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7/26/2019 Catgories Et Fonctions
1/6
Jack Feuillet
Catgories et fonctionsIn: L'information grammaticale. N. 31, pp. 3-7.
Citer ce document / Cite this document :
Feuillet Jack. Catgories et fonctions. In: L'information grammaticale. N. 31, pp. 3-7.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/igram_0222-9838_1986_num_31_1_2108
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_igram_149http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/igram_0222-9838_1986_num_31_1_2108http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/igram_0222-9838_1986_num_31_1_2108http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_igram_1497/26/2019 Catgories Et Fonctions
2/6
CATEGORIES
ET
FONCTIONS
Jack
FEUILLET
Il
n'est gure de
linguistes
qui ne mettent en
garde
contre
la confusion
frquente
entre catgories
et fonc
tions.
Ainsi, on relve sous la plume de
N.
Chomsky :
"
La notion de "Sujet", par
opposition la
notion
SN ,
dsigne une fonction grammaticale
et
non
une
catgorie grammaticale
[...]. Les notions fonctionnelles
telles que
"Sujet",
"Prdicat",
doivent tre soigneus
ementistingues
des notions
catgorielles
telles que
"Syntagme
nominal",
"Verbe"
distinction qui ne
doit pas tre brouille par l'usage ventuel
du
mme
mot pour
des notions
appartenant
aux
deux
types".(1)
Cette
exigence mthodologique
n'est cependant pas
respecte par ce mme Chomsky dont la formule de
base,
du
moins celle
propose dans
Structures syn-
taxiques,
savoir P -+
SN
+ SV,
implique,
entre autres
choses
que
le sujet
soit
un syntagme nominal,
et
le
prdicat
un
syntagme
verbal.
D'autre
part, "syntagme
verbal"
et
"verbe"
sont
considrs tous deux comme
des catgories, ce qui
pose
le problme de
la nature
et
des types
de catgories.
On n'a aucun mal
relever,
dans
presque
tous les ouvra
ges
t pratiques linguistiques,
des
exemples de
cette
confusion. Ainsi, la tradition anglaise parle de adverbial
phrase
aussi
bien pour les adverbes
"purs"
(yesterday;
slowly; here)
que pour
les groupes nominaux
introduits
par une
prposition (in the morning;
on
the sea-side)
et
les groupes verbaux circonstanciels
introduits
par une
conjonction (when
it is raining; because you
are
tired).
Il est clair cependant qu'une mme fonction peut
tre
exerce
par
des
groupes
diffrents
qui ne
perdent
pas
pour
autant
leur
nature
dans
l'opration.
Mme
les
clbres
formules
de Greenberg
(SVO,
VSO, SOV) ne
sont pas
l'abri de
telles critiques
comme
le
souligne
C. Hagge qui crit juste
titre
qu'elles "confondent
catgorie et fonction,
puisqu'elles
combinent les sym
boles de l'une (V)
et
de
l'autre
(S
et
O),
et dispensent
de
justifier le
recours, pour tout type de
langue
et
d'nonc,
aux notions
de
sujet,
de verbe et d'
objet
(2).
Il
semble
bien que la
notion
de translation, dcouverte
par Tesnire, procde de la mme confusion.
Ce
procd
(1) Noam
Chomsky.
Aspects
de la thorie
syntaxique,
Paris,
Seuil, 1971, p. 100.
(2)
Claude
Hagge,
La
structure
des langues,
Paris,
P.U.F.,
1982, p. 56.
consiste transfrer un mot
plein
d'une catgorie
grammaticale dans une
autre
catgorie
grammaticale",
c'est--dire
transformer une
espce
de mot en une
autre espce
de mot. "Dans le groupe le livre de Pierre,
le
substantif
Pierre
devient
syntaxiquement
un adjectif
pithte au mme
titre
que rouge dans le livre rouge.
Bien
que
non adjectif morphologiquement,
il
acquiert
ainsi
les caractristiques
syntaxiques
de l'adjectif,
c'est--dire,
la valeur adjectivale.
