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Le Magazine de RIVAGES DU MONDE N°1/ 2015 Vers de nouveaux horizons ? Asie du Sud-Est

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Le Magazine de RIVAGES DU MONDE n°1/ 2015

Vers de nouveaux horizons ?

Asie du Sud-Est

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Puerto Toro est le village habité toute l’année le plus au sud de la Terre.Ce sont principalement des militaires chiliens avec leur famille qui vivent ici.Une vingtaine de maisons aux façades colorées, une école et son gymnaseainsi qu’une petite église font ainsi face au pole Sud.

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003 N° 1 / 2015

Luxe, calme et volupté. Ce premier numéro de RDM le magazine de Rivages du monde est une invitation au voyage. Comme un bateau mis à flot pour la première fois, toute l’équipe du magazine – des rédacteurs venus d’horizons divers, historiens, artistes et journalistes de tous pays, ainsi que des photographes – s’est jetée à l’eau pour hisser haut les exigences de découvertes, de rencontres, d’inattendus… D’escale en escale, vous qui êtes toujours plus nombreux à partir en croisière selon les récents chiffres du secteur, nous vous accompagnerons dans votre quête de nouvelles destinations et de sérénité. En donnant du temps au temps. Celui de lire et désirer l’ailleurs. « En voyage, il faut être ouvert d’esprit », me confiait assez justement une guide birmane. Cette ouverture au monde, aux autres, au tourisme, à la modernité, c’est celle de l’Asie du Sud-Est, fil conducteur de ce numéro. Du Mékong aux temples de Bagan, de la chorégraphe Ea Sola à Margueritte Duras, d’une pagode au Cambodge à l’indolence du lac Inle… Rendez-vous est pris tous les quatre mois à la rencontre du bout du monde. RdM Sébastien Righi

Édito ¬

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004N° 1 / 2015

Billets d’humeur ¦ 008 Questionnaire bateau… Stéphane Bern ¦ 009 L’invité… Duras Song par Frank Smith ¦ 010 Économie : Le textile-roi en Asie du Sud-Est ¦ 012 Politique : Présidentielles Argentine/Birmanie ¦ 015 Seniors en vacances ¦ 016 L'actualité des expositions ¦ 017 La chronique théâtre de Charlotte Lipinska ¦ 021La chronique danse de Florian Gaité ¦ 023 Ea Sola, danser la mémoire du monde ¦ 024 Une sacrée Nana ¦ 026 L'actualité littéraire ¦ 027

Asie du Sud-Est, vers de nouveaux horizons ? ¦ 028Croissance économique et ouverture politique ? ¦ 030 Grand Mékong, colonne vertébrale de l’Asie du Sud-Est ¦ 034 L’Irrawaddy, « fleuve-mère » de Birmanie ¦ 039 Bangan et Angkor, deux sites de pèlerinage rivaux ? ¦ 042

Les quatre saisons, la Patagonie chilienne ¦ 046 Le Cap Horn, au cœur du mythe ¦ 057

Dans la vague ¬

Dossier ¬

Portfolio ¬

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005 N° 1 / 2015

EMBARQUEZToute l’actualité Rivages du monde et plus ¦ 086Les croisières Rivages du monde automne-hiver-printemps 2015/2016 ¦ 096

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Le Québec : Les chutes du Niagara ; Les indispensables de la ville de Québec ¦ 066Cambodge : Le Wat Kampong Tralach Leu ; La place de la Poste de Phnom Penh ¦ 070Vietnam : Sadec ¦ 071Birmanie : Le lac Inle ; La laque birmane ¦ 073Chili : Valparaiso, mythe poétique ¦ 076Patagonie : Les Yagans ¦ 077

Icône : Estela de Carlotto ¦ 078Portrait chinois de la Birmanie ¦ 079Michel Rolland, le Napoléon du vin ¦ 080Rafael Arenas Fuentes, cuisiner l’ailleurs ¦ 081Recette traditionnelle : la pho vietnamienne ¦ 082Le thanaka, nouvelle mode cosmétique ¦ 084Le chinlon : sport des rois ¦ 085

L’OURSRIVAGES DU MONDE

19 rue du 4-Septembre, 75002 Paris - Tél. : +33 (0)1-49-49-15-50

Internet : www.rivagesdumonde.fr

Président-directeur général - ALAIN SOULEILLE Corporate - SÉVERINE MOREAU- BERTRAND DELAUNAY

Directeur de publication - DAVID DIBILIO Coordination générale - FLORIAN CHAVANON

Rédaction F+S ÉDITIONS

72 bis avenue de Flandre, 75019 Paris Tél. : +33 (0)1-46-07-22-67

Mail : [email protected]

Rédacteur en chef SÉBASTIEN RIGHI ([email protected])

Direction artistique et studio XIMENA RIVEROS ET RIÉ HIRAIInfographie RIÉ HIRAI

Rédacteur en chef adjoint FLORIAN CHAVANON ([email protected])

Secrétariat de rédaction STUDIO LES CORRECTEURS

Collaborent également à ce numéro TINA BESSE, FLORIAN DELISLE, DAVID DIBILIO,

IVAN FACANO, FLORIAN GAITÉ, CAMILLE LAVOIX, WHITNEY LIGHT, CHARLOTTE LIPINSKA,

AGUSTÍN PABLO MENCHÓN, ARMELLE PRIVAT, MYRTILLE RAMBION, BETTIE SANS,

FRANCINE THOMAS, VINCY THOMAS.

REMERCIEMENTS CHALEUREUX À YVES BOCCUNI, KEVIN IZORCE, LUCY MAGDO,

VÉRONIQUE ET RENÉ MUNARO, ANNE-SOPHIE SCHAUPP, SYLVIE VAY

Fabrication IMPRIMERIE CENTRALE – 15 rue du Commerce L-1351 Luxembourg Tél. : +352 48 00 22-1

Imprimé au Luxembourg. ISSN en cours

© F+S ÉDITIONS – La reproduction même partielle, des articles et illustrations publiés dans RDM le magazine Rivages du monde est interdite.

F+S ÉDITIONS est une société à responsabilité limitée.R.C.S. Paris 808 354 344

L’ensemble de la production de ce magazine est certifié PEFC. L’ensemble du processus est garanti par les systèmes internationaux

les plus stricts de certification de gestion durable des forêts.

Les photographies de première de couverture et d'intérieurs de couverture ont

été réalisées par Florian Chavanon pour RDM le magazine Rivages du monde.

Escales ¬

En vrac ¬

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006N° 1 / 2015

Amaury LorinAmaury Lorin, docteur en histoire de l’Institut d’études politiques de Paris, ancien boursier de l’École française d’Extrême-Orient, vit à Rangoun depuis 2013. Il enseigne l’histoire contemporaine à l’Uni-versité de Rangoun et contribue notamment aux pages culture du Myanmar Times. Il a reçu le prix des écrivains combattants 2006, le prix Auguste Pavie de l’Académie des sciences d’outre-mer 2006 et le prix de thèse du Sénat 2012.

Marie Domper«  Certains parlent comme des livres, moi on me dit souvent que j’écris comme je parle. » Ça tombe bien puisque parler, c’est son mé-tier  : journaliste radio depuis plus de 10 ans. Accro à l’actualité, elle est aussi une grande fan d’Asie et de gastronomie.

Éric DomergueJournaliste et écrivain français ré-sidant en Argentine depuis plus de 50 ans, ancien correspondant de l’Agence France-Presse à Buenos Aires, il collabore régulièrement avec des médias en langue fran-çaise. Il est actuellement produc-teur et rédacteur à la radio natio-nale argentine.

Nicolas Martin Nicolas Martin est journaliste chroniqueur pour la matinale de France Culture. Passionné aussi bien d’astrophysique et de biologie que de littérature et de cinéma, il mène par ailleurs une carrière de scénariste réalisateur de courts métrages de fiction et de clips mu-sicaux.

Frank Smith Frank Smith est écrivain et vi-déaste. Il a publié une douzaine de livres, dont Guantanamo (Seuil, 2010, et Les Figues Press, USA, 2014), sacré meilleur livre de l’an-née par The Huffington Post. Il réa-lise également des « ciné-poésies », dont Le Film des questions, présenté au Centre Pompidou (Hors Pistes 2015). Il est aussi directeur de la collection de livres-CD « ZagZig » qu’il a fondée aux éditions Dis Voir. www.franksmith.fr

Annie Mathieu Après avoir flirté avec l’idée de faire carrière dans la diplomatie à la suite d’expériences profes-sionnelles à l’UNESCO et à l’am-bassade du Canada à Paris, Annie Mathieu est rapidement revenue à ses premières amours journalis-tiques. Originaire de Montréal où elle a aiguisé ses armes dans une agence de presse nationale, Annie fait carrière depuis près de cinq ans dans un quotidien de la ville de Québec.

Émilie GentilsFormée à l’école hôtelière et après 10 ans dans la restauration à Londres, Émilie Gentils s’est re-convertie depuis 4 ans à la photo-graphie culinaire dont elle a fait sa spécialité.Sa photographie reflète ses aspira-tions gastronomiques  : simplicité, naturel et mise en valeur du pro-duit sans artifices.www.thefoodeye.com

Samuel Bartholin Samuel Bartholin, journaliste, di-plômé du CFJ, vit en Asie du Sud-Est depuis 2003 où il a notamment travaillé pour Cambodge Soir et a été responsable des publications au sein des Éditions du Mékong. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire et les minorités eth-niques de la région. En France, il collabore avec le magazine web Slate.

© Radio France / Christophe Abramowitz

Ils ont participé à ce numéro

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007 N° 1 / 2015

1 Birmanie - Bagan (croisière sur l'Irrawaddy)René Munaro, 58 ans, chirurgien-dentiste, Chenières.

3 Chili (croisière en Patagonie)Kevin Izorce, 31 ans, accompagnateur, Nice.

☛ Croisiéristes photographes, vous aussi, envoyez-nous vos photos à [email protected].

2 Vietnam - Sadec (croisière dans le delta du Mékong)Rihanna Volfcan, 48 ans, programmatrice culturelle, Bordeaux.

4 Cambodge - Oudong (croisière dans le delta du Mékong)Jacques M., 69 ans, retraité, Strasbourg.

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008N° 1 / 2015

Je l’avoue, je n’ai jamais aimé les dauphins. Ils m’ont toujours renvoyé l’image un peu gnangnan du gentil animal qu’on trouve sur les posters des chambres d’adolescents à côté des poneys, ou pire encore, sur les carrelages de salles de bains des années 80. Oui mais ça, c’était avant ! Avant de connaître le dauphin de l’Irrawaddy. Ce dauphin-là, il est spécial. Il ne ressemble… à rien ! Pour le corps, passe encore : une nageoire sur le dos, une sur chaque côté, il est certes un peu moins svelte et gracieux que son cousin, mais si vous l’apercevez dans l’eau, vous n’y verrez que du feu. En revanche, s’il daigne vous montrer autre chose que son postérieur, aucune chance de le confondre avec Flipper. Sa tête ressemble à celle d’un beluga, ronde, énorme, sans bec, une bouche irrégulière telle une cicatrice, des yeux minuscules, bref, vous l’aurez compris, ce dauphin-là n’est pas très beau. Et pourtant… Peut-être parce qu’il n’est pas donné à tout le monde de le rencontrer un jour, peut-être parce que je sais qu’il est amené à disparaître, victime des filets de pêche, de la pollution et j’en passe, toujours est-il que ce dauphin moche, moi je le trouve touchant. Et qui sait, peut-être qu’un jour, il se retrouvera sur le carrelage de ma salle de bains. RdM

Les rizières inondées des berges du Mékong. Des tra-vailleurs affairés, le dos courbé sous leur chapeau de jonc tressé. La belle image de catalogue que voilà. Au moins autant que le petit Français la baguette sous le bras et le béret vissé sur la tête.Ce qui frappe certainement le plus le visiteur occi-dental en goguette dans les contrées asiatiques, ce n’est pas tant la jolie carte postale que l’étrangeté du rapport à l’autre. On dépeint souvent la culture occidentale comme individualiste, là où, à l’inverse, les civilisations asiatiques nous surprennent par leur dimension collectiviste. Et s’il y avait un lien entre cette photo de carte postale et la nature si différente de nos deux types de sociétés ? Si ces différences re-montaient à notre lien ancestral à l’agriculture ?Ce sont les conclusions d’une étude menée par un chercheur de l’université de Virginie, aux États-Unis, dont le postulat est le suivant : c’est la culture des céréales qui a déterminé, il y a fort longtemps, notre mode de rapport à l’autre.En effet, en Occident, la principale céréale cultivée est le blé. En Asie, c’est le riz. Et ce, depuis le Néo-lithique, c’est-à-dire il y a un peu plus de 10  000 ans, quand les humains ont commencé à se sédentariser.Dans son étude, ce chercheur compare les deux types de culture : la riziculture inondée demande une grande coopération entre les agriculteurs. L’eau doit circuler entre les parcelles, d’amont en aval, et il faut collaborer si l’on veut éviter que la parcelle du voisin soit drainée ou noyée. Pour le blé, en revanche, la traction par des bêtes a rendu la culture aisée, sans véritable nécessité de coopération.Pour éprouver cette hypothèse, ce chercheur a fait passer un certain nombre de tests à des populations chinoises vivant dans des régions qui cultivent soit le blé, soit le riz. Par exemple, au test des cercles, où il s’agit pour les sujets de se représenter eux et leurs réseaux d’amis par des cercles reliés les uns aux autres, dans les ré-gions à culture de blé, le cercle par lequel les sujets se représentent eux-mêmes est plus grand de plusieurs millimètres par rapport aux autres cercles, tandis que dans les régions rizicoles, le cercle est de même taille, voire légèrement plus petit.Même constat sur les statistiques du divorce, un des marqueurs associés à l’individualisme. Le nombre

de divorces est inférieur de moitié dans les régions rizicoles que dans celles où le blé est la culture do-minante.Reste bien sûr à interroger les autres sociétés, afri-caines et sud-américaines, qui se caractérisaient respectivement par les cultures du millet et du maïs. Le millet, avec un rendement faible, rendait la coo-pération plus nécessaire que le maïs. On peut donc avancer l’hypothèse que les sociétés africaines se sont structurées de manière plus collaborative, au sein des villages, que les sud-américaines.Quant au petit Français avec sa baguette et son bé-ret, il est tout seul sur la carte postale. Contraire-ment aux ouvriers des rizières... Les vieilles habitu-des ont la vie dure. RdM

Mon voisin, sa parcelle et moi

Texte Marie Domper ¬

Texte Nicolas Martin ¬

Flippant Flipper

BATEAU…

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Il est partout ! Télévision, radio, livres, théâtre… Stéphane Bern est un homme très demandé, même en croisière ! Il donne en effet des conférences sur des bateaux. L’occasion de s’échapper un peu, lui qui apprécie particulièrement la Médi- terranée, une mer mais aussi une mère, nourricière de notre civilisation, la « mare nostrum ». Questions bateau...

Interview Florian Delisle ¬

Votre première fois sur un bateau ?

J’étais enfant. Entre l’Allemagne et le Danemark. Mais là où j’ai le plus profi-té, ma plus grande aventure en mer, ça a été le Mermoz, un bateau mythique. J’ai découvert la Turquie, la Grèce, c’était absolument fabuleux !

Mal de mer ou pied marin ?

J’adore les bateaux dans l’idée, mais j’ai le mal de mer. Il n’y a que sur les très gros bateaux, type transatlan-tique, que ça va. En fait, j’aime bien les immeubles flottants comme le Queen Elisabeth. Forcément !

Bateau ivre ou bateau livre ?

Je suis bateau livre, moi ! Je vais en croisière surtout pour faire des confé-rences, ce qui me laisse un peu de répit pour lire et vérifier deux, trois éléments dans mes ouvrages d’histoire pour ne pas raconter des bêtises aux gens qui ont la gentillesse de venir m’écouter.

Conseils pour bien réussir une croisière ?

Il faut pas mal de vêtements tout ter-rain pour pouvoir se changer ! Et puis avoir de bons livres. Il faut aussi bien préparer son séjour, se documenter. Moi, je trouve que c’est formidable de voyager comme ça : un jour vous êtes là et le lendemain vous vous réveillez ailleurs… Au fond les pays se visitent mieux de la mer ou d’un fleuve.

Le cocktail parfait pour une croisière ?

C’est d’avoir des croisiéristes extrême-ment sympathiques ! Ça se déguste sans modération. Si vous êtes avec des gens merveilleux, vous pouvez vous faire des amis pour la vie. Ça m’est arrivé !

Un pêché mignon en croisière ?

La gourmandise   ! On mange beau-coup, surtout lors des croisières avec de grands chefs à bord.

Un navigateur célèbre ?

Tabarly ! Il m’a fait rêver. Moi, les héros de mon enfance, ce sont les grands ex-plorateurs. Magellan, Vasco de Gama, Christophe Colomb… Je me suis plon-gé dans leur vie. La mer m’a toujours fasciné ! Je repensais à tous ceux partis de Lisbonne. Comme le disait Luís de Camões, ils y allaient « pour donner des mondes au monde ». Pour moi, la mer c’est ça, c’est l’invitation au voyage !

QUESTIONNAIRE BATEAU…

AVEC STÉPHANE

BERN

009 N° 1 / 2015

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010N° 1 / 2015

L’INVITÉ

« Comme toi, je suis douée de mémoire. Je connais l’oubli. » La parole d’Hiroshima mon amour entête. Dès qu’elle agit, impossible de s’en extraire. Marguerite Duras n’est jamais revenue sur les terres asia-tiques de son enfance mais elle les aura hantées dans son œuvre jusqu’à l’épuisement de l’oubli. Les traces vivantes de l’écrivain, on les poursuit aujourd’hui en route ou sur voies d’eau, le long des rivières qui se jettent dans le Mékong, côté vietnamien, jusqu’aux rivages cambodgiens du golfe de Siam. On y sent les paysages vaciller, les peuples encore frémir de l’insurrection, et il y au-rait quelque chose comme une manière de planter. Non pas enfoncer les souvenirs, les buissons de mots ou d’images, mais les dissimuler dans la terre, à faible épaisseur de sol, de bitume ou de boue, pour les transporter ailleurs et les replanter encore. Une pratique du riz, en somme : aucun enracinement mais des piqûres.

Sur les hauts plateaux himalayens, lorsqu’il ne forme encore qu’un torrent, les Tibétains l’ap-pellent Dza Chu, « l’eau des rochers ». Au Yunnan et au Sichuan, les Chinois le baptisent Lan-Ts’ang Chiang. Au Laos, il devient Mae Nam Khong, puis Mékong au Cambodge. À plus de 4  300 km de sa source, la masse ocre et puissante du fleuve court vers l’océan pour nourrir les 18 millions d’habitants du delta. Ce sont les terres nourricières qui ir-riguent L’Amant et Un Barrage contre le Pacifique, les deux romans mythiques de Duras, et c’est la réalité suspendue, une substance éthérée circulant entre les parois du réel, qui, à l’instar de la « chaîne de l’Éléphant », n’opère pas par transformations mais par sauts et zigzags. Un fragment de village flottant en désordre puis des bribes brouillées de savane luxuriante, des morceaux de lacs, tous très mobiles, les uns relancés dans les autres et tous s’enveloppant ensemble. Des chants khmers, le cri aigu d’un engoulevent enfoui dans la mangrove… Duras Song.

Marguerite Duras est née le 4 avril 1914 à Gia Dinh, une ville de la banlieue nord de Saïgon, aujourd’hui Ho-Chi-Minh-ville, au Vietnam. On y trouve encore l’an-cien lycée Chasseloup-Laubat où Duras étudia, il est toujours l’établissement le plus réputé de la ville. Cholon, le quartier chinois dans lequel se nichait la gar-çonnière aux persiennes fermées de l’amant, demeure un grouillant carrefour commercial, avec des marchandises en provenance des quatre coins du monde. Le bâtiment des Messageries maritimes, maison coloniale à façade rose, abrite désormais le musée Ho-Chi-Minh.

C’est la saison des moussons. On quitte la métropole pour se fondre dans l’infini d’un ciel laiteux qui flotte jusqu’à Chau Doc, à la frontière cambod-gienne, aux premières ramifications du delta du Mékong. À travers un tissu de rizières et de fougères pâles sillonné par des silhouettes au chapeau conique, le chemin file ses méandres au rythme intemporel des attelages de buffles. Au bord du grand cours d’eau, c’est un vertige exact : « (…) jamais de ma vie entière je ne rever-rai des fleuves aussi beaux que ceux-là, aussi grands, aussi sauvages, le Mékong et ses bras qui des-cendent vers les océans », écrit Duras dès les premières pages de L’Amant. On est en 1984 : à soixante-dix ans, l’écrivain révèle sa rencontre avec un riche Chinois, alors qu’elle avait quinze ans à peine, sur un bac entre Vinh Long et Sadec. L’Amant, c’est le récit de cette relation scandaleuse mais c’est aussi la chronique d’une Indochine où la mère de Duras, Marie Donnadieu, institutrice dans une école pour « indigènes », vit en marge de la bourgeoisie locale.

Le fleuve, ample, charrie maintenant des îlots verdoyants de jacinthes d’eau. « Vinh Long, c’était un poste de brousse de la Cochinchine, c’est déjà la Plaine des oiseaux, le plus grand pays d’eau du monde j’ima-gine. » Les débarcadères décatis pointent vers l’immense pont My Thuan, à haubans. Progressive-ment, on rejoint Sadec, bourgade aux accents vénitiens, où vit Marguerite dans les années 1930. Sur le quai, là où tous les matins pullule un odorant marché, la villa coloniale de l’amant prend des allures de temple bouddhiste. Mosaïques, hauts plafonds sculptés, mobilier antique, et au mur des photographies de l’amant Huynh Thuy Le.

Texte Frank Smith ¬

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011 N° 1 / 2015

L’INVITÉ

La nuit tombe, les villages se succèdent, on passe la porte des pagodes au bois noir et on passe les jours, aussi, le cours vivant de l’eau scintille immensément. Sur la route en direction du sud, la terre rouge se fait aride, des phnoms (petites collines) percent au loin, découpant l’uniformité des champs brûlés par le soleil. Des cabanes dressées sur pilotis, des huttes en pagaille, souvent, on les voit. Puis la pluie vient : la terre recouvre les arbres aux troncs noueux, le toit des habitations, les passants, on ne voit plus que ce qu’on doit voir, on n’oublie rien.

En 1924, la mère de Duras rompt avec son rythme de nomade urbaine en achetant des parcelles que l’administration coloniale incite à posséder. C’est ici, à Kampot au Cambodge, que se bâ-tit la nouvelle vie de Marie Donnadieu et celle de ses trois enfants. « Le fleuve coule sourdement, il

ne faut aucun bruit, le sang dans le corps », note Marguerite. Partout l’espace est compté et dans l’enchevêtrement des canaux, la population grossit. La plaine entière est vouée au riz : fasci-

nante orchestration de bras, de rames, d’efforts chaque jour renouvelés, le fouillis inextri-cable des plantes aquatiques, des rumeurs, des nerfs à vif, des patiences, tout un monde

de vibrations. Un sampan glisse comme dans un songe, les membrures de la coque craquent à chaque vague. La lumière fuit pour différencier les visages.

À Kampot, on est dans l’obsession nostalgique. Les cris recouvrent tout, la mer de Siam, la végétation délirante et les racs. Plus rien n’a de sens et personne ne le sait plus. La mère rit dans la nuit, elle suffoque ou gémit. « On habite le bungalow à gauche de la piste en allant vers Kampot, au kilomètre 184. » À une dizaine de mètres de la route qui longe la plaine de Prey Nup, une inscription tracée sur des blocs de pierre indique que Marguerite Duras a résidé là de 1925 à 1933.Ce sont les lieux de cristallisation du Barrage contre le Pacifique, publié en 1950, et c’est la source des sentiments, des déterminations et de la langue de l’écrivain. Elle y raconte sa mère qui construit des « barrages » avec des moyens de fortune pour protéger ses terres de l’eau salée. Un jour, la mer finit par gagner la bataille et la famille est perdue. Trompée dans son acquisition, elle en sort totalement rui-née. Cette expérience marque profondément Marguerite et lui inspire nombre

d’images fortes. La mésaventure de la concession, les jeux intrépides dans l’eau et la forêt, l’appartenance à la race annamite : les épisodes tumultueux de l’enfance

indochinoise forment désormais un faisceau de lignes immuables. « Des centaines d’hectares de rizières seraient soustraites aux marées. Tous seraient riches ou presque. Les en-

fants ne mourraient plus. On aurait des médecins. On construirait une longue route qui lon-gerait les barrages et desservirait les terres libérées », écrit-elle alors, imaginant la revanche

impossible d’une mère tenace sur une administration coloniale corrompue.

90 ans plus tard, pourtant, le barrage contre le Pacifique a bien été édifié. Grâce aux ini-tiatives conjuguées des pouvoirs publics cambodgiens et de l’Agence française de dévelop-

pement, 95 km de digues et 50 km de canaux protègent désormais plus de 11 000 hectares de polders convertis en rizières, et sont gérés directement par les villageois. Ils nourrissent 8  000

familles tout en leur assurant un revenu complémentaire : un modèle innovant pour une irriga-tion durable. Le cinéaste cambodgien Rithy Panh, qui a adapté le Barrage en 2008 et tourné à Prey Nup même, est particulièrement sensible à ce droit d’accès à la terre par les paysans : « Le grand pari, c’est que ça dure. La réussite des polders de Prey Nup, c’est que les usagers peuvent se gérer eux-mêmes, en coopération. » Lesquels polders sont appelés aujourd’hui « les rizières de la femme blanche », en hommage aux stratégies insensées de madame Donnadieu pour repousser les eaux.

Chaleur pâle. On reflue vers Koh Kong, province reculée, dont les habitants ont appris à n’être qu’eux-mêmes. Des vieilles femmes récoltent des mangoustans pour le déjeuner, des enfants jouent au bay khom après l’école, des cueilleurs amoncellent des pyramides de ramboutans… « L’histoire est déjà là, déjà inévitable, celle d’un amour aveuglant, toujours à venir, jamais oublié. » Le désir de réel, c’est par ce fleuve métallique et ses reflets blancs qu’on saurait maintenant pouvoir le réaliser. Une naissance au monde ?

Texte Frank Smith ¬

RdM

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DANS LA VAGUE

012N° 1 / 2015

ÉCONOMIE

2015, L’ANNÉE DUGRAND MARCHÉ COMMUN

EN ASIE DU SUD-EST ?

Avec 630 millions de consommateurs et potentiellement la septième économie mondiale,

la future Communauté économique de l’ASEAN (AEC) doit entrer en vigueur à la fin de l’année 2015.

Cependant certains pays,Cambodge et Birmanie en tête,

semblent très en retard pourcette intégration.

Sur le papier tout est prêt. Les dix pays que regroupe l’ASEAN s’apprêtent à former un marché commun d’ici décembre 2015 : accord de libre échange, baisse des tarifs douaniers, libre circulation des biens et des personnes et, à terme, création d’une monnaie commune.Cependant, la très forte disparité de développement et des niveaux de vie entre ces différents pays met à mal ce bel élan unitaire. Songeons que le Cambodge ou la Bir-manie comptent parmi les pays les plus pauvres de la planète alors que Singapour caracole en tête du peloton.Aussi la libre circulation des individus sera-t-elle surement restreinte aux seuls travailleurs qualifiés d’après Surin Pitsuwan, l’ancien secrétaire général de l’ASEAN, afin d’éviter une fuite des cerveaux et des compétences. De même pour la monnaie unique : une monnaie virtuelle calculée par la Banque asiatique de développement, l’Asian Monetary Unit (AMU), compo-sée d’un panier de 13 monnaies asiatiques, préfigure une union monétaire, mais l’échéance semble davantage à long terme. Autre point d’interrogation en cette année 2015, l’insta-bilité politique de la Birmanie. Exclu en 2006, le pays n’est revenu sur le devant de la scène qu’en 2014 lorsqu’il a assuré la présidence tournante de l’ASEAN. Les élec-tions de novembre diront si la normalisation du régime se poursuit. Enfin les réformes structurelles nécessaires pour un pays tel que le Cambodge sont colossales à si courte échéance. Selon l’AMU, « le pays doit avant tout éradiquer la corruption et accélérer la réforme du domaine douanier pour promouvoir la transparence ». Que penser alors ? De toute évidence, l’échéance d’un marché commun sur le modèle de l’Union européenne devra être repoussée ou ne s’appliquera que de façon partielle, secteur par secteur. Par Tina Besse.

