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BENGUEDDA Marie le 20 février 2011 1 L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE ! AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le … · BENGUEDDA Marie le 20 février 2011 4 L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE ! Françoise: Vingt-six ! Michel: Hein ?Euh ! Oui

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BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site

http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En

conséquence avant son exploitation vous devez obtenir

l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui,

soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par

exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD

peut faire interdire la représentation le soir même si

l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe.

Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs

homologues à l'étranger) veille au respect des droits des

auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues,

même a posteriori. Lors de sa représentation la structure

de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit

s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le

justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces

règles entraine des sanctions (financières entre autres)

pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y

compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les

troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux

textes.

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

L’AMANT DE MA FEMME ME TROMPE

Michel, un producteur de spectacle coureur de jupons, est en instance de

divorce de sa femme Françoise. Sa maîtresse actuelle, Aline, qui est aussi sa

secrétaire, lui annonce qu’elle doit quitter son travail à cause de la jalousie

maladive de son mari, Olivier. Afin d’apaiser les soupçons d’Olivier, Michel va

se faire passer pour un homosexuel lors d’un dîner organisé par Françoise, où

Olivier et Aline sont invités. Mais la soirée va prendre une tournure inattendue,

surtout pour Michel.

Michel : le producteur

Aline : la secrétaire

Françoise : L’épouse du producteur

Olivier : Le mari d’Aline

Stéphane : le faux homosexuel et l'amant de Françoise.

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

ACTE 1

Scène 1

Michel est au téléphone.

Michel (péremptoire) : Écoute Jacques, je te l’ai déjà dit. Pour ma part c’est

20%. Soit tu prends, soit tu vas voir ailleurs... Je sais que tu as des propositions

avec une part moins importante. Moi, tu sais comment je bosse... Tu n’auras pas

de surprise. Alors, Tu me donnes ta réponse ? C’est oui ou c’est non... Bon, ok,

je fais établir le contrat et je te l’expédie.

Entrée de Françoise.

Françoise : Je t’informe que j’ai rendez-vous chez mon Avocat. Je sais que nous

allons au clash, mais cette fois, ma décision est prise. J’ai décidé de faire appel à

un avocat personnel et j’entame la procédure de divorce.

Michel (mielleux) : Voyons Françoise. Tu sais que rien ne presse. Pourquoi tant

de précipitation ? Pourquoi allez voir un avocat ? François peut très bien

s’occuper de ça et faire en sorte que tout se passe bien pour toi.

Françoise : Arrête Michel. Nous avons déjà discuté de tout cela. Je veux mon

propre avocat pour ne pas me faire berner. Tu es trop malin et François est ton

ami depuis des années. Je sais qu’il te protégera et que je serais lésée. Je te

rappelle que c’est toi qui me trompes et qui m’a humilié.

Michel : Humiliée, tout de suite les grands mots. Mais Aline, n'est que ma

secrétaire et elle n'a été qu'une simple aventure. De plus je te rappelle qu'elle est

mariée et qu'elle n'envisage pas de quitter son mari. Ma chérie, je t’aime, toi, et

tu sais que je ne suis pas d’accord pour cette histoire de divorce.

Françoise : Tu m’aimes ? Foutaise. Tu n’es qu’un égoïste. Tu veux tout. Une

petite femme gentille, un brin soumise et un brin intelligente qui ne te sert qu’à

pavoiser et une maîtresse sous la main pour te satisfaire quand tu en as besoin.

Une femme à la maison et une autre au bureau quoi !

Michel : Tu exagères toujours. Tu sais bien que tu es très importante à mes

yeux. Ce n’est pas pour rien que nous sommes mariés depuis vingt Trois ans…

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Françoise : Vingt-six !

Michel : Hein ? Euh ! Oui vingt-six ans ! C’est que le temps passe vite ! Tu

vois, raison de plus pour que je craque de temps en temps. Ce ne sont que des

petites attirances « sexuelles » pour des jeunes...

Françoise (le coupant) : Je te remercie. Bravo ! Quelle délicatesse ! Tu n’es

qu’un horrible gougeât !

Michel : Oh, comme tu y vas fort. Françoise, ne sois pas dupe, nous faisons

chambre à part, tu n’as pas pensé un instant que j’étais devenu un ascète.

Françoise : Et pourquoi pas…. Je le suis bien devenue moi !

Michel : Toi, ce n'est pas pareil, tu es ménopausée… donc c’est logique !

Françoise : Je te déteste.

Elle sort en claquant la porte.

Michel (à lui-même) : Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Ah les femmes ! Toujours

à se poser mille questions… Elle n’a qu’a prendre un amant elle aussi… je ne

serais pas jaloux. Quoique ! Allons Michel, ne dis pas de bêtises… je suis sûr

que si elle prenait un amant, tu serais fou de jalousie. Mais non ! Peut-être que

cela réveillerait mon désir pour elle… pff… Arrête de déconner, tu n’aimes que

les femmes jeunes…

Scène 2

On frappe à la porte nerveusement. Il va ouvrir

Michel : Ah Françoise ! Tu as encore oublié tes clefs, ou alors tu as changé

d’avis ?

Entrée précipitée d’Aline.

Michel : Ah c’est toi ma colombe ! Qu’est-ce que tu fais là ?

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Aline (sanglotant) : Oh ! Michel c’est affreux.

Michel : Mais qu’est- ce qu’il y a ? Pourquoi pleures-tu ?

Aline : Mon mari...

Michel : Quoi ton mari ?

Aline : Mon mari… il veut, il veut que…

Michel : qu’est-ce qu’il veut ce gros lard ?

Aline : Il veut que je quitte mon emploi

Michel : Que tu quittes ton emploi ? Mais enfin, ce n’est pas possible. J’ai trop

besoin de toi, moi. Pourquoi veux-t-il que tu me quittes…euh !enfin que tu

quittes ton emploi ?

Aline : A cause de sa jalousie. Il est jaloux de toi.

Michel : Mais pourquoi serait-il jaloux de moi ? Tu ne lui a rien dit j’espère.

