, de scurit incendie et debudget. Les deux salles de concerts, lesstudios de rptition et denregistrementsont des botes opaques et massives enbton qui ne laissent chapper aucunson en direction du voisinage ni mmedes salles entre elles. Les sols en btonainsi que les bars et banques daccueilen bton revtus dune lasure incolorecombinent esthtique et robustesse.Le projet dessin par Jacques Ripaultdonne la Cartonnerie une vritableidentit dans la ville par la puret de sonarchitecture, qui allie dans un mmegeste force et recherche.

    TEXTE : NORBERT LAURENT

    PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS

    r a l i s a t i o n Reims (51) Centre des musiques

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    >>> La grande salle de diffusion vue depuis la scne. Sa capacit est de 1200 places dont 150 assises, ce qui porte 1600 le nombre maximal

    de personnes prsentes dans le btiment. Robustes et esthtiques, sols

    et mobilier en bton participent lamnagement des espaces intrieurs.

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    Matre douvrage:ville de Reims

    Matre douvragedlgu:SAEM Reims Dveloppement

    Matre duvre:Jacques Ripault architecte;

    chef de projet :Bettina Ballus

    BET/conomiste:IGREC

    Scnographe:AS2E

    Acousticien:LASA

    Entreprise gros uvre:Cari Thouraud

    SHON:4000m2

    Cot:

    6,12 MHT

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  • r a l i s a t i o n Cannet-Rocheville (06) Maisons

    Lconomie au sens tymologique >>> Offrir de lair, de la lumire et du paysage pour un budget plus que limit, tel est lenjeu

    que le jeune architecte niois Stphane Vollenweider sest fix en rponse la consultation lance

    en 2002 par lhpital de Cannes pour la ralisation de quatre logements de fonction destins

    aux cadres de ladministration. Dune ligne rythme et pure, les nouvelles habitations tiennent leur

    promesse: grce lutilisation dun bton brut de dcoffrage ou directement peint en blanc,

    leurs silhouettes volontaires composent harmonieusement avec un beau paysage mditerranen.

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  • L objectif conomique fix pourlopration par le matre douvragegelait le prix au mtre carr de SHON 1 000 euros hors taxes, soit un budgetcomparable des prestations de loge-ment social. Soucieux dviter le reprochede dpenser excessivement largentpublic pour loger ses cadres, en effet,lhpital ne souhaitait pas laisser la place la fantaisie et lostentation. Cette dif-ficult na pas rebut Stphane Vollen-weider.Accdant ainsi lune de ses pre-mires commandes publiques, il se feraau contraire un dfi darriver crer deslogements de qualit offrant non seule-ment du volume, mais aussi des mat-riaux nobles, tout en respectant lenve-loppe du budget.

    Une lgre pente qui descendvers la mer

    Malgr les difficults dues au contexteconomique plutt serr, le projet bn-ficie dun vritable atout: son site. Duneforme plutt allonge, il est marqudans sa largeur par une dclivit est-ouest. Cette lgre pente permet dedgager de superbes vues vers la mer, lerocher rouge de lEstrel, et enfin le mas-sif de la Croix-des-Gardes qui se pare de

    la couleur dore des mimosas en chaquedbut danne. Ce terrain, situ proxi-mit de lhpital de Cannes, dans lequartier rsidentiel du Cannet-Roche-ville, sur les hauteurs de lagglomration,est plong dans un contexte urbain prin-cipalement constitu de maisons de villedatant du milieu du XXe sicle et forte-ment marqu par la prsence des murssparatifs traits comme des lments declture qui partitionnent et individuali-sent chacun des terrains.Cest en contrepoint de cette culture dumur sparatif, pour reprendre sonexpression, que larchitecte va laborer

    son parti, en transposant la maison elle-mme le rle de partition et dlment declture de faon que ce soit le bti lui-mme qui constitue sa propre protectionpar rapport aux voisins, la maniredune vritable enceinte. Larchitectepoursuit en expliquant que dans cecontexte particulier qui est de concevoirdes logements pour des personnes qui sectoient dj dans le monde du travail, laproblmatique de lintimit tait particu-lirement importante. Laspect monoli-thique des murs constitus de bton ren-force cette ide denceinte et dintimit.Le parti de trouver une forme centripte

    en sinspirant de la typologie de la mai-son patio a permis, par ailleurs, de lib-rer le reste du terrain de tout autre l-ment sparatif, lobjectif tant decantonner lensemble de ce budget limit la seule habitation et de supprimer ainsiun poste important du budget.

    Confort et fonctionnalit

    Lensemble saligne paralllement lalimite est du terrain et constitue unebande forme par la succession desquatre villas traites de faon identiquecomme quatre querres de bton lib-

    r a l i s a t i o n Cannet-Rocheville (06) Maisons

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    jardin privatifjardin privatif

    jardin privatif jardin privatif

    1 - hall 2 - cuisine 3 - repas 4 - salon 5 - bureau 6 - cave 7 - cellier

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  • rant en leur centre un espace extrieurprivatif. Chacune des habitations reprendla mme organisation et superpose systmatiquement un volume en L des-tin la zone jour, un simple paralll-pipde en porte--faux regroupant lespices de nuit.Au rez-de-chausse, entre, cuisine etsalle manger sorganisent en enfilade,rassembles dans un mme volume. lextrmit de la salle manger, levolume se dveloppe en extension verslouest pour accueillir le salon. Troismarches placent la pice au plus prs duterrain naturel en continuit avec les-pace extrieur. Ce volume en saillie des-sine lespace du jardin privatif. Cal ausud et lest par les deux lments de cevolume en L, il est referm au nord par ledos aveugle de la maison prcdente,alors que son quatrime et dernier ctprofite du superbe paysage.

    Mieux quun garage,un porche

    ltage, le paralllpipde rassembleles trois chambres et leurs salles de bain.Il forme un porte--faux pour abriterlentre au rez-de-chausse et crer unporche qui, dans la mme logique de

    soustraction par laquelle larchitectesest dlivr des cltures extrieures,libre le sol pour la circulation et le par-king et permet ainsi de supprimer levolume du garage. Le traitement en sola-rium de la toiture du volume du salondonne la possibilit daugmenter les-pace privatif extrieur et de profiter aumaximum des vues lointaines sans pourcela crer de gne avec les voisins.

    Spatialit

    Dans ce contexte particulier de villasde fonction, la maison ne doit en aucuncas demeurer une performance indi-viduelle ; elle doit, au contraire, trecapable de duplication, comme du loge-ment collectif, commente larchitecte.Rien voir avec la conception dune mai-son pour des clients particuliers. Ici, il fal-lait rpondre un simple programme, etconcevoir des lieux capables daccueillirlexpression de chacun. En effet, la ra-lisation rvle la qute dun back-ground apte assurer lessentiel de lavie quotidienne, sans faire obstacle sespossibles volutions ou aux gots parti-culiers des personnes qui se succderontdans les maisons. Lespace ouvert sug-gre cette capacit voluer, la neutra-

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    >>> Les villas s'organisent en enfilade. Un volume trait en redent abrite un rangement extrieur qui marque chacune des entres.

    Ct cour, le dessin des baies forme une composition lisible aux

    diffrentes chelles : celle de la villa elle-mme mais aussi de l'ensemble.

    Ct jardin, le jeu de superposition des volumes en redent

    ou en retrait privatise les espaces extrieurs qui peuvent ainsi demeurer

    ouverts. Et la toiture du volume du salon, traite en solarium, permet

    de profiter des vues lointaines sans gne pour les voisins.

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  • lit, la simplicit et la qualit des mat-riaux tant la garantie de cette souplesseet de cette prennit.Cette qute associe la recherche per-manente dconomie a pouss larchi-tecte conserver les seuls lmentsjugs indispensables. De la mme faonquil a confr aux lments structurelsdu bti le rle de clture extrieure, St-phane Vollenweider a recherch unetrame qui permettait de leur attribuergalement le rle de partition intrieure,de faon supprimer toute cloisonsuperflue.

