152
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I*1 Correctional Service Service correctionnel Canada Canada

RESEARCH BRANCH - CORPORATE DEVELOPMENT DIRECTION DE LA RECHERCHE - DÉVELOPPEMENT ORGANISATIONNEL

EXAMEN DE L'ELABORATION DES PROGRAMMES RELATIFS A LA

VIOLENCE FAMILIALE

PROJETS PILOTES DE TRAITEMENT

ad'â

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EXAMEN DE L'ELABORAT1ON DES PROGRAMMES RELATIFS A LA

VIOLENCE FAMILIALE

PROJETS PILOTES DE TRAITEMENT

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.

This report is also available in English. It can be obtained from the Correctional Research and Development Sector, Correctional Service of Canada, 340 Laurier Avenue West, Ottawa, Ontario, KlA 0P9. Pour vous procurer d'autres exemplaires, veuillez vous adresser au Secteur de recherche et développement, Service correctionnel du Canada, 340 avenue Laurier ouest, Ottawa (Ontario) KlA 0P9.

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V-

/ EXAMEN DE L'ELABORATION DES PROGRAMMES RELATIFS

A LA VIOLENCE FAMILIALE

PROJETS PILOTES DE TRAITEMENT

Secteur de la recherche et du développement correctionnels

Service correctionnel du Canada

Susan A. Vanderburg et Angela Knoll

mars 1996

-JUN 24 1998

*:eiLie' GMERAL Mbe weft peep

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.:TABLEDES MATiÈRES

-z RÉSUMÉ

:1CONSTATATIONS GÉNÉRALES Liens avec la collectivité

• Politiques et méthodes opérationnelles . Personnel iii

-; PROGRAMMES À L'INTENTION DES HOMMES iv Niveau des besoins et des risques

• Évaluation, aiguillage et surveillance vi Formule des programmes vii Abandons ix Contrôle et services après l'intervention Évaluation des changements xi

- . 'PROGRAMMES À L'INTENTION DES FEMMES xii . •;CONCLUSION x

7 LISTE DES PROJETS PILOTES xvii

INFORMATION GÉNÉRALE

"I. PRÉVALENCE DELÀ VIOLENCE FAMILIALE 1 • 2. MÉTHODES DE TRAITEMENT DE LA VIOLENCE FAMILIALE / . 3. MESURE DE L'EFFICACITÉ DES PROGRAMMES 4

INTRODUCTION 8

' 1. INITIATIVE FÉDÉRALE DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE FAMILIALE 8 • 2. INITIATIVE DU SCC EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE FAMILIALE 9

,/1) STRUCTURE ADMINISTRATIVE 9 f b) ÉLABORATION ET MISE EN OEUVRE DU PROJET 10 (- PRÉVENTION - 10

- PROGRAMMES DE TRAITEMENT À L'INTENTION DES DÉLINQUANTS DE SEXE MASCULIN - 1/ ,- PROGRAMMES DE TRAITEMENT À L'INTENTION DES DÉLINQUANTS AUTOCHTONES - 13 \- PROGRAMMES DE TRAITEMENT À L'INTENTION DE GROUPES SPÉCIAUX - 14

PROGRAMMES DE TRAITEMENT À L'INTENTION DES FEMMES PURGEANT UNE PEINE DE RESSORT FÉDÉRAL - FORMATION PROFESSIONNELLE - 15 - RECHERCHE ET ÉVALUATION - 16 - COLLECTE ET DIFFUSION DE L'INFORM4TIOA' -

t - 14

17 i c) COORDINATION DES POLITIQUES 17

d) GESTION DES PROJETS PILOTES DE TRAITEMENT 18 e) TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT 71

(

- QUESTIONNAIRE SUR LES RÉACTIONS SOUHAITABLES 77

- RÉPERTOIRE MULTIDIMENSIONNEL DE LA COLÈRE (RAIC) 17

% I

• INDICE DE .11.4iTRISE DU COMPORTEMENT (WC) 71

- RÉPERTOIRE DES OPINIONS TENUES À PROPOS DE LA I70LENCE FAITE AUX CONJOINTES 13

3CONCLUSION 23

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." FAMILY VIOLENCE PROJECT : ST. JOHN'S (TERRE-NEUVE) 25

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES 26 ,- -e-Graphique I:

.PERSONNEL DU PROGRAMME 7- - / ' LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ 28

-) : FORMATION 18 ÉVALUATION 19

, SOUTIEN PERSONNALISÉ 19 • PHASES DU PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES 30

. a) PROGRAMME D'INFORMATION 30 h) GROUPE DE TRAITEMENT, PHASE! 31 0 PROGRAMME DE TRAITEMENT, PHASE II '' J _ d) CONFÉRENCES DE CAS 32

:CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS 33 . TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU PROGRAMME 33 •L'ÉCHELLE DE L'ÉTAT DE PRÉPARATION 35

: 'Tableau 1. 36 ',PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES 37 ' Ja) AIGUILLAGE 3 7

