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69 Bulletin du STATEC N° 2-2006 Les activités illégales liées à la drogue : estimation de leur impact économique au Luxembourg Sommaire Introduction 73 1. La méthodologie et le champ de l’étude 74 2. Les sources de données 78 3. Le marché domestique de la drogue 82 4. L’impact économique des activités illégales liées à la drogue sur le PIB et le RNB du Luxembourg 93 Conclusions 305

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Bulletin du STATEC N° 2-2006

Les activités illégales liées à la drogue : estimation de leur impact économique au Luxembourg

Sommaire

Introduction 73

1. La méthodologie et le champ de l’étude 74

2. Les sources de données 78

3. Le marché domestique de la drogue 82

4. L’impact économique des activités illégales liées à la drogue sur le PIB et le RNB du Luxembourg 93

Conclusions 305

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 71

Les activités illégales liées à la drogue : estimation de leur impact économique au Luxembourg* Table des matières

Introduction 73

1. La méthodologie et le champ de l’étude 74 1.1. Le cadre méthodologique des comptes nationaux 74

L’utilisation du système européen des comptes nationaux et régionaux (SEC95 ) 74 Les concepts 74 Les différents comptes et agrégats utilisés 75

1.2. Les concepts spécifiques aux études sur la drogue 76 La prévalence de la consommation de drogue 76 La pureté du produit 76

1.3. Le champ de l’étude 76

2. Les sources de données 78 Les données administratives 78 Les données d’enquêtes 79 Les données observées dans les pays limitrophes 80 Les études spécifiques 80 La cohérence des données avec les « standards » existants 81

3. Le marché domestique de la drogue 82 3.1. Organisation du marché 82

L’offre de drogue 82 La demande de drogue 82 L’approvisionnement du marché domestique 83 Les prix de la drogue 83

3.2. La consommation de drogue au Luxembourg 86 Méthode d’estimation de la consommation 86 La prévalence de la consommation de drogue au Luxembourg 88 Les comportements de consommation 89 La consommation de drogue en volume et en valeur au Luxembourg 91

4. L’impact économique des activités illégales liées à la drogue sur le PIB et le RNB du Luxembourg 93 4.1. L’impact sur le PIB 93

Méthode d’estimation des importations et des marges commerciales 93 Importations en volume et en valeur 94 Valeur ajoutée brute et contribution au PIB 95

4.2. L’impact sur le RNB 97

Conclusions 99

* réalisé par Jean-Michel Emprou, consultant indépendant.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 72

Liste des abréviations et acronymes

EMCDDA European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction (en français OEDT) HBSC Health behaviour in school-aged population

Attitude en matière de santé des populations d’âge scolaire HRC Drogue à haut risque de consommation LNS Laboratoire national de Santé LRC Drogue à bas risque de consommation LSD Lysergic acid diethylamide MDMA Méthylène-dioxy-métamphétamine (ecstasy) OEDT Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (en anglais EMCDDA) OMS Organisation mondiale de la santé PCP Phencyclidine PFN Point focal luxembourgeois de l’OEDT PIB Produit intérieur brut RELIS Réseau national d’information sur les stupéfiants et les toxicomanies RNB Revenu national brut SCN93 Système de comptabilité nationale des Nations unies SEC95 Système européen des comptes nationaux SPJ Service de la police judiciaire UNODC United Nations – Office for Drugs and Crimes UPD Usagers problématiques de drogue XTC Ecstasy

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 73

Introduction L’estimation de l’impact économique des activités illé-gales liées à la drogue a été réalisée par le STATEC, dans le cadre d’un projet européen destiné à améliorer la comparabilité et l’exhaustivité de la couverture des comptes nationaux des Etats membres de l’Union eu-ropéenne.

L’objectif de l’étude était d’étudier la faisabilité de la mesure des activités illégales significatives au Luxem-bourg, dans le cadre méthodologique retenu pour l’élaboration des comptes nationaux1, et en tenant compte des recommandations faites par Eurostat pour la mesure de ces activités. Une étude similaire a été réalisée dans un certain nombre d’Etats membres de l’Union européenne.

Ces études doivent permettre de statuer sur une éven-tuelle inclusion des activités illégales dans les comptes nationaux des Etats membres. Cette question a été soulevée par la Commission européenne. En ef-fet, un des agrégats des comptes nationaux, le revenu national brut (RNB), est utilisé comme assiette d’une partie de la contribution des Etats membres au budget communautaire. La définition des activités illégales pouvant être notablement différente d’un Etat à l’autre, la Commission européenne a exprimé le sou-hait de voir inclure les activités illégales dans les comptes nationaux, dans un souci de justice et d’égalité de traitement entre ses Etats membres. Les études réalisées au Luxembourg et dans les autres Etats membres montrent que la prise en compte des activités illégales dans les comptes nationaux soulève de nombreuses difficultés.

Le fait de placer cette étude dans le cadre méthodolo-gique défini par les comptes nationaux a orienté profondément les travaux. En effet, il ne s’agit pas de faire une analyse économique en terme coût/avantage des activités illégales (impact sur le budget de l’état et des autres agents économiques), mais d’estimer quel serait l’accroissement de richesse du pays si on in-

cluait dans ses comptes nationaux les activités illégales.

Dans le cadre de cette étude, l’impact économique des activités illégales est mesuré sur deux agrégats macro-économiques calculés actuellement sur la sphère de l’économie légale : le produit intérieur brut (PIB) et le revenu national brut (RNB). Cette mesure est effectuée sous les formes respectives suivantes :

• Le montant de la valeur ajoutée créée par les acti-vités illégales, et la part représentée par cette valeur ajoutée dans l’ensemble de la valeur ajou-tée créée par les activités légales (c’est-à-dire dans le PIB);

• le montant des revenus des résidents provenant des activités illégales, et la part que représentent ces revenus dans le RNB provenant des activités légales.

L’étude a conclu que, compte tenu des données existan-tes, il était possible d’effectuer une telle estimation au Luxembourg pour les activités liées à la drogue. Les don-nées disponibles ont permis d’effectuer une estimation sur chacune des années de la période 1999 à 2004. Par contre, faute de données suffisantes, une telle estima-tion n’est pas faisable pour les activités liées à la prostitution.

La présente publication expose les principaux résultats de l’estimation de l’impact économique des activités liées à la drogue au Luxembourg. Dans une première par-tie seront présentés la méthodologie mise en œuvre pour estimer l’impact économique de ces activités et le champ de l’étude. Les différentes sources de données utilisées seront décrites dans une seconde partie. La troisième partie exposera les principales caractéristiques du mar-ché luxembourgeois de la drogue, sur la base des données statistiques disponibles. La dernière partie pré-sentera les résultats de l’estimation de l’impact économique des activités illégales liées à la drogue.

__________

1 Le Système européen des comptes nationaux et régionaux (SEC95) définit le cadre méthodologique pour l’élaboration des comptes nationaux et régionaux par

les Etats membres de l’Union européenne. Ce cadre, qui s’inscrit dans le Système des comptes nationaux (SCN93) défini par les Nations Unies, permet une harmonisation et une meilleure comparabilité des indicateurs macro-économiques produits par les différents Etats membres. Le SEC95 est utilisé pour la pro-duction des comptes nationaux depuis 1999.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 74

1. La méthodologie et le champ de l’étude

1.1. Le cadre méthodologique des comptes nationaux

L’utilisation du système européen des comptes nationaux et régionaux (SEC95 )

Le SEC95 définit les concepts de base et la méthodo-logie à utiliser pour l’élaboration des différents comptes et le calcul des principaux agrégats macro-économiques. Ce système est lui-même compatible avec le système des comptes nationaux des Nations Unies de 1993 (SCN93).

D’une façon générale, la comptabilité nationale décrit les ressources et les emplois pour chaque type de bien ou de service. Elle permet d’estimer la valeur ajoutée créée par chaque type de bien ou de service : c’est la contribution au produit intérieur brut (PIB). Cette va-leur ajoutée est redistribuée sous différentes formes de revenu, en particulier entre résidents et non-résidents. L’ensemble des revenus primaires1 reçus par les résidents constitue le revenu national brut (RNB).

Le SCN93 recommande que les activités illégales soient incluses dans les comptes nationaux. Le SCN93 définit les activités illégales de la façon suivante :

a) La production de biens et services dont la vente, la distribution ou la possession est interdite par la loi.

b) Les activités de production qui sont habituellement légales, mais deviennent illégales lorsqu’elles sont réalisées par des producteurs non autorisés.

Très peu de pays ont commencé à mettre en œuvre cette recommandation, compte-tenu des difficultés techniques rencontrées.

La prise en compte des activités illégales dans les comptes nationaux doit se faire selon les mêmes prin-cipes que celle des activités légales, c’est-à-dire par référence aux mêmes concepts et utiliser les mêmes

méthodes pour établir les différents comptes et calculer les agrégats.

Les activités illégales, du fait de leur nature même, s’exercent souvent dans la clandestinité. Elles sont donc mal appréhendées par les dispositifs statistiques utilisés pour les activités légales.

Un groupe de travail réunissant la Commission euro-péenne (Eurostat) et certains Etats membres de l’Union européenne a formulé des recommandations méthodolo-giques pour assurer que l’inclusion des activités illégales lors de l’évaluation du PIB et du RNB se faisait de ma-nière cohérente avec celle des activités légales et dans des conditions harmonisées par les différents Etats membres. Ces recommandations méthodologiques défi-nissent en particulier la méthode à suivre pour estimer la valeur ajoutée créée par chaque type d’activités illégales et la contribution de celles-ci au RNB.

Les travaux réalisés lors de cette étude s’inscrivent dans ce cadre méthodologique, et tiennent également compte des spécificités de l’économie luxembourgeoise et des conventions retenues pour l’établis-sement de ses comp-tes nationaux.

L’étude ayant montré que seule une estimation de l’impact économique des activités illégales liées à la dro-gue pouvait être réalisée, nous ne présenterons donc dans la suite de ce document que les aspects méthodo-logiques spécifiques pour la drogue.

Les concepts

Le cadre méthodologique définit de façon précise les concepts des comptes nationaux qui sont au cœur de cette étude (production, unité économique résidente, importation, exportation) et les modalités d’élaboration des comptes et de calcul des contributions aux agrégats de référence (PIB et RNB).

