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    N 1 2 0 3 E T R I M E S T R E 2 0 0 5 MODERNMODERN

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    DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Anne Bernard-Gly DIRECTEUR DE LA RDACTION : Roland Dallemagne CONSEILLERS TECHNIQUES : Patrick Guiraud, Serge Horvath CONCEPTION,RDACTION ET RALISATION : LAGENCE PARUTION 41, rue Greneta 75002 Paris RDACTEUR EN CHEF :Norbert Laurent RDACTRICE EN CHEFADJOINTE: Maryse Mondain SECRTAIRE DERDACTION : Philippe Franois MAQUETTISTE : Sylvie Conchon DESSINS TECHNIQUES ET PLANS: Xano Pour tout renseignement concernant la rdaction, tl. : 0153 00 7413 La revue Construction moderne est consultable sur www.infociments.fr Pour les abonnements: envoyer un fax au 01 55 23 01 10 ou un e-mail [email protected]

    ditorialLa participation la 7e session du concours Btons,matiredarchitecture tmoigne du succs de cette consultationet montre que lvnement organis par Cimbton est bien

    ancr dans le paysage des coles darchitecture franaises.Ce nest pas encore le cas dans les coles dingnieurs,mmesi les quipes mixtes architectes et ingnieurs sont septfois plus nombreuses que lors de la prcdente session.Le thme de la densit urbaine et de la constructionen hauteursinscrit au cur dun dbat de socit.La ville du futur,pourtre durable, doit apprendre grer la densit et la rendreacceptable pour ses habitants, travers de nouveaux conceptset de nouvelles visions de lespace urbain en trois dimensions.Loriginalit et la richesse des projets montrent que lesnouvelles gnrations darchitectes sont prtes rpondre avectalent de tels enjeux urbains et architecturaux.Cimbton

    donne rendez-vous aux futurs candidats pour la 8

    e

    session,dont la thmatique sera connue en janvier 2006.

    ANNE BERNARD-GLYDlgue gnrale du Syndicat Franais de lIndustrie Cimentire,

    Directeur gnral de CIMBTON7, place de la Dfense 92974 Paris-la-Dfense Cedex

    Tl . : 01 55 23 01 00 Fax : 01 55 23 01 10 E-mail : [email protected]

    internet : www.infociments.fr

    >> CouvertureLimmeuble de bureaux de Christian Hauvette,

    prs de la station Denfert-Rochereau Paris.

    Photo: Didier Boy de La Tour.

    Sommaire n120

    >> PAGE 01> Rouen EsigelecArchitectes: Arene & Edeikins

    >> PAGE 17 >Les architectures de leau

    >> PAGE 05 > Sains-en-Aminois coleArchitectes: Deprick & Maniaque

    >> PAGE 25 > ChatouMdiathqueArchitecte : Suzel Brout

    >> PAGE 09 > Montreuil-sous-BoisLogements Architecte: Vincen Cornu

    >> PAGE 28 > Paris BureauxArchitecte: Christian Hauvette

    >> PAGE 13 >Vendme UnitArchitectes: Ameller & Dubois

    >> PAGE 32 >Villeurbanne Studiomulticulturel Architectes: N. Guillot,P. Piccinato et R. Molnar

    >> PAGE 35 > Carte b deux architectesJacques Brion et Jean Boca

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    r a l i s a t i o n Rouen (76) Esigelec

    Ecole dingnieursen zone forestire Conu par les architectes Arene & Edeikins, le nouveau btiment de lEsigelec prend grand soin

    des arbres prsents sur le site. Les volumes et leur architecture sont dessins pour rvler

    la profondeur de la fort et prserver et mme mettre en valeur la dimension naturelle du lieu.

    preuve, le socle en bton matric revtu dune lasure brun-rouge qui se lit comme un prolongement

    du sol naturel, et sur lequel repose lensemble de ldifice. Un difice qui offre aux tudiants et aux

    chercheurs un lieu de vie agrable, o lon reste volontiers aprs les cours tant il y fait bon vivre.

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    Esigelec forme des ing-nieurs dans des domaines

    technologiques innovants ettrs divers, tels que les systmeslectroniques de tlcommuni-cation, les tlcommunicationsoptiques, les rseaux et servicestlcom, les technologies delinformation, le gnie logiciel, lessystmes embarqus, lautomatique etla robotique industrielle, le gnie lec-

    trique ou encore le transport. Dans le

    cadre du regroupement des capacits

    scientifiques et technologiques entre

    entreprises, tablissements densei-

    gnement suprieur et laboratoires de

    recherche, la chambre de commerce et

    dindustrie de Rouen a dcid de doter

    lcole de locaux neufs et de les implan-

    ter sur le technople du Madrillet,

    lentre sud de Rouen.

    Avec ce nouveau btiment dune super-ficie de 12 600m2, soit 3500 m2 de plusque lancienne cole de Mont-Saint-

    Aignan, lEsigelec peut faire face, dans

    des conditions optimales, laccroisse-

    ment de ses promotions et au dvelop-

    pement de ses activits annexes comme

    la formation continue, le conseil ou la

    recherche industrielle. LIrseem (Institut

    des recherches en systmes lectro-

    niques embarqus), cr en janvier 2001

    dans le cadre de lEsigelec, dveloppe

    une recherche caractre industriel et

    entretient des liens troits avec les indus-

    triels des filires automobile, aronau-

    tique ou spatiale, les PME du secteur dellectronique, les industriels du secteur

    des tlcommunications et les socits

    de transport.Le projet prend place sur une parcelle

    situe au croisement de lavenue Galile

    (au nord) et de la future avenue Isaac-

    Newton ( lest), qui desservira terme

    le technople depuis la rocade sud

    de Rouen. Leffectif total de lcole est

    denviron 750 tudiants, auxquels il

    faut encore ajouter 190 enseignants et

    membres du personnel administr

    Le programme comprend un am

    thtre de 420 places, deux am

    thtres de 250places, un amphith

    de 120 places, 14 salles de travaux

    gs, huit laboratoires et cinq salles

    recherche, un libre-service informatiq

    un libre-service multimdia-langu

    ainsi quune bibliothque riche de

    de 4000 ouvrages et priodiques.

    bureaux pour les enseignants, le persnel administratif et la direction,ainsi

    des salles de runion et autres locncessaires au bon fonctionnemen

    lcole,compltent ce programme.

    Un technople forestier

    Les tudiants disposent dune caft

    restaurant, dun foyer et de plus

    15bureaux destins la vie associa

    et aux diffrents clubs. Enfin, un p

    >>> Installe harmonieusement et avec douceur dansles arbres, lEsigelec semble merger du sol, comme pose sur un

    socle en bton matric qui prolonge le sol naturel. Le btimen

    sur pilotis ouvre le patio central sur la fort. Lieu de vie

    offert aux tudiants, la promenade semi-couverte est lpine dorsale

    du projet. Ldifice rvle la profondeur de la fort; il prserve

    et met en valeur la dimension naturelle du lieu.

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    2 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    L

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    gramme spcifique comprenant labora-

    toires et locaux pour chercheurs est

    ddi lIrseem. Un environnement

    forestier gnreux, marqu par la pr-

    sence dominante des pins, caractrise

    le lieu. Ds notre premire visite sur le

    site, nous avons t frapps par la pr-

    sence de ces pins superbes, souligne

    Christine Edeikins. Larchitecte relve

    llancement et le graphisme de leurtronc, qui offre un dgagement visuel

    important au niveau du sol,tandis que la

    hauteur de frondaison compose un pla-

    fond vgtal protecteur. Compte tenu

    de la qualit naturelle du lieu, nous

    avons tout de suite considr que nous

    ne nous trouvions pas dans le cadre dun

    technople courant, o les btiments

    simposent le long des voies et trnent

    parfois avec ostentation. Ici rien de toutcela, nous sommes dans un technople

    que nous qualifierons de forestier. Ds

    le dpart de la rflexion, les architectesont donc travaill le projet en vue de

    conserver et de valoriser la qualit vg-

    tale du site,ainsi que sa dimension fores-

    tire,en la prenant comme une des don-

    nes de lurbanisation. Nous avons d

    aussi rpondre une contrainte quelque

    peu paradoxale qui impose dune part

    une entre principale pitonne sur lave-

    nue Galile, et dautre part un parking

    situ sur la partie diamtralement oppo-

    se. Nous nous sommes donc retrouvs

    avec lobligation de crer deux entres

    trs loignes dans un mme difice,

    complte Christine Edeikins. En asso-

    ciant les donnes du programme, les

    contraintes fonctionnelles et les convic-

    tions issues du site, les architectes ontfinalement conu un btiment volontai-

    rement modeste qui sinscrit naturelle-

    ment dans son contexte et se coule dans

    la vgtation. Limplantation de ldifice

    est pense de faon conserver au maxi-

    mum les arbres existants, tandis que les

    volumes et leur architecture sont dessi-

    ns pour rvler la profondeur de la fort

    tout en prservant et en mettant en

    valeur la dimension naturelle du lieu.

    Fonctionnel et parfaitementinscrit dans le site

    Ldifice se compose dun corps princi-

    pal linaire install sur un axe nord-sud

    perpendiculaire lavenue Galile.Cette

    ligne constitue lossature principale du

    projet. Elle est tendue entre lentre plus

    publique et institutionnelle sur lavenue

    et lentre situe ct parking, pratique

    quotidiennement par la majorit des

    3 4

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 3

    Un socle en bton matric fdrateur

    De type poteaux-poutres, la structure gnrale du projet est ralis

    en bton coul en place de faon traditionnelle. Les pilotis supportan

    la partie souleve sont de section rectangulaire; vus de profil, ils fon

    penser, par leur lancement,aux pins environnants.Le socle de ldi

    fice et lenveloppe des lments emblmatiques de lcole (les troiamphithtres et la faade principale de lIrseem) sont traits en

    bton matric lasur brun-rouge. Ce parement rugueux a t labor

    partir de trois moules en pltre qui reproduisent le sol dpines, d

    feuilles et de branchages de la fort prexistante au projet. Le

    motifs ont t obtenus partir dlments vgtaux ramasss sur le

    sol du site.Les architectes ont dispos les lments de telle sorte qu

    des continuits apparaissent dun panneau lautre, et les moule

    ont t retravaills par un sculpteur afin de rendre les matrices faci

    lement dcoffrables. Les moules ont ensuite t contretyps pou

    raliser des matrices de rsine polyurthane servant de fond de cof

    frage. Trois modles diffrents ont t crs et calepins par learchitectes pour viter une rptition trop rgulire et monotone de

    motifs. Tous les voiles matrics ont une paisseur uniforme de 23 cm

    et un bton fluidifi a t mis en uvre pour les raliser.

