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1230AvenueoftheAmericasNewYork,NY10020Celivreestunefiction.Touteréférenceàdesévénementshistoriques,despersonnesoudeslieuxréelsseraitutiliséedefaçonfictive.Lesautresnoms,personnages,lieuxetévénementssontissusdel’imaginationdel’auteur,ettouteressemblanceavecdespersonnagesvivantsouayantexistéseraittotalementfortuite.Copyright©2015byAnnaToddL’auteurestreprésentéparWattpad.Tousdroitsréservés,ycomprisledroitdereproductiondecelivreoudequelquecitationquecesoit,sousn’importequelleforme.Titreoriginal:BeforePremièreédition:GalleryBooks,décembre2015GALLERYBOOKSetcolophonsontdesmarquesdéposéesdeSimon&Schuster,Inc.Couverture:©Simon&SchusterUK.Logoinfini:©GrupoPlaneta–ArtDepartmentPourlaprésenteédition:©2016,HugoetCompagnie34/36,rueLaPérouse75116ParisOuvragedirigéparIsabelleAntoniISBN:9782755625684
LAPLAYLISTDETessaETHardin. .«NeverSayNever»parTheFray«Demons»parImagineDragons
«Poison&Wine»parTheCivilWars«I’maMess»parEdSheeran«Robbers»parThe1975
«ChangeYourTicket»parOneDirection«TheHills»parTheWeeknd«InMyVeins»parAndrewBelle
«Endlessly»parTheCab«Colors»parHalsey
«BeautifulDisaster»parKellyClarkson«LetHerGo»parPassenger«SaySomething»parAGreatBigWorld,ft.ChristinaAguilera«AllYouEver»parHunterHayes
«BloodBank»parBonIver«NightChanges»parOneDirection«ADropintheOcean»parRonPope«HeartbreakWarfare»parJohnMayer«Beautiful
Disaster»parJonMcLaughlin«ThroughtheDark»parOneDirection«Shiver»parColdplay«AllIWant»parKodaline
«BreatheMe»parSia
. .
J
1Toutesavie,ils’étaitconstruitunesolitudequil’empêchaitdesouffrir.Maislafilleprenaitchaquejourunpeuplusdeplace,tropdeplace.Elleconnaissaitmaintenantunepartiedelavéritésursonpère,la
part positive d’une vie en deux actes. La part sombre, il était le seul à la connaître et ne voulait pas la partager. Il ne voulait pasl’entraînerdanslechaosdesonenfance,dontelleauraitforcémentenviedel’aideràsortir.Sansl’ombred’undoute.Celaluifaisaitmald’avoiràchoisirentreladouleurqu’illuicauseraitengagnantleparietcellequ’elleprovoqueraitendémêlantles
nœudsdesonpassé.Ilavaitdécidédepartir.
. .
eviensàpeined’arriverdansmachambrequandjereçoisuntextodeMolly:ZEDEST AVECMISSBARBIEVIERGEDANSLACHAMBRE.RAMÈNETESFESSES,TOMBEUR.
Enécrivantmaréponse,jemedemandepourquoic’estMollyjustementquimevientenaide…QUOI?COMMENT TUSAIS?Putain,serait-elledemoncôté?JENESUISPASUNEBALANCE.Jepeuxpresqueentendresontonmoqueurtraverserl’écran.J’enfilemesbootsnoirs,l’intérieuren
estusé,maisj’attendsdelesruinercomplètementavantd’enchanger.Jelesaidepuisdesannéesetn’aijamaisrientrouvéd’aussiconfortable.Jesensquej’aiobtenudeMollytoutcequejepouvaissavoir,doncavantdemettreunpieddehors,
j’envoieuntextoàSteph:TESSAEST AVECZED?Saréponseestimmédiate:NANPASICI
Jesaisqu’ellement.J’écraselepiedcontrelapédaled’accélérateur.Putain,jenepeuxpaslaisserfaireZed.
. .Quandj’ouvrelaporte,TessaestsurlelitdeStephavecZed.Sonlitàelleestinoccupé.Unpetitlit,
avecZed.StephetTristansontlàaussi.Tessaestjusteassise,riendeplus,maisquandmême.ElleestavecZed.Surunlit.SurunlitavecZed.ÇasonnecommelapiredesrimesduDrSeuss1.Çamerendcomplètementfou.–Hémec,tupourraisfrapperunefoisdetempsentemps.Stephjoueladébile.Ellesavaittrèsbienquejedébouleraisici.Ellevoulaitquejelesache–c’est
pourçaqu’ellel’aditàMolly,j’ensuissûr.JesuisjusteétonnéqueMollym’enaitparlé.Stephmeregardeetsemetàrire.–J’auraispuêtreàpoil!Auraitpu?Aété,sesyeuxmalicieuxmelefontcomprendre.Ouais,jel’aivuecomplètementnue.
Etjesaisquesesseinssontmoitiépluspetitsquel’effetproduitparsessoutiens-gorgerembourrés.Maisbon,elleaquandmêmel’undesplusbeauxculsquej’aijamaistenusdansmesmains…J’avancedanslachambreetbalance:–Çan’auraitpasétéunedécouverte.TessaetTristantirenttouslesdeuxunetêtededixpiedsdelong.
–Oh!Tais-toi.Stephrigole.Elleadoreavoirl’attentionqu’ellerechercheenpermanence.–Vousfaitesquelquechose,lesgars?Jem’assiedssurlelitdeTessa,enfaced’eux.Aumoins,Zedn’estpassursonlit.Jesupposeque
c’estunesortedesoulagement…d’unecertainemanière.Àl’autreboutdelapièce,Zedafficheungrandsourire.Bordeldemerde,pourquoisourit-il?–Onvoulaitallerauciné.Tessa,tuviens?Tessameregarded’abord,puistournelatêteverslui.Ellesemblenerveuse.Elleestsurlepointde
direoui!Avantqu’ilnesoittroptard,j’interviens:–Enfait,Tessaetmoiavionsdesprojets.JefixeZedensigned’avertissement.Ilclignelentementdesyeuxcommepourmedéfier.Tristanne
ditpasunmot.Ilneveutpassemêlerdenoshistoires.C’estunmecbienenfait.Saufqu’ilsortavecunevraiegarce.–Quoi?s’exclamentStephetZed,àl’unisson.–Ouais,jesuisvenulachercher.MaisTessanebougepasd’unpoil.Elleresteassise.–T’esprêteouquoi?Ellesembleenpleinconflit,commesielleluttaitavecelle-même.Alorsquejem’apprêteàmedéplacerpourlaconvaincre,ellesecouelatêteetselèvedulit.–Bon,ben,àplustardlesgars!MavoixesttropforteetjepousseTessadehorssivitequ’ondiraitquejesuissouscokeouuntruc
danslegenre.Dehors, Tessame suit en faisant de petits pas rapides pourme rattraper. Ses jambes sont plutôt
grandesetsescuissesunpeuépaisses.J’imaginelestenirentremesmainspendantquejelaprends,penchéesurlecapotdemavoiture.J’essaiedenepaspenseràçaquandellesetrouvesiprèsdemoi.Monmembreestdouloureux, ilmesupplied’imaginer ladouceurdesapeauetcommej’aimeraisjustelaserrercontremoi…J’interrompslecoursdemespenséesquandjecomprendsquenoussommesarrivésàmavoiture.
Je lui ouvre la portière du côté passager.Mais pour une raison quim’échappe, je vois qu’elle nebougepas.Aulieudeça,ellerestelà,lesbrascroisés,cequimetsesseinsenvaleur.Elle cherche sûrement à me montrer qu’elle est en colère, mais là tout de suite, elle est juste
hypersexy.Jelaregarded’unairsarcastique:–D’accord,jemesouviendraideneplusjamaist’ouvrirlaportièreàl’avenir…Ellesecouelatête,etjesensqu’ellevaexploser.–C’étaitquoi,ça?Jesaispertinemmentquetun’espasvenumechercher,tuvenaisàpeinedeme
direquetunevoulaispassortiravecmoi!Ellehurleàprésent.Jejetteunœil,leparkingestloind’êtredésert.Ellenesemblepasremarquer
lesgensautourdenous.Tessan’apourtantpasl’aird’êtrelegenredefillequisedonneenspectacle,mêmesic’estladeuxièmefoisquenousnousengueulonsenpublic.Ellemerendcomplètementdingue.–Si,jesuisvenupourça.Maintenant,montedanslavoiture.Jefaisunsignepourluiindiquerdegrimperàl’intérieur,quej’aientièrementnettoyé–elleferait
mieuxdemonter.Maisellemelance,suruntondedéfi:
–Non!Siturefusesdereconnaîtrequetun’espasvenupourmevoir,jerentreimmédiatementetjevaisaucinéavecZed!C’estquoisonproblème?Elleditquejesuisgrossier,etvoilàcommentellemetraite?Hypocrite
ethargneuse,voilàcequ’elleest.Putain,maisjerépondsquoiàça?Devrais-je lui dire queMollym’a prévenu ? Bordel, non – Pinkie neme balancera plus jamais
aucuneinfo.EtpourquoiTessamemenacerait-elledesortiravecZed?Serait-elleaucourantdupari?Est-elledanslecoupavecSteph?Jene saispratiquement riend’elle, et là je lui trouveunpetit air absent. JepariequeSteph lui a
parlé.–Reconnais-le,Hardin,oujem’envais.Jen’arrivepasàdiscernersiellesejouedemoioupas.Ellesemblevéritablementcontrariée,ses
narinessedilatent–c’estplutôtcomique.Jevaismettreçasurlecomptedesonegoblessé.–Ok,d’accord.Jel’admets.Maintenant,montedanscettefichuevoiture.Jenevaispastesupplier.Je veux remporter le pari, mais c’est en train de devenir vraiment compliqué. Et je n’ai pas
l’intention dem’investir davantage si c’est pour que ce soitmon pote qui remporte la victoire. Jemonteducôtéconducteurtoutenlaissantlaportedesoncôtéouverte,sielleveutmonter.Sanssurprise,elles’exécute.Quandjesorsduparking,jesuishyper-énervé.J’avaisannulécerencard–j’étaisprêtàpartir–et
pourtant,voilà,jemeretrouveavecellemaintenant.Matêteestsurlepointd’exploseretmonespritbouillonnedeconfusion.D’uncôté,j’aienviedehurleretdebaissertouteslesvitrespourévacuerlescrisquim’étouffent,maisde l’autre, jesensuneformed’apaisementmonterenmoi, lentement,unapaisement empreint de sérénité. Je mets la musique pour arrêter de gamberger. Ça marched’habitude:desmecschantant,ouplutôthurlantdesparolessurlamortetleurdépressionàcoupsdecoupletsrépétitifs–avecdessolosdebatterietonitruantsquiaccentuentlarage.Tessa,quinesemblepasapprécierSlipknot2,tendlebraspourl’éteindre.Elleaducran,putain!–Netouchepasàmaradio.–Situdoistemontreraussidésagréable,jenevaispasmebaladeravectoi.Tessa me menace. Elle s’enfonce dans le siège en cuir pour rendre la situation encore plus
dramatique.–Ok,maisnetouchepasàmaradio.J’aidumalàrespirer,etmapaniquesenoiedanslebruit.Quandjetournelatêteverselle,jelavois
fixerlaradio,lesyeuxpleinsderage.Cettevisionatténueinstantanémentmamauvaisehumeuretmedonneenvied’éclaterderire,mêmesicen’estsûrementpaslemeilleurmomentpourfaireça.–Qu’est-cequetuenasàfairequej’ailleaucinéavecZed,d’abord?StephetTristanyallaient,eux
aussi.Tessarelèvelementonpoursoulignersaremarque.Oh,commeunesoiréeentrecouples?Nan,maisc’estquoiça?–JenepensepasqueZedaitdebonnesintentions.Commejenesaispasquoiajouterd’autre,jefixelaroute.Aprèsquelquessecondesd’unsilencepesant,Tessasemetàrigoler.Qu’est-cequiclochechezelle
?–Oh,parcequetoi,oui?Zedestgentilavecmoi,luiaumoins.
Ellenes’arrêteplusderire.Zedestgentilavecelle?Gentil?Ilapariéqu’ilpourraittedépuceler,chérie,maiscen’estpasunechoseàluidire.Sansdouteparcequemoiaussi.Jenedisplusunmot,Tessarestesursesgardes.Puisellecriepar-dessuslamusique:–Pourrais-tubaisser,s’ilteplaît?Jefaisunsignedetêteetmedisqueçalamettrasansdoutedemeilleurehumeur.–C’estvraimenthorriblecettemusique.Jesavaisqu’ellen’aimeraitpas;ilsuffitdelaregarderpoursavoirqu’elleécouteuncertaingenre
demusique.Totalementopposéaumien.MesdoigtspianotentsurlevolantetjeremarquequeTessafaitlamêmechosedistraitementsurses
cuisses.–Pasdutout.Maisçam’intéresseraitdesavoircequetuconsidèrescommedelabonnemusique.Jesourisenpensantàsaplaylistd’adolescente:’NSync,JessicaSimpsonet,sansaucundoute,des
morceauxdecetteépouvantablefilledugroupeMotherEngland.Çadoitêtreàpeuprèstout.Elleréfléchitàlaquestionquelquessecondes.–Ehbien,j’aimeBonIver,etaussiTheFray.–Çanem’étonnepasdetoi.Ungroupecathoetl’autrehipsteràmort.Riendebiensurprenantetpasassezpuissantpourmoi.–Qu’est-cequetuleurreproches?Ilsontuntalentfouetleurmusiqueestformidable.Elle a l’air complètement passionnée.Quandmes yeux croisent les siens, elle détourne la tête et
regardeparlafenêtre.–Ouais…ilsontuntalent.Unsuper-talentpourendormirlesgens.Tessamedonnegentimentunetapesurl’épaule.C’estunechoseétrangequelescouplesfonttoutle
temps,maispersonnenemel’avaitjamaisfait.–Detoutefaçon,c’estcommeça,jelesadore.Ellesouritfièrement.Ellesemblepasserunbonmoment.–Oùva-t-on?–Dansundemesendroitspréférés.Jene luidonnepasderéponseprécise.Elleestbien tropcurieusemais,commejem’yattendais,
elleinsiste.Elleesttropobsessionnellepours’enempêcher.–Etc’estoù?–Tuveuxtoujourstoutsavoiràl’avance,hein?J’essaiederenverserlasituation.–Ouais…j’aimebien…–Toutcontrôler?Ellegardelesilence.Jedécidedelaissertomberpourlemoment.Jeneveuxpasluimettrelapression.–Jetelediraiunefoisquenousyserons…c’est-à-diredanscinqminutestoutauplus.Alorsquenouscontinuonsderouler,Tessaregardeautourd’elle,désorientée.Jevoisqu’ellelutte
pour contenir sesquestions.Elle essaiede sedétendre, et çame facilite les choses.Puis je la voisfixerquelquechosesurlabanquettearrière.–Ilyaquelquechosequitefaitenviederrière?Jelataquine,etellesecouelatête.Unemèchedeseslongscheveuxtombesursonépaule,maiselle
larepousse.Sescheveuxontl’airsidoux.Jemedemandesic’estuneblondenaturelle.Jerepenseàsamèreetsuiscertainqueoui.–Qu’est-cequec’estcommevoiture?Ellefixeseschaussures.–UneFordCapri,c’estunevoitureancienne.J’aimemavoitureplusquemoi-même,etjesuishyper-fierdel’avoir.Tessaengagedoucementla
conversationtandisquejeluiparledesdétailstechniquesdemavoitureetdesaconduitesilencieuse.Ellesouritenhochantlatête.Mêmesijenesuispassûrqu’ellecomprennetoutcequejedis,c’estparticulièrementagréabledeparleràquelqu’undenormal,pourunefois.Quelquesminutesplustard,jetournelatêteverselleetlasurprendsentraindem’observer.Jesens
unepressionmonterderrièremanuqueetramperlelongdemacolonnevertébrale.Tropproche.Elledevienttropproche.C’estunjeu,Hardin.Traite-lacommeunpion.Jedétestequ’onmedévisage.J’essaiedegarderunvisageneutre.Elleestsicurieuse,etjesuisentraindemerendrecomptequej’aimeçaplusquejenelevoudrais.
J2
’emprunte un dernier chemin sinueux et arrête la voiture au bout d’un sentier gravillonné,surplombé de grands arbres. J’adore cet endroit ; personne ne vient jamais ici, et c’est parfait
commeça.Surtoutparunebellejournéecommeaujourd’hui.Ilestsirarequ’ilnepleuvepasdanslaPéninsule Olympique. Le ciel maussade est l’une de ces choses auxquelles j’étais habitué, ayantgrandiàHampstead;lesoleilsemontraitrarementpendantlasaisonautomnale.Tessaobservelesalentours,puisfroncelessourcils.–Net’inquiètepas,jenet’aipasamenéeicipourtetuer!J’essaiedeluiarracherunsourire;noussortonsdelavoiture.Elleposesonregardsurlechampdefleurssauvagesjaunes.Sesépaulessedétendentunpeu.Àquoi
pense-t-elle?–Qu’est-cequ’onestvenusfaireici?–Premièrement,unpeudemarche.Tessasoupireenmesuivantsur lecheminde terre,autrefoisunsentierherbacé.Elleadéjà l’air
renfrogné.Àquoiest-cequejem’attendais?–Pastropdemarche.Ellen’apasconfianceenmoietsembleêtredemauvaispoilaujourd’hui.Vasavoirquandnel’est-
ellepas?Monattentionseportesur lesnuagesdepoussièrequeformentmesbootsenfrappant lecheminsecetpoussiéreux.LespasdeTessasontsilencieux.Elleestd’unelenteurincroyable.–Bien,sionsedépêche,onpourrapeut-êtrearriveravantlecoucherdusoleil.Jelataquinealorsquenousatteignonsunarbreautourduquelestattachéunvéloabandonné,signe
quenousavonsdéjàparcourulamoitiéduchemin.Ilrestedoncenvirondeuxkilomètres.Passimal.Tessa ralentit encore, mais quand nous atteignons la rivière, son visage affiche une expressionradieuse. Elle reste sans voix, la bouche entrouverte et les yeux écarquillés. Comme si ce simpleruisseauaumilieudesboisétaitmagique.Aime-t-elleseulementnager?J’auraissûrementdûluiposerlaquestion.Je reste silencieux et la laisse prendre ses marques avant de lui demander quoi que ce soit.
Maintenantquenoussommesseulstouslesdeux,jen’arrivepasàpenseràunquelconquefoutusujetdeconversation.Peut-êtredevrais-jejusteallerdansl’eau?Tessan’apasbougéd’unpoil.Elledonnedespetitscoupsdanslapoussièreavecsachaussurepouréviterdemeregarder.Putain,quellesituationgênantedemerde!Jevaismebaigner.Quandj’ôtemont-shirt,jediscerneuninévitablepetitgémissementdanslabouchedeTessa.Ellene
parle pas beaucoup,mais chacun de ses états d’âme s’accompagne d’un son particulier.Un soupirquandellesourit,unrâlequandelleestencolèreetungémissementquandelleestexcitée.–Pourquoitutedéshabilles?Je crois qu’elle ne se rend pas compte de lamanière dont elle fixema poitrine. Elle se racle la
gorgeetcontinue:–Tuvastebaigner?Là-dedans?Elle pointe l’eau du doigt avec un air de dégoût.Bien évidemment,Mademoiselle Prude n’a pas
enviedemouillersesvêtementsnisescheveux.–Ouais,ettoiaussi.Jefaisçatoutletemps.
JefaissauterleboutondemonjeanpendantqueTessacontinuedeseplaindre.Ellenecessedemefixertandisquejemedéshabille.–Horsdequestion.Jenemebaignepaslà.L’eauestplusclairequedanslamajoritédeslacs.Cequiestprécisémentlaraisonpourlaquelleje
nesupportepascesfillescoincéesetsnobs,effrayéesàl’idéedesesaliroudesecasserunongle.–Etpourquoipas?Elleestsiproprequ’onpeutvoirlefond.Jemontrel’eauscintillante.Jepensaisqu’elleseraitplusimpressionnéequeça.Lefaitdenejamais
savoiràquoiellepensemeperturbe.–Etalors…ilyaprobablementdespoissonsetDieusaitquoilà-dedans!Ellehurle.Despoissons?Sérieux?C’estdoncçaquiinquiètecettefilleétrange?–Enplus,tunem’aspasprévenuequenousallionsnousbaigneretjen’aipasdemaillot.–Tuveuxmefairecroirequetueslegenredefillequineportepasdesous-vêtements?Tuvois,
alorstupeuxtebaignerenculotteetsoutien-gorge.Jeluisouris,crevantintérieurementd’impatiencedelavoirdansuntelattirail.Jesaisqu’ellenele
ferajamais.Lacolèregranditdanssesyeuxgristandisquej’attendssaréponse.–Jenevaispasmebaignerensous-vêtements,espècedemalade.Jevaisteregarder.Etelles’assiedsurl’herbe,auborddelarive.Ellecroiselesjambesetsourit.Denouveau,ellefixemoncorps.Cette fois, elle arrête son regard sur la forme que prend ma queue dans mon boxer. Ses joues
rougissent.Ellefaitminederegarderailleursetfaitsemblantdejoueravecdesbrinsd’herbequ’elletripoteentresesdoigts.Jecrieavantdesauterdansl’eau:–Tun’espasmarrante.Etenplustuteprivesdequelquechose!Puutaiiiin,l’eauestplusfroidequejepensais.Jenageverslariveopposée,làoùlesoleiltapetoute
lajournée.Latempératurechangeradicalement.–Elleestsuper-bonne,Tess!Tessalèvelesyeuxdesontasdebrinsd’herbes.Elles’ennuieàmourir,etjenesaisabsolumentpas
quoifaire.Ellenesebaignerapasavecmoi–jesuiscenséfairequoi?–Jusqu’ici,c’estpastrèsmarrantd’essayerd’êtreamiavectoi…Ellelèvelesyeuxaucieletexposesonvisageausoleil.–Enlèveteschaussuresetviensaumoinstetremperlespieds,situneveuxpasnager.Bientôtilfera
tropfroidpourtebaigner.Finalement,Tessaacquiesceet retire seschaussuresen lesdisposant soigneusementàcôtéd’elle.
Seschaussuressontvraimentbizarres–ondiraitdesboutsdetissuscotchésàunmorceaudecarton.Impossible qu’elles soient confortables. Elle roule ensuite le bas de son jean etmordille sa lèvreinférieureaumomentdetremperunorteildansl’eau.Je m’attends à ce qu’elle râle mais au lieu de ça, un large sourire illumine son visage. Je lui
demande:–Alors,elleestbonne,non?Elleregardeautourd’elleetpenchedenouveausatêteverslesoleil.–Allez,vienstebaigner.Jeplongematêtedansl’eaupourlaconvaincredemerejoindre.Quandjeremonteàlasurface,Tessasecouelatête.Elleneveuttoujourspassebaigner.MonDieu,
que cette femme est compliquée ! Je l’éclabousse, et elle hurle en reculant dans l’herbe. C’est lapremièrefoisquejemeretrouvedanscetendroitavecquelqu’un;c’estunpeuétranged’avoirdelacompagnieici.Que puis-je faire pour la décider à venir ? La journée entière sera gâchée si elle refuse de se
baigner.Ilfautquejenégocieavecelle.Maisqu’exigera-t-elleenretour?Cen’estpaslegenredepersonneàfairedescompromis…–Si tu viens dans l’eau, je promets de répondre à une de tes questions indiscrètes. Celle que tu
voudras,maisrienqu’une.Je lui propose cette idée à voix haute au moment où elle me vient à l’esprit. Elle est tellement
curieusequeçadevraitmarcher.–L’offreexpiredansuneminute.Jedoisluiimposeruntempslimiteouonrisqued’ypassertoutecettefoutuejournée.Jedisparais
sousl’eauenretenantmarespirationetnagequelquesmètresplusloin.JepariequeTessaestentraindemefusillerduregardàlasurface.Cettepenséemefaitrire,etjemanqueboirelatasse.–Tessa– j’aimerais justequ’ellecessederéfléchirautant,bordel–arrêtede teprendre la têteet
saute.Ellebaisselesyeuxverssesvêtements.– Je n’ai rien pour me changer. Si je saute dans l’eau tout habillée, je devrai rentrer avec des
vêtementstrempés.–Prendsmont-shirt.Àmaproposition,ellefroncelessourcilsetregardeleboutdetissuenquestionposésurl’herbe.–Allez,metsmont-shirt, ilestassez longpourquetu tebaignesavec,et tun’asqu’àgarder ton
soutien-gorgeettaculotte,siçatechante.J’apprécieraisvraimentqu’ellenegardepassessous-vêtements,maisc’estellequidécide,biensûr.Tessaregardeautourd’elle,prenantenconsidérationl’eauainsiquemoncorpsàmoitiénu,avant
definalementramassermont-shirtsurlesol.J’aigagné!–D’accord,maistourne-toietnemeregardepaspendantquejemechange…jeneplaisantepas!Quellepetitepimbêche!Elleposesamainsursahanchepoursedonnerunecontenance.Ça y est, le petit lionceau enragé est de retour. Je rigole, puis elle fait ce truc bizarre avec ses
hanches,enlesbasculantd’avantenarrière.Elleretiresonhauttoutencoinçantmont-shirtentresescuisses.Jemedétournerapidement.Jesuisungentleman–parfaitement.–Dépêche-toi,bonsang,sinonjemeretourne.Impatient, je lui faiscette remarqueaprèsavoircomptédansma tête jusqu’à trente. Je la regarde
furtivementpendantqu’elleplieetdisposesonjeanenparfaitelignedroiteavecseschaussures.C’estunevraiepsychopathed’alignerseschaussurescommeça.Uninstant,jemedemandecommentelleréagirait si jebalançaisseschaussuresdans l’eau.Elleserait folle. Je retiensunsourireet regardeenfin son corps. Ses jambes sont bronzées – c’est la première chose que je remarque.Mon t-shirtépouseparfaitementsoncorps.Putain,àcausedelatailledesesseins,let-shirtretombeàpeinesurlehautdesescuisses.Jepincel’anneaudemalèvreentremesdentsetapprécielavuequis’offreàmoi.–Hum…tuviensdansl’eau,ouiounon?Vas-y,saute!Jemeraclelagorgeetmeretiensdefixerlehautdesescuisses.–J’arrive,j’arrive.–Prendsunpeud’élan.
–Ok.Tessa respire un grand coup, puis se met à courir maladroitement vers l’eau, raide comme un
piquet.Ellepousseuncriperçant,secouvrelevisageenatteignantleborddelabergeets’arrêtenet.–Ohnon!Tuétaissibienpartie!Meséclatsderirerésonnentdansl’espacequinoussépare.Jelaregardedenouveau.Ellemefixe
ensouriantsouslesrayonsdusoleil.Çameperturbe.Quesommes-nousentraindefaire?Rigolerensembledansuncoursd’eau?C’estquoiça?OndiraitunfilmdeNicholasSparksoùlecouplequisedisputeestsimignonquelabande-annonceserépandcommeunetraînéedepoudresurInternet.Desfemmeslasséesdeleurquotidienquiespèrentavoirtrouvéunhérosderomanpourlessauver.Quellesconneries!Etellesfinissentsystématiquementavecunmaridemerdequin’enaurarienàfoutred’ellesetquiferatoujourspassersapetitepersonneavantsafemmeousafamille.–Jenepeuxpas!Ellesembleassezagitée.Aurait-ellepeurdel’eauenréalité?Seigneur.–Tuaspeur?–Non…jenesaispas.Si,unpeu.Jem’avanceverselle,puisprendsappuisurungrosrochersousl’eau.–Assieds-toiaubord,jevaist’aideràdescendre.Jelarejoinstandisqu’elles’assiedplusprèsdemoi.Elletentedecachersaculotteenserrant les
jambes,etj’appréciel’effort.C’estbienladernièrechosedontj’aibesoinmaintenant,unedistraction.Mesmainsagrippentsescuisses,etmaqueuedurcitinstantanément.Putain,c’estsafauteaussi!Ellen’aqu’àpasavoirdescuissessidoucesetattirantesquimedonnent
envied’yplongerlatête.–Prête?Je prends une grande inspiration et remonte jusqu’à sa taille. Ses hanches se fondent dans mes
mains,et je luttecommeun forcenépourgardermoncalme.Mesmainsmedémangent. J’aienvied’empoignerseshanches,delafairebasculeretdelaprendrelà,toutdesuite.C’est quoimon problème ? Je ne suis pas aussi excité d’habitude.C’est sa candeur et son corps
affolant?Oubienest-celechallengedelaposséder,pourbattreZed?Sapeauestbrûlantequandellerentredansl’eau.Jelalibère.L’eauluiarriveàpeineàlapoitrine.
Elleécartesesmainsdevantellepourenapprécierlafraîcheur.Ellealachairdepoule,etlespetitespointessursapeausontaccentuéesparlesrayonsdusoleil.–Nerestepasplantéelàcommeunpiquet.J’aibesoinquetubougespourquejenepassepastoutecetteputaindejournéeàtefixer.Elle fait semblant de m’ignorer, mais s’engage tout de même vers le milieu de la rivière. Elle
s’avanceetl’eauclairepénètresouslet-shirtquiremonte.Avantmêmequej’aieletempsderegarderailleurs,Tessaleremetenplaceettiredessusdumieuxqu’ellepeut.–Tuferaisaussibiendel’enlever.C’estclairquejenem’enplaindraispas.Tessa fronce le nez et donne une grande claque dans l’eau – putain, viendrait-elle juste de
m’éclabousser?Mêmesiçamefaitchier,jedoisbienreconnaîtrequeçam’amuse.–Tuasosém’éclabousser?Tessaéclatederireetrecommence.
Jesecouemescheveuxdégoulinantsetbondissurelle.Jelasaisisparlatailleetlafaiscouleraumomentoùsapetitemainremontepoursepincerlenez.Ellesepinceencorelenez?J’explosederire.–Jenesaispascequiestleplusdrôle,lefaitquetut’éclatesoulefaitquetutepinceslenezsous
l’eau.J’arriveàpeineàarticulertellementjeris.Tessas’avanceversmoiavecleregardd’unefemmeinvestied’unemission.Soudain,elletentede
m’enfoncerlatêtesousl’eau.C’estunetentativecomique.Assez.J’essaiedenepasfaireattentionaut-shirtquiflottemaintenantautourdesoncorps.Jenebougepas.Ellesemoqued’elle-même.Jemebidonne tellement que j’en ai des crampes d’estomac. Son rire est si doux ; ilme fait penser auxfleurssauvagesjaunesnousavonsaperçuesenarrivant.–Aufait,tudoisrépondreàunequestion,sijemesouviensbien.Jesavaisqu’ellen’oublieraitpas,maisj’aijustecruqu’elleattendraitunpeupluslongtemps.–C’estjuste.Unequestion,uneseule.Ellevasûrementmedemanderuntrucdébiledugenre«est-cequetestatouagest’ontfaitmal?».
J’observelabergeetmeprépareàcetteintrusiondansmavie.Savoixbriselesilence:–Quiaimes-tuleplusaumonde?C’estquoicebordel?C’estquoicegenredequestion?C’estvraimentbizarre,putain.Jen’aipasenvied’yrépondre.Je
n’aimêmepas de réponse.Àprésent, jememéfie encore plus d’elle et de ses conversations avecLandonsurmoi.Aimer?Quij’aimeleplusaumonde?Quiest-cequej’aimeleplus?Ehbien,j’aimemamère,jesuppose.Jeneluiaipasditdepuisdes
années,maisc’estquandmêmemamère.Çadoitêtreàpeuprèstout,exceptémoi-même.C’estmoique j’aime le plus. Je ne pense pas que « jem’aime plus que tout » serait lameilleure réponse àdonner,etpourtant.Néanmoins,jerépondsfranchement:–Moi-même.Ado,jenefaisaispaspartiedecesmecsquiavaientdespetitescopines.Doncjen’aipaseubesoin
d’êtrehypocriteendisantdefauxjet’aimeavantque,commen’importequid’autredumêmeâgequemoi,jesachevraimentcequecesmotssignifient.Jereplongesousl’eauquelquessecondesetlaisselecerveaudeTessaconstruiresespropreshypothèsesàcesujet.Saréponsearriveàlasecondeoùjeremonteàlasurface:–Jenetecroispas.Ettesparents?Et là, d’un coup, elle dépasse les bornes. Tessa Young n’a aucune putain de limite quand elle
commenceàposerdesquestionshyper-intimes.Sonregardestdouxetseslèvressontentrouvertesdansl’attentedemaréponse.Maisjehaissonregardpleindepitié.Arrêteça,Theresa.–Neparleplusjamaisdemesparents,d’accord?–Excuse-moi.C’étaitde la simplecuriosité.Tuétaisd’accordpour répondreàunequestion. (Sa
voixvacille.)Jesuisvraimentdésolée,Hardin.Jenet’enparleraiplusjamais.Jenesaispassijepeuxlacroire.Ellepréparequelquechose,jelesens.Elleestbientropintuitive
etinsistante.Jenelaconnaismêmepas,etellenesaitriendemoi,çac’estclair.Pourquois’autorise-
t-elleàmedemanderdestrucsaussipersonnels?L’après-midivaprendrel’unedecesdeuxdirections:onpeutsedisputerjusqu’àcequ’elleserue,
enragée,danssondortoir,oubienjelaséduisetluidonneenviederesteravecmoi.Je choisis ladeuxièmeoption. Jepréfère autantnepas faire le chemindu retourdansun silence
gênant.J’approchemesmainspour laprendrepar la taille.Soncorpsmesemble légerquandje lasoulèvehorsdel’eauetlajettequelquesmètresplusloin.Ellepoussedespetitscrisetagitesesbrasdans les airs comme un oiseau. Puis elle surgit à la surface, les cheveux ruisselants et les yeuxexorbités.Heureuse.Çaauraitpusepasserautrement,maisd’unefaçonoud’uneautrejel’airendueheureuse.–Tuvasmelepayer!Elle hurle joyeusement en nageant versmoi.Elle pense vraiment avoir une chance de riposter ?
Tessa s’approche encore plus près demoi, l’eau ruisselle sur son visage, sa peau estmouillée etluisante.Pourquois’avance-t-ellesiprès?Jedéglutislorsqu’ellecroisesesjambesautourdematailleetredressesoncorpspours’alignerau
mien.Jesuiscensémaîtrisercettesituation.Toutàcoup,elleseraiditetdécroisesesjambes.–Excuse-moi.Non,non.Jelessaisisetlesremetsenplaceautourdemataille.C’esttellementbondelasentircontremoi,si
chaude.Quandellepassesesbrasfrêlesautourdemoncou,unevaguedepaniquem’envahit.Je laregardeettentededéchiffrersonintention.C’estimpossible.–Qu’est-cequetumefais,Tess?Jepassedoucementmonpoucesursalèvreinférieuretoutetremblante.Sonsoufflechauds’évade
endelentesetprofondesrespirations.Legoûtdesaboucheestencorefraisdansmamémoire.J’aibesoind’ygoûterencore.–Jenesaispas…Ellenesaitpas.Jenesaispasnonplus.Aucundenousn’ad’emprisesurcequisepasse,ettoutpeut
dégénérertrèsvite.C’estcequejeveux.Cettefillesait-elleseulementàquelpointelleestsexy?Sait-ellequelasimpleformedesabouche
suffitàmefaireimaginerdeschosestrèscochonneslaconcernant?VisualiserTessaàgenouxdevantmoi,sabouchepulpeusegrandeouverte,salanguehumideetimpatientedemerecevoir,demefairedubien. J’ai envied’enfoncermon sexeentre ses lèvres etde l’exciter commeundingue. Jepeuxrendresoncorpscomplètementaccro,toutcommeellearendulemien.Saboucherosepâle,avecsalèvre supérieure gonflée, est hallucinante. Comme celles d’un personnage de dessin animé. Unpersonnagesexy,biensûr,commeJessicaRabbit.Putain,jeperdslatête.C’estpasbon.Heureusementquejen’aiaucunscrupuleàêtreunconnard.–Ceslèvres…quandjepenseàtoutcequ’ellespourraientfaire…Jem’arrêteetrepenseàlamanièredontsaboucheaspiraitlamiennedansmachambre.–Tuveuxquej’arrête?Je plonge mon regard dans le sien pour y trouver des signes de nervosité. Ses cuisses sont
fermementenrouléesautourdemoncorps,etjeprendsçacommeunnon.Jeluidonnequandmêmequelquessecondesdepluspourmerépondreavantd’attaquer.Ellepresseencoreplussoncorpscontrelemiensousl’eau.–C’estimpossibled’êtreseulementamis,tut’enrendscompte,hein?Àcesmots,elleprendunecourteinspirationtandisquejemepencheverselle.Meslèvresfrôlent
doucementsoncou,prèsdesonmenton.Sespaupièressontàmoitiécloses,etjedéplacemabouchesursesjoues,glissantsursapeaumouilléeavecdouceur.Quandj’arriveaupointsensiblejusteau-dessousdesonoreille,ellepousseungémissementquimesurprend.–Oh!Hardin.Cesmotsm’envoientunvéritableélectrochoc.Lesonestsirauque,commeunedemande.Demoi.
Je la retienscaptivedansmesbras,etmoncœurs’emballeà l’idéedem’enfoncerenelle.Ellen’ajamaisétébaiséeavant,pourtantjesuissûrqu’elles’estdéjàdonnéduplaisirtouteseule.Jeveuxl’entendregémirmonnom,encore.Toutcommej’aibesoindegoûteràsabouche,encore.–Jeveuxt’entendregémirmonnom,Tessa,encoreetencore.Laisse-moifaire.Jenereconnaisplusmavoixquilasupplie.Iln’yapasunbruit,hormisceluidesesprofondesrespirationsetdespetitsclapotisde l’eauqui
s’agitentenvaguelettesautourdenoscorps.Ellefaitouidelatête.–Dis-le,Tessa.Jeprendslelobedesonoreilleentrelesdentsetmordilledoucementsapeau.Ellegémitetbascule
contremoienhochantfurieusementlatête.Unhochementdetêtenesuffirapas,Theresa.Tuenasenvie,alorsdis-lemoi.–J’aibesoinquetuledises,Bébé,àvoixhaute,pourêtresûrquetuleveuxvraiment.Mesmainssedéplacentetremontentsousmont-shirtquicouvresoncorps.–Jevoudrais…Lesmots sortent de sa bouche en se bousculant. Je souris dans son cou brûlant. Elle soupire. Je
considère ces deuxmots comme une invitation suffisante. Je tiens fermement son corps contre lemien,maisellesecontractenerveusementàl’idéequejepuisselalâcher,sansdoute.Jecommenceàmarcherverslabergepoursortirdel’eau,Tessaaccrochéeàmoi.Sescuissessont
ouvertes,etellesecollecontremaqueueplusdureàchaquepasquejefais.En atteignant la berge, je la relâche et elle pousse un gémissement.Ce son envoie une décharge
directementdansmonbas-ventre.Jegrimpesurlabergeetmeretournepourl’aideràsortirdel’eau.Ellemerejoint,lesyeuxrivéssurmontorse.Jel’observetandisqu’elleregardeletatouagesurmonventre,unarbremortencrédansmapeau.Elledétestesûrementmestatouages,ellequivientdejenesais quelle ville de puritains. Sa mère catho lui a probablement enseigné que les gens avec destatouagesétaientlemalabsoluetdévoraientlesâmesouuneconneriedanslegenre.Tessaasûrementétéhabituéeàvoirletorseàlapeautoutelisseetparfaitementsoignéedesonpetit
ami. Je l’observe attentivement tandis qu’elle continue de me fixer en essayant de décoder montatouage.Soncopainn’enapas,j’ensuiscertain.Iln’ad’ailleurssûrementpaslamoindrecicatricesursapeau,nidanssonâme.Jem’écarted’elle,etellerestedebout,dansl’attentedemesinstructions.Jenesuisplussûrdecequejeveuxfaireavecelle.Ellefixetoujoursmapeau…Pourquoiest-elle
encore en train de fixerma peau ? Et, plus important encore, pourquoi est-ce que çame dérangeautant?J’aifaitcestatouagespourmoi,paspourqu’unemeufmejuge.
Etpourquoisuis-jeentraindemejustifier,bordel?Jen’enaijamaisrieneuàfoutredecequelesfemmespouvaientpenserdemoi.Jenepensequ’àlesbaiseretàlesfairejouirsousmescaresses,c’estentrenousunjeumutueletconsenti.Arrêtedepenser,Hardin.Jesuiscommeelleenfait,àtroppenseràtout.Qu’est-elleentraindeme
faire?Jevaisdroitaubut:–Tuveuxqu’onlefasseici?Oudansmachambre?Devrais-je labaiser ici? Jepourrais l’allongerdans l’herbe,écarter sescuisseset lui fairecrier
monnompendantquejedessineraisdepetitscerclessursonclitorisavecmalangue.Tessahausselesépaulestandisquej’ajustemonboxer.–Ici.–Tuespressée?Jesensl’attractiondesoncorpsverslemienetmedemandesiellelesentaussi.Jesaisqu’elleest
excitéeparmoi,c’estévident.Maisressent-ellecettemêmeirrésistibleenviedemetoucher?–Viensici.C’estunordre.Elles’exécute,lesjouesrouges,ets’avanceversmoienfaisantdespetitspaslents.
Plusvite…J’aienviequ’ellesedépêche.Jen’aipaslapatiencedejoueràcespetitsjeuxdeséductionmaintenant–j’aibesoindelasentir.
J’aibesoinqu’ellemesente.Jevaislabaiserici,surl’herbe.Jevaisl’allongerlàetcaresserchaquecentimètrede soncorps incroyablement excitant.Mon t-shirtnoir est trempé, complètementmoulésursoncorpscommeungantenlatex.Jedoisleretirer.Jem’emparedubasdut-shirtetlesoulèvepar-dessussatête.Enleverdelamatièremouilléen’est
pasunetâchefacile;ondiraitqu’ilveutrestercolléàelle,commemoijelesouhaiteaussi.Lapremièrepartiedelajournéeétaitconsacréeàsesbesoins,faireleschosesàsamanière,passer
un moment simple et sympa avec moi. La seconde partie se jouera à ma manière. Je n’ai pasl’habitudedefairelaconversationoud’êtrequestionnésurquij’aimeleplusaumonde.Cequej’ail’habitudedefaire,c’estmeservird’uncorpssensuelpourmedonnerduplaisir.
J
3Ilétaitsurlepointderemporterlepari.Ilétaitmûrpourgagner.Puisilcompritqu’iln’étaitpasdutoutmûrpourelle.