    conomie et prestations de qualit

    Dans la mme dmarche, les baies ontt positionnes aux endroits nces-saires pour apporter lair, la lumire etles vues. Larchitecte a su garder destailles standard dans les volumes secon-daires pour sen offrir dautres,hors stan-dard,aux endroits stratgiques de lesca-lier ou de la triple baie du salon orienteau sud. Cest grce cette recherchepermanente de gestion du projet que lematre duvre a pu introduire des pres-tations de qualit et soffrir des mat-riaux comme du bton coul en place

    pour constituer la structure, de lalumi-nium et du bois pour la menuiserie, oude beaux carrelages de 30x60 cm pourle second uvre.Larchitecte confie que la volont deconstruire en bton coul laiss appa-rent tait inhrente la conception pourretrouver une ide de muralit et depesanteur de la matire. Mais elle neprend ici tout son sens que dans la coh-rence projectuelle, cest--dire dansltroite relation qui a uni la pense spa-tiale la pense technique pendant laconception, et qui est parvenue fairerespecter les enjeux programmatiques etles objectifs conomiques du projet.Ces lignes pures sont en effet dessi-nes de faon respecter les portescommunes, et dautre part nutiliserquun seul type de banche. Lutilisationdes banches dangle a ici t cartepour demeurer dans des mises en uvresimples au moment du chantier, acces-sibles des entreprises de toute taille.Poursuivant la logique, larchitecte a calles reprises de banches moins de 5mpour limiter lutilisation des engins delevage et le nombre de banches utilises. une poque o les ressources tech-niques et plastiques du matriau btonautorisent toute forme et tout aspect de

    surface, larchitecture est reste duneextrme sagesse et dune relative simpli-cit de volumes, faisant du rapport lconomie la raison dtre du projet etde lemploi du bton.Par la cohrence de sa dmarche, onpeut aller jusqu dire que Stphane Vol-lenweider a su rapprocher le mot cono-mie de son sens originel, le grec oikono-mia qui vient directement du mot oikoset signifie la maison, entendue commeune entit sociale qui vhicule une idedquilibre entre dpense et effet obtenu.Cette ide dconomie qui nimplique-rait pas un moindre cot mais de justesdpenses par rapport leffet attendu, serapproche des objectifs contemporainsfixs par le dveloppement durable.Cest dans ce contexte que la construc-tion de ces quatre maisons renouvelle latrs actuelle problmatique de la formeurbaine de la maison de ville en lui fai-sant redcouvrir justesse et conomie.Un bel exercice dquilibriste

    TEXTE : SOLVEIG ORTH

    PHOTOS : HERV ABBADIE

    r a l i s a t i o n Cannet-Rocheville (06) Maisons

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    >>> l'extrmit Nord, la dernire villa emprunte le mme vocabulairemais cre une variation sur le mme thme, avec un volume plus haut et

    un porte--faux orient perpendiculairement aux autres, de faon conclure la

    composition. l'intrieur, l'escalier forme un espace singulier dont la lecture

    est volontairement brouille par les multiples reflets des baies entre elles.

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    Matre douvrage:hpital de Cannes

    Matre duvre:Stphane Vollenweider Comte & Vollenweider

    BET structure:Setor

    Entreprise gros uvre:Dalmasso

    SHON :798 m2

    Cot:

    790 000 HT

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  • r a l i s a t i o n Vieilley (25) Groupe scolaire

    Un bijou de bton dans son crin de verdure>>> La petite cole primaire de Vieilley, dans le Jura franais, est la premire russite dun projet

    inachev. L, entre la plaine et la montagne, deux btiments devaient tre construits dont

    lun seulement lest effectivement aujourdhui. En balcon sur le paysage, ce petit bijou de bton

    est enchss dans le site avec pour crin de verts contreforts. Ses architectes, Bernard Quirot et

    Olivier Vichard, avaient pour but principal de donner aux utilisateurs de ce petit btiment tous

    les plaisirs de la forme et tous les bonheurs de la lumire. Cest maintenant chose faite.

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  • Ce projet nest pas achev car le bti-ment parallle constitutif du mmeprojet nest pas encore bti. Balcon etprau sur le paysage sont raliss, maisseul un ct de la masse construite estprsente. Pourtant, bien quorphelin, lebtiment existant donne dj voirtoutes ses qualits.Du fait dun montant dhonoraires inf-rieur au seuil partir duquel le matredouvrage public est tenu louverturedun concours, le choix des architectes delcole primaire de la commune de Vieilleysest effectu sur simple entretien. Unepratique que les architectes Bernard Qui-rot et Olivier Vichard disent apprcier, carle processus donne la possibilit de dis-cuter trs en amont avec le matre dou-vrage, sur la future image de lcole mais

    aussi sur la ralisation du programme etdu projet. Le maire a ainsi particip per-sonnellement cette aventure hauteintensit architecturale.

    Un emplacement idal aux yeux des architectes

    Le terrain choisi est trs extrieur aucentre ancien du village o se trouvaitprcdemment lcole primaire, illustrantainsi une volont de dsencombrer lecentre des bus scolaires. Et sil apparais-sait pour les habitants comme un peuexcentr, en priphrie pavillonnaire, ilsest rvl aux architectes comme unsite pratiquement idal. La parcelle estlargement ouverte sur la plaine, adosse de magnifiques contreforts monta-

    gneux, avec en outre lassurance quau-cune construction ne sortira de terre surtrois de ses limites. Lide du projet,dailleurs, est venue du site, car celui-ciest trs caractristique de la rgion, avecdun ct la plaine et sa rivire et delautre de raides versants. Cette opposi-tion se retrouve dans la construction ola galette du bti reprsente la plainequand la courbe de toiture du prau faitcho aux collines. Lide est lmentaire;et elle est belle.Lcole est trs petite avec trois classes,un bureau pour le directeur, une micro-infirmerie, une chaufferie, des range-ments ad hoc. Le parcours est simple.Dabord un auvent avec un banc pourabriter les enfants leur sortie ou danslattente du bus scolaire. Puis un vastecouloir rectiligne avec dun ct les ser-vices et les sanitaires, et de lautre lessalles de classe avec de grandes fentresouvertes sur la nature. Pour finir, danslaxe, un prau extrieur face la plaineet couvert dune vote inverse en bton.Le btiment reproduit les squencesnaturelles que vivent les habitants de largion, qui passent en permanence de laplaine la montagne. Le volume en rez-de-chausse est tout aussi simple, ce quiconstitue une garantie de rsistance

    lusage. En opposition, la complexit dupaysage des toitures permet de travailleravec plaisir un toit autre quun simpleplan, et ainsi dapporter qualits plas-tiques et luminosit. Le mouvement dutoit est li la problmatique de lalumire, qui elle-mme est lie lcono-mie du projet. Les btiments pais sontmoins coteux, en effet, et le devoir desarchitectes devient prcisment celuidamener de la clart.

    Savant travail douverture et dclairement

    Dans cette cole, les services font faceau futur btiment de la restauration etde la mdiathque, et tournent unecomposition abstraite de petites ouver-tures vers les circulations, tandis que lesclasses, loppos, possdent de vastesbaies ouvertes sur la nature, dont lesallges basses augmentent la capacitdclairement et largissent les vues.Aucentre, le couloir stire en hauteur pouroffrir dabondants apports lumineux pardes puits de lumire orients. Les mursdes classes y sont vitrs en partie cen-trale afin de mieux capter encore cetteclart ; les enfants les plus loigns desfentres profitent ainsi dune mme

    r a l i s a t i o n Vieilley (25) Groupe scolaire

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  • luminosit que leurs camarades, lalumire provenant du haut tant trsgnreuse. Le toit est llment magiquequi surprend lusager par les bnficesquil apporte et par les formes quil per-met : une chemine design pour lachaufferie, trois hauts rectangles pouraller chercher la lumire, une courbecrasante pour le prau.Le bton est le matriau parfait pour desformes pures. lentre du btiment,sous lauvent et ses bancs mouls dunepice, le mur de faade est en btonpeint. Cest le 1 % artistique. Une cou-leur est pose avec une simple variationde teinte pour crire en haut du btimentle mot cole. Au pied, de la lumirediffuse le soir un clairage la fois gai,doux et fantomatique. lextrieur, le choix de ne pas revtir laconstruction soulignait son expressionformelle, permettait dvoquer un mas-sif rocheux et servait incontestablementlconomie de ce programme contraintpar un petit budget. Le prau est consti-tu dune structure primaire avec deuxpoutres en forme de vote inverse o

    la partie la plus haute correspond auplus grand moment des forces, avec unedalle reposant sur quatre poteaux un chaque angle. Rien de plus simple,confirme le bureau dtudes. Le troucentral permet de voir le ciel tandis quela pluie est vacue sur le btiment voi-sin par un tubage mtallique horizontal.

    Matrise de la simplicit

    Le bton, dune composition spcifique,est brut de dcoffrage, puis revtu dunhydrofuge, lisolation tant rapporte lintrieur. Du fait de lchelle du bti-ment, les architectes nont pas souhaitmarquer les joints ni les banches, prf-rant au contraire lisser la construc-tion. Le sol intrieur est en bton indus-triel coul, matriau dont les qualits dersistance se montrent particulirementapprciables en milieu scolaire. des menuiseries mtalliques, les archi-tectes de cette cole primaire ont pr-fr un bois de teinte sombre. Lesmenuiseries des baies parent lpaisseurde tout le mur et viennent dborder en

    intrieur pour former un cadre lacontemplation du paysage. Dans lesclasses, des placards en bois encadrentla vitre translucide qui les spare ducouloir et forment une paisseur utile.Au plafond, des lames de bois non join-tives dissimulent un isolant acoustique.Dans le hall, le mme matriau protgela partie basse des murs. Enfin, sous leprau, le mur courbe recouvert de boisjoue un rle acoustique.Face aux a priori de certains matresdouvrage peu sensibles au bton, desralisations comme celle-ci surprennentet tonnent par des espaces qui serventlintrieur, par un travail abouti et deslumires inattendues. Ces clients enviennent alors participer aux choixarchitecturaux et apprcier la matireelle-mme. Ils sont videmment trssensibles au professionnalisme qui per-met malgr des budgets restreints doffrir de tels avantages dans desdlais matriss. Mais reste encore construire le btiment du restaurant etde la mdiathque, dont le budget doittrouver sa source soit dans la communesoit dans lintercommunalit. On lat-tend avec impatience

    TEXTE : SYLVIE CHIRAT

    PHOTOS : LUC BOEGLY 2, NICOLAS WALTEFAUGLE

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    >>> Ct bourg, la cohrence du projet se lit aisment : une cole avecune distribution centrale, des classes ouvertes la lumire et habilles

    de matriaux doux, un prau lointain. Ct services et future construction,

    le bton offre une constellation de petits hublots. Le prau forme un balcon

    ouvert sur le paysage. Face la plaine, les courbes des toitures en bton allies

    celles des parois recouvertes de bois miment doucement la montagne.