    TECHNIQUE

    tudiants et des enseignants qui vien-

    nent lcole en voiture. Sur son ct

    est, le long du parking et au cur du

    terrain, vient se greffer un corps de

    btiment (R+ 1) en forme de U, qui

    abrite un patio. Le volume de lIrseem,

    enfin, sappuie sur lautre extrmit d

    la ligne. Il se dveloppe vers louest e

    forme un front bti sur lavenue Galile

    Tous les lments distributifs du proje

    sont installs dans le btiment linaire

    imagin et dessin par les architecte

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    site. La lasure brun-rouge applique sur

    le bton brut fait rfrence aux teintes

    du sol et aux troncs des pins.En dehors

    du socle, les faades dclinent un jeu de

    teintes gris-vert qui accompagne lins-

    cription des volumes harmonieusementdessins dans le paysage. Le btiment

    trs horizontal est conu pour faire ren-

    trer la fort lintrieur.

    Des espaces intrieurshabits par la fort

    Les architectes ont effectu un travail trs

    riche sur les relations entre intrieur et

    extrieur, par des jeux de transparence

    travers les diffrents espaces qui donnent voir le site en permanence.Ces mmes

    espaces vus de lextrieur donnent lim-

    pression dtre habits par la fort. Lestrois dpartements denseignement occu-

    pent le premier tage du volume en U.

    Associs un groupe de salles de TD, ils

    forment un anneau surplombant le patio.

    Au rez-de-chausse des ailes latrales

    prennent place, dun ct, les deux

    amphithtres de 250 places et, de

    lautre, le grand amphithtre,le libre-

    pour offrir au niveau de son rez-de-

    chausse une promenade semi-couverte

    dans lcole et dans le site. Et larchi-

    tecte dajouter : Tout naturellement,

    dun hall lautre, on trouve le long

    de ce socle-promenade les entres desamphithtres, le foyer des lves, les

    locaux associatifs, les accs aux diff-

    rentes entits denseignement situes

    ltage, ainsi que la caftria-restaurant

    qui vient souvrir sur la cour intrieure

    et lenvironnement bois. Cet espace

    linaire constitue en quelque sorte une

    pine dorsale pour lensemble du pro-

    jet. Le plan de masse de ldifice se com-

    pose selon une figure en manivelle.

    Ainsi, tout en prsentant un dveloppe-ment souple dans le site, lensemble du

    btiment est trs structur en termes de

    reprage et de fonctionnalit.Installe avec harmonie dans les arbres,

    lEsigelec semble merger du sol, comme

    pose sur un socle en bton matric qui

    prolonge le sol naturel. Ce socle forte

    rugosit dtermine une horizontale de

    rfrence pour tout ldifice. Le motif de

    cette assise gnrale est labor partir

    des lments vgtaux qui tapissent le

    >>> Anim par la paroi en bton recouverte dune lasurebrun-rouge, le couloir du grand amphithtre ouvre gnreusement

    sur la fort. Le foyer de lamphithtre de 420 places.6

    5

    r a l i s a t i o n Rouen (76) Esigelec

    5 6

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    Matre douvrage:CCI de Rouen

    Matre duvre :Arene & Edeikins,architectes ;

    J.F.Patte,architecte chef de projet

    Amnageur :Rouen Seine Amnagement

    Ingnieur-conseilet conomiste :

    AS Mizrahi

    Signaltique :Intgral Ruedi Baur et associs

    Entreprise gros uvre :Quille

    Sculpteur :M. Triscos

    Surface :11 000 m2

    Cot:

    15 MHT

    service multimdia-langues et la biblio-

    thque.Cette dernire, avec sa salle de

    lecture double hauteur gnreusement

    vitre,offre un espace clair et calme pro-

    pice la concentration et au travail. Le

    grand amphithtre, facilement identi-

    fiable par sa forme spcifique, est install

    en position de signal depuis lespace

    public.La branche est, installe sur pilotis,laisse le rez-de-chausse vide. Un vide

    scand par le rythme des pilotis qui ouvre

    largement le patio et la promenade semi-

    couverte sur la fort.

    Sans ostentation ni provocation, la nou-

    velle Esigelec apporte lexemple dune

    architecture contemporaine combinant

    pertinence et rigueur, et qui sait respec-

    ter et mettre en valeur les qualits dun

    site naturel tout en exprimant la moder-

    nit et le dynamisme dune institution.Ldifice conu par les architectes Arene

    & Edeikins offre ses utilisateurs unespaceperformant,propice ltude, la

    recherche,et o il fait bon vivre. Ici, haute

    technologie et nature cohabitent en har-

    monie, pour une rponse pertinente aux

    dfis lancs par les dveloppements

    futurs des sciences et des techniques.

    TEXTE :NORBERT LAURENT

    PHOTOS :OUVERTURE,1 ET6J.-M.MONTHIERS

    2 ET3P. TOURNEBUF 4 ET5DR

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    r a l i s a t i o n Sains-en-Aminois (80) cole

    Cadre argentsur fond de ciel picard Sains-en-Aminois, face aux arbres et au ciel, lcole primaire de la Sentelette bouscule

    les codes. La modestie du programme sign Deprick et Maniaque nentame en rien laudace

    de cette extension de lancienne maternelle: ses jeunes occupants profitent dune vaste fentre

    largement ouverte sur le paysage, inscrite dans un cadre paralllpipdique lgrement surlev

    du sol. En contrepoint cette dmarche qui vise unifier et simplifier les formes, laccent

    est mis sur la texture et la qualit de mise en uvre du bton autoplaant.

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 5

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    itue une dizaine de kilo-mtres au sud dAmiens,

    dans une commune rurale pro-mise devenir une banlieuehuppe de lagglomration, lanouvelle cole de la Senteletteprend place sur un plateau, entreun arboretum et la maternelle existante.

    Implante en bordure du bourg et enlisire des champs, celle-ci se voit dote

    dune extension dont limplantation

    signifie dj tout le projet. Dun geste

    fort et rectiligne, Jean-Louis Maniaque et

    Philippe Deprick ont difi ce nouveau

    btiment au volume clair et gom-

    trique.Vus de loin, du plateau, lhorizon-

    tale de la faade et le btiment dans son

    ensemble se dissolvent dans la masse

    des feuillages et des branches. Cettemanire de faire, trs personnelle ces

    architectes, suggre une esthtique nonpas de la disparition de ldifice,mais de

    son vanouissement et de sa fusion dans

    le site et la nature.

    Trois salles de classe pour le primaire, des

    sanitaires, un prau, des espaces ext-

    rieurs,un cheminement piton tout

    cela parat modeste, voire mme insigni-

    fiant. De fait, lexercice consistait au

    dpart proposer une extension une

    cole relativement rcente, fortement

    identifie dans un registre vernacu-laire par ses parements en clins de bois

    et la pente de ses toitures.

    Demble,lentredu btiment est dplace

    Les architectes ont opt pour une strat-

    gie de rupture, consistant isoler la nou-

    velle extension. Alors que lentre de

    lancienne cole se faisait ct bourg,sur

    une placette implante au bout dun

    chemin vicinal, ils ont fait demblchoix den modifier laccs, en repo

    sant plus loin la dpose des enfants,

    limplantation dun parking. Lentr

    fait donc dans lentre-deux, const

    dune galerie vitre toute hauteur

    relie les deux entits. L, le directeu

    lcole a tout loisir de profiter de

    volume conu comme une serre don

    vocation pdagogique est la bienve

    dans un contexte rural.

    Au premier abord, cest simple et file droit. Le nouvel difice se prse

    comme une fentre allonge don

    cadre en forme de large ruban office, dans sa partie basse, de circ

    tion extrieure (1,20 m) et dassis

    confortable 45cm au-dessus du

    Ce cadre ne touche pas le sol,donc.

    est dtach par un joint creux de 20

    qui file tout le long de ldifice.Ce v

    ajout lpaisseur de la dalle, mn

    la hauteur voulue pour constituer l

    >>> Le vitrage de la galerie dentre tablit un trait dunionentre lancien et le nouveau btiment. Cette grande loggia

    dcolle du sol sinscrit dans un cadre en bton au parement

    subtilement travaill. lextrmit, la gomtrie trs simple

    du prau et labsence de retombe de poutre montrent le travail sur

    la structure. Le vitrage et ses reflets,face larboretum.4

    3

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    1

    r a l i s a t i o n Sains-en-Aminois (80) cole

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    6 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    S

    rue de la Sentelette

    N

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    sise prcite. Il correspond surtout un

    porte--faux gnral qui court sur toute

    la priphrie du btiment et rend

    visibles le statut de cadre et le parti

    gnral. Ce dtail trs labor de joint

    creux avec le sol soulve littralement la

    masse du btiment.

    Cohrent de bout en bout

    Intrieurement,lorganisation spatiale

    pure et parfaitement fonctionnelle est

    en parfaite harmonie avec le tout,depuis

    le dessin des faux plafonds jusqu celui

    des cloisons en bois verni et cir. Ce tra-

    vail en trois dimensions affirme sa coh-

    rence de bout en bout ; en tout point les

    enfants profitent de la lumire.

    lment structurant de ldifice et cadre

    de cette gigantesque fentre, le matriaubton est travaill sous tous ses aspects:

    dans sa mise en uvre, dans son appa-

    rence, dans son toucher, mme. Ce tra-vail empreint dune grande subtilit

    tmoigne lui seul de limplication des

    architectes et de leur savoir-faire. Il sagit

    en loccurrence dun bton gris autopla-

    ant, trs fluide du fait de limpossibilit

    quil y avait employer des vibreurs dans

    certaines zones particulirement fer-

    railles. Ce btiment longiligne,en effet,

    ne prsente aucune retombe de poutre

    ni de poutre retrousse en toiture et

    ne possde dautre contreventement

    que ses propres poteaux, dont certains

    intgrent les conduites de descente des

    eaux pluviales.Le coffrage est apparent et laisse visible

    un travail de haute prcision sur desliteaux de pin autoclav, poss sur uncontreplaqu lui-mme fix aux banches.Les architectes ont ralis des essais surla hauteur des tasseaux et lpaisseur quiles spare pour former des balvres doressort la laitance du bton, en jointshorizontaux de quelque 7mm.

    Une lasure blanche qui faitcho aux ciels de Picardie

    Ces fuites voulues et contrles forment

    des stries horizontales qui animent lematriau et lensemble des faades.

    Lpaisseur des clous qui fixent ces

    liteaux, dont les ttes restent visibles,comme dinfimes ponctuations sur les

    murs dcoffrs, a elle aussi donn lieu

    des test in situ. Enfin, pour unifier le

    tout, une lasure blanche a t passe

    sur le matriau, qui donne ce cadre

    gris clair une tonalit argente harmo-

    nieusement assortie aux ciels de la cam-

    pagne picarde.