. .’étalelet-shirtmouillésurl’herbeenguisedecouverturepourqu’ellepuisses’allongerdessus.Mesdoigtstremblentquandjeluiordonne:
–Allonge-toi.Jel’aideàs’installersurlesoletm’allongeprèsd’elle.Jeprendsappuisurmoncoudepourmieux
laregarder,sapoitrineopulenteofferte,sapeaulégèrementhâléequiscintilleausoleil.Ondiraitunepommerouge,juteuseetbrillante,quiattendquejelacroque.J’aivubeaucoup,beaucoupdefemmesbienplusdénudéesqu’elleà l’instant,maisputain,Tessaestcarrémenthorscompétition.Alorsquej’admirelacourbeallantdeseshanchesàsesseinssaillants,deuxpetitesmainstententd’interrompremonchampdevision.Jemeredresse;l’herbeestdouce,c’estl’undesseulsavantagesdelafoutuepluied’ici.J’attrapesespoignets,lesmaintiensécartésetlaregardedroitdanslesyeux.–Netecachejamais,pasavecmoi.–C’estjusteque…Sesjouesdeviennentrougesetelledétourneleregard.Jenelalaissepasterminersaphrase:–Non,jeneveuxpasquetucachestoncorps–tun’aspasàenavoirhonte,Tess.Ellen’apasl’airconvaincue.Quiestresponsabledesonmanquedeconfianceenelle?–Jesuissérieux,regarde-toi.–Tuessortiavectellementdefilles…Je savais qu’elle lancerait ce sujet. Qu’est-ce que ça peut bien lui faire que j’aie couché avec
d’autres filles ; nous ne sommes pas en couple et ne le serons jamais. Aucune des filles que jedraguais n’était comme Tessa ; certaines d’entre elles lui ressemblaient, mais d’habitude, je nem’intéresse pas aux filles innocentes et vierges. J’aime les femmes d’expérience qui saventexactementcommentmebaiser.Jenesuisleprofdepersonne.Surtoutpasdanscedomaine.HormisNatalie.Sapetitevoixagaçanterésonneencoreaufonddematête.Natalie,lagentillefille
de l’église, aucul trop rondpournepasêtreadmiréet auxcheveuxnoirscommedupétrole.Ellemanquaittellementd’expériencequ’ellen’arrivaitmêmepasàmettreunpréservatifsurmabite.Touslesdimanches,elleallaitaucatéchisme,chaquesemainedepuisqu’elleétaitsortiede l’utérusdesamère,etpersonneneluiavaitenseignéça.JeregardeTessadenouveau.–Aucunecommetoi.Ellesemblenerveuseetsidélicieusementpurequej’aienviedem’enfoncerenelle.–Est-cequetuasunpréservatif?Tessachuchotepresquequandelleprononcelemot«préservatif».Ena-t-elledéjàvuun?Natalie
oui,maisseulementdanslenoir.Pourquoisuis-jeentraindepenseràNatalie,bordel?JepourraisbaiserTessamaintenantet remporter lepari. Jepourraispénétrersoncorpschasteet
obtenircepourquoijesuisvenuici.Ellemeregardeintensément.Elleattend.Elledoitpenserqueje
suislegenredemecquiemmènedesmeufsicipourlesniquerdanslesbois.Etenparticulier,cellesquin’ontjamaisrienfaitavant.–Unpréservatif?Jerigoleetdécideàl’instantmêmedenepaslabaiserici.Mêmesij’enaienvie.–Jen’aipasl’intentiondecoucheravectoi.–Oh!Tessasembleembarrassée.Elleselève.–Oùvas-tu?Pourquoipense-t-ellequenousdevrionspartirparcequejenelabaisepas?–Oh…maisnon,Tess,cen’estpascequejevoulaisdire,c’estsimplementquetun’asjamaisrien
fait…jeveuxdireriendutout.Donc,jenevaispascoucheravectoi.Jetented’évaluersiellemecroit,puisajoute:–Aujourd’hui.Sesjouesrougeécarlateretrouventuneteinteàpeuprèsnormale.–Ilyabeaucoupd’autreschosesquejeveuxtefaireavant.Putain, ilyena tellement.Jevaisfaireensortequ’ellemesuppliedeles luifairedécouvrir.J’ai
besoinquesoncorpss’abandonnecomplètementsousmescaresses.Ellem’appartiendratoutentièreàcemoment-là.Elleestallongée,là,soncorpsoffertetprêt.Jevaismesurpasserpourelle.Jem’allongesurelle.Elletrembleunpeuquandquelquesgouttesd’eauruissellentdemescheveux
sursonvisage.Jesourisenlavoyantfermerlesyeuxdansl’attented’autresgouttes.–Jen’arrivepasàcroirequepersonnenet’aitjamaisbaiséeavant.Jepensevraimentchacundecesmots.J’aienviedepressermoncorpscontrelesienpourqu’elle
aitunaperçudecequil’attendquandçaarrivera.Jeprendsappuisurmoncoudeetcaressesoncou,puis fais courir doucementmesdoigts entre ses seins volumineux. Ils sont si doux, si gros que jepourrais les baiser, et débordent largement de mes mains. Ses tétons durs comme de la pierreattendent quema bouche les suce. Si je commence à la caresser vraiment, je n’arriverai jamais àgardermabitetranquille.Dieumerci,elleporteunsoutien-gorge.Mes doigts parcourent son ventre doux et moelleux. Elle frissonne et soupire. Ils s’aventurent
ensuitevers sachattemouilléeà la recherchedesonclitoris. Jecoincesonpetitboutonentremonpouceetmonmajeuretluidemande:–C’estbon?Ellenerépondpas.Sonsexeesttrempéetgonflédedésir;soncorpss’abandonnesousl’effetde
cette simple caresse. Je commence à peine à luimontrer ce que je peux lui faire ressentir. Jemepencheverslebasdesoncorpseteffleureseslèvresdesmiennes.–Est-cequec’estmeilleurquequandtulefaistoi-même?Je relâche sonclitoris et insèreun seuldoigt enelle. Jemedemandecequi luidonneduplaisir
quandelleestseule.Est-cequ’ellejouitensemasturbantouensedoigtant?J’ail’impressionqu’elleestplutôtclitoridienne,toutsimplement.–Alors?–Q…quoi?–Quandtutecaresses.Est-cequec’estaussibon?Ellenemerépondtoujourspas…Pourquoineveut-ellepasmeledire?C’esttellementbandantetexcitantdel’imaginerdanssonlit,lesjambesécartéesetsespetitsdoigts
entraindelacaresser.Contraintedefaire lemoinsdebruitpossibleparcequesacolocdort,maisarrivantjusqu’àl’orgasmeensecouvrantlabouched’unemain.Parfois,quandilesttroppuissant,jel’imaginemordresalèvrecharnueetretenirsesgémissementstandisqu’ellereprendconscience.J’aibesoin de savoir comment elle s’y prend.Mais elle continue de me fixer comme si ma tête étaitdevenueincroyable.Jeluiaijustedemandécommentellesemasturbait.Oh.Jecomprendssoudainqu’àl’évidence,MademoisellePrudenes’estjamaistouchée.–Attends…nemedispasquetun’asjamaisfaitçanonplus,si?Jecontinuedelatitillertoutenmedélectantdesentirlefruitdesonexcitationcoulerlelongdemes
doigts.–Tuestellementréactiveàmescaresses,tellementmouillée.Ellepousseungémissement.Cesonestsublime,putain.Jem’attardedenouveausursonclitoriset
lepressedoucementavantdelefaireroulerentremesdoigtshumides.–Qu’est-cequec’était…ça?Tessa gémit plus qu’elle ne parle. Toute résistance semble s’être désormais envolée sous mes
caresses. Je continue de titiller son clitoris. Je le frotte et le fais rouler entre mes doigts tout endessinantdepetitscerclesavecmonpouce.Tessarespiredeplusenplusfort.Sesjambesseraidissentet je sens qu’elle y est presque. Si proche. J’ai hâte de la voir perdre le contrôle devant moi. Jen’arrivepasàcroirequ’ellen’ajamaisressentil’extasequ’offrelesexe.Putain,elleestpasséeàcôtédequelquechose.Sondossecambredansl’herbe,projetantsesseinsplusprèsencoredemonvisage.J’aimeraislui
donnerjusteunpetitcoupdelangue.Iln’yapasdemalàça.Si,pourtant.Celamedéconcentrerait. Je l’embrasseencore,profondémentcette fois,et luidonne
exactementcedontelleabesoin.Jesuisentraindeluifairevivrequelquechosequ’ellen’ajamaisexpérimentéauparavant.Elleestsurlepointdeperdrepiedcomplètement,etc’estmoiquiensuislacause.Mescaresses.Moi.J’introduismamain libredanssonsoutien-gorgeetm’emparede l’undesesseinsparfaits. Je le
malaxepourluifaireressentirplusd’unesensationàlafois.Sesjambessemettentàtrembler.–C’estça,Tessa,jouispourmoi.Jel’encourage.Elleestallongéedansl’herbe,lesdentsenfoncéesdanssalèvreinférieure,lesjoues
écarlatesetlesyeux…sesyeuxsontsifougueux,putain.–Regarde-moi,Bébé.Jelasupplieenmordillantlapeaudesesseins.–Hardin…Savoixrauquemeforceàlaregarder.Elleestsisexy,tellementbandante,sansmêmelevouloir.Elle m’attire plus près d’elle et prononce mon nom. Elle respire si fort tout en essayant de
reprendrecontenance.–Tuasuneminutepourrécupérer.Endisantcesmots,jeretiredoucementmamaindesaculotte.Unedernièrecontractionprovoquée
parsonorgasmeagitesonventreoùmamain repose.Ellesoupire,et j’essuiemesmainssurmonboxer.Jebandetellementmaintenantquemavuesebrouille.Elleestrestéeallongée,uneexpressionbéate
surlevisagecommesiellevenaitdevivreleplusbeaumomentdesavie.Elleaimeraitdavantage,je
lesais.Dieusaitàquelpointjevoudraisluiendonnerplusdanslaseconde.Chaqueparcelledemoncorpsmeurtd’enviedes’introduireenelle.Jeveuxl’entendregémiretsentirsonsexeserréautourdumien.Pasaujourd’hui.Jenepeuxpas.Jemelèveetrécupèremonjeanainsiquemeschaussuressur la
berge.JesensqueTessanemelâchepasduregardpendantquejemerhabille.–Onrepartdéjà?medemande-t-elled’unepetitevoixhésitante.Veut-ellequejelafassejouirencore?Elledevientgourmandemaintenantqu’ellesaitlegenrede
sensationsincroyablesquesoncorpspeutressentir.–Ouais.Tuvoulaisresterpluslongtemps?–C’est juste que je pensais… je ne sais pas. Je pensais que peut-être tu voudrais que je te fasse
quelquechose…On dirait qu’elle se sent humiliée. Pourquoi ?Regrette-t-elle déjà dem’avoir permis de la faire
jouir?J’auraisdûm’endouter.Tessa se tourne et recouvre son corps.Elle essaie déjà dem’échapper.Attends, elle a dit qu’elle
pensaitquejevoudraisquelquechose.–Ohnon!Çava.Putain,j’aimeraistellementsentirtalanguebouillantelécherleboutdemaqueue,maisçanefait
paspartieduplan.Au lieu de ça, pour être sûr qu’elle comprenne bien que je vais vraiment apprécier quand ça
arrivera,j’ajoute:–Pourlemoment.Tessaacquiesceavantderenfilersonjeanetsont-shirt.L’observer remettre ses vêtements m’embrouille l’esprit. J’ai envie de remettre ça et de la
déshabiller encore. Elle s’agite sur ses talons comme si une sensation désagréable la démangeaitentre les cuisses. Elle ne devrait pas avoir mal ; je ne l’ai pas pénétrée. Elle n’a sûrement pasl’habitudedesesentirhumideàcetendroit.Cettepenséemefairerireetm’exciteàlafois.
. .–QUELQUECHOSENEVAPAS?Jeluiposelaquestionenm’engageantsurlesentiergravillonné.Lesoleilalégèrementdéclinésur
l’horizon,etl’airestdevenuplushumide.Ilvabientôtpleuvoir.–Jenesaispas.Pourquoies-tusibizarre,maintenant?Bizarre?Commentça?–C’estplutôttoiquiesbizarre.–Non,tun’aspasditunmotdepuisque…tusaisbien.Elleestbeaucouptroptimidepourdireleschosesfranchement.Jem’enchargeàsaplace.–Depuisquejet’aidonnétonpremierorgasme?–Euh…oui.Depuiscemoment-là,tun’aspasdesserrélesdents.Tut’esrhabilléetnoussommes
partis.J’ail’impressionquetutesersdemoiouquelquechosecommeça.Seservird’elle?Pourquoifaire?
Oh,jemesersd’elle.Bordeldemerde.Maisellen’ensaitrien.Cesontsimplementsesdoutesquiluifontcroireça.–Quoi?Biensûrquenon?Sijemeservaisdetoi,j’auraisobtenuquelquechoseencontrepartie.Jerisàmoitié.Quandjemetourneverselle,ellenerigolepasdutout.Sesyeuxsontrougesetunelarmecoulesur
sajoue.Putain.Ellepleure?–Tupleures?Qu’est-cequej’aidit?Je ne la comprends pas. Pourquoi est-elle si émotive ? Et surtout, pourquoi suis-je en train de
culpabiliser?Elleinterprètetoutmal.Elleasipeud’estimepourmoi,maisjenepeuxpasvraimentluienvouloir.Elleestsisensible.–Jenevoulaispastefroisser…excuse-moi.Jenesaispastrèsbiencequ’onestcensésfaireaprès
s’êtrepelotéscommeça,etpuisjen’avaispasl’intentiondetelarguerdevanttachambreetdepartirdemoncôté.Jepensaisqu’onpourraitpeut-êtredînerensembleouautrechose?Jesuissûrquetumeursdefaim.Je pose ma main sur sa cuisse. Elle me sourit et le poids dans ma poitrine disparaît presque
instantanément.–Alors,qu’est-cequetuvoudraismanger?Jenesaispasoùl’emmener.Jen’aijamaisdéjeunéseulavecunefemme.C’esttriste,jesais,mais
aveclesfemmes,jepasseleplusclairdemontempsailleurs.Tessa attrape ses cheveux emmêlés et les relève sur le dessus de sa tête en chignon. J’aime bien
quandsescheveuxsontcoifféscommeça…çamepermetdemieuxadmirersonvisage.–J’aimeàpeuprèstoutsijesaiscequec’est,exceptéleketchup.–Tun’aimespasleketchup?JepensaisquetouslesAméricainsadoraientça.Quellefilleétrange!–C’estpossible,maismoijetrouveçadégoûtant.Elleparaîtsisûred’elle,sifièreetdéterminée,enévoquantsondégoûtduketchup.C’estamusant.Ellerigoleavecmoi.–Justeunrepasnormal,alors?Lesilencedanslavoituredevienttroppesant.Jeluidemande:–Qu’est-cequetucomptesfaireaprèslafac?Merde,jeluiaidéjàposécettequestion.Putain,jesuisnulpourfairelaconversation.– J’ai l’intention de partir directement à Seattle. Je voudrais trouver un boulot dans unemaison
d’éditionoubiendevenirécrivain.Jesaisquec’estidiot,mais…Ellebaisseleregardetfixesesmains.Cen’estpasidiot;jepartagelemêmerêve.–Maistumel’asdéjàdemandé,tutesouviens?–Cen’estpasidiot.Jeconnaisquelqu’unauxÉditionsVance,cen’estpasàcôté,maistupourrais
peut-êtreposertacandidaturepourunstage.Jepourraisenglisserunmotaupatron.Vancetueraitpourengagerquelqu’und’aussibrillantqueTessa.–Quoi?Tuferaisçapourmoi?Ellen’enrevientpas.Jel’entendsautondesavoix.–Ouais.Sansproblème.Jehausselesépaules.Jedétestecettesoudaineattentionportéesurmoi.JesensTessas’agitersur
son siège. Ce n’est pas compliqué d’aider quelqu’un à obtenir un stage chez Vance. J’aideraisn’importequi.Vraiment.–Waouh,merci.Sérieux,j’aibesoindetrouverunboulotouunstagerapidement,etça,ceseraitle
rêve.Elletapedanssesmains.Littéralement.Commeuneenfantquivienttoutjustedegagnerunepeluche
géanteàlafoire.Çamedonneenviedesourire.
. .TANDISQUEJEMEGARE,Tessa sembleunpeuhésitante concernant ledîner. Je la rassureen
descendantdelavoiture.–Onmangesuperbienici.Lerestaurantestpresquevidequandnousnousinstallons.Unevieillefemmeimposantenousapportelesmenus.Jetentederegarderpartoutautourdenous
pournepascroiserleregarddeTessa.Unefoisnosplatscommandés,elleengage laconversation.Elleessaied’ensavoirplussurmon
enfance,maisjenelalaissepasfaire.Ellelaisseéchapper:–Monpèrebuvaitbeaucoup;ilnousaabandonnéesquandj’étaisplusjeune.Jenerépondsrien.Enfronçantlessourcils,jefixemonassietteetessaiedenepasl’imaginerpetite,
entraindesecacherdesapropreversiondemontarédepère.Surlecheminduretour,jerestepensifetconcentremonattentionàdessinerdespetitscerclessurla
jambedeTessaavecmesdoigts.–Tuaspasséunebonnesoirée?Saquestionestpleined’espoir.Nousarrivonssurlecampus.J’aipasséunebonnesoirée,ça,c’estsûr.J’aimeraisenpasserd’autresavecelleoùellegémirait
monnompendantquej’introduiraismesdoigtsenelle,encoreetencore.Maisaulieudeça,jeluidis:–Ouais,trèsbonneenfait.Écoute,jeteraccompagneraisbienjusqu’àtachambremaisjen’aipas
enviedesubiruninterrogatoireenrègledelapartdeSteph…Jemetournesurmonsiègepourluifaireface.Ladéceptionselitsursonvisagebienqu’ellelutte
pourconserverunsourirecrispé.–Jecomprends.Onseverrademain.Ilyaduregretdanssavoix.Jevoisqu’ellen’apasenviedepartir,etcettepenséemeplaît.Elleme
regarde fixement et attend que je dise quelque chose. Je ne parle pas mais avance la main pourrepousserunemèchedesescheveux.Jen’aipasgrand-choseàdire,maisjeveuxlatoucherencore.J’ai envie de ressentir cet apaisement intensequem’apporte son contact.Elle pose sa jouedans lecreuxdemamain.Ellesembleplusjeune,plusouverteetsurlepointdes’offriràmoi.Jel’attrapeparlebrasetluifaissignedes’approcher.J’aibesoindelasentirplusproche.Elles’exécute,grimpepar-dessus l’accoudoir et s’assied à califourchon surmes genoux. Son corps est encore chaud del’après-midiensoleillé.LesdoigtsdeTessatracentavecconvoitiselecontourdestatouagesdemonventre, qu’elle devine à travers mon t-shirt. Chacune de ses caresses m’envoie une déchargeélectrique.Malanguejoueaveclasienne,aspiranttoutcequ’ellemedonne.Jepassemesbrasderrièresondos
etlaserrefortcontremoi.Cen’estpasassez.J’aibesoindeplus.Jenesuisjamaisrassasiédecette
fille.Mesmainsparcourentsonventrechaudquandnoussommesinterrompusparlaplusodieusedessonneries.–Encoreunedetesalarmes?L’écrandesonvieuxtéléphoneestpetit,maisassezgrandpourquejepuisseylirelenom:NOAH.Soncherpetitcopain lycéenl’appellealorsqu’ellese trouvedansmavoiture,sa languedansma
bouche.Elleappuiesur«ignorer»etmesourit.Sérieux?Finalement,ellen’estpasaussiinnocentequejelecroyais.Unseulorgasmeaurasuffiàluienlevertouteconsciencemorale.Jecomprendsalorsqu’elleneluidirajamaisriendecequis’estpasséaujourd’hui.Pasunmot.Elle
vam’embrasser,sortirdelavoitureetappelersonpetitcopainBCBGàpeinelepiedposédanssachambre.Elle luidiraqu’elle l’aime,et luiaussi.Puiselle luiadressera lemêmesourirequeceluiqu’ellefaisaitquandjel’embrassais.Ellepassesalanguesurseslèvresetsepenchepourm’embrasserdenouveau.Non,non.–Jeferaismieuxd’yaller.Jesoupireenfixantlepare-brise.Jelasenssurladéfensive.–Hardin, je n’ai pas répondu. Je lui parlerai de tout ça. C’est juste que je ne sais pas quand ni
commentluidire…maisjeleferairapidement,jetelepromets.Ehbien,j’avaistortconcernantsamoralecorrompue.Maisc’estencorepirequetout.Elleapassé
l’après-midiavecmoi,etmaintenantelles’apprêteàrompreavecsonamourd’enfancedansl’espoirquejeleremplace?Non,non.Non.L’atmosphèreécrasantedelavoituremeprendàlagorge,alorsqueTessaattenduneréponsedema
part.–Luiparlerdequoi?Je le lui demande, tout en sachant pertinemment que je ne devrais pas avancer davantage sur ce
terrainminé.–Detoutça…Sesmainss’agitentdansl’airconfinédelavoiture,etjesuissurlepointd’étouffer.Oùavais-jela
tête en faisant toutes ces conneries avec elle ? J’aurais simplement dû la baiser. Pas de petit dînermignonàdébattreautourduketchup.Pasdediscussionsurnotreavenir.Maintenantelleveutcequetouteslesfemmesveulentàchaquefois,fairepartiedemavie.Ellesemontelatêtesielles’imaginequ’unetellechosepuissearriver.–Denous.Elleemploiedesmotscommenous,etc’esttropflippant,putain.–Nous?Tun’espasentraindemedirequetuvasrompreaveclui…pourmoi,si?Àprésentondiraitqu’ellepèsepluslourdsurmesgenoux.Voilàpourquoilesviergesnesontpas
montruc,mêmeNatalienel’étaitpas;elleavaitperdusavirginitéavecunmecdesonéglisepour«l’expérience».Tessafroncedessourcils,confuse.–Tuneveuxpas…quejelefasse?Putain,noussommessurunepenteplusqueglissante.
–Non.Pourquoituferaisça?Jeveuxdire,situveuxlelarguer,vas-y,maisnelefaispaspourmoi.–C’estjusteque…jepensais…–Jetel’aidéjàdit,jenesorsavecpersonne,Theresa.Elletressaille,blessée.Lasituationestentraindedevenirencoreplusdésastreusequeprévu.D’un
côté,j’aimeraispouvoirluidirequejenecherchepasàêtreunconnard,quec’estenracinéenmoi,danschacunedemescellules,quecen’estpasdemafaute.Nidelasienne.Saufquec’estdemafaute–c’estdemafautesijenepossèdepas,mêmepasuneinfimepartiedecetrucquifaitquelesgensontenviedes’accoupleretdevivreheureuxpourtoujoursenbatifolantdansleschamps.Jen’ensuistoutsimplementpascapable.–Tuesrépugnant.Elledescenddemesgenouxetramasserapidementsonportableetsonsac.Cettesoudainesensation
devidemeperturbe.Toutcommecetoragegrisfoncéquienvahitsesyeux.Ellehurleens’écartantdemoi.–Net’approcheplusdemoi,àpartirdemaintenant…etjeneplaisantepas!LavoixdeNatalieprononçantexactementcesmêmesmots,lesyeuxremplisdelarmes,retentitdans
matête.LesyeuxdeTessabrillentaussi,maisellesecontientparfierté.Noussommespareilsdanscedomaine ; cette énorme fierté irrationnelle que nous possédons tous les deux pourrait êtredangereuse.Tessaouvrelaportedelavoitureetensortsansmêmeseretourner.Elleclaquelaportièreaussi
fort que possible et se dépêche de traverser le parking. Je redémarre immédiatement la voiture etallumelaradioàfond.J’aibesoindebruitpourfairetairel’ouraganquiseformedansmatête.Mesmainsmedémangent,monespritcogiteàtoutevitesse.Natalie,Theresa,Natalie,Theresa.Nataliese tenaitdeboutsous leporchede lamaisondemamère,àHampstead.Elle tenait,pressé
contresapoitrine,unsacdelivrescouvertsdepapierfleuri.Sesyeuxétaientrougispardegrosseslarmes.Elleparlaitensanglotant:–Jet’enprie,Hardin.Jen’ainullepartoùaller.Elle me suppliait. Un nuage de buée se formait dans l’air froid devant elle chaque fois qu’elle
ouvraitlabouche.Jen’arrivaispasàlalaisserentrer.Jenepouvaispas.J’avaisapprisquesafamilleet son église l’avaient exclue, l’éjectant en même temps de ses deux refuges permanents. Elleparaissaitsijeuneàcemoment-là;sesyeuxbleusbrillaientdansl’obscuritétandisqu’elleattendaitdésespérémentquejechanged’avis.Jenel’aipasfait,pourtant.Putain,jenepouvaispas.Ellenepouvaitpasresterchezmoi.Mamère
n’étaitpratiquementjamaislà,etjemeseraisretrouvéseulavecellelerestedutemps.Qu’aurais-jepufaire?Jenevoulaisrienavoiràfaireavecelle,etmêmesij’enavaiseuenvie,jen’auraispasétéd’unetrèsgrandeaide.Monalcoolodepèrel’auraitréveilléeentitubantdanscettemaisonquisentaitle moisi tant les murs et le mobilier étaient imprégnés de fumée de clope. Où dormirait-elle s’ilrevenaittoutàcoup?Ilétaitpartidepuisplusieursannées,maismonespritpuérildegaminpensaitqu’ilpouvaitrentreràtoutmoment.Quelimbécilej’étais!Finalement,ilestrevenudansmavieetvitdansunegrandemaisonavecsonadorablepetitefamille,
et jehais lenombrede foisoùcettepenséeme traverse l’esprit. J’aidéménagédansunautrepayspourvivreplusprèsdelui,etmaintenantputain,ilenvahitmespenséestouslesjours.Unbruitdeklaxonmeramèneàlaréalité.Mesyeuxnesontpasconcentrés;lemondeau-delàdu
pare-briseesttrouble.Jecligneplusieursfoisdesyeuxetrèglelevolumedelaradio.Ilfautquejem’arrêtesurlebas-
côté.Ma poitrineme fait mal. Desmartèlements forts et constants sont en train deme broyer del’intérieur, faisant vibrer mes os. Des gouttes de sueur perlent sur mon visage. Ou serait-ce deslarmes?Gêné,jelesessuied’unreversdelamain.–Merde!Mon cri traverse l’atmosphère pesante. J’ai besoin d’air.Magorge se serre, j’ouvre engrand la
portièredelavoiture.L’airfraisprintanierpénètredanslevéhiculeetapaisemarespiration.LevisagedeNatalieapparaîtalorsdistinctementdansmonesprit.CeluideTessalerejoint.Lesdeux
fillessemoquentdemoi,ricanentetmetourmentent.Ellesseréjouissentdupouvoirqu’ellesontsurmoi.LesourirecomplicedeTessaestéclatant,etceluideNataliedisparaît.Putain,maisqu’est-cequim’arrive?IlfautquejeresteloindeTessa.Peuimportentcefoutuparietl’airridiculequej’auraiquandZedgagnera.Zed.Ilestlàleproblème.Jenepeuxpassupporterl’idéequ’ilpuisselaposséder.Soncorpsàlapeau
luisantedesueurquandilseserrecontreelle.Jefermelesyeuxetécrasemesjouesbouillantescontrelevolantfrais.Dansquelbordeljemesuis
fourré?
. .
QUAND JERETOURNEENCOURS, Tessa n’est pas assise à sa place. Son siège est vide, toutcommeceluideLandon. Jem’installeetprendsmon téléphone.Un textodeLoganmeproposedeprendreunverreàl’heuredudéjeuner.Jedéclinel’invitationetrangemonportabledanslapochedemon jean noir. Il est un peu serré,mais çame va.Mes jambes sont trop longues pour porter descoupes larges sans ressembler à un clown. Il y a une tache d’encre – ou peut-être une trace demaquillagequineveutpaspartir–surl’unedesmanchesdemont-shirtblanc.Jen’avaispasenviedefaireunelessive,sanscompterquecesmerdesquelesfemmessemettentsurlevisagepeuventêtretoxiques.Mespensées surmonhygiènedouteusesont interrompuesparTessaquientredans la salle. Je la
fixedroitdanslesyeuxenespérantqu’ellemeremarquetandisqu’elleavanceverslepremierrang.Je suisétonnéequ’ellenechoisissepasunautre siège.Sahainecontremoidoitêtreà sonapogéemaintenant.–Tess?J’ai chuchoté dans le petit espace entre nos sièges.Ellem’ignore,mais ses épaules ont tressailli
quandj’aiprononcésonnom.–Tess?Elleavalesasalive,etsapoitrinebougeàunrythmeinhabituellementlent.Latensionentrenousest
palpable;jepeuxlasentirirradierdenous.–Nem’adressepluslaparole,Hardin.Elleredresselesépaulespourmemontrerqu’elleestsérieuse.–Ohallez,arrête.J’essaiedelaconvaincreavecunsourire,maisçanemarchepas.Ellepassesalanguesurseslèvres.
–Jenerigolepas,Hardin.Fiche-moilapaix.–Ok,c’estbon,commetuvoudras.Sielleveutjouerlesdures,jepeuxlefaireaussi.Oh,jesuismêmeunputainderoiàcejeu-là.Landonsemêleàlaconversation,unairdepetitchiotinquietsurlevisage.–Çava,toi?–Oui,çava.Ellehochelatêteetseplacedemanièreàcequejenevoiequesondos.
. .LASEMAINEDÉFILEentrenuitsblanchesetappelsirrésistiblesdesbouteillespoussiéreusessous
l’évier. Ignorer cette tentation devient de plus en plus difficile. Le vendredi, je suis complètementvidé.Jeneressembleàrienetjemesenscommeunemerde.Quandj’arriveaucoursdelittérature,Landon,assisàsonbureau,cherchemonregardetm’interpelleaussitôt:–Ilfautquejeteparle.Je regarde autourdemoipourvoir àqui il peutbien s’adresser.Çanepeutpas êtremoi ;mais
Tessavienttoutjustedefranchirlaporte,alorspeut-êtrequesi?Ilmeconfirme,l’airgêné:–Oui,toi.Jem’assiedsàmaplaceetl’ignore.Jecroiselesjambessouslebureauetm’adossecontrelachaise
enplastiquerigide.– Je voulais te proposer de venir dîner chez nous dans quelques jours.Nos parents ont quelque
choseàt’annoncer.Ildoitserendrecomptedelaconneriequ’ilvientdedirecarilsereprendimmédiatement.–Mamèreettonpère.Nosparents?Ilestcomplètementcinglé?–Neredispluscegenredeconnerie,espècedeminable!Landonfrappedesmainssursonbureauetbonditdesonsiège.Qu’ilessaiepourvoir,putain.–Laisse-letranquille,Hardin!Tessahurleenattrapantmonbraspourm’empêcherdemejetersurLandon.Ellen’apprendradonc
jamaisàsemêlerdesesputainsd’affaires?Jelaissetomber.Rienàfoutre.Pourquoiavait-ellebesoindes’enmêler?–Tuferaismieuxdet’occuperdetesaffaires,Theresa.Tessasepencheverssonmeilleuramietluichuchotequelquechoseàl’oreille.Avoirunmeilleur
amiesttellementridicule,maisjesuissûrquecesdeuxidiotsemploientcetermeentreeux.–C’estjusteunsalecon.Iln’yariend’autreàdire.Landonaunpetitsourirenarquois.LesgloussementsdeTessam’irritentauplushautpoint.EllesetourneversLandon:–J’aiunebonnenouvelle!Gloups. Elle joue la comédie devant moi et s’imagine sûrement que je suis trop débile pour
remarquersoncomportementdegamine.–Ahoui?C’estquoi?–Noahvientmevoiraujourd’huietilvarestertoutleweek-end!Uneprofondebrûluredejalousies’emparelentementdemoietenflammechaqueparcelledemon
corps. PlusTessa tape desmains, plus je sensmon regard l’incendier de colère.La vision de son
sourireéclatantmefaitcontracterlesmainsdeplusenplusfortsurlebureau.–C’estvrai?C’estsuper!Landonluilèchelesbottesetaucund’euxnesembleremarquerquejefaissemblantdebâiller.
E
4Enmême temps qu’il apprenait à connaître la fille, ses peurs commençaient à prendre de l’ampleur. Il n’avait jamais vraiment eu deconcurrenceconcernantlagentféminine.Sesrendez-vouséphémèresn’étaientjamaismenacésparlaprésenced’autreshommes.Ça,c’étaitjusqu’àcequeleparfaitgarçonauxcheveuxdorésviennesepavaneravecunlivrerenfermantlesmillesecretsdelafille.
Ilsavaitquelegarçonavaitvulafillegrandir,qu’ilavaitétéàsescôtéslaplupartdutempsetqu’illaconnaissaitprobablementmieuxquepersonne.Ilétaitfaciledelehaïr,maisfinalementilcompritqu’iln’étaitpasunconcurrent.
. .navançantdanslecouloirquimèneaudortoirdeTessa,j’essaiedefairelevidedansmatête.Jene peux m’empêcher d’imaginer Tessa nue, allongée sous le corps de son petit ami. Son
cardigannouéautourdesesépaulespendantqu’illabaise.Sicetteimagenemerendaitpasmalade,jelatrouveraishilarante.JefrappeàlaportedeTessaaprèsavoirdéjàtournélapoignéepourentrer.Ellen’estpasferméeà
clé,cequisuggèrequ’elleetsoncopainn’ontrienprévudetropfou.Jelestrouveassissurlelitdanslenoir,etTessasursautequandellemevoit,mettantunpeudedistanceentreeux.Ellehausseletonquandelleserendcomptedel’identitédesonvisiteursurprise.–Qu’est-cequetuviensfaireici?T’esgonfléd’entrercommeça!Jesourisàcetadorablepetitcouple,toutenm’asseyantàl’extrémitédulitdeSteph.–JechercheSteph.Je mens effrontément en serrant les dents. Je me tourne vers Noah pour évaluer son degré de
contrariété.Est-iljustegentiloucoincécommeTessa?Tessavasûrementsepisserdessusquandjevaisprononcersonnom.–SalutNoah,contentdeterevoir.Jepenseàluiserrerlamain.Jesuissûrqu’ilesthabituéàcegenredeconventiondanssoncountry
club.–ElleestavecTristan,ilssontprobablementdéjàcheztoi.Elleappuiesurchaquemot,commesielleessayaitdemefairecomprendredepartir.Pasencore,Blondie.–Ahbon?JejoueaveclesnerfsdeTessa.–Vousallezàlateuftouslesdeux?Çarendraitlasoiréebienplusamusante.J’imaginedéjàlemectrouversaplacedanslafraternité–
lesmembres,aussiblondsquelui,leferaientpicoleràlasecondeoùilentrerait.Sonâmepureseraitcorrompue,etTheresan’auraitplusqu’àsetrouverunautremannequinblondAbercrombie.Durelavie.Ellemerépond:–Non…onn’yvapas.Onessaiederegarderunfilm.JevoislamaindeNoahbougerdansl’obscurité,etjegrincedesdentsenlevoyantsaisircellede
Tessa.Mêmedanslenoir,j’arriveàvoirqu’elleestmalàl’aise.–Tantpis.Bon,ben,jevaisyaller…Jetourneledos,etlapressiondisparaîtlégèrementdemapoitrine.
–Aufait,Noah…JemarqueunblancetobserveTessasedécomposer.–Ilestcooltoncardigan.Tessasemblesoulagéequandellecomprendquejenevaispasfairedescène.–Merci.IlvientdechezGap.Visiblementilignorequejememoquedelui.–Jel’auraisparié.Allez,amusez-vousbientouslesdeux.Àcesmots,jesorsdelachambre.Mapoitrineestenfeuquandjerefermelaporte.Quellepetitebite,cemec.
J
5Alorsquesaviecommençaittoutjusteàprendreunpeudesens,toutchaviradenouveau.Ilpensaitpouvoirtoutcontrôlerparfaitement:savie,elle,tout.Ilrésistaitàladoucetentationdel’amertumedel’alcool.Iln’enéprouvaitpaslebesoincommeavant,jusqu’àcequ’ilseretrouveautéléphoneavecsonpèrequiluidressauncondensédesanouvelle–etbienmeilleure–vie.Quandilraccrocha,iln’eutpasd’autrechoix.Ilseretrouvaitcomplètementseul,avecpouruniqueamieunebouteilledescotch.Elleétaitpresquevide;ilpouvaitainsiyvoirson
reflet.
. .’arrivedevantlamaisondeScottetmegareenpleinmilieudel’allée.Jedétestecetteputaindebelle baraque. Elle siègemajestueusement sur une pelouse verdoyante.Ken etKaren paient un
maxpourfaireentretenirleurgazon.Ilsenfontsûrementautantpoursefairebichonnereuxaussi.LanouvellefuturefemmedeKenadorevivreici,j’ensuiscertain.Elleaimesûrementdépenserl’argentdemonpèrepoursefairepapouiller.J’ailarage,putain.Jesuisfurieuxetpasassezbourrépouraffrontercesconneries.Quelgenredepèreestassezcon
pourannonceràsonfils,avecquiilvienttoutjustederenouer,qu’ilvaépouseruneautrefemme?C’estexactementpourcetteraisonque jenevoulaisrienavoiràfoutreavec lui,putain.Çamefaitchierden’avoireuqu’unquartdebouteilledansmonplacard.J’aimalaucrâne,lagorgesèche,j’aibesoin de sentir le scotch brûlant dans ma gorge. Ken a forcément plusieurs bonnes bouteillesoffertespardescollèguesenchandail,deretourdeleursvacancesenÉcosse.Monenfoirédepèrevaseremarier,etilmel’annoncecommeça:Karenetmoiallonsnousunir.Trèsprochainement.Nousunir?Quelgenred’expressionguindéedemerdeutilise-t-ildonc?Etpartéléphone,putain.–Nousallonsnousunir.Je répète cesmots enmontant lesmarchesduperrondeuxpar deux.Cemecpossèdedes arbres
tellementgrandsdanssonjardinquej’ail’impressiond’êtreperdudanslajungledeWillyWonka,oudanssonespèced’usine.Bref,peuimporte,c’estatroce.Avanttoutechose,j’aibesoind’unscotch.–C’estmoi!Mavoixs’élèvedansl’obscurité.Jesuisdanslamerde.Jesuissoûl,maispasautantquejelesouhaiterais.Ilmefautplusd’alcool.Et
Kenena.Ilenatoujours.Je frappe à la porte, pas de réponse. Lamaison est vachement trop grande.Connerie demaison
bling-bling,modèleenbriques.–Hé!Jehurledanslesprofondeursdujardinplongédansl’obscuritéetnereçoisquelastridulationdes
criquets en guise de réponse. Les voisins ont tous une petite lumière sous leur porche, et chaquemaisonpossèdeun4x4garédevant,lespare-chocstruffésd’autocollantsdeWCU.Toutlegratindesétudiantsdelahautevitdanscetterue.J’enfoncemonbonnetgrissurmatêteenespérantquecelamerendraencoreplusmenaçantauxyeuxdesvoisins.Landonouvrelaporteenboisavantmêmequejeréalisequejesuisentraindetambourinerdessus.
Mesarticulationssontàpeineguéries;lapeaun’ajamaisvraimentletempsdesereconstitueravantquejeneladéchireànouveau.–Hardin?Savoixestfaible,commesijevenaisdeleréveiller.–Non.Jepasse à côtéde lui pour entrer etmedirige tout droit vers la cuisine.Mon regard seposeun
instantsurleurcanapé;lahousseenfanfreluchesfleuriesdégueuquilerecouvremedonneenviedegerber.Ilmesuit,etjeparleplusfortpourqu’ilpuissem’entendre.–Jesuisquelqu’unquiluiressemblecommedeuxgouttesd’eau,saufquecetteversionpensequetu
esencorepluscon.J’ouvre leplacardde lacuisinepourentamermesrecherches.Mondonneurdesperme–c’est-à-
dire Ken – a jeté la plupart de ses bouteilles d’alcool depuis qu’il est sobre.Mais je sais qu’il aconservéaumoinsunebouteilled’unscotchexceptionnel.Peut-êtreest-ceunsouvenir,oupeut-êtreunetentation,maisjesaisqu’ill’affectionnebeaucoup–illachéritmême,putain.Jel’aientenduplusd’unefoisparlerdecettestupidebouteille,etavecplusdeplaisirqu’iln’enajamaiseuenparlantdesonproprefils.Illarangetoujoursàunendroitdifférent;jenesaispass’ilselacacheàlui-mêmeous’ils’ensertcommed’unindicateurpermanentdesasobriété.Quoiqu’ilensoit,elleestàmoimaintenant.–Ilsnesontpaslà.MamèreetKensontpartisenweek-end.Jelesaisdéjà.Jerestesilencieux.Jen’aipasenviedediscuteravecmonnouveaufuturdemi-frère.
Cetteidéemedonnelanausée.Jenesuispasfaitpouravoirunefamilleoudesfrèresetsœursquiveillentsurmoi,etviceversa.Jesuisfaitpourêtreseuletmedébrouiller.JepoursuismesrecherchesetmedirigemaintenantverslachambredeKenetKaren.Cettepièceest
immense.Assezspacieusepourconteniraumoinstroislitsking-sizedelatailledulitàbaldaquinquitrôneaumilieudelachambre.Ledressing,latabledenuitetlelitsonttousenmerisiersombre.LemêmequeceluidubureaudeKen.Putaindemaniaque.Lachambreestaffreuseetne ressembleà rien. J’espèrequeKenetKarensontheureux ici, avec
leurmobilierassortietleurnouvellepetitevie.Jetiresurlaficellepourallumerlalumièreetpassemesmainssurlesétagères.Mesdoigtsrencontrentdelapoussière,uneboîteet…duverre!Jackpot.Je la saisis délicatement, puis j’essuie la fine couche de poussière qui s’est accumulée depuis sa
dernièreexhibitionenpublic.Jeretireimmédiatementlebouchonetressensuneimmensesatisfactionenvoyantleplastiquesetordreenabîmantlejoint.Lescotchestchaudsurmalangueetpicoteunepetitecoupureàl’intérieurdemajoue.Jesavoure
l’épaisseetbrûlanteconsistancedeladouceliqueur.KenScottatoujoursadorésonscotch,c’estunvéritableamateur.Legoûtestincroyable–sidoux,etpourtantsiintenseàlafois.Personnellement,jetrouvequelescotchestunalcoolunpeuprétentieux.J’étaisaussidéçudedécouvrirquec’estleseulwhiskyquivientd’Écosse.Enfoirésdeflambeurs.Quoiqu’ilensoit,j’adorelegoût–l’undesrarestraitscommunsavecmonpère.J’aividélamoitiédelabouteille.J’ai latêtequitourne,maisjepensequejedevraislaterminer,
complètement.Pourquoipas?Monpèrenelaméritepas;ilneboitmêmeplus.Ilaperduledroitdeposséderunesimerveilleusebouteillequandiladécidéderevenirdel’enfer.Deplus, ilpossèdedéjàsuffisammentdeparfaitesetprécieuseschoses.Commesonnouveaufils,
parexemple.Ils’imaginemaintenantpouvoirmestopperdansmamissionquiconsisteàcequesonnouveaupapasesenteaussinulquemoi.Kenaunenouvelleetfutureparfaitepetitefemmequigardesoncellieretsonestomacremplis.Elle,ellen’apasbesoindetravaillerhuitheuresparjour,puisdepartirencourantàsonsecondjob.Ellen’apasbesoind’alignerlesfacturessurlatableendommagéedelacuisineafindechoisircellequ’ellenepourrapaspayercemois-ci.Quandnousnoussommesparléau téléphone, il semblaitpenserquenousallions trèsbienàHampstead. Je tiensmamèreenpartieresponsabledecetteillusion,mamèredontlafiertéestplusgrandeencorequesoncerveau.Samaisonestpropre,mêmeson frigo– iln’yaaucune traceapparente sur l’inox. Je lèchemes
doigtsetlesfaiscourirsurlemétal.Landonsefoutdemoietpestederrièremondos.–T’asbulabouteilleentière?Sesyeuxhagardsfixentlabouteillequisebalanceauboutdemonbras.–Non,ilenrestelamoitié.T’enveux?Lesmainslevées,ilreculedanslasalleàmanger.Jelesuis.–Non.Leparfaitfistonneboitpas.Commec’estmignon.–Jecroyaisquetuavaisarrêtédeboire?Jeme tourne vers lui en prenant appui, pour ne pas tomber, sur une grande commodepleine de
vaissellefineetétincelante.Putain,maisqu’est-cequ’ilensait?Mesdoigtss’enfoncentdansleboisdumeuble.–Qu’est-cequitefaitdireça?Il réalise soudain qu’il ne devrait peut-être pas dire ce genre de chose à un pauvre enfant
déséquilibré.Sesyeuxs’écarquillent.–Jevoulaisdire…Ilvameraconterdesconneries.–Arrête.Jeluitendslabouteilleàboutdebras,maisilreculedanslesalon.Ilnevapass’arrêterdeparler,
putain.Ilvamepousseràbout,encoreetencore–jen’aiaucuncontrôlesurluinisurriendecequiestentraindesepasser.Monconnarddepèrevasemarier,putain.Jesuisbourréetfouderage,etcepetitconcontinuedemeprovoquer.Mesdoigtsagrippentlescoinsduvaisselierprèsdemoi.Ilnesaitpass’arrêter.–Tonpèreadit…Maintenant, c’est à mon tour de le pousser dans ses retranchements : avant qu’il ne termine sa
phrase,jerenverselevaisselierdetoutesmesforcesetlâchelabouteilledanslemêmetemps.Landonhurlequelquechose,maislebruitdelavaissellefracasséem’empêchedel’entendre.–Sorsd’ici!Dégage!Jemebaisseetattrapelabouteilledanslemonceaudeverresbrisés,d’éclatsdeboisetdefragments
devaissellebleueetblanche.Jemesuiscoupéleboutdudoigt.J’aspirelesangtoutenm’assurantquelabouteilledescotchestbienfermée.–Tessaseraitvraimentimpressionnée!Saremarquemeparvientaumomentoùj’ouvrelaportedederrière.Tessa?J’aienviedeluidemandercequeTessapeutbienfoutredanscettehistoire,maisjeneveux
pas lui donner la satisfaction de savoir qu’il peut s’en servir pourm’atteindre.Quelle que soit laraison,ilpensequebalancersonnomvamefaireréagiretquej’enauraiquelquechoseàfoutre.Jenelelaisseraipaspenserqu’ilaraison.Jedécidedel’ignorer,mêmesicelamedemandeuneffort,etsorssurlaterrasse.L’airestdouxetcalme; ledébutdel’automnesefaitsentiret lesnuitsd’éténevontpastarderà
rafraîchir,pourenfindevenirglacées.Laprochainefoisquejedéconne,jemebarredansunendroitchaud.Tessaseraitvraimentimpressionnée,dis-jeàvoixhauteenmemoquantdelavoixdeLandon.Ila
voulujouerlesmalinsenmefaisantcomprendrequ’ellen’approuveraitpasledésordrequej’aiseménimacrisedecolère.Jegueuledansl’obscurité:–Tessa,Tessa,Tessa!Mêmecejardinestparfait.Ilestpresqueaussigrandqu’unterraindefootballaméricain,encadré
pardegrandsarbresquiapportentdel’ombrelejouretunvoilenoirlanuit.
. .J’AILATÊTEQUITOURNE,etlesilencen’aidepas.J’avaleuneautregorgée.Quelquesminutesplustard,legrincementdelaportemefaitsursauter.Tessasetientdansl’entrée,
faceàLandon.Elles’approchedemoiet,àchaquepas, jepeuxsentir labouteillepeserplus lourddansmesmains.Sesyeuxétincelantssontancrésdanslesmiens.Est-elle réelle?Sescheveuxblondssont sibrillants sous les lumièresdupatio.Elle irradie.Elle
froncedessourcils,maisellerayonne.Est-ellevraimentlà?Ilsembleraitqueoui…Àmoinsquelabouteillenecontiennedessubstances
hallucinogènes,elledoitêtrelà.–Qu’est-cequetufousici?JesuissonregardversLandonetmeraidis.Cetenfoiré.–C’estLandon…il…–Putain!C’esttoiquil’asappelée?Landonm’ignore,rentredanslamaisonetrefermelaportecoulissantederrièrelui.Tessapointesonindexversmoipourdéfendresonami:–Fiche-luilapaix,Hardin…Ils’inquiètepourtoi.Lefranginparfaitauneamieparfaite.Savoixestdouced’habitude,maispasquandelleesténervée.Sesyeuxsibeaux,tropparfaitspour
sonvisaged’ange.Jenepeuxm’empêcherdeladévisager;ellemedonnemalaucrâne.Jedoislutterpourdevineràquoiellepense,etlanuitaétélongue.Jem’assiedsàlatabledujardinetluifaissignedemerejoindre.Quandelles’assied,jeprendsuneautregorgée.Ellemefixeetsonregardestpleindereproches.
