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Bilan et Perspectives des Aménagements du Mont Saint-Michel. Belot Sarah Luneau Laure ISE 4AG1 Exposé de Mer et Littoral 12/01/2012

Bilan et Perspectives des Aménagements du Mont Saint …valentin.bors.free.fr/Mer-et-littoral/G1%20-%20expos%E9...PLAN INTRODUCTION ET HISTORIQUE PARTIE 1 : BILAN DES AMENAGEMENTS

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Bilan et Perspectives des

Aménagements du Mont Saint-Michel.

B e l o t S a r a h

L u n e a u L a u r e

I S E 4 A G 1

E x p o s é d e M e r e t

L i t t o r a l

1 2 / 0 1 / 2 0 1 2

PLAN

INTRODUCTION ET HISTORIQUE

PARTIE 1 : BILAN DES AMENAGEMENTS DE LA BAIE DU MONT SAINT-MICHEL

I. Présentation du site du Mont Saint-Michel

1. Situation

2. Un site exceptionnel

3. Une baie vieille de 7500 ans

4. La baie du Mont-Saint-Michel est naturellement en voie de comblement.

II. L'intervention humaine accélère le comblement

1. 200 ans d'aménagements….

2. La conquête des terres par poldérisation

3. Construction de la digue de l’ouest et de la digue de Roche-Torin en 1860

4. Le Couesnon est canalisé entre 1856 et 1858, les travaux sont achevés en 1863

5. La poldérisation commence

6. La digue route vers le Mont a été construite en 1878-1879

7. Le barrage de la Caserne fut construit sur le Couesnon en 1968-1969

8. Mise en place des schorres

III. Prise de conscience de l’impact des ouvrages

PARTIE 2 : PERSPECTIVE DES AMENAGEMENTS DE LA BAIE DU MONT SAINT-

MICHEL

I. Le nouveau barrage du Couesnon

1. L’aménagement hydraulique en amont

2. Le fonctionnement du barrage

3. L’aménagement hydraulique en aval

II. L’ouvrage d’accès

RESUME ET CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

INTRODUCTION ET HISTORIQUE

« Le Mont-Saint-Michel est pour la France ce que la grande pyramide est pour

l'Égypte » selon le poète Victor Hugo qui compare le Mont à une « Pyramide des mers » en

1884. C’est pourquoi la baie du Mont Saint-Michel est considérée comme la huitième

merveille du monde.

Il s’agit d’un îlot rocheux granitique d’environ 960 mètres de circonférence entouré de

sable. Il atteint 92 mètres d’altitude et offre une superficie émergée d’environ 7 ha. Il est situé

à l’est de l’embouchure du fleuve du Couesnon.

La légende raconte que dans la nuit du 16 octobre 708, l'évêque Aubert d'Avranches a

eu une vision : l'archange Saint-Michel lui ordonne d'édifier un oratoire au sommet du Mont.

L'archange viendra par trois fois visiter Aubert avant qu’il ne s’exécute. En 709, il construit

alors une petite église qui deviendra beaucoup plus tard l’abbaye d’aujourd'hui. Aujourd'hui

intégré à la région Normandie, autrefois, de 867 à 1009, le Mont appartenait à la Bretagne.

Avant l'année 709, il était connu comme le « mont Tombe » ; pendant tout le Moyen Âge, il

fut couramment appelé « mont Saint-Michel au péril de la mer ».

Les pèlerins, attirés par le caractère religieux, affluent de plus en plus nombreux et la

renommée du Mont Saint-Michel ne tarde à être connue. Par temps de brouillard, de

nombreux pèlerins se perdent sur les grèves et périssent noyés. De plus, les lises, sortes de

sables mouvants, ensevelissent les imprudents qui s'aventurent dans la baie sans l'aide d'un

guide.

Au pied de l'abbaye, une petite ville se construit. Les maisons pour la plupart en bois, parfois

victimes d’incendie, servent à accueillir les pèlerins. C’est d’ailleurs Annette Poulard qui est à

l'origine de la fameuse omelette toujours très prisée aujourd'hui ; recette qu’elle élaborait pour

les pèlerins en improvisant à toute heure du jour ou de la nuit. Devenue prison sous la

Révolution et l'Empire, l'Abbaye nécessitera d'importants travaux de restauration à partir de la

fin du XIXème siècle. Elle est confiée depuis 1874 au service des monuments historiques.