REVIVAL LADA

Lada est un mythe au Chili. Importées en 1987 à des prix défiant toute concurrence, les voitures soviétiques font fureur. Dans les années 90, tous les taxis roulent en Lada. Les publicités, aujourd’hui cultes, relaient cet en-gouement à travers toute la population et façonnent la mémoire collective. Disparue en 1998, le retour de la marque a été mille fois annoncé. En vain. Après 17 ans d’absence, Lada semble bel et bien prête à reprendre sa place. Reste à savoir si le nouveau design séduira encore les Chiliens ! Par T. B.

MÉKONG : LES BARRAGES ENRAGENT

Rebondissement dans la construction du barrage de Cheay Areng au Cambodge construit avec l’aide de la Chine : le premier ministre cambodgien, Hun Sen, a an-noncé récemment qu’aucune approbation ne serait ac-cordée avant 2018 et que les études d’impact se poursui-vraient. Cependant, les villageois de la vallée d’Areng, comme ailleurs en aval du Mékong, craignent que la des-truction de leur écosystème et de leur mode de vie ne soit que reportée. En effet, onze projets hydroélectriques sont en attente au Laos et au Cambodge. Les opposants soulignent que les barrages bloqueront le flux de sédi-ments nécessaires aux rizières du delta au Vietnam et perturberont la faune et en conséquence toute l’écono-mie de la pèche au Cambodge. Ultime paradoxe : seule-ment un dixième de l’énergie produite par ces barrages bénéficiera à ces deux pays. Par Withney Light

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DANS LA VAGUE

013 N° 1 / 2015

ÉCONOMIE

LEÇON DE VOCABULAIRE MAFIEUX :

TOUT COMPRENDRE DU CHANGE PARALLÈLE

Les arbolitos, ces vendeurs de devises à la sauvette, sont plantés rue Florida tels des arbustes, qu’il pleuve ou qu’il vente. Premier maillon de la chaîne, ces rabatteurs conduisent vendeurs et acheteurs dans des cuevas. Lit-téralement cave ou grotte, une cueva est le lieu où vos euros seront achetés au-dessus du taux officiel. Il peut s’agir de l’arrière-boutique d’une pharmacie, d’une banque, d’un lieu de culte… L’imagination des chan-geurs est sans limite. Par Camille Lavoix

LE FOOT, L’ARGENT ET L’ARGENTINE

Conclusions de l’étude commandée par la fédération argentine de football, l’AFA, à l’université des sciences économiques de Buenos Aires, mesurant les implica-tions économiques du football sur l’économie du pays : si le ballon rond a généré directement 952 millions d’eu-ros en 2013, les revenus indirects (presse, activité com-merciale autour des matchs, tourisme…) ont atteint 3,5 milliards d’euros. Une bonne santé paradoxale quand on connaît la situation financière des clubs argentins. Il faut dire que la majorité de leurs recettes provient des ventes de billets, alors que les droits audiovisuels ne re-présentent que 20 % de leur budget (contre près de 50 % en Europe). Par T. B.

LA FIBRE DE GUANACO

La nouvelle tendance fashion solidaire en Argentine se tisse à base de fibre de guanaco, le lama sauvage, star de la Patagonie. Un châle fait de ces fibres coûte près de 1 000 euros dans les grandes maisons de couture euro-péennes alors que les petits producteurs argentins re-çoivent 80 dollars par kilo de tissu. Traité comme un animal indésirable ou juste bon à attirer les touristes, diverses coopératives voient le jour pour réhabiliter l’intérêt pour le guanaco et le savoir-faire indigène en créant de beaux vêtements et en aidant les familles mo-destes de la région. Par C. L.

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UN JEU VIDÉO CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Ciclania  ! Le dernier né des jeux vidéo chiliens pour enfants se met au vert. Migue, son jeune héros, amoureux de la nature, assiste à la ponte des tortues, saute au-dessus des précipices, puis finit par rencontrer le «  consubot  », son pire ennemi, littéralement robot du consumérisme, qui lui enfile un casque et lui fait détruire les ressources naturelles. Game over  ! «  Sans la participation des citoyens, et la transformation de nos habitudes, le changement sera impossible », affirme Mariela Szwarcberg Bracchitta, biologiste et rédactrice du livret de ce jeu éducatif. Une manière ludique de sensibiliser les enfants aux enjeux écologiques. Par T. B.

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DANS LA VAGUE

014N° 1 / 2015

ÉCONOMIE EN IMAGES

Le textile-roi en Asie du Sud-Est

• VI •Rangoun revient dans la course

BIRMANIE

Dans les années 2000, la confection représentait 40 % des exportations bir-manes avec près de 300  000 ouvriers, jusqu’à l’embargo américain de 2003 qui a étouffé l’économie dans son ensemble, et plus particulièrement ce secteur. Nouvelle donne avec la le-vée de l’embargo : GAP investit dans une usine textile, avec à la clé plus de 700 emplois créés.

• I •Le nouvel atelier du monde

CAMBODGE

Avec plus de 700  000 ouvriers em-ployés dans 1  200 entreprises, dont 90  % de femmes (chiffres du minis-tère de l’Industrie et de l’Artisanat), la confection est devenue le premier secteur manufacturier du pays. Les grandes marques occidentales mais aussi les sous-traitants chinois pro-fitent d’une main d’œuvre à bas coût.

• II • « Travaille plus vite ou dégage »

CAMBODGE

C’est l’intitulé du dernier rapport d’Human Rights Watch qui dénonce les bas salaires et les conditions de travail des ouvriers du textile. Payés 58 euros par mois, certains se sont mis en grève. Des grèves réprimées dans la violence. Responsabiliser les don-neurs d’ordre européens devient une priorité selon l’ONG.

• III •In vivo

NORVÈGE-CAMBODGE

Sweatshop, traduisez «  atelier de mi-sère », est un documentaire diffusé au printemps 2015 sur le site Internet du quotidien norvégien Aftenposten. Un Vis ma vie à la sauce scandinave qui plonge trois blogueurs de mode dans la réali-té parfois difficile des usines textiles du Cambodge. Prise de conscience garantie.

• IV •Mark & Spencer à

Ho-Chi-Minh-ville VIETNAM

Mark & Spencer a ouvert son premier magasin à Ho-Chi-Minh-ville en sep-tembre 2014. La célèbre marque bri-tannique table sur la hausse du niveau de vie, dopée par une croissance ex-ceptionnelle, et l’intérêt pour la mode occidentale des Vietnamiens. En ef-fet, elle prévoit l’ouverture d’au moins 20 points de vente d’ici à 2020.

• V •Le nouvel eldorado du luxe

VIETNAM

Toutes les grandes marques veulent in-vestir au Vietnam où les échanges dans le secteur du textile de luxe sont évalués à plus de 10 milliards de dollars par an. 83 % des Vietnamiens de 30-55 ans dé-clarent « acheter des marques de bonne qualité même si le prix est plus élevé », selon une étude menée par Ubifrance. Her-mès, Louis Vuitton, Chanel, Dior y sont déjà implantés.

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Par Tina Besse ¬

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DANS LA VAGUE

Le textile-roi en Asie du Sud-Est Des élections générales, souhaitées libres et transparentes, auront

lieu en novembre 2015 en Birmanie pour la première fois depuis vingt-cinq ans. Elles feront suite aux élections partielles de 2011, qui avaient enregistré un véritable raz-de-marée électoral pour la National League for Democracy, le parti d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991. Cette dernière, icône bien connue des médias en Europe, mais aussi grâce au film The Lady de Luc Besson (2011), ne pourra toutefois pas être candidate, toujours empêchée dans cette démarche par la Constitution birmane qui interdit à un Birman de se présenter s’il est ou a été marié à un étranger. Or l’époux d’Aung San Suu Kyi, Michael Aris, décédé en 1999, était de nationalité britannique.Après quatre ans d’une transition multiforme et très complexe, sans précédent et sans égal dans le monde, l’évènement, dont la préparation est d’ores et déjà suivie de près par de nombreuses capitales, sera historique en raison même de sa symbolique, au-delà finalement du résultat du scrutin. À la veille de cette échéance capitale, les évolutions suivies et les réformes, tant démocratiques qu’économiques, engagées par ce pays de 51 millions d’habitants sont-elles suffisantes  ? Située à la rencontre stratégique de l’Inde et de la Chine, et plus vaste que la France, la Birmanie doit encore relever de nombreux défis. Alors que les tensions intercommunautaires secouent notamment le pays en Arakan et dans l'État Shan à la frontière chinoise, l’annonce, fin mars 2015, d’un projet d’accord de paix historique entre le Gouvernement et seize groupes armés représentant des minorités ethniques, en conflit depuis des décennies, ouvre la porte à un dialogue politique de bon augure. Toutes les tentatives précédentes de cessez-le-feu à l’échelle nationale avaient en effet échoué.Interviewée le 10 avril dernier, Aung San Suu Kyi a déclaré que son parti était prêt à gouverner, tout en menaçant de boycotter les élections – «  une option ouverte », selon ses propres termes – si la Constitution n’était pas modifiée à temps. Avant d’ajouter : « Ces élections seront un vrai test pour savoir si la Birmanie est réellement engagée sur la voie de la démocratie ou non. » L’enjeu des élections de 2015 dépasse largement le seul cadre birman : il est, en effet, d’importance pour la stabilité de toute l’ASEAN, un marché de 650 millions de personnes parmi les plus prometteurs de la planète. RdM

DANS LA VAGUEPOLITIQUE

L’ élection présidentielle en Argentine aura lieu en octobre prochain. La présidente actuelle ne peut se représenter pour un troisième mandat. La succession est ouverte.

L’Argentine, qui fêtera le bicentenaire de son indépendance le 9 juillet 2016, reste aujourd’hui encore en quête d’une stabilité politique après des dé-cennies de guerres civiles et cinq coups d’État militaires entre 1930 et mars 1976. Le retour à la démocratie en 1983, avec l’élection du radical Raul Alfonsin, semblait bien fragile. Et pourtant…Pour la première fois de son histoire, l’Argentine connaît plus de 30 ans de démocratie ininterrompue malgré quelques soubresauts – le plus critique étant la grande crise de la fin 2001, qui a vu défiler cinq présidents en une se-maine et qui s’est soldée par 39 morts lors de la répression des révoltes popu-laires. Le redressement qui s’ensuivit a été difficile. Bien que malmené par des accrochages avec le monde de la finance, l’apaise-ment retrouvé est évident. Depuis 2003, ce sont les péronistes Nestor Kirchner (décédé en 2010) et son épouse Cristina Fernandez, actuelle présidente, qui gouvernent un pays polarisé à la veille de la présidentielle qui se tiendra en oc-tobre prochain. Après huit ans de ges-tion, madame Fernandez reste tout de même la personnalité politique la plus populaire mais elle ne peut briguer un nouveau mandat. Qui sera capable de lui succéder, dans un contexte où l’op-position de centre droit, l’unique force en mesure de lui disputer le pouvoir, se présente divisée ? Le deuxième cente-naire de la République argentine connaîtra un nouveau président… dif-ficile aujourd'hui de savoir lequel. RdM

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INCERTITUDES ARGENTINES

Par Éric Domergue ¬

BIRMANIE : L’ÉLECTION TEST

Depuis 2011 la junte au pouvoir en Birmanie revendique une volonté de démocratisation. Les prochaines élections confirmeront ou non ces louables intentions.

Par Amaury Lorin ¬

015 N° 1 / 2015

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SENIORS ET CROISIÈRES, DES BESOINS ET UNE OFFRE QUI

SE CONFONDENT

Le senior pour ses vacances : le goût de la découverte et de l’aventure /

l’évasion /les activités / le confort et le bien-être sans avoir

à défaire sa valise de nombreuses fois

La croisière aujourd’hui : un lieu différent chaque jour /

des prestations haut de gamme de plus en plus variées et originales /

un niveau de confort exigeant et moderne /

une sécurité irréprochable

DANS LA VAGUE

MARCHÉDE LA CROISIÈRE

6,39 MILLIONSDE PASSAGERS EN 2014

+14 %DEPUIS 2013 =70 000 NOUVEAUX PASSAGERS

590 000 CROISIÉRISTES EN 2014

1erPAYS AVEC 1,77 MILLION DE CROISIÉRISTES

4eMARCHÉ EUROPÉEN

EUROPE

6,2 MILLIONS DE JEUNES RETRAITÉS

Voyages où le confort et le bien-être sont privilégiés. Importance accrue des croisières. Tourisme classique

avec apprentissage, quête de sens et de générosité. Voyage de leur rêve (Asie, Amérique du Sud).

65-74 ANS

FRANCE

ALLEMAGNE

63% MÉDITERRANÉE

10 % EUROPE DU NORD

CROISIÉRISTES FRANÇAIS

Seniors en vacances Par Ivan Facano ¬

Les seniors sont de plus en plus nombreux, on le sait. Ce que l’on sait aussi, c’est qu’ils sont en forme et dynamiques beaucoup plus longtemps, qu’ils participent plus que jamais à la vie de la société et ressentent de moins en moins le phénomène de déconnexion d’avec la vie active, grâce notamment

aux nouvelles technologies. Leur dynamisme et leur optimisme sont de nouveaux moteurs de comportements de consommation. Boostés par un fort pouvoir d’achat, ils sont ainsi plus nombreux à partir régulièrement

en voyage, et pour des destinations éloignées du domicile. Leur crédo : l’exigence de découverte, d’originalité et de confort. Les croisières en profitent grandement.

+88 %AMÉRIQUE

DU SUD

+82 %ASIE

DESTINATIONS QUI AUGMENTENT

MILLIONS DE RETRAITÉS

Privilégient le calme, la possibilité de se reposer et de prendre leur temps, tout en souhaitant conserver le contact avec autrui

(voyages organisés).

+ 75 ANS 6,1

MILLIONS DE « PAPYBOOMERS »

DONT LA MOITIÉ SONT SALARIÉS

Clients de tous types de voyages dont les croisières

(en augmentation). Valeurs : rester dynamiques, dans le coup /

découverte / aventure.

50-64 ANS 12,7

SENIORS EN FRANCE

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L’actualité culturelle nous emmène cet été à Buenos Aires, avec l’exposition organisée à la Maison rouge, le focus Argentine du festival d’Avignon et la chanteuse Myriam. Mais aussi au Vietnam avec la chorégraphe Ea Sola et l’exceptionnelle exposition du musée Guimet sur le théâtre asiatique. Des suggestions à voir ou à visiter partout en France de juin à octobre.

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DANS LA VAGUE

018N° 1 / 2015

EXPOSITIONS

ARGENTINEEN BALADEL’Argentine prend ses quartiers d’été à Paris. L’exposition My Buenos Aires à la Maison rouge opère un focus sur la capitale sud-américaine et en restitue le goût, le style et l’énergie. Avec plus de soixante artistes, la sélection organise le dialogue entre espace public et sphère de l’intime, entre appréhension politique de la ville et investigation de son inconscient. Conçu comme une balade ur-baine, le parcours de l’exposition fait voyager le visiteur entre des morceaux de façades et d’échafaudages, un vieux canapé, des ca-pots de voiture et des statues décapitées. Des artistes confirmés (Guillermo Kuitca, Jorge Macchi) à ceux des jeunes générations, les plasticiens argentins exaltent ici la sensualité, la folie et le mys-tère de leur capitale.

LES OCÉANSUTOPIQUESRévélé par le prix Découverte des amis du Palais de Tokyo, En-rique Ramirez expose plusieurs œuvres à Marseille durant l’été. Son dernier film, Une Histoire sans destin, une fable sur Magellan, le fantasme de la Patagonie et l’utopie des explorateurs, est montré en avant-première à l’occasion du Festival international du film documentaire. Poétisation d’un épisode tragique de la dictature chilienne, le triptyque Los Durmientes, présenté cet automne au Palais de Tokyo, est quant à lui projeté à l’espace HLM, tandis que la galerie HO accueille d’autres pièces. Notons également qu’Enrique Ramirez participe à l’exposition Tu dois changer ta vie avec son film contemplatif Océan dans le cadre de Lille 3000, fin septembre.

L’ASIE DU SUD-ESTS’EXPOSEDans le cadre de la célébration des cinquante ans de relations diplomatiques entre Singapour et la France, l’art de l’Asie du Sud-Est est mis à l’honneur dans les plus grandes institutions hexagonales. Le MAC de Lyon accueille ainsi Open Sea, une exposition panorama sur la création sud-asiatique depuis trois décennies. Tous médias confondus, les œuvres d’une trentaine d’artistes venus de cette région carrefour, nourrie d’influences internationales, rendent compte de son extraordinaire dynamisme. Le Vietnamien Jun Nguyen-Hatsushiba y présente Memorial Project Nha Trang, une vidéo dans laquelle des rickshaws (cyclo-taxis) évoluent sous l’eau avec difficulté, en hommage aux boat-people morts en mer. On peut également y découvrir le travail d’Anida Yoeu Ali et d’Uudam Tran Nguyen, deux figures montantes de l’art cambodgien et vietnamien.

Open Sea, Musée d’art contemporain de LyonDu 17 avril au 12 juillet 2015

Festival international du film documentaire de Marseille,Espace HLM/Hors-les-murs, galerie HODu 30 juin au 06 juillet 2015

My Buenos Aires, La Maison rouge, ParisDu 20 juin au 20 septembre 2015

MÉMOIRE YAMANAÀ ne pas manquer cet été aux Rencontres d’Arles, le festival international de photographie, une exposition consacrée au pho-tographe-missionnaire Martin Gusinde, qui a vécu avec les peuples indigènes de la Terre de feu au début du siècle dernier. Durant six années, il a accumulé ainsi quelque 1  200 magnifiques clichés, qui restent à ce jour l’un des rares et précieux témoi-gnages sur les Yamana et Selk’nam. Terre de feu, Martin Gusinde, Rencontres d’Arles, Du 6 juillet au 20 septembre 2015

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© Jun NGUYEN-HATSUSHIBA, Memorial Project Nha Trang, Vietnam, 2001, Collection SingapourMuseum

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DANS LA VAGUE

019 N° 1 / 2015

EXPOSITIONS

Textes Florian Gaité ¬

LE RENDEZ-VOUSSÉRÉNISSIME2015 signe la tenue de la Biennale de Venise, l’un des plus grands rendez-vous mondial de l’art. Le pavillon chilien présente les œuvres de deux femmes, le duo Paz Errázuriz et Lotty Rosenfeld, autour de la notion de dissidence, illustrant la difficile transition de la dictature à la démocratie. De son côté, l’Argentine s’en re-met à l’un de ses plus célèbres sculpteurs, Juan Carlos Distéfano, qui revient aux fondamentaux du travail de la forme. À noter égale-ment : avec la sélection du pavillon italo-latin, mais surtout celle de l’exposition centrale All the World’s Futures qui présente pas moins de quatre artistes venus d’Argentine, le pays est le mieux représen-té de cette édition. Enfin le Vietnam peut compter sur la participa-tion de Danh Vo, représentant du Danemark, qui travaille sur les implications sociales et culturelles de la colonisation.

JODOROWSKYDANS TOUS SES ÉTATSLe CAPC de Bordeaux organise la première rétrospective majeure consacrée à l’œuvre du chilien Alejandro Jodorowsky. Réalisateur, performeur, auteur et dessinateur de bande dessinée, tireur de ta-rot à ses heures, Jodorowsky s’est illustré autant aux côtés des Sur-réalistes et de Panique que dans les milieux underground. La grande nef du CAPC regroupe des pièces historiques comme des archives inédites, donnant la mesure de cette œuvre totale, philosophique et ésotérique.

LE CAMBODGEEN ORBITEÀ Paris, la Galerie nationale du Jeu de Paume accueille un nou-veau volet du cycle Satellite 8, consacré à des artistes de l’Asie du Sud-Est, avec l’exposition des travaux de Khvay Samnang. Entre photographie, vidéo et performance, le plasticien cambodgien intervient au cœur du quotidien, confrontant histoire actuelle et cultures du passé.

56e Biennale de Venise, ItalieDu 09 mai au 22 novembre 2015

Khvay Samnang, Satellite 8, Jeu de Paume, Paris Du 02 juin au 27 septembre 2015

Alejandro Jodorowsky (rétrospective), CAPC, Musée d’art contemporain de BordeauxDu 28 mai au 31 octobre 2015

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020N° 1 / 2015

DANS LA VAGUE ÉVÉNEMENT EXPOSITION

L’exposition événement au Musée national des arts asiatiques-Guimet, Du nô à Mata Hari, 2000 ans de théâtre en Asie, impressionne par son ambition. Retraçant l’évolution d’un art aux multiples formes sur pas moins de deux millénaires à travers le plus vaste des continents, ce projet est d’une ampleur iné-dite. Concentré sur la Chine, le Japon, l’Inde et l’Asie du Sud-Est, son parcours retrace les évolutions historiques du théâtre asiatique depuis ses origines, liées au rituel et à la mort, jusqu’à ses formes, épiques, historiques ou plus proprement littéraires dans la moder-nité. Visuelle et prolifique, la sélection dé-montre toute la finesse esthétique de cet art, en faisant la part belle aux costumes, aux ac-cessoires et à leur codification.Caractéristiques de l’Asie du Sud-Est et de la Chine, le théâtre d’ombres et celui de ma-rionnettes occupent un espace à part entière dans l’histoire de la création théâtrale. La scénographie évocatrice immerge le public au cœur d’une foule de silhouettes, parmi des jeux d’ombres empruntés aux collec-tions du Musée Guimet et du Musée du quai Branly. Les grands cuirs découpés du Cam-bodge laissent apparaître des figures com-plexes et des scènes très expressives, qui évo-luent dans des formes proches de celles du ballet royal et des sculptures d’Angkor. L’Asie du Sud-Est est également représentée par le khon, théâtre dansé de Thaïlande et son pendant cambodgien, le khol, ainsi que les différentes traditions de wayang en Indonésie. Principalement inspiré du Mahabharata, du Ramayana et du Reamker, sa variante khmer, ce théâtre semi-masqué, extrêmement codi-fié, met en scène hommes, femmes, démons et singes. L’exposition est l’occasion d’ap-précier la richesse stylistique de ses parures pailletées (tuniques brodées, pantalons dra-pés ou chasubles en soie brochée) comme celle de ses masques (ornés de couronnes, de morceaux de verre ou de miroir), décou-vrant toute la sophistication de l’art théâtral asiatique.

Ombres, masques et splendeurs du théâtre asiatiqueThéâtre de marionnettes, d’ombres et de masques, l’extraordinaire richesse et diversité du théâtre asiatique s’expose à Paris au Musée national des arts asiatiques-Guimet jusqu’au 31 août. Costumes et parures mettent en perspective historique un art millénaire.

Par Florian Gaité ¬

1. Jeune femme : Manbi Japon, époque d’Edo (1603-1868)2. Opéra de Pékin, scène réunissant les personnages de l’opéra Troubles dans le royaume du ciel, 1983

Ci-dessus : © RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry OllivierCi-contre : © Suzanne Held

Du nô à Mata Hari, 2000 ans de théâtre en Asie

Musée national des arts asiatiques-Guimet, Paris

Du 15 avril au 31 août 2015

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DANS LA VAGUE

021 N° 1 / 2015

LA CHRONIQUE THÉÂTRE

Par Charlotte Lipinska ¬

Chaque année au mois de juillet, Avignon palpite et bouillonne. Des affiches colorées squattent chaque cm2, la foule sourit devant les parades (plus ou moins élégantes, avouons-le…), les restaurants doublent leurs prix (c’est de bonne guerre) et la Cour d’honneur du Palais des papes entend les trompettes de Maurice Jarre chaque soir à 22 heures pétantes. Oui, Avignon est l’un des plus grands fes-tivals de théâtre du monde, et il compte bien le rester. Pour cela, deux programmes cohabitent. D’un côté, le « off », soit plus de 1 000 spectacles, tous genres confondus. Hormis pour quelques salles, il n’y a pas de « programmation » proprement dite. Qui veut, vient, pour le meilleur comme le pire. De l’autre : le « in », soit une quarantaine de créations venues du monde entier et co-produites par le festival que dirige Olivier Py. Mais quelle est donc la recette pour qu’un tel évènement perdure depuis 69 ans ? Citons pêle-mêle quelques ingrédients qui ont fait leurs preuves : des metteurs en scène de renom, des acteurs inves-tis, des lieux majestueux, des spectateurs à l’appétit insatiable et à la curiosité aiguisée. Le tout sous un soleil de plomb. Avignon, c’est un bouche à oreille toute ouïe, c’est la pensée qui circule, c’est une ferveur qu’on partage. Pour rester à la proue de la création mondiale, outre la présence de metteurs en scène confir-més, il ne faut pas oublier une chose : la jeune pousse d’aujourd’hui sera la fine fleur de demain. Ce que le festival a parfaitement com-pris et honore plus que jamais. Ainsi, aux côtés des jeunes talents repérés dans l’Hexagone, on trouve quelques pépites glanées aux quatre coins du globe. Et s’il ne fallait cette année retenir qu’une destination pour ce grand voyage : cap sur l’Argentine !Avec pas moins de trois spectacles programmés dans le «  in  » cette année, le festival met en lumière l’incroyable effervescence de la scène indépendante de Buenos Aires. Depuis quelques an-nées, faute de véritable politique culturelle, des dizaines de petites salles de spectacles ont fleuri un peu partout. Les hangars, les ga-rages, tout se transforme sous l’impulsion de jeunes artistes qui

LE THÉÂTRE ARGENTINÀ L’HONNEURSi Copi fut longtemps considéré comme l’auteur argentin le plus corrosif et farfelu, il est

aujourd’hui une génération d’artistes qui a fait de la scène indépendante de Buenos Aires

l’une des plus bouillonnantes qui soit. Le festival d’Avignon leur ouvre les bras avec pas

moins de trois spectacles programmés cet été. Un élan qui se poursuivra sur les scènes

parisiennes dès la rentrée.

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022N° 1 / 2015

DANS LA VAGUE LA CHRONIQUE THÉÂTRE

Dynamo, de Claudio Tolcachir Gymnase du Lycée Mistral,festival d’AvignonDu 16 au 23 juillet 2015

Le Syndrome, de Sergio Boris Gymnase du lycée St Joseph, festival d’AvignonDu 8 au 11 juillet 2015

Quand je rentrerai à la maison je serai un autre, de Mariano Pensotti La Fabrica, festival d’AvignonDu 18 au 25 juillet 2015

Les Idées, de Federico Leon Théâtre de la Bastille, Paris co-production festival d’Automne de ParisDu 7 au 16 octobre 2015

Un Poyo royo, mis en scène par Hermes Gaido Théâtre du Roi René, festival d’Avignon (off) Du 04 au 26 juillet 2015Théâtre du Rond-Point, Paris Du 18 septembre au 18 octobre 2015

Une Comédie pâtissière d’Alfredo Arias Théâtre de la Tempête, Parisà partir De fin septembre 2015©

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©Ignacio Iasparra

Si les remparts d’Avignon font cette année écho à la scène argen-tine, l’élan ne s’arrête pas là. À la rentrée, trois autres spectacles sont annoncés à Paris. Dans Les idées (3), Federico Leon interroge le processus de création et la frontière ténue qui sépare la réalité de la fiction. On y voit un metteur en scène et son collaborateur qui échangent leurs idées en vue d’un prochain spectacle. Sachant que Leon joue en scène, il s’agira donc de jouer à être soi-même. Une mise en abîme que n’aurait pas renié Pirandello ! Alfredo Arias lui, le plus parisien des Argentins (et vice versa) prépare Une comédie pâtissière au théâtre de la Tempête. Enfin, après plus de six ans à l’affiche à Buenos Aires, Un Poyo Royo (4) arrive précédé d’une rumeur enthousiaste. Sans un mot, deux hommes expéri-mentent toutes les façons d’établir une relation dans un vestiaire de sport. Ils se toisent, se provoquent, se désirent ou se rejettent... Du théâtre gestuel qui emprunte aussi à la danse, à l’acrobatie, au clown et au burlesque. À l’image de la scène argentine, nerveuse et inventive, que le public français est invité à goûter de toute urgence.

en veulent. La plupart sont nés dans les années 70. Ils ont grandi sous la dictature militaire, ce qui n’est pas rien. Ils ont connu les crises économiques et sociales qui ont suivi le rétablissement de la démocratie, ce qui n’est pas rien non plus. Des temps difficiles où les Argentins n’ont jamais déserté les théâtres, bien au contraire. Art de la résistance, puis de la reconstruction, on assiste au-jourd’hui au théâtre de la résilience. Chef de file de ce renouveau, Claudio Tolcachir a fondé en 1998 Timbre 4, un espace culturel protéiforme, lieu de travail, de représentations et d’apprentissage. C’est là qu’est né Dynamo (1), sa dernière création. Il y raconte la cohabitation explosive de trois femmes au parcours sinueux : une ancienne tenniswoman décidée à reprendre de la raquette après 30 ans d’hôpital psychiatrique, sa tante ballotée entre sévères gueules de bois et fulgurantes inspirations créatives et une im-migrée venue d’un pays lointain qui se cache dans les armoires... Quand on connait la propension de Tolcachir à dynamiter les rap-ports sociaux et familiaux, ça promet ! C’est à Timbre 4 également qu’ont été invités 14 élèves de l’École supérieure de théâtre de Bordeaux en février dernier afin d’expé-rimenter de nouvelles méthodes de travail et de s’immerger to-talement dans la scène indépendante de Buenos Aires. Avec eux, le metteur en scène argentin Sergio Boris. Ensemble, ils créent Le Syndrome ou l’histoire d’un groupe d’étudiants français venus étudier le théâtre à Buenos Aires. Saisis d’un mal inexplicable, ils restent sur place et décident de vivre sur les rives du delta... Enfin, le troisième spectacle argentin est signé Mariano Pensot-ti (2) et son groupe Marea. Dans Quand je rentrerai à la maison je serai un autre, il croise le destin de quatre protagonistes dont le passé ressurgit avec la découverte d’une cassette de chansons enterrée depuis des années, au temps de la dictature. Sur quoi reposent les mythes familiaux ? Comment voyagent-ils de génération en géné-ration ? En quoi ces mythes façonnent nos personnalités ? Autant de questions qui traversent la pièce de Pensotti, très attendue.