. ' b) SERVICES PERSONNALISÉS 38 1 : e) PROGRAMME D'HABILITATION - PHASE! 38

! d) PROGRAMME D'HABILITATION - PHASE II 39 .‘e) PARTICIPATION AU PROGRAMME 39

-; PROGRAMME À L'INTENTION DES ENFANTS 40 ;RESUME 40 •

1,INTERPERSONAL AND FAMILY SKILLS PROGRAM: (EDMONTON, ALBERTA) 43

/ÊLABORATION DES PROGRAMMES 43 !PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES 45

! PERSONNEL DU PROGRAMME 46 : LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ 46

I ; AIGUILLAGE 47 ' ! ÉVALUATION 47

ii SOUTIEN INDIVIDUEL 48 SURVEILLANCE PRÉALABLE AU TRAITEMENT \r, DÉROULEMENT DES SÉANCES 48

HASES DU PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES

48

49 , lia) MODULE I: POWER AND CONTROL 49

t' 18)% MODULE II: NON-ABUSIVE-ALTERNATIVES 50 MODULE HI: MAIUNG IT ON THE STREET 50

,:. /CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS 51 :TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT 5 7

Tableau" 54 , /PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES 55 -/-; COUNSELING CONJUGAL 56 / RÉSUMÉ 57

tOPPORTUNITIES PROGRAM: TORONTO (ONTARIO) 60

;PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES 60 'PERSONNEL DU PROGRAMME 61

'v FORMATION 61 -,1 ; LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ 67

',ÉVALUATION 67

II

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;SOUTIEN INDIVIDUEL 63 (PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES

CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS 64 .7 TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT

63

65 ) ' COMMENTAIRES DES CLIENTS 69

PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES 69 ,a) AIGUILLAGE 69 I 1 b) INTERVIEW INITIALE "0

te ' c) SERVICES INDIVIDUELS '70 :« d) GROUPE DE SOUTIEN DES FEMMES 71 ,

e) PARTICIPATION AU PROGRAMME -,

_ ;COUNSELING CONJUGAL 72 SERVICE D'AIGUILLAGE POUR LES ENFANTS 73

. RÉSUMÉ 73

7 HEALTHY RELATIONSHIPS : VICTORIA (COLOMBIE-BRITANNIQUE) 75 ‘.

f PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES 75 I PERSONNEL DU PROGRAMME 77 . FORMATION 77

/ LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ 78 -) 1 ÉVALUATION 78 • I SOUTIEN INDIVIDUEL 78

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES 78 CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS 80 TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT 80

\ PROGRAMME COMMUNAUTAIRE À L'INTENTION DES HOMMES 8 1 \PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES 84

,f a) AIGUILLAGE 84 b) CONTACT INITIAL 85

1( c) SERVICES INDIVIDUELS 86 ' \d) GROUPE À L'INTENTION DES FEMMES 86

\e) PARTICIPATION AU PROGRAMME 87 - SERVICE D'AIGUILLAGE À L'INTENTION DES ENFANTS .

87 'iRÉSUMÉ 87

-- PROGRAMME D'ENRICHISSEMENT FAMILIAL: SOCIÉTÉ JOHN HOWARD D'OTTAWA 90

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES 91 .: PERSONNEL DU PROGRAMME 91

FORMATION 91 LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ 91 ;

i ÉVALUATION 92 1 SOUTIEN INDIVIDUEL 92

ii. 1 GROUPE D'ACCUEIL 93 ,/ I PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES 93

; CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS 94 \ TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT 95 \PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES 97

( a) AIGUILLAGE 98 , ib) ÉVALUATION 99

SERVICES INDIVIDUELS 99 I) PHASES DU PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES 99

•- Phase I du Programme à l'intention des femmes 100 - , - Phase 11 du Programme à l'intention des femmes (mesures positives) 100 A e) PARTICIPATION .4UX PROGRAMVES 101

1 .

III

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7 PROGRAMME À L'INTENTION DES ENFANTS 101 i e: a) GROUPE GÉNÉRAL 101

Ç.. PARTICIPATION AU PROGRAMME 10 1 4 b) ENFANTS EN CONTACT AVEC LA VIOLENCE FAMILIALE 103 -,-- PARTICIPATION AU PROGRAMME ,, 103

.1 PROGRAMME À L'INTENTION DES COUPLES 103 "; ! PROGRAMME D'ÉDUCATION DES PARENTS 104 ) RÉSUMÉ 105

z CONTRECOUPS: LAVAL (QUÉBEC) 107

/LE PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES VIOLENTS 108 / INTERVENANTS DU PROGRAMME 109 i FORMATION 110

COORDINATION DU PROGRAMME 110 ! RENVOI DE CANDIDATS AU PROGRAMME 110 . ,

ÉVALUATION III THÉRAPIE DE GROUPE POUR HOMMES VIOLENTS 112 . 7 Thèmes abordés: 113 CARACTÉRISTIQUES DES DÉTENUS 114

- TESTS ADMINISTRÉS AVANT ET APRÈS LE PROGRAMME 114 ) RÉSUMÉ 116

7:• BIBLIOGRAPHIE 1

ANNEXE A - MODÈLE DE RÉCEPTIVITÉ S 1

ANNEXE B - CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES ET FAMILIALES DES PARTICIPANTS 1

iv

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Initiative fédérale de lutte contre la violence familiale

EXAMEN DE L'ÉLABORATION DES PROGRAMMES RELATIFS À LA VIOLENCE FAMILIALE

PROJETS PILOTES DE TRAITEMENT

RÉSUMÉ

Diverses études révèlent qu'entre 29 et 58% des délinquants de sexe masculin sous

responsabilité fédérale sont violents, ou l'ont été, à l'égard de membres de leur famille.

