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  56 Champ’éco Décembre 2005 - Janvier 2006 3 N° 47 Art de vivre Il était une fois une pomme dans un poirier, ou plus exactement une Colombienne en Champagne-Ardenne, qui est parv enue, en met tan t en scène sa terre natale dans des contes très colorés, à amadouer les enfants, les faire r êver , éveiller leur curiosité aux pays étrangers, et à s’ acclimate r elle-même. Celle à qui les enfants demandent des contes 3 Elizabeth Ja velaud Naissance en 1965 à El Cocuy da ns la cordillère des Andes Arrivée en France en 1988 Villes où elle a vécu : Paris, Roya n, Po itiers, La Ba ule, Signy-l’Abbaye Vit à Reims depuis trois ans 15 histoires écrites et 2 nouvelles en cours Un livre paru : Le dieu de la forêt (en vente à la Belle Image, rue Chanzy à Reims) Contact : 06 74 91 83 12 R EPÈRES S i elle n’était pas née sur les pentes de la Cordillère des Andes, si son grand-re n’avait pas bercé d’histoires son enfance, si son étoile ne l’avait pas poussée dans les bras d’un jeune Français coopérant, si elle n’avait pas connu l’ivresse d’une grande odyssée artistique, si elle n’avait pas mis au monde deux garçons, si elle n’était pas sortie de sa coquille à son arrivée dans les Ardennes profondes, Elizabeth Javelaud ne serait  jamais devenue la bonne fée des cours de récré à Signy- L’Abbaye, Reims, Paris… Et c’eût été regrettable. Bio express R EPÈRES

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Art de vivre

Il était une fois une pomdans un po

ou plus exactem

une Colombie

en Champagne-Arde

qui est parvenue, en met

en scène sa terre nadans des contes très colo

à amadouer les enfa

les faire rêver, éve

leur curiosité aux pays étrang

et à s’acclimater elle-mê

Celle à qui les enfan

demandent des conte

3 Elizabeth Javela

Naissance en 1965 à El Cocuy dans la cordillère des Andes

Arrivée en France en 1988

Villes où elle a vécu : Paris, Royan, Poitiers, La Baule,

Signy-l’Abbaye

Vit à Reims depuis trois ans

15 histoires écrites et 2 nouvelles en cours

Un livre paru : Le dieu de la f orêt (en vente à la Belle Image,

rue Chanzy à Reims)

Contact : 06 74 91 83 12

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Si elle n’était pas née sur les pentes de la Cdes Andes , s i son grand-père n’avait pd’histoires son enfance, si son étoile ne l’apoussée dans les bras d’un jeune Français cosi elle n’avait pas connu l’ivresse d’une

odyssée artistique, si elle n’avait pas mis au mongarçons, si elle n’était pas sortie de sa coquille à sodans les Ardennes profondes, Elizabeth Javelaud n  jamais devenue la bonne fée des cours de récré L’Abbaye, Reims, Paris… Et c’eût été regrettable.

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3Avec ses contes et quelques reliques colombiennes de son enfance,Elizabeth entraîne les élèves dans un univers très stimulant pour leur imag

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Pour le genre littéraire du conte qui, après Perrault, Grimm,Andersen, avait besoin d’horizons neufs, de péripéties exo-tiques. Pour les enfants, dont l’imagination se nourrit mieuxde livres que de jeux vidéo, quoi qu’ils en pensent. Et pourelle aussi qui, dans sa vie « rangée » de maman poule, navi-

gant d’une ville française à l’autre à la merci des affectationsde son mari, avait manifestement une autre part d’elle-mêmeà donner.

« La vie est un cadeau », lui disait sa mère. « Les rencontresaussi », complète-t-elle aujourd’hui, au regard des faits : enquarante ans, chaque nouvelle page de son histoire person-nelle fut comme dictée par d’heureuses rencontres. Sa familleen premier : « Grâce à elle, j’ai confiance dans l’humanité. J’ai reçu tant d’amour et, avec l’amour, la liberté. » Un grand-père conteur et une mère qui se régale de mots ont orientéson destin . Etudiante en DESS de communication dans

son pays, elle a connu sur un quiproquo Jérôme Javelaud,de pas sa ge à l’ ambas sa de. I l la r amè ne à Par is da nsses bagages, ou presque.1988 : direction la Sorbonne où elle prend des cours de civili-sation française. En 1992, alors que le jeune couple s’est éta-bli à Nantes, elle se laisse convaincre de participer en tantqu’attachée de presse et interprète à l’opération “Cargo 92”,commémorative de la découverte de l’Amérique. Pendantquatre mois, elle va remonter en bateau la route empruntéecinq cents ans plus tôt par Christophe Colomb. La Mano Negra

La conteuse commente l’histoire et laisse le soin aux enfants d’imaginer la suite.      3

