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Le : UN FRANC ·IlVENI .ILLUSTRÊ Revue Juive Marocaine et Nord-Africaine J. THURSZ , Directeur - Fondate-ur Deùxième Année N°27 "L'AVENIR." est désigné pour les insertions légales, règlementaires et judiciaires. (Arrêté residentiel du 17 Mars 1927, Bulletin Officiel na 752) LIRE D-ANS CE NUMERO · Le . ullaisme et le Sionisme ... Etude Critique par le Dr Josué Buchmil ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• ' •••.•••••••••••••• 1[ ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••' Avant le repas· .. .. U' N DEL 0 S 0 L'ANIS DES CONNAISSEURS Aprés le repas ..... U'N RAS]?AIL Excellente Liqueur de Dessert la plus digestive Agents Généraux Oépositaires L. NETTRE & Co (Immeuble Bessonnéau) 8oulevar'd Circulaire - Casablanca - Téléphone 16-21 ProduilSFélixPotin S. À. M..·À. Produits Felix Potin Alir.nentation Fine - Vins et Liqueuî'"s de Marques Succursales dans toutes les villes du Maroc Les Meilleurs Produits aux Meilleurs Prix GËO MAITRE CHAPELIER· coiffe bieq et chic Ancienne PETIT- BARA .J)oulmrd dt la Gm (Imm. Lamb): 'THE sm URT TRllon Maison recommandée. foruJée en 1912 Coupe et Façon Irréprachables 16. Rae Aviateur l'rom - CASABLA.NCA GËO MAITRE CHAPELIER . coiffe bieq et chic ' Ancienne Maison PE lIT-BARA dt la Gart (Imm. Lamb )

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Le N° : UN FRANC

·IlVENI.ILLUSTRÊ

Revue Juive Marocaine et Nord-AfricaineJ . THURSZ , Directeur - Fondate-ur

Deùxième Année N°27~-~

"L'AVENIR." est désigné pour les insertions légales, règlementaires et judiciaires. (Arrêté residentiel du 17 Mars 1927, Bulletin Officiel na 752)

LIRE D-ANS CE NUMERO ·

Le .ullaisme et le Sionisme...

Etude Critique par le Dr Josué Buchmil

••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• '•••.•••••••••••••• 1[ ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••'

Avant le repas· .. ~ .. U' N DEL 0 S 0L'ANIS DES CONNAISSEURS

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LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS J. TH U R5Z. Directeur~ fondateurS'ADRESSER A L'AGENCE HAVAS

NE SONT PAS RENDUSBOULEVARD DE LA GARB

(Société en forma tion) CASABLANCA

-Il

SOMMAIRE

-----Notre Editorial: Judaïsme et Capitalisme. - Le Judaïsme et le Sionisme, Etude critique par le Dr.

JosuÉ BUCHMIL. - Comité d'Etudes Juives : L'Apprentissage, rapport présenté par M. R. Tajourl,(suite et fin). - Notr'e'Feuilleton : «Le Soldat juif», (suite), par SCIIAI.OM ASCH. - Salonique et sesJuifs, (suite), par le Dr. U. DE MEDONÇA. - No s Informations. - Chronique Locale et Régionale.

Nos illustrations.- Frontispice: Le philosophe Siegmund Freud. - A travers la Palestine Nouvelle :(3 photos).

NOS GRANDS HOMMES. e c :::;-

1,'

'i.e célèbre philosophe viennois Siegmund Frend l'HOTû RAP

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2 (450) L'AVENIR ILLUSTRE

Judaïsme et Capitalisme

Notre Editorial

M. "Verner Sombart, un économiste allemand, a publié un livre sous ce titre : «Les Juifscréateurs du Capitalisme ».

M. Pierre Mille donne de ce livre, dans la « Dépêche de Toulouse » une analyse très objec­tive et il est très curieux de constater qu'iluboutit, dans ses commentaires sobres et serrés, àune conclusion qui l'appelle singulièrement celle de 1\'1. Emmanuel Malynsld dans son fameuxouvrage « L'Empreinte d'Israël ».

M. Sombart affirme que les juifs ont créé le capitalisme avant la lettre.L'ancien régime, en effet, était loin d'être un régime de liberté économique. La société se

défendait, à la fois contre l'accaparement et contre l'empiétement des individus ou des associa­tions, par ce que M. Pierre Mille appelle très justement la « méthode limitative »; nous dirionsaujourd'hui: le contingentement ou la restriction. « Le système des corporations empêchaitl'empiètement d'une branche d'affaires sur l'autre. A l'intérieur même de chaque corporauon,la concurrence était entravée par une morale commercia.Ie qui ordonnait de ne pas aller chercherle client et interdisait !"avilissement des prix ".

Cette co:rürainte aurait pu suffire à enrayer l'avènement du capitalisme si personne n'enavait été dispensé; car le capILalisme est né de la liberté d.es transactions. Mais les juifs n'étaient.pas admis à entrer dans les corporations. Ils n'en pouvaient. donc subir les lois. Ils subissaient,par cont.re, un ostracisme rigoureux qUI leur laissait en -fait. l'usage de toutes les libertés refu­sées aùx corporatIOns. La « mGvnode limitative. ne s'appliquait pas aux juifs. Ils gardaient,quant aux prix d'achat. et de vente, quant à la qualité de la marchandise, tous les droits refusés àceux qui les traitaient., en parias.

Et c'est sans doute, ajoùte M. Sombart, pour se défendre contre l'arbitraire dont ils étaienttrop souvent. victimes, qu'ils inventèrent. la lettre de change. Le papier de crédit., arme classiquedu capitalisme, a d'abord {oté une arme d'exception que l'ancien régime donna bénévolement auxjuifs pour l'attaquer.

Que dirons-nous pour excuser nos frères? Pas aut.re. chose que ce'que dit M. Pierre Mille:« Les Juifs ne pouvaient. faire que comme ça: On leur défendait. de faire autrement. »

C'est à la conquête de ces liber.tes, auxquellfs étaient. reduites nos pères,qne s'est lancée laRévolution Française, quand elle a fait.l'assaut des corporations et..de l.eurs:prudentes régle-mentations. .

Les travailleurs, jusque là maintenus dans un cadre qui les rest.reignai~,fuaisqui les défen­dait, sont. devenus libres, comme l'étaient. les juifs et., comme eux, réduits à 'P'état d'individus.

« Ce que le juif représenta, dit M. Werner Sombart., ce fut. la conception ,ndividualiste del'économie: conception selon laquelle la sphère d'act.ion de chaque individu Ii.e devait être umi­Lée par aucune reglementatlOn restrictive ,>.

Tel est l'état où est tombé le travailleur, après la Revolution.« Pour Marx, dit M. Malynski, la production capitaliste commence quaJid le travail cesse

d'être une collaboration, un auxiliaire, un service, pour devenir une marchandise à tant la jour­née, comme les autres marchandises sont à tant le mètre ou le kilogramme, par conséquent sou­mise, comme elles, à la loi de l'offre et de la demande ».

Et il ajoute, rejoignant la pensée de M. Sombart : « C'est, en effet, la Révolution Françaisi.let les démocraties subséquentes qui ont fait du serviteur, de l'employé fiaèle, le concurrent éco­mique appelé prolétaire, c'est-à-dire un citoyen-propriétaire dont la propriété réside dans Ipsbras et la capacité civique dans la « force en gueule ».

S'il est donc vrai qu'en fait les juifs ont ,été les createurs du capllalisme, il faut. avouer qU1Isl'ont été bien malgré eux et sous la ,pression de lois et de coutumes qui les excluaient. du régimecommun. Ils ont été, et avant la lettre, les premiers prolétaires, c'est-à-dire les premiers à viv]en marge de la famille sociale, comme des isolés et des abandonnés, sans droits définis prove­nant d'une entente et d'une fwce corporative et condamnés à des expédients dont le capitalismedevait profiter plus tard.

Ce ne sont. pas les juifs qui ont supprimé la « méthode limitative », garantie dont ils étaientdépossédés. Ce ne sont pas eux qui onibrisé les corporations dont les barI'lères ne les encer­claient pas. C'est la poussée révolutionnaire, cette puissance bienfaisante en ses tendances, maisparfois aveugle en ses destructions, qui, en bousculant des cadres devenus trop étroits, a jeté.sur les sentiers de la libe:-té, ceux qui n'allaient pas tarder à devenir la proi~ 'du capitalisme, àdevenir des « prolétaires ».

La Révolution a donné à nos pères la liberté politique et il\,! l'en glorifient. Mais elle a éten-­du à tous les travailleurs l'anarchie économique où nos pères durent se réfugier malgré eux.

La réaction se manifeste à la fois dans le prolétariat à qui le syndicalisme rend peu. à peules garanties que lui donnaient les corporations d'ancien- régime et dans le judaïsme qui sent lebesoin de former les nouvelles générations à un travailmoin-s abstrait q\le ëelui de la spécula-tion. '.,

Ainsi se répare, lentement mais sÎlrement,une longtie erreuré~l}n(l:œiqhe': Ainsi se eorrig'~cette affirmation, consacrée. pàr des siècles. d'Dppression, que nous;J~#.~,som:mes le lerment desrévolutions. 'Nous n'en sommes quelespré'curseürs bien involontaires; 'là où nous sommes exclusde l'ordre commun.

L'AVENIR ILLUSTRE.

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L'AVENm ll..LUSTRE

Le Jiidaïsme et le SionismeEtude Critiquej>ar Josué Buchmil. docteur en droit (1)

B!lS6

I. - NÉGATION DU SIONISME:"'- la déclaration par l'humanité du droit impres­

CrllJhble du peuple juif sur la Palestine, à l'offre gé­!lér luse de la Société des Nations de rétablir dansce pay,". la patrie juive. le périodique « Paix etDroit» àe Paris, dans son numéro de février 1927,par la plume de MM. Alfred Berl et Théodore Rei­naclt, l'l"vond par « non, trois fois non ».

C'ftSI .M. Théodore Reinach, Membre de l'Institutd,~ France, qui expose dans son article « Le Judaïs­me français et le Sionisme » les raisons pour les­quelles le judaïsme français doit opposer un refuscatégoriaue au mouvement sioniste (et, implicite~

meut, il l'acte du 24 juillet 1922 de la Société desNations).

II. - L'INTERPRÉTATION DE L'HISTOIRE JUIVEPAR M. REINACH

P(,ur M. Reinach « toute l'histoire juive s'expli­que et ~'éclajre par le passage graduel de l'état denation à celui de religion. Le judaïsme, au temps OÛil ne formait qu'une nation, était une bien pauvreune bien petite chose. Sa vraie grandeur a commen:cé [("ec: son déclin politique, lorsque la voix subli­m~ de .. prophètes a proclamé, au lieu du Yahvehétrc>Ï1l'ment national,... un Dieu universel ».

PCow' M. Reinach, la lutte héroïque des Hasmo­né('Jl~quj a réussi à libérer le territoire nationaljuif d\w ennemi implacable, n'est qu'une histoirepit0Y~lble qui a abouti à « l'inévitable cataclysme ».

Pour M. Reinach « ce cataclysme a eu l'avantagede dégager définitivement Israël de toute attachematérielle, territoriale, de faire du judaïsme, disper­sé et persécuté, mais toujours vivant, un grand fait~p~:!tuel qui att~indra toute sa signification, lors­qUl1 aura secoue les entraves d'observances tropetl'oites et de pratiques surannées ».

1: est facile de comprendre qu'une pareille inter­prétation de l'histoire juive est en contradictionavec l'idée. de la renaissance nationale du peuplejuif en, Palestin~..

III. - nÉFuTATION'Est-il vrai que l'évolution historiq1,le a fait du peu­

ple juif une secte religieuse seulement. en, le privantde son caractère de nation, caractère que M. ReinachlUI-mfime est obligé de lui reconnaître pour le pas­sé ?

Cette a{firmaHon est catégoriquement démentiepar tout le ~ontenu de l'histoire juive, non moinsque par l'état psychiqu,e actuel du peuple juif.

Qu'est-ce qu'une nation? Henan -,-,i!t'bearicoup de8avanls avec lui' - répond : Une nation est unecdlectivité ayant conscience de son passé' h.istori­que commun, des faits heureux ou malheureux~l\'ellea vécus, des. grands hommes issus de son mi­heu. La çonscience nationale n'est donc autre choseqn'un lien psychique transmis .hérédita'ïremeritd'Une génération à une autre, pendant des 'siècles,et qui fait que' les 'membres de cette collectivité sesentent plus intimement liés entre eux que par rap­~ort aux membres d'une autre collectivité. A celad en~najoute ,que, parallèlement à cette consci.ence

111 passé, il faut qu'il existe, à l'état actuel, la vo­onté de continuer la vie commune.Q~e ce lien 'psyehique, cettecoriscience nationa­

le, aIt. exist~',dans le passé du peuple ,juif - ceci nepeut etre'lHe par personne, pas même par un dé·tracteur du sionisme, tel que M. Reinach.

Et p.our le présent ? A partir de quel moment de~eur lilsto~re le.s Juifs ont-ils p~rdu la cons.cie~ce·del~r pas.se natlOnal,de leur l'ole dans l'hlst01re de

u,?amté, de leurs grands hommes ? Serait-ce àpartIr 'de la perte de' leur indépendance territorialehl}Pa!estine, lors de la destruction de. leur patriel~tOl'1que par Titus ? II est difficile d'admettre~uun l'~vant commeJ\f. HeinacQ puisse confondrel conscle~lce nationale -- fait es~entiellement.d'?r­

ref~sychlque - avec la posseSSlOn d'un terntOIre

- aIt matériel et politique.

(1) Extrait 'de }" <<'Aiirore » (Le Caire).

IV. - I.E DÉSASTHE DE LA PEHTE DU TEHIUTOIHEXATIONAI.

Que la perte du territoire national soit un mal­heur immense, une catastrophe incomparable, nulpe!lple au monde ne peut le savoir mieux que lesJUIfs. Aucun peuple resté ~ur son territoire nationaln'a subi des ruines et des massacres rappelant mê­me de loin les pertes innombrables subies par lepeuple juif, par le seul fait de sa dispersion. Aucu,

, ne guerre, aucun tremblement de terre, aucune pes­te moyenâgeuse n'ont jamais fait autant de victimeschez un peuple du même nombre que n'en a faitchez le peuple juif le seul fait de sa dispersion, entant que faibles minorités, parmi des peuples étran­gers.