Quandjereposeviolemment labouteillesur la tableenverre,ellefaitunbond.Elledevraitpartir,ellenedevraitpasêtrelà.Pourquoiest-ellevenue,detoutefaçon?Soncopainestavecelleceweek-end,prêtpourdesséancesdegroscâlins.Cettepenséemefaitfrémir.Landonn’avaitaucundroitdel’appelerpourqu’ellevienneici.–Roooh,vousêtestropmignonstouslesdeux.Etsiprévisibles!CepauvreHardinnevapasbien,
alors vous vousmettez à deux pourme tomber dessus etme faire culpabiliser d’avoir cassé cette
vaisselledemerde.Jeluisourisenluifaisantcomprendrequej’ail’intentiondejouerlesméchantscesoir.–Jecroyaisquetunebuvaispas.C’est plus une question qu’une affirmation. Elle essaie juste de comprendre qui je suis. Je la
déstabiliseetelledétesteça.–C’étaitvrai.Jusqu’àmaintenant.Cen’estpaslapeinedemeprendredehaut,tusais.Tun’espas
meilleurequemoi.Jelapointedudoigtenutilisantlamêmevieilletechniquederéprimandequ’elle.Ellenesemblepas
perturbéeparmongeste.Jeprendsunenouvellegorgée.–Jen’aijamaisprétenduêtremeilleurequetoi.Jeveuxjustesavoirpourquoitut’esremisàboire
toutàcoup.Jamaisjenecomprendraicequifaitcroireàcettefillequ’ellepeutsepermettrededemanderaux
genscequ’elleveut,commeça.Deslimites?Ellen’enaaucune.–Qu’est-cequeçapeuttefaire?Oùesttonpetitami,d’abord?Jeluibalancecettequestionenpleineface.Elleregardeailleurs,incapabledesoutenirmonregard.–Ilestrestédansmachambre.Jedésireseulementt’aider,Hardin.Elleessaiedesaisirmamain,maisjemereculeavantqu’ellepuissemetoucher.Quefait-elle?C’estunemauvaiseblague.Landonadûluidiredeveniricietdejouerlesgentilles
avecmoipourmecalmer,ouuneconneriedanslegenre.Ellenemetoucheraitpassansraison.–M’aider?Jericane.–Situveuxm’aider,ehbien,casse-toi.J’agitemamainquitientlabouteilleendirectiondelaporte.–Pourquoineveux-tupasmedirecequisepasse?Je savais qu’elle ferait ça. Ses cheveux sont déployés en vagues sur ses épaules. Elle porte des
vêtementssimplesetsembleplusjeunequejamais.Sesyeuxlâchentlesmiens.Ellebaissesonregardverssesmainsposéessursesgenoux.Parhabitude,j’enlèvemonbonnetpourmepasserlamaindanslescheveux.Jepeuxsentirl’odeur
du scotch transpirer de tousmes pores. La respiration de Tessa s’évacue dans un profond soupir.J’accordemarespirationàlasienneetmedemandecequejesuisentraindefoutre.Jepréfèrequ’elleparleplutôtqu’elleresteassiselàsansriendire.–Monpèreattend ladernièreminutepourm’annoncerqu’ilvaépouserKarenetque lemariage
auralieulemoisprochain.Ilyalongtempsqu’ilauraitdûmeledire.Etpartéléphone,enplus.JesuissûrquelepetitLandonlesaitdepuisunbonmoment,lui.LesyeuxdeTessasontrivéssurmoi.Elleal’airunpeusurprisequejemedévoileàelledecette
manière.Jen’avaispasprévuderentrerautantdanslesdétails.C’estlafauteduwhisky.–Ilavaitprobablementsesraisonspournepasteledire.Évidemment.Elleprendsadéfense.KenScottestcommeelle:beau,raffinéetendossanttoujoursle
meilleurrôle.–Tuneleconnaispas,iln’enarienàfoutredemoi.Tusaiscombiendefoisnousnoussommes
parléenunan?Dix,àtoutcasser.Toutcequicomptepourlui,c’estsagrandemaison,sanouvelle
futurefemmeetsonnouveauparfaitrejeton.J’avaleuneautregorgéeetm’essuieleslèvresdudosdelamain.–SituvoyaisletaudisdanslequelvitmamèreenAngleterre!Elleprétendqu’elleseplaîtlà-bas,
maisjesaisquecen’estpasvrai.C’estpluspetitquelachambredemonpèredanscettemaison.Mamèrem’apratiquementobligéàveniràlafacici,pourmerapprocherdelui…etonvoitcequeçaadonné!–Tuavaisquelâgequandilestparti?Jen’arrivepasàsavoirsic’estdelacuriosité,delapitiéousielleseposesimplementlaquestion.J’hésiteavantderépondre.– Dix ans. Mais déjà avant de partir, il n’était jamais là. Il était tout le temps au bistrot, il en
changeaittouslessoirs.Maintenant,c’estMonsieurParfait,quipossèdetouscestrucsdemerde.Jedésignelamaisonetlespotsremplisdefleursflamboyantesalignéssurlereborddelaterrasse,
complétantledécor.–Jesuisdésoléed’apprendrequ’ilvousaquittéscommeça,mais…Jel’interrompsnet.–Tupeuxgardertapitié.Elleestsanscesseen trainde trouverdesexcusesà tout lemonde.C’est frustrant,putain.Ellene
connaîtpasmonpère.Ellen’apaseuàendurertoutsonmerdierjusqu’àneplusenpouvoir,puisàendurersonabsencequandiladisparu.–Cen’estpasdelapitié.J’essaiejustede…–Dequoi?Mejuger?Jelapousseàrépondre.–Det’aider.D’êtrelàpourtoi.Çasonneplutôtbienquandelleledit.Dommagequ’ellenesacherienàproposdemoi.Ellenesait
pasquielleessaied’aider.Ilfautqu’ellecomprennequejesuisirréparableetqu’elleperdsontemps.Elledoitpartiretneplusjamaism’adresserlaparole.–Tuesvraimentnulle.Tunevoispasquejeneveuxpasdetoiici?Jeneveuxpasquetusoislà
pourmoi.Cen’estpasparcequ’ons’estunpeuamusésensemblequejeveuxavoirquoiquecesoitàfaireavectoi.Ettoi,tuabandonnestongentilpetitami,laseulepersonnequitesupporte,pourveniricietessayerdem’«aider».C’estvraimentpathétique,Theresa.Àcesmots,j’observesesyeuxgrissechangerenpierres.–Tunepensespascequetudis.Ellenemeconnaîtpas,etpourtantellearriveàlireenmoi.J’assènealorslecoupdegrâce.–Si,absolument.Rentrecheztoi.Jelèvelabouteilleensignedevictoireetm’apprêteàboirequandellemel’arrachedesmainsetla
balanceàtraverslejardin.–Qu’est-cequetufous?Elleestdingue?Jeterunebouteilledescotchdecettevaleurdanslejardin,commeça?Jeregarde
tourà tour sa silhouette se rueràgrandesenjambéesvers laportede la terrasseet labouteille. Jerécupèrelescotch,lelaissedecôtéprèsdelatablesurlaterrasse,puism’apprêteàlasuivre.Jeluttepourgardermonéquilibreetj’arriveàmerattraper.Jemeplantedevantelle.–Oùtuvas?
Jebaisselesyeuxverselleetl’empêchederentrerdanslamaison.Sescilsaccrochenttellementlalumièreduporchequ’ilsdonnent l’impressiondebrossersespommettes.Je lafixependantqu’elleregardesespieds.–JevaisaiderLandonàrangerlebazarquetuasmis,avantderentrerchezmoi.Savoixestpleined’assuranceetnelaisseaucuneplaceàladiscussion.Saufquejesuismaîtredans
l’artdetrouverl’espace,lafaille,aussipetitesoit-elle,pourimposermesarguments.–Etpourquoitul’aiderais?D’abordilmetrahitenl’appelantetmaintenant,ellem’abandonnepourl’aider,lui?–Parceque,contrairementàtoi,ilméritequ’onl’aide,lui.Sesmotssontcommedescoupsdepoignarddansmapoitrine.Ellemedéfieduregard.Ellearaison.Ilestlegenredemecavecquitoutlemondeveuttraîner.Ilnedémolitrienetnepète
pas les plombs en apprenant une mauvaise nouvelle. Il mérite qu’on lui accorde du temps et del’attention. Tout comme il mérite de vivre dans cette grande maison, d’y être accueillichaleureusementetd’yavoirsaproprechambre.Ilméritedesavourerdespetitsplatsfaitsmaison;iln’a pas à manger des trucs livrés dans une chambre vide, à l’intérieur d’une maison pleined’étrangersquilehaïssentensecret.Ellearaisonsurcepoint.Voilàpourquoijelalaissepasserpourretournerdanslamaisonsansrien
ajouter.Leregardqu’ellem’alancéenarrivantmehante.Jerejouelascènedansmatête,encoreetencore.
J’attrapemonportableetfaisdéfilerquelquesphotosquej’aiprisesd’elle.Surcelle-ci,ellemarchaitvers le ruisseau… ses cheveux étaient si blonds au soleil et sa peau étincelante. Elle était calme –nerveuse, sans doute –mais elle semble si paisible sur la photo.Elle est vraiment belle. Pourquoivoudrait-ellem’aider?Qu’est-cequeLandonluiaracontésurmoietmesproblèmesavecl’alcool?Je remets mon bonnet. Quelques minutes plus tard, je ne résiste pas à l’envie de retourner à
l’intérieur.J’ouvrelaporte,lesyeuxrougesetlatêteenvrac.–Tessa,est-cequejepeuxteparler,s’ilteplaît?Accroupi sur le sol, Landon muni d’un sac-poubelle ramasse les fragments de vaisselle. Tessa
secoue la tête. Je fixe son visage, puis mes yeux descendent rapidement le long de son corps ets’arrêtentsursondoigtensanglanté.Elleestentraindelepassersousl’eaudurobinet.Jemerueverselle.–Tuvasbien?Ques’est-ilpassé?–Cen’estrien,justeunpetitboutdeverre.Lacoupureal’airpetite,maisjen’arrivepasàlavoirclairement.Jesaisissamainetl’extirpede
l’eau.Lacoupurefaitenvironuncentimètredelongetn’estpastropprofonde.Çaira;elleajustebesoin d’un pansement. Sa main paraît si légère dans la mienne, si chaude. Ma respiration setemporiseàsoncontact.Jelâchesamainetellesoupireprofondément.JemetourneversLandon:–Oùontrouvedespansementsdanscettebaraque?–Danslasalledebains.Autondesavoix,jecomprendsquejel’agace.Danslasalledebains,jetrouvefacilementlapetite
boîtedepansementsetm’emparedugelantiseptiqueavantderetournerdanslacuisine.JeprendslamaindeTessadanslamienneunesecondefoisetappliquedugelsurleboutdeson
doigt.Ellem’observeattentivement…désorientée,sansdoute.Lespansementsmefontpenseràmamère
etàcettehorriblenuitilyalongtemps.JechassecessouvenirsetenveloppeledoigtdeTessadanslepansement.Jeréitèremademande:–Jepeuxteparler,s’ilteplaît?Ellehochelatête.Jesaisisalorssonpoignetetl’entraînedenouveausurlaterrasse.Nousaurons
plusd’intimitéàcetendroit;Landonnepourrapasnousentendre.Arrivésprèsdelatable,jerelâchesonpoignetettireunechaisedevantelle.C’estlemoinsqueje
puissefaire,jesuppose.Mamainestglacée,etmonpoulssembles’êtreralenti.Jemesenscalmeetdétendu.Jetraîneunautresiègeàtraverslepatio.Mesgenouxtouchentpresquelessiensquandjem’assieds
enfaced’elle.Tessaprendl’airdésintéressé.–Dequoiveux-tuparleraujuste,Hardin?J’enlèvemonbonnet,leposeentrenoussurlatableetpassemesdoigtsdansmescheveux.Jeme
sensvraimentcond’avoiragicommeuntrouduculquelquesminutesplustôt.Jeveuxqu’ellesachequejenesuispassonœuvredebienfaisanceousapetitepoupéecassée.Maintenantquel’adrénalinem’aquitté,jecommenceàprendreconsciencedelamerdequejesuis.Doucement,jeluidis:–Excuse-moi.Mesmotsrestentfigésdansl’air.Ellenerépondrien.–Tuasentenducequej’aidit?–Oui,j’aientendu.Elleaboie,lementonrelevéenl’air,ensignededéfi.Elleestencolère.Elleestencolère?Jesuisfurieux,putain.Ellevientici,s’immiscedansmesdramesfamiliauxet
n’acceptepasmesexcuses?Jetendslamainverslabouteilleetdévisselebouchon.Ellenemelâchepasduregardquandjefais
coulerleliquidedansmagorge.Jeluibalance:–Cen’estpasfaciledes’yretrouveravectoi.–Pasfacile,avecmoi?Turigoles!Qu’est-cequetuveuxquejefasse,Hardin?Tuessiduravec
moi…tellementdur.Seslèvrestremblentetsesyeuxcommencentàs’humidifier.Elletentederedressersesépaulesqui
s’affaissent;elleestplusquecontrariée.Jechuchote:–Jenelefaispasexprès.–Biensûrquesi,ettulesaistrèsbien.Tulefaisexprès.Personnenem’ajamaistraitéeaussimal
detoutemavie.Çanepeutpasêtrevrai.Jenesuispassiodieuxavecelle;ellen’apasdûaffrontergrand-chose
danssaviepourdirequ’ellen’ajamaisétéaussimaltraitée.– Alors, pourquoi est-ce que tu continues à traîner autour de moi ? Pourquoi tu ne laisses pas
tomber,toutsimplement?Sijesuissimauvais,pourquoinelâche-t-ellepasl’affaireavecmoi?J’ignorelapartiedemoncerveauquisedemandecommentjeréagiraissiellearrêtaitd’essayer.–Sije…Jenesaispas.Maisjepeuxt’assurerqu’aprèscequis’estpassécesoir,c’estcequejevais
faire.Jevaisarrêterlecoursdelittératureetjelereprendraiaudeuxièmesemestre.Sesbrasenserrentsesgenoux.Leventbalaiesescheveuxderrièresesépaules.Jemedemandesi
elleafroid.Je n’ai pas envie qu’elle abandonne le cours ; c’est le seul horaire régulier que nous avons
ensemble.–Non,nefaispasça.–Qu’est-cequeçapeuttefaire?Çat’éviteradecôtoyerquelqu’und’aussinulquemoi,non?Jesensdeladouleurderrièresesmots,maisjenelaconnaispasassezpourjugerdesasincérité.
J’aimerais bien pourtant. Je me demande combien de personnes la connaissent vraiment, la vraieTessa.Jeparledecelledont lessourcilsseplissentavantdesourire,cellequimèneuneviequesamèreestloind’imaginer.–Cen’estpascequej’aivouludire…C’estmoiquisuisnul.Jesoupireetm’adossecontremachaise.Sonregardmetransperce.–Necomptepassurmoipourtecontredirelà-dessus.Seslèvressontpincées.Elleessaiedesaisirlabouteille,maisjesuisplusrapidequ’ellecettefois.–Parcequetuesleseulàavoirledroitdetesoûler?Ellemeregarde,lesyeuxrivéssurl’anneaudansmonarcadesourcilière.–J’aicruquetuvoulaislajeter,encore.Jelalui tends.Jen’aimepasqu’elleboive,maisellesembleprêteàsebattreetmoinon.Jeveux
justequ’elleresteici.J’aimelecalmequim’habitequandelleestlà.Elles’étrangleaumomentd’avalerlescotch.–Tuboissouvent?L’autrejour,tum’aslaisséentendrequetunelefaisaisjamais.Çayest,ellemepassesurlegril.–Ladernièrefois,c’étaitilyasixmoisenviron.Sixmoisquiviennentdesevolatiliserd’uncoup,pourrien.Bienjoué,t’esqu’uncrétin,Hardin.– Si j’ai un conseil à te donner, tu feraismieux de ne pas boire du tout.Ça te rend encore plus
mauvaisqued’habitude.Sontonseveuthumoristique.Maisjesaisqu’elleestsérieuse.–Tupensesvraimentquejesuisunemauvaisepersonne?Jecontinuedefixerlesolenattendantsaréponse.Ellevamedireoui.C’estcequetoutlemonde
répondrait.–Oui.Jenesuispassurprisparsaréponse,mêmesiquelquepartj’avaisespéréqu’elledisenon.–Tutetrompes.Enfin,tuaspeut-êtreraison…Jevoudraisquetu…Je ne suis pas une si mauvaise personne, si ? Je pourrais m’améliorer, pour elle, si elle me le
demandait.Jel’observeetremarquequeseslèvrestremblentenattendantquejeterminemaphrase.J’aienvied’êtrequelqu’undebien.Jeveuxqu’ellelepense.–Tuvoudraisquejequoi?Elle semble impatiente. Elleme rend la bouteille, et jem’assieds sur la table sans reprendre de
gorgée.Commentrépondreàçasansavoirl’airpathétique?Jepourraisarrêterdeboireetêtreplussympa
aveclesgens.Oujusteavecelle.–Rien.Jen’arrivepasàtrouverlesbonsmotsavecelle.
–Jeferaismieuxdem’enaller.Elleselèvepours’éloignerdemoi.Ellemarchetropvite,etjeneveuxpasqu’elleparte.Jedois
redoublerd’efforts.–Net’envapas.Jemelèvepourlasuivre.Quandelles’arrête,sonvisageestsiprèsdumienquejepeuxsentirune
vagueodeurdescotchdanssonhaleine.–Pourquoi?Pourquetumejettesd’autresinsultesàlafigure?Sesmotsm’atteignentplusqued’habitude.Ellemetourneledosetjem’élanceverselle.Jel’attrape
parlebrasetlatireversmoi.–Nemetournepasledos!Jeluihurledessus.Ellen’apasledroitdeveniricipourremuerlamerdeetsebarrer.J’enaiplus
quemarredecesgensquimefontsubirça,putain.–Ilyalongtempsquej’auraisdûlefaire!Tessamerepousse.– Je me demande même ce que je fais ici ! Je suis venue à l’instant même où Landon me l’a
demandé!Ellemegueuledessusmaintenant.Sonvisageestrougedecolèreetsaboucheremuetropvite.Elle
passesalanguesurseslèvrespourleshumidifieretterminersatiradeenflammée.–J’ailaissémoncopainenplan,moncopainqui,commetul’asdittoi-même,estlaseulepersonne
capabledemesupporter,pourveniràtonsecours!Sesmotss’enfoncentunàundansmachair.Elleavraimentlaissésoncopainpourvenir.Ellen’a
aucuneautreraisond’êtreici,sicen’estpourmoi.Peut-êtrequejenesuispasaussimauvaisqueça,aprèstout.Etpeut-êtrequ’ellelesent.–Tusaisquoi?TuasraisonHardin, jesuisvraimentnulle.Jesuisnulled’êtrevenueici, jesuis
mêmenulled’essayer…Sansréfléchir,jeréduisl’espaceentrenousetécrasemabouchecontrelasienne.Ellemerepousse
ettentedesedébattre,maisjepeuxsentirsoncorpss’abandonnerdansmesbras.–Embrasse-moi,Tessa.Jelasupplie.J’aibesoind’elle.–S’ilteplaît,embrasse-moi.J’aibesoindetoi.Dans une dernière tentative, j’essaie de faire en sorte qu’elle me rende mon baiser. Ma langue
effleureseslèvresscelléesquifinissentpars’ouvrircomplètement.Puis,soudainelles’abandonneàmoi, totalement, sans retenue.Ellesepencheversmoi, soupirantcontremapoitrine.Mesmainsseposentalorssursesjoues,pourrecueillirsonvisageetlasavourerdavantage.Jepassemalanguesursa lèvre inférieure, cequi la fait frissonner. J’enroulemesbras autourd’elle et l’attire fermementcontremoi.Soudain, un bruit retentit dans lamaison et Tessa s’écarte demoi. J’arrête de l’embrasser,mais
gardemesbrasautourd’elle.– Hardin, il faut vraiment que je m’en aille. On se fait du mal l’un à l’autre. On ne peut pas
continuer.Ellesementàelle-même.Onpeutcertainementtrouverunesolution.–Maissi,onpeut.Jenesaispasd’oùmevientcettelueurd’espoir,maisellemefaitdubien,là,danslecreuxdela
poitrine.–Non.Tumedétestesetj’enaimarredeteservirdepunching-ball.Jenesaisplusoùj’ensuis.Une
fois, tu me dis que tu me trouves insupportable et une autre fois, tu m’humilies juste après mapremièreexpérienceintime…–C’estvrai,j’aimerdé.J’ai besoin d’expliquer ce qui s’est passé, de lui dire qu’ilm’arrive parfois de tout faire foirer
exprès. J’ai toujoursété commeça.Quand j’avaisdouzeans,magrand-mèreavoulum’organiserunefêted’anniversaire.Elleavaitenvoyédescartonsd’invitationetachetéuntrèsbongâteau.Lejourdemafête,j’airacontéàtoutlemondequ’elleétaitannuléeetmesuisenfermétoutelajournéedansma chambre pour bouder. Je n’ai même pas touché au gâteau. Je merde parfois… mais je peuxtrouverunmoyend’arrêterça.Sic’estpourpouvoirembrasserTessaetlasentirseperdreenmoi,alorsjeferain’importequoi.J’essaie de l’interrompre, mais elle m’en empêche en posant son doigt sur ma bouche. Si elle
n’avaitpasdepansement,jeseraisdéjàentraind’embrassersacoupure.–Uneautrefois,tum’embrassesendisantquetuasbesoindemoi.Jen’aimepaslapersonnequeje
suisavectoietjedétestecequejeressensquandtumedisdeschoseshorribles.–Quellepersonnees-tuquandtuesavecmoi?J’aimequielleest.C’estunebienmeilleurepersonnequelaplupartdesgens.–Unepersonnequejeneveuxpasêtre.Unepersonnequitrompesonpetitamietpleuretoutesles
cinqminutes.Savoixsebrise.Elleahontedelapersonnequ’elleestdevenueàmoncontact.Jemesensmerdeux.
Jeveuxqu’ellesoitheureusedepasserdutempsavecmoi.Jeveuxqu’ellemedésireautantquejeladésireaussi,irrésistiblement.–Tusaisquelleestmaversiondecettepersonne?Monpouceglisselelongdesajoueetsesyeuxsefermentlégèrementsousmacaresse.–Laquelle?Seslèvresbougentàpeine.L’atmosphèreentrenousestcalmeàprésent,elleattendmaréponse.Jerépondsfranchement.–Tuestoi-même.Jepensequec’esttavraiepersonnalité,maisquetut’inquiètesbeaucouptropde
l’opiniondesautrespourt’enapercevoir.Etjesaislemalquejet’aifaitaprèst’avoirtripotée.Ellefrémitenm’entendantparlersicrûment.–Excuse-moi…aprèsnotreexpérience.Jesaisquej’aieutort.Jemesentaistrèsmallorsquetues
descenduedelavoiture.–Çam’étonnerait.Ellelèvelesyeuxauciel,m’ignorantcomplètement.–Je te jurequec’estvrai.Jesaisquetupensesquejenesuispasquelqu’undebien…maisavec
toi…Je n’arrive pas à terminer ma phrase. Elle est en train de creuser en moi, de plus en plus
profondément,etc’estterrifiant.–Laissetomber.–Terminecequetuallaisdire,Hardin,oujem’envaissur-le-champ,jeneplaisantepas.Jesaisqu’elleneplaisantepas.Elleattend,lamainposéesurlahanche,lesyeuxdurscommedela
pierre.
–Avectoi…j’aienvie…dedevenirquelqu’undebien,pourtoi…Jeveuxêtrequelqu’undebienpourtoi,Tess…Jeprendsunegrandeinspiration,etellearrêtederespirer.
–Ç
6Quandellecommençaàluimettrelapressionpourofficialiserleurrelationetobtenirdespreuvesd’engagement,ilpaniqua.Ilsesentitcommeunanimalsauvagetraquéetprisaupiège.Lacageétaitcelledelafranchise,etellemenaçaitdel’yenfermersansqu’ilpuisseenéchapper. Il nevoulait pas la perdre,mais plus les jourspassaient, plus il lui était difficile de la garder à ses côtés.Elle retournait lasituation,remettantencausedeschosesque,selonlui,ellenepigeraitjamais.Quandelleenvoulutplus,ellel’exigeaetn’acceptariend’autrequeouicommeréponse.Maisquand,àsontour,ilréclamaplus,ellelerepoussa,prétextantmilleexcuses.
. .
anepourrapasmarcherentrenous,Hardin,noussommestropdifférents.Etd’abord, tunesorsavecpersonne,jeterappelle.
Ellem’incendieets’écartedemoi.J’espèrequ’ellen’apasl’intentiondepartir.Ondiraitquetoutesnosconversationsportentdésormaissurlefutur.Semarier,vivreensemble,rompre,nepasrompre.Tessaéprouvecebesoindeplanifiersavieentière,maispasmoi.Àcestade,ilsembleévidentquejenesaispascommentgérerlegenredepressionqu’ellem’impose.Malgrétout,ellepersisteàvouloirquejedeviennequelqu’undebienpourelle.–Nousnesommespassidifférentsqueça.Nousaimonslesmêmeschoses,leslivres,parexemple.Jedoistoujoursmejustifierauprèsd’elle.–Encoreunefois,tunesorsavecpersonne,c’estbiencequetuasdit?–Jesais,maisnouspourrions…êtreamis?Amis?Vraiment,Hardin?Lafrustrationselitdanssesyeux.–Jecroyaist’avoirentendudirequenousnepouvionspasêtreamis?Etjeneveuxpasêtreamie
avectoi,ausensoùtul’entends.Toi,tuveuxtouslesavantagesdupetitamisansavoiràt’impliquerdansunerelation.Jerelâchemonétreinteetvacille,maisrécupèrerapidementmonéquilibre.–Pourquoiest-cesicompliqué?Pourquoias-tubesoindemettreuneétiquettesurtout?J’appréciederetrouverunpeud’espaceentrenousetderespirerunpeud’airfrais,sansvapeurs
d’alcool.–Parceque,Hardin,mêmesijen’aipasfaitpreuvedebeaucoupderetenuecesdernierstemps,j’ai
durespectpourmoi-même.Jerefused’êtretonjouet,surtoutquandcelaimpliquequetumetraitescommeunemerde.Elleagitesesmainsenl’air,exaspérée.–Et,detoutemanière,jenesuispaslibre,Hardin.Elle se sert de ce mec comme excuse ? Oh, franchement ! Qui essaie-t-elle de berner ? Je lui
répondssèchement:–Etpourtant,c’estavecmoiquetuesencemoment.Elle est en traindemenarguer en agitant sonpetit ami au-dessusdema tête et, pourtant, elle se
plaint quand je fais la même chose avec Molly. Dans sa situation, elle ne semble pas y voird’inconvénient.Cesoirl’alcooln’arrangepasleschoses,jesuisassezintelligentpourlesavoir,maisassezconpourcontinuerdemecomportercommeunemerde.Jesuisaussisuffisammentalcoolisépourn’enavoirrienàfoutre.Commed’avoirréduitlasalleàmangerdemonpèreenmiettes.Ellesortlescrocsetsabouchesetordenunegrimacemenaçante.–Jel’aimeetilm’aime.
Sesmotsmedéchirentlapoitrine.Lesderniersm’atteignentjusqu’àlamoelle.Jem’écarted’elleetcognedanslachaise.Rienàfoutredemonmanqued’équilibre.–Nemedispasça.Jelèveunemaincommepourmeprotégerdesesparoles.Ellenecèdepaspourtant;elleestfollederage,commesielleallaitmesauteràlagorge.–Tudisçaparcequetuescomplètementsoûl.Dèsdemain,tuterappellerasquetumedétestes.Ladétester?Ladétester?Commesijepouvaisladétester!Consterné,jereculeettentedeportermonattentionsurlesarbresdontlevertestsiéclatanticià
causedelapluie.–Jenetedétestepas.Situpeuxmedire,enmeregardantdroitdanslesyeux,quetuveuxquejete
laissetranquilleetquejenet’adresseplusjamaislaparole,jeleferai.Jen’aipasenviedel’entendreprononcercesmots–ilsmetueraient–maissiellelepense,sielle
veutvraimentquejem’efface,jeleferai.–Jetejurequ’àcetteminute,jenem’approcheraiplusjamaisdetoi.Ilsuffitquetuledises.J’essaied’imaginermaviesiellen’enfaisaitpluspartie.Elleemporteraitavecelletoutcequilui
donnedurelief.Jepoursuisavantqu’ellenepuisserépondre.–Dis-le,Tessa.Dis-moiquetuneveuxplusjamaismevoir.Jenepeuxpasl’envisager.Jem’approched’elleetcaressesesbrasduboutdemesdoigts,cequilui
donnelachairdepoule.Seslèvress’entrouvrent.Jem’approcheplusprèsetluimurmure:–Dis-moiquetuneveuxplusjamaissentirmesmainssurtoi.Jepressemesdoigtslelongdesoncou,lecaressedoucement,puisdescendslelongdesonépaule.
Ellechavirepresqueàprésent,incapabledesortirunson.Jemepencheencoreplusprès.Monvisageestàmoinsd’uncentimètredusien.Jepeuxsentirlesfrissonssursapeau;cefaibletressaillementcaptenotreattentionàtouslesdeux.–Disquetuneveuxplusjamaisquejet’embrasse…Jeparleplusbasetelletremble.–Dis-lemoi,Theresa.J’insistesurchacundecesmotsquejeneveuxpasvoirsortirdesabouche.J’entendsàpeinequandelleprononcemonnom,maissenssonsoufflecontremeslèvres.–Tunepeuxpasmerésister,Tessa,pasplusquejenepeuxterésister.Ellesemblehésitantemaispaseffrayéeparceconstat.Jeluidemande,enpressantmabouchecontre
seslèvres:–Resteavecmoicesoir.Tessamelâchedesyeuxpourregarderlamaison,puisellerecule.Jemeretournepourcomprendre
cequiluiafaitpeurmaisnevoisrien.Elleditqu’elledoityaller.Non,ellenepeutpaspartir.Jenesuispasencoreprêtàrestertoutseuldanscettemaison.Jenepeux
pascroirequejevaisresterici.–Bordel.Jepassemesdoigtsdansmescheveuxenrâlant.–Jet’enprie,reste.Justecettenuit,mêmesitudécidesdemainmatindemedirequetuneveuxplus
mevoir…Jeneveuxpasqueçasoituneoption,maismalheureusementc’enestune.
–S’ilteplaît,reste.Jet’ensupplie,cequin’estpasdansmeshabitudes,Theresa.Jen’aijamaissuppliépersonnedemavie.Est-cel’alcoolouellequimerendcomplètementdingue
?Jenesaispas.Tessahochelatête.Sesyeuxbrillentsouslalumièreduporche.–Maisqu’est-cequejevaisdireàNoah?Son nom me fait l’effet d’un coup de poignard et me rappelle qu’elle n’est à moi que
temporairement.J’aibesoindeplusdetempsavecelle.–Ilm’attendetj’aiprissavoiture.Ellel’alaissédanssachambre?Pourmoi?Jenesaispasquoienpenser.Ont-ilsrompu?Sait-ilqu’elleestlà,avecmoi?Jemedemandesile
garsconnaîtseulementmonprénom.Putain,çamerendmaladedenepassavoircequ’elleressentpourmoi.Stephnemelâcherarien,etTessaencoremoins.Fait-elle à cepoint attentionà ceque soncopainpeutpenser ? Je fixe l’arrièrede lamaison.La
vignevierges’infiltrepartoutdanslemurenbriques.Leslumièressontsivives.Jelasuspected’êtreentraindecomprendrebrusquementlasituation.–Tun’asqu’àluidirequetudoisresterparceque…jenesaispas.Neluidisrien.Qu’est-cequ’il
vafaire?JesuiscurieuxdecomprendrepourquoiNoahsembleavoirautantdepouvoirsurelle.Ellesoupire
; sa lèvre inférieure se gonfle. Elle a vraiment l’air inquiète. Que pourrait-il bien se passer de sigrave…iliraittoutbalanceràsamaman?Elleadix-huitansmaintenant–elleestaucourant,non?–Detoutefaçon,ildoitprobablementdormir.C’estvrai;ilasûrementl’habitudedeseplieraucouvre-feudulycée.Tessasecouelatête.Jem’adossecontrelereborddelaterrasse.–Non,iln’aaucunmoyenderentreràsonhôtel.Hôtel ?Cemec va dormir dans un putain d’hôtel ?Est-il seulement assez vieux pour louer une
chambreparsespropresmoyens?–Sonhôtel?Attends…ilnedortpascheztoi?Jesuisdéconcerté.–Non,ilaprisunechambreàl’hôteld’àcôté.Ellebaisseleregardverslaterrasseenboisetfrottesespieds,malàl’aise.–Ettuydorsaussi?–Non,lui,ilestlà-bas,etmoidansmachambre.Ellemerépondtoutbas,l’airembarrassé.Ellegardelesyeuxrivésausol.J’y crois pas, putain. Est-ce qu’il l’aime ? Aime-t-il seulement les femmes ? Je veux dire,
franchement,regarde-la!–Ilesthomo?Jenepeuxm’empêcherdeluiposerlaquestion.Ill’estforcément.Àmoinsqu’illatrompe,cequi
seraitvraimentmerdique–maisarrangeraitterriblementmesaffaires.Nonpasqu’elleneluifassepaslamêmechose.LabouchedeTessas’ouvred’horreur.–Biensûrquenon!Jetrouveçadinguequ’ellenevoieriend’anormalàcequesoncopainneveuillepasresteravec
elle.
–Excuse-moi,maisilyaquelquechosequicloche.Àsaplace,jeseraisabsolumentincapablederesterloindetoi.Jetebaiseraisàlamoindreoccasion.C’estvrai.Jelaréveilleraischaquematin,monvisageenfouientresescuisses.Jelamettraisaulit
touslessoirsenluifaisantperdrelatêteetcriermonnom.Le rouge lui monte aux joues et elle détourne le regard. J’adore la manière dont mes mots la
choquent.L’obscuritéest en traindemedonnermalaucrâne.Lesarbresbougentbeaucoup.Leurstroncs se tordent dans desmouvements bizarres. J’ai envie de rentrer dansma chambre, seul avecelle.Surtoutaprèslanuitquej’aieue.JemetourneversTessaetnepeuxdécrochermonregarddeseslèvresentrouvertes.–Onrentre?Lesarbressebalancentdanstouslessens.Çadoitêtrelesignequej’aibeaucouptrop
bu.LeregarddeTessasedirigeverslamaison,puisversmoidenouveau.–Tudorsici?Jesecouela têteetattrapesamain.Ellereste ici,elleaussi.Jenepeuxtoujourspascroirequeje
vaispasserlanuitdanslamaisondeKenaprèstouteslesmerdesquecemecm’afaitsubir.–Ouais,ettoiaussid’ailleurs.Allons-y.Jelaprendsparlamainavantqu’ellen’aitletempsdechangerd’avis.Quandnousentronsdanslamaison,elle tentededégagersamaindelamienneenmarchantplus
vitequemoi.J’accélèrelepasenpassantdanslacuisine.Il reste toujours un peu de bazar sur le sol. Un tas de morceaux de porcelaine brisée déborde
maintenantdelapoubelleetleséclatsdeverreontétébalayés.Landonpeutbiennettoyercebordel.C’est lui qui va vivre avec mon connard de père, après tout. La vérité, c’est qu’il vit déjà avec.D’autres personnes ou d’autres choses m’ont remplacé auprès de Ken Scott. Le scotch, les bars,Karen,Landonetcettegrandemaison.Ils’éparpilletellement.Pourtant,iln’ajamaislaissédeplacepourmoidanssavie,jusqu’àl’annéedernière.Etils’imaginequejevaisallermieuxavectoutecettemerde?Putain,non.JeresserremamainautourdecelledeTessatandisquenoustraversonslamaisonetmontonsles
escaliers. Putain, il y a trop de portes ici. Il ne faudrait pas que nous entrions dans la chambre deLandonparerreuretletrouvionsentraindesebranler.Nousatteignons finalement ladernièreporteauboutducouloir.Pendant toutce temps,Tessaest
restéesilencieuse,etçameva.Jen’aipasenviedeluimettretroplapression,j’essaiejusted’arrêterdepenseràmondonneurdesperme,cegrosnaze.La chambrederrière la porte est plongéedans l’obscurité. Je tâtonnepour trouver l’interrupteur.
Tessachuchotedanslenoir:–Hardin?Le rideau, légèrement ouvert, laisse pénétrer un rayon de lune. Je relâche la main de Tessa et
m’avanceunpeuplus.Impossibledemettrelamainsurcefoutuinterrupteur.Jecontinuedepassermamaincontrelemurlisse,maisjenetrouverien.C’estquoicebordel?De l’autre côté de la chambre, j’aperçois les contours d’une table, et d’une lampe peut-être. Je
m’avancedoncaveuglémentverselle.Leboutdemachaussurecognecontrequelquechosededuretjetombepresqueparterre.–Putain!Siçasetrouve,cettechambren’amêmepasdeputaindelumière.CommesiKenetKarenavaient
justeenviedesefoutredemagueule.Puisj’atteinslatable,etmesdoigtssententunabat-jour.–Bingo!Jetrouvel’interrupteuretpréviensTessa:–Jesuislà.L’ampoulefaitunpetitdéclic,etlalumière,étonnammentfortepourunesipetitelampe,m’aveugle.
Jeclignedesyeuxplusieursfoisetbalaielachambreduregard.Machambre.Machambrequejen’aijamaisutilisée.Jamais.Lelitmefaitpenseràceuxdeshôtelsdemauvaisgoût.Lesmurssontpeintsengrisclair,avecdes
plinthesblanches le longduplancher.Les rayuresdu tapissontpresqueeffacées.Appuyécontre lemurdufond,lelitestridiculementgrandavecunemontagnedecoussinsdécoratifsempilésàlatêtedelitenluxueuxboisdemerisier.Leseul intérêtquepourraitavoircelitd’êtreaussi immense,ceserait queTessay soit allongéenue, sur la couettegris foncé.Malheureusementpourmoi, ellenel’estpas.Ellesetientdeboutcontrelebureaudumêmestylequelelit,surlequeltrôneunMactoutneuf.Enculésdeflambeurs.Jepassemamainderrièremanuque.–C’estma…chambre.Jenesaispasquoidired’autre.Tessamordillesalèvreinférieureetmedemande:–Tuasunechambreici?Cette chambre neme ressemble pas, pas lemoins dumonde.Mais techniquement, c’est bienma
chambre.Kenm’a dit plusieurs fois, qu’elle était pourmoi, rien que pourmoi. Comme si j’étaiscenséêtreimpressionnéparlelitàbaldaquinouparl’écrand’ordinateurgéant.Jebafouille,malàl’aise:–Ouais…enréalité,jen’yaiencorejamaisdormi…jusqu’àcesoir.J’espèrequ’ellenechercherapasàensavoirplus,maisjesaisdéjàqu’ellelefera.Uncoffreassezvolumineuxse trouveaupieddu lit. Jesupposequ’iln’aqu’uneseule fonction :
contenirlamultitudedecoussins.Jeluitrouveuneautreutilitéenm’asseyantdessuspourretirermesboots.Tessam’observe.Elleestprobablementdéjàentraindecompilerunelistedequestionsàmeposer,commelapetitechosecurieusequ’elleest.J’enlèvemeschaussetteset lesenfoncedansmeschaussures.J’aiquelquespetitesentaillessurlacheville.Deséclatsdeverreontdûatterrirdansmachaussure.Génial,putain.Tessadoitavoirterminésalistepuisqu’elles’approchedemoietdemande:–Ah!Commentçasefait?Je prends une grande inspiration et décide de lui répondre franchement au lieu de raconter des
conneries.–Parcequejeneveuxpas.Jedétestecettemaison.C’estlavérité.Jedétestevraimentcetendroit.Jedétestequemonlitdanslamaisondemamèreen
Angleterrepossèdeunmatelastaché,etlamêmecouetteetlesmêmesdrapsdepuismonenfance.Tandis queTessa intègremes réponses franches et élabore sa prochaine question, je déboutonne
monpantalonet le faisglisser le longdemes jambes.LesyeuxdeTessa,dans levague jusque-là,s’écarquillenttoutàcoup,immédiatementalertésdemevoirdeboutenboxerdevantelle.–Qu’est-cequetufais?–Jemedéshabille.
Je saisqu’elle aimeposerdesquestions,maispourquoi faut-il que laplupartd’entre elles soientaussiinutiles?–Jeveuxdire,pourquoi?Elle fixemon entrejambe.Si elle pense être subtile en essayant de prétendre qu’elle n’est pas en
traindepenseràmabite,làtoutdesuite,elleéchouelamentablement.Mesyeuxrencontrentlessiens.–Parcequejen’aipasl’intentiondedormiravecunjeanserréetdesboots.Jerepousseunemèchedemescheveuxtombéesurmonfront.–Oh!J’attendsqu’elle dise autre chose,mais elle ne le fait pas. J’observe ses yeux tandis que j’enlève
mon t-shirt. Son regard se pose sur mon cou, puis sur mon ventre, parcourant chacun de mestatouagesnoirs.Celuiqu’elle fixe leplus longtemps, c’estmonarbre. Jemedemande si elle aimecettepartiedemoiousiellelarebute.L’attentionqu’ellemeportemerendnerveux.Jenesaisjamaisquoifairequandellem’inspectecommesiellefaisaitunétatdeslieux.Chaquecentimètredemapeauviséparsonregardfrissonne.Maisaulieudelachaleurquej’aipuylireauparavant,j’yperçoisunesorted’airlointainetcurieusementglacé.Concentréesurmoncorps,Tessamefixetoujours.Jelasurprendsenluilançantmont-shirt.Elle
esttellementcaptivéequ’ellenelerattrapepasassezvite.Jemedemandecequ’ilfaudraitfairepourqu’ellesemettenueetquejepuisseobserversoncorps.Mesyeuxposéssurellescruteraientchaquecentimètre,chaqueimperfectionquipourmoin’ensontpasmaisquilafragilisentmalgrétout.J’aimeraissavoiràquoiellepense.J’aimeraislaconnaîtredavantage.Jememetsàimaginercequi
se seraitpassé si je l’avais rencontréed’une toutautremanière.Elleauraitpuêtreunevoisinequis’arrêtechezmoipourm’emprunterdestrucsetjel’auraisquestionnéeautantquej’auraisvoulu.Jeluiauraisdemandépourquoielleposetoujoursautantdequestionsetpourquoiellefroncetoujourslessourcilsquandelleestdésemparéeouencolère.Jeluiauraisdemandécequ’elleveutfairedesavie.Jeluiauraisdemandésiellepeutêtreindulgenteetm’accordersonpardon.Mais nous sommes dans la réalité et, dans la réalité, je suis un étranger pour elle. Elle ne sait
pratiquementriendemoi.Siellesavaitneserait-cequelamoitiédesconneriesquej’aifaites,elleneserait plus aussi intriguée. Mes tatouages, ou du moins son intérêt pour eux, disparaîtraient. Sonattitudesarcastiquefaceàmoncomportementdeviendraithaineuse.Jedoisyfaireattention,parcequesimonmystèredisparaît,elledisparaîtra,elleaussi.Putain,toutçamefaittournerlatête.L’effervescencedanslaquellejemetrouvaisestentraindese
dissiper, et mon crâne est sur le point d’éclater. J’ai besoin de faire évoluer cette situation trèsrapidement.–Tupeuxlemettrepourdormir.Jesupposequetuneveuxpasdormirensous-vêtements.Encore
que,moi,jen’aieriencontre.–Jepeuxdormirtouthabillée.Maissontonesttoutsaufconvaincant.Ellen’apasenviededormiravecsajupeencombranteetson
chemisierample.J’aimeassezsonchemisier; lacouleurbleuciels’accordebienavecsesyeux.Jen’aijamaiseudepenséedecegenreavant…Ils’accordebienavecsesyeux?Çaveutdirequoiaujuste?Cettefillemedétraqueencoreplusquelescotchingurgitécesoir.–Commetuvoudras.Situn’aspasenvied’êtreàl’aise,çateregarde.
Jem’avanceverslelit,attrapelepremiercoussinquejetrouveetlebalancesurlesol.Tessasembleoffusquée.Oupeut-êtrel’est-elleparcequejesuisàmoitiénu.Jenesaispas.Ellese
dirigeverslepieddulitetouvrel’horriblecoffre.–Hé,nelesjettepasparterre,ilsserangentlà.Commesijenelesavaispas!Elles’imaginequejen’aijamaisvucegenredecoussinsavant?Ou
que,sousprétextequej’aiétéélevéseulementparmamère,jenesaispascommentrangerdespilesdetrucsencotonhorsdeprixdansuncoffre?Non, Hardin, elle veut simplement aider… J’essaie de négocier avec moi-même. Mon esprit
s’emballe toujoursvers lapiredes interprétationspossibles,et jedétesteça,putain.Mesdoutesmerongentvivant.J’enattrapeunautre,encoreplusridicule,etlebalancesurletapis.Ellegrogneetrâletoutensepenchantpourleramasser.AlorsqueTessajouelesfemmesdeménage,j’agrippelacouetteetgrimpesurlelit.Personnen’ya
jamaisdormiavant,jelesens.C’estcommesijem’allongeaisdansdesnuages.C’estmêmeencoremieuxqu’àl’hôtel.JevoisTessam’observeraumomentoùjepassemesmainsderrièrelatête.Ellepassesontempsàmeregarder.Jepassemontempsàlaregarder.Jecroiselesjambespendantqu’elleenfoncelederniercoussindanslecoffreavantdelerefermer.
Maniaquequ’elleest.Va-t-elle rester debout toute la nuit ? Je préférerais qu’elle se débarrasse de ses vêtements
encombrantsetmerejoignedanslelit.–Tunevaspasrâlerparcequetudoisdormirdanslemêmelitquemoi,si?–Non,ilestassezgrandpournousdeux.Sonsourirenedévoileaucuntrouble,maiselleesttrahieparsesmainstremblantesquitriturentla
peauautourdesesongles.Elleestd’humeurtaquineàprésent.J’adoreça.–Voilà,çac’estlaTessaquej’aime.Je plaisante mais remarque que ses yeux s’agrandissent légèrement. Je balaie la question du
pourquoiloindemonesprit.Pasaujourd’hui–jenevaispasm’accrocheràcettepenséeaujourd’hui.Tessa monte maladroitement sur le lit après s’être débarrassée de ses chaussures. Elle reste
complètement habillée et s’installe sur le bord du grand lit, le plus loin possible de moi. Elles’allonge.J’aienviedemerapprocherd’elle,maisj’aipeurqu’ellesoiteffrayéeettombedulit.Jerigoleenl’imaginantparterre.Ellesetourneversmoi.–Qu’est-cequ’ilyadesidrôle?Ellefaitencorecetrucavecsessourcils.Elleestadorable,putain.–Rien.Jemens.Jenepensepasqueluidirequejel’imaginaisfaireunechutearrangeraitmoncascesoir.