    3 4

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 7

    Le double voile et le porte--faux

    En premier lieu est coul un voile de 14cm, futur pignon de ldifice

    Non fond, il repose sur un bastaing lui-mme pos sur des tra

    verses de bois. Ce voile prsente une face extrieure anime de

    multiples stries horizontales dues aux fuites de laitance, et du

    bas-relief en creux qui porte le nom de lcole. Dans un deuxim

    temps, le plancher bas est mis en uvre, avec son porte--fau

    priphrique de 1,20m. Il vient sarrimer au pignon dj en place e

    en reprendre la charge. Dans un troisime temps est coul u

    double voile, parallle au premier ct intrieur, dont il nest spar

    que de lpaisseur dune isolation polystyrne. Ce deuxime voile es

    porteur ; cest lui qui fera office dossature pour supporter qua

    trime temps la dalle de toiture, tandis que le premier voile, su

    lextrieur, formera acrotre. Le bastaing peut ds lors tre retir

    Non sans une certaine apprhension, tout le moins avec motion

    avouent les architectes

    TECHNIQUE

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    Ce jeu dlicat entre le bton et le bois du

    coffrage trouve un prolongement danslutilisation du bois,trs prsent lint-

    rieur, o il apporte sa chaleur et sa prci-

    sion dans le traitement des doublages et

    des cloisons. On pense naturellement

    au travail effectu sur ce thme par

    dautres architectes du Mouvement

    moderne. Mais il faut aussi le rapprocher

    de la culture japonisante des auteurs.

    La gomtrie rigoureuse de lespace, le

    traitement de la lumire, le ct mille-

    feuilles n de la superposition de circu-lations, dpaisseurs plus ou moins pal-

    pables mais nanmoins trs prsentes,

    de transparences, nous renvoient detoute vidence larchitecture tradition-

    nelle du Japon.Il nous ramne aussi ce

    dialogue fcond quentretiennent,depuis

    plus dun sicle, le bois et le bton.

    Enfin, ce parti trs fort,celui dun grand

    cadre ouvert sur le paysage, ne serait pas

    lisible si la plus grande transparence ne

    venait offrir un contrepoint et mettre en

    valeur ce mme cadre. Le grand aplat

    verrier de la fentre principale joue cerle. Il est brivement interrompu par

    une imposte pleine, en bois, qui vient

    contrecarrer, mi-hauteur, linclination

    du visiteur contempler les arbres sitt

    aprs avoir pntr dans le btiment.

    Positionn dans laxe du hall, il incite au

    dgagement latral, le long de cette

    coursive rythme de piliers au bton irr-

    prochable, qui dessert les classes parall-

    lement la circulation extrieure dj

    voque. Prcisons que cette impostepleine permet en outre aux architectes

    de respecter scrupuleusement les rglesde la RT 2000.

    Dans un contexte moderne

    Depuis toujours, larchitecture organise

    les cadrages, dfinit et oriente les vues.

    Le Mouvement moderne na pas drog

    la rgle qui, tout en usant dun voca-

    bulaire nouveau, sest attach mettre

    en scne la relation entre le bti et le

    paysage.Les fentres ouvertes sur le ciel

    de la villa de Noailles, signe Mallet Ste-

    vens, en sont une belle illustration.

    Dautres, comme Marcel Breuer, ont su

    utiliser les proprits du bton pour di-

    fier des btiments dont la structure se

    projette gnreusement vers lext-

    rieur. Plus rcemment, cest la prise encompte toujours plus aigu de la rela-

    tion essentielle maintenir avec la

    nature qui a incit nombre darchitectes

    adopter des partis trs volontaires,

    voire mme radicaux.

    une autre voie signeDeprick et Maniaque

    ce titre, et tout en affirmant leur atta-

    chement au vocabulaire moderne,au rleet aux possibilits offertes par le bton,

    les architectes Deprick et Maniaque tra-

    cent une voie originale. Cette colematernelle se situe dans cette dernire

    veine, laquelle il convient dassocier les

    apports de la culture japonaise dont ils

    ont pu, de par leur pass professionnel,

    simprgner pour en devenir aujourdhui

    des connaisseurs inspirs.

    TEXTE : VINCENT BORIE

    PHOTOS : DIDIER BOYDE LA TOUR

    >>> Les panneaux vitrs de 3,30m de hauteur permettentdes jeux de transparence,comme ici sur lespace du prau.

    La circulation intrieure est conue comme un filtre entre

    la nature et les salles de classe aux cloisons en bois trs

    japonisantes. La rigueur de la composition est place au service

    dune recherche sensorielle.

    6

    5

    r a l i s a t i o n Sains-en-Aminois (80) cole

    5 6

    8 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    Matre douvrage:commune

    de Sains-en-Aminois (80)

    Matre duvre :agence Deprick et Maniaque,

    architectes

    Programme :ralisation dune cole primaire

    comprenant trois salles de classe,une galerie de liaison avec la

    maternelle,un prau,une cour,

    une aire de jeux,un parkingBET :

    OTH Nord

    Entreprise gros uvre :Callec

    Surface :1 535 m2 SHOB

    Cot:

    560 000HT

  • 5/26/2018 CM-120

    11/44

    r a l i s a t i o n Montreuil-sous-Bois (93) Logements

    Libre interprtede la partition urbaine Montreuil est une ville o la densification est intense. La revalorisation du tissu urbain

    existant est allie un travail important sur la mmoire du lieu murs pches, parcellaires,

    industries. Dans un plan de masse dessin par Alvaro Siza, la fois trs rigide, respectueux

    dun contexte dstructur, et trs savant quant ses rsolutions urbaines, Vincen Cornu

    a su jouer pleinement des contraintes. Comme une musique qui est crite et qui lon doit

    fidlit mais o le travail dinterprtation est trs libre.

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 9

  • 5/26/2018 CM-120

    12/44

    u cur de Montreuil sedresse la tour des Urssaf,

    devenue un authentique repreurbain.Cest l quAlvaro Siza acisel un plan damnagementdune grande finesse. La topo-graphie, le contexte fragmentet les diverses qualits architecturales

    prsentes y sont pris en compte sans a

    priori; les lments pathognes sontreprs selon leur nuisance globale au

    plan urbain et non pas au plan formel. Il

    en sort une dfinition extrmement pr-

    cise de limplantation des btiments, et

    des gabarits rgls pour de nouvelles

    constructions aux paisseurs et aux

    arases particulirement dtailles.

    Au pied de la tour est amnag un

    espace urbain comprenant la mairie,

    un thtre, des places. lest de cetensemble, un lot triangulaire supporte

    diverses constructions htroclites

    conserver pour partie.Alvaro Siza y dfi-nit des lignes bties qui assurent une

    transparence visuelle entre le centre de

    Montreuil tel que cit plus haut et la par-

    tie dominante de la topographie urbaine

    particulire de ce quartier.

    Lorientation des btiments sy fait

    en longueur, comme pour les murs

    pches,avec une face au sud et une face

    totalement au nord. Hauteurs et gaba-

    rits sont nots lment bti par lment

    bti. Une fois le plan de masse fix,

    Alvaro Siza a directement dsign les

    architectes btisseurs, lot par lot.

    Vincen Cornu ont t attribus les deux

    btiments de ttede cet lot est. Lun,

    de petite taille, saccroche et termineune barre de logements existante,

    lautre, nettement plus important, est

    indpendant. Les deux viennent buter

    sur lavenue Walwein.

    Appartements traversants

    Les contraintes taient nombreuses car

    limplantation et laltimtrie de tous les

    morceaux construire taient prdter-

    mines. Et, prservation de la transpa-

    rence urbaine oblige, les btiments nesuivaient pas le trac des rues. Pour par-

    faire ce travail, Vincen Cornu a com-

    menc par tudier les coupes de sesfuturs logements. Lpaisseur cons-

    quente de ces derniers, en effet, ajou-

    te une face pleinement au nord, a

    amen larchitecte choisir des appar-

    tements traversants avec des sjours

    toujours placs au sud. La qualit de

    lhabitat, on laura compris, tait primor-

    diale.Au final, il en rsulte un ensemble

    de 80 logements presque exclusive-

    ment traversants qui jouent sur lasso-

    ciation savante de deux typologies, un

    duplex montant et un duplex descen-

    dant. Lpaisseur est investie sans pour

    autant exploser les surfaces, prcise

    larchitecte. Le btiment offre ainsi, tous

    les deux niveaux, un tage complet de

    chambres; les niveaux directement sup-

    rieurs ou infrieurs contiennent lac

    au logement et une chambre au n

    avec le sjour et la cuisine au sud.

    aux surfaces gnreuse

    Lespace intrieur des logements

    dfini par une vidente partition jo

    nuit, la compacit des dispositifs d

    r a l i s a t i o n Montreuil-sous-Bois (93) Logements

    1 2

    10 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    A

    14 m 30

    Coupe sur trois niveauxPrincipe de base pour le btiment A : embotement de duplex montants et descenda

  • 5/26/2018 CM-120

    13/44

    tre donne aux pices habitables des

    surfaces gnreuses, les pices sarticu-

    lent de sorte quil nest pas toujours

    ncessaire dy mettre des portes, et

    chaque appartement bnficie dun pro-

    longement extrieur trs habitable, un

    balcon de 1,8 x 3,6 m orient au sud.

    La gestion de la circulation intrieure au

    btiment est performante, avec deuxcages descalier et deux courtes cour-

    sives un tage sur deux, le tout sur

    neuf niveaux. Les ttes des immeubles

    touchant lavenue Walwein, quant

    elles, offrent des logements dexception

    mlant duplex et simplex, avec des vues

    orientes dans trois directions. Ces

    pignons sur rue permettent la fois

    une diversification des typologies de

    base des duplex et une identification

    depuis lespace public.

    Le petit btimentou Don Quichotte

    troit et donc maigre et haut, le btiment

    de tte, qui prolonge une construction

    existante, contient 23 logements singu-

    liers.Des simplex dits en trfle ont des

    distributions centrales avec des pices

    sur le pourtour et des vues amnages

    dans de multiples directions. Ils ctoient

    des duplex qui depuis lentre du loge-

    ment offrent des vues diagonales dyna-

    miquement ouvertes sur un extrieur

    lointain; la rue est toujours visible depuis

    la porte du logement.

    Linclinaison des pignons par rapport

    lavenue Walwein a un double rle:

    dune part, elle renforce lintimit de

    lhabitat, dautre part, elle ouvre large-ment la voie au soleil dans le logement.

    Sy ajoutent les grands pans de murs

    blancs des escaliers intrieurs qui ren-

    voient et diffusent la lumire.

    Le grand btimentou Sancho Pana

    Plus long mais plus pansu,le grand bti-

    ment, avec ses 57 logements, illustre

    davantage cette typologie de base crepar Vincen Cornu : les duplex traver-

    sants. Ici comme ailleurs, larchitecte

    a travaill les vues, simplement tra-versantes, diagonales, ou tout autres

    encore.Pour chaque logement, ds len-

    tre au nord, le regard peut atteindre la

    faade sud, le paysage extrieur et le

    soleil, soit de faon directe, soit le plus

    souvent en diagonale pour renforcer

    leffet de distance et despace. Pour ce

    faire, des dtails ont t mis au point

    comme, dans le duplex montant, une

    rampe descalier qui ne commence

    quaprs les quatre premires marches

    afin de ne pas bloquer la vue depuis la

    porte dentre.