Les marées dans la baie du mont Saint-Michel ont une amplitude de près de treize

mètres les jours de fort coefficient, la mer se retire à grande vitesse sur une dizaine de

kilomètres, mais revient aussi vite, tel « un cheval au galop ». C’est un spectacle

impressionnant qui attire de nombreux curieux du monde entier. Inscrit au "Patrimoine

Mondial" par l'Unesco en 1979, ce haut lieu touristique, un des trois premiers sites les plus

visités en France, reçoit aujourd'hui plus de trois millions de visiteurs par an.

Le Mont Saint-Michel était géographiquement une ile avant la construction de la digue

qui en fait aujourd'hui une presqu’île. La digue-route qui relie le mont au continent fut

construite en 1879. Aujourd'hui les aménagements anthropiques menacent le caractère

insulaire du Mont en favorisant l’ensablement.

D’où la question de savoir pourquoi le Mont Saint-Michel subi un phénomène

d’ensablement (partie 1) et surtout comment restaurer son caractère maritime (partie 2).

PARTIE 1 : BILAN DES AMENAGEMENTS DE LA BAIE DU MONT SAINT-MICHEL

I. Présentation du site du Mont Saint-Michel

1. Situation

Le Mont-Saint-Michel est situé dans la partie orientale du golfe

normand-breton, plus communément qualifié de baie du Mont-

Saint-Michel. Celle-ci se divise entre la « petite baie » où se

trouve le mont et la partie occidentale, qui va jusqu’à la pointe du

Grouin. La baie est drainée par deux fleuves : la Sée, au nord-est,

qui passe près d'Avranches, la Sélune, au sud-est. Le fleuve

Couesnon, d'orientation sud-nord, se jette dans la baie juste au

sud du Mont, qu'il enserre de ses chenaux.

2. Un site exceptionnel

Le Mont-Saint-Michel est inscrit au patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1979 et

accueille plus de 3 millions de touristes par an. Le Mont est un îlot granitique encerclé par des

marais salés (appelés herbus ou pré salés) sur lequel paissent des moutons.

3. Une baie vieille de 7500 ans

La baie du Mont-Saint-Michel n'a pas toujours présenté sa configuration actuelle. Il y

a environ 30 000 ans, l'ensemble de la zone était émergé, et le Mont était situé loin à

l'intérieur des terres. Il y a 7 500 ans, lors de la fin de la dernière glaciation, la mer a envahi

cet espace.

4. La baie du Mont-Saint-Michel est naturellement en voie de comblement.

La baie du Mont-Saint-Michel, site reconnu au patrimoine mondial, est un lieu

privilégié qui permet l'observation d'un grand nombre de phénomènes de sédimentation

actuels ou récents.

La marée en a forgé la notoriété; elle en est également le facteur naturel principal qui

construit son environnement et contrôle son fonctionnement sédimentologique. Avec un

marnage de plus de 15 mètres en période d'équinoxe, les marées en baie du Mont-Saint-

Michel se placent au troisième rang mondial après celles de la baie de Fundy au Canada, et de

l'estuaire du Severn en Angleterre.

Protégée par les îles anglo-normandes et par la pointe du Grouin à Cancale, la baie est

peu soumise aux grandes houles de nord-nord-ouest.

Dans ce contexte, ce sont principalement et essentiellement les marées qui contrôlent

le fonctionnement tant sédimentologique que biologique de la baie, les vents de tempêtes

s'ajoutant efficacement aux processus sédimentaires.

Avec des amplitudes exceptionnelles de plus de quinze mètres, les marées sont en

grande partie responsables de ce colmatage de la baie. Ces marées transportent avec elles des

matériaux en suspension dont les 3% se déposent lorsque la marée redescendra, ce qui

équivaut à un dépôt de 2000 m³ de sédiments à chaque marée soit environ 6 000 tonnes de

sédiments déposés chaque jour en moyenne. Sur une année, cela correspond environ à un

volume d’un million et demi de m³ de matériaux s’entassant aux abords du mont. Au total, les

marées ont déposé un manteau de sédiments de quinze à dix sept mètres d’épaisseur au-dessus

du massif schisteux ancien de la baie. Ce processus s’explique par la dissymétrie de l’onde de

marée qui parvient au fond de la baie ; elle accorde au flot, plus rapide, un pouvoir de

transport de sédiments plus important que le jusant. Ainsi le bilan sédimentaire de chaque

marée est inexorablement positif car la vitesse et par conséquent l'énergie de la marée

descendante (jusant) est inférieure à celle de la marée montante (flot). C’est donc le flot qui

alimente le fond de la baie en matériaux. La marée met seulement 5h 30 à monter en raison de

la configuration du terrain. En revanche, elle redescend en 6h 30. La sédimentation y est très

active.