L'histoire oe la croissance numérique de diffé­rents peuples du monde fait suffisamment ressortirl'infériorité du peuple juif à cet égard. Ce n'est cer­tes l?as le man.que ,de fécondité naturelle qui peute;cphquer ce faIt, desastreux pour la force d'une na­tIon, que durant vingt siècles le nombre de Juifs n'apU' se multiplier que trois ou quatre fois. Ce sont lesmassacres en masse, les conversions forcées, la mi­sère économique provoquée par les expulsions, par~es lois et impôts antijuifs, ce sont toutes ces condi­tIons de la dispersion - l'idéal de M. Reinach ­qui décimaient périodiquement les populatiQns jui­yes durant tout le temps de la diaspora jusqu'à nos)o~rs. Ces ~êf!1es conditions ne nous ont pas per­mIS de multIpher notre nombre au-dessus du chiffreactuel de quinze ou seize millions d'âmes-; au lieu dep.lus de cent millions que nous aurions pu atteindre,'SI nous avions cO,ntinué à nous développer sur notreterritoire, en étendant notre domicile· national sur

,les vastes territoires, tels que la Syrie et la Mésopo­~amie, voisins de la Palestine et faiblement peuplésa cette époque éloignée aussi bien que' dé nos jours.

La perte de notre indépendance nationale en Pa­lestine a été le plus grand désastr.e de l'hjstoire jui­ve, ayant entraîné nc;>tr~ dispersion à tr~vers le mon­de et avec celle-ci les catastrophes innombrables iIi-

, connues dé' tout peuple résidant sur son territoire.. P!lr su~t~ de ce d,ésastre, le peuple juif a, pendant

vlIlgtsIecles, paye pour son. esclavage dans la dis­persion un prix infiniment supérieur à celui que lesautres peupl.es ont payé pour une vie libre sur leur'territoire national.' . .-

i,v. - .. sURvrVANCE DE LA CO~SCIENCE NATIONALE JUIVE'. Quelque immense qu'ait été le désastre de la pertedu territoire national, il n'a pas' pu eritraîner la dis­parition de la nation elle-même ; celle-ci a conti­nué à garder sa conscience nationale, malgré ses~o,!ffra!1c~s sans nombre. L'empreinte glorieuse eta JamaIS meffaçable que le peuple d'Israël a reçueJ?endaJ.lt s,a vie millénaire en Palestine, n'a ,pas pu~t're.detrmte par 'la force brutale : on a pu arracherau p~upl~ juif son terri!oire, mais .01;1 a été impuis­sant a lm arracher son ame, son geme, sa conscien­ce nation~le. Cette âme, ?ous l'avons gardée .et, avecelle. la fOI en notre renaIssance nationale sur la tèr­r~ de nos ancêtres. .. .M. Reinach parle d'un passage graduel du peuple,lUIf de l'état de nation à 'l'état de religion. L'histoire~e toute~ les nati?n,s, l'histoire du développement de1humamté en general, montre une évolution dansun sens justement opposé à celui que M. Reinach

. veut voir dans l'histoire juive, et notamment le pas­s~~e de l'état de nation religieuse à l'état' de nationlal,que. ~e fait, sanctionné par la Révolution fran­ç~lse. a mspiré. aux nations ~vancées l'idée d'égali­té de tous les CItoyens du meme Etat devant la loi"sans distinction de religion.

L'évolutioniuive se fait absolument dans le mê­me sens : de l'état de nation exclusivement religieu­s~' n0t;!s sommes en !ra~n. de passer à l'état de na­tIO? !aIque. Cela ne slgmfle certainement pas que lar~hglOni,uive va être abandonnée ; mais cela signi­!le ql;le 1appartenance au peu{lle juif ne sera plusIden!lfiée avec la confession de la religion juive.Et, en effet, les libre-penseurs juifs, sans confesser lareligion juive, mais gardant la' conscience n:1tionale,ne Cessent p~s de faire partie du peuple juif; dans de

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4 (452) 'L'AVENIR ILLUSTRE

très nombreux cas ces Juifs athées comprennent lesintérêts de leur peuple et savent les défendre infini­ment mieux que· certains Juifs très orthodoxes. Or c'estpar centaines de milliers qu'on compte de nosjr,mrs les libres-penseurs juifs ne pratiquant aucunereligion et néanmoins liés au peuple juif par le seullien de leur conscience nationale.

VI. - PROPHÉTISME ET NATIONALISME JUIFS

M. Reinach croit que les prophètes juifs, en pro­clamant l'idée d'un Dieu universel et les hauts prin­cipes de justice et de fraternité humaines, ont parlà même aboli la conscience nationale juive, en laremplaçant par une conscience exclusivement reli­gieuse.

Il n'y a pas un seul prophète juif qui ait parlé deSion et de Jérusalem autrement que dans des termesd'un patriotisme ardent; il n'y a pas un seul pro­phète juif qui ait parlé de l'abandon du territoirenational autrement qu'en des termes de menace, au­trement que d'une punition divine la plus sévère quipuisse être infligée à un peuple. Les prophètes juifs,tout en prêchant des idées universelles, étaient degrands patriotes attachés de toute leur âme à leur pa­trie nationale, à la Palestine.

M. Reinach ne parviendra jamais à faire passerles prophètes d'Israël pour de petits Juifs assimilésniant leur patrie historique, sous prétexte que Dieuest universel. Les prophètes juifs savaient bien quel'universalité de Dieu ne se trouve en aucune con­tradiction avec la réalité terrestre qui veut que cha­que peuple ne puisse développer librement ses fa-

. cuItés que dans son pays national et autonome.D'ailleurs, si les doctrines prophétiques d'un Dieu

universel et d'une justice universelle devaient avoirpour effet d'anéantir la conscience nationale, on se-

,rait en droit de se demander comment un admira­teur de ces doctrines universelles, tel que M. Reinachpeut garder sa conscience nationale... française. M.Reinach voudra-t-il nous expliquer comment le Dieuuniversel des prophètes s'est mis en contradictionavec lui-même, en anéantissant la conscience na­tionale juive et en la remplaçant par une consciencenationale française, dans le cœur d'un Juif ? Dansla conception de M. Reinach, le Dieu des prophètesparaît être hostile exclusivement à la conscience

, nationale juive, tout en restant très bienveillant par, rapport, à toutes les autres cons,ciences' nationales.

C'est une divinité bien antisémite que celle attribuéepar M. Reinach à la conception des prophètes d'Is·raël ; au lieu d'élever ceux-ci à une hauteur subli­me, comme il croit le faire, M. Reinach les ravale àune bassesse sans nom, car il leur attribue un crime

, pire que toutes les violences des légions romaines ;en effet, les Romains ne nous ont spolié que de notreterritoire, tandis que les prophètes, d'après M. Rei­nach, auraient détruit la conscience nationale, l'â­me même du peuple juif.

Nos prophètes ne se sont jamais rendus coupablesd'un pareil forfait. Bien au contraire; par leursidées de justice et de fraternité universelles et parleur haute conception de la religion, les prophètesjuifs ont enrichi et ennobli notre conscience natio­nale. Nos prophètes ont rendu au peuple juif, et parcelui-ci à l'humanité, des services de même nature,mais infiniment plus grands que ceux que les grandsréformateurs religieux et les grands moralistes ontrendus à leurs nations respectives et, par l'intermé­diaire de celles-ci, à l'humanité entière. Et de mêmeque l'adoption des idées universelles prêchées parLuther et Calvin ou par J. J. Rousseau et Voltaire,n'a pas détruit la conscitmce nationale des Alle­mands, des Suisses et des Français, de même l'adop­tion des idées prophétiques par le peuple ,juif n'Ilpas eu pour effet de détruire sa conscience nationll·le.

M. Reinach, en affirmant que jusqu'à l'apparitiondes prophètes, le ,iudaïsmen'était « qu'une bien pau­vre. une bien petite chose », semble oublier certain« détail» : c'est que la Bible de Moïse a été connue,divinisée et dans une cel'taine mesure appliquée parla nation juive bien avant l'apparition des prophè­tes. Dans la conscience de l'humanité moderne, unpeuple ayant créé une Bible de Moïse est un peupleélu; dans l'esprit d'un Juif assimilé, c'est « une pau­vre. une bien petite chose ».

VTT. -. LA DESTRUCTIO~ DE LA PATRIE JUIVE

ET SES EFFETS

La vraie grandeur .juive ne commence. d'aprèsM. Reinàch, que lorsque le peuple juif a été expulsé,

par la violence des armées étrangères, de son paysnatal et condamné à une dispersion et à une persé­cution permanentes. Voici en quels .termes M.Rei­nach parle de cette formidable catastrophe nationa­le : « Au moins, ce cataclysme a-t-il eu l'avantagede dégager définitivement Israël de toute attachematérielle, territoriale, de faire du judaïsme, dis­persé et persécuté, mais toujours vivant, un grandfait spirituel ».

Ainsi donc la destruction de la patrie juive pleu­rée pendant près de vingt siècles par notre peuple"le ge jour d'Ab de chaque année, jour de jeûne, delarmes et de lamentations dans toutes les synago­gues du monde, cette catastrophe nationale qui afait de notre peuple un peuple des martyrs, cet im­mense désastre devrait être considéré, selon M. Rei·nach, comme un grand avantage, précisément.par­ce qu'il nous a détachés de notre territoire.

C'est l'opinion de M. Reinach. Le peuple juif, dansSOn ensemble, est pénétré d'un sentiment diamétra­lement opposé et il le manifeste de mille façons dansses fêtes, dans ses prières et dans ses usages tradi­tionnels.

Dire que c'est un avantage pour un peuple de sedétacher de son territoire pour deven,ir un « faitspirituel» est aussi insensé que d'affirmer que c'estun avantage pour un être humain de se détacher deson corps pour ne devenir qu'une âme. C'est uneabsurdité réfutée par l'histoire de tous les peuples,y compris le peuple juif ; tous les peuples du mOn­de, sans en excepter le nôiJ:e, ont toujours considé­ré et considèrent encore aujourd'hui le territoirenational comme le patrimoine sacré commun etcomme la condition essentielle de la liberté et de laprospérité du peuple qui l'habite ; tous les peuples- et les Juifs comme les autres - ont préféré me­,ner des guerres des plus sanglantes, laisser égorgerla fleur de leur jeunesse, plutôt que de perdre lamoindre parcelle de leur territoire.

~'!dée de transformer un peuple vivant en un faitspIrItuel pur et absolu, pour qui le territoire natio­nal serait un malheur et la dispersion sur des terri­toires étrangers un grand avantage, cette idée baro­que ne peut s'expliquer que par une aberration d'es­prit d'un homme en quête d'une théorie justifiantson propre détachement de sa nation et de sa patriehistorique. '

VIII. - OB.TECTIONS « PRATIQUES» DE M. REINACH

Passons maintenant aux objections soi-disant« pratiques » de M. Reinach. La plupart de cesobjections sont tout simplement empruntées au rap­port qu~ le Dr. Pritc~t;tt a présenté à la FondationCarneggie pour la paIX universelle.

Dans mon article : « La question sioniste » pu­blié, à propos de ce rapport, par« La Bourse Egyp­tienne », journal du Caire, du 7 décembre 1926; j'ai

. montré toute la fausseté et la malveillance des affir­mations contenues dans ce document.

Ce rapport, digne d'un antisémite de la pire espè­ce, est caractérisé par' M. Reinach comme étant« sobre, impartial, bienveillant» !

L'objection essentielle du Dr. Pritchett, cité avecun air de triomphe par M. Reinach, est celle-là mê­me que les ennemis les plus acharnés de l'œuvrejuive en Palestine, les jésuites et autres antijuifs,n'ont cessé d'agiter, dès que la Société des Nationsa confirmé le mandat britannique sur la Palestine,avec son idée essentielle qui est le rétablissement duFoyer National Juif: cette objection c'est la ques­tion arabe.

Dans mon article mentionné ci-dessus j'ai montrécomment différents pays africains, américains et eu­ropéens qui, il y a un ou deux siècles, nourrissaientmal une petite partie du chiffre de leurs populationsactuelles, comment ces pays sont arrivés de nosjours, à bien nourrir une population plusieurs foisplus nombreuse. « Là où un peuple arriéré a à peine

, de quoi ne pas mourir de faim, des colons instruits.pleins d'initiative, d'intelligence et de vigueur sau­raient créer de l'abondance et de la richesse ». J'vai écrit : « Il y a moins d'un siècle, la' populationarabe de l'Algérie végétait misérablement et ne dé­passait pas deux millions d'âmes. Arrivent les Fran­çais ; et maintenant plus de 500.000 Français trou­vent leur subsistance dans ce pays et, en mêmetemps, la population arabe a triplé. C'est ainsi quedans un pays où, il y a moins d'un siècle, deux mil­lions d'âmes n'avaient pas de quoi vîvre, une popu­lation de six millions trouve des moyens d'existen­ce, d,e développement et d'enrichissement».

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T.1AVENTR ILLUSTRE (453) 5

De même « dans l'Amérique du Nord cent vi~gtmillions d'hommes vivent au milieu de riche~ses In­calculables, tandis que jadis quelques centa~nes demilliers de Peaux-Rouges y mouraIent de fallu ».

De même encore, dans les pays de 1'El;1rope,. unepopulation. trois fois .p!us n?I~lbreuse h~~lte au!our­d'hui la meme superfIcIe qUI, Il y a un siecle, ne suf­fisait pas pçmr nour~ir misérablement un tiers duchiffre de sa populatIOn actuelle.

VIIII. - CAPACITÉ DE COLONISATION DE LA PAI,ESTINE

Le développement de la Palestine doit se fairedans le même sens.

Sous le roi David, la Palestine nourrissait près decinq millions d'âmes, tandis que de nos jours, cepays, en comptant la Transjordanie, n0.ur~it ~ peineun million d'âmes. En prenant en conSIderatIon despavs tels que le Liban, la Sicile et autres qui se rap­prochent le plus des conditions naturelles de ~a Pa­lestine, il est facile de voir que ce pays pourr~It lar­gement suffire à la subsistance d'une populatIon decinq millions d'âmes. Si l'on prend en considéra­tion que la Mésopotam!e, voisine d~ la palesti~~, es~très faiblement peuplee et pourrait bIen sufnre aune population au moins quinze à vingt fois plusnombreuse que celle qui y habite actuellelpent, oncomprendra facilement ,que plus tard, lorsque ~a .Pa­lestine serait surpeuplee et que des masses JUIvescontinueraient à éprouver le besoin d'abandonnerles pays de leur résidence J?our ém,igrer ailIeur~,

même à cette époque, la Mesopotanlle pourra faCI­lement donner refuge à des millions d'émigr~z:tsjuifs. En effet, suivant les calculs les plus autorIses,la Mésopotamie, bien c.ultivée, po~rrait subven~r .auxbesoins d'une populatIon de cInquante mIllIonsd'âmes au moins, c'est-à-dire à un chiffre de popula­tion de douze à quinze fois plus élevé que le chiffrede sa population actueHe.

