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Arts, technique et expression Sujet 8 Takashi Murakami artiste japonais né en 1962, mouvement Néo pop. « Superflat Monogram, Louis Vuitton » 2009 est une publicité en dessin animé (on parle d’anime ou de japanime) de 5 minutes.
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Né à Tokyo en 1962, Takashi Murakami est apparu sur la scène de l’art contemporain international en 1991. Diplômé de peinture traditionnelle japonaise de l'université des Beaux Arts et de la Musique de Tokyo, Murakami bénéficie en 1994 d’une bourse à New York, où il établit alors son atelier. L'année suivante, il retourne au Japon et fonde l'Hiropon Factory, rebaptisé aujourd'hui Kaikai Kiki, studio de production qui lui permet de mener ses propres recherches et de soutenir le travail de plusieurs jeunes artistes nippons. Le travail de Murakami décline tous les modes d’expression contemporains, de la performance à la sculpture et à la peinture monumentales, en passant par le merchandising le plus primaire. Son travail exploite les thèmes des « mass media » et de la culture pop, notamment la veine manga, revisités et détournés dans des œuvres ludiques.
Le style de ses peintures, les « Superflats », se caractérise par des aplats de couleurs et des images graphiques dérivées des dessins de mangas. L’artiste est surtout connu pour ses sculptures monumentales en fibre de verre de personnages de dessins animés, et ses ballons gonflables à l’effigie de son personnage Dob.
Que pouvons nous dire des thèmes ?
Toiles monumentales saturées de couleurs et de fleurs au sourire béat, vidéos dans le plus pur style kawaï (mignon) mettant en scène des créatures étranges, sculptures de monstres bigarrés, d'humanoïdes difformes, l'oeuvre de Takashi Murakami dépeint un monde chaotique et halluciné.
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Sous le vernis rutilant des couleurs pop, les mondes de l'artiste nippon n'en finissent pas de se déglinguer. Surenchère esthétique d'une imagerie manga déjà chargée.
La peinture ci dessus est importante car elle permet de mieux comprendre le travail de Murakami.
Le sujet principal est le panda que l’on aperçoit en cadrage serré, on distingue le haut du corps, la tête avec la bouche ouverte, les dents, la langue bleutée, les deux yeux principaux et les deux oreilles.
Le panda dans cette image et dans l’œuvre de l’artiste en général, semble malade, il se transforme lentement, semble être en mutation, des éléments étranges poussent, sortes d’excroissances colorées. Cela fait penser à un développement anarchique de bactéries, de microbes. Il ressemble à un aimant qui attire toutes sortes d’objets étranges.
De la bouche ouverte des liquides sortent, coulent le long du corps, s’étalent sur le paysage qui lui reste dans un traitement plus kawaï. Il y a une opposition entre le bleu du ciel et ce panda malade.
Le Japon a connu une explosion nucléaire avec Hiroshima, la radioactivité est peut-‐être encore présente dans l’œuvre. Pour Murakami le panda est une métaphore du monde dans lequel nous vivons, animal en voie de disparition, bien malade. Dans chaque exposition celui-‐ci mute de plus en plus, comme pour nous mettre en garde.
Si le style reste très mignon, les fleurs en bas, les couleurs vives, l’ensemble donne une impression de monstruosité, l’image évoque plutôt un cauchemar.
Dans la publicité « Superflat Monogram, Louis Vuitton » nous retrouvons ce panda, il est le personnage principal avec la petite fille. Nous retrouvons aussi tout l’univers de l’artiste, les fleurs, les yeux, les champignons, le bouddha.
Cet univers se mélange avec le monde d’Alice, œuvre de littérature écrite par Charles Lutwidge Dodgson, sous le pseudonyme de Lewis Carroll.
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En effet dans Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, la petite fille fait une chute dans le creux des racines d’un arbre, elle découvre ainsi un monde étrange et merveilleux.
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Des références plutôt classiques.
Takashi Murakami aime les métissages. Ses travaux sont pétris de références, de l'iconographie bouddhiste à la culture manga, en passant par les films de Stanley Kubrick et sans oublier les références aux maîtres anciens de la peinture japonaise tels Ogata Kôrin, Hiroshige (1797-‐1858), et bien sur Hokusai. Sous l'apparente facture industrielle de ses oeuvres se cache un délicat travail, mélange des techniques traditionnelles japonaises (notamment l'art de la peinture à la feuille d'or) et des technologies à la pointe.
Les peintres traditionnels japonais:
Ogata Kôrin (né en 1658, mort en 1716) une carrière de peintre sous le nom d’un pinceau, le Kōrin, sous lequel il reste encore le symbole de la peinture japonaise pour les amateurs du monde entier. Sa nomination au rang de hokkyō (titre religieux conféré à des artistes) marque un tournant dans sa vie. Ses thèmes sont les fleurs, les oiseaux, les arbres peint avec un réalisme minutieux sur des fonds or. Son génie de décorateur se révèle à son apogée dans le paravent aux « Pruniers blanc et rose » et « Fūjin-‐raijin »
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Hiroshige (1797-‐1858) Il se distingue par des séries d'estampes sur le mont Fuji et sur Edo (Tōkyō).