Aline : Mais non ! Bien sûr que je ne lui ai rien dit. Je ne suis pas folle. S’il

savait, à l’heure actuelle tu ne serais pas là à m’écouter. Tu serais surement six

pieds sous terre.

Michel : Oh quelle horreur ! Alors pourquoi serait- il jaloux s’il n’est pas au

courant ? Tu lui as dit que j’étais marié et fidèle.

Aline : Il a lu dans « Prestige Magasine » que tu allais divorcer.

Michel : Ton mari lit « Prestige Magazine » ?

Aline : Oui, chez son coiffeur, comme tout le monde.

Michel : Mais c’est un torchon qui ne raconte que des ragots.

Aline : Quoi ? Ce ne sont que des ragots ? Tu ne vas pas divorcer ? Tu te fous

de moi ?

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Michel : Mais oui, ma colombe. Oui... euh, enfin, je veux dire...Mais oui je vais

divorcer… Mais c’est à lui qu’il faut que tu dises que ce ne sont des ragots, pas

à toi.

Aline : Écoute, j’ai vraiment très peur, si jamais il sait que nous sommes

amants, il nous tuera.

Michel : Ma bichette, si tu ne lui dis rien, il ne saura rien… Il ne se doute de

rien depuis deux ans, je ne vois pas comment il pourrait le savoir aujourd’hui.

Aline (s'essuyant les yeux): Tu crois ?

Michel : J'en suis sûr. Bon. J’ai une bonne nouvelle. J’ai réussi à faire signer

Jacques. Prépare-moi le contrat. Tu passes au bureau, tu me tapes le contrat et tu

reviens, d’accord mon poussin.

Aline (câline) : D’accord. Mais j'ai quand même un peu peur !

Michel (la prenant dans ses bras) : Mais non, mon poussin, n’aie pas peur, Je

suis là. Tu ne risques rien.

Aline : Oui, tu es là. Je le sais, mais sans vouloir te vexer tu ne ferais pas le

poids avec Olivier. Il te mettrait en pièce en une fraction de seconde.

Michel : Oh, tu exagères.

Aline : Pas du tout et je suis sûre qu’il prendrait un plaisir fou à te faire souffrir

avant de t’éliminer. Il m’a parlé de quelques recettes de torture dont il était le

spécialiste. Oh ! Mon pauvre chou, tu n’y survivrais pas.

Michel : tu plaisantes là ?

Aline : Mais non, je t'assure. Il m'a parlé de sa spécialité, la machine à aspirer

les tétons.

Michel : Quoi ? Une machine à aspirer les tétons, mais qu'est-ce que c'est que ce

truc ?

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Aline : Oh, c'est juste une méthode qu'ils utilisent dans son unité spéciale pour

faire parler les récalcitrants. Bon, j'y vais. Je vais le taper.

Michel (complètement affolé) : Oh non Aline, s’il te plaît ne le tape pas. C’est

trop dangereux.

Aline : Quoi ?

Michel : Si tu le tapes !

Aline : Si je le tape ?

Michel : oui, si tu le tapes, ton mari.

Aline : Mais non, je parlais du contrat… je vais taper le contrat. Oh, mon

roudoudou… tu es trop mignon quand tu flippes.

Elle sort

Scène 3

Michel : Trop mignon quand je flippe ! Elle est très marrante. Pff, Dans quel

pétrin je me suis fourré ? Il faut absolument que je trouve un moyen de quitter

Aline. Je ne peux pas divorcer et entretenir une relation avec cette fille qui est

marié à un fou furieux… Zut ! Mais je l’aime moi ! Quelle idée de tomber

amoureux de l’épouse d’un agent spécial du GIGN jaloux comme un forcené.

Mais elle est tellement belle! Un peu nunuche, mais belle et tellement bonne

surtout au lit… Mama mia quelle bombe !

Il se sert un verre de whisky qu’il boit cul sec. Il allume la télé. Musique de

« Mama mia ». Il danse sur la musique se sert à nouveau un verre de whisky

puis s’installe confortablement sur le fauteuil.

Voix dans la Télé : Nous avons remarqué que sur les trois dernières années le

taux de criminalité à augmenter de plus de 20 %. C’est un fléau qu’il faut

combattre. Nous ne pouvons plus sortir dans la rue sans craindre une agression.

Mais que fait la police ? La semaine dernière, un forcené s’est enfermé dans sa

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

maison. Il a fallu que le GIGN intervienne pour déloger ce fou qui tirait sur les

passants … Vraiment, nous devons trouver des solutions pour que cette violence

s’arrête, sinon c’est la porte ouverte à tous les abus et à toutes les perversités.

Michel s’endort et se met à rêver. La lumière se baisse et le rêve devient réalité :

Il entend frapper violemment à la porte.

Michel : Oui ! J’arrive. Oh là ! Ça ne va pas non ! Vous allez défoncer la porte.

Dans un nuage de fumée, la porte s’ouvre et l’on voit apparaître Olivier, le mari

d'Aline, en tenue militaire avec une mitraillette.

Olivier (agressif) : C’est toi Michel ?

Michel : Euh... oui ! A qui ai-je l’honneur ?

Olivier : C’est moi, Olivier, le vengeur des maris cocus… Aujourd’hui, tu vas

payer pour toutes les fautes que tu as commises. Pour tous ces maris que tu as

trompés.

Michel : Attendez ! Mais non, je n’ai trompé personne… ce n’est pas moi...

Olivier : Comment ça ce n’est pas toi… c’est qui alors ?

Michel : Ce sont-elles... Toutes ces femmes !

Olivier (s’approchant de lui, menaçant) : Elles ? Tu te moques de moi ? Non,

c’est toi le pervers. C’est toi qui dois payer.

Michel : Mais si, je vous assure… j’ai essayé de lutter, mais elles étaient toutes

trop belles, trop attirantes… et puis, elles se trémoussaient devant moi, comme

ça (il imite la démarche langoureuse d’une femme) Comment vouliez-vous que

je résiste ?

Olivier : Tu es un homme ! Tu aurais dû résister. N’es-tu donc pas marié?

Comment est-elle ta femme ? C’est un cageot pour que tu te tapes celles des

autres ?

