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This document is archival in nature and is intended for those who wish to consult archival documents made available from the collection of Public Safety Canada. Some of these documents are available in only one official language. Translation, to be provided by Public Safety Canada, is available upon request.
Le présent document a une valeur archivistique et fait partie des documents d’archives rendus disponibles par Sécurité publique Canada à ceux qui souhaitent consulter ces documents issus de sa collection. Certains de ces documents ne sont disponibles que dans une langue officielle. Sécurité publique Canada fournira une traduction sur demande.
Direction Rapport des programmes pour spécialistes
Mesures de lutte contre la
violence dans les prisons:
enquête menée auprès d'instances
correctionnelles
n° 1984-78
Solliciteur général Canada Secrétariat du Ministère
flv 902s
2,
UBRARY MINISTRY OF THE SOLICITOR
GENERAL
T.A 0 13 s , _116
BIBLIOTHÈQUE MINISTÈRE DU SOLLICHEUR GÉNÉRAL
Frankforporino
Division de la recherche
Robin A. McGee
Assistant de recherche
Robert Joseph
Assistant de recherche
Mesures de lutte contre la
violence dans les prisons:
enquête menée auprès d'instances
correctionnelles/
n° 1984-78
Le présent document de travail a été rédigé aux termes d'un
contrat conclu avec la Division de la recherche et il est
présenté tel qu'il a été soumis au Ministère. Les opinions
exprimées sont celles des auteurs et ne représentent pas
nécessairement celles du ministère du Solliciteur général du
Canada. Toute publication, citation ou reproduction est
interdite sans l'autorisation du Ministère.
Ce document de travail existe également en version
anglaise. This working paper is available in English.
TABLE DES MATIËRES
Page
INTRODUCTION 1
MÉTHODOLOGIE 2 I. APPROCHES TRADITIONNELLES 6
Isolement préventif et isolement disciplinaire 6 _
Traitement psychiatrique 7
II. FAVORISER DES CHANGEMENTS CHEZ L'INFRACTEUR VIOLENT . 12 Un modèle d'agression 12
' L'organisation des contingences 13
Système de jetons 15
Retraite 15
L'apprentissage social 17
Apprentissage des habiletés 'sociales 18
Apprentissage de la relaxation 20
Psychothérapie rationnelle émotive 21
Cours d'affirmation de soi 23
Gestion de la colère 24
Services de counseling 26
Thérapies de groupe 29
Classification des valeurs 30
Formules axées sur la participation de
groupes importants 31
Thérapie familiale 32
Orthophonie 33
Résumé 33
III. MODIFICATION DE L'ENVIRONNEMENT SOCIAL 35
La formule du contrat 36
Les modèles avec échelles de privilèges 38
Les communautés thérapeutiques 41
Affectation des détenus à des tâches diverses 43
IV. LE PERSONNEL DES ÉTABLISSEMENTS 45
La gestion des conflits 46
L'intervention en cas de crise 48
La dynamique de groupe 50
Résumé 50
V. L'ORGANISATION D'ACTIVITÉS 52
CONCLUSION 54
OUVRAGES DE REFRENCE 56
ANNEXE A -66
ANNEXE B 68
ANNEXE C 81
ANNEXE D 90
ANNEXE E 101
ANNEXE F 104
ANNEXE G 112
INTRODUCTION
Depuis quelques années, le phénomène de la violence en
milieu carcéral suscite des inquiétudes croissantes, et non sans
raison. En effet, des études faisant état de l'escalade de la
violence dans les établissements pénitentiaires révèlent
l'existence d'un grave problème social (Gibb, 1981; Cohen, Cole
et Bailey, 1976; Porporino et Marton, 1983). Les incidents de
toutes sortes se sont considérablement multipliés sur une longue
période. Le nombre des détenus incarcérés pour crime de violence
a également augmenté. L'entassement d'hommes violents dans des
milieux carcéraux menaçants et perturbateurs aggrave la
situation. C'est pourquoi le traitement et la gestion de
l'infracteur violent est une question de la plus haute importance
pour le système correctionnel canadien.
Depuis toujours, les efforts déployés en vue de réduire la
violence dans les prisons reposent sur le renforcement des
contrôles et de la surveillance. L'isolement préventif et
l'isolement disciplinaire sont chose courante, comme d'ailleursle
recours aux transfèrements d'urgence des détenus violents dans
les établissements psychiatriques. Ces stratégies ont été
critiquées à la fois en raison de leurs succès limités et parce
qu'elles ne tiennent pas compte de la complexité du phénomène
(Porporino et Marton, 1983; Toch, 1982). La violence en milieu
carcéral a de nombreuses causes. Elle est le résultat complexe à
la fois de la nature de la personne incarcérée et des
circonstances particulières dans lesquelles elle se trouve. à
long terme, de telles mesures radicales et simplistes ne peuvent
réduire la violence. Pour être .efficaces, les contre-mesures
'doivent tenir compte de la diversité des éléments qui entrent en
jeu dans la manifestation des comportements agressifs; les
établissements de correction se doivent de mettre au point des
contre-mesures supplémentaires et de rechange.
2
Le domaine d'exploration est cependant nouveau. Peu de
programmes progressistes sont en place dans les établissements de
correction et pas suffisamment de chercheurs se penchent sur la
question. Afin d'examiner et d'évaluer les stratégies de
traitement actuellement utilisées à l'égard des infracteurs
violents, la Division de la recherche du Solliciteur général a
enquêté sur les pratiques de diverses instances du monde entier.
Le présent document contient un résumé des conclusions ainsi
qu'une étude de la littérature pertinente. Son objectif premier
est de décrire les stratégies qu'il serait possible d'appliquer
au contexte des prisons canadiennes.
MÉTHODOLOGIE
Au cours de l'été 1983, la Division de la recherche a
procédé, auprès des instances correctionnelles, à une enquête sur
leurs stratégies en matière de traitement et de gestion des
infracteurs violents. Elle a adressé cent quarante-cinq lettres
à un échantillon comprenant les services correctionnels des
provinces et des territoires canadiens, le Federal Bureau of
Prisons et tous les départements concernés des stats américains,
le Home Office britannique et d'autres instances en Europe et en
Australie. Dans sa lettre d'enquête (annexe A), elle demandait
expressément de l'information sur les contre-mesures autres que
les mesures de sécurité traditionnelles, "qui permettent de
croire à la possibilité de traiter certains types de prisonniers
violents". La Division a en outre demandé copie des rapports
pertinents, publiés et non publiés. Enfin, les répondants ont
été invités à nous renseigner sur tout programme de traitement
appliqué dans une autre instance et dont ils auraient
connaissance.
Nous avons reçu 61 réponses, ce qui représente un taux de
45 %. (On trouvera à l'annexe B la liste des répondants et des
non-répondants.) De ce nombre, 11 consistaient en des
-.3
observations générales faites par des spécialistes en
criminologie. Des 50 instances qui ont répondu elles-mêmes, 18
ont déclaré n'avoir à l'égard des détenus violents d'autres
programmes de traitement que les mesures disciplinaires. Ainsi,
32 réponses ont fourni de l'information sur les modes actuels
d'intervention. On trouvera à l'annexe C la liste des instances
qui ont fait état de l'utilisation de contre-mesures
particulières.
Les réponses reçues étaient généralement courtes, consistant
en simples énoncés d'une page ne comportant aucun détail. Cinq
instances seulement nous ont foiirni une description complète de
leurs établissements et de leurs programmes, et 4 nous ont fait'
parvenir des études ou rapports d'évaluation. Trois nous ont
signalé que des études sur l'efficacité de leurs traitements
actuels étaient en cours. Trois autres nous ont dit que des
stratégies d'intervention étaient en voie de planification.
Après examen de toute l'information obtenue, nous avons pris
bonne note des similitudes et des différences, et nous avons - regroupé les traitements en fonction de leurs caractéristiques
générales. La première partie du présent rapport traite de
l'incidence des méthodes traditionnelles de traitement de
l'infracteur violent. L'isolement préventif et l'isolement
disciplinaire y sont examinés et font l'objet d'une évaluation
critique. Le classement du détenu violent dans la catégorie des
malades mentaux ayant besoin d'un traitement psychiatrique fait
également l'objet d'un examen critique. La fréquence du recours
à ces deux stratégies au sein de l'échantillon est précisée.
Après l'analyse des réponses reçues, nous avons réparti les
méthodes non traditionnelles de traitement du détenu violent en
deux grandes catégories: celles qui visent à changer l'individu,
et celles dont l'objet est de modifier le milieu
socio-psychologique dans lequel il vit. La première approche,
4
qui est axée expressément sur les attitudes et le comportement
agressifs du détenu, utilise entre autres les techniques
suivantes: l'organisation des contingences, le développement des
aptitudes sociales et cognitives, la thérapie individuelle et de
groupe. La seconde partie du présent rapport traite de ces
interventions. En règle générale, nous décrirons chaque
technique, ferons état de son incidence dans l'échantillon des
instances, et nous citerons les publications pertinentes qui
l'évaluent.
La troisième partie du rapport décrit les approches qui
visent les divers aspects du milieu carcéral, notamment la
communication entre le personnel et les détenus. Parfois, ces
modèles supposent des modifications sur le plan architectural,
par exemple l'adoption de systèmes de "paliers" et la création de
communautés thérapeutiques. D'autres, par exemple
l'établissement d'une échelle de privilèges, la conclusion de
contrats et l'affectation de détenus à divers emplois, sont
appliqués à l'ensemble de l'établissement. Chaque formule vise
d'une manière quelconque à modifier la structure de
l'organisation sociale de celui—ci. Les normes de la subculture
qui encouragent la violence — par exemple l'attribution d'un
statut particulier aux détenus violents — sont idéalement
remplacées par des solutions de rechange à caractère pro—social.
Le personnel correctionnel est un élément essentiel de
l'organisation sociale des établissements. Vu la primauté de la
dynamique sociale dans l'évolution de la violence, le rôle de
médiateur et d'intervenant qu'il joue en période de crise et de
conflit devient crucial. Il faut le choisir et le former
soigneusement afin de maximiser son efficacité dans son
interaction avec les détenus. La quatrième partie du présent
rapport traite de la dotation des postes affectés aux programmes
de traitement. Les critères de sélection appliqués et la
- 5 -
formation préparatoire offerte dans les diverses instances y sont
mentionnés et examinés.
La dernière partie porte sur les programmes généraux de
réadaptation décrits par certains répondants.
Quoiqu'ils n'aient pas été expressément conçus pour réduire
l'agressivité des individus ou leur hostilité envers la société,
ils peuvent avoir une valeur corrective générale dans ces
domaines. L'organisation d'activités utiles sert à distrairé le
détenu agité et à le tenir suffisamment occupé. Le contact avec
d'autres dans ces contextes peut susciter la soliàarité de groupe
et favoriser un bon moral. Les cours théoriques, la formation
professionnelle, les cérémonies religieuses et les programmes
récréatifs offerts par les diverses instances y sont examinés, et
certains documents d'évaluation y sont présentés.
Un mot d'explication s'impose: les programmes décrits ne
s'excluent pas mutuellement. Ils peuvent être àppliqués
simultanément (et le sont souvent). La combinaison idéale de
programmes est celle qui met en jeu une large gamme de techniques
thérapeutiques et d'interventions organisationnelles. Il faut
par ailleurs tâcher d'offrir à chaque détenu le programme qui lui
convient. Les infracteurs violents ne sont pas tous mus par les
mêmes motifs - pour obtenir des changements importants, il faut
traiter efficacement ces motifs.
6
I. APPROCHES TRADITIONNELLES
A. Isolement préventif et isolement disciplinaire
Les principales pratiques actuellement utilisées pour venir
à bout des infracteurs violents sont les mesures d'isolement
préventif et d'isolement disciplinaire. Plusieurs motifs sont
invoqués à cet effet: elles servent, à court terme, à protéger
les autres et à empêcher les intéressés d'agir et, à long terme,
à dissuader la population carcérale. L'isorement disciplinaire
et d'autres mesures de sécurité sont les moyens de lutte contre
la violence que nous avons retrouvés le plus souvent dans notre
échantillon: 37 (74 %) des 50 instances . répondantes ont déclaré
y avoir recours. Pour 20 d'entre elles (40 %), ces méthodes
étaient les seules utilisées.
La capacité des mesures coercitives de réduire la violence
dans les prisons fait l'objet de controverses dans les milieux
correctionnels. L'expérience, tout simplement, ne démontre pas
leur présumé effet à long terme. Même les mesures de sécurité
les plus énergiques ne réussissent pas à réduire sensiblement
certains types de violence (Quinsey et Varney, 1978; Binda,
1975); elles peuvent d'ailleurs plutôt les exacerber (Porporino
et Marton, 1983). Selon certaines données, une petite fraction
de la population carcérale est constamment impliquée dans des
incidents violents (Bennet, 1976). L'isolement disciplinaire
semble ne constituer qu'un faible moyen de dissuasion. Pourquoi
en est-il ainsi?
Un certain nombre d'explications ont été avancées. En
premier lieu, beaucoup de petits incidents passent inaperçus
(Ellis, Grasmick et Gilman, 1974). La subculture des détenus
s'oppose fermement à la dénonciation par les prisonniers des
actes d'agression commis entre eux. Jusqu'à 25 % des voies de
fait commises contre des détenus n'ont pas de témoin officiel
7
(Porporinô et Campbell, 1983). Les détenus apprennent qu'ils
peuvent agir sans être découverts et, partant, éviter la
punition. En second lieu, le comportement violent procure
beaucoup d'avantages intangibles qui l'emportent sur les
inconvénients des mesures disciplinaires. Nombreux sont les
détenus qui attachent un grand prix à l'exhaltation que procure
"la lutte contre le système", à la satisfaction que donne la
revanche ainsi qu'à la notoriété et à l'ascension dans la
hiérarchie subculturelle qu'assure la violence. Il y a aussi les
avantages matériels (par exemple, l'argent, la drogue, le sexe),
pour lesquels certains détenus sont prêts à se battre ou même à
tuer. En troisième lieu, les détenuspeuvent s'habituer à
l'isolement disciplinaire, et certains y trouver même quelque
satisfaction (Suedfeld et Roy, 1975; Sueldfeld, Ramirez, Deaton
et Baker—Brown, 1982). Ce peut être un moyen de se soustraire
aux pressions et aux exigences du quotidien de l'établissement,
de même qu'une occasion de s'assurer un peu de solitude et de
s'adonner à la méditation. Enfin, les mesures coercitives ne
permettent pas de régler les problèmes des prisonniers dont la
violence découle de troubles mentaux ou de troubles du
comportement. De toute évidence, les mesures disciplinaires ne
suffisent pas. Pour être efficaces, l'isolement disq.iplinaire et
l'isolement préventif doivent être complétés par d'autres
stratégies visant à contrer la violence dans les prisons.
B. _Traitement psychiatrique
Cette approche vise la prestation de traitements aux détenus
violents déclarés malades mentaux. Certains troubles semblent
prédominer: les diagnostics typiques à l'égard desquels le
placement en établissement psychiatrique s'impose comprennent la
schizophrénie, la dépression et le délire aigus de même que la
déficience mentale prononcée. Il est courant d'utiliser les
traitements psychiatriques pour venir à bout des prisonniers
violents; 10 instances (20 %) le font. Essentiellement, les
- 8 -
répondants ont fait état de 3 variantes de cette approche. Deux
d'entre eux (4 %) offrent des services de consultation
psychiatrique à tous les détenus. Dans 6 instances (12 %), les
détenus souffrant de troubles aigus sont isolés dans des services
spéciaux de santé mentale. Le transfèrement dans un hôpital
psychiatrique de l'État a été signalé par 3 instances (6 %),
dont 2 en font leur unique moyen de venir à bout des détenus
violents.
Les traitements spécifiques administrés aux infracteurs
malades varient selon le trouble particulier dont ils souffrent
et le cadre institutionnel dans lequel ils sont placés.
Cependant, 3 éléments sont communs à la plupart des traitements
psychiatriques administrés aux malades violents: la contrainte,
l'entrevue et l'usage de psychotropes. Les travaux de recherche
sur ceux-ci se sont multipliés ces dernières années. Les
anticonvulsifs, par exemple . ceux que l'on utilise dans les cas
d'épilepsie, se sont révélés efficaces dans les cas de
dysfonction cérébrale organique (Munroe, 1978). Les
anxiolytiques semblent en fait renforcer le comportement violent
chez les détenus agressifs (Workman et Cunningham, 1975). Les
travaux de recherche les plus prometteurs dans ce domaine ont
porté sur le lithium. Un certain nombre d'études bien conçues
ont confirmé qu'il réduit l'affect et le comportement agressifs
de même que la tension chez les prisonniers violents (Sherard,
1971; Tupin, 1973; Sherard, 1973; Sherard, Marini, Bridges et
Wagner, 1976; Sherard et Marini, 1978). Il semble donner de
meilleurs résultats chez les détenus qui ne souffrent pas de
lésions cérébrales manifestes ni de psychose, et qui jugent leurs
instincts agressifs peu souhaitables (Sherard, 1973). Son
utilisation suscite toutefois certains problèmes. Le refus, les
effets secondaires et la réapparition de l'agressivité une fois
abandonné l'usage du médicament en limitent l'applicabilité. Des
interventions complémentaires demeurent nécessaires.
9
On a beaucoup critiqué l'approche reposant sur le recours
exclusif au traitement psychiatrique, l'accusation la plus grave
à cet égard étant peut-être que l'on en fait trop un usage
universel: les violents ne sont pas tous des malades mentaux,
ils ne sont pas tous non plus suffisamment dérangés pour
justifier leur placement en établissement psychiatrique. On ne
tient pas compte de la distinction entre psychopatologie
(troubles mentaux accompagnés d'une grave déformation de la
réalité) et sociopathologie (comportement anti-social marqué
découlant d'un défaut de socialisation). Chacune exige un
traitement spécialisé; les techniques utilisées dans un cas ne
sont pas applicables dans un autre (Greenland, 1978; Sturup,
1976; Conrad et Dinitz, 1977). L'utilisation trop poussée des
étiquettes psychiatriques a un effet polarisateur excessif et
donne lieu à des erreurs de diagnostic, à des prestations
inefficaces de services et à de futiles tentatives de traitement
(Toch, 1980a). La "bus therapy" (thérapie de la navette) décrite
par Toch (1982) est une stratégie particulièrement inefficace:
le détenu agité et perturbateur est envoya dans un hôpital
psychiatrique parce que la prison ne peut soigner sa maladie;
l'hôpital le renvoie à l'établissement car il ne peut venir à
bout de sa violence. Il en résulte un stupide va-et-vient dont
personne ne profite. En bref, la répartition en deux catégories
(mauvais ou fou) des détenus violents ne tient pas compte de
l'existence d'un continuum de déviance sociale ou mentale. Les
traitements devraient refléter cette complexité, et être adaptés
au degré de perturbation.