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023 N° 1 / 2015

LA CHRONIQUE DANSE DANS LA VAGUE

L. Tuan Le, N.L. Nguyen, L.M. Nguyen et T.L. Nguyen, À O Lang PhoLes Nuits de Fourvièreles 17 et 18 juin 2015, Le Printemps des comédiens, Montpellierles 25 et 26 juin 2015

Abdou N’gom, Same SameTarare, le 27 juin Festival du Montpeloux le 2 juillet 2015 La Manekine, Pont-Saint-Maxence le 9 octobre 2015

Thierry Thieû Niang, Le Grand vivantRencontres d’été de la Chartreuse, Villeneuve-lez-AvignonDu 20 au 23 juillet 2015

TangopostaleFestival international du tango de ToulouseDu 26 juin au 05 juillet 2015tangopostale.com

Festivals du sud 201525 événements en France durant tout l’étéfestivalsdusud.com/2015

Le Printemps du tango de MulhouseDu 11 au 14 juin 2015, leprintempsdutango-mulhouse.fr

Da n sesmétissesDa n sesmétisses

Tango ou danse traditionnelle vietnamienne, cirque ou création contemporaine, l’interculturalité se danse sur toutes les scènes de France cet été. Tour d’horizon des festivals et des institutions.

Dans le cadre du festival des Nuits de Fourvière, Tuan Le, Nguyen Nhat Ly, Nguyen Lan Maurice et Nguyen Tan Loc présentent pour la première fois en France À O Lang Pho, une série de tableaux spectaculaires retraçant les mutations d’un hameau rural du Vietnam face à la société moderne. Avec pas moins de dix-sept acrobates et cinq musiciens sur scène, la création, qui lie danse et cirque, organise la balance entre chants traditionnels et battle de hip hop. Mettant le pa-nier et le bambou à l’honneur, la pièce est l’occasion de découvrir les traditions vietnamiennes et leurs adaptations dans la culture contemporaine. Le métissage est également au cœur du travail d’Abdou N’Gom qui s’inspire de ses voyages en Asie du Sud-Est (Laos, Cambodge) pour confronter, par la danse, l’ici à l’ailleurs. Intitulée Same Same, une expression régionale équivalente au kif kif d’Afrique du Nord, sa pièce questionne l’altérité culturelle, le sens de la ren-contre et le rapport à soi qui s’y construit. Après des passages remarqués au festi-val « off » d’Avignon et aux Hivernales, la pièce est réécrite en 2014 et acquiert en-core plus de force. On suivra également avec intérêt la nouvelle production d’un éminent chorégraphe français d’origine vietnamienne, Thierry Thieu Niang, collaborateur de Mathilde Monnier ayant également travaillé avec Patrice Ché-reau. Il présente sa nouvelle création, Le Grand vivant, aux 41e Rencontres d’été de la Chartreuse, une réflexion dansée sur la puissance de la nature et la vulnérabi-lité de l’homme, au son de la poésie de Patrick Autréaux.Côté Amérique du Sud, l’année a été marquée par plusieurs échanges entre la scène contemporaine française et les danses d’Amérique du Sud. Aussi faut-il suivre avec attention les prochains spectacles du chorégraphe chilien José Vi-dal, récemment accueilli au Centre national de la danse de Pantin, et ceux de Cécilia Bengoléa qui, associée à François Chaignaud, travaille au croisement des cultures populaires et savantes. Les prochains mois verront sans aucun doute se poursuivre la tournée de Motus Anima du duo Claudia Miazzo et Jean-Paul Padovani et, espérons-le, la reprise de Milonga de Sidi Larbi Cherkaoui, deux pièces contemporaines revisitant l’écriture du tango argentin. Cette dernière danse est comme chaque année à l’honneur de plusieurs festivals dont le Printemps du tango à Mulhouse et le Tangopostale de Toulouse. Enfin, la danse folklorique des campagnes argentines est également présente avec la venue exceptionnelle en France du Ballet Martin Fierro qui tourne dans tous les événements du réseau des Festivals du Sud, consacrés aux arts traditionnels et populaires. RdM

Par Florian Gaité ¬

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24N° 1 / 2015

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025 N° 1 / 2015

PORTRAIT DANS LA VAGUE

Fille d’un père vietnamien et d’une mère française, Ea Sola débarque seule à Paris en 1978. Jusque-là habituée aux paysages de campagne, elle vit comme un choc la décou-verte de la métropole. Dans ce monde mécanisé et anonyme, elle exprime sa diffé-rence en se tenant immobile dans la rue, des heures durant, réalisant sans le savoir ses premières performances. Autodictate, inlassable curieuse, Ea Sola se réfugie dans la littérature, s’adonne au théâtre et à la musique, affirmant un goût pour l’expérimentation et la plasticité,

palpable dans le travail scénique de chacune de ses œuvres. Au terme d’un long parcours, elle trouve dans la danse le moyen d’une synthèse, devient interprète, puis chorégraphe et met en scène ses propres pièces. En 1990, elle retourne au Vietnam, désireuse de retrouver cette terre désormais en paix. À son arrivée, elle est frappée par la misère d’un pays qui porte les séquelles de son histoire tour-mentée. Sa pièce maîtresse, Sécheresse et pluie, dont elle offrira trois versions, rend hommage aux anonymes de la guerre et aux fondamentaux de la culture vietnamienne. Ea Sola réfléchit ici aux moyens de se réapproprier le récit d’une évolution vers la modernité, de susciter un questionnement originel qui repense l’individu et son rapport à l’histoire. Avec le compositeur SonX (Nguyen Xuan Son), elle mène une réflexion sur les chants, la musique et les instruments traditionnels (percussions, vièle, luth) à partir desquels elle élabore des formes contemporaines en lien avec l’environnement culturel traditionnel et l’histoire du Vietnam. S’en suivront Il était une fois, La Rizière dans la musique, Voilà, voilà – un cycle sur les mémoires de la guerre, de l’individuel au col-lectif, dont elle atteint avec Requiem, en 2001, un point d’abou-tissement. À travers ses travaux, Ea Sola y livre un message pro-fond et poétique, y transcende la blessure, cherchant in fine à donner « la mort à la mort même ». Il s’agit pour elle d’aller au-delà de la cicatrice pour composer les moyens d’une résilience. Depuis 2005, la chorégraphe se penche sur le monde contem-porain. Airlines travaille les questions de nation, de frontière et de migration. Dans ce solo, la chorégraphe installe une mer

sur scène, place l’Europe en horizon symbolique, évoque le vivre-ensemble et ses pa-radoxes. Avec Le Corps Blanc, elle mobilise La Boétie pour traiter des formes nouvelles de tyrannie et de servitude, celles d’un monde dérégulé qui, entre technologie et fi-nance, échappe au contrôle des hommes. Sans nul doute l’une des artistes franco- vietnamiennes les plus reconnues à l’international, Ea Sola danse l’humanité, pour ré-sister à l’oubli de l’histoire et à l’étiolement du rapport à l’autre.

Ea Sola, danser la mémoire

du monde

Par Florian Gaité ¬

De son enfance passée au Vietnam, Ea Sola reste profondément marquée par le souvenir amer de la guerre, de la violence et des formes de domination qui n’ont cessé de l’interroger et de nourrir sa danse. De ce rapport à l’histoire, la chorégraphe a tiré la possibilité d’un dialogue entre mémoires individuelle et collective, et celle d’éveiller la conscience au sens d’une humanité partagée.

RdM

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MUSIQUE

UNE SACRÉE NANA

DANS LA VAGUE

Découvrir la culture argentine à travers « Nana » et son groupe de musique franco- argentin, c’est plonger dans un univers à la croisée du tango, de la cumbia, des classiques de Piaf et de Brassens et d’une sacrée dose de folie. La chanteuse, My-riam dans la  vraie vie, achève une tournée en France et écume les scènes de Buenos Aire où elle est installée depuis 10 ans. Chimichurri, la fameuse sauce argentine, se transforme ainsi en une délirante chanson assortie d’une mise en scène très théâtrale. Nana se fait tour à tour dan-seuse de cabaret, chanteuse d’opérette ou ambas-sadrice de la pop d’outre-mer. La gastronomie, les habitudes des Argentins ou encore les quartiers de Buenos Aires  : tout y passe dans un style sensuel et fragile. Sur scène, à ses côtés, le guitariste argentin Germán Tschudy est aussi le mari de Nana, avec qui elle a concocté l’album Volée, dans les deux langues. Myriam ne sait plus très bien quelle est la sienne, mais aucun doute, elle transporte avec elle l’énergie incomparable de son pays d’adoption. On ressort de ses concerts avec la pêche.

026N° 1 / 2015

Par Camille Lavoix ¬ Photo Florian Chavanon ¬

www.nanaenada.comAlbum Volée, disponible sur iTunes

En écoute sur Deezer

RdM

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Good Morning SteinbeckL’auteur des Raisins de la colère a passé six mois – entre décembre 1966 et mai 1967 – avec les forces américaines en-gagées au Vietnam. Les articles qu’il publia dans le quotidien Newsday sont maintenant rassemblés. On dirait aujourd’hui qu’il fut imbedded. Comprendre que l’armée américaine a entièrement pris en charge l’écrivain, a assuré sa sécurité et organisé des rencontres avec ses plus valeureux représentants. Il n’est donc pas très étonnant que les récits qui découlent de ce voyage tissent un portrait glorieux de l’action améri-caine au Vietnam. Mais au fil du voyage, le doute com-mence à poindre chez Steinbeck. L’anticommuniste viscéral ques-tionne le bien-fondé de l’engagement. En privé, quelques semaines après son retour et juste avant sa mort, il aurait d’ailleurs milité pour la paix. Au-delà de l’intérêt politique, l’écri-vain, prix Nobel 1962, nous offre ici une magnifique description des pay-sages du Sud-Est asiatique, du luxu-rieux delta du Mékong aux provinces les plus reculées du Nord-Cambodge, en passant par l’exquise Bali. Les poètes sont les meilleurs correspon-dants de guerre au monde, disait Steinbeck. Force est d’acquiescer. Par Francine Thomas

Dépêches du Vietnam, John Steinbeck,Les Belles lettres, 272 pages, 21 €

Aux brillants héros de la merNaufrages faillit être posthume. Fran-cisco Coloane publia cette anthologie des tragédies maritimes quelques se-maines seulement avant sa mort. Ne cherchez pas dans ces courts récits

un hommage aux victimes du Titanic, ou des révélations sur les disparitions de marins contemporains. Le poète sud-américain s’intéresse davantage aux horizons chiliens. De l’épopée de Magellan à celle d’une expédition dont le navire se retrouva brisé par les glaces de l’Antarctique, ces tristes destinées donnent raison à l’adage qui assène : « Ne tourne jamais le dos à la mer. »Par F. T.

Naufrages, Francisco Coloane, Éditions Libretto, 208 pages, 8,10 €

Rouge vengeanceQue se passe-t-il quand une honnête et discrète épouse retrouve dans les affaires de son mari un cœur dessiné au rouge à lèvres ? 170 pages et deux cadavres plus tard, la jalousie, la du-plicité et la folie sortent gagnants de cette farce tragico-domestique. Claudia Pineiro, brillante écrivaine et scénariste argentine, dissèque les faux-semblants au sein d’un couple de la classe moyenne de Buenos Aires. Le récit, féroce et incisif, rebondit au gré des coups de bluff des deux protago-nistes. Rira bien qui tuera le dernier.Par F. T.

À toi, Claudia Piñeiro, Actes Sud, 176 pages, 18 €

Vingt ans de solitudeSe croyant possédé, Vincent, disparu il y a 20 ans, vivrait en ermite près du détroit de Magellan. À travers des ré-cits aux styles variés – l’enquête de Ro-sario et Paul, les confessions de l’oncle Vincent, le journal d’un ethnologue, le carnet d’un soldat – le lecteur est embarqué dans les captivantes tribu-lations de solitaires égarés. Ce jeu de piste historique, psychique et familial

est émaillé de coïncidences, faits his-toriques et légendes yagans. Selon Vincent est une invitation à voyager dans le temps et « à l’envers du monde  », jusqu’en Terre de feu. On largue ainsi les amarres du côté de Punta Arenas et l’extrême-sud de la Patagonie entre fjords et sommets déchiquetés. Un uni-vers froid, sans vie où « la puissante beauté des paysages traversés  » révèle un monde « sauvage, puissant, indifférent ».Par Vincy Thomas

Selon Vincent, Christian Garcin, Stock, 312 pages, 19,50 €

Voyage en terre de goûtNathalie Nguyen n’est pas seulement l’ancienne candidate d’une émission télévisée culinaire. Elle et son food-truck sont aujourd’hui devenus les ambassadeurs des saveurs si particu-lières du Vietnam. Grâce à ses recettes simplement expliquées et joliment illustrées, on se lance sans complexe dans la préparation de mini-nems aux crevettes, de cabillaud au caramel ou de perles du Japon au lait de coco. La dégustation nous offre un voyage gus-tatif des plus dépaysants. Par F. T.

Les recettes du camion Bol, Nathalie Nguyen, Éditions Mango, 144 pages, 15 €

DANS LA VAGUE

027 N° 1 / 2015

LIVRES

LIVRES

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ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ?

Processus de démocratisation, boom économique et touristique, l’Asie du Sud-Est s’ouvre au monde et à la modernité. Sans perdre pour autant son authenticité, ses traditions, sa culture ni son imprégnation bouddhiste. Comment se développent le Cambodge, le Vietnam et la Birmanie autour des axes structurants que sont le Mékong et l’Irrawaddy ?

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030N° 1 / 2015

ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ?DOSSIER

CROISSANCE économique etOUVERTURE politique ?

Texte Sébastien Righi ¬

La doxa des économistes libéraux assène que le déve-loppement économique d’un pays le conduit inexora-blement sur la voie de la démocratie. L’Asie du Sud-Est dont on ne peut nier l’expansion économique récente, notamment celle du « petit dragon » vietnamien, contre-dit franchement ce processus politique. Les indicateurs économiques au beau fixe apporteront-ils démocratie et libéralisme ? Étude comparée du Vietnam, du Cam-bodge et de la Birmanie.

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031 N° 1 / 2015

ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ? DOSSIER

fics organisés… Les négociations de paix ont récemment abouti à un cessez-le-feu. Mais les tensions sont encore vives et l’un des défis majeurs du pays reste l’unité nationale.

UN MARCHÉ IMPORTANTLa Birmanie, considérée il y a encore peu de temps comme la nation la plus répressive du monde en matière de libertés fonda-mentales, semble changer et s’être engagée sur la voix de réformes sérieuses. En atteste la reprise certes timide des relations diplo-matiques, marquées notamment par la visite en 2012 et fin 2014 du président américain Barack Obama. La liberté de manifester librement en Birmanie, la possibilité pour certains opposants, libérés, de sortir du pays, ou encore une école de journalisme in-dépendante qui a vu le jour l’an dernier (voir encadré) sont autant d’éléments encourageants. D’autres indicateurs confirment que le pays est entré dans un pro-cessus de développement et d’ouverture des frontières. À com-mencer par la croissance économique (autour de 8,5  % en 2014) qui reste soutenue malgré la crise économique mondiale. La fin du boycott des multinationales a également fortement encouragé le retour des capitaux étrangers et la mise en place de grands projets d’investissement de plusieurs milliards de dollars dans la produc-tion d’énergie à destination des Birmans (avec le concours entre autres de la Banque mondiale et des USA) semble vouloir marquer une volonté de prendre en main la lutte contre la pauvreté. Des programmes en matière de santé publique ont récemment été mis en place, visant notamment un meilleur accès aux soins. À noter aussi le nombre croissant de touristes qui visitent la Birmanie et le développement d’infrastructures d’accueil, signes d’une ouver-ture des frontières et d’un apaisement politique. Un contexte favorable qui semble satisfaire ses voisins. Le pays est en effet stratégique à plusieurs égards : il possède de nombreuses ressources naturelles (pétrole, gaz, bois, charbon, pierres pré-cieuses), sa population vivant en majorité sous le seuil de pauvreté et sa géographie en font un marché potentiel important en Asie du Sud-Est. Selon un sondage récent, un quart des entreprises asia-tiques souhaiteraient investir en Birmanie.

LE VIETNAM, NOUVEAU « MIRACLE » ASIATIQUE ?Le Vietnam peut se vanter d’un développement économique exemplaire en Asie du Sud-Est : apparition d’une minorité ai-sée, multiplication par cinq du PIB en 10 ans, pouvoir d’achat en constante augmentation… Tous les indicateurs sont au vert.Le pays s’est en effet engagé dans de grandes réformes de transition économique amorcées en 1986 avec le programme Doi Moi, « le re-nouveau ». S’ajoute à cela la levée de l’embargo américain en 1994 qui a largement encouragé le développement du pays. En l’espace de 20 ans, ce sont près de 25 millions de Vietnamiens qui sont sortis de la pauvreté et qui ont contribué à maintenir une croissance forte et stable qui avoisine les 7 % en 2014. Le PIB a franchi en 2010 les 1  500 dollars par an et par habitant, seuil qui lui a permis d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure).Barack Obama se félicitait ainsi en novembre dernier des bons chiffres de l’économie du Vietnam lors d’une rencontre avec le Premier ministre Nguyen Tan Dung. Ce dernier rappelant que la stabilité sociale et politique du pays avait été maintenue et la

utant le dire tout de suite, ni la Birmanie, ni le Cambodge, ni le Vietnam ne sont des dé-mocraties. Entre la mo-narchie cambodgienne, la démocratie populaire vietnamienne et le ré-gime militaire birman, les différences sont grandes et les signes d’ouverture fragiles. Point commun : un communisme originel.

Si la répression des opposants, la censure et dans des proportions variables la violence font partie du panel de l’exercice du pouvoir, de nombreux espoirs sont nés ces dernières années, notamment en Birmanie où les réformes politiques ont été incontestables. Pays en pleine transition, la Birmanie et ses 65 millions d’habitants connaît depuis la révolution de Safran de 2007, qui a vu les moines défiler dans la rue parfois violemment, une relative ouverture. Rappelons que pendant 23 ans une junte militaire parmi les plus sanglantes de l'époque contemporaine a dirigé le pays, suite à sa prise de pouvoir en 1988 et aux élections de 1990 qu’elle n’a jamais voulu reconnaître. Ces militaires, qui ont assigné à résidence les membres de l’opposition et contraint beaucoup d’autres à l’exil, ont mis en place une feuille de route qui prévoit l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Il aura fallu 18 ans pour qu’elle soit soumise à référendum en 2008.

2015, L’ANNÉE TESTAujourd’hui contestée, cette Constitution sert cependant de cadre au prochain grand rendez-vous électoral de novembre 2015, une échéance test. Aung San Suu Kyi, figure majeure de la contestation et prix Nobel de la paix en 1991, ne pourra pas s’y présenter en raison d’une disposition sur la nationalité des époux qui la vise indirectement. Lors des élections partielles de 2012, la Ligue nationale pour la dé-mocratie (LND), le parti de l’icône birmane élue députée à cette occasion, avait raflé 43 des 44 sièges en lice. Cependant le pouvoir est resté aux mains des militaires − le Parlement compte en effet 440 députés. Ils contrôlent toujours le Gouvernement et n’ont pas encore abrogé les lois répressives. Nombre d’opposants politiques restent à ce jour emprisonnés. Récemment, Aung San Suu Kyi alertait la communauté interna-tionale afin d’attirer l’attention sur la situation politique en Birma-nie et les réformes qui semblent être au point mort. Selon certains observateurs, les ex-membres de la junte, encore à la manœuvre en coulisses, auraient dores et déjà verrouillé certains postes-clés, notamment pour éviter l’ouverture de procès. Autre problème endémique majeur, les relations entre les commu-nautés qui composent la Birmanie. Divisée en différents États, elle doit régulièrement faire face à des rébellions armées en lutte pour leur autonomie, notamment dans les États Kachin et Shan. Vio-lences, droits de l’homme bafoués, opérations militaires contre des milices armées régionales, problèmes de corruption et de tra-

CROISSANCE économique etOUVERTURE politique ?

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032N° 1 / 2015

ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ?DOSSIER

sécurité sociale accentuée. Si durant les années 80, la croissance était tirée par des réformes d’État, depuis les années 90 ce sont les exportations qui en sont le moteur. Son intégration en 1995 au sein de l’ASEAN et la mise en place d’ac-cords de libre échange bilatéraux participent ainsi à l’accentuation de l’interconnexion du Vietnam aux réseaux de production régio-naux, devenant le deuxième pays hôte le plus attrayant en matière d’investissements étrangers directs (IDE) pour la zone Asie-Paci-fique, après la Chine. Selon le Financial Times, le pays a ainsi accueilli entre 2013 et 2014 plus de 200 grands projets étrangers pour un total de plus de 20 milliards de dollars. Pour le mois de janvier 2015, le montant des IDE s’élevait à 663 millions de dollars, soit une augmentation de 63  % par rapport à janvier 2014. Samsung, Canon, Procter & Gamble (Gillette), Unilever font partie des multinationales qui se tournent désormais vers le Vietnam et ses 90 millions d'habitants, en raison notamment d’une hausse du coût de la main d’œuvre en Chine et d’une législation vietnamienne favorable aux investisse-ments étrangers.

LES LIBERTÉS FONDAMENTALES ENCORE À LA TRAÎNECe développement économique se fait paradoxalement dans l’un des derniers régimes communistes de la planète – un marxisme- léninisme qui, à l’instar de la Chine, s’est adapté à l’économie de marché. Installée en 1976, la démocratie populaire est fondée sur la suprématie du parti communiste qui désigne ou élit l’ensemble des dirigeants, Gouvernement, Premier ministre et Président. Bien entendu, le parti communiste vietnamien (PCV) est le seul parti autorisé et il n'existe aucune séparation entre le législatif, l'exécutif et le judiciaire. L’avènement de la République socialiste du Vietnam a contraint à l’exil de près de 3 millions de Vietnamiens notamment aux États-Unis et en France. Cette diaspora joue actuellement un rôle important par le biais des réseaux sociaux dans la lutte contre la suprématie du parti. La surveillance de Facebook n’empêche pas certaines informations de circuler. Les activistes jouant au chat et à la souris avec la police. Un décret d’août 2013 interdit toute utilisa-tion à des fins politiques des réseaux sociaux. Le parti unique exerce ainsi son contrôle sur l’ensemble des mé-dias et des peines d’emprisonnement sont prévues pour qui-conque remettra en cause le régime. Aussi, télévision et presse ne diffusent-elles que des informations officielles et positives sur l’ac-tion gouvernementale. Au niveau local, la police guète toute dissi-dence, immédiatement réprimée. Reporters sans frontières dans son rapport sur l’Internet en 2014 le confirme : « Le pouvoir viet-namien ne tolère aucun débat politique en ligne. Il a déployé une force de frappe judiciaire, administrative et technologique, centrée sur le ministère de l’Information et des Communications. » Décollage économique et démocratisation ne vont pas de paire.

BIRMANIE - 1 BOUGIE ET 30 JOURNALISTES

La première école de journalisme indépendante en Bir-manie fête son premier anniversaire le 14 juillet 2015. Cocorico ! Cette belle initiative française est un véri-table succès.

Le MJI, Myanmar Journalism Institute, est une toute jeune école de journalisme soutenue par la France, qui a pour vo-cation de proposer des formations aux journalistes birmans. « Délivrer un enseignement du journalisme de qualité pro-fessionnelle - respect des règles d’éthique, de neutralité, de pluralisme et de méthodologie de l’investigation - en créant un pôle d’excellence pour l’enseignement du jour-nalisme », telle est sa feuille de route. Depuis juillet 2014, l’école a dispensé ses cours à 29 journalistes en exercie à Rangoun et à Mandalay en formation continue à mi-temps.Selon Éric Glover, l’un des initiateurs du projet, le bilan est positif : « L’école est le fruit d’un consortium international (7 partenaires, une première à ce niveau dans l’histoire des medias) et se développe lentement mais sûrement. » En effet, le projet est porté par plusieurs pays européens : la France, la Suède, la Norvège, l’Allemagne et le Danemark, en concertation avec les acteurs locaux.Le Myanmar Journalism Institute forme actuellement les journalistes birmans pour la couverture des élections de novembre 2015, premières élections libres depuis deux décennies. La formation thématique « Traiter les élections », mise en place au printemps dans cinq villes du pays, a été entièrement financée par Canal France international. En juillet 2015, le MJI lancera sa première promotion de for-mation initiale destinée aux jeunes Birmans désireux de se lancer dans le journalisme. Avec bourse de l’ambassade de France à la clé ! Beau programme en soutien à la démocratisation récente du pays et bel élan solidaire de la communauté internationale.

« En l’espace de 20 ans près de 25 millions de Vietnamiens sont sortis de la pauvreté » ©

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ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ? DOSSIER

LES ESPOIRS INCERTAINS DU CAMBODGELe cas du Cambodge et ses 15 millions d’habitants est à la croisée des deux exemples précédents. Régime autoritaire, répression ar-bitraire et développement économique fragile, le pays panse en-core la difficile période des Khmers rouges. Les troubles sociaux de 2013 qui avaient catalysé une crise po-litique majeure semblent aujourd’hui apaisés. Fait atypique, le Cambodge est une monarchie parlementaire dans laquelle le roi participe, tout au moins symboliquement, de la stabilité du pays depuis les Accords de Paris de 1991. Norodom Sihamoni a succédé à son père Norodom Sihanouk après son abdication. Personnalité plus effacée, fervent francophone, ayant vécu 20 ans en France, il règne mais ne gouverne pas, conformément au cadre posé par la Constitution. Les tensions nombreuses entre Gouvernement et opposition l’ont cependant obligé à jouer le rôle de médiateur. Lors des dernières élections législatives du 28 juillet 2013, le Parti du peuple cambod-gien (PPC), parti du Premier ministre Hun Sen actuellement au pouvoir, a été talonné par son opposant Sam Rainsy qui en contes-tait les résultats. Des manifestations de grande ampleur ont traver-sé tout le pays avant d’être fortement réprimées par le pouvoir. Le dissident en exil à Bangkok, Serey Ratha, a été condamné à 7 ans de prison pour avoir distribué des roses jaunes le lendemain des élections avec un autocollant enjoignant les soldats à « tourner leurs armes contre le despote ». Un récent amendement à la loi électorale a été voté en février dernier pour apaiser les tensions. Parallèlement, la censure a libre court dans le royaume. En début d’année, onze militants ont été condamnés à de la prison pour avoir participé aux manifestations de 2014.