II est vrai que seule la Palestine sera le Foyer Na­tional Juif ; 'toutefois si de grandes colonies juivessurgissent plus tard en ,Mésopotamie, elles aurontinfiniment plus de chances de vivre en paix et dedévélopper librement leurs facultés n;ltionales queles sept ou huit millions de Juifs dispersés de nosjours entre des populations iihmenses de dellx-c~nt­millions d'âmes occupant les pays de l'Europe OrIen­tale..

X: -- LE N,OMaRE' D'IMMIGRANTS QUE LA I~.(\LESTINE'\ • • ~ ': • ' ; , 1 _

PEUT NOURHrH

'Pour le moment, il ne s'agit pour 'les Juifs qued'une colonisafion en masse de la Palestine, Ce pays,Olltre sa population actuelle, peut subvenir aux be­soins d'une immigration de trois à quatre millionsd'âmes. au minimum. Bien entendu, ce n'est pas:a.Vec les methodessurannées d'une populationarrié­rée, telle que les Arabes palestiniens, que les immi­,grants juifs colonisent le pays ; c'est en y introdui­sant les méthodes les plus perfectionnées de la pro­duction agricole et industrielle moderne que lesJuifs transformeront la Palestine en une patrie pou­vant suffire aux besoins de tous les éléments de sapopulation, Juifs, Musulmans et Chrétiens. '

Grâce au savoir, à l'esprit d'initiative et au granddévouement de~p.os agronomes, ingénieurs et techni~ciens et grâce-li l'admirable ténacité de nos travail­leurs, cette transformation de la Palestine s'opèredéjà aujourd'hui, sous nos yeux.

M. Reinach parle d'un million d'immigrantscom­me d'un maximum -- d'ailleurs irréalisabJepour M.Reinach - que les sionistes, voudraient ét,ablir enPalestine ; et il oppose il ce millions de Juif~ pales­tiniens les intérêts des quatorze millions de Juifsqui continueraient il rester dans les pays de disper-sion~ ,

L'idéal sioniste, les besoins du peuple ,iuif et laCapacité colonisatrice de la Palestine sont en réa·lité bien supérieurs à ce maximum imaginé par M.Reinach. Certes" pour le moment il s'agit pratique­'ment d'introduire en Palestine quelques centaines'de :milliè-rs d'immigrants juifs ; mais ce ne sera lâ_%le, la première étape de la concentration territo­rI.ale de la nation juive.. Au premier million de nospIOnniers établis en Palestine suivront le second, letroisième et le quatrième. Dans un avenir lointain et~n.cas de nécessité, on pourra, certainement, s'en­tendre amicalement avec le peuple de la Mésopota­mie pour déverser les masses de nos futurs" émi-

grants sur ces vastes territoires, en . les fécondant,comme la Palestine, par notre traVail, notre scienceet nos capitaux.

En moins d'un demi-siècle, une population juivede quatre millions d'âmes s'~st établie. au.x Etats­Unis d'Amérique. II est diffiCIle de preVOIr com­bien de millions de Juifs pourront sc concentrer,dans le courant d'un siècle, en Palestine et, éventuel­lement, en Mésopotamie ; le fait est que, pa~ sa su­perficie et ses conditions naturelles, la PalestIne seu­le pourrait subvenir aux besoins d'au moins quatremillions d'immigrants nouveaux.

XI. - L'OPPOSITION DES I~TÉHÊTS IMAGIKÉS

PAR M. REIKACH

L'opposition future entre les intérêts du n~iI.Iion

de Juifs palesti~iens ct ceux des q.uatorz~ nnllIonsde Juifs de la dIaspora est de pure ~nvcntlOn. Aucu­ne espèce d'opposition ne peut eXIster entre les.luifs de la future Palestine et ceux des autres pay!"Bien au contraire ; en tant que peuple, tous les Juifsdu monde sont vitalement intéressés à ce que leshuit à dix millions de leurs frères, menacés da~sleur vie et dans leur honneur par deux-cent nnl­Iions d'individus plus ou moins antisémites, soientaussi vite que possible transplantés, sous la prote~~

tion de la Société des Nations et des Etats-Umsd'Amérique, bref de l'humanité civilisée, en Pales­tine et, éventuellement, en Mésopotamie. Seule lacréation d'un Fover National Juif mettra le peuplejuif dans les conditions normales d'une nation terri­toriale, en réparant enfin la cruelle injustice qui n'aque trop longtemps duré.

La seule, la vraie tragédie du peuple juif c'est que,possédant tous les trais d'une nation caractérisée,ce peuple ait été privé de la base matérielle d~ tout.enation, de son territoire national; cette tragédIe dOItdésormais cesser, ct pour toujours.

XII. - I"A QUESTION AHABE ET LES ERREURS

DE M. REINACH

, )J. Reinach a. concentré ces objections contre le;, sionisme surtout sur deux points: 1 0 Opposition,'arabe ; 2 0 Accroissement de l'antisémitisme, à cau­" se de la soi-disant double nationalité des Juifs : na­,tionalité palestinienne ou juive d'une part et, d'au-tre part, nationalité fran~:aise, anglaise, ita~ienne!

;etc.., suivant le pays habité par ceux des JUIfs qUI.,n'émigreront pas en Palestine.

1 0 Opposition arabe. Voici les termes commina­, toires de M. Reinach pour formuler cette objection

« ils (les immigrants juifs en Palestine) se heurte­'l'ont à une population arabe sept ou huit fois plusi nombreuse, qui n'a pas du tout l'intention de selaisser exproprier ni opprimer et qui, le jour où o~essaierait sérieusement de le faire, se soulèveraIt

. comme un seul homme pour déchaîner des massa-cres auprès desquels les pogromes russes et rou­

'mains sembleront des jeux d'enfants».Ce n'est pas un Jésuite ni un antisémite aveuglé

par sa passion antijuive qui parle ainsi ; non ; c'e~t

un bon Juif assimilé qui tient à avertir ses corelI­gionnaires sionistes du danger inéluctable qui lesmenacerait, s'ils ne renonçaient pas à la Palestine.

Commençons par corriger les fautes grossièresque commet ici M. Reinach.

De nos jours, où l'œuvre sioniste en Palestine nefait que commencer, la proportion numérique entreles Arabes et les Juifs est de 750.000 contre 150.000;.en d'autres termes, les Arabes palestiniens ne sontpas sept ou huit fois, mais seulement cinq fois plus,nombreux que les Juifs. Cette proportion tend cha~que année à se modifie,' de plus en plus en faveurde la population juive, en vertu de ce fait que le tauxde l'immigration juive annuelle dépasse et de beau~coup, le taux de la croissance de la population ara­be., JI est facile de prévoir qu'avec une immigratioQjuive annuelle de dix mille familles, soit cinquant~mille âmes, les deux éléments de la population, Juifset Arabes. seront en nombrp, presque égal, au boutseulement de dix ans.

M. Reinach ne s'est pas donné la peine de s'infor­m~r ni sur la proportion, numérique actu~ll.e ~esJUIfs et Arabes en Palestme, ni sur la modIfIcatIonconstante de cette proportion en faveur des Juifs~depuis le début de la nouvelle immigration en 191~.

(A suivre)

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6 (454) L'AVENIR ILLUSTRE

COMITÉ D'ETUDES JUIVES

L'A P PRE NT ISSA GERAPPORT PRÉSENTÉ PAR M. R. TAJOURI

----------~~.............--_._----~--~

(Suite et fin)

Déjà il Casablanca l'Association dcs AnciensEli~\'es oe l'Alliance a accompli une œuvre admi­rable dans le domainp qui nous préoccupe. Elle aplacé 103 apprentis qui se répartissent commesuit;

Bourreliers 4, éledriciens 5, maroquiniers 7,cordonniers 20, imprimeurs 24, menuisiers 5,plombiers zingUf'urs 2, couturières 11, mécani­ciens 2, graveurs 4, cyclistes 5, marbriers J, tail­leurs 2, daetylographes 4, miroitiers 2, tapissiers5. .

Ces apprentis sun! inspectés par une commis­sion de surveillance. Ils déjeunent il la Cantine ctsuivent un cours du soir professé par 2 institu­teurs de l'AUianee. Ils reçoivent fa premiilre an­née unp alloeation mensuelle de 25 francs. Ilssont généralem(mt appliqués et sérieux; et arri­vent vite à gagrlPr 150 il 200 Hancs par mois. In­dustriels et parents d'éll'ves sont satisfaits de cesystème de placement et nous reecvons ehaquejour des df~mandes et offres d'emplois. Si l'oneonsidère Ips movens relativement limités dontl'Association dispose pour assurer la bonne mar­che de cette œuvre (1000 francs par mois) quilui tient sincèrement il cœur, on est frappé par lesremarquables résültats obtenus et l'on doit re­eornaître l'exeellpnce du système appliqué quidu reste avait déjà fail ses preuvps dans Ips Com­munautés Juives d'Orient. Il présente en effet desavantages nombreux et appréeiables sur celui desEcoles professionn eIles.

1° Il ne coùte rien en dehors d'une petite allo­cation aceordée il l'apprenti pour l'erwouragcr clpersévérer.

2" Il permet de répaltir les Elèves sur un grandnombre de métiers d'où plus de variétés et pos­sibilité de tirer parti des aptitudes spéciales dechacun.

3° Il procure il l'enfant un gain immédiat, ce.que la majorité des parents recherchent actuelle­ment et permet il l'apprenti d'augmenter son sa­laire en proportion de son application ct de sesprogrès.

4° Il plaee enfin immédiatement l'enfant dansla vie pratique, ce qui forme son expérience et lel'end plus apte il lutter dans la suite.

Par cuntrf~ (·e système comporte aussi de sé­rieux inconvénients dont voici les principaux.

1° Par cette méthode on n'arrive guère il formerque des demis ouvriers médiocres, eonnaissant,seulement les rudiments de leur métier.

2° J~es employeurs ne sont pas toujours eons~

oieneieux, il en est qui se servent de l'apprenticomme manceuvrfl, comme garçon de courses et.ne lui apprennent rien du métier.

3° Enfin pour diverses raisons il arrive souvcn tque les apprentis changent faeilement üe patronsvoire même de métier.

Nous en eoncluons que le projet de créationd'une école professionnelle à Casablanca répondlui aussi à une nécessité. Cette création ne con­curencera nullement, ni ne fera double emploiavec le système actuellement en vigueur. Les deux'œuvres peuvent vivre côte à côte et se compléter,elles jouent des rôles différents qUOIque poursui­vant un but général identique.

Le placement direct dans l'industrie privée s'a­-dresse à la ,grande masse, aux plus misérables, in­capables d attendre un long apprentissage.

Vers l'école professionnelle on dirigera l'élitüpourvue d'une bonne instruction primaire ayant

·des aptitudes réelles et un goùt manifeste pourle métier choisi et appartenant à un milieu relati­v~ment aisé, moins hypnotisé par le gain immé­dIaL. Cette école nous donnera des ouvriers ca­

,pables, connaissant convenablement le métier etqui pourrl{nt former à leur tour de nouveaux ap-

prentis. NIais nous tenons à faire remarquer quel'école professionnelle est trop onéreuse et nedonne dans les meilleurs des cas qu'un faible ren­demenL. Il appartient au gouvern'lment de tenterl'expérience d'un enseignemnt professionnelJuif; l'effort privé doit être entièrement consacréen faveur du placement direct des apprentis, sys­tl]me plus pratique rendant d'immenses serviGesimmédiats, s'adressant il la grande masse et sus­ceptibles d'un large développement. .~ous formu­lerons pour terminer les vœux suivants :

1° Organisation d'œuvres d'apprentissage parles Directeurs de l'Alliance ou par l'Associationdes Aneiens Ell]ves dans toutes les villes de quel­que importance.

2° Attribution d'Une subvention il ces œuvres,par leVroteetorat dc par la Municipalité de cha­que localité intéressée.

3° Création par le Gouvernement d'une écoleprofessiOIlnelIe juive ù Casablanca pour (,oIl}plé­U~r l'œuvre d'apprentissage magistrement dirigéepar j'Asso(~iation des Anc:iells Elèves.

Les Droits de la femme JuiveL'association pour l'égalité des droits de l'hom­

me et de la femme juive en Palestine a reçu unmessage de Madame Carrie Chapman Catt.

Mme Carrie Chapman Ca't est la fondatrice del'Organisation Internationale des Femmes pourle Suffrage et l'Egalité des Droits, qui comprend4.2 nations. Elle a été présidente de l'organisa­tIOn pendant 23 ans et en est aujourd'hui prési­dente d'honneur.

Mme Catt est la fondatrice de la Ligue desFemmes Votantes, qui comprend plus de deuxmillions de membres aux Etats-Unis. C'est elle,qui a signé, avee le Président Coolidge, le 19meamendement de la Constitution, admettant ausuffrage toutes les femmes des Etats-Unis d'A­mérique.

VOici le message qu'elle adresse aux femme lijuives de Palestine :

«De ce monde, le plus nouveau des nouveauxmondes, j'adresse mort salut, au plus vieux delicontinents. La Palestine fut pendant des milliersd'années le centre de la civilisation et. du progrèsdu monde; elle doit reprendre son ancienne place.

« En ces temps anciens il y avait des femmesconseillers et des femmes leaders. Il doit en êtrea.insi de nouveau. Dans le monde entier, les fem­mes prennent possession de leurs droits et. cemonde ne deviendra idéal que quand hommes etfemmes seront également capables et égalementlibres a'exprimer leurs opinions et de décider encommun.

« J'le vous effrayez pas de ce que le mondepouri'ait dire. Vous défendez la justice. Quelquessacrifices que vous ayez à faire, quelques hmni­liations qui soient les vôtres, n'oubliez pas que

.d'autres femmès ont supporté tout ce qui pour­rait vous arriver. Elles ont poursuiv.i leur tâche,et pour des millions d'entre elles, la victoire a étéleur récompense.