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    Matre douvrage:commune de Vieilley

    Matre duvre:Bernard Quirot et

    Olivier Vichard,architectes (E.Beaudoin,A.Lenoble,F.Patrono,D.Tempesta,architectes assistants)

    Conducteur dopration:DDE du Doubs

    Entreprise :FDI

    BET structure :Franois Durant

    Surfaces utiles :1re tranche (ralise),351 m2 ;

    2de tranche,345 m2

    Cot:

    865 000 HT

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  • r a l i s a t i o n Rennes (35) Logements

    La combinatoire au service du logement>>> Typique de luvre de Jean Guervilly, cette nouvelle opration rennaise dune cinquantaine

    de logements prolonge une mme dmarche de conception mthodique, alliant combinatoire au niveau

    spatial et prfabrication au niveau constructif, pour un maximum despace et de confort offerts aux

    habitants malgr ltroitesse des budgets. Limbrication et la combinaison dlments permettent

    ainsi de proposer des espaces complmentaires sans surcot, lutilisation du bton peint offrant

    quant elle une architecture prenne, au service de lusage et de la durabilit des espaces.

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  • Install Saint-Brieuc, Jean Guervillyconstruit partout en France en demeu-rant vigilant quant la qualit. Malgrde belles oprations en cours (le palaisdes sports ainsi que 270 logements Toulouse, un btiment universitaire surParis, la piscine olympique de Chalon-sur-Sane, un btiment hospitalier),son agence ne dpasse pas huit per-sonnes. Avec un tel volant daffaires,jaurais pu tre la tte dune structuredeux fois plus importante, confie-t-il,mais jai toujours voulu viter cette spi-rale qui maurait trs vite oblig accep-ter certaines commandes simplementpour faire tourner la boutique. Je prfregarder la libert de choisir mes projetset les raliser comme je lentends. Decette dmarche sans concession rsulteune production architecturale rigoureusequi entend aller lessentiel la rponse un besoin tout en sinscrivant dansune volont de construire la ville avecdes rponses contemporaines.

    De telles exigences correspondaient auxattentes de la ville de Rennes en termesdarchitecture et durbanisme.Au traversdune matrise systmatique du foncier,en effet, la municipalit encourage laqualit architecturale jusque dans la pro-motion prive laquelle elle impose desarchitectes slectionns sur rfrences.Tel fut le cas pour lopration de 50 loge-ments ralise dans le primtre de laZAC de la Mabillais.

    Vis--vis difficile

    Le terrain, en forme de L, tait mitoyendun ensemble de parkings et dunimmeuble des annes 60 sans qualits.En rsultait un vis--vis difficile constitunotamment par un mur aveugle bordantlintrieur de la parcelle sur toute sa lon-gueur. Les contraintes labores parAlexandre Chemetov, lurbaniste en chef,imposaient un certain nombre daligne-ments, un gabarit et des toitures pentues

    moins que celles-ci ne soient habites. ces questions formelles sajoutaitencore le caractre inondable du site,empchant la construction de stationne-ments en sous-sol.Le parti du projet rsulte de ce cahier descharges auquel Jean Guervilly a adjointsa volont de proposer des vues dga-ges lensemble des logements. Labase de lopration, ralise en btonpeint, est ainsi constitue par un socle deparkings sur deux niveaux bord sur ruepar une paisseur de commerces. Leslogements sont construits dans lesniveaux suprieurs partir dun nouveausol artificiel. Une srie de maisons deville sont ainsi implantes sur dalle sui-vant une figure rptitive reprise gale-ment en toiture dun immeuble abritanttrois niveaux dappartements.Dgags des contraintes de vis--vis, leslogements souvrent, en cur dlot, surun environnement arien ponctu par lefeuillage des jardins environnants. On se

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    >>> Construits sur un socle de commerces et de bureaux, 48 logementscomposent une pice urbaine qui occupe un lot de la nouvelle ZAC de la

    Mabillais. Organiss en fonction des potentialits du site, diffrents volumes,

    traits en bton peint, simbriquent les uns dans les autres pour offrir un

    maximum despace et de confort aux habitants.

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  • croirait la campagne, confie une habi-tante. Il faut dire que leffet est renforcpar la vgtalisation de la dalle et le trai-tement des circulations extrieures enplatelage bois, mais aussi par desespaces extrieurs privatifs pour chaquelogement, en terrasse ou en loggia.

    Imbrication et combinatoire

    Lensemble constitue une pice urbainequi occupe langle de llot. Les diffrentsvolumes (maisons de ville, retraits, aligne-ments, soubassements) simbriquentles uns dans les autres en fonction despotentialits du site. La toiture des unssert de loggia aux autres, le soubasse-ment des parkings se fait jardin suspendupour certains logements, le retrait de cer-tains modules, terrasse pour dautres.Jean Guervilly revendique ce type decombinatoire comme une des rponses la problmatique du logement contem-porain. Il sagit doffrir un maximumdespace et de confort aux habitants. Lesbudgets ntant pas extensibles, limbri-cation et la combinaison dlments per-mettent de proposer des espaces com-plmentaires sans surcot puisquilsdcoulent de lensemble. Les ralisa-tions de Jean Renaudie ou de lAtelier 5

    dans les annes 70 ont montr lintrtde ces approches. Pourtant, de tellesrecherches nont plus cours, dsormais,quaux Pays-Bas ou en Suisse. Dans lesannes 70, poque o il sagissait derompre avec les productions nes de lin-dustrialisation du btiment, le monde delarchitecture a assimil recherche combi-natoire et systmatisme, reprend leconcepteur. Ces dmarches en sontdevenues presque taboues et mmecontradictoires avec la fabrication de laville. Heureusement, on y revient peu peu aujourdhui.

    Indispensable dialogue

    Cette approche qui met en avant la qua-lit spatiale et relgue lesthtique unrsultat exige une bonne dose de pers-vrance. Cest essentiellement par le dia-logue que passe llaboration du projet.La phase de dessin nest aborde quen-suite, comme une mise plat desconcepts. Avec le matre douvrage, lesprincipes fondamentaux sont dvelop-ps et mutuellement enrichis.Avec len-trepreneur, les solutions techniques sontdautant plus abouties que si lensemble construire est parfaitement dcrit dunpoint de vue constructif dans lappel

    doffres, une marge de manuvredemeure pour sadapter au savoir-fairedes entreprises. Cest bien videmmentle cas sur cette opration o le systmeconstructif des 50 logements repose surune trame de refends porteurs en btonarm contrevents par des lments defaade. Le recours la prfabrication estsystmatique, pour les lments de grosuvre en bton arm comme pour lespanneaux de remplissage en ossaturebois revtus dune vture en fibre-ciment. Ainsi les faades porteuses enbton sont-elles construites en pan-neaux prfabriqus dune double hau-teur dtage, tandis que les allges dubtiment courant sont composes pardes poutres filantes prfabriques laseule manire dobtenir des alignementsparfaits sur des linaires importants.La logique dassemblage dveloppepour la conception spatiale est ainsiapplique la construction, gouvernepar quelques exigences communes lensemble des ralisations de larchi-tecte : utilisation du matriau bton,recours la prfabrication, dispositiondes menuiseries au nu extrieur des

    r a l i s a t i o n Rennes (35) Logements

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    >>> En cur dlot, les habitations souvrent sur des espaces extrieursprivatifs, en terrasse ou en loggia. Une srie de maisons de ville sont

    construites au niveau suprieur, sur dalle, suivant une figure rptitive, scande

    par des voiles de refend qui structurent lopration.

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    3 4

    Matre douvrage:Coop Habitat Bretagne

    Matre duvre:Jean Guervilly

    BET :CVP

    Entreprise :BSO

    SHON:3 525 m2 (48 logements),

    1 798 m2 (bureaux et locaux)

    faades, dissimulation des relevsdtanchit et des descentes deauxpluviales... En rsultent des volumes auxformes pures et prismatiques parfaite-ment raliss.