Les problèmes de politiques . et d'interprétation juridique
découlent aussi de la tendance à assimiler violence et aliénation
mentale (Greenland, 1978; Rappeport, 1978). Dans quelle mesure
la maladie supprime-t-elle la responsabilité? Comment
devrait-elle influer sur la détermination de la peine? Quelles
sont les responsabilités de la société vis-à-vis ce type de
- 1 0 -
criminel? Où faut-il l'incarcérer, et que faut-il en faire? Des
crimes atroces peuvent-ils être commis par une personne "saine
d'esprit"? Les réponses à ces questions sont d'autant plus
complexes que l'on explique généralement le comportement violent
par un état pathologique.
Autre critique de l'approche psychiatrique: l'accent
qu'elle met sur le lieu intérieur de l'agression ne tient pas
compte des facteurs annonciateurs et déterminants, sociaux et
environnementaux, de la violence (Toch, 1978; Suedfeld, 1980;
Ellis et al., 1974). Selon certaines données, la violence,
notamment dans les prisons, est le fruit d'une subculture qui
considère la force physique et la dureté comme un moyen
d'acquérir un certain statut social. Lorsque ces éléments sont
associés au manque d'estime de soi et de perception sociale
propre à tous les hommes violents (Toch, 1969), ce milieu
favorise l'agression. Toch (1969) décrit le détenu violent comme
un personnage dominateur, fanfaron, qui met sa personne en avant
mais qui a peur (p. 222). Les individus de cette sorte sont
enclins à interpréter des situations inoffensives comme
provocatrices ou menaçantes. Une approche strictement
psychiatrique ne suffit pas à • tablir l'interaction complexe
entre l'ordre social et l'individu.
L'absence de traitement supplémentaire dans un "modèle
médical de violence" est également critiquée (Rappeport, 1978).
Une fois l'infracteur malade "guéri", il est laissé à lui-même,
souvent privé du traitement d'entretien susceptible de l'aider à
vaincre les tensions qui ont provoqué son accès de violence ou sa
psychose. Même s'il était juste de prétendre, selon l'approche
psychiatrique, que tous les violents sont nécessairement des
malades mentaux, il subsisterait un besoin essentiel de
rééducation, au niveau du comportement et des attitudes, une fois
maîtrisés les symptômes de la maladie mentale. En outre, la
notion implicite du modèle médical, à savoir que les spécialistes
— 11 —
guérissent le client passif, n'encourage pas le détenu à assumer
la responsabilité de ses propres progrès. L'impression de
n'avoir aucun pouvoir sur soi-même ou sur son sort peut même
accroître la détérioration psychologique de certains infracteurs.
A la fois valables et nécessaires en elles-mêmes, les
approches disciplinaires et psychiatriques sont néanmoins
insuffisantes pour régler la question de la violence dans les
prisons. On verra au chapitre suivant les nombreuses solutions
de rechange qu'ont explorées les autres instances et les
chercheurs qui travaillent sur des données empiriques.
— 12 —
Il. FAVORISER DES CHANGEMENTS CHEZ L'INFRACTEUR VIOLENT
Les stratégies de traitement exposées ci—dessous ont ceci en
commun qu'elles considèrent l'infracteur comme une unité de
changement. Pour cette raison, certaines tentent d'influencer
directement des comportements spécifiques, d'autres, de modifier
les perceptions et les attitudes internes du détenu. Toutes,
cependant, se fondent sur une certaine compréhension de
l'agression et du rôle qu'elle joue.
Un modèle d'agression
Il existe un certain nombre de théories sur l'agression,
dont la plus complète et la plus complexe est celle qu'a proposée
Zillman (1978). Il s'agit d'une fusion essentiellement cohérente
de modèles antérieurs (pour une vue d'ensemble de la question,
voir Fehrenbach et Thelen, 1982). Selon ce modèle, trois
facteurs influencent la manifestation de l'hostilité et de
l'agressivité:
1 0 La satisfaction que procure la violence. Si le comportement
violent d'un individu a été renforcé assez souvent, les risques
qu'il se reproduise augmentent. Il peut contribuer à obtenir des
récompenses et des stimulants (par exemple, prestige, argent,
rétribution) ou constituer un moyen efficace de soulager un
sentiment de contratriété (par ex. frustration, provocation).
Ces deux formes sont dites agression utilitaire et agression
libératrice.
2. Le rôle des processus cognitifs. Certaines connaissances
facilitent la colère, d'autres l'atténuent. Les perceptions
concernant la violation des normes, l'anticipation des
conséquences et les dangers des actes agressifs entrent dans
cette deuxième catégorie. Les attributions causales (et les
- 13 -
fausses attributions) d'une intention méchante ou contrariante
par d'autres sont souvent les antécédents cognitifs de la
violence.
3. L'état d'excitation physiologique de l'individu. Selon
Zillman (1978), le degré d'excitation détermine la mesure dans
laquelle l'orientation cognitive l'emportera sur les simples
réactions agressives acquises. L'agression utilitaire est
associée aux niveaux intermédiaires de l'excitation; les actions
sont clairement planifiées et maîtrisées. L'agression
libératrice peut se manifester à n'importe quel niveau.
Cependant, le contrôle cognitif est gravement compromis lorsque
l'individu atteint un niveau élevé d'excitation physiologique.
C'est l'état de "rage aveugle": l'agresseur perd de vue les
conséquences possibles, sentant seulement que son attaque est
justifiée. Les actes de violence (comme les comportements
clastiques) peuvent servir à arrêter cette montée en flèche de la
tension aiguë.
Selon la théorie de Zillman (1978), tout ce qui, chez un
individu, a servi à renforcer son agression constitue un
déterminant fondamental de sa violence. Les comportements et les
connaissances qui entrent en jeu dans la manifestation de
celle-ci sont le fruit de l'apprentissage social, c'est-à-dire
de l'observation. Cela étant vrai également des comportements
prosociaux, l'hypothèse veut que les violents puissent apprendre
de meilleures façons d'agir si on utilise les bonnes méthodes
pour les leur enseigner. Ces notions ont une incidence
importante en ce qui concerne les programmes de traitement,
lesquels font l'objet du reste de cette partie du rapport.
A. L'organisation des contingences
Cette forme particulière de traitement vise à modifier les
mécanismes de renforcement qui jouent dans le cas de l'individu
— 14 —
violent. L'organisation des contingences se définit comme la
présentation et le retrait de récompenses et de punitions (Rimm
et Masters, 1974, p. 166). Elle est fondée sur quatre techniques
essentielles:
a; Le renforcement positif, qui consiste à octroyer une
récompense lorsque le comportement souhaité est manifesté
ouvertement;
b. Le renforcement négatif, qui consiste à mettre fin à une
situation désagréable dès qu'est manifesté un comportement
pro social;
c. La punition, qui consiste à présenter un stimulus répulsif
lorsque est commis un acte indésirable; et
d. La suppression du renforcement positif, soit la suspension ou
le retrait des récompenses en cas de manifestation d'un
comportement inopportun.
Les trois dernières techniques sont efficaces au maximum
lorsque le comportement prosocial subséquent ou permanent fait
l'objet d'un renforcement différentiel. (Fehrenbach et Thelen,
1982).
L'attribution immédiate et sans exception de récompenses et
de punitions est de la plus haute importance pour l'efficacité de
tout programme d'organisation des contingences. Les personnes
qui sont en contact quotidien avec le ou les prisonniers doivent
donc être formées à l'utilisation des techniques pertinentes. Il
est essentiel que le personnel soit bien préparé: une des
instances qui avait tenté d'utiliser l'organisation des
contigences a été obligée d'y renoncer en raison de la
"résistance de son personnel". Un très grand nombre d'études
montrent que l'organisation des contingences réussit à atténuer .
le comportement agressif (pour une étude complète de la question,
voir Carr, 1981; Fehrenbach et Thelen, 1982). Cette stratégie de
traitement semble la plus appropriée dans les cas de déficience
- 15 -
mentale, de lésion cérébrale ou de psychose, ou des deux (Foxx et
Azrin, 1972; Hamilton, Stephens et Allen, 1967; Carr, Newson et
Binkoff, 1976: cité dans Carr, 1981).
La plupart des programmes d'organisation des contingences
sont axés sur l'individu. Des modifications ont cependant été
élaborées, qui devraient permettre de les appliquer globalement
dans le cadre des établissements. Dans les prisons, ces
traitements sont appelés Token Economies (Système de jetons) et
Time Out (Retraite).
Système de jetons
En vertu de ce système, les détenus reçoivent ou doivent
remettre des "jetons" (sorte de monnaie utilisée dans la prison),
selon le comportement qu'ils manifestent. Les jetons peuvent
être échangés contre certains produits précieux comme les
cigarettes ou l'accès aux installations récréatives. Idéalement,
ce système encourage les prisonniers à évaluer le coût de leurs
actions hostiles ou agressives en définissant la récompense ou la
punition en termes concrets. Quoique ce système de jetons n'ait
pas été relevé dans notre échantillon, il a fait l'objet d'une
vaste évaluation empirique. En ce qui concerne l'atténuation du
comportement agressif, son utilité a été prouvée auprès des
jeunes contrevenants placés en établissement (Phillips, 1968;
Burchard et Barrera, 1972), des malades internés, adultes
(Kazdin, 1977), et des détenus en prison (Ayllon et Azrin, 1968).
2. Retraite
Particulièrement efficace dans le cas des jeunes, des
arriérés ou des schizophrènes qui sont agressifs, la Retraite
implique la suppression de toutes les sources de renforcement
pendant une période déterminée, dès manifestation d'un
comportement indésirable. L'infracteur est sorti de son cadre et
- 16 -
placé dans une "salle de retraite" où il est privé de toute
stimulation ou de renforcement potentiel. Quoique la durée idéale
de l'isolement dépende de chaque individu et de la faute commise,
la retraite ne devrait jamais dépasser deux heures ni être
inférieure à dix minutes (Benjamin, Mazzarins et Kupfersmid,
1983).
L'une des instances de notre échantillon (l'Australie
occidentale) avait recours à la technique de la retraite dans les
cas d'accès de violence. Quoiqu'elle n'ait fait aucun
commentaire sur son efficacité, la littérature en a confirmé
l'utilité comme outil de gestion. Une atténuation considérable
du comportement agressif a été obtenue chez les jeunes (Robinson
1979; Bowstow et Bailey 1969) de même que chez les adultes
arriérés et chez les malades internés (Edwards, 1974; Benjamin,
Massarins et Kupfersmid, 1983).
En bref, l'organisation des contingences est utile aussi
bien dans les cas d'agression libératrice que dans ceux
d'agression utilitaire moins graves. à une exception près,
aucune des instances qui ont répondu n'y a recours. Malgré le
petit nombre d'études portant sur son utilité pour les détenus
adultes qui sont agressifs, son efficacité empiriquement prouvée
en fait une solution de rechange prometteuse. Elle convient
parfaitement aux détenus qui peuvent bénéficier d'une technique
concrète comme celle-là, notamment tous ceux qui souffrent de
déficience mentale marginale ou grave.
- 17 -
B. L'apprentissage social
Les traitements suivants, qui peuvent tous être décrits
comme des modèles d'apprentissage social, sont fondés sur un
certain nombre d'hypothèses communes concernant l'origine de
l'agression. L'utilité de la violence pour certains individus
tient au fait qu'ils manquent de moyens socialement acceptables
pour atteindre leurs buts et surmonter leurs sentiments de
contrariété. L'agression est directement et inversement liée à
la compétence sociale. Contrairement à la méthode de
l'organisation des contingences, ce modèle pose comme principe
que les comportements prosociaux ne font pas partie du répertoire
du détenu agressif: il faut les lui enseigner. Une fois acquis,
ils remplaceront les comportements agressifs en raison de leur
plus grande utilité dans les situations sociales.
L'accroissement de l'estime de soi qu'entraîneront la maîtrise de
soi et l'assurance en public aidera à corriger le sentiment
d'insuffisance, source de la violence (Toch, 1969).
Les traitements qui recourent à l'apprentissage social
peuvent avoir deux objectifs: l'enrichissement du répertoire
de conduites du client ou le façonnement des connaissances
perceptuelles et autorégulatrices pertinentes. Certains, comme
la gestion de la colère, visent les deux. En général, les
stratégies axées sur la cognition sont appliquées en même temps
que l'apprentissage de la relaxation qui aide à réduire
l'excitation physiologique associée au comportement agressif.
Tous ces traitements utilisent une même séquence de
techniques d'apprentissage. Le processus type, qui rallie des
appuis considérables sur le plan empirique, est la thérapie de
l'apprentissage structuré (TAS), dont les quatre éléments sont
les suivants:
a. le modelage: l'intéressé se voit présenter de nombreux
exemples précis et détaillés (parfois par le biais de films ou
— 18 —
d'enregistrements magnétoscopiques) d'une personne manifestant le
comportement désiré;
b. la répétition: l'intéressé reproduit le comportement ou le
rôle observé, dans une situation hypothétiqu'e;
c. la rétroaction: le thérapeute réagit à la répétition du
client; c'est le moment des critiques constructives, du
renforcement positif et de la répétition des étapes antérieures;
et
d. le transfert d'apprentissage: le client s'exerce à appliquer
les capacités acquises dans le quotidien, avec ses véritables
partenaires sociaux, dans des conditions et degrés divers de
renforcement social.
Ces méthodes sont souvent appliquées dans un ordre séquentiel,
mais pas nécessairement. Les cinq types suivants de traitement
qui recourent à l'apprentissage social se retrouvent à la fois
dans notre échantillon et dans les travaux de recherche dans le
domaine correctionnel.
1. Apprentissage des habiletés sociales (AHS)
Ce traitement sert principalement à enseigner un
comportement manifeste plutôt qu'à restructurer des connaissances
ou d'autres états internes. Goldstein (1981) en donne une
définition formelle:
L'apprentissage des habiletés sociales se
fait grâce à l'enseignement systématique planifié,
sur une longue période et dans un vaste ensemble
de contextes de relations interpersonnelles
positives, négatives et neutres, des comportements
spécifiques dont l'intéressé a besoin et qu'il
désire consciemment- acquérir afin d'être en mesure
de fonctionner de façon satisfaisante et efficace.
— 19 —
Les habiletés elles—mêmes sont définies avec précision et de
façon concrète. Chacune est subdivisée en étapes croissantes,
réparties en séquences. Certaines des habiletés enseignées par
cette méthode (énumérées dans Goldstein, 1981) sont considérées
comme utiles dans le cas de l'agression. Les domaines généraux
sont les techniques de communication, de planification et de
prise de décision, de même que les connaissances pratiques comme
l'économie familiale et la gestion de l'argent.
Quatre (8 %) des 50 instances qui ont répondu avaient
recours à l'apprentissage des habiletés sociales. Trois (6 %)
enseignaient les techniques de communication ou le comportement
social. Des cours de préparation à la vie quotidienne étaient
offerts dans deux établissements de l'État de Washington. Deux
instances ont mis l'accent sur l'acquisition des compétences à
déployer en milieu de travail ou pour obtenir un emploi (par
exemple, préparation à une entrevue, façon de traiter avec un
patron rigoureux). Aucun des répondants n'a toutefois fourni
d'évaluation de la méthode.
Dans l'ensemble, cependant, les compte rendus de recherche
sont favorables à l'AHS, à la condition que soient choisis les
bons candidats. Comme l'indique la définition de Goldstein, le
client doit désirer apprendre et changer. Les critères de
participation devraient être un quotient intellectuel normal et
une habileté perceptive relativement intacte. L'AHS a permis de
réduire l'hostilité et l'agressivité chez les jeunes qui
manifestent un comportement violent (Wood, 1978; Hummel, 1980;
Goldstein, 1978; Raleigh, 1978; Pentz, 1980; Warrenfeltz, 1981),
et chez les internés perturbateurs (Elder, Edelstein et Narick, 1979).
- 20 -
2. Apprentissage de la relaxation
Quoiqu'il ne constitue pas à proprement parler une technique
d'apprentissage social, ce traitement est souvent utilisé de
concert avec des méthodes de restructuration cognitive. Il
consiste à appliquer systématiquement des méthodes de prise de
conscience et de libération de la tension permettant d'atteindre
un état de profonde relaxation musculaire (Carr et Binkoff, 1981,
p. 111). Le client apprend à reconnaître les signaux
physiologiques de l'approche de la colère. Quatre variantes de
l'apprentissage de la relaxation sont applicables au traitement
de l'agression.
a. La relaxation différentielle (Jacobson, 1938). Cette
technique permet à un client habile de relaxer des groupes de
muscles choisis tandis que les autres demeurent actifs. Cela est
très utile, l'apprentissage de la relaxation pouvant se
poursuivre dans le cadre même des activités quotidiennes.
b. La relaxation par conditionnement (Paul, 1966). Le client
apprend à associer la relaxation avec certains mots ou
expressions. Placé dans une situation susceptible de provoquer
sa colère, la répétition, par exemple, des mots "calme-toi" ou
"attention" déclenchera chez lui des sensations relaxantes et
dissipera la tension motivante.
c. La désensibilisation systématique. Le client établit .une
'hiérarchie de scénarios, en les plaçant dans l'ordre de son choix
selon le risque de déclenchement de la colère qu'ils présentent
pour lui. Au cours de la séance de traitement, on lui demande
d'imaginer vivement ces scénarios tout en pratiquant des
techniques de relaxation. Lorsque la scène envisagée ne provoque
plus d'agitation chez le sujet, celui-ci passe au scénario
suivant.
— 21 —
d. La méditation transcendantale. Quoiqu'il ne s'agisse pas
d'un entraînement progressif du type décrit ci—dessus, la
technique de MT induit aussi un état de profonde relaxation
physiologique et elle aide à réduire le stress et l'anxiété. Une
étude transversale et longitudinale effectuée chez les détenus
d'établissements à sécurité maximale a permis de constater, chez
ceux qui pratiquent la MT, une augmentation hautement
significative du développement du moi ainsi qu'une diminution de
l'agression et du récidivisme (Alexander, 1982).