Le subordonn de
Pierre joue dans cette union de mots
un
rle en tous
points
similaires au
subordonn
rouge." 3) '
En
fait, Tesnire,
lui aussi, est victime de l'illusion
selon
laquelle
l'identit des fonctions va de pair avec un
changement
de catgorie (translation).
Il
n'en
est
rien :
d'abord,
on peut mettre en doute le fait que de Pierre
serait pithte au mme
titre
que
rouge,
et
cela bien
que les
adjectifs d'appartenance
des
langues slaves,
qui
se
forment rgulirement
sur
les
noms propres,
soient rputs exercer cette fonction.
Il
serait sans
doute ncessaire de distinguer au
moins deux fonctions
remplies par les adjectifs, comme on le fait pour les
groupes nominaux dterminants
:
celle de qualit
(un homme de belle prestance)
et celle
de possession
(le manteau de mon
frre). Plus
important est le fait
que
Pierre
garde sa nature
nominale
et
connat des
expansions
impossibles
pour
l'adjectif
: le
livre de Pierre,
l'ami dont je t'ai parl hier, le livre du beau Pierre, etc.
Enfin,
dans une langue comme le franais, le
comporte
ment
yntaxique
de
l'adjectif et
du nom n'est
pas
le
mme : le complment nominal
est
obligatoirement
postpos
au
dtermin alors
que
la
place
de
l'adjectif est
variable; on ne peut
coordonner
rouge
et
de Pierre dans
le mme syntagme;
l'adjectif
d'appartenance ne connat
aucune expansion.
Parler
"de valeur adjectivale" est
donc un abus de
termes.
Tout
se passe en
fait comme si
Tesnire avait
fig le nom dans
un
rle d'actant ou de
circonstant et postul une translation (arbitraire) dans
les
cas
o il remplit
une
autre fonction : on ne
peut
trouver plus bel exemple de mlange de deux notions
fondamentalement diffrentes.
Cette persistance,, chez les plus
grands
linguistes,
ne
pas sparer
les
deux
notions autre part que
sur
le
(3)
Lucien
Tesnire, Elments
de
syntaxe
structurale,
Paris,
Klincksieck.
2
dit. 1969, p.
364.
7/26/2019 Catgories Et Fonctions
3/6
plan
des principes ne laisse pas
d'tre
tonnante.
Plu
sieurs
explications
sont
possibles
:
les dfinitions des deux concepts ne sont pas assez
rigoureuses
et
permettent des interprtations diffrentes;
les notions sont
en
fait insparables malgr l'effort
des
linguistes pour les distinguer;
il y a
seulement des recoupements partiels (par
exemple, telle
catgorie
grammaticale n'a qu'une fonc
tion), mais
le
linguiste n'chappe pas au
danger
de gliss
ement
d'un domaine dans
l'autre.
On
conviendra
que le problme est
d'importance
quand
on sait qu'il conditionne la
validit d'une
thorie
nguistique
1)
Les
dictionnaires
spcialiss ne
peuvent
que
constater
la polysmie
des termes
catgorie et
fonction.
Sous le
premier item, le Dictionnaire de
linguistique
de Larousse
distingue deux
entres :
1.1e terme de catgorie dsigne une
classe dont
les
membres
figurent
dans les mmes environnements
syntaxiques et entretiennent
entre
eux
des
relations
particulires [...]. Dans cet emploi, le
terme
de
catgorie
se
confond avec celui
d
classe.
2.
On
distingue aussi deux types de
catgories.
Les unes,
les
catgories
syntaxiques,
dfinissent
les constituants
selon
leur rle
dans la
phrase; ainsi,
le syntagme nominal
et
le syntagme verbal, constituants immdiats de la
phrase, sont des catgories
syntaxiques
de premier
rang ou catgories principales; les
parties du
discours
(ou
espces de
mots),
constituants des syntagmes,
sont des catgories de deuxime rang. Les autres dfi
nissent
les modifications
que
peuvent
subir
les
membres
de ces catgories de deuxime rang en fonction du genre,
du
nombre, de la personne, etc. C'est
souvent
ce
dernier emploi que l'on restreint l'usage du mot cat
gorie.