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Michel : Mais, pas du tout, ma femme n’est pas un cageot… au contraire, elle

est même très belle, mais vous comprenez elle est ménopausée…

Olivier : Ménopausée… Ouais et alors ?

Michel : Et bien ! Ménopausée... Vous voyez ce que je veux dire…. Enfin, je ne

vais pas vous faire un dessin… elle et moi…. Plouf… plus rien… vous

comprenez… nada… nothing… Caput…

Olivier : Ta femme a la ménopause alors tu viens piquer celles des autres…. Tu

dois payer à présent.

Il s’approche de Michel à pas lents, menaçant. Il s’approche de plus en plus

près… dès qu’il est collé à Michel, il commence à lui caresser les cheveux.

Olivier : Et alors, Mon chou, pourquoi, n'es-tu pas venu me voir, moi ?

Michel : mais qu’est-ce que vous faites…..

Olivier : Ben oui, quoi ? Moi, j’aurais pu te la faire oublier ta greluche. Tu sais

que tu es pas mal comme mec… Viens là, je vais t’aspirer le téton.

Michel : Ah, non pas ça, au secours ! Arrêtez ça ! Arrêtez ça tout de suite…. Au

secours… Au secours.

Pendant que Michel crie, la lumière s’éteint… Olivier sort de scène… Lorsque

la lumière se rallume, Michel continue de crier sur le canapé, endormi, il

cauchemarde.

Michel : Laissez-moi tranquille, je ne suis pas celui que vous croyez… Non !

Au secours…

Michel se réveille effrayé. On entend la voix dans la télé.

La voix de la Télé : Fort heureusement, l’homosexualité n’est plus un tabou

aujourd’hui. Les hommes aiment les hommes, les femmes aiment les femmes et

c’est très bien, il n’y a plus besoin de se cacher comme des pestiférés….

Michel, éteint la télé furieusement.

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Scène 4

Michel : Pff ! N’importe quoi ! Les hommes aiment les hommes ! J’ai beau

avoir l’esprit large… faut quand même pas exagérer… (On frappe à la porte

violemment). Ah ! Qu’est-ce que c’est… Oh non ! Pourvu que ce ne soit pas

l’autre fou…. Mais non ! Qu’est-ce que je raconte … c’était un rêve… oui,

enfin, plutôt un cauchemar… Les rêves ne se réalisent pas. (A nouveau des

coups violents à la porte). Oh la la ! Il arrive parfois que les cauchemars se

réalisent ! Qu'est-ce que je fais, je lui ouvre ou quoi…. (Il s’approche de la porte

et prend une voix fluette). Qui Est-ce ?

Aline : C’est moi, ouvre moi vite.

Michel : Ah ! C’est toi ! Mais que se passe-t-il encore ? Pourquoi frappes-tu à la

porte si violemment.

Aline : Je suis sûre qu'Olivier me fait suivre… Oh ! Michel, il faut que nous

cessions de nous voir. J’ai trop peur. Je sens qu’Olivier se doute de quelque

chose… Tu sais, je ne te l’ai pas dit tout à l’heure mais il a changé. Figure toi

que hier soir quand il est rentré il m’a acheté des fleurs et il m’a dit : tiens c’est

pour toi… au moins celles-là, tu ne te les feras pas offrir par ton amant ! Et il a

rigolé d’un rire sadique… (Elle imite le rire sadique) j’ai eu vraiment très peur.

Michel : Ah bon, il a ri comme ça (il imite maladroitement un rire sadique)

Aline : Mais non pas comme ça, comme ça (elle refait le rire sadique)

Michel : Oh ! La la ! C’est vraiment horrible comme rire… et il rit toujours

comme ça ?

Aline : Eh bien non, justement ! D'habitude il rit plutôt comme ça. (Elle refait le

même rire sadique)

Michel : Je ne vois pas trop la différence. Bon, restons calme…. Je suis sûr que

ce n’était que de l’intimidation. Il prêche le faux pour savoir le vrai.

Aline : Pff, je ne crois pas. Quand je lui ai dit que je n’avais pas d’amant, tu sais

ce qu’il m’a répondu ?

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Michel : Je ne peux pas le savoir, je n’étais pas là.

Aline : Il m’a dit : « Vaut mieux, sinon tous les deux, toi et lui, Couic! (elle fait

comme si elle se tranchait la gorge)

Michel : Ça ne prouve pas qu’il se doute de quelque chose. Bon, écoute, ma

tourterelle, arrête de te monter la tête et de penser à lui… tu vas finir par me

donner le bourdon et me flanquer la trouille Tu vois quand tu as frappé à la

porte, j'ai cru un instant que c'était lui, comme dans mon rêve

Aline : Quel rêve ?

Michel : Oui, enfin ce n’était pas un rêve, plutôt un cauchemar. Figure toi que je

me suis assoupi et que j’ai rêvé qu’Oliver venait pour me tuer et puis tout à coup

il a complètement changé et il voulait m’embrasser car ton homme dans mon

cauchemar, il était homo !

Aline (riant) : Olivier, homo ? Oh Mon Dieu, c’est trop drôle.

Michel : Oui, ça te fait rire, mais pas moi. Il était vraiment réel. Quelle

horreur… j’ai senti sa langue dans ma bouche… beurk…. (Aline rit aux larmes).

Bon ! Ça va, pas la peine de te moquer de moi !

Aline : Mais je ne me moque pas de toi, Mon bichon ! Je t’imagine juste avec

Olivier… c’est trop marrant/ (Elle rit de plus belle puis s’arrête net de rire).

Mais c’est génial !

Michel : Quoi ! Qu’est ce qui est génial ? Que ton mari me fourre sa langue dans

ma bouche ?

Aline : Mais oui !

Michel : Aline !

Aline : Non, ce que je veux dire, c’est que cela m’a donné une idée géniale !

Michel : Ah bon ! Parce que maintenant tu as des idées toi ?

Aline : C’est méchant ce que tu me dis !

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Michel : Mais non, mon poussin, je plaisante ! Allez c’est quoi ton idée.

Aline : Eh bien, tu n'as qu’à devenir homo !

Michel : Quoi ? Moi, homo ?