Cinq (10 %) des 50 instances qui ont répondu ont déclaré
faire usage de l'apprentissage de la relaxation dans le cadre de
la stratégie de traitement réservée aux infracteurs violents.
Dans un cas, celui du Cascade Program conçu à l'intention des
jeunes de Washington, on recourt à une sorte de désensibilisation
systématique destinée à déconditionner l'imagerie émotive liée à
la violence.
Une autre instance utilise cette méthode à la fois comme
traitement de groupe et traitement individuel. L'apprentissage
de la relaxation s'est révélé efficace pour contrôler la colère,
soit seul, soit utilisé conjointement avec d'autres méthodes
(Evans, 1970; Evans, Hearn et Saklofske, 1973; O'Donnell et
Worell, 1973; Rimm, DeGroot, Boord, Heimen et Dillow, 1971).
3. Psychothérapie rationnelle émotive (PRE)
La PRE est fondée sur le principe que les perturbations
psychologiques graves d'origine non psychotique, entre autres
celles qui se manifestent par une colère intense, de l'anxiété et
de la dépression, sont le fruit de schèmes de pensée erronés ou
irrationnels. Un système de croyances déformé donne lieu à des
perceptions très inexactes de soi et des situations, suscite des
émotions inappropriées et, partant, un comportement violent et
mal adapté. La PRE (et sa variante, la TRC ou Thérapie
— 22 —
rationnelle du comportement) conteste et met sérieusement en
'question les attitudes autodestructrices du client (par exemple,
"je dois à tout prix sortir vainqueur de cette discussion,
autrement je suis un lâche, je ne vaux rien"). Au début, le
thérapeute souligne sans embages l'illogisme de semblables
croyances et leurs conséquences néfastes'. Une fois le client
convaincu, les deux collaborent au façonnement de perceptions
plus claires et plus rationnelles à l'aide du modelage et de la
répétition. La thérapie peut en outre inclure une composante
éducative favorisant la restructuration cognitive (par exemple,
enseignement de la distinction entre les pensées et les
sentiments). Finalement, le client apprend à pratiquer
l'autorégulation et à censurer lui—même ses pensées
irrationnelles.
Diverses croyances irrationnelles ont été désignées comme
précurseurs possibles de la violence. La croyance en la
possibilité d'atteindre la perfection, en l'impossibilité
d'influer sur sa propre destinée et dans les conséquences
catastrophiques d'événements malheureux, tout comme la
condamnation exagérée de soi et des autres, ont été associés à
l'agression et à l'hostilité (Ellis, 1974). Toch (1969) a
recensé d'autres croyances qui sont particulièrement en évidence
dans la subculture carcérale: toute critique formulée par les
autres équivaut à une attaque personnelle, seuls les exploits
physiques et l'intimidation sont preuves de virilité, les
victimes "recherchent" ou même aiment la violence. Devraient
être admis à la PRE les'détenus qui manifestent de telles
croyances, mais sont capables de s'en départir.
Deux (4 %) des instances répondantes utilisent la PRE. Au
pénitencier de l'Etat de l'Oklahoma, établissement à sécurité
maximale, tous les détenus doivent participer à la Thérapie
rationnelle du comportement. Bien qu'une évaluation minutieuse
du programme ait été en cours au moment de l'enquête, les
- 23 -
« résultats d'une étude préliminaire (voir l'annexe D) sont encourageants. Il ressort en outre de cette étude que le
candidat idéal pour ce genre de thérapie a une intelligence
moyenne ou supérieure, souffre de troubles reliés à une détresse
profonde (anxiété, dépression, etc.) et souhaite apprendre les
notions sousjacentes afin de les appliquer dans son propre cas.
Une autre étude empirique est favorable au recours à la PRE aux
fins de gestion de l'agression dans les prisons (Meers, 1979)
4. Cours d'affirmation de soi
Cette forme de traitement est essentiellement un cours de
communication: l'accent est mis sur la nécessité d'exprimer ses
droits et ses sentiments de façon franche et directe, tout en
tenant compte des droits des autres. Les individus agressifs
peuvent faire preuve aussi bien d'une maîtrise de soi excessive
que d'un manque presque total de celle-ci (Toch, 1969; Tennet,
1975). Dans le premier cas surgit un problème particulier. Le
détenu, en silence, additionne ses rancunes, rumine les affronts
faits à sa dignité, puis complote pour se venger ou fait
brusquement une crise d'agressivité dans l'espoir d'obtenir
réparation pour les injustices dont il croit avoir été victime
dans le passé. Il peut aussi déplacer sa colère et la faire
passer de l'objet original, inaccessible ou plus puissant, à une
cible disponible et plus faible. Les cours d'affirmation de soi
tentent de modifier ce comportement en apprenant au client à
verbaliser sa colère d'une manière ferme mais non provocatrice.
Les cours d'affirmation de soi se divisent en trois étapes.
Au cours de la première, le thérapeute explique la raison
fondamentale de l'affirmation, en insistant surtout sur ce qui la
rend supérieure à l'agression et à la non-affirmation, et sur le
caractère néfaste de ces modes de réaction. Cette étape comporte
souvent une certaine part de restructuration cognitive, le
thérapeute tentant de modifier le système erroné de croyances du
- 24 -
client. Au cours de la seconde étape, le client dresse une liste
de scénarios réels, par ordre de difficulté subjective. L'étape
finale, qui est également la plus importante, comprend la
répétition de comportements: le thérapeute et le client jouent
les saynètes pertinentes. Le modelage, le jeu de rôle et la
rétroaction en sont des éléments essentiels. Les exercices
in vivo peuvent également être utilisés.
Des instances qui ont répondu à notre lettre d'enquête,
4 (8 %) ont déclaré utiliser les cours d'affirmation de soi dans
le cadre de leur programme de traitement des infracteurs
violents. L'État de Washington les utilise dans deux
établissements: un pour adultes, l'autre pour jeunes. Aucun des
répondants ne nous a fourni de rapports d'évaluation. D'autres
chercheurs ont jugé cette technique utile pour réduire
l'agressivité (Rimm, Hill, Brown et Stuart, 1974; Whiteside,
1976; Wood, 1978; Raleigh, 1978; Pentz, 1980, Martinez, 1978).
Pour obtenir un résultat maximal, on devrait l'appliquer dans le
cadre de la thérapie fondée sur l'apprentissage structuré décrite
plus haut (Pentz, 1980; Wood, 1978) et conjointement avec
l'apprentissage de la relaxation (Carr et Binkoff, 1981). Le
candidat idéal est un non psychos é qui possède une intelligence
normale, maîtrise à l'excès ses instincts agressifs et connaît
des niveaux de tension élevés.
5. Gestion de la colère
Ce traitement, qui constitue la plus complète des méthodes
d'apprentissage social, combine les trois grandes techniques
mentionnées plus tôt, soit la relaxation, la restructuration
cognitive et l'apprentissage de comportements assertifs et
adaptatifs. Il s'inspire du modèle de Novaco (1975) selon lequel
la colère est précipitée par l'excitation physiologique
accompagnée de l'attribution à celle-ci du nom de colère.
L'excitation est provoquée par des attentes faussées et des
- 25 -
_ évaluations incorrectes d'événements contrariants exprimées dans
un monologue intérieur. Les paroles intérieures et les jugements
portés sur soi peuvent servir à la fois à provoquer et à
maintenir la colère et l'excitation. La thérapie tente de
transformer ces auto-instructions en pensées calmantes, orientées
vers une tâche Précise.
L'apprentissage de la gestion de la colère, également connu
sous le nom "d'inoculation de stress", comporte quatre étapes:
1. La relaxation. Au début, chaque client apprend à
relaxer ses muscles en profondeur, ce qui l'aide à reconnaître et
à réduire l'agitation et l'excitation qui peuvent perturber sa
cognition rationnelle. Les "signaux" physiologiques qui
annoncent le début de l'excitation (par exemple, poings serrés,
tension au niveau de l'estomac) sont recensés pour chaque
individu. Les clients apprendront plus tard à reconnaître à
l'aide de ces signaux le moment où ils doivent engager le
dialogue interne calmant gui doit servir d'autorenforcement.
2. La restructuration et l'apprentissage cognitifs. A cette étape, le client est renseigné sur la colère et ses
composantes (par exemple, les circonstances qui en général
suscitent la colère, le râle des systèmes de croyance erronés,
les avantages de l'affirmation de soi, etc.). Au Special
Offender Center de Washington, cette étape comprend un examen en
profondeur des façons dont le milieu carcéral favorise la
violence.
3. L'apprentissage de l'auto-instruction. La TAS apprend .
aux intéressés à prononcer des paroles intérieures qui calment et
servent d'autorenforcement. Les quatre étapes du dialogue
intérieur devraient être les suivantes: 0 planification de la
façon de réagir dans une situation contrariante, ii) affrontement
de l'autre avec assurance, iii) résistance à l'excitation
- 26 -
physiologique, et iv) auto-récompense-en cas de sàccès. De ces
étapes, la troisième est considérée comme la plus importante.
4. L'application. Dans le cadre de psycho-drames, de
situations imaginaires ou réelles ou des deux, le client pratique
tout ce qu'il a appris, et ce, dans un ordre hiérarchique
pré-établi.
La gestion de la colère a été utilisée efficacement dans le
cas des agents d'application des lois (Novaco, 1977), des jeunes
contrevenants (Shrader, Lang, Panzer, Gillet et Kornblath, 1977;
Bowman 1979; Morris, 1981; Schlicter et Horan, 1981) et des
infracteurs adultes agressifs (Petrella, 1978; Atrops, 1979;
Fink, 1981; Mann, 1982; Gaertner, 1983). Elle a été utilisée
dans 8 (16 7) des instances répondantes, dont 2 nous ont fait
parvenir un rapport préliminaire (voir les annexes E et F). Dans
ces deux cas, une diminution encourageante de l'agressivité et du
comportement offensant a été observée chez les détenus qui ont
participé aux programmes de gestion de la colère. Les détenus
choisis pour ce type de traitement devraient manquer
manifestement de mattrise de leurs impulsions et d'aptitude à
gérer les provocations. De plus, il semble que les avantages du
traitement soient directement proportionnels au degré
d'intelligence du client.
Cr. Services de counseling
Un certain nombre d'instances (20 %) ont indiqué, souvent
sans fournir d'explications complémentaires, que les "services de
counseling" s'inscrivaient dans leurs stratégies de traitement
des détenus violents. Vraisemblablement, ces services ne
recourent pas systématiquement à l'organisation des contingences
ou à l'apprentissage social, méthodes décrites précédemment. Ils
sont plutôt axés sur la conscience et la compréhension de soi
qu'a le client. Les efforts visent à établir entre le client et
- 27 -
le thérapeute des relations qui encouragent l'établissement d'un
véritable rapport entre eux et facilitent la divulgation.
L'examen des expériences subjectives du client, de ses
comportements actuels et de ses émotions motivatrices est censé
susciter un changement personnel constructif. Bien qu'efficace
dans le cas de certains troubles, ce type de thérapie semble être
d'utilité limitée en ce qui concerne la manifestation de
l'agression (Goldstein, 1981; American Psychiatric Association,
1974).
Les diverses thérapies entrent de façon générale dans l'une
de trois catégories, selon la période de la vie du client sur
laquelle est mis l'accent, soit le passé, le présent ou
l'avenir. Deux exemples de thérapie "axée sur les antécédents"
ont été relevés dans les instances enquêtées.
i. La psychanalyse. Héritée de Freud, cette thérapie examine
essentiellement les traumatismes que le client a subis au cours
de son enfance ou de son adolescence. Les souvenirs réprimés ou
oubliés et leurs émotions connexes sont rappelés par le biais de
la verbalisation ou de la répétition de l'événement original.
Cette méthode, suppose-t-on, permet d'éliminer la colère et
l'hostilité latentes. Une seule instance en a fait état. Les
traitements de ce genre qui font appel à l'abréaction ont été
vivement critiqués (Bandura, 1973; Zillman, 1978). Selon
certaines données, les recréations imaginaires, sans
contre-conditionnement simultanné, d'images provoquant la colère
entraînent la désinhibition du frein contre l'agression et
peuvent de fait accroître le comportement violent (May et
Johnson, 1973; Rimm et Litvak, 1969).
ii. Examen des antécédents criminels. Cette forme de thérapie
est pratiquée dans l'Etat de Washington, dans le cadre du Cascade
Program destiné aux jeunes reconnus coupables d'actes de
violence. Elle est décrite comme un traitement axé sur une
- 28 - ,
infraction donnée, au cours duquel on examine la période qui a
précédé celle-ci afin de déterminer les habitudes criminelles de
l'individu. On insiste sur la connaissance de soi et une
certaine reconnaissance des forces intérieures et extérieures qui _
incitent l'individu à l'activité criminelle et le maintiennent
dans cette voie. Bien qu'aucun rapport d'évaluation n'ait été
fourni concernant cette thérapie, une évaluation globale du
Cascade Program a permis de constater une diminution du nombre de
participants réinscrits au programme.
Une seule instance a recours au counseling "axé sur le
présent". Mise au point par Glasser (1965), la thérapie par le
réel met l'accent sur "l'instant présent" et refuse d'accepter
les antécédents comme un déterminant implacable du comportement
actuel ou une excuse pour celui-ci. On encourage les clients à
accepter la responsabilité de leurs actes et à acquérir une
discipline personnelle leur permettant de régler leurs problèmes
de façon réaliste. Cette thérapie s'est révélée efficace dans le
cas des adolescents enclins à la délinquance (Epstein et Maragos,
1982).
Aucune des instances de l'échantillon n'a décrit les
thérapies téléologiques ou axées sur l'avenir. Essentiellement,
ces traitements encouragent les clients à verbaliser leurs
objectifs et leurs priorités dans la vie, à envisager des
solutions de rechange et à prendre des décisions réfléchies. Il
est peut-être possible de supprimer le comportement agressif et
criminel grâce à une thérapie de ce type, surtout si elle
comporte l'apprentissage systématique des'techniques de
résolution des problèmes (Goldstein, 1981). •
- 29 -
D. Thérapies de groupe
Comme le counseling individuel, la thérapie de groupe peut
être non dirigée et reposer sur la divulgation; elle peut
également constituer le véhicule d'une stratégie particulière de
traitement. L'apprentissage des habiletés sociales, par exemple,
convient parfaitement aux rencontres en groupe. Les thérapies
individuelles et de groupe ne s'excluent pas mutuellement: les
techniques axées sur l'individu qui sont décrites ci-dessus (soit
la relaxation, l'inoculation de stress) sont souvent appliquées
"en groupe", et les pratiques 'conçues pour les groupes peuvent
être adaptées à l'individu. Les avantages des thérapies de
groupe sont nombreux: elles sont plus économiques sur les plans
financier et matériel; elles offrent un nombre accru d'occasions
pour ce qui est de l'observation, du modelage et de la
répétition; et elles peuvent aider à mobiliser l'influence des
pairs en faveur des objectifs du traitement. Ce dernier effet
est particulièrement important dans le milieu carcéral où les
pressions du groupe et les influences sociales sont de puissants
déterminants des attitudes et du comportement des détedus (Toch,
1969). Dans le cas des détenus violents, il est souhaitable de
composer de petits groupes homogènes d'individus ayant des
niveaux semblables de capacité intellectuelle, cela tendant à
réduire la rivalité et l'antagonisme (Meers, 1979). Dix des
50 répondants (20 7.) de l'échantillon enquêté offraient un
programme de thérapie de groupe. De ce nombre, 8 (16 %)
utilisaient les discussions générales en groàpe pour encourager
la divulgation et l'appui. Cinq instances (10 7.) avaient plutôt
eu recours aux thérapies d'apprentissage social décrites plus tôt
dans un contexte de groupe.
Certaines instances avaient recours à des versions modifiées
de la thérapie de groupe, entre autres à la clarification des
valeurs, aux groupes plus importants, à la thérapie familiale et
à l'orthophonie.
- 30 -
1. Clarification des valeurs (CV)
Cette technique thérapeutique, utilisée dans le cadre du
Cascade Program de l'État de Washington, s'inspire de la
littérature sur l'enseignement de principes moraux. Les
adolescents agressifs, selon l'orientation théorique, sont des
opposants chroniques et irrationnels aux normes de la société.
N'ayant pas de système de valeurs propre, ils acquièrent leur
identité en s'opposant aux autres et en les opprimant. La
clarification des valeurs tente d'enseigner aux bénéficiaires une
méthode d'évaluation qui leur permettra de définir et de
clarifier leurs propres valeurs. L'élimination de la confusion
au chapitre des valeurs devrait se traduire par une diminution du
comportement destructeur et une augmentation concomitante de
l'action constructive et de l'estime de soi. Il faut permettre
aux jeunes de choisir librement leurs systèmes de valeurs. On ne
doit surtout pas tenter de les endoctriner (Raths, Harmin et
Simon, 1966).
La clarification des valeurs est enseignée dans une salle de
classe ou en petit groupe. Idéalement, la sélection des valeurs
se fait en trois étapes et à l'aide des techniques propres à
chacune:
a. Le choix. Il s'agit de l'élément cognitif de la CV.
L'instructeur insiste sur la génération libre de solutions de
rechange et l'examen minutieux des conséquences de chaque
option.' La remise en question et la discussion, l'établissement
d'un ordre de priorités personnel et la réflexion sur des
saynètes représentant des "dilemmes moraux" sont au nombre des
techniques qui facilitent ce processus.
b. L'appréciation. Au cours de cette étape affective de la CV,
les clients sont encouragés à "chérir" leurs valeurs ou à en être
fiers, et à se disposer à les défendre publiquement. L'occasion
— 31 —
est donnée à chacun de discuter de ses croyances au cours d'une
entrevue devant le groupe.
c. La mise en acte. C'est l'étape finale, comportementale du
cours. On exhorte les clients à se comporter conformément aux
valeurs qu'ils ont choisies, à le faire très souvent et
régulièrement dans leur vie de chaque jour. Le jeu de râles et
les exercices in vivo sont utilisés comme techniques
d'apprentissage.
Sur le plan empirique, la CV ne rallie que de faibles
appuis. Ceux qui ont mis au point cette technique affirment
avoir réussi dans une certaine mesure, chez des adolescents
sérieux, à remplacer des comportements clastiques par des actions
constructives (Raths et al., 1966); leurs travaux ont cependant
été vivement critiqués. La notion de "relativité des valeurs"
implicite dans leurs fondements théoriques a également été
dénoncée comme indéfendable sur les plans moral et philosophique
(Edelman et Goldstein, 1981).
