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Chapitre 1 Les concepts de base de l’entreprise
Cours Économie d’entreprise
Licence 2 Droit
Thierry Pénard
Objectifs du chapitre Comprendre les décisions et stratégies des
entreprises : les choix des techniques de production et des facteurs de
production : Comment produire ? les choix de production : Combien et quand produire? les choix des prix : à qui vendre et à quel prix ?
en partant des profits de l’entreprise Profit = recettes (ou chiffres d’affaires) - coûts de
production Profit = prix * quantités vendues - coûts de production
Comprendre les performances des entreprises Rentabilité, croissance, déclin, …
S1 Facteurs/coûts de production
Quantités (Q)
Coûts fixes (CF)
Représentation graphique
Coûts variables (CV(Q) )
Coût total C(Q)Coûts en euros
S1 Facteurs/coûts de production De l’importance des coûts moyens et du
calcul des coûts pour un juriste dans sa pratique professionnelle Cabinets d’avocats ou d’affaires :
Nécessité de connaître les coûts moyens ou prix de revient pour chaque type d’actes afin de déterminer les honoraires
Juristes dans une grande entreprise Notion de centre de profit : calcul des coûts moyens
pour les prestations juridiques externes et internes fournies
Le cas Michelin
Marché concentré : Michelin 20 %, Bridgestone 20%, Goodyear 16 %.
Innovation Michelin dans les années 80 : C3M une machine (taille d’un semi-remorque) + un
technicien Fallait-il remplacer les techniques de
production existantes par cette nouvelle technique ? Réponse : cela dépend du niveau de production visé
et du coût relatif du travail
Le cas Michelin T1 - la technique C3M : un coût initial d'investissement relativement
modéré (CF1), mais des coûts variables croissants avec Q liés à une contrainte de capacité pour des niveaux production élevés
T2 - une chaîne de production : un coût initial d'investissement très élevé (CF2), mais des capacités de production plus élevées
Production
CM pour T1
CM pour T2
T1 préférable T2 préférable
Le principe de substitution technique Deux techniques équivalentes en termes de production de pneu :
T1 : 1 technicien et une machine coût salarial annuel = 20 000 €/an + coût du capital (entretien,
rémunération du capital, amortissement, usure) = 260 000 €/an T2 : 10 salariés sur une chaîne de production :
coût salarial = 20 000€/an*10 + coût du capital = 100 000€/an C(T1)=280 000 < C(T2)=300 000 Préférable pour Michelin d’utiliser T1 (mais impact social)
Si le coût salarial annuel passe de 20 000€ à 16 000 €, C(T1))=276 000> C(T2)=260 000 Préférable pour Michelin d’utiliser T2
Applications aux politiques d’emploi Annonce par J. Chirac du lancement d’un chantier"
sur la réforme du financement de la protection sociale. « Il faut maintenant aller vers une assiette de cotisations
patronales qui ne prenne pas seulement en compte les salaires, mais l'ensemble de la valeur ajoutée […] C'est une réforme essentielle pour la défense et le développement de l'emploi dans notre pays. Parce qu'il pèse trop exclusivement sur les salaires, le système de financement de la protection sociale joue contre l'emploi »,
Applications aux politiques d’emploi
Un financement de la sécurité sociale par des cotisations sur les salaires Favorise la substitution du travail par le capital Désavantage les entreprises utilisant des techniques
intensives en travail Mise en place de la CSG en 1988 (Rocard) : taxe
sur l’ensemble des revenus Neutralise les effets de substitution travail/capital
Taxe sur la VA (= CA – Consommations intermédiaires) Neutralise les effets de substitution travail/capital Mais, pénalise la consommation (TVA sociale)
Applications aux politiques d’emploi Politique d’exonération des charges sur les
bas salaires (compris entre le SMIC et 1,7 fois le SMIC) Continuité d’un gouvernement à l’autre (15 à 20
milliard/an sur 2001-2005) Favorise la substitution du capital par le travail
non qualifié, Mais aussi la substitution du travail qualifié par le
travail non qualifié
Des allègements de plus en plus coûteux
0,601,8
0 3,2
0 5,8
0
7,1
0,2
7,2
0,6
6
1
6,4
4,6
7,6
6,9
7,7
7,9
0
2
4
6
8
10
12
14
16
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002
