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Bouddhisme Pour Les Nuls (French Edition), Le - Bodian, Stephan & LANDRAW, Jonathan

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  • Le Bouddhisme pour les Nuls

    Titre de ldition amricaine : Buddhism for Dummies

    Publi par

  • Wiley Publishing, Inc.

    111 River Street

    Hoboken, NJ 07030 5774

    USA

    Copyright 2003 Wiley Publishing, Inc.

    Pour les Nuls est une marque dpose de Wiley Publishing, Inc.

    For Dummies est une marque dpose de Wiley Publishing, Inc.

    ditions First-Grnd, 2007 pour ldition franaise. Publie en accord avec Wiley

    Publishing, Inc.

    Cette uvre est protge par le droit dauteur et strictement rserve lusage priv du client. Toute reproduction ou diffusion auprofit de tiers, titre gratuit ou onreux, de tout ou partie de cette uvre, est strictement interdite et constitue une contrefaon prvuepar les articles L 335-2 et suivants du Code de la Proprit Intellectuelle. Lditeur se rserve le droit de poursuivre toute atteinte ses droits de proprit intellectuelle devant les juridictions civiles ou pnales.

    ISBN numrique : 9782754042758

    Dpt lgal : 1 trimestre 2007

    Traduction : Jean-Luc Rostan

    Production : Emmanuelle Clment

    Mise en page : Catherine Kdmos

    ditions First-Grnd

    60, rue Mazarine

    75006 Paris France

    e-mail : [email protected]

    Site internet : www.pourlesnuls.fr

    Bouddhisme Pour les NulsSommaire

    Page de titre

  • Page de Copyright

    Les auteurs

    Ddicaces

    Remerciements des auteurs

    Introduction

    Pourquoi ce livre ?

    Les conventions adoptes dans ce livre

    Avertissement de lditeur et du traducteur

    Le plan de ce livre

    Premire partie : Introduction au bouddhisme

    Deuxime partie : Le bouddhisme, de ses origines nos jours

    Troisime partie : Le bouddhisme dans la pratique

    Quatrime partie : Sur le sentier du bouddhisme

    Cinquime partie : Dix ides fausses sur le bouddhisme et dix suggestions pour vous aider auquotidien

    Glossaire de termes techniques du bouddhisme

    Les icnes de ce livre

    Et maintenant, comment procder ?

    Premire partie - Introduction au bouddhisme

    Chapitre 1 - Quest-ce que le bouddhisme ?

    Le bouddhisme est-il une religion ?

    Ralisez bien le rle que joue le Bouddha, lveill

    Comprenez la philosophie du bouddhisme

    Comprenez ce quest la pratique du bouddhisme

    Il sagit de vivre une vie thique,

    dexaminer sa propre vie grce la mditation,

    et dexprimer sa dvotion

    Enfin, consacrez votre vie au bien de tous les tres

    Chapitre 2 - Comprenez comment fonctionne votre esprit, car cest lui qui cre tout votre vcu !

  • Rendez-vous dabord compte que cest votre esprit qui faonne votre vie

    Comprenez linteraction corps-esprit et le rle de lesprit

    Lesprit considr sous trois perspectives bouddhiques diffrentes

    Reprez certains modes de fonctionnement de votre esprit

    Les six formes de la conscience

    Ayez lesprit que divers facteurs affectent la conscience mentale

    Ttez le terrain la recherche de vos motions

    Prenez conscience de la puret fondamentale de votre mental

    Rendez-vous compte de vos illusions, qui sont par nature sans fondement,

    et trouvez le soleil derrire les nuages

    Le sentier de la sagesse et de la compassion

    La sagesse vous permet de lever le voile des ides fausses,

    alors que par la compassion, vous ouvrez votre cur aux autres

    Deuxime partie - Le bouddhisme, de ses origines nos jours

    Chapitre 3 - La vie et lenseignement du Bouddha historique

    Le dbut de la vie du Bouddha

    Une naissance sous dheureux auspices

    Un pre un tantinet protecteur

    Lorsque le prince se marie, il se retrouve dans une prison dore

    Les quatre rencontres de Siddharta lui rvlent des vrits bouleversantes

    Le dbut de la qute de Siddharta

    Il renonce la vie royale

    et simpose six ans de sacrifices, pour aller aux extrmes

    Finalement, lombre du vieil arbre-Bodhi, il triomphe de Mara

    Faire le bien autrui, ctait la vocation du Bouddha

    Le Bouddha a fait tourner la roue du Dharma en dispensant son enseignement spirituel

    Il fonda le Sangha, la communaut spirituelle bouddhiste

    Le message final du Bouddha

    La vision de lavenir

  • La venue de Maitreya

    Le dclin du monde, puis lespoir

    Comprenez les Quatre Nobles Vrits

    La vrit de la souffrance

    La vrit de la cause de la souffrance

    La vrit de la cessation de la souffrance

    La vrit du sentier

    Chapitre 4 - Le dveloppement du bouddhisme en Inde

    La convocation du premier concile bouddhique

    La convocation du concile

    La division de lenseignement en trois corbeilles

    La diffusion de lenseignement du Bouddha sest faite pacifiquement

    La scission de la communaut bouddhique

    La runion du second concile

    Les enseignements ont volu de diffrentes manires

    Le grand empereur Ashoka fit du bouddhisme la religion du peuple

    Ashoka se transforma dabord lui-mme radicalement ; ainsi, il joua un rle dcisif danslexpansion du bouddhisme en Inde,

    et il fut aussi le promoteur de sa diffusion au-del de lInde

    Il y avait deux niveaux de pratique dans le bouddhisme des dbuts : moines et nonnes dune part, etlacs de lautre

    Le phnomne du transfert du soutien des fidles et lmergence de nouveaux idaux

    Certains lacs dlaissent le Sangha et font leurs offrandes aux stupas

    Le Grand Vhicule, ou bouddhisme mahayana

    Chronique de lmergence des enseignements du Mahayana

    Le Sutra du Lotus blanc de la Loi merveilleuse

    Le Sutra de Vimalakirti

    Les Sutras de la Perfection de la Sagesse

    Le Sutra de Lankavatara

    Le Gandavyuha

    Les Sutras de la Batitude suprme et de la Terre Pure

  • Les Sutras de la Batitude suprme et de la Terre Pure

    Les principaux thmes du Mahayana

    La diffusion du bouddhisme au-del de lInde

    Chapitre 5 - La diffusion et lvolution du bouddhisme jusqu nos jours

    Les itinraires de lexpansion des deux traditions du bouddhisme en Asie

    La diffusion du Theravada, travers lAsie du Sud-Est, puis vers lOccident

    Le Theravada prend racine en Thalande

    La mditation vipassana gagne de la popularit en Occident

    Le Grand Vhicule voyagea en Chine et au-del

    Lvolution du Mahayana en Chine

    Les grands systmes unificateurs du Huayen (Guirlande de fleurs) et du Tientai (Lotusblanc)

    Le Jingtu (Terre Pure) et dautres coles dvotionnelles

    Le Zen senracine en Extrme-Orient, puis en Occident

    Sur les traces du Vhicule de Diamant , du Tibet en Occident

    Troisime partie - Le bouddhisme dans la pratique

    Chapitre 6 - Comment devenir bouddhiste ?

    votre rythme !

    Assumez la responsabilit de votre propre vie

    Comment choisir votre niveau dengagement ?

    Familiarisez-vous avec la Loi bouddhique (Dharma )

    Lisez des livres sur le Dharma

    Choisissez une tradition

    Recevez des instructions pour la pratique de la mditation

    laborez et mettez en place votre propre pratique de la mditation

    Comment trouver un instructeur ?

    Comment devenir officiellement bouddhiste ?

    Il faut bien comprendre limportance du renoncement

    La prise de refuge dans les Trois Joyaux

    La rception des prceptes

  • Dautres niveaux de pratique en tant que lac

    Comment devenir un moine ou une nonne bouddhiste ?

    Le renoncement au monde

    Lordination en tant que moine ou nonne

    Consacrer entirement sa vie au Dharma

    Chapitre 7 - La mditation, cest la pratique centrale du bouddhisme

    Dmystifions la mditation

    Une dfinition de la mditation

    tudions les bienfaits de la mditation

    Rendez-vous compte que vous tes conditionn

    Un changement dattitude

    Au lieu de vous remuer, ne bougez pas, restez tout simplement assis !

    Prenez conscience de votre vie

    Comprenez la nature triple de la mditation bouddhique

    Ltablissement de lattention

    Lapprofondissement de la concentration

    Lacquisition de la facult de vision profonde

    Cultivez les trois sagesses afin dtablir la vision profonde

    Cultivez la sagesse en tant lcoute des enseignements

    Cultivez la sagesse en rflchissant ce que vous avez appris

    Cultivez la sagesse en mditant sur ce que vous avez compris

    Quatrime partie - Sur le sentier du bouddhisme

    Chapitre 8 - Lveil, quest-ce que cest ?

    Les nombreux aspects de la ralisation spirituelle

    Le nirvana du Theravada

    Dfinition du nirvana

    Les quatre tapes sur le sentier qui mne au nirvana

    Lmergence de deux grandes traditions de sagesse

  • La prise de conscience de la puret essentielle de lesprit dans le Vajrayana

    Une approche directe de la ralisation

    Comprenez ce quest lveil complet dun bouddha

    Le Zen procde de manire inverse celle du Theravada

    La transmission directe de matre disciple

    Les dix tableaux du dressage du buf

    Les points communs de lveil vus par les diverses traditions bouddhistes

    Chapitre 9 - Une question de vie ou de mort

    La mort vous concerne personnellement

    Prenez conscience du fait que votre vie est une rare et prcieuse occasion

    Regardez la ralit en face avec la mditation sur la mort en neuf tapes

    Comprenez dabord que votre mort est inluctable

    Soyez aussi conscient du fait que le moment de votre mort est incertain

    Servez-vous de la certitude de votre mort comme dun alli spirituel

    Engrangez les fruits de votre pratique de la mditation sur la mort

    Quelques attitudes bouddhistes face la mort

    Pour le Theravada, la mort nest que la frontire entre la fin dune vie et le commencementde la suivante

    Pour le Vajrayana, il sagit de transformer lexprience de la mort mme en sentier verslveil

    Pour le Zen, il faut mourir de la grande mort avant de vraiment mourir

    Comment faire face au dcs dun proche ?

    Chapitre 10 - La loi du karma

    Prenez conscience de la loi karmique

    Le vcu des consquences du karma

    En attendant dtre vous-mme veill, vous pouvez suivre les conseils du Bouddha

    Les prceptes bouddhistes

    Lorganisation de ces prceptes suivant trois portes

    Un regard approfondi sur les dix actions non vertueuses

    Comment remdier aux transgressions ?

    Les moyens de racheter ses erreurs

  • Les moyens de purification du karma ngatif

    Chapitre 11 - Ralisez votre potentiel suprme !

    Souhaitez le bonheur de tout le monde !