__________ 1 Les revenus primaires sont constitués des revenus suivants : rémunération des salariés, impôts sur la production et les importations nets des subventions, revenus de la propriété, excédent d’exploitation et revenu mixte.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 75

Les activités illégales de production liées à la drogue sont les activités suivantes, lorsqu’elles sont le fait d’unités économiques résidentes :

• la culture de drogue sur le territoire national (cannabis, champignons hallucinogènes et au-tres substances interdites) pour compte propre ou pour la revente

• la production locale de drogue dans les labora-toires installés sur le territoire et la trans-formation locale de drogue

• les marges commerciales réalisées sur la culture, la production locale et le commerce de drogue.

Les unités économiques résidentes sont les unités ré-alisant des activités de production sous l’une ou l’autre des formes ci-dessus, situées sur le territoire du Luxembourg, et exerçant ces activités pendant une période d’une année ou plus. Ces unités économiques peuvent être des individus ou tout type de groupe-ment contrôlant ces activités.

Les importations de drogue sont des opérations (don, vente, troc) par lesquelles des non-résidents fournis-sent de la drogue à des résidents. De façon parallèle, les exportations de drogue sont des opérations de fourniture de drogue par des résidents à des non-

résidents. Importations et exportations s’accompagnent d’un changement de propriété, qu’il y ait ou non un fran-chissement de frontière. En conséquence, seront considérés comme importations de drogue les achats de drogue effectués par des résidents auprès des non rési-dents, que cet achat s’effectue au Luxembourg ou dans un autre pays (lors des voyages à l’étranger par exemple).

Les différents comptes et agrégats utilisés

Dans le cas spécifique des activités illégales liées à la drogue, le compte de biens et services de la drogue dé-crit l’origine de la « ressource » en drogue (la production et les importations) et « l’emploi » qui est fait de la dro-gue (consommation et exportation). L’égalité « ressource = emploi » symbolise l’équilibre réalisé sur le marché de la drogue. Il est recommandé d’établir ce tableau, en volume et en valeur, pour chacun des produits observés.

La richesse créée par les activités illégales liées à la dro-gue est estimée par la valeur ajoutée de ces activités. Elle est calculée comme le solde du compte de produc-tion de la drogue (approche « production »).

Le rapport entre la valeur ajoutée des activités illégales liées à la drogue et le PIB mesurera l’importance de ces activités dans l’ensemble des activités économiques ré-alisées sur le territoire national.

Compte de biens et services de la drogue :

Ressources Emplois

P.11 Production marchande Production de drogue réalisée par des unités résidentes Marges commerciales et de transport sur la drogue réali-sées par des unités résidentes

P.71 Importations de biens Achats de drogue auprès de non-résidents par les rési-

dents

P.31 Dépenses de consommation finale Consommation finale de drogue par les résidents

P.61 Exportations de biens Ventes de drogue à des non résidents par les rési-

dents

Compte de production pour la drogue :

Emplois Ressources

P.2 Consommations intermédiaires Consommations intermédiaires des unités résidentes pro-ductrices et/ou distributrices de drogue

B.1 Valeur ajoutée brute (Impact sur le PIB)

P.11 Production marchande Production de drogue réalisée par des unités rési-

dentes Marges commerciales et de transport sur la pro-

duction et le trafic de drogue réalisées par des unités résidentes

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 76

La valeur ajoutée peut également être calculée en combinant les deux comptes précédents, par solde. Cette seconde approche dite approche « demande » permet de calculer la valeur ajoutée comme résultat de l’expression suivante :

Valeur ajoutée brute = Consommation finale de drogue - importations de drogue + exportations de drogue - consommations intermédiaires

Eurostat recommande de calculer la valeur ajoutée créée dans le cadre des activités illégales liées à cha-cun des produits par ces deux approches afin de s’assurer de la cohérence entre les différentes sources de données utilisées.

Nous verrons que compte tenu de la qualité des don-nées disponibles au Luxembourg, seule cette seconde approche pourra être utilisée pour calculer la valeur ajoutée.

Les revenus tirés des activités illégales liées à la dro-gue entrant dans le champ du RNB seront estimés par l’équation suivante :

Valeur ajoutée créée par les activités illégales liées à la drogue

- revenus de la drogue versés par des rési-dents à des non résidents + revenus de la drogue versés par des non ré-sidents aux résidents

Le rapport entre les revenus des activités illégales liées à la drogue et le RNB sera l’indicateur utilisé pour me-surer l’importance de ces activités dans le revenu national.

1.2. Les concepts spécifiques aux étu-des sur la drogue

La prévalence de la consommation de drogue

La prévalence de la consommation de drogue est la mesure du nombre d’usagers de drogues dans un pays ou dans une communauté et leur répartition au sein d’une population. Le taux de prévalence est le pour-centage d’usagers dans l’ensemble de la population.

On distingue plusieurs types de prévalence selon la durée de la période servant de référence pour l’observation de la consommation de drogue.

• La prévalence vie : la période de référence est la durée de vie de l’individu.

• La prévalence annuelle : la période de référence est l’année précédant le questionnement.

• La prévalence actuelle ou prévalence au cours des 30 derniers jours : la période de référence est l’année précédant le questionnement.

La prévalence est mesurée soit pour l’ensemble de la po-pulation, soit pour une population appartenant à une classe d’âge particulière. Les trois classes d’âge les plus utilisées sont : 15-24 ans, 15-34 ans et 15-64 ans.

La pureté du produit

Le taux de pureté représente la teneur du produit en substance active. Pour certains produits (en particulier l’héroïne et la cocaïne), ce taux diminue tout au long de la chaîne de distribution depuis la production ou l’importation jusqu’à la vente au consommateur final, car ces produits font l’objet d’une dilution par les différents intermédiaires.

Les comparaisons de prix du produit aux différentes éta-pes de son processus de distribution vont souvent être exprimés en EUR par gramme de produit pur pour élimi-ner les variations liées au taux de pureté.

L’estimation du taux de pureté est faite sur la base des résultats des analyses des produits saisis par la police et les douanes.

1.3. Le champ de l’étude

Les activités illégales de production liées à la drogue sont la production et la distribution de produits classés dans cette catégorie par la réglementation en vigueur au Luxembourg1 : stupéfiants, substances toxiques, soporifi-ques ou psychotropes dont la liste est fixée par cette réglementation. Les substances médicamenteuses acqui-ses dans des conditions illégales ou détournées de leur usage thérapeutique entrent également dans cette caté-gorie.

__________ 1 Voir le Code de la santé - Volume 2 – Toxicomanie

(a) Dispositions générales : Loi du 19 février 1973 (modifiée) (b) Règlements d’exécution (c) Conventions internationales

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 77

Les principales drogues présentes et consommées au Luxembourg se répartissent en 5 groupes de pro-duits :

1. L’héroïne 2. La cocaïne 3. Les stimulants du système nerveux central :

amphétamines, MDMA, XTC et autres drogues de synthèse

4. Les hallucinogènes : LSD, PCP, champignons 5. Le cannabis

Dans les études menées au Luxembourg, les produits des deux derniers groupes sont qualifiés de produits à « bas risque » (LRC) par opposition aux autres pro-duits qualifiés de produits à « haut risque » (HRC).

L’étude réalisée a porté sur les principaux produits suivants et leurs dérivés, comme recommandé par Eurostat : l’héroïne, la cocaïne, les amphétamines, l’ecstasy (MDMA, XTC, …) et le cannabis. Les halluci-nogènes n’ont pas été retenus car leur utilisation ne semble pas significative aujourd’hui au Luxembourg.

Les comportements de consommation sont en général classés en 4 groupes principaux1 :

• L'usage expérimental : c’est un essai ponctuel effectué par curiosité, en général unique et sans lendemain.

L’usage occasionnel ou récréatif : c’est l’utilisation du produit dans des circonstances particulières, en groupe, dans un contexte convivial ou pendant les loisirs (cas du canna-bis, de l’ecstasy et parfois de la cocaïne). Il n’a en général pas de conséquences sur l’activité socioprofessionnelle.

• L’usage régulier : il est au moins hebdoma-daire, voire quotidien et implique l’existence d’une dépendance psychique. Le consomma-

teur maîtrise sa consommation, en général la planifie. Elle est sans grande perturbation sur son activité socioprofessionnelle et le consommateur n’entre pas en contact avec les institutions sanitaires ou répressives.

• L’usage intensif : il est au moins quotidien avec des difficultés à maîtriser la consomma-tion ; il implique une dépendance physique et psychique ; l'utilisation d'une ou plusieurs substances entraîne des troubles psychologi-ques ou physiques avec des conséquences sociales négatives. Le consommateur se trouve de ce fait en contact avec les institutions sani-taires et/ou répressives. C’est un usager problématique (UPD) lorsque la consommation concerne des produits à haut risque2.

Ont été retenus pour cette étude trois types d’usagers :

• les usagers occasionnels,

• les usagers habituels : ils regroupent les usa-gers faisant un usage régulier de drogue, et ceux faisant un usage intensif,

• les usagers problématiques (UPD) qui consti-tuent un sous-groupe particulier des usagers habituels pour lesquels on dispose d’informations spécifiques.

Le groupe des usagers expérimentaux n’a pas été re-tenu dans le champ d’observation car la consommation de drogue par ce type de consomma-teur ne semble pas avoir un impact économique significatif du fait des faibles volumes concernés.

L’étude a été réalisée sur la période 1999-2004.

__________

1 D’après “Identification des comportements toxicomanogènes et les facteurs de risque et de vulnérabilité". Dr Dan Velea, Hôpital Marmottan Paris.

2 Voir la définition des usagers problématiques de drogue (UPD) dans : Estimation de la prévalence nationale de l’usage problématique des drogues à risque

élevé et d’acquisition illicite. Étude comparative multi-méthodes 1997-2000. Série Recherche N°2. Alain Origer (CRP Santé, Point focal OEDT).

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 78

2. Les sources de données Parmi toutes les activités illégales, celles liées à la drogue font dans tous les pays l’objet de nombreuses études. Cela s’explique par l’importance du phéno-mène de la consommation de drogue et de ses conséquences en terme de santé publique et d’ordre public. De ce fait, les sources de données sur la drogue sont généralement multiples.