Aline : Oui, pas pour de vrai bien sûr ! Tu ferais juste semblant…

Michel : Mais enfin Aline, c’est une très mauvaise idée. Je serais incapable de

faire semblant. Je suis trop… comment dire…. Mec… quoi.

Aline : Tu veux dire macho, oui !

Michel : Moi, Macho ? Mais non, je n’ai jamais été macho. Pourquoi dis-tu ça ?

Aline : Parce que c’est vrai… un pur macho de chez Macho an Co. Tu aimes

donner des ordres, tu veux qu’on soit aux petits soins pour toi. Tu ne supportes

pas qu’une femme te résistes… tu aimes te faire servir…

Michel : Stop ! Ce n'est pas vraiment macho ça. Tous les hommes sont comme

moi.

Aline : Non, pas tous les hommes, seulement les machos.

Michel : Tu penses réellement ce que tu dis ? Alors tu penses que je suis un

salaud toi aussi.

Aline : Je n’ai pas dit ça ! Viens là mon gros loup…t’es trop marrant quand tu

fais la moue… on dirait un petit garçon…. Moi, je t’aime comme tu es.

Michel : Tu m’as fait peur, j’ai cru que tu voulais me dire quelque chose.

Aline : Et te dire quoi ?

Michel : Que finalement, tu me trouvais trop macho et que tu voulais me quitter.

Aline : Tu es bête, tu sais bien que j’adore les machos. Moi, je ne suis qu’une

petite femme toute fragile, une lolita, une poupée qui aime les gros machos

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

comme toi. (Elle se jette sur lui pour l’embrasser)

Michel : Pas chez moi, Aline, si Françoise revient et qu’elle nous surprend, ça

va me coûter un max de fric.

Aline : Bon, ça va ! Alors, tu dis quoi pour mon idée ? Si tu te fais passer pour

un homo, Olivier n’aura plus aucun doute et il acceptera que je continue à

travailler pour toi…

Michel : Il faut que je réfléchisse. Ce n’est pas évident ce que tu me demandes.

J’ai une réputation à tenir. Si les journaux apprennent la nouvelle, je suis foutu,

je vois déjà les gros titres : « Michel Poinsard, l’homme avec un Grand H, le

séducteur, l’homme à femme, n’était en fait qu’une lopette ! » Ah non, je ne

peux pas jouer ce rôle-là. De toute façon, je n’ai jamais été bon comédien…

C’est bien pour ça que j’ai fini producteur d’ailleurs !

Aline : Bon, écoute bichon, soit tu te fais passer pour un homo, le temps

qu’Olivier se calme, soit je ne travaille plus pour toi… je te donne 24 heures de

réflexion et pas une minute de plus. Tu as compris !

Michel : Aline, ma chérie…..

Aline : le compte à rebours est commencé.

Aline sort en colère.

Scène 5

Michel : Pouah, quel sale caractère…Ouah ! Mais elle me rend dingue ! Pff,

homo tout de même ! Non ! Ça je ne peux pas ! C’est trop ce qu’elle me

demande. (Il réfléchit) Bon, fais voir ce que ça pourrait donner.

(Il commence à marcher. D’abord normalement, puis en bougeant les fesses de

droite à gauche. Ensuite il entame une démarche efféminée). Oh, non je suis

trop ridicule. Vraiment, je ne pourrais pas. (Il s’assied désespéré). Oui, mais si je

ne le fais pas, Aline va me quitter. Et bien tant pis. J'en trouverais une autre sans

mari jaloux. (Il se lève, va se servir un whisky). Ça c’est bien dit, mon gars. T’es

un mec non, pas une chochotte… (Il s’assied et reprend sa tête entre ses mains).

Oui mais je l’aime, merde… et contre ça je ne peux rien y faire. Bon ! Allez,

Michel, encore un petit effort, concentre toi.

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Il reprend ses exercices de marche efféminée, puis y ajoute la parole..

Michel (voix pas trop efféminée) : Bonjour vous ! Ho ! Comme vous êtes

mignon… (Voix normale) Oh non. Ça ne peut pas marcher. Bon, calme-toi,

Michel… reprend. (Voix et gestes efféminés) Bonjour vous ! Hou ! Comme vous

êtes mignon… quel est votre prénom. (À ce moment-là, Françoise entre sans

bruit et reste à dévisager Michel) Ah ! François. Mais c’est adorable, bouh!

J’adore ça, et vous faite quoi dans la vie. Avocat ! Mais c’est super génial…

Françoise : Eh bien ! De mieux en mieux ! Après l’homme à femme, voici la

femme dans l’homme. Peux-tu me dire ce que tu fais ?

Michel (sursautant et gardant sa voix efféminée) : Françoise ! (se reprenant)

Euh! Françoise, mais qu’est-ce que tu fais là ?

Françoise : Je te rappelle que j’habite encore là…

Michel : Non, ce n’est pas ce que je voulais dire… Je voulais dire, comment se

fait- il que tu sois déjà de retour et ton avocat ?

Françoise : Une plaidoirie en urgence pour remplacer un ami à lui qui s’est fait

couper en deux ce matin par un camion.

Michel : Pour un avocat, c’est banal !

Françoise : Quoi ?

Michel : Eh bien de se faire couper en deux… pour un avocat… (Il rit bêtement)

Euh non ! C’est rien, c’est nerveux.

Françoise : Qu’est-ce que tu peux être lourd parfois. C’est sa voiture qui s’est

fait couper en deux, pas lui. Lui, il a eu un traumatisme crânien et a été

transporté aux urgences.

Michel : Oh, le pauvre !

Françoise : oh, je ne vois pas pourquoi je te raconte ça car tu t’en fous

complètement. A quoi tu joues, toi, à te tortiller les fesses dans tous les sens ?

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Michel : Je…Je…. Je répétais un rôle.

Françoise : Un rôle ? Parce que tu vas devenir comédien maintenant !

Michel : Oui, et alors ?

Françoise : Michel, ne me prend pas pour une idiote, il y a longtemps que tu as

raccroché. Tu étais un mauvais acteur ! Alors, qu’est-ce que tu faisais?