    Un cur rempli de compassion envers autrui

    a reste en famille

    Ralisez enfin ce que tous les tres dsirent, sans exception

    Devenez vous-mme un tre dveil, un enfant du Bouddha

    Cultivez les Quatre tats Sublimes

    La bont

    La compassion

    La joie cause par le bonheur des autres

    Crez la srnit dans votre esprit

    Cultivez les six perfections du bodhisattva

    La gnrosit sincre

    Lautodiscipline

    La patience

    Leffort enthousiaste

    La concentration affte

    La vision profonde, ou perfection suprme

    Cinquime partie - La partie des Dix

    Chapitre 12 - Dix ides courantes et errones sur le bouddhisme

    Le bouddhisme nest que pour les Asiatiques

    Pour les bouddhistes, le Bouddha, cest Dieu

    Les bouddhistes sont des adorateurs didoles

    Comme les bouddhistes pensent que la vie, cest la souffrance, ils attendent la mort avec impatience

    Les bouddhistes pensent que tout nest quillusion

    Les bouddhistes ne croient en rien

    Les bouddhistes adorent contempler leur nombril

    Les bouddhistes ne se mettent jamais en colre

    Les bouddhistes sont fatalistes

  • Les bouddhistes ne savent pas compter

    Chapitre 13 - Dix suggestions inspires du bouddhisme pour vous aider au quotidien

    Posez les principes essentiels

    et mettez-les en pratique !

    Ne placez pas la barre trop haut

    Acceptez le changement avec lgance

    Analysez soigneusement ce qui vous irrite

    Prtendez que vous tes dj un bouddha

    Regardez votre voiture rouiller

    Comprenez que ce qui vous appartient nest pas rellement vous

    Ayez un peu de compassion pour un voleur

    Servez-vous de votre propre douleur pour prouver davantage de compassion et vousrelier aux autres

    Cessez vos projections

    Comment bien traiter les locataires gnants ?

    Glossaire de termes techniques du bouddhisme

    Remarques concernant les mots dorigine trangre

    Glossaire

    Index

    Les auteursJonathan Landaw est n en 1944 Paterson, dans le New Jersey, aux tats-Unis. Lors de ses tudes auDartmouth College du New Hampshire, il a suivi les cours de lune des sommits dalors sur la pensechinoise, le professeur Wing-tsit-Chan. Cest ce cours qui a pour la premire fois expos Jon la penseorientale et qui a veill en lui son intrt pour le bouddhisme, qui ne sest jamais dmenti depuis. Cet intrtfut mis entre parenthses durant ses tudes de littrature anglaise lUniversit de Berkeley, en Californie,puis durant son engagement chez Peace Corps, une organisation amricaine de coopration avec les paysen dveloppement. Il enseigna alors langlais en Iran pendant trois ans. Peu aprs, il se retrouva nouveauoutre-mer, cette fois-ci en Inde et au Npal, o il vcut durant presque toutes les annes 1970. Cest l quilrencontra pour la premire fois la tradition vivante du bouddhisme telle quelle avait t prserve par lacommunaut des rfugis qui venait de fuir devant loppression mene par le rgime chinois au Tibet. Cettetradition linspira. Ds 1972, Jon tudiait le bouddhisme temps complet et travaillait comme directeur despublications en anglais du bureau de traduction de Sa Saintet le dala-lama, la Bibliothque des uvres etarchives tibtaines de Dharamsala, en Inde. Bien quil ait aussi t form dautres traditions bouddhiquesdurant cette poque, la majorit de ses tudes et de sa pratique du bouddhisme a t effectue sous ladirection de lamas tibtains, notamment du geshe Ngawang Dhargyey (1925 1995), du lama Thubten Yeshe(1935 1984), et du lama Zopa Rinpoch. En 1977, Jon rentre en Occident. Depuis, il a quand mme russi sjourner occasionnellement en Inde et au Npal. Install successivement au Royaume-Uni, aux Pays-Bas etmaintenant aux tats-Unis, il poursuit ses tudes et son travail en tant quditeur de livres bouddhistes. Il aaussi publi des livres quil a lui-mme crits, comme Le Prince Siddharta, lhistoire du Bouddha raconte enladaptant aux enfants, dit par Dharma France. En outre, il dirige des cours de mditation dans des centresbouddhiques du monde entier depuis plus de vingt-cinq ans. Il vit aujourdhui Capitola, en Californie, avecson pouse et leurs trois enfants.

  • Stephan Bodian a commenc la pratique de la mditation zen en 1969. Il a reu lordination de moine en1974, aprs avoir tudi le bouddhisme et dautres religions orientales la Columbia University. Il eut lachance extraordinaire de pratiquer le Zen sous la direction de plusieurs matres, dont le roshi Shunryu Suzuki,le roshi Kobun Chino et le roshi Taizan Maezumi. En 1982, aprs voir t pendant un temps suprieur etdirecteur de la formation au Zen Center de Los Angeles, il abandonna la vie monastique pour tudier lapsychologie. Peu aprs, il se maria et participa lducation de ses enfants.

    Durant cette priode, il poursuivit sa pratique spirituelle, en tudiant auprs de plusieurs instructeurs tibtains,y compris Sogyal Rinpoch et Namkhai Norbu Rinpoch. En 1988, il rencontra son gourou, Jean Klein, unmatre de lAdvaita Vedanta et du yoga cachemirien, avec qui il passa dix ans explorer la nature de la vrit.

    Stephan acheva finalement sa formation au Zen et reut la transmission du Dharma (cest--dire lautorisationdenseigner) de son instructeur, Adyashanti, dans une ligne du Zen qui remonte jusquau Bouddha historique.

    Auteur de plusieurs livres, comme de La Mditation pour les Nuls, et de nombreux articles parus dans desmagazines spcialiss, Stephan a en outre t rdacteur en chef du magazine Yoga Journal pendant dix ans.Il travaille aujourdhui en tant que psychothrapeute, coach personnel, diteur consultant et conseiller spirituel.Il propose des formations acclres et conduit des retraites qui ont pour but lveil spirituel. Vous pouvez lecontacter sur le site www.meditationsource.com

    Ddicaces ma mre, Ida M. Landaw, pour son amour et son soutien sans limite. Et la mmoire de mon pre, LouisLandaw, ainsi qu celle de mon ami spirituel bien-aim le lama Thubten Yeshe.

    Jon Landaw

    mes instructeurs, avec une infinie gratitude ; et lveil de tous les tres, partout dans le monde.

    Stephan Bodian

    Remerciements des auteursMme si je le voulais, je serais bien incapable de nommer toutes les personnes qui ont particip laralisation de cet ouvrage. Mais il faut pourtant bien que je remercie plusieurs personnes. Dabord, moncoauteur, Stephan Bodian, dont lexpertise et le jugement ont permis de donner ce livre un quilibre et unelargeur de vue quil naurait jamais eus sans lui.

    Je souhaite galement remercier Carol Susan Roth, mon agent littraire, ainsi que Tracy Boggier, desditions Wiley Publishing, pour avoir supervis la production de cet ouvrage, et notre rdacteur rviseur MikeBaker, pour ses suggestions utiles. Et notre coordinatrice de projet, Allyson Grove, je dois davantage deremerciements que je ne pourrais jamais exprimer aisment.

    Jadresse aussi mes remerciements Andy Weber pour ses superbes dessins, et Dolma Beresford, de lasocit Nomad Pictures, qui nous a fourni plusieurs photographies. En outre, jaimerais exprimer ma gratitudeenvers les personnes suivantes : T. Yeshe, une ancienne nonne bouddhiste qui a t de nombreuses annesassocie la Fondation pour la conservation de la tradition mahayana ; Katherine Thanas, abbesse duCentre zen de Santa Cruz ; Bob Stahl, ancien moine theravada et aujourdhui conseiller en rduction du stressbase sur lattention lhpital El Camino et la clinique de Santa Cruz, pour sa lecture du manuscrit et sessuggestions le concernant ; le vnrable Ahahn Amaro et Richard Kollmar pour leurs contributions opportunes.

    Jaimerais galement exprimer ma gratitude aux personnes suivantes pour leur aide inestimable, elles monten effet fourni un ordinateur et lassistance ncessaire pour lutiliser correctement : Susan Marfield, VictoriaClark, Yorgos Hadzis, Sharon Gross, Dennis Wilson et Elizabeth Hull.

    Je souhaite aussi mentionner Kevin Zhu et ses assistants de lInstitut Five Branches de Santa Cruz, mon amieproche Karuna Cayton pour son aide lors de passages particulirement difficiles, et George et BetsyCameron, dont la gnrosit est pour moi une source constante dmerveillement. Et tous les matres quimont guid sur le chemin spirituel, je ne puis que prsenter cet ouvrage dans lespoir quil reflte une petiteportion de la vision profonde et de la compassion dont ils ont toujours fait preuve. Pour finir, Truus Philipsen,et nos enfants, Lisa, Anna et Kevin : merci dtre dans ma vie.

    Jon Landaw

    Toute la connaissance de la sagesse bouddhique que japporte ce livre peut tre attribue la grce de

  • mes matres bien-aims et au soutien de mes prcieux amis et collgues. En particulier, jaimerais remerciermon premier matre de Zen, Kobun Chino Otogawa, qui ma familiaris aux profondeurs du Dharma et a joule rle de mentor spirituel et de frre an durant les annes de ma formation de pratiquant ; mon gourou, JeanKlein, qui personnifiait lenseignement des grands matres de Zen et a dclench le premier veil ; etAdayshanti, frre de Dharma, ami intime, en prsence duquel la vrit a fini par sembraser.

    un niveau quotidien, mes prcieux amis sont une source constante dencouragement, et surtout ceux demon groupe du jeudi : mes vieux amis Katie Darling, Barbara Green, John Welwook et Roy Wiskar ; et surtoutmon pouse, Lis, dont lamour et le soutien constant tous les niveaux ont permis ce livre dexister. Mesremerciements du fond du cur chacun dentre vous !

    Je souhaite galement remercier le rvrend David Matsumoto, le vnrable Ajahn Amaro et Dechen Bartsopour avoir pris le temps de rpondre mes questions dtailles sur la pratique bouddhique, et remerciergalement le vnrable Ajahn Munindo, le rvrend Bill Eijun Eidson, Rosalie Curtis et Liza Mattews pour nousavoir fourni des images inestimables destines llaboration de ce livre.

    Stephan Bodian

    IntroductionLe bouddhisme est bien plus connu dans le monde aujourdhui quil ne ltait il y a trente ans, lorsque nousnous y sommes intresss pour la premire fois. On trouve des dizaines de livres sur le sujet en librairie, et ilexiste plusieurs centaines de centres bouddhiques en Amrique du Nord comme en France o lon peutsinformer sur le bouddhisme directement auprs dadeptes de ses diverses traditions. Le bouddhismesemble mme sinfiltrer dans la culture plus gnrale ; on en entend couramment des rfrencesoccasionnelles au cinma et la tlvision.

    Mais mme avec cette reconnaissance accrue, nous nous demandons encore dans quelle mesure le grandpublic connat et comprend vraiment le bouddhisme. Malgr le nombre de livres sur le sujet, noussouponnons que, hormis ceux qui se sont srieusement penchs sur le sujet, la plupart des gens nont encorequune vague ide de tout ce quest le bouddhisme.