Dans le cadre de cette étude, il a été réalisé un inven-taire des données disponibles permettant d’estimer les différents indicateurs définis par la méthodologie uti-lisée pour le Luxembourg. Les données utilisées sont soit des données administratives, soit des données d’enquêtes. Il a paru également utile de confronter certaines données avec celles observées dans les pays limitrophes. Les données statistiques utilisées provien-nent principalement de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT)1, et de l’Office des Nations unies contre la Drogue et le Crime (UNODC)2. Enfin, de nombreuses études portant généralement sur des aspects spécifiques du trafic ou de la consomma-tion de drogue ont également été utilisées comme source de données.

Mais l’utilisation de ces seules sources de données pour réaliser l’étude aurait pu conduire à des erreurs d’interprétation. Aussi, pour avoir une meilleure com-préhension du phénomène de la drogue au Luxembourg et une bonne appréhension de la qualité des données disponibles, de nombreuses réunions ont été réalisées avec des professionnels en contact avec « le milieu de la drogue », qu’il s’agisse des trafiquants ou des consommateurs.

Les données administratives

Le Luxembourg publie chaque année depuis 1993 un rapport intitulé « L’état du phénomène de la drogue au

Grand-Duché de Luxembourg ». Ce rapport est produit par le Réseau national d’information sur les stupéfiants et les toxicomanies (RELIS)3. Le RELIS est géré par le point focal national (PFN) de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT)4. Il repose sur un réseau d’information multisectoriel incluant des centres de traitement spécialisés, des hôpitaux généraux, des centres de consultation, ainsi que les instances judiciai-res et pénales spécialisées.

Le rapport annuel contient de nombreuses séries statisti-ques annuelles de source administrative, et plus particulièrement :

• des informations sur les saisies de drogue effec-tuées par les services de la Police et de la Douane : nombre de saisies et quantités saisies se-lon la nature du produit, nombre de personnes impliquées ; ces informations sont centralisées par le Service de la Police Judiciaire (SPJ) ;

• des informations sur les prévenus selon le type de délit (trafic et/ou usage) et la nature du produit ;

• des informations sur les prix des produits (source SPJ) et leur degré de pureté (Laboratoire National de Santé (LNS)).

Ce rapport contient également des données statistiques tirées de l’exploitation annuelle de la base de données RELIS. Cette base de données réunit un ensemble d’informations collectées annuellement sur des person-nes identifiées comme usagers problématiques de drogue et qui sont entrées en contact au cours de l’année avec une des institutions faisant partie du réseau RELIS. La collecte de l’information se fait selon un protocole stan-dard reposant sur le protocole Pompidou5.

__________

1 Voir le site internet www.emcdda.eu.int

2 Voir le site internet www.unodc.org

3 Les rapports annuels sont disponibles sur le site www.relis.lu 4 Le PFN de l’OEDT est assuré par le CRP-Santé.

5 Le protocole Pompidou a été élaboré à l’occasion des travaux de recherche sur l’indicateur de demande de traitement réalisés par le Groupe Pompidou

(Conseil de l’Europe).

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 79

La base RELIS sera utilisée pour obtenir des informa-tions sur certaines caractéristiques des usagers problématiques : âge, nature des trois produits préfé-rentiels consommés, fréquence de consommation du produit préférentiel de rang 1, lieu d’approvision-nement, sources de revenus.

Les données administratives disponibles, dont celles de la base RELIS, ont été exploitées dans le cadre d’une étude réalisée par le PFN de l’OEDT pour fournir des estimations de la prévalence des usagers problémati-ques de drogues et d’héroïne pour 1999 et 20001.

Le rapport annuel réalisé par le PFN pour l’OEDT tire toutes ses informations des rapports annuels RELIS. L’utilisation de ces deux types de rapports annuels, rapport RELIS et rapport à l’OEDT, permet de reconsti-tuer des séries complètes sur la période étudiée.

Le Luxembourg dispose donc d’une solide base d’information annuelle sur les usagers problématiques de drogue. Celle-ci constituera le socle pour l’évaluation de la consommation de drogue par les usagers problématiques. La qualité de cette source et l’absence d’instrument comparable dans les pays voi-sins pourraient expliquer pour partie que les taux d’UPD soient plus élevés au Luxembourg que dans les pays voisins.

Les données d’enquêtes

Les données d’enquêtes sont utilisées habituellement pour estimer la prévalence annuelle et la prévalence au cours des 30 derniers jours de la consommation de drogue. Ce sont en particulier ces dispositifs qui per-mettent d’appréhender la consommation des usagers occasionnels. Les enquêtes donnant ce type d’information sont des enquêtes spécifiques ou des enquêtes de santé en population générale. Ces derniè-res sont réalisées à intervalle régulier tous les 5 ans.

Malheureusement le Luxembourg ne réalise pas pour le moment ce type d’enquête en population générale.

Les seules enquêtes susceptibles de fournir des informa-tions sur la prévalence sont des enquêtes sur des sous populations spécifiques.

Une enquête sur la santé en milieu scolaire a été réalisée en 19991. Le Luxembourg vient d’adhérer au réseau des pays réalisant les enquêtes en milieu scolaire selon le protocole HBSC2 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces enquêtes donnent tous les 5-6 ans des in-formations sur la prévalence de consommation de drogue dans les populations scolaires.

Les autres enquêtes récentes donnant des informations sur la prévalence en population générale sont les 3 sui-vantes :

• Étude de la prévalence de l’usage de drogue au niveau communal (Fischer U., Krieger W. - 1998) : Communes de Beckerich, Dudelange, Echternach, Roeser, Rumelange, Steinsel, Wellenstein. Popula-tion de 12-60 ans.

• Étude de la prévalence de l’usage du cannabis à Luxembourg (Fischer U. - 1998) : Clients de ciné-mas de Luxembourg ville. Population de 15-64 ans.

• Étude de la prévalence de l’usage du cannabis au niveau communal (Fischer U. - 1999) : Communes de Diekirch, Erpeldange, Ettelbruck, Redange, Re-mich, Walferdange. Population de 12-60 ans.

Une extrapolation de leurs résultats au niveau national est souvent effectuée en l’absence d’autres sources d’information. Mais les populations enquêtées ne sont pas représentatives de la population nationale : les en-quêtes dans les communes représentent mal les populations urbaines et la seconde enquête n’est pas représentative de la répartition par âge et par groupe socio-économique. Une confrontation entre les résultats obtenus par la base RELIS et une extrapolation nationale des enquêtes communales montre une sous estimation importante de la consommation de drogue pour les consommateurs habituels dans ces dernières.

__________

1 Estimation de la prévalence nationale de l’usage problématique des drogues à risque élevé et d’acquisition illicite. Étude comparative multi-méthodes 1997-

2000. Série Recherche N°2. Alain Origer (CRP Santé, Point focal OEDT).

2 Enquête du Ministère de la Santé et du Ministère de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports « Das Wohlbefinden der Jugend – HBSC Studie » (1999) : Ensemble des élèves des écoles secondaires 12-21 ans.

3 HBSC : Health behaviour in school-aged population. Attitude en matière de santé des populations d’âge scolaire.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 80

Les données observées dans les pays limitro-phes

Le Luxembourg est un pays à l’économie très ouverte qui comporte une population résidente étrangère im-portante. Le nombre de travailleurs frontaliers est également très important comme le sont ses échanges commerciaux avec ses pays voisins, que ce soit dans le cadre de l’Union européenne ou plus spécifiquement du Benelux. Aussi, il est indispensable de confronter les estimations réalisées à chaque étape de cette étude avec celles des pays voisins (lorsqu’elles sont disponibles) : Allemagne, Belgique, France et Pays-Bas. Les rapports annuels de ces pays à l’OEDT seront utili-sés comme principale source d’information pour effectuer des comparaisons. Certains pays disposent d’études spécifiques sur des régions limitrophes avec le Luxembourg1. L’OEDT réalise également, à côté de son rapport annuel, un bulletin statistique qui réunit l’ensemble des données disponibles sur la prévalence de la consommation de drogue pour les pays de l’union européenne2.

Différentes études ont montré qu’un des facteurs ex-plicatifs du niveau de consommation de drogue était le niveau de revenu. Une comparaison avec d’autres pays à haut niveau de revenu pourra être parfois utile. Cette comparaison sera faite avec la Suisse et l’Autriche. Le rapport annuel à l’OEDT sera utilisé comme source d’information pour l’Autriche. Diffé-rents documents ont été identifiés pour la Suisse.

Le rapport annuel de l’UNODC comporte un nombre important de données statistiques sur l’ensemble des pays. Des estimations de la prévalence annuelle de

certains produits sont présentées pour le Luxembourg3. Ce rapport sera également utilisé comme source d’information, en particulier pour les prix de gros et de détail pratiqués dans les pays voisins.

Les études spécifiques

Parmi les nombreuses études sur la drogue qui ont été identifiées au cours de l’étude, il faut noter en particulier celles comportant des informations utiles pour étayer des hypothèses ou construire des modèles d’estimation. Elles portent sur 3 domaines :

• Les méthodologies pour estimer la production et la consommation de drogue. Des travaux impor-tants ont été faits dans ce domaine en particulier aux Etats-Unis4.

• Les pratiques de consommation selon les types de produits : les fréquences de consommation des produits selon qu’il s’agit d’une consommation habituelle ou occasionnelle. Des études particuliè-res ont été réalisées pour les principaux produits par des équipes de chercheurs dans différents pays.

• L’organisation de certains marchés européens de la drogue : l’approvisionnement des marchés et l’écoulement des marchandises. Des études ont été réalisées sur les marchés de Frankfort, Amster-dam, Milan et certains marchés britanniques. Les modes d’organisation décrits peuvent aider à ana-lyser et à comprendre le fonctionnement du marché luxembourgeois.

__________

1 Phénomènes émergents liés aux drogues en 2003. Cinquième rapport national du dispositif TREND. OFDT. Octobre 2004. Pierre-Yves Bello, Abdalla Toufik, Michel Gandilhon, Isabelle Giraudon. Voir le chapitre « Le constat des sites en 2003 » « Metz » pages 216-219

Observations sur les usagers de drogue en 2002 dans 12 sites en Frances. Rapports locaux des sites TREND. OFDT Mai 2003. Voir le rapport du site de Metz.