    Parfois, une terrasse est cre entre

    sjour et cuisine avec des ouvertures qui

    se font face et permettent des sries de

    vues entre espaces intrieurs et ext-

    rieurs : cuisine sur terrasse, terrasse sur

    sjour, cuisine sur sjour et inversement.Pour certains encore, aucun cloisonne-

    ment nexiste entre sjour et chambrehaute au sud, comme on peut le voir

    dans le duplex montant.

    Des coursives,des balconspour dialoguer avec la ville

    Le contexte urbain de lopration Wal-

    wein est trs diversifi: barres de loge-

    ments, petits quipements publics, mai-

    sons individuelles.Dans le travail sur lemasses dtermin par Alvaro Siza, o le

    nouveaux immeubles de plus de neu

    tages ont des volumes marqus qui s

    placent aux diffrents niveaux urbain

    alentour,Vincen Cornu utilise les volu

    mtries de ses coursives ou de se

    balcons pour dialoguer avec lensembl

    urbain. Les coursives infrieures formen

    auvent et servent asseoir visuellemen

    le btiment. Les coursives suprieurecrent de grandes lignes horizontales qu

    prolongent les perspectives cres dan

    les rues environnantes avec les constructions existantes.

    Enfin,le filurbain reliant les nouveau

    btiments la tour des Urssaf est mar

    qu par les linaires des prolongement

    extrieurs et le dessin des surfaces d

    pur bton. Une bande de bton brut es

    commune aux deux nouveaux bt

    ments et en fait le tour avec un dcalag

    3 4

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 11

    >>> Avenue Walwein, les deux btiments de tte offrentdes rponses formelles la faade urbaine complexe de la rue comme

    lexpression linaire du projet en cur dlot. Des touches

    de couleur marquent les faades et le bton brut souligne les

    cohrences structurelles. Les balcons fabriquent un jeu plastiqu

    pour la faade des duplex sur lavenue. Ils renforcent les effets

    de lumire et protgent du soleil sur les faades en cur dlot.

    4

    3

    2

    1

  • 5/26/2018 CM-120

    14/44

    de hauteur marquant la topographie.

    Un effet baroque pour retrouver une

    unit, qui a pour but de resserrer lescomplications des btiments, prcise

    larchitecte. noter encore, les balcons

    traits en volumes indpendants afin de

    se dmarquer des circulations mais

    aussi pour que les lumires ne soient

    pas systmatiquement bloques par

    lauventainsi cr.

    Un patient travailsur laspect et la matire

    Les deux btiments sont construits en

    bton brut destin demeurer apparent.Loin dtre un enduit, en effet, la couleur

    blanche des murs est une peinture cou-

    vrante trs lisse. Elle se trouve ainsi au

    nu du bton et la surface, le plan du bti-

    ment, est unique.Parfois, un joint creux

    est l pour faire la jonction entre diff-

    rents lments architecturaux balcons,

    faades des logements, linteaux des

    ouvertures, mains courantes, etc. Hors

    des alignements urbains, les surfaces debton brut sont dtermines par un

    emplacement dusage, comme les mains

    courantes et les nez de dalle des balcons,

    surfaces exposes ou pouvant se salir

    par le toucher.

    Lensemble des constructions est recou-

    vert de cette peinture trs blanche lisse

    dont la couleur est caractristique de

    la capitale, proche du pltre de Paris ;

    ses nuances varient superbement avec

    les ciels de lle-de-France et leurslumires souvent perles. Les btiments

    en deviennent ariens.

    Taches de couleuraccidentelles

    Autre touche de finesse, plutt que de

    ngocier dimportantes surfaces aux

    couleurs plichonnes, larchitecte a

    fait le choix de placer sur les btiments

    de petites taches de couleurs vives, de

    faon accidentelle, par exemple pour

    marquer une terrasse certains niveaux.

    Une intervention tout en mesure qui

    nest pas trangre la dlicatesse

    gnrale de louvrage.

    Enfin, les menuiseries en bois sombre

    sont places au nu des isolants intrieurset en retrait par rapport louverture en

    bton. En partie haute, la goutte deau

    est engrave dans le linteau en bton.

    Ainsi, dormants et ouvrants restent

    cachs derrire la paroi extrieure de

    bton. Il en rsulte une faade toujours

    plus pure et des ouvertures tout

    entires en clair vitrage.

    Matres douvrage varis, architecte et

    entreprises ont ici travaill en confiance,

    en particulier pour le gros uvre quiconstitue un outil dimportance dans ce

    projet.Avec peu de moyens structureclassique, aspect simplement brut du

    bton ou peinture ,Vincen Cornu a su

    offrir la ville et aux habitants une

    architecture urbaine et des logements

    de trs grande qualit. Le projet final

    nen est que plus simple daspect et plus

    clair lire.

    TEXTE : SYLVIE CHIRAT

    PHOTOS : JEAN-MARIE MONTHIERS

    >>> Le bton brut est judicieusement plac au nez desdalles de balcons qui prennent la pluie, en lieu et place des mains

    courantes qui supportent les salissures causes par le toucher.

    Dans les duplex, le regard traverse le logement dans le sens

    horizontal comme dans le sens vertical. Un supplment despace

    qui ne drange en rien lintimit.

    6

    5

    r a l i s a t i o n Montreuil-sous-Bois (93) Logements

    5 6

    12 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    Matre douvrage:SAEI Montreuilloise

    dhabitation

    Matre douvragedlgu :Icade G3A

    Matre duvre :Vincen Cornu

    Programme :80 logements PLA,

    Zac Walwein,Montreuil

    Surface :8 022 m2

    Cot:

    6,43 MHT

  • 5/26/2018 CM-120

    15/44

    r a l i s a t i o n Vendme (41) Unit Alzheimer

    Unit spcialiseet vrai lieu de rsidence Avec lallongement de lesprance de vie, le dveloppement de maladies comme la dmence

    dAlzheimer ncessite la cration de structures spcifiques permettant daccueillir les malades

    durant de longues priodes, souvent jusqu la fin de leur vie. Confronts cette difficile question,

    les matres duvre Ameller et Dubois ont conu une architecture lgante, jouant avec les

    formes, la lumire et les diffrents aspects du bton pour produire un espace presque domestique

    et pourtant susceptible de rpondre un usage mdical trs spcialis.

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 13

  • 5/26/2018 CM-120

    16/44

    1

    itue au cur de la ville,dans lenceinte du centre

    hospitalier, lunit Alzheimerde Vendme est construite dansla continuit du ple dhberge-ment griatrique. Les deux di-fices, isols par une circulation rserveaux pompiers,sont relis entre eux par

    une passerelle couverte au premierniveau.Ce lien unique constitue laccs

    principal. Il permet aux patients, leur

    famille mais aussi au personnel darriver

    en mezzanine,directement au cur du

    projet, plutt que de pntrer par le bas

    et de devoir remonter ltage.

    Si le lieu sapparente, a priori, une mai-

    son de retraite traditionnelle, certains

    signes indiquent que la structure est sp-

    cialise. Les entres, en effet, sont ici

    contrles par des portes commandespar le personnel soignant. Dautre part,

    les espaces communs,largement dimen-

    sionns, ont la particularit de ne pr-senter aucun recoin. Il sagit de per-

    mettre aux malades de dambuler tout

    en les surveillant avec un personnel qui

    nest pas extensible linfini, prcise le

    Dr Ishac,directeur de lunit, qui a parti-

    cip la programmation et au suivi de

    lopration. Compact, le btiment mini-

    mise ainsi les circulations techniques

    pour offrir un maximum despace int-

    rieur et extrieur aux patients, tout en

    favorisant leur surveillance. Le respect

    des prospects dun terrain extrmement

    petit et la cration despaces extrieurs

    permettant une dambulation plus

    large quautour dun patio, comme le

    prcise larchitecte Philippe Ameller,ont

    impos de travailler sur deux tages.

    Trois units ouvertessur lextrieur

    Trois units, de 15 lits chacune, com-

    posent le centre.Elles sont autonomes et

    permettent de regrouper des personnes

    diffrents stades de la maladie. Deux

    dentres elles sont implantes en rez-

    de-chausse, la troisime au 1er niveau.

    Si laccs de chaque unit est contrlpar un bureau-infirmerie, toutes ouvrent

    sur un large espace extrieur (jardin ou

    terrasse) dans lequel les patients sortentlt. Les espaces complmentaires

    (bureaux des mdecins, laboratoire,

    rserve mdicaments), ainsi quune

    unit de jour pour les malades en dbut

    de cure,sont rpartis au 1er niveau.

    Chaque unit est organise autour dun

    espace de vie collective commun aux

    malades et un personnel soignant pr-

    sent jour et nuit.Cest l que se prennent

    les repas,que se tiennent les activits quipermettent aux malades de garder une

    certaine autonomie.En position centrale,

    le bar-cuisine ouverte saccompagne

    despaces de service (office, salle de

    bains) contenus dans des volumes

    aux formes molles. Les chambres indi-

    viduelles, disposes la priphrie,

    ouvrent directement sur ces derniers.

    La problmatique souleve par un p

    organis autour de lieux collectifs sitentre, dune part, un noyau centra

    service et de surveillance et,dautre p

    une couronne priphrique occu

    par les chambres individuelles,

    vidente: comment clairer ces espa

    situs au cur du btiment et

    donner un maximum de diversit? C

    question tait dautant plus cruc

    r a l i s a t i o n Vendme (41) Unit Alzheimer

    14 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    S

  • 5/26/2018 CM-120

    17/44

    que laffaiblissement des fonctions

    cognitives d la maladie implique un

    traitement spatial dans lequel tout est

    mis en uvre pour stimuler le cerveau et

    crer des repres solides auxquels les

    malades sont sensibles. Les pertes de la

    mmoire proche saccompagnent, au fil

    du temps, dune perte de la mmoire

    ancienne tel point quune partie despatients ne savent plus o est leur

    chambre,prcise le mdecin-chef.

    Un lieu riche en sensations

    Pour rpondre cet enjeu, les architectes

    ont exploit les transparences entre les

    units, les ouvertures sur le jardin, mais

    aussi les volumes double hauteur pour

    utiliser au mieux la lumire (znithale,

    latrale,directe, indirecte). Le travail trssoign sur les volumes (simple, double

    hauteur), les vues (en contre-plonge,

    ariennes, en profondeur), les cou-leurs, produit un lieu riche en sensations

    qui permet de dcupler les types de per-

    ception et les repres spatiaux. Il sagis-

    sait pour nous doffrir une multiplicit de

    sensations des gens qui, a priori, sont

    pour la plupart confins dans un lieu

    unique pour le reste de leur vie.Ainsi

    les diffrentes fonctions sont marques

    par des couleurs vives, de mme que

    chaque chambre reste identifiable par la

    couleur spcifique de sa porte.