    Pourquoi ce livre ?Donc, que faire, si vous voulez comprendre davantage le bouddhisme en gnral, mais que les livres quevous avez consults jusqu prsent traitent un sujet trop troit, en ne couvrant par exemple quune cole, unaspect ou une pratique spcifique, et que vous ntes pas encore mr pour vous inscrire un cours de votrecentre bouddhique du quartier (en admettant que vous en ayez un) ? Eh bien justement, le livre que vous tenezen main en ce moment pourrait bien tre ce que vous recherchez.

    Dans ce livre, nous essayons de traiter les principaux thmes et courants du bouddhisme sans voussubmerger par trop de jargon technique. (Aux endroits o nous employons des termes techniques, nous lesexpliquons de faon aussi claire et succincte que possible, et nous vous proposons aussi en fin douvrage unglossaire que vous pouvez consulter pour vous rafrachir la mmoire si ncessaire.) Comme nous croyons quele Bouddha voulait que son enseignement soit considr comme un ensemble de conseils pratiques desconseils qui sont aussi pertinents pour les hommes et les femmes daujourdhui quils ltaient il y a 2 500 anslorsquil les prodigua pour la premire fois , nous avons essay dviter une approche purement thoriquepour en privilgier une qui vous montrera comment appliquer sa vision profonde de la ralit votre propre viequotidienne.

    Les conventions adoptes dans ce livrePour les dates, nous employons les abrviations av. J.-C. et ap. J.-C. pour dsigner respectivementdes dates avant et aprs Jsus-Christ. Ne soyez pas tonn si les dates qui figurent dans ce livre diffrent unpeu de celles que lon trouve dans dautres livres sur le bouddhisme. Les historiens sont en dsaccord surquelques-unes de ces dates, et nous avons donc tout simplement adopt celles qui nous semblent les plusraisonnables.

    En outre, dans tout ce livre, nous citons (pas trop souvent nous lesprons) des termes techniquesbouddhiques et les noms de personnes de deux anciennes langues indiennes, le pali et le sanskrit (qui sontles langues des critures bouddhiques les plus anciennes), et de quelques autres langues asiatiques commele chinois, le japonais et le tibtain. Chaque fois que cest possible, nous avons simplifi lorthographe de cesmots pour reflter leur prononciation approximative en omettant la plupart des signes que les rudits de ceslangues utilisent habituellement lorsquils les crivent en se servant de lalphabet latin. (Voir ce sujet les Remarques concernant les mots dorigine trangre qui prcdent le glossaire en fin douvrage.)

    Dans le mme souci de clart et de simplification, nous avons en outre dcid, pour dsigner les noms et lesadjectifs des grandes traditions bouddhiques, dcrire le nom de la tradition avec une majuscule (ex. : le Zen),et avec une minuscule ladjectif correspondant (zen). Comme zen est un adjectif invariable, nous avonschoisi dtendre cette rgle aux adjectifs des autres traditions. Le Theravada dsignera donc la tradition des

  • nonnes theravada, le Mahayana dsignera le bouddhisme mahayana, etc.

    Si des rudits lisent ce livre, ils ne devraient avoir aucun problme identifier ces termes mme sans lessignes de la graphie savante ; pour toutes les autres personnes, nous pensons que la prsentation simplifieest plus claire et plus conviviale.

    Avertissement de lditeur et du traducteur

    Deux termes qui reviennent assez souvent dans ce livre ont une rputation sulfureuse en France et en Europeen gnral : gourou et secte.

    On pourrait essayer de rsumer les connotations ngatives de ces mots par une phrase du genre : Ungourou, cest un charlatan manipulateur aux allures de saintet qui dirige une secte dillumins pour lesdtrousser, les exploiter et se taper les minettes paumes, quand ce nest pas carrment un ensorceleur trsdangereux, une sorte de joueur de flte de Hamelin.

    Sans nier le moins du monde les divers vnements, phnomnes et comportements lorigine desacceptions ngatives de ces deux mots, et en encourageant vivement le lecteur toujours faire usage de sonbon sens, il nous faut prciser ici le sens de ces deux termes tels que nous les employons dans ce livre.

    Un gourou digne de ce nom est un vritable guide spirituel. Cest, bien sr, de ce type-l de gourou dont nousparlons dans le prsent livre. Mais alors direz-vous, comment faire la distinction ? Il appartient chacun detrouver une rponse personnelle cela. En tout cas, nous pouvons encourager lobservation et lusage du bonsens. (Voir ce sujet lencadr Le gourou observ de prs ! du chapitre 6.)

    Une secte est, dans le contexte du bouddhisme, simplement un terme technique qui dsigne, selon lapremire dfinition du Petit Robert, un groupe organis de personnes qui ont la mme doctrine au seindune religion . Cest dans ce sens que nous employons ce mot dans le prsent ouvrage. La seule exception cette rgle est signale sans ambigut au chapitre 5.

    Le plan de ce livreLe bouddhisme est un immense sujet. Non seulement le Bouddha fut trs prolifique et son enseignementpropre reprsente plus de cent livres en traduction, mais toute une succession de commentateurs brillants enInde et dans dautres pays y ajoutrent de surcrot leurs propres ides et interprtations. Ce phnomneengendra un vaste corpus dcritures et conduisit au dveloppement de diffrentes coles et traditionsbouddhiques. En outre, tandis que le bouddhisme se propageait de pays en pays, il prenait diffrents parfums . Le bouddhisme du Japon, par exemple, est diffrent de celui de Thalande, et lon trouvedailleurs plusieurs formes distinctes de pratiques bouddhiques au Japon mme.

    Dans un ouvrage comme celui-ci, il nest pas possible de faire honneur tous ces aspects varis de lapense et de la pratique bouddhiques. Au lieu de cela, nous associons un survol gnral des diffrentestraditions et coles une discussion plus approfondie des thmes les plus importants, ceux qui caractrisentle bouddhisme dans son ensemble.

    Pour rendre notre prsentation aussi claire et utile que possible, nous avons regroup les sujets dans lesparties ci-aprs, qui couvrent chacune un grand thme.

    Premire partie : Introduction au bouddhisme

    Nous commenons par un survol du bouddhisme dans son ensemble, en montrant comment on peut leconsidrer comme une religion, une philosophe de la vie, et une approche pratique pour traiter les problmesde la vie en bref, comme une sorte de formule trois en un . Ensuite, tant donn que lesprit, ou mental,joue un rle si central dans le bouddhisme, nous allons examiner comment celui-ci cre la fois le bonheur etla souffrance, et comment la pratique de la sagesse et de la compassion, qui sont dune importance capitalepour les bouddhistes, peut vous mettre en relation avec vos propres ressources spirituelles intrieures.

    Deuxime partie : Le bouddhisme, de ses origines nos jours

    Lhistoire nest pas un sujet ennuyeux, loin de l, surtout lorsquelle traite de la vie et des hauts faits depersonnages extraordinaires. Dans cette partie, nous allons tudier lhistoire du bouddhisme, en commenantpar la vie de son fondateur, le Bouddha Shakyamuni, qui comprend un rsum de son enseignement de basele plus ancien. Nous tudierons ensuite comment le bouddhisme sest dvelopp en Inde et puis comment il aensuite volu en passant dun pays lautre travers toute lAsie. Finalement, nous allons vous montrercomment le Theravada, le Vajrayana et le Zen se sont dvelopps pour devenir les trois principales traditionsbouddhiques pratiques en Occident.

    Troisime partie : Le bouddhisme dans la pratique

    Dans cette partie, nous abordons plusieurs questions pratiques : comment devient-on bouddhiste ? trebouddhiste, quest-ce que cela implique ? Comment le bouddhisme affecte-t-il la manire dont on mne savie ? En bref, que font en fait les bouddhistes ? Pour rpondre ces questions, nous examinons les maniresdont les gens peuvent bnficier de ce que le bouddhisme propose. Nous tudions la mditation et nous vous

  • expliquons certaines mthodes pour la pratiquer. Nous tudions aussi comment les adeptes de diversestraditions intgrent le bouddhisme leur vie quotidienne. Et nous concluons cette partie en vous emmenantfaire un tour sur les principaux lieux de plerinage bouddhique.

    Quatrime partie : Sur le sentier du bouddhisme

    Les enseignements du bouddhisme sont vastes et contiennent une grande varit de pratiques diffrentes.Dans cette partie, nous allons vous montrer comment ces diffrentes mthodes sembotent les unes dans lesautres. Nous examinons les diffrentes interprtations de lveil, et nous vous montrons comment vous pouvezappliquer les enseignements bouddhiques sur chaque bout de votre propre chemin spirituel. Finalement, noustudions la manire dont lveil sexprime dans les vies de quatre matres bouddhistes contemporains.

    Cinquime partie : Dix ides fausses sur le bouddhisme et dix suggestions pour vousaider au quotidien

    Si vous aimez que linformation vous soit dispense sous la forme de bouches bien digestes, alors cettepartie est pour vous. Nous traitons ici dix erreurs communes sur le bouddhisme et nous nous efforons de lesrectifier, puis nous vous prsentons dix manires dappliquer la vision profonde des enseignementsbouddhistes dans votre propre vie. Et a ne cote pas plus cher.

    Glossaire de termes techniques du bouddhisme

    Finalement, nous vous proposons des informations qui devraient permettre darrondir votre comprhension etvotre apprciation du bouddhisme, avec un glossaire comprenant de nombreux termes bouddhiques quicomptent parmi les plus courants.

    Les icnes de ce livrePour attirer votre attention sur certaines informations que nous trouvons particulirement importantes ouintressantes, nous les avons balises avec des icnes, dont vous trouverez la liste ci-dessous.

    Les renseignements dsigns par cette icne valent la peine quon les mette en vidence.Nous lutilisons pour souligner une pense exprime ailleurs dans ce livre ou simplement pour attirer lattentionsur quelque chose que nous trouvons particulirement important de garder lesprit.

    Cette icne signale des suggestions pour atteindre une comprhension plus profonde delaspect du bouddhisme qui est en train dtre expos.

    Nayez pas trop peur la vue de cette icne. Nous nous en servons surtout pour attirerlattention sur des sujets o peuvent surgir des malentendus, afin de vous viter de trbucher dessus.

    Cette icne dsigne des citations de matres bouddhistes clbres du pass, y compris leBouddha lui-mme, qui illustrent laspect du bouddhisme en train dtre expos.

    Cette icne vous signale que nous racontons une lgende bouddhique traditionnelle, ou

  • Cette icne vous signale que nous racontons une lgende bouddhique traditionnelle, oupeut-tre un incident de nature plus personnelle.

    Et maintenant, comment procder ?Vous pouvez lire ce livre de plusieurs faons diffrentes. La table des matires et lindex sont suffisammentdtaills pour vous permettre dy trouver des thmes spcifiques et daller directement aux pagescorrespondantes si vous le souhaitez. Comme chaque chapitre de ce livre est assez autonome, vous pouvezaussi commencer la lecture l o il vous plaira, et naviguer ensuite votre convenance. Les renvois signalentles passages o vous pourrez trouver dautres informations sur des thmes slectionns.

    Vous pouvez aussi lire ce livre de la manire ordinaire : autrement dit, du dbut jusqu la fin. Finalement, sicomme certains vous aimez commencer par la fin, vous le pouvez aussi. Aprs de nombreux dtours, vousatteindrez le dbut reculons. En tout cas, quelle que soit lapproche que vous adopterez, nous esprons quevous trouverez ce livre instructif et plaisant.