2 Tous ces documents sont mentionnés dans la bibliographie et disponibles sur le site de l’OEDT : www.emcdda.eu.int

3 Voir la description de ces méthodes d’estimation dans « 2004 World Drug Report ». Volume 2 : Statistics. Methodology pages 416-417. UNODC.

4 Drug availability estimates in the United States. December 2002. Executive Office of the President of the United States. Drug Availability Steering Committee

What America’s Users Spend on Illegal Drugs 1988-2000. December 2001. Executive Office of the President of the United States. Office of National Drug Con-trol Policy.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 81

La cohérence des données avec les « standards » existants

Les estimations qui ont été faites ont nécessité d’utiliser de multiples sources de données, ce qui rend l’exercice très périlleux, car rien ne permet de garantir la cohérence des données entre ces différentes sour-ces. Dans ces conditions il ne sera pas possible de donner un intervalle de confiance aux résultats pro-duits.

Toutefois pour limiter les risques d’erreurs dans les estimations de consommation des différents produits, on a tenté de comparer les valeurs de différents ratios calculés à partir des données utilisées pour le Luxem-bourg avec ceux observés ou utilisés dans les pays limitrophes. Même ce contrôle est difficile à mettre en œuvre : peu de « standards » ont été définis dans le domaine étudié. L’objectif s’est donc limité à éviter de produire des résultats pouvant paraître aberrants par

rapport à ceux des pays voisins sans que ceux-ci puissent être justifiés.

Les principaux « standards » retenus pour chaque produit sont les suivants :

• Les taux de prévalence annuelle et des 30 derniers jours

• La consommation moyenne journalière des consommateurs habituels

• La consommation moyenne hebdomadaire des consommateurs occasionnels

• Un intervalle de poids de l’unité de consommation (dose, joint, …).

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 82

3. Le marché domestique de la drogue

3.1. Organisation du marché

Le marché de la drogue au Luxembourg sera décrit à travers ses caractéristiques principales : offre, de-mande et prix. Cette description se fondera sur les données statistiques disponibles et les avis des spécia-listes rencontrés au cours de l’étude.

L’offre de drogue

La drogue offerte sur le marché luxembourgeois peut, en théorie, avoir deux origines :

• la production locale,

• les importations.

Il n’est pas possible d’appréhender de façon directe ces deux activités du fait de leur caractère illégal et clandestin. La méthode généralement utilisée pour estimer les volumes produits ou importés consiste à extrapoler les volumes saisis, en faisant l’hypothèse que ces saisies représentent un certain pourcentage de la drogue offerte sur le marché. Ce pourcentage, dénommé taux de saisie, est lui-même très difficile à estimer.

Tous les spécialistes rencontrés durant l’étude consi-dèrent qu’il n’y a pas de production significative de drogue, en particulier de drogue de synthèse ou de cannabis au Luxembourg. Tous les produits que l’on trouve sur le marché luxembourgeois sont donc des produits importés. Pour l’essentiel, ils viennent des Pays-Bas et dans une moindre mesure de Belgique. L’approvisionnement en provenance de France ou d’Allemagne serait tout à fait marginal.

Une extrapolation des saisies opérées par les services de lutte contre le trafic de drogue au Luxembourg ne permet pas d’avoir une bonne estimation du volume de drogue offert sur le marché domestique.

Tout d’abord, le Luxembourg est un pays de transit en matière de trafic de drogue. Il se situe sur plusieurs routes approvisionnant en drogue les marchés de gros des pays voisins, principalement ceux des Pays-Bas et dans une moindre mesure ceux de la Belgique. Il se situe également sur les itinéraires de détaillants des pays voisins qui viennent s’approvisionner sur ces

marchés. Ces flux ne sont pas destinés à approvisionner le marché luxembourgeois. Et il n’est pas toujours facile lors de la saisie de distinguer, parmi les saisies, celles qui sont destinées au marché domestique.

En second lieu, les saisies opérées sont le résultat des contrôles de routines et des enquêtes réalisés par les services chargés de réprimer la production et le trafic de drogue, ces enquêtes pouvant durer plusieurs mois. Ceci explique que les données annuelles sur les saisies par produit (nombre de saisies opérées et volume des saisies) varient fortement d’une année à l’autre. Les variations observées au Luxembourg sont beaucoup plus importan-tes que dans les pays voisins, du fait de la taille de l’espace géographique sur lequel les saisies sont opérées. L’utilisation de moyennes mobiles des volumes saisis sur trois années diminue l’amplitude de ces variations mais ne permet cependant pas d’obtenir des résultats satisfai-sants.

Tous ces éléments rendent donc difficile l’utilisation des saisies comme source d’information pour estimer le vo-lume et la valeur de la drogue offerte sur le marché luxembourgeois.

La demande de drogue

Le cadre méthodologique utilisé décompose la demande en deux éléments :

• la consommation finale des résidents,

• les achats de drogue par les non résidents : les exportations.

Les spécialistes rencontrés estiment qu’il n’y a pas d’achat significatif de drogue par des non-résidents sur le marché luxembourgeois, et donc que les exportations ne sont pas significatives. Ceci tient au fait que les prix pratiqués au Luxembourg sont généralement plus élevés que dans les régions limitrophes et que certains produits consommés au Luxembourg, par exemple la marijuana, sont peu consommés dans ces régions.

La demande de drogue en volume et en valeur sera donc estimée par la consommation finale des résidents. Les sources statistiques disponibles permettent de réaliser une assez bonne estimation de cette demande.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 83

Partant de l’équation d’équilibre du marché de chacun des produits, offre = demande, l’offre sera donc esti-mée comme égale à la consommation finale.

L’approvisionnement du marché domestique

Le marché domestique est alimenté par deux types de trafiquants :

• Des dealers travaillant pour leur propre compte et dont l’objectif principal est de financer leur consommation personnelle. Ces trafiquants im-portent des petites quantités qu’ils achètent sur le marché de détail des Pays-Bas ou de la Bel-gique.

• Des dealers travaillant dans le cadre réseaux internationaux dont les trafics portent sur des quantités importantes. On peut supposer que ces trafiquants ont accès pour leur approvision-nement aux marchés de gros, c’est-à-dire à des produits ayant des taux de pureté plus élevés et vendus par plus grande quantité, donc à des prix plus bas. On retiendra comme hypothèse que ce cas de figure se réalise dans l’approvisionnement en provenance des Pays-Bas.

Il paraît important de faire la distinction entre ces deux modes d’approvisionnement car l’importance des marges commerciales générées par ces deux types est assez différente. Alors que le premier type était domi-nant jusqu’à présent, depuis 2002, le second type a fait son apparition sur le marché de l’héroïne et de la cocaïne. Ces marchés sont aujourd’hui contrôlés par une organisation de trafiquants d’origine Ouest afri-caine. Le même phénomène est observé dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest.

Les prix de la drogue

Les prix des produits constituent d’une façon générale un indicateur intéressant pour cerner le fonctionnement d’un marché. Dans le cas de la drogue ceux-ci sont parti-culièrement difficiles à observer du fait de la clandestinité du marché. Les informations les concernant viennent donc principalement des services de répression.

Les variations observées sont le reflet des volumes dispo-nibles sur le marché local, mais aussi sur les marchés des Pays-Bas et de Belgique d’où proviennent l’essentiel des produits. Les autres facteurs explicatifs du prix sont le taux de pureté du produit et les quantités échangées au cours d’une transaction. Dans ces conditions, il est donc très difficile de constituer une série de prix homogène par produit et qui permette une comparaison de ces prix entre le Luxembourg et les pays voisins.

Néanmoins des séries des prix de détail moyens pratiqués pour chaque produit pour des unités usuelles d’échange ont été établies sur la base des différentes sources dis-ponibles.

Pour l’héroïne, la cocaïne et l’ecstasy, on observe des évolutions assez similaires.

Le surcoût de ces produits au Luxembourg par rapport aux prix pratiqués en Belgique et aux Pays-Bas se réduit rapidement depuis 1999 pour atteindre des niveaux as-sez similaires dans les trois pays en 2002 et 2003. Cette évolution peut être interprétée comme une meilleure intégration du marché luxembourgeois au marché du Benelux. L’absence de différentiel de prix entre le Luxembourg et ses voisins fait disparaître du marché les dealers locaux traditionnels au profit de trafiquants in-ternationaux présents sur le marché de détail régional et suffisamment puissant pour imposer leurs prix au mar-ché luxembourgeois.

La hausse observée à partir de 2004 devra être confirmée en 2005 pour pouvoir être véritablement analysée.

Les données sur les amphétamines sont insuffisantes pour être interprétées.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 84

Graphique 1: Évolution du prix de l'héroïne

Source: RELIS, World Drug Report 2005, Rapports nationaux à l'OEDT, estimations STATEC

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1999 2000 2001 2002 2003 2004

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Graphique 2: Évolution du prix de la cocaïne

Source: RELIS, World Drug Report 2005, Rapports nationaux à l'OEDT, estimations STATEC

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 85

Graphique 3: Évolution du prix de l'ecstasy

Source: RELIS, World Drug Report 2005, Rapports nationaux à l'OEDT, estimations STATEC

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1999 2000 2001 2002 2003 2004

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com

prim

é

LuxembourgEUR/cpr

Belgique EUR/cpr

Pays-Bas EUR/cpr

Graphique 4: Évolution du prix de la marijuana

Source: RELIS, World Drug Report 2005, Rapports nationaux à l'OEDT, estimations STATEC

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Les prix du cannabis, sous ses deux formes marijuana et haschisch, varient dans une fourchette de prix beaucoup plus réduite que les produits précédents. Les prix de ces deux produits ont une évolution parallèle au Luxembourg à celle observée dans leur principal pays d’approvisionnement respectif : la marijuana aux

Pays-Bas et le haschisch en Belgique. On est probable-ment dans ce cas face à un approvisionnement passant par de multiples micro réseaux de consommateurs s’organisant pour s’approvisionner de façon groupée dans les pays voisins.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 86

Graphique 5: Évolution du prix du haschisch

Source: RELIS, World Drug Report 2005, Rapports nationaux à l'OEDT, estimations STATEC

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3.2. La consommation de drogue au Luxembourg

Méthode d’estimation de la consommation

L’estimation des dépenses de consommation finale de chaque produit se fera en 3 étapes :

1. Estimation du nombre de consommateurs, en distinguant consommateurs habituels et consommateurs occasionnels ; à l’intérieur des consommateurs habituels, on distinguera les usagers problématiques (UPD).