La baie se révèle donc être un véritable piège à sédiments. Toutefois, les rivières en

forte crue parvenaient à retarder ce processus en réexpédiant une certaine quantité de ces

sédiments vers le large. Mais, les aménagements anthropiques ont, par la suite, accéléré le

processus naturel d’ensablement.

II. L'intervention humaine accélère le comblement

1. 200 ans d'aménagements….

Divers ouvrages furent réalisés afin de détourner le lit de certaines rivières de la baie

qui mettaient en péril les tentatives d’endiguement entreprises pour mettre à jour des terres

agricoles nouvelles, conquises sur la mer, les polders. Depuis toujours, les hommes ont su que

ces terrains, où s’amassaient le limon des fleuves et les sédiments marins, étaient d’une

fertilité remarquable. Déjà, depuis le haut moyen âge, plusieurs travaux, pour la plupart

rudimentaires, avaient été effectués pour tenter de poldériser ces terres prometteuses mais

sans succès. On a besoin de nourriture, donc d'agriculture, donc de marais asséchés : il pleut

trop ; il faut évacuer l'eau ; on ne cessera de favoriser l'écoulement de l'eau par drainage. Les

moines y passeront leur Moyen Âge. Il faut se chauffer : les forêts disparaissent.

Puis, au XIème siècle, la construction de la première digue protectrice, voyait le jour.

Or cette barrière, ayant pour but d’isoler les marais de Dol du domaine maritime, se révèle

être fragile. Elle ne met pas les marais à l’abri des fortes marées et, régulièrement, les cultures

et les habitations sont inondées. C’est donc surtout à partir du XIXème siècle que les grands

projets de poldérisation prirent forme grâce notamment aux techniques confirmées de

hollandais dans ce domaine, et plus précisément dès 1856 au nom de la compagnie

Mosselmann et Donon qui sera baptisée par la suite la compagnie des Polders de l’Ouest.

Ces deux siècles virent toute une succession de travaux destinés à accroître les terres

agricoles en favorisant la sédimentation.

2. La conquête des terres par poldérisation

La conquête de nouvelles terres par poldérisation débute officiellement en 1856 : par

décret impérial, 4350 ha sont concédés à la compagnie Mosselmann et Donon.

Un polder est une étendue artificielle de terre dont le niveau est inférieur à celui de la

mer. Les polders sont réalisés par drainage provoquant l'assèchement de marais, estuaires, de

lacs, ou de zones littorales.

Les polders ont été créés avec l'aide technique des hollandais qui consiste à planter les

digues de saules ou de peupliers, car ils sont gourmands en eau. Les premiers arbres plantés

périssaient très vite en raison du taux élevé de salinité. On en replantait donc aussitôt.

Aujourd'hui, les cultures sont constituées de céréales, de fruits et de légumes.

3. Construction de la digue de l’ouest et de la digue de Roche-Torin en 1860

En 1860, la construction d’une chaîne de pierre

submersible à partir de la Roche-Torin en direction du

Mont est construite. La digue de la Roche Torin est

construite à l'est du Mont, pour s'opposer à la divagation

vers le sud de la Sée et la Sélune. Cette digue bloque

ainsi les sédiments, emportés par la marée, lors du

reflux au sud d’une ligne Roche Torin – Mont Saint

Michel, faisant ainsi progresser les herbus.

4. Le Couesnon est canalisé entre 1856 et 1858, les travaux sont achevés en 1863

Le second ouvrage est celui, réalisé en 1863, qui consiste à dompter le cours du

Couesnon en le canalisant, toujours en vue de protéger les premières tentatives de polders

(protéger les concessions contre la divagation des rivières).

De petits endiguements ont été pratiqués avec succès dès 1851 le long de la digue de

Bretagne. Ce n’est véritablement qu’après la canalisation du Couesnon que les polders se

multiplient, grâce à l’action de la compagnie Mosselmann qui avait obtenu en 1856 la

concession d’endigage à condition de mener à bien la canalisation du Couesnon.