    Premire partie

    Introduction au bouddhisme

    Ah bon, la libration de la souffrance sobtient en suivant un sentier octuple ? Le sentier que jai moi-mme suivi jusquprsent pour me librer de la souffrance est souvent pass par plusieurs grands centres commerciaux.

    Dans cette partie

    Vous voulez savoir ce quest vraiment le bouddhisme, en particulier sil sagit dune religion, dune philosophie, dune psychologie ou

  • de quelque chose dautre ? Eh bien, ne cherchez pas plus loin et lisez cette partie pour obtenir les rponses toutes ces questions.Nous vous prsentons galement ici les vues bouddhistes concernant lesprit humain et son importance, et nous vous parlons destrsors qui sont cachs en vous et que le bouddhisme veut vous aider dcouvrir. On dirait que a vaut le coup quon sy attarde,non ?

    Chapitre 1

    Quest-ce que le bouddhisme ?Dans ce chapitre :

    Comment se fait-il que le bouddhisme soit de plus en plus populaire ? Le bouddhisme est-il une religion ? La philosophie et la psychologie bouddhiques La signification de certains termes techniques importants

    Il ny a pas si longtemps de cela, le bouddhisme tait quasiment inconnu en Occident. Dans les annes 1950et 1960 par exemple, on nen entendait pas parler dans la vie quotidienne.

    lpoque, si vous aviez voulu vous renseigner sur le bouddhisme, vos possibilits auraient t limites ettrs rares. Hormis un rare cours de philosophie orientale dans une grande universit, vous auriez d piocherdans les tagres de votre bibliothque de quartier pour dcouvrir tout ce qui dpassait les notions de basedu bouddhisme. Les quelques livres sur lesquels vous auriez pu mettre la main avaient tendance traiter lebouddhisme comme sil sagissait dune relique exotique dune poque trs ancienne dans un pays trsloign, comme une statue poussireuse du Bouddha dans la section de culture orientale dun muse. Neparlons donc mme pas de trouver un centre bouddhiste pour y tudier et pratiquer.

    Aujourdhui, la situation ne pourrait tre plus diffrente. Les termes bouddhiques semblent clore de partout,comme des champignons. On les trouve dans des conversations ordinaires ( cest tout simplement tonkarma ), la tl (dans la sitcom Dharma et Greg, par exemple) et mme dans le monde de la musiquerock, avec le groupe Nirvana. De clbres stars de Hollywood, des compositeurs davant-garde, deschanteurs pop et mme lun des plus clbres entraneurs de basket-ball amricain, pratiquent une forme debouddhisme ou une autre. (Vous voulez des noms ? Les voici : Richard Gere, Philip Glass, Tina Turner, PhilJackson. Cela dit, vous pourrez certainement tablir votre propre liste de clbrits.)

    Partout, les librairies et les bibliothques sont fires de prsenter un large ventail de titres bouddhiques,parmi lesquels on trouve des best-sellers, comme LArt du bonheur du dala-lama. Et lon trouve maintenantdes centres o lon peut tudier et pratiquer le bouddhisme dans la plupart des grandes agglomrations, etaussi dans de nombreuses autres villes.

    Alors, quest-ce qui est lorigine de ce changement aussi spectaculaire qui sest produit en seulementquelques dcennies ? Dabord, il ne fait aucun doute que le bouddhisme est devenu plus accessible au public,car des matres bouddhistes asiatiques et leurs disciples ont apport avec eux leur tradition en Amrique duNord et en Europe. (Pour en savoir plus sur la propagation du bouddhisme en Occident, voir le chapitre 5.)Mais lamlioration de laccs aux enseignements nest pas la seule raison. Dans ce chapitre, nous essayonsdexpliquer lattrait que cette ancienne tradition exerce sur le monde daujourdhui, lac dans son ensemble, enexaminant certains de ses aspects lorigine de sa popularit grandissante.

    Le bouddhisme est-il une religion ?Il peut sembler trange de se demander si le bouddhisme est ou non une religion. Aprs tout, si vousconsultez une liste des principales religions dans le monde, vous verrez que le bouddhisme y figure en bonneplace ct du christianisme, de lislam, de lhindouisme, du judasme, par exemple. Pourtant, cette questionrevient systmatiquement lorsquon parle du bouddhisme. Alors, pourquoi ?

    Demandez la plupart des gens ce quils associent spontanment au mot religion , et ils vous parlerontprobablement de quelque chose concernant la foi en Dieu, et dun dieu crateur de lUnivers.

    Si cette conception tait la seule dfinition de ce quest une religion, il faudrait exclure lebouddhisme, car :

    Selon le bouddhisme, il nexiste pas de Dieu adorer : ladoration dune puissance surnaturelle nest pas la proccupationcentrale du bouddhisme. Dieu (dans le sens quon attribue en gnral ce mot) est compltement absent de lenseignementbouddhiste, tel point que certains disent, en ne plaisantant qu moiti, du bouddhisme que cest une bonne religion pour les

  • athes ! Le bouddhisme nest pas avant tout un systme de croyance : bien quil pose certains principes fondamentaux (dont nous

    parlerons au chapitre 3), la plupart des matres bouddhistes encouragent activement leurs disciples adopter une attitude quiest loppos de la croyance ou de la foi aveugle.

    Les matres bouddhistes vous conseilleront toujours dtre sceptiques quant aux enseignements que vousrecevez, mme sils provenaient directement du Bouddha lui-mme. (Pour en savoir davantage sur lefondateur du bouddhisme, voir le chapitre 3.) Nacceptez pas passivement ce que vous avez lu ou entendu,mais ne le rejetez pas automatiquement non plus. Servez-vous de votre cervelle. Voyez si les enseignementsont un sens la lumire de votre exprience personnelle et de celle dautres personnes. Puis, comme le dala-lama le recommande souvent : si vous trouvez que les enseignements vous conviennent, appliquez-les dansvotre vie autant que vous le pouvez. Sils ne vous conviennent pas, laissez-les .

    Cette approche non dogmatique (cest--dire sans systme rigide de doctrines ou decroyances) est en accord avec lesprit comme avec la lettre de lenseignement mme du Bouddha. Dans lunde ses discours (ou sermons) les plus clbres, le Bouddha a dclar : Nacceptez rien que je dise commetant vrai simplement parce que cest moi qui lai dit. Au contraire, testez cet enseignement comme si voustiez un orfvre testant la qualit de son or. Si, aprs avoir examin mes prceptes, vous trouvez quils sontvrais, alors mettez-les en pratique. Mais ne les mettez pas en pratique simplement par respect pour moi.

    Le bouddhisme vous encourage donc vous servir de la gamme complte de vos facults mentales,motionnelles et spirituelles et de votre intelligence au lieu de simplement placer aveuglment votre foi dansce que des autorits du pass ont dit. Cette attitude rend le bouddhisme particulirement intressant aux yeuxde nombreux Occidentaux. Bien quil existe depuis quelque 2 500 ans, il plat lesprit post-moderne descepticisme et dinvestigation scientifique.

    Puisque le bouddhisme nest pas avant tout un systme de croyances et nest pas non pluscentr sur ladoration dune divinit suprme, alors pourquoi le classifie-t-on comme religion ? Il donne auxgens qui le pratiquent un moyen de trouver des rponses des grandes questions de la vie comme : Quisuis-je ? ; Pourquoi est-ce que jexiste ? ; Quel est le sens de la vie ? ; Pourquoi souffrons-nous ? ; Comment puis-je raliser un bonheur durable ?

    Le Bouddha : homme oudieu ?

    Ceux qui sont encore peu familiers du bouddhisme posent souvent la question suivante : LeBouddha Shakyamuni, ctait un homme, un dieu ou encore un type dtre diffrent ? LeBouddha lui-mme a dclar que comme tout autre tre veill ayant exist dans le pass ou quiexisterait aprs lui, il avait t auparavant un tre humain ordinaire, non-veill, avec les mmescomplexes et les mmes problmes que nimporte qui dautre. Personne na jamais commenc savie en tant que bouddha. Personne na jamais t veill ds le dpart. Et Shakyamuni ne fit pasexception cette rgle.

    Ce nest que par un effort considrable exerc sur une longue priode, en fait sur plusieurs vies,quil russit liminer toutes les couches qui recouvraient la nature claire de sa conscience, enatteignant ainsi lveil complet, ou tat de bouddha.

    L o les diffrentes traditions bouddhiques diffrent, cest sur la question de savoir quelmoment Shakyamuni a vritablement atteint lveil. Certaines traditions affirment quil a accomplicet exploit exactement comme nous le racontons ici, lge de 35 ans alors quil tait assis souslarbre-Bodhi, ou Bo, il y a environ 2 500 ans. Dautres maintiennent quil parvint lveil bienavant cette date, dans un pass trs loign. Selon cette seconde interprtation, le Bouddha quifut connu sous le nom de Shakyamuni avait atteint lveil bien avant de renatre en la personne duprince Siddharta. Son existence tout entire sur cette terre, de sa naissance sa mort, fut unedmonstration consciente aux autres de la manire dont il faudrait suivre le chemin spirituel.Autrement dit, ce fut un numro excut la seule fin dinspirer dautres personnes sedvelopper elles-mmes sur le plan spirituel, de la manire dont il lavait fait lui-mme auparavant.

  • Quoi quil en soit, le fait que les adeptes sincres du bouddhisme puissent suivre lexemple duBouddha en fonction des possibilits qui sont les leurs importe davantage que la question de ladate de lobtention de lveil par le Bouddha. Si vous tiez un adepte en herbe, vous vousdemanderiez peut-tre : Si Shakyamuni ntait au dpart pas diffrent de moi, comment puis-jemoi-mme suivre ses pas et obtenir la satisfaction et la ralisation quil a trouves ?

    Outre lenseignement fondamental sur la nature de la ralit, le bouddhisme propose une mthodologie, cest--dire un ensemble de techniques et de pratiques qui permet chacun de ses adeptes de faire directementpour soi lexprience dun niveau plus profond de ralit. En termes bouddhiques, lorsque vous vivez cetteexprience, vous vous veillez la vrit de votre tre authentique, votre nature la plus intime. Lexpriencede lveil spirituel est le but de tout lenseignement du Bouddha. (Pour en apprendre davantage sur lveil, ouIllumination, voir le chapitre 8.) Certaines coles soulignent davantage limportance de lveil que dautres (quipeuvent mme le relguer larrire-plan dans leur liste de priorits), mais dans chaque tradition, cestlobjectif de lexistence humaine, quon le ralise dans la prsente vie ou dans une des vies venir.

    propos, il nest pas ncessaire que vous deveniez membre dune organisation bouddhiste pour bnficierdes prceptes et des pratiques du bouddhisme. (Pour en savoir davantage sur les diffrents niveauxdimplication dans le bouddhisme, rendez-vous au chapitre 6.)