« CeUe même victoire vous sera donnée, nonseulement à vous, femmes juives de Palestine,mais aux femmes du monde entier.

« Pensez à ce qu'un siècle, puis un millierd'années peuvent donner à ce monde. Ce que 16Jmonde sera alors, dépendra de ce que vous et moi

.faisons aujourd'hui.« Ayez bon courage; acceptez votre fardeau et

portez-le bravement ». '

(Signé) : CARlUE CHAPMAN CATT.

Reverrons_nous bientôt. l'énergique Deborab.l'invincible Judith la. fine fleur des Abigaïl !

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LE

L'AVENffi ILLUSTRE

SCHALOM ASCH

SOLDAT

(455) 7

JUIFTraduit du Vidisch par L. BlulT'enfeld

---""""'.,,"""""";s;;_---

(Suite)Mais il sc ]'flpl'it vivement, s'étant l'appelé qu'il

n'avait pas été sc battre pour eux, mais bel etbif'n pOUl' soi-même... C'est pourquoi il relevaorgueilleusement la croix de Saint-Georges et, laraccrochant sur sa poitrine, il dit à sa mèt'e :

- J'ai bien perdu mes deux jambes, mère,mais en revanche j'ai obtenu cette précieus(' rné··daille.

Et la mère s'empara de la croix à son touJ', ethurlant comme une bête blessée :

- Voyez, les hommes, regarde:.>; bien ! Mesjambes, 'mes chères jambes pleines de vie, pourune petite croix 1.., une petite croix...

UN VILLAGE{'ne longue route bourbeuse mène au village

juif. .. ..C'est Ir mois de mars, la neige partout fond et

le tlégrl rst commencé dans les champs. Déjà,sous le blanc tapis neigeux, percent des traces riaHO!. Les graines, chauffées par la neige tout l'hi··vpr,Sé sonr imprégnées -dË~~la sève que leur a ma­teI'lleliement prodiguée la terre. .

La terre-mere apparaît gonflée de sucs, fécon­dée.

Dans l'allée des tilleuls chemine le pèlerin so­litaire, pn bâton à la .main et son balucllOn surle dos. t'ne troupe de corbeaux passe en nuas­sant; ils sautillent d'une branche h !';Jl.ltre l't deleurs pattes grises chassent les dcrni.'JrflS tl'acesde I)'eige dont se recouvrent encore les rameaux.

L'homme se dirige vers le village. Suivons-lepour décrire en ce livre tout ce qu'ensemble nousverrons et entendrons.

1

La Maison.Jour et nuit, la porte de la maison est ouverte

ft tous venants. Le maison de reb Iéhaskel Gom­biner est un domaine public. Un inconnu vient-ils'y installer, personne n'oserait lui dire:« Qu'est-ce que vous faites ici? » Tous sont chezeux dans cette maison. Qu'un bourgeois quittele matin son foyer sans avoir déjeuné, il se rendaussitôt chez reb Iéhaskel où, en maître, il com­mande à la servante le thé matinal. L'on y vientfréquemment boire un verre de borcQt. Pour dé­guster cet extrait de choux rouges, c'est surtouten hiver que l'on s'empresse chez Iéhaskel. Etparlez-moi a'une aubaine, lorsque la maîtressede céans assaisonne cete soupe à l'ail ! Celaréchauffe tous les vieillards de la Congrégation...

Boire et manger ici, c'est une coutume, un ri­te. tout le monde est de la famille de reb Iéhas­kel. Les ménagères y apportent même leurs us­tensiles de cuisine, et l'on prépare ses repas àla maison hospitalière. Un spectacle amusant en­tre tous, c'est lorsque les bourgeoises ne re­connaissent plus leurs pots ...

Dans les écuries de reb Iéhaskel se glissenttoujours les gamins chassés de chez eux. P.ointde soucis alimentaires. La nourriture est a ladisposition de chacun. Tous savent que la clefde la cave est suspendue à la cuisine, eL person­ne n'est gêné pour s'en servir. Ientée, la bonne,f'st une brave fille. Mais qU'f'lIe refuse seulementquoi que ce soit il quelqu'un ... reb Iéhaskel lui­mê'mA la corrigerait. ..

l,a nuit abrite le village dans son giron téné­breux, tout est plongé dans une opaque noirceur.

Du. lointain provient un bruit in80lite; le caho­t.ement d'une voiture sur la chaussée empierrée.Silence. Une lueur perce à travers les intêrstices

des volets. La voiture s'est arrôtée; à pas lourds,quelqu'un chemine le long des couloirs. Le loqueta joué, l'on est entré.

Il n'y a personne à la maison, vaste, spacIC~­

se et peuplée d'ombres. La grande lampe a pc­traie projette une lumière hésitant.~ ?ans cet!.eimmense chambre. Les nouveaux arl'lves sont Vè­tus de longs manteaux doublés dc fourl'l~re, auxlarges cols de pclletf'I'ie. Autour du cou Ils .por­t.ent le châle rouge en laine et dans les plIS deleurs amples vêtements gisent les mystères de lanuit. recueillis sur les routes lointaines ...

La tête coiffée d'un bonnet fourré et les or'eil­les engainées dans des pattes de pelleterie, ceshommes sont de la tête aux pieds reeouverts degivre. La chaleur de la maison fait fondre les gla­çons de leurs barbes et de loutes parts coulentdes gouttelettes d'eau.

Ils enlèvent leurs longs manteaux et s'appro­chent davantage de la haute cheminée, et alorsapparaissent les barbes de toutes nuances .. Il YAn a des blanches, des noires, des rousses et desfalottes, eourtes et longues. . .

Puis les jeunes -cèdent. leurs places pres de lacheminée aux anciens et vont s'allonger sur lesbanquettes damasquinées, ou ils s'accoudent surla grande fable, pour faire un somlIle. ,Assis endemi-cercle, les vieux se taisent. De moment en.moment, quelqu'un rompt le. silence par unequestion précise sur les affaIres. .

La nuit regardait à travers les fenêtres de, sesgrises bésicles; une lueur dans une. mer t.ené­breuse ... Un lointain cocorico rompaIt le sIlen-.ce. Peu à peu les coqs, réveillés, chantèrent leurhymne auroral. Le fracas des voitures et le grin­cement des roues sur la route accidentée du vil­lage retentissaient étrangement dans la maisonhospitalière.

Des maisons voisines parvenait le bruit quefont eeux qui se lèvent. De l'eau s'égouttait, despas résonnaient. Ailleurs une voix usée, cassée,chantait allègrement des psaumes une autrevoix retentit, fraîche, musicale, mais qui, alerte,se hâtait d'accomplir un devo~r, et i~soleJ.llme1?-tcette voix couvrait celle du veIlIard. La VOIX bl'l­sée se faisait alors plus suppliante, humble, im­plorant modestement et se lamentant sur les mi­sères du monde. Les étrangers assemblés chezreb Iéhaskel se frottèrent les yeux et, à leur tour,se mIrent a louer Dieu ... Quelqu'un avait un bré­viaire et il entonna le psaume: « Pourquoi ce tu­multe parmi les nations '? » On eut dit que cesjuifs, chantant partout les mêmes hymnes, sefussent souhaité la bienvenue.,.

La nuit s'est lentement dissipée et l'aube blan­chit maintenant le village juif.

./'"

A la CUlsme, on coupe du bois, on casse des'œufs, et le bI'l!it que fait un liquide que l'ontransvase se fait entendre. Déjà des portes s'ou­vrent, on entre et l'on sort sans rien demander àquiconque. Au loin, un nourrisson criaille et savoix se mêle aux lamentations du vieillard chan­tant ses psaumes. La voix stridente du jeune.talmudiste fait. rage; le bois crépite dans l'âtre,tout annonce la naissance du jour nouveaü.

Il fait presque elair dans la grande chambre.La table est couverte de fourrures, caftans etchâles. Sur le canapé est étendu un grand gail­lard, et ses jambes dépassent la couchette. Por­ches, portières et portes sont grandes ouvertes.De partout surgissent des juifs à la barbe ~our­nie. L'on se salue avec des paroles de paIX etde hienvenue aux lèvr.es, et l'on entre de plain­pied dans les affaires ... Discussion, ~isputes; i~y a des questions sans réponses, et d autres qUI,en comportent de trop... Deux juifs, la main dans

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L'AVENld

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Allée d'entrée à Migd~

La pêche au filet au lac de Tibf

Le Carnaval de « Pourim» dans l11l

A Travers lala main, s'en vont causer dans un coin; ils separlent à l'oreille. Les coudes appuyés sur la ta­ble, un personnage fait sa prière, mais il ne lan­ee pas moins des regards aigus vers le couplede négociants. Bientôt il enlève son châle rituelet, s'emparant d'un voisin, il l'entraîne dans uncoin pour discuter affaires. Tous tiennent à mon­trer qu'ils ont des transactions importantes encours ... Puis d'autres se coiffent des phylactèreset gravement, dévotement, commencent à prier,l~ependant que deux juifs, en silence, traitent dequelque grosse afIaire. L'un marque des chiffresil la craie,. cependant que son voisin, d'un doigt.mouillé, les efface. Un peu plus loin, un bonhom­me bedonnant., à la barbiche jaunâtre, compte del'argent dans la main de son compagnon qui ré­pète gravemerit : 74, 75, 76. La port.e s'ouvrebrusquement et un homme se jette sur le gail­lard à la barbiche jaunâtre. Grand, maigre, bor­gne, la barbe rousse, il crie : « Espèce de cabotrougeaud ! es-tu fou de lui payer pareille som­me ! » ~.,ais l'interpellé, sans se départir de soncalme, continue : 100, 101, 102, comme si derien n'était. Alors, l'autre, furibond, s'acharne:« Bandit! qu'as-tu à gaspiller mon argent, monsang ! » Néanmoins, quand la barbe jaunâtre afini de compter, son compère à la barbe roussel'entretient familièrement et ils semblent s'en­tenure comme larrons en foire. Des grains deblé sont disposés sur la table dans des mouchoirsà carreaux. Chacun prend un grain, le palpe, puis1'8 casse entre ses dents pour ensuite demander:combien ? Sans obtenir une réponse qu'il ne dé­sire point, d'ailleurs, il mâche le grain, fronce lesourCIl comme s'il eû.t voulu trouver lui"même leprix...

La maison de reb Iéhaskel est la Bourse duCommerce. De petits intermédiaires achètent leurblé aux paysans et le revendent pour les gran­ges de reb Iéhaskel. Ici, toutes les affaires seliquident et se traitent, y compris celles où lemaître de céans n'est point en jeu. Dès qu'unjuif veut se lancer dans le négoce, il a recoursà cette bonne école des jeunes mariés, qui man­gent à la table du beau père selon l'acte signé.Enfin, tous viennent faire leur apprentissage àla « maison »;

La petite pièce est le cabinet réservé à reb Ié­haskel. Petit homme grassouillet, la barbichegrise,. reb Iéhaskel s'entretient de ses affairesavec Tobiah, son homme de confiance et sans le­quel il ne fait rien. Grand, sec, Tobiah marque lafin de ses phrases par un petit sourire qui signi­fie : tout va pour le mieux...

Enveloppé dans sa robe de chambre, le chefcoiffé d'une calotte quadrangulaire, maintenantd'une main son binocle et pétrissant des boulet~

tes de pain de l'autre, il dit à son agent :- Il faut que Wolff écrive à Dantzig pour an­

noncer que la première expédition est faite.La porte s'ouvre, donnant accès à une tête qui

souhaite le bonjour. Puis ev-tre uri paysan de hau­te taille et dont les bottes laissent des traces par­t.out où elles se posent. Le visage en sueur, lescheveux trempés le paysan, sans prononcer uneparole déboutonne sa veste et retire d'une pocheintérieure une lettre qu'il remet à reb Iéhaskel.

Après avoir lu la lettre, le màître dIt :- Il faut atteler, je pars pour Trisk.- Moi, je n'avais pas conseillé d'emprunter la

voie fluviale, intervient Tobiah. Sait-on jamais cequi peut arriver deux semaines après les fêtes !On doit toujours redouter le froid et le dégel.

- Tant pïs, je ne pouvais guère faire autre­ment. Les chalands étaient bien amarrés, les cor­dages solides et l'eau superbe. Pouvait-on pré­voir ce qui arriverait? Imaginer qu'en octobre laVistule seraiL prise 1."

- Il faut emmener Antik et Socolsk. On trou­vera au grenier grand nombre d'ancres, crochetsde toutes sortes, leviers et cordages, dit Tobiah.

- On m'écrit que l'eau charrie des blocs. Fas­se Dieu quils ne soient pas trop lourds. Je croissavoir que Trisk est plutôt un coin paisible etque, pour peu que le courant n'y soit pas tropvif, l'on pourra, - Dieu aidant, - sauver le bois,remarqua reb Iéhaskel.

- Avec l'aide de Dieu!- Il faut envoyer 200 roubles à Grombine, et

quant à reb Abraham de Plozck, qu'il achète à

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n.LUSTRE

1

flestine Nouvelle~~

(457) 9i

Khemenice. Je crains fort que les Khéméniçoisne s'emparent des moutons; il ne faut pas se lais­ser faire.

Et les deux hommes passèrent dans une piècevoisine.

'( Kindergarten» hébreu à Jérusalem

~riade Photos « Keren Hayesod »

Il Y avait beaucoup de personnes egaillées dansla cour; près de la grange l'on pesait le blé de­vant une foule de curieux accourus de partout.Dans la vaste chambre, il n'y avait que les voya­geurs arrivés la nuit dernière avec des céréales.Mais un couple d'intermédiaires vint augmenterle groupe. L'un, vêtu à l'européenne, nommé Ko­zek, gravitait autour des grands seigneurs desenvirons. Le propriétaire d'une raffinerie de su­cre l'envoyait en mission chez reb Iéhaskel cejour-là. V"autre, un fervent hassid, dévoué à sonsaint rabbin, faiseur de miracles. Grand négo­CIant lui-même autrefois, il jugea digne de lui,après un revers de fortune, de négocier pour lesautres. La somptueuse lévite de soie qu'il portaitrappelait encore le rang social qu'autrefois iloccupait.

Reb Iéhaskel souhaita la bienvenue à tous lesjuifs, et avant même qu'ils pussent placer unmot, il les poussa vers la fontaine pour les ablu­tions rituelles de la table...