5. La poldérisation commence

A l’ouest, les étendues qui ne balayaient plus le Couesnon après sa canalisation furent

progressivement transformées en polders. Tous ces polders ont été crées à des fins agricoles

mais leur utilisation n’était toutefois pas immédiate. En effet, suite aux travaux de

poldérisation, une année était nécessaire pour assécher et dessaler les sols tandis que la mise

en culture pouvait s’effectuer deux années plus tard.

Carte de l’évolution des terrains conquis par poldérisation selon les années (en vert)

6. La digue route vers le Mont a été construite en 1878-1879

Les aménagements perturbateurs

de l'environnement sédimentaire se

poursuivent : à partir de 1878, c’est la

digue route qui est érigée, digue route

insubmersible longue de près de deux

kilomètres, favorisant la stabilité des

sédiments au sud du mont car elle

s’oppose à la circulation transversale de la marée entre le

Mont et la terre.

Elle fut construite aussi afin d’unir le Mont-Saint-Michel et le continent. C'est

aujourd'hui une voie d'accès commode, la seule en dur et permanente. Des millions de trajets

par an attestent de son utilité sociale. Depuis les atterrissements (Dépôts de matériaux

alluvionnaires) se sont accrus avec une rapidité prodigieuse.

Entre 1919 et 1931 sont construits deux barrages sur la Sélune. On les voit sur la carte

ci-contre, cerclés de noir : barrage de la Roche qui Boit et barrage de Vézins.

7. Le barrage de la Caserne fut construit sur le Couesnon en 1968-1969

Enfin, dernier des ouvrages mis en place, le barrage de la

Caserne fut construit sur le Couesnon en 1968-1969. Il avait pour

objet de favoriser le drainage des marais riverains du Couesnon et

d’interdire les submersions des terres par les marées et la remontée

des eaux salées dans le cours du Couesnon en se refermant dès

qu’arrive le flot de la marée.

8. Mise en place des schorres

Une autre conséquence de ces aménagements est la mise en place des schorres. Les

schorres sont des milieux naturels à végétation basse situés en bordure haute des vasières

littorales, soit la partie haute des marais maritimes. Le mot a été emprunté au néerlandais «

schor » qui désigne un « terrain d'alluvions ». Ils correspondent à une partie de l'estran qui

n'est recouverte qu'aux grandes marées. Selon les régions, le schorre est désigné par divers

noms : herbu ou pré salé. Les herbus de la baie du Mont-Saint-Michel sont les plus grands

d'Europe d'un seul tenant (4 000 hectares). Ces prés salés ont une importance économique et

écologique. Ils sont utilisés pour l’élevage des agneaux de pré-salé, certifié AOC.

III. Prise de conscience de l’impact des ouvrages

En 1983 est engagée la démolition de la digue Roche-Torin. En effet, l’accélération de

la sédimentation aux abords du Mont Saint Michel devenant préoccupante, on décida à la

suite de nombreuses études et de nombreuses concertations de supprimer cet ouvrage. Or, si

cette destruction de la digue à permis d’éroder une partie des herbus, elle a aussi eu un effet

néfaste sur la baie en déplaçant les sédiments à l’Est du Mont. Le barrage de la Caserne a

entraîné un comblement spectaculaire du Couesnon, gagné progressivement d’amont en aval

et lié à la disparition de l’auto curage des courants du jusant avec la construction de l’édifice.

L’effet de chasse naturelle n’a donc plus lieu. L’ensemble des ouvrages a donc contribué

largement à l’avancée spectaculaire des zones d’herbus qui constituent aujourd’hui 80% de la

superficie totale de la zone estuarienne. Le Mont Saint Michel est donc menacé

d’encerclement par les herbus.

Par son intervention maladroite, l’homme a rompu l’équilibre naturel fragile et bloqué

l’évacuation des sédiments, au risque de faire perdre au Mont son insularité.

Cependant, il est peut-être possible de rétablir un espace sableux où divagueraient en

toute liberté les cours d’eau et de stopper la progression des herbus.

PARTIE 2 : PERSCEPTIVE DES AMENAMAGEMENTS DE LA BAIE DU MONT

SAINT-MICHEL

Le projet s’intitule : Opération de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-

Michel. D’ici 2015, le mont devrait donc redevenir une île.

Plusieurs ouvrages composent ce

grand projet. D’une part, un nouveau

barrage finalisé qui s’accompagne

d’installation en amont et en aval. Et

d’autre part l’actuelle digue-route sera

détruite au profit d’un pont-passerelle qui

partira d’un nouveau parc de

stationnement.