Les catgories
syntaxiques
que
sont
le
nom,
l'adjectif, le
verbe,
etc.,
sont des
catgories lexicales
[et
primaires];
le temps, la personne, le nombre, le genre
sont des catgories grammaticales [et secondaires]
[...]
(4).
Cette longue
citation
montre bien la varit des emplois
du concept catgorie. On notera que la
division
en deux-
entres adopte par les auteurs apparat
quelque
peu
arbitraire,
car
on
voit mal ce qui
finalement
diffrencie
la
catgorie
en tant que classe
syntaxique
de la
catgorie'
en tant
qu'espce
de
mot (partie
du
discours) dans
la
mesure o les oprations sont toutes deux
d'ordre
syntaxique.
On
voit
mal aussi
l'intrt
d'une
distinction
entre catgories syntaxiques de premier rang
et
de
second rang
puisque
le caractre verbal ou nominal
du
syntagme dpend
uniquement de
la nature du consti
tuant
principal
(verbe ou nom). La
seule
distinction
vraiment nette concerne, si l'on examine attentivement
la dfinition,
les
catgories lexicales
et les catgories
grammaticales.
C'est ce point sur lequel on
reviendra.
Dans
le mme ouvrage, fonction ne prsente pas moins
de
cinq
entres. Si l'on limine les fonctions
du
langage
(entre 4)
et
la
fonction
lexicale
(entre
5) qui ne
(4)
Jean
Dubois
et
al..
Dictionnaire
de
linguistique,
Paris,
Larousse, 1973,
pp. 77-78.
concernent
pas
directement
notre
propos,
et si
l'on
excepte le sens
que
lui prte
la
glossmatique
(entre
2)
et
qui est voisin
du
sens mathmatique, il reste
deux
emplois
principaux :
1. On
appelle
fonction le
rle
jou par un terme (pho
nme, morphme, mot,
syntagme,
etc.) dans
la
structure
grammaticale de l'nonc,
chaque
membre de la phrase
tant
considr comme participant
en sens gnral
de la phrase. En
ce
cas,
on distingue
les
fonctions
de
sujet
et
de
prdicat,
qui
dfinissent
les
relations
fonda
menta les de la phrase,
et
les fonctions de
complment
tion
complments), assurs
par
des termes qui
sont
l pour complter le sens lacunaire de certains autres
(complments dterminatifs) [...].
En
grammaire generative, la fonction
est
la relation
grammaticale que les lments d'une structure (les
catgories)
entretiennent entre
eux
dans
cette structure.
Soit la rgle de rcriture du noyau P, constitu d'un
syntagme nominal et
d'un syntagme verbal : P -> SN +
SV,
on
dira
que la
catgorie SN a, dans
cette
rgle,
la
fonction
de
sujet,
et
que SV
a
la
fonction
de
prdicats
En
revanche,
dans
la
structure o le syntagme verbal
est
constitu d'un
auxiliaire,
d'un
verbe et
d'un
syntagme
nonominal
(SV -*Aux + V + SN), on dira que SN
a
la
fonction de
complment
(ou
objet)
dans
la
struc
ture insi dfinie. La
catgorie
est distincte de la fonc
tion"
(5).
La dernire
phrase
est rvlatrice du dbat
engag. Si
tout
semble si
clair,
pourquoi
assiste-t-on
ces confu
sions constantes ?
Elles
apparaissent en fait
ds
qu'on
considre
la rgle de rcriture de P :
partir du moment
o l'on postule que la phrase est constitue
d'un
SN
et
d'un SV
et
que ces derniers
ont ogligatoirement les
fonctions respectives
de
sujet
et
de
prdicat,
on procde
une
superposition
parfaite des notions de catgories
et
de fonctions.