Michel : Tu es méchante. Je n’étais pas un mauvais acteur… un acteur moyen

peut-être, mais pas mauvais.

Françoise : Bon, si tu veux. Il n'empêche que je ne te crois pas. Alors, c’est

quoi ton nouveau mensonge, ta nouvelle lubie ?

Michel : Eh bien, je…

Françoise : Ne me mens pas ! Je ne veux plus de mensonges, Michel.

Maintenant que nous allons nous séparer, je veux la vérité. Tu n’as plus besoin

de me mentir.

Michel : Oui, bon, je vais tout te dire. Voilà, c’est que, enfin tu vois, c’est

comme si…

Françoise : Je m’impatiente ! Allez ! Crache le morceau.

Michel : Eh bien voilà, c’est Aline, elle dit qu’il vaudrait mieux que je me fasse

passer pour un homo si je ne veux pas que son mari me tire une balle en plein

cœur.

Françoise (elle rit de bon cœur) : Toi ! Te faire passer pour un homo ? Mais il

vaudrait mieux demander à un crocodile de se faire passer pour une danseuse

espagnole.

Michel : Tu es vraiment dure avec moi. Tu crois vraiment que je n’en suis pas

capable.

Françoise : Remarque, après tout, je n’en sais rien… vu que c’est ta greluche

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

qui t’a demandé cela, tu es sûrement capable de faire le petit chien- chien à sa

mémère pour elle. Ouaf ! Ouaf !

Michel : Arrête ! Françoise, tu n'es pas drôle du tout. J’imagine que tu n’as pas

envie d’être veuve.

Françoise : Et pourquoi pas. Je serais la grande gagnante, J’hériterais de toute ta

fortune. Je n’aurais qu’à pleurer pendant quelques jours… et puis après, Youpi,

la belle vie.

Michel : Tu n’es pas sérieuse là ? Et nos enfants ?

Françoise : Michel, je te rappelle que nos enfants ont 24 et 26 ans et qu’ils n’ont

plus vraiment besoin de toi…

Michel : Mais c’est horrible ce que tu dis… Mes enfants auront toujours besoin

de moi. Et puis de toute manière, tu n’hériteras de rien, car j’ai fait un testament

et tout va à mes enfants en cas de décès Toi tu n’auras rien !

Françoise (ironique) : Ho ! Quel dommage ! Donc il vaut mieux que tu vives.

Tant pis pour moi, tu vas devoir rester vivant et en plus homo.

Michel : Homo, oui, mais juste pour Olivier. Pas question que d’autres que

nous soient au courant. Pas la peine d’alerter le monde entier et surtout pas la

presse. C’est juste pour qu’Aline puisse continuer à venir travailler avec moi. Sa

collaboration est précieuse au bureau.

Françoise : Oui, surtout sous le bureau.

Michel : Françoise, tu es cynique !

Françoise : Non, mon chéri, je suis juste ménopausée.

Michel : Ah ! Tu m’énerves ! Tu n’es pas drôle.

Françoise : Quelle humeur exécrable. Allez calme- toi ! Tiens ! Je vais même

t’aider vais t’aider. Montre-moi comment tu t’y prendrais.

Michel : Tu ferais ça ? Françoise, tu es une femme formidable.

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Françoise : Oui, je sais, c’est justement pour cela que tu me quittes et que j’en

suis ravie. Allez, vas y montre-moi !

Michel entame une démarche un peu efféminée.

Françoise : Oh, non, tu n’es pas crédible là. Tortille un peu plus les fesses.

Michel : Comme ça.

Françoise (riant) : Oui, c’est mieux. Et maintenant, ta main en l’air. Bouge ton

corps. Oui, c’est bien. Alors, cher ami, comment allez-vous ?

Michel (avec sa voix normale) : Très bien merci !

Françoise : Mais non ! Transforme ta voix, prend une voix plus aiguë, plus

lente, plus pédante.

Michel (voix efféminée) : Ah oui ! Ouh ouh ! Je vais très bien merci… Ouh !la

la ! C’est difficile.

Françoise : C’est bien… on dirait que tu as fait ça toute ta vie… tu es sûr que tu

ne le serais pas un peu, par hasard.

Michel (furieux) : Non, mais ça va pas !

Françoise : Oh là ! Calme-toi, je plaisantais. Bon, et si on l’invitait à manger,

ton Olivier, tu pourrais faire ton « one man show » à la maison et comme ça,

plus de risque de meurtre. Après il te laissera en paix cet homme.

Michel : Mais c’est une excellente idée. Tu lui expliqueras que notre divorce est

dû à ma nouvelle tendance et comme ça, il ne se doutera de rien et je pourrais

enfin vivre l’esprit tranquille.

Françoise (moqueuse) : Oh, quel bonheur que tu puisses enfin vivre l’esprit

tranquille. Il y a une condition !

Michel : Hein quoi ? Quelle condition.

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Françoise : 50 % sur ta boite de prod !

Michel : Quoi ?

Françoise : Tu m’as bien entendu. 50 % sur ta boite de production !

Michel : Mais enfin, Françoise, c’est insensé. Tu n’y comprends rien aux

affaires. Qu’est-ce que tu ferais avec 50 % de ma boite de prod ?

Françoise : Des bénéfices. Mais ne t’inquiète pas. Je ne veux que les parts… le

boulot, je te le laisse à toi. C’est à prendre ou à laisser.

Michel : JE REFUSE !

Françoise : tant pis pour toi… Ah ! Au fait, je pense qu’il sera très heureux

d’apprendre que tu es l’amant de sa femme. Comment s’appelle-t-il déjà ? Ah,

oui, Olivier.

Michel : Tu ne ferais pas ça ?

Françoise : Je vais me gêner. Tu as bien modifié ton testament, sans m’en

parler. Je sais que c’est pour les enfants… mais tout de même. Tu ne crois pas

que je vais te laisser me dépouiller sans rien faire.

Michel : Je plaisantais.

Françoise : Eh bien pas moi !

Michel : tu es vraiment une garce !

Françoise : Mais j’ai été à bonne école, mon chéri et j’ai eu le meilleur des

professeurs. Alors, je prends le téléphone et je l’appelle ?