I. Le nouveau barrage sur le Couesnon (2006 -2009)

Grâce aux forces conjuguées de la mer, du Couesnon et du nouveau barrage, les

sédiments seront chassés au large du Mont. Il faudra plusieurs années, marée après marée,

après la mise en fonction de l’ouvrage et de chasses progressives, pour déblayer les millions

de mètres cubes de sédiments accumulés et abaisser progressivement le niveau des grèves.

L’originalité de ce barrage réside dans son mode de fonctionnement. Les vannes peuvent

fonctionner dans les deux sens, lorsque l’eau s’écoule de l’amont vers l’aval et inversement,

selon les conditions de marées et le débit du fleuve.

Conçu par l’architecte Luc Weizmann, le débit maximal du barrage du Couesnon est

de 100 m3 par seconde. Pour l’instant le volume des chasses est de 300.000 m3. Il devrait être

multiplié par quatre après le curage du Couesnon qui a débuté en 2010. Le lit du Couesnon

s’est déjà élargit de 200 mètres.

Avec le fonctionnement du nouveau barrage du Couesnon s’accompagne

l’aménagement de deux autres ouvrages hydrauliques à savoir un lieu de stockage de l’eau

accumulée en amont et un lieu de redistribution de l’eau rejetée en aval.

Voici la présentation des différents ouvrages de l’amont vers l’aval du Couesnon.

1. L’aménagement hydraulique en amont

Après le nettoyage et l’élagage préalables des berges, réalisés début 2010, le fond du

lit du Couesnon sera dragué. Cette opération portera sur les 4,7 km de fleuve situés en amont

du nouveau barrage, jusqu’à l’anse de Moidrey. Résultat : le Couesnon retrouvera la cote

originelle de son lit et ses capacités naturelles de stockage en eau, indispensables aux chasses.

Son débit sera à nouveau plus rapide.

Pour rendre à l'anse de Moidrey sa capacité de stockage d'eau, un réservoir

hydraulique de 700 000 m3 sera reconstitué dans l’anse – à travers 35 ha de canaux sur les

120 ha qu’elle compte. Pour éviter sa sédimentation et rester cohérent avec le paysage de la

baie, il sera parcouru d’un réseau de chenaux de 11 km au total. Avec ces travaux et le curage

de son lit, le Couesnon retrouvera une capacité de stockage de près d’1,7 million de m3 d’eau.

Ce chantier a été entamé en 2005 par le creusement d’amorces de criches (chenaux) dans

l'anse de Moidrey et devrait être achevé en 2015.

Située en amont du barrage du Couesnon, l'Anse de Moidrey redeviendra une zone

humide au bénéfice de la faune et de la flore. A marée montante, les eaux y seront recueillies

dans un bassin parcouru par 10 km de chenaux avant de repartir progressivement avec le

jusant.

Une étude sur la valorisation environnementale de l'Anse de Moidrey a été conduite

sur modèles et sur le terrain par des ingénieurs et des écologues. Plusieurs variantes de

réservoirs ont abouti à retenir une structure "digitée" limitant la sédimentation. Elle

fonctionnera comme les méandres des criches et s'inscrira de façon cohérente dans le paysage

environnant. Une "vasière", au sens écologique du terme, sera recréée. Ainsi, dans l'Anse elle-

même, la biodiversité sera favorisée.

Le site restera sans doute relativement pauvre en biomasse et très sélectif en raison du

caractère changeant des paramètres écologiques, mais sans équivalent dans un rayon de 100

km à la ronde. L'aménagement en "creux" favorisera une végétation naturelle étagée en

fonction des hauteurs d'eau et de sa tolérance au sel. L'aménagement préserve une grande

partie des zones humides, recherchées par l'avifaune.

La vasière ressemblera à l'Anse de Moidrey telle qu'elle a existé entre 1850 et 1930.

Deux zones estuariennes bien différenciées vont se recréer, l'une fluviale en amont de l'anse,

l'autre marine, à l'aval. La zone qui sépare habituellement les deux systèmes sera concentrée

dans l'Anse de Moidrey.

Une valorisation pédagogique de l'aménagement est envisagée pour intéresser le

public, après stabilisation de l'écosystème.

2. Le fonctionnement du barrage

Grace à ses 8 portes, le barrage amplifie le phénomène de marée. Il créé une puissance

de courant à marrée descendante qui est multipliée par 10 entrainant un lâché d’eau

progressif.

La gestion précise du barrage se détermine en fonction du coefficient de la marée et du

débit du Couesnon.