2. Formules axées sur la participation de groupes importants
L'un des établissements de l'échantillon, le Special Care
Unit, situé en Nouvelle—Galles du Sud, en Australie, utilise,
outre la thérapie de groupe proprement dite, quatre versions
modifiées de cette technique.
a. Les réunions communautaires, dans le cadre desquelles les
détenus et le personnel se rencontrent pour discuter de questions
qui les concernent et qui intéressent l'unité dans son ensemble
(par exemple, l'attribution des tâches, le règlement des conflits
interpersonnels, etc.). (Des réunions semblables sont tenues
dans une autre instance).
— 32 —
b. Les réunions d'urgence, spécialement convoquées par un membre
quelconque de la collectivité, et qui portent, en général, sur la
violation présumée d'une règle de la collectivité (par exemple,
usage de drogues, voies de fait sur un détenu) ou la
victimisation constatée de détenus par le personnel.
c. Le groupe de communication et de discussion, dans le cadre
duquel les détenus acquièrent les compétences pertinentes et
participent à des concours internes et locdux.
d. Le àroupe de compétences professionnelles, dans le cadre
duquel les détenus acquièrent les compétences nécessaires pour
postuler un emploi et réussir une entrevue, et discutent des
problèmes liés au travail.
De ces formules, seule la première (réunions communautaires)
suppose la présence obligatoire. Selon la description générale
fournie par le SCU, ces groupes importants donnent habituellement
les résultats escomptés. L'antagonisme et les soupçons que les
détenus entretiennent à l'égard -du personnel sont considérés
comme le principal obstacle à l'efficacité complète de cette
méthode.
3. Thgrapie familiale
Cette thérapie "atypique" est utilisée dans une instance, à
savoir la prison Patuiént, dans le Maryland. Quoiqu'elle soit
courante, dans le domaine du counseling, aucune autre instance
n'a indiqué y avoir recours pour traiter des infracteurs
violents, et la littérature pertinente ne lui attribue pas non
plus cet emploi. Le thérapeute s'entretient avec tous les
membres de la famille immédiate du détenu, séparément et
ensemble, et examine avec eux les problèmes évidents.
Particulièrement valable dans les cas où le conjoint ou un enfant
- 33 -
est maltraité, la thérapie familiale peut également être utile
dans le cas de détenus violents qui attendent d'être mis en
liberté.
4. Orthophonie
Les déficiences auditives, les difficultés de lecture et
les troubles de la parole ont été associés au développement de
l'agression chez certains individus (Bryant, 1982; King, 1975).
Une instance (Patuxent, dans le Maryland) assure l'évaluation
diagnostique et le traitement des désordres de ce type. La
littérature ne fait pas état de l'efficacité de l'orthophonie
chez les infracteurs violents.
Résumé
Les traitements axés sur la transformation de l'infracteur
violent sont utilisés assez fréquemment dans les 50 instances
répondantes. Chez celles qui ont fait état de l'usage de
méthodes non traditionnelles, les services de counseling et les
techniques d'apprentissage social constituent les formes
d'intervention les plus courantes. Aucune n'a décrit les
critères de sélection des candidats aux divers traitements.
L'agression ayant des causes et des manifestations diverses, la
mise au point de stratégies susceptibles de venir à bout de la
violence sous toutes ses formes est de la plus haute importance;
les thérapeutes se doivent d'évaluer les motifs qui sous-tendent
le comportement de chaque détenu avant de lui appliquer une
thérapie particulière. L'organisation des contingences semble
des plus efficace dans les cas de déficience mentale et de
psychose aiguë. Les méthodes d'apprentissage social conviennent
mieux aux détenus ayant de graves lacunes sur le plan du
comportement pro-social, de la maîtrise des impulsions, de la
perception exacte des autres et de soi ainsi que de la gestion de
la provocation. À cause de l'accent mis sur les processus de
- 34 -
restructuration cognitive et les procédés mnémoniques, (les
candidats à l'apprentissage social doivent avoir une intelligence
normale, ne pas souffrir de troubles perceptifs majeurs et
désirer maîtriser les techniques pertinentes. Presque toutes les
formes de thérapie et de counseling individuels peuvent être
adaptées aux groupes, ce qui permet l'action des influences
sociales et de celles des pairs dans le contexte thérapeutique.
Certains chercheurs se sont longuement penchés sur le rôle
primordial que joue le milieu social d'ans l'encouragement à la
violence en milieu carcéral et dans la maîtrise de celle-ci
(Toch, 1980; Ellis et al., 1975). Changer l'individu n'est
qu'une demi-solution: toute intervention efficace doit également
tâcher d'influer sur l'organisation sociale de l'établissement.
C'est sur ces types de stratégies que portera la prochaine partie
de ce rapport.
- 35 -
• III. MODIFICATION DE L'ENVIRONNEMENT SOCIAL
Le dénominateur commun des stratégies d'intervention
décrites ci-dessous est l'accent mis sur le rapport entre le
personnel et le détenu en tant que facteur décisif du
changement. Pour changer l'infracteur violent, il faut
d'abord changer son milieu social. A l'occasion, cela
entraîne la modification du cadre matériel où il évolue; il
s'ensuit que la plupart de ces changements sont opérés dans
des établissements distincts ou dans des unités spéciales à
l'intérieur de ceux-ci. Vu l'importance qu'ont le climat
social et la discipline dans le milieu carcéral, la
communication entre le personnel et les détenus est
essentielle pour que règne l'harmonie dans l'établissement
et pour qu'il y ait vraiment réadaptation.
Cinq (10 %) des 50 instances répondantes utilisent des
unités fonctionnelles distinctes pour traiter les détenus
violents. Six (12 %) transfèrent les infracteurs
perturbateurs dans des établissements de santé. Ces
dispositions présentent un certain nombre d'avantages. En
premier lieu, elles protègent l'ensemble des détenus.
Deuxièmement, elles permettent d'appliquer les thérapies
d'une façon plus intensive qu'il ne serait possible
autrement. La décentralisation de la hiérarchie
administrative de l'établissement permet aux membres du
personnel qui sont plus au fait des besoins des détenus de
prendre des décisions en ce qui concerne les traitements.
Les unités fonctionnelles et les établissements distincts,
en raison même de leur taille plus petite, réduisent la
fragmentation dans la prestation des services, améliorent
les relations entre le personnel et les détenus, favorisent
la cohésion du groupe et contribuent au bon moral du
personnel (Smith 1977). Les établissements spéciaux
enquêtés ont fait état d'un certain nombre d'interventions
- 36 -
connexes, à savoir la conclusion de contrats,
l'établissement d'une échelle de privilèges, la création de
communautés thérapeutiques et l'affectation des détenus à
des tâches diverses.
1. La formule du contrat
Des accords contractuels passés entre les détenus et le
personnel établissent les conditions de participation à un
programme donné de traitement de même que l'apport prévu des
détenus et les avantages qu'ils devraient en tirer. La
formule est appliquée dès l'arrivée du détenu dans l'unité:
celui-ci est appelé à fixer, de concert avec les membres du
personnel, des objectifs réalistes d'amélioration. Une
liste d'objectifs énoncés en termes précis et mesurables est
dressée. La réalisation de ces objectifs permet le passage
d'une étape à l'autre du programme. Le maintien dans le
programme de même que la mise en liberté dépendent du
respect des règles de l'établissement et de la participation
aux activités obligatoires. La distinction entre la formule
du contrat et la formule traditionnelle fondée sur le
traitement individualisé et l'application des règles repose
sur la contribution du détenu à sa propre amélioration; il
participe à titre égal au processus décisionnel. En outre,
il peut, à intervalles fixes, cesser de participer à
l'ensemble du programme. Chaque partie peut annuler ou
modifier le contrat, sous réserve de certaines conditions.
Trois des instances répondantes (6 %) utilisent la
formule du contrat comme instrument thérapeutique. Au
Federal Correctional Institute, situé à Butner, en Caroline
du Nord, les détenus doivent franchir quatre étapes
auxquelles sont associées des responsabilités et des .
privilèges croissants. Il est stipulé dans le contrat de
- 37 -
traitement qu'une décision de poursuivre ou non doit être
prise à la fin des deux premières étapes; après quoi, le
détenu se doit d'aller jusqu'au bout. Selon un rapport
d'évaluation du système applique à Butner, les détenus
n'étaient pas satisfaits de leur degré de participation à la
planification du traitement; ils avaient l'impression de ne
jouer qu'un rôle "symbolique" (Ingram, 1978). Un système
plus élaboré semble avoir été mis en oeuvre dans le cadre du
Cascade Program de l'État de Washington, réservé aux
adolescents. De nouveaux objectifs sont fixés dès que sont
atteints ceux qui avaient été fixés au début; les objectifs
doivent par ailleurs être atteints dans un délai précis.
C'est le Special Care Unit, de la Nouvelle-Galles du Sud,
qui utilise la version la plus complexe de la formule du
contrat. La négociation et l'ajustement des objectifs se
font au cours d'une série de rencontres qui précèdent
l'admission. Une fois admis, le détenu est obligé de
remplir une formule d'auto-évaluation à intervalles
réguliers. Chacun doit rédiger un document dans lequel il
précise l'image qu'il a de lui-même à un moment donné et
expose en détail sa participation aux programmes de l'unité
de même que ses projets pour la période qui suivra sa mise
en liberté. Il doit le soumettre à un comité d'évaluation
compose de membres du personnel et de détenus. Afin de
décourager le détenu manipulateur qui recherche les
avantages du milieu favorable que constitue le SCU, tous les
contrats précisent la durée maximale du séjour. Si
l'amélioration n'est pas évidente après un certain temps, le
détenu est renvoyé au sein de la population carcérale
générale. Un rapport descriptif des méthodes utilisées par
le SCU dans le cadre de la formule du contrat montre que
celle-ci a réussi dans une certaine mesure à améliorer les
relations entre le personnel et les détenus (Bailey et
Schwartz, 1982).
- 38 -
2. Les modèles avec échelles de privilèges
Apparentés dans une certaine mesure aux méthodes qui
utilisent les contrats, les systèmes d'échelles de
privilèges assurent des niveaux de récompense, de liberté et
de possibilités croissantes à mesure que se prolonge la
période de bon comportement. Les niveaux prévus peuvent
_être appliqués à l'ensemble de l'établissement, ou à
quelques secteurs isolés géographiquement par la
constitution d'unités discrètes ou de paliers.
a. Application des niveaux à l'ensemble de l'établissement
Deux instances (4 %) utilisent un système selon lequel
le passage d'une étape à l'autre du traitement se fait
progressivement. L'admission à chaque nouvelle étape est
associée à l'octroi de responsabilités et de privilèges
accrus. Cependant, les détenus ne sont pas relogés chaque
fois dans de nouvelles unités résidentielles; leur statut
est indiqué par des cartes d'identité ou des insignes. Le
FCI, situé à Butner (Caroline du Nord), et le Cascade
Program, de l'État de Washington, sont des exemples de ce
type de formule où des niveaux de privilèges sont prévus aux
différentes étapes du traitement.
Les compte rendus de recherche font état de modèles
semblables. Le programme START (Special Treatment and
Rehabilitative Training - Traitement spécial et
réadaptation) a été mis au point au début des années 70 à
l'inÉention des détenus violents qui ne pouvaient être
intégrés dans la population carcérale générale. Des
19 détenus admis dans les locaux réserves au projet START,
10 ont franchi toutes les étapes . avec succès. Malgré le
taux de réussite (50 %), jugé exceptionnel vu le type
d'infracteurs en cause.(Scheckenbach, 1974;75), le programme
- 39 -
a été abandonné en raison de la difficulté de trouver des
détenus satisfaisant aux critères d'admission (Carlson,
1974).
Ce n'est pas nécessairement sur l'accroissement des
privilèges que doit se fonder ce genre d'interventions.
Keltner et Gordon (1976) ont démontré que les détenus
violents peuvent considérer comme une véritable récompense
le fait de bénéficier de nouveau d'une réduction statutaire
de peine qu'ils avaient perdue. Chaque période de 24 heures
au cours de laquelle aucune accusation n'est portée est
renforcée par le gain du tiers d'une journée de réduction de
peine perdue, sur une période de trente jours. Toute
infraction entraîne la perte de tous les gains accumulas au
cours de chaque période de 30 jours. Ces gains peuvent
cependant'être retrouvés. Cette pratique a entraîné une
baisse importante des incidents hostiles et des agressions.
b. Le système des paliers
Ce type de modèle avec échelle de privilèges convient
parfaitement aux détenus violents qui souffrent de troubles
mentaux ou du comportement graves. Trois instances (6 %)
utilisent ce système dans le cadre duquel tous les détenus
qui manifestent la même adaptation psychique ou dont
l'esprit fonctionne au même régime sont regroupés ensemble.
Le passage d'un palier à l'autre dépend de l'amélioration ou
de l'atténuation des symptômes psychotiques.
Dans l'État de Floride, on utilise deux systèmes à
palier: celui de la gestion individuelle, réservé aux
détenus perturbateurs, et celui de l'aile W de la prison
d'État, où sont regroupés les détenus atteints de maladies
mentales graves. Dans le premier cas, il s'agit d'un
programme de logement à long terme dans des cellules à
- 40 -
occupation simple de détenus qui ont d'abord passé un
certain temps en isolement disciplinaire. Il existe deux
niveaux de gestion individuelle, dont le second assure de
plus grands privilèges. Dans l'aile W, les détenus
atteints de psychose aiguë qui ont été condamnés au moins
une fois pour crime de violence sont répartis dans trois
paliers selon leur niveau de rétablissement. Bien que
l'instance n'ait pas fourni de détails, elle a signalé que
la majorité des détenus qui ont évolué au sein de l'aile W
ont fait des progrès considérables.
Le Special Offender Center, situé à Munroe
(Washington), est un établissement de correction indépendant
composé de quatre sous-sections. La section 1 assure des
soins psychiatriques à court terme aux détenus profondément
perturbés. Une fois enrayés les symptômes majeurs de
maladie mentale, l'intéressé peut passer dans les
sections 2 et 3 où l'on s'occupe surtout de préparer les
détenus à retourner dans la collectivité ou dans des milieux
moins restrictifs. La section 4 n'a aucun lien avec les
trois autres; elle est conçue essentiellement pour le détenu
non perturbé dont les antécédents comportent des infractions
sexuelles ou des voies de fait graves. Le SOC n'a pas
communiqué de rapport d'évaluation concernant son système
de paliers".
A la prison de Patuxent, dans le Maryland, il existe un
système de paliers qui a été beaucoup étudié de façon
empirique. Cet établissement offre deux programmes
distincts quoique parallèles, l'un réservé aux infracteurs
violents, l'autre aux malades mentaux. Divisée en quatre
niveaux de privilèges, Patuxent compte également quatre
"sections" dont chacune bénéficie des quatre niveaux. Tout
détend qui arrive à Patuxent est confié à l'une de ces
sections dont chacune est dirigée par une équipe de
- 41 -
psychiatres et de travailleurs sociaux. Le détenu demeure
en contact permanent avec la même section, et ce, peu
importe le niveau qu'il a atteint. la suite d'une étude
menée au début des années 70 (Hoffman, 1977), Patuxent a
modifié et enrichi son programme de traitement. Des études
ultérieures (Holden, 1978) ont montré une amélioration dans
la prestation des services. Les premières données sur le
récidivisme sont également encourageantes.
3. Les communautés thérapeutiques
Des installations distinctes ou des sections
fonctionnelles peuvent parfois être conçues pour satisfaire
aux critères de constitution d'une communauté thérapeutique
que l'on définit en général comme suit: milieu
semi-autonome qui permet le développement d'un système
social interne favorable à la communication entre les
détenus et le personnel. Divers éléments contribuent à sa
constitution (Toch, 1980b, Jones, 1980):
a. Réunions périodiques des membres, au cours desquelles
les décisions concernant le groupe sont prises par voie de
consensus;
b. Collaboration, sous forme de travail et de
responsabilité partagés (concerne souvent l'entretien des
actifs communs);
c. Insistance sur la solidarité et l'esprit de groupe; la
réciprocité et la divulgation sont encouragées dans une
atmosphère de libre expression;
d. Intervention du personnel inversement proportionnelle
au degré de responsabilité acquis par les clients détenus et
aux progrès réalisés;
e. Zone manifestement sûre, où l'autorité est exercée avec
une certaine souplesse.
- 42 -
Des établissements décrits par les instances enquêtées,
2 (4 %) remplissant les conditions des communautés
thérapeutiques: le FCI, situé à Butner, et le SCU, en
Nouvelle-Galles du Sud. Selon le rapport communiqué par ce
dernier (Bailey et Schwartz, 1982), la formule a entraîné
une diminution du comportement violent des détenus. À
Butner, elle a été évaluée de façon empirique (Love et
Ingram, 1982; Levinson et Dieppe, 1976; Ingram, 1978; Ingram
1980). Il semblerait que les détenus violents incarcérés à
Butner n'ont pas commis plus d'infractions qu'un groupe
témoin de la population carcérale générale. De plus, la
participation aux programmes volontaires est
considérablement plus importante dans l'échantillon de
Butner. Les enquêteurs attribuent le succès de cet
établissement modèle à la communication franche et crédible
qui s'est établie entre le personnel et les détenus (Ingram,
1978).
Les communautés thérapeutiques décrites dans la
littérature bénéficient des mêmes éloges. Cette méthode a
permis de réduire considérablement le comportement agressif
chez les adolescents violents (Tate, 1980). La Barlinnie
Prison, à Glasgow, en Écosse, a été considérée comme le
milieu thérapeutique modèle pour les détenus violents. (Le
programme avait été abandonné au moment où l'étude a été
entreprise.) Lorsque le personnel a travaillé avec les
8 détenus spécialement choisis, et ce, sans qu'il soit tenu
compte des rôles traditionnels, il n'y a plus eu d'incidents
violents (Whitehead, 1979). Tout porte à croire également
que les CT ont une influence favorable sur la façon dont les
détenus perçoivent l'environnement psychosocial et
l'hostilité dont ils font état (Beard, 1980). Cependant, on
doit veiller à bien choisir les individus à insérer dans une
communauté thérapeutique ou dans un autre environnement
- 43 -
spécial (Porporino et Marton 1983). Le candidat idéal pour
ce type de programme est celui qui sait verbaliser, réagit
aux influences sociales, et qui désire développer son
individualité (Briggs, 1980).