D'après les données extraites des dossiers des établissements concernant un

échantillon aléatoire de 935 délinquants sous responsabilité fédérale, 33,7% ont

maltraité des membres de leur famille et 24% des délinquants mariés (ou vivant en

union de fait) ont usé de violence à l'égard de leur conjointe (Robinson et Taylor, 1995).

Cependant, comme les données n'ont été compilées qu'à partir de l'information figurant

aux dossiers, il est possible que ces pourcentages ne traduisent pas le véritable taux de

violence.

Dans le cadre de l'Initiative fédérale de lutte contre la violence familiale, le SOC a reçu

le mandat de fournir des programmes de traitement et de prévention en milieu carcéral

et communautaire afin de réduire la violence familiale chez les délinquants de ressort

fédéral. C'est ainsi qu'il a élaboré et mis en oeuvre une stratégie d'ensemble au cours

de la deuxième phase de l'Initiative, de 1990-1991 à 1994-1995.

Le rapport qui suit expose en détail les résultats d'une étude effectuée d'avril à

août 1995. L'objet de la présente étude est (a) de faire état des changements apportés

aux programmes durant leur mise à l'essai et (b) d'examiner l'efficacité des

programmes, à la lumière des résultats des six projets pilotes de traitement. Les points

saillants du rapport sont résumés dans les pages qui suivent.

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CONSTATATIONS GÉNÉRALES

Un certain nombre d'aspects ont joué un rôle clé dans l'élaboration et la mise en oeuvre

des programmes.

Liens avec la collectivité

Il est nécessaire, dans le cadre des programmes de traitement de la violence familiale

qui s'adressent à des groupes, d'établir des liens étroits avec d'autres organismes

communautaires. Cela est essentiel si l'on veut mieux assurer la sécurité de la conjointe

et garantir au client les services complémentaires dont il peut avoir besoin. Pour la

plupart des projets, des liens étroits ont été noués avec des organismes

communautaires de service et d'application de la loi. De même, des liens ont été créés

avec les intervenants du SCC susceptibles de proposer des candidats pour veiller à ce

que les clients soient convenablement aiguillés vers le programme. Aussi les

responsables des projets pilotes ont-ils rencontré au préalable les agents de liberté

conditionnelle, de même que les employés des maisons de transition et des

pénitenciers pour leur expliquer les exigences du programme et les résultats

escomptés.

Politiques et méthodes opérationnelles

Des protocoles de mise en commun de l'information ont été mis en place pour encadrer

les relations entre le SCC et les responsables des projets. Ces documents décrivaient

les politiques et les méthodes de chaque projet et donnaient de l'information sur le

processus d'aiguillage, la formule et les méthodes des groupes de traitement, les

exigences en matière de rapports au SCC, les conditions et les limites du respect des

renseignements confidentiels et d'autres renseignements généraux relativement à la

II

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réalisation et à la gestion du projet dans le milieu correctionnel. Les protocoles

comportaient également des politiques et méthodes analogues à l'égard des conjointes.

Il importait d'établir le degré de partage de l'information entre le SOC et le personnel

des projets. Les délinquants étaient informés des limites et des conditions du respect

des renseignements confidentiels avant de participer aux programmes. Plus

expressément, en ce qui concerne la violence familiale, le caractère confidentiel n'était

pas respecté si on estimait que le délinquant constituait une menace pour la sécurité

des autres ou pour la sienne ou s'il était montré que des incidents de la violence

familiale se poursuivaient ou risquaient de se produire. Pour chaque projet, des

formulaires sur le respect des renseignements confidentiels ont été élaborés en fonction

de ces facteurs.

Personnel

Les thérapeutes chargés des programmes destinés aux hommes et aux femmes

satisfaisaient aux critères établis dans le but de garantir le respect de normes

minimales. Pour la plupart des programmes, les thérapeutes devaient posséder une

longue expérience de la thérapie de groupe et de l'intervention dans le domaine de la

violence familiale. La surveillance clinique, assurée par un docteur en psychologie ou

un MSVV autorisé (travailleur social hospitalier), était jugée essentielle pour garantir le

respect de lignes directrices en déontologie et des normes sur les soins. Dans un cas,

le co-animateur d'un programme pour hommes était lui-même un ancien détenu de

l'établissement, ce qui a semblé lui valoir une plus grande crédibilité et contribuer au

taux élevé de demandes spontanées de participation au programme. Cet homme avait

lui même suivi un programme de thérapie plusieurs année plus tôt et avait participé

avec succès à un important programme de formation offert par l'organisme.