Pourtant,jenepeuxmeretenirderireenlavoyantfairelamoue.–Si,dis-moi!Elle lève les yeux une seconde, puis avance volontairement sa lèvre inférieure.Malgré samoue
boudeuse,oupeut-êtreàcausedeça,j’aiuneenviefolledebaiserseslèvres.J’aihâtedelessentirdescendrelentementlelongdemaqueue.Jepenseàsatêteentraindemonteretdescendresurmoietcoincemonpiercingentremesdents.Lemétalestfroidsurmalanguebouillante.Jemetournesurlecôtépourluifaireface.–Tun’asjamaisdormidanslemêmelitqu’unmec,hein?Soitditenpassant,moinonplusjen’aijamaisdormiavecunefilledansunlit.Cen’étaitpasmon
truc.Jenesaispassiçal’estmaintenant,maisjusque-là,çameplaît.Jesuissoulagéquandellerépond:–Non.Je souris pour luimontrer l’effet que çame fait d’être le premiermec avec qui elle va dormir.
J’adoresavoirqu’illuirestetantdechosesàdécouvrir.D’unautrecôté,ilmerestetantdechosesàluimontrer,aussi.Tessa est face àmoi, allongée à quelques centimètres seulement demoi. Elle porte toujours ses
vêtementsencombrants,etçamerenddingue.Puiselletendlamainversmoietposesondoigtsurlafossettedemajouedroite.C’estunechosetellementsimple,etpourtantsiaffectueuse.Personne,pasmêmemamère,nem’atouchélevisagecesdixdernièresannées.Ilm’arriveparfoisd’embrasserdesfillespendantlesrelationssexuelles,maisjenelaissepasleursdoigtss’attardersurmoncorps.Je lui jetteun regardet la sensenpanique.Elle retire samain,mais je la saisisdenouveauet la
reposesurmajoue.C’esttellementagréabledelasentirmetoucher.Sescaressessontsidouces.Jeveuxqu’ellemetouchepartout.Jelataquine:–Jenesaispaspourquoipersonnenet’ajamaisbaisée.J’imaginequetonself-controldoitvraimentt’aideràrésister.Ilyaforcémentuneraisonpourqu’ellesoitaussipeuexpérimentée.C’estjustesurréalistequ’elle
n’aitabsolumentaucuneexpériencesansbonneraisonapparente.–Jen’aijamaisvraimenteubesoinderésister.Jenecroispassesmots,maisjecroissesyeux.Pourtant,c’esttellementdifficiledefaireconfiance.–Soittumens,soittuétaisdansunlycéepouraveugles.Jeregardesabellebouche.–Jebanderienqu’àregarderteslèvres.C’estlavérité.Ellen’aqu’àdescendresesmainspourenavoirlapreuve.Jesuisàdeuxdoigtsdele
luidire,maisjeneveuxpasgâchercemoment.Tessapousseunpetitcriétoufféenentendantmesmotscrus,etçameplaît.Jerigoleetréfléchisà
touteslesmanièresdelarendrecomplètementfollededésir.C’estcommeconduireunevoituretouteneuve,cetteexcitationquandtuentendslefaibleronronnementdel’enginpourlapremièrefois.Jeveuxlafaireronronner.J’aimeraislafairehurler,siLandonn’étaitpaslà.Jeveuxyallerdoucementcettenuit.Maisjevaisquandmêmeluimontrerquecequejeluiaifaitauruisseau,cen’étaitquel’undemesnombreuxtalents.Jepassemalanguesurmeslèvres,prendslamaindeTessadanslamienneetlaporteàmabouche.
Sarespirations’intensifiequandjefaispassersamainsurmeslèvreshumides.Sesmainstremblentquandjemordilledoucementson indexentremesdents.Ellegémit instinctivement,etmaqueuesecontractedansmonboxer.LesmainsdeTessasontchaudesquandjelespromènelelongdemoncou.C’esttellementbond’êtretouché.L’intensitéesttellequ’elletroublemessens.Leseffetsdel’alcoolsesontpratiquementdissipés,etmaintenantjesuiscomplètementàlamercidecetteblondebornéeetsexy.Tessaretiresamain,etjelaissetomberlamiennesurmongenou.Laseulechosesurlaquellej’arriveàmeconcentrer,c’estcetteempreintedouceetfraîchedesamainsurmapeau.Aprèsquelquessecondesdesilence,jeprendslaparole.Jesuiscurieuxetexcité,etjevaisprendre
dubontempsavecelle.Jereprendssamaindanslamienne.–Tuaimesquandjeteparlecommeça,avoue.Jelafixejusqu’àcequesapoitrinecommenceàsegonfleretsedégonflerdeplusenplusvite.Elle
détournelesyeuxetjepoursuis:–Jevoisbienqueturougisetj’entendslechangementderythmede
tarespiration.Réponds-moi,Tessa,sers-toideceslèvrespulpeuses.J’aimeraisqu’elles’enservepourbiend’autreschoses.Ellerestesilencieuse.Bendisdonc,moiqui
pensaisêtretêtu.Jeréduisencorel’espaceentrenousetenroulemesdoigtsautourdesonpoignet.LapeaudeTessavireauroseetellesembletroublée.Elleestaccro.Alorsquejem’attendsàcequ’ellem’avouesonattirance,ellemedit:–Tupeuxmettreleventilateur?Sérieux,Theresa?Ellemeprendpourunpigeon?Ellepensequejevaissortircommeçadecelit
confortableoùelleestallongéesiprèsdemoi?Jeregardesonvisage,sesyeuxgris.–S’ilteplaît…Ellechuchotetoutencontinuantdemefixer.Avantmêmederéalisercequejesuisentraindefaire,jesorsdulit.Putain,elleestdouée.Elleafficheunpetitairsatisfaitquandjeretournedanslelit.Sesvêtementsencombrantssemblent
aussiterriblementinconfortables.Sajupeestenlaine,unematièreaussichaudequ’unecouverture.–Situastropchaud,pourquoigardes-tucesvêtementsépais?Tessamefaitunsourireetlèvelesyeuxauciel.Jesuissérieux,pourtant…elles’habillehorriblementmal.– Tu devrais choisir des vêtements quimettent ton corps en valeur, Tessa. Les vêtements que tu
portesdissimulenttoutestesformes.Jejetteunœilàcequejepeuxvoirdesapoitrine,autantdirerien.–Sijenet’avaispasvueensoutien-gorgeetpetiteculotte,jen’auraisjamaisdevinéàquelpointton
corpsestsexy.Tajupeestunvraisacàpatates.Ellerigole.Çapassemieuxquejenel’auraisimaginé.–Etquesuggères-tu?Jedevraisporterdesbustiersenrésille?Ellehausseunsourciletattendmaréponse.L’imagedeTessadansunbustieretunminishortenjeanclignotedansmonesprit.–Non.Enfin,jenedispasqueçanemeplairaitpas,maisnon.Tudevraisjustet’habilleravecdes
vêtementsà ta taille.Cettechemisedissimule tapoitrine,biensûr,mais tesnichonsneméritentpasquetulescaches.–Tuvasarrêterd’utilisercelangage?Elle secoue la tête, et je rigole en revenant dans le lit. Je ne sais pas jusqu’à quel point je peux
m’allonger près d’elle. Je me rapproche donc doucement jusqu’à la frôler. Elle se redresse poursortirdulit.Mapoitrineseserre.J’espèrenepasl’avoirtropénervée,elleestcapabledepartir.–Oùtuvas?Tessatraverselachambreàpetitspas.–Mechanger.Elleramassemont-shirtsurlesol.Jesouris,contentqu’elleaimeleporterautantquej’aimelevoir
surelle.–Tourne-toietnet’avisepasderegarderendouce.Commesij’étaisungosse!Ellesaitpertinemmentquejevaislaregarder.–Non.–Çaveutdirequoi,«non»?Jeluirépondsfranchement.–Non,jenemeretourneraipas.Jeveuxtevoir.
Elleacquiescepuiséteintlalumière.Ellem’aeu.Quellepetitejoueuse!Jerâle,maisj’aimecettepetite partie de séduction qu’elle est en train de jouer. Je ronchonne suffisamment pour lui fairecomprendre que je ne vais pas être fair-play si elle ne l’est pas. J’entends quelque chose de lourdtomber sur le sol– la jupe. Je rallume la lampe, etTessa sursaute.Ellehurlemonnomcommesic’étaitungrosmot.–Hardin!Je lafixeetbalademonregarddeses jambesàsesyeux,puisredescendsdenouveau.Elleprend
uneprofondeinspirationetlèvelesbraspourenleversonchemisier.Lesoutien-gorgedeTessaestencotonblanc toutsimpleavec trèspeuderembourrage.Nonpasqu’elleenaitbesoin.Saculotteestassortie ; sa forme recouvre pratiquement tout son cul. Et son cul est parfait. Rond et excitant…J’adoreraislaprendredececôté-là,aussi.Jeluidisdansunmurmure:–Viens.Jenepeuxpasattendreunesecondedeplusavantdetouchersoncorps.Tessas’avanceverslelitet
j’ail’impressiond’assisteràunerevue.Putain,j’aimeça.J’aibesoindemieuxlavoir.Jemeredresseet m’adosse contre la tête de lit. Tessa rougit sous mon regard incandescent, et cela ne faitqu’accentuermonplaisir.Ellemerejoint,puisposesapetitemaindanslamienne.Jel’attireversmoi.Ellemechevauche,un
genou de chaque côté. J’adore quand elle se met comme ça. Mon imagination s’emballecomplètement.Tessaresteenéquilibrepourquenoscorpsnesetouchentpas.Jenelecroispas. Jeposedélicatementmesmainssurseshanchesetl’attirecontremoi.Ellesemordillelalèvre,etsonregardrencontrelemien.Jedétournelesyeuxenpremier,carjepeuxparfaitementsentirmaqueuesedurcir.LesjambesdeTessasontdoucesetlamanièredontmont-shirtestrelevésurseshanchessisexy.Jeluisourispourluimontreràquelpointelleestbelleetcommej’aimelasentircontremoi.–C’estbeaucoupmieuxcommeça.J’attendsqu’ellemerenvoiemonsourire,maisellen’enfaitrien.–Qu’est-cequinevapas?Jeposegentimentmamainsursajoue,ellefermelesyeuxetesquisseunsourire.Jemedemandesi
celaromptlesrèglesdupari.Jecroisquejesuisbienau-delàmaintenant.–Rien…C’estjustequejenesaispascequejedoisfaire.Enlavoyantgarderlesyeuxbaissés,jesaisqu’ellesesentgênée.Jeneveuxpasqu’elle ressenteautantdepression.Qu’importe lamanièredontelleme touche, je
vaisapprécier.Jenesaispascommentluiexpliquerautrementqu’enluimontrant.–Faiscedonttuasenvie,Tess.Arrêtederéfléchir.Tessaabaisse sesmainset s’apprêteàme toucher le torse.Commeellene le faitpas, je lève les
yeuxverselle.Duregard,ellemedemandelapermissiondemetoucher.Personnenem’ajamaisfaitça avant non plus. J’acquiesce, nerveux,mais excité à la fois. Son index effleure doucementmonventrejusqu’àmonboxer.J’essaiederesterimmobilemêmesij’aienviedel’agripperparlataille,delaretourneretdelabaiserlà,surlematelas.Jefermelesyeuxetsenssesdoigtssuivrelecontourdemestatouages.J’aimequandellefaitça.Elleretiresamainetj’ouvrelesyeux.J’aibesoindeplus.Jesuiscomplètementaccro.–Est-cequejepeux…euh…tecaresser?Hésitante,Tessaregardefixementlerenflementdansmonboxer.Putain oui ! J’ai envie de lui crier. Au lieu de ça, j’essaie de me contenir autant que possible.
J’acquiesceenhochantlatête.–Biensûr.Tessa semble nerveuse lorsque sa main atteint mon entrejambe. Ses doigts effleurent mon
renflementgrandissantavantdelecaresserlégèrement.Elledescendsamainencoreplusbastoutencontinuantdeletoucher.Sesdoigtsbougentdoucementdehautenbaslelongdemaqueuequigonfledeplusenplus.–Tuveuxquejetemontrecommentfaire?Jeveuxqu’ellesesenteàl’aise.Tessaaccepte,etjeprendssamaindanslamienne.Mesmainssonttellementplusgrandesqueles
siennesquesesdoigtsarriventàpeineàmesjointures.Jeguidenosdeuxmainslelongdemoncorpsetm’arrêteàhauteurdemonboxer.Jel’aideàentourermonmembredesamain.Là,çayest.Quandellecomprendqu’ellealecontrôleabsolu,sonregarddevientcoquinalorsquesonvisagecontinuedejouerlesinnocentes.Sespupillessontcomplètementdilatées,seslèvresentrouvertesetsesjouesroses.–Putain,Tessa.Nefaispasça.Jevaisexplosersielleaffichedenouveaucetteexpression.Tessame prend aumot et immobilise samain.Merde, j’ai oublié à quel point elle pouvait tout
prendreaupieddelalettre.–Non,non,pasça.Continueàfaireça.Jeveuxdire,nemeregardepascommetulefais.Tessabatdescilsd’unemanièresicandide.–Comment?–Aveccetairinnocent.Ceregardmedonneenviedetefairepleindechosescochonnes.Tellement,tellementdechoses,Theresa.Elleestnerveuseenbougeantsamain.Saprisen’estpasaussiserréequ’ellepourraitl’être,maisje
neveuxpasluienfairelaremarque.Elleapprendraparelle-mêmeetellepeutcomptersurmoipourl’aideràs’améliorer.Ellesemordillelalèvretandisquesalentecaressemefaitgémirsonnomdansunsouffle.S’ilnemerestaitplusqu’uneseulechoseàvivre,j’aimeraisquecesoitcemoment.–Putain,Tess,c’esttellementbon,tamainsurmoi.Mesmotsl’encouragent,maispeut-êtreunpeutrop.Elleresserredavantagesonétreinte,trop.–Passifort,Bébé.Jelaguidedoucement,enfaisantattentionànepasl’embarrasser.Ellem’embrasseetcontinuesalentecaresse.–Désolée.Ellechuchotedansmoncou toutenfaisantglissersa langue jusquesousmonoreille.Putainnnn,
c’esttellementbon.J’aibesoindelatoucher,jenevaispastenirlongtemps.Mesmainstrouventsapoitrine,maissonsoutien-gorgesedressecommeunmurentresoncorpset
lemien.–Est-cequejepeux…enlever…ton…soutien-gorge?Jeveuxsentirsoncorpssexy.Sousmont-shirt,jecaressesesseinsparfaits:rondsetpleins.Tessa
selaissefaire,lesoufflecoupé.Mesmainstremblentlorsquejedégraferapidementl’attacheetlibèresa poitrine. Je le balance par terre, remets mes mains sous son t-shirt et l’embrasse. Je pincelégèrement ses tétons tout durs, et elle gémit sous mes baisers. J’aime sa façon de m’embrasser,doucementmaispassionnément.Elleenroulesapetitemainautourdemonmembreetbougesamain
dehautenbas,encoreetencore.Tessamedonneduplaisir,dansmonlit,nuesousmesvêtements.–OhTessa,jevaisjouir.Jeperds tout contrôle.Tessa estdevenuexperte à tirerdes sensationsdemoi comme les ficelles
d’unemarionnette.Jesuisenfeuenmêmetempsquedansunocéandeglace.Jenepeuxm’empêcherde crier son nom. Je concentre mon attention sur ses baisers et caresse sa douce langue avec lamienne.Mesmainssonttoujourssursesseins.Sesgémissementsmefontcomprendrequ’elleadoreça. Alors que j’atteins le point culminant, mesmains retombent sur les côtés. La chaleur demonéjaculation qui se répand dans mon boxer ressemble au soulagement de laisser exploser un feud’artifice.Quandl’excitationcommenceàretomber,jeposematêteenarrièreetfermelesyeux.Tessareste
assisesurmescuisses.Jesuiscontent.Malgrélescroyancespopulaires,jesuismortmaissuisalléauparadis, j’ensuissûr.JesensTessadeveniranxieuse.Jerouvrelesyeuxet laregarde.Moiaussi jesuisunpeustressé.Jenesuispascertaindebieninterprétersespetitesmanies.Ellemesouritetçam’apaise.Jeluirendssonsourireetmepencheenavantpourl’embrassersurlefront.Ellesoupire,etj’aimelepetitbruitqueçafait.–Jen’aijamaisprisunpiedcommeça.J’aimequ’ellemefassevivredenouvellesexpériencesetj’aienviedeleluidire.–J’aiétésimauvaisequeça?Ellesemblehorrifiéedecetteconclusionhâtive.–Quoi?Non,tuasététrèsbonneaucontraire.D’habitudeilmefautplusqu’unecaressesurmon
boxer.Leregarddans levague,ellenerépondrien.Quelquechosevientdese refermer.J’essaiedeme
refaire les trentedernières secondesdansma têtepourvoircequiapu l’offenser. Jenepensepasl’avoirfait.Jedécidedeluidemander:–Àquoipenses-tu?Pasderéponse.Ellemereprochedenepasêtreassezcommunicatif,maisellesecomportede la
mêmefaçonavecmoi.–Allez,Tessa,dis-moi.Elle ne se livre pas mais attend de moi que je lui donne des explications approfondies en
permanence.Alors, jedécidede lachatouiller.Unevieille sérieque je regardaisenfantm’aapprisqueleschatouillessontunbonmoyendefaireparlerlesfemmes,toutenrestantdanslaséduction.Etc’estexactementcedontj’aibesoinmaintenant.–Ok…Ok!Jevaisteledire!Ses jambes galopent dans l’air comme celles d’un cheval. On dirait une folle avec son visage
crispé,toutesdentsdehors.Ellemedonnedescoupspourquej’arrêtedelachatouiller.Monventresetordderire.–Tufaislebonchoix.Alorsquejeprononcecesmots,jesensl’humiditédansmonboxer.–Maisattendsuneseconde,jedoisprendreunedoucherapideetchangerdeboxer.Jen’aipasprisdevêtementsderechangeavecmoietn’aiquequelquest-shirtsdanslecoffredema
voiture. Jeme lève et parcours la pièce du regard à la recherche d’une solution.La commode estpleinedevêtements;c’estKarenquimel’adit.J’airefusécetteidée–c’estflippant,vraiment,qu’elleaitrempliletiroirdevêtementspourquelqu’unquineveutrienàvoiràfaireavecelle.Rien à foutre. Je n’ai pas d’autre option, etKarenn’est pas si nulle que ça. J’ai réduit sa salle à
mangerenmiettes;jesupposequejepeuxluifaireplaisirenportantsesdonsdebienfaisance.Jeprieenouvrant le tiroir,mais toutespoirm’abandonnequandmesyeuxseposentsurunemontagnedecaleçonàcarreaux.Bleuetblanc,rougeetblanc,vertetrouge,rougeetbleu,blancetvert.Çan’enfinitplus. J’aienviede refermerviolemment le tiroir,mais jen’aipas lechoix. J’attrape lemoinscriard,unbleuetblanc,etletiensduboutdesdoigtscommes’ilétaitcontaminé.–Qu’est-cequ’ilya?Tessaseredresse,prendappuisursoncoudeetmeregarde.Jelafaisrire,elles’amusecommeune
folle.Jepeuxlevoirdanssesyeux.Chaqueminutepasséeavecellem’amèneàlaconnaîtremieux.–Ilestaffreux.Àcarreaux.Encoton.TailleXL.Quiachètecegenredetruc?–Iln’estpassimal.Je sens le mensonge. J’agite le monstrueux truc bleu et blanc à carreaux dans les airs tout en
secouantlatête.–Enfin,quandonn’apaslechoix…Jereviensdansuneminute.J’attrape l’horriblecaleçonetsorsde lachambresansmeretourner.Sur lecheminde lasallede
bains, je passe devant la chambre de Landon. Je collemon oreille contre la porte. Je ne suis passurprisd’entendreunpersonnagedefilmdirequelquechoseàproposdeselfes.Jefrappedoucementà laportepourêtresûrqueTessanem’entendepas. J’attendsqu’ilme réponde,mais ilest tard. Ils’estprobablementendormidevantTwilight.Jefrappedenouveau,etlaportes’ouvre.Audébut,sonvisage est détendu, jusqu’à ce qu’il réalise que c’estmoi. Jem’avance vers lui,mais il dresse sespoingsserrésdevantlui,surladéfensive.–Jenesuispaslàpourfoutrelamerde.Quelconnarddepenserquejevienspourça.Jevoisqu’ilnemecroitpas–pasunseulinstant.–Danscecas,qu’est-cequetuveux?–Jepeuxentrer?Jejetteunœilàl’intérieurdelapiècesombreetremarquelatailledelatélévisionsurlemur.Elle
fait au moins 1,50 mètre de largeur. Évidemment. Sur un autre mur, des maillots signés par desjoueurs sont accrochés dans des cadres dorés, probablement fabriqués par la gentille dame de laboutique. Elle les a sûrement assemblés avec sa propre sueur, juste pour Landon. Cemec sembleobtenir toutcequ’ilveut. Il fait seulementcinqcentimètresdemoinsquemoimais ilestbienplusmusclé.Alorsquejesuisgrandetmince,ilestpluspetitetathlétique.OndiraitpresqueuneversionplusjeuneetplusintellodeDavidBeckham.Ilporteunt-shirtWCUetunpantalondeflanelle.Soncasestvraimentdésespéré.Ilmeregardedehautenbasethausseunsourcilenvoyantlecaleçon.Jeluidissèchement:–Vate
fairefoutre–c’esttamèrequilesaachetés.Ilportesamaindevantsabouchepourfeindrequ’iln’estpasentrainderire.–Jesais,c’estpourçaquec’estdrôle.Ilsefoutdemoi,etçamerappelleàquelpointilestinsupportable.–Laissetomber.Jepassedevantluipourmedirigerverslasalledebains.J’auraisdûsavoirqu’ilréagiraitcomme
çaavantd’essayerdeluiparler.Illèvesesmainsdevantlui.
– Attends, excuse-moi. Je trouvais juste ça drôle parce que ma mère continue de m’acheter lesmêmes,bienquejepersisteàluidirequ’ilssonthorribles.Jenerigolepas,maisj’avouequel’idéeestassezdrôle.–JevoulaisteparlerdeTessa.Ilmeregarded’unairméfiant.Jel’observeseredresseretpincerleslèvres.–Oui,etalors?Jedégageunemèchedecheveuxdemonvisage.–Jevoulaism’assurerquetusachesqu’elleest…Illèvedenouveaulesmains,cettefoispourmecouperlaparole.–Tessasaitcequ’ellefait ;ellen’apasbesoinquej’interviennecommesiellenepouvaitpasse
prendreencharge.Savoixestgrave,maissansaucunemalveillance.Jenesaispasquoirépondreàça.Jepensaisqu’ilréagiraitcommeunenfoiré,enamiprotecteurqui
luidiraitderesterleplusloinpossibledemoi.Jerestehésitantdanslecouloir.–Bon…Jevaisallermecouchermaintenant.Avantqu’ilrefermelaporte,jeperçoisunsouriresursonvisage.Bon,c’estbizarre–maismieux
quecequej’avaisimaginé.Aprèsmadouche, je retournedans la chambre et trouveTessadans le lit, pelotonnéecommeun
chaton.Sesyeuxseposentdirectementsurlecaleçonquejeporte.Cettechosehideuse.–Ilmeplaît.Ellement.Cetrucestépouvantable,putain.Onnepeutmêmepasdevinerlatailledemonmembre.
Je la fusille du regard, puis éteins la lumière et attrape la télécommande. Je suis surpris que lefantaisisteMonsieurScottn’aitpasinstalléunefoutuetélévisionholographiqueàcetendroit.Jemetsunechaîneauhasard,histoired’avoirunbruitdefond,etrèglelevolumeauplusbas.Jemontedanslelit,m’allongeprèsdeTessaetlaregarde.–Alors,qu’allais-tumedire?Ellecoincesalèvreentresesdents.–Nefaispaslatimide,tuviensjustedemefaireprendremonpied,jeterappelle.Jerigoledevantl’ironiedesonembarras.J’enroulemonbrasautourd’elleetl’attireplusprèsde
moi.J’attendsqueTessaterminedefairesoncinéma.J’adoresamanièred’êtreinsoucianteparfois.J’ai
l’impressiondefaire ressortircetaspect-làchezelle,et j’ensuis fier.Quandmapetite tragédienneretrouvesonétatnormal,sescheveuxsonttoutemmêlés.Desmèchesonduléesretombentdevantsonvisage.Sansmêmeréfléchir,jecaressesescheveuxetrepousseunemèchederrièresonoreille.Elleportedeminusculespetitesbouclesd’oreilles.Çame rappelleunephasepar laquelle je suispasséavecmonamiMarkoùnousvoulionspercernoslobesd’oreille.Lessiensontfiniparêtreinfectés.C’étaitdégoûtantetçasentaitatrocementmauvais.Ilfautquejepenseàautrechose.J’embrassedoucementseslèvresetreportetoutemonattentionsurelle.–Est-cequetuesencoresoûl?Voilà.Encoreunexempledesanaturecurieuseetpressante.–Non,jepensequenotrepetitconcoursdehurlementsdanslejardinm’adessoûlé.–Aumoins,çaauraserviàquelquechose!Jenesaispasquoifairedemonbras.Jedevraisleposerdanssondos?Jenesuispassûr.Jeme
tourneversellepourl’effleurer.–Ouais,onpeutdireça.J’étendsmonbrasetmeconcentresurlamanièredontsatêtereposesurmapoitrine.Ellebougeà
chacunedemesrespirations,commesielles’étaitdéjàhabituéeàcetteposition.Çameplaît.Ellesourit.Unvraisourireéclatant,rienquepourmoi.–JecroisquejepréfèreleHardinquiatropbu.LeHardinquiatropbu…Jepeuxpresque entendre la voixdemamèrequi hurle à travers notre petitemaison : «Tu n’es
qu’unalcoolique,Ken!»J’écartecessouvenirsquimenacentderompreetruinercemomentavecelle.Elledisaitsûrementçapourrire,detoutemanière.Ilfautquej’apprenneàréfléchiravantdeparler.
PasserdutempsavecTessaestuntrèsbonentraînement.–Vraiment?–Çasepourrait.Sielles’imaginequesonimpertinencevamefaireoublierquej’attendstoujoursuneréponsedesa
part,ellesetrompecomplètement.Jeramènedonclaconversationsurletapisetluidis:–Tun’espastrèsdouéepourfairediversion.Maintenant,dis-lemoi.–Jepensaisseulementàtouteslesfillesavecquituas…tusais…faitdeschoses.Dèsqu’elleterminesaphrase,elletentedecachersonvisagecontremapoitrine.C’est à ça qu’elle pensemaintenant ? La seule chose à laquelle je pense,moi, c’est à quel point
j’adorelamanièredontsescheveuxsoyeuxchatouillentmonnezetqu’ellesentlavanillecommesielles’étaitplongéedansunflacondeparfumavantd’arriver.–Pourquoitupensesàça?Ellesoupire,commesijedevaiscomprendredequoielleparle.Jen’enaiaucuneidée.– Je ne sais pas…parce que je n’ai absolument aucune expérience contrairement à toi qui en as
beaucoup.DontStephfaitpartie.L’aigreurdanssavoixestplusqu’évidente.J’imaginequejeréagiraispareilsielleavaitbaiséavec
Zed.Cettepenséeestfurtivemaistranchante,plusquejem’yattendais.Jechassecetteidéedematête.Zedn’apassaplacedanscelitavecelle.J’aimeraisqu’ilpuissevoir
commentellemeregarde,désireused’attirermonattention.Jen’arrivepasàsavoirsielleestcontrariée, jalouseou justecurieuse.Parfois, j’arriveà lireen
ellecommedansunlivreouvert,maisàd’autresmomentslelivreestfermé.Puisquejen’arrivepasàsavoir,jedécidedesimplementluidemander.–Tuesjalouse,Tess?J’espèrevraimentqu’ellel’est.–Non,biensûrquenon.Ellementcommeunarracheurdedents.Je vaism’amuser un peu avec elle. On dirait que c’est ce qu’elle souhaite. Son corps est chaud
contre lemien.Jamais jenesuisrestéallongécommeça,dansunlit,àserrerunefillecontremoiaprèsavoir jouidansmonboxer.Jamais jenemesuissentiaussiconnectéàquelqu’unpendantunactesexuel.Jamaisjen’airessentiçaavant.Etdormiavecquelqu’undansunlit,encoremoins.–Alors,çanet’ennuiepassijetedonnedesdétails,hein?
Elles’empressedecrier:–Non,nefaispasça,s’ilteplaît!Je resserremon bras autour d’elle et rigole doucement. J’aime l’idée que ça puisse la déranger.
Plutôtme percer les tympans que de l’entendreme parler de quelqu’un d’autre, putain. Je fixe leplafondetmedemandesi j’aidéjà imaginéàquoi ressembleraientmesnuits si je lespassaisavecquelqu’un d’autre dans mon lit. Peut-être bourré, mais sinon jamais. Tessa est silencieuse, tropsilencieuse. Elle a dû s’endormir. J’attrape mon portable sur la table pour vérifier l’heure. Il estpresqueminuit.Jelaprovoque:–Tunevaspast’endormiraumoins?Ilestencoretôt.–Ahbon?LavoixdeTessaest lourdedesommeil.Elleallaitvraiments’assoupir surmoi.Franchement, je
pourraisdormiraussi,maisj’aienviedepasserplusdetempsavecelle.Ellebâille,jelèvelesyeuxauciel.J’aimeraisluimentiretluidirequ’ilestseulementdixheures.–Ouais,ilestàpeineminuit.Jepariequ’elledort chaquenuit leshuitheures recommandéespar lesmédecins.Voilàpourquoi
elleesttoujoursheureuseetentraindesourire.–Cen’estpassitôtqueça.Sonbâillementestencoreplusbruyantqueleprécédent.Elleestfacileàconvaincred’habitude,jevaisdoncvoircequejepeuxtenter.–Pourmoi,si.Etpuisj’aienviedeterenvoyerl’ascenseur.Tessaseraiditdansmesbras.J’imaginedéjàlerougeluimonterauxjoues.Sonespritestsûrement
en traindecogiterenpensantàma languechaudeethumidequiglisse le longdesachatteouquidessinedepetitscerclesautourdesonclitoris.Jeluidemanded’unevoixgrave.–Tuasenviequejelefasse?Jemetrompe?Ellefrissonneprèsdemoi.C’estlesignal.Ellelèvelesyeuxversmoietseslèvressefendentd’un
sourire.J’enroulemonautrebrasautourd’elleetnousfaisbasculerdoucementdemanièreàcequejemeretrouveau-dessusd’elle.J’imaginesaboucheouverte,enpleineextase,etsesdoigtsenfoncésdansmes cheveux. Je sens songoût sucré sur le bout dema langue.En réalité,Tessa enroule unejambeautourdemoietmetireplusprèsd’elle.Mesdoigtsremontentdesachevillejusqu’enhautdesacuisse.C’esttellementbondelasentirsousmoi.Soncorpsestsiexcitant.Jesuissûrqu’elleaétéenvoyée
icidansleseulbutdemetortureretdetestermonself-controljusqu’àl’extrême.Puisunepetitevoixdansmatêtemesignalequepeut-être,justepeut-être,elleaétéenvoyéeicipourlaraisonopposée.Peut-êtrequejesuisfaitpourêtreavecelle,pourluimontrerunenouvellemanièredevivre?C’estsûrementn’importequoi,maispeut-êtrequ’ellen’estpaslàpourmepunir–peut-êtrequ’elleestlàpourmesauver.–Tuessidouce…Jepromènedenouveaumamaindehautenbas,lelongdesesjambesexquises.Lesouvenirdece
quisetrouveenhautdecesjambess’imposeàmonespritetdansmoncaleçon.Ellefrissonneencoreetsapeausecouvredechairdepoule.J’aimequesoncorpsréagissetoujoursdecettemanièreàmoncontact.Sondésirnesemblejamaisfaiblir;soncorpsrépondàchacunedemescaresses.J’humidifiemes lèvres, embrasse l’intérieur de son genou. Sa peau si douce a un goût de vanille. Je pourraisdévorersoncorpsentierenuneseconde.Self-control…self-control…
–Jeveuxsavoirlegoûtquetuas,Tessa.Jeplongemesyeuxdanslessiensetattendssaréaction.Ellen’aaucuneidéedudegrédeplaisirque
jepeuxluiapporter.Malanguevalarendrefolle–ellesouhaiteraquejenem’arrêtejamais.LeslèvrescharnuesdeTessas’entrouvrent,etellesepencheversmoi,dansl’attentequej’embrasse
sabouche.Sonmanqued’expérienceestrafraîchissantetfrustrantàlafois.–Non,là,enbas.Jeposemamainsursaculotteentresesjambes,etelleretientsarespiration.Sapoitrinesegonfle
parà-coups.C’estcommesijepouvaissentirseshormonesdéchaînéesdanssoncorps.D’unedoucecaresse,jelatitille,etsaculottes’humidifiedeplusenplussousmesdoigts.Elleestdéjàtrempée,et je le luidis.Elleestsibelle.Sabeautéirradieencoreplusquandelleest
commeça,gonfléeetmouilléepourmoi.–Parle-moi,Tessa.Dis-moiàquelpointtuenasenvie.C’estuneobsession.J’aibesoindel’entendremesupplier.Mesdoigtscontinuentdelacaresseretseconcentrentmaintenantsursonclitoris.Ellegémit:–Je
voudraisquetucontinues.J’adoreça.–Tun’asriendit.Jenesaispassituasapprécié.–Çasevoit,non?Jemeredressepourm’asseoirsurmescuisses.Jenepeuxdétachermesmainsd’elle.Duboutdes
doigts,j’effleurelapeaudoucedesescuisses,cequilafaitsursauter.J’insistetoutenl’encourageant.–Dis-le.Pasdehochementdetête.Dis-moitoutsimplementcequetuveux,Bébé.J’aime tellement l’entendredire àquelpoint elle a enviedemoi.Ellemurmureet s’approchede
moi.–Jeveuxquetulefasses…J’essaiederetenirmesmainsetdelalaisservenirversmoipourmedirecedontelleaenvie.Jelèveunsourcil.–Quejefassequoi,Theresa?–Tusaisbien…quetum’embrasses.Jel’embrassesurlabouchedeuxfois.Elleserenfrogneetjecontinuedelanarguer.–C’estçaquetuvoulais?Ellemefrappelebras.Jeveuxl’entendremesupplier.–Embrasse-moi…là,enbas.Justeaumomentoùjebougepourluiobéir,Tessasecachelevisageetsecouelatête.Jenepeux
m’empêcherderiretandisquejesaisissesmainspourlesécarter.Sonairrenfrognés’intensifie.–Tufaisexprèsdemefairerougir.Enfait,elleestvraimentcontrariée.Àquelmomentest-cearrivé?Ellelèvelesyeuxaucielquandj’essaiedeluiexpliquerquejenepeuxpasm’enempêcher.Quej’ai
justevoulul’entendreprononcercesmots.–Oh!C’estbon,Hardin!Elletirelacouverturesurellepoursecacher.Merde.Elleestmaintenanttournéedel’autrecôtéet
fixelemur.Jedétestel’idéed’avoirpufairedequelquechosedesexuelunemauvaiseexpériencepourelle.Ce
litavecmoiestcenséêtresonrefuge,l’endroitoùellepeutselaisseralleretrenonceràtoutsaufau
plaisirquejeluidonne.J’aimerdé,etmaintenantcetteexpériencevalacontrarierchaquefoisqu’elleypensera.Jen’auraispasdûtantlapousseràbout.Toutestsinouveaupourelle.Jesuisunsombreidiot.Jedisdanssescheveux:–Hé!Jesuisdésolé.Je déteste me battre avec elle. J’étais juste en train de la taquiner ; je n’ai juste pas su quand
m’arrêter.Aucasoùellenel’auraitpasremarqué,jepeuxagircommeunvraiconparfois.–Bonnenuit,Hardin.Savoixestdure.Ellen’estpasd’humeuràplaisanter.J’utilisedonctoutelaforcequej’aienmoi
pourlalaissertranquille.Luimettreencorepluslapressionseraitladernièrechoseàfaire.Tuvois,j’apprends,j’aienviedeluidire.Jebredouille:–Trèsbien,têtedemule.Jevoissa respiration ralentir. Jepassemonbrasautourd’elleet tentede trouver lesommeil.De
tempsentemps,ellesoupireetmarmonnedeschosesincohérentes.Unefoisqu’elleestendormie,jem’assiedsetl’observependantunmoment.Jemedemandependantcombiendetempsellevaêtreencolèrecontremoietsijevaisenfinréussiràdevenirunbonpetitami.
J
7Savieétaitentraindechangersirapidementqu’ilarrivaitàpeineàsuivre.Ilétaitheureux…Enfin,ilavaitapprislesensdecemot.Sesjournéespassaienttropvitepourqu’ilréalisecequiétaitentraindesepasser.Quandelles’offritàlui,ilseréfugiadanssoncorpscommedansunabri.Elleluidonnalapartlaplusintimedesoninnocence,etillaprit,mêmes’ilsavaitquecen’étaitpasàluidelefaire.Maislavérité,c’estqu’ildésiraitqu’ellenel’apprennejamais.Ill’aimaitetl’utilisaitàlafois,incertaindelamanièredontilpouvaitconcilierles deux. Il l’aimait et savait que cela n’excusait pas toutes les erreurs qu’il était en train de commettre, l’une après l’autre.Mais ilespéraitpouvoirprofiterdechaqueinstantprisavecelleetpeut-êtrelaconvaincredeluiaccordersonpardon.
. .emegaresurleparkingdelarésidencedeTessaenmedemandantquelestmonputaindeplan.Pourtant,j’avaislesidéesclairesenpartantdechezmoi.J’avaisl’intentiondemerendredanssa
chambre,detoutluiraconteretdelasupplierdemepardonner.Cen’estpasunplantrèsjudicieux,maisc’est toutcequej’ai trouvé.Laculpabilitéquirongemesentraillesabesoind’être libérée.Jesuisterrifiéparcequivasepasserunefoisquejeluiauraitoutavoué,maiselleméritedeconnaîtrelavérité.Elledoitsavoir.J’aiprisunpetitverreavantdepartir.Justequelquesgorgéespourmedonnerducourage.Jenepeuxpluslatromperavecmesbaisersniladistraireavecmescaressesuneheuredeplus.IlyatoujoursdesplaceslibressurleparkingdubâtimentB,jepeuxmegarertoutprèsdutrottoir.
L’immeuble de son dortoirme fait penser à une vieillemaison pleine de fenêtres,mais la briquerouge foncé luidonneuncôté institutionnelassezsinistre.C’est l’endroit lemoinssurveillépar lepersonneldel’université.Jelesais–j’aiétévirédesbâtimentsAetD.J’écrisrapidementuntextoàStephpourluidiredelaissersonculloindelachambresielleestà
l’extérieur.Ellenemerépondpasimmédiatement,jesorsdelavoitureenespérantqu’elleneserapaslà.Endessous,ilyauntextodeTessaquimesouhaitebonnenuit.J’auraisdûluirépondre.Pourquoijesuissicon?Lecouloirestvide.JesuissinerveuxquejemeretrouvedevantlachambreB20aulieudelaB22
pendantcinqbonnesminutes,sansm’enapercevoir.Jen’arrivepasàdécidersijedoisfrapperàlaporteounon.Ellenem’attendpasvraiment,mais je suis sûrqu’elleest là.Non, jenedevraispasfrapper.Iln’yapasderaison.Quandjetournelapoignée,mesmainssemettentàtrembler.Laporteenboiss’ouvreencraquantquandjepénètredanslapièce.J’espèrenepasrecevoirunechaussureenpleinetêteoutombersurSteph,unebitedanslabouche.Justeaumomentoùmesyeuxcommencentàs’habitueràl’obscurité,lalampes’allume.–Qu’est-cequetufais?Tessaestassise,toutedroite,lesyeuxplissésàcausedelalumièrevive.JepasseàcôtédulitdeStephetm’arrêteàquelquesmètresdeTessa.–Jesuisvenutevoir.Quelquechoseenmoichangeets’apaisemaintenantquejelavois.Ellesetournesurlecôté,une
mainposéesurlahanche.Quandelleseredresse,sespiedsnusdépassentdumatelasetsescheveuxblondsonduléscouvrentlamoitiédesondos.Let-shirtencotonqu’elleporteal’airdoux.J’aienviedem’approcherpourtoucherlamatièresoyeusequicolleàsapeau.Jemeursd’enviedepassermesdoigts sur son front pour écarter lesmèches emmêlées sur son visage. J’ai besoin de toucher ses
lèvresquifontlamoue.Ellefroncelessourcils,ondiraitunpetitchatonencolère.–Pourquoi?Savoixestaiguëetplaintive.Ne sachantpasquoi fairedemoncorps, jem’assieds sur le fauteuil de sonpetit bureauenbois.
Aprèsunmomentd’hésitation,jerépondsfranchement.–Parcequetum’asmanqué.L’incrédulitéetlacolèreselisentsursonvisagetandisqu’ellelèvelesyeuxauciel.Est-cequejelui
aimanqué?Est-ceque jesuisunréconfortpoursesnuits,commeelle l’estpour lesmiennes?Jen’enaipaslamoindreidée.Ellesoupireetsesépauless’affaissent.–Danscecas,pourquoies-tuparti?Elleparledoucement.J’observesachambreuninstant.Pourunefois,sonlitestdéfait,lacouetteestentasauboutdulitet
l’undesoreillersmenacedetomberdumatelas.LecôtédeStephestendésordre,c’estunehabitude.Jememords l’intérieurde la jouepournepas rireà l’idéequeçadoit rendre folleTessa. Je suismêmesurprisqu’ellenerangepaselle-mêmelachambrequandelles’ytrouveseule.Ellelefaitpeut-être,quisait?Je hausse les épaules, etTessa croise ses bras sur sa poitrine.J’ai tellement de choses à te dire,
Tessa,s’ilteplaît,tais-toipourunefois…–Parcequetumecassaislespieds.Elles’énerveettapedespiedscommeunegaminedematernelle.–Ok.Jemerendors.Tuesbourréet,detouteévidence,tuvasencoretemontrerdésagréable.Ellesecouelatêteetfermelesyeux.Lavoirencolèremebrûlelapoitrine,mespoingsseserrent
d’irritation.J’essaiedelaconvaincrequejenesuispasdésagréable,justeunpeubourré,etquej’avaisenviede
lavoir.C’estdifficiledenepasallerm’asseoirprèsd’ellesurlelit.Jeveuxqu’elleserallongeetmelaisselatoucher.Jecontinueàluidéverserdesparolesmielleusespourtenterdelafairesourire.Maisellenes’ylaissepasprendre.–Tuferaismieuxdepartir.Puis elle s’allonge face au mur, me tournant le dos. Quelle petite fille bornée ! C’est à la fois
exaspérantetadorable.Sielleveutsecomportercommeunegamine,jelatraiteraicommetelle.–Eh,oh,Bébé,netemetspasencolère.Sesépaules secrispentet je regrettedenepaspouvoirvoir sonvisage.Mêmesi je l’aiditpour
l’embêter,lemotBébésonnetropbienencequilaconcerne.–Tuveuxvraimentquejem’enaille?Tusaiscequiarrivequandjedorssanstoi.Aufonddemoi,j’espèrequemavulnérabilitéparviendraàlatoucher.Ellesouffleexagérémentet jeretiensmarespiration.Jen’aipasenviedepartir.Jen’aipasenvie
qu’elleleveuillenonplus.–Trèsbien.Tupeuxrester,maismoijedors.Ellerestedanssoncoin.Jemedemandequelleseraitl’intensitédelagiflequ’ellemedonneraitsije
m’allongeaisderrièreelleousijelasaisissaisparl’épaulepourqu’elleseretourne.
Jem’enfichequ’elledorme,maisjepréféreraisquandmêmeprofiterdesacompagnie.J’avaisunemoitiédeplanenarrivant ici,etmaintenant,c’est justehorsdequestion.Elleestdéjàagacée ;elleseraitincapabledediscutersijeluibalançaistoutecettemerdemaintenant.–Quoi?Tuneveuxpasdormiravecmoi?Unefoisdeplus,ellemereproched’êtredésagréableetbourré.Jeluirépondsquecen’estpasle
cas,qu’elleestjusteentraindesecomportercommeuneenfant.Elleajoute:–Onnepeutpasdirequecesoittrèsgentil.D’autantplusquejen’airienfaitd’autrequeteposer
desquestionssurtonboulot.J’ailatêtequitourne;ellenepeutpass’arrêter,elleestenboucle.–Seigneur,tunevaspasrecommencer.S’ilteplaît,Tessa,laissetomber.Jen’aipasenviedeparler
deçamaintenant.Ilm’apparaîtsoudainquesijejouaiscartessurtable,lamajoritédenosproblèmesdisparaîtraient.