Montant du financement d'allégement de charges pour les entreprises en milliards d'euros
Allègement bas salaire Allègement 35 heures
Dans Économie et Statistique, 2001
Cas général : rendements croissants, puis décroissants
Zone de rendements croissants, d’économie d’échelle
Taille efficiente/optimale
Zone de rendements décroissants
Effet coût fixe domine
Effet coût variable moyen domine
CM(Q)=CF/Q + CMV(Q)
Volume ou capacité de production
Décroissant en Q Croissant en Q
S3 La taille optimale des entreprises Un schéma pour comprendre les stratégies
d’entreprise Annonce de Ford de fermer 1/3 de ses usines et de
supprimer un quart des effectifs (25 000 postes) Réduction de sa taille (et de donc de ses coûts fixes)
afin d’abaisser ses coûts moyens et de redevenir rentable perte de 1,4 milliards $ sur le S1 2006
Mêmes décisions chez General Motors Fusion des sidérurgistes Mittal (N°1) et Arcelor (N°2)
Accroissement de sa taille pour abaisser ses coûts moyens et se rapprocher de la taille efficiente ou optimale Économies d’échelle par une mise en commun de la R&D, des
achats, des circuits de distribution CFArcelor+ CFMittal > CFArcelor-Mittal => synergies
Comparaison de concentration sectorielle
Secteur PDM des 4 premièresentreprises
Production decombustibles et carburants
72%
Industrie automobile 68%
Construction navale,ferroviaire et aérienne
62%
Commerce et réparationautomobile
9%
Industrie de l'habillement,cuir
9%
Activités immobilières 4%
Microsoft en chiffre
Fondé en 1975 par deux étudiants américains Bill Gates et Paul Allen
61 000 employés dont 25 000 ingénieurs Résultats financiers en 2006
CA=44,3 milliards de dollars (+11%) Résultat net=12,6 milliards de dollars
Principaux coûts opérationnels (en % du CA) coût de R&D : 15% coût de marketing : 22% coût d’administration : 8% coût lié à l’activité de production : 17%
Coûts fixes = 45 %
CA et résultat net de Microsoft (en milliards de $)
0,00
5,00
10,00
15,00
20,00
25,00
30,00
35,00
40,00
45,00
50,00
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
en m
illi
ard
s d
e d
oll
ars
Chiffre d'affaire en milliards dedollars
Resultat net en milliards de dollars
21,2%
24,3%
29,4%
41,0%
18,9%
22,2%
25,5%
30,8%
28,4%
17,1%
0,0%
5,0%
10,0%
15,0%
20,0%
25,0%
30,0%
35,0%
40,0%
45,0%
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Microsoft : une entreprise très rentable
Taux de marge net=Résultat net/CA
Un exemple pour comprendre la rentabilité de Microsoft
Un logiciel Coût fixe élevé de développement : 100 millions €
(essentiellement en frais salariaux) Coût de production (reproduction) constant =10€/unité.
Coût en millions € C(Q)=100+10Q avec Q=nombre unités en millions. CM(Q)=10+ 100/Q
décroissants avec Q
10
CM (Q)60
2
• Rentabilité- Si P=60€, seuil de rentabilité Q=2millions
• avec Q=10, CM=20€ et marge de 40€ ( tx de marge 66%). • avec Q=100, CM=11€ et marge de 49 € (tx de marge 81%)
Application au marché des cabinets d’affaires Une tendance à la concentration du secteur
Regroupement du cabinet Rambaud Martel (55 associés) avec le cabinet international Orrick (800 associés) en novembre 2005
FIDAL 1220 avocats GIDE Loyrette Nouel 580 avocats et juristes, dont 96
associés en raison d’une intensité capitalistique accrue
« De plus en plus d'outils sont nécessaires pour rentabiliser une heure de travail. Afin de mutualiser ces efforts, la profession doit continuer à se concentrer » A. Bensoussan, avocat économiste
S4 Entrée et sortie du marché Si coûts irrécupérables,
Soit CFI= coûts fixes irrécupérables Soit CFR =coûts fixes hors coûts irrécupérables
on a CF=CFR + CFI
Si sortie, profit= -CFI
Si décision de rester, profit= PQ–C(Q)= PQ – (CFR+ CFI + CV(Q))
Rester > Sortir si PQ – (CFR + CFI + CV(Q))> - CFI,
S4 Entrée et sortie du marché Rester > Sortir si
PQ> CFR + CV(Q),
Soit P> CMR(Q)= [CFR + CV(Q)]/Q
avec CMR(Q)< CM(Q)
Conséquence : l’entreprise décider de sortir seulement lorsque le prix
descend en dessous de son coût moyen minimum hors coûts irrécupérables CMR
lorsque le prix est entre CMR (prix seuil de fermeture) et CM (prix seuil de rentabilité), l’entreprise a intérêt à rester même si elle fait des pertes
S4 Entrée et sortie du marché Exemple numérique
Production Q=1 000 unités Coût total = 110 000 euros Quel est le coût moyen ?