Durant la phase expérimentale des projets, on a formé plusieurs personnes pour

co-animer les programmes pour hommes. C'est ainsi que deux agents de liberté

III

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conditionnelle, deux employés du SCC et six membres d'organismes communautaires

locaux ont été formés dans le cadre de divers projets pilotes. Le SCC avait au départ

l'intention de former du personnel pour assurer la durabilité des programmes; toutefois,

il s'est ravisé, estimant que ce type de traitement intensif nécessite des animateurs

possédant une connaissance approfondie du problème de la violence familiale et des

compétences en thérapie de groupe plus facilement disponibles dans la collectivité.

PROGRAMMES À L'INTENTION DES HOMMES Ces dix dernières années, plusieurs approches différentes ont été appliquées dans le

cadre des programmes de traitement offerts dans la collectivité. Le plus souvent, ces

programmes de traitement étaient fondés sur une approche cognitivo-comportementale

d'inspiration féministe (Tolman et Bennett, 1990). Le SCC a lui aussi opté pour des

traitements combinant l'analyse féministe et l'approche cognitivo-comportementale ou

d'apprentissage social dans le cadre de l'Initiative fédérale de lutte contre la violence

familiale. L'approche cognitivo-comportementale est privilégiée, les études

documentaires ayant étayé son efficacité (Eisikovits et Edelson, 1989). Par ailleurs,

l'approche féministe a été retenue parce que c'est celle qui a été le plus appliquée dans

le traitement des hommes violents en milieu communautaire depuis le milieu des

années 80. Les modèles proféministes considèrent la violence dans les relations

intimes comme un problème social et politique, non comme un problème psychologique

personnel. La violence est perçue comme un comportement appris et une tentative

systématique de contrôle du conjoint par un ensemble d'actes de coercition. Le modèle

présume que la culture politique et économique appuie, ouvertement ou non, la violence

contre les femmes. Le programme vise donc à modifier les attitudes et les croyances

qui semblent être à la base de ce comportement (Adams, 1988).

Le programme s'inspire d'une approche systémique humaniste. Contrairement aux

autres projets pilotes, l'accent est mis sur la psychothérapie. Les interventions auprès

des hommes violents qui se fondent essentiellement sur la psychothérapie sont

généralement considérées comme moins efficaces que les approches fondées sur

iv

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l'apprentissage social et l'analyse féministe (Adams, 1988). On ne possède pas de

données comparatives sûres, au SCC, pour montrer que le modèle proféministe et

d'apprentissage social est supérieur à l'approche psychothérapeutique pour traiter les

hommes qui maltraitent leur conjoint et leurs enfants. La littérature sur le traitement des

délinquants montre toutefois que les techniques de psychothérapie sont moins efficaces

que les programmes fondés sur l'approche cognitive (Andrews, Zinger, Hoge, Bonta,

Gendreau, & Cullen, 1990; Lipsey, 1995).

Niveau des besoins et des risques

Les programmes couramment offerts aux hommes violents en milieu communautaire ne

conviennent pas à la population carcérale sous responsabilité fédérale, les détenus

étant capables d'une plus grande violence. En fait, les recherches donnent à penser

que, si certains hommes violents peuvent tirer profit des programmes offerts à

l'ensemble de la collectivité, ceux qui ont des antécédents criminels de violence ont

besoin de programmes plus intensifs conçus spécialement pour les délinquants (Hart,

Dutton et Newlove, sous presse).

En outre, les délinquants sous responsabilité fédérale doivent régler de multiples

problèmes que n'ont pas les hommes qui suivent les programmes habituels de

traitement de la violence en milieu communautaire. Mentionnons, à titre d'exemple, la

consommation excessive d'alcool et la toxicomanie, le logement, la réintégration au sein

de la famille, la recherche d'un emploi, les difficultés financières et l'obligation d'éviter

toute activité ou toute fréquentation susceptible d'entraîner une nouvelle arrestation ou

une suspension de la liberté conditionnelle. Il arrive que les délinquants aient besoin

d'être aidés ou représentés, services que les organismes communautaires sensibilisés

aux besoins des délinquants sous responsabilité fédérale sont le mieux placés pour

offrir.

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La plupart des projets comportaient une forme quelconque de thérapie individuelle, mais

pas en remplacement de la thérapie collective. La plupart du temps, on a eu recours au

counselling individuel pour effectuer une évaluation avant le traitement ou pour régler

une situation de crise. Le counselling individuel était aussi offert aux délinquants qui

n'étaient pas aptes à participer à un groupe, leur niveau de développement cognitif

n'étant pas suffisamment élevé pour ce type d'interaction (Cyr, 1994). Quoi qu'il en soit,

on a insisté sur les bienfaits de la thérapie de groupe, laquelle a fait ses preuves dans la

lutte contre les attitudes et préjugés qui contribuent à la violence contre les femmes

(Edelson et Tolman, 1992; Sakai, 1991).

Évaluation, aiguillage et surveillance

L'évaluation des délinquants condamnés pour avoir commis des actes de violence

contre des membres de leur famille est relativement simple, mais la tâche se complique

lorsqu'il s'agit d'évaluer des délinquants qui ont été accusés sans toutefois avoir été

condamnés ou que l'on soupçonne de violence familiale. Les évaluations initiales des

détenus sont une importante composante du plan correctionnel car elles permettent de

s'attaquer dès le début de la peine aux problèmes de violence familiale actuelle ou

passée et dans la famille d'origine.