Lesoucic’estqu’elleaussipartiraitaveceux.–Pourquoituasbucesoir?Çam’avaitl’aird’êtreunebonneidée.J’étaistriste,angoisséetn’arrivaispasàmettredel’ordre
dansmespensées.Respirerl’alcooldevaitrendremesconfessionsmoinsgraves,moinsinjurieuses.Commediredeschosesincohérentessousl’effetdel’alcool,etsielleréagitmal,reniermesparoleslelendemain.Putain,jenepeuxpasm’arrêterdementir.–Je…jenesaispas…j’avais justeenvied’unverre…oudeux.Tuneveuxpasarrêterd’êtreen
rognecontremoi?Jet’aime.Je l’aimevraiment et j’ai besoind’êtreprèsd’elle. Jedétestequandelle est furieuse contremoi,
maisd’unecertainefaçon,unpeumalsaine,lefaitqu’elles’inquiètepourmoimeréconforte.Àchaquesecondequipasse,sacolères’estompe.–Jenesuispasenrognecontretoi.Maisjeneveuxpasfairemarchearrièredansnotrerelation.Ça
nemeplaîtpasquetut’enprennesàmoisansraison,puisquetut’enaillessansriendire.Siquelquechosetedéplaît,jepréfèrequetum’enparlesouvertement.C’estquoicedélire,DrPhil3? Ilmefautunmomentpourcomprendrequ’elleestentraindeme
parlercommesinousétionsuncouplelégitime,alorsquenousensommestrèsloin,mêmesiellearompu avec le parfait petit ami aux cheveux dorés. Elle tient des propos incohérents sur lacommunication,alorsquetoutcequ’ellefait,elle,c’estseretournerdanssonlitetm’ignorer.Jemesuiscasséleculpourcettefille,etellen’esttoujourspascontente.J’essaied’êtreraisonnable,denepas laissermacolèreprendre ledessus,maisc’estvraimentdifficileavecquelqu’uncommeTessaquiappuietoujourslàoùçafaitmal.Jeriposte:–Tunesupportespasdenepastoutcontrôler.Jen’enrevienstoujourspasqu’ellechercheàmedonnerdesconseilssurlamanièredegérerles
choses.Commesiellesavaittoutetquesamanièredepenserétaitlameilleure.–Pardon?Savoixsebrise.Ellesepencheenavantenappuyantsescoudessursesgenoux.Jeluidisqu’elleestunemaniaqueducontrôle,cequ’ellenie.Elle me demande si, tant qu’on y est, j’ai d’autres reproches à lui faire, et je lui demande
d’emménageravecmoi.Ellesembleaussistupéfaitequejel’imaginais.Bienqu’unpeusurprismoi-mêmed’avoirchoisicemomentprécispourlancerlesujet,jepréfèreêtredirectavecelle.Elleétudie
attentivementmonvisage,commesielleessayaitdemémorisercequejeluidissurcetappartement.Elleestfolledejoie,jelevois.Maishésitanteaussi,etellelecachetrèsmal.Jeluiprouveraiqu’iln’yaaucuneraisond’avoirpeur.Jepeuxcontinueràdevenirmeilleurpourelleetlarendreheureuse.Jesaisquej’ensuiscapable.L’atmosphère entre nous vient de changer radicalement. Elle mordille sa lèvre inférieure et me
taquine.J’aihâted’emménageravecelle.Unouragandevéritésflotteau-dessusdenostêtes,tourbillonnant,s’intensifiant,prêtàsedéverser
à tout moment. Je fais comme si nous étions dans un roman et qu’elle me pardonnera, commeElizabethapardonnéàDarcy.Sinousétionsdesmotssurunepage,elleseretrouveraitdenouveaudansmes bras, peu importerait la gravité demon erreur, juste comme Catherine. Tout ce qu’ellevoudrait, c’est l’excitation que j’apporte dans sa vie et il lui serait impossible de s’éloigner, toutcommeDaisy.Lemalheurnepeutpasnousatteindresinoussommesensécuritédansnotrepropremonde,dansnotrepropreappartement,dansnotrepropreroman.Cetendroitseracommeuneforteresse,pasuneprison,jeleluiprometsintérieurement.Lesmots
meurentsurleboutdemalangue,etjemetournedenouveauverselle.Ellemefixe,trahieparsesyeuxbrillantsd’excitation.–Alors,tuvasvenirhabiteravecmoi?Disoui,Tess.Jet’enprie,disoui.Elle rouledesépaules, et jedevine labretelle rosed’unsoutien-gorge. Jecroyaisqu’ellen’avait
quedessous-vêtementsencotonnoiroublanc.Jecontinuedefixersonépaule,espérantapercevoirautrechose.–Seigneur!Unechoseàlafois.Pourl’instant,jevaisarrêterd’êtreencolèrecontretoi.Ça,c’estsavisionducompromis.–Maintenant,viensmerejoindre.Elles’allongedanslelitettapotelaplaceàcôtéd’elle.Soudain,jemetransformeenpetittoutou,
heureuxquesonmaîtrelelaissemontersurlelit.Jedéboutonnemonjean,lefaisglisserlelongdemesjambesetlebalancesurunepiledecahiersprèsdulitdeSteph.JeregardeTessadontlesyeuxrivéssurmont-shirtmefontcomprendresilencieusementquejedevraisaussileretirer.Lefincotondesont-shirtlarendsexy,maiscen’estriencomparéàlaTessaportantmont-shirt.J’aimetellementqu’elledormeavec.Quandjel’enlèveetleposedevantelle,sonvisagesefendd’unmerveilleuxsourire,puiselleretire
lesien.Sapeaulisseest tellementsexy,commelamanièredontsonventresecreuseverssadoucepoitrine.Mesyeux sortentpresquede leurorbite à lavuede sa lingerie.Ellem’avaithabituéàducotondoux,sansbalconnet,sansrienpourmettresapoitrineenvaleur,pasàunsoutien-gorgepush-upendentelle.–Putain!Attends,c’estquoiça,putain?Cettefilleestfoutrementsexyetnes’endoutemêmepas,putain.Sesjouessecolorentd’unrouge
profondetfiévreux.Ellemurmure:–Je…jemesuisachetédessous-vêtementsaujourd’hui.Elle est gênée alorsqu’elle ressemble àunedéesse avec sa longue chevelureblonde, ses jambes
lissesetseslèvrescharnuesentrelesquellesmabitemeurtd’enviedes’enfoncer…Je me demande quels autres achats elle a bien pu faire aujourd’hui et s’il serait difficile de la
convaincredemefaireunshowprivéenessayanttoutdevantmoi.
Jen’aijamaisétéaussiexcitéparunefemmedetoutemavie.C’estunebombesexuelle,putain,sansmêmeessayerdel’être.Ellen’imaginemêmepasàquelpointlesfemmestueraientpourêtrecommeelleetavoirsescourbessexy.–Jevoisça…putain!Tessasecouelatête.–Tuterépètes!Elle adorem’entendre dire ça, pourtant. Tessa rayonne sousmes compliments et c’est vraiment,
vraimentagréable.Jem’étonnetouslesjoursqu’ellenesevoiepastellequ’elleest.Jeluirépèteàquelpointelleestbelle,etellesouritencoreplus.Jen’arrivepasàdétachermonregarddesesseinsarrondisetnepeuxempêchermabited’enflerdansmonboxer.Tessafixelegonflementquiétirelecotonnoirdemoncaleçon.Sesyeuxsontgourmands.Ellepassesalanguesurseslèvresavantdelesmordillerlégèrement.Elle
meditquelquechose,maisjeseraisincapabledediredequoiils’agit,mêmesimavieendépendait.–Humm…Peu importe ce qu’elle me dit, je suis d’accord. Je ne pense à rien d’autre qu’à son corps qui
m’appelle;c’estcommesielleétaitfaitepourmoi.Jeposeungenousurlelit,m’allongedoucementsurelleetembrasseseslèvreshumidesetgonflées.Salangueestunmélangedeveloursetdescotch,douceetintense.Elleglissesurlamienne,meblesseetmesoigneàlafois.Jesuisentraindejouerunjeudangereux.Jemarchesurunfil,maisj’aidéveloppéunvraitalent
d’équilibriste.Sielles’installeavecmoi,elleverraàquelpointjesuisprêtàdevenirunmecbien.Elleverraqu’uneerreurn’estrien,comparéeàl’amourquejeluiporte,comparéeàcequejepeux
devenirpourelle.Sa bouche est avide. Elle excelle à ce petit jeu : sa langue s’enroule autour de la mienne, et je
deviensplusaccroàchaquesonqu’elleémet.Jepassemamaindanssacheveluresoyeuseenessayantdésespérémentdemerapprocherd’elle.Jepressemoncorpscontrelesienpourycaressermaqueueavant de m’enflammer totalement. Le soulagement que je ressens en me frottant contre elle meterrifie.Ellecontrôlemoncorpsetmonesprit,etjenesaispascequ’elleenfera.Jeprendsappuisurmoncoudepouradmirersabeauté.Saboucheestrosefoncémaintenant,etdans
matête,jefaislalistedetoutesleschosesquejemeursd’enviedeluifaire.Monautremaineffleureladoucedentellerosesursesseins;lafinematièrearriveàpeineàlescontenir.Lentement,tendrement,jepromènemesdoigtslelongdesonbalconnet,soussabretelle,avantde
lesglisser à l’intérieurde son soutien-gorge. Je sens sespetits tétons toutdurs. Je suis auparadis,putain.–Jen’arrivepasàsavoirsijeveuxlegarder…Je pourrais passer chaque heure de chaque journée allongé ici, contre elle qui attendrait mes
caresses.Jepinceleboutdesesseins,etellegémitdesurprise.Jeveuxsentirsesseinsnusdansmesmains.–Ceserasans!Je suis excité et impatient. Je dégrafe son soutien-gorge et quand elle cambre le dos, jemanque
d’éjaculerdansmonboxer.Jemalaxesapoitrinegénéreuse, lapressantvers lehautet lebas, justepourobserverleurmanièresiparfaitedebouger.Sesseinssontexceptionnels–ilsm’obsèdent.–Qu’est-cequetuveuxfaire,Tess?Putain, j’ai enviede tout faire avec elle. J’ai envied’essayerdes choses jamais faites avant et de
renouvelermesexpériencespasséesd’unenouvellemanière.–Jetel’aidéjàdit.Ellegémit,poussantsapoitrinedansmamain.Quellepetitecoquine!Sommes-nousprêts?Est-elleprête? Jepensequ’elle l’est.Elleest simouilléeque j’aperçois sa
culotteluireàlalumièredelalampe.Jepromènemesdoigtslelongdesonventrejusqu’àl’ourletdesaculotteendentelle.J’essaiede
me contrôler,mais elle gémit. J’ai besoin de l’entendre prononcermes sons préférés. Putain, ellevientdemeprendreentresesdoigts.Mes mains se dirigent vers sa chatte. Je tapote doucement son pubis gonflé et sens sa culotte
mouillée. Son odeur sucrée emplit la pièce et j’ai envie de la goûter. Mes doigts s’enfoncentcomplètementenelleen faisantdesmouvementsdeva-et-vient.Ellepousseuncriqui s’insinueenmoi,puisellem’entouredesesbraspourpressersoncorpsbandantcontrelemien.Elleestsiétroiteautourdemesdeuxdoigts.Ellegémitchaquefoisquejepénètresonsexe.LesmainsdeTessasontfrénétiquesquandelletrouvemonmembreenérection.Elleleprendentre
sespaumes,lesaisitetlecaresseàtraversmonboxer.–Tuessûre?J’aibesoinqu’elleensoitabsolumentcertaine.J’aibesoinquecesoitaussiparfaitpourellequece
leserapourmoi.Sarespirationesthaletanteetilluifautunmomentavantdecomprendrequejeluiparle.Sabouche
estouverte,sesyeuxécarquillés.–Oui,jesuissûre.Arrêtedeteposerdesquestions.Jepenchematêteverselleetgloussedanssoncou.L’ironiedelasituationmetue!Normalement,
c’est ellequi réfléchit trop,maismaintenant les rôles sont inversés. Je suis si prèsde laposséder,enfin, et cet instant est gâché par ce stupide pari. La culpabilité que je porte en moi depuis quej’éprouve des sentiments pour ellem’envahit. Je suis en lutte contremoi-même : le gentil garçonamoureuxdelagentillefilleetlemauvaisgarçontropbrisépouraimerquiquecesoitsontentraindemener un combat acharné. Chacun d’eux attend quelque chose de différent de la princesse. LegarçonennoirestmisK.-O.Jemurmurecontresabouche:–Jet’aime.Tulesais,hein?Sent-ellelapaniquedansmavoix?Sic’estlecas,ellen’enmontrerien.Ellem’embrasse,lentementetdélicatement.–Oui…Jet’aime,Hardin.LesjambesdeTessatressautentlégèrement,commesisoncorpspouvaitàpeineendurerleplaisir
de mes doigts faisant des va-et-vient dans sa chatte si serrée. Des gémissements désordonnés luiviennenttandisquedesimagesclignotentdansmonesprit,desimagesdesoncorpstremblantsouslemienpendantque je rompssachairetprendspossessiond’elle.Maispas tantqu’ellenefaitpas lepremierpas…C’estlalimiteànepasdépasser.Mabouches’activesursoncoud’unenouvellemanière,jelèchesapeausidouceetsenslachaleur
desonsangenparcourirlasurface.Elleestàmoi.–Hardin…jesuis…Ellegémitquandjemeretire.Elleestsimûre,siprêteàêtredévorée,putain.Soudain,jesuisunhommeaffamé.J’aibesoinque
mabouche la goûte. Je recule sur le lit, fais glisser sa culotte et écarte ses cuisses. L’odeur est sidouce,siaddictive.Jen’aijamaisrienexpérimentéquiressembleàcettefaimrugissantenmoi.Meslèvres picorent tendrement un chemin invisible jusqu’à son bas-ventre. Son sexe est trempé. Je nepeuxm’empêcherdesoufflerdessusetsesgémissementsm’enchantent.Jesoulèvesonculetplongematêteentresescuisses.Songoûtenvahitmessenstandisquemalanguelalècheplusfort,plusprécisément.Elles’accroche
auxdrapspournepascrier.–Dis-moiquetutrouvesçabon.Jeluiparleenm’assurantdelâcherunsoufflecontreelleàchaquemotprononcé.Ellesuffoque.–Tellement…Jel’aspireetlalèche,l’amenantàuntorrentdegémissementsetdetremblements.Jeveuxluidonnertoutel’excitationdontelleabesoin.–C’estça,Bébé,jouispourmoi.Jeveuxlesentirsurmalangue.Cequ’ellefait.Jeplaneavecellealorsqu’elleaunorgasmepourmoi.Jenesuisplusenivrépar
l’alcoolmaisparlepouvoir.Je grimpe sur son corps,ma bite explorant son ventre, et je l’embrasse.Elle sort de son état de
transe,l’airrassasiée,etm’embrasseavecfougue.Elleenveutencore.Jesuisimpressionné.–Est-cequetues…Jeluiredemandepourêtresûr.Ellehochelatêtefrénétiquementetpresseseslèvrescontrelesmiennes.–Chut…oui,jesuissûre.Elleplantealorssesonglesdansmondosetreprendmabouchedanslasienne.Sabouchesucela
mienne, sa langue cherche à se frayer un chemin entremes lèvres. Je suis stone de nouveau. Elledescendmonboxer surmeshanches, puis le longdemes jambes.La sensationd’être nu et si durcontresapeaumerendfou.J’aibesoindem’enfoncerenelle,depossédersoncorps.Rien ne sera plus pareil. Aucun de nous deux n’en sortira indemne. Elle ne sera plus cette fille
innocente;elleseraunefemmeavecuneviesexuelle.Elledevracocherlacaseviesexuelleactivechez ledocteur.Un jour, elle semarieraet raconteraà sonmecqu’ellem’abaisé.Chacunede sesconversations sur ses expériences sexuelles passées sera habitée parmoi. Je ressens une immenseculpabilité,maisaussiuneextrêmesatisfaction.C’estuneexpériencelibératriceeteffrayanteàlafois.–Tessa,je…Jedoisluidire.Moncorpsestentraindelafendreendeux.–Chut…Ellen’aaucuneidéedecequ’elleestentraindedire.Jesenslepoidsdemoncorpssurlesien,enparfaiteadéquation.J’observesonvisagepourgraver
cetteimageàjamaisdansmamémoire.–Mais,Tessa,ilfautquejetedisequelquechose…–Chut.Hardin,s’ilteplaît,arrêtedeparler.Maintenant,ellemesupplie.Sesyeuxsontremplisd’amouretd’excitation.Mavieesten trainde
basculer,et làmaintenant toutdesuite, jevais toutchanger.Elleprendlecontrôledelasituationetavant que je ne puisse dire un mot de plus, elle colle ses lèvres contre les miennes. Sa main est
enrouléeautourdemonmembreenérection.Ellemebranle,m’exciteetmefaittaire.J’ailesoufflecoupéquandsonpoucepassesurmonglandhumide.–Jevaisjouirsiturefaisça.J’ai envie de sentir ses doigts délicats caresser mon nœud et m’exciter jusqu’à m’obliger à la
supplierpourenavoirplus.Maissurtout,j’aibesoindem’enfoncerenelle.Maintenant.Jesupposequ’ellen’apasdepréservatif
etjemesensunpeuhonteuxd’enavoirunavecmoi,parhabitude.J’aiquelquesrèglesquandils’agitdesexe,etutiliserunpréservatifenestuneobligatoire.Tessam’observetandisquej’attrapemonjeansurlesoletfouilledanslespoches.J’ail’impression
d’êtreunpervers,àconserverunpréservatifdansmonportefeuilleenprévisiond’uncoup.LeregardbrûlantdedésirdeTessachasseimmédiatementcettepenséeetjeretournedanslelitavec
lepréservatif.J’attendsqu’elleme leprennedesmains,maisellene le faitpas.Biensûr, imbécile,ellen’enaprobablementjamaisvuunendehorsdesescoursd’éducationsexuelle.–Est-ce…Je ne sais pas comment m’y prendre pour lui demander si elle veut essayer de me le mettre.
Certainesfemmesaimentçaetd’autresnon.Ellemonteleton:–Situmedemandesencoreunefoissijesuissûre,jetetue.Jelacroissurparole.Jedécidedoncdechoisir l’optionnumérodeuxquiestdeprofiterdecemoment tantqu’elleest
avecmoi.Jesecouelatêteetluimontrelepréservatif.–J’allaisdire,est-cequetuveuxm’aideràlemettreoujelefaistoutseul?Jeseraisplusrapide,ça,c’estsûr.Tessamordilleseslèvresetsemblenerveuse.Monsexemefaitmaltantjesuisexcité.J’aipresque
enviedelabaisersanspréservatif.Jedoismerappelerqueceseraituneputaindemauvaiseidée.Pasquestion.–Oh.Jeveuxbient’aider,maistuvasdevoirmemontrercommentonfait.Elleesttellementtimideetsisexy,putain.Sesseins,lourdsetronds,sontentraindemedistraire.Il
fautquej’accélèreleschoses.–Ok.Tessas’installecontremoi, les jambescroisées.Jesuiscontentdeluimontrer,maisenréalité, je
l’aidéjàpresquemis.En fait, je suisdéjà surelle,m’installantpour lapénétrer.Ellegémitenmegriffant ledoset les
bras.Elleenveutplus,elleestentraindejouir,etc’estcequej’attendsd’elle.
. .–CEN’ESTPASSIMALpourunefilleviergeetunmecbourré!Tessaplaisanteunefoisquelepréservatifestenplace.Jeluirappellequejenesuispasbourréet
quesesparolesinsolentesm’ontfaitdessoûler.Curieuse,ellemedemande:–Etmaintenant?Jeguidesamainpourlaposersurmabite.–Impatiente?Elleacquiescedelatête.
–Moiaussi.Jesuisimpatient.Jen’aijamaisautantdésiréquelquechose.Ellecontinuedemebranler,monmembredurenroulédanssamain.Jemedéplaceentresesjambes
enlesécartantavecmongenou.Unefoisdeplus,sachattemouillepourmoi.–Tuestrempée,çavaêtreplusfacile.Je la respireencore.Elleest si réactive,çamerendcomplètementdingue,putain. J’embrasseses
lèvres,lescoinstoutdouxdesabouche,sonnez,seslèvresdenouveau.Sonbrasestenrouléautourdemoi,etjeprendsunegrandeinspirationquandellem’attireencoreplusprèsd’elle.Jemefrottecontresonsexehumideetsuissurlepointd’exploser.Elleestimpatienteetm’attireplusprèsencore.Jelapréviens:–Doucement,Bébé,doucement.Jel’embrassesurlatempe.Jeneveuxpasluifairemal.Jeneleferaispas,sijeledevais.–Çavatefaireunpeumalaudébut,donctumedissituveuxquej’arrête,ok?Jelaregardedroitdanslesyeux.Sespupillessontcomplètementdilatées,sesjouesbrûlantes,etses
cheveuxsontétaléssurl’oreiller.–D’accord.Elledéglutitnerveusement.Jelaregardepourluirappelerensilencecombienjel’aime,combien
j’ai besoin d’elle et combien je tiens à elle. Après avoir pris une grande inspiration, je trouvel’orifice et pousse doucement à l’intérieur. Elle est si étroite qu’en la pénétrant, mon sexe bute àchaquecentimètre.Jem’arrêtequandsesyeuxseferment.Jeluidemande,lesoufflecourt:–Çava?Ellehochelatête,leslèvrespincées.Elleestsichaude,siserréepourmoi.Jegémispendantqu’elle
grimace:–Putain.Elleseresserreencore.–Est-cequejepeuxbouger?Putain, j’aibesoindebouger.Jesavaisqu’ellemeferaitdécollerauparadis,mais jen’auraispas
cruqueçaseraitextraordinaireàcepoint.Elleprenddepetitesinspirationsavantderépondredoucement.–Oui.J’yvaislentement,nevoulantpasluifairemal.Àchaquebaiserquejeluidonne,jesenssapression
surmonbras se relâcher.Soncou, sabellebouche, sonnez. J’aimechaqueparcellede soncorps.Chaqueparcelledemoncorps.Jeluirépèteàquelpointjel’aimetandisque,lentement,jevaisetviensenelle.Sesyeuxsontmi-
clos,maisellenemontreaucunsigne inhabitueld’inconfort.Aprèsunevingtainedesecondes,ellen’atoujourspasréponduetjem’arrête.–Est-ceque…bordel…est-cequetuveuxquej’arrête.Ellesecouelatête,et jefermedenouveaulesyeux.J’imaginechaquepartiedesoncorpssousle
mien.Sapeaulisse,soncorpsépousant lemien.Elleestàmoimaintenant,etpour toujours,mêmequandnousauronsquittécelit.Jemaintiensmonallureetellegardesesbrasautourdemoi.Jesensmon cœur battre et prendre vie dansma poitrine, tandis que jem’envole au septième ciel. Je n’aijamaisprisuntelpied.
Jemesensvivantetexceptionnel.Etquandjeplongemesyeuxdansceuxdemonamour,ellemeregardeaussiaveccettemêmeadmirationradieuse.Quelquepart,jesaisquetoutirabiendésormais.LaforcedeTessamesurprendencorealorsqu’unelarmesilencieusecoulelelongdesajoue.Je
l’embrasseetlacomplimentecommeellelemérite.–Putain,Tess,tuestropbonne,Bébé.Jet’aimetellement.Jepassemamaindanssescheveuxetsucelapeaudesoncouensueur.–Jet’aime,Hardin.C’esttoutcedontj’aibesoinmaintenant.Avecfougue,j’embrassesabouche,lècheseslèvresetaspiresalangue.–Oh,Bébé,jevaisjouir.Çava?Monmembre est enflammé, la peau de Tessa est luisante de sueur, nous sommes complètement
accrosl’unàl’autre.Tessahochelatêteetm’encourageàmerépandreenelle.Àcemoment,jevoueunehaineprofonde
à cette barrière entre nous. Je veux la remplir – je veux la fairemienne par tous lesmoyens. Seslèvres sucent la peau sous mon cou et je frissonne. Mon corps s’abandonne au plaisir. Je laisseéchappersonnomàtraversmesdentsserréestandisquej’atteinsl’orgasme.Puisjeposematêtesursapoitrineettentederetrouvermonsoufflependantqu’ellecaresseparesseusementmapeau.Tout a changémaintenant. J’ai tout changé entre nous. Je la berce en ignorant volontairement le
poidsdelavéritéquimenacedemeconsumervivant.Etalorsquejel’apaise,jepriejenesaisquelleforceinvisiblepourquemesmotsnesetransformentpasencendres.
T
8Pour lui, les choses commençaient à se dégrader et plus les jours passaient, plus le fragile château de cartes qu’il avait construitchancelait. La moindre allusion à ses mensonges le faisait paniquer, et il était prêt à tout pour élaborer de nouveaux plans. Il étaitconvaincud’êtremauditdepuisl’enfance…iln’yavaitpasd’autreexplicationàtoutelasouffrancequ’ilavaitdûendurer.Ilfinitparsedemander si Tessa était une bénédiction ou sa plus grande malédiction. Il l’avait, tout entière, et pourtant elle lui échappait, chaquesecondeunpeuplus.
. .essaestà sonstage lorsque jeme rendsdanssachambrequelques joursplus tard.Mollym’aracontéqueStephétaitàcranetsurlepointdepéterlesplombs.J’aibesoindeluiparleravant
queçan’arrive.Quandj’arrivesurplace,jetrouveStephétendueentraversdulit,sescheveuxrougesenpagaille.
Desmèches bouclées sont coincées dans des pinces à cheveux. Sonmaquillage est sombre : deuxombres grises recouvrent ses paupières et la font ressembler à une versionmorbide de la blondecalifornienne.Sapeauestblancheetseslèvresrougefoncé.–Ellen’estpaslà.Stephrefermel’écrand’ordinateurdeTessa.Qu’est-cequ’ellefout?–Jesuisjusteentraindematerdesfilms.Détends-toi,espècedepsycho.Jem’emparedel’ordinateursurlelitetlecoincesousmonbras.–C’estàtoiquejevoulaisparler.Elleseredressesursescoudes.Sesseinspointentsousletissudesarobemoulante,révélantplus
qu’iln’enfautpourserincerl’œil.–Meparlerdequoi?Leregardglacial,elleattendmaréponse.J’aitoujourssuquequelquechosenetournaitpasrond
chezelle,maisjen’arrivetoujourspasàenévaluerledanger.Toutlemondepossèdeun,voiredeuxpetitspètesaucasque,maisencequiconcerneSteph,ondiraitquec’estbienplusqueçaparfois.Jepensaisquec’était une fille cool,mais finalement, elle ressembleplus à laversion roussede cettetaréed’AmyDunne4.–Tusaistrèsbien.Jem’assiedssurlelitdeTessaetmetourneversStephquicomprendl’allusion:–Mollyt’aappelé.Elleestentraindevirersalepetitegarce.Tunetrouvespas?Stephrelèvelatêteets’assied.– Je n’ai pas l’intention de dire quoi que ce soit à Tessa. Je sais bien que la seule raison de ta
présenceiciestdemesupplierdenerienluibalancer.Jenevaispaslefaire.–Etjesuiscenségoberça?Pendantquejelaquestionne,ellepassesalanguecontresesdents.–Jemefousquetumecroies.Çanem’amuseplus.Toutçamefatigue,etjecommencemêmeàme
sentirunpeumalpourelle.Pourêtrehonnête,çamesurprendvraiment.–Ahbon?
JemedécaleversleborddulitdeTessaetlaissetombermesbrassurmesgenoux.Ellesemetàrire–unriresauvageetaigu.Jesoupire.J’auraisdûm’endouter.–Non,biensûrquenon!Pourtant,jesuisfatiguéedetoutça.Jel’observetirersurlebasdesarobepourmedévoilerencoreplussondécolleté.Jedétournele
regard.JesuislàpourTessa.Jenedoispasfairedescène.–Jesuissûrequetuenasbientôtterminéavecelledetoutefaçon.Bientôtterminéavecelle?Elleapétéunplomb?–Tul’asbaisée–maintenanttuenasterminéavecelle.C’estcommeçaquetufonctionnes.Non?LeplusbizarredanscequeditSteph,c’estqu’ellen’enaabsolumentrienàfoutredemoi.Elleest
justeentraindefaireunconstat.Étantdonnémonpassif,sonanalysepourraitêtrejuste,saufquej’aipassébienplusdetempsàtravaillerTessaquen’importequid’autre.Tessam’adonnéenviedemebattrepourelleparcequ’ellelemérite.Dommagequej’aitoutfoutu
enl’air.Jemeraclelagorge.–Non.Jen’enaipasterminéavecelle.Stephlèvelesyeuxaucieletpassesalanguesurseslèvres.–Jesaisbien.Tul’asbaiséecombiendefoismaintenant?D’ailleurs,elleesttoujoursaussiétroite
?Jeveuxdire,vuquetudétruistout.Mesyeuxdoiventsortirdeleurorbitequandellemeregarde,carelles’écartedemoi.–Alors,ellel’est?Jesuissûrequ’elleestbonneettul’asbienutilisée.Maintenanttupeuxpasserà
autrechoseetellepeuts’enaller.Jelavoisassezcommeça.–Tunel’aimesvraimentpas.Jepassemamainderrièremanuque.TessapensequeStephest sonamie,et jen’aipasenviede
m’enmêleràmoinsd’yêtreobligé.Enrevanche,sijamaisStephessaiedeluifairequoiquecesoit,jem’enchargerai.–Non,pasvraiment. Ilest tempsdepasseràautrechose.Largue-laet retourne te fairesucerpar
Mollytouslesdeuxjours.–JevaiscontinueràvoirTessa.Jene saispascomment lui expliquer. Jeneveuxpasqu’elle ait encoreplusdepouvoir surmoi,
maisjen’aipasnonplusenviequ’elles’imaginequeTessan’estpasunerencontredéterminantedansmavie.Ellen’enestpasune,maisjepriesanscessepourfaireensortequeçamarche.EtcenesontpaslesaffairesdeSteph.Putain,c’estunbordel,unbordelmonstrueux.–Pourquoit’eslà,Hardin?Jesaisquecen’estpasjustepourt’assurerquejenediserien.Ellerepassesalanguesurseslèvresetpressesescoudesdechaquecôtédesapoitrinedelamanière
lamoinssubtiledumonde.Mestempesmebrûlentsoudainement.Jemelève.–T’escomplètementfollesitut’imaginesquejevaistetoucher!–Tessan’ariendespécial.Jenecomprendspascetteobsessionquevousavezpourelle,Zedettoi.–Zedn’arienàfairedanscetteconversation.Mesmains sont tremblantes. Je vois bien que Steph est de plus en plus satisfaite d’elle et de la
réactionqu’elleprovoquechezmoienmentionnantZed.Nelalaissepast’atteindre,Hardin.
Elle fait exprès de me blesser et je la laisse faire. C’est quoi ce truc que ma grand-mère avaitl’habitudededire?Merde,jenem’ensouvienspas.–Zedestplutôtconcernépourtant…–Tagueule!Jeserremesmainsl’unecontrel’autreetlesporteàmonvisage.J’enfouismonnezdedans,puis
inspireetexpire.Sijesuisvenuici,c’estpourluiparlerdesinquiétudesdeMollyetm’assurerqueTessanepuisse
pasm’êtrearrachéeàcaused’unactefououvicieuxdeSteph,maismaintenantquejesuislàetqueStephsecomportecommeunêtreexceptionnellementmonstrueux,jen’aiqu’uneenvie,franchement,c’estd’agircommeunconnard.Stephsecomportecommelareinedesconnassesetmedonnel’impressiondenepasêtredifférent
deceluiquej’étaisavantderencontrerTessa.Quelquepart,jepensaisêtredevenumeilleurqueStephouquelesautres,maisnon.J’auraiuneplacejusteàcôtéd’ellepourbrûlerenenfer.Jenepeuxm’empêcherdelaprovoquer.Jevaisfaireensortequ’ellesesenteaussimalquemoi.Je
laregardeetluiadressemonpirerictus.–Tuferaispeut-êtremieuxdet’occuperdetonproprepetitamietdesamanièredetoujoursfixer
Molly.Jelesaisurprisplusieursfoisensemble…Jeraconted’autrestrucssureux–jenesaismêmepasquoi,enfait–etletempsdeterminermes
mensonges,sesyeuxhumidesetrougeécarlateannoncentmontriomphe.–Tumens!Elletentederetenirseslarmes.Jetetiens.–Non,dommagepourtoi!Je range l’ordinateurdeTessadans le tiroir leplusélevéde sacommode. Jedois sortirdecette
chambre,etvite.JemetireavantqueStephait le tempsd’ajouterquoiquecesoit.Quandj’arriveàmavoiture, je
commenceàreprendremesespritsetréaliselaconneriequejeviensdefaire.Stephn’estpascommelaplupartdesfilles.Ellenevapasdécoléreretattendrelebonmomentpourfrapper.Cettefilleestirrationnelle, et je l’imagine bien révéler chaque détail du pari à Tessa en prenant soin de toutexagérer.Jedoisjustetoutluiraconter–jedoisraconteràTessacettehorriblevéritéavantqu’elleneledécouvreparquelqu’und’autre.C’estentraindemerendrefou.Jeressorsdelavoitureetretourneverslachambreafindetrouverunautreterraind’ententeavec
Steph.Maisdèsquej’arrivedevantlaporte,j’entendslavoixdeTessa.Bordel.Jecolleuneoreillepourécouterleurconversation.C’estTessaquiparle:–JenepensepasqueTristans’intéresseraitàelle;j’aibienvulafaçondontilteregarde.Iltient
vraimentàtoi.Jecroisquetudevraisl’appelerpouravoiruneexplicationaveclui.Jepressemonoreilleplusfortcontrelaporteenpriantpourquepersonnenepasseparlà.–Ets’ilestavecelle?Stephavraimentcrutoutescesconneries?–Jesuissûrequenon.Tessaréconfortesacoloc.–Qu’est-cequetuensais?Parfois,oncroitconnaîtrelesgens,maisonsetrompe.
Merde.Stephvatoutluibalancer.Ellevatoutluidiremaintenant,putain!–H…J’ouvrelaporteetentredanslachambre.–Salut…Ellesontl’aird’êtretrèsproches;quelqu’und’extérieurs’ylaisseraitprendre.–Heu…jerepasseplustard?Stephselève.–Non,jevaisallerretrouverTristanpourm’excuser.MerciTessa.ElleprendTessadanssesbrasetmefixepourmefairecomprendrequ’ellen’apasditsondernier
mot.Diversion–j’aibesoindefairediversion.AlorsqueStephs’apprêteàpartir,jedemandeàTessa:–T’asfaim?–Oui,enfait,j’aifaim.Ellepassesesmainssursonventre.Absorbéeparceque jeviensdedire, ellene semblepas remarquer le regardbizarreetpleinde
hainequemelanceSteph.
J
9Laparanoïas’emparadelui,l’entraînantdeplusenplusloind’elle.Iltentadeseraccrocheràlamoindrepetitelueurd’espoird’avoirlaviequ’ilvoulaitavecelle.Ilessayades’entirerenmettantdiversplansenplacepoursauverlaseulebonnechosequiluisoitjamaisarrivée.Ilimplorasesennemis,suppliasesamisdegarderlesilence.Aucundesesplansnepouvaitfonctionner.Aucund’euxnepourraitdissimulercequ’illuiavaitfait.Ilsavaitque,bientôt,toutluiexploseraitauvisage.
. .’emmène Tessa au centre commercial, où le sort continue de s’acharner sur moi. Nous nousinstallonspourdîneravantdedéciderdansquelsmagasinsaller.Laparanoïamesubmerge,me
poursuitpartoutoùjevais.Jen’arrêtepasdepenseràcequeStephapuluidire.Est-elleaucourantdetoutcequejeluiaicaché?Meverra-t-elleenfincommejesuis,unepersonneindigned’elle?Je pioche dansmon assiette, perdu dansmes pensées. Tessamange lentement et ne cesse deme
regarder.Quecherche-t-elle?Dessignesdetrahisonsurmonvisage?–Onpourraitcommencerpartatenue.Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai accepté d’aller au mariage de mon père. Ça va être
tellementbizarre,putain.Àcestade,fixerTessaestleseulmoyend’oubliertoutelamerdequis’estpasséeilyaplusdetroismois.–Toi,aumoins,tuaslachanced’êtrebelle,quoiquetuportes.Maflatterielafaitrougir.–Cen’estpasvrai.Et toi, il fautabsolumentquetulaisses tombertonlook«jemefousdemon
look,parcequejesuisparfaitdetoutefaçon».Ellerigole,etcettevisionapaiseunpeuladouleurdansmapoitrine.–Pourtant,c’estlecas,non?Jeluisouris.Elleaussiportecelook.Bienplusquemoi,etsansmêmeessayer.LeportabledeTessasemetàvibrersurlatable.Ellesecomportedemanièreplutôtnormalepour
quelqu’unquisaitavoirétéutiliséecommeun jouet.Peut-êtresecomporte-t-elleainsiexprèspourdétournermonattention,jusqu’àcequ’ellepuissesejouerdemoietobtenirsarevanche.Oupeut-êtrequ’ellenesaitvraimentpas?–C’estLandon.Elleme confirme le nomque je vois s’afficher sur l’écran.Mon cœur cesse de s’emballer. Elle
répondau téléphoneet j’observesabouchependantqu’elleparle.Ellemordille sa lèvre inférieurependantquelquessecondesetmedévisagedespiedsàlatête.Ilfautquejetrouveunmoyendel’empêcherderesterseuleavecSteph.Àpartirdemaintenant,j’ai
besoindegarderunœilsurelle.J’aiététropimprudentdanstoutecettehistoire.Ilfautqu’elleresteenpermanenceàmescôtés.–D’accord.Jevaisfairemonpossiblepourleconvaincredemettreunecravate.Inutilededemanderdequielleparle.Ellepressesamaincontresa joueetposesoncoudesur la table.Elleestadorablementdirective.
Maisunecravate?Bonnechance,surtout!TessalanceunnouveausujetdeconversationavecLandon,maismonattentiondévieverslecentre
du restaurant, où se tiennent Zed, Jace et Logan. Ils sont tous habillés d’une manière différente.
Chacund’euxessaiederenvoyeruneimageprécisedesonidentitéàtraverssesvêtements.LoganestunesortedepunkBCBGavecunvisagedebébé.C’estlemoinsvicieuxdestrois.Zed,c’estlegrandbrunténébreux.Avecsavesteencuir,ondiraitunmannequinenpleindéfilé,mêmeaumilieudececentrecommercialdemoyennegamme.Ilestcomplètementdéplacé.Jaceressembleàundélinquant,celuiquetouteslesadolescentesdevraientfuir.Jemelève,abandonnantmonplateausurlatable.–Jereviens.Dieumerci,elleestautéléphone,doncellenemesuivrapas.Pastoutdesuitedumoins.Logansepassedubaumesurleslèvresquandjelesrejoins.Jaceaunairterriblementsuffisantsur
levisageetZedsembleplutôtstressé.–Jesuiscontentdetevoir,moiaussi.C’est Logan qui parle en tapant du pied contre le lino pendant que Jace se marre, d’un rire
hystériqueetaigu.Touslestroisontlespupillesdilatées,etdepetitesveinesrougesstrientleursyeux.Ilssententl’herbeetlavieilleclope.SiZedetTessas’embrassaient,aimerait-ellelegoûtdetabacsursalangue?–Qu’est-cequevousfoutezlà,lesgars?JeguetteTessaducoindel’œil.–Oùça?Dansuncentrecommercial?Je prends une grande inspiration et menace Jace en silence. S’il fait tout foirer aujourd’hui, je
n’auraiaucunproblèmeàluifairemal.–Ontraînaitjustedanslecoin.Loganhausselesépaulesetmeregardeavecunairentendu.Ilsaitpourquoijesuisinquietetmefait
comprendreimplicitementqu’ilsnesontpaslàpourça.Ilinsiste:–Vraiment.Jemedétendsunpeu.–Oùesttonpetitanimaldecompagnie?Jacetirelalangued’unemanièrerépugnante.ZedgrincedesdentstandisqueLogannousignoreetfixel’écranfissurédesoniPhone.–Oh!Elleestlà-bas.Jesuisàdeuxdoigtsd’étranglerJace.Cemecestdelapireespèce.Unpeucommemonancienpote
Markquiprenaitlesgenspourdesjouetsmaisneressentaitaucunremordsdesesactesdemerde.Jesuppose que je suis pareil, pourtant, jeme dis en repensant au pari.D’autant qu’à la fin de ce jeuauquelnotregroupeaparticipé,c’estmoiquiairemportéleprix.–Arrêtetesconneries!Je m’avance vers lui, menaçant. Jace sourit d’unemanière diabolique. Il adore voir que je suis
troubléparsafaute.Ilappuielàoùçafaitmalpendantquenousparlons.Illesait,jelesais,etbientôtTessalesauraaussi.–Ellevientparici.Logancontinuedefixersonportable,maisnousprévientquandmêmedel’arrivéedeTessa.J’ailes
mainsmoites.Mesongless’enfoncentdansmespaumes,mettantlapeaudemesarticulationsàrudeépreuve.Ilsvontdétruiremaviemaintenant,ici,danscecentrecommerciald’unevillepourriedesÉtats-Unis.–Salut,Tessa,commenttuvas?Zedsedirigeversellepourlaserrerdanssesbras.Jepourraisfacilementlesluiarracher.
Jaceme fixe, un air amusé dans ses yeux injectés de sang : –Hardin, tu neme présentes pas tacopine?–Euh,si.Jefaisungestedelamainentreeuxencomptantlessecondesquisemblentdureruneéternité.–Tessa,uneamie.Tessa,jeteprésenteJace.Tessafroncelessourcilsdecolère.Jeregardeautourdemoi,désemparé.Pourquoiest-elleénervée
?J’étudiesonvisageetattendsqu’ellemeregarde.EllenelefaitpasetdemandeàJace:–VousêtesàWCU?Pourquoia-t-elletoujoursbesoindefaireparlerlesgens?Ilestévidentqu’ellen’apasl’habitude
d’êtreensociété.Ondiraitqu’ellen’aaucunsavoir-vivre.–Ahnon,putain!Lafac,c’estpasmontruc.JacerigoletandisqueTessasedétendunpeu.–Maissitouteslesfilleslà-bassontrouléescommetoi,jeveuxbienreconsidérermaposition.Tessasembleunpeueffrayée,etjecomptementalementtouteslesnuancesdebleuquelevisagede
Jacepourraitprendresijel’étranglais.–Onvasurlesdockscesoir.Vousdevriezvenirfaireuntour,touslesdeux.Faireuntour?Vatefairefoutre,Zed.–Cesoir,cen’estpaspossible.Peut-êtreuneprochainefois.Findelaconversation.–Pourquoicen’estpaspossible?JacemeprovoqueclairementdevantTessaetZed.–Elletravailledemain.Jepasseraipeut-êtredanslasoirée.Seul.Histoire demettre les choses bien au clair. Cette situation ne se reproduira plus jamais. Ça sera
difficile,maisjesuisassezfoupourpenserquejepeuxpeut-êtreyarriver.Jegagnelepari,elleestàmoi,etZedpeutallerbrûlerenenfer,pourlepeuquej’enaiàfoutre.–Dommage.Jeluttepourmecontrôler.JacesefoutdemoiensouriantàTessa.Ilagiteau-dessusdematêtele
jeudiaboliqueauquelj’aiacceptédeparticiper,commesij’étaisunpetitratdevantunbonmorceaudefromage.–Ouais,jevousrejoindraiplustard,enrentrant.Jeluimensetréfléchisàcequejevaisbienpouvoirfairedelui,putain.Ilestentraindetâter le
terrainpourtrouverlebonmomentpourraconterlepariàTessa…c’estlegenredecetenculé.Maisjesaisquesi je luienparle,çaneferaquel’encourageràouvrirsagrandegueuleou,pire,çaluidonneral’idéedelefaires’iln’yapasdéjàsongélui-même.
. .Tessalesfixealorsqu’ilss’éloignenttouslestrois,sonregardenvoiedeséclairs.Jenedispasun
mot et la suis chez Macy’s. Elle est folle de rage. Elle accélère le pas comme une gamine, unemanièreinsupportabledemarquersadésapprobationetdefairesacrisedenerfs.–Qu’est-cequetuas?Rienneva jamaisavecelle.Jedisoufaisquelquechosequinefautpas, lechatd’uninconnul’a
regardéedetravers…ilyatoujoursuntruc.–C’esttoiquimeledemandes,Hardin?
–Oui,jeteledemande!C’esttoiquiasserréZeddanstesbrasiln’yapascinqminutes!Jeluihurledessus.SesbrasautourdeZedsontlaseulechoseàlaquellejepeuxpensermaintenant,
etc’estellequicommenceàmeprendrelatête?–Tuashontedemoiouquoi?Jeveuxdire,jepeuxcomprendre,jenesuispasexactementunenana
cool,maisjecroyais…Jenecomprendspasoùelleveutenvenir.Ellepensequej’aihonted’êtreavecelle?Pourquoitire-
t-elletoujourscegenredeconclusion?–Quoi?Maisbiensûrquenon,jen’aipashontedetoi.Tuesfolleouquoi?Elleestvraimentfolle.Nouslesommestouslesdeux.–Pourquoim’as-tuprésentéecommeuneamie?Tun’arrêtespasdemedemanderdevenirvivre
avectoietaprèstudisàtespotesquejesuisuneamie?Ellehausseletonunpeuplusàchaquemotprononcé.–C’estquoitonplan?Tuveuxmecacher?Jerefused’êtrelesecretdequiquecesoit.Sijenesuis
pasassezbienpourquetesamissachentquenoussommesensemble,alorsjepréfèrequ’onenrestelà.Commentpuis-jelaprésenterautrementquecommeuneamie?Ellevamehaïrplusquesonpire
ennemiquandmon tempsseracomptéavecelle.Ellevaut tellementpluspourmoiqu’unsecret. Jen’essaiepasdelacacher.Jeneveuxpascontinueràladissimuler.Jeveuxlaprésenterfièrementetmontrer à tous les connards qu’elle est àmoi. Rien qu’àmoi.Mais je suis trop con pour être enmesurede faire fonctionner les choses entrenous.Voilàpourquoi je suis obligéde cacher la plusbellechose,leseultrésordetoutemavie.Jedoislaplanqueraulieudelalaissers’écloreausoleil,etçametue.–Tessa!Bordel…Jecontinuede la suivre.Elle jetteun regardvers la cabined’essayagedans le rayon femmesdu
magasin.Jelapréviens:–Jevaisentreravectoi.Jesuissérieux.J’aimeraislasuivreàl’intérieurdelacabineetlabaisercontrelemiroir.Ellehausselessourcils,leslèvrespincées.Ellesaitparfaitementquejelasuivrai.Jelasuivraisdans
lesentraillesdel’enfersiellemeledemandait.–Ramène-moichezmoi,toutdesuite.Laramenerchezelle?Toutçaàcausedecettestupidedispute?Tessaconfirmesapositionens’élançantdevantmoipoursortirdumagasin.Unefoisarrivésàma
voiture,j’essaiedeluiouvrirlaportière,maisellenemelaissepasfaire.–Çayest,tuasfinidefairetascène?–Unescène?Non,maisturigoles?Elleesthorsd’ellemaintenant.–Jenevoispasoùestleproblème,j’aiditquetuétaisuneamie,etalors?Cen’estpascequeje
voulaisdire.J’aiétéprisaudépourvu.Cequiestàmoitiévrai.–Situashontedemoi,jeneveuxplusjamaistevoir.Savoixtremble.Elleessaiederetenirseslarmes.Jelaconnaisassezmaintenantpoursavoirqu’elle
est en traindeplanter ses ongles dans ses cuisses et que ses yeuxgris sont remplis de larmes.Denouvelleslarmesquis’ajoutentàtoutescellesquejeluiaidéjàfaitverser.–Nemedispasça.