Michel : bon, ça va… j’accepte.

Françoise (lui tend le téléphone) Appelle ta greluche… nous dînerons tous

ensemble demain soir… j’appelle mon avocat pour qu’il prépare le contrat de

divorce. Ah ! Les hommes, tous les mêmes. Des lopettes… (Elle sort en riant)

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Michel : Elle m’a eu, elle aussi. Ah, les femmes. Je me suis toujours fait piéger.

(Il compose le numéro d’Aline). Allô, bonsoir, est-ce que je suis bien chez Aline

Montfort… Ah, vous êtes son mari… (Il prend tout de suite une voix efféminée)

Oh bonsoir. En fait, je me présente, Michel POINSARD, je suis l’am… euh, je

veux dire, le patron de votre épouse. Voilà, mon épouse et moi-même, nous

serions très heureux de vous recevoir demain soir à dîner. Seriez-vous

disponibles? Oh, mais c’est super… alors à demain…. Ouh! Ouh ! Ouh ! … Au

revoir… oui, bisous, bisous, bisous… (Il raccroche) Non mais ! Il est dingue ce

type… il voulait me faire des bisous.

Il repose le téléphone et allume la télé. Il s’installe sur le canapé soucieux.

Voix dans la télé : dans trois divorces sur cinq, les hommes quittent leur femme

pour un homme. C’est une tendance en évolution. Les femmes qui sont ainsi

quittées, après le choc de la révélation, restent souvent très amies avec leur ex-

mari et le compagnon de celui-ci.

Michel éteint la télé.

Michel : Quelle horreur ! Mais dans quel monde vivons-nous !

NOIR

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

ACTE 2

Scène 1

Françoise est seule dans le salon. Elle est au téléphone. Elle rit.

Françoise : Ne t‘inquiète pas, Bérengère, j’ai tout prévu. Ça va être une soirée

mémorable. Il m’a trompé, je vais lui rendre la monnaie de sa pièce. Tel est pris

qui croyait prendre ! Ah, je ris d’avance de voir la tête qu’il va faire. (On sonne

à la porte) Ah, ce doit être lui. Je te laisse ma chérie. Oui, je te rappellerais pour

te raconter dans les moindres détails. Bye !

Françoise va ouvrir. Entrée de Stéphane. Beau jeune homme d’une trentaine

d’années.

Françoise : Bonsoir, Stéphane, je t’attendais.

Stéphane : Françoise, qui a-t-il de si urgent pour que tu me fasses venir chez toi.

Et ton mari ?

Françoise (elle se jette sur lui) : Il n’est pas là. Oh, toi, viens là. Tu me fais un

de ses effets, toi, Oh, mon Tiphou !

Stéphane : Arrête ça tout de suite, si ton mari débarque, il ne voudra pas me

faire bosser.

Françoise : Oh, quel rabat joie ! Mon mari, on dirait qu’il n’y a que lui qui

t’intéresse. (Féline) Et moi alors ?

Stéphane : Oui, bon, alors juste un petit bisou….

(Elle le jette sur le canapé et se jette sur lui)

Stéphane (étouffé) : J’avais dit juste un petit bisou.

Françoise : Oui, un petit bisou là et là et là…..

Stéphane : Ça suffit Françoise. (Se dégageant). Dis-moi pourquoi tu m’as fait

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

venir.

Françoise : Parce que je veux que tu sois l’amant de mon mari.

Stéphane : Mais tu dérailles complètement !

Françoise : Tu voulais qu’il te rencontre pour devenir comédien. Eh bien là, je

te donne la chance de jouer la comédie devant lui.

Stéphane : En étant son amant ? Je ne suis pas idiot, mais là, je ne comprends

rien du tout.

Françoise : En fait c’est une mission secrète.

Stéphane : Une mission secrète ? Une mission impossible tu veux dire.

Françoise (langoureuse) : Voilà, tu fais semblant d’être homo et de partager ta

vie avec lui. Nous donnons un dîner ce soir. Tu fais juste semblant au cours de

ce dîner d’être son compagnon, son amant, et je te promet qu’ensuite tu joueras

dans le prochain film que mon mari produira. Il ne pourra rien me refuser, j’ai

obtenu 50 % de sa boite de production.

Stéphane : Mais enfin, c’est ridicule. Je ne suis pas homo. Il ne me croira

jamais.

Françoise (s‘approchant de lui pour l‘embrasser) : Oui, ça je le sais. J’en ai la

preuve. C’est juste un rôle. Tu fais ça, je te promets qu’après toi et moi, nous

allons devenir le couple le plus glamour de la place. Toi l’étoile montante du

cinéma français et moi ta productrice dévouée et exclusive

Stéphane : Et si je rate, je serais l’étoile la plus filante du cinéma français. On

ne m’auras vu dans aucun film.

Françoise : Je suis confiante. Je t’ai vu à l’œuvre. Tu es un très bon comédien.

Le meilleur que j’ai vu depuis longtemps. Allez mon chou, accepte. Tu n’auras

pas à le regretter.

Stéphane : Et que va-t-il dire quand il comprendra que son soi-disant amant le

trompe et avec sa propre femme.

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Françoise : Il ne pourra rien dire. Nous allons divorcer. Et puis ça lui donnera

peut-être des idées pour son prochain film : l’amant de ma femme me trompe…

pas mal comme titre de film tu ne trouves pas?

Stéphane : Oui, très drôle !

Françoise : De toute manière, lui, il me trompe depuis toujours, il ne va pas me

reprocher aujourd’hui d’avoir une petite faiblesse juste avant notre divorce. Fais-

moi confiance, tout se passera bien. Allez viens par là. Montre-moi comment tu

jouerais ton rôle.

Ils sortent. Lorsque Stéphane passe devant elle, elle lui met la main aux fesses.

Françoise : Oh, toi, je sens que nous allons passer une folle soirée.

NOIR

Scène 2

La scène se passe dans la même pièce. Michel, marche de long en large. Il

fulmine.

Michel : Ce n’est pas une bonne idée, je te le dis, ce n’est pas une bonne idée.