4. Affectation des détenus à des tâches diverses
Cette approche a pour objet de pénétrer dans la
subculture carcérale et de la modifier en fondant sur de
nouveaux critères le rang des divers détenus au sein de la
population carcérale. Les détenus auxquels une grande
considération est accordée tant.par le personnel que par
leurs pairs sont choisis et soigneusement préparés à exercer
un commandement et à utiliser des techniques afférentes.
Ils sont ensuite appelés à participer à la mise en oeuvre et
à l'application de divers traitements et activités au sein
de l'établissement. Idéalement, l'influence de ses pairs a
sur le détenu un effet d'entraînement positif qui favorise
l'engagement social et l'amélioration personnelle.
Deux (4 %) des 50 instances répondantes comptent des
.4, détenus parmi le personnel de leurs prisons. Le SOC, situé
à Munroe (Washington), n'offre cette possibilité qu'aux
anciens détenus qui ont atteint le dernier palier de
l'échelle des privilèges; ils collaborent à la mise en
oeuvre des programmes d'activité. On veille à ce qu'ils
n'exercentpas de pouvoir sur les autres détenus par le biais
de prises de décision ou l'accès à des renseignements
confidentiels. L'instance de Floride a retenu les services
d'un organisme externe, le GOLAB, dont l'approche est
légèrement différente. Après avoir fait l'objet d'un tri
rigoureux, les détenus aptes reçoivent la formation
pertinente dans le cadre - d'une série d'ateliers. On leur
confie la responsabilité presque totale des séances
d'activité qu'ils dirigent, souvent sans l'aide ou la
— 44 —
présence d'agents de correction (voir les détails à
l'annexe G). Ceux qui sont chargés du programme GOLAB
rappellent qu'en 6 ans d'opération, il n'a pas donné lieu au
moindre incident négatif, preuve de son'efficacité. Quoique
recommandée comme forme d'intervention par la littérature
traitant des services correctionnels, l'affectation de
détenus à divers emplois n'a pas fait l'objet d'une
évaluation empirique.
Prisonniers et gardiens ont tendance à constituer des
subcultures hostiles l'une à l'autre (Charles, 1980). Les
efforts en vue de régler les problèmes de communication qui
s'ensuivent prennent souvent la forme de modifications
apportées à l'organisation sociale de l'établissement. Il
arrivera même à l'occasion que l'on accroisse la
participation des détenus aux décisions qui les concernent
ou visent l'environnement. C'est le cas dans la formule du
contrat et celle des communautés thérapeutiques. Parfois,
c'est le caractère stimulant de la subculture carcérale qui
est visé et modifié; on adopte alors la formule de l'échelle
de privilèges ou celle de l'affectation de détenus à divers
postes. Dans un cas comme dans l'autre, le milieu social de
l'infracteur violent est considéré un*élément essentiel de
la gestion et de la maîtrise de l'agression et de
l'hostilité au sein de la prison. Pourtant le détenu ne
représente que la moitié de l'équation: le personnel est
également en cause. L'importance et la formation du
personnel de correction fait donc l'objet de la prochaine
partie de ce rapport.
- 45 -
IV. LE PERSONNEL DES ÉTABLISSEMENTS
La formation et la sélection du personnel constituent
l'un des moyens qu'ont utilfsés certaines instances pour
tenterd'améliorer les relations entre détenus et personnel,
et de réduire la violence dans les établissements.
L'infracteur violent constitue un problème particulier: il
faut un personnel spécial pour s'en occuper (Johnson, 1977,
1979, 1981; Toch, 1980a; Danto, 1979). Ressource négligée
dans le système correctionnel, le gardien présente un
intérêt particulier (Porporino et Marton, 1983; Ross et
Mckay, 1981). C'est lui qui a les contacts les plus
fréquents avec les détenus et qui, de ce fait, est le plus
susceptible d'exercer sur ceux-ci une action positive et
efficace (Toch, 1980a). Source essentielle de
renseignements sur le comportement des détenus et leur
constitution en réseaux, les gardiens devraient participer à
la planification des programmes et des politiques. De plus,
c'est le personnel de sécurité qui est le plus souvent
témoin ou objet des agressions; ses membres ont donc besoin
d'une formation spéciale qui leur permette d'intervenir en
cas d'urgence et d'évaluer le niveau d'hostilité qui règne
dans l'établissement (Toch, 1975).
Quatre (8 7.) des instances enquêtées ont mis au point à
l'intention de leur personnel des programmes de formation
spéciaux portant sur le traitement des détenus violents.
Dans l'une d'elles, les cours sont réservés au personnel
professionnel, soit les travailleurs sociaux et les
psychologues; ces cours visent à assurer l'uniformisation
des techniques thérapeutiques. Les trois autres instances
se sont attachées à faire du gardien un employé qui imprime
un caractère humain aux services. Une seule, le SCU, situe
en Nouvelle-.Galles du Sud, a recours à un processus de
présélection. Les personnes qui y postulent un emploi
- 46 -
doivent subir une batterie de tests psychologiques et se
soumettre à une longue entrevue. Les candidats choisis sont
affectés à l'unité à titre d'essai, et cette période d'essai
peut être renouvelée après un an. Une fois terminé le stage
au SCU, ces gardiens réintègrent le système carcéral
général. Ainsi, les connaissances acquises au cours de la
formation et les avantages tirés de celle-ci sont disséminés
dans l'ensemble du système correctionnel australien.
C'est la participation volontaire qui est la plus efficace
dans le cas des programmes de ce type: elle assure une plus
grande assiduité, un meilleur moral chez le personnel et une
application plus exacte des principes de formation (Johnson,
1979).
La formation donnée dans les diverses instances vise
trois aspects: la gestion des conflits, l'intervention en
cas d'urgence et la dynamique de groupe.
1. La gestion des conflits
Les cours sur la gestion des conflits permettent à
l'agent de prévoir et de prévenir les situations de conflit
ainsi que de réagir efficacement sans risque de les
aggraver. Ils peuvent être donnés en quatre étapes
(Porporino et Marton, 1983).
i) Cours sur les composantes typiques d'un conflit (par
exemple polarisation, escalade), les divers types et
fonctions de l'agression, et le rôle des influences
environnementales et sociales sur celle-ci. Lutter contre
la désinformation et les stéréotypes concernant l'infracteur
violent devrait constituer un objectif prioritaire de cette
étape.
- 47 -
ii) Cours sur la façon de repérer les conflits éventuels et
de les prévenir. Le personnel apprend à reconnaître les
signes d'un conflit naissant (par exemple, niveaux élevés
d'hostilité sur le plan social, changement dans les
activités des détenus, multiplication des incidents mineurs,
etc.). L'analyse des problèmes, des faits et des valeurs en
cause dans l'évolution d'une émeute en cours est nécessaire
pour déterminer les techniques d'intervention qui
conviennent.
iii) Apprentissage de techniques d'intervention
spécifiques. Les techniques d'interposition, de
négociation, de clarification des communications et
d'apaisement sont enseignées au moyen des méthodes
d'apprentissage social décrites précédemment.
iv) Apprentissage des méthodes à utiliser pour encourager,
renforcer et appuyer le comportement social souhaitable chez
les détenus. Cela peut prendre la forme de l'organisation
des contingences, ou peut-être de l'enseignement aux détenus
de compétences en matière de gestion des conflits.
Deux instances (4 %) offrent à leurs gardiens des cours
sur la gestion des conflits. Selon le rapport de Bailey et
Schwartz (1982) sur le SCU, situé en Nouvelle-Galles du Sud,
cette méthode permet à la fois de réduire la violence chez
les détenus et de créer un esprit de solidarité chez le
personnel. Selon d'autres évaluations empiriques de la
gestion des conflits, l'objectif pragmatique de ce cours
spécialement adapté a été bien accueilli par le personnel
des établissements (Rice, Helzel, Varney et Quinsey, 1984;
Johnson, 1981). Le cours a donné de bons résultats chez les
agents de police (Bard et Zacker, 1976) et le personnel
psychiatrique (Feld, 1977). On devrait envisager
sérieusement d'instaurer des cours de gestion de conflit
- 48 -
dans les établissements correctionnels, d'en coordonner la
prestation et d'en assurer la crédibilité (Porporino et •
Marton, 1983).
2. L'intervention en cas de crises
Les travaux de recherche ont permis de déterminer
qu'une crise personnelle précède souvent l'automutilation,
le suicide et les manifestations de violence contre les
autres (Toch, 1975). L'intervention en cas de crise a pour
objet de toucher le détenu profondément perturbe avant qu'il
ne manifeste un comportement clastique, et de lui enseigner
des moyens plus efficaces de faire face à ses problèmes
personnels (Lazarus et Laurnier, 1978). Il est d'importance
cruciale d'assurer le traitement sans délai. Les membres du
personnel en contact immédiat avec les détenus sont de toute
évidence les mieux placés pour aider ceux-ci en cas de crise
(Toch, 1980a). Dans les cours sur l'intervention en cas de
crise, le personnel correctionnel apprend à reconnaître les
symptômes d'un grand stress et d'un trouble mental ou du
comportement. Idéalement, une partie de ces cours porte
également sur les techniques de counseling; les membres du
personnel sont alors en mesure d'assurer l'aide d'urgence
aux détenus désespérés. Deux instances (4 %) offrent des
cours d'intervention en cas de crise. Une seule (le SCU)
enseigne systématiquement des techniques spécifiques de
counseling. La mise en place dans les prisons d'un système
de prestation de services à caractère humain et axé sur la
collaboration permet, croit-on, de réduire le stress à la
fois chez le personnel et les détenus, et élimine les
obstacles à l'interaction efficace entre les deux groupes
(Johnson et Price, 1981; Johnson et Toch, 1982). Katsampes
(1975) a démontré que les agents de correction peuvent,
grâce à ce type de formation, apprendre à adopter des
- 49 -
réactions autonomes et positives face aux prisionnierg
violents.
L'intervention en cas de crises et la prestation de
services dans le cadre d'un système à caractère humain
peuvent être facilitées par une autre modification visant le
personnel, soit la création d'équipes multidisciplinaires.
Il y a toujours eu mésentente entre les gardiens et les
thérapeutes qui forment des sous-groupes hostiles l'un à
l'autre au sein de l'ensemble du personnel (Johnson et
Price, 1981). Afin de neutraliser les effets nocifs de
cette polarisation, un programme de formation commun est mis
en oeuvre, qui encourage les responsables tant du traitement
que de la garde à se considérer comme des collègues qui
doivent collaborer à la réalisation d'objectifs communs. Le
personnel est d'abord renseigné sur "les liens fonctionnels
qui existent entre les tâches, l'écologie du milieu
carcéral, et l'orientation de l'organisation de
l'établissement" (Johnson et Price, 1981, p. 368). Puis se
tiennent régulièrement des réunions de consultation
auxquelles participent tous les membres du personnel; il en
résulte une amélioration de la coordination et de
l'uniformité au chapitre de la prestation des services à
caractère humain, ainsi que du moral et de l'esprit de
solidarité du personnel. La responsabilité du succès d'une
unité ou d'un programme est attribuée à tous les . membres du
personnel. Quatre (8 %) des 50 instances qui ont répondu à
notre lettre d'enquête encouragent le recours à la formule
de l'équipe pour gérer le détenu violent. L'une d'elles, le
SCU, située en Nouvelle-Galles du Sud, a fait un pas de plus
en instaurant un programme de thérapie de groupe
expressément conçu pour les membres du personnel.
Thérapeutes et agents de correction discutent de leurs
stress, qu'ils soient ou non reliés au travail, dans une
atmosphère de respect et de soutien mutuels. La formation
- 50 -
et la thérapie ont toutes deux été bien accueillies par le
personnel du SCU (Bailey et Schwartz, 1982).
3. La dynamique de groupe
Afin de maximiser l'efficacité de leurs agents de
correction en tant que responsable des programmes de
thérapie de groupe, 2 instances (4 70) donnent à ces
personnes la formation technique requise. Dans ce cadre, la
composition de sous-groupes, les hiérarchies sociales,
l'asymétrie de pouvoir, les modèles de communication de
groupe et tout phénomène semblable relié au groupe sont
étudiés, et les moyens pour résoudre efficacement les
problèmes qu'ils soulèvent sont discutés. Particulièrement
importante au cours des étapes qui préparent la création
d'une communauté thérapeutique, la formation en dynamique de
groupe a permis de venir about de "leaders perturbateurs"
qui menacent l'ordre social des collectivités (Crabtree,
1982).
Résumé
On utilise peu de méthodes spéciales de sélection et de
formation du personnel chez les 50 instances enquêtées.
Rares sont les établissements qui ont tenté de modifier
l'organisation sociale de la prison en changeant le rôle des
membres de leur personnel, et ce, malgré* l'importance que
lui accordent les chercheurs qui se penchent sur les
systèmes correctionnels. Ceux qui l'ont fait, cependant, se
sont efforcés d'embellir le rôle de l'agent de correction,
et de rendre celui-ci plus sensible aux besoins et aux
problèmes des détenus. Élargir le champ d'intervention des
gardiens 'aux chapitres de la gestion des conflits, de
l'intervention en cas de crise et de la dynamique de groupe
— 51 —
leur permet d'influer plus efficacement sur les détenus. La
formation qu'ils reçoivent leur donne plus de prestige au
sein du personnel et aide à réduire l'esprit de discorde qui
empêche ce dernier de conjuguer ses efforts en vue_d'assurer
la réadaptation des détenus.
- 52 -
V. L'ORGANISATION D'ACTIVITÉS
Bien que dans notre lettre aux instances nous ayons
demandé des renseignements sur les traitements
thérapeutiques appliques aux détenus violents, 12 % des
répondants ont inclu des descriptions de leurs programmes
d'activités. Reflet, sans doute, d'une impression commune,
à savoir que ces programmes neutralisent la violence chez
les détenus grâce à la diversion qu'ils créent. Le nombre
de ces descriptions nous a semblé justifier leur
présentation dans une partie distincte de ce rapport.
Les cours donnés aux prisonniers ont quatre objectifs
implicites: élargir leur conscience sociale, accroitre leur
possibilité de trouver des débouchés après leur mise en
liberté, remplacer leurs objectifs et leurs récompenses
antisociales par des valeurs prosociales, et leur offrir une
activité constructive pour occuper leur temps. Le défaut de
scolarisation est considéré comme un facteur clé de la
criminalité urbaine (Johnson, 1966). Quatre instances (8 %)
de l'échantillon ont signalé qu'elles offraient aux détenus
l'occasion de relever leur niveau de scolarité. Pour ces
programmes, de façon générale, elles invitent des moniteurs
de la collectivité à travailler avec les individus agressifs
sur une base semi-individuelle. Aucune n'a tenté à ce jour
d'envoyer les intéressés suivre des cours dans des collèges
ou des classes d'éducation permanente hors des murs de
l'établissement. L'alcoolisme et la toxicomanie sont
reconnus dans certains cas comme une des causes de l'acte de
violence (Blacker, 1970; Fitzpatrick, 1974; Ellinwood, 1971:
cités dans Austin et Lettieri, 1976). Deux instances (4 %)
offrent des cours sur la toxicomanie aux détenus intéressés.
La formation professionnelle et le travail dans les
ateliers industriels des établissements constituent pour les
détenus une activité structurée intéressante qui leur permet
- 53 -
d'acquérir l'expérience du travail et des compétences
monnayables. Des cours dans les domaines de l'agriculture,
des services d'alimentation, des services d'entretien, de la
mécanique automobile et du travail de bureau sont offerts
dans 5 instances (10 %). Deux instances offrent des
programmes de travail dans la collectivité. Il convient
sans doute de signaler que selon l'étude empirique menée à
Butner, en Caroline du Nord (Ingram, 1978), la principale
source de mécontentement chez les détenus est l'absence
d'atelier industriel dans les établissements.
Une seule instance (Maryland) a précisé que les
cérémonies religieuses et les services de counseling assurés
par un pasteur constituent un élément cl g de leurs efforts
en vue de guérir les infracteurs violents.
Trois instances (6 %) ont décrit leurs aménagements
récréatifs et leurs gymnases. Le principe sous-jacent est
le suivant: les activités physiques constituent une
"soupape" pour les détenus agressifs. Une seule instance
(Washington) a dit offrir des programmes de sports
intra-muros.
- 54 -
CONCLUSION
Le présent rapport a fait 'état de plusieurs mesures
de lutte contre la violence dans les prisons jugées
efficaces et applicables par d'autres instances et
spécialistes du domaine correctionnel. Ces mesures ne
représentent pas la totalité des solutions qui existent au
problème de la violence dans le milieu carcéral. Cependant,
elles illustrent la diversité des moyens dont disposent les
intéressés, pour faire face au problème. Aucune formule
unique ne peut s'avérer utile dans tous les cas. La très
grande complexité du problème exige une réponse complexe, à
facettes multiples. Afin d'élaborer une stratégie efficace,
on doit donc tenir compte de la multiplicité des facteurs
environnementaux et socio-psychologiques qui sous-tendent le
phénomène. La violence peut jouer un rôle utile d'un très
grand nombre de façons; seule une compréhension précise de
l'agression et du rôle qu'elle joue pour l'individu peut
permettre de la combattre.
Il ne convient pas de procéder à des catégorisations et
des attributions globales. Les mesures disciplinaires et
psychiatriques, quoique valables en elles-mêmes, nécessitent
l'application de programmes supplémentaires. L'organisation
des contingences et les modèles d'apprentissage social sont
des solutions de rechange prometteuses et des options
possibles. On doit veiller tout spécialement à appliquer
aux détenus perturbateurs la formule qui leur convient: un
traitement différentiel s'impose pour assurer un changement
optimal. Idéalement, une gamme de traitements sont offerts
dans un environnement qui les intègre dans le contexte d'une
structure sociale modifiée. Des modifications apportées à
l'écologie sociale de l'établissement (notamment sous forme
de préparation du personnel à l'intervention en cas de crise
- 55 -
et à la gestion des conflits) peuvent créer un milieu sûr,
non hostile et qui favorisera les gains réalisés grâce à la
thérapie. Elles peuvent exercer une légère pression sur les
normes subculturelles qui renforcent la violence et la
destruction. Ces contre-mesures globales sont en fait des
stratégies préventives qui ont pour objet de réduire les
risques de conflit et d'hostilité, sources de violence.