    Oublier le contexte mdical

    Il en ressort un espace scuris, dict par

    les contraintes hospitalires et qui pour-

    tant parat domestique, assimilable une garderie.Tout est fait pour que les

    patients puissent oublier le contexte

    mdical qui les accompagne et retrouver

    certains repres alors quils seraient

    perdus dans un cadre institutionnalis.

    Cette disparition des signes hospitaliers

    (gaines, rseaux, barres dappui, pro-

    tections dangle) qui stressent les

    malades est aussi une manire de scuri-

    ser un espace occup par des personnes

    sujettes aux troubles de lhumeur et de

    la perception.Ainsi, les portes des gaineset les trappes de dsenfumage sont int-

    gres dans des ensembles menuiss,

    tandis que les couleurs des protections

    dangle sont prises en compte pour le

    choix de la teinte des portes.

    Les choix constructifs, eux aussi,ont t

    retenus en fonction du programme.En

    ce sens, le recours une structure bton

    associant des faades porteuses et un

    systme poteaux-poutres-dalles assure

    aux locaux de larges possibilits dadap

    tation.Ainsi, runir plusieurs chambreest possible en fonction des besoins

    Il faut dire que lon est en pleine exp

    rimentation et que de telles structure

    doivent prsenter une relative soupless

    pour sadapter lvolution des proje

    hospitaliers,prcise le concepteur.

    Les espaces centraux de service sont ra

    liss en blocs bton enduits, lexcep

    tion du volume des offices pour leque

    lentreprise a retenu une excution e

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 15

    >>> Trois units,de 15 lits chacune, composentle centre. Elles ouvrent sur un large espace extrieur jardins

    ou terrasse auquel les patients ont accs durant lt.

    et La ralisation se dveloppe sur deux niveaux.

    Elle combine un socle en bton brut coul dans des coffrages

    de planches et un premier niveau en bton enduit.

    32

    1

    2 3

  • 5/26/2018 CM-120

    18/44

    bton banch pour diverses raisons:

    dune part la forme elliptique permettait

    la rutilisation des banches, dautre part

    louvrage littralement suspendu unnoyau central imposait le recours un

    matriau structurel.

    Projet simplifi,projet renforc

    Le choix du bton en faade, quant lui,

    sest tabli mesure que le projet

    gagnait en maturit. lorigine, le bti-

    ment devait comporter un soubasse-

    ment entirement revtu de pierres tan-dis que la grande faade courbe en vis-

    -vis de lhpital existant tait conue

    pour recevoir un habillage de bois. Lesrsultats de lappel doffres ont pouss la

    matrise douvrage proposer aux archi-

    tectes de se passer de ces revtements.

    Pour sortir par le haut dune situation

    qui aurait pu sapparenter un dsha-

    billage du projet, ces derniers ont choisi

    dexprimer leur concept travers le seul

    matriau bton. Un choix que ne regret-

    tent pas Philippe Ameller et Jacques

    Dubois,qui considrent aujourdhui que

    lensemble a gagn en cohrence, le jeu

    des contrastes se montrant plus subtil etle projet finalement plus conomique.

    Ainsi le parement de pierres sches a-t-il

    t remplac par un bton la planche.

    Rugueux souhait, le matriau prsente

    une finition qui rpond parfaitement la

    notion de socle et dancrage au sol du

    projet. Quant la faade courbe,elle est

    ralise en bton brut dans des coffrages

    mtalliques, matriau trait en finition

    par une lasure grise. Elle est ponctue

    par le rythme des cadres en bton,prfa-briqus sur place et peints en blanc,qui

    marquent les ouvertures.

    Complexe comme tous les btimentshospitaliers, ldifice tait dautant plus

    difficile construire quil reste de petite

    taille et comporte un certain nombre

    de points hroques.Aux classiques

    rseaux dsenfumage, ventilation

    double flux, fluides mdicaux,appel des

    infirmires sajoutaient labsence de

    couloirs devant les chambres et des

    espaces double hauteur imposant de

    remonter les rseaux dans des gaines

    intgres dans les cloisons.Les planchers

    chauffants compliquaient laffaire en

    interdisant tout carottage ultrieur en

    phase dexcution. cela sajoutaient

    encore les aspects multiples du bton, la

    ralisation de poteaux biais sous certains

    volumes, ainsi que la ncessit dutiliserle vide sanitaire pour passer le moins

    possible de rseaux en arien et ne pas

    dformer les encastrements de volumes

    par des faux plafonds trop importants.

    Une entreprise solidaire

    Cette multiplicit des modes de mise en

    uvre a t parfaitement assume par

    lentreprise qui a jou le jeu en suivant

    nos propositions spatiales. Elle taitdote dun bureau dtudes dexcution

    qui a suivi lesprit du projet et a accompa-

    gn nos objectifs spatiaux sans jamaischercher les simplifier pour des raisons

    dconomie ou de facilit de mise en

    uvre, senthousiasme Philippe Amel-

    ler. Ldifice nen reflte que mieux sa

    fonction. Petit par son chelle, il sagit

    bien dun lieu de rsidence. Complexe, il

    marque une volont de multiplier les per-

    ceptions spatiales face aux contraintes de

    >>> Les espaces de vie collective sorganisent autourde noyaux centraux comprenant bar, cuisine,office,etc. Les

    transparences, le jeu des volumes et les couleurs sont exploits pour

    crer des repres solides ncessaires au bien-tre des malades.

    5

    4

    r a l i s a t i o n Vendme (41) Unit Alzheimer

    4 5

    16 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    Matre douvrage:centre hospitalier de Vendme

    Matre duvre :Ameller-Dubois et associs,architectes

    BET :IMC2

    Entreprise gros uvre :SN Bloch

    SHON :1 700 m2

    Cot:

    2,44 MHT

    la maladie.Un objectif qui semble att

    si lon en croit le Dr Ishac, qui le prse

    comme un ensemble plbiscit par

    le monde en termes de couleur,

    lumire et de cadre de vie.

    TEXTE : HERV CIV

    PHOTOS : LUC BO

  • 5/26/2018 CM-120

    19/44

    B T O

    DE TOUT TEMPS,LAPPROVISIONNEMENT EN EAU A NCESSIT

    LA CONSTRUCTION DOUVRAGES DART.AUJOURDHUI DEVENUE UN ENJEU

    MAJEUR,LA RESSOURCE SUSCITE LA CONSTRUCTION DE CHTEAUX DEAU

    ET DUSINES DE RETRAITEMENT OU DE STATIONS DPURATION POUR

    STOCKER,DISTRIBUER PUIS ASSAINIR LE LIQUIDE . CES OUVRAGES QUI

    APPARTIENNENT AUX DOMAINES DE LA SCIENCE HYDRAULIQUE

    ET DE LA TECHNIQUE FAONNENT LA FORME DU PAYSAGE. SOUS

    LIMPULSION DE MATRES DOUVRAGE SOUCIEUX DE LIMPACT DE TELS

    PROGRAMMES SUR LENVIRONNEMENT,ILS TENDENT SORTIR

    DU MONDE DES INGNIEURS POUR DEVENIR UVRES DARCHITECTES .

    Philippe MadecEn Ille-et-Vilaine, un chteau deau

    HQE vocation typologique

    Thierry Vande WyngaertChavagnes-les-Eaux,Laval,Lunville:

    des ouvrages de spcialiste

    Monique LabbQuatre stations dpuration,

    quatre uvres architecturales

    solutionssolutions

    Les architecturesde leau

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 17

  • 5/26/2018 CM-120

    20/44

    ire, donnez-leur de leau !Ces motsde Chaptal en rponse Napolon Ier

    qui sinquitait de savoir ce quil pouvaitfaire pour les Parisiens, dmontrent, sil entait besoin, que la question de lapprovi-sionnement en eau a, de tout temps, t cruciale.Indispensable la vie, laccs la ressource demeure

    encore de nos jours,avec la plus grande acuit dans cer-

    taines rgions de la plante, au centre des proccupa-

    tions humaines.

    Depuis lAntiquit, les impratifs de la recueillir, de la

    capter, de la canaliser, de lacheminer puis de la stocker

    ont donn naissance de nombreux ouvrages tech-niques : aqueducs, galeries souterraines, bassins de

    Cette question du rapport au territoire rural ou urb

    de lintrusion dun lment qui cre un nouveau p

    sage et en fait intrinsquement partie, se trouve

    centre de lapproche des architectes, de plus en p

    souvent confronts au programme. De fait, longte

    tenus loigns de la conception de ces objets te

    niques, on les sollicite prsent pour concevoir

    ouvrages dart. Le fait nest pas tout fait nouve

    lune des premires ralisations du jeune Le Corbuen 1918, est ldification dun chteau deau Pod

    sac, en Gironde. Exception? Plus maintenant.De

    en plus, les diles peroivent lintrt de consulte

    hommes de lart pour travailler linscription dun o

    artificiel dans un paysage o il est intrinsquem

    tranger. Positionn en entre de ville, lment fd

    teur dun quartier, ponctuation dans un environnem

    rural: situations diverses,diversit de rponses.

    Une gestion toujours plus attentivede la ressource

    La mme dmarche prside la ralisation de stati

    dpuration et dusines de retraitement. La ncessittraiter les eaux uses, dassainir et de renouveler lea

    gnralis ces constructions depuis les annes 50.

    programmes qui mettent en uvre un process con

    gnant travers des techniques de filtration soph

    ques (traitement biologique, filtration sur char

    actif, rayons UV, filtres sable et, depuis peu, filtra

    membranaire) sont de grands consommateurs d

    pace.Les enjeux lis ces ouvrages techniques, int

    tion, dveloppement durable, dmarche HQE, s

    autant de points daccroche pour les architectes.Un

    tain nombre devraient se construire dans les prochaannes puisque la politique de leau,avec son appa

    lgislatif lchelle de lUnion europenne,impose

    gestion attentive de la ressource. PHOTOS : 1 DR 2JEAN-PAUL PLAN

    rtention, retenues, citernes, rservoirs Autant de

    constructions qui faonnent la forme du territoire.

    Toutes ces infrastructures constituent des lments de la

    transformation temporelle des paysages. ce titre, les

    chteaux deau ont valeur demblme. Apparus avec lin-

    dustrialisation, le dveloppement urbain et lextension

    des rseaux dadduction deau potable,ils remplacent les

    clochers et beffrois du Moyen ge.vnements solitaires,

    ils deviennent les nouveaux repres de lge moderne.