    TEXTE : HERV CIVIDINO

    PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS

    3, OLIVIER WOGENSCKY

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  • B T O N

    Fleury-les-Aubrais Un parking-relais qui se distingue

    par ses qualits architecturales p.19

    Vitry-AlfortvilleLe choix de la lumire avec un parking

    arien sur cinq niveaux p.20

    Saint-RaphalSous les pavs le parking: un ouvrage

    souterrain exemplaire p.21

    Montigny-le-BretonneuxRecord daltitude et dintgration p.22

    solutionssolutions

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    >>> PLUS QUE JAMAIS, LES RAPPORTS SONT TENDUS ENTRE

    LAUTOMOBILE ET LA VILLE QUI NE LACCUEILLE PLUS AUSSI VOLONTIERS

    QUE PAR LE PASS. LES MODES DE TRANSPORT COLLECTIFS SONT DSORMAIS

    PRIVILGIS, OBLIGEANT LES AUTOMOBILISTES ABANDONNER LEUR

    VHICULE LENTRE DES CENTRES URBAINS. UNE VOLUTION QUI PLAIDE

    POUR LA CRATION DE NOUVEAUX PARKINGS. POUR AUTANT, PAS

    QUESTION DE DFIGURER LA VILLE AVEC DES CONSTRUCTIONS

    MONUMENTALES ET LAIDES. PAS QUESTION NON PLUS DE FAIRE

    DE CES PARKINGS DES LIEUX OBSCURS ET INQUITANTS. LE NOUVEL GE

    DES PARKINGS EST DONC ANNONC. EXEMPLES.

    Le nouvel gedes parkings urbains

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  • Le parking est devenu une proccupation majeurepour les matres douvrage qui construisent deslogements, des quipements publics, des centres com-merciaux, des usines, des siges de socits, etc. Mmepour les particuliers qui font construire leur maison,cette question se pose de prime abord. Nous-mmes,lorsque nous sommes automobilistes et usagers de ceslieux de vie et de consommation, nous nous rendonscompte de limportance de pouvoir garer sa voituretranquillement, sans le souci de tourner en rond dans lequartier pour chercher indfiniment une place.

    Le parking,crin bijoux?

    Lieux de passage, les parcs de stationnement ltaientsans doute il y a encore quelques annes.Aujourdhui,ils acquirent une place plus complexe dans les menta-

    ture dans un parking-relais situ proximit dune gare,puis ils prennent un train, un RER, un tramway. Ces pra-tiques ont dailleurs tendance se rpandre, avecladoption des PDU (Plans de dplacements urbains)par un certain nombre dagglomrations, qui se posentla question du rquilibrage entre le trafic automobileet les transports collectifs. La plupart des grandes villesluttent contre lenvahissement de la voiture ; laconstruction de parcs de stationnement intermodauxen priphrie lis une gare routire ou ferroviaire estpour elles une solution, quelles adopteront de plus enplus dans les vingt annes venir, selon Franois LeVert, prsident de la Fdration des mtiers du station-nement. lextrieur des villes, les prix des terrainstant moins levs, il est alors plus logique et beaucoupmoins onreux de construire en lair que de construiresous terre (le cot dexploitation des parkings souter-rains est galement plus lev, car il demande plusdnergie en ventilation,lectricit, entretien).

    Une promesse de croissance pour les vingt prochaines annes

    La construction des parcs de stationnement nest pasune activit en croissance, bien que parmi ce peu dac-tivit actuel, la cration de parkings ariens soit plus

    lits, alors que lon parle de plus en plus dinscurit etque lon entend partout que des voitures brlent dansles banlieues de France et de Navarre.Il faut dire que la voiture a galement chang de statut.plus quun moyen de locomotion, elle prend des alluresdaccessoire de mode, dont le design, la marque, les-thtique, situent socialement leurs propritaires. Il estdonc tout aussi ncessaire daccueillir ces objets dansdes espaces qui leur soient adapts, de mme que londpose ses bijoux au coffre Pareillement, lusager estde plus en plus exigeant en matire de confort et descurit, ce qui peut influer par exemple sur son modede consommation sil sagit du parking dun centrecommercial. En effet, il a t constat que les parkings,en tant que premier contact avec le client, condition-nent fortement la premire impression des consomma-teurs (Parkings ariens Le bton, la solution votreprojet, d. Cimbton). Et cest un des lments dtermi-nants de leur consommation. Si le client arrive dtendu,parce quil a trouv rapidement en place, parce quil arussi se reprer, parce quil sait son vhicule en scu-rit, alors il restera plus longtemps dans le centre etprendra plus de plaisir faire ses achats.Ces ouvrages font donc partie intgrante de notre modede vie. Certains les frquentent mme journellement.Pour se rendre sur leur lieu de travail, ils laissent leur voi-

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    Le parking,pice architecturaledu patrimoine urbain

    FINIS LES SOUTERRAINS AVEUGLES ETANGOISSANTS DES FILMS NOIRS. SOUSLA PRESSION DES NOUVEAUX BESOINS,LES MATRES DOUVRAGE ONT APPRIS FAIRE DE CES PARKINGS DES LIEUX

    AGRABLES ET SURTOUT ESTHTIQUES, LINTRIEUR COMME LEXTRIEUR.

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    >>> Saint-Raphal Bassins, mobilier, matriauxvaris, donnent tout son agrment lquipement.

    Les couleurs forment des repres clairs et lisibles.2

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  • de stationnement en surface, pour ventuellement lesvendre, et construire en superstructure.Si la conception des parkings se limitait, il y a encore peude temps, au souterrain (plutt mal vu et mal vcu, carsale, sombre, voire effrayant) ou mme un seul amna-gement de surface, la propension est aujourdhui laconstruction de parkings ariens. Les matres douvrageet les architectes se sont rendu compte que ces quipe-

    importante, et mme croissante par rapport aux par-kings souterrains. Il y a eu, entre 1985 et 1995, unessor phnomnal de ces quipements, souligne Fran-ois Le Vert. La demande tait considrable car on avaitpris la mesure du dveloppement de lautomobile.Mais depuis 10 ans, lactivit a trs nettement ralenti.On constate aujourdhui de nouveaux besoins, lis lvolution des modes de vie, llvation gnrale duniveau de vie des Franais, de nouvelles demandesdes usagers et des pouvoirs publics. Il y a donc un fr-missement, et lon sait que la construction vareprendre et se dvelopper nouveau dans les vingtprochaines annes. Le prix des terrains tant tel queles propritaires auront tendance rduire leurs parcs

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    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N 1 2 2 17

    >>> Vitry-Alfortville Les lames vitres, tout enfiltrant la lumire naturelle, forment une transition entre

    lintrieur et lextrieur. Parking en Guadeloupe

    Larchitecte Gilbert Marchini a jou, pour ces deux

    ralisations, le jeu de louverture et de la lgret.

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    3

    4

    Du nouveau dans la rglementation incendieLemploi du bton, matriau naturellement rsis-tant au feu, est une excellente manire de prendreen compte en amont les problmes de scuritincendie dans la construction dun parking. Dau-tant que lutilisation de matriaux de synthse assez combustibles dans la construction auto-mobile est un facteur notable de propagation dufeu dans les parkings. Les feux dans les parcs destationnement sont devenus plus violents, sou-ligne le capitaine de pompiers Franois Brochard.Plusieurs ont dtruit plus dune dizaine de vhi-cules et mis les structures des btiments rudepreuve. La dure dune intervention de luttecontre lincendie sen trouve allonge, et le risquepour les intervenants, augment.

    Une nouvelle rglementation est donc en coursdlaboration. Elle permettra de garantir unniveau de scurit lev pour les utilisateurs etles intervenants. Elle sappliquera dans le cas desparcs construire de plus de dix vhicules, consi-drs comme ERP au titre de larticle R 123-2 duCode de la construction et de lhabitation.

    Les principales innovations prvues par ce textesont :facilit daccs aux personnes handicapes;

    stabilit au feu tablie pour une dure de 1 heure 1 h30, selon limportance des btiments ; plan-chers de recoupement dun degr coupe-feuquivalent au degr de stabilit au feu ;

    intgration des euroclasses ;

    renforcement de la capacit de dsenfumage;

    possibilit dutiliser des systmes lumineuxincrusts dans le sol au lieu des blocs dclairage;

    installations dextinction automatique dincen-die eau type sprinkler.

    technique

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  • ments, qui font dsormais partie de nos paysagesurbains, sont la matire dune expression architecturalesingulire. Cest une exploration sur le thme, traversles multiples contraintes en matire de scurit notam-ment , qui depuis quelques annes fait natre desouvrages trs divers, aussi bien dans le traitement esth-tique que dans les modes de circulation intrieure.