Le scénario type est le suivant :

Etape 1 Tout d'abord, environ 1 heure

avant la pleine mer, les vannes

sont fermées. Le premier flot

bute sur l'obstacle et les

sédiments se déposent en aval du

barrage. L’eau ainsi décantée de

ses sédiments limitera

l’envasement du Couesnon à

l'amont.

Etape 2

10 minutes avant la pleine mer,

les vannes s'ouvrent et la marée

remplit le Couesnon par sur-verse

(par le dessus des vannes) avec

l'eau la moins chargée en

sédiments.

Etape 3

La marée entre dans le Couesnon

jusqu'à une cote limite pour ne

pas inonder les terrains en amont.

À l'équilibre entre amont et aval,

les vannes s’effacent. Les

poissons migrateurs peuvent

franchir le barrage.

Dans certains cas, il n'y a pas de remplissage, étape très visuelle du fonctionnement du

barrage : Les remplissages sont en général fluviaux-maritimes. Ils sont exclusivement

fluviaux pour des marées dont le coefficient est inférieur à 50 ou pour des débits naturels du

Couesnon compris entre 30 et 40m3/sec. Au-delà de 40m3/sec, aucun lâcher d'eau n'est

généré.

Etape 4

Après quelques dizaines de

minutes, au début de la marée

descendante, les vannes se

ferment. Un débit réservé est

assuré par les écluses qui

permettent également la

circulation des juvéniles

d'anguilles.

Un volume d’eau de 70 000 à 1 700 000 m3, selon les saisons et les marées, a été stocké. Plus

le volume stocké est important, plus le lâcher d’eau sera long.

Etape 5

6H après la pleine mer, les vannes

retenant l'eau stockée dans le

Couesnon sont progressivement

ouvertes (par le dessous des

vannes), créant un lâcher d’eau

progressif, sans vague ni

déferlement, pendant une durée

de 30 minutes à 3 heures.

Etape 6

Environ 3 heures plus tard, la

chasse régulée s'achève et les

vannes sont fermées. La durée de

la chasse dépend du volume d'eau

stocké dans le Couesnon, fonction

de son débit et du coefficient de

marée. Plus le lâcher d’eau est

long, plus il est efficace dans le

transport des sédiments.

Etape 7

Une heure et quart avant la pleine

mer suivante, les vannes peuvent

être légèrement ouvertes afin de

créer un bouchon d'eau claire

destiné à stopper le plus en aval

possible du barrage, le premier

flot, celui que l'on sait être le plus

chargé en sédiments.

Dix minutes plus tard, lorsque cette nouvelle marée atteint le barrage, on ferme les vannes et

le cycle recommence.

Les apports mutuels de la mer et du Couesnon varieront selon les marées et les

saisons.

De janvier à mars, durant les périodes pluvieuses, tandis que les volumes de chasse pourront

varier de 800.000 m3 à 1.400.000 m3, la part du Couesnon oscillera entre 37% et 67% de

ceux-ci. Au mois d'août, elle ne sera plus que de 5% à 9%.

Quant à la mer, les coefficients de marée requis pour satisfaire sa part de travail sont

compris, au fil de l'année, entre 60 et 120.

Ce barrage a coûté plus de 30 millions d’euros.

3. L’aménagement hydraulique en aval

Le nouveau barrage ne saurait, à lui seul, restituer toute sa puissance au Couesnon.

Mais conjugué à des aménagements hydrauliques, il donnera à nouveau au fleuve la force

d’emporter les sédiments au large.

En aval du barrage, les cordons d’enrochements qui enserraient le Couesnon seront

démantelés. Ils serviront à la réalisation d’un seuil de partage, depuis le barrage jusqu’au pied

du Mont. Les deux chenaux Ouest et Est ainsi formés guideront la répartition des chasses du

barrage de part et d’autre du Rocher.

Pour compléter ces aménagements, des épis déflecteurs et écarteurs accompagneront et

faciliteront la divagation du Couesnon sur les grèves. Les courants circuleront ainsi plus

facilement et plus fortement autour du Mont, empêchant les sédiments de se déposer toujours

au même endroit.

Ce chantier a débuté en 2011 pour s'achèvera en 2015.

II. L’ouvrage d’accès

Aujourd’hui :

Demain :

A partir de 2014, la digue-route sera remodelée. Le dernier kilomètre sera démoli et

remplacé par un pont-passerelle qui s’incurvera vers l’ouest et s’arrêtera à 300 m des

remparts.

