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Le bassin de Thau fait son cinéma Sète aimante les caméras. La ville, la plage et l’étang de Thau accueillent deux tournages par an en moyenne depuis 2006. Cinéma, mais aussi série télé. Bienvenue dans les coulisses à ciel ouvert de Suzanne et de la commissaire Candice Renoir. Caméras, tabourets de cam- ping, comédiens et figurants, techniciens et assistants. Près de cinquante personnes grou- pées autour d’une scène de crime. Répétitions, plans larges, plans serrés… c’est LA scène rejouée inlassablement toute la journée par l’équipe de Candice Renoir. Comme Plus belle la vie à Marseille, cette série policière a décidé de s’implanter à Sète et ses environs. Jusqu’à février 2013, l’équipe de Boxeur de lune tourne les huit pre- miers épisodes pour France 2. “ Sète est très cinégénique, et la mairie nous a trouvé un immeuble vide, l’an- cienne Sécu, pour faire l’hôtel de police!”, explique la productrice, Caroline Lassa. Qui embarque aussi l’équipe à Marseillan-ville, à Ville- veyrac au siège de la CCNBT trans- Enquête sur le bateau. Dans le port de Sète, les policiers retrouvent des traces de sang sur le voilier Ouvéa, rebaptisé Stella. Sous les yeux de son (vrai) propriétaire, le Sétois Lucien Aspa : “Je le louent 400 par jour, c’est comme un petit viol !” Chargé de 43 techniciens, le ponton n° 5, lui, tangue au passage des chalutiers. Et par ce grand vent, entre deux prises, les comédiens se ruent dans des polaires pour s’emmitoufler. Paysages fascinants L’équipe de la série Candice Renoir tourne dans la baie de l’étang, entre Mèze et Marseillan. Le réalisateur, Christophe Douchand, est déjà venu cinq fois en repérage, pour déterminer l’emplacement des caméras en fonction du soleil. Si, aujourd’hui, la météo se fait bretonne, le réalisateur s’adapte. Et reste enthousiaste : “La grève, l’étang, les parcs à huîtres : cette vision va étonner les spectateurs. Autour de Sète, la lumière est fascinante, les paysages sont très variés et peu connus.” Et, en hiver, “tourner dans le Sud limite le risque de pluie”. La Gazette n° 278 - Du 1 er au 28 novembre 2012 report age 14 formé en hôpital, à Sète chez le fleu- riste de la rue Alsace-Lorraine, au stand de tir, à Villeroy, ou encore au Globe de l’Île-de-Thau. Double impact Côté longs-métrages, en octobre, la cinéaste Nicole Garcia tourne une scène sur le marché de Sète, alors que l’actrice Sara Forestier joue Suzanne sur le port de com- merce (voir p. 16). Pour le terri- toire, la manne est double. “Les tournages nous apportent un mil- lion à 1,5 M en retombées directes — locations, restaura- tion, etc. Et indirectement, ils contribuent à l’image et à l’at- tractivité de la ville. D’autant plus avec une série, qui marque les esprits si elle perdure à la télé, qu’avec un film qui ne touche que les cinéphiles…”, appuie Fran- çois Commeinhes, le maire de Sète. Rompue à l’exercice avec une quinzaine de tournages depuis 2006 (voir p 16), la Ville s’appuie sur le professionna- lisme de l’association Langue- doc-Roussillon Cinéma et mobi- lise nombre de ses services — circulation, autorisations, repé- rages, locaux, etc. Sur le port de Sète et au bord de l’étang de Thau, suivons l’enquête de Cécile Bois, alias Candice, une commissaire mère de famille un brin décalée. Qui espère séduire les téléspectateurs pour revenir sur le bassin de Thau. Silence… ça tourne ! Diffusion prévue : en avril 2013 sur France 2, deux épisodes chaque vendredi soir. 014-015 Reportage_278SETE_014_015 30/10/12 10:52 Page14

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Le bassin de Thaufait son cinéma

Sète aimante les caméras. La ville, la plage et l’étang de Thauaccueillent deux tournages par an en moyenne depuis 2006.Cinéma, mais aussi série télé. Bienvenue dans les coulisses à cielouvert de Suzanne et de la commissaire Candice Renoir.