- 56 -
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Le 5 juillet 1983
ANNEXE A
LETTRE D'ENQUETE
Notre dossier: no 730236
La Division de la recherche du Solliciteur général du Canada a
entrepris l'examen des programmes de traitement destinés aux
détenus violents. Ces programmes ont toujours été axés en
premier lieu sur la sécurité (par ex., isolement préventif).
L'objet de notre étude est de recenser ceux qui semblent
prometteurs en ce qui concerne le traitement de certains types de
prisonniers violents (par ex., les programmes d'apprentissage de
la sociabilité ou de la maitrise de soi). Nous espérons mettre
plusieurs projets en oeuvre dans un proche avenir afin d'évaluer
l'efficacité de ces programmes en tant que solutions de rechange
aux mesures de sécurité traditionnelles.
La présente a donc pour objet de vous demander de nous faire
tenir copie des rapports (publiés ou non) que vous avez rédigés
sur la question des programmes de traitement oui, dans votre
instance, sont destinés aux détenus violents. Nous vous serions
également reconnaissants de nous renseigner stir tout programme de
traitement prometteur appliqué dans une autre instance dont vous
auriez connaissance.
- 72 -
Votre aide à cet égard sera vivement appréciée.
Je vous prie d'agréer, M... l'expression de mes sentiments
distingués.
Frank Porporino
Chercheur principal
Direction des programmes, lle étage
340 ouest, avenue Laurier
Ottawa (Ontario)
Canada, KlA OP8
- 73 -
ANNEXE B
INSTANCES QUI ONT REÇU LA LETTRE ET INSTANCES QUI ONT RPONDU
R - a répondu
NR - n'a pas
répondu
INTANCES INTERNATIONALES
NR 1. Institut Für Strafrecht und Kriminologie, Vienne,
Autriche
2. Correctional Services Department, Adelaïde,
Australie-Méridionale
3. Australian Institute of Criminology, Canberra,
Australie.
4. Correctional Services Division, Darwin, Territoire du
Nord, Australie
NR 5. Special Care Unit, Nouvelle-Galles du Sud, Australie
6. Correctional Services Division, Melbourne, Australie
7. Department of Correctional Services, Melbourne,
Australie
8. Department of Corrections, Perth, Australie-Occidentale
9. Départment of Corrective Services, Sydney, Australie
NR 10. Centre national de criminologie, Bruxelles, Belgique
- 74 -
NR 11. Institut de recherche en criminologie, Prague,
Tchécoslovaquie
NR 12. Ministère de la Justice, Copenhague, Danemark
NR 13. Research & Planning Unit, Home Office, Londres,
Angleterre
NR 14. Centre national de recherche sociale, Gezira, fgYPte
NR 15. Ministère de la Justice, Helsinki, Finlande
NR 16. Institut de recherche sur la politique en matière
légale, Helsinki, Finlande
NR 17. Institut de sciences criminelles de Montpellier,
Montpellier Céedex, France
18. Service d'études de recherches pénitentiaires, Paris,
France
R. 19. Centre de formation permanente, Section de sciences
criminelles, Strasbourg, France
20. Institut de droit pénal international et comparé,
Fribourg, Allemagne
NR 21. Institut Für Ki.iminologie Der Universitat Heidelberg,
Heidelberg, Allemagne
NR 22. Institut Für Kriminologie Der Universitat rübingen,
Tübingen, Allemagne
- 75 -
NR 23. Département de criminologie, Université de Westphalie,
Münster, Allemagne
NR 24. Institut des sciences criminelles, Salonique, Grèce
NR 25. Department of Corrections, Agana, Guam
26. Hong Kong Prison Department, Hong-Kong
27. Institut de criminologie et de criminalistique,
gouvernement de l'Inde, New Delhi, Inde
NR 28. Centre national de recherche en sociologie et en
criminologie, Baghdad, Irak
NR 29. Institut de criminologie, Jerusalem, Israël
NR 30. Centre international de criminologie clinique, Gênes,
Italie
NR 31. Centro Studi Sui Compartamenti Devianti, Bologne,
Italie
NR 32. Institut de formation du personnel correctionnel, Tokyo,
Japon
33. Ministère de la Justice, Tokyo, Japon
NR 34. Centro Penitenciarro Del Estado De Mexico, Mexique
NR 35. Institut de criminologie, Pays-Bas
36. Ministerie Van Justitie, Gravenhage, Pays-Bas
- 76 -
NR 37. Direction de la recherche et de la documentation du
ministère de la Justice, La Haye, Pays-Bas
38. M. W. Buikhuisen, Université de Leiden, Pays-Bas.
39. Centre de la recherche et de la documentation du
ministère de la Justice, Rijswijk, Pays-Bas
40. Department of Justice, Wellington, Nouvelle-Zélande
NR 41. Institut de criminologie et de droit pénal, Oslo,
Norvège
NR 42. Bureau of Prisons, Rizal, Phillippines
43. Institut des affaires criminelles, Varsovie, Pologne
NR 44. Administration of Correction, San Juan, Puerto Rico
R 45. Criminological Research Branch, New Edinburgh, Ecosse
NR 46. Instituto de Criminologie, Madrid, Espagne
NR 47. Escuela de Estudios Penitenciarios, Madrid, Espagne
NR 48. Administration nationale des prisons et des centres de
probation, Norrköping, Suède
NR 49. L'Institut suédois, Stockholm, Suède
NR 50. Groupement de travail pour la réforme, Saint-Gall,
Suisse
NR 51. Centre de recherche sur les affaires criminelles,
Taipei, Taiwan
- 77 -
NR 52. Division de la recherche et de la planification du
ministère des Services correctionnels, Bangkok,
Thaïlande
NR 53. Institute of Criminology, Cambridge, Royaume-Uni.
NR 54. Centre national d'études et de recherches
pénitentiaires, Paris, France
Résumé
Vingt (37 %) des 54 destinataires ont répondu.
- 78 -
ANNEXE B
INSTANCES QUI ONT REÇU LA LETTRE ET INSTANCES QUI ONT ePONDU
R - a répondu
NR - n'a pas répondu
TATS -UNIS
R 1. State Department of Corrections, Montgomery, Alabama
NR 2. Division of Adult Corrections, Juneau, Alaska
NR 3. Planning, Research & Program Services, Department of
Corrections, Phoenix, Arizona
NR 4. Department of Correction, Pine Bluff, Arkansas
R 5. Department of Corrections, Sacramento, Californie
R 6. Université Stanford (professeur G. Bower), Stanford,
Californie
NR 7. Bibliothèque de l'Université Stanford, Stanford,
Californie
R 8. U.S. Department of Justice, National Institute of
Corrections, Boulder, Colorado
NR 9. Department of Corrections, Colorado Springs, Colorado
NR 10. Department of Corrections, Hartford, Connecticut
- 79 -
11. Department of Correction, Smyrna, Delaware
NR 12. Department of Corrections, district de Columbia
13. Department of Corrections, Tallahassee, Floride
14. Florida State Prison, Starke, Floride
15. Department of Offender Rehabilitation, Atlanta, Georgie
NR 16. Department of Social Services, Corrections Division,
Honolulu, Hawaii
NR 17. Department of Corrections, Boise, Idaho
NR 18. Center for Studies in Criminal Justice, Chicago,
Illinois
19. Professeur M. Cherif Bassiouni, Université DePaul,
Chicago, Illinois
NR 20. Department of Corrections, Springfield, Illinois
NR 21. Department of Correction, Indianapolis, Indiana
NR 22. Division of Adult Corrections, DesMoines, Iowa
23. Department of Corrections, Topeka, Kansas
24. Kansas State Reception & Diagnostic Center, Topeka,
Kansas
25. Corrections Cabinet, Frankfort, Kentucky
- 80 -
26. Adult Corrections, Baton Rouge, Louisiane
NR 27. Correctional Programs, Department of Corrections,
Augusta, Maine
28. Department of Public Safety & Correctional Services,
Towson, Maryland
29. National Criminal Justice Reference Service, Rockville,
Maryland
NR 30. National Institute of Mental Health, Rockville,
Maryland
NR 31. Programs & Treatment, Department of Correction, Boston,
Massachusets
NR 32. Department of Corrections, Treatment, Institutions,
Lansing, Michigan
NR 33. Department of Corrections, St. Paul, Minnesota
NR 34. Department of Corrections, Jackson, Mississippi
NR 35. Department of Corrections, Planning & Research,
Jefferson City, Missouri
36. Corrections Division, Classification & Treatment,
Helena, Montana -
R 37. Department of Correctional Services, Lincoln, Nebraska
NR 38. Department of Prisons, Carson City, Nevada
- 81 -
NR 39. New Hampshire State Prison, Concord, New Hampshire
40. Adult Institutions, Department of Corrections, Trenton,
New Jersey
41. Corrections Department, Sante Fe, Nouveau-Mexique
NR 42. Forensic Unit, New Mexico State Hospital, Las Vegas,
Nouveau-Mexique
43. Department of Correct«ional Services, Program/Health
Services, Albany, New York
NR 44. Great Meadow Correctional Facility, Comstock, New York
45. Wallkill Correctional Facility, Wallkill, New York
NR 46. John Jay College of Criminal Justice, New York,
New York
NR 47. Federal Correctional Institution, Butner,
Caroline du Nord
48. Department of Correction, Programs & Development,
Raleigh, Caroline du Nord
NR 49. Directeur des Institutions, Bismarck.. , Dakota du Nord
NR 50. Centre for the Study of Crime & Delinquency, Université
de linat de l'Ohio, Columbus, Ohio
NR 51. Department of Rehabilitation & Correction, Columbus,
Ohio
52. Department of Corrections, Division of Programs &
- Services, Oklahoma, Oklahoma
- 82 -
53. Corrections Division, Salem, Oregon
NR 54. Oregon State Hospital, Correctional Treatment Programs,
Salem, Oregon
NR 55. State Correctional Institution (Rockview), Bellefonte,
Pennsylvanie
56. Dr. J.F. Mazurkiewicz, State Correctional Institution,
Bellefonte, Pennsylvanie
NR 57. Center for Studies in Criminology & Criminal Law,
Philadelphie, Pennsylvanie
58. Bureau of Correction, Programs, Camp Hill, Pennsylvanie
59. Department of Correction, Cranston, Rhode Island
NR 60. Department of Corrections, Program Services, Columbia,
Caroline du Sud
61. Board of Charities & Corrections, Pierre,
Dakota du Sud
NR 62. Department of Correction, Rehabilitative Services,
Nashville, Tennessee
NR 63.. Institute of Contemporary Corrections & Behavioral
Sciences, Huntsville, Texas
64. Department of Corrections, Treatment, Huntsville, Texax
NR 65. Department of Corrections, Program Services, Waterbury,
Vermont
- 83 -
R 66. Department of Corrections, Richmond, Virginie
NR 67. Association of State Correctional Administrators,
Richmond, Virginie
R 68. Bureau of Corrections, Sainte-Croix, îles Vierges
R 69. Washington State Reformatory, Munro, Washington, D.C.
- R 70. Special Offender Centre, Munro, Washington, D.C.
NR 71. Justice Department, Research & Statistics, Washington,
D.C.
R 72. Division of Juvenile Rehabilitation, Olympia,
Washington
NR 73. National Institute of Corrections, Washington, D.C.
R 74. Department of Justice, Bureau of Prisons, Washington,
D.C.
R 75. Department of Corrections, Program Development, Olympia,
Washington
NR 76. Departmen .t of Corrections, Charleston,
Virgine Occidentale
NR 77. Division of Corrections, Madison, Wisconsin
R 78. Adult & Juvenile Institutions, Cheyenne, Wyoming
Résumé
Trente-sept (47 %) des 78 destinataires ont répondu.
- 84 -
ANNEXE B
INSTANCES OUI ONT REÇU LA LETTRE ET INSTANCES QUI ONT
RÉPONDU
R - a répondu
NR - n'a pas répondu
CANADA
NR 1. Ministère du Solliciteur général, Edmonton (Alberta)
NR 2. Ministère du Procureur général, Victoria
(Colombie-Britannique)
NR 3. Ministère du Procureur général, Winnipeg (Manitoba)
NR 4. Ministère de la Justice, Fredericton (Nouveau-Brunswick)
5. Division des services correctionnels pour adultes,
Saint-Jean (Terre-Neuve)
NR 6. Services correctionnels pour adultes et adolescents,
Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest)
7. Services correctionnels pour adultes, Halifax
(Nouvelle-Écosse) ,11■ ••
NR 8. Direction de la planification et de la recherche,
ministère des Services correctionnels, Toronto
(Ontario)
9. Services correctionnels pour adultes, Charlottetown
(Ile-du-Prince-Édouard)
- 85 -
10. Services correctionnels pour adultes, Regina
{Saskatchewan)
NR 11. Services correctionnels pour adultes, Whitehorse
(Yukon)
NR 12. International Center for Comparative Criminology,
Montréal (Québec)
NR 13. Services pour délinquants adultes, Sainte-Foy (Québec)
Résumé
Quatre (30 %) des 13 destinataires ont répondu.
L.
- 86 -
ANNEXE C
INSTANCES AYANT FAIT n'AT DE MESURES UTILISnS POUR LUTTER CONTRE LA VIOLENCE DANS LES PRISONS
I. Mesures traditionnelles
A. Isolement préventif et isolement disciplinaire
Alabama Nouveau-Mexique
Allemagne de l'Ouest Nouvelle-nosse
Australie-Occidentale Nouvelle-Galles du Sud,
Australie
Californie Oregon
Dakota du Sud Pays-Bas
Delaware Pennsylvanie
Floride Pologne
France Rhode Island
• Georgie Saskatchewan
Hong-Kong Suède
Ile-du-Prince-nlouard Terre-Neuve
Iles Vierges Territoire du nord,
Australie
Illinois Texas
Inde Washington
Japon Wyoming
Kansas
Kentucky
Louisiane
Maryland
New Jersey
Total: 37
- 87 -
B. Traitement psychiatrique
Caroline du Nord
Delaware
Floride
Georgie
Kansas
New Jersey
Nouveau-Mexi.que
Nouvelles-Galles du Sud
Suède
Washington
- 88 -
II. Mesures propres à favoriser des changements chez
l'infracteur violent
A. Organisation des contingences
2. Retraite
Australie-Occidentale
B. Modèles d'apprentissage social -
1. Apprentissage des habiletés sociales
Floride
Nouvelle-Zélande
Oklahoma
Washington
2. Apprentissage de la relaxation
Californie
Montana
Nouvelle-Zélande.
Oklahoma
Washington
3. Psychothérapie rationnelle émotive (Thérapie
rationnelle du comportement)
Oklahoma
Washington
- 89 -
4. Cours d'affirmation de soi
Montana
Nouvelle-Zélande
Pennsylvanie
Washington
5. Gestion de la colère
Australie-Occidentale
Australie-Méridionale
Californie
Nouvelle-Zélande
Oklahoma
Pennsylvanie
Virginie
Washington
C. Services de counseling
Australie-Occidentale Maryland
Caroline du Nord Nouveau-Mexique
Delaware Nouvelle-Zélande
Floride Pennsylvanie
Georgie Washington
i) Psychanalyse
Nouvelle-Zélande
ii) Examen des antécédents criminels
Washington
iii) Approche par le réel
Nouvelle-Galles du Sud •
- 90 -
D. Thérapies de groupe
• Australie-Méridionale Montana
Australie-Occidentale Nouveau-Mexique
Floride Nouvelle-Galles du Sud
Kansas Nouvelle-Zélande
Maryland Washington
I) Clarification des valeurs
Washington
ii) Formules axées sur la participation de groupes
importants
Caroline du Nord
Nouvelle-Galles du Sud
iii) Thérapie familiale
Maryland
iv) Orthophonie
Maryland
- 91 -
III. Modification de l'environnement social
Groupes fonctionnels distincts
Dakota du Sud
Floride
Georgie
Kansas
Nouvelle-Galles du Sud
Installations distinctes
Australie-Méridionale
Caroline du Nord
Maryland
Nouvelle-Galles du Sud
Royaume-Uni
Washington
1. La formule du contrat
Caroline du Nord
Nouvelle-Galles du Sud
Washington
2. chelles de privilèges
i) Divers niveaux dans tout l'établissement
Caroline du Nord
Washington
- 92 -
ii) Système de paliers
Floride
Maryland
Washington
3. Communautés thérapeutiques
Caroline du Nord
Nouvelle-Galles du Sud'
Royaume-Uni
Affectation de détenus à des tâches diverses
Floride
Washington
- 93 -
IV. .t.ablissement - Dotation en personnel
Sélection du personnel
Nouvelle-Galles du Sud
Formation du personnel
Australie-Méridionale
-Dakota du Sud
Nouvelle-Galles du Sud
Oklahoma (personnel professionnel seulement)
1. Gestion des conflits
Australie-Méridionale
Nouvelle-Galles du Sud
2. Intervention en cas de crise
Dakota du Sud
Nouvelle-Galles du Sud
0 Formule de l'équipe multidisciplinaire
Floride
Maryland
Nouvelle-Galles du Sud
Washington
3. Dynamique de groupe
Caroline du Sud
Nouvelle-Galles du Sud
- 94 -
V. Formule de l'organisation d'activités
1. Formation générale
Caroline du Nord
Maryland
Rhode Island
Washington
0 Cours sur la toxicomanie
Caroline du Nord
Oklahoma
2. Formation professionnelle
Caroline du Nord
Maryland
Nouvelle-Galles du Sud
Rhode Island
Washington
3 0 Counseling en matière religieuse
Maryland
4. Programmes récréatifs
Maryland
Rhode Island
Washington
af.
- 95 -
ANNEXE D Thérapie rationnelle du comportement (TRC) -
Programme de l'État de l'Oklahoma
RAPPORT PRELIMINAIRE
L'APPRENTISSAGE DU COMPORTEMENT RATIONNEL - PROJET-PILOTE
I. INTRODUCTION
Le projet, officiellement lancé au mois de
novembre 1982, a pris fin en avril 1983. Au cours de cette
période de cinq mois, des groupes de cinq établissements ont
été dirigés par les personnes suivantes: Brent Crouse
(Crabtree), Ben Cumbus (Pénitencier de l'État de
l'Oklahoma), Jan Fesler (Lexington Assessment and Receiving
Center), Mike Guttman (Joseph Harp), Jan Henderikson
(Conner). Chaque moniteur a reçu une formation minimale de
deux semaines en TRC. La première semaine, on lui a donné
l'information pertinente, lui expliquant, entre autres, le
modèle TRC, les notions fondamentales, les cinq règles de la
pensée rationnelle, la formule de l'auto-analyse
rationnelle, les attitudes et les croSeances et l'imagerie
rationnelle émotive, le tout dans le contexte de problèmes
précis, par exemple, la gestion du stress. Les deuxième et
troisième semaines comportaient davantage d'expériences
d'apprentissage empirique. Les moniteurs ont appris à
utiliser la TRC en groupe, et la dynamique de ces groupes.