    Une infrastructurequi modle le paysage

    Louvrage dcline partir dun paradigme simple un

    socle,une cuve, un systme de remplissage et de vidage

    de multiples dessins,silhouettes et matriaux. Rangs

    dans le registre de lingnierie anonyme, leurs volumes

    dcoulent au dpart des contraintes de structure et de

    programme. Pas de souci de la forme chez les ing-

    nieurs,sinon que celle-ci suive la fonction.Puis,contex-

    tualisation oblige, les rservoirs shabillent ici de cra-

    mique, l ils adoptent une apparence gothique,ailleurs

    encore ils se parent dun habit rgionaliste marquantlappartenance un lieu.

    so l u t i o n s b t on

    18 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    De lobjet technique

    luvre architecturale

    S

    LES DIFICES DADDUCTION ET DESTOCKAGE DE LEAU SONT PRSENTSDANS NOS PAYSAGES DEPUIS

    LANTIQUIT. ET LES ENJEUX NOUVEAUXQUI PSENT SUR LE PRCIEUX LIQUIDE

    NANNONCENT EN AUCUN CAS LEURDISPARITION, BIEN AU CONTRAIRE

    >>> Chavagnes-les-Eaux Lclairage bleut fait vibrer le bton du chte

    deau. Laval Jeu de lumire intrieur

    pour une scnographie tudie.

    2

    1

    1 2

  • 5/26/2018 CM-120

    21/44

    n connat Philippe Madec pour sonrapport lectif la Bretagne, le travail

    en profondeur quil mne avec plusieurscommunes de cette rgion, et le soin atten-tif quil porte au paysage. N en Bretagne,larchitecte intervient, par un heureuxhasard, dans les lieux de son enfance. Partant duneintime connaissance du contexte et dune culture parta-

    ge avec les diles et les habitants, il invente des solu-tions qui rpondent pleinement aux attentes et dsirs

    des usagers.Ainsi Plourin-ls-Morlaix, il sagissait de

    donner un centre ce bourg du Finistre, en ractivant

    les espaces publics amnagement de rues et de

    venelles,du parvis de lglise et en toffant le cadre

    bti par des quipements vous la collectivit nou-

    velle mairie,mdiathque,etc.

    Pac,en Ille-et-Vilaine, cest le dveloppement urbain

    dune cit encore rurale quil fallait contrler et organi-

    ser. Situe cinq kilomtres de Rennes, la bourgade est,

    en effet, un des points dappui du dveloppement dudistrict rennais. Comptant 8000 habitants, elle devrait

    terme en accueillir 12000. Lextension de la ville est

    actuellement oriente vers louest et le sud-est, o uneZAC en cours damnagement est coupe du bourg par

    une voie de contournement. Cette zone recevra habita-

    tions et activits (de grandes enseignes commerciales

    devraient sy installer). Il fallait viter la dilution du

    centre en rquilibrant lextension urbaine vers le nord-

    est, explique Philippe Madec,urbaniste de Pac depuis

    1996. Et dajouter: La construction dun second ch-

    teau deau sinscrit dans le cadre du dveloppement de

    lune participant de la forme du territoire,lautre rele

    vant de lchelle domestique.Dtroites baies allant d

    plancher plancher offrent un clairage naturel au

    locaux techniques tandis que les escaliers reoiven

    lumire et ventilation naturelles, abrits derrire u

    la commune.Laurat du concours, le concepteur ins-

    talle le rservoir arien au cur de la ZAC, au point le

    plus haut dun terrain sans grand relief et dj occupsur sa frange sud par un supermarch sis au bord de la

    route menant la capitale rgionale.

    Une cuve horizontale

    Avec cette ralisation, Philippe Madec sattache red-

    finir la forme de louvrage et rompt avec larchtype du

    repre vertical. Interrogeant la fonction de lobjet un

    chteau deau, cest dabord un ouvrage technique

    dont la raison premire est de stocker et distribuer

    leau , il choisit de faire une cuve horizontale. Lou-vrage dart devient ainsi lment darchitecture partici-

    pant, au mme titre que les constructions qui viendront

    lentourer, la constitution dun nouveau quartier,dune nouvelle urbanit.Orient louest,face au vent,

    le chteau deau se dploie 12 m au-dessus du sol.

    Soulev par deux hautes piles de bton dissymtriques,

    le polydre expose sa masse en plein ciel et culmine

    20,5 m. Perpendiculairement son volume, lune des

    piles installe les locaux techniques puis les escaliers.

    Ainsi travaills dans les dimensions tant horizontale que

    verticale, deux ordres, deux chelles se superposent,

    so l u t i o n s b t on

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 19

    Philippe Madec

    Un chteau deau pens comme un btiment

    O

    APAC(35), INSCRIPTION DANSLE PAYSAGE, DMARCHEHQEETINVENTION TYPOLOGIQUE ONT PRSID

    LDIFICATION DE CE SINGULIERCHTEAU DEAU. UN REGISTRE DEMATRIAUX VOLONTAIREMENT RESTREINT

    BTON SANS APPRT,ACIER GALVANIS,UNE MISE EN LUMIRE SOBRE,CONTRIBUENT FAIRE DE LOUVRAGEUN VNEMENT.

    1

    2

    >>> La cuve horizontale se colore

    de bleu grce aux projecteurs installsen priphrie. Dtroites baies verticales

    de plancher plancher permettent un clairage

    naturel des locaux techniques.

    2

    1

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    22/44

    caillebotis constitu de panneaux dacier galvanis.

    Ces volumes se veulent lexpression dune architecture

    habite tandis que le rservoir ressort dune logique depont. Et si la partie haute sadresse au lointain, en bas,

    louvrage participe un lieu en train de se constituer.

    Une vaste place en bton dsactiv marque lemprise

    du rservoir avant de le cder une prairie o herbe et

    gramines crent un tapis vgtal. Le bton, coul en

    place, rgne en matre tant au niveau du sol quen

    superstructure. La base de la cuve donne lire le che-

    min de leau: un point bas dport sur le ct vite

    lcueil de la symtrie et du monument.

    Vrit constructive, conomie deffets

    Pas de difficult majeure pour raliser un tel ouvrage,mais lentreprise a d installer un chafaudage impres-sionnant afin de positionner une plate-forme de travail

    arienne. Louvrage comporte un porte--faux de plus

    de 8 m, charg deau, ce qui induit des efforts impor-

    tants dans les porteurs. La vrit constructive simpose:

    les piles,dcomposes en trois lments,donnent clai-

    rement lire le report des charges. Les diaphragmes,

    premiers lments couls de la cuve, permettent la

    sparation de leau. Leurs nervures sur la base rendent

    apparente lexpression de la structure.Au-dessus, le

    rservoir offre de grands rectangles de bton brut de

    dcoffrage.Seules les lignes des banches en marquent

    lenveloppe. Les solutions techniques retenues obis-

    sent une logique HQE: le chteau deau na pas depompe mais fonctionne uniquement par gravit; la

    prairie ne ncessite aucun entretien si ce nest dtre

    fauche une fois lan ; le bton na subi aucun traite-

    ment hormis la pose dune tanchit dans la partie

    rceptrice de leau. conomie de moyens,mais aussi

    conomie deffets: la nuit, le rservoir se colore de bleu

    grce aux projecteurs installs en priphrie.

    Au final, il sagit bien dun chteau deau mais aussi

    dun lieu. Il y a un premier niveau dexpression littrale

    un volume deau, un rceptacle , puis un second

    niveau de lecture une forme architecturale lchelledu territoire,une nouvelle typologie.

    PHOTOS : STPHANE CHALMEAU

    Matre douvrage : Syndicat intercommunal des eaux

    de Pac,Vezin et Saint-Gilles

    Matre duvre : atelier Philippe Madec, architecte

    Stphane Helburg assistant

    BET : I2C, ingnierie, Roger Miniou, ingnieur

    Concepteur lumire : Vladimir Lyszynsky

    Entreprises : CBL, gros uvre ; SARC, hydraulique ;

    ERS, lectricit.

    Montant des travaux : 1,01 million deuros HT

    cieux de donner qualit et supplment dme

    ouvrage prenne au fort impact sur le paysage, ce

    nier a convaincu les diffrentes administrations im

    ques,et notamment la DDA, dorganiser un conco

    Lavis demandait une sensibilit larchitecture e

    paysage et le recours un clairagiste.Ces critres in

    bituels pour la conception dun chteau deau ont

    cit lintrt de Thierry Van de Wyngaert qui sest a

    ci au concepteur lumire Franois Migeon pou

    circonstance. Le concours gagn en octobre 19lquipe a d affronter un parcours sem dembch

    permis de construire contest par un riverain, chan

    interrompu,procs Louvrage enfin achev se vattribuer, en 1999,le prix de la mise en lumire du p

    moine contemporain du ministre de la Culture.

    Une opration de retournement

    Une rcompense mrite pour ce chteau d

    implant 500 m du village,qui participe de la com

    sition dun paysage de plateau. Situ une cinqu

    e concepteur sappuie sur les compo-santes du paysage o sinscrivent ses

    ouvrages pour dfinir leur forme.Le premierchteau deau difi Chavagnes-les-Eauxdans le Maine-et-Loire lui a, en quelquesorte,mis le pied ltrier.Objet dun concours,il est le fruit dune histoire mouvemente. Le projet ini-

    tial command par la matrise douvrage un entrepre-

    neur coutumier de ce type de programme semblait peu

    satisfaisant larchitecte-conseil du dpartement.Sou-

    so l u t i o n s b t on

    20 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    Thierry Van de Wyngaert

    Construire le paysageAVEC QUATRE CHTEAUX DEAU SON ACTIF, DONT DEUX EN COURSDE RALISATION, LARCHITECTE THIERRYVAN DE WYNGAERT EST EN PASSEDE DEVENIR UN SPCIALISTE DU GENRE.CHACUNE DE SES CONSTRUCTIONSRESSORT DUNE AVENTURE SINGULIREET DUN PROCESSUS SPCIFIQUE.

    L

    1

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    23/44

    taine de kilomtres dAngers,Chavagnes est un bourg

    rural cern de vignobles balays par les vents. Des mou-

    lins implants intervalles rguliers y lanaient autre-

    fois leurs bras vers le ciel. Les salles de ces moulins

    enfouies dans un soubassement recouvert de vgta-

    tion portaient un cne de pierres support du rotor en

    bois quactionnaient les ailes. Lusage des moulins

    tomb en dsutude,les ailes disparurent. Seuls subsis-

    taient,ponctuant le paysage, les cnes de maonnerie

    et les rotors de bois. Pour donner une forme louvragedune capacit de 4 000 m3, Thierry Van de Wyngaert

    sest livr une opration de retournement; il reprend

    lexacte proportion des pitements : mmes angles,mme profil mais lenvers! Une fois tablie la simi-

    litude entre ces lments forts du paysage et la sil-

    houette propose, larchitecte a travaill sur trois

    chelles, celle du proche, celle du paysage et celle du

    lointain. partir de ces donnes, on retrouve une cri-

    ture classique: travail sur laccroche au sol, sur le corps

    du volume et sur le rapport au ciel.Aussi,poursuivant le

    processus dinversion, il a galement boulevers lordre

    lames de bois tandis que des balises de lumire roug

    clairent la couronne et servent de repre, la nuit, au

    avions.Les effets lumineux fonctionnent dautant mieu

    quils saccordent un matriau laiss brut.En effet, l

    bton de belle qualit a simplement t coul en plac

    avec le plus grand soin. Lenveloppe dune paisseu

    constante de 30cm a t ralise leve par leve dan

    des coffrages hauts de 60cm dont les horizontales lais

    des matriaux : le pied du monolithe,dans les vignes,

    est revtu dun cerclage en red cedar, tandis que le

    corps en bton slve vers le ciel, couronn par la ligne

    discontinue de lacrotre.