Une grande et forte femme, un large tabliersur le ventre, de grosses boucles d'oreilles et unvolumineux trousseau de clefs, entra dans lagrande chambre. Ayant proféré d'une voix decommandement : « Reb Tobiah, aux ablutions lreb Noté, lavez-vous! »,elle couvrit la table d'unenappe blanche .et mit les couverts. La table. futllientôt garnie. De la cuisine émanait l'odeur d'oi­gnons rissolant dans la gràisse d'oie et cela sen­tait fort la soupe aux betteraves. Epstein faisaitdes plaisanteries et àmusait par ses bons mots,cependant que l'autre intermédiaire se tenait coieL participait à peine au repas .

. Noté le voiturier, grand gaillard aux largesépaules, la peau bronzée et les yeux brillants, sor­tait de ! ermrie avec deux superbes chevaux blancsses enfants chéris ... Le 'vendredi;' lor'squ'on étaiten route, ils avaient marché au galop pour nepoint profaner le sabbat... Le fouet entre lesmains du convoyeur était un ornement, jamaisNoté ne s'en servit pour ses bêtes. On disait auvillage que les chevaux de reb Iéhaskel étaient lesâmes de ses défunts débiteurs dont les traites nepurent pas être libérées ...

NotrS était vêtu d'une peau de mouton, les piedsdàns de hautes bottes, et coiffé d'un bonnet four­ré militaire. Après avoir attelé, lorsque la somp­tueuse voiture eut brillé de tout son éclat, le con­voyeur dépêcha Antik chercher les instrumentsde sauvetage, but de ce voyage. Iëiltée, la servan­te, accourut· auprès de Xoté, les bras potelés, laface rougeauae et le regard allumé; la belle filleSUiVIL le voiturier il l'écurie ..

Avant cre s'en aller, Ientée, sortit d'uri torchonun demi-poulet rôti pour Noté. Lui, reconnaissantétreignit la fille et la couvrit de baisers. Alors,elle de se ressaisir :

- Jure qu'on se mariera !- Grouille-toi, la môme, la patronne te guette!

Et il la poussa hors de l'écurie.Mais s'étant aperçne du subterfuge, elle lança:

- Casse-toi les bras et les jambes, bon Dieu!- Fille de chienne !Les bureaucrates, occupés il mettre de l'ordre

dans leurs registres, suivirent du regard la jolieIentée qui leur tira la langue avant de disparai­tre.

Un éclatant coup de fouet ébranle l'air; lesroues crissent et grineent, la voiture part. Ueblehaskel a son grand manteau de pelleterie, unplaid enveloppe ses jambes (la journée était su­perbe, le llegel sensible et le soleil riait dans leeiel). Sa femme se tient devant la voiture, leslèvres et le regard ebargés de bénédictions; puisaITivent aussi les enfants des écoles, leur petitpanier de victuailles sous le bras. Les pions lestirent par la manche, mais les gosses aimenttant il voir grand-père !

- Bonhe santé, mes enfants, apprenez assidû­ment et de grand cœur !

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10 (458) •L'AVENIR ll.oLUSTRE

Après avoir serré les mains de tout ce petitmonde. reb Iéhaskel, sortant son lourd porte­monnaie, leur distribue des pièces.

De la fenêtre aux fins rideaux brodés émergeune belle tête une jolie tête de jeune fille. Une.Joue rose, des' boueles noires, un œil bleu, exquisprofil.

_ bon voyage, père chéri !Dans un coin se tenait Ientée, les bras crOIses

sur la poitrine; elle admirait Noté dont l'œil m~­licieux se tournait vers la superbe fille. Les gUl­des dans ses robustes mains. Noté était impatient.de partir tout comme ses amis les chevaux quigrattaient la terre il coups de sabot.

Guez reb Iéhaskel tout est calme; les gens ontmis de l'ordre dans leurs affaires. Les commer­cants étrangers, ayant liquidé leur marchandise,s'en vont pour céder la place à d'autres. Le grandcanapé, fatigùé de recevoir tant d'hôtes, se re-

. pose; la vaste table ,e~t farcie d'addition~ .faitesil la craie comme d allieurs tout le mobIlIer dela granae' chambre. Immense champ ~.e batai,!!ed'où en se retirant, les soldats oublIerent d e­vac~er les instruments de guerre ... Ces chiffresont l'air de se Olsputer entre eux,· continuant lesâpres débats des négociants partis ...

Voici deux hommes jeunes, bedonnants, leschairs renondies : Hazkil et Berel, deux frères,les cousins de reb Iéhaskel. Ayant formé de leurspardessus un gros traversin, ils s'allongent cô­te à côte. Haskil, l'aîné, gratte d'un doigt exercésa barbiche, et il demeure rêveur devant les in­nombrables chiffres dressés devant ses yeux.

Pour rompre le silence, il demande à son frè­re:

- Dis-donc, Berel, 7 fois 38 combien ça fait­il ?

L'autre, endormi, répond par un lourd ronfle­ment. Alors. Hazkil tourne le dos à son frère etdécide d'en-faire autant;:.

II

La Bicoque au bord de la Vistule

Une humble maisonnette isolée se dresse aubord de la Vistule. En hiver, lorsque la neige en­veloppe tout de son blanc linceul, cette bicoqueauena, en face du fleuve. gelé, sa résurrection.L'eau est morte pour l'instant, et toute sa sur­face se recouvre d'un immense suaire ...

Sur le tleuve passent des bandes de corbeauxet de leurs becs pointus ils criblent la glace depetits trous. De-ci, de-là, un homme traverse lefleuve et ses pieds laissent de profondes tracesdans l'épaisse couche de neige. Les collines quisürplombent Je. fleuve semblent des lambeauxu'alles, entassés les uns sur les autres, ou biendes nuages figés qui se superposent. Au sommetdes montagnes grimpent des arbustes neigeux.Unal'Drisseau complètement enrobé de givre etde frimas est planté sur le faîte. Le fleuve lui­même eOL bordé de peupliers enveloppés de neige.La bicoque appartient à HaÏm le batelier qui latient de ses ascendants et la passera à ses des­cendants. C'est un quinquagénaire maigre etgrand de taille. Son visage anguleux répondparfaitement bien à son corps dégingandé, sa bar­be est longue et mince, comme ses traits. Enfantdes eaux il y Lrouvera peut-être aussi la mort;au bord de l'eau, tout au moins. Lors des inon­dations, son corps, emporté par des vagues, file­ra jusqu'à Dantzig, comme cela advint à ses pa­rents. Tout compte fait, peu lui chaut de se désa­gréger au fond des eaux. Cependant que le soll'este immobile, taciturne, le fleuve, lui, bruit ettempête; c'est de la vie ...

D'ailleurs, il ne sera pas seul de sa famille aufond de l'eau. Peu de temps avant les glaces, sonpetit Moïse fut enlevé par les lames déchaînéeiiide la Vistule. Et lorsque le samedi suivant il s'enallait coucher au bord du fleuve, les petites va­gues venaient jouer jusqu'à lui, et il semblait àhaïm que son petit venait le saluer filialement...

SCRALOM ASCR.(A suivre).

Chronique Théâtraleet Artistique

LOUISE« Louise », de Gustave Charpentier, que vient

de donner le Théâtre Municipal, en y faisant tou­tefois (sans doute en vertu de la vitesse acqui­se) sautel' le 2e tableau de l'acte II, (le tableaude l'Atelier de couture),« Louise l>, donc futcréée en 1900, sur la seène de l'Opéra-Comique,sans pour eela s'appeler opéra, opéra-comiqueou drame lyrique, mais tout simplement l'omanmusical.

L'auteur de « Louise », Gustave Charpentier'à présent membre de l'Institut, était, alors, untout jeune compositeur, puisqu'il remporta leprix de Rome en 1887, dar.s la elasse de Masse­net. Mais, à l'époque où « Louise» fut représen­tée, il avait déjà un joli bagage musical à i?on ac­tif. C'est ainsi que le « Couronnement de la Musede Paris », qui figure en ia première pièee théâ­trale de Gustave Charpentier, avait déjà été joué,chanté et dansé sur la place de/l'Hôtel de Ville en1898. Il faut noter cependant, que peu de criti­ques avaient eu la curiosité de venir entendre,sous un chaud soleil (c'était en juillet) la parti­tion philosophico-symbolique, que Charpenti ')1'

colportait de Montmartre à Lil~<) et de Lille à Pa­ris, et qu'il destinait à··toutesles villes où il yavait une ouvrière à couronner· comme :Muse duTravail. .. 0'

Charpentier, avant Ill: première de « Louise '>avait déjà remporté desf$uccèS' retentissants aveesa suite symphonique <~,Impressions d'Italie » elavec son drame symph'Quique« La Vie du Poè··te ». S'il tarda tant à v~riir au théâtre ce fut par­ce qu'il ne voulait pas sè plier à. certaines demar­ches (l'Institut ne poin;ta.it pas encore à son ho­rizon), qu'il jugeait dégradantes pour un « hom­me de la Butte », où il qOrnposait librement, dansl'air et la lumière, une œuvre, pour laquelle il en..:tendait ne subir aucunè pression et qu'il voulaitfaire jouer à son heure, quand il. aurait trouvéune femme capable d'incarner l'héroïne de sonroman-musicàl.

D'ailleurs, Charpentier a presque toujourscherché ses inspirations dans le monde et les :rô­tes bruyantes de Montmartre, il a toujours ét.Bhypnotisé par la Butte ,et dans « Louise» T"'''],_

culièrement, il sacrifie étrangement à· fla p~nsio~l

montmartroise.Pour la création de « Louise », l'Opéra-Comi­

que avait grandement fait les choses et avait don­né le meilleur de lui-même, pour cet ouvrage que.tous les musiciens attendaient depuis longtempset sur lequel l'auteur, lui-même, s'était peut-êtreun peu trop absorbé. La mise en scène et l'exécu­tion musicale, dont la maîtrise appartenait aucompositeur Messager, le fùtùr directeur de l'O-péra, furent en tous points parfaites. ,

Citer tous les créateurs est impossible, car ily a en réalité, plus de trente personnages dansl'œuvre de Charpentier. Les fluatre principauxpersonnages étaient incarnés : Louise, par Ma·.demoiselle Rioton, alors presque une début.ante,.Julien par le tenor Maréchal, le Père par LucienFugère et la Mère par Madame Deschamps-.Jehin.Tout ïe ban et l'arrière ban de l'Opéra-Comiqueav'ait été mobilisé pour cette représentation,de­puis Marié de l'Isle et de Craponne, jusqu'à. Car':'hone et Hothier, en passant par Rappoport etc:a.ëlly.

Le succès de l'œuvre fut incontestable, si in­contestable que « Louise » figure au répertoirp,régulier de l'Opéra-ComiqUe, e'est-à~dire ft celu;qui se joue toutes les saisons.

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L'AVENIR ILLUSTRE--~~---~~-~~-~~---~--~-------~-~------------

Dr U. DE MEDONÇA

(439) 11

~SALONIQUE ET SES JUIFSDES ORIGINES A NOS JOURS

f~it

J

(Suite)

X. - LES JUIFS, AVANT 1914La « djouderia » de Salonique, pourtant, se réveille

. de sa torpeur séculaire. Le «Talmud Thora Raga­dol » plusieurs fois la proie des flammes et recons­truit, lance sur le marché des fournées de jeunes gensinstruits dans la langue hébraïque. Ils possèdent desrudiments d'histoire, de gréographie, d'arithmétique.Ils se taillent des emplois lucratifs. Leurs affaires lesappellent en Europe. Ils voient du monde. Et ils re­connaissent l'état d'infériorité dan~ lequel se trou­ve leur communauté vis-à-vis de celles de Paris, deBerlin, de Vienne. Bientôt, l'enseignement biblique

. 'Ct religieux ne leur suffit plus. Ils cherchent autrechose. Ils ont la soif, jamais apaisée, du savoir. Plu­sieurs d'entre eux connaissent l'hébreu. Mais cela neleur sert pas grandement. C'est une langue morte.Pour le commerce, où le Juif excelle, il faut le fran­çais, l'allemand, l'anglais. Plus tard, les affairess'amplifiant, les bureaux de commerce se créent,fleurissent comme des champignons, çà et là. Lesjeunes gens, pour se caser, doivent désormais connaî­tre des langues vivantes, la comptabilité, la corres­pondance commerciale. Salonique sentait le besoin-d'une Ecole laïque moderne. Elle fut fondée, en 1848,par le groupement de l'Alliance Israélite Universel­-le siégeant à Paris. Le grand philanthrope Moïse Al­latini fournit les fonds nécessaires à l'installation del'Ecole. Le programme d'enseignement de celle-ci.correspondait à ceux des Lycées de France. L'école,,était fondée au moment psychologique. Elle connutun énorme succès. Des dizaines de générations y re­,çurent une instruction générale et solide, un vastebagage de connaissances qui If~ur permettait de sui­vre avec profit les cours des Universités étrangères.L'enseignement y. était purement verbal. Cependant,il n'y a pas lieu de le critiquer ici. C'est là la tare detout l'enseÜ(nement universitaire français (1). Lesjeunes gens qui quittaient l'éeole ne se rappelaientpas grand'chose de ce qu'ils avaient appris. Ma~s.

,néanmoins. ils y avaient gagné une seule chose : Desvues larges, des horizons plus vastes et un ardent dé­~ir de s'instruire et de se perfectionner.

L'ouverture du Lycée des garçons est bientôt sui­'vie de celles de deux écoles de filles : l'une technique

.. et l'autre professionnelle. Les jeunes iules y appren­nent les éléments de la lecture, de l'écriture, du cal­euI. Elles y apprennent aussi à coudre. à broder, àlricoter. Mais le principe d'e donner à la jeune filleune instruction - aussi élémentaire fût-elle - était:lldrriis. C'était un acheminement vers son émancipa­tion. Désormais. la jeune fille n'est plus soumise à la'tutelle paternelle. EUe s'vn va toute seule à l'école et'~lle en revient de même. Elle y apprend que la terre€st ronde et, s'il lui est interdit de l'exprimer, elle nepeut cependant s'empècher de penser en son for-in­

-térieur que son père l'st dans l'erreur lorsqu'il affir­me qu'elle est plate. Elle corrige sa mère, scientifi­-<{uement. dans les soins du ménage et surtout des en­'fants. Elle rit de ses vieilles habitudes et de ses sU­·perstitions. Chose plus importante encore : A l'école,~lle a des camarades qui, plus tard, deviendront ses:amies. Elle quitte fréquemment la maison. Elle prend,:petit à petit, possession d'elle-même et du monde.