    Le bton, matriau de la scurit et de lesthtique

    Le bton sest naturellement impos comme le mat-riau le plus adapt ce type douvrage. Dune part, ilpermet un travail sur des trames importantes (portestandard de 15 mtres), librant ainsi de larges plagespropices la circulation et aux manuvres, dautrepart, sa trs bonne rsistance au feu vite aux concep-teurs et aux matres douvrage des tudes longues etcoteuses en matire de scurit, obligatoires avecdautres matriaux. Le bton est galement un mat-

    dizaine dannes quil travaille sur le concept du par-king. Nous avons dabord tudi le problme de latrame pour rendre lespace le plus vaste et le plus librepossible. Nous nous sommes galement intresss auxpoteaux, qui sont un lment important de lamnage-ment des parkings. Nous privilgions au maximum lesformes arrondies pour viter les accrocs mais aussi pourrendre cet univers moins agressif. Avec le temps, nousnous sommes progressivement rendu compte quil fal-lait aussi traiter lextrieur, qui est une formidablematire explorer. Le bton se prte parfaitement cette recherche sur les formes. Les lments prfabri-qus permettent une infinit de combinaisons, qui vontdes jardinires utilises comme garde-corps aux nez dedalles traits comme des acrotres, souligne GilbertMarchini. Dans un certain nombre de cas, notammentpour les supermarchs ou les centres commerciaux, lafaade du parking devient mme la nouvelle faade dubtiment, et donc son image de marque, puisquil vientsaccrocher lancien difice.

    la recherche du supplment dme

    On laura compris, le bton demeure un matriau parti-culirement conomique dans ce domaine de laconstruction de parkings, non seulement dans laconstruction, mais aussi dans la gestion des chantiers qui peuvent se drouler en phases successives et per-mettre une exploitation progressive mme pendant ladure du chantier et dans lentretien notamment si lematriau est laiss brut ou sil est teint dans la masse.Reste que lintgration du parc de stationnement dansson environnement est devenue une vraie proccupa-tion, qui ntait pourtant pas essentielle il y a seulementquelques annes, ni pour les matres douvrage, ni pourles concepteurs. Elle semble aujourdhui se gnraliser,surmontant les rticences, particulirement au niveauconomique, la note esthtique constituant un suppl-ment dmede plus en plus recherch.

    TEXTE :CLOTILDE FOUSSARD

    riau plastique, qui ouvre sur une varit extraordi-naire de formes,de textures et de couleurs.Les solutions constructives sont tout aussi diverses dansleur expression. La trilogie poteaux-poutres-dalles alvo-laires induit naturellement une dclinaison de formes des poteaux (qui peuvent tre ronds, ovales, carrs), deschapiteaux, des poutres (qui peuvent tre apparentes ounon) ou des espaces plus ou moins vastes, plus oumoins libres. Le plancher champignon est aussi une solu-tion bton tout fait adapte ce type douvrage.Les architectes commencent semparer de la concep-tion de ce type dquipement pour en faire des bti-ments part entire et non plus des silos voitures,o la recherche sur une modnature lie la fonctionde ldifice est aussi importante et intressante que lesproblmes de circulation et de dcoration intrieure.On passe dune gnration de parkings dingnieurs une gnration de parkings darchitectes ! ajouteFranois Le Vert. Gilbert Marchini, architecte, est enquelque sorte un prcurseur dans ce domaine.Voil une

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    18 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N 1 2 2

    >>> Strasbourg, parking-relais tram des Rives-de-lAar Jacques Meyzaud et Vronique Weber

    architectes Le parking est trait comme tout autre

    quipement, avec le mme intrt architectural et le

    mme souci dintgration dans son environnement.

    Montigny, centre commercial Val dEurope Lobjoy

    et Bouvier architectes Un patio central plant permet

    un apport de lumire naturelle et une chappe visuelle

    sur lextrieur, limitant ainsi le sentiment de stress.

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    5

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  • PARKING-RELAIS DE LA GARE DE FLEURY-LES-AUBRAIS (45)

    Un bel objet Le parking-relais de la gare de Fleury-les-Aubrais est

    un bel objet. Avec ses faades en faux aplomb,

    habilles de panneaux prfabriqus de bton poli, il

    constitue un signal fort pour ce quartier en pleine

    mutation, o vient passer le tout nouveau tramway. Il

    forme galement un lien entre la gare et la zone

    pavillonnaire voisine.

    Lors du concours, larchitecte Didier Jousset avait pro-

    pos au matre douvrage un quipement qui ne serait

    certes pas un silo voitures, mais bien un btiment

    prsentant de vraies qualits architecturales, et qui

    sintgrerait dans le tissu urbain comme nimporte

    quelle autre construction.Cest maintenant chose faite.

    Le parc de stationnement de 800 places slve sur

    trois niveaux extrieurs plus un niveau de sous-sol. Il

    pouse parfaitement la forme du terrain et sorganise

    en deux rectangles de longueur pratiquement gale,

    lgrement dsaxs autour dune rotule centrale abri-

    tant la rampe de descente. Cette disposition, grce

    une faille centrale, rompt en douceur la longue pers-

    pective (environ 100m) et vite tout effet de masse.

    lextrmit nord, un espace assez lgant revtu de

    panneaux prfabriqus de bton poli dont la teinte

    verte est due lajout de granulats de porphyre et

    perce dune colonne de verre, abrite les ascenseurs

    desservant les plateaux.Au sud, la paroi dborde en

    un arrondi qui est la marque dune des deux rampes

    daccs places chaque bout du btiment. Cette par-

    tion fluide, qui permettrait de vider le parking en 20

    minutes en cas dincendie,par exemple.

    La ralisation de ce btiment sest faite en quatre

    temps, soit autant de phases de chantier qui se sont

    droules en alternance et ont ainsi vit les interrup-

    tions dans lattente du durcissement du bton.

    PHOTOS : DIDIER JOUSSET

    Architecte : Didier Jousset

    Livraison : 2002

    Montant des travaux : 9 000 000

    SHOB : 13 000 m2

    tie est aussi habille de bton poli vert. Les ouvertures

    forment des bandeaux sombres en faade, ce qui cre

    un jeu dombre et de lumire, et un rythme horizontal

    assez contrast. En toiture, une couverture lgre sur-

    leve en ailes de mtal tendu par des cbles, sous-

    tend une charpente haubanne et allge le grand

    volume.

    Pour ce projet, Didier Jousset a analys, puis trait un

    un chaque problme que peut poser la conception dun

    parking, commencer par langoisse ventuelle de

    lutilisateur. Les apports de lumire naturelle sont la

    premire mesure adopte par larchitecte lorsquil

    ouvre les plateaux non seulement sur lextrieur, mais

    aussi sur un patio central plant, qui les spare dans le

    sens de la longueur.De ce fait, lutilisateur dispose tou-

    jours dune vue vers lextrieur et ne se sent nulle part

    encloisonn. En outre, le regard nest pas entrav par

    les poteaux qui se trouvent relgus en faades ext-

    rieure et intrieure, grce au systme constructif

    retenu poteaux bton/prdalle alvolaire de 40cm

    dpaisseur, et chape de compression. Des passerelles

    mtalliques de scurit incendie, situes dans les

    patios,relient les plateaux.

    Le systme de circulation du parking a galement fait

    lobjet dune tude assez pousse. Larchitecte a opt

    pour un systme particulier, le principe dHumy. La

    circulation automobile se fait dans la longueur du

    btiment, dot chaque extrmit de rampes qui

    montent dun demi-niveau, et des circulations trans-

    versales sont organises autour de la rotule centrale.

    Ce systme de demi-niveaux offre lautomobiliste un

    excellent confort de conduite et autorise une circula-

    s o l u t i o n s b t on

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N 1 2 2 19

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  • PARKING ARIEN DE VITRY-ALFORTVILLE (94)

    Jouer la transparence Les architectes Bguin et Macchini ont conu ce par-

    king comme un btiment part entire, avec une

    remarquable conomie de moyens. Le budget serr a

    guid tous nos choix architecturaux et constructifs sur

    ce projet, affirme demble M. Macchini. Et le rsultat

    est plutt probant! Ldifice est intgr dans son envi-

    ronnement, sans jamais renier, toutefois, sa fonction

    nettement lisible en faade.

    La socit Sanofi Aventis, matre douvrage priv, sou-

    haitait augmenter le nombre de places de stationne-

    ment pour le personnel de son dpartement de

    recherche du site de Vitry-Alfortville et construire un

    parking arien. Une solution au problme de la pres-

    sion foncire Louvrage est venu se placer naturelle-

    ment sur le parking de surface existant, une quin-

    zaine de mtres du btiment de lentreprise. Cette

    distance permettait de rpondre aux exigences de

    scurit incendie et du POS, tout en gardant une voie

    de circulation entre les deux immeubles.

    Le parc de stationnement contient 448 places rparties

    sur cinq niveaux (R + 4). Il est entirement construit en

    bton coul en place. La structure est du type

    poteaux/poutres et dalle alvolaire de grande porte.

    Le bton,gris clair,est laiss brut, ce qui a contribu au

    respect du budget. Les coffrages soigns, le calepinage

    rgulier des joints et des traces de fixation des

    banches, la prsence des piliers ronds fleur de faade,

    les allges des baies lgrement dbordantes, sont

    autant dlments dont les architectes se sont servis

    pour donner leur btiment une dimension rellement

    gement intrieur de nimporte quel btiment.

    chaque tage, les voiles de contreventement des

    rampes daccs sont largement percs en cercle, ce qui

    permet davoir une vision perspective de lespace, et

    aussi de laisser passer la lumire. Une faon de lier

    lutile lagrable Les couleurs claires et vives, la

    signaltique, les clairages, sont autant dlments de

    dcoration intrieure soigneusement tudis par les

    architectes en vue dapporter confort et scurit.