Caméras, tabourets de cam-ping, comédiens et figurants,techniciens et assistants. Prèsde cinquante personnes grou-pées autour d’une scène decrime. Répétitions, plans larges,plans serrés… c’est LA scènerejouée inlassablement toute lajournée par l’équipe de CandiceRenoir. Comme Plus belle la vieà Marseille, cette série policièrea décidé de s’implanter à Sète etses environs.Jusqu’à février 2013, l’équipe deBoxeur de lune tourne les huit pre-miers épisodes pour France 2. “Sèteest très cinégénique, et la mairie nousa trouvé un immeuble vide, l’an-cienne Sécu, pour faire l’hôtel depolice!”, explique la productrice,Caroline Lassa. Qui embarque aussil’équipe à Marseillan-ville, à Ville-veyrac au siège de la CCNBT trans-

Enquête sur le bateau. Dans le port de Sète, les policiers retrouvent des traces desang sur le voilier Ouvéa, rebaptisé Stella. Sous les yeux de son (vrai) propriétaire, leSétois Lucien Aspa : “Je le louent 400! par jour, c’est comme un petit viol !” Chargéde 43 techniciens, le ponton n° 5, lui, tangue au passage des chalutiers. Et par ce grandvent, entre deux prises, les comédiens se ruent dans des polaires pour s’emmitoufler.

Paysages fascinantsL’équipe de la série CandiceRenoir tourne dans la baie del’étang, entre Mèze etMarseillan. Le réalisateur,Christophe Douchand, est déjàvenu cinq fois en repérage,pour déterminerl’emplacement des caméras enfonction du soleil. Si,aujourd’hui, la météo se faitbretonne, le réalisateurs’adapte. Et resteenthousiaste : “La grève,l’étang, les parcs à huîtres :cette vision va étonner lesspectateurs. Autour de Sète, lalumière est fascinante, lespaysages sont très variés etpeu connus.” Et, en hiver,“tourner dans le Sud limite lerisque de pluie”.

La Gazette n° 278 - Du 1er au 28 novembre 2012

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formé en hôpital, à Sète chez le fleu-riste de la rue Alsace-Lorraine, austand de tir, à Villeroy, ou encore auGlobe de l’Île-de-Thau.

Double impactCôté longs-métrages, en octobre,la cinéaste Nicole Garcia tourneune scène sur le marché de Sète,alors que l’actrice Sara Forestierjoue Suzanne sur le port de com-merce (voir p. 16). Pour le terri-toire, la manne est double. “Lestournages nous apportent un mil-lion à 1,5 M! en retombéesdirectes — locations, restaura-tion, etc. Et indirectement, ilscontribuent à l’image et à l’at-tractivité de la ville. D’autant plusavec une série, qui marque lesesprits si elle perdure à la télé,qu’avec un film qui ne touche queles cinéphiles…”, appuie Fran-

çois Commeinhes, le maire deSète. Rompue à l’exercice avecune quinzaine de tournagesdepuis 2006 (voir p 16), la Villes’appuie sur le professionna-lisme de l’association Langue-doc-Roussillon Cinéma et mobi-lise nombre de ses services —circulation, autorisations, repé-rages, locaux, etc. Sur le port deSète et au bord de l’étang deThau, suivons l’enquête deCécile Bois, alias Candice, unecommissaire mère de familleun brin décalée. Qui espèreséduire les téléspectateurs pourrevenir sur le bassin de Thau.Silence… ça tourne!

Diffusion prévue: en avril 2013sur France 2, deux épisodeschaque vendredi soir. !

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La mort vous va si bien. Déjà call-girl dans L’Avocat, Joris hérite du rôle d’uneprostituée, option cadavre. À l’arrière d’un camion, cette figurante de Vic-la-Gardiole se fait maquiller par Karine. Une crème blanc-vert sur tout le corps “pourcasser le rose de la peau”, des veines dessinées au pinceau et du bleu vaporisé parun aérographe. Son secret ? Une palette de six poudres spécial mort, la DeathWheel. Joris devra ensuite se mouiller et se glisser dans le brancard. Sans s’attraperles cheveux dans la fermeture-Éclair, ni se faire oppresser par la sangle. Ça tombebien, elle est claustrophobe…

L’artiste infiltré. Surprise sur leplateau : c’est le Sétois Joël Bast, le fameuxsculpteur des “Présences”, qui est déguiséen pêcheur. “J’étais dans le fichier defigurants sous l’étiquette ‘allure gitan’.”Curieux de voir l’envers du décor, Joël nerésiste pas à installer son photographe depapier mâché derrière une caméra !

Textes Raquel Hadida /Photos Guillaume Bonnefont /

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Candice, commissaire décaléeCécile Bois, l’Angélique, marquise des Angesde Robert Hossein, campe le personnage deCandice Renoir. Une commissaire devenuemère de famille, qui revient sur le terraindix ans, quatre enfants et une séparationplus tard. Résultat : gaie et solaire, Candicese retrouve décalée par rapport aux progrèstechniques de la police scientifique, auxnouvelles lois. Et si ses nouveaux collèguesla prennent pour une cruche, elle leur enbouche un coin en dénichant des indices debon sens. Comme la cuisson des brochettespour déterminer l’heure du crime…

Château-plateau.Envahi, le Domaine de laBellonette ! Dans le château,les Mac et imprimantes dela régie de productioninvestissent la grande tableà manger, au milieu deschandeliers. Le salon devientles loges. Le porche et lecaveau viticole font office dedécors, et les camionséparpillent leurs caisses dematériel dans le parc. Qui, àl’heure du déjeuner,accueille aussi le catering,une charmante guinguettemobile. L’hôte, Marie-Christine Fabre de Roussac,n’est autre que l’élumarseillanaise au tourismeet développementéconomique : “Ils tournentune scène de nuit àMarseillan avec 300figurants : j’ai insisté pourque le casting soit local. Etles fournisseurs aussi.”