    Ralisez bien le rle que joue le Bouddha, lveill

    La religion bouddhique repose sur lenseignement donn il y a plus de 2 500 ans par lune des plus grandesfigures spirituelles de lhistoire de lhumanit, le Bouddha Shakyamuni. Comme nous lexpliquons en dtail auchapitre 3, il naquit dans la famille qui gouvernait le clan des Shakya dans le nord de lInde, et devait un joursuccder son pre en tant que roi. Mais au lieu de cela, le prince Siddharta (ctait comme cela quonlappelait lpoque) abandonna la vie princire lge de 29 ans aprs avoir constat la ralit de la grandesouffrance et de la vaste insatisfaction du monde. Il entreprit alors de dcouvrir un moyen de surmonter cettesouffrance.

    Finalement, lge de 35 ans, le prince Siddharta atteignit ce but. Assis sous larbre qui fut ensuite appellarbre-Bodhi ou arbre de la Bodhi (larbre de lveil), il obtint lveil complet, quon appelle aussi ralisationde ltat de bouddha. Ds lors, on le nomma Bouddha Shakyamuni, ce qui signifie le sage (muni)compltement veill (bouddha) du clan des Shakya (voir la figure 1-1).

    Le Bouddha passa les quarante-cinq annes du reste de sa vie errer travers le nord de lInde enenseignant le sentier qui mne la libration de la souffrance dans lveil complet dun bouddha tous ceuxqui sy intressaient. (La troisime partie du prsent ouvrage propose une vue densemble de ce sentier.)Aprs avoir vcu une vie de service aux autres empreint de compassion, il mourut lge de 80 ans.

    La communaut spirituelle bouddhiste (le Sangha) a veill avec la plus grande attention prserver et transmettre son enseignement dune gnration la suivante de faon aussi pure que possible. Cetenseignement dtaill fut finalement crit, ce qui gnra une grande collection (le canon) de plus dunecentaine de volumes des discours propres du Bouddha (sutras) et le double de commentaires (shastras) dematres indiens ultrieurs. (Voir les chapitres 4 et 5 pour en apprendre davantage sur la manire dont cesenseignements ont t diffuss et comment ils ont volu.)

    travers les sicles, le Sangha a en outre rig des monuments (les stupas) en lhonneur des vnementsmajeurs de la vie de leur matre, ce qui a permis aux adeptes de faire des plerinages destination de cessites vnrs (voir la figure 1-2) et de recevoir directement linspiration du Bouddha compatissant. (Leschapitres 8 et 9 proposent davantage dinformations sur les pratiques dvotionnelles et les rituelsbouddhiques.)

    Figure 1-1 : le Bouddha Shakyamuni.

  • Figure 1-2 : des plerins en visite auprs de larbre-Bodhi.

  • Grce aux efforts de chaque gnration de matres et de disciples, la ligne de lenseignement du Bouddha(appel Dharma) est reste fondamentalement intacte jusqu aujourdhui. Cest pourquoi aprs 2 500 ans lebouddhisme est toujours une tradition vivante, capable dapporter la paix, le bonheur et la ralisation quiconque la pratique sincrement.

    Comme le Bouddha tait un simple mortel, et pas un dieu vivant ni un super-hrosmythique (voir lencadr Le Bouddha : homme ou dieu ? plus haut dans ce chapitre), pour les bouddhistes,il est toujours davantage quun personnage loign. Il reprsente un exemple vital de ce que chacun dentrenous, tous tant que nous sommes, peut russir si nous nous engageons sincrement dans ltude et lapratique du Dharma quil a enseign. En fait, lune des principales vrits auquel il accda sous larbre-Bodhitait que tous les tres ont le potentiel de devenir des bouddhas. Ou, comme le prsentent certainestraditions, tous les tres sont dj des bouddhas dans leur essence, et il suffit simplement quils prennentconscience de ce fait.

    Comprenez la philosophie du bouddhismeSocrate, lun des pres de la philosophe occidentale, affirmait que la vie non examine ne vaut pas la peinedtre vcue. La plupart des bouddhistes seraient certainement daccord avec lui. En raison de limportancequelles accordent au raisonnement logique et lexamen rationnel, de nombreuses traditions et colesbouddhiques ont une forte coloration philosophique. Dautres mettent davantage laccent sur linvestigation etlexamen directs et non-conceptuels qui interviennent lors de la pratique de la mditation. Dans les deuxapproches, lexprience personnelle directe fonde sur la conscience de soi est considre commeprimordiale. (Pour en savoir plus sur la pratique de la mditation bouddhique, voir le chapitre 7.)

    Bien que le bouddhisme mette laccent sur linvestigation et lexprience directes, il met aussi en avantcertains principes philosophiques qui tracent le contour dune conception de base de lexistence humaine etservent de lignes directrices et dinspiration pour la pratique et ltude. travers les sicles, le bouddhisme

  • sest vrai dire dvelopp en plusieurs coles et traditions diffrentes, dont chacune possde sa propreinterprtation plus ou moins labore et distincte de lenseignement du Bouddha. (Pour lhistoire de cesdiffrentes traditions, voir les chapitres 4 et 5.) En plus des discours du fondateur qui furent appris par curpar ses disciples durant la vie et furent consigns ensuite par eux aprs sa mort, de nombreuses autrescritures qui lui furent attribues firent leur apparition plusieurs sicles aprs.

    Malgr toute sa sophistication philosophique, le bouddhisme reste par essence une religion extrmementpragmatique. Ce nest pas par hasard quon a souvent appel le Bouddha le Grand Docteur : il vitaittoujours la spculation abstraite et faisait de lidentification de la cause de la souffrance humaine et de la mise disposition des moyens de lliminer sa principale proccupation. (Voir lencadr La parabole du bless pour les dtails.) De mme, le Dharma quil enseigna est rput tre un remde puissant contre la profondeinsatisfaction qui nous afflige tous. Dans son premier sermon qui est aussi le plus connu de tous, le discourssur les Quatre Nobles Vrits (voir le chapitre 3), le Bouddha expose les grandes lignes de la cause de lasouffrance et les moyens pour lliminer. Tous ses discours subsquents ne font que dvelopper ces vritsfondamentales.

    Au cur de tous les vritables enseignements bouddhistes, on trouve la conception selonlaquelle la souffrance et linsatisfaction sont cres par la manire dont lesprit rpond et ragit auxcirconstances de la vie, et non pas par les faits en soi. En particulier, le bouddhisme enseigne que votremental cause votre souffrance parce quil attache trop dimportance la permanence des choses, et parcequil a construit un soi spar qui en ralit nexiste pas non plus. (Pour en savoir plus sur les principescentraux de limpermanence et du non-soi, voir le chapitre 2.)

    La ralit est constamment en train de changer ; comme laffirmait le philosophe grec Hraclite, on ne peutpas descendre deux fois dans le mme fleuve . Le succs et lchec, le gain et la perte, le confort etlinconfort, tout apparat et disparat. Pourtant, il vous est possible dexercer un certain contrle sur votremental, pour finir par le purifier. Un mental, ou esprit, qui narrte pas de jacasser, est plutt malavis, dformevos perceptions, refuse par tous les moyens de voir la vritable ralit des choses et, ce faisant, vous causeun stress et une souffrance extraordinaires.

    Le bonheur, a un jour dit le Bouddha, est en fait quelque chose dassez simple : le secret consiste vouloir ceque lon a et ne pas vouloir ce que lon na pas. Cest peut-tre une ide simple, mais elle nest pas du toutvidente raliser. Avez-vous dj essay de rgner en matre sur votre mental agit et turbulent, ne serait-cequun instant ? Avez-vous jamais essay de dominer votre colre ou votre jalousie, de contrler votre peur, oude rester calme et imperturbable dans les situations qui sont les hauts et les bas invitables de la vie ? Sivous avez essay, vous avez sans le moindre doute dcouvert combien il est difficile de se contrler oudavoir ne serait-ce quun minimum de conscience de soi. Pour tirer profit du remde que le Bouddha prescrit,il faut le prendre, ce qui veut dire quil faut soi-mme le mettre en pratique. (Voir le chapitre 13 pour y trouverdix suggestions pratiques destines faciliter lapplication des prceptes du Bouddha dans votre viequotidienne, et reportez-vous aussi au chapitre 14 pour y trouver des conseils concrets supplmentaires.)

    Comprenez ce quest la pratique du bouddhismeQuiconque souhaite tirer profit du bouddhisme plutt que simplement dcouvrir quelques faits intressants son sujet doit se poser la question suivante : Comment puis-je prendre ce remde spirituel ? Comment puis-je appliquer les prceptes de Shakyamuni ma propre vie, dune manire qui rduise mon agitation et moninsatisfaction, pour ensuite les neutraliser et finalement les liminer compltement ? La rponse rside dansla pratique spirituelle, qui prend trois formes dans le bouddhisme :

    la conduite thique ; la mditation (et la sagesse qui en rsulte) ; la dvotion.

    La parabole du blessComme lactivit intellectuelle a toujours occup une place prpondrante dans lhistoirebouddhique, il serait en effet tentant de considrer le bouddhisme comme une philosophie pluttque comme une religion. Mais le Bouddha Shakyamuni a lui-mme averti du danger de tropsengager dans des spculations intellectuelles, au point de perdre de vue le but de sonenseignement. Cette attitude est clairement illustre dans lhistoire, raconte maintes et maintesfois, dun moine du nom de Malunkyaputta. Celui-ci alla un jour trouver le Bouddha pour se plaindredu fait que le matre navait jamais trait de questions philosophiques comme lUnivers a-t-il undbut et une fin et le Bouddha existe-t-il aprs la mort ? Malunkyaputta dclara que si leBouddha ne rpondait pas une bonne fois pour toutes ces questions, il mettrait fin sa formationde moine bouddhique et reprendrait sa vie de lac.

  • En rponse, Shakyamuni dcrivit la situation hypothtique suivante : suppose, dit-il, quun hommevient dtre bless par une flche empoisonne. Ses parents soucieux trouvent un mdecin habilequi peut lui retirer sa flche, mais le bless refuse de laisser le docteur le soigner avant davoirreu des rponses satisfaisantes une longue liste de questions. Je ne laisserai pas retirercette flche avant de savoir quelle caste appartient celui qui ma bless, avant de connatre sonnom, sa taille, de savoir de quel village il vient, de savoir de quel bois la flche est faite, etc. Il estclair quun tel imbcile mourrait bien avant que toutes ces questions aient obtenu de rponse.

    De mme, dit le Bouddha Malunkyaputta, quiconque dit je ne mnerai pas de vie spirituelleavant que le Bouddha ne mait expliqu si lUnivers est ternel ou sil ne lest pas, ou si oui ou nonle Bouddha continue dexister aprs la mort mourrait bien avant de pouvoir recevoir de rponsesatisfaisante ses questions. La vie vritablement spirituelle ou religieuse ne dpend pas dutout de la manire dont on rpond ces questions. Car, comme le fit remarquer Shakyamuni, que lUnivers soit ternel ou non, vous serez toujours confront la naissance, la dcrpitudeet la mort, de mme quaux soucis, au chagrin et au dsespoir, contre lesquels je vous prescrisds maintenant lantidote .