CM=110 €. Coûts irrécupérables= 10 000 € Quel est le coût moyen hors coûts
irrécupérables ? CMR=100 €
S4 Entrée et sortie du marché
Règles à suivre pour l’entreprise : si prix de marché inférieur à 100 €, l’entreprise sort
du marché (prix seuil de fermeture). si le prix de marché est supérieur à 110 euros,
l’entreprise devient bénéficiaire (prix seuil de rentabilité).
Pour tout prix entre 100 et 110, l’entreprise décide de rester malgré ses pertes financières.
S4 Entrée et sortie du marché Illustration
si P=105 Profit si sortie =-10 000 Profit si maintien = 105 000 -110 000= -5 000
si P=95, Profit si sortie =-10 000 Profit si maintien = 95 000 -110 000= -15 000
Applications Wanadoo : 193 millions € de perte en 2001 Canal+, AirLib, ...
Le cas de Vivendi Games
En 2004, une perte d'exploitation de 203 millions d'euros Des dirigeants tentés de vendre cette filiale … Mais choix de conserver cette filiale … pourquoi ?
Explication possible par les coûts irrécupérables 2004 : sortie du jeu World of Warcraft (jeu en ligne multi-
joueurs) Coût de développement : 50 millions => en partie
irrécupérable Succès planétaire : 8 millions de joueurs
1 700 salariés assistant 24h/24h les joueurs La moitié du CA de Vivendi Games (achat du jeu +
abonnement mensuel) 2006 : résultats d’exploitation positif de 90 millions d’euros
Voir aussi Canal +
Une perte d'exploitation de 325 millions d'euros en 2002 et 247 millions d’euros en 2003
Mais une activité présentant de forts coûts irrécupérables Des investissements irrécupérables dans l’image «cinéma»
et «sport» de Canal+ Perte irrécupérable des droits de Ligue 1 en cas de sortie
du marché 600 millions d’euros par an de 2005 à 2008
Depuis 2004, retour à des résultats d’exploitation positifs
Résultats financiers récents du groupe C+
Chiffre d'affaires du groupe C+
4,833
4,158
3,8
4
4,2
4,4
4,6
4,8
5
2002 2003
mill
iard
s eu
ros
Résultat d'exploitation du groupe C+
-325
-247
-350
-300
-250
-200
-150
-100
-50
0
2002 2003
en
mil
lio
ns
eu
ros
S5 DAP et politique tarifaire
Représentation graphique du surplus d’un consommateur
P
Q
Quantités
Prix
Plus le prix diminue, plus le surplus augmente
Surplus du consommateur = aire en gris
P
Surplus du consommateur = aire en gris
Q
Quantités
Prix
CM
Surplus du producteur =profit
S5 DAP et politique tarifaire
Possibilité de généraliser pour une demande de marché = surplus de marché Surplus social =surplus des consommateurs + surplus des
producteurs
S5 DAP et politique tarifaire
Application à la stratégie tarifaire intérêt de la notion de surplus pour les
entreprises, objectifs des entreprises : extraire le maximum de
surplus des consommateurs mais aussi pour les juristes (en droit de la
concurrence) calcul des dommages économiques d’un cartel
S5 DAP et politique tarifaire Comment calculer les dommages économiques d’un cartel ?