Hokusai (1760-‐1849)
Des références plus récentes : le manga. Le mot japonais « manga » souvent traduit littéralement par « image dérisoire » est une représentation graphique divertissante. En 1814, Hokusai, donne à ses recueils d'estampes parfois grotesques le titre Hokusai manga. Après 1945 et grâce à Osamu Tezuka (1928-‐1989), le terme s'impose pour désigner la « bande dessinée ». Tezuka est un mangaka et un animateur, il est l’équivalent d’Hergé en Europe, ou de Disney aux états unis. Il est sacré au japon « Dieu du manga ».
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Les personnages dans l’univers de l’artiste. KaiKai et KiKi. Deux petits personnages que l’on retrouve dans des animes, en peinture et en sculpture. Leurs noms désignent aussi l’entreprise de Murakami.
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Kanye West Bear.
Lors d’un séjour au Japon, le rappeur (mégalo mais très bon) Kanye West a rencontré le designer Takashi Murakami. Celui-ci que l’on surnomme l’Andy Warhol japonais. Une collaboration s’est tout de suite établie entre les deux artistes et Murakami a signé les couvertures d’album et de single (ainsi que le clip Stronger, featuring avec les Daft Punk).
Inochi. Qu'est-‐ce que Inochi? C'est sans doute l'un des personnages les moins connus de l'oeuvre de Takashi Murakami par le grand public mais également l'un des plus original. Ce petit androïde, inspiré des robots de A.I., Intelligence Artificielle, de S. Kubrick, selon l'artiste lui-‐même, a l'apparence d'un enfant-‐robot ou d'une marionnette, sorte de Pinocchio des temps modernes et permet à l'artiste de s'interroger sur le monde et d'interroger celui-‐ci. Les questions ne sont pas toujours d'un grand sérieux mais il n'empêche que son célèbre "what will be the human beauty of the future ?" pourrait être une excellente problématique, à l'heure où tout un chacun recherche à tout prix la perfection dans l'être humain par définition perfectible.
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Mr Dob.
Personnage inventé par Murakami, Bob est un croissement entre Mickey et un personnage d’un anime ou japanime (dessin-‐animé japonais). Il peut-‐être parfois très inquiétant.
Quels rapports entretient Murakami avec le monde financier ?
Il est actuellement l'un des artistes vivants les plus chers au monde, sixième au classement mondial des artistes vivants les plus chers au monde à 47 ans.
Il possède un empire :
Aux oubliettes, la vision surannée de l'artiste bohème qui crée dans la misère, seul, dans l'attente d'une éventuelle renommée. Takashi Murakami, à l'instar de Jeff Koons ou de Damien Hirst, est entrepreneur : il dirige une « compagnie de production d'oeuvres d'art » nommée Kaikai Kiki Co.
Le but avoué de cette entreprise est de produire et promouvoir des oeuvres, de manager des projets comme des expositions, de produire et de vendre des marchandises (tels les nombreux produits dérivés des oeuvres de Takashi Murakami).
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Kaikai Kiki Co emploie environ une cinquantaine de personnes à Tokyo et une vingtaine dans ses studios de New York.
Une Kaikai Kiki Co qui ressemble étrangement à la Factory, une propension à s'acoquiner avec des célébrités et un travail basé sur le principe de la sérialité ainsi que sur la vente de produits dérivés (peluches, mugs, etc.) confèrent à Takashi Murakami un statut de digne successeur d'Andy Warhol.
Avec le name-‐dropping, Takashi Murakami, bouille malicieuse, lunettes rondes, côtoie la jet-‐set et aime le star system. Il réinterprète les sacs à main de Louis Vuitton avec des couleurs acidulées, il filme Kirsten Dunst en écolière japonaise écervelée, il photographie Britney Spears en petite fille dans une esthétique shojo (mangas pour filles), il réalise le clip Good Morning à la demande du rappeur Kanye West. Entre autres.
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L'oeuvre de Takashi Murakami a plusieurs niveaux de lecture.
La critique du monde des otaku, ces fans de mangas qui ne vivent que pour leur passion enfermés chez eux. L'ampleur de ce phénomène étant chose relativement étrangère à la plupart des occidentaux, sa critique peut se perdre en traversant les océans.
Par son travail, Il nous met en garde sur le fait qu’une vie « kawaï » n’existe pas dans la réalité (on ne sourit pas en permanence dans la vie de tout les jours). Les jeunes japonais doivent découvrir autre chose, et se confronter au monde réel.
La société de consommation et ses produits pop influent-‐ils sur nos approches et nos goûts esthétiques ? Par exemple, ses sculptures humanoïdes posent la question des canons de beauté du futur.
Enfin, le franc succès que remportent les travaux de Takashi Murakami, sans parler de la spéculation dont ses oeuvres font l'objet, démontrent avec une ironie mordante la démesure et l'absurdité du star system et du marché de l'art.