VERS UN DÉCOLLAGE ÉCONOMIQUE ?Cité comme exemple de modèle de développement au milieu du XXe siècle, le petit royaume peine cependant à égaler les perfor-mances économiques de son voisin vietnamien. Le pays connaît une croissance forte depuis plus de dix ans (excep-tion faite de l’année 2009) qui atteint 7,2 % en 2014, dopée par les exportations textiles et le tourisme. Il reste toutefois dépendant de l’aide internationale. Le climat social, agité ces dernières années, s’est apaisé avec la hausse de 30  % du salaire minimum et la fin des grèves dans l’industrie textile. Mais de grands défis en termes d’éducation et de qualification de la main d’œuvre attendent le royaume dont plus de la moitié de la population a moins de 21 ans. Le Gouvernement a mis en œuvre un vaste plan de développement des infrastructures notamment électriques de 27 milliards de dol-lars pour la période 2014-2018. Cette dynamique positive porte ses fruits : d’après une étude menée par la Banque mondiale, le nombre de Cambodgiens vivant dans l’extrême pauvreté (moins de 1,15 dol-lar par jour) a chuté de 53  % en 2004 à 20 % actuellement. Les ré-formes structurelles en cours en vue de l’intégration dans le futur marché commun de l’ASEAN créent un contexte extrêmement favorable à l’investissement. Les découvertes d’hydrocarbures, quoique peu exploitées encore, laissent espérer de futures entrées de devises.Le tourisme reste un enjeu de développement majeur au Cam-bodge. Le tourisme fluvial, différents sites comme Angkor et l’éco-tourisme génèrent des investissements importants profitables à toute l’économie du pays. RdM

« En l’espace de 20 ans près de 25 millions de Vietnamiens sont sortis de la pauvreté »

1975 - 2015 : LE VIETNAM, 40 ANS APRÈS

C’est avec l’intervention japonaise en Indochine en 1945 que commence une période de plus de trente années de guerres successives. Les armes ne se tairont définitivement qu’après la chute de Saïgon le 30 avril 1975. C’était il y a quarante ans. Le Vietnam se souvient et célèbre le chemin parcouru depuis.

Tout commence avec la déclaration d’indépendance par Ho Chi Minh à Hanoï le 2 septembre 1945. La domination française en Indochine a été mise à mal par l’inva-sion japonaise de 1945 et les indépendantistes communistes vietminh profitent de la déroute du colonisateur pour s’affirmer. Un affrontrement débute en 1946 alors que la France tente de rétablir son autorité. À partir de 1948, les indépendantistes sont soutenus et armés par la Chine, dans un conflit devenu un enjeu de guerre froide. C’est la bataille décisive de Dien Bien Phu du 13 mars au 7 mai 1954 qui obligera la France au cessez-le-feu et à la signature des Accords de Genève, après plus de 500 000 morts vietnamiens.Ces accords prévoient la partition du Vietnam : le Vietminh communiste contrôlant le Nord du pays au-delà du 17e parallèle et le Sud sous contrôle occidental, la France cédant la place aux États-Unis. Mais l’instabilité politique du Sud fait bientôt place à une guérilla menée par le Viet-cong et soutenue par le Nord, si bien que la puissance américaine s’engage militairement à partir de 1961 pour contrer l’avancée commu-niste jusqu’à une entrée en guerre officielle quatre ans plus tard. L’escalade militaire sera incessante. 200 000 soldats américains en 1965, 500 000 fin 1967. Les succès du Viet-cong, les exactions américaines, les morts innombrables rendent cette guerre insoutenable et impopulaire. Des mouvements pacifistes se relaient dans le monde entier et aboutissement au retrait américain de 1973 avec les Accords de Paris. Cependant la guerre n’est pas finie et reprend cette fois entre le Nord et le Sud. En 1975, les troupes nord-vietnamiennes lancent une grande offensive jusqu’à la chute de Saïgon qui leur donne le contrôle de tout le pays, débouchant sur la réunification et l’instauration d’un régime socialiste encore au pouvoir aujourd’hui. Saïgon change de nom et devient Ho-Chi-Minh-ville, l’économie est collectivisée et la répression est brutale conduisant près d’un million de boat people à fuir le pays.Le bilan de cette guerre est effroyable aussi bien sur le plan humanitaire qu’éco-logique. Près de trois millions de morts et autant de blessés, environ trois millions d’hectares de forêts détruites par les défoliants américains, des milliers de per-sonnes tuées depuis par des mines antipersonnelles… Rares sont les pays à avoir connu un tel traumatisme. En érigeant cette année un mémorial en hommage aux victimes de la guerre, un autre à la mémoire d’Ho Chi Minh, le Vietnam panse difficilement ses blessures. Les ravages écologiques dus au napalm sont encore visibles. Mais la guerre a surtout forgé un sentiment nationaliste fort, célébré lors des commémorations par le Pré-sident et vécu comme l’un des piliers du redressement et du développement du pays.Le 30 avril dernier, les commémorations ont été célébrées en grande pompe. Feux d’artifices spectaculaires dans les sept plus grandes villes, parades militaires, dra-peaux rouges étoilés de jaune, faucilles et marteaux hissés partout dans le pays. Tout ce faste pour les « 40 ans de la réunification du Nord et du Sud, de la libération, de la victoire », suivant les termes employés par le régime socialiste en place depuis cette date (et qui fête par la même occasion son quarantième anniversaire). Étaient conviés les dignitaires du régime et quelques rescapés du communisme international comme le représentant du Parti communiste cubain. Dans son discours, le Président a no-tamment mis en avant les efforts et les réalisations menées par le pays durant quatre décennies, avec des succès évidents tels que la sortie du sous-développement, la croissance annuelle moyenne de près de 7 % et un PIB par habitant qui n’en finit plus de progresser. « Sur le plan social, le taux de pauvreté a été ramené en deçà de 6 % et plus de 98 % des foyers ont accès à l’électricité », a-t-il ainsi rappelé.

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LE MÉKONG,

Du 16 au 19 juin 2015 devait se réunir à Da Nang au Vietnam le Forum du tourisme du Mékong (Mekong Tourism Forum) autour du thème : « Libérer le potentiel de la région du Mékong par des partenariats innovants. » Et le potentiel en effet est énorme. Les Français ont été les premiers à le pressentir au XIXe siècle. Aujourd’hui le fleuve est un enjeu de développement touristique, économique, énergétique et environnemental pour les pays qu’il traverse. La clé semble résider dans les nouvelles coopérations régionales qui se dessinent.

Texte Amaury Lorin ¬

L’ASIE DU SUD-EST colonne vertébrale de

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Dixième fleuve du monde et quatrième d’Asie, le Mékong, essentiel-lement connu en Europe pour ses habitations et ses marchés flot-tants, occupe une place à part dans l’imaginaire des Occidentaux. Prenant sa source dans le Qinghai chinois sur les hauteurs de l’Himalaya, à plus de 4  000 mètres d’altitude, le Mékong, fleuve des six nations, également appelé « fleuve tumultueux » par les Chinois, irrigue d’abord la Chine (la province du Yunnan), puis borde le Laos à la frontière de la Birmanie et de la Thaïlande. Il coule de nouveau au Laos aux confins du Triangle d’or et joue le rôle de frontière natu-relle, désenclavant ce petit pays dépourvu d’accès à la mer. Il traverse ensuite le Cambodge, où naissent les premiers bras de son delta, et se prolonge enfin en plusieurs défluents dans le sud du Vietnam, où il est appelé traditionnellement le « fleuve des neuf dragons ». Le puissant débit de ses eaux boueuses, l’ambiance de son delta, gre-nier à riz de l’Asie, et de ses bacs ont été dépeints avec un esthétisme envoûtant par Marguerite Duras, notamment dans L’Amant, son roman célèbre.

ertains chiffres en imposent. Le Mékong se déploie sur 4  350, ou 4  909 km selon des calculs toujours disputés, dont une grande moitié coule en Chine qui entend bien de fait en contrôler son cours entier. Bien plus significa-tives, la superficie couverte par son bassin et la popula-tion qui y vit. La première ne

couvre pas moins de 795  000 km2, notamment utilisés pour l’ir-rigation, la pêche et la pisciculture, la production hydroélectrique (grâce aux barrages), le transport et la fourniture d’eau. La seconde regroupe environ 70 millions d’habitants. Son débit annuel est une autre donnée marquante : 284 km3 d’eau en moyenne, attestant de sa force, physique et, partant, économique.

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servateurs. Ses objectifs sont inscrits dans ses statuts : assurance d’un usage raisonnable et équitable des ressources (du Mékong) ; promotion et coordination d’une aide à la gestion et à l’exploitation des eaux (du bassin du Mékong) et des ressources associées pour un bénéfice mutuel et un bien-être des populations concernées ; développement de programmes d’action planifiés ; fourniture de données scientifiques et de règles de conduites environnemen-tales. Son ambitieux programme concerne huit secteurs d’activi-té : transports, télécommunications, énergie et eau, tourisme, en-vironnement et gestion des ressources naturelles, développement des ressources humaines, commerce et investissements.Ces défis résument finalement la problématique même de la ré-gion, liée à son histoire : sa velléité constante d’indépendance vis-à-vis tout à la fois de la tutelle de l’ancienne puissance coloniale et de la mainmise chinoise (voir encadré). La MRC, dont le siège s’est installé en 2005 à Vientiane (Laos), est-elle pour autant une vaine tentative d’unification ?

Une zone d’influence majeureCette volonté n'est pas nouvelle. Faut-il pour autant, comme cer-tains l'ont fait, envisager une « civilisation du Mékong », un concept âprement disputé. Cela semble inapproprié. En effet, successi-vement colonisés par la France avant de former l’Indochine, une construction coloniale parfaitement arbitraire, le Laos, le Cam-bodge et le Vietnam ont peu en commun, sinon d’avoir été modelés par le bouddhisme, leur seul trait d’union. Le Mékong a finalement peu uni les peuples qui le bordent. Les différences de niveau de vie demeurent aujourd'hui encore importantes entre eux. La MRC peine quant à elle, il est vrai, à exister sur la scène diplo-matique en raison de la dissymétrie même de sa composition et de la prégnance des intérêts nationaux de ses États membres, frein à une vraie coopération transnationale. Si des réalisations concrètes ont vu le jour – infrastructures routières et coopération énergé-tique (nombreux barrages), le développement du Mékong reste encore très inégal, malgré son potentiel considérable.Celui-ci est en effet un fleuve paradoxal : théâtre des pires horreurs historiques, motivées par des volontés antagonistes de contrôler son cours et ses rives, il a pourtant produit et continue de générer des échanges permanents entre les États qui le bordent. Malgré les tensions qui opposent toujours ces derniers, le Mékong est un fleuve trait d’union, dont l’importance à tous égards dépasse large-ment l’échelle continentale.

Une géographie unique au mondeParcourir ainsi le majestueux Mékong offre l’assurance de saisir l’essence de la péninsule indochinoise et de voyager en son cœur même. Traversant en effet de superbes paysages de montagnes, de rizières et de palmiers à sucre, il est considéré parfois par ses rive-rains comme une véritable mer intérieure. Chacune des étapes, au fil de sa longue descente, offre de superbes visites et découvertes, certaines d’entre elles étant inaccessibles par voie terrestre. Liées de longue date par des échanges et des flux quotidiens, tant de voyageurs que de marchandises, Lijiang (Chine), Luang Prabang (Laos), Vientiane (Laos) et Phnom Penh (Cambodge) comptent parmi les plus belles villes d’Asie du Sud-Est, les deux premières étant aujourd’hui protégées par l’UNESCO.Luang Prabang, « la cité des mille pagodes », première capitale du

Une vie rurale et traditionnelle Les villageois riverains du Mékong cultivent, pêchent et vendent inlassablement leurs produits sur l’eau. Quand son niveau varie, ils changent simplement d’endroit. Leurs maisons flottantes leur permettent ainsi de s’adapter aux caprices de ce milieu naturel pouvant varier fortement au gré des saisons, sèche et humide, li-mitant les risques d’inondations dévastatrices et meurtrières.Le delta du Mékong et ses bras labyrinthiques forment enfin un gigantesque marché à ciel ouvert, vivant et extrêmement dyna-mique, où sont vendus mille produits frais de la région et de dé-licieuses soupes. Les femmes principalement, vêtues de leur tu-nique et de leur chapeau conique, pagaient et vendent à la criée leurs récoltes et recettes du jour aux passants.Fleuve nourricier, le Mékong est ainsi le poumon économique de toute la péninsule indochinoise. Les chiffres attestent de son im-portance, non seulement pour le Vietnam, mais, plus largement, pour l’économie de toute l’Asie du Sud-Est. Le riz vietnamien, pro-duit majoritairement dans le delta du Mékong, est ainsi massive-ment exporté dans le monde entier, ce qui fait du Vietnam le troi-sième exportateur mondial de riz (6,3 milliards de tonnes en 2014).

La mission d’exploration du MékongAu XIXe siècle, les Français ont tenté de contrôler le Mékong et de disposer ainsi d’une artère selon un axe méridien conduisant jusqu’en Chine méridionale, objet de tous leurs fantasmes. Mais les rapides du fleuve contrarièrent ces ambitions : ils révélèrent ra-pidement la nature peu favorable à la navigation du Mékong en rai-son d’un niveau des eaux variant trop fortement avec les pluies de la mousson. Vingt ans avant la fondation de l’Union indochinoise par Paul Bert (1886), la mission d’exploration du Mékong quitte Saïgon en 1866 sous le commandement du capitaine de frégate Ernest Doudart de Lagrée, accompagnée notamment de Fran-cis Garnier, chargé des travaux d’hydrographie, de météorologie, ainsi que du tracé de la carte du voyage. À la mort de Doudart de Lagrée, Garnier prend la direction de la mission et rallie Saïgon en 1868. Il continue plus tard ses travaux de reconnaissance du cours du haut-Mékong, auquel il consacre sa vie, et passe plusieurs mois à explorer seul le Yunnan et le Tibet.L’installation des Français sur les embouchures du Mékong (la Co-chinchine est colonisée par la France dès 1862) les conduit tout na-turellement à s’intéresser à son cours supérieur, aussi loin que pos-sible. Celui-ci fut ainsi cartographié par les Français, alors que le fleuve était auparavant redouté et considéré comme une énigme. Une exploration scientifique que ces derniers n’eurent de cesse de rappeler, notamment dans le contexte de la « course aux colonies » qui les opposa vivement au Royaume-Uni pendant des décennies. Les Français ont toujours accordé, dès lors, une attention particu-lière au fleuve, expliquant en partie leur intérêt touristique marqué et ininterrompu pour cette région du monde.

La Mekong River CommissionUne commission internationale, le Comité du Mékong ou Mekong River Commission (MRC), créée en avril 1995, est consacrée à une gestion transrégionale des conflits et problèmes liés au fleuve, dans une perspective affichée de développement durable. Elle comprend quatre pays  : le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et le Vietnam. S’ajoutent la Birmanie et la Chine qui ont le statut d’ob-

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ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ?DOSSIER ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ?DOSSIER

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royaume lao lors de la constitution du pays (1353), reste un centre artistique important, attirant des visiteurs du monde entier. Si-tuée au confluent du Mékong et de la rivière Nam Khane, « la belle endormie » séduit par sa tranquillité anachronique, ses temples et ses soieries. Des courses de bateaux-dragons, embarcations tra-ditionnelles effilées en bois, sont régulièrement organisées sur le Mékong. Des milliers de personnes se retrouvent alors sur les rives pour encourager les participants. Victime de son succès, le joyau du Laos est de plus en plus menacé par les conséquences sur son environnement d’un tourisme crois-sant : 500  000 visiteurs étrangers auraient ainsi été accueillis en 2014 à Luang Prabang, qui compte une population de 50  000 ha-bitants. Des programmes spécifiques ont été mis en place ces der-nières années sous l’égide de l’UNESCO, du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) ou encore de l’Agence fran-çaise de développement (AFD). Ils visent à soutenir les autorités laotiennes dans leurs efforts pour la préser-vation de son extraordinaire patrimoine et pour une transition vers un tourisme durable et plus respectueux de l’environnement. Il en va de sa pérennité. En aval, Phnom Penh et Saïgon (devenue Ho-Chi-Minh-ville en 1975). La première offre un visage qui porte encore les marques d’une histoire tourmentée. Surnommée au début du siècle dernier et jusque dans les années 1970 « la perle d’Asie », dont subsistent en-core quelques rares édifices, sa population de 2 millions d’habitants fut chassée en une seule journée le 17 avril 1975 par les Khmers rouges, arrivés au pouvoir. Une période noire et particulièrement sanglante s’ensuivit, qui plongea le pays dans la terreur, l’ignominie et le déclin, et dont il sortit exsangue quelques années plus tard. Depuis le milieu des an-nées 1990, le pays tente difficilement de se redresser. Phnom Penh jouit de nouveau d’un attrait touristique grandissant, soutenu par l’afflux des étrangers venus admirer les temples d’Angkor à quelques centaines de kilomètres au nord-ouest.Plus moderne et tentaculaire, la capitale éco-nomique du Vietnam s’est imposée comme le pôle de gravité du bas-Mékong. Elle compte aujourd’hui près de 8 millions d’ha-bitants et 15 zones franches d’exportation re-groupant notamment parcs industriels. Ses ports représentent près du tiers du tonnage national du Vietnam. Par effet d’entraîne-ment, le commerce va ainsi croissant au fil du Mékong et atteint son point d’orgue au niveau de son delta. La capitale du Sud est le véritable chef d’orchestre de toute la région, qui entreprend depuis ces dernières années une tertiarisation de son économie ainsi qu’une modernisation de ses infrastructures fluviales et industrielles.

Des avancées dans la gestion de l'eauLe delta dispose de ressources naturelles et d’atouts majeurs, au premier rang desquels le Mékong, que le pays sud-asiatique tente aujourd'hui de préserver. Ce dernier est ainsi devenu un axe prio-ritaire de développement pour le Vietnam, mais aussi pour tous les pays baignés par les eaux du fleuve. L’importance des enjeux liés au Mékong, notamment la sécurité alimentaire et l’indépendance énergétique, non des moindres, concourent à la définition d’une véritable zone d’influence à l’échelle de tout le continent asiatique.Un ambitieux projet baptisé « Eau potable » a été lancé en 2007 par l’AFD dans six provinces vietnamiennes du delta du Mékong. Il sera achevé cette année. En effet, alors que les sources d’eau y sont innombrables, l’habitude d’utiliser l’eau puisée dans le puits du jardin ou dans un canal à proximité de la maison pose de nom-breux problèmes d’hygiène et de santé, en particulier quand l’eau est destinée à la cuisine. Dès lors, le programme vise tout à la fois

« (...) le commerce va ainsi croissant au fil du Mékong et atteint son point d’orgue au

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à apporter de l’eau potable à un maximum de foyers des villes du delta du Mé-kong, non reliés jusqu’à présent au réseau de distribution. Il entend également améliorer le service pour ceux qui ont déjà la chance d’avoir accès à l’eau potable, encourager la politique de décentralisation et d’équilibre économique dans le secteur de l’eau en renforçant les compagnies des eaux provinciales. Enfin, il cherche à développer une approche commerciale de l’eau afin de soutenir une nécessaire politique d’investissement dans le secteur.

Un tourisme régional ?Le Gouvernement vietnamien a également engagé, de son côté, diverses me-sures pour développer les infrastructures touristiques dans le delta du Mékong, une région qui revêt un caractère stratégique de premier plan pour lui et qui est, de ce fait, devenue une priorité nationale.Dans ce cadre, un colloque international intitulé «  Programme de développe-ment du tourisme responsable  », financé par l’Union européenne, a eu lieu le 28 janvier 2015 à Phu Quoc (Vietnam). Deux objectifs lui étaient assignés. D’une

part, la mise en œuvre d’une coopération accrue dans la gestion des lieux touristiques des trois pro-vinces vietnamiennes d’An Giang, Kien Giang et Can Tho (delta du Mékong). D’autre part, le soutien au lancement de produits touristiques nouveaux et de plans destinés à pro-mouvoir cette région, no-tamment à l’étranger. Un accord de coopération touristique avait été signé à l’occasion d’une précé-dente conférence le 18 oc-tobre 2014 à Rach Gia (Viet-nam), comprenant trois grands volets : création d’une politique régionale de développement touris-tique coordonnée par un fonds commun, lancement de produits marketing in-novants et renforcement des ressources humaines dans ce secteur-clé. Autant d’objectifs louables.Le plus grand défi pour le tourisme dans le delta du Mékong reste, toutefois, de prolonger le séjour des touristes dont la durée moyenne n’est actuelle-

ment que d’un jour et une nuit par touriste, en extension, en général, d’un séjour principal sous la forme d’une excursion à la journée, ce qui est beaucoup trop court pour que la région puisse bénéficier de retombées significatives. Mais comment retenir les touristes sur le delta du Mékong ? L’amélioration du parc hôtelier le long du fleuve, la création de produits et services touristiques nouveaux et l’extension de l’offre de visites dans le domaine agricole, notamment fruitier, ont été retenues comme autant de pistes prometteuses à explorer. RdM

LA CHINE ET LA GREATER MEKONG SUBREGION

L’aménagement du bassin du Mékong et l’inter-connexion des infrastructures entre les États limi-trophes constituent des enjeux stratégiques majeurs à l’échelle du continent asiatique. Les cinq pays situés le long du Mékong (à savoir le Vietnam, le Cambodge, le Laos, la Birmanie et la Thaïlande) et les deux provinces chinoises voisines, le Yunnan et le Guangxi, abritent une population totale de 326 millions de personnes, supérieure à celle des États-Unis, sur une superficie de 2,6 millions de km². La « sous-région du grand-Mé-kong » (Greater Mekong Subregion), ainsi définie, dé-signe un projet conçu en 1992 par la Banque asiatique de développement. Cette dernière, dont le siège est basé à Manille, fut créée en 1962 pour soutenir le déve-loppement économique et social des pays d’Asie et du Pacifique à l’aide de prêts et d’assistance technique.Dans ce contexte, le cinquième sommet du Mékong, tenu en décembre 2014 à Bangkok, a confirmé l’in-fluence grandissante apparemment incontournable de la Chine dans cette région. L’objectif ancien de Pékin est en effet d’obtenir des débouchés sur l’océan Pa-cifique et de réaliser « la stratégie des deux océans » (Pacifique et Indien) en vassalisant la Birmanie. Pour ce faire, l’empire du Milieu investit des milliards de dollars depuis plusieurs années pour construire des tronçons de voies ferrées devant relier à terme Kunming (Yun-nan) à Singapour, soit une distance totale de 3 900 km. Ce projet pharaonique pourrait être réalisé dès 2022.

« Le plus grand défi pour le

tourisme dans le delta du Mékong reste, toutefois,

de prolonger le séjour des touristes »

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ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ?

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DOSSIERASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ?

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L’IRRAWADDY,

Depuis 2011, la Birmanie connaît une croissance annuelle du tourisme de près de 50 %. La Banque asiatique de développement table sur un objectif de 5  millions de touristes en 2015. Cette soudaine affluence profite majoritairement au grand axe fluvial que constitue l’Irrawaddy, porte d’entrée vers les grands sites du pays. Mais quels impacts le pays peut-il espérer ou craindre de ce développement rapide ?

« fleuve-mère » de BIRMANIE

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Texte Amaury Lorin ¬

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escendre ou re-monter l’Irrawaddy (le nom du fleuve vient du sanskrit airavati, signifiant «  fleuve des élé-phants  ») permet d’accéder à une Bir-manie authentique encore confiden-tielle et de renouer avec une Asie hors du temps, celle des

chars à bœufs et des pêcheurs. Le fleuve, appelé « fleuve-mère  » par les Birmans, long de 2  170 km, traverse la Birmanie du nord au sud. Il prend sa source sur les contreforts de l’Himalaya dans le Kachin tout au nord du pays, avant de se jeter dans l’océan Indien sous la forme d’un gigantesque delta, formé de mangroves et de marécages forestiers. Sa large vallée centrale constitue la Birma-nie historique, où les capitales royales itinérantes furent fondées puis pillées, alors que pendant de nombreux siècles, le fleuve fut la seule grande voie de communication pour traverser le pays. Ar-tère irrigant tout le territoire, son bassin fluvial est la région la plus importante de Birmanie pour la culture vitale du riz. L’Irrawaddy représente, en outre, le principal axe de développement touristique du pays, d’autant plus que l’eau est un élément omniprésent dans toute l'Asie du Sud-Est.Des piliers blancs élevés sur chaque rive du fleuve indiquaient au-trefois la ligne frontière des possessions anglaises et birmanes. Quelques-uns subsistent ici ou là. Sur le rivage abondamment boisé, les collines restent couronnées de blanches pagodes, ac-cessibles par d’interminables escaliers. Flanqué tantôt de denses jungles, tantôt de gorges encaissées, tantôt de rizières à perte de vue, le fleuve offre des paysages dont nul voyageur ne saurait se lasser. Parmi cocotiers, aréquiers, bambous et diverses essences tropicales à larges feuilles, des stupas blancs omniprésents lancent leurs flèches vers le ciel, souvent coiffés d’un hti, une sorte de pa-rapluie avec de petites clochettes.Les villageois saluent spontanément et joyeusement le passage des bateaux depuis les maisons sur pilotis. Une excursion vers un vil-lage en haut d’une colline et des marchés trépidants, où des femmes fumeuses de cheroots, des cigares birmans artisanaux, vendent de superbes produits : moments mémorables d’interaction avec une population locale accueillante et des enfants rieurs. Les commu-

nautés de Haute-Birmanie ont relativement peu de contacts avec le monde extérieur, à la différence de celles de Basse-Birmanie.Les villageois vivant sur les rives de l’Irrawaddy ne frappent cepen-dant pas par leur pauvreté. L’abondance et la variété de produits frais sur les marchés suggèrent au contraire une qualité de vie pou-vant manquer dans les localités urbaines du pays.

DE MANDALAY À BAGANUne centaine de bateaux de toutes catégories y naviguent au-jourd’hui. Essentiellement des répliques de steamers coloniaux en bois des années 1930 à faible tirant d’eau pour éviter les nombreux bancs de sable. Le tourisme fluvial, relativement peu entravé par des contraintes légales, prospère en Birmanie. Les populations ri-veraines de l’Irrawaddy, dont le mode de vie traditionnel rythmé par le fleuve aurait pu être perturbé par cette activité croissante, ont su s’adapter et profiter de cette manne vertueuse.Entre Mandalay, la capitale culturelle de la Birmanie, et Bagan, la « plaine aux deux mille pagodes », une croisière sur le grand fleuve permet de parcourir la tumultueuse histoire du pays en visitant notamment ses anciennes capitales royales. Cette option indis-pensable à tout voyage en Birmanie offre un panorama de sa très grande richesse culturelle.

« Les populations riveraines de l’Irrawaddy

ont su s'adapter et profiter de cette manne vertueuse »

Mandalay, deuxième ville après Rangoun, regorge de palais an-tiques et de sites religieux, comme la très élégante pagode Kuto-daw, qui doit son surnom de « plus grand livre du monde » à sa collection de 729 stèles de marbre blanc sur lesquelles sont gravés les épisodes de la vie de Bouddha. Le temple Mahamuni, toujours à Mandalay, est quant à lui considéré comme l’un des sanctuaires les plus vénérés du pays. Il est aujourd’hui un site de pèlerinage majeur pour les Birmans. Ateliers de sculpture sur bois, broderies, argenterie et feuilles d’or animent aussi la ville pour le plus grand bonheur de ses visiteurs.Proche d’Amarapura, ancienne capitale birmane (1783-1821, 1842-1859), sur le lac Taungthaman, une immense passerelle de teck, la plus longue du monde, s’étend sur 1,2 kilomètre. Les habitants et les moines l’empruntent chaque jour. Très prisé des touristes, le coucher du soleil y offre un spectacle de toute beauté.Clou du voyage : Bagan, ancienne capitale, compte parmi les plus grands sites religieux de la planète. La plaine, époustouflante, est parsemée de plus de 2  000 temples et pagodes dont la plupart datent du XIe siècle.