    Il sagit de vivre une vie thique,

    La conduite thique constitue une composante essentielle du sentier spirituel bouddhiste depuis que leBouddha historique a pour la premire fois enjoint ses moines et ses nonnes de sabstenir de certainscomportements parce que ceux-ci les distrayaient de leur qute de la vrit. Durant la vie du Bouddha, sesdisciples rassemblrent et codifirent ces prceptes, qui finirent par former le code moral, ce Vinaya qui,sous une forme plus ou moins identique, continue de faonner la vie monastique des bouddhistes depuis 2500 ans. Des rgles plus succinctes ont t drives de ce code pour les adeptes laques (cest--dire pourles bouddhistes qui ne sont pas des moines ou des nonnes), et ces rgles sont restes remarquablementidentiques dune tradition lautre. (Pour en savoir davantage sur la conduite thique, voir le chapitre 10.)

    Bien loin darrter des normes absolues du vrai ou du faux, les rgles de conduite thique du bouddhisme ontun objectif entirement pratique : il sagit de faire en sorte que les adeptes restent concentrs sur lobjectif deleur pratique, qui consiste parvenir discerner la nature de la ralit. Pendant quarante-cinq ansdenseignement, le Bouddha a trouv que certaines activits contribuent laugmentation du dsir ardent(souvent traduit par le mot soif ), de lattachement, de lagitation et de linsatisfaction, et entranent desconflits entre les personnes et dans la communaut en gnral. Par contraste, dautres comportementspermettent de garder lesprit calme et concentr et contribuent une atmosphre plus favorable la rflexionet la ralisation spirituelle. Cest partir de ces observations, plutt qu partir de points de vue morauxabstraits, quels quils soient, que ces rgles de conduite thique ont merg.

    dexaminer sa propre vie grce la mditation,

    Dans limagination populaire, le bouddhisme est sans le moindre doute une religion de mditation. Aprs tout,qui na jamais vu de statues du Bouddha assis les jambes croises, les yeux mi-clos, et profondment plongdans la rflexion spirituelle, ni vu aucun de ces nombreux titres sur les bases de la mditation bouddhiquedisponibles aujourdhui dans les rayons des libraires ?

    Pourtant, beaucoup de gens comprennent mal le rle que joue la mditation dans le bouddhisme. Ils pensent tort quil faut se retirer des affaires de la vie ordinaire pour se rendre dans un royaume intrieur calme,dtach et intact, jusqu ce que lon ne ressente plus aucune motion ni proccupation au sujet des chosesqui avaient avant de limportance. Rien, pourtant, ne pourrait tre plus loign de la vrit. (Nous traitonsdautres ides errones sur le bouddhisme et sur les pratiques bouddhiques au chapitre 12.)

    Le vritable objet de la mditation dans le bouddhisme nest pas dapaiser lesprit (bienque ce rsultat puisse se produire et quil soit certainement favorable au processus de mditation), pas plusque de devenir dtach ou indiffrent. Au contraire, lobjectif est dobtenir une comprhension profonde etintime de la nature de la ralit et de soi-mme, une vision qui est libratrice. Nous en parlons dans la section Comprenez la philosophie du bouddhisme plus haut dans ce chapitre. Cette vision profonde et intime vouspermet de voir qui vous tes vraiment et ce quest vritablement la vie, et elle vous libre une bonne fois pourtoutes de la souffrance. (Pour en savoir davantage sur cette vision profonde, quil est convenu dappelerralisation spirituelle, veil ou encore Illumination, voir le chapitre 8.)

    La mditation favorise cette comprhension intime, car elle apporte une attention focalise et soutenue auxmcanismes de votre esprit et de votre cur. Aux premiers stades de la mditation, vous passez la plusgrande partie de votre temps tre autant que possible conscient de votre exprience, cest une pratiquebouddhique presque universelle quon appelle lattention. Vous pouvez aussi cultiver des qualits de curpositives et bnfiques comme la bont et la compassion, ou pratiquer la visualisation de figures etdnergies bnfiques. Mais au bout du compte, le but de toute mditation bouddhique est de dcouvrir qui

  • vous tes vraiment, et ce faisant de mettre un terme votre qute agite et votre insatisfaction. (Pour enapprendre davantage sur la mditation, voir le chapitre 7.)

    et dexprimer sa dvotion

    Bien que le Bouddha ne lait pas explicitement enseigne, la dvotion est depuis longtemps une pratiquebouddhique centrale. Il ne fait aucun doute que celle-ci provient de la dvotion spontane que les propresdisciples du Bouddha ont ressentie pour leur matre bon, sage et compatissant. Aprs sa mort, les disciplesayant un penchant dvotionnel ont dirig leur vnration sur les anciens veills de la communautmonastique et sur les reliques du Bouddha, qui furent conserves dans des monuments appels stupas (voirla figure 1-2).

    Alors que le bouddhisme se diffusait travers lInde et finalement dans dautres pays, lobjet primaire de ladvotion devint le Triple Joyau du Bouddha, du Dharma et du Sangha, cest--dire du grand matre (et de sessuccesseurs), de lenseignement lui-mme (ou doctrine), et de la communaut de moines qui conservent etdfendent lenseignement. ce jour, tous les bouddhistes, religieux ou lacs, prennent comme refuge le TripleJoyau. (Pour en savoir plus sur ce Triple Joyau, encore appel Triple Refuge, voir le chapitre 6.)

    Finalement, dans certaines traditions du bouddhisme, la tendance humaine naturelle vnrer et idaliser adonn naissance des figures transcendantales qui personnifiaient des qualits spirituelles particulirementdsirables. En substance, selon ces traditions, ladepte qui exprime une dvotion sincre ces figures, ensimaginant en train de fusionner avec elles et ce faisant en assumant ses qualits veilles, peutprogressivement transformer ses qualits ngatives en qualits positives pour finalement obtenir lveilcomplet pour lui-mme et pour les autres.

    Ltude et la rflexion aident comprendre clairement lenseignement du Bouddha, mais la dvotion forge uneconnexion sincre avec la tradition, ce qui permet ladepte dexprimer son amour et son apprciation auxmatres (et lenseignement) et en retour de ressentir leur amour et leur compassion. Mme des traditionscomme le Zen, qui semblent moins sintresser la dvotion pour mettre laccent sur limportance de la visionprofonde, possdent de puissants courants sous-jacents qui se trouvent exprims dans les rituels et lescrmonies, mais que les nouveaux adeptes ne peroivent pas toujours tout de suite. En fait, certainestraditions, comme celle du bouddhisme de la Terre Pure, sont avant tout dvotionnelles. (Pour en savoir plussur les diffrentes traditions du bouddhisme, y compris le Zen et le bouddhisme de la Terre Pure, voir lechapitre 5.)

    Enfin, consacrez votre vie au bien de tous les tresAu bout du compte, le bouddhisme vous enseigne que vous-mme et les gens qui vous entourent sontinterconnects et interdpendants : chaque tre apparemment spar des autres, y compris vous-mme, etchaque chose apparemment spare, nest quune expression exceptionnelle dune ralit vaste et indivisible.Avec cette perspective en tte (et dans le cur), le bouddhisme vous encourage consacrer vos effortsspirituels non seulement vous-mme et ceux qui vous sont chers, mais aussi au bien et lveil de tousles tres (qui sont en fait insparables de vous-mme).

    De nombreuses traditions bouddhiques enseignent leurs adeptes de cultiver activement lamour pour lesautres et la compassion envers eux, non seulement envers ceux quils aiment, mais aussi envers ceux qui lesdrangent ou lgard desquels ils peuvent prouver de lhostilit (en clair : de lamour envers leursennemis !). En fait, certaines traditions affirment que cet engagement pour le bien de tous constitue lefondement du sentier spirituel sur lequel reposent toutes les pratiques. Dautres traditions permettent lamouret la compassion dmerger naturellement alors que la vision sapprofondit et que la sagesse mrit, enindiquant aux pratiquants de ddier les bienfaits de leurs mditations et de leurs rituels tous les tres.

    Quelle que soit la mthode, lenseignement est, pour lessentiel, que tous les tres sontinsparables, et certaines traditions avancent mme quil nest pas possible de raliser durablement lebonheur et la paix de lesprit tant que tous les tres ne seront pas eux aussi heureux et en paix. Cest de cetteralisation que dcoule le vu du bodhisattva (terme sanscrit qui signifie tre dveil ), qui ddie sa vie lveil de tous. (Voir le chapitre 11.) Le bodhisattva croit que tant que tous les tres ne seront pas librs, samission sur terre nest pas termine. Bien que les traditions bouddhiques ne considrent pas toutes lebodhisattva sous le mme angle, toutes saccordent pour dire que cest cet esprit-l qui est au cur mme dubouddhisme.

    Chapitre 2

    Comprenez comment fonctionne votre

  • esprit, car cest lui qui cre tout votrevcu !

    Dans ce chapitre :

    Faites de votre esprit votre ami : dcouvrez ses bizarreries, comprenez sa puret fondamentale, dpassez son ignorance, et transformez-le avec bienveillance !

    Au premier chapitre, nous avons prsent le bouddhisme en opposant ce quil nest pas, savoir un systmede croyances religieuses strictes, ce quil est, cest--dire une mthode de transformation de lexistence,fonde sur lexprience.

    Au cur de cette transformation se trouve lesprit (ou mental). Mais attention, le mot esprit est un terme pluttdlicat. Bien quon le retrouve souvent dans les conversations, par exemple dans les phrases elle a delesprit , avoir lesprit clair , etc., sa dfinition nest pas facile tablir.

    Dans ce chapitre, nous allons parler un peu de la conception bouddhique de lesprit, en apportant uneattention particulire aux manires suivant lesquelles les diffrentes fonctions de lesprit faonnent toutes lesexpriences que vous vivez, depuis votre progrs spirituel jusquaux situations les plus banales de la viequotidienne.

    Rendez-vous dabord compte que cest votre esprit qui faonne votre vie maintes occasions, le Bouddha a lui-mme dit que lesprit cre, faonne et vit tout ce qui nous arrive, sansexception aucune. Cest la raison pour laquelle, du point de vue bouddhique, ce qui se passe lintrieur devous-mme (cest--dire dans votre esprit) dtermine de faon bien plus importante votre bonheur ou votremalheur que toute circonstance extrieure.

    Faites une pause ici mme. Ce que vous tes en train de lire vous semble-t-il raisonnable ? Les mcanismesinternes de votre esprit ont-ils vraiment un effet plus grand sur vous que, disons, vos biens matriels ou votreenvironnement ? Aprs tout, les grandes socits et les agences de publicit dpensent des milliards deuroschaque anne pour essayer de vous convaincre que cest le contraire qui est vrai ! les couter, la meilleuremanire de parvenir au bonheur consiste acheter ce quelles vendent, quel que soit le produit ou le servicequelles proposent. Elles ont recours ce que Jon appelle la mentalit du si seulement . Si seulement vousaviez une voiture plus belle, si seulement vous viviez dans une maison plus grande, si seulement vous faisiezdes gargarismes avec un lixir dentaire plus puissant, si seulement vous vous nettoyiez le postrieur avec unpapier hyginique plus moelleux alors vous seriez vritablement heureux. Pourtant, mme si vous ne croyezpas tout ce que les publicitaires vous racontent, ne pensez-vous pas quand mme que ce sont les conditionsexternes de votre vie qui dterminent votre bonheur ?