Toute
l'ambiguit
vient
du processus
circulaire
par
lequel on analyse la phrase. Or, il s'en faut
beaucoup que
toutes les phrases soient
constitues
sur ce
modle : d'abord, dans tous les exemples cits,
il
ne
s'agit, que
de
phrases verbales; or, il
existe d'autres
types :
phrases nominales "pures" (descriptions, titres
d'ouvrages,
exclamations
comme
Quel
sale temps
),
phrases ni verbales ni nominales (interjections,
phrases-
rponses comme
oui
non
I)
qui
ont
une
toute
autre
structure
puisque la
fonction
sujet
n'existe pas.
D'autre
part, mme dans les phrases
verbales,
on peut relever au
moins
trois
erreurs
d'apprciation
;..
a) Alors que la
prsence
d'un
"prdicat verbal" est par
dfinition
obligatoire, celle
d'un
sujet ne
l'est
pas
tou
jours.
On
ne
pense pas ici
aux marques
de personnes
amalgames au verbe,
mais
certaines
constructions
comme le passif sans sujet de l'allemand
(Gestern wurde
gesungen "Hier, on
a chant")
ou les phrases verbales
de certains
langues extrme-orientales,
comme
le japo
nais,
o le sujet n'est
exprim
que
s'il
y a
risque
de
confusion. >
b) Lorsque le sujet est exprim, il n'y
a
aucune ncess
itntrinsque
qu'il
apparaisse
sous
la forme
d'un
syn
tagme
nominal. Rien
ne permet
par
exemple d'assimiler
(SI
ibid.,
p. 216.
7/26/2019 Catgories Et Fonctions
4/6
purement
et simplement le
nom
et le pronom (en
particulier
dans
le
cas
de je
et
tu)
ou
d'exclure
arbitra
irement les
groupes
verbaux subordonns
(Que
vous
n'ayez pas rpondu
mon offre
ne m'tonne
pas) ou les
infinitivales (Me
lever
tous les jours cinq
heures
ne me
gne
pas).
Ce
n'est
pas
parce
que
SN
est
le plus
frquent
statistiquement
qu'il faut
occulter les autres
syntagmes.
c) Il ne faut pas se cacher que l'analyse en
constituants
immdiats, au niveau suprieur, repose sur une appr
hension
logique
et
a
priori
des
faits
linguistiques;
en
effet, la disparit des constituants de SV rend l'existence
de celui-ci bien
problmatique et, dans
tous les cas, ne
prsente aucune valeur opratoire. De plus, on ne sait
jamais prcisment o se situent les limites du syntagme
verbal :
inclut-il les
"adverbes
de
phrase"
? Non,
puis
qu on ne voit pas en quoi
ils participeraient
la fonction
predicative. Et
s'ils
sont en dehors,
il
ne faut donc plus
poser une division
dichotomique
de
la
phrase.
Il y a
dcidment bien
des difficults ds que
l'on
choisit des
exemples
autres que le petit
garon
lance la balle.
2)
Si
l'on essaie de reprendre le problme des
catgories,
on
se
rend
compte qu'on
peut
facilement
liminer
certaines acceptions
qui
font
double
emploi. Ainsi,
puisqu'on
dispose
du
terme classe (classes
distribution
nellese la
linguistique
amricaine,
classes
de monmes
de la
linguistique
fonctionnelle), on ne voit pas
pourquoi
on ajouterait
la
confusion
en
substituant
ce
mot
celui de
catgorie,
dj
polysmique.