2. Estimation du volume total annuel de la consommation.

3. Estimation de la dépense de consommation finale annuelle.

Estimation du nombre de consommateurs

Les informations sur les UPD (nombre, consommation) seront tirées de la base RELIS. Les taux de prévalence

de l’usage problématique de drogue (PUPD) retenus sont ceux calculés par l’étude réalisée par le PFN1 respective-ment le taux calculé pour 1999 pour l’estimation 1999, et le taux calculé pour 2000 pour les estimations 2000 et postérieures. On fait ici l’hypothèse d’une stabilisation de ce taux à partir de 20002. La proportion des UPD consommant le produit étudié comme produit préféren-tiel de rang 1, 2 ou 3 est donnée par la base RELIS ainsi que les fréquences d’utilisation d’un second et troisième produit. Le nombre d’UPD consommant du produit « p » au cours de l’année « n » est la somme des nombres d’UPD ayant déclaré le produit comme produit préféren-tiel de rang 1, 2 ou 3, soit la somme des 3 nombres suivants :

NUPD1pn = PUPDx * (POPn + POPn+1)/2 * PREF1pn

NUPD2pn = PUPDx * (POPn + POPn+1)/2 * PREF2pn*TPREF2n

NUPD3pn = PUPDx * (POPn + POPn+1)/2 * PREF3pn*TPREF3n

PUPDx taux de prévalence de l’usage problématique de drogue parmi la population de 15-64 ans (x=1999 ou 2000).

__________ 1 Voir ci-dessus note 7.

2 L’étude ci-dessus avait conclu à un ralentissement important de ce taux de prévalence entre 1999 et 2000, après une progression importante durant la pé-

riode 1997-1999. Notre hypothèse est donc minimaliste.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 87

POPn population du Luxembourg de 15-64 ans au 1er janvier de l’année n

PREFXpn Proportion des UPD ayant le produit « p » comme produit préférentiel de rang X au cours de l’année « n » (X prend les valeurs 1, 2 ou 3)

TPREF2n Proportion des UPD déclarant un produit pré-férentiel de rang 2 au cours de l’année « n »

TPREF3n Proportion des UPD déclarant un produit pré-férentiel de rang 3 au cours de l’année « n »

L’estimation du nombre d’usagers habituels du pro-duit « p » pour l’année « n » se fait en appliquant le taux de prévalence de la consommation du produit « p » au cours des 30 derniers jours (P30p) à la popu-lation totale du Luxembourg au 1er juillet de l’année « n ». Ce taux est généralement donné pour la popu-lation de 15-64 ans.

NUHpn = P30p * (POPn + POPn+1)/2

P30p taux de prévalence de la consommation du produit « p » au cours des 30 derniers jours (taux de prévalence actuelle)

POPn population du Luxembourg de 15-64 ans au 1er janvier de l’année n

Il convient de vérifier que le nombre d’UPD calculé précédemment est inférieur au nombre de consom-mateurs habituels. Si cette condition n’est pas réalisée, le taux de prévalence actuelle utilisé sera rejeté1.

On travaillera alors sur les sous populations pour les-quelles on a de meilleures informations, par exemple les jeunes ou les populations scolaires ou les UPD, et on comparera ces taux avec ceux des pays voisins afin d’estimer un taux de prévalence pour l’ensemble de la population de 15-64 ans « plus cohérent » pour le Luxembourg. Pour certains produits, en l’absence d’information sur les consommateurs habituels, on retiendra le nombre d’UPD consommateurs du produit

« p » comme nombre de consommateurs habituels ;on aura alors un minimum comme nombre d’utilisateurs habituels.

L’estimation du nombre d’usagers occasionnels est calculée selon la formule suivante :

NUOpn = (PANp - P30p) * (POPn + POPn+1)/2

PANp Taux de prévalence annuelle de la consom-mation du produit « p ».

P30p Taux de prévalence de la consommation du produit « p » au cours des 30 derniers jours.

Là encore, il conviendra de s’assurer de la cohérence entre ces deux taux et les nombres de consomma-teurs de chaque type.

Estimation du volume de la consommation an-nuelle

Le volume de la consommation annuelle est estimé, pour chaque type de consommateur identifié précé-demment, et chaque produit, selon le modèle suivant :

Consommation annuelle = nombre d’unités consommées durant l’année * volume d’une unité

La définition de l’unité consommée et de l’unité de mesure du volume dépendra du type de produit comme indiqué dans le tableau ci-après :

Produit Unité de consommation

Unité de vo-lume

Héroïne Cocaïne Amphétamine

Dose Gramme

Cannabis Joint

Gramme

Ecstasy Comprimé Comprimé

__________

1 Ce choix se justifie car les données RELIS sont considérées comme plus fiables que les données provenant d’une extrapolation au niveau national de taux provenant d’enquêtes auprès de sous populations.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 88

La fréquence de consommation par les UPD fait partie des informations disponibles dans RELIS pour le pro-duit préférentiel de rang 1. On utilisera ces informations pour calculer le nombre d’unités consommées annuellement par UPD en tant que pro-duit préférentiel de rang 1 (CUPD1pn). Par convention, lorsque le produit est le produit préférentiel de rang 2, on estimera sa consommation à 1/3 de la consomma-tion de rang 1 ; lorsque c’est le produit préférentiel de rang 3, on estimera sa consommation à 5% de la consommation de rang 1. Le nombre total d’unités consommées du produit « p » au cours de l’année « n » par les UPD est donné par la formule :

NUPD1pn * CUPD1pn + (NUPD2pn * CUPD1pn / 3) + (NUPD3pn * CUPD1pn / 20)

Les nombres d’unités consommées annuellement par les usagers habituels (non problématiques) et par les usagers occasionnels sont trouvés dans la littérature. Mais il y a souvent des différences notables entre les informations données par les différentes sources iden-tifiées. On privilégiera les informations données par les documents relatifs au Luxembourg, puis aux pays limitrophes ou proches (Allemagne, Belgique, France, Pays-Bas, Suisse).

On procèdera de la même manière pour estimer le volume moyen de l’unité de consommation de chaque produit. Cette donnée servira de référence pour le cal-cul des consommations annuelles des trois types de consommateurs.

Le volume annuel de la consommation du produit « p » au Luxembourg est la somme des volumes annuels de produit « p » consommés par chacun des trois types de consommateurs.

Pour vérifier les résultats obtenus, il sera procédé à des comparaisons internationales.

Estimation de la dépense de consommation finale annuelle.

Le volume consommé du produit « p » au cours de l’année « n » sera valorisé au prix moyen du produit sur le marché de détail luxembourgeois pour l’année « n », appelé aussi « prix rue ».

La disponibilité de séries de prix sur le marché de détail est donc essentielle. Lorsque ces séries sont disponibles pour le Luxembourg, on les comparera avec celles des pays voisins (en niveau et en évolution) et on ajustera les valeurs pouvant paraître aberrantes.

Pour certains produits on ne dispose pas de séries de prix complètes sur la période étudiée. On recherchera alors un pays proche disposant d’une série de prix complète et on estimera les prix manquants au Luxembourg en les ajustant sur l’évolution du prix dans le pays sélectionné. Dans le choix de ces pays on privilégiera les pays utilisés pour l’approvisionnement du marché luxembourgeois (Pays-Bas et Belgique).

La prévalence de la consommation de drogue au Luxembourg

Un taux de prévalence annuelle de la consommation de drogue pour la population de 15-64 ans et un taux de prévalence actuelle ont été estimés pour l’héroïne, la cocaïne et le cannabis.

Pour les amphétamines et l’ecstasy, la population de 15-34 ans a été retenue comme population de référence, car ces drogues ne sont pratiquement pas consommées en dehors de cette tranche d’âge.

Les taux de prévalence actuelle ont été estimés à partir des données sur la prévalence des seuls usagers problé-matiques pour l’héroïne et la cocaïne. En effet les taux de prévalence actuelle disponibles pour ces deux pro-duits étaient inférieurs à ceux calculés à partir des données de la base RELIS pour les seuls UPD.

Les taux de prévalence sont des indicateurs de compor-tement qui évoluent en général peu sur une courte période. Un taux de prévalence unique par type de pré-valence (annuelle, actuelle) a donc été estimé pour l’ensemble de la période 1999-2004 pour les drogues de synthèse et le cannabis. Les données disponibles pour les UPD portant sur l’usage de l’héroïne et de la cocaïne ont cependant montré des modifications de comportement relativement importantes durant la période. Aussi, des estimations annuelles des taux de prévalence ont été effectuées pour ces deux produits.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 89

Tableau 1: Taux de prévalence de la consommation de drogue au Luxembourg et dans les pays voisins

1999 2000 2001 2002 2003 2004 Taux Date

Unité: %

Héroïne Taux de prévalence annuelle (15-64 ans) 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 0.9 0.3 2000Taux de prévalence actuelle (15-64 ans) 0.8 0.7 0.7 0.7 0.6 0.7

Cocaïne Taux de prévalence annuelle (15-64 ans) 0.6 0.6 0.6 0.7 0.9 1.0 1.0 (1) 2003Taux de prévalence actuelle (15-64 ans) 0.3 0.3 0.3 0.4 0.4 0.5

Amphétamines Taux de prévalence annuelle (15-34 ans) 1.3 1.3 1.3 1.3 1.3 1.3 1.0 (2) 2000Taux de prévalence actuelle (15-34 ans) 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7 0.7

Ecstasy Taux de prévalence annuelle (15-34 ans) 1.6 1.6 1.6 1.6 1.6 1.6 1.2 (2) 2000Taux de prévalence actuelle (15-34 ans) 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0 1.0

Cannabis Taux de prévalence annuelle (15-64 ans) 7.6 7.6 7.6 7.6 7.6 7.6 6.8 (3) 2003Taux de prévalence actuelle (15-64 ans) 3.5 3.5 3.5 3.5 3.5 3.5 3.3 (1) 2000