Les programmes en établissement ont suscité un vif intérêt chez les détenus, qui ont

demandé à y participer en grand nombre. En revanche, certains des projets pilotes

offerts en milieu communautaire ont eu du mal à démarrer, parce que les demandes

étaient insuffisantes ou les candidats, mal choisis. Dans la plupart des cas, les projets

pilotes communautaires auraient pu bénéficier d'une meilleure planification et

« promotion » par le SCC, et les responsables des projets auraient pu aider à

augmenter le nombre de demandes de participation. Pour certains programmes

communautaires, auxquels avaient été admis des participants volontaires à l'origine, on

a plus tard exigé que les participants soient tenus de suivre la thérapie de groupe pour

vi

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faciliter le contrôle des présences et de la participation. L'aide des agents de gestion de

cas s'est révélée capitale pour maintenir la participation des hommes aux programmes.

Pour aider les animateurs à évaluer le progrès de leurs clients pendant la thérapie de

groupe, les responsables du projet de St. John's ont mis au point un « modèle de

réceptivité » pour suivre l'évôlution du comportement et des attitudes. Le modèle sert à

mesurer l'efficacité du traitement sans se reporter aux tests administrés avant et après

le traitement. La réceptivité se traduit par quatre critères, à savoir: assumer la

responsabilité de son comportement violent, éviter l'abus de pouvoir et la volonté de

dominer l'autre dans les relations intimes, faire preuve d'empathie à l'égard de sa

conjointe et comprendre comment les mauvais traitements subis dans l'enfance

contribuent au comportement actuel. On a élaboré des lignes directrices normalisées

décrivant les divers changements qui s'opèrent au niveau des attitudes et du

comportement à chacun de ces égards. Même s'il n'est pas encore tout à fait au point,

le modèle de réceptivité est un nouvel outil qui s'avérera très utile pour évaluer

l'efficacité des traitements de la violence familiale (voir annexe A).

Les programmes conçus à l'intention des hommes étaient composés d'un à trois

modules de traitement, auxquels étaient parfois conjuguées des séances de counselling

individuel. Certains programmes commençaient par une séance d'information et

d'autres comportaient une évaluation préalable au traitement. Le contrôle préalable au

traitement donnait au délinquant un accès immédiat à des animateurs de programme

sur une base individuelle. Cette évaluation était essentielle dans le cas des

programmes suivant la formule du groupe fermé, les hommes pouvant être vus par le

thérapeute en attendant qu'une place se libère.

Formule des programmes

Chaque formule, groupes fermés ou groupes ouverts, comporte des avantages et des

inconvénients. Il est plus facile d'administrer des groupes fermés que des groupes

vii

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ouverts: le nombre des participants est déterminé à l'avance et demeure fixe jusqu'à la

fin du nombre prévu de séances. Comme on n'admet aucun nouveau participant une

fois que le programme a commencé, il faut attendre qu'un nouveau groupe soit

constitué. Par ailleurs, les groupes fermés se prêtent mieux à l'établissement d'un

climat de confiance, étant donné que le groupe demeure le même tout au long du

programme. En revanche, les groupes ouverts peuvent accueillir de nouveaux

membres à différents moments au cours du traitement. Chaque participant termine

alors le programme à un moment différent.

Cinq des six projets pilotes destinés aux hommes ont été conçus selon la formule des

groupes fermés. Le groupe qui a participé à l'Opportunities Project, à Toronto, était au

départ un groupe fermé qui s'est transformé en un groupe ouvert par la suite. La

formule du groupe ouvert s'est révélée plus efficace dans ce cas car les délinquants

pouvaient se joindre au groupe en tout temps au lieu d'attendre. Les nouveaux

participants pouvaient ainsi amorcer leur démarche sans attendre et bénéficier des

modèles de comportement non violent transmis par les membres originels du groupe.

Au fil des séances, on demandait aux membres plus anciens d'assumer une plus

grande responsabilité en se documentant sur une question d'intérêt pour le groupe et

en présentant leurs constatations et opinions à la séance suivante. La formule des

groupes ouverts aurait pu être avantageuse pour d'autres projets dont le taux de

décrochage était élevé, puisque les décrocheurs auraient pu être remplacés au fur et à

mesure par de nouveaux participants et qu'il n'aurait pas été nécessaire de dissoudre

les groupes en raison du nombre insuffisant de participants.

Dans la plupart des .cas, les participants aux projets pilotes se réunissaient une fois par

semaine; ainsi, si le programme comportait 24 séances, le traitement durait

24 semaines. Les programmes longs peuvent être plus bénéfiques que les courts, car

ils permettent de voir plus de matière et donnent plus de temps pour mettre à l'essai de

nouvelles compétences et en observer l'évolution. Cependant, étant donné la longueur

du traitement en milieu communautaire, bon nombre de délinquants n'ont pas eu la

viii

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possibilité de le suivre jusqu'au bout souvent parce que leur libération conditionnelle a

été révoquée ou suspendue, rarement pour des motifs liés à la violence familiale

(consommation de drogues, activités criminelles, arrestations pour des infractions

antérieures, etc.). La même chose pourrait arriver aux programmes en établissement si

les participants étaient libérés ou transférés avant la fin de leur traitement. Pour parer à

cette difficulté, on a raccourci la durée des deux projets pilotes en milieu carcéral en

offrant deux séances par semaine plutôt qu'une. Les responsables d'un des projets

pilotes en milieu communautaire ont proposé d'adopter cette même formule à l'avenir

pour accroître le taux d'achèvement.