D'autre
part, on
est gn, ainsi
qu'on
l'a dit
prcdemment, par
le fait
que
les syntagmes soient
des catgories au mme
titre
que
les parties
du
discours, alors
que, justement,
les
premiers tirent leur catgorisation des seconds (il s'agit
de
la
nature
du
constituant principal). Et l, encore,
puisqu'on
dispose
des termes
syntagme et
partie
du
discours (ou mot ou monme ou
morphme selon
les
thories),
on
ne
voit
pas
pourquoi
on utiliserait
t
gorie, mme en le faisant suivre de syntaxique. C'est
pourquoi
et
d'ailleurs
l'auteur de
l'article du
dic
tionnaire le signale explicitement , il
convient
de rete
nir
un
seul type,
savoir les modifications que "peuvent
subir les membres de ces catgories de deuxime rang
en fonction du
genre,
du
nombre, de la personne, etc".
Si
beaucoup de
linguistes
n'utilisent catgories
que
dans
le sens
proprement grammatical,
c'est qu'il est
difficile de trouver un terme de
remplacement.
L'cole
fonctionnai iste
prfre
modalits pour dsigner les
monmes
grammaticaux qui ne
peuvent servir
marquer
la
fonction,
mais
on
se
heurte
un autre problme
de polysmie. En effet,
la
modalit dfinit souvent le
statut de
la
phrase (assertion, injonction,
interrogation,
exclamation) et, en grammaire generative, elle est
un
constituant
immdiat
de la
phrase
de base. Chez
Bally,
elle
s'oppose
au
dictum, mais
il est vrai qu'on
peut
lever l'ambigut en gardant le mot
latin
modus. Enfin,
on ne peut
ignorer
les modalits logiques de
vrit,
contingence, ncessit, probabilit
et
possibilit. Face
cette
situation complexe, on pourrait
songer intro
duire une distinction entre catgories nonciatives
(assertion,,
interrogation, etc.) et catgories
grammat
icales nombre, temps, mode, etc.),
et
conserver mod
alits
pour l'analyse logique.
De
toute faon,
quelle
que
soit.
-la
solutioa..adopter^on^ne -peut.
^'abstenir,
de prciser
les
types de catgories ou de
modalits
auxquelles on
a
affaire, ce qui
est rarement
le cas dans
la
pratique.
En rsumant
la
situation,
on
peut
dire que
les
langues
disposent de trois types de
marquants :
des
marquants
d'nonciation
ou
nonciateurs.
des
marquants
de catgories
grammaticales
ou catgo-
risateurs.
des
marquants de fonctions ou
foncteurs
(ou
connect
eurs).
A
l'intrieur de
la phrase, on a donc
d'une part
des
groupes
syntaxiques
et
d'autre part divers
marquants.
Une des
diffrences
importantes
est
que les
marquants
renvoient
plusieurs
niveaux d'analyse (nonciatif,
phrastique, intraphrastique) alors
que
les groupes
se
situent uniquement au niveau
intraphrastique.
En
supposant
qu'on ait russi
tablir l consensus sur
la
notion
de catgories
par
opposition
d'autres
types,
il
resterait
dterminer
avec prcision leur inventaire.
D'une manire
gnrale,
on retient comme catgories
verbales
l'aspect,
le
temps,
le
mode,
la
personne
et
la
voix
et comme
catgories
nominales
le genre (et la
classe),
le nombre, souvent la dtermination,
et
le cas.
Mais
un tel
inventaire
souffre de dfauts
rdhibitoires :
ces
catgories sont rattaches
des types
de
mots
(parties
du
discours)
alors
qu'elle
concernent
des
units
gnralement plus grandes.
on ignore par consquent
un
aspect fort important :
les bases
d'incidence;
on intgre
des renseignements qui n'ont rien de
catgoriel.
On
a prcdemment
mis
en vidence le
caractre circu
laire
de
la
dmarche
generative
qui
consiste
appeler
un syntagme nominal lorsque le constituant
principal
est
un
nom
et
appeler
nom
l'lment principal d'un
syntagme nominal. Ce sont finalement des donnes a
priori
reprises de
la tradition
sans
examen
critique.
Or,
il est
tout
fait possible de dfinir
les
units
nguistiques grce aux
catgories.