    Rendre visible le chemin de leau

    Afin dattnuer limpact de cette masse haute de 35m

    hors sol, le matre duvre la transforme en sculpture.

    Dans ouvrage dart, il y a art, il fallait donc faire delart, relve Thierry Van de Wyngaert.Aussi, une ligne

    de diodes lectroluminescentes bleues senroule sur la

    paroi. Le mouvement de la spirale correspond laforce de Coriolis qui dans lhmisphre nord donne

    leau un mouvement tourbillonnant dans le sens des

    aiguilles dune montre, poursuit le concepteur. cette

    spirale sajoute un clairage bleut qui fait vibrer le

    bton.Ce mme bton est serti de pastilles en inox,dis-

    poses au creux dengravures de 3 cm rserves au

    moment du coulage, qui scintillent au gr des clats de

    lclairage.Six spots encastrs dans le sol rvlent les

    so l u t i o n s b t on

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 21

    >>> Chavagnes-les-Eaux Cest la reprise et linversion du socle des moulins ventqui ont donn sa forme au chteau deau. La ligne discontinue de lacrotre vient

    couronner louvrage. Comme lextrieur, lintrieur bnficie dune mise en lumire qui

    rvle la mise en uvre du bton. Laval Implant dans un contexte urbain, le chteaudeau de Laval reprend,dans une version plus lance, celui de Chavagnes-les-Eaux.

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    sent leur empreinte sur la peau du rservoir. Quelque

    4000 t de bton ont t ncessaires pour contenir les4000 m3 deau. Comme pour les moulins, pompes etlocaux techniques sont enterrs et reposent sur une

    semelle de 22 m de diamtre ancre dans le terrain.

    Dessin daprs modle

    Le chteau deau de Laval reprend lidentique celui de

    Chavagnes-les-Eaux, selon le souhait mme du maire

    de la ville,particulirement sduit par cette ralisation.

    Malgr deux autres esquisses et les propositions du

    concepteur pour modifier laspect de louvrage dans letraitement du soubassement du verre pour remplacer

    le bois ou de la mise en lumire,le modle a t trans-

    plant tel quel, dans une version plus lance. Seulelimplantation dans une ZAC, proximit dune route,

    Les deux cuves,qui empruntent leur forme aux tour

    chteau, ont donc t implantes mi-pente et ont

    lobjet dun traitement paysager et dune mise

    lumire.Une esplanade, une prairie puis un belvd

    intgrent lquipement lespace public. Les rserv

    deviennent une composante essentielle de la v

    tmoignant ainsi de la volont de transformer un im

    ratif technique en un lment signifiant du paysage

    Bton coul in situet prfabrication

    La chambre des vannes enterre est surmonte

    cylindres de 19,6 m de diamtre en bton coul

    place. Les lments de portique qui amorcen

    dpart de lescalier sont eux en bton arm, prfa

    qus puis assembls sur site. Lensemble est laiss b

    Un lger claustra en chtaignier vient masquer l

    vrage.Perc de baies qui cadrentla ville,les diffre

    vues quil offre sont autant de tableaux. A contra

    peru depuis le bas, il attnue limpact visuel masses de bton.Sur la pente, un parcours lumine

    des colonnes de plexiglas diffusant une lumire m

    vante,figurent le chemin de leau. PHOTOS :1,2 ET 3 DR 4, 5,6 ET 7 JEAN-PAUL PLAN

    lui fait assumer, du haut de ses 50 m, une fonction de

    porte de la ville. La plantation dune prairie fleurie, tou-tefois,vient attnuer limpact visuel du volume.

    Lunville, il fallait crer des rservoirs deau pour

    lalimentation dun quartier. Cest son savoir-faire et sa

    matrise des programmes lis au stockage de leau qui

    ont incit la matrise douvrage slectionner Thierry

    Van de Wyngaert pour raliser deux cuves enterres de

    1500 m3 chacune. La ville est domine par un chteau

    dot de deux tours massives dont la prsence marque

    fortement le paysage. Le terrain trs pentu se trouve

    entre le centre de la commune et un lotissement

    pavillonnaire. La premire difficult consistait trouverla juste implantation sur le site. Une installation au pied

    de la pente tait rendue difficile par la prsence dun

    vaste cimetire,et une position en hauteur aurait nces-sit des terrassements trop importants.

    so l u t i o n s b t on

    22 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    >>> Lunville Les deux cuves en bton brut coul en place, implantes mi-pente,sont masques par un lger claustra en chtaignier. Laspect des rservoirs varie avec la mise

    en lumire. Sur la pente, des colonnes de plexiglas figurent le chemin de leau. De nuit,

    la lumire bleue installe en priphrie des cuves offre une autre perception de lensemble.

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    CHAVAGNES (Maine-et-Loire)Matre douvrage : SIDAEP des Mauges et de la Gtine

    Matre duvre : Thierry Van de Wyngaert, architecte

    mandataire

    Entreprise : Devin Lemarchand Environnement

    Montant des travaux : 1,52 million deuros HT

    LAVAL (Mayenne)Matre douvrage : ville de Laval

    Matre duvre : Thierry Van de Wyngaert, architecte

    mandataire

    Entreprise : Devin Lemarchand Environnement

    Montant des travaux : 1,87 million deuros HT

    LUNVILLE (Meurthe-et-Moselle)Matre douvrage : ville de Lunville

    Matre duvre : Thierry Van de Wyngaert, Jean-Philip

    Donz, architectes

    Entreprise : Prestini

    Montant des travaux : 0,95 million deuros HT

  • 5/26/2018 CM-120

    25/44

    ans une station dpuration, il fautsavoir tirer parti de ce qui est beau,

    dclare Monique Labb. Forte dune vri-table expertise dans ce domaine, larchitecterevendique un rle actif dans lorganisationspatiale des process qui dterminent laforme du bti. Une station dpuration, en effet,obit une rationalit technique conditionne par les

    diffrentes tapes de traitement.Aussi les contraintes

    propres au programme participent-elles la dfinition

    des lments btis comme celle dun paysage. Tirer

    parti de ce qui est beau, cest ce que sest attache

    faire la matre duvre par une vritable mise en scne

    des vastes tendues deau lors de la ralisation de la

    fragment : surpresseurs, canaux de comptage, bt

    ment dexploitation, stockage des boues, constituenautant ddifices distincts.Tous ont en commun leu

    matriau de construction: un bton blanc coul e

    place.Attentive la vie du matriau lors des chantiers

    larchitecte tire parti des procds de fabrication ou de

    accidents de mise en uvre.Ainsi, sur le btiment dex

    ploitation,les trous des banches ont t sabls; le bto

    des canaux de comptage a t repiqu la pointerolle

    mettant jour les granulats en partie basse. Bande

    sables, joints creux, calepinage soign dfini par

    trame des lments de coffrage, autant de stigmates

    qui crent une modnature de faade.La mme dmarche a prsid la conception de l

    station dpuration dArras. Sise dans une grandplaine, elle se trouve lore dune zone industriell

    sur un terrain travers au sud-est par les voies du TGV

    Pour limiter limpact visuel de lquipement un souc

    du matre douvrage , un talus plant de vgtau

    cre un dcaiss pour masquer la station. Oriente

    vers les voies, labri dans des btiments capots d

    mtal, les tapes de traitement sont masques par u

    voile oblique constitu de panneaux en bton arm

    prfabriqus formant un fond pour les bassins circu

    station dpuration de Vichy. Le projet devait remplacer,sur le mme site, lancienne station de lagglomration

    devenue obsolte.Seul le bassin dorage a t conserv.

    Le terrain, au bord de lAllier, se trouve dans une zone

    industrielle aujourdhui rejointe par la ville. Lquipe-

    ment installe une pice de paysage qui se greffe avec la

    prairie fleurie, les arbustes puis les arbres-tiges celui

    en place de la promenade le long du fleuve. Les grands

    bassins de 75m de diamtre,disposs proximit de la

    promenade, runissent les traitements par bactries et

    les traitements physico-chimiques. Leur implantation

    rpond un impratif: ils doivent tre disposs symtri-

    quement par rapport la ligne deau.

    Les bassins scnographientle paysage

    La configuration de la station rsulte dune rflexion

    mene par larchitecte avec lentreprise de process afin

    de compacter les circulations et les cours de service et

    doptimiser les dplacements. Lespace ainsi rcupr

    reoit un traitement paysager qui permet dassocier la

    station son environnement. Pour rpondre une

    organisation efficace des trajets et des flux, le bti est

    so l u t i o n s b t on

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 23

    Monique LabbArchitectures de lpureLES STATIONS DPURATION SONTLONGTEMPS RESTES DU DOMAINE DE

    LINGNIERIE, ET POURTANT LARCHITECTEMONIQUELABB SEN FAIT UNESPCIALIT DEPUIS QUELQUE20 ANNES,PROFITANT AINSI DE LOUVERTURE DE CESPROGRAMMES SA PROFESSION.

    D

    >>> Arras Les btiments capotsde mtal sont masqus par un voile en panneaux

    de bton prfabriqus. Le voile rythm

    de rectangles forme un fond pour les bassins.

    2

    1

    21

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    26/44

    laires et rectangulaires. Cet quipement est le premiermaillon dun ensemble de constructions affectes autraitement des dchets.Alors que progresse la mise en

    place de la station,Monique Labb a,de concert avec le

    district, labor un concept de plate-forme cologique

    qui devrait regrouper, terme, lensemble des infra-

    structures de traitement des dchets.

    Une architecture vecteur de qualit

    Autre contexte,autre process et donc rponses diff-

    rentes pour les deux stations construites dans la pri-

    phrie de Bordeaux. Dans les deux cas, il sagissait, l

    encore,de remplacer les quipements existants sur le

    mme site. Le choix de la bio-filtration conditionne for-tement la forme du bti: les oprations de traitement de

    leau se droulant couvert, le process gnre des bti-

    ments beaucoup plus compacts, adapts une implan-

    tation en milieu urbain.