Abandons

Les taux élevés d'abandon posent un problème majeur aux responsables des

programmes de traitement pour hommes violents (Gondolf, 1987), spécialement en ce

qui concerne les délinquants sous responsabilité fédérlale inscrits à des programmes

communautaires (Buys, 1995; Van Deitan et Walker, 1995). Cette difficulté entrave les

recherches portant sur le traitement de la violence familiale chez les délinquants sous

responsabilité fédérale. Habituellement, les groupes comptent un nombre convenable

de participants au départ, mais ils fondent par la suite. Ce problème s'est posé tout

particulièrement dans le cas du projet pilote communautaire mis sur pied à Edmonton,

Interpersonal and Family Skills Program, où il a fallu démembrer plusieurs groupes en

raison des nombreux abandons. Les abandons ont le plus souvent été dus à la

réincarcération. Pour favoriser la réinsertion sociale des délinquants, on a offert, dans

le cadre du projet pilote d'Edmonton (Alberta), un module de traitement appelé Making it

on the Streets comme troisième étape du programme de traitement. Ce module visait

essentiellement à aider les délinquants à maintenir un mode de vie prosocial en leur

permettant d'acquérir les compétences nécessaires pour reconnaître les situations à

risque et de réfléchir aux moyens d'éviter la réincarcération. Au cours de ces séances,

on a abordé les thèmes suivants: jalousie et confiance, comment résister aux pressions

exercées par les pairs, comment réagir aux critiques, réinsertion sociale, dépendance,

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tendance à blâmer l'autre et mensonge. Quoique prometteur, ce module doit encore

faire ses preuves et être validé. Pour réduire les cas de réincarcération et de

suspension de la liberté, il pourrait être bénéfique d'offrir ces séances plus tôt au cours

du traitement.

De son côté, le projet pilote offert dans un pénitencier à Victoria, Healthy Relationships,

a connu un taux très élevé de persévérance. Manifestement, c'est là un avantage des

programmes offerts en milieu carcéral. Cependant, les détenus sont privés de la

chance de mettre en pratique dans un contexte familial les compétences qu'ils ont

acquises, puisque leurs occasions se limitent aux visites et aux conversations

téléphoniques. Par conséquent, les programmes en établissement ne véhiculent pas la

même urgence de changer et n'incitent pas les participants à entamer une démarche de

changement aussi vivement que les programmes communautaires. Par ailleurs, s'ils

sont offerts au cours des mois qui précèdent la mise en liberté, les programmes en

établissement peuvent favoriser la réinsertion au sein de la famille et préparer le détenu

à suivre un programme plus intensif dans la collectivité. Il est important que le SCC

assure la continuité dans les programmes visant la violence familiale : programmes de

prévention et de sensibilisation, programmes de traitement en établissement carcéral

avant la libération et programmes communautaires après la libération. Cela permet aux

délinquants de commencer à travailler sur les problèmes de violence familiale pendant

la période d'incarcération et de poursuivre le traitement dans le milieu où ils risquent

davantage de commettre ces actes violents envers leur conjoint et leurs enfants.

Contrôle et services après l'intervention

Une fois le traitement de la violence familiale terminé, il est important que les

délinquants puissent persévérer dans leur nouveau mode de vie. Pour maintenir un

comportement non violent, il leur faut de l'aide et de l'encouragement. Aussi a-t-on mis

sur pied un service d'appui après le traitement dans le cadre de quatre projets pilotes.

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Dans un cas, les participants pouvaient se joindre à un groupe ouvert jusqu'à expiration

de leur mandat. Dans le deuxième cas, on a offert aux délinquants qui n'étaient pas

prêts à abandonner le travail collectif la possibilité de faire partie d'un groupe d'entraide

ouvert qui se réunissait une fois par semaine. Dans le troisième cas, les délinquants qui

avaient suivi un programme de lutte contre la violence familiale en prison ont pu suivre

un programme semblable en milieu communautaire. Dans le quatrième cas, on offrait

des séances complémentaires.

Évaluation des changements

La meilleure façon de mesurer l'efficacité d'un traitement est le taux de récidive. Pour le

moment, la meilleure méthode d'évaluation des améliorations du comportement

attribuables au traitement consiste à soumettre les délinquants à des tests avant et

après le programme. Les limites de cette méthode sont admises, surtout lorsqu'il s'agit

de mesurer les changements à long terme dans un domaine où les résultats mettent du

temps à se concrétiser.

Dans la dernière année de l'initiative, 1994-1995, le SCC a utilisé une série normalisée

de mesures dans ses projets pilotes. Les responsables de tous les projets ont

communiqué au SCC les résultats des tests préalables et postérieurs au traitement.