Ainsi, une
unit
verbale
se caractrise
ou peut
se caractriser
par
2
des
marques d'aspect,
qui sont
inhrentes
la base
de l'unit,
appele
traditionnellement
"verbe".
des marques de temps qui portent
sur
l'ensemble
de l'unit.
des marques
de
mode
qui portent elle aussi sur
l e
nsemble
de
l'unit, mais
qui, de
plus, donnent des
rense
ignements sur le locuteur
en
situation d'nonciation.
Les bases d'incidence des catgories
nominales
sont
remarquablement
parallles
r
le
genre
(ou
l'espce
ou
la classe) est
un trait inhrent
la
base de l'unit
appele
traditionnellement
nom .
le
nombre
porte sur l'ensemble de l'unit. ,
la dtermination (dfinitude, monstration, etc.) est,
elle
aussi, une proprit de l'ensemble avec,
en
plus,
un renvoi au
locuteur
qui ancre l'unit
nominale
dans
l'univers du
discours.
Ce
sont
les
seules
catgories spcifiques
que
l'on
retien
dra
our
dfinir.
les..
units verbales
et
nominales.
Nga-~
tivement,
les autres units syntaxiques seront
appeles
7/26/2019 Catgories Et Fonctions
5/6
catgorielles;
M faut comprendre ce terme uniquement
dans le sens
de
"qui ne possdent pas
de catgories
spcifiques".
Une
des consquences
de cette
limitation est
le refus de
considrer certains renseignements (lis des variations
morphologiques)
comme
des
catgories.
C'est le
cas,
dans l'unit verbale, de la
personne et
de la voix.
En
effet,
la
personne
est
un lment
extrieur
au "verbe",
mme
si
la morphologie de nombreuses
langues
la
marque dans
le
lexeme
verbal
:
elle renvoie
au
sujet,
c'est--dire
un groupe fonctionnel. D'ailleurs, si l'on
voulait tre consquent,
il faudrait aussi
considrer
la
personne comme une
catgorie nominale dans
les
langues
o elle
est
intgre morpholigiquement (langues
finno-ougriennes et smitiques par
exemple). Quant
la voix, elle commande
la
distribution des actants
et
elle est donc une proprit syntaxique de la base
verbale,
non une proprit catgorielle. Paralllement,
il est impossible de
considrer
le cas
comme une cat
gorie nominale, car
il est
un marquant de fonction au
mme
titre
que la
prposition ou
la
position.
On
a
vu
souvent des linguistes prtendre
que,
dans
certaines langues, l'opposition
verbo-nominale
n'exis
tait as. Effectivement,
dans
certaines
langues polyn
siennes, on constate qu'une
mme expression
se
traduit
selon les contextes par
// marche ou sa
chaussure.
Mais
on ne
fondera jamais une linguistique srieuse
partir
du mot : l'identit des lexemes
et
des marques de
personnes
n'empche
pas de voir
que,
dans
le premier
cas, on
a
affaire
une phrase
verbale complte alors
que
dans le second
il
s'agit
soit
d'une rponse ( Que
cherche-
1- il
?, par exemple),
soit d'un
groupe
nominal
qui,
seul,
ne
peut fonder
d'nonc.
En fait, s'il
y a
paralllisme
des
plans d'incidence s
entre
catgories
verbales
et
catgories nominales
:
aspect *- lexeme -* genre (espce, classe)
temps *- unit
- - nombre
mode *- unit + marques du
locuteur - dter
mination.
s'il
y a
encore
paralllisme en ce qui concerne la relation
avec
la personne et ressemblance sur le plan syntaxique,
entre la voix
et
le cas qui renvoient tous
deux
au plan
des fonctions syntaxiques, la
nature
smantique mme
des catgories est
profondment diffrente dans les deux
units.
3) En
ayant bien
dlimit. le
domaine et
le
sens
des
catgories,
il
ne
devrait
plus
y
avoir
de problmes
pour
marquer
la
limite
avec les fonctions.