    Vous devriez prendre lhabitude de vous poser ce type de questions lorsque vous faites face de nouvelles informations. Examiner les lments prsents par un livre que vous tes en train de lire ou parun enseignement que vous tes en train de recevoir, ce nest ni un jeu intellectuel, ni un passe-temps vain. Sivous effectuez correctement cet examen, cette interrogation deviendra une part vitale de votre dveloppementspirituel. Comme le Bouddha la lui-mme indiqu, le fait daccepter simplement certaines affirmationscomme vraies tout en en rejetant dautres comme fausses sans les examiner de prs ne sert pas grand-chose.

    Dans ce cas, lexamen est particulirement important, car les questions values concernent la meilleuremanire de vivre votre vie. Votre recherche du bonheur devrait-elle se concentrer principalement surlaccumulation de biens matriels et dautres choses externes ? Ou bien devriez-vous plutt vousconsacrer mettre en ordre votre maison intrieure ?

    Pour vous faire une ide de la manire dont vous pourriez vous y prendre pour examiner cette question,prenez la situation suivante. Deux de vos amies, appelons-les Jeanne et Muriel, partent en vacancesensemble Tahiti. Elles sjournent toutes deux dans la mme pension de famille luxueuse, mangent lesmmes plats prpars par le mme chef cuisinier, se bronzent sur les mmes plages impeccables etparticipent aux mmes activits de loisirs. Mais lorsquelles rentrent la maison et vous racontent leur voyage,leurs histoires vous font penser quelles ont pris des vacances des endroits compltement diffrents ! Pour

  • Jeanne, Tahiti a t le Paradis sur terre, alors que, pour Muriel, ctait lEnfer. chaque dtail merveilleux desvacances que vous raconte Jeanne, Muriel oppose deux dtails ignobles. Cette situation est bien srhypothtique, mais ne vous semble-t-elle pas familire ? Une situation semblable ne vous est-elle pas djarrive, vous-mme ou certains de vos amis ?

    Envisageons un autre scnario. Durant une guerre, deux amis sont jets dans un camp de prisonniers.Comme dans lexemple prcdent, les deux gars se retrouvent dans une situation identique, mais, cette fois-ci, les conditions extrieures sont excrables. Lun de ces deux soldats fait face des tourments mentauxextrmes en raison des conditions physiques horribles, et il finit par tre un homme aigri et cass ; lautresoldat arrive, en revanche, slever au-dessus de son environnement, et mme devenir une sourcedinspiration pour les autres prisonniers. Ce scnario ne fait quillustrer des histoires vraies qui ne sont pasrares. Comment peut-on les expliquer ?

    Ces exemples (ainsi que des exemples provenant de votre propre vie) dmontrent que les circonstancesexternes de votre vie ne constituent pas les seuls facteurs, ni mme les facteurs les plus importants, quidterminent si vous tes satisfait ou non. Si les circonstances extrieures taient plus importantes que ltatdesprit dans lequel vous vous trouvez, Jeanne et Muriel auraient toutes deux ador Tahiti, les deux prisonniersauraient tous deux t galement malheureux, et aucune personne fortune ni aucune star ne songerait jamaisau suicide.

    Plus vous allez approfondir votre examen, plus vous allez clairement voir (si lenseignementbouddhique a raison sur ce point) que cest votre attitude mentale qui constitue llment principal quidtermine la qualit de votre vie. Nous ne disons pas que les circonstances extrieures ne comptent pas,nous ne sous-entendons pas non plus quil faut abandonner tous ses biens matriels pour devenir unchercheur spirituel sincre. Mais si vous ne dveloppez pas vos propres ressources intrieures de paix et destabilit mentale, aucun succs matriel de ce monde, aussi grand ft-il, ne pourra jamais vous apporter devritable satisfaction. Ou, comme la dit quelquun un jour : Largent ne fait pas le bonheur ; il ne peut quevous permettre de choisir votre forme particulire de malheur.

    Comprenez linteraction corps-esprit et le rle de lespritMme si vous avez une ide gnrale de ce quest lesprit, vous trouvez peut-tre difficile de lidentifierclairement. Aprs tout, il est impossible de pointer le doigt dessus et de dire cest mon esprit . Pourquoi ?Parce que lesprit nest pas une chose matrielle faite datomes et de molcules. Contrairement votrecerveau, votre cur ou nimporte lequel de vos organes, votre esprit na aucune couleur, aucune forme,aucun poids ni aucun autre attribut physique.

    Mais tant que vous vivrez, votre corps et votre esprit resteront troitement lis et ils sinfluenceront fortementde faon rciproque. Par exemple, tout le monde sait que boire trop dalcool peut fortement nuire aux facultsmentales. Les proprits physiques de lalcool les moussent, elles abaissent vos inhibitions, et elles peuventmme vous causer des hallucinations.

    Le tandem corps-esprit fonctionne aussi dans lautre sens. Par exemple, vous faire trop de souci peutcontribuer lapparition de nombreux maux physiques, comme les ulcres lestomac, les colopathies, et unetension artrielle trop leve. Cette relation nest pas passe inaperue chez les professionnels mdicaux.Chaque jour, un nombre toujours croissant dentre eux reconnat que ltat mental dun patient peut avoir uneffet norme sur sa convalescence. De nombreux hpitaux proposent aujourdhui une srie doptionsthrapeutiques traitant le systme corps-esprit, comme lhypnothrapie, des groupes dentraide, et le conseilpsychologique et moral personnalis, afin daider les patients gurir plus rapidement et plus compltement.Une courte visite chez votre libraire vous donnera encore davantage de preuves du rle de lesprit dans lasant du corps : dans les rayons, vous trouverez des dizaines et des dizaines de bouquins sur les vertuscuratives des visualisations, des affirmations et dune attitude positive. Un auteur bien connu a mmecontribu lui-mme sa propre gurison du cancer en regardant un film des Marx Brothers aprs lautre !Dans son cas, il valait vraiment mieux en rire !

    Bien quils soient interdpendants, le corps et lesprit ne constituent pas une seule et mme chose. Si ctaitle cas, vos tats mentaux ne seraient rien de plus que lensemble des cellules nerveuses, de lactivitlectrique et des ractions chimiques de votre cerveau. Pourtant, une telle dfinition donne-t-elle uneexplication adquate et satisfaisante de ce qui se passe rellement dans votre esprit ? Des expriencesaussi varies et aussi intenses que le fait de tomber amoureux, de se sentir embarrass ou de recevoirsubitement un trait dinspiration artistique peuvent-elles se rduire de simples interactions molculaires ?

    Le bouddhisme vous enseigne que votre corps (votre cerveau, par exemple) possde une forme physique,mais que votre esprit (qui est conscient des expriences que vous vivez) na pas de forme. Cest pourquoivous ne pouvez ni le voir, ni le toucher. Le fait quil soit sans forme ne lempche pourtant pas de faire la seulechose quil peut faire, cest--dire de vous permettre dtre conscient ! En fait, le rle de lesprit, cestuniquement celui-l : tre conscient. Cette conscience fonctionne de nombreux niveaux diffrents, allant du

  • banal (vous avez conscience des mots de cette page, par exemple) lextraordinaire (cest le cas dunepersonne avec une conscience leve qui peut lire les penses dune autre ou avoir connaissancedvnements qui sont en train de se produire en dautres endroits du monde).

    Lesprit considr sous trois perspectives bouddhiques diffrentesLes diverses traditions bouddhiques possdent chacune leur approche particulire pour parler de lesprit etde son rle dans le dveloppement spirituel. Pour vous donner une ide de la richesse et de la varit de cesconceptions, nous prsentons ici brivement celles des trois principales traditions bouddhiques en Occidentaujourdhui :

    Le Theravada, de lAsie du Sud-Est, suit lanalyse dtaille de lesprit expose dans lAbhidharma ou doctrineparticulire de lenseignement du Bouddha. (Pour en savoir plus sur cette section, voir le chapitre 4.) Ces prceptes dtaillsdivisent lesprit en catgories diffrentes, telles que primaire et secondaire, habile et malhabile, etc. Cette analysepsychologique permet de comprendre prcisment laquelle des nombreuses fonctions mentales diffrentes (un des systmesen identifie prs de cinquante !) se manifeste dans votre esprit un moment donn. Plus facilement vous parviendrez identifier la nature complexe et constamment changeante de ces fonctions mentales lorsquelles se manifestent, plus aismentvous pourrez vous dbarrasser en profondeur de lillusion nfaste de lexistence dun soi solide et permanent, et obtenir lalibration spirituelle.

    De nombreux adeptes engags du Vajrayana tudient aussi les prceptes de lAbhidharma relatifs lesprit, auxnombreuses fonctions mentales diffrentes, etc. En outre, le Vajrayana propose des techniques qui permettent daccder cequil appelle la claire lumire de lesprit, un tat bienheureux de conscience au cur de votre tre bien plus puissant quenimporte quel tat ordinaire de lesprit. En obtenant le contrle de ce trsor cach, les yogis de la claire lumire , cesadeptes avancs de la mditation, peuvent rapidement et compltement brler les obstructions mentales. Cet acte les amneface la Ralit ultime et finalement lveil suprme.

    Selon la tradition bouddhique du Zen japonais, la nature de bouddha est prsente dans lUnivers tout entier. Tout ce dont onfait lexprience, la fois lintrieur et lextrieur de soi-mme, nest rien dautre que lexprience de cet Esprit (avec unemajuscule !). Par contraste, lesprit ou mental (avec une minuscule !), cest--dire lesprit analytique, conceptuel, dune personnedonne a tendance sidentifier un soi ou ego limit et spar. Son veil spirituel implique une transformation de sonidentit. Cette personne cesse alors de sidentifier lesprit pour sidentifier lEsprit, cest--dire quelle cesse de sassimiler son esprit conceptuel limit et gocentrique pour se reconnatre dans lEsprit universel.

    Nous parlerons davantage des approches de ces trois grandes traditions dans ce livre (enparticulier au chapitre 5). Mais pour le moment, nous voulons souligner une chose. Malgr leurs nombreusesdiffrences, ces trois traditions sont daccord sur un point important. Elles disent toutes que vous avez le choixdans la manire dont vous faites lexprience de votre vie : votre esprit peut tre obscur ou clair, limit ouvaste. La premire possibilit implique de la frustration et de linsatisfaction ; la deuxime apporte la libert etla ralisation. Le sentier spirituel, comme on lappelle, vous permet de modifier votre vision de la vie pour lafaire passer de celle qui est obscure et limite celle qui est claire et vaste.

    Reprez certains modes de fonctionnement de votre espritToute discussion sur un sujet aussi vaste que celui de la conscience peut rapidement sombrer dans le vagueet labstrait. Pour viter cela, examinons ensemble dabord deux manires dont votre esprit vous permethabituellement de prendre conscience de votre monde : la perception et la conception.

    La perception : lorsque vous vous rveillez le matin, votre esprit commence regarder le monde par la fentre, celle de vossens. Nous parlerons davantage de ces sens physiques dans la section Les six formes de la conscience plus loin dans cechapitre. Mais pour le moment, prenez simplement votre vue, votre fonction visuelle. Imaginez que vous venez de passer la nuitdans une chambre dhtel que vous ne connaissez pas. En vous frottant les yeux et en regardant autour de vous le matin, vousne voyez pas immdiatement les diffrents objets de la chambre. Par exemple, au lieu de voir le tableau accroch au mur, vousvoyez simplement un arrangement de diffrentes formes et couleurs. Cest ce que vos yeux peroivent directement : des formeset des couleurs. Puis la conception entre en jeu.