Art de vivre

Quarante ans de belles rencontres

et Manu Chao, Philippe Decoufflé, Royal de Luxe, lagnie de théâtre Philippe Gentil sont du voyage. Une exfantastique, grisante, au cours de laquelle elle aboColombie, servira de guide à tous ces artistes et croisel’immense écrivain Gabriel Garcia Marquez. Ses r

bilités la rappellent en France. La parenthèse était beil faut la refermer. Non sans déchirement. L’énergie d’Elizabeth ne restera pas longtemps sans emploi. Ene n e ll e s on pr emie r e nf ant , l a voil à qui se metson premier conte : La déesse des oiseaux.

la suite de la rencontre entre Elizabeth Javelaud et

patriote Liliana Moyano, marionnettiste aux G

de l’Info sur Canal+ et à l’origine de l’Atelier de cré

de diffusion de la marionnette à Charleville-Mézières, un travai

tation a été entrepris autour du conte Le dieu de la forêtla semaine qui précède Noël, sous un chapiteau installé dan

de l’école Mozart à Charleville, ce travail donnera lieu à un s

présenté parmi d’autres créations. Il sera suivi d’un atel

enfants animé par la conteuse et son ami peintre, Otin

Ce mariage du conte et de la marionnette sera de nouveau

en juillet au Festival des marionnettes de jardin, et en sep

pendant le XIVe Festival mondial des théâtres de mario

de Charleville-Mézières.

Le mariage du conteet de la marionnette

A

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Elizabeth Javelaud travaille de concert avec un jeune peintre brésilien,Otiniel Lins.

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L’installation de la famille à Signy-l’Abbaye, dans les Al’éloigne un peu plus du soleil andin. Après Nicolas, vinAprès   La déesse des oiseaux, vinrent d’autres histoirun auditoire unique : ses enfants. « Je n’osais pas les devant les autres. C’est la maîtresse de mon fils qui m’à le faire. » La confiance en elle, qui l’avait abandl’issue forcée de Cargo 92, revient grâce aux encourade cette enseignante, et puis d’autres dans les villages atours, et de tous les petits élèves qui s’enthousial’écouter.« Merci pour le conte, j’en ai rêvé toute la« j’espère que vous serez célèbre un jour », lui écrD’atelier en atelier, son public s’élargit. Son répertoiElle a achevé Le dieu de la forêt .Nouvelle conjoncture favorable : apprenant qu’un jeunbrésilien, Otiniel Lins, séjourne dans le département, ellproche de lui. « Mes contes lui parlaient. Ils étaient danC’est lui qui m’a proposé de faire un livre et de l’illElizabeth part avec sa maquette chez Bayard Pressel’écoute poliment. Où l’on se montre intéressé par sonà condition de la passer sous les fourches caudines deéditoriale maison. Où l’on élimine d’office les peintures dsous prétexte que « nous avons nos propres illustra« Je suis tombée de haut », avoue-t-elle, ulcérée. « c’est tout un monde, je ne peux pas le réduire à un prElle tourne les talons. Deux ou trois vaines démarches pJérôme, son mari, décrète que le livre se fera sur leursdeniers. Entre-temps, les Javelaud ont posé leurs valises

Le 14 décembre 2004, l’ambassade et le consulat géColombie lançaient à Paris, dans leurs salons dorés,d’Elizabeth Javelaud, Le dieu de la forêt , ravis qu’une

triote talentueuse véhicule une autre image de leur paybien le reconnaître : les informations sur les narco-trales prises d’otages, ne donnent pas forcément envie dses vacances. « Je souffre de cette image. Ce qu’on envrai, mais on ne peut pas réduire mon pays à ça. C’est p je veux le faire mieux connaître. » C’est ainsi que chacunliers qu’elle anime dans les écoles, parfois en associatOtiniel, commence par une courte présentation géoget se poursuit en fondu-enchaîné sur l’histoire du joula moitié de l’histoire, car c’est aux enfants d’inventer lDès qu’el le se met à aligner les mots, une pet ites’allume derrière ses yeux noirs. Et pas un ne lui d’attention. Même en 6e. Même quand elle est allée ede Segpa dans la région parisienne, qu’elle a évoqué

cours et conclu, avant de passer au conte : « Si nousqu’étrangers on a réussi à faire ça, tout est possibvous ici. La différence n’est pas un handicap. » Aula pomme peut s’adapter dans un poirier… « Jamais été aussi passionnés ! », lui a confié leur prof à la sorSi elle était elle-même un personnage de conte, on imbien Elizabeth Javelaud dans le rôle de la marrabienveillante et charmeuse. Manu Chao, lui, voyait« le Petit Prince en femme ». A choisir…

Catherine

« La différence n’est pas un handica

Le dieu de la forêt , le premier conte édité d'Elizabeth Javelaud.      3

Un livre sans éditeur

Elizabeth anime des ateliers dans les écoles, devant des auditoires captivés.3