Françoise (voix off) : Calme toi, Michel, arrête de stresser. Tu es trop nerveux.

Tu vas tout faire rater.

Michel : C’est ma vie qui est en jeu-là. Si jamais il ne mord pas à l’hameçon, je

suis foutu. Il comprendra mon subterfuge et il voudra ma peau.

Françoise (voix off) : Arrête de faire les cents pas. On dirait un lion en cage.

Sois confiant, tout va bien se passer.

Michel : J’ai trop le trac, je n’y arriverais pas.

Françoise entre en scène. Elle est en peignoir.

Françoise : Écoute, nous avons répété des dizaines et des dizaines de fois. Ton

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

jeu est très au point. Et puis, tu es très crédible comme ça avec ta petite chemise

rose et ton veston vert anis, tes cheveux gominés. Tu fais très actuel, très

branché, très chochotte surtout.

Michel : Ne te moques pas de moi. Je fais surtout très ridicule.

Françoise : Mais non. Mais non. Bon, j’espère que tu as prévenu ton Aline pour

ta tenue. Il ne faudrait pas qu’elle s’étouffe de rire en te voyant ainsi. Son mari

ne comprendrait pas qu’elle se moque de son patron.

Michel : On arrête tout. Je vais leur téléphoner pour annuler le repas.

On sonne à la porte.

Françoise : Trop tard ! Allez va ouvrir. Je vais m’habiller. Plus vite tu seras mis

en situation, mieux ça vaudra… Oh ! Que tu es craquant. Je suis sûre que tu ne

laisseras aucun homme indifférent ce soir.

Michel (entre ses dents) : Garce ! (il va ouvrir et prend sa voix efféminé non

sans avoir raclé sa gorge à plusieurs reprises) J’arrive ! J’arrive ! Oh bonsoir…

comme je suis heureux de vous voir.

Aline : Oh Mon dieu ! (elle essaie de se retenir de rire)

Olivier (en tenue militaire) : Salut, mon gars… euh ! Oh pardon… je voulais

dire ma… euh enfin, je voulais dire salut c’est tout.

Michel : Entrez donc ! Venez là Aline, je vais vous débarrasser de votre

manteau. (En aparté) Ne te moque pas de moi ! C’est assez dur comme ça.

Olivier : Qu’est-ce qui est dur ?

Michel : Hein ! Euh rien, je disais à Aline, que son mari a l’air d’un dur. Un vrai

dur quoi !

Olivier : Ouais… un vrai dur… mais vous savez quelquefois derrière le dur se

cache parfois un être sensible.

Michel : Ah bon ! Comme c’est drôle ce que vous dites.

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Aline : Oui, Olivier peut se montrer sensible parfois. Vous ai-je dit que l’autre

soir, il m’a apporté des fleurs sans aucune raison apparente ?

Michel : Oh, des fleurs comme c’est touchant. Vous êtes un romantique, vous,

cela se voit.

Olivier : Ouais… un vrai romantique. Je vous trouve très élégant.

Michel : hum ! Oh, Merci. Et moi je vous trouve très… comment

dire…camouflage ?

Aline : Olivier a gardé sa tenue en cas d’appel inopiné de sa caserne. Il est

d’astreinte ce soir. Votre épouse n’est pas là ?

Michel : Si bien sûr… elle se prépare. Elle arrive tout de suite. (En aparté) tu

penses qu’il peut mordre à l’hameçon.

Olivier : Quel hameçon ?

Michel : Oh, mais c’est qu’il a l’oreille très sensible, le gaillard.

Olivier : C’est le métier… mada…euh...Monsieur. Alors quel hameçon ?

Michel : Et en plus il est tenace ! J’adore la pêche… Aline devait aller m’acheter

des hameçons aujourd’hui, je voulais savoir si elle y avait pensé.

Olivier : Moi aussi, j’adore la pêche. Qu’est-ce que vous péchez ? Moi c’est le

gros que je préfère. Et vous… j’imagine que vous ne devez pas trop aimé le

gros…

Michel : Oh si, si, j’adore le gros… mais je le préfère quand il a fait son

régime… ouh ! Ouh! Ouh! (il rit bêtement). Oh excusez-moi ! Mais j’adore dire

des bêtises parfois ! Cela me détend. Je me sens nerveuse aujourd‘hui. (À lui-

même et un peu à l’écart) Je me sens surtout con! Bon, qu’est-ce qu’elle fout

Françoise ?

Olivier : Qu’est-ce que vous dites ?

Michel : Ah ! Je vous ai bien eu là… vous ne m’avez pas entendu !

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Olivier : Aline, dis à ton patron que je n’aime pas beaucoup son genre

d’humour.

Aline : Michel, mon mari n’aime pas beaucoup votre genre d’humour.

Michel : Oui, bon ça va, j’ai entendu ce qu’il a dit, inutile de le répéter… je ne

suis pas sourde ! Moi non plus… Na!

Aline : hum ! C’est très joli chez vous. C’est décoré avec beaucoup de goût.

Michel (reprenant sa voix normale) : Oui. C’est ma femme qui s’occupe de

ça… (Reprenant sa voix efféminée) mais avant tout, elle me consulte. Il n’est pas

question qu’elle touche à quoi que ce soit sans mon avis… C’est normal, vous

ne trouvez pas ? Bon, vous voulez boire quelque chose ?

Olivier : Je veux bien une eau gazeuse.

Michel : Une eau gazeuse ? Et pourquoi pas un whisky ?

Olivier : Je suis d’astreinte. Pas d’alcool. C’est compris !

Michel : Oh oui, très bien compris mon Capitaine !

Olivier : Major, je ne suis que major…

Michel : Oh ! Major... c’est bien ça aussi, Major ! Et pour vous, Aline, une petite

eau plate ?

Aline : Oh non, moi, je ne suis pas d’astreinte. Je peux boire un alcool… fort de

préférence.

Michel : Alors va pour deux whiskies, un pour vous et un pour moi.

Michel va au bar servir les deux whiskies et l’eau gazeuse.

Entrée de Françoise. Elle a mis un smoking, très classe.