    PHOTOS : HERV ABBADIE

    Matre douvrage : Sanofi Aventis

    Architecte : SCP Bguin & Macchini

    BET : Projetud

    Entreprise gnrale : GCC

    Livraison : fvrier 2005

    SHOB : 10 095 m2

    Montant des travaux : 3 993 892 HT

    architecturale. Ce genre de construction, qui na pas

    toujours t considr comme digne dintrt ni par les

    matres douvrage ni par les architectes, prend ainsi

    une nouvelle dimension et surtout gagne en valeur.

    La faade est, qui remplace finalement celle du sige

    de la socit puisquelle est situe en avance, et la

    faade nord, galement bien visible, sont constitues

    de planchers en saillie sur lesquels reposent des pan-

    neaux profils verticaux de verre arm translucide

    bleut poss par paires: un assemblage de deux U de

    26cm chacun sur 2,60m. Ces panneaux se portent, et

    aucune ossature verticale napparat, ce qui accentue

    limpression de transparence et de lgret des

    faades. Dun tage lautre, lalternance des pleins et

    des vides est dcale, et ce jeu de verticales contraste

    avec lhorizontalit marque par les planchers dbor-

    dants de chaque tage. L encore, les architectes ont

    trouv le moyen de faire de larchitecture avec peu

    de moyens; il sagit dun matriau industriel assez bon

    march. De ce ct, une petite astuce technique

    consiste retourner chaque dalle de plancher en une

    poutre retrousse surmonte dun garde-corps mtal-

    lique servant de bute pour les voitures.

    Les faades sud et ouest, plus massives, sont compo-

    ses dun voile de bton brut ajour. Des bandes de

    baies horizontales forment une alternance de pleins et

    de vides qui crent un rythme horizontal bien prsent.

    lintrieur, le systme de circulation est assez simple :

    une rampe montante et une rampe descendante,paral-

    lles,sont places au centre du btiment.

    Privilgier lclairage naturel, crer des chappes

    visuelles, viter limpression denfermement : toutes

    ces donnes ont galement t au centre des proccu-

    pations des concepteurs, comme peut ltre lamna-

    s o l u t i o n s b t on

    20 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N 1 2 2

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  • PARKING SAINT-RAPHAL (83)

    Un parking extraordinaire Ce projet a t, durant sa construction, le plus gros

    chantier public du Var. Ralis en un temps record de

    16 mois, il reprsente une surface totale de prs de

    40 000 m2.Ainsi commence larticle de la revue Archi-

    tecture mditerranenne consacr au parking que

    Jean-Pascal Clment a conu Saint-Raphal. Une vri-

    table prouesse, donc ! Lenjeu urbain tait double :

    comment imbriquer une promenade pitonne en bord

    de mer et ainsi conserver ce site exceptionnel

    lusage de tous et lindispensable stationnement

    automobile en centre-ville? Car il y avait lorigine sur

    cette langue de terre, idalement situe, la fois un

    parc de stationnement en surface et une circulation

    pitonne. Ce qui naturellement posait de gros pro-

    blmes de scurit et, de plus, limitait le nombre de

    places de stationnement. Larchitecte a donc donn

    cette pineuse question une double rponse: le par-

    king en dessous,et le jardin au-dessus.

    Conu sur deux niveaux,dont un en sous-sol, le parking

    Bonaparte abrite 842 places (451 au niveau bas, et 391

    au niveau haut). Les voitures entrent et sortent directe-

    ment par le niveau bas, ce qui libre ltage suprieur

    un immense parvis denviron 3 000 m2. Celui-ci est

    accessible aux pitons depuis la ville par un circuit

    indpendant de toute circulation automobile. De l,

    deux escaliers encadrant le hall dentre du parking

    mnent la promenade plante, comme un balcon sur

    la mer. Des poutres retrousses prises dans la dalle du

    jardin ont permis lamnagement de jardinires de

    1,50 m de profondeur. Il a ainsi t possible de planter

    Jean-Pascal Clment a travaill sur des photos

    ariennes de faon respecter la trame urbaine. Cest

    ce qui la pouss envisager cette composition

    linaire, o les espaces extrieurs sont partie int-

    grante de larchitecture.

    PHOTOS : Patrick Berlan

    Matre douvrage : ville de Saint-Raphal ; rgie du stationnement

    Architecte : Jean-Pascal Clment

    Architecte paysagiste : Vincent Guillermin

    Entreprise : Ets Cari

    BET : Walker

    SHOB : 36 000 m2

    Montant des travaux : 15,7 M HT

    des arbres de haute futaie,notamment des palmiers.Le

    mobilier contemporain (bancs, auvents de bois, lampa-

    daires) soigneusement choisi, le traitement des sols en

    bton dsactiv et bois, la prsence de bassins, sont

    autant dlments qui donnent cet espace urbain

    tout son agrment.

    La conception intrieure a t, l encore, au centre des

    proccupations de larchitecte. Je voulais balayer

    dfinitivement tous les qualificatifs que lon attribue

    habituellement un parking couvert, savoir sale,

    sombre, malodorant, stressant, prcise-t-il. Et de fait,

    leffet de surprise est complet; les sols, les parois, les

    plafonds, les piliers, tout est blanc (avec quelques

    touches de rouge pour la signaltique) et lumineux.

    Des puits de lumire naturelle, forms par les escaliers

    de sortie (qui dbouchent dans le jardin) pris dans des

    patios ouverts sur le ciel, ponctuent la surface du par-

    king sur les deux tages. Les dalles de grande porte

    en bton (environ 15 m) ont galement permis de

    dgager lespace, et de crer de larges circulations, en

    vitant les recoins. Cet agencement gnre des trans-

    parences, et donc une impression de confort et de

    scurit pour lutilisateur, sans compter la possibilit

    dune bonne surveillance vido. La disposition des

    places en pi, avec les poteaux en tte des vhicules,

    participe aussi limpression de confort en facilitant

    les manuvres dentre et de sortie des vhicules.

    Le bton sest naturellement impos comme matriau

    de construction. Le btiment est conu comme une

    bote horizontale ferme sur les trois cts donnant sur

    la mer. Au sud et louest, le btiment est venu se

    poser sur les enrochements existants. Les faades

    aveugles sont conues en vague et habilles de bois, la

    faade nord sappuyant sur le quai du port.

    s o l u t i o n s b t on

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  • PARKING ARIEN DE MONTIGNY-LE-BRETONNEUX (78)

    Grandeur et dignit Pour les architectes Lobjoy & Bouvier, lide tait de

    faire de ce parking arien de sept tages un lment

    despace urbain. Situ lentre de la commune de

    Montigny-le-Bretonneux, sur un rond-point menant

    un centre commercial et de loisirs, le parc de station-

    nement abrite prs de 1100 places rparties sur trois

    niveaux de sous-sol et sept niveaux ariens, ce qui en

    fait lun des parkings en superstructure les plus le-

    vs de France !

    Il sagissait dintgrer les contraintes techniques et de

    scurit incendie au projet, et denvisager louvrage au

    niveau architectural, lextrieur et lintrieur, comme

    un quipement public tertiaire part entire, un bti-

    ment aussi dterminant dans son environnement que les

    immeubles de bureaux ou de logements de la ville. Il

    sagissait aussi de ne surtout pas nier sa fonction.

    Dailleurs les lments de modnature de la faade prin-

    cipale sont disposs selon un rythme horizontal mar-

    quant rsolument chaque plateau de stationnement.

    Le btiment est conu en longueur (environ 120m de

    long), avec chaque extrmit un cylindre abritant les

    volont dapporter confort et scurit aux usagers, et

    particulirement aux pitons. Un gros travail danalyse

    a t ralis lagence sur lenchanement des percep-

    tions espace et vitesse lorsque lon passe du statut

    dautomobiliste celui de piton. Les cheminements

    pitons ont donc t particulirement tudis, grce

    une abondante signaltique qui sinsre comme un l-

    ment de dcoration intrieure. Les couleurs rouge sur

    les poteaux, jaune lumineux en plafond, les marquages

    blanc au sol forment des repres clairs et lisibles.

    Lapport de lumire naturelle, par le biais des larges

    ouvertures (qui rpondent aussi aux mesures de scu-

    rit incendie et vitent la ventilation mcanique), les

    transparences, les vues sur lextrieur, contribuent ga-

    lement au sentiment de scurit. Lemploi de mat-

    riaux simples et peu coteux du bton brut lasur ou

    blanc pour lhabillage extrieur,et du Donpalon ,choi-

    sis pour leur rsistance, pour leur aspect esthtique et

    pour leur entretien minimal a posteriori, a permis mal-

    gr un budget serr de concevoir un btiment prsen-

    tant des qualits urbaines et architecturales dignes

    dun quipement plus prestigieux.