Les professeurs, hommes et femmes, arrivent de'Paris, de l'Ecole Normale orientale d'Auteuil. Ce sontd.es Juifs du Maroc, de Syrie. de Pologne. d'Alsace.Ils sont habill~s à l'européenne. Ils portent le panta­lon, la veste démocratique, l'affreux melon, parfoisl'horrible « tube ». L'indigène dit qu'ils sont « com­'~?1e. des consuls». Cependant, l'homme est un animalImltant. La contagion gagne petit à petit la fine fleur.de la bourgeoisie juive, puis se fraye un passage à'travers les couches plus épaisses des masse& populai-

,(1 ) Voir -àeèpropas. l'ouvrage si intéressant du Dr. GustaveILe Bon : « Peychologle de l'Educatl!on '. '

res. La juiverie de Salonique s'européanise. On com­mence à endosser le complet et à mettre au rencartla « djouben » traditionnelle. La langue française serépand. Les hommes « comme il faut » la parlent.EIte devient le langage aristocratique par excellence•Pour désigner un homme instruit, on dit simplementde lui « qu'il parle le français ». La langue des aïeuxest de plus en plus délaissée. Elle languit. C'est unelangue morte. Cependant, on continue à la cultiver.Mais ce ne sont que ceux d'un autre temps, d'une au­tre époque. Les hommes qui connaissent l'hébreu ap­partiennent à l'âge de la pierre polie, ue la préhistoi­re. On en parle avec dédain. Ils feraient mieux d'al­ler s'exposer dans un musée archéologique. Ils nesont pas admis dans les petits clans qui se forment•par-ci, par-là.

Un vent d'athéisme souffle. L'ignorance de l'hé­breu a tué la religion. Cependant, l'hébreu continueil être employé dans les cérémonies du Culte. On nele comprend pas. Si les jeunes gens fréquentent en­core les synagogues, ce n'est pas par conviction.c'est pour ne pas causer de la peine à leurs vieux pa­rents qui, autrement, en souffriraient. Parfois ils yvont cependant de plein gré. Surtout le Yom Kip­pour. On n'est pas encore définitivement fixé, on hé­site, on veut choisir sa voie. De la foi profonde ilsont brusquement passé, sans transition aucune, àl'irréligion. Laquelle des deux tendances est la meil­leure ? Quelle est la plus sùrc ? La plus vraie ?

D'autres écoles se fondent. Des ecoles congréganis­tes de Saint-Vincent-de Paul. Une école des Sœurs dela Charité. Une école allemande. Des écoles bulgares,serbes, grecques. Il y en a de tout et pour tous. LesJuifs envoient leurs enfants partout. Ils sont la popu­lation. Ils comptent 80.000 âmes. Sans eux, toutes cesdiverses écoles ne le seraient que de nom. Et l'ins­truction se répand comme un flot puissant dans lescerveaux avides. La houle 'clapote dans les crânes etbouillonne comme la tempête.

Bientôt, des bombes révolutionnaires éclatent. El­les agitent l'air et les esprits. Les Juifs sc réveillentde leur profonde léthargie. Réveil brusque. Commecelui d'un homme qui sommeille tranquillement età l'oreille duquel siffle une balle de revolver. Le Juiffait son bilan. En bon calculateur qu'il est, il s'aper­çoit que les méditations métaphysiques ne consti­tuent pas, à elles seules, l'étoffe dont la vie est faite.Une révolution gronde à sa porte. C'est celle desjeunes Turcs (23 ,juillet 1!J08). Le .Juif se croit mûrpour jouer lui aussi un rôle sur la scène politique. IIfonde des ,journaux. Un en ,judéo-espagnol: « El Ave­nir », un en français : « Le Progrès de Salonique».D~nutres les suivent et disparaissent dans la tourmen­te. Salonique se modernise. Le~, tramways à tractionanimale cedent la place à ceux qui marchent sanschevaux. Le Juif les cherche, tout d'abord. :'\Iais ilfinit par comprendre. « Marafét dé Franco», se dit­il. Les vieilles têtes se contentent d'une philosophiesimpliste. II n'y a rien à comprendre dans tout cetintamarre. Le siècle est un siècle de bizarreries. Onn'a qu'à se donner la peine de tourner le robinetpour que l'eau coule toute seule. On n'a qu'à presserun bouton pour qu'une lumière abondante inonde lachambre. Tout se fait mécaniquement. Drôle !...

Le~ affaires deviennent de plus en plus fiévreuses.D'énormes commandes sont passées à l'étranger. Desbateaux immenses mouillent au large. Des voiliersemplissent la rade comme des mouettes. Et la vie seprecipite à une vitesse si vertigineuse qu'on n'a pasle temps de se demander le pourquoi de toutes cescolossales manifestations de la Civilisation et duProgrès.

XI. - LES GUERRES

Le Juif est'un homme qui s'adapte.Il.a eu tellement d'avatars au cours de son exis­

:tence millénaire et errante ; il a enduré tellement desouffrances ; il a connu tellement de déboires qu~

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12 (460) L'AVENIR ILLUSTRE

XII. - LA COMMUNAUTÉ

,L~s affaires de la « djouderia » de Salonique. sontgerees par un corps rabbinique et administratifqu'on appelle « la Communauté ». Elle est présidéepar un grand rabbin. Des personnalités éminentestelles que S. E. Rebbi Jacob Meïr, actuellement grandrabbin de Jérusalem et S. E. Rebbi Bension Uziel, ac­tue~lement à Jaffa, y ont occupé ce poste. Les attri­butIons du grand rabbin sont multiples et délicates.I~ est le chef spirituel de la collectivité juivè saloni­Clenne, dans les affaires intérieures de celle-ci. Sesdécisions sont considérées comme articles de foi. Ilest le représentant diplomatique de la communauté,dans les rapports de celle-ci avec les autorités dùpays.

Le grand-rabbin est secondé dans sa tâche par unconseil communal de 70 membres élus au suffragerestreint. Le conseil communal a son président etson secrétaire. Il vote le budget, calcule les dépenses,.ordonne, dirige les diverses institutions communa­les. Le budget s'élève de nos jours à un demi-millionde drachmes, environ,

Il est alimenté, principalement, par les revenus destaxes ou gabelles sur la viande, le fromage, le vin, lesazymes ; les droits perçus sur les permis de mariage, ..de circoncision,; les actes de naissance, etc...

A côté du conseil communal, siège le tribunal rab­binique ou « Beth-Din ». II s'occupe spécialementdes mariages, naissances, décès, successions. C'estlui qui prononcele « ghet» Ou .-divorce. Le mari.d'ailleurs, d'après la loi mosaïque, ne peut répudiersa femme qu'en cas de stérilitéayérée. T{)utes les au..tres instance& sont repoussées .ou réglées il,ramiable.On trouve toujours un modus vivendi satisfaisant les:·deux conjoints.

désinvolture et sang-froid. Ceux qui ignoraient lalangue de Racine, s'en approprient quelques mots"au hasard, et parviennent à se tirer d'affaire.

Le Juif est partout. Il fait touL Il ne sait plus lui.même ce qu'il fait. Epicier, maraîcher, boucher, sa­raf, banquier, agent de commerce, journaliste, litté­rateur, médecin, avocat, politique, maquereau. Il nese gêne de rien. Le temps n'a-t-il pas changé ? C'estle tohu-bohu, (tohuu-vavohou) la fin du monde. Il nesaisit pas les causes profondes du changement quis'opère malgré lui, en dehors de lui. Il est le specta.teur qui assiste, indifférent, à l'immense film qui sejoue sur l'écran de l'Univers, sans y prendre part.

l\Jai~ un effroyable désastre s'abat soudain sur laville. Dans la soiJ;'ée du samedi 18 aoùt 1917, la bico­que d'une réfugiée de Constantinople, qui grillait des··aubergines, prend feu. Le vent du Vardar souffle.On n'y fait point attention, tout d'abord. Mais l'eaumanque. Le pâté des maisons environnantes, vermou­lues et rachitique, brùle comme un feu de paille. Letemps est beau. Quelques heures avant, la musiquemilitaire italienne jouait, place de la Liberté, l'Ha­tikwah. La foule juive délirait. Mais maintenant, elleest saisie d'un morne accablement qui se transfor­me bientôt en panique. Le feu a déjà gagné la partiecentrale de la ville, Des milliers de fuyards, hommes,femmes, enfants, se bousculent dans les rues. Une'clameur confuse monte vers le ciel. La· ville mauditebrùle. La ville juive. La nuit, la flamme aveuglante déce brasier immense combat les ténèbres. Ormuzd etAhriman. Le ciel est rouge, flamboyant. Sur la villeflorissante de l.a veille, on ne trouve plus qu'unmonceau de rumes fumantes. La « mère en Israël :»a disparu. "Elia Capitolina !...

Plusieurs milliers de sinistrés sont sans abri. Onles installe provisoirement sous des marabouts, prèsdes campements alliés. Des secours arrivent de Fran­ce, d'Amérique, de partout. Quelques vautours, sansfoi ni loi, ne reculent point devant l'horreur d'exploi'­ter la misère du peuple. Vraiment, le Juif séfardi estincompréhensible...

1918.· La guerre a pris fin. L'inlluensè tuerie des. peuples a brusquement cessé. Le canon gronde ail­leurs. Mais ,c'est déjà si loin...

Les alliés quittent Saionique. La communauté leurachète les baraquements des hôpitaux temporairesN°6 (aux Français) et N° 151 (aux Italiens). On vinstalle les sinistres. Ils y sont enteore aujourd'hli'idans un état voisin de la misère.

rien ne le surprend désormais. Le ciel pourrait crou­ler que le juif tout bonnement, ne fera que dire :« Je 'connais cela».

La guerre balkanique le surprend. Ilnes'y attendait'le mOinS du monde. Il n'y était pas du tout préparé.Il n'en prend connaissance que lorsque les arméesalliées se trouvent aux portes de la ville. La capitu­lation de Salonique (26 octobre 1!H2) le laisse com­plètement froid. Car le Juif change aussi facilement

. de maître que de bonnet. Bientôt, les alliés de laveille se crèvent les yeux les uns les autres. Tous con­voitent l'emporium de la Macédoine.

Les Grecs en sont enfin les maîtres. Le drapeaublanc et ciel flotte sur le Konak, qui devient le Ky­berneion. Le Juif tremble un moment. Le bruit courtqu'on l'accuse d'avoir empoisonné l'cau potable.Quelques soldats grecs en seraient morts. Peut-êtresont-ils morts d'épidémie. Mais le Juif n'est-il pasl'éternel souffre-douleur des Nations ? L'âne de lafable ? Ce pelé, ce gâleux d'où provient tout lemal ? ..

Mais les chefs sont énergiques. Ils répriment sévè­rement le mouvement antisémite. Ils veulent montrerqu'ils sont les représentants d'un Etat civilisé, policé;discipliné. Ils sont des européens. Et ils ne ':peuventpoint tolérer des excès. La paix et la tranqUIllité rè­gneIit. La population vaque paisiblement à ses affai­res.

Pour le Juif, rien de changé. Il pense que l'aubedes temps nouveaux qui se lève n'apportera pas unetransformation radicale de l'état social existant. Le'nom seul a changé, pas la chose. La ville s'appelledésormais Thessalonikè, au lieu de Sélanik.Et c'est tout ! Tout v demeure dans le même étatd'immohilité que pr~cédemment.

Cependant, la ville se peuple de fuyards musul:'mans. Des femmes, des hommes, des enfants. Paù­vres, souffreteux, fiévreux; Chaque horde pousse de­vant elle ses bœufs, ses guenilles.

Les « mohadjir » occupent les écoles et les locauxpublics. La ville change d~aspect.

Le Juif assiste à ce poignant spectacle, indifférent.Il n'y comprend rien, en vérité. Pourquoi ces hom­mes s'entretueht-ils ? Pourquoi tant de misère et dedévastatio.n ? A peine a-l'-il le temps de penser à cesquestions. Deuxième guerre balkanique (1913). Lesvainqueurs de la veille s'entre-déchirent comme deshyèr:es, sur le cadavre pantelant de la Turquie. Uneann~c plus tard, la guerre européenne éclate, com­me un coup de foudre. Le peuple grec est décidé àconserver sa paix et sa liberté d'action. On procèdeaux élections. Tout le monde vote pour .Gounaris.

.Mais. à peine ce pauvre homme d'Etat prend lesrênes de l'Etat entre ses mains, qu'une révolution pa­c~fi.que s'opère à ~alon!que. Elle a été organisée etdlrIge(~ par le trIUmVIrat Venizelos-Condouriotis­Danglis. Des pièces d'artillerie sont postées devant laTour Blanche, l'Hôtel des Postes et le Kyberneion.On est dans l'attente du lendemain..

Les premiers contingents alliés avaient déjà Com­mencé à débarquer à Salonique. Des soldats de toutesles Nations : Les Français aux uniformes azur ; lesAnglais aux képis kaki ; les Russes tout en vert ; lesItaliens tout gris ; les Ecossais, vêtus comme desfemmes. Puis des colons d'Afrique. Des indigènes deMadagascar ; des Indiens, des Canadiens, des Anami­tes. Une immense fourmilière d'hommes, semblablesà des bêtes traquées. De la chair à canon. Des sauva­ges, tous.

Le Juif se rend rapidement maître de la situation.Il s'improvise « fournisseur ». Il fait des affairesd'or. La ville s'anime. Tout le monde se meut d'unefaço? exceptionnelle, inaccoutumée. Des autos, desca~llons, des ambulances sillonnent les principalesarteres. Les rues Nilds, Venizelos et Défense Natio­p.ale connaissent une animation exceptionnelle. Desbars, des guinguettes, des beuglants, des boîtes denuit poussent par milliers,. C'est une nouvelle indus­trialisation de la guerre. Le poilu n'est pas seulementde la chair à canon, de la viande de boucherie. C'est~ussi de la chair à plaisir. Les exploiteurs de toutacabit s'en rendent bien compte. Il faut fournir àces hommes en guerre tout ce dont ils ont besoinpour leur ventre et pour leurs sens. La ville est unimmense bordel.