Intuition sur scène de crimePremière scène, premier épisode. Femmeblanche, 30-40 ans, retrouvée noyée dansl’étang de Thau. La police scientifiqueembarque déjà le cadavre quand CécileBois, alias la commissaire Candice Renoir,débarque pieds nus dans la salicorne etengoncée dans son uniforme. “Reposez-le”,insiste-t-elle avec le sourire, avant unverdict intuitif. Les scénaristes, eux, enprofitent pour questionner des sujets desociété. Comme, ici, la prostitutionoccasionnelle pour boucler les fins de mois.

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Le rôle-titreC’est Sara Forestier qui interprète le personnage de Suzanne.Cette fille-mère lâche le trio fusionnel qu’elle forme avec sasœur et son père, pour l’amour de Julien, un garçon un peuvoyou. Qui l’entraîne dans la délinquance. À 26 ans, latalentueuse Sara Forestier a déjà joué dans 30 films, dontL’Esquive d’Abdellatif Kechiche et Le Nom des gens (avecJacques Gamblin), qui lui vaut le César de la meilleure actriceen 2011. À voir dans Télé Gaucho en décembre.

reportageréalisé par Raquel Hadida /

Photos Guillaume Bonnefont /

! CINÉMATournages:après Candice, SuzanneProduit par Move Movie, ce long-métrage dramatique tourné dans la région cet automne - dontSète les 19 et 20 octobre - évoque la puissance du hasard à travers la vie d’une jeune femme.Retenez les noms de deux personnalités prometteuses : l’actrice Sara Forestier et la réalisatriceKatell Quillévéré. Sortie prévue : fin 2013.

2011 : La Baie d’Alger, de MerzakAllouache (plage de Frontignan)Brassens, la mauvaise réputation,de Gérard Marx pour France 2.2010 : Coup d’éclat, de José Alcala,avec Catherine Frot (Pointe-Courte,zones conchylicoles…)2009 : Bus Palladium,de Christopher Thompson,L’avocat, de Cédric Anger,Harragas, de Merzak Allouache(plages de Sète et Frontignan)De vrais mensonges, de PierreSalvadori, avec Audrey Tautou(quai du Bosc et Saint-Clair)Face à la mer, d’Olivier Lousteau,Panique, téléfilm de Benoîtd’Aubert pour TF12008 : Bellamy, de Claude Chabrol,La Très Très Grande Entreprise, dePierre Jolivet2007 : Les Plages d’Agnès, d’Agnès

Varda (lido, canal, Pointe-Courte)2006 : La Graine et le mulet,d’Abdellatif Kechiche (quaid’Orient, Île-de-Thau)1990 : Le Petit Criminel, de JacquesDoillon,Un week-end sur deux, de NicoleGarcia,Gaspard et Robinson, de Tony Gatlif1988 : L’Union sacrée, d’AlexandreArcady1984 : La Louve, de José Giovanni1974 : Le Gitan, de José Giovanni1971 : César et Rosalie, de ClaudeSautet1959 : Babette s’en va-t-en guerre,de Christian-Jaque1956 : La Pointe-Courte, d’AgnèsVarda1937 : Pépé le Moko, de JulienDuvivier

Clap !C’est un repère pour

identifier la scène aumoment du montage

du film. Au cinéma, lesscènes sont en général

tournées dans ledésordre, en plusieurs

prises chacune.

Scène-clé à la douaneContrôle en voiture, à la douane d’un port, avant un embarquement pour le Maroc. C’est à Sète quel’équipe de Suzanne tourne la scène-clé, proche de la fin du film, où l’héroïne assume sa véritable identitéet prend en main son destin. Pour gérer la lumière et les reflets, les techniciens lumière installent desréflecteurs autour de la BMW grise de Suzanne.

Les longs-métrages tournés à Sèteet sur le bassin de Thau

La réalisatricePour affiner le jeu d’acteur, le cadrage, la lumière, Katell Quillévéré seconcentre sur le retour vidéo de la prise en cours. Révélée par Un poison violent(2010, prix Jean-Vigo), la réalisatrice tourne ici son second long-métrage.

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