    PHOTOS : JEAN-PHILIPPE CAULLIEZ

    Matre douvrage : communaut dagglomration urbaine

    de Saint-Quentin-en-Yvelines

    Architectes : Lobjoy & Bouvier

    Entreprise gnrale : GCC

    Prfabricateur panneaux bton : Cibetec

    SHOB : 37 580 m2

    Montant des travaux : 13,1 M HT

    rampes daccs en monte, et de sortie en descente.

    Ces parties arrondies adoucissent la volumtrie impo-

    sante de ldifice, dautant plus quelles sont habilles

    de panneaux prfabriqus de bton blanc. En prconi-

    sant le bton prfabriqu pour ce type douvrage, les

    architectes taient srs dobtenir une bonne finition de

    teinte et de surface tout en restant dans le budget.

    lest,une rampe extrieure est prise dans un ouvrage

    de bton coul en place lasur qui forme un soubasse-

    ment lgrement dbordant et engendre un relief met-

    tant en scne le volume cylindrique.Celui-ci est dot de

    petites ouvertures carres qui lui confrent une l-

    gance certaine.

    La longue perspective du btiment, accentue dun

    ct par les allges de bton blanc et les ouvertures en

    bandeau,est adoucie vers louest par la prsence dune

    double peau constitue de panneaux de polycarbonate

    (type Danpalon) disposs 1,50 m de la faade. Ce

    matriau rsistant aux chocs et au feu engendre un jeu

    de transparence et de brillance qui casse leffet de

    masse du volume. En toiture, un mince auvent en pan-

    neaux de bton blanc couronne avec finesse len-

    semble du btiment et relie les diffrentes parties

    entre elles.Les concepteurs se sont galement penchs

    sur le problme de lusage de lquipement, avec la

    s o l u t i o n s b t on

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  • r a l i s a t i o n Argenteuil (95) IUT

    Rconcilierlhomme et son environnement >>> Lactualit rcente a remis laccent sur la question des banlieues et des grands ensembles,

    stygmatiss pour leur univers dshumanis, leur chelle disproportionne, leur manque de qualit.

    Le quartier du Val-dArgent, Argenteuil, ne fait certes pas exception dans ce tableau trop souvent

    monochrome de la banlieue. Mais la volont de rompre avec le pass ny est pas absente.

    Jean-Pierre Lott, consult pour la ralisation dun nouvel institut universitaire de technologie

    sur ce territoire peu amne, en a profit pour dcliner son thme favori : la coque de bton.

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  • Le quartier du Val-dArgent Unnom prometteur pour une banlieuequi refroidit tout enthousiasme au pre-mier regard.Que dire dun site o la terresemble avoir disparu sous une dalle sansfin ? Cet univers dshumanis par lemanque de qualit des espaces, par unproblme dchelle indniable, na faitquentacher le blason de la matirebton, utilise dans les annes 70 pourcrer de grands ensembles aux allures debotes empiles sur un grand plateau.Quel chemin suivre pour faire voluerune image aussi ngative ? Tenter demontrer que ce nest pas le matriauemploy qui engendre un quartier aussipeu accueillant, mais bel et bien lur-banisme utopique et dvastateur dune certaine poque qui a produit des espacesde vie hors de toute chelle humaine,dniant toute relation lenvironnementet mettant de ct la notion de confort.Dans cet entrelacs de voies, de parkings,de dalles et de barres, limplantationdun institut universitaire de technologie(IUT) est un symbole double titre.Socialement et politiquement, lquipe-ment marque la volont douvrir le quar-tier vers de nouveaux horizons,de mettrefin un enclavement, dy faire entrerlenseignement universitaire et donc

    dappeler une nouvelle population venir fouler cette fameuse dalle. Parall-lement, des travaux de ramnagementsont engags pour essayer de modifier lefonctionnement et autant que possiblelchelle de cet ensemble.

    Bton et beau

    Plus que limage dune institution, lex-tension de linstitut universitaire sedevait de matrialiser la requalification

    du quartier, et ce, ds la construction dela premire tranche. Les formes propo-ses par Jean-Pierre Lott clatent dansce paysage minral fait de lignes bru-tales, droites et grises. Il ose le blanc et lacourbe, le plan inclin, les grandesfaades vitres, dfiant les tags et lesballes perdues. Car il faut bien com-mencer un jour choisir une nouvelledirection Ainsi, les habitants du quar-tier peuvent dcouvrir que le bton peutsassouplir, voire tre synonyme de

    gaiet lorsque les rayons du soleil illumi-nent ces volumes inhabituels et imma-culs. Cela pourrait tre un mirage. Leplus intressant, cest que ce soit un boutde ralit, un huitime de boule de neigenich au cur dun projet trs clair, la fois dominateur et protecteur. Il estimpossible de passer le long du nouvelIUT sans que le regard ne soit happ parce nouvel entrelacs, mais cette fois delignes courbes, droites et brises, symbo-lisant ce que la terre porte en elle de ron-

    r a l i s a t i o n Argenteuil (95) IUT

    24 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N 1 2 2

    1 2

    >>> Contrastant avec les volumestrs ferms de la coque et des pans

    inclins, de grandes surfaces vitres

    permettent dclairer gnreusement

    le restaurant et la bibliothque, deux

    salles trs ouvertes sur lenvironnement

    pavillonnaire situ en contrebas.

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  • deur, de rupture, de pleins et de vides.Car sil est une chose qui manque cruel-lement dans ce quartier, cest bien le lienentre lhomme et son environnement.Sans quil soit fait table rase, le projet derestructuration du quartier fait dispa-ratre la dalle par endroits pour tenter dertabli comme niveau de rfrence celuidu sol terrestre. Ce nest pas le cas duct de lIUT.

    Nouveau point de mire

    Le dispositif dessin par Jean-Pierre Lotttente dintgrer cette abstraction et dof-frir un nouvel ancrage, une suggestionde lien avec le premier btiment djexistant. Install la frange de la zonepavillonnaire en contrebas de la dallecouvrant le parking dintrt rgional,laccs cette premire partie de lIUT sefaisait par une petite rue, presque cache comme si cette institution navait pas,jusque-l, trouv sa place. La premiretranche de lextension replace linstitutuniversitaire au centre du quartier,comme point de mire et comme repre.La coque est une figure reconnaissablede larchitecture dessine par Jean-PierreLott. Mais elle ne peut trouver sa placepartout. Elle napparat donc pas forc-

    ment dans toutes ses esquisses. Sa pr-sence est fonction du site, car elle nces-site du recul et une grande lisibilit delespace pour prendre tout son sens.Mais quel est-il, prcisment? Il est celuide donner de la force un lieu qui enmanque souvent, dstructur pour diff-rentes raisons. Selon les propos mmesdu concepteur, elle apparat dans les pro-jets ds que le contexte le permet et quilla met en valeur. Elle mrite un paysage grande chelle car il faut pouvoir se pla-cer suffisamment loin pour la percevoiret en profiter Elle supporte difficile-ment la vision grand angle. Il est bienplus difficile de la proposer dans uncontexte urbain plus dense o les pers-pectives sont serres et le recul impos-sible. Mais ce nest pas tout. Argen-teuil, cette portion de bulle ferme vientrpondre la somme des fentres bana-lises qui percent les faades alentour.Cette forme assez pure dun point de vuegomtrique permet de crer desvolumes intrieurs singuliers, trs int-ressants en termes de sensations. Il estvrai que lon sy sent bien. La magie de lacourbe Utilise ici en contrepoint face lomniprsence de langle droit, elle est lexpression dune lutte contre lesespaces banaliss qui est une constante

    dans le travail de cet architecte. Ellepasse par la matrialisation dune archi-tecture de dessin Si la coque exprimeune forme simple, en effet, elle impliqueaussi une complexit constructive queJean-Pierre Lott continue assumer, fortde ses multiples expriences qui ontprouv depuis tant dannes que la tech-nique peut servir cet effet de peaucourbe et enveloppante.

    Un noyau gnreux

    Dans le mme esprit de symbolisme etde rponse au site, les plans inclinsviennent exprimer un dcalage, signalerles diffrences de niveau et suggrer quele sol naturel est plus bas, cach derrirecette dalle mystrieuse qui recouvre leparking dintrt rgional. Lextension delIUT semble en jaillir, enchsse sur cesocle avec lgret. Et ce nest pas tantla nouvelle entre qui impose sa majestque la composition dans son ensemble.