On admire le soldat anglais, qui dépense' large­ment. Lé Français est plus économe, avare même.Mais les Juifs sont atfiréspar lui; plutôt que partoutautre. Ils en connaissent le parler et l'articulent avec (A suivre).

DR,P..DE MEDONÇA.

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NOS

L'AVENIR ILLUSTRE

INFORMATIONS

(461) 13

Service spécial et exclusif·de l'Agence Télégraphique Juive à "l'Avenir Illustré"(Toute reproduction, sans indication de l'origine, est interdite au Maroc et en Alg-érie)

-Le Conseil Général Sioniste siège à Londres

Londres. - La réunion du Conseil Général ,Sio­niste s'est ouverte ici le 5 couraut sous la presi­dence de M. l\iotzkin. C'est au cours de cette ses­sion qne sera décidée la convocatioll du prochain(·clllgrès.

Les Sépharades et le prochain Congrès SionisteJérusalem. - LI' Comité Exér.utif de la Confé­

1!l:'ratiOtl Universelle des Juifs Sepharades, a lan­('é un Appel aux Communautés juives orientalesde Palestine et de la Diaspora, les invitant à sepréparer, par le paiement du « Chekel », il pren­dre une part active au prochain Congrès Sioniste.

L'appel relève que le judaisme sépharade n'estpresque pas représenté dans ces congrès et dit,avec juste raison, que les questions intéressantl'élément sépharade n'y seront jamais soulevéestant que les intéressés ne les porteront pas eux­mêmes it la tribunf'. « Toute collectivité séphara­dl', dil l'Appel, doit s'efforcer d'f'l1voyer au moinsun délégUé au Congrès Sioniste pour y exprimerSf'S desiderata et tnus ces aelégués venus de tousles points du globe et représentant le .iudalsmesépharade du monde entier doivent soumettre en­semble au Congrès leur doléances et leurs réela­mations. :1>

Pour atteindre ce but, le Comité Exécutif dela Confédération adjure tous les Juifs séphara­des de payer le « Chekel» afin d'avoir leurs pro­wes délégués au prorhain Congrès. Le Comitél'st persuadé que si toutes les Communautéssé·­pharades d'Egypte, Ge Tripolitaine, de' Tunisie,d'Algérie, du Maroc, de Syrie, de Mésopotamie, duYémen, de Perse, des Indes, de Chine et du Japon,ainsi que celles des deux Amériques, et de Pales­tine, envolent des représentants au Congrès, « ce­lui-ci sera obligé de tenir compte ·de leurs desi­derata ».

LORD PLUMER QUITTE LA PALESTINE

Londres. - On annoncé' ici que le Haut-Com­missaiI:e en Palestine, Lord Plumer, quittera laPalestine au cours de ce mois pour se rendre envillégiature en Et:l'ope. Pendant son absence, ilsera remplacé parle Seerétaire en, Chef, le Colo­nel Symès.

LA LUTTE CONTRE L'ANTISEMLTLSME

Budapest. - Au nom de la Commission unifiéede la « Société pour les bons rapports entre lesjuifs et les chrétiens », et. du « Conseil Fédéraldes Eglises américaines », le Dr Alfred W,illiamAnthony, président de cette commission, John W.Harring, secrétaire, et le Dr. KouIik, un des

.membres, ont envoyé un télégramme à la « Con-férence internationale pour le traitement chré­tien des Juifs », qui siège à Budapest, sous lesauspices du Conseil missionnaire international,demandant à eette conférence d'élever la voix

. ('ontre la vag'ue des excès anti-.luifs et le cou­l'ant.antisémite du moment actuel. Le télégram­me exprime l'espoir que la conférence désap­prouvera toute trnlative d'oppression.

L'ITALIE ET LE MANDAT PALESTINIEN

LivCl'nr. - L'article de Lord Rothermere surle « Daily Mail », dans lequel il propose la cessionà l'Ttalip des mandats britanniques sur nraq etla r alestine, est reproduit et commenté par tousles journaux italiens.

En g'énéral, toul en remerciant Lord Rother­mel'e d8 sa sympathie pour l'Italie, on accueillitla propositiOll. avec quelque méfiance. parcequ'elle est présentée par Lord Itothermere sousla forme d'une mauvaise affaire, dont l'Angleter­re devrait sortir au plus tôt. N'énnmoins, on de-

.mande que l'Angleterre propose cette cession de­vant la Ligue des Xations.

Mais l'on voit surtout, dans l'articlr susdit.la .reconnal~sa~ce du pre?san l hesoin démogra~plllque de 1 Italte de se repandre au delù de sesfrontières. On compare l'artiele de Lord Itothcr­merl', ~our noter les sympathies anglaises, il l'au­tre artIcle, tout récent, de Charles Maurras dansl' « Action Française », qui accuse à tort l'Italied'avoir des projets belliqueux l'ontre la France.

LE VOYAGE DE M. AIME PALLIERE EN EGYPTE

Caire. - « L'Aurore» annonce que SUI' la de­mande de la Section du Caire de l'U. U. J. J .. M.Pallière a remis sa vLsi'e au début du mois d'oc­tobre prochain afin de donner le temps nécessai­re à cette section de préparer son champ d'action.A'p~ès l'Egypte, M. Aimé Pallière se propose deVISIter les diverses sections de l'II. P. J. J. enOrient, .notamment celles de Palesline, de Syrieet de Mésopotamie.

• ETABLISSEMENT JUIF EN SIBERIE

Londres. - Le correspondant du «JewisltChronicle » mande de Mo"cou que le Gouverne­ment vient d'allouer une portion de terres (750dessiatin), située près de la station d'Alieskoj

,rie), pour letahlissement de cinquante fa-­n~illes juives. Ces terres SOlll particulièrementhl~n situées; elles se trouvent il proximité de fa­hl'lques de sucre et se prêtent il la culture de la~etterave. Une autre portion de terres a été misea part pour la colonisation juiv à Uzbet.zkt.an.SOIxante cina familles ont déjà quitté Naman­gan et Khokand pour s'y rendre.

LES « KERENS » EN ORIENT

Shanghai. - D'après « Israel's 1l1essenger », leDr AI·exander Li-oldstein, délégué du Keren Haye­sod et du Keren Kayemeth, qui se trouve actuel­lement aux Indes Britanniques, se rendra proba­hlement -en Chine après avoir visité auparavantl'Australie. Le Dr Goldstein a reçu un accueiltriomphal à Bombay où 15.000 roupies ont étésouscrites. La moitié de cette somme a été ver­sée par Sir Victor Sassoon, Bart.

LES ELECTIONS AU COMITE CENTRAL DES SOVIETS

Moscou. - Aux élections du Comité Central etExécutif de l'Union des Républiques SoviétiqUés,eomposé de 450 membres; vingt juifs ont été élus.Parmi .ceux-ci se trouvent Trotzky, Litwinoff etKameneff.

L'AGRICULTURE JUIVE EN POLOGNE

Varsovie. - D'après un rapport, il existe ac­tuellement en Pologne une classe' paysanne jui­ve forte d'environ 130.000 âmes. Cette popula­tion se nourrit exclusivement des revenus de sesproduits agricoles .

CONSTRUCTION D'UNE VILLE JUIVE

PRES DE NEW YORK

Sew-York. - Des travaux sont en cours pourla ronstruction d'une :\ille juive à proximité deNew-York. On se propose de construire cent mai­sons au cours de cet été et 2.000 l'année pro­chaine. La ville portera le nom de Yavneh et savie intérieure sera réglée sur les prescriptionsorthodoxes.

L'ANTISEMITISME EN RUSSIE SOVIETIQUE

Vienne. - Le « \Viener Journal» publie un ar­tiele de M. Georges Popow, qui est une autoritédans les questions russes, dans lequel il rapporteque l'antisémitisme se développe dans la RussieSoviétique, et en particulier parmi le groupe di­rigé par M. Slaline. Les fonctionnaires juifs sontsystématiquement congédiés. Le projet d'une«Hépublioue Juivc »n'est pas considéré commesérieux. Ce n'est qu'un moyen pour obtenir desbanquiers juifs américains des crédit.s pour lesS·oviels.

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14 (462) L'AVENIR ILLTJSTRE

Nouvelles de PalestineINAUGURATION DES MONUMENTS

AUX MORTS DE PALESTINE

Jérusalem. - En présence de Lord Plumer, dumaréchal Lord Allenby et de Sir James Parr,Haut-Commissaire de la Kouvelle Zélande à Lon­dres, ont été inaugurés les monuments aux mortsde Palestine situés dans les cimetières de Ram~

leh et Jérusalem.

LE PRESIDENT MASARYK A NAHALAL

Jérusalem. - Au cours de sa réèeption à l'E­cole Agricole des ,Teunes Filles à Nahalal, le prof.Masaryk, Président de la Tchécoslovaquie, ex­prima ses vifs remerciements pour la réceptionqui lui était accOl'dée et déclara sDn entière sym­pathie à l'égard de l'œuvre sioniste en Palesti­ne qui, à son avis, est en bonne voie. II espèreque cette œuvre sera poursuivie avec énergie etsans aucune interruption. . ,

Au déjeuner le Dr. Léo J\'Iotzkin, président duConseil' Général de l'Organisation Sioniste, sou­haita la bienvenue au visiteur. Des dis'Cours fu­rent également prononcés par le Col. F. H. Kisch,président de l'Exécutif Sioniste en Palestine, ~~.

David Yellin, président du Vaad Leumi, MM. Us­sichkin, directeur du Keren Kayemeth, et M. I~eib

Jaffe, directeur du Keren Hayesod.Le Professeur Masaryk, se rendit ensuite à

Beth Alpha une « Kvutzah » dont la maJorité deshabitants sont originaires de Tchécoslovaquie.

M. Masaryk a quitté la Palestine pour rentreren Tchécoslovaquie. '

DEPART DES MEMBRES DU CONSEIL GENERAL SIONISTE !

Jérusalem. -Le Colonel Kisch, Président del'Exéc:ltif Sioniste en Palestine, et M. S. Kaplan­sky, chef du Département de Colonisation Agri­cole de l'Exécutif, ont quitté l'a Palestine pOUl'assister au' meeting du Conseil Général le v ma~.

Les membres suivants du Conseil Général rést...dant en Palestine, ou visiteurs, partiron en mêlme temps :Le Dr. Léo Mot'zkin, MM. Ussi.chkin·,Miss Henrietta' Szold, M. D. Ben Gurion, M. Remes',Dr Abraham Katzenelson, le Dr S. IVIossihsohn t'!lM. Twersky. Le Juge B. 'A. Rosenbliitt, repr~senltant américain auprès du Conseil Economique' etFinancier est actuellement en l'outepour.Lon L

dres.

LE,S ETATS-UNIS S'IN"E~ESSENT,A LA, PÂI.~STINE

Jérusalem. -'-Par ordre du Département ,dl;~Commerce des Etats-Unis, M. James F:"Hodgsorhattaché commercial de la Légation d'Amériquèen Egypte, a récemmeilt visité la PaIesLIne. pout'y réunir le matériel nécessaire à uneétude da dél.'Ç'eloppement économique de ce pays. m. HodgsonSI 'est~ !!lis en contact avec l'Exécutif SiqIJ- iste, P-'\.ïes Illien.

LES DEFENSEURS DE LA, LANGUE JoJEBRAIQU.E

.Jérusalem. - Le 21 àvril'a eu lieu' àJérus~':'lem la session d'()uvertlire de la Conférence du

, «Gdoud Méguinéi Hasafah » (Légion des Défpl{,•seurs de la Langue) iL laquelle assistaient desreprésentants de diverses institutions 'publiqueset nationales. ' . ' ,"

Lecture fut donnée des télégrammes reçus de'1'{).rgar1Î83.f:;idn' Sionisté-('Londres}, F;Exécutif Sio'­lliste (Jérusalem), la Municipalité de Tel-Aviv,du Keren Hayesod, de M. Nahum Sokolow; duProfesseur Klausner, et de divérses orgaÎlisationsde jeunesse,

Des discours furent prononcés par M. DavidYelliù.aü nom du Conseil National Juif et du~< Vaad ,Halach01J- » (Cçmseil de la Lan8'ue), ,~!.Mordecal Ben HIlel Hacohen,au nom de l'As8ü~

ciation des Auteurs. MM. Ussiehkin, Dr. Isaac1<;pstein et ']VI. Hayiri1 Naie'hman' Bralik.

La journée suivante fut vouée à une sessionadministrative il laquelle des plans furent adop­tés en vue de la propagation dela langue hébraï~qllp'ph' P'iilestine eL dans' la n:iaspora. ,',.', c'

UN COMITE DES AI\'IIS J)E LA BIBI-IOTHEQUE UNIVERSITAIREEN ROUMANIE

Jérusalem. - Sur l'initiative du Habbin DI'.Meir Abraham Halévi, un comité d'Amis de laBwliothèque Universitaire Hébraïque de J érusa­lem' a été formé récemment en Houmanie. Ce co­milé, auquel participeront des hommes de scien­ce bien connus et des, professeurs affiliés auxuniversités roumaine's. à décidé d'établir unesection roumaine de la' Bibliothèque et d'organi­ser des voyages d'instruetioll en Palestine.

UNE REVUE EDUCATIVE PALESTINIENNE

Jérusalem. - L:Assoeiation Hébraïque des pé­dagogues en Palestine a repris la publieation dela revue bi-mens ueHe « Hachinuh ». Le derniernuméro contient des articles SUl' Ahad Haam, lecentenaire de Pestalozzi, le mouvement de la jeu­nesse scolaire, et diverses notes éducatives. Cet­te revue est éditée pal' M. Glickson, directeur dUquotidien hébraïque « Haaretz ».

LE NOMBRE DE MEDECINS EN PALESTINE

J'érusalem. - Il a été rapporté, a une récenteconférence de la Société Médicale Juive de Pales­tine, qu'il y a actuellement dans le pays, 536 mé­decins dont 373 juifs, 40 arabes, et 123 européensPrès d'un tiers des médecins juifs sont des fem­mes. En 1925 le nombre des médecins a été de519.