Michel (Occupé à servir n‘a pas vu rentrer sa femme) Avec de la (voyant sa

femme il perd sa voix efféminée) GLACE !

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

(Voix efféminée) Françoise, Mon dieu comme tu es belle !

Aline : Hum ! Hum ! En effet, vous êtes très élégante, madame…

Françoise : Oh, appelez-moi Françoise, Aline… je peux vous appelez Aline…

nous sommes tellement proches vous et moi… N’est-ce pas ? Et j’imagine que

vous êtes Olivier, le fameux mari d’Aline.

Olivier : Bonsoir, Madame. Votre mari a raison, vous êtes drôlement chouette.

Françoise : Oui, chouette est le bon adjectif pour me définir… Je prendrais bien

un whisky moi aussi, mon roudoudou…

Michel : mais bien sûr ma roudoudoune…

Françoise : Alors comme ça, vous êtes dans l’armée… comme c’est intéressant.

Olivier : Oui madame, et dans un corps d’élite… le GIGN… mais, chut… cela

doit rester entre nous… faut pas que cela se sache. C’est un corps secret.

Françoise : Secretum Corporis !

Olivier : Hein ? Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ?

Michel : Ce n’est rien… c’est du latin c‘est corps secret en latin. … Voyons,

Françoise, n’ennuie pas Monsieur avec tes connaissances, tu risques de le mettre

mal à l’aise.

Olivier : Mais non ! Pas du tout, au contraire… Secretum corporis..

Oh j’adore ça ! Je la ressortirais à mes supérieurs… SECRETUM CORPORIS…

ça fait vachement intellectuel votre truc là.

Michel : Et si nous passions à table !

Françoise : Non ! Pas tout de suite… J’ai une petite surprise pour toi qui va

arriver. Je souhaiterais que nous l’attendions.

Michel : Une surprise pour moi… Oh comme c’est charmant (prenant sa femme

à part) tu sais que j’ai horreur des surprises ! Qu’est-ce que c’est ?

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Françoise : Une surprise est une surprise… ne sois pas impatient… Elle va

arriver.

Aline : Elle va arriver… qu’est-ce que c’est ? Une femme ?

Françoise : En quelque sorte.

On sonne à la porte.

Scène 3

Françoise : Tiens ! Justement ! Voilà ta surprise ! (elle va ouvrir. Entrée de

Stéphane… homosexuel, très efféminé) Je vous présente Stéphane… le petit ami

de mon mari… Celui pour lequel il me quitte.

Michel : Mais qu’est-ce que c’est que ça…

Stéphane : Ouh ! Bonsoir Françoise. Ouh, mon Dieu comme tu es belle. Et

comme tu sens bon… Bonsoir Vous (il s’approche d’Olivier et lui tend une main

pour le baise main. Olivier lui prend la main et lui serre très fort) Ouh ! Comme

vous êtes brute vous alors ! (il se tourne vers Aline et lui tend une main très loin

d’elle) bonsoir vous ! (il se dirige vers Michel) Oh mon chéri… Comme tu es

élégant… tu es vraiment trop craquant. Montre-toi que je t’admire.

Michel : Mais je… mais… vous… Qui…

Stéphane : Mais arrête de faire ton timide roudoudou. Viens là que je

t’embrasse.

Michel : Pas devant ma femme… Et en plus il y a des invités… C'est gênant.

Françoise : Oh, tu sais, roudoudou, cela ne me gêne pas du tout, j’ai pris

l’habitude. Et puis vous savez, nous sommes un couple très ouvert et je suis très

conciliante surtout depuis que je suis au courant… N’est-ce pas Aline ?

Aline : Oui, oui, bien sûr… Mais enfin, c’est un peu gênant quand même.

N’oubliez pas que votre mari est mon patron et que je ne l’ai jamais vu dans cet

état… Enfin je veux dire que je ne connaissais pas ce monsieur qui est son petit

BENGUEDDA Marie le 20 février 2011

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

ami.

Françoise : Vraiment ! Michel ne vous a jamais présenté Stéphane. Pourtant,

cela fait des mois qu’ils sont ensembles.

Aline : Ah bon ?

Olivier : Moi, cela ne me gêne pas du tout. Vous savez, dans la vie, il faut avoir

l’esprit large. Madame, je trouve que vous êtes un bel exemple de générosité et

de… oh zut…Comment on dit déjà… de…

Michel : De perfidie !

Olivier : Euh non… Ce n’est pas ça !

Michel : Machiavélique !

Olivier : Non, plus ! Bon, ce n’est pas grave, ça me reviendra plus tard.

Aline (à Michel) : Oui, en tout cas, moi, je trouve que le mot machiavélique,

vous va très bien à vous, Monsieur ! Pourrais-je avoir un autre whisky ?

Stéphane : Pousse toi de là mon roudoudou, je vais servir cette beauté.

Dites-moi, vous l’avez trouvé où votre robe ? Je la trouve exquise ! Je suis sûr

que nous allons devenir bonne copine.

Aline (agressive) : Ça m’étonnerait beaucoup. Je n’ai jamais eu de copine.

Stéphane : Bouh ! Mais c’est qu’elle mordrait la vilaine !

Michel : Oui, bon, assez rigolé. On va passer à table. J’ai une faim de loup,

enfin de louveteau, moi. (En aparté à Françoise) Toi j’aurais deux mots à te dire

tout à l’heure.

Françoise (riant) : Sans problème… Tenez, c’est par là…

Elle montre aux invités la porte de la salle à manger. Tous passent devant elle,

Stéphane est le dernier. Lorsqu’il passe devant elle, elle lui met la main aux

fesses. Il se retourne vers elle et elle lui fait un clin d’œil)

NOIR

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L'AMANT DE MA FEMME ME TROMPE !

Merci d’avoir lu la pièce jusque-là. J’espère qu’elle vous a plu et que vous

avez envie de connaître la suite et de la jouer.

Pour cela, je vous remercie de bien vouloir m’adresser un message mail à

l’adresse suivante : [email protected]

Merci de m’indiquer le nom de votre troupe ainsi que votre siège social.

Je me ferais un plaisir de vous faire parvenir la suite du texte.

A très bientôt.

Benguedda Marie.