L’accès au Mont se décomposera donc en 3 tronçons. Une digue remodelée sur 1 km

qui s’inscrira dans les herbus. Une jetée qui franchira les deux bras du Couesnon et les grèves,

portée par une succession de piles fines.

Enfin, une cale descendant en pente douce qui mènera les visiteurs à un terre-plein surmonté

d’un gué qui permettra d’accéder au village toute l’année, en dehors de quelques heures par

an, lors de coefficients exceptionnels supérieurs à 110. Le Mont redeviendra alors une île, au

milieu de son écrin d’eau.

Deux cheminements piétons seront aménagés de part et d’autre de la chaussée et

légèrement surélevés par rapport à celle-ci. Ils seront recouverts d’un revêtement de chêne qui

se grisera au fil du temps et des intempéries, et s’intégrera dans l’environnement marin. La

chaussée centrale sera réservée aux navettes et à la circulation des quelques véhicules

autorisés

Un train sur pneumatiques assurera la desserte du Mont-Saint-Michel depuis le

continent. Toute habillée de bois et de verre, cette future navette a été baptisée le Passeur par

ses concepteurs. Primée à l’issue d’un concours de design européen, elle avancera

paisiblement à 30 km/h, pour offrir à chacun le temps et la sensation d’une véritable traversée.

Le Passeur partira du parc de stationnement puis marquera deux arrêts, le premier dans la

Caserne pour la desserte des commerces, le second à hauteur du barrage. Il aura son terminus

à environ 400 m des remparts du Mont. Il s’articulera autour de deux ou trois voitures. De part

et d’autres, se trouveront des accès de très larges dimensions afin de faciliter les entrées et les

sorties de tout un chacun et tout particulièrement des personnes à mobilité réduite. Les

grandes vitres transparentes seront supportées par des bas-flancs de bois, sans structure

verticale apparente, pour ouvrir la vue sur la baie et le Mont.

Pour rendre au Mont toute sa solitaire majesté, il était essentiel de limiter le flot de

véhicules donc le stationnement au pied du monument était indigne de ce haut-lieu du

patrimoine mondial. Aussi, le futur visiteur devra déposer son véhicule sur le continent où il

trouvera à sa disposition : un parc de stationnement paysager de 4.140 places, des services et

le point de départ des navettes.

Le parc sera organisé par poches, afin de faciliter la fluidité des arrivées et des départs.

Les cheminements du parc se rejoindront sur la place des navettes, tandis que trois

promenades seront aménagées en bordure du Couesnon, au cœur de la Caserne ou en lisière

des polders.

D’autre part, le parc collectera les eaux pluviales.

Un projet d’une desserte par voie ferrée, mené par le Conseil Régional de Basse-

Normandie en partenariat avec RFF et la SNCF offrirait une alternative à ceux qui souhaitent

venir visiter le Mont sans prendre de véhicule.

Le coût total du projet est évalué à 204 millions d’euros. Les trois-quarts sont financés

par l’Etat et les collectivités locales. Ce chantier s'achèvera en 2014.

L’aboutissement de ce projet n’est pas sans conséquence. En effet la construction du

parc de stationnement notamment est réalisée aux prix d’expropriation. De plus, la mission

de sauver le Mont a pour but de sauvegarder l’activité touristique du site. Or ces travaux

auront un impact non négligeable sur le tourisme.

Enfin, le Mont Saint-Michel sera totalement inaccessible quelques heures par an, lors

des plus grandes marées. Effectivement, elles submergeront le pont-passerelle de vase qu’il

faudra nettoyer

RESUME ET CONCLUSION

Pour résumer, la baie du Mont-Saint-Michel s'ensable, comme toutes les baies au

monde. Elle se comble progressivement de sédiments. Apportés par la mer, ceux-ci se

déposent à marée haute, les courants de marée montante étant plus forts que les courants de

marée descendante.

Cependant, l’ensablement naturel autour du Mont a largement été favorisé par l'action

de l'homme, depuis la poldérisation jusqu'à la construction du barrage du Couesnon dans les

années 1970. Des études ont montré que si des travaux ne sont pas engagés, la situation va se

dégrader rapidement et le Mont-Saint-Michel sera entouré par les herbus (la végétation

maritime), d'ici quelques dizaines d'années (de l'ordre de 20 à 30 ans).

Ainsi, les nouvelles perspectives d’aménagement vont permettre de redonner au Mont

et à l'environnement de la baie sa grandeur pour les générations à venir.