VISITEURS DE MARQUE EN PALESTINE

Jérusalem. -Parmi les nombreux touristesvenus en Palestine durant la saison du printempsse trouvent plusieurs personnalités, parmi les.,.quelles nous citerons : le Dr. Martin Buber dePrague, écrivain bien connu et militant du sio­nisme; le Dr Emanuel LibmandeNew-York, spé­cialiste de, maladies du cœur; Sir John Russel,célèbre chimiflte agronome;. le Dr Hans. Voves,directeur du département du commerce de Tché~coslovaquie; M. Samuel Lamport,sioniste émi:­nent d'Amérique; Mme Qudgale" nièce de LordBalfour; M. Jamès Marshall, .fils de M. Louis Mal"hall et le Révérènd Dr M,ax HèUer de la Nouvel­le-Orléans (Etats-Unis).

LE KEREN KAYEMETJoJ' J!:T' LES ECOLES JUIVES

J érusalem.- Une cO,rIféren,ce de pédàgogu~.s aeu lieu à Givath H'amoreh,viHage d'enfants, pourl'examen des méthodes ri adopter en vue de l'in':trqduetion du travail du Fonds National Juif.dansle curriculum s.colaire. Le programme adopté' se.­ra transmis aux écoles hébraïques. à l'étranger,

RÈCENSEMENT Acuil~OLEJ)Es' CO":ONIES JUIVESEN ~ALESTINE

Jérusalem. - D'après les statistfqûés]es plusrécentes fournies' par le Département de Colonî­sation Agricole de l'ExécU"if Stoniste, 4,.628 per­sonnes vivent actuP-l!emèùt dans les 41 cblbniessubventionnées par le KerenHaYBsod, 651 % d,ecette population sont des travailleurs et le restedes. enfants. DneIiste comparative établie par leDépartement montre un développement intéres­sant durant les,&nnées5680 (1919-20) et, 5686(i 925-26); ,Le nombre des Kvoutzoth 'est restéstationnaiJ;'c, 17 au Mlmt et àla.fin de cette pé.,.l'jode, mais leur population s'est ,accrue de 420 à174Jr perSpnnes" et l.a,superficie ,sous ,culturede 16,700 à 41.,771 dunams.En 5680, il n'existaitpas de «Moshaye ,Ovdim » (village de colons in­dividuels), tandis qu'en 5686 16 villages de cet­te -catégorie avaient étéétabl'is,avec une popula.,.tian de 2.224 personnes et 52.464 dunams sou~culture. En 5680 n'existait encore aucune ferme

,pour l'instruction, des jeunes filles, tandis qu'en5686 4 fermes étaient établies avec une popula.:..lion de 111 e1 709 dunams sous culture. En ou-'tre, en 56!'lOaucune colonie de classe moyenn,el1'avait encore été établie sous1es' auspices dél'Organisation SiorÜs{.e ma;s en 5686 il, y e,rIfLvait4 avec une pÔÎlUlation dEr 5!{9 et: une superfic~~

sous culture de 3.477 dupami;l., Les, chiffres ad~tuels 'sonl les' sUivants : 17 kv6ützoth, 16 thosha.;.

_yim, 4 ,coLonies de, c.lasse m0)JerIlle et .,Lfermesd'instruction pour j'eunes mIés; unep'cipulationtotale de ,L628 pel'sgnuese,t Ul1e",su.p.El~tici.e sousculture de -98A21dunams. ".' . ".' - '

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L'AVENIR ILLUS1'RE (463) 15

CHRONIQUE LOCALEET RÉGIONALE

---_0000 _

H. P. CHAJES.

••Notre Calendrier foule d'attractions étaient agréablement disper­

sées; la variété en était augmentée de l'ingénio­sité des femmes d'esprit chargées de faire valoirleur stand et qui n'ont cessé de rivaliser d'esprit.d'amabilité et de séduction. Si bien que le pnblic,irrésistiblement attiré pal' tant d'occasions dl'se distraire utilement assiégeait successivementtous les comptoirs.

A la buvette, Mme la doctoresse Broïdo, MmesChic et Perez et Mlle Lebedinski étaient véritablement submergées de clients aussi généreux quedis tingués. Mmes Léon Aboudaram et GastonChemla distribuaient, sans se lasser, des tIeur;;;moins fraîches qu'elles-mêmes; Mmes SamuelLévy, Joseph Ettedgui, Jacques Benzaquen, aidésde la grâce, fine et alerte de Mlle Chapon, fai­saient tourner de leurs joli!:'s mains la roue dela fortune; la Pêche miraculeuse était ingénieu-

. sement servie par Mmes Maclout" Lévy et SOUSSH­na; le bar amérICain ne désemplissait pas, grâceau service impeccable de Mme Gaston Samama,secondée par M. Gaston Aboudaram. Et quel inta­rissable diseur de bonne aventure que M. Hom­berger! Et quelles séduisantes vendeuses queMme Léon Cohen et Mery Cohen! Au jeu· demassacre, présidaient, avec une verve inégalable,Mmes Lazare Hazan et Léon Tolila, tandis queMmes Léon Ettedgui Louis Taourel et Homber­gel', plaçaient avec ardeur des billets de la Tom­bola dont elle assurèrent le tirage.

Ce fut un entrain sans défaillance, qui duratout l'après-midi et toute la sDirée et que, seu­les, arrivèrent à apaiser les premières blancheursdu jour.

Nous offrons au Comité de cette fête et à touscgux qui en assurèrent le succès, les compli­ments les plus sincères, Nous ne saurions tousles llommer : au&st bien les résultats remarqua­bles, qu'ils ont obtenus sont leur meilleure ré­compense et leurs noms vjvront dans l'œuvrequ'ils vont créer. Hendons hommage cependant i.LM. Ilazare Hazan, Commissalre Général de la Fé­te, clGmt' le zèle est à· ~$, .hau.t.eur de toutes les tâ­ehes et-, qui se déM()ya' SfUlS .compter il celle dprendre cette Kermes,s-e parCQ.1te.

lINE 'CONlERE~ A VAY.JA..,

L'Association des Anciens ';Elèves dE! l'AllianceIsr'aélite Universelle annonce pour m~rdi 17. mai,à 21: heures, une conf.érenee de M. Delau sur« Deborah ». Nous Sommes certains que la per­sonnalité du conférencier et le sujet annonee at­iir.er.ont dans. la coquette salle de l'Associationla foule des grandes soirées.

UN .·ARTf8TE .•N PANNE.

Le jeune Boris Shapira, artistè de cinéma etdont la renommée n'était pas venue jusqu'au i\la­l'OC, vient de faire ulle apparition courte dans no­ke ville. Les circoystances ne lui ont pas per-­Ill.i.s de manifester· son talent .~u grand public; ilapu cependant en donuer quelques échantillonsdans un cerde d'amis. 1\1. Shapira a heureusementpu rejoindre le Portugal ou l'attendait un enga­gement imi-'1J"tant.

1927-5687Samedi

DimancheLundiMardi

MercrediJeudi

Vendredi

Mai14151617181920

Iyar121314151617

",18

FRAGMENT JUIF...Continuerez-vous à vivre du passé ou bâtirez­

vous pour l'avenir'? 'Serez-vou.s contents, malgrétout, de sauvegarder une illustre tradition, de faire4es commentaires sur les pensées de vos ancêtres ?Ne pouvez-vous pas plutôt comme Juifs enrichir le40maine spirituel de l'humanité, et aider à créer unmonde nouveau?

1.' « AVENIR ILLUSTRE » PAR DELA LE8MER'S.

Le développement de cette Revue s'affirme parune demande de l'extérieur qui est tout à l'ait re­marquable. C'est ainsi que, dans le courant dumois dernier, nous avons reçu des demandes d'a­bonnements des pays les plus divers. Les gran­<les villes des Etats-Unis, comme Baltimore, Cin­cinatti et d'autres, s'intérèssent vivement au dé­veloppement du judaïsme marocain. Le lilêmesentiment se manifeste en Egypte, en Espagne, enRoumanie, en Grèce et en Suisse.

Nous ne pouvons qu'être encouragés par cesuccès. Nous voudrions cependant que ces loin­taines sympathiesdevi.ennent une source d'ému­lation pour ceux de nos frères, plus rapprochésde nous, à qui nO.ll,s dédions plus particulière­ment et plus directement notre travail. Nousavons besoin de trouver 'autour de nous un appuiqui, ceJ'tes, ne nous est pas inarchandé, mais quipourrait être plus effectif. Nos lecteurs peuventse rendre cOmpte des sacrifices ,que nous impo­se notre Revue, sacrifices' qù'aggrave chaque jourle coût crois'sant-de ,cette publication. Nous, som­mes certains que notre appel sera entendu etquen6ns n"aurons pas à chercher par delâ lesmers des encouragements qui nous sDnt bien plusprécieux quand ils viennent de ceux qui nous en­tourent et ,pour qui nous travaillons.

UFETE DUPAY"".I.O.N BJJEU.

La Kermesse au profit de l'Ecole industrielleisraélite' a été Un' succès complet et 'nous avonsconnu bien peu de fêtes de bienfaisance qui pour­l'aient l'lvaliser avec celle-ci, tant par l'organisa­tion que pour les résultats. Le public qui sait re­connaître le 'mérite a tenu à manifester, par s.onempressement et ,par sa générosité, toute la sym­pathie qu'il éprouvait pour les organisateurs decette belle manifestation et tout l'intérêt qu'ilportait il l'œuvre entreprise par eux.

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16 (464) L'AVENIR ILLUSTRE

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BIBLIOGRAPHIE

Le Gérant: P. BouÉ.

Jérusalem révéléepar Paul Müller

Voici le journal d'un voyage sentimental à larecherche des lieux évangéliques. Le sentimenttoutefois n'étouffe·· pas ici, comme chez Loti, lesens de l'investigation' hTstorique. M. Paul Mül­ler, officier de marine comme son devancier, asans doute plus que lui le goût des scienc~s exac­tes. Moins de poésie, -. ces notes de voyagen'ont du reste aucune prétention littéraire, ­pas trace, ou si peU, de cette religiosïté équivo­que de l'auteur d'Aziyadé, mais une· recherchesincère, un dés.ir bien sympathique de- découvrii'et de comprendr(j. Cette plaquette très dense peutêtre appréciée aussi bien par les fils spirituels deRenan que par ceux de J. de Maistre. Ce n'est pasun mince mérite. - Y. G. .

LE TRONC·BLEU DU

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FIANÇAILLES.

On· nous fait part des fiançailles de M. Abra­ham D. Azulai, négociant il, Kénitra, avec MlleSultana Abihsioera de Larache. Nos meilleurs fé­licitations.NAISSANCE.

Nous apprenons avec plaisir la naissance d'unecharmante fillette à Mme et M. Edouard Narboni,commis à la Compagnie Algérienne d'Oran. Nosmeilleurs vœux aux heureux parents et nos sou­haits à la jeune Huguette.

AVIS DE L'ASSOCIA-TION « HEBRATH HESSED­VE-EMETH }) DE MARRAKECH

Le Comité cie l'Association « Hebrath Hessedve-Emeth », informe la population israélite qu'ilcélébrera comme d'habitude, dans la grande sat:- .le du « Beth-Hamidrasll » la Helloula de RibbiChimhoun : le 19 courant il, 8 heures du soir, lacérémonie de Arbith; il, minuit la procession liu«Zohar » et le lendemain· vendredi à 10 heuresdu matin.

HUMOUR JUIFUn enfant interroge son père, financier bien con­

nu de Wall Street, et descendu au Majestic où il ou­blie pour un temps le cours du caoutchouc, du co­ton comprimé et autres. denrées dont s'honore lemarché new-yorkais.

- Dfsdonc papa, demande-t-il, qu'est-ce que c'estqu'un Jui{ ?

- My son, répond sentencieusement le père, c'est. un homme qui dit que deux et deux font cinq.

- Oh ! Et un israélite, alors? .- Ah ! Un israélite! Well, c'est un homme qui le

pense sans le dire.

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Bulletin cl'Abonn.errient)

miinscrire pour ·!tit"dbon-<

Je soussigné).. .

prie l'Administration de L'Ave'nir lllusfre-dê'nement de~.::...·à iaatér' âù ,.. , .;" f,

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Campagne du "Chekel ~~ 5687

SI vous N'AVEZ ,PAS ENCORE ACQUITTE VOTRE « CUEKEL» POUR L'ANNEE

EN COURS· REMPLISSEZ D'URGENCE L~ BULLETIN CI-DESSOUS·

CONFORMEMENT A LA DECISION DE L'EXECUTIF SIONISTE MONDIAL, LA CAM­

PAGNE OU « CUEKEL » POUR L'ANNEE 5687 DOIT ETRR CLOSE AVANT LE 10 JUIN

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.le soussignli (1) .

désire acquiter mon « Chekel » pour l'amH~e en cours et VOIlS remets ia somme de Dix Francs en (2)

.Je vous pnvoie égalemen.t Ja somme de FI'. en paiement de ".. « Chekal im II

à raison de 10 fI'. pal' « Chekel » que j'ai recueilli parmi mes connaissances, selon la liste ci-joint!.'.

<Signature)

(1) l\'om et adl'L'sse complète. -(~) Chèque, manclat ou chèque postal. ,Cc br.lletin doit Hl'e envoy('> à :.\1. S. D. Lévy, pré~id('llt 1If' la Il;()mmissioll Exl\cutive de la F.S.F·

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Colis ne dépassant pas 5 kgs1 fI'. 50 par colis.

Colis de 5à 10 kilogs : 2 frspar co:is.

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Il sera e noutre accordé ,sur 'ces transports la ristourne pré­vue pa l'le tarif spécial P. V. 2

NOTA. - Le transport detoutes marchandises sera en ou­tre accepté pour le retour destrains de Casablanca à BenAhmed au prix uniforme de 45francs la tonne nét:

Tarif spécial P. V. 29Chapitre 1

Le prix ferme de 50 francsde Marrakech à Casab'.anca estapplicable sans aucune majora.tion temporaire.

Il est créé le chapitre X ci-

après :CHAPITRE X

Transp'orts pour le compte deraguerra

1. - Désignation des mar­chandises et prix de transport.

.. Prix ferme de Kénitra à Me­chra. Bel Ksir!.

Légumes secs : 65 fI'. 50 latonne net. , ., ,.

Chaux, ciment, plâtre : 46,30la tonne net.

MUllitions. de la 1re catégo­rie : 133 fI'. 65 'la tonne net.III. CONDITIONS PARTICULIE.

RES rD'APPLICATION.Les prix cl-dessus sont ap-

plicables sans condition de ton- ,nage et il n'est accordé aucune ,bonification de poids.

Les, dispositions ,'ci-dessussont applicaJ)':es du 1er mai1927.

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