Des enregistrements sonores et vidéos du Dr Maxie Maultsby
leur ont ensuite été présentés. M. Mike Ruhnow était le
principal moniteur tout au long de la période de trois
semaines.
- 96 -
MÊTHODE
Des critères d'exclusion ont été fixés à l'égard du
projet. Le Dr Maultsby et d'autres spécialistes avaient
laissé entendre que la thérapie rationnelle du comportement
n'agissait que faiblement sur les individus présentant
certains types de problèmes. Les personnes manifestant
certaines déficiences ont donc été exclues du programme.
Les critères suivants ont été adoptés: quotient
intellectuel de 70, personne non psychosée et ne présentant
pas de problème neurologique Majeur.
- 97 -
ANNEXE D
Rapport préliminaire
L'apprentissage du comportement rationnel - Projet -pilote
Le programme ARC a pu être offert sur une période de
10 à 13 semaines au rythme d'une séance par semaine, en
général. Le manuel des moniteurs prévoyait un module par
grand domaine. Le programme a été conçu de façon à ce que
les participants puissent s'exercer à maîtriser des RSA et
des REI. D'autres moments ont été prévus pour permettre aux
intéressés d'assimiler la nouvelle façon de résoudre les
problèmes, apprise dans le cadre du programme ARC. Par
ailleurs, des rencontres individuelles avec le moniteur
avaient été prévues et ont eu lieu au moins dans quelques
groupes. Ainsi, tout participant qui avait du mal à saisir
les notions enseignées pouvait bénéficier de rencontres plus
longues ou plus nombreuses avec le moniteur.
Le bien-fondé des critères n'a pu être uniformément
établi pour tout le projet. Cependant, la plupart des
moniteurs considéraient la maîtrise des RSA comme une preuve
suffisante de succès. Le nombre de RSA maîtrisés variait
d'un établissement à l'autre.
Deux groupes avaient été prévus dans chaque
établissement, soit un groupe de traitement et un groupe
témoin. Ces groupes, de tailles diverses, comptaient au
moins entre 14 et 16 participants.
Cependant, en raison du taux d'abandon, à la fin de
l'expérience le nombre total des participants n'était plus
que de 41, soit 27 dans le groupe de traitement et 14 dans
- 98 -
le groupe témoin. Bien que le programme réservé aux groupes
de traitement ait été spécifié, la structure des groupes
témoins ne l'était pas. Ces derniers devaient être
soustraits à l'ARC et, de préférence, à tout autre
traitement, à moins que celui-ci n'ait été jugé urgent et
nécessaire sur le plan clinique.
Le hasard devait décider de la répartition entre les
groupes de traitement et témoin. La participation était
facultative. Les membres des deux groupes ont été soumis à
plusieurs tests initiaux et post-tests, dont les suivants:
l'Inventaire de dépression de Beck et l'Inventaire de
dépression de Keller. Plusieurs ont également subi le test
IPTIS-A.
- 99 -
ANNEXE D
Rapport préliminaire
L'apprentissage du comportement rationnel - Projet-pilote
L'hypothèse nulle (Ho) était la suivante: les résultats des
tests initiaux et des post-tests ne feraient état d'aucune
différence significative entre les groupes témoin et de
traitement. Comme les données obtenues étaient sous forme de
nombres ordinaux, il a été décidé d'avoir recours à une technique
non paramétrique. On a opté pour la Mann-Whitney U. On a
procédé également à d'autres calculs, y compris celui de
l'écart-type et de l'écart moyen.
Les données suivantes ont été obtenues:
Différence entre la mesure préliminaire et la mesure
terminale dans le test de Beck - Moyennes des groupes
Groupe de traitement X = -9,51
Groupe témoin X = -6,28
Z = ,65*
P = ,26
* (Accepter Ho: alpha = ,05)
- 100 -
Différence entre la mesure préliminaire et la mesure terminale
dans le test de Kelner - Moyenne des groupes
AS + R SS + SW DS + C HS + F
Groupe de
traitement X=-3,95 X=-2,29 X=-4,00 X=-2,38
Groupe témoin X=-3,39 X=-1,07 X=-2,71 X=-2,35 .
Z=,86* Z=,47*
P=,10 P.- , 32 -
Z=,20* Z=,91*
P=,42 P=,18
*(Accepter Ho: alpha = ,05)
- 101 -
ANNEXE D
Rapport préliminaire
L'apprentissage du comportement rationnel - Projet -pilote
DISCUSSION
Il est difficile d'interpréter avec précision les résultats
du projet car aucun résultat significatif sur le plan statistique
n'a été obtenu et, en outre, plusieurs limites avaient été
imposées à l'étude. On pense cependant qu'en attribuant une
valeur fixe à certaines variables on pourrait obtenir un résultat
significatif.. Voici trois des variables qu'il y aurait lieu
d'examiner: 1) le fonctionnement intellectuel des clients,
2) leurs attentes et 3) la nature et le degré de leur
psychopathologie.
Le fonctionnement intellectuel
Quoiqu'un quotient intellectuel minimal de 70 ait constitué
le critère d'inclusion dans le programme, une tendance se
dessine: un quotient intellectuel supérieur permet de mieux
bénéficier du programme. Il semble donc que la relation serait
unilinéaire si toutes les autres variables (par exemple les
attentes et le degré de pathologie) étaient constantes,
c'est-à-dire qu'il y a une corrélation entre les avantages que
retire l'intéressé et son quotient intellectuel.
Les attentes des clients
Cette variable inclut ce que l'intéressé attendait du
programme et ce qu'il croyait en tirer. Souhaitait-il acquérir
- 102 -
un nouveau comportement verbal ou non verbal? On peut citer
comme exemple du premier cas les personnes qui ont maîtrisé les
divers aspects du RSA, par exemple ceux exposés dans les sections
A, B, C, D, etc., et qui en conséquence pourraient construire de
bons RSA. On peut citer comme exemple du deuxième cas les
personnes qui comprennent les notions que représente le RAS, par
exemple la compréhension de leur propre discours intérieur,
l'idée de ce qui suscite des émotions et l'esprit créateur
permettant de trouver des solutions de rechanoe au comportement
auto-destructeur. Une fois terminé le programme d'ACR,
l'intéressé pourrait-il tout au plus répéter ce qu'on lui a
enseigné ou pourrait-il comprendre les notions sous-jacentes,
généraliser en partant de celles-ci et les appliquer à son type
spécifique de pathologie? Ceux qui comprennent les notions et
les appliquent à leurs propres problèmes bénéficient davantage de
l'ACR.
Si le client souhaite simplement apprendre le langage de
l'ACR (terminologie, RSA, REI), il ne réussira que faiblement à
réduire sa pathologie. S'il souhaite apprendre les notions
sous-jacentes, il tirera probablement plus d'avantages de la
thérapie.
Psychopathologie
Il s'agit ici de déterminer les types de problèmes qui sont
le mieux traités au moyen de l'ACR. On suppose que les personnes
souffrant d'anxiété ou de dépression chronique ou réactive, ou
des deux, réagissent mieux à l'ACR que les personnes souffrant de
troubles de la personnalité ou de schizophrénie. Toutefois,
selon certains indices, les individus ayant une personnalité
histrionique peuvent apprendre à mieux réagir en cas de crise si
ils ont maîtrisé l'ACR.
- 103 -
En bref, il semblerait que le meilleur candidat est celui
qui a une intelligence moyenne ou supérieure, qui est atteint
d'un syndrome de détresse (anxiété, dépression, etc.) et qui
souhaite apprendre les notions sous-jacentes afin de les utiliser
pour régler ses propres problèmes.
- 104 -
ANNEXE D
Quelques suggestions concernant les prochains projets
d'ARC:
1. Accroître le facteur N pour chaque projet de recherche.
2. Chaque groupe devra être composé de cinq à quinze
participants.
3. Les participants volontaires doivent avoir un quotient
intellectuel minimal de 85.
4. Amélioration des mesures concernant les tests initiaux et
les post-tests: MMPI, Rorschach, rapports rédigés par les
établissements, outre les mesures comme le test Beck ou
l'IBT.
5. Amélioration de la surveillance des groupes témoins.
6. Amélioration du contrôle des variables influant sur
l'interprétation des résultats, par exemple, données
démographiques, durée de la peine, niveau d'intelligence,
type de psychopathologie.
7. Interprétation des taux d'abandon et amélioration du
contrôle de ceux-ci.
8. Contrôle de l'uniformité dans la prestation du programme.
9. Suivi à long terme des participants.
10. Rencontre préparatoire de chaque participant afin de
clarifier le programme d'ACR.
- 105 -
11. La liste des critères permettant de déterminer que le
programme a été suivi avec succès doit comprendre:
a. la maîtrise des RSA;
b. l'application des RSA aux problèmes propres aux
participants;
c. l'application des REI aux problèmes propres aux
participants;
d. chaque fois que la chose est possible, l'application
in vivo des éléments b. et c.
Enfin, il convient de féliciter tout spécialement les
moniteurs dont le nom figure au début du présent rapport. Ils
ont fait preuve d'un grand professionnalisme et n'ont pas ménagé
leurs efforts pour mener à bien ce programme. Nous les
remercions vivement de leur participation.
Mark Englander, Ph. D.
- 106 -
ANNEXE E
Programme de gestion de la colère - Etat de la Pennsylvanie
RESUM
L'apprentissage de l'inoculation de stress s'est révélé
efficace dans le traitement des personnes ayant des problèmes de
gestion de la colère (Novaco, 1977a; Schlichter & Horan, 1981).
Telle qu'elle a été conçue par Meichenbaum et ses associés
(Meichenbaum & Tu.rk, 1976), cette intervention comprend trois
étapes ou composantes, soit des cours, l'apprentissage des
capacités d'adaptation et l'exposition à un facteur de stress.
La présente étude porte sur l'efficacité de ces composantes dans
le cadre d'un traitement global ayant pour objet la gestion de la
colère. Cinq groupes de traitement ont été examinés aux fins de
cette analyse: 1) un groupe témoin ne faisant pas l'objet de
traitement (NT); 2) un groupe qui ne suit que le cours (Ed);
3) un groupe qui suit le cours et fait l'apprentissage des
capacités d'adaptation (CS); 4) un groupe qui suit le cours et
est soumis à un facteur de stress (Ex); 5) un groupe qui suit le
cours, fait l'apprentissage des capacités d'adaptation et est
soumis à un facteur de stress, c'est-à-dire, l'inoculation de
stress (SI). Ces traitements ont été répartis selon la formule
élémentaire 2 x 2 + 1, selon la présence ou l'absence des
éléments capacités d'adaptation et exposition, plus NT, la
cellule définie par l'absence de ces facteurs n'étant visée que
par le cours. Tous les modes de traitement actif offraient le
même niveau de crédibilité et le même espoir aux participants sur
le plan du changement thérapeutique.
Cinquante infracteurs adultes de sexe masculin détenus dans
un établissement à sécurité moyenne et dont le dossier de
conduite indiquait une lacune au niveau de la maîtrise de la
- 107 -
colère se sont portés volontaires pour cette étude. Tous ont été
soumis à un test préliminaire, classés selon leur race, puis
affectés au hasard à l'un des cinq groupes expérimentaux. Dans
le cas des quatre groupes faisant l'objet d'un traitement actif,
les participants ont ensuite été confiés, au hasard, à l'un des
deux thérapeutes formés. Le traitement s'est échelonné sur une
période de cinq semaines, le nombre de séances individuelles de
thérapie (2 à 10) étant déterminé par les besoins des
traitements, seuls et combinés. Une fois le traitement terminé,
les participants ont subi un autre test, et une évaluation de
suivi a eu lieu trois mois plus tard. Quatre participants ont
abandonné au cours, de la période de traitement, deux au moment-du
suivi.
L'analyse des post-tests administrés à la partie 2 x 2 de
l'expérience, qui comprenait le groupe de contrôle (Ed), a révélé
des effets majeurs considérables qui favorisent la composante des
capacités d'adaptation au niveau tant du questionnaire sur la
colère auquel les intéressés devaient répondre eux-mêmes que de
la notation du comportement à l'occasion de jeux de rôle, dans
les simulations provocantes (dont un sous-test de
généralisation). Au moment du suivi, où seul l'auto-rapport a
été exigé, on n'a plus noté de différence significative. Au
moment du post-test ou du suivi, on n'a pas non plus noté de
différence quant au nombre de rapports de mauvaise conduite reçus
au cours de ces périodes. Aucun post-test ou mesure de suivi n'a
permis d'observer d'effet important en ce qui7concerne le groupe
Ex ou sur le plan de l'interaction. Les comparaisons
supplémentaires entre le groupe de contrôle Ed et le groupe NT
n'ont révélé aucune différence selon les diverses formules de
mesure utilisées.
Les comparaisons après le fait du groupe Ex ont été
utilisées pour déterminer si les conditions de traitement actif
qui ne se sont pas avérées supérieures au groupe de contrôle (Ed)
- 108 -
seraient supérieures d'une façon quelconque au groupe NT. Les
résultats du post-test ont révélé que le groupe Ex, sans être
supérieur au groupe Ed, était supérieur au groupe NT dans le
cadre du jeu de rôle (à l'exclusion des scènes de généralisation)
mais non pas dans le répertoire de la colère. Quoique aucune des
situations de traitement actif ne se soit avérée supérieure au
groupe Ed dans le questionnaire de suivi sur la colère, les trois
cas de traitement actif (soit les groupes Cx, Ex et SI) ont donné
lieu à moins d'aveux personnels de crises de colère que les
membres du groupe NT. Des comparaisons semblables des données
relatives à la mauvaise conduite ont révélé qu'au moment du
post-test, il y a eu dans les deux situations où entrait en ligne
de compte l'aptitude à se maîtriser (soit les groupes CS et SI)
moins d'actes d'inconduite agressifs que dans le groupe NT;
toutefois, au moment du suivi, on n'a pas observé de différences
significatives entre l'un des groupes ayant subi un traitement
actif et le groupe NT.
Cette étude a démontré l'efficacité de la maîtrise de soi
dans l'inoculation de stress appliquée aux infracteurs
agressifs. L'élément exposition n'a pas ajouté à l'efficacité du
SI, peut-être parce que le caractère provocateur de la vie
quotidienne en prison peut avoir soumis les participants à une
forme officieuse d'exposition. L'élément formation a eu une
valeur logique, sinon empirique, pour le SI, car son contenu a
fourni la base cognitive des éléments maîtrise de soi et
exposition.
- 109 -
ANNEXE F
La gestion de la colère - Programme du SOC de Washington
Des classes de 12 à 14 personnes se réunissent deux heures chaque
semaine pendant une période de huit (8) semaines. .Tous les
détenus sont soumis au préalable à une entrevue qui permet de
déterminer leurs problèmes spécifiques et leur aptitude à
s'intégrer à un groupe. Jusqu'à ce jour, le programme a été"
offert à l'ensemble de la population carcérale et nul ne s'en est
vu refuser l'accès. La plupart des détenus participent à ce
programme sur la recommandation de leurs pairs. Les autres sont
dirigés vers lui par des gardiens, du personnel médical et des
conseillers. La majorité de ceux qui s'y engagent sont assidus
jusqu'à la fin. Voici une description du programme:
Au cours de l'entrevue d'admission a lieu une longue discussion
sur les problèmes de colère de l'intéressé, sur les modes
d'expression de cette colère et sur les conséquences qu'entraîne
pour lui l'expression dysfonctionnelle de la colère. Des
renseignements pertinents sont obtenus sur la santé physique et
mentale de l'intéressé, de même que sur les problèmes desdrogue
et d'alcool qu'il pourrait avoir. Une description orale du
programme est faite au détenu, qui reçoit en plus une brochure de
la Croix-Bleue intitulée "Stress". Le détenu est invité à en
lire le premier et le dernier chapitres avant que ne débute le
cours.
Traitement: Autorégulation
Restructuration cognitive
Apprentissage de la relaxation
Chaque séance débute par un examen des devoirs faits et une
discussion des situations qui se sont présentées au cours de la
- 110 -
semaine. Elle se termine par un exercice de relaxation. Les
clients sont invités à faire l'essai d'un comportement différent
ou d'une nouvelle idée, et à faire part de leurs observations la
semaine suivante. Les documents pertinents sont remis à chaque
séance.
Première séance: la définition du stress - La première séance
débute par une discussion en groupe des méthodes positives
qu'emploie déjà chacun pour faire face au stress, soit la
pratique d'un sport, la discussion d'un problème avec une tierce
personne-, etc. Suit une discussion sur les divers problèmes de
stress auxquels chacun doit faire face, les aspects particuliers
qui suscitent sa colère, ainsi que ses réactions. Vient ensuite
un exposé sur la définition du stress, la réaction de lutte ou de
fuite, le comportement de type A, et le matériel d'évaluation des
changements de vie mis au point par Holmes. Après une brève
pause, on explique aux participants l'importance d'apprendre à
rééduquer le système nerveux central grâce à la pratique
quotidienne de la relaxation, puis ils participent à une séance
de relaxation musculaire progress.ive d'une durée de 45 minutes.
C'est la meilleure façon de leur faire prendre conscience de la
différence qui existe entre la tension et la relaxation dans les
divers groupes de muscles. Cette étape est importante pour
l'autorégulation des niveaux de tension à l'avenir. Enfin, on
invite les détenus à consigner leurs expériences de colère par
écrit pendant sept jours, et à les évaluer selon une échelle
allant de 1 à 10. Ces-Tenseignements sont confidentiels et les
participants les utiliseront régulièrement au cours des semaines
suivantes.
Deuxième séance: la définition de la colère... La discussion de
groupe porte sur la façon dont les détenus ont appris ou ont été
conditionnés à réagir comme ils le font à la colère, sur les
modèles de socialisation masculins et féminins, sur le
- 111 -
"machisme", notamment . en milieu carcéral, sur l'utilisation d'un
type particulier de colère pour manipuler, intimider, etc., de
même que sur les rôles perturbateur et défensif de la colère. On
examine également les conséquences négatives (pour les
participants) des moyens qu'ils utilisaient auparavant pour gérer
leur colère, et des solutions de rechange possibles dont les
effets pour eux seraient plus positifs. En outre, on discute du
rôle du discours intérieur dans l'escalade de la colère.