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Créé en 2013, le FESTIVAL LITTÉRAIRE DE L’IRRAWADDY, premier festival international de littérature de Birmanie, parrainé par la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, aujourd’hui députée, célèbre une liberté d’expression chaque jour un peu plus grande dans ce pays en plein bouleversement, en rassemblant tout à la fois des auteurs étrangers et des écrivains et poètes

birmans. Un bel hommage de la nation birmane à son fleuve vénéré.

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UN « NIL ASIATIQUE » ?En mai 2007, la junte birmane a signé un accord avec la China Power Investment Corporation (société chinoise productrice d’électricité) pour la construction de sept barrages hydroélec-triques sur le haut cours de l’Irrawaddy dans le Kachin. Le barrage de Myitsone, le plus grand des sept, se trouve au confluent des ri-vières May Kha et Mali Kha, à la source de l’Irrawaddy. Il est aussi le plus controversé en raison de sa taille et de sa situation : son projet de construction continue de soulever de sérieuses questions éco-logiques et sociales. Sans compter que l’électricité qu’il pourrait produire serait essentiellement destinée à la Chine, sans profiter d’aucune manière aux populations locales.La Birmanie, récemment placée au troisième rang des destina-tions touristiques présentées comme « incontournables » par le New York Times, risque-t-elle de ressembler à la Thaïlande voisine, qui accueille chaque année près de 19 millions de visiteurs, avec le risque de voir l’Irrawaddy se transformer en « Nil asiatique » ? Le tourisme responsable – insistant largement sur la protection envi-ronnementale, l’implication des communautés locales, la réduc-tion de la pauvreté et une gestion équilibrée de l’héritage naturel et culturel – peut être un puissant outil de développement durable si les voyageurs et les opérateurs font des choix informés. Ce truisme est peut-être plus crucial en Birmanie que partout ailleurs. Sa si-tuation de « dernier arrivant » sur le marché touristique mondial est une chance historique pour le pays. Il est encore en mesure d’éviter les erreurs qui ont pu se produire ailleurs avec l’afflux du tourisme de masse. Une croisière sur l’Irrawaddy pourrait confirmer le dilemme bien connu des voyageurs : une quête d’authenticité versus un impéra-tif d’accessibilité. Le voyageur d’aujourd’hui souhaite souvent atteindre des fronts inconnus, afin de découvrir, comme le firent les premiers explorateurs et voyageurs occidentaux, la quin-tessence d’un pays. Des espoirs impossibles, sans doute. Mais avec l’Irrawaddy, cette aspiration contradictoire d’aventure et de confort reste encore possible. Mais pour combien de temps encore ? «

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LE TOURISME EN BIRMANIE SELON UN EXPATRIÉ FRANÇAIS

Propos recueillis par A. L.

Jean-Yves Branchard vit depuis 12 ans en Birma-nie. Il est le fondateur d’une plantation de café et travaille à Rangoun dans le secteur du tourisme.

1. En matière de tourisme, quels sont les atouts et les faiblesses de la Birmanie selon vous ?L’accueil de la population, la diversité ethnique, la culture fascinante, le niveau de développement du bouddhisme et la possibilité, encore aujourd’hui, de visiter des endroits quasiment vierges font de la Bir-manie un pays unique, offrant quelques-uns des plus beaux monuments et sites du patrimoine mondial. En revanche, l’accès à la santé et à l’éducation reste une cause d’injustice majeure pour les Birmans.

2. Quel est votre avis sur le développement actuel et futur du pays ?Les changements intervenus depuis 2011 sont glo-balement très positifs. Cependant, des difficultés jusqu’alors inconnues sont apparues, provoquées notamment par l’apparition d’une modernité nouvelle, ayant engendré une avidité créatrice de besoins il-lusoires. Ce contexte nouveau percute une popula-tion peu préparée à une évolution aussi rapide. La récente ouverture du pays a aussi fortement impacté l’environnement. Or les Birmans sont peu sensibili-sés à ces sujets environnementaux. Mais d’un autre côté, l’ouverture du pays permet d’ores et déjà une prise de conscience de ces effets négatifs, ainsi que l’accès à des méthodes de gestion nouvelles.

3. Quelle part le tourisme peut-il jouer dans ce déve-loppement ?Le tourisme a un rôle crucial à jouer. En effet, il est un vecteur de formation très important pour une grande partie de la jeunesse birmane, qui se forme active-ment à tous les métiers liés à la filière touristique (guides, hôteliers, etc.). Le développement de ce secteur doit, cependant, être réfléchi. Les Birmans eux-mêmes doivent définir leurs objectifs de déve-loppement durable pour leur pays. Quoi qu’il en soit, la Birmanie restera toujours une destination vraiment magique pour le voyageur.

RdM

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Cambodge et Birmanie connaissent depuis quelques années un boom touristique sans précédent. L’ouverture et la normalisation politiques de ces pays y est pour beaucoup. Mais leur patrimoine archéologique, la ré-sonance mythique des noms d’Angkor et Bagan attirent des visiteurs sans cesse plus nombreux. Une opportunité économique, enjeu de rivalités ?

BAGAN etANGKOR,deux sites de pèlerinage rivaux ?

Texte Amaury Lorin ¬

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armi les nombreuses rai-sons expliquant, s’il en était encore besoin, l’at-trait croissant de l’Asie du Sud-Est pour les touristes occidentaux, la découverte ou la pratique du boudd-hisme theravada (la doc-trine des anciens, fondée sur les paroles de Bouddha lui-même, ou bouddhisme du Petit Véhicule) génère un tourisme tout à la fois

cultuel et culturel grandissant, alors que le nombre d’adeptes de cette religion − davantage une philosophie, pour certains − ne cesse de croître à travers le monde. Pour ce faire, la visite parallèle des deux sites de pèlerinage bouddhistes les plus prestigieux d’Asie du Sud-Est, Bagan (Birmanie) et Angkor (Cambodge), construits à peu près au même moment, offre une fabuleuse entrée en matière et une introduction grandiose au patrimoine bouddhiste, d’intérêt mondial.

BAGAN, LA « PLAINE AUX DEUX MILLE PAGODES »Berceau de la civilisation bamar, capitale d’un demi-million d’ha-bitants qui abrita du IXe au XIIIe siècle la première capitale de la Birmanie unifiée, cette vaste plaine archéologique de 50 km2 aux milliers de temples dédiés à Bouddha a survécu à tout ou presque : invasions mongoles, séismes, rénovations sauvages, etc. Un nou-veau défi consiste maintenant pour le site à affronter le tourisme de masse de manière responsable, alors que la Birmanie, redeve-nue fréquentable, attire un flot sans cesse croissant de touristes internationaux depuis son ouverture politique en 2011.Centre religieux ayant attiré des moines venus de toute l’Asie s’y former, Bagan a compté jusqu’à 10  000 monuments religieux de briques à son apogée, dont 1  000 stupas et 3  000 monastères.

Jusqu’à 200  000 personnes y vécurent. Contrairement à sa rivale Angkor, vestige d’une civilisation perdue, le culte de Bouddha n’a jamais cessé d’être pratiqué à Bagan. La ferveur religieuse a ainsi traversé les siècles et tous les tourments de la tumultueuse Histoire birmane. Le royaume de Bagan a cependant fini par s’effondrer en

1287 sous les assauts répétés des invasions mongoles.

La seconde dif-férence notable entre Bagan et

Angkor provient du fait que la première n’est pas le seul fait des puissants. Tous ses habitants, quel que soit leur statut social, y ont construit des édifices religieux. Une tradition pluriséculaire im-pose en effet aux Birmans le financement de la restauration d’un monument bouddhiste, apparentée à une action vertueuse favo-risant une bonne réincarnation. Rêve d’archéologue à ciel ouvert, Bagan offre ainsi une très grande diversité architecturale. Situé sur une zone d’intense activité sismique, le site a beaucoup souffert de tremblements de terre à répétition, notamment celui de 1975 (6,5 sur l’échelle de Richter), qui a fait tomber les sommets de nom-breuses pagodes. La candidature de Bagan à l’inscription très convoitée au patri-moine mondial de l’UNESCO a échoué en 1996, en raison des dommages causés à l’intégrité du site par les fâcheuses restaura-tions conduites par la junte militaire alors au pouvoir. Les experts ont notamment reproché aux autorités birmanes un respect insuf-fisamment porté aux styles architecturaux originels et une utilisa-tion trop importante de matériaux modernes pour les réparations. Malgré ce revers, Bagan reste le site touristique le plus fréquenté de Birmanie. Y déambuler et s’y perdre, à pied, à vélo ou en calèche,

« Rêve d’archéologue à ciel ouvert, Bagan offre ainsi une très grande diversité architecturale »

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est sans doute la meilleure option. Un survol en montgolfière au lever du soleil permet également de saisir toute la majesté du site, dont l’authenticité a été préservée − pour le moment − en raison même de son immensité.

ANGKOR, LE « VERSAILLES KHMER »Classé en 1992 sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, à la différence de Bagan, l’ensemble architectu-ral d’Angkor, étendu sur près de 400 km2, est un écosystème aujourd’hui menacé par la surfréquentation touristique. L’achè-vement de la restauration du temple du Baphuon, chantier ar-chéologique le plus important d’Asie du Sud-Est, mené pendant seize ans par l’École française d’Extrême-Orient, a été célébré avec faste en 2011. Au même moment, l’exposition Indiana Jones et l’aventure archéologique présentée par la National Geographic So-ciety au Centre des sciences de Montréal érigeait le site d’Angkor, l’ancienne capitale du royaume khmer (IXe-XVe siècle), au rang de «  grand mythe archéologique » considéré, avec Lascaux et Pom-péi, comme partie intégrante du patrimoine archéologique mon-dial à sauvegarder.Redécouvert en 1860 par le naturaliste français Henri Mouhot, le temple d’Angkor Vat subjugue tous ses visiteurs, comme les écri-vains Pierre Loti en 1901 ou Paul Claudel en 1921. Tous sont fasci-nés par les vestiges des temples khmers construits pour les divini-tés, les rois et leurs familles. La légende d’un « Versailles khmer » (l’expression est anachronique) – le site est composé d’inquiétants temples noyés dans une épaisse jungle réputée impénétrable, édi-fiés au temps où les Capétiens construisaient les cathédrales –, connaît au XIXe siècle un retentissement mondial jamais démenti.La conservation d’Angkor dut être fermée en 1973 à cause de la guerre civile qui déchira le Cambodge de 1970 à 1975, du régime de terreur instauré par les Khmers rouges jusqu’en 1979 et de la longue

guérilla qui s’ensuivit. Depuis sa réouverture au début des années 1990, les chercheurs abordent le site sous un angle nouveau, in-terdisciplinaire, élargissant leur étude à la ville qui faisait vivre les temples.Les découvertes, les travaux d’inventaire et de restauration des temples menés avant 1970 ont été remplacés, depuis vingt ans, par de nouvelles préoccupations environnementales privilégiant la dimension hydraulique de la cité, sous-estimée jusqu’alors. Enjeu culturel majeur, le site est aussi un espace naturel vivant, notam-ment en raison de la présence de nombreux villages tradition-nels. Les programmes de développement associent aujourd’hui à Angkor la ville de Siem Reap, située à 8 km et porte d’accès aux temples, le très poissonneux lac Tonlé Sap, véritable mer intérieure cambodgienne, et la zone économique du grand Mékong.L’Autorité pour la protection du site et l’aménagement de la région d’Angkor (Apsara), créée en 1995, s’efforce de lutter contre les divers risques qui pèsent sur l’équilibre du parc archéologique : la dégra-dation des structures endiguées, l’épuisement de la nappe phréa-tique, la déforestation sauvage ou l’abandon des terres cultivées par les paysans. Ces derniers sont victimes d’expulsions foncières et, paradoxalement, des réglementations qui, tout en préservant le site, gênent leur mode de vie : l’interdiction de la coupe du bois les empêche de cuisiner ou d’ériger des barrières pour protéger leurs cultures. Surtout, Angkor, longtemps difficile d’accès, est devenue une des destinations privilégiées du tourisme international (Siem Reap possède désormais son propre aéroport).Les Accords de Paris signés en 1991 ont abouti en 1993 à la tenue d’élections aux termes desquelles le Cambodge est redevenu une monarchie constitutionnelle. La paix rétablie sur la majorité du territoire, le pays s’est petit à petit rouvert au monde. Il a connu un afflux considérable de touristes étrangers : 50  000 visiteurs s’y ren-daient à la fin des années 1960 ; ils étaient 300  000 en 2002 et 2 mil-lions en 2010. Une vague de spéculation foncière a passablement dénaturé la « ville-jardin » de Siem Reap autrefois célébrée, alors que l’Administration cambodgienne peine à contrôler l’urbanisa-tion galopante et les aménagements illicites qui se construisent de plus en plus près des temples.Pour valoriser la cité hydraulique, un nouveau circuit touristique est en cours d’aménagement autour du baray nord, un des réser-voirs d’Angkor : maisons-témoins traditionnelles sur pilotis per-mettant la résistance aux crues et la circulation de l’air sous le sol (on habite le rez-de-chaussée et on dort à l’étage), aménagement d’embarcadères, location de pirogues à rames ou encore dévelop-pement d’un circuit botanique, présentant plantes médicinales, libellules et papillons (plus de 168 espèces ont été recensées). L’eau apporte une unité au vaste ensemble d’Angkor. Elle y reprend au-jourd’hui toute sa place.

« L’Autorité pour la protection du site et l’aménagement de la région d’Angkor […] s’efforce de lutter contre les divers

risques qui pèsent sur l’équilibre du parc archéologique »

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LES QUATRE SAISONSAu cœur des vastes paysages du sud de la Patagonie chilienne, les lumières composent en l’espace de quelques heures les partitions les plus somptueuses. La pluie, la neige, le soleil se succèdent sur une même journée. Récit en images de six jours de navigation dans les fjords de la Terre de feu jusqu'à l'île d'Horn.

Photographies Florian Chavanon ¬

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DANS LA VAGUECULTURE

Cap HornAu cœur du mythe

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ESCALES OUVERTURE MINI SOMMAIRE (à faire)

Escales aux quatre coins du monde, à la rencontre de destinations riches et originales. Un focus sur des villes, des lieux culturels, des personnages historiques ou encore des artisanats rencontrés par les croisières Rivages du monde, comme des fênetres ouvertes sur l’ailleurs.

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Leur majesté nous rappelle notre petitesse devant les forces de la nature. Entre le lac Érié et le lac Ontario, les chutes du Niagara, délimitent la frontière entre le Canada et les États-Unis. Impressionnant, ce site naturel est l’un des plus visités au monde.

Avec un débit moyen de 168  000 m3 d’eau à la minute et une largeur de près de 800 mètres, les chutes du Niagara offrent un spectacle unique au monde qui est dû à la formation et à la fonte des glaciers. Et le plaisir n’est pas que pour les yeux : le vrombissement des cascades et les embruns qui s’en dégagent, as-surent aux visiteurs qui s’en approchent une expé-rience sensorielle intense.Composées de trois sites distincts – l’imposant Fer à cheval (Horseshoe) du côté canadien, les chutes américaines (American Falls) et le Voile de la mariée (Bridal Veil Falls) – les chutes du Niagara plongent dans la rivière du même nom d’une hauteur d’envi-ron 52 m. Leur double paternité est revendiquée par le Canada et les États-Unis qui ont tous deux nommé leur ville qui borde les chutes, Niagara Falls. L’une se situe dans l’État de New York et l’autre, dans la pro-vince canadienne de l’Ontario. Clinquante, cette dernière est souvent comparée à Las Vegas, en ver-sion miniature, où les amoureux affluent pour y unir leur destinée. Plus pittoresques, les campagnes envi-ronnantes hébergent de nombreux vignobles. Depuis toujours, les chutes du Niagara ont fasciné l’homme et attiré leur lot de casse-cous. Au moment où le tourisme a commencé à s’y développer, le jeune frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte, y amena sa fiancée, Élizabeth Patterson. D’autres ont tenté de les défier, et certains même se sont jetés à bord d’un tonneau fermé du haut de la falaise. Au début du XXe siècle, ce type d’exploit qui a fait plusieurs vic-times a été interdit. Cela n’a pas empêché récemment un funambule de les traverser sur un fil et un grimpeur américain d’escalader sa surface glacée. Particuliè-rement rigoureuse, la saison froide 2015 a d’ailleurs offert des images du site à couper le souffle avec ses sculptures dignes de l’ère glaciaire, un phénomène qui n’avait pas été observé depuis près d’un siècle. À l’hiver 1848, l’eau avait même cessé de couler pendant plus d’une trentaine d’heures, créant un silence inha-bituel et faisant craindre le pire à la population locale. Mais rien ne peut les arrêter et leurs flots gigantesques n’ont depuis plus cesser de vrombir.

Les chutes du Niagara, grandiose fascination

Par Annie Mathieu ¬

ESCALES QUÉBEC

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Premier musée d’Amérique du Nord consacré au nautisme en eau douce, l’Antique Boat Museum, regroupe une collection de plus de 300 bateaux d’époque. Riche témoignage grandeur nature qui fait la fierté de la ville de Clayton aux États-Unis.

L’Antique Boat Museum, le nautisme au musée

Par Sébastien Righi ¬

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Tout commence dans les années 60, lorsqu’un groupe de passionnés décide de préserver l’héritage nautique et culturel du Saint-Laurent. Ils fondent à Clayton (État de New York aux États-Unis) dans la région des Mille-Îles, le musée du même nom qui deviendra plus récemment l’Antique Boat Museum. Pendant 50 ans, le musée a constitué une collection impressionnante de moteurs et de bateaux anciens et, à force de rachats de terrains en bordure du fleuve, s’est agrandi pour occuper un espace de près de 4,5 ha. Le musée impressionne également par sa taille : près de 600 m de docks, 10 bâ-timents regroupant 2  700 m2 d’exposition et 3  000 m2 d’archives et bibliothèque auxquels s’ajoutent, à quelques mètres de là, 1  800 m2 dédiés à la collection de bateaux. À noter : le musée est accessible en fauteuil roulant (disponibles gratui-tement en nombre limité) et dispose d’un circuit spécial qui serpente entre les bâtiments, les pelouses et les jardins paysagers.Le lieu retrace l’évolution des bateaux à moteur au cours du XXe siècle, évolu-tion qui a profondément changé le paysage fluvial. Symboles de modernité et de liberté, ils ont permis l’essor d’une véritable industrie. Une culture du bateau de plaisance est née alors.Lieu vivant avant tout, le musée, qui propose des programmes éducatifs, des sa-lons nautiques et des promenades en bateau, profite de l’engouement des Améri-cains pour le nautisme. En août 2016, il accueillera la 52e édition de l’Antique Boat Show, véritable festival nautique annuel à la gloire des bateaux anciens.Enfin, le bateau star, qui ravit le plus le public selon M. Folsom, l’un des res-ponsables du musée : La Duchesse. Cette gracieuse péniche à deux étages a été construite en 1903 pour l’hôtelier George Boldt (gestionnaire du célèbre Wal-dorf-Astoria de New York) et conçue comme une luxueuse résidence d’été.Véritable plongée dans l’univers des bateaux de plaisance, l’Antique Boat Mu-seum met en perspective plus de cent ans d’histoire du nautisme américain. RdM

Antique Boat Museum, 750 Mary street, Clayton, NY www.abm.org

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L’authentique rue Saint-Jean

Sortir pour acheter une simple pinte de lait1 au dépanneur2 est aussi agréable pour les résidents de la rue Saint-Jean que de magasiner3 dans ses petites boutiques ou de visiter l’église Saint-Jean-Baptiste pour les touristes qui parcourent l’artère pour la première fois. Confinée à l’intérieur des fortifications de Québec, la partie intra-muros de la rue qui s’étire sur plus de 1,5 km regorge de commerces et de restaurants habitués à accueil-lir les visiteurs étrangers. Son fau-bourg est aussi le témoin de la riche histoire des premiers habitants de la Nouvelle-France qui vivaient à l’exté-rieur des remparts, comme Jean Bour-don qui a donné son nom à la route qu’il a aménagée. La place d’Youville, dont la patinoire, l’hiver, rappelle en version miniature celle du Rockefeller Center à New York, l’ancienne église anglicane de Saint-Matthews magnifi-quement transformée en bibliothèque municipale et le cimetière du même nom valent le détour. Arrêt incontour-nable chez J.-A. Moisan, la plus vieille épicerie d’Amérique du Nord, tandis que les amateurs de bières et d’accent québécois seront servis au Sacrilège ou au Projet où la faune locale bigarrée se donne rendez-vous.

Une bouffée d’air sur la Promenade Samuel-de-Champlain

À pied ou à deux roues, la promenade Samuel-de-Champlain offre un tête-à-tête privilégié avec le Saint-Laurent.

Difficile de croire qu’il y a plus de dix ans l’accès au fleuve était malaisé avec ses berges polluées et peu ave-nantes. Lorsque Québec a soufflé ses 400 bougies en 2008, le gouver-nement de la province lui a offert ce parc d’une longueur de 2,5 km qui accueille depuis plus de 2 millions de visiteurs par an, dont l’auteure de ces lignes qui les dévale régulièrement à vélo. Parsemée de neuf œuvres d’art contemporain, de plusieurs quais et stations, la promenade est l’en-droit idéal pour se délier les jambes, pique-niquer, lire ou contempler l’ho-rizon en amoureux. Tout au bout, la tour du quai des Cageux offre une vue imprenable sur le pont de Québec. Lorsqu’on en redescend, des gué-dilles au homard et autres spécialités locales vous attendent. À savourer en regardant les pêcheurs locaux tenter d’appâter leur souper.

Les plaines d’Abraham où l’histoire du Québec s’est jouée

Le sort de la Nouvelle-France y a été scellé en moins de 30 minutes. Les plaines d’Abraham, nom de l'im-mense parc surplombant le fleuve Saint-Laurent, ont été le théâtre d’un affrontement décisif entre les armées françaises et britanniques le 13 sep-tembre 1759 durant lequel les généraux des deux armées, Wolfe et Montcalm, perdirent la vie. La capitulation de la France face à l’ennemi a laissé un goût amer chez certains des habitants de la colonie qui eurent le droit de conser-ver langue et religion. Le séparatisme est toujours vivace alors que la plus importante manifestation célébrant la nation, qui a attiré son lot d’histoires arrosées et de controverses idéolo-

La ville de Québec en 6 escalesPar Annie Mathieu ¬ L’AUTEUR

Annie Mathieu découvre chaque jour de nouvelles facettes de la ville de Québec qu’elle a adoptée il y a quelques années. Friande de patrimoine et d’histoire, elle parcourt à pied et à vélo ses moindres recoins, tant pour son travail de journaliste que par intérêt personnel. La Montréalaise d’origine se sacrifie régulièrement et avec beaucoup de plaisir pour tester les différents restaurants, cafés et bistros afin de dénicher les meilleures adresses du coin. Voici une sélection de lieux incontournables pour tomber amoureux comme elle d’une ville surprenante et attachante.

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1 Une bouteille d’un litre2 Épicier

3 Faire du shopping

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ESCALESQUÉBEC

giques au fil des années, se déroule tous les ans sur les lieux de la défaite, le 23 juin. Un festival de musique attire l’été des foules impressionnantes et des ar-tistes de renom, dont Paul McCartney, Céline Dion et les Rolling Stones. Les plaines sont aussi le terrain de jeu idéal des joggeurs pendant la période esti-vale, celui des fondeurs en hiver et des jeunes bécoteux4 de toutes saisons.

L’art québécois au MNBAQ et l’avenue Cartier

Quel musée dans le monde peut se targuer d’avoir à la fois hébergé des criminels et des œuvres d’art  ? Lors d’importants travaux d’agrandisse-ment au début des années 1990, le Mu-sée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) décide d’intégrer l’ancienne prison, dont les anciennes cellules peuvent être visitées. Le premier mu-sée créé par le Gouvernement du Qué-bec, véritable vitrine de l’art québécois du XVIIe siècle à nos jours, s’agrandit encore. Cette fois, les artistes auront droit à un tout nouvel espace conçu par le célèbre architecte néerlandais Rem Koolhaas. S’il est possible de se res-taurer sur place, une petite marche sur l’avenue Cartier à quelques minutes de là vous permettra de prendre le pouls du quartier Montcalm où les gens dits de la « haute ville » font leurs emplettes. Les fonctionnaires travaillant dans les nombreux bureaux gouvernementaux du secteur s’y réunissent pour le lunch ou le « 5@7 ». Le Café Krieghoff jouit d’une affection particulière de la part des résidents du coin.

Histoire militaire et décor à couper le souffle à la Citadelle de Québec Il y a deux excellentes raisons de pas-ser quelques heures à la Citadelle lors d’un séjour à Québec : l’histoire de la plus importante forteresse bri-tannique en Amérique du Nord est fascinante et la vue sur la ville et le fleuve Saint-Laurent imprenable. On dit même que c’est du haut du Cap

Diamant, appelé le « Gibraltar d’Amé-rique  », que l’on prend les meilleurs clichés. Construite entre 1820 et 1850, la Citadelle grouille toujours d’activi-tés militaires alors que le 22e régiment royal, le seul entièrement franco-phone de l’armée canadienne, y est fièrement installé. L’été, ses membres arborent leur plus bel apparat, la tenue rouge écarlate et le fameux bonnet à poils d’ours, pour la cérémonie de la relève de la garde. Le musée, récem-ment restauré, relate les faits d’armes du Canada. Anecdote intéressante, William Lyon Mackenzie King, Wins-ton Churchill et Franklin Delano Roosevelt y ont tenu un sommet dé-cisif au cours de la seconde guerre mondiale. Le quartier Petit-Champlain

Autrefois grouillant d’activités avec le port à côté et les marchants venant y brasser des affaires, le quartier Petit- Champlain n’était plus que l’ombre de lui-même. La tentation fut forte de dé-molir les maisons abandonnées pour rebâtir avec un look d’antan. Mais deux visionnaires, l’architecte Jacques de Blois et l’entrepreneur Gerry Paris ont résisté et offert une cure de jeu-nesse aux immeubles existants. Une coopérative formée d’artisans et de petits commerçants rachetèrent les bâtiments et s’y installèrent en 1985. Gage de ce succès, la rue du Pe-tit-Champlain a récemment été nom-mée la plus belle du pays. Descendez plus près de l’eau pour vous rendre au Musée de la civilisa-tion puis, sur la rue Saint-Paul où vous trouverez antiquaires (attention aux prix parfois gonflés) et restaurants. Si la cuisine du Légende offre des repas gastronomiques moyennant une facture raisonnable, le Buffet de l’antiquaire, beaucoup plus modeste, permet aux touristes curieux et aux Québécois nostalgiques de se régaler de plats faits maisons typiquement locaux comme le ragoût de boulettes de pattes de cochons, la poutine ou le cipaille.