Le projet a donc deux objectifs principaux. D'une part, le rétablissement du caractère

maritime du Mont-Saint-Michel qui a une action hydrodynamique sur l'ensablement de la

baie. Aujourd'hui, le Mont n'est entouré d'eau que cinquante jours par an. Le deuxième

objectif est de requalifier le site pour permettre aux visiteurs de découvrir le Mont et la baie

dans toute sa splendeur (aménagement touristique durable).

Dans ce cadre, les travaux ne visent pas à désensabler l'ensemble de la baie (ce qui

représenterait des millions de mètres cube), mais à recréer et maintenir, par l'effet de chasse

d'eau, un espace d'environ 1 km autour du Mont, baigné par les marées.

Pour conclure, la baie du Mont-Saint-Michel possède des écosystèmes aussi variés que

précieux. Elle est inscrite sur la liste des “ zones Ramsar ”, est classée site Natura 2000, au

titre de la directive "Habitats", est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979,

d’où l’importance de sa protection. Un programme prévoit un suivi hydrosédimentaire, un

suivi de la qualité de l’eau du Couesnon, de la faune et de la flore et de l’impact des travaux

sur leurs habitats.

D’autres aménagements vont être à prévoir pour améliorer la protection de la nature du

site. En effet les deux barrages hydroélectriques sur la Sélune : le barrage de la Roche-qui-

boit et le barrage de Vezins sont âgés et arrivent bientôt en fin de concession. Ils font

obstacles à la remontée des migrateurs Trois options ont été envisagées : continuité de la

production d'énergie hydroélectrique telle qu'elle se fait ; arrêt de la production d'énergie

hydroélectrique et maintien des barrages pour préserver les deux lacs artificiels ; destruction

et remise en état d'avant construction des barrages du fleuve, ce qui devrait permettre à

plusieurs espèces de poissons migrateurs (saumons, truites, aloses, lamproies, anguilles,

épinoches) de remonter vers la source et de faire leur dévalaison, sans nécessité

d'aménagements lourds. Une étude économique sera rendue le 9 juin 2012 par l’État dans le

cadre du choix de nouveaux aménagements et du développement économique pour la vallée

de la Sélune.

BIBLIOGRAPHIE

PARTIE 1 :

Article « Océan et littoral - Mai 2002 - La Baie du Mont Saint Michel et ses bassins versants :

un modèle d'anthroposystèmes » par l’association X-environnement de l’école polytechnique

http://www.x-

environnement.org/index.php?option=com_content&view=article&id=56%3A2002&catid=3

6%3Ajaune-rouge&Itemid=41&limitstart=6

Article « Aménagement du milieu par les hommes » issu de l'IGN et de l'Education Nationale

sur l'information géographique par Christophe Clavel du Ministère de l'Education Nationale

http://seig.ensg.eu/fichchem.php?NOFICHE=CC4&NOCONT=CONT4&NOCHEM=CART

COM002&NOLISTE=3&RPHP=&RCO=&RCH=&RF=&RPF

Article « Progression des marées salés à l’ouest du Mont Saint-Michel de 1984 à 1994 »

http://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M495/SAINTMichel.pdf

Site La Baie du Mont Saint-Michel

http://www.baie-mont-saint-michel.fr/fr/les_paysages.php

Compte-rendu de terrain 2009-2010 de L’aménagement de la Baie du Mont Saint-Michel du

Département de Géographie de l’école Normale Supérieure

http://www.geographie.ens.fr/-L-amenagement-de-la-Baie-du-Mont-.html

Site de la Société Géologique et Minéralogique de Bretagne – compte rendu de sorti –

université de Caen

http://sgmb.univ-rennes1.fr/DOSSIERS/activites/textes/CRMTSM.htm

La baie du Mont Saint-Michel

http://fr.wikipedia.org/wiki/Baie_du_mont_Saint-Michel

PARTIE 2 :

Site officiel de l’opération de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel

http://www.projetmontsaintmichel.fr/index.html

Fonctionnement du barrage

http://www.planete-tp.com/IMG/pdf/fonctionnement-barrage_msm_cle1d2563.pdf

http://www.planete-tp.com/le-mont-saint-michel-mise-en-a1546.html

Actualités du site de l’internaute

http://www.linternaute.com/actualite/grand-projet/photo/les-grands-travaux-au-mont-saint-

michel/le-mont-saint-michel-aujourd-hui.shtml