Taux Date Taux Date Taux Date Taux Date

Unité: %

Héroïne Taux de prévalence annuelle (15-64 ans) 0.4 1997 0.4 1999 0.3 2001 0.6 2000Taux de prévalence actuelle (15-64 ans)

Cocaïne Taux de prévalence annuelle (15-64 ans) 1.1 2003 0.3 2002 1.1 2003 1.1 2003Taux de prévalence actuelle (15-64 ans)

Amphétamines Taux de prévalence annuelle (15-34 ans) 0.0 2002 1.2 2001Taux de prévalence actuelle (15-34 ans) 0.6 (4) 2001

Ecstasy Taux de prévalence annuelle (15-34 ans) 0.8 2002 3.2 2001Taux de prévalence actuelle (15-34 ans) <1 2003 1.5 (4) 2001

Cannabis Taux de prévalence annuelle (15-64 ans) 8.0 2003 9.8 2002 6.1 2001 9.6 2003Taux de prévalence actuelle (15-64 ans) 2.8 2003

Sources RELIS, World Drug Report 2005, World Drug Report 2005, Rapports nationaux à l'OEDTEstimations Statec (1) 18-59 ans

(2) 18-39 ans(3) 18-50 ans(4) 15-64 ans

Luxembourg Allemagne

Belgique France Pays-Bas Suisse

Les taux de prévalence pour l’héroïne sont beaucoup plus élevés au Luxembourg que dans les pays voisins. Ce haut niveau traduit l’existence d’une importante population d’usagers problématiques de ce produit. L’efficacité du système RELIS pour évaluer l’usage problématique d’héroïne peut expliquer pour partie que les taux obser-vés au Luxembourg soient supérieurs à ceux des pays voisins, ceux-ci ne disposant pas d’un tel système de suivi.

La progression constatée de la consommation de cocaïne au Luxembourg est un phénomène que l’on observe dans toute l’Europe occidentale. Ce phénomène est particuliè-rement marqué au Luxembourg à partir de 2002. Les taux observés rejoindraient le niveau observé dans les pays voisins.

La consommation des drogues de synthèse (amphétami-nes et ecstasy) est essentiellement le fait des populations de 15-34 ans. Les estimations effectuées pour leur prévalence reposent sur l’observation des UPD par la base RELIS et les résultats comparés des enquêtes en milieu scolaire au Luxembourg et dans les pays voi-

sins. Parmi ces drogues, l’ecstasy est la drogue la plus diffu-sée.

Les comportements de consommation

Comme déjà mentionné, trois catégories d’usagers de dro-gue ont été retenus pour cette étude : les usagers occasionnels, les usagers habituels, avec parmi ces derniers les UPD.

Pour estimer les volumes consommés, il est nécessaire d’évaluer les fréquences de consommation et le volume consommé lors de chaque prise. Les fréquences de consommation des UPD sont bien connues grâce à la base RELIS. Par contre, celles des autres types de consommateurs et les volumes consommés lors de chaque prise n’ont pas fait l’objet d’étude spécifique au Luxembourg. Les données utilisées ont été recherchées dans les différentes études sur la drogue. Mais il faut bien constater que ces estimations diffèrent notablement selon les auteurs des différentes étu-des. Les standards de consommation utilisés pour ces estimations sont donnés dans le tableau suivant.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 90

Tableau 2: Standards retenus pour les estimations de la consommation de drogue au Luxembourg Unité

Valeur Source Valeur Source

HéroïnePoids d'une dose de produit

standard g 0.15 Estimation 0,1 à 0,25

EMCDDA Scientific report. Pilot Project to Describe and Analyse Local Drug Markets. First

Phase Final Report: Illegal Drug Markets in Frankfurt and Milan

Consommation moyenne journalière usagers habituels g 0.30

Résultats des estimations sur données RELIS (1dose par prise) 0.5

The illegal Economy in the Netherlands. CBS 2005

Consommation moyenne journalière usagers occasionnels g 0.15

What America’s Users Spend on Illegal Drugs 1988-2000. December 2001.

Executive Office of the President of the United States. Office of National Drug

Control Policy

CocaïnePoids d'une dose de produit

standard g 0.2 Estimation 0,1 à 0,25

EMCDDA Scientific report. Pilot Project to Describe and Analyse Local Drug Markets. First

Phase Final Report: Illegal Drug Markets in Frankfurt and Milan

Consommation moyenne journalière usagers habituels g 0.2

Résultats des estimations sur données RELIS

0,5Europe de

l'Ouest : 0,8

The illegal Economy in the Netherlands. CBS 2005

What America’s Users Spend on Illegal Drugs 1988-2000. December 2001. Executive Office

of the President of the United States. Office of National Drug Control Policy

Consommation moyenne hebdomadaire usagers

occasionnels g 0.1 Estimation

Europe de l'Ouest :

0,17

What America’s Users Spend on Illegal Drugs 1988-2000. December 2001. Executive Office

of the President of the United States. Office of National Drug Control Policy

Amphé- tamines

Poids d'une dose de produit standard g 1 UNODC Annual report 2004

Consommation moyenne hebdomadaire (tous types

d'usagers) g 0.6 Résultats des estimations

EcstasyConsommation moyenne

journalière usagers habituels cpr 0.1 Estimationhebdomadaire usagers

occasionnels cpr 0.2 EstimationConsommation moyenne

hebdomadaire (tous types d'usagers) cpr 1 Résultats des estimations 1

The illegal Economy in the Netherlands. CBS 2005

Cannabis Poids d'un joint g 0.15

Cannabis 2002 report. A joint international effort at the

inititative of the Ministers of Public Health of Belgium, France, Germany, The

Netherlands, Switzerland. Technical Report of the International

Scientific Conference Brussels, Belgium, 25/2/2002

Standard utilisé Autres

Consommation moyenne journalière usagers habituels g 0.5 0.5

Coûts et bénéfices économiques des drogues OFDT Collection « Focus. Consommateurs et

conséquences ». Juin 2004

Consommation moyenne hebdomadaire usagers

occasionnels g 0.05 0.07

Consommation moyenne journalière (tous types d'usagers) g 0.25 Résultats des estimations 0.15

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 91

La consommation de drogue en volume et en valeur au Luxembourg

Tableau 3: Évolution de la consommation de drogue sur la période 1999-2004

Unité 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Héroïne Volume consommé Kg 254 236 225 212 199 227Prix au détail EUR/g 90.00 74.40 70.00 50.00 40.00 82.00Dépense de consommation finale millions EUR 22.8 17.5 15.8 10.6 8.0 18.6

Cocaïne Volume consommé Kg 70 66 70 93 93 110Prix au détail EUR/g 90.00 90.00 76.50 50.00 57.50 70.00Dépense de consomation finale millions EUR 6.3 5.9 5.4 4.6 5.3 7.7

Amphétamines Volume consommé Kg 49 43 40 50 53 54Prix au détail EUR/g 18.67 12.00 26.00 25.00 15.00 15.00Dépense de consomation finale millions EUR 0.9 0.5 1.0 1.3 0.8 0.8

Ecstasy Volume consommé 1000 cpr. 90 71 111 117 111 110Prix au détail EUR/cpr 12.40 10.70 9.20 7.00 10.00 10.00Dépense de consomation finale millions EUR 1.1 0.8 1.0 0.8 1.1 1.1

Cannabis Volume consommé Kg 2 000 2 013 2 017 2 046 2 062 2 085Prix de la marijuana au détail EUR/g 6.20 6.20 7.10 7.50 8.10 7.30Prix du haschisch au détail EUR/g 7.40 7.40 9.20 7.00 8.30 7.30Dépense de consomation finale millions EUR 12.9 12.5 14.3 15.3 16.7 15.2

Dépense de consommation finale en drogue millions EUR 44.1 37.2 37.5 32.7 31.9 43.5

Remarque : Les prix sont donnés pour des quantités usuelles d'achat au détail.

Sources : RELIS, World Drug Report 2005, Estimations Statec Graphique 6: Évolution du volume de drogue consommée (base 100 en 1999)

Source: RELIS, World Drug Report 2005, Rapports nationaux à l'OEDT, estimations STATEC

60

80

100

120

140

160

1999 2000 2001 2002 2003 2004

Héroïne

Cocaïne

Amphétamines

Ecstasy

Cannabis

Les trois principaux produits, héroïne, cannabis et co-caïne représentent ensemble plus de 94% des dépenses de consommation de drogue tout au long de la période.

Consommation annuelle en volume : des évolutions contrastées selon les produits.

Durant cette période, le volume d’héroïne consommée diminue jusqu’en 2003, mais on note une forte re-montée de la consommation en 2004.

Le volume de cannabis consommé est lui assez stable tout au long de la période. Les experts consultés esti-ment que 90% de la consommation de cannabis se fait sous la forme de marijuana, le reste étant sous la forme de haschisch.

Pour les autres produits, le volume consommé augmente, cette augmentation étant particulièrement marquée pour la cocaïne (+57%) et dans une moindre mesure pour l’ecstasy (+23%).

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 92

Les dépenses de consommation annuelle : un ni-veau par habitant relativement faible par rapport à la moyenne observée en Europe.

Les dépenses annuelles de consommation finale de drogue passent d’environ 0.5% de la dépense de consommation finale des résidents en 1999 à 0.44% en 2004. Elles représentent en 2004 une dépense moyenne annuelle par habitant de 95 EUR, niveau largement en dessous de la moyenne estimée à 164 EUR en 2003 pour l’ensemble de l’Europe centrale et occidentale.1

Ces dépenses varient fortement pendant la période 1999-2004. Une première période 1999-2003 se ca-

ractérise par une forte diminution de la dépense de consommation finale en drogue, en deux paliers. Elle est suivie d’une remontée importante de cette dépense en 2004.

Alors que cette évolution globale est principalement le reflet des évolutions constatées sur les volumes et les prix de l’héroïne, la dépense de consommation finale en cannabis a tendance à croître de façon plus régulière. Sa part passe ainsi de 29% de la dépense totale en 1999 à 35% en 2004.

L’impact des drogues de synthèse reste quant à lui tout à fait marginal.