    Le piton se laisse avaler par une faillemnage au pied de la coque pourdcouvrir le luxe de lespace ! tait-ceobligatoire pour rendre cet IUT fonction-nel ? Le non qui vient lesprit a prioriserait un peu trop tranch Larchitec-ture, heureusement, se doit de dpasserla simple traduction dun programme etde proposer des espaces senss et sen-sibles. Car il serait injuste de dire que cehall ne sert rien ou peu de chose. Ilpermet dans un premier temps de grerles diffrences de niveau entre le solnaturel situ en contrebas et celui de ladalle dfini comme tant celui de la nou-velle entre principale. Intuitivement, sacomplexit intrieure suggre ce foison-nement de niveaux et de liens entre eux,en proposant trs vite une descente pro-gressive vers le niveau de la cour reliantlextension au btiment dj existant. Etpuis ce hall propose un volume impres-sionnant qui encercle les corps happsavec rondeur. Dans cette grande nef

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N 1 2 2 25

    3 4

    >>> Le nouvel accs lIUT est symbolis par une portion de coque qui semble merger dun ocan minral recouvert de dalles. Une succession

    de marches forment un parvis annonant lentre dans ce temple du savoir,

    fait de lignes pures et blanches, de courbes et de pans inclins. Une

    grande fente vitre borde la coque et inonde le hall dune douce lumire

    znithale Une passerelle partant de la nouvelle entre glisse en pente

    douce au travers du hall pour rejoindre ds la deuxime tranche le btiment

    existant de lIUT.

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  • blanche, passerelles, escalier, poteaux,piles et garde-corps forment galementun entrelacs, fait cette fois de lignesblanches et noires, de sinuosits, de che-mins emprunter. Et le corps se laisseglisser. La premire impression seraitdtre perdu Et pourtant, trs vite, lecorps se souvient et sait se reprer. Car chaque pas, la vision change. Il faut unpetit temps dadaptation, de mmorisa-tion. Puis cette multiplication des pano-ramas offerts emporte chacun dans lejeu de la promenade, de la dcouverte.Refaire le tour, dans un sens puis dans unautre et redcouvrir de nouvelles sen-sations. Cette premire tranche, trsemblmatique, se devait de constituerle point de repre essentiel pour len-semble de lIUT. Y sont surtout regroupstous les locaux du ple dchanges,notamment le centre de recherche et dedocumentation et le restaurant, quioccupent de trs beaux espaces et profi-tent de volumes gnreux. Largementvitrs, ils sont ouverts sur la cour et luni-vers pavillonnaire qui enserre le bti-ment existant. La deuxime tranche venir reliera les deux entits par un troi-sime btiment situ en fond de cour, etpar une passerelle extrieure prolon-geant lune des passerelles intrieures

    dj construites dans le hall de la pre-mire tranche. La promenade nen seraque plus complte et lIUT pourra enfinfonctionner plein rgime.

    Du modle la ralisation

    La dfinition gomtrique de la coquesest avre complexe. Car pour repro-duire le plus fidlement possible lesesquisses, il fallait baser le profil de lacourbe sur le contour dune parabole quitourne sur un axe vertical. Ces calculsont abouti un modle structurel vrifipar une modlisation trs pousse desdescentes de charges en trois dimen-sions, obtenue grce lutilisation dunlogiciel trs spcifique. Ce travail pointuconfi un bureau spcialis permettaitde vrifier que tout ce qui a t dfini parle bureau dtudes des structures fonc-tionnait. Mais surtout il offrait une aideindniable quant au positionnement etau dimensionnement prcis des fer-raillages une tape prcieuse enamont de lexcution. Le but tait dac-crotre la vigilance et damorcer la rali-sation avec le plus dassurance possiblesur la faisabilit et la justesse des plansdexcution la charge de lentreprisede gros uvre. Peu habitue ce type

    douvrage, elle sest donn les moyensde mener bien une ralisation plus quecomplexe et dajuster ses comptencesen sappuyant sur lexprience des diff-rents membres formant lquipe de ma-trise duvre.La russite dun tel ouvragerelve dune runion des comptences etde la capacit de chaque partie prenante travailler en collaboration, par exempleentre le bureau dtudes des structuresqui a conu le modle structurel et len-treprise en charge de la mise au pointdes plans dexcution. Le premier taittoujours prsent pour guider la secondeet valider les hypothses de calcul dap-pui, les plans de coffrage et leur implan-tation.Ce qui tait vrai pour llaborationdes calculs et des dessins ltait aussi aumoment de la mise en uvre. Car si lesnervures de la coque ont t prfabri-ques, ainsi que tous les lments dap-pui, la coque, elle, a t ralise en placepar bton projet sur des coffrages for-mant la sous-face le bton employ

    tait de type B40, compte tenu de lim-portance des efforts absorber et de sacapacit renforcer le degr dtan-chit de la coque. Lopration savraitplus que dlicate et pour faciliter un tantsoit peu le profilage de la surface courbe,le bton utilis tait de prfrence assezdur, avec pour inconvnient un tempsdutilisation rduit 3 ou 4 heures.

    Finition manuelle

    Le modle gomtrique de la coqueavait beau tre trs prcis et trs sophis-tiqu, sa matrialisation passait par unetape o le savoir-faire de lartisan faitencore la diffrence. Mme si desrepres avaient t mis en place et ungabarit de rgle conu spcialementpour sadapter la courbe, le lissage dela surface demeurait une tape manuelle au mme titre que les applications definition, soit dans un premier temps unemembrane arme permettant de rattra-

    r a l i s a t i o n Argenteuil (95) IUT

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    >>> chaque pas, la perspective change Voici lune des multiplesvues offertes aux tudiants amens se dplacer au cur de ces volutes.

    Lescalier central, monumental, dploie son pas de vis avec lgance.

    Lapplication dune peinture noire sur les sous-faces accentue le jeu des lignes.

    Une fort de poteaux droits ou coniques habite cet univers insolite, comme

    des repres verticaux pour lil dstabilis La bibliothque en attente

    dquipements. Elle ne sera en service quau moment de la construction

    de la deuxime tranche. Au centre, un cne pour sisoler dans ses recherches.

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  • per quelques irrgularits. Aprs lavoirenduite et ponce, il restait appliquerune rsine assurant ltanchit finale dela surface. Compte tenu des conditionsdapplication plus que complexes, cestravaux de finition ont demand unebonne dose de minutie.

    Concentrationet mthodes

    La ralisation de la coque ntait videm-ment pas le seul moment dlicat de cechantier. Tous les voiles, quils soientdroits ou inclins, lensemble des poteaux,droits ou coniques, demandaient beau-coup dattention dans la mesure o ils nerecevaient comme seule finition quequelques couches de peinture. Un soin

    trs particulier a t apport la confec-tion des coffrages et la qualit de leurpeau intrieure afin de rduire les opra-tions de ragrage.Autre figure imposante de cette exten-sion: lescalier central.Hlicodal, il dploieses marches sur toute la hauteur du hall.Prfabriqu par sries de cinq marches, ilest constitu de ces lments empils puisclavets en place. Seuls les garde-corpsont t couls en place. La prfabricationavait surtout pour avantage de faciliter letravail sur le chantier Il suffisait de trou-ver o placer la grue !A contrario, toutes les passerelles et leursgarde-corps ont t couls en place, ycompris les parties inclines. Dans un casde figure comme celui-ci, il est assez aisdimaginer limportance de la mthodo-

    logie mise en place ainsi que le rle dubureau de mthodes, lequel se devait decalculer finement les cadences, lordredes commandes et des actions unevraie gestion de production dont dpen-dent pour une bonne part la russitefinale et le contrle du cot.Lextension de lIUT fait sans doute partiede ces btiments qui montrent leurapparence finale ds la ralisation dugros uvre, lapplication gnralisedune peinture blanche ou noire ne fai-sant que rvler la plastique et la forteprsence de cette matire pleine quinest autre que le bton. Sans tricher, lastructure est dvoile, rassurante dansun univers qui en avait besoin.

    TEXTE : BATRICE HOUZELLE

    PHOTOS : JEAN-MICHEL LANDECY

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    Matre douvrage:ministre de lducation nationale,

    rectorat de lacadmie de Versailles

    Matre douvrage assistant:G3A

    Matre duvre:Jean-Pierre Lott

    Bureau dtudes structure:Etco

    Bureau de contrle:Socotec

    Entreprise gros uvre:Simoni

    SHON (1re tranche):3 000 m2

    Cot(1re tranche):

    4,57 MHT

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  • r a l i s a t i o n St-Germain-la-Blanche-Herbe (14) Archives

    De la difficult de restaurer et dtre de son temps>>> Agns Pontremoli et Bruno Decaris, architecte en chef des Monuments historiques, ont

    restaur et restructur les locaux de labbaye dArdenne pour y installer lImec (Institut mmoires

    de ldition contemporaine). Dans un contexte de ce type, la difficult consiste tre de son temps

    tout en sinstallant dans lexistant. Au final, la construction dun btiment darchives, coiff

    dune longue vote et parallle au mur denceinte en pierre de lancienne abbaye, fait la part belle

    au bton qui trouve tout naturellement sa place dans cet ensemble rsolument patrimonial.

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  • Voil quinze ans que Bruno Decaris etAgns Pontremoli sont entrs danslintimit de labbaye dArdenne, lunedes trois grandes abbayes de Normandie.difie entre le XIII et le XVIIIe sicle, elle futtransforme en temple protestant puis enexploitation agricole avant dtre occu-pe par une division SS durant la SecondeGuerre mondiale, ce qui explique quelleait t bombarde. Quand le conseilrgional de Basse-Normandie lachtee