La ville de Québec en 6 escales

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LES ADRESSES D'ANNIE MATHIEU◆ Épicerie Moisan : 699 rue St-Jean ◆ Bar Le Sacrilège : 447 rue St-Jean◆ Bar Le Projet : 339 rue St-Jean ◆ Le MNBAQ : parc des Champs-de-

Bataille◆ Café Krieghoff : 1089 avenue Cartier◆ La Citadelle : 1 côte de la Citadelle◆ Musée de la civilisation : 85 rue

Dalhousie◆ Restaurant Légende : 255 rue St-Paul◆ Restaurant Le Buffet de l'antiquaire :

95 Rue St-Paul

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Chef-d’œuvre pictural du Cambodge

ESCALES CAMBODGE

Vue depuis la rivière, Kampong Tralach offre le profil d’une pe-tite bourgade dominant les berges de cet affluent du Mékong, re-liant la capitale Phnom Penh à l’immense lac Tonlé Sap, plus au nord. Une fois à quai, on découvre un environnement verdoyant, dû à la présence des eaux qui baignent tout le terroir durant la mousson. La hauteur des pilotis sous les maisons témoigne de ces crues qui mêlent ensemble l’eau et la terre au profit des plants de riz et d’une végétation vivace. Ici cohabitent en bonne entente des fermiers khmers et des Chams, minorité musulmane proche culturellement du monde malais et qui exerce de longue date les

métiers liés à la pêche. C’est une ancienne pagode bouddhiste, le Wat Kampong Tralach Leu, qui retient l’attention du visiteur, avec ses superbes peintures murales miraculeusement conservées. Pour accéder à cet ensemble religieux, on emprunte le chemin par-tant de la grande arche en bord de route, bordée d’un massif de bougainvilliers. Au bout, réside dans quelques bâtiments épars une communauté réduite de huit moines. À l’écart se dresse le vihara, le sanctuaire où ces derniers viennent prier quotidiennement. Il date du milieu du XIXe siècle, mais certains détails laissent deviner une occupation beaucoup plus ancienne : la base repose sur une ter-rasse bordée de latérite, qui évoque les temples de pierre du Cambodge ancien, comme à Angkor. La pagode bouddhiste a peut-être pris la suite d’une telle struc-ture disparue.L’intérieur du sanctuaire baigne dans la fraîcheur et le demi-jour, abri précieux contre les rigueurs du climat tropical. Les statues de Bouddha sur l’autel tournent leur regard serein vers l’Orient. Le nôtre se porte sur les fresques qui couvrent les murs, trésor peint fourmillant de détails, dominé par les tons or, ocre et bleu. À l’instar des vitraux des églises, les peintures murales visent l’édification des fi-dèles, mettant en scène la vie du Bouddha historique, ainsi que des épisodes tirés des récits de ses nombreuses vies antérieures, les Jataka. Le style, daté du milieu du XIXe siècle, début XXe, témoigne par sa qualité d’exécution de l’influence de l’art de la cité royale d’Oudong, sise non loin de là, mais aussi de l’inspiration plus populaire des campagnes. Le décor s’inspire du quotidien des auteurs : des per-sonnages en sarong déambulent dans un paysage semé de maisons hautes et de palmiers à sucre. L’expression soignée des visages et des attitudes donne vie à cet univers. Et la patine du temps ajoute encore à l’envoûtement. Mais il s’en est fallu de peu que ce patrimoine disparaisse. « En 1975, les Khmers rouges avaient transformé l’endroit en dépôt de sel, ainsi qu’en prison », explique Pos Searey, jeune professeur d’anglais et de pali (la langue de la liturgie bouddhique), très attaché à la pagode. Dans tout le pays, des dizaines de peintures murales ont ainsi souffert des outrages de la guerre. Au Wat Kampong Tralach Leu, l’UNESCO a cependant lancé une opération de restauration dans les années 1990. Le chef de la pagode, le vénérable Men Thot, âgé de 68 ans, se montre au-jourd’hui très soucieux de sa préservation. « Nous disposons d’un temple presque unique dans le pays, qui fait l’admiration des visiteurs », explique-t-il. Un vestige précieux, un sanctuaire hors du temps à découvrir au cœur de la campagne cambodgienne. RdM

Par Samuel Bartholin ¬

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La pagode de Kampong Tralach fascine par ses fresques. Un patrimoine historique plusieurs fois menacé à découvrir absolument.

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S’arrêter place de la Poste centrale à Phnom Penh, c’est faire un saut dans le temps, à une époque où la France exerçait sa tutelle sur le Cambodge. Malgré les affres du temps et quelques ajouts posté-rieurs, le quartier a conservé l’essentiel de son architecture coloniale. Ses bâtisses solennelles aux teintes jaunes et aux stucs en chaux évoquent de loin quelque préfecture provençale. Les construc-tions ont été réalisées entre 1890 et 1920, période charnière au cours de laquelle le protectorat fran-çais façonne la capitale cambodgienne autour de boulevards ombragés qui lui valent le surnom de « Paris de l’Orient ». Phnom Penh est alors divisée entre un quartier cambodgien, près du Palais royal, un quartier chinois, autour du marché central, et enfin, le quartier européen, où l’adminis-tration coloniale se concentre autour de la colline du Wat Phnom, site légendaire de fondation de la cité. « C’est l’endroit en ville où se concentrent les plus beaux bâtiments d’époque », explique dans un français impeccable, Su Do, 47 ans, dont la boutique, à la fois agence de voyages et échoppe de souvenirs, donne de plain-pied sur la place.

UNE PLACE CHARGÉE D’HISTOIRESLa Poste, de son imposante stature, domine la place avec ses ailes et son corps central coiffé d’une horloge. À l’intérieur de l’édifice, quelques photos en noir et blanc, sur lesquelles les usagers qui se pressent aux guichets posent un œil à peine intéressé, rappellent son passé. Règne ici une atmosphère compassée dont la fraîcheur tranche agréablement avec la lourdeur du climat tropical au dehors. À l’extérieur, au nord, le regard est attiré par la silhouette austère d’un bâtiment aujourd’hui désert, mais qui abritait un commis-sariat de police sous le protectorat. C’est dans ses murs, ainsi que dans le restaurant qui lui fait face, que fut tourné en 2002 City of Ghosts, film de l’acteur et réalisateur américain Matt Dillon, venu capter l’atmosphère convalescente du Cambodge à peine remis de longues années de guerre civile. Gérard Depardieu y interpré-tait un rôle de tenancier d’hôtel un brin fantasque.

ANDRÉ MALRAUX, CLIENT INDÉLICATJuste en face de la Poste, on aperçoit la façade décrépite de l’hôtel Manolis, qui fut pourtant dans les années 1920 un lieu de grand standing. En piteux état, il est aujourd’hui divisé en habitations. André Malraux fut en 1924 son résident le plus illustre. Le futur ministre de la Culture du général De Gaulle était alors un jeune dandy peu scrupuleux, à l’origine d’une expédition rocambolesque en In-dochine visant à s’emparer des bas-reliefs d’un temple angkorien près de Siem Reap. Pris sur le fait, il dut séjourner quatre mois à l’hôtel en compagnie de sa femme, Clara, dans l’attente de son procès. Condamné d’abord à six mois de prison ferme, puis à du sursis en appel, l’écrivain put repartir libre. Les mauvaises langues prétendent qu’il ne régla pas la note à son départ...Enfin, au numéro 5, à l’entrée de la place, se trouve une superbe villa occupée autrefois par une suc-cursale de la banque d’Indochine. Une riche famille cambodgienne, les Van, était entrée en posses-sion des lieux dans les années 1960, avant de se réfugier en France durant la guerre. Leurs enfants ont pu cependant racheter les murs en 2003 et y ouvrir un élégant restaurant, le Van’s. Le cadre parfait pour renouer le temps d’un dîner avec les fantômes évanouis de l’histoire tumultueuse de la capitale cambodgienne. RdM Par S. B.

de la Poste, Phnom Penh

à l’heure française

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Sadec Joyau floral du delta

Par David Dibilio ¬

On accoste à Sadec depuis une portion paisible du Mékong. Vinh Long et l’agitation de son marché central, distante de quelques kilomètres au sud, a laissé la place à des paysages plus reposants et sauvages. Au nord, les terres s’enfoncent doucement dans les méandres du grand fleuve jusqu’à se perdre définitivement dans l’eau. Depuis l’embarcadère, on pénètre immédiatement sur la place du marché, dans le cœur même de la vie locale, animée ou parfois plus calme selon l’heure. Comme partout dans le sud du pays le matin est le moment privilé-gié de l’activité humaine. Les échanges sont nombreux, le mouvement per-

manent et bruyant. À mesure que la chaleur et l’humidité deviennent pesantes, l’agitation urbaine tend à s’apaiser progressivement. Quand on vient de Ho-Chi-Minh-ville, située à 130 km au sud-ouest, on est surpris par le cachet défraîchi des façades qui bordent l’immense place du centre. Des ruelles étroites où se faufilent avec agilité mobylettes et fourgons de marchandises entourent le marché couvert, dont la structure ressemble à s’y méprendre à celle d’une église. Sadec offre encore aux regards des visiteurs les traces d’une architecture coloniale qui tend à s’ef-facer partout dans le pays et un mode de vie à distance de la technologie et de la modernité des villes voisines. Dès les premiers pas, c’est une immersion dans le commerce de rue encore typique et bruissant du delta. On est saisi par la palette des effluves qui s’échappent des étals où se côtoient le poisson séché, les épices et la soupe que l’on mange à toute heure. À quelques centaines de mètres, une maison aux couleurs vives attire les regards curieux. C’est un hôtel-musée dont les murs de la cour intérieure affichent un bleu turquoise qui tranche avec les nuances délavées des maisons attenantes. La demeure a été celle du Chinois, le personnage principal du roman de Duras, L’Amant. Le visiteur attentif remarquera la présence de nombreux marchands de fleurs. Sadec, connue en France et en Occident pour avoir vu grandir l’auteure française, est également réputée pour son horticulture qui alimente le marché mondial.Pour voir les exploitations horticoles, il faut sortir du centre et emprunter les routes à la périphérie. Au plus fort de la période de floraison, les couleurs des centaines de variétés de fleurs offrent un spectacle unique qui s’étale sur des dizaines de kilomètres autour de la ville. Les nuances orangées des fleurs de da lat narguent avec insolence les rouges vifs des pétales de roses et les jaunes éclatants de la fleur d’ochna. Des hommes et des femmes entretiennent soigneusement ces plantes, alignées méthodiquement pour former de longues allées de pots suspendus ou à même le sol. L’activité fait vivre plus de 1  700 familles, fournissant 6 à 8 millions de bouquets par an et le chiffre d’affaires dépasse les 30 milliards de dongs an-nuels (1 milliard d’euros environ). L’horticulture contribue ici de manière significative à la croissance économique de la région, grâce à des conditions climatiques favorables. En témoigne, à quelques minutes à pied du centre, le jardin de Tu Ton, célèbre pour ses cinquante variétés de roses. RdM

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Par Whitney Light ¬

À l’aube quand les premiers rayons du soleil illuminent les montagnes de l’État Shan, une brume quasi irréelle se lève sur le lac Inle. C’est depuis le port de Nyaung Shwe que les touristes et les habitants accèdent au lac. Il s’étend sur 21 km par 11 de large. « Les fils du lac », comme ils se nomment dans leur dialecte, sont une des minorités ethniques birmanes, les Inthar. Friands de baignades, on les voit naviguer sur leurs barques pour pêcher ou par plaisir, immortalisés par les images de cartes postales. Enroulant une jambe autour de leur rame, en équilibre à l’extrémité de leur pirogue, les pêcheurs utilisent leurs mains libres pour balancer une cage en bambou bordée d’un filet.Mais la magie du lac tient aussi à ses villages construits sur l’eau avec leurs maisons en bois de bambou tissé, montées sur pilotis. À proximité, les jardins flottants où poussent principalement des plants de tomates, l’aliment de base des Birmans, étonnent par leur singularité : construits au fil des années sur les berges par l’accumulation de jacinthes d’eau et de mauvaises herbes, ces amas sont ensuite découpés en larges bandes et tirés dans l’eau pour être cultivés.L’artisanat est l’autre activité principale du lac Inle. Dans le village Inn Paw Khone, un atelier textile familial fabrique des tissus en lotus. On entrouvre chaque tige de la fleur centimètre par centimètre et la résine collante est en-roulée à la main autour d’un fil très mince. D’autres artisans roulent des ci-gares ou tissent du coton, fabriquent des bijoux en argent, des laques et des poteries.L’écosystème du lac est unique au monde. Mais le temps presse. Très peu pro-fond, soumis à une pression touristique exponentielle, les experts craignent sa disparition pure et simple à courte échéance. Le gouvernement commence à prendre des mesures de sauvegarde et le droit d’accès de 10 dollars demandé à chaque touriste permet de soutenir ces efforts. RdM

Le lac InleNature, calme et volupté

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Cadre idyllique, le lac Inle est le théâtre d’une vie comme figée dans le temps.

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Coucher de soleil sur le pont d’U Bein à Amarapura, Birmanie

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BIRMANIE

Patience et minutie semblent être les maîtres-mots qui prévalent à la fabri-cation de cette multitude d’objets présents sur tous les marchés birmans. Assiettes, bols, boîtes à bijoux, objets du quotidien ou pièces exceptionnelles, dire que les laques birmanes sont faites main n’est pas un vain mot. Et quelle dextérité ! Nous avons visité l’atelier Tun dans la ville nouvelle de Bagan. Extraite du thit-si, un arbre de la famille des anacardiacées poussant dans la région du lac Inle, la laque est une résine cuite qui, mélangée à des colorants, sera appliquée en couches successives (entre 7 et 18 couches pour les laques les plus raffinées) sur des supports en bambou. Dans l’atelier de madame Moe Moe, atelier familial centenaire tenu par deux sœurs, nous suivons une di-zaine d’ouvriers à chaque étape de fabrication : effilage du bambou à la main, tressage des objets avec du crin de cheval, application de quatre couches de mélasse noire – mélange de laque et de cendre – puis séchage dans une cave pendant plusieurs mois, dessin des motifs au stylet à main levée, application des couleurs, couche par couche, ponçage, puis application d’une laque inco-lore, une opération qui sera répétée pour chaque couleur. Un travail fastidieux qui force l’admiration, tant il requiert du temps et des compétences de plus en plus rares, nous confie la propriétaire du lieu. Chaque atelier crée des motifs originaux généralement inspirés d’animaux ou des peintures murales des temples de Bagan. Les supports en coquillage ou coquille d’œuf sont la dernière mode en Birmanie. Il faut noter que les prix abordables pour les locaux, qui achètent là aussi bien des boîtes à cigares que des bols à offrandes pour les moines, sont multipliés par trois pour les tou-

ristes. Négocier fait ainsi partie du rituel. Les prix varient fortement en fonction du nombre de couleurs et de la minutie du travail. « Une laque lisse, sans traces ni irrégularités, uniformément brillante, est un gage de qualité.  » Con-seils précieux de madame Moe Moe. RdM

Laque birmane,artisanat d’excellence

À la fin de sa vie, après avoir donné ses derniers enseignements, le Bouddha se retira et s’absorba dans la méditation qui allait le conduire au nirvana. C’est cet épisode particulier que représentent les images du Bouddha couché, dans cette position si particulière : allongé sur le côté droit, sa tête reposant sur sa main, il esquisse un sourire serein et énigmatique. Simplement endormi ou déjà mort, nous le devinons à la position de ses pieds : croisés l’un sur l’autre ou parallèles.On trouve des dizaines d’exemples de cette statuaire en Birmanie. Celui de la pagode Chauk Htat Gyi, construit à la fin du XIXe siècle et mesurant près de 60 m de long, compte parmi les plus riches et les plus vénérés. La tête de Bouddha est surmontée d’une cou-ronne de pierres précieuses et de diamants, son corps recouvert de feuilles d’or. Il ne lui en fallait pas moins pour quitter son existence physique. Par S. R.

Pratique artisanale ancestrale, la laque requiert un savoir-faire méticuleux, réputé en Birmanie. Les pièces réalisées à la main, véritables œuvres d’art, ravissent les touristes. Encore faut-il savoir reconnaître une laque de qualité parmi toute la production proposée. Visite et conseils dans l’une des laqueries de Bagan.

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Quand l’Éveillé s’endormit

Par Sebastien Righi ¬

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ESCALES CHILI

076N° 1 / 2015

Valparaiso accueille chaque année des centaines de milliers de touristes venus du Chili et de l’étranger. La beauté et les charmes de cette ville portuaire sont innombrables.

Ses maisons accrochées au flanc des collines, ses ruelles qui semblent vouloir plonger dans l’océan, ses toits pastel, ses façades aux couleurs méditerranéennes et tagguées de slogans po-litiques, ses escaliers et ses funiculaires dignes d’un San Francisco latin, tout ici concourt au mythe et au charme de Valparaiso. Jadis, son nom évoquait un havre de paix pour les marins en provenance du Cap Horn. Pour-tant ni les séismes, ni les incendies, ni même les tsunamis n’ont épargné le Val Paradis, du nom du village andalou dont était originaire Juan de Saavedra qui découvrit la baie en 1536. Long-temps délaissée après l’ouverture du canal de Panama, Valparaiso connaît aujourd’hui une vé-ritable renaissance. Elle accueille les artistes de tout le pays, qui fuient Santiago l’internationale, et une vie étudiante trépidante avec pas moins de cinq universités. Depuis 2003, la ville est ins-crite au patrimoine mondial de l’UNESCO. RdM

Un air de tango, un parfum d’océan… Qui mieux que Pablo Neruda pour décrire la beauté fré-nétique et intangible de cette ville ? Toute l’ambiance et l’histoire mouvementée de la mythique Valparaiso – les récents incendies n’en sont que le dernier avatar - se retrouvent dans cette Ode à Valparaiso dont nous vous proposons une traduction.

Par Bettie Sans ¬

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VALPARAISO, Quelle absurdité

Quelle folieTu es un port fou.

Quelle tête aux collines, échevelées,

jamais tu ne te coiffesjamais tu n’as pris le temps de te vêtir,

toujours la vie t’a surpriset la mort t’a réveillé, en chemise,

en dessous à franges colorées, nu avec un nom

tatoué sur le ventre, et un chapeau,

le tremblement de terre t’a attrapé, et comme fou tu as couru, en te rompant les ongles,

les eaux et les pierres se sont déplacées,

les trottoirs, la mer, la nuit, et toi tu dormais à terre,

fatigué de naviguer, et la terre, en furie, déferla ses vagues tempétueuses […]

Vite, Valparaiso, marin,tu oublies les larmes,

tu accroches de nouveau tes maisons,tu peins tes portes en vert,

tes fenêtres en jaune,tu transformes tout en bateau,

tu es la proue rapiécéed’un petit et valeureux navire.

[…]Valparaiso, si petite

comme une frêle chemiseaccrochée sur tes fenêtres en lambeaux

qui se balance au vent de l’océan,en s’imprégnant de toutes les douleurs de ton sol

tu reçoisla rosée de la mer, le baiser

de cette grande mer colériquequi de toute sa force

frappe ta pierresans jamais t’assommer

parce que sur ta poitrine australesont tatoués la lutte,

l’espoir, la solidarité et la joiecomme des ancres

qui résistent aux vagues de la terre.

Valparaiso, mythe poétique

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ESCALESPATAGONIE

077 N° 1 / 2015

Les Yagans, un peuple disparuC’est aux indiens Yagans, appelés aussi Yamanas, que la Terre de feu doit son nom. Les recherches ethnologiques et archéologiques récentes en font les premiers habitants de ces îles du bout du monde. Ils ont aujourd’hui tous disparu.

Quand Magellan arrive en 1519 dans le détroit qui portera ensuite son nom, à la recherche d’un passage vers les Indes, il rencontre sur sa route les Amérindiens Yagans qui allument des feus sur les rivages. Ce peuple nomade vit alors sur l’eau et habite le sud de la Patagonie et les rivages du canal de Beagle. Les feus qu’ils entretiennent sur leurs canots leur permettent de survivre au froid humide.On considère qu’ils sont arrivés jusqu’au cap Horn il y a environ 6  000 ans. C’est alors un peuple de pécheurs au harpon qui vit sur ses ca-nots. À terre, ils se nourrissent aussi de guanaco, le lama argentin. Thomas Bridge, un anthro-pologue américain a étudié la langue yamana et dénombré plus de 32  000 mots, une richesse lexicale comparable au français.L’arrivée des colons européens leur sera fatale. Leur nudité, leur petite taille et leurs corps peints font de ces indiens de véritables objets

de foire, allant jusqu’à être présentés en Europe dans des cages comme des animaux. Sur place, ils sont décimés par des maladies importées, notamment une épidémie de rougeole, que leur système immunitaire n’était pas en mesure de combattre. Surtout, le Chili et l’Argentine offrent des mil-liers d’hectares à quelques familles d’origine européenne pour y élever des moutons et peu-pler la région. On massacra alors les troupeaux de guanacos, nourriture de base des Yagans. Et comme ces derniers se mirent à voler des mou-tons pour se nourrir, on les massacra également. Les éleveurs, dont certains possédaient des mil-lions d’hectares, payaient les chasseurs une livre par paire d’oreilles d’indien. En 1900, ils avaient déjà tous disparu.Cette histoire sombre fait aujourd’hui l’objet d’études au Chili après des décennies d’omer-ta. De ces indiens, il ne nous reste que des pho-

tographies et quelques témoignages précieux d’ethnologues et de missionnaires et leur fan-tomatique présence dans les légendes de ces terres de feu. Leur histoire est retracée dans le musée Martin Gusinde à Puerto Williams et une formidable maison-musée leur est dédiée au sud de l’île Novarino. RdM Par B. S.

Fou ! C’est ainsi que le déclare la cour de Santiago en 1862 avant de réclamer son internement. Gran-deur et décadence d’un petit avoué français né à Périgueux qui s’autoproclama roi de Patagonie. Mythomane ou illuminé ? Peu importe. Sa légende a survécu aux siècles. Il débarque au Chili en 1858 à une époque où les indiens Mapuches sont en guerre contre le pouvoir central de Santiago. On ne sait par quel miracle il arrive à convaincre le chef indien Quilipan de fonder un royaume mapuche dont il se fait élire roi : Orélie-Antoine Ier, roi d’Araucanie ! Il obtient le soutien des indigènes, promettant de les défendre dans leur lutte et dote son royaume d’une Constitution avant d’être arrêté deux ans plus tard. Mais rien ne peut le détourner de son destin royal. Orélie-Antoine repart à la conquête de son royaume en 1869 puis en 1874. Cuisants échecs dont il rentrera ruiné, laissant derrière lui son royaume d’opé-rette. Sur sa tombe en Dordogne, on peut lire : « Ci-gît Orelie-Antoine Ier, roi de Patagonie, décédé le 18 septembre 1878. » Qui pourrait croire qu’un tel royaume subsiste encore ? Et pourtant depuis 1878, jamais le trône d’Araucanie n’aura été vacant. Pas moins de six rois et reines lui ont succédé jusqu’à nos jours. Les plus beaux royaumes sont souvent les royaumes imaginaires. RdM Par B. S.

Antoine de Tounens, roi français de Patagonie !

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EN VRAC

078N° 1 / 2015

ICÔNE

Un fichu noué sur la tête, Estela de Carlotto fait le tour de la place de Mai, in-lassablement, aux côtés d’un groupe de dames qui se réunit chaque jeudi de-puis 1977. Ces mères et grands-mères ont commencé à occuper la place prin-cipale de Buenos Aires en pleine dictature (1976-1983) pour protester contre l’assassinat de leurs enfants et l’enlèvement de leurs petits-enfants nés dans les prisons. Donnés en adoption à l’entourage des militaires, ces enfants re-trouvent petit à petit leur famille grâce à la lutte de leurs grands-mères. Ain-si, en août 2014, Estela de Carlotto, l’iconique présidente des Grands-mères, retrouva-t-elle finalement son petit-fils après 36 ans de lutte acharnée, le 114e « petit-fils récupéré ». La famille recomposée a ensuite été reçue par le pape en novembre 2014. Née en 1930, Estela était institutrice puis directrice d’école avant l’assassinat de sa fille Laura en 1977. Deux mois avant, Laura avait donné naissance à Gui-do dans un centre de détention. Sa grand-mère Estela endossa alors le rôle de militante pour le retrouver, encouragée par les Nations unies qui lui ont octroyé le prix des Droits de l’homme en 2003. Estela et les grands-mères de la place de Mai sont aussi soutenues par de nombreuses personnalités depuis leurs débuts. « Le monde peut être tranquille avec autant de femmes braves », avait déclaré Bono avant de les faire monter sur la scène du concert de U2 en 1998. Sting avait fait de même en 1987 lors de sa chanson Elles dansent seules interprétée à Buenos Aires mais inspirée de l’histoire similaire des femmes chiliennes et de leurs « dispa-rus » sous Pinochet (le dictateur qui gouverna le Chili).À Buenos Aires, vous trouverez un bar fondé par les mères de la place de Mai, avec de nombreuses photos de leur lutte, mais attention à ne pas confondre. Rien à voir avec Estela, il s’agit d’une autre association, car il en existe plu-sieurs  : Madres de Plaza de Mayo présidée par Hebe de Bonafini, Madres de Plaza de Mayo Línea Fundadora, présidée par Marta Ocampo de Vásquez et Abuelas de Plaza de Mayo, présidée par Estela de Carlotto. RdM

ICÔNE ESTELA DE CARLOTTO

Par Camille Lavoix

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EN VRAC

079 N° 1 / 2015

PORTRAIT CHINOIS

Si la Birmanie était…

Portrait chinois

Réponses de Sylvie Vay, Strasbourg. Croisiériste Rivages du monde ¬

Une couleurLe rouge pour la couleur du kesa, la robe traditionnelle des moines bouddhistes birmans, et pour l’em-brasement du soleil quand il se couche.

Un trait de caractèreLa résignation. Imprégnée par-dessus tout de la pensée bouddhiste, la Birmanie apprend à vivre sans désir, sans ostentation, pour ne pas avoir à supporter la souffrance et atteindre à une sorte de nirvana collectif.

Un sentiment La quiétude.

Une odeurUn mélange d’épices.

Une musique Le tintement de la cloche des pagodes mêlé au murmure des prières.

Une peinture Sur soie brodée rehaussée de fils d’or.

Une fleurLe lotus.

Un animalLe chat, le sacré de Birmanie, aux yeux couleur saphir, mais aussi le chat sauteur du monastère de Nga Phe Chaung, au bord du lac Inle.

Un poèteTin Moe, originaire de Birmanie, d’abord connu pour ses poèmes pour enfants qui magnifient la beauté de la nature birmane et que l’on trouve dans les manuels scolaires. Il consacre ensuite son œuvre à lutter contre la dictature jusqu’à connaître procès et exil.

Un personnage historiqueAung San Suu Kyi.

Un objetUne pirogue de pêcheur équilibriste du lac Inle.

Une pierre précieuseLe saphir.

Un platUn mohinga de crevettes, mais avec un bol de riz de toute façon.

Un sportNautique, car ce pays vit sur ou au bord de l’eau qu’il apprivoise et maîtrise.

Un monumentUne pagode.

Une deviseJe prie et ne romps pas. Dans toute son attitude le peuple birman reste digne et continue son combat sou-terrain contre la dictature.

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080N° 1 / 2015

EN VRAC

ÀBordeaux ou à Mendoza, en fait dans chaque fief vinicole de la planète, on ne le présente plus. Michel Rolland fait la pluie et le beau temps dans ce petit monde, un peu trop au goût de certains. L’œnologue a été le protagoniste du documentaire Mondovino réalisé par Jona-than Nossiter (présenté au festival de Cannes en 2004) dont une partie a été tournée en Argentine. Sur l'une des séquences de fin, on découvre la famille Etchart qui a fait venir le spécialiste français à Cafayate, dans le nord du pays. Ensemble ils créent le vin Yacochuya, du nom du fleuve qui traverse cette ré-gion montagneuse et signifie « eau claire » en langue quechua. Une évocation paradoxale au regard des commentaires désobligeants des Etchart dans le do-cumentaire : les indigènes seraient paresseux et refuseraient le progrès. Toujours est-il que suite à l’appel des Etchard, Michel Rolland et Dany, sa femme, se prennent de passion pour l’Argentine et y voient un sérieux potentiel. Durant deux décennies, ils investissent avec d’autres propriétaires du Bordelais dans la vallée de l’Uco, au sud de Mendoza, et fondent le Clos de los Siete. La

propriété qui s’étend sur 850 ha au pied de l’imposante cordillère des Andes est divisée en plusieurs établissements viticoles dont chacun contribue à l’élaboration de ce vin phare. Produit depuis 2002 à environ 1  000 m d’altitude, cette référence franco-argen-tine s’est fait une place solide sur toutes les cartes des grands res-taurants et dans toutes les caves de renom. Ce n’est pas un hasard, répliquent les détracteurs de Rolland, qui dénoncent une véritable machine marketing broyant tout sur son passage. L’amitié de l’œnologue avec le critique le plus influent au monde, Robert Parker, n’est pas un secret. Dans son célèbre guide (Le Parker), l’Américain décerne des notes sur 100 : autant Yacochuya (qui a pourtant disparu des radars internationaux de-puis) que Clos de los Siete ont été adoubés par l’expert. Le style Rolland, on aime ou on déteste, mais même ceux qui ne supportent pas « ce business man pédant qui méprise le terroir et les paysans » admettent que personne n’assemble et ne goûte comme lui. Flying winemaker et technicien hors pair, il conseille plus de 150 châteaux dans le monde, il est aussi une icône régulièrement suivi par une nuée de fans chinois qui le photographient à tout-va dans sa fameuse voiture avec chauffeur. Une laborantine reconnaît : « Son labo a toujours eu 10 ans d’avance sur les autres. » En Argentine, le vin Clos de los Siete est élaboré principalement à base de malbec, le cépage-roi et la valeur sûre du pays. Pour la complexité de l’assemblage, il est accompagné de cabernet sauvignon, de merlot, de syrah et, dans une moindre mesure, de petit verdot et de cabernet franc. Le tout à partir d’une vigne travaillée comme pour un grand cru classé de Bor-deaux : vendanges vertes et effeuillage au menu.Un maître de chai ayant dégusté en compagnie de Rolland ren-chérit : « Maintenant on est dans la course à l’armement, Rolland a dy-

namité le milieu du Bordelais et du vin en général. Ce n’est pas parce qu’un mec fait du vin comme il y a 300 ans, qu’il est super sympa et qu’il t’invite à bouffer qu’il fait du bon vin. » Rolland, le controversé, a sûrement compris qu’il n’avait pas que des amis dans le monde de la viticulture. « On en entend moins parler, maintenant c’est redevenu plutôt une sûreté technique, moins une marque commerciale, il s’occupe de beaucoup de châteaux en France, en Argentine et ailleurs sans en parler publiquement », conclut le maître de chai. Ils sont en tout cas nombreux à lui reconnaître ce mérite : par ses positions singulières et parfois dérangeantes, il contribue à faire bouger un milieu qui, en France, n’est pas toujours prêt à se remettre en question. Ajoutons qu’il est aussi l’un de ceux qui ont fortement contribué à la coopération et aux échanges viticoles entre l’Argentine et la France. RdM

Dans le microcosme du vin, il est le flying winemaker français le plus connu et probablement le plus respecté. Ses collaborations et ses conseils sont synonymes de réussites en France mais aussi en Argentine. Loin de laisser indifférent, l’homme suscite l’adoration chez certains et l’hostilité chez d’autres. Portrait.