Graphique 7: Dépenses de consommation finale en drogue

Source: RELIS, World Drug Report 2005, Rapports nationaux à l'OEDT, estimations STATEC

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

1999 2000 2001 2002 2003 2004

Mill

ions

EU

R

Cannabis

Ecstasy

Amphétamines

Cocaïne

Héroïne

__________ 1 Voir « 2005 World Drug Report ». Volume 1 page 129. UNODC.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 93

4. L’impact économique des activités illégales liées à la drogue sur le PIB et le RNB du Luxembourg

4.1. L’impact sur le PIB

Comme mentionné dans la présentation méthodologi-que, l’impact sur le PIB sera estimé par la valeur ajoutée créée par les activités illégales liées à la dro-gue. La valeur ajoutée est calculée comme résultat de l’expression suivante :

Valeur ajoutée brute = Consommation finale de drogue - importations de drogue + exportations de drogue - consommations intermédiaires

Nous avons indiqué que les achats de drogue par les non résidents sur le marché luxembourgeois étaient négligeables. En conséquence les exportations sont estimées comme nulles.

De même les consommations intermédiaires des unités résidentes exerçant une activité illégale liée à la dro-gue sont considérées comme nulle. En effet, en l’absence de production domestique de drogue, ces consommations intermédiaires sont des frais de conditionnement et de transport de drogue. Ces mon-tants sont considérés comme négligeables1.

La valeur ajoutée est donc estimée comme la diffé-rence entre la dépense de consommation finale et la valeur des importations. Elle est aussi égale à la marge commerciale réalisée par les trafiquants.

Méthode d’estimation des importations et des marges commerciales

Dans le processus de distribution qui intervient entre l’achat à l’étranger et la vente au consommateur final, certains trafiquants diluent les produits comme l’héroïne et la cocaïne pour augmenter leurs marges.

Ils achètent à l’étranger des produits dont le taux de pu-reté du produit est plus élevé que celui du produit proposé au consommateur final. En conséquence les vo-lumes achetés à l’étranger sont inférieurs à ceux offerts sur le marché domestique. Le taux de pureté est d’autant plus faible que l’on se rapproche du marché de détail.

Ce processus de dilution ne concerne pas le cannabis et l’ecstasy. Il est susceptible de concerner les amphétami-nes, mais nous exclurons cette possibilité compte tenu des faibles volumes offerts sur le marché de détail luxembourgeois : nous considèrerons que ce produit est revendu en l’état sans modification de son conditionne-ment.

Estimation du volume des importations

Le volume des produits importés va donc être égal au volume des produits offerts, corrigé éventuellement du rapport entre les taux de pureté respectifs pratiqués sur le marché de détail luxembourgeois et le marché d’achat du produit importé. Ces taux de pureté peuvent être dif-férents entre les marchés étrangers. Le volume des importations de produit « p » durant l’année « n » en pro-venance du pays « x » (IMPVOLpnx) est donné par la formule suivante :

IMPVOLpnX = OVOLpn * PARTpnx * (TPURLUXpn / TPURIMPpnX)

PARTpnx Part des importations de produit « p » durant l’année « n » en provenance du pays X.

TPURIMPpnX Taux de pureté du produit importé « p » durant l’année « n » sur le marché du pays X.

TPURLUXpn Taux de pureté du produit « p » durant l’année « n » sur le marché luxembourgeois.

Le rapport (TPURLUXpn / TPURIMPpnX) vaut 1 pour le can-nabis, l’ecstasy et les amphétamines.

__________

1 Il est probable que ces dépenses sont déjà incluses dans les comptes nationaux soit au titre des consommations intermédiaires des unités productives, soit

comme consommation finale des ménages.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 94

En tenant compte des deux types d’approvision-nements identifiés (petits dealers et réseau interna-tional de trafiquants), le modèle d’estimation du volume des importations est le suivant :

IMPVOLpn = IMPVOLpnBE + IMPVOLpnNL

avec

IMPVOLpnNL = OVOLpn * ORIGIMPpnNL *[DLRIpn *(TPURLUXpn / TPURIMPGpnNL) + (1 - DLRIpn)*(TPURLUXpn / TPURIMP-DpnNL)] IMPVOLpnBE = OVOLpn * (1 - ORIGIMPpnNL) * (TPURLUXpn / TPURIMPDpnBE)

IMPVOLpn Volume des importations de produit « p » au Luxembourg durant l’année « n »

IMPVOLpnX Volume des importations de produit « p » durant l’année « n » en provenance du pays X (X prenant les valeurs NL et BE).

OVOLpn Volume de l’offre de produit « p » durant l’année « n » sur le marché luxembour-geois.

ORIGIMPpnX Part des importations de produit « p » du-rant l’année « n » en provenance du pays X.

DLRIpn Part des importations de produit « p » en provenance des Pays-Bas durant l’année « n » assurée par des réseaux internatio-naux de trafiquants.

TPURLUXpn Taux de pureté du produit « p » durant l’année « n » sur le marché luxembour-geois.

TPURIMPGpnX Taux de pureté du produit importé « p » durant l’année « n » en provenance du marché de gros du pays X.

TPURIMPDpnX Taux de pureté du produit importé « p » durant l’année « n » en provenance du marché de détail du pays X.

Estimation des importations en valeur

L’estimation des importations en valeur est obtenue par valorisation des importations en volume avec les prix pratiqués sur les marchés où sont achetés les produits importés.

Le modèle complet d’estimation des importations en va-leur est le suivant :

IMPVALpn = IMPVALpnBE + IMPVALpnNL

avec

IMPVALpnNL = OVOLpn * ORIGIMPpnNL *[DLRIpn* (TPURLUXpn / TPURIMPGpnNL)* PGROSpnNL + (1 - DLRIpn) *(TPURLUXpn / TPURIMPDpnNL)* PRUEpnNL]

IMPVALpnBE = OVOLpn *(1 - ORIGIMPpnNL)* (TPURLUXpn / TPURIMPDpnBE)* PRUEpnBE

PRUEpnX Prix moyen rue du produit « p » durant l’année « n » sur le marché de détail du pays X

PGROSpnX Prix de gros moyen du produit « p » du-rant l’année « n » sur le marché de gros du pays X

Estimation des marges commerciales

Les marges portent uniquement sur les produits impor-tés, en l’absence de production. Elles sont calculées par solde entre l’offre en valeur et les importations en valeur.

MARpn = OVALpn - IMPVALpn

Les marges commerciales sont égales à la valeur ajoutée.

Importations en volume et en valeur

Les estimations ont été réalisées avec les hypothèses suivantes1:

90% des produits importés viennent des Pays-Bas, le reste venant de Belgique, sauf pour le cannabis où on considère que la marijuana (80% du total du cannabis) vient des Pays-Bas et le haschisch (20% restant) de Bel-gique.

__________

1 La plupart des ces hypothèses reposent sur les informations collectées lors des interviews réalisées dans le cadre de l’étude.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 95

Tous les produits achetés en Belgique sont achetés sur le marché de détail, compte tenu des faibles quantités concernées.

L’ecstasy, les amphétamines et la marijuana importés des Pays-Bas sont achetés pour moitié sur le marché de détail et pour moitié sur le marché de gros.

La part des achats d’héroïne et de cocaïne effectuée sur le marché de gros des Pays-Bas passe de 50% en 1999-2001 à 75% en 2002 et 100% à partir de 2003.

Comme déjà mentionné, les volumes importés sont égaux aux volumes consommés.

Valeur ajoutée brute et contribution au PIB

La valeur ajoutée créée par les activités illégales liées à chaque type de drogue est égale aux marges com-merciales réalisées sur le trafic du produit. Comme précisé dans la méthode d’estimation retenue, les marges sont calculées par différence entre la valeur des ventes de produit (les dépenses de consommation finale du produit) et la valeur des importations corres-pondantes.

Le tableau de la page suivante récapitule l’impact des activités illégales liées à la drogue sur chacun des

agrégats retenus, par produit. Ses résultats doivent être interprétés avec beaucoup de prudence, compte tenu des marges d’erreurs qui existent sur tous les indicateurs qui ont dû être estimés pour produire ces résultats.

L’impact évalué en % du PIB est assez limité. Il oscille entre 0.15% du PIB en 1999 et 0.07% en 2002 et 2003. Ce chiffre est d’un ordre de grandeur comparable à celui obtenu par les Etats membres de l’Union européenne ayant réalisé une telle estimation.

Entre 1999 et 2003, l’impact sur le PIB s’est réduit pas-sant de 0.15% à 0.07%. Cette diminution de plus de 50% tient pour l’essentiel à une diminution de la contri-bution du trafic d’héroïne. L’année 2004 marque un changement de tendance avec une augmentation de l’impact sur le PIB à 0.10%. Celle-ci est la conséquence de la reprise de la consommation d’héroïne et de la hausse des prix de ce produit.

Les trois drogues principales (héroïne, cocaïne et canna-bis) expliquent chaque année plus de 90% de l’impact sur le PIB. Tout au long de la période sauf en 2002 et 2003, le trafic d’héroïne contribue à lui seul pour plus de 50% de la valeur ajoutée créée. Les contributions abso-lues du cannabis et de la cocaïne sont sensiblement du même ordre de grandeur.

Tableau 4: Évolution des importations de drogue sur la période 1999-2004

Unité 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Héroïne Volume importé Kg 254 236 225 212 199 227Valeur des importations millions EUR 2.9 3.9 4.0 2.7 1.9 2.4

Cocaïne Volume importé Kg 70 66 70 93 93 110Valeur des importations millions EUR 2.0 1.8 1.9 2.6 1.9 2.5

Amphétamines Volume importé Kg 49 43 40 50 53 54Valeur des importations millions EUR 0.6 0.3 0.7 0.8 0.5 0.5

Ecstasy Volume importé 1000 cpr. 90 71 111 117 111 110Valeur des importations millions EUR 0.4 0.3 0.4 0.4 0.4 0.4

Cannabis Volume importé Kg 2 000 2 013 2 017 2 046 2 062 2 085Valeur des importations millions EUR 8.8 9.3 10.0 10.2 9.8 9.9

Valeur des importations totales de drogue millions EUR 14.7 15.7 17.0 16.7 14.6 15.7

Sources: Estimations Statec

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 96

Graphique 8: Évolution de l'impact sur le PIB des activités illégales liées à la drogue

Source: Estimations STATEC

0

5

10

15

20

25

30

35

1999 2000 2001 2002 2003 2004

Mill

ions

EU

R

Cannabis

Ecstasy

Amphétamines

Cocaïne

Héroïne

L’impact des amphétamines et de l’ecstasy est tout à fait marginal.