    La station de Cantinolle, sur la commune dEyzines,

    louest de la ville, a valeur de repre. Implante dans

    une zone industrielle qui se constitue progressivement,

    elle devait tre vecteur de qualit architecturale pour les

    constructions venir. lev au bord dun rond-point,

    lintersection de la RN 120 et dune dpartementale,

    ldifice bnficie dune vue dynamique depuis les vhi-cules. Exigu, le terrain affect sa construction jouxtait

    celui de lancien quipement. Le btiment comporte

    une face urbaine en partie courbe, appuye sur le trac

    tion stire en deux btiments distincts : lun affecttraitement des eaux, lautre au traitement des bo

    Toutes les circulations sont regroupes sur la fa

    ct rivire.Des joints creux et des bandes sable

    donnent une chelle domestique. Cot rempart,

    lasure bleue marque la hauteur de leau.Au-dessus,

    fr avec du polyane,le bton, imprim de rides, prse

    un aspect de peau dlphant.Des joints creux obliq

    structurent la surface.Le rempart offre un fond au pr

    paysager qui utilise les terres issues de la construc

    du btiment: des mouvements de sol reprennen

    lignes des anciens bassins, lignes prolonges de ges darbres parallles au cours deau.

    TEXTE :MYLNE G

    PHOTOS : 1 ET2MARCUSROBINSON 3,4,5 ET6DIDIER BONRE

    de la voie,et une face de service,oriente vers la cour. Lapremire faade dploie un long voile de bton brutcoul en place interrompu par un grand pan vitr dans

    larrondi.Lautre affiche une lasure sur le bton. Fonc-

    tionnant comme une vitrine, la paroi de verre rvle

    quatre cuves de dsodorisation en polypropylne bleu.

    En effet, la technique ncessite de dsodoriser lair issu

    du prtraitement avant son rejet dans latmosphre. Le

    reste du process sabrite derrire des murs opaques, les

    bio-filtres ncessitant des botes tanches. Lensemble

    du dispositif est complt par le petit btiment affect

    au traitement des boues qui cadre lentre.

    Un rempart de bton

    Sabarges,Monique Labb rpond aux exigences duprocess et du contexte par un travail sur lidentit du

    lieu. Le lieu-dit,situ proximit dAmbars,au nord de

    Bordeaux, est encore rural. La station sinstalle au bord

    du cours deau, en contrebas du village. Limplantation

    a t impose par la forme du terrain une lanire au

    bord du Gua ,par une canalisation de la station en ser-

    vice qui le traverse en son milieu pour aboutir dans la

    rivire,et enfin par les vues plongeantes depuis le vil-

    lage.On peroit de prime abord un rempart de bton,

    tout juste interrompu par une chancrure pour le pas-sage vers une petite cour de service. Derrire cet cran

    seulement ponctu son extrmit du cylindre dun

    digesteur et de la bulle de stockage du mthane,la sta-

    24 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    >>> Cantinolle Les quatre cuves de dsodorisation en polypropylne bleu saffichent labri dune paroi de verre. Lentre de la station est cadre par deux btiments en bton

    brut Sabarges Une chancrure dans le voile de bton met jour le cylindre dune des

    tapes du process. Une lasure bleue marque la hauteur de leau.6

    5

    4

    3

    3

    4

    5

    6

    STATION DPURATION DARRAS (Pas-de-Calais)Matre douvrage : communaut urbaine dArras

    Matre duvre : Monique Labb, architecte

    Entreprise : Passavant Impianti

    Montant des travaux : 14,78 millions deuros HT

    STATIONS DPURATION DE CANTINOLLE/EYZINES ET DE SABARGES/AMBARS (GironMatre douvrage : communaut urbaine de Bordeaux

    Matre duvre : Monique Labb, architecte mandata

    Arsne-Henry et Triaud, architectes dexcution

    Entreprise : Quillery

    Montant des travaux : 17,5 millions deuros HT

    STATION DPURATION DE VICHY (Allier)Matre douvrage : district de lagglomration

    vichyssoise

    Matre duvre : Monique Labb, architecte

    Entreprise : Chantiers modernes

    Montant des travaux : 11,03 millions deuros HT

  • 5/26/2018 CM-120

    27/44

    r a l i s a t i o n Chatou (78) Mdiathque

    Le bton bruten sa vrit premire Construite la limite de deux quartiers, la mdiathque de Chatou forme une liaison entre

    la ville haute et la ville basse. uvre de larchitecte Suzel Brout, le petit btiment est

    vritablement mis en scne, par sa position en quilibre sur un terrain en pente, mais aussi par

    la prsence dun parvis et dun escalier monumental. Sa composition en deux volumes parallles

    distincts, qui abritent chacun des fonctions spcifiques et dont les structures diffrent, nest pas

    trangre limpact du btiment auprs des usagers et des passants.

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 25

  • 5/26/2018 CM-120

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    quipement inaugure lacration dun ple culturel

    pour la commune. Perpendi-culaire lavenue de la Rpu-blique, axe majeur, qui relie laville haute (rsidentielle) et laville basse (o se trouvent les coles,les commerces, les quipements), la

    mdiathque se situe au centre gogra-phique de Chatou. Le petit btiment,

    dune superficie totale de 750 m2,est

    pos sur des pilotis qui rattrapent le

    dnivel du terrain de lest vers louest

    et abritent un parking souterrain. Un

    mail plant longe la faade sud. Il cre

    un lien entre lextrieur et lintrieur; un

    lien physique, mais aussi une relation

    visuelle forte pour les passants qui ne

    sont pas forcment les utilisateurs.

    Depuis lalle, le regard traverse tout lerez-de-chausse du btiment, jusqu la

    paroi oppose et mme au terrain situ

    au nord.Cette orientation privilgie esten partie lorigine du succs que

    connat aujourdhui lquipement.

    Lentre se fait par le petit ct de la

    mdiathque, conue tout en longueur.

    Lescalier qui mne lentre dmarre

    dun parvis qui en monumentalise lac-

    cs, en sopposant la descente vers le

    parking. Le jeu sur les niveaux, la dispo-

    sition en avance ou en retrait des diff-

    rents lments et volumes escalier,

    rampe vers le parking,imposante faade

    vitre, faille centrale, aile daccueil ,

    donnent cette faade un relief et une

    importance qui affirment sa fonction

    dentre principale, comme un signal

    dans la ville.

    Du bton,du verre,du bois

    Le btiment est compos de deux ailes

    poses en parallle, o les volumes jux-

    taposs sont spars par un vide, une

    faille.Au sud, deux niveaux distincts sont

    diffrencis par lemploi du verre au rez-

    de-chausse et du bois ltage. Une

    paroi vitre sur toute la hauteur forme

    une sparation infime avec le reste de la

    ville, tandis quau-dessus, reposant surune structure poteaux-poutres en bton,

    un mur ossature bois forme le remplis-

    sage de la structure bton.Le principe architectural de Suzel Brout,

    selon lequel les matriaux se juxtaposent

    et rvlent leurs proprits,est parfaite-

    ment respect. Il confre finesse et subti-

    lit cette architecture.Le dbord de toi-

    ture, tout comme la dalle de plancher de

    ltage formant balcon,constituent une

    protection solaire et crent deux l-

    ments en relief qui donnent de la profon-

    deur la faade.La vision en perspective

    du btiment sen trouve renforce, et

    encore accentue par la prsence du

    mail. Cette aile abrite en partie basse le

    hall et une succession despaces dest

    recevoir des expositions et autres m

    festations, et ltage les bureaux

    ladministration. Des cloisons amovi

    opaques ou translucides permetten

    r a l i s a t i o n Chatou (78) Mdiathque

    1

    26 C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0

    L BAP: le bton fait peau neuve

    Les lments constitutifs des deux structures en bton de la md

    thque de Chatou ceux de laile sud et ceux de laile nord devaie

    selon le souhait de larchitecte, rester imprativement bruts, lex

    rieur comme lintrieur. Il sagissait de conserver cet lm

    architectural primordial toute sa vrit,de laffirmer dans sa fonctet dans son esthtique,au plafond,sur les murs,et mme au sol.

    Pour cela, le bton autoplaant (BAP) semblait tre le matriau le p

    adapt. Cest aujourdhui une solution incontournable pour obte

    un beau bton,on nest pas oblig de le couvrir au dernier momen

    affirme Suzel Brout.Et de fait, la matire obtenue est tout fait sa

    faisante: rgulire,lumineuse,lisse,et mme douce au toucher.

    Ce type de bton est le rsultat de recherches avances menes s

    les interactions entre les ciments et les adjuvants. Une plus gran

    fluidit du matriau au moment du coulage peut ainsi tre obten

    Le bton se met en place sans compactage ni vibration (il en dco

    une grande rapidit dexcution) et peut remplir les recoins des cfrages les plus complexes. Dans le cas dun bton destin res

    brut, labsence de porosit en surface permet une meilleure rs

    tance aux salissures et aux tags.

    TECHNIQUE

  • 5/26/2018 CM-120

    29/44

    transformer lespace en lieu dexpositions

    ou daccueil pour diverses manifesta-

    tions. La partie nord, beaucoup plus

    imposante dans ses dimensions et dans

    son traitement architectural, est traite

    comme une grande nef.

    Une structure lisibledepuis lextrieur

    lextrieur, la forte prsence de la

    structure en bton brut soppose au rem-

    plissage des parois en verre et la rsille

    mtallique lgre des huisseries. La dalle

    de plancher en saillie surplombe le par-

    king qui constitue un soubassement sur

    lequel repose la masse de ldifice. En

    faade nord, de larges cadres en bois,

    pris entre les poteaux de bton, contien-

    nent le vitrage. Ils forment lintrieurdes sortes de bow-windows dans les-

    quels ont t installs des bancs. La

    structure de cette aile est compose de

    six portiques de 10m de porte,dont le

    premier est visible en faade est.

    Plus le bton est pais, plus il est beau.

    Jai choisi le bton brut comme matriau

    dominant lextrieur et lintrieur

    pour affirmer la prsence physique de

    mon btiment, relve Suzel Brout. Pour

    donner de lampleur lensemble, eneffet, larchitecte na pas hsit surdi-

    mensionner les poutres et les poteaux

    des portiques (retombe et largeur du

    portique, 80 cm ; paisseur, 30 cm),qui

    rythment littralement les espaces int-

    rieurs. Un plancher formant une mezza-

    nine est suspendu aux portiques par de

    grosses poutres transversales, ce qui

    laisse entirement libre la salle de

    consultation enfants au rez-de-chaus-

    se. ltage (consultation adultes), lesdiffrentes sources de lumire (baies,

    faille znithale louest, impostes hori-

    2 3 4

    C O N S T R U C T I O N M O D E R N E/ N 1 2 0 27

    >>> Vue de la faade sud : au rez-de-chausse, la paroi vitrepermet un contact direct avec la ville. Faade nord : les

    larges cadres en bois des baies sont pris dans la structure bton

    en portiques,trs apparente. Les lments de bois et de bton

    sont surdimensionns; ils rythment lespace verticalement.

    Le bureau de la direction en bocal domine lespace de lecture

    au rez-de-chausse.

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    3

    2

    1

    Matre douvrage:ville de Chatou

    Matre duvre :

    Suzel Brout

    BET :Marc Mimram

    Entreprise gnrale :Francilia

    Surface :750 m2

    Cot:

    2,5 MHT