Jepassemamaindansmescheveuxpoisseux.J’aienviedemelesarracher,parpoignées.–Tessa,qu’est-cequitefaitcroirequej’aihontedetoi?C’estcomplètementridicule,putain!Jen’aiaucuneraisond’avoirhonted’elle;çadevraitmêmeêtrelecontraire.Pourmesamis,elle
n’estqu’uneblague;chaqueputaindemomentquej’aipasséaveccettefillevadésormaisêtreréduitànéant.J’ensuisresponsable,etellevas’enrendrecomptetôtoutard.Etiln’yarienquejepuissefairepourstopperce trainenmarchequis’apprêteàbrisermavieenmillemorceaux,unefoisdeplus.Jevenaistoutjustedecommenceràlareconstruireetj’aitoutfoutuenl’air.–Amuse-toibienàtafête,cesoir.Ellecontinueàfairelatête.–Arrête!Jen’yvaispas.J’aiditçajustepourqueJacelaissetomber.Cequi est vrai. Jen’ai pas envied’aller àune stupide fête. J’ai enviede rester enfoncé entre les
cuissesdeTessatoutelanuit.–Situn’aspashontedemoi,alorsemmène-moiàcettefête.J’auraisdûmedouterqu’ellebalanceraitça.Toutestunjeupourelle,tout.C’estmoiquidécide,putain.–C’esthorsdequestion,bordel!
. .ÉVIDEMMENT,NOUSSOMMESALLÉSàcetteputaindefête.TheresaYoungaobtenucequ’elle
voulait,unefoisdeplus.Pluslesjourspassentetplusjemeconfortedansmonpropremensonge,bienplusquejeveuxbien
l’admettre. Je fais semblant denepasvoir que tout est en trainde s’effondrer doucement, que cespetitsmorceauxdetoutcequinousretientensemblesontentraindes’effriterunpeuplusàchaqueminuteoùjegardelesilence.Jenepeuxpasluidire.JenepeuxpasouvrirlaboîtedePandoreetlalaissernousdétruire.Lavéritévanousanéantir;iln’yapasd’autreissuepossible.C’estinexorable.AussiinexorablequemonamourpourTessa.–Bien…bienvenuecheznous!Je hurle dans l’appartement quand l’agent immobilier nous laisse enfin seuls. J’ai cru qu’il ne
partirait jamais.Tessarigoleencouvrantsabouchedudosdesamaintandisquejem’avanceverselle.JelaprendsdansmesbrasetremercieleCieldemepermettredepasserencoreunpeudetempsavecelleavantqu’ellenemesoitarrachée.Jeméritebienunpeudebonheur tantquec’estencorepossible,non?Jen’arrivepasàcroirequenoushabitonslàmaintenant.Çasembletellementirréel.Sesgrandsyeuxsontcurieux,excitésetpleinsdeviecommejamaisjenelesaivusdepuisqueje
l’ai rencontrée. Je lui ai offert sa liberté dans un grand élan de générosité. Je lui ai donné un belappartement dans lequel elle peut être elle-même. La version d’elle que personne ne juge et dontpersonnen’exige rien.Samèren’estpas làpour luidirede sebrosser les cheveux,niStephpourtrouverdesmoyensperversdeluifairedumal.–Siquelqu’unm’avaitditilyadeuxmoisquejevivraisavectoi,etmêmequejesortiraisavectoi,
j’auraispuéclaterderireouluimettremonpoingdanslafigure.Jesourisetprendssonvisageentremesmains.Elleestsichaude,sesjouessibrûlantesd’excitation.–C’estpasgentil,ça!Ellemeprendpar la tailleetseserrecontremoi.Satêteest lourdesurmapoitrine.Elleestmon
ancrage. Je ne me rappelle pas que ma vie ait jamais été si parfaite. Je suis en train d’occultercomplètementlacatastrophequifoncedroitsurmoi,mais,àcetinstant,mavieestparfaite.C’est un soulagement d’avoir notre espace à nous. Finies les fêtes, les colocs et les douches
collectives.Moncœurbatcontresajoue,etjemedemandesiellepeutsentirmaparanoïagrandissante.–Notrelitànous!Jetentel’humourpourmasquermonangoisse.–Onvaavoirbesoindequelquestrucs,commedelavaisselle,parexemple.Plus ilyadechoses ici,plusceseradifficileaumomentdepartir.Putain, jesuiscoincédansce
mensongeetjesuisentraindelaligotertoutenparlant.Cettefillemerveilleusenemepardonnerajamais.Jamais.J’yréfléchiraiplustard.Jetrouveraiunmoyen.Elleposesamainsurmonfrontenlepressantlégèrement.–Tutesensbien?Tutemontresincroyablementcoopératifaujourd’hui.Sonhumoursarcastiquemefaitl’aimerencoreplus.Jeportesamainàmeslèvresetlacouvredebaisers.–Jeveuxsimplementêtresûrquetoutteconvientici.Jeveuxquetutesentescheztoi…avecmoi.Etc’estcequejeressens.JenemesuisjamaissentiautantchezmoiquedepuisqueTessaasignéles
papierspouremménagericiavecmoi.Meréveilleravecsonalarmeinsupportabletouslesjoursestdevenuelachosedontj’aileplusbesoin,quelquechosequimemanquaitsansmêmelesavoir.–Ettoi?Est-cequetutesenscheztoi,ici?Sa voix est pleine d’espoir. Un espoir précaire, pourtant… elle s’attend à ce que je donne une
réponse cruelle surnotrevie àdeux. Jepeux levoir dans sesyeux ; elle est pleined’espoir,maiss’attendaupirevenantdemoiparcequec’esttoujourscequ’ellerécolte.–Aussisurprenantqueçapuisseparaître,oui.Je lui réponds franchement en essayant de sonner aussi juste que possible. J’aime vraiment cet
endroit,avecelle.–Ondevraitallercherchermesaffaires.Puiselleenchaîneenparlantdeslivresetdesvêtementsdontjemesuisdéjàoccupé.Jesouris.–C’estdéjàfait.Ellepenchelatête,enpleineconfusion.–Quoi?–J’aiapportétoutestesaffaires,ellessontdanslecoffredetavoiture.Jenepouvaistoutsimplementpasattendre.Jevoulaisqu’ellevoiecetendroitetn’enpartejamais.
J’aibesoinqu’ellenepartejamaisd’ici,ilfallaitdoncqu’ellesoitconfortablementinstalléetoutdesuite.–Commenttusavaisquej’allaissigner?Etsij’avaisdétestécetappart?Ellelèveversmoiunvisagepleindecuriositéetdedéfi.–Jesavaisquesicelui-cineteplaisaitpas,j’entrouveraisunautre.Elleacquiesceenréalisantquejesuistrèssérieux.–Ok…ettesaffairesàtoi?–Ons’enoccuperademain.J’aidesvêtementsderechangedansmoncoffre.–Oui?D’ailleurs,commentçasefait?
–Jen’ensaisrien.Jesupposequ’onnesaitjamaisquandonpeutenavoirbesoin.Ilvautmieuxêtreprévoyant.Elleestcurieuse,sicurieuse.Jegardedesvêtementsdansmoncoffrepourpleinderaisons;elle
n’aimeraitpasconnaîtrelaplupartd’entreelles.– On va faire des courses ? On a besoin d’un tas de conneries pour la cuisine et d’un peu de
nourriturepourpréparerledîner.Aumomentoùnoussortonsdanslehall,Tessasetourneversmoi:–Ok.Tumelaissesconduireta
voiture?–Jenesaispas…Jelataquine.Évidemmentqu’ellepeutlaconduire.
10. .
Ilétaitfinalementdevenul’hommequ’iln’auraitjamaiscrupouvoirêtreunjour.Ilcanalisaitsacolèreàtraversl’écritureetcommençaitàsesentirfierdelui.Elleétaitl’uniqueraisonquil’avaitamenéàempruntercettevoie-làetilseseraitagenouillédevantellepourlaremercier,chaquesecondedesavie,s’ill’avaitpu.Ellerestaàsescôtésjusqu’àcequeçadeviennetropdestructeurpoureuxdeux.Puiselle lui donnadu temps pour apprendre à régler seul ses problèmes.Mois aprèsmois, elle l’encouragea dans ses choix et lui donnatoujoursl’enviedesebattrepouravancer.Durantcettepériode,chaquemoisoùilréussissaitàrestersobre,ilrecevaitunecartedanssaboîteauxlettres,àl’ancienne,avecson
nom et un cœur. Il la connaissait assez pour savoir qu’elle vivaitmal les longsmois qu’ils passaient séparés l’un de l’autre.C’étaitl’enferpourelleetunpurgatoiresansfinpourlui.Quandlesmotsmanuscritsdesonjournaldevinrentdeslignessurdespagesimprimées,ellen’appelapasdetoutelasemaine.Ilsavait
qu’elleavaitlulelivreetilétaitsûrqu’elleavaitpassétoutsontempsàfairelescentpasdanslepetitappartementqu’ellepartageaitavecsonfrèreàlui.Entre-temps,luiavaitdéménagéetsefamiliarisaitavecunenouvellevilleventeuse,hérisséed’immensesbuildingsoùl’ontrouvaitdeshot-dogsetoùonparlaitbase-ballàchaquecoinderue.Ilnesesentaitpaschezlui,maisellevenaitluirendrevisiteplussouventqu’il leméritait.Lesjoursdéfilèrentainsi,àtravailler,àattendreunappelouunemaild’elle,àplanifierlaprochainefoisqu’illaverrait.Plusildevenaitdigned’elle,etplusilcommençaitàaimerl’hommequ’ilvoyaitchaquematindanslemiroir.Quandladitesemaines’achevaetqu’ellefinitparl’appeler,savoixsebrisadèslespremiersmotsqu’elleprononça,etilnesutquoi
luirépondre.Ilvoulaitqu’ellecomprennequejamaisdeuxpersonnesn’avaientautantétéfaitesl’unepourl’autre.Ellelefélicitapoursonlivre,maisavecunefroidedistance.Ilcommençaitàselasseretàsedemandersiceseraitça,savie:seuldanssonappartementenétageélevé,àmangerdesplatstoutprêtsenregardantdesrediffusionsdesépisodesdeFriends.Quelquessemainesplustard,soncœurs’emballaquandellel’appelapourluidirequ’elleviendrait luirendrevisite,carelledevait
assisteràunmariagedanssaville.Elledansaavecluitoutelanuitpuisrestacontresoncorps,danssonlit,pendanttroisjours…Jusqu’àcequ’elleparte,emportantsoncœuravecelle.Àsontour,ilallalavoir,danscettevilleeffervescentequ’estNewYorkCity.Ilfutimpressionnéparlanouvelleviequ’elleymenait,
maislaplacequ’iloccupaitdanssonanciennevieluimanquait.Pourelle,toutsepassaitplutôtbienlà-bas,avecsesamisetsafamille.Quantàlui,ilentretenaitunevieimaginaireavecelleetnefaisaitqu’attendresavenuepourenfaireuneréalité.Elleétaitsonseulespoird’avoir une belle vie, aussi il continuait de lui prouver qu’il était devenu unemeilleure personne qu’auparavant.Bienmeilleure. Plusvivante.À unmoment donné, quand son évolution commença à transparaître de diversesmanières dans son attitude avec les autres, alors
vinrentaussidepluslourdesresponsabilités.Sonfrèresouffraitd’unchagrind’amour,etils’assurad’êtreprésentpourlui,deluiparleretdel’aideràtraversercettemauvaisepasse.Dedifférentesfaçons,plusoumoinsimportantes,ilsesentitutilepoursafamille.Son frère lui demandad’être témoin à sonmariage.Elle était là, rayonnante d’amourpour lui, et ils comprirent ensemble, avecun
immensebonheur,quele tempsdeleurséparationétaitarrivéàterme.Ilsétaientdeuxadultesàprésent,mieuxarméspouraffronter lemondeensemble.Ilavaitcesséd’êtreégoïste;elleavaitcomprisquielleétait.Leurséparationleuravaitfaitdubien,etmaintenant,ilsétaientprêtsàcommencerleurvieensemble.Ensemble, ils souffrirent de peines de cœur – bien plus fortes que toutes celles qu’ils s’étaient infligées mutuellement les années
précédentes–etparfois,ilsnesavaientpass’ilspourraientpoursuivreleurrelation.Lejourleplussombredetousfutceluioùiljetalesaffairesdelachambrepréparéepourl’enfantqu’ilsvenaientdeperdre.Ilsedemandas’ilavaitétépuni,siseserreurspasséesétaientlacausedeladisparitionqu’ilsdevaientendurer.Lejourdelanaissancedesonpremierenfantfutunenouvellenaissancepourluiaussi.Ressuscité,vivantdenouveau.Ilavaitparcouru
tantdecheminetavaittellementchangé.Ensemble,ilsavaientatteintunniveaud’amouràlafoisplusgrandetplusprofond.Comprendreleschosesluidevenaitpossible.Lesdoigtsdesafilleétaientminuscules,maisellelesavaitenroulésautourdesoncœur.Ilobservalafillequ’ilavaitaiméependantdesannéesdevenirunefemme,puislamèredesonenfant.Iln’yavaitriendeplusbeau…Jusqu’aumomentoùelledevintmèrepourlasecondefois,deleurpetitgarçon.Alorsque leursenfantsgrandissaient,cethommenouveauetsafemme…sesentaientplus jeunesquelquepart, retombantamoureux
chaquejour,encoreetencore.Ilsesentait tellementchanceux,sibéni,si incroyablementfierde laviequ’ilsavaientconstruiteensemble ; iln’arrivaitpasàcroire
quelputaindeveinardilétait.
. .
U
ZedChaque romana saproprevisionduhéros romantique.Laplupartd’entreeuxutilisentd’ailleurs cettemétaphoreclassique,dontnousavonstousfiniparnouslasser:letriangleamoureux.WickhamamentiausujetdupèredeDarcypourgagnerl’affectiond’Elizabeth.JayGatsbyainvitéetenivréDaisyBuchanan,luioffrantuneviequesonmari,Tom,nepouvaitluiprocurer.Lintonétaitlechoixraisonnédemon héroïne préférée,Catherine Earnshaw, qui l’a choisi après avoirmené une vie de passion destructrice avecHeathcliff.Même unloup-garou bronzé etmusclé a tenté de remporter le cœur de la toujours-très-spirituelle Bella Swan face à un vampire amoureux àpaillettes.Ceschémaaétéexploitédesmilliardsdefoisetpuisqu’il l’avaitvécuà traversceshistoires, il trouvaamusantdeseretrouver lui-
même dans son propre triangle amoureux. Dans son histoire à lui, le mauvais-garçon-qui-voulait-devenir-un-saint, malgré un père àproblèmes, tentedegarderéloignéelepluspossible laviergeinnocenteetbornéedugarçonsensibleetbranchéquichercheàsauvertouteslesfleursetlaplanèteenl’espaced’unejournée.Lesgrandsclassiquesseterminentsouventparlamortprécipitéedelaplupartdes personnages ou par la naissance de bébés à moitié vampires. Mais ils ont tous un fil conducteur : l’un des deux hommes n’acarrémentaucunechance.Etencequiconcernaitsa relationavecelle, ilnesavaitpassi le faitqu’elle tiennebeaucoupà luisignifiaitqu’ilgagneraitàlafin.Pourtant,ilsontquandmêmedumérite,cesautresmecsquireviennentdanslapartieaprèsavoirperdufaceàl’incontestableélu.
. .neautrefête.Uneautredecesfêtespleinesàcraqueroùtoutlemondefaittoujoursexactementlamêmechose,justeunjourdifférent.Lesboissonscoulentàflotsdanslesgobeletsrouges,et
la musique résonne de chambre en chambre. Chaque nouvelle personne que j’ai croisée dans lecouloiravait l’airde se faireencorepluschierque laprécédente. Je trouvedoncbizarrequecettesoiréededébutd’annéesoitplusbondéequel’andernier.D’oùviennenttouscesgens?Sesont-ilslassésd’eux-mêmesaupointdevouloirseraccrocheràungrouped’autrespersonnespoursedonnerl’illusiond’avoiruneviesocialeexcitante?Jecommenceàcomprendrequelavieàl’universiténetient qu’à ça. Celle de Washington est très différente de là où j’ai grandi, en Floride, mais lesuniversitésseressemblenttoutesoùquevoussoyez.Jem’adossecontrelemurprèsdelaportedelasalledebainstoutenmeplaignantàvoixhaute:–J’aienviedepisser.Quelquesinstantsplustard,unepetiteblondeauxcheveuxonduléssortdelasalledebainsetpasse
prèsdemoienfixantlesol.Elleporteunt-shirtàmancheslonguesquitombeparfaitementsurlescourbesdeseshanches,malgrésonbaggytroplarge.–Pardon.Ellesouritautapisparterreavantdemedépasseretdedisparaîtredanslecouloir.J’entredanslasalledebainsetfermelaporte.Lepetitespacesentlavanillesynthétique.C’estassez
troublant.Jepissedoncrapidement,melavelesmains,ouvrelaporte…etentreencollisionavecunemeute de filles. L’une d’entre elles me détaille de la tête aux pieds, les yeux écarquillés. Je peuxpratiquementlirecequ’ellepense.Elleouvrelabouchepourparler,maisquandjeregardederrièreelle, la blonde aux hanches de dingue se tient en haut des escaliers. Je l’observe chercher quelque
chosedanssapochearrière,maisnerienensortir.Ellepassesalanguesurseslèvresetlèvelesyeuxauciel.Onvoittoutdesuitequ’elleadutempérament.J’aimisunpointd’honneurànepaschercherderelationavecquiquecesoitpendantunbonmomentaprès l’histoireavecTessa,etpourtantmevoilà en train de me diriger vers la blonde. Je ne cherche rien de sérieux, mais une simpleconversationdécenteàcemomentprécisnemedéplairaitpas.Aumomentoùj’atteinslehautdesescaliers,sapetitemains’enrouleautourdubarreaumétallique
d’une manière très délicate. Je fais quelques pas vers elle tandis qu’elle descend lentement etprudemmentlesmarchesbienqu’elleportedesbaskets.Sescheveuxsontépaisetdescendentjusqu’aumilieudesondos.Jevoissesyeuxparcourirlafoule.Elleesttrèsréceptiveaumondequil’entoure–je peux le dire à sa manière de poser ses yeux sur chaque visage. Cherche-t-elle quelqu’un ? Jeregardesesdentss’enfoncerdanssalèvresupérieureetdécidedem’approcher.Lebasdesonjeanestroulé,etjedistinguelaformed’uneétoileprèsdesacheville.–Tucherchesquelqu’un?Quand elle tourne son visage versmoi, ses grands yeuxmarron, presque trop grands pour son
visage,luidonnentunairunpeueffrayé.Ellefroncelessourcils.–Mesamis,maisjepensequ’ilssontpartis.–Oh.Tuveuxquejet’aideàlesretrouver?Ellecontinuedebalayerlapièceduregard,puisderrièremoi,etsoulèvetoutàcouplacasquettede
base-balld’unmecquipasseàcôtédenous.Ilrâle,maisellesouritd’unairgênéetsembleunpeudésemparée.Jemedemandepourquoielleafaitça.–MonamiJohnporteunecasquette,luiaussi.Je n’arrive pas encore à déterminer si elle est agressive ou juste timide,mais j’ai bien envie de
savoir.–Tunepeuxpaslesappeler?–Non,monportableestdanslesacdemacopine.Jenevoulaispasleprendreavecmoi.Jesavais
quejen’auraispasdûvenirici.Lesfêtes,c’estpasmontruc.Ellehausseletonetcommenceàagitersesmainsdanstouslessens.–MaisMacym’asuppliéeencoreetencore.Ellem’aditqueceseraitdrôleetqu’onne resterait
qu’uneheure.Avecunpetitsoupirdecolère,ellefroncesonnezetjemordillemalèvrepourmeretenirderire.Ellerougit,embarrassée.–Quoi?–Rien.Elleestvraimentmignonne.–Tuveuxboirequelquechose?–Jeneboispassouvent.Savoixestdouce.–Passouventoujamais?–Parfois,maiscertainementpasauxsoiréespleinesdegensquejeneconnaispas.–Oui,jecomprends.Jesourispourluifairecomprendrequejetrouveçacooldenepasressentirlebesoindesemettre
minablecommelerestedesfillesici.Oudesmecs,d’ailleurs.
–Cen’estpascommesijenepouvaispasm’amusersansmedéfoncer.–Ok.J’acquiescedelatête,jelatrouvedeplusenplusattirante.–Ehbien,jepeuxt’apporterdel’eauouunsodaettupeuxresteravecmoietmesamisjusqu’àce
queturetrouveslestiens?–Heu,jenesaispas.Elleregardeverslesalonpleind’inconnus.–Jeneconnaispersonne,etlesfêtescommecelle-cisontplutôtbizarres.Sonregardseposesurdeuxmecsbourrésencerclantunebanded’étudiantesdepremièreannéeen
robescourtes.Ellen’apastort.Nates’avanceversmoidel’autreboutdelapièce,etjeregardedenouveaucettefilleintrigante.–Écoute,sachequesituneveuxpasrestericitouteseule,tueslabienvenuepourtejoindreànous,
là-bas.Jeluimontrelegroupeetobservesesyeuxs’agrandirendécouvrantlacentainedetatouagesque
nousdevonstotaliserànoustous.Jeplaisante:–Ilssontpluscoolqu’ilsenontl’air.Ellesouritetj’ajoute:–Enfin,certainsd’entreeux.Elleme surprend en étouffant un petit rire, puis enme suivant quand je rejoinsmon groupe de
potes.ElleremerciepolimentTristanquiselèvepourluicédersaplacesurlecanapé.Çafaitunbailquejenel’aipasvu,maisjesuiscontentqu’ilsoitrevenudeLouisiane,célibataireetofficiellementremisdetoutessesconneriesavecSteph.–Ànotredernièreannéedanscetteputaind’université!IllèvesongobeletettrinqueavecLogan.Mollynousrejointets’installesursesgenoux.–Ben,paspourmoi…J’aiencoredeuxansàtirer.IlyaduregretdanslavoixdeNate.Lafilleavecquiilsort–Briana,jecrois–lèvelesyeuxauciel,marmonneuntrucgrotesquegenre
je-la-joue-tragédienneetattrapesongobeletpourprendreunenouvellegorgée.–J’auraisdûfaireuneécoledecommerce.Lafac,çacraint,putain.Naterejettelatêteenarrière;lafillel’observeavecamusementet,d’untondereproche,répond:–
Jet’avaisditdefairecestagedanscesalondetatouage.Illèvelesyeuxaucielettiresurlapetitebretellequiretientletopdelafille;onvoitunetraceplus
clairesursapeaubrune,maisjesuissûrqu’ellen’enarienàfoutre.–J’ysongeencore.Franchement,çamesembleêtreunebonneidéepuisqu’ilgalèrevraimentàterminersesétudes.Mollymontredudoigtlafillerencontréedanslecouloir:–Bref,assezparlédecesplansdecarrièreàlacon.Quiest-ce?–C’est…Jelaregardepourqu’ellem’aide.J’aioubliédeluidemandersonfoutuprénom.–Therise.J’entendsunpetitaccentquejen’avaispasremarquéplustôt.Bonsang.Mollysemarreens’appuyantcontreLogan:–Tutefousdemoi!
Jacefaitunrictustoutenléchantlesbordsd’unefeuilleàroulerqu’iltientdanslesmains:–Joliprénom.–Tuveuxjoueràunjeu,Therise?DéfiouVérité?Mollyapriscettevoixquejeluiconnaistropbien.Ellemeregardeetjesecouelatêteenlafixant.–Personnen’aenviedejoueràcettemerde.Theriseestpaumée.Ellesembleanxieuseetlégèrementmalàl’aise.–Oh,allez.Jepariequeçaseramarrant.JacecontinueetMollyacquiesce.–Ouais,vusonlook,tupeuxpeut-êtregagner…Loganmetsamaindevantlabouchedesacopine.Jen’arrivetoujourspasàcroirequecesdeux-là
soientensemble.–Ferme-la!Ellerouledesyeuxmaisobéitetrestesilencieusemêmequandilretiresamaindesagrandegueule.–Necomptezpassurmoipourparticiperàunremakedel’annéedernière.C’étaittropdramatique.Loganembrasse l’épaulenuedeMolly.Ellesourit,pourdevraicette foisetd’unairbienmoins
diabolique.Therise me regarde en haussant un sourcil, puis observe chaque membre du groupe et leur
comportementsoudainincompréhensible.–Ques’est-ilpassél’annéedernière?–Rien!Jejetteunœilàmesamisenespérantqu’ilsfermentleurgueule.Jevienstoutjustederencontrer
cettefille–c’esttroptôtpourlabombarderavectoutescesconneries.–Unmecquis’appelleHard…Mollynepeutjustepaslafermer.Logans’énerve:–OnnevapasencorereparlerdeHessa5 !Ondiraituncouplede télé-réalitéquepersonnen’est
supposémentionner.LacopinedeNateintervient:–C’estquoiputain,Hessa?Mollylèvefièrementlamainethurle:–C’estmoiqui l’ai trouvé ! J’ai lesdroitsd’auteurdece truc. J’ai trouvéunnomàces tarés et
j’espèrebienqu’ilsm’inviterontàleurmariage.Ellesemarre.Lespointesdesescheveuxsontd’unrosepassé;ellen’apasdûrefairesacoloration
depuisunmoment.Coupésaucarré,ilssontpresqueblondsmaintenant.–Ilsnevontpassemarier.J’en ai vraiment ras-le-bol d’entendre parler de ces deux-là. J’en aimarre de voir les statuts de
TessasurFacebook.ElleesttellementheureuseàNewYork;Hardinesttellementheureux;toutlemondeesttellementheureux,putain.Hourrapoureux.–Pastoutdesuite,maisjeparieraisbienlà-dessus.Etmoi?Jegagnerai.Elleadessinéaucrayonnoirdepetitscerclesautourdesesyeux,etquandelleclignedel’œil,elle
ressembleàunchat.Loganenrajouteunecoucheenhochantlatête,l’airtrèssûrdelui.
Commesicemariageétaituneévidencepourtoutlemonde.Mollylèvelamainpourobtenirlesilence.–Enfinbref, avantquevousarriviez tous,nousétionsen trainde revivre legrand récitde l’ex-
petiteamiedeZed.–Ellen’étaitpasmapetiteamie.Jeserrelesdents.Merde.Quiaparlé?Jace,peut-être?Theriseselèveetfaitcraquersesdoigtsmaladroitement.–Bon…C’estlemomentoùjem’envais.Elleaunsourirehésitant,puiss’éloigne.Jedoisavoir l’airpeiné, agacéou furieux– je ressens toutescesémotionsà la fois–parceque
Loganclaironne:–Tuferaismieuxdelalaisserpartir;turisquesjustedetefaireunnouvelennemi.Elleasûrementunpetitamiquicrèveratespneus.Apparemment,mespotesontdécidédemefairechiertoutelasemaineaveclelourdhistoriquede
meserreurspassées.Commejem’attendsàcequemavieamoureusenesoitqu’unenchaînementdedésastres,macolère
setrouveunpeuatténuée.Jen’aipasl’énergiedem’énerver,vraiment,surtoutquandils’agitencoreettoujoursdelamêmechose.–Jenesavaispasquecettefilleétaitfiancée,etjesuisàpeuprèscertainquec’étaitelle,etpaslui,
quim’afaitcettemerde.JegrincedesdentsenmesouvenantdecequeJonahSotoafaitàmavoiture.Cemecnedevraitpas
avoirunposted’enseignantici.Unvraimalade.Natehausselesépaulesetprenduneautregorgée.–Arrêtedecoucheravecdesmeufsquetuneconnaispas,alors.–Çafaitplusd’unan,etcommentj’étaiscensésavoirquesonfiancéallaitdevenirprofici?Ceweek-end-làavaitétéundésastre.Si j’avaissuque lafilleétaitenboîtepourfêtersonpropre
enterrementdeviedejeunefille,jeneseraispasrentréavecelle.Jeveuxdire,ilyauneraisonpourque la tradition impose qu’elles portent des boas en plumes adhésives, de faux diadèmes et cetteécharpe sur laquelle on peut lire ENTERREMENTDEVIEDE JEUNE FILLE ou un truc dans legenre.C’estcommeunevignetted’avertissementpourempêcherlesmecsdefairequelquechosedestupide–oulesempêcher,elles,defairequelquechosedestupide.L’écharpeestgenrelapremièrechosequetudoisenlever.Donclefaitqu’ellesoitlàdevraitsuffireàrappeler«ahouais,ellevasemarier».Danscecasprécis–c’étaitlelendemain.C’étaitbienmaveine, laseule foisdemavieoù j’avaisuncoupd’unsoir,voilà le résultat. (J’ai
sansdouteamenémesamisàcroireàuneversionglobalementexagéréedemaviesexuelle,maisilsn’ontpasbesoindesavoir.)Lemecétaitcool,plusquejenel’auraisétéjusqu’àcequ’ilessaiedemefairevirerduprogrammedesciencesetsebattepourempêcherHardindesefairevirer.Personnen’avaitl’airdesedemanderpourquoiunjeuneprofesseurprenaitladéfensed’unfauteurdetroublesqu’il ne connaissait même pas. C’était des conneries, mais à la fin de la journée, j’étais contentqu’Hardinnesoitpasexclu.–Vous êtes qui pour raconter de lamerde surmoi, de toute façon ? – j’agitemon bras vers le
groupe–parcequeMollyiciprésenteabaiséaveclamoitiéd’entrevous.
–Faisattentionàcequetudis.ToutlemondesecrispeàlamenacedeLogan.Maisplutôtquedem’engueuleraveclui,jechoisisd’allerrattraperlanouvellefille.Jenelaconnaispas,maiselleal’aircooletelleestvraimentcanon.Oui,ellemerappelleTessa,et
oui, ilm’afallubeaucoupde tempspourm’enremettre,etpeut-êtrequec’estunemauvaise idée–maisn’est-cepaslecaspourlaplupartdeschoses?Toutçatournedansmatête.Jemelèvepourlaretrouver.JenevoulaispasquelasituationavecTessaenarrivelà.Jetenaisàelle,oui,maisjemesuisfait
rattraperparmajalousiestupideetmonbesoinmesquindemevengerd’HardinquiavaitcouchéavecSamantha.J’aimaisvraimentbeaucoupTessa,maismessentimentspourellen’étaientrien,comparésàcequeHardinressentaitpourelle.Samanthaétaitextraordinaire;elleétaitdrôleetunpeuplusâgéequemoi.Çam’excitait,maiselle
était sauvage.DepuisquecettehistoireavecTessaest finie, j’ai souventpenséquesa relationavecHardinétaitidentiqueàcellequej’avaisavecSamantha.MaisSamanthaacouchéavecHardinetnevoyaitpasoùétaitleproblème.Elles’estcomportéecommesic’étaituntrucnormalàfaire,coucheravecl’undemespotes.Luis’enfoutaitaussi,biensûr.Maismoi,jenem’enfoutaispas.J’étaisanéantietfurieux,etj’ailaissécessentimentsgrandiren
moi, en attendant le bon moment pour me venger. Tessa me faisait confiance, même après monimplicationdanslepari.Jesuisceluiquiluiadonnétouslesdétails,etelleesttoujoursvenueversmoiquandelleenavaitbesoin.C’étaitleproblèmejustement:ellenevenaitversmoiquelorsqu’ill’envoyaitpromener,etça,çanemeconvenaitpas.Jen’avaispasenvied’êtresanscesselesecondchoix.Detoutefaçon,ilyavaittropdetensionpourmoi.Etunefoislasatisfactiond’atteindreHardinpassée, ça devenait éreintant de continuer de venir à son secours et d’être témoin de leur relationimmature.J’aurais dû la laisser seule dès que son psychopathe de copainm’a frappé, la première fois.Au
contraire,sacolèren’afaitquem’inciteràcontinueretàgagner.Pourquoiaurait-ilpucoucheravecSamantha,participeraupari,puisunefoisquetoutallaitbien,quetoutétaitenordre,déciderquelejeuétaitfini,quejedevaism’arrêterdem’enpréoccuper?C’étaitsiimmature.Jem’enrendscompteàprésent.Jen’auraispasdûallerdanslamaisondesa
mèrecettenuit-là,etjen’auraispasdûdirelamoitiédesconneriesquej’aidites.Mastupiditéfaitquejesuiscélibatairedepuis,etçafaitplusd’unanquejen’aiplusentenduparlerdeTessa.Cequiesttriste,c’estqueçamemanquedeparleravecelle.J’ai entendu dire qu’elle avait déménagé à New York City avec son ami Landon. Mais je sais
qu’Hardinne tarderapas à la suivre là-bas.Bienque jedéteste l’admettre, il y aquelque chosedespécial entre eux.Aussi tarés qu’ils soient, je n’ai jamais vu deux personnes se battre autant l’unepour l’autre. C’est clair qu’Hardin ne lamérite pas,mais ce n’est pas àmoi dem’enmêler. Plusmaintenant.Je sors et inspecte le jardinpour retrouverTherise. Je la repèreperchée sur lemuret depierres
fissuré,cequimerappelleunautresouvenir.Elleramassedespetitsmorceauxdumuret,etquandjem’approched’elle,ellesursaute.–Attends.Jelèvemamainensignedepaix.–Jepeuxt’aideràretrouvertesamisouquelqu’unpourteraccompagner.
–Jenesaispas.Ellem’observeavecméfiance,cherchantpeut-êtrelessignesd’unserialkillersurmonvisage.–Jeveuxseulementteraccompagneràlamaison.Mesamissontdegrandesgueules,maisaucun
d’eux ne te fera jamais demal. Je viendrai avec toi si tu veux. J’ai bu, donc je ne peux juste pasconduire.Jelèveunsourcil;ellesecouelatête.–Waouh,donclepunkbeaugosseauraitdelajugeotefinalement.Ellesouritensemoquantgentimentdemoi.–Parfois.Jemepencheversellepourluiserrerlamain.–Jem’appelleZed.Ellehésitependantunmomentavantd’acceptermamain.–Enchantée,Z…ed.Elleprononcemonnomcommesielleavaitpeurdel’avaler.–Enchanté,aussi,Therise.
L
LandonIl détestait cegarçonparfait avantmêmede l’avoir rencontré.Quand sonpère lui annonçaqu’il allait avoir unnouveau frère, c’étaitcommesitoutlemondes’attendaitàcequ’ilseréjouissedecettenouvelle.Toutàcoup,ilétaitcensés’intéresseràdeschosescommelafamille,lesdînersetlespâtisseriespourêtreàlahauteurdunouveaufilsdesonpère.Quand il fit laconnaissancedecetautregarçon,sahainenefitques’intensifier. Il savaitqu’iln’avaitaucuneraisonde lehaïrsice
n’est de la pure jalousie,mais il le détestait quandmême. Il ne connaissait pas le nomdes athlètes, ne suivait pas le sport comme lenouveaufilsdesonpèreetiln’arrivaitpasàcharmerlesinvitéspendantlesdîners.Ilsavaitqu’ilnepouvaitpasrivaliseraveclegarçon,mais alors que sa vie changeait, il comprit qu’il n’avait jamais vraiment eu besoin de le faire. Ilmena une lutte acharnée – bien tropacharnée–pourgardersesdistancesavecl’EnfantRoiqui,finalement,deviendraitsonmeilleurami.
. .estroispremièrespenséesquimetraversentl’espritchaquejoursont:C’estmoinsbondéiciquejenel’auraiscru.
J’espèrequeTessanetravaillepasaujourd’huipourquel’onpuissetraînerensemble.Mamèrememanque.Oui, je suisbienendeuxièmeannéeà l’universitédeNewYork,maismamèreest l’unedemes
meilleuresamies.Mamaisonmemanquebeaucoup.Çam’aided’avoirTessa;elleestlelienquimerapprocheleplus
demafamilleici.Jesaiscequefonthabituellementlesétudiants;ilspartentdeleurmaison,ilsonthâtedequitterleur
villenatale,maispasmoi.Ilsetrouvequej’aimelamienne,mêmesijen’yaipasgrandi.J’avaisunplanaumomentdem’inscrireàNYU; iln’a justepas fonctionnécomme je l’avaisespéré. J’étaiscenséemménagericietcommencermafuturevieavecDakota,mapetiteamiedelonguedate,depuisle lycée. Jen’avais justepaspenséunesecondequ’elledécideraitdepassercettepremièreannéeàl’universitéencélibataire.J’étaisanéanti.Jelesuistoujours,maisjeveuxqu’ellesoitheureuse,mêmesicen’estpasavecmoi.Ilfaituntempsfrisquetdanscettevilleaumoisdeseptembre,maisilnepleutpratiquementjamais,
comparéàWashington.C’estdéjàça.Surlechemindutravail,jevérifiemonportable,commejelefaisunecinquantainedefoisparjour.
Mamèreestenceintedemapetitesœur,jeveuxdoncm’assurerdepouvoirprendreunavionetmerendrelà-basleplusvitepossibles’ilsepassequoiquecesoit.Jusqu’àprésent,lesseulsmessagesquej’aireçusd’ellesontdesphotosdesplatsincroyablesqu’elleconcoctedanssacuisine.Cen’estpasuncasd’urgence,maisbonsang,cequesespetitsplatsmemanquent.Jemefrayeunchemindanslesruesbondéesetpatienteaupassagepiétonavecunefouledegens,
principalementdestouristesavecdelourdsappareilsphotoautourducou.JerisdiscrètementquandunadolescentbrandituniPadgéantpourseprendreenselfie.
Jenecomprendraijamaisceréflexe.Quand les lumières virent au jaune et que le signal du passage piéton commence à clignoter,
j’augmentelevolumedemamusique.Ici,mesécouteurssontvissésàmesoreillespratiquementtoutelajournée.Laville est tellementplusbruyanteque je l’avais imaginé.Çam’aided’avoir un trucpourm’en
protégerunpeuetquitransformecevacarmeenunemusiquequej’aime.Aujourd’hui,c’estHozier.Je porte même mes écouteurs en travaillant – dans une oreille du moins, comme ça, je peux
toujoursentendre leshurlementsdesclientsquicommandent leurcafé.Aujourd’hui, jesuisunpeudistraitpardeuxhommeshabillésentenuedepirateentraindesecrierdessus,et,alorsquej’entredanslemagasin,jebousculeAiden,lecollèguequej’apprécielemoins.Il est grand, bien plus grand quemoi, avec des cheveux blonds, presque blancs ; il ressemble à
DragoMalfoy,cequime faitunpeupeur.Au-delàdecette ressemblanceavecDrago, il lui arriveparfoisd’êtregrossier.Ilestsympaavecmoi,maisj’aibienvusamanièredereluquerlesétudiantesquiviennentauGrind.Ilsecomporteavecellescommes’ilétaitdansuneboîtedenuit,pasdansuncafé.Illeursourit,flirte,etellessetortillentdegênedevantsonregardde«beaugosse».Jetrouveça
assezrépugnant.Iln’estpassibeau,enfait;peut-êtrequejeleverraisautrements’ilétaitplusgentil.–Faisgaffe,mec.Aidenmedonneunclaquesurl’épaulecommesinoustraversionsensembleunterraindefootball
américain,lesmaillotsdelamêmeéquipesurledos.Ilestentraindebattresonrecorddelourdeuraujourd’hui…Jemedirigeverslefonddumagasinpourm’éloignerdelui,puisattachemontablierjauneautour
de la taille et consultemonportable.Après avoir pointé, je tombe surPosey, une fille que je doisformer pendant plusieurs semaines.Elle est sympa.Discrète,mais bosseuse. J’aimequ’elle prennetoujourslescookiesgratuitsqu’onluioffrechaquejourcommemotivationpourrendrelesheuresdetravailunpeumoinspénibles.Laplupartdesapprentisn’enveulentpas,maiselle,elleenamangéunchaquejourdelasemaineentestantdenouvellessaveurs:chocolat,noixdemacadamia,sucreetunmystérieuxarômeverdâtrequejepenseêtreunproduitlocal,natureletsansgluten.Adosséecontrelamachineàglace,jelasalueenluiadressantunsourire.–Hé!Sescheveuxsontplaquésderrièrelesoreilles.Elleestentraindelirecequiestindiquésurledos
d’unsacdecafémoulu.Ellelèvelesyeuxversmoi,m’adresseunfurtifsourirepoli,puisretourneàsalecture.–C’estinsenséqu’ilsvendentquinzedollarsunsipetittrucdecafé.Je rattrape de justesse le paquet de café qu’ellem’a lancé, au point qu’ilme glisse presque des
mains,maisjefinisparl’empoignerfermement.–Nous…Jelacorrigeenrigolantetreposelesachetsurlatableoùellel’apris.–Nousvendons.–Jenetravaillepasicidepuisassezlongtempspourmesentirconcernéeparle«nous».Puis,elleattrapeunbandeauenrouléautourdesonpoignetetlefaitglissersursescheveuxbouclés
auburn.Elleenaunedecesmasses !Elle lesattachesoigneusement,puismefait signequ’elleest
prêteàsemettreautravail.Poseymesuitdans lasalleetattendprèsde lacaisse.Cettesemaine,elles’entraîneàprendre les
commandes des clients et apprendra sûrement à préparer les boissons bientôt. Prendre lescommandes, c’est ce que je préfère. Je préfère de loin parler aux gens plutôt que deme brûler àchaquefoislesdoigtssurcettemachineàexpresso.Jesuisentraind’arrangermonpostequandlaclocheau-dessusdelaportesonne.Jejetteunœilà
Poseypourvérifierqu’elleestprêteet,biensûr,elleestdéjààmescôtés,paréeàaccueillirlesaccrosaucafédumatin.Deuxfilless’approchentducomptoirendiscutantbruyamment.L’unedesdeuxvoixm’interpelle. Je regarde alors dans leur direction et aperçois Dakota. Elle porte une brassière desport, un short ample et des baskets claires. Elle doit terminer sa course à pied ; si elle avaitl’intentiond’aller à un cours de danse, elle serait habillée unpeudifféremment.Elle porterait unecombinaisonmoulanteetseraittoutaussibelle.Ellel’esttoujours.Dakotan’estpasvenuedepuisplusieurssemaines ; jesuissurprisde la trouver là.Etçamerend
nerveux;mesmainstremblent,etjemeretrouveàappuyerbêtementsurl’écrandel’ordinateur.SonamieMaggymevoit lapremière.Elle tapote l’épauledeDakotaqui se tourneversmoi,ungrandsourireauxlèvres.Soncorpsestrecouvertd’unelégèrecouchedesueur,etsesbouclesbrunessontrelevéessauvagementenchignonsurlehautdesatête.
. .–J’espéraisquetutravaillerais,dit-elleenmesaluantd’abord,puisPosey.Ellel’espérait?Jenesaispasquoipenser.Jesaisquenousnoussommesmisd’accordpourrester
enbonstermes,maisjen’arrivepasàsavoirsic’estjusteuneconversationentreamisouplusqueça.–Hé,Landon.Maggymesalueaussi.Jesourisauxdeuxetleurdemandecequileurferaitplaisirdeboire.–Uncaféglacéavecunsupplémentdecrème,merépondent-ellesenduo.Ellessonthabilléesquasimentàl’identique,maisMaggyparaîtfadeàcôtédelapeaudoréecomme
uncarameletlesyeuxbrunslumineuxdeDakota.Jememetsenmodeautomatique,attrapedeuxgobeletsenplastiqueetlesplongedanslebacàglace
pour récolterdesglaçons.Puis jeprends lacarafedecafédéjàprêteetversesoncontenudans lesgobelets.JesensleregarddeDakotasurmoi.Jemesensplutôtmalàl’aise,etquandjeremarquequePoseym’observeaussi,jeréalisequejepourrais–jedevrais,certainement–luiexpliquercequejesuisentraindefaire.–Tun’asqu’àverserlecafésurlaglace;ilaétépréparélaveillepourêtrefroidetpournepas
fairefondrelaglace.Ce que je lui raconte est vraiment élémentaire, et je me sens presque débile de dire ça devant
Dakota.Nousnesommespasdutoutenmauvaistermes–nousnesortonssimplementplusensemblenineparlonscommenousavionsl’habitudedelefaireavant.J’aiparfaitementcomprisqu’ellemetteun terme à nos trois ans de relation. Elle était à NewYork City avec de nouveaux amis, dans unnouvelenvironnement,et jenevoulaispas la retenir. J’aidonc tenumapromesseet suis restéamiavec elle. Je la connais depuis des années et tiendrai toujours à elle. Elle étaitma deuxième petiteamie,mais lapremièrevraierelationquej’aieuejusqu’àprésent.Auparavant, j’aipasséunpeudetempsavecSo,unefemmedetroisansplusâgéequemoi,maisavecquijenesuisqu’ami.Dakotaaété superavecTessaaussi.Elle l’aaidéeà trouverun jobdans le restaurantdans lequelellebosse
actuellement.–Dakota?Lavoixd’Aidencouvrelamienneaumomentoùjeleurdemandesiellesveulentquej’ajoutedela
crèmefouettée.C’estcequejefaisavecmesproprescafés.Perplexe,j’observeAidenquisedirigeverslecomptoiretsaisit lamaindeDakota.Ilsoulèvesa
maindanslesairs,etelletournoiedevantluiavecungrandsourire.Puisellemejetteunregard,s’écartedequelquescentimètresetluiditd’unemanièreplusneutre:–Jenesavaispasquetutravaillaisici.JeposemonregardsurPoseypournepasm’incrusterdans leurconversation,puis faisminede
consulterlesemploisdutempssurlemurderrièreelle.Ellepeutêtreamieavecquielleveut,çanemeregardepasvraiment.Aidenluirépond:–Jepensaisl’avoirmentionnéhiersoir.Jetoussepourdétournerl’attentiondusonétrangléquejeviensdelaisseréchapper.Heureusement,personnenesemblel’avoirremarqué.SaufPosey,quifaitdesonmieuxpourcacher
unsourire.JeneregardepasDakota,mêmesijesensqu’elleestmalàl’aise;enréponseàAiden,ellerigole
delamêmemanièrequel’afaitmagrand-mèreenouvrantsoncadeaudeNoëll’annéedernière.Cemignonpetitbruit…Dakotarendaitmagrand-mèresiheureusequandelleéclataitderiredevantleschantsringardsdupoissonenplâtresursafausseplanchedebois.Quandellerigoledenouveau,jesais qu’elle est, pour le coup, vraiment mal à l’aise. Cherchant à rendre cette situation moinsembarrassante,jeluitendslesdeuxcafésavecunsourireetluidisquej’espèrelarevoirbientôt.Avant qu’elle ait pu répondre, je souris de nouveau etm’éloigne vers le fond de la boutique en
montantlevolumedemesécouteurs.J’attends que la cloche sonne de nouveau pour signaler le départ de Dakota et Maggy, mais je
comprendsquejen’arriveraiprobablementpasàl’entendreàcausedumatchdehockeydelaveillequi se joue dansmes oreilles.Même avec une seule oreillette, le bruit de la foule en délire et lesclaquementsdescrossescouvriraientlesond’unevieilleclocheencuivre.JeretournedanslasalleettrouvePosey,dépitée,faceàAidenentraindefrimerenluivantantsescompétencesàproduiredelavapeur de lait. Le nuage de vapeur qui monte devant ses cheveux blonds-blancs lui donne un airétrange.–Ilm’aditqu’ilsétaientàl’écoleensemble,danscetteacadémiededanse.Poseychuchotequandj’arriveprèsd’elle.Je m’immobilise et lève les yeux vers Aiden qui semble ailleurs, probablement perdu dans son
propremondemerveilleux.–Tuleluiasdemandé?Jeluiposelaquestion,impressionnéetunpeuinquietdecequ’ilapuluidireausujetdeDakota.Poseysecouelatêteetattrapeungobeletenmétalpourlerincer.Jelasuisjusqu’àl’évier,puiselle
ouvrelerobinet.– J’ai vu ta réaction quand il lui a pris la main, donc j’ai pensé que je devais simplement lui
demandercequ’ilyavaitentreeux.Ellehausselesépaules,cequifaitbougersonépaissechevelurebouclée.Sestachesderousseursontplusclairesquelaplupartdecellesquej’aivuesetéparpilléessur le
hautdesesjouesetsursonnez.Seslèvressontpulpeuses–avecunepetitemoue–etellefaitpresque
ma taille.Ce sontdeschosesque j’ai remarquées lorsdu troisième jourde formation,quandmonintérêtpourelles’estenflammé,jesupposel’espaced’uninstant.Jemeconfieàmanouvelleamieenluitendantuneserviettepouressuyerlegobelet:–Jesuissortiavecellependantunmoment.–Oh,jenepensepasqu’ilssortentensemble.ElleseraitfolledesortiravecunSerpentard.QuandPoseysourit,mesjouess’enflammentetjerigoleavecelle.–Tul’asremarqué,toiaussi?Jeglisselebrasentrenousetattrapeuncookiementhepistachepourleluioffrir.Ellesourit,meprendlecookiedesmainsetenmangelamoitiéavantmêmequej’aieeuletempsde
revisserlecouverclesurlaboîte.