Auparavant, chaque projet utilisait des mesures variables, si bien qu'il était difficile de

tirer des conclusions, vu la petite taille des échantillons. On est actuellement en train

d'étudier les données, et les résultats de cette étude devraient être publiés d'ici au 31

mars 1996. Parmi les modifications dans les mesures et méthodes d'évaluation, notons

la collecte des numéros SED des délinquants, qui permettront des recherches de suivi.

On est en train de revoir les plans d'une étude ultérieure de suivi sur la récidive.

Les tests préalables et postérieurs au traitement ont posé quelques difficultés. Ainsi, il y

a eu de la résistance de la part de détenus qui répugnaient à donner leur numéro SED.

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Le personnel du programme a également soulevé des doutes, se demandant si les

tests mesuraient effectivement les changements.

Les rapports de recherche sur les divers projets ont été établis aux six ou aux douze

mois. On peut consulter ces rapports pour obtenir une description détaillée des

constatations et de l'analysede l'élaboration du programme. Une vue d'ensemble des

résultats des tests préalables et postérieurs au traitement pour chaque projet pilote est

proposée dans la description de chaque projet.

PROGRAMMES À L'INTENTION DES FEMMES Comme les conjointes des hommes participant aux programmes qui leur étaient

destinés avaient été ou risquaient d'être victimes de violence de la part de leur

compagnon, les responsables de tous les projets pilotes devaient offrir des programmes

aux conjointes. Ces programmes comportaient la participation à un ou à plusieurs

groupes de soutien, outre des séances de counselling individuel en personne ou par

téléphone. Les groupes de soutien se sont réunis sur une période de longueur variable,

allant de quatre à seize séances. Les sujets abordés allaient d'une information

générale sur la violence aux questions relatives à la guérison et aux moyens de se

prendre en main. Les participantes à tous ces programmes ont reçu de l'information sur

les mesures à prendre pour assurer leur sécurité. La principale fonction des groupes

était d'assurer un soutien et, au besoin, de défendre les conjointes.

Les programmes qui ont eu le taux de participation le plus élevé étaient fournis par des

organismes distincts de ceux qui administraient les programmes destinés aux hommes;

il y avait cependant une étroite collaboration entre les organismes qui s'occupaient des

hommes et des femmes. Certains programmes accordaient une aide aux femmes en

leur donnant des billets d'autobus ou des billets de stationnement et en leur assurant

des services de garde minimums. On a également considéré essentiel de leur offrir

divers services (comme de les aider à trouver un avocat, à se loger, à communiquer

avec la police et les services de libération conditionnelle), de leur rendre visite à

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domicile et de communiquer avec elles par téléphone pour discuter des questions qui

les préoccupent le plus et pour établir une relation de confiance entre elles et le

personnel.

Pour des raisons diverses, un thérapeute masculin a animé deux programmes destinés

aux femmes pendant une courte période. Cette solution n'a pas été heureuse, car (a)

les femmes violentées n'étaient pas à l'aise pour discuter des problèmes de violence

avec un homme et (b) dans certains cas, les femmes n'étaient pas à l'aise pour parler

avec des membres du personnel des services correctionnels qui travailllaient avec leur

conjoint. Ce sont là des conjectures, car on n'a pas interrogé directement les femmes

sur leur expérience dans le cadre du programme, mais il était évident, d'après les

niveaux de participation et de fréquentation, qu'il existait un problème, et on suppose

que ce problème était la présence d'un homme.

Il est intéressant de noter que, une fois que les services aux femmes, en Alberta, ont

été offerts par un organisme distinct et des conseillers féminins, les conjointes ont été

plus nombreuses à participer. En outre, les programmes à l'intention des femmes qui

ont attiré le plus de femmes - ceux de Terre-Neuve et d'Ottawa - étaient animés par des

thérapeutes féminins. Il était important que les femmes connaissent bien le problème de

la violence familiale et soient bien en prise sur la collectivité. Ces liens étaient

importants pour que la thérapeute puisse mieux répondre aux besoins de femmes dans

un certain nombre de domaines.

Les groupes de femmes constitués dans le cadre d'un des deux projets pilotes offerts

en milieu carcéral n'ont pas été particulièrement populaires. Ce manque d'intérêt

s'explique par plusieurs raisons associées à l'incarcération: la violence avait été

interrompue, la relation avec l'agresseur avait pris fin ou il avait été impossible de

contacter l'intéressée parce qu'on n'avait pas ses coordonnées.

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CONCLUSION Le SCC a tiré profit de l'expérience des projets pilotes. Il a rédigé des manuels sur des

programmes spécifiques à l'intention des délinquants, manuels qui peuvent être utilisés

à d'autres endroits avec une sélection et une formation appropriées des animateurs.

L'importance d'un certain nombre d'aspects opérationnels est également ressortie

nettement. Notons par exemple : l'établissement de liens avec d'autres sources de

services dans le milieu et des organismes d'exécution de la loi; l'établissement et le

maintien d'un échange d'information entre le projet et le personnel des services

correctionnels; la mise en place d'une planification préliminaire du programme et de la

publicité (notamment la rédaction de brochures sur le programme); l'élaboration de

critères spécifiques sur l'aiguillage; la prise de conscience de l'importance de la

surveillance clinique et de la formation du personnel; enfin, la formation du personnel du

SCC.