Par Camille Lavoix ¬ Photographie Agustín Pablo Menchón ¬

Michel Rolland,  le Napoléon du vin

VIN

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GASTRONOMIE EN VRAC

Une curiosité boulimique et la volonté de créer son propre langage culinaire, voilà ce qui a poussé Rafael Arenas Fuentes à parcourir en bus les routes du Chili, du Pérou, du Brésil et de l’Ar-gentine, trois mois durant en 2014, à la découverte de nouvelles saveurs et de savoir-faire. Il rentre à Paris des idées plein la tête pour proposer une nouvelle carte, inspirée de ce monde latino- américain qui est le sien. Mais son horizon est plus complexe. À son image, il est le fruit d’un savant mélange de cultures. Dans une recherche du « mieux faire » permanente, comme une volonté de se dépasser soi-même, Rafael opère un métissage de sa cuisine, dans la vague de la cuisine fusion, établissant des paral-lèles, des mariages originaux. Ainsi revisite-t-il le fameux pastel de choclo, le hachis parmentier chilien, en mariant du confit de canard allégé par un vinaigre de pomme à de la purée de maïs au basilic. Rien d’étonnant alors à ce qu’à l’occasion d’un mariage franco-chilien, il ait eu l’idée d’une pièce montée, archétype de la pâtisserie française, fourrée à la lucuma, ce fruit sud-américain, inconnu en France. Enfant déjà, il courait les pâtisseries de Santiago avec sa sœur. Leur mère, responsable d’un réfec-toire communautaire pour ouvriers, lui a enseigné cette cuisine chilienne et ses riches produits, fruits d’une agriculture et d’une viticulture prospères, qu’il envisage d’importer aujourd’hui. Mais cette enfance baignée dans l’ambiance des cuisines prend fin avec le coup d’État militaire. La fa-mille doit s’exiler en 1976. Il a 17 ans. Une vie rocambolesque digne d’un personnage de roman le voit alors conduire les siens dans l’exil, apprendre le français à Bordeaux, travailler comme infor-maticien, devenir père de famille… jusqu’à ce qu’un mariage change le cours de sa vie. Celui de son frère cadet, pianiste professionnel. Le père de la mariée, regardant Rafael cuisiner de-vant lui un canard à la cerise, l’enjoint tout à coup : « Laisse tomber l’informatique et lance-toi dans la cuisine ! » Il a face à lui Jean François Decraene, l’auteur du Tour de France par un gourmand. Ce sera le déclic. Rafael s’associe avec un restaurateur colombien auquel il propose ses empanadas, ces fa-meux chaussons à la viande chiliens qui rencontrent un tel succès qu’il ouvre dans la foulée son pre-mier restaurant, typiquement chilien. En guise de plat du jour, il lance un plat du monde, un voyage culinaire quotidien. Cette quête d’un ailleurs par la cuisine le suivra toujours, lui qui affirme : « Il faut que je puisse m’évader par ma cuisine. »

Terres du sud, son nouveau restaurant, joue la carte de ce dialogue gastronomique, dans une recherche d’harmonie permanente. Le chef se mue en chef d’orchestre. « La cuisine a beaucoup à voir avec la musique. Les ingrédients sont comme des notes de musique, des nuances de goût. Chaque cuisinier est un interprète. Un toucher plus appuyé, c’est une cuisine plus épicée, un toucher plus doux, c’est une cuisine plus sucrée. » Le frère pianiste n’est pas loin. La carte met à l’honneur les vins du Chili dont le fameux carménère, ce cépage français disparu en 1892 après l’épidémie de phylloxéra. Ne pas manquer le Tarapaca, son vin fétiche, plus que centenaire, dont les vignes poussent sur les pentes d’un volcan. Le Chili est ici par-tout. Le mal du pays ? Pas vraiment cependant. Rafael a fait siens son pays d’adoption et sa gas-tronomie. L’endroit ne paie pas de mine mais ce petit coin de Paris opère un métissage culinaire inattendu. RdM

Terres du sud7 rue de Cadix, 75015 ParisTél. : +33 (0)9.81.99.14.85Du mardi au samedi, de 11h30 à 14h30 et de 18h30 à 23h

Le chef d’origine chilienne, Rafael Arenas Fuentes,

a ouvert son premier restaurant en 2001 à Paris.

Nouveau nom, nouvelle carte, nouveau concept.

Rendez-vous en Terres du sud, du nom de son nouveau

restaurant.

Rafael Arenas Fuentes,

cuisiner l’ailleurs

Par Sebastien Righi ¬

081 N° 1 / 2015

© F. Chavanon

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IngrédientsPour le bouillon· Os de bœuf (queue de bœuf, 1 crosse, os à moelle)· 500 g de poitrine de bœuf· 500 g de gîte· 4 oignons· 1 gros morceau de gingembre (150-200 g)· 5 anis étoilés· 5 bâtons de cannelle· 10 g de graines de coriandre· 10 g de fenouil· 10 g de poivre en grains· 10 g de sel· 20 cl de sauce poisson (nuoc-mam)· 20 g de sucre

Pour le dressage· 600 g de pâtes de riz (banh pho)· 400 g de rumsteck· 1 botte d’oignons frais ou cébettes· 1 bouquet de basilic thaï· 1 bouquet de coriandre· 1 bouquet de menthe· 2 citrons verts · 1 ou 2 piments frais· Germes de soja · Poivre du moulin

PréparationMouiller les os, la poitrine et le gîte dans une grosse marmite d’eau froide à hauteur. Porter à ébullition et écumer toutes les impuretés afin d’obtenir un liquide clair. Faire griller les épices, les oignons et le gin-gembre. Les ajouter au bouillon une fois que celui-ci est devenu limpide, avec du sel, du poivre en grains, du sucre et la sauce pois-son. Laisser frémir à petit feu durant 3 heures environ. Vérifier la cuisson de la viande, elle doit être tendre mais ferme. Pour cela, la lais-ser refroidir et la découper en fines tranches.Couper le rumsteck le plus fin possible et le réserver. Ciseler les herbes aromatiques et l’oignon frais.Filtrer le bouillon avec un chinois, rectifier l’as-saisonnement et le garder au chaud.Cuire les pâtes de riz al dente, environ 3 min. Les disposer au fond du bol, puis quelques tranches de poitrine de boeuf, de gîte et par dessus le rumsteck cru en fines lamelles. Par-semer d’oignons frais et fines herbes, ajouter un tour de poivre du moulin. Arroser le tout de bouillon brûlant qui va pocher le rumsteck cru et accompagner de citron vert, de piment et de germes de soja.Chuc an Ngon* !

Chez PhamAncienne styliste, Pham a commencé à travail-ler dans le restaurant de son compagnon, Chez Navarre, une table d’hôtes qui propose une cui-sine traditionnelle française. Après avoir repris le local mitoyen, une très vieille boucherie de quartier, Pham l’a transformée en cantine viet-namienne. Le lieu fonctionne exactement comme une table d’hôtes : les gens partagent les grandes tablées, se servent eux-mêmes...Menu unique : 3 salades en entrée, bouillon de légumes, plat du jour et buffet de desserts.

LA SOUPE PHOPlat traditionnel vietnamien

Le mot du chef

Tous les vendredis, je sers ma fameuse soupe pho ! J’affectionne beaucoup ce plat. C’est pour moi « le » plat national du Vietnam, le plus réputé, à la fois populaire car il se mange à toute heure, dans la rue et en toute circonstance. Il est aussi un plat de fête qui peut être long à préparer... En tout cas, la pho fait toujours plaisir !Elle résume à elle seule la cuisine vietnamienne : légère, parfumée, fraîche avec toutes ces herbes, savoureuse avec des textures différentes et les pâtes… al dente !

Niveau de difficulté :

Temps de préparation :

Temps de cuisson :

Fourchette de prix :

30 minutes

3 heures 30

La cantine vietnamienne Chez Pham1 rue mage - 31000 Toulouse

Tel : +33 (0)5.62.19.12.36Horaires : de midi à 14h, du lundi au vendredi

Par Christine Pham ¬

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EN VRAC RECETTE

082N° 1 / 2015

Photographie Émilie Gentils ¬

* Bon appétit !

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La soupe phoChez Pham

Toulouse

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084N° 1 / 2015

EN VRAC

Par Armelle Privat ¬

En plein centre de Rangoun comme dans les villages les plus reculés de Birmanie, vous ne rencontrez pas une femme ni un enfant dont la peau ne soit enduite de thanaka. Cette poudre cosmétique couleur or appliquée sur le visage est une tradition millénaire qui a traversé les siècles et les océans jusqu’à atteindre récemment nos instituts de beauté occidentaux. Le thanaka est fabriqué depuis le XIe siècle à partir du bois du même nom cultivé entre Bagan et Mandalay au cœur de la Birmanie, en zone aride. Traditionnellement, les femmes râpent l’écorce du bois sur une pierre mouillée pour en extraire une pâte légèrement citronnée qui, mélangée à de l’alun, fait office de parfum, d’anti-moustique et de cos-métique. Le thanaka est multi-usage. Il prévient ainsi de la déshydra-tation et du desséchement de la peau en bloquant la sudation. Grâce à ses propriétés astringentes et antiseptiques, il adoucit et soigne la peau contre les mycoses ou l’acné. Appliqué sur le front et le visage, il protège du soleil contre le brunissement de la peau (le bronzage est généralement peu recherché chez les femmes en Asie du Sud-Est)

avec une efficacité presque comparable à celle d’une crème solaire. Pour les plus coquettes, c’est aussi un maquillage raffiné qui pare alors le visage de dessins géométriques, striés, en forme de fleurs ou de feuilles. La cosmétique moderne s’en est saisie récem-ment et de nombreux instituts offrent des soins au thanaka. « Le masque au thanaka absorbe le sébum avec un effet liftant. Votre teint est reposé et éclatant comme si vous reveniez de vacances », af-firme Marie-Paule Puissegur, gérante de l’ins-titut Matazen à Jouy-sur-Eure. Dans le com-merce, Clarins propose un masque purifiant qui en contient. Kenzo a élaboré son parfum KenzoAmour à base de bois de thanaka. Si vous optez pour la méthode tradition-nelle, sachez que le thanaka se vend en poudre ou en pain. Vous pouvez en ache-ter sur différents sites Internet pour à peine 10 euros le pain. Sur les marchés birmans, le morceau de bois de 15 cm vaut 2 euros. Quant à la préparation, rien de bien compliqué : deux cuillères à café mélangées à de l’eau suffisent pour appliquer un masque sur le visage dont la senteur rappelle le bois de santal. Mesdames, la beauté des femmes birmanes est désormais à votre portée. RdM

LE THANAKAUn produit millénaire,nouvelle mode cosmétique

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BEAUTÉ

Toutes les femmes birmanes s’en enduisent le visage quotidiennement. Et ce, depuis plus de mille ans. Le thanaka arrive enfin en Occident, dans nos instituts de beauté mais aussi chez les industriels de la cosmétique. Usages et bienfaits de ce produit naturel.

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EN VRAC

085 N° 1 / 2015

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Les rois birmans, déjà, en avaient fait l’un de leurs passe-temps favoris. C’est dire combien le chinlon est ancré de manière quasi immémoriale dans l’ima-ginaire et la culture de la Birmanie. Pour preuve, des archéologues ont même retrouvé une balle de chin-lon dans la chambre des reliques de la pagode Baw Baw Gyi. Mais en argent, celle-ci. Car sinon, tradi-tionnellement, la balle de chinlon est constituée d’osier ou de rotin tressé. Un matériau naturel dont la Birmanie regorge grâce à ses forêts. Mais quelle est donc cette discipline, aussi physique dans sa pratique que gracieuse et spectaculaire à l’œil, qui amène des hommes et des femmes à jon-gler balle au pied, à se désarticuler, à sauter et plonger dans les airs, semblant obéir à la fois à une routine très chorégraphiée et à une inspiration divine  ? Le sport national birman, tout simplement ! Ou plutôt un jeu, en tout cas dans son esprit fondateur, qui se situe exactement à la croisée de la danse et du sport, entre football de rue et arts martiaux. Lorsqu’il était pratiqué il y a 1  500 ans, il n’obéissait pas encore à des règles précises, mais devait avant tout guider l’individu dans sa recherche de perfection et d’harmonie, tant au niveau du corps que de l’esprit.

Si cet objectif de départ est toujours aussi présent – le chinlon est à sa façon également une forme de mé-ditation –, le cadre de sa pratique a en revanche été formalisé depuis, notamment pour l’organisation du championnat professionnel national. La discipline a même été introduite au programme des Jeux d’Asie du Sud-Est. Khin Maung Win, le sélectionneur natio-nal, ajoute : « C’est un jeu complexe, délicat et difficile. Je crois que le monde va mieux connaître la Birmanie à tra-vers le chinlon. »Le chinlon peut se pratiquer en individuel – la perfor-mance solo est alors réservée aux femmes – mais il se joue surtout par équipe de cinq ou six personnes qui doivent, ensemble, maintenir le plus longtemps pos-sible la balle en rotin en l’air, à l’aide du pied (orteils, dessus et dessous du pied, talon, plante) ainsi que du genou. Originellement, une partie se joue pieds nus, mais des chaussures spécialement dédiées à sa pratique existent aujourd’hui : elles sont conçues de manière à laisser les sensations prédominer. Et si le pied est bien la clé du geste réussi, il n’est pas le seul : le haut du corps est lui aussi essentiel, certains coups se jouant même en tournant le dos à la balle en attendant de la frapper. Un peu comme un coup de pied retourné au taekwondo, par exemple. Le point prend fin lorsque la balle touche le sol mais la beauté, et donc l’efficacité d’un mouvement de chinlon, est également jugée au positionnement des mains, des

bras, du torse et de la tête du joueur pen-dant son exécution. Enfin, le son produit au moment de l’impact sur le corps par la balle – plutôt de l’ordre du cliquetis – fait lui aussi partie de la dimension es-thétique de l’ensemble.En compétition, le chinlon se pratique sur un terrain circulaire de 6,7 m de diamètre, mais sa grande force et sa popularité résident bien entendu dans le fait de pouvoir se jouer absolument n’importe où, dans la rue comme sur la place en terre battue des villages, et même au-dessus d’un filet de volley-ball

ou d’une simple corde. Lors des fêtes traditionnelles, des parties de chinlon sont mises en scène tels de vé-ritables spectacles, et même les moines bouddhistes y participent. Le sport national, on vous disait ! RdM

CHINLON, le sport des roisPar Myrtille Rambion ¬

Sport national en Birmanie, le chinlon est pratiqué depuis des millénaires. Extrêmement populaire, il a récemment intégré les compétitions internationales. Voici quelques clés pour y jouer.

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EMBARQUEZ CULTURE

86N° 1 / 2015

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RdM

Chères lectrices, Chers lecteurs,Voici le premier numéro de RDM le magazine de Rivages du monde. Vous y trouverez une série de repor-tages sur les nombreuses destinations desservies par nos croisières. Parce que nous concevons nos voyages comme des épopées et que nous aimons aller à la découverte des civilisations, nous avons pensé que ce magazine serait un juste et utile complément à nos programmes. Nos croisières, largement ouvertes sur le monde, se conjuguent dans le temps, au singulier comme au pluriel. Elles sont ouvertes sur une multitude de cultures, un océan de paysages et d’instantanés et se renouvellent en permanence : du Mékong au Saint-Laurent, de la Volga au Danube, on ne compte plus les nouveautés que nous avons eues à cœur de proposer depuis de nombreuses années.Aussi, pour orienter nos voyageurs, ce magazine mettra-t-il à l’honneur nos destinations dans toute leur diversité sous des angles originaux, variés et complémentaires. Il annoncera aussi les nouveautés Rivages du monde ainsi que toutes nos exclusivités.

Bonne lecture à toutes et à tous !

Alain SouleillePrésident-directeur généralRivages du monde

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EMBARQUEZ

088N° 1 / 2015

RIVAGES DU MONDE SE LANCE DANS LE MARITIME

Avec 17 croisières maritimes en 2016, Ri-vages du monde confirme son entrée sur ce marché, fort de sa notoriété sur les croisières fluviales. Même formule qui a fait sa réussite : un esprit culturel et francophone. À bord du M/S Astoria, des conférenciers franco-phones de renom interviendront sur des su-jets variés en lien avec les pays visités et des artistes de talent animeront les soirées. Ré-cemment rénové, le petit paquebot conserve le charme de l’ancien et le confort d’un navire à taille humaine avec seulement 500 pas-sagers. Espaces détente, restauration de qualité et intervenants de haut niveau, voilà le cocktail réussite des croisières maritimes Rivages du monde. En 2016, le M/S Astoria croisera successivement de mai à septembre – chaque croisière dure environ dix jours et peut s‘additionner – autour de l’Irlande, des îles britanniques, des fjords de Norvège, en mer Baltique, en Islande, au Groenland, puis en Adriatique, en mer Égée puis au-delà du Bosphore en mer Noire.Toutes les croisières sur le site : www.rivagesdumonde.fr

DEUX RENDEZ-VOUS SUR DES SALONS

Rivages du monde s’est considérablement développé ces dernières années en tissant notamment de nombreux partenariats. L’entre-prise participe ainsi à des salons ou organise les siens afin de rester au plus proche de sa clientèle. Rivages du monde sera présent sur le stand E224 du 31e Salon international du tourisme et des voyages qui aura lieu à Colmar du 6 au 8 novembre 2015. Avec plus de 30 000 visiteurs en 2014, ce salon s’est affirmé comme l’un des plus importants en France. Un avant-goût de vacances pour choisir sa future destination.Le 15 octobre 2015, Rivages du monde or-ganisera à Paris la 8e édition du Rendez-vous de la croisière. Ce sera l’occasion de pré-senter les nouvelles destinations 2016 et les croisières automne-hiver 2015-2016. Une opportunité également pour rencontrer l’équipe de Rivages du monde.Restez informés en vous inscrivant à la news-letter. Chaque client recevra également une invitation par email pour chaque événement.

VARIETY CRUISES : RIVAGES DU MONDE

DEVIENT AGENT GÉNÉRAL

La compagnie Variety Cruises a décidé de confier à Rivages du monde sa représenta-tion pour la France, la Belgique, la Suisse ro-mande et le Québec. Cette petite compagnie de croisières grecque exploite actuellement sept navires de 40 à 60 passagers en Amé-rique, dans l’océan Indien, en mer Rouge et l’été en Grèce. Elle propose une déclinaison de croisières inédites. Durant tout l’hiver, des croisières relient La Havane jusqu’à Casida. Le M/S Voyager, jeune fleuron de la compa-gnie, est positionné au Costa Rica et croise sur le canal de Panama. Dans l’océan Indien, le M/Y Pegasus propose toute l’année des mi-ni-croisières de 4 ou 5 jours aux Seychelles et deux croisières à Madagascar. Durant l’hi-ver, le Harmony V relie les îles Canaries. Enfin entre l’Egypte et la Jordanie, le Harmony G proposera un programme régulier tout l’hiver prochain. Durant l’été, la plupart des bateaux sont rapatriés en Grèce pour croiser en mer Égée : Cyclades, Péloponnèse, Pergame, Éphèse, la Crète… De petits navires pour des croisières intimistes largement ouverts sur la mer et qui grâce à leur petite taille peuvent ac-coster dans des ports inaccessibles. Le tout en conformité avec les normes Eurosolas. Va-riety Cruises et Rivages du monde partageant la même philosophie du voyage, ce partena-riat était donc tout à fait naturel.

Salon international du tourisme et des voyages,

Colmar, parc des Expositions,

du 6 au 8 novembre 2015

Rendez-vous de la croisière, Paris,

hôtel Intercontinental Paris le Grand, 2 rue Scribe,

le 15 octobre 2015 de 14 heures à 18 heuresL’act

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EMBARQUEZ

089 N° 1 / 2015

Sinjun, un partenariat harmonieux À quelques kilomètres au nord de Mandalay, sur les rives de l’Irrawaddy, le village de Sinjun a su garder toute son authenticité alors qu’un récent confort et de nouvelles constructions ont vu le jour grâce au concours du R/V Ananda, le bateau affrété par Rivages du monde. Un partenariat de développement réussi.

Quand le bateau accoste sur les berges du petit village de Sinjun, des dizaines d’enfants au sourire rieur accourent à notre rencontre, comme sortis de nulle part. C’est sous cette escorte joyeuse, gambadant à nos côtés, que nous parcourons le chemin de terre qui conduit aux maisons. Une charrette tractée par deux imposants zébus déporte notre troupe sur le bas-côté. Rires sonores des enfants devant notre étonnement. Ici les premières maisons, charmantes ca-banes en bambous tressés, juchées sur pilotis. Au rez-de-chaussée, une étable. À gauche, une échoppe. Les familles – 250 en-virons pour 1 060 habitants – vivent à l’étage. Au loin, des silhouettes de femmes s’affairent dans les champs, leur chapeau de paille dé-fie l’horizon. À chaque maison, son lopin de

terre et ses pieds de ricin, ses haricots et ses pois qui grimpent le long des tu-teurs. Le sol fertile est ici généreux. Les enfants se sont rassemblés sur les marches de leur école. Le bâtiment en bois massif est flambant neuf. Ils entonnent l’hymne national birman puis un étonnant Frère Jacques. Applaudissements. Depuis 2014 et sa construction dans les chantiers navals de Rangoun, l’Ananda mène de nombreuses actions pour aider au développement de ce village. Identifi-cation des besoins au plus proche des attentes des habitants, telle est la philoso-phie de ce partenariat, inscrit dans la durée. Et les réalisations sont nombreuses : nouvelle école, bibliothèque, mairie, maison des enseignants, groupe électrogène qui fournit pour 2 dollars par mois et par famille de l’électricité de 18 h à 9 h, murs en bambous des maisons peu à peu remplacés par du bois massif, paille des toits supplantée par de la tôle… Le maire qui reçoit directement l’aide financière, nous accueille avec son sourire rougi au bétel. Sur le chemin du retour, une maison affiche fièrement son drapeau bouddhiste. C’est une maison d’hôtes pour les pèlerins qui feraient ici escale. À la sortie du village, nous croisons la maison du Nat, son génie protecteur. Il semblerait que ses vœux aient été exhaussés par l’Ananda.

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90N° 1 / 2015

« En voyage, il faut être ouvert d’esprit »NANG, GUIDE EN BIRMANIE

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EMBARQUEZ

091 N° 1 / 2015

Comment se passe votre travail de guide ?Quand on part en croisière, on part quinze jours minimum. Ce qui me plait surtout, c’est de partager la connaissance. Je rencontre des gens de tous horizons et de tous les pays, ce qui me permet de connaître pas mal de coutumes. En général, la période des croisières s’étend entre novembre et avril. Et de mai à sep-tembre, je retourne dans mon village pour mes projets.

Quels sont ces projets ?Depuis l’an dernier, à côté de Mandalay, nous avons acheté avec mon mari un grand jardin pour planter des bananes et du thanaka, cultiver un potager, afin de donner du travail aux villageois. Comme il est très difficile pour eux de trouver un travail, nous avons décidé de les aider. Personnellement, je n’aime pas habiter à Rangoun. Peut-être parce que je suis née à côté du lac Inle ! Nous avons éga-lement ouvert une petite école où mon mari enseigne l’anglais. Les Birmans apprennent cette langue à l’école mais n’osent pas la parler à cause de leur accent. Nous leur per-mettons de s’exercer à l’oral. L’anglais est une langue qui est capitale, notamment pour le développement du pays dont le tourisme est l’un des axes prioritaires depuis ces der-nières années mais aussi pour la population.

Quels sont vos rapports avec les croisiéristes ?Chaque voyage apporte son lot de ren-contres uniques et intéressantes. D’ailleurs, je garde le contact avec certains voyageurs. Il se tisse parfois des relations particu-lières et fortes. Peut-être parce que j’essaie de répondre à leur curiosité et leur soif de connaissance. Il m’arrive parfois de leur pro-poser de visiter des artisans par exemple. En 2007, j’ai voyagé avec un groupe niçois avec qui j’ai gardé contact jusqu’à maintenant.

Y a-t-il encore une censure en Birmanie pour les guides touristiques ?Aujourd’hui non. J’ai commencé après l’ou-verture politique et de toutes façons, je suis assez libre de ce que je dis. Je suis quelqu’un de libre. Je dis toujours ce que je pense.

Un mot sur Rivages du monde ?Oui. C’est le voyage de luxe, sur un bateau somptueux.

Nang, parlez-nous de votre parcours...J’ai 38 ans. J’ai commencé à travailler dans une agence de voyages en 1996. Mais j’adore étudier ! Alors en 2007, j’ai changé de métier et suivi une formation de guide pour me laisser du temps libre pour apprendre une langue étrangère, autre que l’anglais. Je me suis mise à l’espagnol. Impossible de rouler les « r » !

C’est pour cette raison que vous avez appris le français ?En fait je voulais apprendre avec des gens du pays. Or en Birmanie, seul le français est enseigné par des professeurs venus de France. Les cours sont donnés par l’Institut français de Rangoun où j’ai étudié pendant quatre ans. Cette langue m’a beaucoup plu et j’ai lu énormément de livres disponibles à l’ambassade de France. C’est vraiment une belle langue.

Vous avez étudié à Toulouse, racontez-nous cette expérience.C’était une expérience merveilleuse ! J’y suis restée trois ans. Je voulais voir la vraie vie des Français. J’habitais chez une famille d’accueil, dans leur appartement à Toulouse. J’ai rencontré des étudiants étrangers dont beaucoup ont choisi de ne pas rentrer dans leur pays. Moi j’ai toujours eu le projet de re-venir en Birmanie dans ma famille.

Vous avez connu une époque mouvementée…C’est certain. En 1988, j’étudiais la physique nucléaire à l’université de Rangoun. En Bir-manie, on n’a pas de centrale ! Passons… Cette année-là, la ville a connu une révolte étudiante. L’université a fermé pendant quatre ans ! Du coup, j’ai travaillé pendant dix ans. En 1998, quand j’ai commencé à apprendre le français, d’abord à l’université des langues étrangères, une nouvelle révolte étudiante a eu lieu. Encore une fermeture de l’université ! C’est pour cette raison que j’ai étudié à l’Ins-titut français.

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EMBARQUEZ

092N° 1 / 2015

Caractéristiques techniques Longueur : 61 m - Largeur : 11,7 mTirant d’eau : 1,2 mStabilisateurs antiroulisVitesse de croisière : 18 km/h4 Ponts : Navigation, Principal, Supérieur et SoleilCabines : 21 - Passagers : 42 maximumMembres d’équipage : 39 - Courant : 220 v.Monnaie à bord : Euro - US dollarPavillon birman

Activités culturelles sur le bateau Le matin sur le pont Soleil méditation et yoga avec un professeur. En journée atelier de cuisine asiatique. En soirée spectacles dans le salon du bar.