L
ChristianLesliensquiunissentunefamillesontcensésêtreindéfectibles.Noussommessupposésaimernosparents,nosfrères,nossœursettouslesautresmembresdenotrefamillesimplementparcequelemêmesangcouledansnosveines.Quand il était petit, il s’interrogeait beaucoup là-dessus. Devait-il aimer l’homme qui rentrait en titubant et dont la lourde voix le
réveillait régulièrement lanuitalorsqu’ilavaitécole le lendemain?L’hommesurqui il trébuchaitenentrantdans lesalon,affalé là,contrelesocledelacheminée,tentantpéniblementderetirerseschaussures?Lepetitgarçonsetenaitcachéderrièrelemuretobservaitl’hommesedébattreettombersurlesol.Puisilsehâtaitderetournerdanssachambreenévitantdejustesselachaussurequel’hommelançaitcontrelemur,frôlantsatêtedepeu.Ildétestaitcesnuitsetcomptaitlesjoursjusqu’àcequel’amitrèssouriantdesamamanrevienneàlamaison.Ilrêvaitquel’amidesa
mamansoit sonpapa.Peut-êtrequecet autrehomme l’emmènerait avec lui, avait-il l’habitudede sedemander. Il se souvenaitdecethomme,toujoursunlivresouslebras.Ilparlaitdeslivresaveclegarçon,luienracontaitlesintrigues.Illefaisaitsesentirintelligentetplusgrand.Ilsesouviendraittoujoursdupremierlivrequel’hommeluiavaitoffert.Celivredevintrapidementlepremiervéritableamidugarçon.
Engrandissant,ilconstataquel’amidesamamanvenaitdemoinsenmoinssouventetqu’illuimanquait,toutcommeseslivres,pendantses longues périodes d’absence. Cependant, même pendant les années rebelles de l’adolescence, quand l’homme arrivait, il avaittoujours un livre avec lui. Le garçon savait que samaman aimait son ami, mais il ne se doutait pas que toute sa vie dépendait d’unmensonge.
. .amaisonestsilencieuse.JejetteunœilàKim,endormiesurlecanapé,etàKarinaallongéesurson ventre ; les petites mains de la fillette sont agrippées au pull de sa maman. Kim s’est
endormieenluiparlantdemoietdemonaccent.Elleracontaitàlapetitefillequ’elleauraitlaplusadorabledesvoix,unmélangeentrelesdoucessonoritésdesamamanetl’accentdiaboliquedesonpère.«Diabolique»,disait-elle.Ellepeutparler!Elleestlafemmelaplustêtueetlaplusdiaboliquedumondeentier.Etjel’aimecommeunfou.Kimberly, qui fut ma secrétaire avant de devenir mon associée, a un vrai don pour repérer les
talents. C’est peut-être la raison pour laquelle ellem’a épousé.Ou alors, c’est juste qu’elle adorevraiment,maisvraimentbeaucoup,monfils,Smith.C’estdifficiledefaireautrement.Unepiledepapiersestposéedevantmoisurlecomptoir:c’estuncontratpourlerestaurantdeNew
York que nous ouvrirons l’année prochaine. Aussi excitant que ce projet puisse être, il n’est riencomparéàmonbébé.Désormais,mesinvestissementsdanslesrestaurantss’étendentdeWashingtonàNewYorkenpassantparLosAngeles.Maisc’estsanscomparaisonaveclebonheurdevoirmafillegrandir,chosequejen’aipaseulachancedefaireavecmesautresenfants.Jeregardedenouveaumafemme;elleronfleplusfortqued’habitude.J’enprofitealorspourfaire
untrucadorableetaffectueux,lafilmeravecmonportable.Lecontratattendrademain.Mafemmememanque.Jel’observerespirer;lebruitqu’elleproduitestépouvantable.J’appuiesur«enregistrer»et,doucement,medirigevers lecanapé.Enmoinsdecinqsecondes,
elleouvrelesyeux,remarqueimmédiatementletéléphonedansmamain,ettoutàcoup,jemesenscond’avoirperturbésontempsdesommeilalorsqu’elleenasipeuencemoment.Monamourmurmured’unevoixdouceetendormie:–Tun’espascensétravailler?Puiselleétiresonbrasau-dessusdesatêteengardantsesyeuxrivéssurKarina.–Oui,machérie,maist’emmerderestbienplusamusant.Jerigole,etelledonneuncoupdepieddansmadirection.Karinas’agitesursapoitrineetouvreses
petitsyeuxrondspourobserversesodieuxparents.–Voilà,tuasréussi,meréprimandeKimberlyavecunsourire.Elles’assiedtoutensoulevantKarina.Jetendslesbrasversmafilleet,délicatement,Kiminstallele
paquettoutdouxdansmesbras.–Mamerveilleusepetitefille.JeparledoucementàKarinaenenfonçantmonnezcontresapetitejouerebondie.Ellebâilledans
un sourire et, à cet instant, elleme ressemble incroyablement. Smith etHardin ont eux aussi cettepetitefossettequiapparaîtquandilssourient.Jemesouviensd’AnneetKendiscutantdesprénomspourlepetitgarçonquiallaitnaître,unenuit
oùnousétionsdeboutdanslacuisine.LeventredeTrishétaitsigrosqu’ellenepouvaitmêmeplusfaireseslacets.Kenavaitproposé:«J’aimebienNicholasouHarold.»Harold?Non.Nicholas.Encoremoins.Trishavaitsouritendrementenpassantsesmainssursonventre:«Harold.J’aimeassez.»Admettons.Jenedétestaispasceprénom,çanesonnaitsimplementpas juste.Cegarçon,dans le
corpsdeTrish,étaitrobuste.Illuidonnaitdescoupstoutelanuitetgrandissaitsivitequ’ildétendaitsapeauàencraquer.C’étaitunbagarreur,cegosse…leprénomHarold–Harry–était tropdoux,tropcalme.J’étaisintervenuavantqueKennepuissedirequoiquecesoit:«C’esttropcommun.Quepensez-vousd’Hardin?»C’étaitleprénomquejesouhaitaisdonneràmonpremierenfantalorsquejen’étaisencorequ’un
ado.Quandj’étaisplusjeuneàHampstead,jepensaisquej’écriraisunjourunsuper-romandontlepersonnageprincipals’appelleraitHardin.Unprénompeucommun,maistrèsconventionnelpourlavieilleAngleterre.Trishl’avaitprononcéàvoixhautepoursentircommentilsonnaitsouslalangue.«Hardin.Jenesuispassûre…»Maisquandelleavaitregardésonmari–dequij’étaissijalouxàcetinstant–,ilavaitsimplement
haussélesépaules,indifférentmaisessayantdeparaîtrecourtois.Calmement,ilavaitrépondu:«Çasonnebien.»Sesépauless’étaientsoulevéesdenouveau,etTrishavaitfaitunimmensesourire.«Hardin?…Hardin.–Nousavonsdoncleprénom.»Kenavaitsemblévisiblementsoulagé.Trish n’avait l’air ni étonnée ni dérangée par son attitude désinvolte alors qu’ils choisissaient le
prénom de leur premier fils. Or, c’était important pourmoi, et je savais que ça l’était aussi pour
Trish.Je me disais que Ken aurait dû s’en préoccuper plus que ça, mais il était à l’université et avait
beaucoup de travail. À l’époque, je lui trouvais des excuses. Il étudiait beaucoup, et les rumeursdisaientmême qu’il avait commencé à sniffer de la coke pour préparer ses examens. Ses pupillesétaientanormalementdilatées,maisildevaitbeaucoupréviser,jecomprenaisça.Quiétais-jepourlejuger?Mais je savaisqu’il avaitéchouéà tenir le rôledupèreparfait auprèsdupetitbonhomme,sansdouteavait-ilessayé,longtempsavantquelemômesoitlà.Çamedérangeaitplusqueçan’auraitdû,vulasituationdanslaquellejem’étaismis.
. .VINGTANSPLUSTÔT…
Lesoleilestbrûlantetardentpourunmoisd’avrilàHampstead.Trishestallongéeprèsdemoidansl’herbe.Leventfouettesesépaischeveuxbrunssurmonvisage,cequ’elletrouveêtrelemomentleplusdivertissantdesseizedernièresannéesdesavie.Laplupartdutemps,elleestplutôtmaturepourson âge, notamment quand elle développe ses théories sur les dirigeants de cemonde.Mais à cemomentprécis,ondiraitqu’elleaonzeans.Jerepousselescheveuxdesonvisagepourlavingtièmefois.Alorsquejem’écarted’elledequelquescentimètres,jeluidemandeeffrontément:–Tun’étaispascenséecoupercetteénormetignasse?La semaine dernière, elle avait annoncé qu’elle voulait couper ses cheveux court pour prouver,
quelquechose,maisjenesaisplusquoiaujuste.Leparc d’HampsteadTowne est presquedésert aujourd’hui, et le rire deTrish résonne entre les
arbresquiencerclentnotrecarréd’herbe.Nousnousretrouvonsicisouvent,mêmesi,laplupartdutemps,Kenmanquenosrendez-vouscarilesttropoccupé.–Jel’avaisenvisagé,maisc’estbientropamusantfinalement.Trishrapprochesoncorpsdumienetfouettedenouveaumonvisagedesescheveuxbruns.Ilsont
uneodeurdefleursetdementhe.C’estunparfumquim’attire toujours.Soncorpsestcollécontremonflanc,etellepassesajambeau-dessusdelamienne.Jedevraisl’enlever,maisjenelefaispas.C’esttropagréable.–Etsilesbébésnaissaientavecdelongscheveux?Saquestionsortdenullepart,maiscen’estpasdutoutsurprenant.TrishPowellestréputéepourses
fameusesquestions.Etsiceci?Etsicela?C’estsontruc.Jetrouveçabizarreetcoolàlafois.Elleesttellementdifférentedesautresfillesdemonécole–mêmelesfillesdenotreuniversiténesontpascommeelle.Sacheveluresauvageestlapremièrechosequej’airemarquéequandjel’airencontrée,etmaintenantilsembleraitquecesoitmonplusgrosproblème,cemardiaprès-midi.–Avons-nousvraimentséchélescourspourparlerdebébésquisortiraientduventredeleursmères
avecdescoupesderocker?J’ouvrelesyeuxetroulesurleventrepouravoirunemeilleurevisiond’elle.Elleapleindetaches
de rousseur. J’ai enviede les relier entre ellesduboutdesdoigtspuisde lavoir battredes cils etfermerlesyeuxdeplaisir.–Non,jesupposequenon.Elle rigole, et je suis son regard vers l’ombre qui s’approche de nous. Je vois les yeux deKen
s’illuminerquandildévisageTrish.
Elle lui renvoie son sourire tandis qu’il se fraye un chemin à travers les hautes herbes, et Kenressemblesoudainàquelqu’unquivientdegagneràlaloterie.Jenesaispassielleserendcomptedequellemanièreillaregarde.Jel’aitoujoursremarqué–maisj’aiprisl’habitudedeprétendrequeçanemefaisaitrien.Toutlemondesaitque,denousdeux,c’estluilemeilleur.Lesoleilcommenceàmebrûlerlapeau.Jemelèveetposemamainsurmonfrontpourfairede
l’ombre.–Jevaisyaller,j’aiunrencard.Je passemesmains surmon short en jean. En voyant leur teinte brune surmon jean délavé, je
m’émerveilleencored’avoirautantbronzécetété.Trishmelefaitremarquerpresquetouslesjours.Sûrementparcequenouspassonsbeaucoupdetempsensemble.Trishlèvelesyeuxaucieletnousmurmurequelquechosed’assezcoquinàtouslesdeux.Lerouge
monte légèrement aux joues rebondies deKen. Ses cheveux commencent à devenir longs et assezfilassesdanslecou.Descernessombresencerclentsesyeuxmarronàforced’étudierpourpréparerl’examend’entréedesonécolededroit.KenScottestlemeilleurétudiantdenospromosrespectivesàTrishetàmoi;jenesaispascommentquelqu’uncommeluiafinipardevenirnotremeilleurami.Je suppose que Trish est meilleure étudiante que moi. Elle est à la fois le soleil et la vague,rayonnantecommeunfeud’artificeetfroidecommedelapierre.Ellesaitlâcherquandillefautmaisaussifairepreuvedeténacitéetd’intelligencedansd’autrescirconstances.J’aitoujoursaiméçachezelle.–Jepeuxteparleruneminute?Je me lève quand Kenm’interroge et se rapproche un peu de moi ; il me dépasse de quelques
centimètres.J’acquiesceetattendsqu’ilengagelaconversation,maisenvoyantsonregardrivésurTrish,jecomprendsqu’ilveutquenoussoyonsseuls.D’unpetitgeste,jeluifaiscomprendrequejesuis prêt à le suivre, nous avançons de vingtmètres, près d’un vieux banc enmétal. Il s’assied lepremierettapotel’espacevideàcôtédelui.Il a l’air si sérieux,devrais-jem’inquiéter ?Un jeunecouplepasse à côtédenous,maindans la
main.Kenattendqu’ils’éloigne,etmesinquiétudesredoublentjusqu’àcequ’ilparleenfin.–Jevoulaisteparlerdequelquechose.Sessourcilssefroncent,lefaisantparaîtrebienplusvieuxquesesdix-septans.–Tun’espasmourantaumoins?Jeluidonneunpetitcoupd’épaule,etilsedétendunpeu.Ilsecouelatête.–Non,non.Rienàvoiravecça.Unbruitentrelerireetlericanementnerveuxsortdesabouche.Qu’est-cequipeutbienlestresseràcepoint?J’aimeraisjustequ’ilcrachelemorceau.D’unetraite,
illâche:–Je-veux-demander-à-Trish-de-devenir-ma-femme.À présent, je souhaiterais lui enfoncer ses paroles au fond de la gorge, ou pire encore, qu’il
s’étouffeavec.Ok, peut-être pas quelque chose d’aussi affreux,mais n’importe quoi d’autre. Toutsaufça.–Dedevenirta…quoi?Jeluttepournepasmedécomposer.Kenrouledesyeux.
–Mafemme,imbécile.J’aienviedeluidirequ’ilnepeutpasl’avoir,quecen’estpasjustequecesoitluiquiluidemande
enpremier.Laisse-la choisir, j’ai enviede lui dire.Elle est censée être àmoi depuis toujours, j’aienviedeluibalancer.Aulieudequoi,jeluidis:–Pourquoimeledireàmoi?Monamiserassiedsurlebancetposesesmainssursesgenoux.–Jevoulaisjustem’assurer…Lesmotssemblentretenusdanssagorge.Etdanscesilence,soudain,jecomprendsquejesuiscoincé.Jedoischoisirentreêtrehonnêteavec
monmeilleuramioulerendreheureux.Impossibledefairelesdeux.Jemefendsd’unsourireetchoisissonbonheurplutôtquelemien.JenesuispassurprisquandTrishacceptelademandedeKen,maisjementiraissijedisaisquejene
m’étaispasaccrochéaufaibleespoirque,peut-être,ellem’aimaitaussi.Maiselleaimeencorepluslastabilité, et l’année suivante, jeme force àpenser àTrishuniquement commeà la fiancéedemonmeilleurami.Parfois,quandilss’embrassentdevantmoipuisqu’ilssedétachentl’undel’autre,jelasurprendsà
meregarder,commepouravoirmonapprobation.Jem’accrocheàunefaiblelueurd’espoir,cequirendmonannéeextrêmementdifficile.Quandjebaise,jepenseàelle.Quandj’embrassequelqu’un,j’aisongoûtdanslabouche.Jedoisarrêter.Audébut,c’estplutôtfacile.Jecessedecomparertouteslesfillesavecquijesorsàelle.Ellecesse
deglissersamaindanslamiennequandnousdiscutons.Jecommenceàvoirlemondesousunautreangle,maintenantquejenelavoispluscommel’ancredemavie.Ellenemeretientplusici.Plusriennemeretient.Jemesensdésormaisàl’étroitàHampstead.Jelesais.Trishlesait.Mêmelaboulangerieducoinse
posedesquestionssurmoncomportementcesdernierstemps,etsurlefaitquemespetitesexcursionshebdomadairespouracheterdessucreriessesontréduitesàzéro.Soudain, j’aspire davantage à découvrir le monde qu’à rester vivre dans cette ville. J’ai envie
d’allerauxÉtats-Unis,loindesespritsfermésdemescamaradesquin’ontaucunprojetd’avenir–etencoreplus,loindemesdeuxamoureuxpréférés.Enuninstant,jesuisdevenulacinquièmeroueducarrossedansnotrepetitebande,entreKen,Maxetleursfemmes.J’aienvied’enapprendreplussurlemonde,surlesgensengénéral,etjenepeuxpasm’enterrerici.Toutlemondeautourdemoiestdéjàbienenraciné.Ilsontouvertdescomptesenbanqueetchoisiuneuniversitélocale.Jevoisd’icileurambitions’arrêternetaumomentdeprendreleurpremierjob,lemêmequeceluid’undeleursparents.Ilsseconfortentdanscerôleetn’ontjamaisessayéd’enchercherunautre.Trish est devenue l’une d’entre eux. Autrefois étudiante passionnée par les arts, elle n’assiste
pratiquementplus à aucuncours aujourd’hui.Elle etKenont emménagédansunpetit appartementprèsdelafacdedroit,pourgagnerdutemps.Dernièrement,ilneressembleplusàrientellementiltravaille.Chaquefoisquejelevois,ilestderrièreunepiledelivres.Désormais,Trishtientpluslerôledemèrequeceluidefemmepourlui.Elleprogrammesesalarmeschaquesoir,s’assurequesesvêtementssontpropresetdisposéssursonlitlematin,luipréparesoncafé,sonpetitdéjeuneretsonrepasdumidi.Ellel’attendlesoiràlamaison,lenourritdebonspetitsplatschaudset,enretour,Kenl’ignore,luipréférantseslivres.Chaquejour,lemêmescénariofastidieuxserépèteenboucle.Elle
n’estpluslafilleenfleursd’autrefoisquiaimaitprendredesrisques.Elleestunefemmequiattend,surmenéeetenmanquedesommeil.Grâceàsesefforts,lepetitappartementesttoujourspropre,etelleamêmeréussiàluidonnerducharme.Trisharecueilliunchatonerrantet l’asurnomméGat,commel’undemespersonnagespréférés.JesuspecteKendesefoutreroyalementdecettecréature,commedunomqu’elleluiachoisi.Ellejouedemoinsenmoinsàsonjeudes«Etsi…»del’époquequej’adorais,etexprimedeplus
enpluscequis’apparenteàdel’anxiétéchronique.Ellenes’adonneplusàsesenvoléesfantaisistesquinousamusaienttant;aulieudeça,elles’inquièteàchaqueinstant,etjenesuispluspourelleuncompagnondejeudansunchampd’herbesmaisquelqu’unquidoitlarassurer,mêmesijenetienspaslapremièreplacedanssoncœur.Malgré tout, elle garde son humour – et je prie Dieu chaque nuit pour qu’elle ne le perde pas
complètement.Plusjepasselavoiretplusellesembleseconsumer.Jefaisl’effortdeluirendrevisitechaquesemaine,puisdeux foispar semaine,commeelleme ledemande.Kens’absentedeplusenplus longtemps, laissant leur maison de plus en plus vide. Elle partage ses craintes avec moi etchuchote ses questions les plus sombres dans l’obscurité de la pièce. Je prétends avoir toutes lesréponses,etentantquebonamiducouple,jel’encourageàpartagersespeursavecsonmari.Jesuisrapidementamenéàregrettercettedécision.Unenuit,l’unedesraresoùKenestàlamaison
etn’étudiepas,noussommestouslestroisassisautourdelatabledelacuisine,unverredewhiskyàlamain.Pendantuneconversationassezembarrassanteoùnousessayonsdenousteniraucourantdenosviesmutuelles,Kenremplitdenouveausonverre,sanss’embêteràmettredesglaçons–ilnelefaitplusjamais.Trishlâcheungrandsoupir,selèveetsedirigeverslepetitsalonpours’asseoirsurl’accoudoirdu
canapé.–Etsilemondeentiertenaitsousuneclocheenverredanslachambred’unenfantextraterrestre,
commeunesortedefourmilière?Jejureraisquel’accentdeTrishs’intensifiechaquefoisqu’elleboit.–Quellequestiontordue!Jerenifle,etlewhiskybrûlemesnarines.Kennesouritpas,lescoinsdeseslèvresneseredressent
mêmepaslégèrement.Jemelèvepourm’étireretpournepasêtreseulassisàcettetableaveclui.–Trèsbien.Etsilemondes’éteignaitdemain,nousprouvantàtousquenousperdonsnotretempsà
travaillersiduretàdormirsipeu?Ses yeux luisent dans la pièce sombre.Gat grimpe sur ses genoux, elle passe ses doigts dans sa
fourrurecouleurdefeu.Jeréfléchisàsaquestion.Si jemouraisdemain,saurait-elleàquelpoint jesouffrepourelle?À
quelpointjel’aime?Kenfinitparrire,maislaremarquequisuitn’estpasceàquoijem’attendais.–Travaillerdur?Commesituyconnaissaisquelquechose!Il sourit franchement maintenant, la tête inclinée en arrière d’une manière sinistre, les mains
s’appuyantsurlatable.TrishprenduneprofondeinspirationetGatsemblesentirlamenace.Jenelesai jamaisvussedisputer,maissic’est lecas, je seraisducôtédeTrish.Lechat sautesur lesolets’éloigneensedandinantdanslecouloir.Jedevraislesuivre–jedevraispartiretresterendehorsdeça–maisjenepeuxpas.Kenportesonverreàseslèvresetavalelerestedelaliqueurbrune.
–Pardon,maisjen’aipasdûbienentendre.Trishserrelesdents.J’ignorelamanièredontmesmainstremblentsouslatablequandilselèveetcommenceàhausser
leton.J’ignoremonenviedeleplaqueretdelesecouerjusqu’àcequ’ilseréveilledel’étatdemort-vivantdanslequelilestcesdernierstemps.Unétatdanslequelilsemetàluicrierdessus,àl’insulterethurlerdeschosesterriblesàsonsujet.J’ignorelafaçondontmonestomacs’embrasecommeunvolcanquandellelegifle.J’ignorelamanièredontseslarmesbrûlentlapeaudemesbrasquandjelatiens contre moi sur le canapé, après qu’il est sorti faire un tour, complètement soûl, à conduirequelquepartalorsqu’ilestincapabledemarcherdroitMaisaprèsqu’ils’enestallécommeunouragan,sansmêmeprendrelapeinedeseretournerquand
jel’appelais,jesuiscontentqu’ilsoitenfinparti.–Ets’ilnerevenaitpas?LeslèvresdeTrishtremblenttandisqu’ellecommenceenfinàsecalmer,satêtesurmapoitrine.–Ets’ilrevenait?Ellesoupireetserremesmainsdanslessiennes.Je baisse les yeux sur elle, etmon cœur se serre. Elle est si belle.Même quand ses lèvres sont
rougesd’avoirétémordilléesetquesesyeuxsontgonflésdelarmes.Elleestcalmemaintenant.Sesyeuxsontrivéssurmeslèvres.–Etsijemetrompaissurl’hommequejepensaisconnaître?Trishposecettequestionàtoutevitesse,etlasuivantelasuitdeprès.–Etsijepréféraisavoirdel’attentionplutôtqu’uneviestable?Ellesembleagitée,ellepassesesdoigtsdanssonépaissechevelurebrune.Puisellesetournevers
moienredressantlesépaules.–Etsijeconfondaisl’amitiéavecl’amour?Tupensesquec’estcequenousfaisons,Kenetmoi?Ellebaisselesyeuxversmesmainsquiseposentsurellesansmêmequejeleréalise.–Jenesaispas.Jeretiremesmainspourlespasserdansmescheveux,puism’enfoncedenouveaudanslecanapé.
J’aiconfonduamitiéetamourenchoisissantl’amitiéaudétrimentdemessentimentspourTrish,etmaintenant,mesmeilleursamisontconstruitunevieensemble.Leproblèmequ’ilsaffrontentn’estpasunmanqued’amourmaisunmanquedetemps.C’esttout.Ill’aime,etsiellem’aimaitmoi,ilyalongtempsqu’ellemel’auraitdit.Elles’agenouilleprèsducanapé,justepourpouvoirmetoucher.Samainpassedansmescheveux
pourlesrepousserenarrière.–Etsicen’étaitpassisimple?Sedoute-t-elledecequejeressenspourelle?Est-celaraisonpourlaquelleelles’approchedemoi,
unpeuplusprès,alorsquesapoitrinesesoulèveàchaqueinspiration?Lorsque sonvisage se retrouveàmoinsd’uncentimètredumien, elleme regardedroitdans les
yeux.–T’arrive-t-ildepenseràmoi,parfois?Notrehaleineestchargéedewhisky,bienquenousayonsbeaucoupmoinsbuqueKen.Etvoilà,je
mentionneKen,encore ;c’estcommesi saprésenceenvahissaitcetappartement.Luipeutsentir sapoitrinesoussesmains.Ilpeutcaresserlapeaublanchedesonventre,sescuisses.Seslèvrestouchentlessiennes.Ilpeutlagoûter…
Etjamaisçanem’arrivera,jamais.Jeluiréponds:–Jenedevraispas…Maisjeseraisidiotdenepaspenseràseshanchesfinesetàsapeauparfaite.Jel’aivuegrandir,et
fantasmersurellefaisaitpartiedemeshabitudesquotidiennes.Trishestsatisfaitedemaréponse.Jelevoisàsamanièredeselécherleslèvrestoutenfixantles
miennes,àlafaçondontsabouches’entrouvrelégèrement.Est-cequeçaveutdirequ’elleadéjà…ehbien,penséàmoi?Pourquelleautreraisonmeposerait-ellecettequestion?Quandsonregardseplantedanslemien,puisdenouveausurmabouche,jesenstouteraisonettout
self-control m’abandonner. J’enfonce ma main dans ses cheveux et écrase mes lèvres contre lessiennes.Jeprendssabouchedoucement,goûtantsalangue,seslèvres.Elleestàmoiàcetinstant,etnous en profitons tous les deux. Rapidement, elle devient plus impatiente, plus directe dans sesmouvements.Ellemeplaqueausol,puismonteàcalifourchonsurmoi.Danssonregard, je lisunprofond soulagement quand elle fait de nouveau glisser sa langue dans ma bouche. Je gémis ensoulevantmeshanchespourrencontrerlessiennes.Jebandeetjeveuxqu’ellelesente.Sesdoigtsenlacent lesmiens,puis lesguidententre ses jambes.Memontreràquelpointelleest
mouillée l’excite follement ; elle estprête à avouer sondésirpourmoi. Je suisprêt aussi et le luimontreenécrasantmonbassincontrelesien;ellepousseunrâleetmesupplied’allerplusloin.Pouvons-nous…–Etsionnoussurprenait?Elles’écartedemoiuneseconde.Jenesaispassiçamedérangeraitplusqueçafinalement.–Etsionnenoussurprenaitpas?Cettequestions’adresseàelle-même.Puisellecoupecourtàd’autrespotentiellesinterrogationsen
introduisantsalangueentremeslèvresetendéboutonnantmonpantalon.Samainglisseàl’intérieurpourempoignermonmembre,etjemefondsenelle.Toutesmescraintes–êtresurprisparunKenfouderage,savoirqu’ellenem’appartientpasetlestressquim’envahitquandjepenseàlalaisserseuleici–sesontévanouiesenunclind’œil.Laseulechoseàlaquellejepensec’estm’enfoncerenelle,lasentirtoutentièreàmoi.Je fais glisser mon pantalon en même temps que mon boxer. Sa bouche me goûte, sa langue
m’exploreetlèchemesveinesgonfléesjusqu’àlabase.Ellefermelesyeuxetsavouredemeprendreenentierdanssabouchehumide,jusqu’aufonddesagorge,puiselleseretire.Ellecommenceàsedétendrequandelles’activesurmoid’unemanièrerapidebienquetrèsefficace.Ellemedonneduplaisircommesic’étaitladernièrefoisqu’ellemegoûtait.C’estvrai,elleneleferaplus.Alors,jeluidemande:–Allonge-toi,faceàmoi,lesjambesécartées.Jeveuxteregarder.Jedois la contempler intensémentpourqu’elle resteà jamaisgravéedansmamémoire.Trish se
déplaceaumilieudutapis, traînant la tablebasseenboissur lecôté.Ellesedéshabillerapidement,maisjem’enfichecarl’observerlefaireestleplusimportant.Salonguerobeencotontombeàsespieds, et ses doigts sont déjà en train de dégrafer son soutien-gorge blanc tout simple.Mes yeuxsuivent lescourbesde soncorps ; ses tétons sedurcissentquandmon regard sepose sureux.Sonventreestferme;lesmusclesdesonbustesecambrentplusbas,auniveaudeseshanches.J’aidespalpitationset jemesenslourdquandjelarejoins.Elleestallongéesurletapis,écartant
grand les jambes pour moi. Mon membre se dresse violemment entre nous, j’effleure sa chatte
mouillée.Jejureraispouvoirsentiràquelpointelleestétroite.Jem’approcheplusprès,mecolleàelleet commenceà la remplirdoucement.Putain, j’ai l’impressiondem’enfoncerdansungantdeveloursquandjelapénètre,dansunmouvementdeva-et-vient.Jamaisjenepourraim’arrêter.Jesuisdéjàcomplètementaccroàelleetj’enveuxdavantage.LesyeuxdeTrishserévulsentdeplaisir,etjesaisquejenevaispaspouvoirmeretenirtrèslongtemps.Jem’enfonceprofondémentenelleàlongscoups de reins et elle enroule ses cuisses autour de ma taille. Elle est en train de jouir, « siviolemment », gémit-elle en agrippant mes bras pendant que je la baise plus fort encore. Je merépandsenelle,enespérantquecenesoitpaslapremièreetladernièrefoisquejepourraipossédersoncorpsdecettemanière.Jesenssarespirationsaccadéecontremonépaule.J’embrassel’empreintemouilléelaisséeparmalanguesursoncou.Quelques minutes plus tard, nous revenons à la réalité dans un tumulte de bras et de jambes
endoloris,desueuretdesoufflescourts.Trishestassisesurlesol,lesjambescroisées.Jesuisassissurlecanapé,essayantdegardermesdistancesautantquepossible.–Etsinousnepouvionsplusnousarrêter?Elleposed’abordsonregardsurmoi,puisverslatabledelacuisine.Jenesaispastropquoifaire.Jenesaispascequejeveuxnicequ’elleveut.Jenesaispascequiest
possible,alorsbêtementjeluiréponds:–Nousn’avonspaslechoix,jeparslemoisprochain.Mêmesiellelesait–mêmesiellem’aaidéàréservermonbilletd’avion–,elletournesubitement
latêteversmoi,commesielleapprenaitcettenouvellepourlapremièrefois.Puis, sans dire un mot, elle hoche la tête, et nous ressentons tous les deux un déferlement de
culpabilité,desoulagementetdeperte,pourquelquechosequenousn’avonsjamaisvraimenteu.
. .LEMERVEILLEUXPRÉSENT…
Kenétaitmonami–jediraismêmemonamileplusproche–etj’étaiscomplètementobsédéparsafemme.J’aimaislafoliedecettefemmeetlefeuquibrûlaitenelle.Elleétaitstimulanteetbrillante–mesfaiblesses.Cequenousfaisionsétaitinacceptable,ellelesavait.Ellelesavait,maisc’étaitplusfortquenous.Nousétionscoincés,victimesd’unmauvais timingetdemauvaischoix.Chaquefoisque jem’effondrais,épuiséethaletantsursoncorpsnu, j’essayaisdemeconvaincrequecen’étaitpasdenotrefaute.Nousnepouvionsjustepasnousenempêcher,onn’ypouvaitrien.C’étaitlafautedel’univers,descirconstancesdecettesituation.J’ai été élevé ainsi. Plus jeune, onm’avait enseigné que rien n’était dema faute.Monpère avait
toujours raison,mêmequand il avait tort, et il avait appris à son fils aînéà raisonnerde lamêmemanière.J’étaisunenfantpourrigâté,exceptéparl’argent.Encompagniedemonpère,j’aiapprisàdevenirarrogant.Monpèren’ajamaisreconnuaucunedeseserreurs,iln’ajamaiseubesoindelefaire.J’aiapprisquedanslavieilyauraittoujoursquelqu’unsurquirejeterlafaute.Puisj’aiessayéd’êtreunpèredifférent,unmeilleurpère.Kimberlymeditquejefaisdubonboulot.Ellem’encensebienplusquejelemérite,maisjeprends
cequ’ellemedonne.Illuiarriveaussidemecritiquer,parfois–sonvocabulaireestalorspirequeceluidemespotesdefacaprèsavoirdescendutoutunpackdebièresbonmarché.–TupeuxmettreKarinaaulit,jet’attends.
Kimberlym’embrassesurlajoue,medonneunepetiteclaquesurlesfessestoutenmefaisantunclind’œiletsouritmalicieusementensedandinantverslachambre.J’aimecettefemme.Karinafaitunpetitrotdanssonsommeil,alorsjetapotedoucementsondosavecmamain.Ellelève
unedesespetitesmainsetagrippelamienne.Jen’arrivetoujourspasàcroirequejesuispèredenouveau.Jesuisvieuxmaintenant.Deszones
grisescommencentàapparaîtreicietlàdansmescheveux.AprèsqueRoseestdécédée,nouslaissantseulsSmithetmoi,jenem’attendaispasàavoird’autres
enfants.Ni àdécouvrir que j’en avaisdéjà euunautre.Pire encore, de lamanièredont les chosesavaientdémarré,jenem’attendaispasàavoirunfilsdevingtetunansdansmavie,unhommequiseraitcommeunami.Hardinfutmonplusgrandregretcommemaplusgrandejoie.Jem’inquiétaisbeaucouppoursonavenir.Tellementquejel’aiembauchéauxéditionsVance,justepourm’assurerqu’ilauraitunjob.Cequejenesavaispas,c’estquec’étaitunputaindegénie.Ilavaittantdedifficultésàl’adolescence
que je pensais qu’il gâcherait tout ou qu’il finirait sa vie avant même qu’elle n’ait vraimentcommencé.Ilétaittoujourstellementencolère.Cepetitmerdeuxafaitvivreuncalvaireàsapauvremère.J’aiobservéHardin, jeunegarçonseuletperturbé,devenirunbrillantauteurdebest-sellersetun
avocatpourlesenfantsdéfavorisés.Jen’auraispaspurêvermieuxpourlui.Smiths’inspired’Hardinsurtouslesplans,àl’exception,évidemment,desestatouages,sujetsurlequelilsadorentsedisputer.Smith les trouve kitsch et Hardin adore lui montrer chaque nouveau tatouage qu’il arrive, on sedemandecomment,àintégreràceuxqu’iladéjà.Je baisse les yeux versma beauté endormie dans son berceau et, alors que j’éteins la lampe de
chevet sur la commode, je fais la promesse silencieuse à cette douce et précieuse petite fille dedevenirlemeilleurdespapas.
H
SmithPlus jeune, il ne savait pas comment être unmodèle pour les autres. Que quelqu’un puisse vouloir lui ressembler était un putain demystèrepourlui,etpourtantcefutlecasdupetitgarçon.Lepetitgarçonàfossetteslesuivaitpartout,chaquefoisqu’illuirendaitvisite.Alorsquelegarçongrandissait,luiaussidevenaitplusmature.Cepetitgarçonfiniraitpardevenirl’undesesmeilleursamis,etletempsqu’ildevienneaussigrandquelui,ilseraitsonfrèrepourdevrai.
. .ardinvientàlamaisonaujourd’hui.Jesuisencoreplusexcitéqued’habitudeparcequ’iln’estpasvenudepuisplusieursmois.Lorsdesondéménagement,ilavaitpromisdevenirmerendre
visitedetempsentemps,autantquepossible,disait-il.J’appréciequ’ilait tenusapromessejusqu’àprésent.Cesderniersjours,monpèren’arrêtepasdemedonnerdestrucsàfairepourm’occuper,comme
desdevoirsdemaths,viderlelave-vaisselleousortir lechiendeKimpourqu’ilfassesesbesoins.J’aimebienpromenerlechien,Teddy–ilestgentilettoutpetit,jepeuxdoncleporterdansmesbrasquand il est trop fainéant pour marcher. Mais je reste quand même vraiment excité par la visited’Hardin.C’étaitunelonguejournéeaujourd’hui,entrel’école,maleçondepianoetmaintenantlesdevoirs.
J’entendsKimberlychanterdansl’autrechambre.Bonsang,cequ’elleestbruyante.Parfois,jemedisqu’elle pense chanter juste, donc je ne lui dirai pas la vérité.Quelquefois, ses notes haut perchéeseffraientmêmesonpetitchien.Chaquefoisqu’ilvientàlamaison,Hardinm’apporteunlivre.Jeleslistoujours,nousenparlons
unpeuet,plustard,nousnousécrivonsàleursujet.Parfois,ilmedonnedeslivrescompliquésquiutilisentunlangagequejenepeuxpascomprendre,oudeslivresquemonpèremeconfisquecarilpensequejesuistropjeunepourleslire.Ils’ensertalorspourfrapperlatêted’Hardin,avantdelesmettredecôtépourquejeleslise,«unjour».JetrouveçadrôlequandHardinditdesgrosmotsàmonpère,cequiaccompagnegénéralementles
coupssursatête.Unefois,Tessam’aracontéqu’Hardinavaitl’habitudedem’apprendredesgrosmotsquandj’étais
plusjeune,maisjenem’ensouvienspas.Tessameracontetoujourspleind’histoiressurquandj’étaispetit.Ellebavardeplusquen’importequid’autre,saufKim–personneneparleautantniaussifortqueKim.Tessan’enestpasloin,pourtant.Quand je passe la porte d’entrée, le système d’alarme sonne plusieurs fois. Je tourne la tête et
aperçois l’écran de laTVdu salon allumé.Le visage d’Hardin, avec son gros nez, prend toute laplace sur l’écran. Je vois son coumaintenant, et ses tatouages donnent l’impression qu’il est toutgribouillé.Jerigoleetj’appuiesurleboutonduhaut-parleur.Hardinmedemande:
–Tonpèreaencorechangélecode?C’estdrôleparcequeseslèvresbougentplusvitesurl’écranquesavoixàtraverslesenceintes.Savoixestpratiquement lamêmequecelledemonpère,maisplus lente.Magrand-mèreetmon
grand-pèreparlent commeeuxparcequ’ils sonteuxaussinésenAngleterre.Monpèreditque j’ysuis allé quatre fois, mais la seule fois dont je me souvienne, c’est l’année dernière, quand noussommesallésaumariagedesonami.Monpères’estblessépendantceséjour–jemerappellequesajamberessemblaitàunmorceaude
viandequ’onauraitmoulinépourlefairecuireetlemanger.Çam’afaitpenseràTheWalkingDead.(Mais il ne faut pas lui dire que j’ai trouvé unmoyen de regarder les épisodes.) J’ai aidéKim àchangersespansements,c’étaitvraimentdégueu,maisaufinal,iladescicatricestropcool.Kimadûletrimballersurunechaiseroulantependantunmois;elleaditqu’ellelefaisaitparamourpourlui.Sijamaisjemeblessaisaupointd’êtreenchaiseroulante,jesuissûrqu’ellemepousseraitmoiaussi.J’ouvreàHardinetvaisdanslacuisine.J’entendsseschaussurespiétinerlesoldusalon.Kimentredanslacuisine:–Smith,chéri,tuveuxmangerquelquechose?Aujourd’hui, ses cheveux tombent en boucles autour de son visage ; elle ressemble à son chien,
Teddy,dontlespoilssonthirsutes.Jesecouelatêtepourluisignifierquenon,etHardinnousrejoint.–Moioui.J’aifaim!–Jenet’aipasdemandétonavisàtoi.J’aidemandéàSmith.Ellepasselesmainssursarobebleue.Hardinrigole,plutôtfort.Quandilsecouelatêtecommeça,ilmeressemble.–Tuvoiscommentellemetraite?Elleesthorrible.Jerigoleaussi.Kimditqu’Hardins’enprendàelle.Ilssonttropdrôlestouslesdeux.Kimouvrelefrigoetensortunecarafedejusdefruits.–Tupeuxparler!Hardinrigoledenouveauets’assiedsurunechaiseprèsdemoi.Danssesmains,iltientdeuxpetits
paquetsemballésdansdupapierblanc.Pasderubannidepetitmot.Jesaisquec’estpourmoi,maisjeneveuxpasavoirl’airimpoli.Je les fixe en essayantde lire le titredes livres à travers lepapier,mais çane sert à rien. Jeme
tourneverslafenêtreetfaisminederegarderdehorspournepasparaîtretropmalélevé.Hardinposelespaquetssurlebar,etKimmetendunverredejusdefruitsavantdeserendredans
le garde-manger pour chercher des chips. Mon père dit toujours à Kim de ne pas me laisser enmanger,maisellen’écoutepas.Monpèreditqu’ellen’écoutejamaisrien.J’attrapelesachet,maisHardinmelepiqueetl’agitequelquessecondesau-dessusdematête.Ilmesourit.–Jepensaisquetun’avaispasfaim.Letrousoussalèvreressembleàunpointquequelqu’unauraitdessinésursonvisage.Ilavaitun
piercingavant,jem’ensouviens.Jeluidistoujoursdeleremettre,maisluimeditd’arrêterd’écouterTessa.–Maintenant,j’aifaim!Jebondiset luiarrache lesachetdesmains,etçacraquedrôlement.Hardinhaussedesépauleset
semblecontent.Ilmetrouvedrôle.Ilmeledittoutletemps.Une fois que j’ai ouvert le sachet, il prend une grosse poignée de chips et les enfourne dans sa
grandebouche.–Alors,tun’ouvrespastescadeauxavantd’avoirdeschipspleinlabouche?Desmiettesdechips s’éparpillentautourde luiquand ilparle, etKimgrimace.Elleappellemon
pèreenhurlant:–Christian!JerigoleetHardinfaitsemblantd’avoirpeur.J’écartelesachetdechips.–Ok,puisquetumeledemandes,jeveuxouvrirleslivresd’abord.Hardinprendlesdeuxpaquetsetlestientbienserréscontresapoitrine.–Deslivres,hein?Qu’est-cequitefaitcroirequejet’aioffertdeslivres?–Parcequec’estcequetufaistoutletemps.Jeluimontreleplusgrosqu’ilfaitglissersurlebar.–Touché.Jenesaispasbiencequecelasignifie.Oubliantmesbonnesmanières,jedéchirelepapierjusqu’àcequelacouverturecoloréeapparaisse.
C’estungarçonavecunchapeaudesorcier.Jelisletitreàvoixhaute:–Lachambredessecrets.J’adorecettesérie!Jevienstoutjustedeterminerleprécédent.JeregardeHardindégagersescheveuxdesonvisage.Jesuisd’accordavecmonpère–ildevraitse
lesfairecouper.IlssontaussilongsqueceuxdeKimmaintenant.Ilpointelelivredudoigt:–C’estencoredelapartdeLandon.Iladorelepetitsorcier.Monpèreentredans lacuisineet jurecontreHardinqui luidonneune tapesur l’épaule.Kimles
traitedegaminsetmeditquejesuisplusadultequ’eux.–Ehbien,c’estgentildesapart.Smith,tut’assurerasdebienremercierl’amideTessa.Hardinsemoquedelaremarquedemonpère.–L’amideTessa?C’estmonfrère.Ilsourittoutengrattantlestatouagessursesbras.Jeveuxdestatouagescommelessiensquandje
seraiplusgrand.Monpèreneveutpas,maisKimm’aditqu’unefoisquejeseraipartidelamaison,ilnepourrapasvraimentm’enempêcher.Jepourraiavoirtoutcequejeveuxquandjeseraiplusgrand.Jeluifaisremarquer:–Cen’estpas
tonvraifrère.Monpèrem’aexpliquéqueLandonn’étaitpassonfrèrepourdevrai.Lesourired’Hardins’agrandit,puisilhochelatête.–Ouais.Maisc’estmonfrèrequandmême.Jem’interrogesurcequ’ilveutdireparlàpendantqueKimdemandeàmonpères’ilafaim.Hardin
regardeautourdeluidanslacuisine.Ilal’airunpeutristetoutàcoup.Jeluidemande:–Tonpapaestmonpapa.DonclamamandeLandon,c’esttamaman?Hardinfaitnondelatête,etmonpèreembrasseKimsurl’épaule,cequi,biensûr,lafaitsourire.