Le trafic d’héroïne est le trafic de drogue le plus ré-munérateur. La valeur ajoutée créée par ce trafic représente entre 70 et 87% de la dépense de consommation finale selon les années. Deux périodes symétriques se distinguent nettement : entre 1999 et 2001-2002, le taux de rémunération diminue, puis à partir de 2003, il augmente de nouveau pour rejoindre le niveau de 1999 en 2004.

La cocaïne suit une évolution tout à fait similaire et at-teint en 2004 un niveau de rémunération identique à l’héroïne. Ces évolutions ne sont sans doute pas étrangè-res à la prise de contrôle progressif du trafic sur de ces deux produits par une organisation criminelle internatio-nale à partir de l’année 2002.

En comparaison, le trafic de cannabis est beaucoup moins rémunérateur : la part de la valeur ajoutée dans la dépense de consommation finale est assez stable, de l’ordre de 30%.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 97

Tableau 5: Impact sur le PIB et les principaux agrégats des activités illégales liées à la drogue 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Héroïne P11. Production marchande 19.9 13.7 11.8 7.9 6.0 16.2P71. Importations 2.9 3.9 4.0 2.7 1.9 2.4P31. Consomation finale 22.8 17.5 15.8 10.6 8.0 18.6P61. Exportations 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0P2. Consommations intermédiaires 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0B1. Valeur ajoutée brute 19.9 13.7 11.8 7.9 6.0 16.2

Cocaïne P11. Production marchande 4.4 4.1 3.5 2.0 3.4 5.2P71. Importations 2.0 1.8 1.9 2.6 1.9 2.5P31. Consomation finale 6.3 5.9 5.4 4.6 5.3 7.7P61. Exportations 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0P2. Consommations intermédiaires 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0B1. Valeur ajoutée brute 4.4 4.1 3.5 2.0 3.4 5.2

Amphétamines P11. Production marchande 0.6 0.3 0.7 0.8 0.5 0.5P71. Importations 0.3 0.2 0.4 0.4 0.3 0.3P31. Consomation finale 0.9 0.5 1.0 1.3 0.8 0.8P61. Exportations 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0P2. Consommations intermédiaires 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0B1. Valeur ajoutée brute 0.6 0.3 0.7 0.8 0.5 0.5

Ecstasy P11. Production marchande 0.7 0.4 0.6 0.4 0.7 0.7P71. Importations 0.4 0.3 0.4 0.4 0.4 0.4P31. Consomation finale 1.1 0.8 1.0 0.8 1.1 1.1P61. Exportations 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0P2. Consommations intermédiaires 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0B1. Valeur ajoutée brute 0.7 0.4 0.6 0.4 0.7 0.7

Cannabis P11. Production marchande 4.1 3.2 4.3 5.2 6.9 5.3P71. Importations 8.8 9.3 10.0 10.2 9.8 9.9P31. Consomation finale 12.9 12.5 14.3 15.3 16.7 15.2P61. Exportations 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0P2. Consommations intermédiaires 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0B1. Valeur ajoutée brute 4.1 3.2 4.3 5.2 6.9 5.3

Ensemble des produitsP11. Production marchande 29.7 21.7 20.9 16.4 17.5 28.0P71. Importations 14.4 15.5 16.7 16.3 14.4 15.5P31. Consomation finale 44.1 37.2 37.5 32.7 31.9 43.5P61. Exportations 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0P2. Consommations intermédiaires 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

Valeur ajoutée provenant des activités illégales liées à la drogue 29.7 21.7 20.9 16.4 17.5 28.0PIB du Luxembourg 19 887 22 001 22 572 24 028 25 684 27 056Contribution de la drogue au PIB 0.15% 0.10% 0.09% 0.07% 0.07% 0.10%

Sources: Estimations Statec

Unité: millions EUR

4.2. L’impact sur le RNB

Pour calculer l’impact sur le RNB, plusieurs hypothèses ont été faites concernant les échanges de revenu entre les résidents luxembourgeois et le reste du monde.

Tout d’abord on a considéré que les résidents ne perce-vaient pas en provenance de l’étranger de revenus tirés des activités illégales liées à la drogue. De tels revenus sont très difficiles à identifier et estimer. Dans l’hypothèse où certains résidents percevraient de tels revenus, il y a tout lieu de croire que ces revenus sont déjà enregistrés dans le RNB, dans le cadre des transferts de revenus provenant d’activités légales.

Par contre on a supposé qu’une partie des revenus tirés du trafic de drogues était redistribuée à des non rési-

dents : on fait l’hypothèse que 50% des revenus des trafi-quants d’héroïne, de cocaïne et de cannabis effectuant des achats sur les marchés de gros des Pays-Bas sont transférés à l’étrangers. Il s’agit des revenus des gros trafiquants. Par contre, tous les revenus tirés du trafic des amphétamines et de l’ecstasy sont conservés par les résidents, compte tenu de la très petite taille de ce trafic.

L’impact évalué en % du RNB est assez limité. Il oscille en-tre 0.13% du RNB en 1999 et 0.05% en 2002 et 2003. La contribution au RNB par habitant des activités illégales liées à la drogue est de 36 EUR en 2004.

Les observations faites concernant la structure par produit de la contribution au PIB sont identiques pour la contribu-tion de chaque produit au RNB.

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 98

Graphique 9: Contribution absolue au RNB de chaque produit

Source: Estimations STATEC

0

2

4

6

8

10

12

14

16

1999 2000 2001 2002 2003 2004

Mill

ions

EU

R

Héroïne

Cocaïne

Amphétamines

Ecstasy

Cannabis

Tableau 6: Impact sur le RNB des activités illégales liées à la drogue 1999 2000 2001 2002 2003 2004

Héroïne B1. Valeur ajoutée brute 19.9 13.7 11.8 7.9 6.0 16.2Revenus versés à des non-résidents par des résidents 4.7 3.4 3.1 2.7 2.8 7.4Revenus versés à des résidents par des non-résidents 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0Contribution au RNB 15.2 10.3 8.7 5.2 3.3 8.9

Cocaïne B1. Valeur ajoutée brute 4.4 4.1 3.5 2.0 3.4 5.2Revenus versés à des non-résidents par des résidents 1.1 1.0 0.9 0.8 1.6 2.6Revenus versés à des résidents par des non-résidents 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0Contribution au RNB 3.3 3.1 2.7 1.2 1.8 2.6

Amphétamines B1. Valeur ajoutée brute 0.6 0.3 0.7 0.8 0.5 0.5Revenus versés à des non-résidents par des résidents 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0Revenus versés à des résidents par des non-résidents 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0Contribution au RNB 0.6 0.3 0.7 0.8 0.5 0.5

Ecstasy B1. Valeur ajoutée brute 0.7 0.4 0.6 0.4 0.7 0.7Revenus versés à des non-résidents par des résidents 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0Revenus versés à des résidents par des non-résidents 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0Contribution au RNB 0.7 0.4 0.6 0.4 0.7 0.7

Cannabis B1. Valeur ajoutée brute 4.1 3.2 4.3 5.2 6.9 5.3Revenus versés à des non-résidents par des résidents 1.6 1.3 1.7 1.8 2.1 1.8Revenus versés à des résidents par des non-résidents 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0Contribution au RNB 2.6 1.9 2.6 3.4 4.8 3.5

Ensemble des produitsB1. Valeur ajoutée brute 29.7 21.7 20.9 16.4 17.5 28.0Revenus versés à des non-résidents par des résidents 7.3 5.7 5.6 5.3 6.5 11.7Revenus versés à des résidents par des non-résidents 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0

22.4 16.1 15.3 11.1 11.1 16.2

RNB du Luxembourg 17 868 19 170 20 050 20 754 20 831 23 272

Contribution de la drogue au RNB 0.13% 0.08% 0.08% 0.05% 0.05% 0.07%

Sources: Estimations Statec

Contribution au RNB provenant des activités illégales liées à la drogue

Unité: millions EUR

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Les activités illégales liées à la drogue

Bulletin du Statec n° 2-06 99

Conclusions Le SEC95 et les recommandations de la Commission européenne définissent un cadre rigoureux pour esti-mer l’impact sur le PIB et le RNB de l’inclusion dans ces agrégats des activités illégales liées à la drogue.

Le Luxembourg dispose pour cet exercice de données statistiques de bonne qualité sur les usages probléma-tiques des principales drogues. Mais les données permettant d’avoir une bonne appréhension de la consommation de drogue par les utilisateurs occa-sionnels sont insuffisantes du fait de l’absence d’enquête régulière en population générale couvrant ce thème.

La position économique et géographique du Luxem-bourg rend impossible une extrapolation des données statistiques sur les saisies, dans la perspective d’une confrontation entre offre et demande de drogue sur le marché Luxembourgeois. Aussi l’estimation de la consommation de drogue constitue le socle servant de base aux données produites durant cette étude.

Grâce aux informations recueillies auprès des experts du domaine, il a été possible de poser des hypothèses réalistes concernant l’approvisionnement du marché luxembourgeois de la drogue. Néanmoins les résultats produits restent fragiles et doivent être interprétés comme des ordres de grandeur.

Les résultats de cette étude situent l’impact des acti-vités illégales liées à la drogue pour 2004 à 0.10% du PIB et à 0.07% du RNB. Cet impact est donc limité, mais se situe dans des ordres de grandeur assez voi-sins de ceux observés dans les pays de l’Union européenne ayant réalisé une telle estimation.

Trois produits ont un impact majeur : l’héroïne, la co-caïne et le cannabis qui représentent ensemble plus de 90% de l’impact mesuré. Mais les niveaux observés durant la période 1999-2004 varient rapidement en fonction de l’évolution de la consommation et du tra-fic de la seule héroïne qui reste le produit ayant l’impact économique majeur dans ce domaine.