    La conception : un moment aprs que la perception a eu lieu (une fraction de seconde ou bien plus longtemps aprs), vousidentifiez cet arrangement de formes et de couleurs comme tant un tableau. Ds que vous tablissez le rapport, cela ouvre lavoie un tas dides additionnelles au sujet de ce tableau : je laime bien , cest le pire tableau que je naie jamais vu , je pense que cest un original , peut-tre que cest une reproduction , je me demande combien il cote , il ferait biendans ma chambre . Si vous aimez ce tableau au point de lacheter, la prochaine fois que vous le voyez vous penserez peut-tre cest mon tableau . Les conceptions, un bon tableau, un mauvais tableau, un tableau onreux, mon tableau, etc., sontdes interprtations que fait votre esprit.

    Comme le montre cet exemple simple, un processus en deux temps est luvre. Le premier temps est celuide la simple perception : votre conscience visuelle peroit simplement des donnes sensorielles brutes. Maispeu aprs, la partie de votre esprit qui conceptualise assaisonne la simple perception de tout un tas denotions, dides, de prfrences et dautres jugements dualistes. (Les conceptions sont dites dualistes, car il

  • est impossible de qualifier certaines choses de bonnes sans en qualifier dautres de mauvaises ).Cette manire dualiste de considrer toute chose est lendroit o naissent lattachement et laversion, or selonle bouddhisme, lattachement et laversion sont la cause de tous vos problmes. (Pour en savoir plus, lisez lasection La sagesse vous permet de lever le voile des ides fausses, plus loin dans ce chapitre.)

    Toutefois, il y a un bref instant avant que lesprit qui conceptualise intervienne, linstant durant lequel votreesprit a un aperu de lobjet lui-mme, juste tel quil est, sans jugement, interprtation ou histoire associe lui. En poursuivant lexemple du tableau de la chambre dhtel, durant ce bref instant, vous voyez le tableaudirectement, sans dualisme. Cest la manire dont fonctionne lesprit veill, il nest pas encombr deconcepts tels que le bon ou le mauvais, le mien et le tien, etc. (Voir le chapitre 8 pour en apprendre davantagesur la signification de lveil spirituel.) La formation spirituelle est, pour une grande part, affaire de pratique etdentranement voir les choses de cette manire directe et non-conceptuelle.

    Les six formes de la conscience

    Comme le corps humain est dot de cinq sens, il existe cinq types de consciences provenant des sens, quisont parfois appeles consciences sensorielles. Dans certains textes, on leur donne les noms plutttechniques qui suivent, mais leur signification est assez simple, alors ne vous prenez pas la tte :

    la conscience auditive peroit les sons ; la conscience gustative peroit les gots (comme amer, sucr, et acide) ; la conscience olfactive peroit les odeurs ; la conscience tactile peroit les sensations corporelles (comme le chaud et le froid, le rugueux et le lisse, etc.) ; la conscience visuelle peroit les couleurs et les formes.

    Ces cinq types de sensations ou consciences sensorielles dpendent videmment de la sant de votre corpset de vos organes sensoriels. Il existe aussi un sixime type de conscience, dont le fonctionnement ne dpendpourtant pas si directement de vos sens physiques. La conscience mentale peut tre consciente de tous leslments prcdemment cits, cest--dire des vues, des sons, des odeurs, des gots et sensations, et debien plus encore.

    Ayez lesprit que divers facteurs affectent la conscience mentale

    Lorsque les gens parlent de leur esprit, ils parlent en gnral de la sixime conscience, cest--dire de laconscience mentale, encore appele organe mental (notamment dans louvrage de rfrence du rvrendWalpola Rahula, LEnseignement du Bouddha daprs les textes les plus anciens, ditions du Seuil,collection Points Sagesses). Par exemple, si vous pensez votre mre, mme si elle vit des centaines dekilomtres de distance ou mme si elle est dcde, vous direz : Jai rcemment pens ma mre. Et sivous pensez elle avec une intensit telle que son image vous apparat, vous la voyez non pas avec votreconscience visuelle mais avec votre organe mental, ou, comme on le dit couramment, en imagination.

    La sixime forme de conscience fonctionne de manires nombreuses et diverses, et elle affecte absolumenttout ce qui vous concerne, y compris les cinq formes de conscience sensorielle. Par exemple, lattention,cest--dire la facult de diriger lesprit vers une direction particulire, ne reprsente que lune desnombreuses qualits diffrentes qui sont associes lorgane mental.

    Lorsque vous tes veill (cest--dire lorsque vous ne dormez pas), les cinq formes de consciencesensorielle reoivent des informations de votre environnement sous la forme de donnes sensorielles brutes,mais la quantit dattention que votre esprit accorde chaque lment dinformation dans ce flux constant dedonnes peut beaucoup varier.

    En lisant ce livre, par exemple, vous accordez de lattention la forme des lettres et des mots sur la page avecvotre conscience visuelle. Mais dans quelle mesure tes-vous conscient des sensations tactiles (du toucher)qui sont produites par le fauteuil (ou divan, banc, etc.) avec lequel vos fesses sont en contact ? Arrtez-vous uninstant et rflchissez-y. Jusquau moment o nous avons attir votre attention sur ce fait, cest--dire justemaintenant, vous nen tiez probablement pas conscient. (Bien sr, la situation serait diffrente si vous voustiez soudainement assis sur une charde. Personne na besoin dattirer votre attention sur ce type desensation pour que vous en ayez pleinement conscience !)

    Il ne faut pas toujours se fieraux apparences

    Il va sans dire que les cinq types de facults sensorielles dpendent de ltat des organes qui ysont associs. Lorsque vous tes enrhum, par exemple, il est possible que vous ne sentiez plusrien ; la perception olfactive continue de bien fonctionner, mais la congestion nasale bloque lacapacit de votre nez sentir. De mme, comme chaque cuisinier qui il est arriv dajouter tropde sel dans une soupe, la langue peut saccoutumer certains gots. Un exemple de plus :appuyez votre doigt contre le ct de votre orbite un certain endroit, puis regardez le ciel

  • nocturne, et vous verrez peut-tre deux lunes au lieu dune seule. Ces quelques exemples suffisent dmontrer que lon ne peut pas toujours se fier la manire dont les choses apparaissent lesprit. Si vous ajoutez tout ce mlange les distorsions varies qui sont cres par vos idesprconues et vos attentes, vous voyez bien que des perceptions claires et sans dformation nesont pas aussi courantes que vous lavez peut-tre imagin.

    Cette brve dmonstration ne sert qu vous montrer que la qualit de votre conscience sensorielle variegrandement en fonction de nombreux facteurs. Dans certains cas, comme lorsque vous observez des illusionsdoptique, vous pouvez compltement vous tromper sur ce que vous percevez. Les impressions sensoriellesne sont pas fiables, cest bien connu. Mais dans certaines circonstances trs spcifiques, on peut fairelexprience dun niveau de conscience sensorielle vritablement tonnant. Quand cela leur arrive, certainsathltes professionnels disent par exemple que toute action, aussi dchane soit-elle, semble se ralentir dansle mental (et le temps lui-mme aussi). Ces athltes affirment quils peuvent alors tout voir trs clairement,comme si laction se droulait au ralenti. Le champ de vision tout entier slargit considrablement, et tous lesautres joueurs sont perus de faon trs nette. Cest dans de tels instants que des miracles peuvent seproduire.

    De tels changements spectaculaires rsultent dune augmentation de la concentration, qui constitue un autreaspect ou une autre fonction de votre conscience mentale. La concentration est laptitude de lesprit restersans vaciller sur un objet, quel quil soit, sur lequel on dirige son attention. Comme les autres facultsmentales, la concentration peut tre dveloppe. (Pour des conseils ce sujet, portez toute votre attention auchapitre 7.) La plupart du temps, votre concentration est plutt disperse, elle est douce et diffuse comme lalumire dune ampoule lectrique ordinaire. Mais lorsque votre concentration est focalise, elle ressemble lalumire pntrante dun rayon laser. Certains matres de mditation sont parvenus un tat mental particulier,le samadhi, dans lequel leur esprit est en mesure dobtenir une vision particulirement profonde de la ralit.(On raconte que lorsque Einstein tait occup avec un problme thorique particulier, il glissait dans un tatde conscience semblable celui du samadhi pendant de longs moments. Lorsquil sy trouvait, il tait sansmouvement, inconscient de tout ce qui se passait autour de lui.)

    Ttez le terrain la recherche de vos motions

    Jusqu prsent, dans cette introduction au fonctionnement de lesprit, nous avons abord certaines activitsmentales, comme le questionnement, la concentration et la conceptualisation, mais ces activits ne sontcertainement pas les seules fonctions de lesprit. La conscience mentale comprend aussi vos attitudes et vostats motionnels, que celles-ci et ceux-ci soient positifs ou ngatifs.

    Lorsque les bouddhistes parlent de dveloppement mental, cela ne signifie pas pour eux devenir plusintelligent. Le dveloppement mental concerne le relchement de lemprise que les tats ngatifs ont surlesprit, et il sagit de renforcer les qualits positives de lesprit. (Nous mettons ces mots entre guillemetsparce que ngatifs et positives ne sont ici que relatifs. Ne comprenez pas ici quune partie de votreesprit est intrinsquement bonne et que lautre est foncirement mauvaise .)

    Pour les bouddhistes, faire appel son intelligence motionnelle, cest une activit importante qui contribueau dveloppement mental et spirituel.

    Lesprit, la tte et le curEn Occident, la tendance est de penser que diffrents aspects de la conscience mentale rsidenten un ou deux endroits : la tte ou le cur. Des fonctions comme savoir, penser, raisonner, sesouvenir et analyser en dautres termes, des fonctions que la plupart des gens considrentcomme mentales dans leur nature sont assignes la tte. Si quelquun possde un typedintelligence trs abstrait, par exemple, on dira cest un cerveau ou cest une grosse tte .Lorsquon essaie de rsoudre un problme difficile ou de se rappeler quelque chose que lon aoubli, on se gratte souvent la tte, comme si ce geste pouvait en quelque sorte faire dmarrer leprocessus de rflexion.

    Dautre part, on pense quasiment toujours que le centre motionnel de ltre se trouve dans lecur. Lorsque de fortes motions les saisissent, beaucoup de gens se frappent la poitrine oumettent la main sur le cur. On considre communment que lamour, la bravoure, et tout un tasdautres sentiments ont ici leur centre. En fait, le cur est devenu le symbole des sentimentsamoureux (pensez tous les curs des cartes de la Saint-Valentin), et le mot courage vient lui-mme du mot cur.

    Il est intressant de noter que des organes diffrents du cur ont t, au cours de lhistoire,considrs comme les centres respectifs de diffrentes motions. Du temps de Shakespeare, parexemple, on pensait que le foie tait le sige de la passion. Cette pense survit encore de nosjours lorsque lon dit de quelquun quil a les foies , cest--dire quil a peur. Dautresexpressions, comme se faire de la bile (du souci) indiquent encore aujourdhui que par lepass des motions spcifiques furent associes un autre organe interne que le cur.

    Notez que cette distinction nette entre la nature motionnelle du cu