P
Transfert de surplus duconsommateur vers leproducteur
Q
Quantités
Prix
CM
Perte sèche de surplusP’
Q’
Aux Etats-Unis, notion de triple dommage = perte de surplus des consommateurs *3
Cartel et dommages économiques : le cas du marché français de téléphonie mobile 2005 : condamnation par le Conseil de la
Concurrence des 3 opérateurs mobiles pour entente sur le gel des parts de marché et échanges d’informations Amende de 534 millions euros basée sur la gravité des faits
et l’ampleur des dommages économiques Confirmée par la Cour d’Appel en décembre 2006 Pourvoi en Cassation
Dépôt de 12 250 demandes d’indemnisation par UFC que Choisir auprès du tribunal de commerce de Paris Préjudice moyen estimé à 65 euros
Cartel et dommages économiques : le cas du marché français de téléphonie mobile « Le nombre de dossiers déposés reste modeste
comparé aux 27 millions de clients concernés à l'époque (entre 2000 et 2002) […] Pour Alain Bazot, président d'UFC-Que choisir, l'essentiel était de démontrer la nécessité de mettre en place un système d'actions collectives : "Cette affaire illustre parfaitement le caractère inadapté et inefficace des procédures à la disposition des consommateurs et de leurs associations pour faire valoir leurs droits dans les contentieux de masse. »
Le Monde 13/10/06
Un exemple de discrimination de 2nd degré : les offres commerciales OrangePrix
horaire
10€
10,7€
12€
13,3€
16€
23€
Prix horaire
8.7
9.1
9.4€
10€
10.75€
11.6€
13.5€
15.3€
Forfait «Classique» (particuliers)
Forfait « pros »
Des forfaits pour inciter les clients à bien s’auto-sélectionner => à bien révéler leur DAP
Un exemple de discrimination de troisième degré Microsoft Office 2003 Standard Licence Étudiants/Enseignants/Élèves Word, Excel, Outlook, PowerPoint 70% d'économie sur le prix de la licence soit 175 €
TTC, (au lieu de de 578 €) Access, le logiciel de gestion de base de données pour 30€
TTC seulement
Microsoft Office 2003 Professionnel 706 € mais avec Publisher et Access en plus
Conditions d’éligibilité pour la Licence Étudiants/Enseignants/Élèves
Produit strictement réservé aux étudiants, enseignants et élèves répondant aux critères suivants :
Étudiant ou élève à temps plein, à temps partiel ou à domicile
Enseignant à temps plein ou à temps partiel dans un établissement d'enseignement reconnu par le Ministère de l'Éducation Nationale
Membre d'un foyer répondant aux critères ci-dessus
Ce produit est destiné à un usage personnel et familial, tout usage en entreprise est interdit.
ApplicationQUESTION 1 : DISCRIMINATION TARIFAIRE
a) Après avoir défini la notion de discrimination tarifaire, vous préciserez l'intérêt pourune entreprise de recourir à ce type de stratégies et les formes que peut prendre cettestratégie.
b) Application : Que pouvez-vous dire des tarifs proposés par le Stade Rennais pour lasaison 2004-2005 de ligue 1 de football ?
Prix de la place pour un match (par exemple Rennes-Lyon le 11 septembre)- en tribune présidentielle (au milieu) : 40 €- dans les virages : 25 €- dans les tribunes derrière les buts : 10 €
Abonnement (19 matchs de championnat dont Rennes-Lyon) :- Abonnement en tribune présidentielle (au milieu) : 550€- Abonnement dans les virages : 250 €- Abonnement dans les tribunes derrière les buts : 130 €- Abonnement -16 ans : -30% sur les abonnements- Abonnement Junior (-12 ans) : 50€
Application 2 Le journal Le Figaro Au 31 mai 2002, les formules tarifaires du Figaro étaient les
suivantes : Prix de vente au numéro (en kiosque) : 1 euro Formules d’abonnement pour 6 mois, proposées à tous les
lecteurs : Le Figaro Complet (6 jours par semaine – soit 130 numéros plus 26
numéros spéciaux) : 189.00 euros ou 1239.79 F (19% d’économie sur le prix de vente au numéro)
Le Figaro Fin de semaine (vendredi, samedi) : 95.00 euros ou 623.16 F (26% d’économie sur le prix de vente au numéro)
Formule d’abonnement OFUP pour 6 mois réservée aux lycéens, étudiants et enseignants (Figaro Complet) : 178.37 euros (23 % d’économie sur le prix de vente au numéro).
Comment peut-on analyser les offres tarifaires du journal Le Figaro ?
Solution sur http://perso.univ-rennes1.fr/thierry.penard/droit/ Examen 2001/2002 juin