En ralit, les
phnomnes
de superposition
qu'on
a mentionns
ci-dessus
demandent une attention
particulire.
Ainsi,
le
verbe
est
dfini comme un monme dont
la
seule
fonction est
d'tre prdicat.
Mme
si
les fonctionnalis-
tes ajoutent
qu'il est
seulement prdicatode lorsqu'il
s'agit d'une
proposition et
que le
verbe
n'a
pas
de fon-
tion predicative, mais
un
emploi prdicatif (on saisit
d'ailleurs
mal la
diffrence),
il est
temps de
souligner
l'insuffisance de cette dfinition
prtendument
uni
verselle. Dans Ravi de vous connatre ou Le temps
d'aimer;
tout
h?
monde
s'accordera
identifier connatre
et
aimer
comme
des verbes sans
leur
confrer
d'emploi
prdicatif. Il est
toujours
facile de parler de "formes
nominales du
verbe" (ce qui
prouve,
au
passage,
qu'une
analyse
fonde
sur la
notion de mot ou de
monme
ne va
jamais
jusqu'au
bout de
sa propre
logique),
mais,
dans les
exemples ci-dessus, on
chercherait en vain
ce
qu'il y a
de nominal dans les
formes.
En fait, on
se heurtera
toujours
la mme
impasse si l'on
accepte
pas
de distinguer phrases verbales t- qui n'ont pas de
fonction dans une unit plus
grande
et groupes
verbaux
qui sont fonctionnellement dpendants,
soit
d'une
phrase verbale, soit d'une phrase nominale ou mme
acatgorielle.
On
peut mme
dire
que
le
problme
est
plus
vaste,
car l'analyse linguistique implique que l'on
classe
d'abord
les
types
de phrases, puis les
types
de
groupes.
Les notions de prdicat
et
de prdicatode sont
en fait superflues dans l'analyse linguistique (du moins
dans celle
qui
refuse toute
intrusion
de
la logique). Ce
que l'on peut dire, c'est que
toute
phrase ou
tout gtoupe
qui possde un
noyau,
lment
irrductible
qui
com
mande
la
distribution syntaxique
des
constituants, et ce
noyau
est
un "verbe" dans la phrase verbale (ou le
groupe), ou un "nom" dans
la
phrase nominale (ou
le
groupe). Par consquent,
il
n'y
a aucune
raison
pour que
le verbe
soit "prdicat"
dans une phrase qui ne serait pas
verbale.
Convient-il
de parler de fonction pour le noyau ou
d'emploi, comme le fait
l'cole
fonctionnelle
?
A
vrai
dire,
on
entrevoit mal ce
que
peut recouvrir
la
dis
tinction Le plus important
est de montrer qu'il y a
deux
types
de fonctions :
les fonctions
externes
qui sont celles des
groupes
fonctionnels
l'intrieur d'une unit
plus
grande, la
limite suprieure tant celle de
la
phrase;
les fonctions
internes
l'unit linguistique,
quelle
qu'elle
soit.
Cependant, la
nature des fonctions
dpend
troitement
du type de
phrase
considr : ainsi, la fonction "sujet"
est caractristique de l'unit verbale
l'exclusion de
toute autre;
en
revanche,
la
fonction
"nuclaire" est
obligatoire et
commune
toutes les units.
Il
faut
donc
distinguer
:
les fonctions
l'intrieur de l'unit verbale;
les fonctions
l'intrieur de l'unit nominale;
les fonctions
l'intrieur de l'unit acatgorielle.
A
propos de
cette
dernire,
il faut
remarquer
que la
distinction entre
phrase et
groupe est fondamentale.