Ondiraitqu’illafaitsouriretoutletemps.–Parfoiscertainespersonnespeuventsesentirdelamêmefamillesansavoirlesmêmesparents.Hardinmefixecommesij’étaissupposérépondrequelquechose.Jenecomprendsvraimentpasce
qu’il veut dire,mais s’il veut que Landon soit son frère aussi, ça neme dérange pas. Landon estvraimenttrèsgentil.IlvitàNewYork,doncjenelevoispassouvent.Tessaestlà-bas,aussi.Etmonpèreyaunbureau;trèsclairetquisentcommedansleshôpitaux.Hardinposesamainsurlamienneetjeleregarde.
–Cen’estpasparcequeLandonestmonfrèrequetunel’espasaussi.Tulesais,hein?Jesuisunpeugênéparcequ’ondiraitqueKimvasemettreàpleureretmonpèreal’aireffrayé.–Jesais.Jemepenchesurlelivred’HarryPotter.–Landonpeutêtremonfrère,luiaussi.Hardin a l’air heureux quand il sourit, et je lève de nouveau les yeux vers Kim pour regarder
l’expressiondesonvisage.–Ouais,biensûrqu’ilpeut.PuisilregardeKim.–Arrêtezçatoutdesuite,Madame!Ondiraitquequelqu’unvientdemouriràvoirvotreréaction.Mon père traite Hardin de tous les noms, et Kim fait un bond de côté pour éviter la pomme
qu’Hardinluibalance.Ondiraitunjoueurdebase-ballàlamanièredontil lalancedanslesairs…puiscroquededans,cequinousfaittousrire.J’attrapelesecondlivrequ’Hardinfaitglissersurlebar.Lepapierestplusdifficileàarracher,etje
mefaisunepetitecoupureàcausedel’undescoinsdulivre.Jegrimaceunpeutoutenespérantquepersonne n’aura remarqué. Si j’en parle, Kim voudra tout de suite me désinfecter et mettre unpansement,alorsquelà,j’aijustetrèsenviededécouvrircenouveaulivre.Une fois le dernier morceau arraché, je vois une grosse croix sur la couverture du livre. Je
prononceletitreàvoixhaute:–Dra-cu-la?J’enaidéjàentenduparler.C’estunlivresurlesvampires.Monpères’écartedeKimets’avanceprèsdubar.–Dracula?Tuplaisantesj’espère.Iln’amêmepasdixans!Iltendlamainpourrécupérerlelivre.Je regarde Kim pour chercher du soutien, mais elle pince les lèvres et lance à Hardin d’un air
sévère:–D’habitude,jesuisdetoncôté…Hardinlatraitedementeuse,maisellecontinuedeparler.–MaisDracula?Choisircelui-làparmitousleslivres?HarryPotteretDracula–quelmélange!Monpèrehoche la têteet reste immobilecommeunegrandestatue.C’est toujourssamanièrede
fairequandilveutmontrerqu’ilaraison.Auboutd’unmoment,Hardinlèvelesyeuxaucielettiresurlecoldesont-shirtnoir.–Désolé,mec,tonpèreestuncrétin.TupeuxlireLachambredessecretsmaintenant,etquand je
reviendrailaprochainefois,jet’enapporteraiunautre…–Unautresansscènesdeviolence.LaréflexiondemonpèrefaitsoupirerHardin.–Ok,ok.Pasdeviolence.Ilprendunedrôledevoixpourdireça.Jerigoledenouveau.Monpèresourit,etKimleprenddanssesbras.JemedemandecombiendetempsvapasseravantquejenerevoieHardin.–Quandest-cequetureviens?Hardinsefrottelementon.–Hmm,jenesuispassûr.Dansunmois,peut-être?Unmois,c’estvraimentlong,maisjesupposequelireHarryPotterseralongaussi…Hardinserapprocheunpeudemoietmechuchote:
–Jereviendraitoujoursett’apporteraiunlivreàchaquefois.–Commemonpapafaisaitavectoi?Sesyeuxseposentsurmonpapa.Notrepapa.Hardinnel’appellepaspapa,pourtant.Ill’appellepar
notrenomdefamille,Vance.Pasceluid’Hardin;lesienc’estScott.Çavientdesonfauxpapa.Quand j’aivouluappelermonpapaVance, ilm’aditque je seraispuni jusqu’àmes trenteans si
jamaisjerecommençais.Jen’aipasenvied’êtrepuniaussilongtemps,alorsjel’appellePapa.Hardinmontesurlachaise.–Ouais,commeilafaitavecmoi.Ilaencorecetairtriste,maisjen’ensuispasvraimentsûr.Hardinal’habituded’êtretoutletemps
triste,puisencolère,puisderigoler.Ilestvraimentbizarre.–Commenttusaisça,Smith?HardinrougitàlaquestiondePapaetmarmonne:–Neluidispas.Jetendslamainpourattraperleschips.–Hardinneveutpasquejeledise.Hardin se frappe le front, puis lemien, etKim nous sourit. Elle sourit beaucoup, tout le temps.
J’aimequandellerigoleaussi;çasonnebien.Monpères’approchedenous.–Cen’estpasHardinquifaitlesrèglesici,tutesouviens?Monpèreposesesmainssurmesépaulesetlesfrictionne.J’aimebienquandilfaitça.– Si tu me racontes ce qu’Hardin t’a dit, je t’emmènerai manger une glace et t’achèterai de
nouveauxrailspourtontrain.C’estmonjeupréféré.Monpèrem’achètetoujoursdenouveauxrailsàajouteràceuxquej’aidéjà.
Et lemoisdernier,Kimm’aaidéà toutemménagerdansunepiècevide, alorsmaintenant j’aiunepièceentièrerienquepourmestrains.Ondiraitqu’Hardintranspiretoutàcoup.Maisiln’apasl’airencolère,doncjemedisquejepeux
enparleràmonpère.Enplus,j’auraidenouveauxtrucspourmestrains.Jebrandislesgroslivres.–Iladitquetuluiapportaisdeslivrescommeceux-là.Etqueçalerendaitheureuxquandilétait
petitcommemoi.Hardindétournelatête,etmonpèreal’airsurprisparcequejeviensdedire.Sesyeuxbrillentetil
mefixeduregard.–C’estcequ’ilt’adit?Lavoixdemonpèreestbizarre.Tropbizarre.Jerépondsenhochantlatête:–Ouais,c’estcequ’il
m’adit.Hardinrestesilencieux,maismeregardedenouveau.Sonvisageesttoutrougeetsesyeuxbrillants
commeceuxdemonpère.JeregardeKim.Elleasesmainsdevantlabouche.–J’aiditquelquechosedemal?MonpèreetHardinrépondent«non,non»enmêmetemps.–Tun’asrienditdemal,petitbonhomme.Monpèreposel’unedesesmainssurmondos,l’autresurceluid’Hardin.
N
HessaewYorkconnaîtl’undesesétéslespluschaudsquandTessaaccouched’Auden.Noussommesmardi,lejourdelasortiedemonnouveauroman.Tessaetmoisommesallongéssurletapiset
fixonsleventilateurduplafondquenousavonstoutjusteinstallélasemainedernière.Pouruneraisoninconnue,nouscontinuonsdedécorerconstammentnotrepetitappartement.Nous
savons que nous ne resterons pas ici, et pourtant nous persistons à dépenser de l’argent pour cetendroit.Quandnousavonsdécidésuruncoupdetêtederefairecomplètementlachambredenotrefilsalorsqu’iln’avaitquehuitsemaines, la tâches’estavéréebienpluspéniblequeceàquoinousnous attendions.À cause des travaux, le berceau d’Auden s’était retrouvé en pleinmilieu de notrechambre,aupieddulit.Jemesentaisoppresséetàl’étroit,commesinousétionsdesréfugiéssurunpetitbateauquidécidentde laisser lacabineprincipaleà leurenfantdecinqans,notrefilleEmery,pendantquenousprenonsleradeaudesauvetage.Tessadoreça.Certainesnuits,elles’endortlespiedscontrelatêtedelit,entenantlamaind’Emery.Laplupartdu
temps,jelaréveillepourlaremettredanslabonnepositionenmordillantsonoreilleouenmassantses épaules tendues. Sinon, j’enroulemes bras autour de ses jambes etm’endors comme ça.Quoiqu’il arrive, il fautque je la touche.Elle finit toujours contremoi aupetitmatin, àmordillermonoreilleouàmassermesépaulesàsontour.J’ai l’impressiond’êtreunvieillard ;mondosmefaitmalà forced’avoirbesoindeces foutues
positionspourécrire:avachisurlecanapéoulesjambescroiséessurlesolavecmonordinateursurlesgenoux.Tessapointeleventilateurdudoigt.–Ilestabîmé.Nousdevrionslerepeindre.Encemoment,lachambred’enfantestpeintedansunjaunepâleassezdouxpournefairenitrop
masculinnitropféminin.Nousvoulionsquecettepièceresteplutôtclairepouréviterdereproduirelesmêmeserreurs–etderevivrelemêmecalvaire–quelorsquenousavionssupposéquenotrefillevoudraitdesmurs rosebonbon.Nous lesavionsdoncpeintsdanscettecouleuravant sanaissance,jusqu’àcequ’Emeryserendecomptequ’ellen’aimaitpasvraimentlerose.Celanousavaitpristroisaprès-midientièresettroisbonnescouchesdevertpourrecouvrircettesacréecouleur.Nousavonsdonctirélesleçonsdecetteexpérience,etTessaaapprisquelquesnouveauxgrosmotsdemabouche.Elleatellementinsistésurlefaitquelejaunepasteldiscretétaittendancequenousavonsoptépourcette couleur ; tout lemonde sait que jeme dois de faire mieux que nos voisins et satisfaire mafemme. Ça, et aussi le fait que ça sera vraiment plus facile de repasser par-dessus quand Audencommenceraàexprimersespréférences.La chambre d’enfant possède toutes sortes de nuances de jaune. Je ne savais pas qu’il en existait
autantniqu’ellespouvaientdétonneràcepoint-là.Ellesproviennenttoutesdespetitesexcursionsde
TessachezIKEAetPotteryBarn,cequi,j’ensuissûr,arriveaumoinstroisfoisparsemaine.Elleytrouvetoutessortesdechosesqu’elleadoreetqu’elleserrecontresapoitrine,ens’exclamant:«Cecoussinirateeeellementbien!»ou«Cejouetestsimignonquejepourraislemanger!»Puislesobjets en question finissent sous l’un des coussins du canapé ou, au hasard, dans un coin de lachambred’enfantqu’elleestimen’êtrejamaisassezremplie.Aufinal,lapièceressembleàunegrossebouleàfacettesflamboyantes,sibienqueTessanepeut
pasyresterplusdedixminutessansavoirlanausée.Ellem’afaitpromettrequejenelalaisseraisplusjamaisdécorerunepièce–encoremoinsunechambred’enfant.Etmaintenant,elleveutquejerepeignetoutdenouveau.Qu’est-cequejeneferaispaspourcettefemme.Etjeferaisbienplusencore.Jefaistoutcequejepeux.Une chose que j’aimerais faire pour elle, si j’avais une baguettemagique, serait de réussir à ce
qu’elle laisseson travailaubureau.Elleest tellement fatiguéedepuisquelque temps,etçamerendfou,putain.Ellenelèverapaslepied,jesaisàquelpointelleadoresontravail.Sacarrière,c’estsontroisièmebébé.Ellebosseincroyablementdurpourréaliserlesplusbeauxmariagesquiaientjamaisexisté.Elleestdébutante,toutenouvelledanscemilieu,etpourtantelleestvraimentincroyable.Tessaétaitterrifiéeaumomentdemeparlerdesonchangementéventueldecarrière.Ellefaisaitles
centpasdansnotrepetitecuisine.Jevenaisjustederemplirlelave-vaisselleetdeterminerdeposerduvernissurlesonglesd’Emery.Jepensaism’ensortirplutôtbiendanscettenouvelletâche,maisEmeryafaitensortequeTessam’incendiequandj’aidéclaréque lecarnageque jefaisaissursespetitesmainsn’était pasmal, alorsqu’en réalité levernis rougedonnait l’impressionqu’elle avaitassassinéquelqu’un.Jenepensaispasquemesenfantspuissentavoirunetellesensibiliténiunsensdel’humouraussi
aiguisé.–Bon,j’aienviededéclinerlapromotionchezVanceetderetourneràl’école.Tessaavaitprononcécesmotssuruntonparfaitementneutre.Oudumoinscequejeprenaispourdelaneutralité.Emerys’étaitassiseensilence,n’ayantaucune
idéedel’impactqueleschoixdesadultespeuventavoirsurleursvies.–Vraiment?J’essuyaisuneassietteavecuntorchon.Tessaacoincésalèvreinférieureentresesdents,etsesyeuxsesontélargis.–J’yaibeaucouppensécesdernierstemps,etsijenelefaispas,jevaisdevenirfolle.Ellen’avaitpasbesoindeme l’expliquer.Tout lemonde rêvedechangementde tempsen temps.
Même moi, il m’arrivait de m’ennuyer parmi mes livres si bien que Tessa m’avait donné l’idéed’intervenircommeprofremplaçantdeuxoutroisjoursparmoisàValsa,l’écoleprimaired’Emery.C’estlàquetravailleLandon.Embauché, j’avaisdémissionné trois joursplus tard,maisce futuneexpérienceenrichissantequi
m’afaitgagnerdespointsavecmafille.Commetoujours,j’aiencouragéTessaàfairecequ’elledésirait.Jevoulaisqu’ellesoitheureuse,et
ce n’est pas comme si nous avions besoin d’argent. Je venais tout juste de signer mon prochaincontratavecVance,letroisièmedecesdeuxdernièresannées.L’argentgagnégrâceàAfterestallédirectement sur un compte pour les enfants. Bon, juste après avoir acheté à Tessa un cadeau quivoulaitdire«s’ilteplaîtpardonne-moid’êtreunputaind’idiotenpermanence».Quelquechosede
simple:unbraceletàbreloquesenmétalpourremplacerl’ancienquiétaitenfil.Auboutdequelquesannées,lesfilss’étaientabîmés,maisTessaavaitgardélesbreloques.Elleétait
complètement surexcitée en découvrant qu’il était possible d’en ajouter ou de les changer sur cenouveaubracelet.Leconceptmesemblaitassezdébile,maiselleadorait.Lematin suivant,TessaadiscutéavecVance,déclinépoliment lapromotion,puis,de retourà la
maison,apleurépendantuneheure.Jesavaisqu’ellesesentiraitcoupabledequittersontravail,maisqu’elle ne resterait pas contrariée longtemps. Je savais aussi que Kim et Vance la rassureraientquotidiennementenattendantlafindesesdeuxsemainesdepréavis.Quand elle eut à organiser lemariage de son premier client, elle hurla de joie et je l’observais
s’animer comme jamais. Jene savais toujourspaspourquoi cette femme insensée était restée avecmoi après toutes les conneries que je lui avais fait endurer étant plus jeune, mais j’étais contentqu’ellel’aitfait,putain.Neserait-cequepourlavoiraussiexcitéequemaintenant.Évidemment, Tessa avait tapé dans le mille pour ce premier mariage. Ensuite, elle avait eu
recommandationssurrecommandations,cequiluipermitd’engagerdeuxemployésaprèsseulementquelquesmoisd’activité.J’étaisfierd’elle,etellel’étaitaussi.Avecdurecul,çasemblaitfouqu’ellecraigned’échouer.Tessa faitpartiedecespersonnes insupportablesqui transformentenor toutcequ’ellestouchent.C’estunpeucequis’estpasséavecmoi.Elle ne faisait que travailler, travailler, et se surmenait encore,même juste après l’accouchement
d’Auden.J’insiste:–Tuasbesoind’unevraienuitdesommeil.Tuespratiquemententraindet’endormirlà,parterre,
enfixantleventilateur.Uncoupdecoudejoueurs’enfoncedansmahanche,etellemechuchotedanslecou:–Jevaisbien.C’esttoiquin’aspratiquementpasdormidelanuit.Je sais qu’elle a raison,mais les délais qu’ilme faut tenir neme permettent pas dem’accorder
beaucoup de sommeil. Par ailleurs, quand je bloque sur un passage, il reste figé dans ma tête etm’empêche de dormir. Pourtant, je n’aime pas l’idée qu’elle remarquemonmanque de sommeil,puisqu’elle s’inquiétera toujours bien plus pourmoi que je le feraimoi-même. Je glissemamainsoussont-shirtpourcaressersonventreetinsiste:– Je suis sérieux.Tu asbesoinde faireunbreak.Tu te remets tout justedupetitmonstrequi t’a
ouverteendeux.Elletressaille.–Arrête.Elle gémit en essayant de repousser ma main de sa peau douce. Je déteste qu’elle devienne si
complexéedepuisquenousavonsnotrefils.Lanaissanced’Audenacauséplusdedégâtsàsoncorpsqu’Emery,maispourmoi,ellerestetoujoursplussexyquejamais.Jenesupportepasl’idéequemacaressepuisselarendremalàl’aiseàcepoint.–Bébé…Jeretiremamain,justepourprendreappuisurmoncoude,puisjemetourneverselleensecouant
latête.Elleposedeuxdoigtstièdescontremeslèvresetsourit.–Jeconnaiscettepartieduroman.C’estlemomentoùtumesorslediscourshéroïquedumarisur
cequej’aiaccomplipouravoircescicatricesetàquelpointcetactemerendplusbelle.Tessadonneunetournuredramatiqueàchaquemot.Elleatoujoursétéunepetitemaligne.–Non,Tess,c’estlemomentoùjetemontrecequejeressensquandjeteregarde.Jeposemamainsursapoitrineetl’étreinsjusteassezfortpourl’enflammeretexcitersoncorps.
Unpetitbruits’échappedesaboucheavantmêmequ’ellenes’enrendecompte,puisellegémitquandjepincesestétonstoutdursàtraverssesvêtements.Elleenaenvie.Jelesais.Elles’offreàmoiouvertement,etjem’enflammeinstantanément.Mamain s’aventure rapidement sous son short.Évidemment,une tachehumide s’estdéjà formée
surledevantdesaculotte.J’adorelasensationdesonhumiditéetmeursd’enviedelasentirsousmalangue. Je retiremes doigts et les porte àmes lèvres. Tessa gémit, puis attiremon index et monmajeurdanssabouchepourensucerlesextrémités.Putain,cettefemmemerendfou.Sesyeuxsontplantésdanslesmienstandisquesesdentsmordillentmesdoigts.Jepressemabite
contresoncorpspourluifairesentiràquelpointsonpetitjeum’excite.Jetiresurlaficelledesonshortencoton,puislefaisglisserlelongdeseshanchesjusqu’àsespieds.Elledonnedescoupsdepiedénergiquesquandsaculotterestecoincée.Ellemeveut, là toutdesuite.Ellebouillonneautantque moi lorsqu’elle me déshabille. Le temps de me grimper dessus, elle a déjà retiré tous mesvêtements.LescomplexesdeTessasemblentavoirdisparuquandelleglisselelongdemoncorpsetapprocheseslèvreshumidesdemonmembretendu.Ellemecaresseduboutdesalanguebrûlanteetyrecueilleunegouttedemonsperme.Ellepoursuitsesmouvementsdeva-et-vient,meprenddeplusenplusprofondémentdanssabouchependantquejegémissonnom.Je repose ma tête contre le sol et empoigne sa poitrine. Ses seins sont encore gonflés par
l’allaitement – un changement physique qu’elle adore et dont il est clair que je ne me plains paspuisquejepeuxencoreplusm’amuseravec.–Putain,j’adoretesseins.Sabouchesucemaqueuesurtoutelalongueur.PuisTessameserreplusfortcontreelleets’activeplusvigoureusementavecsabouchetandisque
mapressionmonte.Aumomentoùjepassemamaindanssescheveux,elles’écarteetpassesalanguesurseslèvrestoutenmefixantduregard.Elleseredressesursescoudespourdéposersapoitrinesurmonbas-ventre.Jerespirefort,commeunpetitchienquiattendquesonmaîtres’occupedeluiaprèsavoirpasséunejournéeseulencage.Tessapressesesbeauxseinsl’uncontrel’autreetjeglissemabiteentreeux.Jemerépandssursapeauaprèsseulementtroismouvements.Ellesourittimidementetsesjouessontrougesdem’avoirdonnéautantdeplaisir.Elleserelève,puismeditenregardantsapoitrine:–Jevaisavoirbesoind’unedouche.Lesoufflecourt,j’attrapemont-shirtnoirsurlesolpourlepassersursesseins.Ellerepoussema
mainenmefaisantunegrimaceetsedirigeverslaporte.Aufildesans,elleappréciedemoinsenmoins que je nettoie nos fluides corporels avecmon t-shirt. Il semblerait que ce soit inapproprié.C’estàçaqueserventlesserviettes,mesermonne-t-elleàchaquefois.Jelasuisdanslasalledebainsenénumérantdansmonesprittoutcequejevaisbienpouvoirlui
fairepourluirendrelapareillesousladouche.Ses seins incroyables sont écrasés contre la vitre. Le miroir au mur est certainement l’un des
H
HessaPÂQUES
–ardin,Audenestdebout!LavoixdeTessatranspercemonsommeil.
–IlfautréveillerEmerypourqu’ilstrouventleurspaniersdePâques.Ellemesecouel’épauleetmesuppliedemelever.–Allez,Hardin!Elleparleàvoixbasse,maisuneexcitationàpeinecontenuetransparaîtdanssonchuchotement.Si
l’onmeréveilledecettemanièrejusqu’àlafindemavie,ehbien,jesuisunsacréveinard.Jegrognetoutenl’attirantcontremoi.Jepressemeslèvrescontresatempe:–C’estquoiceboucan?Je repousse quelquesmèches de ses cheveux qui tombent surmon visage. Topless, elle colle sa
doucepoitrinecontremonflanc.Ellesoupire,puisenroulesajambemalraséeautourdelamienne.Jefaisminedesursauterpour
plaisanter,etellemerepousseenrigolant.–Lesenfantsdoiventtrouverleurspaniersetjeveuxcommenceràpréparerlepetitdéjeuner,donc
tudoistelever.Etjustecommeça,commesiellen’étaitpasdutoutentraindem’exciter,elledétachesoncorpsdu
mienetsortdulit.–Allezviens,Bébé.Jerâleenregrettantlatiédeurdesoncorps.Elleouvrel’armoireetjejetteunœilàsapoitrinenue.Unsonplaintifs’échappedemagorge.Je
regrette de ne pas l’avoir réveillée plus tôt pour la garder au lit avecmoi.À cet instant précis, jeseraisenelle,enfoncéprofondémentdanssachaudeethumide…Unoreillerm’arriveenpleinefigure.–Sorsdulit!Tusaisquenousavonspleindechosesàfaireaujourd’hui.Je roule sur le lit king-size en soupirant, puis enfileun t-shirt avantqu’ellene lance autre chose
dansmadirection.Aprèsplusieursmois,ellevienttoutjustedefinirderedécorerlapièce;jesuissûrequ’elleneveutabîmeraucundesprécieuxembellissementschoisisavecledécorateurfoudontellem’aassuréavoirbesoin.Cemecétaitunimbécile.Ilapeintlesalonensaumonetadûrepasserunedeuxièmecoucheunesemaineplustarddansuneteinteunpeumoinsécœurante.–Jesais,chérie.Lespaniers,leslapins,lesœufsettoutescesconneries.J’observemonrefletdanslemiroiraccrochéaumuretpasselamaindansmescheveux.Puisjetire
mes cheveux en arrière avec le bandeau accroché autour de mon poignet, tout en remarquant leregard pressant de Tessa. Les coins de sa bouche tentent de rester immobiles, mais je vois bienqu’elleluttepourrestersérieuse.
–Oui,ettoutescesconneries.Ellefinitparéclaterderireetattrapesabrosseàcheveux.–NousdevonsêtrechezLandonà14heures.KarenetKenviennentd’atterriretjen’aimêmepas
commencéàpréparerlasaladedepommesdeterrequenoussommescensésapporter.Aprèsenavoirfiniavecseslongscheveux,ellemetendlabrosseavecunsourireespiègle.Jesecouelatête.Jen’aipasbesoindelesbrosser;mesdoigtsferontl’affaire.Jeluipropose:– Jem’occupe des pommes de terre pendant que tu te prépares.Maintenant, allons retrouver les
enfantspourqu’ilscherchentleurspaniers.Ellegrimace,estimantsansdoutequemacapacitéàcuiredespommesdeterreàsaplaceestune
optiondouteuse.Jesuispourtantparfaitementcapabledecuisiner…sitoutefoisonoubliel’épisodedeNoëldernier,quandj’ailaissébrûlerladinde.Tessaporteunpantalonencotonblancetunt-shirtbleumarine;sapeauestlégèrementhâléegrâce
autempspassédehorssurlaterrasseàs’occuperdesonpetitpotager.Elleadorenotrepetitjardin,iciàBrooklyn;c’estl’endroitqu’ellepréfèredanscettenouvellemaisonquejeluiaiachetéepourfêtermonnouveaucontratavecmonéditeur.Danslecouloir,elles’arrêteprèsdelachambred’Emery.–Réveille-laetrejoins-moidanslesalon.Puisellem’embrassesurlajoueethurleleprénomdesonfils.Jeluidonneunepetiteclaquesurlesfessesaumomentoùelles’enva,cequiluifaitleverlesyeux
auciel–commed’habitude.Enentrantdanslachambred’Emery,jelatrouveallongéedetoutsonlongsurlelit,seslongues
jambesdépassentdesapetitecouetteDisney.–Em.Jesecouedoucementsonbras.Elleremueunpeumaisgardelesyeuxfermés.Jerecommenceetelleseplaint:–Nooon.Puiselleseretournesurleventreetenfoncesatêtedansl’oreiller.Quellepetitecomédienne,celle-là!–Bébé,tudoistelever.Audenvatrouvertoustesœufsenchocolatsitunete…Etlà,ellebonditdulit, lescheveuxblondsenpagaille.Ilssontonduléscommelesmiensetépais
commeceuxdesamaman.–Iln’apasintérêt!Elleenfileseschaussonsenquittantlachambrecommeunefusée.Jelaretrouvedanslacuisineentraind’ouvrirtouslesplacardsengrand.–Oùestlemien?Tessa rigole tandis qu’Auden déballe maladroitement l’œuf en chocolat avec ses petits doigts
potelésavantdel’engloutirtoutentierdanssabouche.Ilmâcheunpeu,puisouvregrandlabouche.Tessasepencheversluietretireunmorceaud’aluminiumsursalangue.Ilsourit.Sespetitesdents
de travers sont recouvertes de chocolat. Il a perdu sa dent de devant la semaine dernière, c’estabsolumentadorable,putain.Jememoquedesonzozotement,parcequec’estundesavantagesd’êtreparent:jepeuxlesembêterquandçamechante.C’estcommeunritedepassage.Emeryseplaint,latêteenfouiedansleplacarddel’entrée.
–Maman!Papaacachélemien–pasvrai?C’estpourçaquejeneletrouvepas!Jerigoledevantsoncinéma.–Oui.Oui,ill’acaché.C’estunepetite filleadorable.Seulement,elle faitpreuvedebeaucoupd’insolenceetdepréjugés
pouruneenfantdeonzeans.C’estlaraisonpourlaquelleellen’apasbeaucoupd’amis.Emerypoursuitsesrecherchesdanstoutelamaisontandisqu’Audendévorelamoitiédesonpanier
defriandisesetjettedesmorceauxd’herbesynthétiquesurlesol.Jemetsmonnezdanslepanier:–Ilyaaussiuntambourlà-dedans.Ilhochelatête,labouchetoujourspleinedebonbons,maisseficheroyalement,semble-t-il,detout
cequin’estpasenchocolat.–Papa!Emeryentredanslacuisinelesmainsvides.–Peux-tumedire, s’il te plaît, où tu as cachémonpanier ?C’est tropdur.Plusdurque l’année
dernière.Ellesetientdebout,prèsdutabouretsurlequeljesuisassis,etenroulesonbrasautourdemataille.
Elleestsigrandepoursonâge.Elleessaiedem’amadouer,ensuppliant.–S’ilteplaîîîîîîîît.–Tunem’auraspas,machérie. Jevais tedonnerun indice,maisun câlin et unevoixdoucene
suffirontpasàmecorrompre.Tudoistravaillerpourobtenirleschoses,tutesouviens?Ellefaitlamoueetmeserreplusfortcontresapoitrine.–Jesais,Papa.Sanouvelletactiquemefaitsourireetj’observeTessapar-dessusmonépauleentraindesurveiller
Emeryd’unregardsuspicieux.–C’estunendroitoùtun’esjamais,jamais,allée.Làoùsetrouventlesvêtementsqueturefusesde
nousaideràplier.Jepassemamainderrièresondos,etelledétachesesbrasdemoncou.–Lamachineàlaver!Audens’estmisàhurler.Emerypousseuncriperçantetserueverssonfrèrepourluicaresserlehautdelatête.Ilsouriten
recevantlesfélicitationsdesagrandesœur,cequilefaitterriblementressembleràunpetitchiot.Uneminuteplustard,Emeryrevientencourantdanslacuisineavecsonpanier.Despetitsœufsde
Pâquesenchocolat tombent sur le sol,maiselle les ignoreetcontinuede fouillerdanssonpanierrempli. Tessa se lève pour aider Emery à ranger son bazar, bien que ça ne semble pas du tout lapréoccuper.Emery s’assied sur le sol, le panier posé sur ses jambes croisées, puis engloutit une poignée de
bonbonscolorés. Jeme tourneversTessaetAuden. Ilestdanssesbraset luientoure lecou.Danscetteposition,ilal’airpresqueaussigrandquesamaman.Putain,jemedemandecommentletempsapu filer si vite et comment j’ai pu –moi, le petitmerdeux taré et rebelle – faire des enfants aussicalmesetaimants.Jeveuxdire,Emerya eu sesphasesde colère, bien sûr.Commequandelle abalancéuneplante
contrelemur.Maisçaaétéviteréglé:ellem’afaitsortirdemesgonds.Horsdequestionderentrerdanscesdéliresd’enfantgâtée.Ellen’aaucuneraisond’êtreencolèreàonzeans.Pascommemoià
sonâge.Elleadeuxparentsquil’aimentetquisonttoujourslàpourelle.Vraiment,cesonttouslesdeuxdesuper-enfants.Tessaetmoisommesconstammentprésentspoureux.Ilsnepartentjamaissansuncâlin,unbaiser,
et récoltent au moins deux Je t’aime à la guimauve avant chaque fin de journée. Emery possèdetoujours les derniers trucs à la mode, ce qui lui permet de faire partie du groupe des enfantspopulairesde l’école. Jeneveuxpasquemes enfants soient commemoi, legamin avecdes trousdansseschaussures. Jeveuxqu’ilssachentcequeça faitdevouloirdeschoses,comme les jouets,puisqu’ilsapprennentàlesgagnerenfaisantdeschosessimplescommedescâlins,desbisousetdescompliments,dontilsnemanquerontjamaisenretour.Nousl’avionsdécidéaumomentoùilssontnés. Je ne deviendrai pas comme mon père. Aucun des deux. J’allais élever des enfants qui sesentiraient aimés et n’auraient jamais à se poser de questions ou à s’imaginer qu’ils sont seuls aumonde.Lemondeesttropgrandpouryêtreseul,particulièrementpourdeuxpetitsScott.J’aimisuntermeaucycleinfernaldespèrespourrisavantderuinerdeuxpetitesvies.Uneheureplustard,Emerys’estrendormie,unejambeenl’airsurledossierducanapéetunbras
ballantsurlecôté.Audenestsursondivanpréféré,supposéêtre«miniature».Tessal’arapportéàlamaisonmalgrémesprotestations.Cecanapé,arrivéentièrementrecouvertd’unmagnifiqueottomanhorsdeprix,prendbientropdeplacepourunsalondeBrooklyn.Commejen’aipaseumonmotàdirepourlesmeubles,mevoilàentraindefixermonenfantdesixans,assomméparsonorgiedebonbons,destracesdechocolatencorevisiblessurlecoindesonpetitmenton.Ilaprisdavantagedemoiquedesamaman.–Regardecommeilssontmignons.Je me retourne pour dévisager Tessa, elle a l’air épuisé ; ses yeux sont rouges et sa peau est
légèrementpâle.Jeposemeslèvressursesjoues,espérantleurredonnerunpeudecouleur.Ellesoupire,etjesens
sesmainsseposersurmonventre.Jeluidemande:–Qu’as-tul’intentiondefairependantcettepetitepausesieste?Elleprofitetoujoursdechaqueprécieusepetiteminutequereprésentelasiestedesenfants–quiest
deplusenplusbrève–pourfairedeschoses.Cettefemmeenfaittoujourstropmaisn’écoutepasunmotdecequejeluidis,donciln’yarienàfaire.Jel’observeentraindefaireunelonguelistedanssatête.–Ehbien…Puisellecommenceàbalancerdesbribesdephrasescomme«appelerFeepourlegâteau»ou«
faireensortequePoseyrevérifielesbouquets»etencored’autreschosesquejen’entendspas,quandjeposemamainsurl’entrejambedesonpantalonsouple.Ellemeregardeattentivementtandisquejetiresurlecordonetplongemesdoigtsdanssaculotte.–Cessedemedéconcentrer.Savoixestplaintive,maisellerapprochesoncorpsdumienpourquejeluidonneencoreplusde
plaisir.–Tutravaillestrop.Çafait treizefoisqueje le luidiscettesemaine,maiselle lèvelesyeuxaucielpourla treizième
fois.Puisellesaisitlepoignetquejen’utilisepasetposemamainsursapoitrine.–…Ditl’hommequinedortpaspendantplusieursjoursd’affiléequandilaunedeadline.
Elle est disposée à être déconcentrée aujourd’hui. Ça change un peu de d’habitude, et j’ai bienl’intentiond’enprofiter.Je la caresse vigoureusement en observant ses seins se balancer de haut en bas. Elle pousse un
gémissement,cequimefaitcomprendrequ’elleenveutplus.Jevaisleluidonner.J’attrape samain et la traîne dans le couloir. Ellemarche rapidement, impatiente d’arriver dans
notrechambre.Aumomentde franchir laporte,Tessa laclaqueviolemment,manquantaupassagedécrocherdumurunepeinturegéantedesenfants.Quandellem’aproposédelefaire,audébut,j’aitrouvéçaflippant.MaisTessaadoraitl’idéed’avoiruneimaged’euxàcetendroit,delatailled’unfoutupanneaupublicitaire.Laseulechosequej’aipuimposer,c’estqu’ilsoitinstalléàl’opposédenotre lit. Pas question que je fixe ce tableau fluorescent représentant une version abstraite demesenfantspendantquejebaisemafemme.Pasquestion,putain.–Viensici.Jel’inviteàs’installersurmesgenoux.Jesuisassissurlereborddenotregrandlit.Cesderniersmois,nousavonspartagéépisodiquement
notrelitavecnosdeuxenfants.Audenatraverséunephasedecauchemarsdurantlaquellejerestaiséveillétoutelanuitenmedemandantsic’étaitquelquechosequ’ilavaithéritédemoi.Jalousedesonpetitfrère,Emeryenavaitfaitautant.Ellevenaitmedemanderenchuchotantdelaprotégerdeses«mauvaisrêves»,cequin’étaitpasvrai.Elles’essuyaitlesyeuxcommesielleavaitdenouveausixansettoutletintouin.Lesdeuxs’allongeaiententrenous.C’étaitgénial,croyez-moi.–Hardin?LavoixdeTessaestdouceetrauque,etsesyeuxsontplantésdanslesmiens.–Àquoipenses-tu?Sesdoigtsparcourentmonventredehautenbasetsesongleséraflentdoucementmapeau.–Auxenfantsquandilsavaientl’habitudededormirdansnotrelit.Jehausselesépaulesensouriant.–Étrange.Ellepenchelatêteetunsouriresedessinesurseslèvres.–Cequiestétrange,c’estquec’estmoiquisuisdistraitalorsqued’habitudec’esttoi,machérie.Jejoueavecsestétonstousdurs,etellegémit.Jefaispassersont-shirtpar-dessussatête.Iltombe
sur le sol, puis elle secoue ses cheveuxen arrière, cequi lui donneun air sauvage avec ses jouesrougesetseslèvresroses.Chevelureblondesauvageetregardgourmand.Jelacaresseetpromènemes doigts le long de la doublure de son soutien-gorge noir en dentelle.Cette femmeporte de lalingerietellementsexy.Jeplongemesmainsàl’intérieuretsorssesnichons.–Allonge-toi,Bébé.C’estunordre.Ellefaitglissersonpantalonetsaculotte,s’endébarrassesur lesoletserallongesur le lit.Elle
attrapeunoreillerpour leglisser sous sa tête. Jecomprends toutde suitecequ’elleveutdans sonregard:elleveutquejem’occuped’elle.C’estcequ’ellepréfèrecesdernierstemps.Elleestfatiguée,déprimée,etsespiedsluifontmal.Elleveutdoncsimplementêtredorlotée.Elle
melerendra,biensûr–mafemmemerendtoujourscestraitementsdefaveurenprenantmabiteaufonddesagorge lesmatinsoù lesenfantsnouspermettentdedormirplus tardqueseptheuresdu
matin. Tessa soulève ses jambes, les replie, puis écarte les cuisses en grand, juste devantmoi. Jemordillemeslèvres,tentantdecontenirungrognementavantqu’ilnes’échappedemabouche.Elleesttrempée,luisantesouslalumière.Impossibledemecontrôleravecelle.Jemejettepresque
surelle,pressemaboucheouvertecontresapeaudouceetmouillée.Malanguelèchesanss’arrêteretvigoureusementsoncorps,puislasucedoucement.Elledécaleseshanchesenpoussantsoncorpscontre lemien.J’enroulemesmainsautourdeses
cuissesetl’attireviolemmentverslereborddulit.Elleglapit,unadorablepetitsonmêlantsurpriseetexcitation.Mesmains sont agrippées à soncul etmabouche ladévorependantqu’ellegémitmonnomparmidesouietdesmonDieuainsiqu’unmillierd’autreschosescochonnes.J’adore ses petites exclamations d’encouragement. Ça me donne envie de lui faire trembler les
jambesetserrerfortlesdraps.Maintenant,elleagrippemescheveux,àpleinesmains.Putain,cequec’estbon!Savoixsebrise.–Har-din…J’approcheundoigtverssachatteavantdel’yinsérer,cequilarendcomplètementfolle.Jedessine
depetitscerclessursonclitorisavecmalangue,lebutinantetl’encerclant.Jerépètecegesteencoreetencore.Quandellejouit,jegoûtelameilleuredessaveurs.Jeredresse la têtepourrespireretposematêtesursonventre tandisqu’ellereprendsonsouffle.
Elletiresurmescheveuxpourmetraînerverslehautdesoncorps.Jebandetoujoursetlefaitd’êtreallongésursoncorpsnunemelaisserienentrevoird’autrequelesexedanslalistedemesbesoinsetdemesdésirs.Tessalesait,c’estpourquoiellesecambredenouveaupoursefrottercontremoi.Enpressantmonmembredurcontresonsexehumide,jeluidemande:–Tuasenviequejetebaise?Tun’enaspaseuassez?–Jen’enaijamaisassez…Jegémisquandelleenroulesamainautourdemabiteet laguideà l’intérieurd’elle.Je resteun
longmomentcommeça,sansbouger,justeàobserveravecémerveillementsesyeuxserévulser.Sesseinssontécraséscontremontorse,sescuissesenrouléesautourdemataille.–Encore.Elle me supplie en souhaitant que je bouge à l’intérieur d’elle. Je m’exécute, et m’enfonce
rapidement.L’unedesesmainsestdansmescheveuxpendantquel’autregriffemondos.–Jenevaispastenirlongtemps.Pasdutout.Jesenssesjambesseresserrerautourdemoi,etj’atteinsl’orgasmeàcemoment-là,enluidonnant
lesdernierscoupsde reins.Soncorpsse liquéfieenmême tempsque lemien.Ellegarde lesyeuxfermés,etjem’écrouleprèsd’elle.Alorsque je récupèremon souffle, je jetteunœil àTessa.Sesyeuxbleu-gris sont ferméset ses
lèvresentrouvertes.Elleestaussibellequelepremierjouroùjel’airencontrée.Jeme souviens à peine dugosse que j’étais quand j’ai fait sa connaissance,mais depuis, chaque
détaildenotrevieensemblefusedansmatêtecommeunemélodie.Cette femme têtue refuse toujoursde semariercivilement.Maiselleestma femmequoiqu’il en
soit,etlamèredemesdeuxbeauxenfants.Nousenvoulonsaumoinsundernier,quandelleauraunpeumoinsdetravail.Jesuisanxieuxà l’idéededonnernaissanceàunautreenfantdanscemonde.Jesuisunpeuplus
inquietàchaquefois.Laresponsabilitéd’éleverd’honnêtesêtreshumainspèselourdementsurmesépaules,maisTessa
enportel’autremoitiéetmerassureenmedisantquenoussommesdesuper-parents.Jenesuispascommemonpère,j’aimaproprepersonnalité.Forcément,j’aicommismapartd’erreursmoiaussi,maisjepenseavoirpurgémapénitenceetavoirétépardonné.Jenesuispasparticulièrementcroyant,mais je sais qu’il existe quelque chosede plus grandqueTess etmoi dans ce vaste jeu ici-bas. Jen’avaisriendanscemondeetaujourd’huij’aitout.Jesuisfierdemoiàprésent.J’aperçoismaproprelumièredanslesyeuxdemesenfantsetj’entendsmajoiedansleursrires.Jesuisfierdecequej’apportedanslesviesdesadolescentsdelarégiongrâceauxfondsrécoltés
pour lacommunauté.J’ai rencontrédesmilliersdepersonnesdont lavies’est trouvéeaffectéeparmesmotssurdespages.Jemesuisbattusilongtempspourtoutgarderenmoi,maisunefoisquej’aitoutlaissésortir,moncœurs’estouvert.J’auraisétéégoïstedenepaspartagermesexpériences,denepasaiderlesadosquisouffrentdedépendanceetdetroublesmentaux.Aufildesannées,j’aiapprisàneplusmefocalisersurlepassémaisàsimplementregarderversl’avenir.J’aibienconsciencequemespenséesparaissenttrèsclichéesetcomplètementringardes,maisc’estpourtantlavérité.J’aierrédanslesténèbrespendantsilongtemps,j’aienvied’aiderlesautresenleurapportantdela
lumière.J’ai lebonheurd’avoirune familleque jen’auraismêmepaspu imagineren rêve,et j’élèvedes
enfantsquiserontbienmeilleursquejenel’aiété.LatêtedeTessaretombesurlecôté,etjerepoussesescheveuxdesonvisageendormi.Elleaété
mon repos,mon feu,mon souffle, ma douleur et qu’importe ce que nous avons traversé, chaquesecondevalaitlapeined’êtrevécuepourenarriveràlaviequenousavonsaujourd’hui.J’aientraînéTessaavecmoienenferetnousensommesrevenus,maisvoilàoùnousensommes.
Aprèstoutça,nousavonsconstruitnotrepropreversionduparadis.
RemerciementsJ’ail’impressionquelesremerciementspourcelivresontexactementlesmêmesqueceuxdesprécédents,maislesmêmesmerveilleusespersonnesm’ontaidéeàlesfaireexister–alorsmerciàtous!AdamWilson,unefoisdeplus,jeteremercied’avoirtravaillésiduravecmoi.Lapersonnequetuesetlapatiencedonttuassufaire
preuveavecmoim’onttellementappris.Nousavonsproduitseptlivresensemble(dontlalongueurs’apparenteàdix)enuneannée,etc’estjustecomplètementdingue!J’attendslestroisprochainsavecimpatience.KristinDwyer,t’eslameilleure,meuf!Tum’aidesàresterorganisée(autantquepossible,sachantquejecommencetoutjusteànoter
lesrendez-vousdansmonagenda).Mercipourtout!Wattpad,mercid’êtreencoremaplate-formeàcejour,d’êtrerestételsquevousêtesetdedonneràdesmillionsdegensl’opportunité
defairecequ’ilsaiment.UrsulaUriarte,c’estcomplètementfoudepenserquetuesrentréedansmavieentantqueblogueusefandemeslivresetquetues
maintenant l’une de mes amies les plus proches. Même si je n’arrive toujours pas à épeler ton nom correctement, tu es tellement,tellementimportantepourmoi,etpourHardinetTessa.Tulesaimesautantquejelesaime,etçacomptebeaucouppoureux.(Ilsmel’ontdit!)VilmaetRK,jevousaimetouslesdeux.Votreamitiéestsiprécieuseàmesyeux.Vousm’avezenseignélesdifférentesétapesdela
rédactiond’unlivreetavezsum’écouterquandilm’arrivaitdepaniquer.AshleighGardner,merci,jen’auraispaspuavoirmeilleuragent,etamie!Merciauxrédacteursetàl’équipedeproductionquionttravaillésiduretdansunlapsdetempsaussicourt.Un immense merci à toutes mes maisons d’édition étrangères, des éditeurs aux publicitaires en passant par tous les autres
collaborateurs.Vousavezabattu tantde travailpour traduire et commercialisermes livres à travers lemondeet ça compte tellementpourmoietmeslecteurs.J’aipassédesmomentsincroyablesàvisitertantdelieuxdifférentsetàrencontrertantdelecteursauxquatrecoinsdelaplanète.
Notes1.ThéodorSeussGeisel(1904-1991),ditDrSeuss,estunauteur-illustrateuraméricainconnupourseslivresd’enfantsutilisantdesrimes:Lechatchapeauté,LegrincheuxquivoulaitgâcherNoël…(NdT)2.Groupeaméricaindenumétal.(NdT)3.Talk-showaméricaindeconseilspersonnels.4.RéférenceaufilmGoneGirldeDavidFincher5.ContractiondeHardinetTessa.