Troisième séance: les principes de gestion de la colère. Une
discussion de groupe a lieu, fondée sur les principes de gestion
de la colère énoncés par Raymon Novaco dans son livre intitulé
"Anger Control". Voici quelques-uns de ces principes:
1. Reconnaître que la colère provient souvent du sentiment
d'être menacé ou d'une faible estime de soi.
2. viter l'engagement du moi ou la personnalisation d'une
situation. Ne jamais perdre la tâche de vue et
déterminer ce qu'il faut faire pour atteindre l'objectif
visé.
3. Prendre conscience des modèles d'habitudes
dysfonctionnelles et apprendre de nouveaux
comportements.
• 4. Prendre de plus en plus conscience de la tension
physique et utiliser cette excitation comme signal du
besoin de respirer profondément, de relaxer, de ne pas
perdre de vue la tâche à accomplir.
5. Apprendre à agir plutôt qu'à réagir en gardant la
maîtrise de soi plutôt qu'en se laissant prendre par le
problème de quelqu'un d'autre. Pour de nombreux
détenus, les réactions de violence et d'agression ont un
- 112 -
caractère "machiste". Tout individu qui désire changer
doit absolument apprendre à considérer le fait de ne
penser qu'à la tâche à accomplir, de s'éloigner, etc.,
comme la façon "virile" de réagir. S'il n'y arrive pas,
il sera moins disposé à changer son comportement.
6. Analyser le problème et le décomposer en éléments
maniables. Celà permet à l'intéressé de régler le
problème un élément à la fois, dans l'ordre suivant:
situation (déclencheur) -- sobvenirs d'expériences
passées -- monologue intérieur -- émotion ou sentiment
-- réaction physique -- comportement -- conséquences --
monologue intérieur. Voilà les éléments du modèle de
comportement habituel de l'intéressé qui se succèdent en
quelques secondes. Nous ralentissons le processus et
trouvons des solutions de rechange utiles pour chaque
élément. L'intervention à l'égard de l'un ou l'autre de
ces éléments modifie le comportement de l'intéressé et
les conséquences.
7. Ne pas oublier l'autorenforcement en cas de changement
positif, ni les erreurs qu'ils faut considérer comme une
expérience permettant de planifier en vue de la fois
suivante.
En outre, on remet aux participants une liste de formules
personnelles devant les aider à faire face à la provocation.
Quatrième séance: le monologue intérieur Cette séance comprend
une discussion sur la façon d'analyser le monologue intérieur en
fonction des "principes rationnels émotifs" (Ellis, 1962) et de
la maîtrise de soi (Thoreson et Mahoney, 1974). Partager dans le
cadre d'un groupe les expériences qui ont engendré leurs schèmes
de pensée dysfonctionnels ou peu utiles les aide à se rendre
- 113 -
compte que leur façon de se parler à eux-mêmes détermine
directement leur façon de sentir et d'agir. Cette prise de
conscience et la capacité qui s'ensuit d'affronter les croyances
et les hypothèses irrationnelles, de les mettre en question et de
les changer tout en élaborant des croyances et des formules
personnelles différentes réduisent considérablement l'anxiété.
Elles ont en outre une incidence directe sur la perception même
qu'ont les intéressés du stress ou de la colère. Les détenus
disent souvent que les situations les préoccupent moins
qu'auparavant.
La discussion porte sur d'autres questions importantes: les
pièges de l'intériorisation, de l'exagération et du maintien
d'attentes irréalistes par rapport à soi ou aux autres.
Cinquième séance: la justesse de pensée. La discussion porte
sur les personnes intro-déterminées et extro-déterminées. Dans
le cadre de ses travaux sur la dépression (Butler, 1981),
Arron Beck énumère diverses formes de pensée erronée qui sont
cause de stress psychologique, entre autres:
1. Les inférences arbitraires, qui consistent à tirer des
conclusions sans examiner soigneusement les faits;
2. Les fausses attributions, qui consistent à négliger la
cause réelle et à jeter le blâme sur une autre personne
ou une autre chose;
3. La déficience cognitive: l'intéressé n'a pas une vue
d'ensemble de la situation (il a des oeillères ou bien
refuse de voir certaines choses);
- 114 -
4. La généralisation abusive, qui consiste à ne voir que
les similitudes entre les personnes ou les événements et
à ne pas tenir compte des différences. (Utilisation des
mots toujours, jamais, tout, chaque fois);
5. L'attitude extrémiste qui n'admet aucune ambivalence,
aucune nuance;
6. Le langage vague, imprécis;
7. L'exagération, procédé qui amène à surestimer
l'importance d'un événement ou d'une situation.
L'examen de ces points permet aux individus de prendre conscience
de la façon dont l'un de ces sept procédés est habituellement
cause d'un monologue intérieur dysfonctionnel. Ce travail les
aide à assumer une part de plus en plus grande de responsabilité
à l'égard de leurs propres choix. Il leur permet par ailleurs de
procéder aux changements nécessaires plutôt que de demeurer la
victime qu'ils estiment être lorsqu'ils considèrent leurs
difficultés comme le résultat de forces extérieures.
Sixième scéance: l'art de comnuniquer - Au cours de cette
séance, il y a des discussions et des jeux de râle concernant la
capacité de communiquer de diverses façons assertives, entre
autres, de faire des observations négatives d'une façon
positive. Ainsi, il est suggéré d'exprimer des opinions et des
sentiments personnels plutôt que de porter des jugements sur
autrui, d'accoler des étiquettes négatives qui attaquent
l'intégrité d'une personne et la mettant sur la défensive. On
recense en outre diverses contraintes, comme le besoin de
l'approbation des pairs, qui, pour certains, rendent la
communication difficile. En raison de la difficulté qu'ils ont à'
s'affirmer, bon nombre de détenus refoulent leur colère ju-squ'à
ce qu'elle devienne explosive et se traduise en agression. Le
- 115 -
groupe pratique aussi l'écoute active, technique qui peut être
utilisée pour aider une personne agitée à se calmer.
Septième séance: la planification - Le groupe commence à
chercher des façons de régler les problèmes spécifiques de ses
membres. Les participants inscrivent sur une fiche de
progression les options et les comportements qui peuvent
constituer des solutions de rechange.
Huitième séance: la revue et la discussion des stratégies -
Cette dernière séance comporte une discussion sur ce que les
participants ont appris, soit non seulement de nouvelles façons
de maîtriser la colère, mais également de nouveaux moyens
d'évaluer toutes leurs expériences. On les encourage à continuer
de pratiquer l'autorégulation et à relire régulièrement la
documentation reçue. Ils sont en outre invités à suivre de
nouveau le cours ou, au besoin, à prendre rendez-vous pour un
suivi individuel.
Les méthodes de relaxation utilisées au cours de toutes ces
séances comprennent la relaxation musculaire, l'auto-hypnose, le
yoga et la méditation. Dans ces deux derniers cas, les séances
sont dirigées par des détenus. Au moyen d'une imagerie visuelle,
divers éléments sont ajoutés aux séances de relaxation; ainsi,
par le choix d'une situation stressante, on amène les
participants à s'imaginer qu'ils deviennent de plus en plus
tendus, puis qu'ils se détendent, se parlent à eux-mêmes, se
donnent des instructions formulées en termes propres à se calmer,
réévaluent rationnellement leur crainte, puis font face calmement
à la situation.
Selon les détenus, certaines formules leur sont plus utiles que
d'autres, par exemple, apprendre à relaxer lorsqu'ils sentent
gronder la colère, prendre conscience du rôle du processus de la
pensée dans la séquence du comportement, apprendre à remplacer un
- 116 -
monologue intérieur mésadapté par un monologue plus utile et plus
opportun.
Comme il s'agit d'un nouveau programme et à cause des délais
impartis, on n'a pas fait de recherches cliniques. Ces
recherches ainsi que la mise au point d'un jeu de rôle élargi
pour les groupes avancés constituent des défis de taille pour
l'avenir.
On trouvera en annexe une bibliographie et un document qui résume
les sujets discutés.
- 117 -
Le 28 mars 1982
NOTIONS, PRINCIPES ET RESPONSABILITES
Il ressort de nos six premières années de fonctionnement que
les notions, les principes et les responsabilités exposés
ci-dessous ont e té appliqués et sont, semble-t-il, valables.
a. Situation de la Growth Orientation, Inc. La Growth Orientation, Inc. est un organisme indépendant à but non lucratif
qui se consacre exclusivement au service de l'humanité, de notre
société et de l'individu. C'est dans le domaine correctionnel,
plus précisément à la Florida State Prison, à la Union
Correctional Institution et à la Fonda Correctional Institution
for Women, que nous avons fait nos premières armes. Nous
prévoyons travailler dans d'autres établissements de la Floride.
Nous prévoyons également entreprendre dans de plus grandes
collectivités de cet nat des activités connexes ayant pour objet
de lutter contre le crime et d'aider les infracteurs à devenir
des membres respectés et responsables de la collectivité de leur
choix.
Au sein des établissements, nous fonctionnons comme une
entité distincte et autonome. Nous respectons les règles et
règlements des établissements et appuyons leurs politiques de
même que celles du Department of Corrections. Nous avons acquis
ces dernières années une réputation d'intégrité, de sincérité et
de souci véritable du détenu et de ses problèmes. Nous avons
avec les détenus un rapport que ne peut avoir l'établissement
lui-même, car nous ne faisons partie ni des "autorités", ni de
"l'institution" ni de la "bureaucratie"; on nous voit donc
différemment. Nous jouissons auprès des détenus d'une
crédibilité dont aucun organisme gouvernemental ne peut espérer
- 118 -
jouir. C'est sans aucun doute ce qui explique en bonne partie le
succès de nos efforts. Nous nous trouvons dans une situation
délicate nous devons utiliser notre situation spéciale sans en
abuser. Nous croyons y être parvenus, et nous continuerons à ce
faire. Nous devons prendre un soin jaloux de notre réputation et
de notre intégrité.
b. Structure fondamentale. Notre apport au milieu
correctionnel est fondé essentiellement, entre autres, sur la
formation que nous assurons à des détenus soigneusement choisis
et qui s'adonnent, au sein de l'établissement, à diverses
activités reliées à notre programme. Le succès de notre
programme tient entre autres à l'influence positive que les
détenus ainsi préparés exercent sur leurs co-détenus, et qui
conduit à une amélioration et à un engagement personnels
bénéfiques.
c. Acceptation de leur responsabilité par les détenus.
Depuis le début, notre programme repose dans une large mesure sur
l'intégrité et la responsabilité des détenus que nous affectons à
diverses tâches. Ces détenus n'ont cessé de prouver que cette
confiance n'a pas été mal placée. L'examen des antécédents de
certains d'entre eux révélerait la transformation remarquable que
notre programme a permis d'opérer.
De même, nous avons beaucoup compté sur le sens des
responsabilités et l'honnêteté des participants à nos activités.
Cette fois encore, nous avons eu raison. Vu les conditions
expérimentales dans lesquelles fonctionne notre atelier, il est
évident que nous pouvons faire confiance aux détenus, presque
sans exception. Nous attendons d'eux qu'ils se comportent en
individus responsables, et c'est ce qu'ils font. Il convient de
souligner que plus de 4 000 détenus ont participé à nos
programmes au cours des six dernières années, ce qui représente
quelque 400 000 heures de participation des détenus à nos
- 119 -
activités. Il n'y a pas eu pendant toute cette période le
moindre incident défavorable. Dans notre milieu, les détenus
demeurent essentiellement des citoyens responsables et qui ne
causent pas d'ennuis. Nous ne demandons pas aux agents de
correction d'être présents pour maintenir la discipline ou
exercer la surveillance. En règle générale, ils n'assistent pas
à nos activités. Tout ceci est d'autant plus remarquable que
certains des infracteurs les plus durs et les plus violents de
l'État de la Floride ont participé à nos programmes.
d. Formation des détenus auxquels des tâches sont
confiées. Former soigneusement des détenus choisis pour leur
confier des tâches est un processus long et délicat. Il faut
d'abord procéder à un tri minutieux. L'efficacité du programme
est largement fonction de l'envergure, des aptitudes et des
attitudes de ces détenus très importants qui doivent être tenus
en haute estime à la fois par l'établissement et la population
carcérale. Une fois inscrits au programme, ils doivent faire
preuve d'une honnêteté et d'une intégrité absolues. Le programme
est en place depuis six ans dans trois établissements et n'a
donné prise à aucune critique.
e. Coordonnateur de l'établissement. Nos activités au sein
de l'établissement sont supervisées par un coordonnateur. Comme
l'indique son titre, il est chargé d'assurer le fonctionnement
efficace de tous les éléments du programme au sein de son
établissement. Il est comptable au directeur de la façon dont
les règles et règlements pertinents sont respectés et, en
général, de la façon dont sont appuyés les objectifs et les
exigences de l'établissement. Il a pour mandat de veiller à ce
que nos activités soient menées de façon efficace et qui perturbe
le moins possible le régime quotidien de l'établissement.
Le coordonnateur est par ailleurs comptablé à Growth
Orientation, Inc. de toutes les questions qui touchent l'ensemble
- 120 -
surveillance générale des détenus affectés à des tâches. L'art
de bien commander est l'une des principales raisons de
l'efficacité de notre programme; c'est donc une qualité que doit
nécessairement posséder le titulaire de ce poste important. Des
échanges complets et fréquents entre notre directeur des
programmes pour l'État et le coordonnateur de l'établissement
sont indispensables.
f. Fonctionnement des éléments du programme. Le contenu de
l'Integrated Growth Program est la propriété exclusive de la
Growth Orientation, Inc., laquelle est chargée de l'application
du programme. Par conséquent, pour tout ce qui concerne le
programme et son contenu, ainsi que son application quotidienne,
le coordonnateur de l'établissement est directement comptable à
l'entreprise, par le biais de son directeur des programmes pour
l'ftat. Il est indispensable à l'application du programme et le
titulaire du poste doit bénéficier du respect et de la confiance
du Department of Corrections, de l'établissement, des détenus et
de l'entreprise. Une très grande coordination doit présider au
choix, par l'entreprise et l'établissement, du titulaire de ce
poste d'importance capitale.
g. Mode de fonctionnement. Le président de l'entreprise et
notre directeur des programmes pour l'tat collaborent
directement avec le secrétaire et d'autres membres du personnel
du bureau central du Department of Corrections à l'élaboration
des politiques et des modalités de fonctionnement qui
s'appliquent à tous les établissements où le programme est en
place. Notre directeur des programmes pour l'État collabore
directement avec chaque directeur d'établissement pour ce qui est
de la politique et de la coordination globale du programme de
l'établissement. De concert avec le directeur adjoint, le
coordonnateur de l'établissement se charge de la coordination
courante des divers éléments du programme.
- 121 -
Les modalités de coordination et de fonctionnement du
programme varient d'un établissement à l'autre. Il convient donc
que le coordonnateur de l'établissement et son directeur adjoint
élaborent ensemble les modalités d'application de chaque élément
du programme, dans leur établissement. Avant d'être mises en
oeuvre, ces modalités seront examinées et approuvées par le
directeur de l'établissement et le directeur des programmes pour
l'État.
h. Communications. La communication efficace est l'élément
le plus important de tout organisme. Elle est le facteur
déterminant de sa réussite ou de son échec. L'absence de
communication efficace peut être cause de confusion et nuire
gravement au moral. Les membres de notre organisme font preuve
de beaucoup d'initiative. C'est louable, positif et sain.
Cependant, l'absence de communication fait souvent que des
personnes enthousiastes visent des objectifs divergents.
L'équipe est alors beaucoup moins efficace et l'enthousiasme de
ses membres finit par se refroidir. Il est donc indispensable
que le directeur des programmes de l'État soit tenu au courant
des moindres détails, chaque semaine et même chaque jour ou à
toutes les heures, selon le besoin.
a.
La communication au directeur des programmes pour l'État et
au président de rapports périodiques des activités et des
événements aide à remplir cette fonction. Le directeur, de
concert avec le coordonnateur de l'établissement, coordonne
l'élaboration des mécanismes pertinents de présentation de
rapports. Des copies de certains rapports peuvent être
transmises au directeur et au Department of Corrections.
i. Correspondance. Toutes les formes de communication avec
des particuliers ou des organismes en dehors de l'établissement
concernant GOLAB et son fonctionnement mettent en cause forcément
la politique, l'engagement, les mécanismes et modalités, les
- 122 -
accords, la planification future ou, à tout le moins, la
réputation de GOLAB et de la Growth Orientation, Inc. C'est
pourquoi tous les échanges sur l'un quelconque des aspects de
GOLAB avec des personnes ou des organismes en dehors de
l'établissement doivent faire l'objet d'un cdntrôle minutieux.
Cette responsabilité incombe au directeur des programmes pour
l'État, qui doit approuver toutes les communications avant
qu'elles ne soient transmises.
h. Visites du GOLAB. Toutes les visites prévues du GOLAB
sont importantes, et elles doivent être coordonnées de concert
avec le directeur des programmes pour l'État. Elles sont indispensables pour les besoins de nos opérations. Des
procédures précises seront élaborées à cet effet conjointement
par le directeur des programmes pour l'État et le coordonnateur
de chaque établissement.
Les dispositions prévues au paragraphe précédant ne visent
ni à limiter ni à restreindre les visites guidées ou autres du
GOLAB qu'autorise l'établissement, bien au contraire. Ces
visites sont d'ailleurs encouragées car elles profitent à tous
les intéressés. Un court préavis est cependant utile; il permet
d'ajuster l'horaire du GOLAB de façon à éviter de mettre
- 123 -
quiconque dans l'embarras au cours de certaines étapes délicates
de GOLAB. na,tee
Le président de Growth Orientation, Inc.
Martin J. Stack
LIBRARY MINISTRY OF THE SOLICITOR
GENERAL
nun 5 315i.
BIBIJOIHÈQUE MINISTÈRE DU SOLLICIIEUR GÉNÉRAL
Le directeur des programmes pour l'État de la Floride,
Delia M. Anderson
Le secrétaire adjoint des programmes,
Florida Department of Corrections,
Marcellas Durham
SOL.GEN CANADA L go
111111111II 0000024113
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DATE DUE
LOWE-MARTIN CO. INC. 1169-5RG
EV Porporino, Frank. 9025 Mesures de lutte contre la P6c violence dans les prisons: 1984 enquête menée auprès
d'instances correction-c.2 " nelles.