Espaces communsAbrité sous un dais protecteur, le pont Soleil se partage entre un espace équipé d’une petite piscine, de chaises longues confortables et le Lounge bar. Pont Principal, la salle de restauration très chaleureuse se prolonge par un salon précieux et cosy. Bibliothèque, salon de massage (prestations payantes) et salle de fitness pour votre bien-être.

RestaurationChaque repas, petit déjeuner et déjeuner, seront composés de riches buffets et de plats chauds à la carte. Le soir venu, le personnel du restaurant aura le plaisir de vous accueillir pour le dîner servi à la carte, dans la salle à manger particulièrement élégante et confortable. Les personnels de salle à manger et du service de cabine, d’une amabilité extrême, sont majoritairement de nationalité birmane.

Les cabinesLes suites Deluxe d’une superficie de 27m2, sont situées sur les ponts Supérieur et Principal. Lits jumeaux qui peuvent être rapprochés. Les suites Luxury de 31m2 se trouvent sur le pont Soleil. Lits jumeaux. La suite Aloungpaya de 67m2. Lit king size. Le large balcon privatif est aménagé avec une chaise longue pour des moments de contemplation. La salle de bain comporte une douche et une baignoire, des toilettes et une double vasque. Possibilité de dîner sur la terrasse privée.

Du nom du plus beau et du plus vénéré des temples de Bagan, l’Ananda est un somptueux bateau

construit avec art et savoir-faire dans les chantiers navals de Rangoun en 2014.

8e édition

Le R/V Ananda, un nouveau bateau

de grand luxe

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Croisières francophones et culturelles

L’équipe de Rivages du monde sera heureuse de vous accueillir afin de vous présenter ses croisières automne-hiver 2015/2016 et les nouvelles destinations 2016.

Renseignements : [email protected]

5 % de réduction pour toute

inscription effectuée sur place + 1 croisière à gagner par tirage

au sort

rendez-vous de la

CROISIÈRE .

Jeudi 15 octobre 2015

8e édition

de 14h à 18h Hôtel InterContinental

Paris le Grand, 2 rue ScribeSalons Berlioz, Bizet et Gounod

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Des services personnalisés, un interlocuteur exclusif et de petites attentions qui rendront votre expérience de voyage plus exceptionnelle encore… Le Club Privilège est un tout nouveau service destiné à la clientèle la plus fidèle de Rivages du monde. Parce que le lien qui s’éta-blit avec le croisiériste est précieux, l’entreprise a sou-haité rendre cette relation encore plus unique et durable. Convaincue que la confiance ne s’acquiert qu’avec des preuves et sur la durée !

EMBARQUEZ

094N° 1 / 2015

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Logé dans un immeuble haussmannien cossu du 1er arrondissement de Paris, à deux pas de la place Vendôme et du Palais Royal, un nouvel es-pace vient d’ouvrir ses portes : décoration épurée et contemporaine, surface spacieuse, moulures au plafond et fenêtres imposantes qui donnent sur la rue des Pyramides et l’avenue de l’Opéra… Le bureau privatif qui accueille les membres du Club Privilège, un service de conciergerie de luxe pour l’offre de voyages Rivages du monde et pour ses clients les plus fidèles, affiche un caractère intimiste et chaleureux. Maria Faria Da Silva, spécialiste de longue date du voyage très haut de gamme, reçoit chaque nouveau membre autour d’une collation. Au-jourd’hui, Pierre-François M., client depuis plu-sieurs années, souhaite offrir un voyage sur- mesure à sa femme. Ils fêteront dans quelques mois leurs noces de perle… Cap sur la Birmanie ! La destination les fait rêver depuis longtemps et ils n’imaginent pas franchir ce nouveau cap sans marquer le coup : la croisière sur l’Irrawaddy, une extension sur le lac Inle bien sûr. Mais aussi le Laos.Maria connaît sur le bout des doigts la région, comme toutes celles d’ailleurs qui accueillent les croisières Rivages du monde. Et ça tombe bien. Elle se lève, fouille dans une pile de documents et sort une brochure qu’elle dépose sur la table basse. « Luang Prabang ! Vous devez absolument y aller. C’est l’un des plus beaux endroits au Laos et dans toute l’Asie du Sud-Est. » Le client sourit, il n’y avait pas pensé. La discussion se poursuit, ils réfléchissent à d’autres options : VTC (voiture avec chauffeur) pour se rendre à l’aéroport, vol en classe affaires, guide personnel pour les excursions à terre, hô-tels de charme, quelques jours de farniente sur les plages encore préservées du sud de la Birma-nie, restaurant gastro à Rangoun avant leur dé-part... 45 minutes plus tard, l’entretien se termine avec une poignée de mains chaleureuse et un échange de sourires confiants. Maria lui enverra d’ici quelques jours un document récapitulant les étapes de ce futur voyage d’exception qui durera près d’un mois. Certaines demandes formulées nécessitent un minutieux travail de recherche.Comme Pierre-François M., les clients sont de plus en plus exigeants et nombreux à souhaiter un ser-vice personnalisé. L’expérience de voyage est en effet devenue un élément déterminant. Il ne s’agit plus de « faire » une destination, mais de vivre un moment unique. Fruit de cette nouvelle façon d’en-visager la croisière et de la demande de flexibilité et d’adaptation, le Club Privilège entend accroître cette exigence en offrant à ses clients les plus fi-dèles (voir conditions en encadré) un lieu et une personne spécialement dédiés à cet effet.

Une expérience unique Le Club s’envisage ainsi comme un service person-nalisé qui s’adapte aux besoins de chaque client et qui l’accompagne dans toute la phase prépara-toire de son voyage. Mais pas uniquement… Être membre du Club Privilège, c’est bénéficier égale-ment de nombreux avantages tels que des cadeaux, spécialement pensés pour rendre le voyage encore plus agréable. À bord, ce sont des attentions dis-crètes comme une place réservée au restaurant. Au retour, Maria recueille les impressions et les re-marques, afin de satisfaire encore davantage les clients pour leur prochain départ. Une ligne télépho-nique dédiée et directe est également mise en place pour ce service. Enfin, tout au long de l’année, le Club Privilège aura le plaisir de proposer des places ou des invitations à des événements culturels (opéra, concert, visite privée d’exposition), afin que l’évasion se prolonge au-delà des croisières Rivages du monde et afin de partager des moments uniques. Alors, prêts pour une expérience de voyage unique ?

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LE CLUB PRIVILÈGERivages du monde récompense ses clients directs les plus fidèles. Au-delà de trois croisières effectuées avec les bateaux Rivages du monde, vous accédez automatiquement au statut de membre du Club Privilège. Un cour-rier vous est alors personnellement adressé avec la pochette d’accueil explicative contenant votre carte de membre. Certains voyages particuliè-rement longs permettent également aux clients de faire partie du Club.

EMBARQUEZ

095 N° 1 / 2015

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LES CHUTES D’IGUAZÚ (extension)

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EMBARQUEZ

097 N° 1 / 2015

HANOÏ (extension 1)HO-CHI-MINH-VILLE

SADECTAN CHAUOUDONGPHNOM PENH

TEMPLES D’ANGKOR

CHUTES DE KUANGSI

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AMARAPURA

MANDALAY

MINGUN

LAC INLE (extension)

LA BAIE D’HALONG (extension 1)

LUANG PRABANG (extension 2)

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EMBARQUEZ

098N° 1 / 2015

CROISIÈRES RIVAGES DU MONDE

Santiago – Buenos Aireset croisière en Patagonie14 jours / 13 nuits

PatagonieCroisière au cœur de paysages uniques

Moments forts • Valparaiso • Glacier Pia• Cap Horn

• Buenos Aires• Chutes d’Iguazú (extension en option)

• Faune sauvage : dauphin de Peale, baleine à bosse, otarie, condor,

manchot de Magellan, martin-pêcheur,

albatros…

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EMBARQUEZ

099 N° 1 / 2015

CROISIÈRES RIVAGES DU MONDE

Valparaiso, Ushuaïa, le cap Horn… autant de noms évoca-teurs que vous découvrirez au cours de cette croisière. L’aventure commence face au Pacifique, à la rencontre des villes colorées de Santiago et de Valparaiso. Classée au pa-trimoine mondial de l’UNESCO, magnifiée par Pablo Neruda, cette dernière envoûte le visiteur. Ses funiculaires légen-daires qui montent à l’assaut des collines, offrent des pers-pectives pleines de poésie.La navigation débute à Punta Arenas à bord du Via Australis. Ce bateau construit en 2005 offre un grand confort et des espaces intérieurs aménagés avec goût et élégance pour une capacité maximale de 128 passagers. Glaciers bleutés se jetant dans l’océan, fracas des packs de glace, majesté de la cordillère qui découpe l’horizon, compose l’infini laby-rinthe de terres et d’eau, entre le détroit de Magellan et le canal de Beagle, face à l’extraordinaire nature antarctique. Des Zodiacs affrétés pour chaque excursion permettent de s’approcher des glaciers, d’observer au plus proche la danse incessante des baleines à bosse avec lesquelles semblent jouer les lions de mer, mais aussi de rejoindre les rives pour s’enfoncer à pieds au cœur des forêts luxuriantes et denses du détroit de Magellan. Après la traversée de la sublime « avenue des glaciers », la découverte de ce rocher mythique qu’est le cap Horn et une dernière escale à Ushuaïa, vous vous envolerez pour Buenos Aires. Des larges avenues bor-dées de jacarandas aux maisons colorées de La Boca, tout ici distille un art de vivre latin, un parfum d’ancien monde qui se danserait sur un air de tango. Vertigineux contraste !

Les chutes d’Iguazú qui marquent la frontière entre le Brésil et l’Argentine sont en réalité un ensemble de 275 cascades réparties sur à peine 2,5 km de largeur. Cet écran géant d’eau bouillonnante s’étend au cœur d’une jungle tropicale particulièrement luxuriante. Vous visiterez deux parcs nationaux, l’un bré-silien, l’autre argentin, afin d’appréhender les chutes de façons très différentes : vue pa-noramique d’un côté et proximité de l’autre, jusqu’à l’impressionnante « gorge du diable » qui tombe sur plus de 90 m de hauteur. Plu-sieurs circuits de passerelles sont aménagés au cœur de la forêt et permettent de s’ap-procher à seulement quelques mètres des chutes. Cette scénographie grandiose achè-vera en beauté votre voyage aux sources des merveilles du monde. ESC

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En option après la croisière au cœurde paysages uniques3 jours / 2 nuits

Moments forts • Valparaiso • Glacier Pia• Cap Horn

• Buenos Aires• Chutes d’Iguazú (extension en option)

• Faune sauvage : dauphin de Peale, baleine à bosse, otarie, condor,

manchot de Magellan, martin-pêcheur,

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EMBARQUEZ

100N° 1 / 2015

Laissez-vous surprendre par la beauté pure et sauvage des paysages qu’offrent le Saint-Laurent et le lac Ontario. Des pay-sages extraordinaires, des sites uniques au monde et des forêts d’érables cou-leur de feu se détachant du fond vert des résineux offrent des contrastes su-blimes.Vous embarquerez à bord du M/V Saint-Laurent Prestige, un bateau haut de gamme à l’élégance classique qui a été rénové en 2014. Spacieux, d’une capacité de 216 passa-gers, ce petit paquebot dispose d’équipements luxueux et confortables. La

navigation vous emmène-ra dans la splendide région des Mille-Îles, un archipel de plus de 1 800 îles, vé-ritable jardin lacustre entre le Canada et les États-Unis. Une autre merveille vous attend : les chutes du Nia-gara. Frissons garantis !Sur les rives du lac Ontario se dessine la cé-lèbre skyline de Toronto, la plus grande ville du Canada. Ses quartiers pittoresques aux façades de couleurs, ses bou-tiques à la mode, sa tour CN qui culmine à plus de 550 m vous convaincront de la vitalité toute améri-caine de la ville.

Montréal n’est pas en reste ! Gratte-ciels et petites maisons aux escaliers en fer forgé, parcs immenses où sautent les écureuils, le quartier du Plateau et le Mont-Royal d’où l’on admire l’une des vues les plus spectaculaires sur la ville et le Saint-Laurent. Enfin Québec, la seule ville fortifiée d’Amérique du Nord, a fière allure, per-chée au sommet d’une fa-laise dominée par le monu-mental château Frontenac. Véritable coup de cœur pour celle qui fut la capi-tale de la Nouvelle-France, à la rencontre de l’écla-tante joie de vivre de nos cousins francophones.

CROISIÈRES RIVAGES DU MONDE

Québec – Trois-Rivières – Montréal – Toronto – Chutes du Niagara11 jours / 10 nuits

Croisière sur le Saint-Laurent

De Québecaux chutes du Niagara

Moments forts • Temples d’Angkor

• Oudong • Phnom Penh

• Kampong Tralach• Sadec

• Luang Prabang Laos (extension en option voir page 102)

• La baie d’Halong (extension en option voir page 103)

Moments forts • Québec

• Montréal• Toronto

• Les Mille-Îles • Chutes du Niagara • Paysages de nature

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EMBARQUEZ

101 N° 1 / 2015

CROISIÈRES RIVAGES DU MONDE

Le Mékong, fleuve nourricier, fleuve sacré, a su préserver les traces gran-dioses de ses royaumes et les traditions de ses religions qui, de l’hindouisme au bouddhisme, ont érigé un art majeur que vous allez découvrir à bord du Mékong Prestige, un petit bateau de grand confort et intimiste avec seulement 32 cabines. Les visites se succèdent alors au gré des marchés flottants, des ateliers, des fabriques artisanales et des temples. Naviguer de Siem Reap à Saïgon, c’est partir à la rencontre des anciens royaumes khmers et de leurs sept capitales successives. Deux jours sont consacrés à la découverte de l’exceptionnel site archéologique d’Angkor enfoui dans la végétation tropicale. Le bateau se dirige ensuite vers le plus vaste delta du monde jusqu’à Saïgon et son effervescence, métropole dont subsistent quelques merveilleux spéci-mens d’architecture coloniale et des marchés typiques. Au Vietnam comme au Cambodge, la vie intense des villes et villages, pour certains flottants, est une expérience sensorielle forte. L’extraordinaire élan de modernité se fraye un passage à travers les traditions ancestrales, les cultes, les superstitions, la profusion des aliments, les commerces les plus étonnants, le va-et-vient incessant des deux roues ou des barques… Une fresque colorée d’un monde qui se réveille après une histoire récente tragique et douloureuse. Le Mékong est un fleuve-roi, dont vous traverserez des uni-vers si différents.

Angkor – Phnom Penh – SaïgonAu fil du Mékong

Moments forts • Temples d’Angkor

• Oudong • Phnom Penh

• Kampong Tralach• Sadec

• Luang Prabang Laos (extension en option voir page 102)

• La baie d’Halong (extension en option voir page 103)

Moments forts • Québec

• Montréal• Toronto

• Les Mille-Îles • Chutes du Niagara • Paysages de nature

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13 jours / 12 nuits

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102N° 1 / 2015

Au cours de cette extension, vous découvrirez deux images incontournables du Vietnam : la sublime baie d’Halong et la capitale Hanoï. Plus sereine et pittoresque que Saïgon, ses lacs et ses parcs magnifiques se conjuguent au charme de ses vieux quartiers où se concentre un patrimoine colonial incomparable. À 170 km à l’est de la capitale du Nord, dans le golfe du Tonkin, la baie d’Halong est sans conteste l’une des plus belles cartes postales de l’Asie. À bord du M/S Paradise, un ma-gnifique bateau de style impérial aux services ultramodernes, on navigue entre les pitons rocheux. Ce site naturel, véritable parenthèse aussi atemporelle qu’enchanteresse, s’étire sur 1 500 km2 environ et comprend plus de 3 000 îles et îlets aux reliefs karstiques recouverts de végétation et creusés de grottes merveilleuses. Il révèle un univers marin unique au monde et classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Un moment de grâce et de toute beauté !

En option après la croisière Au fil du Mékong4 jours / 3 nuits

CROISIÈRES RIVAGES DU MONDE

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103 N° 1 / 2015

Le Laos est le troisième pays traversé par le Mékong. À l’instar du Cambodge, c’est un pays où le bouddhisme theravada rythme les vies au quotidien. Le pays conserve encore ses traditions ainsi qu’une richesse d’âme excep-tionnelle et se compose de très nombreuses minorités ethniques qui ont su garder leur culture et leurs cos-tumes traditionnels. De Luang Prabang, l’ancienne capi-tale royale, la ville au Bouddha d’or, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO d’où se dégage une atmosphère harmonieuse et presque hors du temps, aux superbes paysages de forêt dense et de montagnes, du Mékong à la rivière Name Khan, le royaume du million d’éléphants dévoile avec sagesse ses traditions bouddhistes et les sourires de ses multiples ethnies. Moment inoubliable, les chutes de Kuangsi et leurs cascades qui creusent des petits bassins de couleur turquoise. ES

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En option aprèsla croisière Au fil du Mékong4 jours / 3 nuits

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104N° 1 / 2015

Croisière sur l’Irrawaddy

EMBARQUEZ

L’Irrawaddy compte parmi les plus grands fleuves navigables d’Asie du Sud-Est. Il prend sa source dans l’Himalaya et se jette dans le golfe du Bengale après 2 200 km. Lien essen-tiel entre le nord et le sud du pays, la plupart des capitales royales de Birmanie s’édifièrent sur ses rives, déplacées et reconstruites au gré des conquêtes, des guerres et des as-trologues royaux. Le fleuve est donc la voie la plus naturelle pour pénétrer ces contrées mythiques. La beauté de ses rives, ponctuées de monastères – il en existe dit-on plus de 50 000 en Birmanie – en fait un espace de rêve.Vous naviguerez à bord de l’Ananda dans un environnement fluvial immense et intemporel dont le calme contraste avec l’incroyable vitalité des escales. Construit en 2014, ce ba-teau est un véritable hôtel flottant de grand luxe, largement ouvert sur le fleuve. Intimiste et néanmoins très spacieux, il peut accueillir 42 passagers auxquels il offre un très grand confort et des espaces propices à l’observation des rives de l’Irrawaddy pour profiter des somptueux paysages.Un coucher de soleil sur les temples de Bagan, les toits dorés des pagodes, les tissus séchant sur les berges, les enfants qui courent au bord de l’eau, les fines barques des pécheurs, des villages où la vie s’écoule comme il y a 1000 ans… L’Irrawaddy envoûte quiconque navigue sur ses eaux sereines. Derrière cette lumière soyeuse, le peuple de Bouddha res-pire la sagesse et la sérénité. Un contraste fascinant s’opère avec les grandes villes : Mandalay et Rangoun surprennent par leur énergie, leurs marchés, leurs moines innombrables, leur richesse architecturale… Vous irez à la rencontre de ce peuple si hospitalier, dont l’ouverture récente au tourisme ré-vèle des richesses culturelles et humaines surprenantes.

CROISIÈRES RIVAGES DU MONDE

Rangoun – Bagan - Mandalay12 jours / 11 nuits

Au cœur de la civilisation birmane

N° 1 / 2015

Moments forts • Temples de Bagan

• Mandalay • Coucher de soleil

sur le pont d’Amarapura• Survol en montgolfière des temples

de Bagan (en option) • Le lac Inle (extension en option

voir page 105)

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EMBARQUEZ

105 N° 1 / 2015

BAGAN, LA VILLE SACRÉE

C’est l’un des plus vastes sites re-ligieux du monde : la plaine, par-semée de quelque 2 000 temples et pagodes, inspire respect et admiration. Vous aurez l’occasion de visiter les temples les plus im-portants dont beaucoup remontent au XIe siècle. Une promenade en calèche traditionnelle permet de relier les temples d’une façon ori-ginale, singulière et qui ne manque pas de charme. Pour prendre un peu plus de hauteur, le survol à l’aube en montgolfière des temples est une expérience à couper le souffle (en option) pour envisager la beauté grandiose du site dans toute son immensité. Moments ma-giques et inoubliables !

CROISIÈRES RIVAGES DU MONDE

Ce grand lac aux eaux calmes de 22 km de long et 11 km de large, prolongé par de nom-breux marais, constitue un écosystème répu-té pour ses pêcheurs et ses agriculteurs. Ils y cultivent fleurs, tomates, courges et autres fruits sur de petits treillis à fleur d’eau formant autant de tapis de végétation flottante. Une atmosphère irréelle se dégage de ces lieux où le temps semble comme aboli. Comment ne pas tomber sous le charme inouï de ces paysages de rêve et de ce peuple merveilleux… La nature et les tradi-tions qui s’y rattachent créent sur le lac Inle un monde à part, une sorte de paradis où tout semble pouvoir pousser et se récolter au gré des jardins flottants. Ce labyrinthe lacustre, ponctué de villages dont les maisons en teck se dressent sur de hauts pilotis, se parcourt en bateau. À bord d’une barque tradition-nelle à fond plat, vous pourrez observer des scènes de la vie quotidienne typique : de-bout sur leur embarcation, les pêcheurs cap-turent des bancs de poissons à l’aide d’une nasse et d’un trident. Les habitants vivent ici en autosuffisance grâce à la générosité de la nature : un véritable jardin d’Eden. Entrez dans un coin de paradis !ES

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Moments forts • Temples de Bagan

• Mandalay • Coucher de soleil

sur le pont d’Amarapura• Survol en montgolfière des temples

de Bagan (en option) • Le lac Inle (extension en option

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AU FIL DU SAINT-LAURENTÀ BORD DU M/V SAINT-LAURENT PRESTIGE Du 24 mai au 03 juin 2016Du 02 au 12 juin 2016Du 11 au 21 juin 2016Du 20 au 30 juin 2016Du 29 juin au 09 juillet 2016Du 31 août au 10 septembre 2016Du 09 au 19 septembre 2016Du 18 au 28 septembre 2016Du 27 septembre au 07 octobre 2016Du 06 au 16 octobre 2016

AU FIL DU DANUBE À BORD DU M/S AMADEUS BRILLIANT OU ELEGANT SENS BUCAREST-MUNICHdu 19 au 30 mai 2016du 24 mai au 04 juin 2016du 10 au 21 juin 2016du 15 au 26 juin 2016du 19 au 30 septembre 2016du 25 septembre au 06 octobre 2016

SENS MUNICH-BUCARESTdu 08 au 19 mai 2016 du 13 au 24 mai 2016du 30 mai au 10 juin 2016du 04 au 15 juin 2016du 08 au 19 septembre 2016du 14 au 25 septembre 2016

LE DANUBE MUSICALÀ BORD DU M/S AMADEUS ROYALSENS MUNICH-BUDAPESTdu 31 mai au 07 juin 2016du 14 au 21 juin 2016du 08 au 15 septembre 2016du 22 au 29 septembre 2016SENS BUDAPEST-MUNICHdu 07 au 14 juin 2016du 21 au 28 juin 2016du 15 au 22 septembre 2016du 29 septembre au 06 octobre 2016

JOYAUX DE RUSSIEÀ BORD DU M/S KANDINSKY PRESTIGE SENS MOSCOU-ST PETERSBOURGDu 18 au 28 mai 2016Du 07 au 17 juin 2016Du 27 juin au 07 juillet 2016Du 17 au 27 juillet 2016Du 06 au 16 août 2016Du 26 août au 05 septembre 2016Du 15 au 25 septembre 2016

SENS ST PETERSBOURG-MOSCOUDu 28 mai au 07 juin 2016Du 17 au 27 juin 2016Du 07 au 17 juillet 2016Du 27 juillet au 06 août 2016Du 16 au 26 aout 2016Du 05 au 15 septembre 2016

CROISIÈRE EN CHINESUR LE YANG TSÉÀ BORD DU M/S YANGZI EXPLORERDu 26 mars au 09 avril 2016

ENTRE MYTHES & LEGENDESCROISIÈRES DANS LES HIGHLANDS D’ECOSSE À BORD DU M/V LORD OF THE GLENSDu 16 au 23 mai 2016Du 19 au 26 septembre 2016

L’OR DU DOUROÀ BORD DU M/S DOURO CRUISERDu 10 au 17 juillet 2016

DE LA BOHÈME À LA SAXEÀ BORD DU M/S FLORENTINADu 08 au 16 juin 2016Du 14 au 22 septembre 2016

SANTIAGO, BUENOS AIRES ET CROISIÈRE EN PATAGONIEÀ BORD DU M/N VIA AUSTRALISdu 12 au 25 janvier 2016 du 23 février au 07 mars 2016 du 22 mars au 04 avril 2016

CROISIÈRE AU FIL DU MÉKONGÀ BORD DU R/V MEKONG PRESTIGEDE SAÏGON AUX TEMPLES D’ANGKORDu 29 septembre au 11 octobre 2015Du 13 au 25 octobre 2015Du 27 octobre au 08 novembre 2015Du 10 au 22 novembre 2015Du 24 novembre au 06 décembre 2015Du 08 au 20 décembre 2015Du 22 décembre 2015 au 03 janvier 2016Du 05 au 17 janvier 2016Du 19 au 31 janvier 2016Du 02 au 14 février 2016Du 16 au 28 février 2016Du 01 au 13 mars 2016Du 15 au 27 mars 2016Du 29 mars au 10 avril 2016

DES TEMPLES D’ANGKOR À SAÏGONDu 05 au 17 octobre 2015Du 19 au 31 octobre 2015Du 02 au 14 novembre 2015Du 16 au 28 novembre 2015 Du 30 novembre au 12 décembre 2015Du 14 au 26 décembre 2015Du 28 décembre 2015 au 9 janvier 2016Du 11 au 23 janvier 2016Du 25 janvier au 06 février 2016Du 08 au 20 février 2016Du 22 février au 05 mars 2016Du 07 au 19 mars 2016 Du 21 mars au 02 avril 2016Du 04 au 16 avril 2016

CROISIÈRE AU CŒUR DE LA BIRMANIEÀ BORD DU R/V ANANDADE MANDALAY À BAGANDu 06 au 17 janvier 2016Du 10 au 21 février 2016

DE BAGAN À MANDALAYDu 22 septembre au 03 décembre 2015

Du 11 au 19 mai 2016Tour d’Irlande9 jours/8 nuits

Du 19 au 29 mai 2016Îles Britanniques11 jours/10 nuits

Du 29 mai au 05 juin 2016Fjords du sud de la Norvège8 jours/7 nuits

Du 05 au 15 juin 2016Îles Britanniques11 jours/10 nuits

Du 15 au 28 juin 2016Baltique14 jours/13 nuits

Du 28 juin au 07 juillet 2016Norvège10 jours/9 nuits

Du 07 au 15 juillet 2016Grand Nord russe9 jours/8 nuits

Du 15 au 25 juillet 2016Spitzberg et îles Lofoten11 jours/10 nuits

Du 25 juillet au 03 août 2016Cap sur l’Islande10 jours/9 nuits

Du 03 au 15 août 2016Groenland-Islande13 jours/12 nuits

Du 15 au 28 août 2016Groenland-Islande-Irlande14 jours/13 nuits

Du 02 au 13 septembre 2016Tutta l’Italia12 jours/11 nuits

Du 13 au 22 septembre 2016Escales en Croatie10 jours/9 nuits

Du 22 septembre au 01 octobre 2016Odysée grecque10 jours/9 nuits

Du 01 au 10 octobre 2016Au-delà du Bosphore, la mer Noire10 jours/9 nuits

Du 10 au 18 octobre 2016Istanbul et îles de la mer Égée9 jours/8 nuits

Du 18 au 30 octobre 2016Sur les traces de Saint Paul13 jours/12 nuits

Du 30 octobre au 05 novembre 2016Tour de Corse7 jours/6 nuits 

DESTINATIONS FLUVIALES 2015-2016 : DESTINATIONS MARITIMES 2016 :

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À Buenos Aires, la musique et la danse sont omniprésentes. Le tango surtout.Il permet de réunir notamment sur les mêmes planches toutes les générations qui s’essaient

à quelques pas de danse. Ici à La Catedral, lieu phare pour voir et apprendre le tango, situédans le quartier Almagro.

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CAMBODGELa pagode de Kampong Tralach Phnom Penh

BIRMANIELe lac Inle Bagan et la laque

CANADALes chutes du Niagara La ville de Québec

VIETNAMSadec, joyau floral du delta

CHILIValparaiso, mythe poétiqueLa Patagonie