Les
"interjections"
traditionnelles
ne peuvent
tre
que noyaux de phrases acatgorielles
alors
que les
pronoms les
adjectifs et
les adverbes sont avant
tout
noyaux de groupes. Or,
pour
oprer une subdivision
des
groupes
acategoriels, il faut recourir uniquement
des
critres
de type
fonctionnel
:
les groupes
pronominaux sont des
groupes
qui oc
cupent les mmes fonctions
que
les groupes nominaux
sans
en
avoir
les catgories;
les
groupes
adjectivaux sont des
groupes
qui servent
qualifier
des
groupes
nominaux
et
pronominaux
(et
aussi verbaux dans le cas de
structures
attributive);
les groupes adverbiaux se dfinissent ngativement
comme
n'exerant
pas
de
fonctions
actancielles
et
qualificatives
de groupes
nominaux
ou
pronominaux.
7/26/2019 Catgories Et Fonctions
6/6
Il
n'y
a
donc
que
les groupes adjectivaux
n'exercer
que des fonctions spcifiques (divisibles elles-mmes
en
fonctions
qualitatives, possessives et situatives.)
Mais
ce fait interdit
toute assimilation
abusive entre le
groupe
fonctionnel
et
la fonction, comme le fait Tesnire
avec
la
translation.
Ce
n'est pas parce
que
l'adjectif
est
vou
remplir
les fonctions
particulires que ces
dernires
doivent tre exprimes uniquement par l ad
jectif. De
la mme manire, si une des tches fondament
ales
e
l'adverbe est
de
remplir
des fonctions
circons
tancielles, cela n'implique aucunement qu'elles s'expr
iment
uniquement par lui.
Un
groupe
nominal
utilis
comme circonstant
garde
ses
fonctions internes
propres
(sauf s'il est fig au cours du temps)
et n'acquiert
a
ucunement la structure interne d'un groupe adverbial. On
voit donc
que
les confusions
persistantes entre
catgories
et
fonctions tiennent pour
une
grande part l'ide
que
certaines fonctions sont inhrentes
tel ou tel
type
de mot et
que si,
d'aventure, un
autre
mot exerce
les fonctions en question, il se charge
par
l mme de la
nature
de l'autre mot spcialis, ce qui est totalement
erron.
Au-del de
la
clarification
terminologique ncessaire,
on
voit que parler des catgories
et
des fonctions
conduit
tout droit au coeur de l'analyse linguistique.
Plusieurs
lignes
de
force
sont dgages
lors du prsent
expos :
Si l'on
pratique
une analyse en classes ou en
parties
du discours, on ne voit pas
pourquoi
on appellerait
catgories les constituants d'un
inventaire
lexical ou
grammatical. Le terme doit tre
absolument rserv
certains renseignements grammaticaux dont le Dlan
d'incidence
n'est
pas, contrairement
ce
que
pense
A. Martinet, le
monme,
mais
l'unit
linguistique.
Les catgories sont de
nature
exclusivement
smant
ique
out comme les
fonctions sont
de
nature
exclus
ivement
relationnelle. Cette
attitude
a
pour consquence
de faire un tri svre
parmi
les dites catgories : seuls
sont retenus pour l'unit verbale
l'aspect,
le
temps
et
le
mode, et
pour
l'unit nominale
le genre,
le
nombre
et la
dtermination.
En dehors de
la
fonction
"nuclaire",
commune
toutes
les
units d'analyse linguistique,
les
fonctions
varient
selon
les
types
de phrases
et
de groupes.
Le fait
qu'un
groupe donn exerce de
faon
privi
lgie
une fonction
donne
n'implique absolument pas
qu'un autre groupe
exerant
la mme fonction
perde
sa nature
(et ventuellement ses catgories) pour adopter
celle du premier.
En aucun cas, il ne faut
confondre
units
linguistiques
et marquants
(qu'ils soient
d'nonciation,
de
catgorisa
tion
u
de fonction).
L'identit
de
certains lexemes
et
de
certains
marquants
n'est
jamais
suffisante pour postuler
une
identit : cela condamne
toute procdure
atomis-
tique qui part de l'lment
minimal pour aboutir la
phrase.
Jack FEUILLET
I.N.A.L.C.O.
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