Le SCC a également perçu l'importance des séances préalables au traitement dont le

but est de mobiliser le délinquant le plus tôt possible et de le préparer à la thérapie de

groupe. De la même manière, des séances de rappel ou de confirmation sont

nécessaires pour surveiller l'évolution des délinquants, les soutenir et les encourager à

conserver un comportement non violent. Le personnel du projet s'est posé la question

de la participation obligatoire des hommes au traitement, dans le cadre de l'ordonnance

de mise en liberté. Cela assure un mécanisme de contrôle de la fréquentation et de la

participation au programme. En outre, l'importance du soutien, de la planification des

mesures de sécurité et d'aide pour les conjointes et les enfants a été mise en évidence.

Enfin, il était également important de permettre aux conjointes de participer au

programme même si leur conjoint ne le faisait pas ou avait cessé de le faire.

Dans l'élaboration du programme, l'approche proféministe et celle de l'apprentissage

social sont prometteuses. Le SCC attend les résultats de l'analyse de l'ensemble des

mesures préalables et postérieures au traitement de l'ensemble des projets, dont le

rapport devrait être prêt au plus tard le 31 mars 1996. Bien qu'il soit moins souhaitable

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de mesurer l'efficacité du programme uniquement d'après ces tests, il s'agit là de la

seule méthode qui soit à la disposition du SCC pour l'instant. On envisage une étude de

suivi qui serait fondé sur les taux de récidive.

Les résultats des tests d'avant et d'après le traitement des divers projets traduisent

dans l'ensemble une certaine amélioration. Toutefois, les modes d'évaluation ont

changé dans la dernière année de l'initiative, et le nombre de participants de chaque

projet était faible, ce qui limite la valeur des conclusions qu'on peut tirer. Ces faits

montrent également l'importance de mettre en place un cadre uniforme de recherche et

(ou) d'évaluation dès le début d'un programme, de manière qu'on dispose de données

adéquates pour tirer des conclusions.

La longueur et la formule des programmes ont varié, mais le contenu est resté partout

assez semblable. L'avantage des programmes courts est que les délinquants sont plus

en mesure de le terminer avant la fin de leur période de liberté conditionnelle, mais,

dans la plupart des projets, on a préféré les programmes longs, car le processus de

changement de l'attitude et des convictions, et le développement de compétences

demandent du temps. Les groupes ouverts et fermés ont tous les deux des avantages

et des inconvénients. Les groupes ouverts peuvent accueillir de nouveaux membres

régulièrement, mais cette formule peut nuire au niveau de confiance qui peut s'établir

entre les membres. Les membres des groupes fermés ont davantage la possibilité

d'établir et de maintenir un climat de confiance, mais il n'est pas possible d'y accueillir

de nouveaux membres. Par conséquent, lorsque les groupes sont fermés, il arrive que

dies délinquants doivent attendre longtemps avant de pouvoir trouver place dans un

groupe. Par contre, des rencontres préalables au traitement peuvent être une solution à

ce dilemme.

Désireux d'aider les délinquants à surmonter leurs besoins criminogènes, le SCC

continue à offrir des programmes de traitement et de prévention de la violence familiale.

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Les résultats des projets pilotes seront utiles pour la planification et la prestation des

futurs programmes, et pour l'adaptation du cadre aux programmes de violence familiale.

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LISTE DES PROJETS PILOTES

1. Family Violence Project - Saint John's (Terre-Neuve)

2. Interpersonal and Family Skills Program - Edmonton (Alberta)

3. Opportunities Program - Toronto (Ontario)

4. Healthy Relationships - Victoria (C.-B.)

5. Programme d'enrichissement familial - Ottawa (Ontario)

6. Programme Contrecoups - Laval (Québec)

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1. PRÉVALENCE DE LA VIOLENCE FAMILIALE D'après une étude de Statistique Canada parue en 1993 (Enquête sur la violence faite

aux femmes), 50% des femmes canadiennes âgées de plus de 16 ans ont déjà été

victimes d'au moins un incident de violence. De plus, 25% des Canadiennes ont été

maltraitées par leur conjoint ou leur ex-conjoint.

D'après les différentes études sur les délinquants masculins de ressort fédéral, de 29%

à 58% de ces hommes auraient eu par le passé ou auraient encore un comportement

violent à l'endroit de leur famille. En étudiant le dossier de 935 détenus de pénitenciers

fédéraux choisis au hasard, on a constaté que 33,7% d'entre eux maltraitaient des

membres de leur famille (Robinson et Taylor, 1995). De façon plus précise, 24% des

détenus mariés (ou vivant en union de fait) avaient brutalisé leur femme. De plus 20%

des hommes de cet échantillon qui vivaient une relation de couple avaient fait l'objet

d'accusations formelles de violence à l'endroit d'une femme. Ces statistiques, faut-il le

rappeler, sont peut-être une sous-estimation de la fréquence réelle des actes de

violence, puisque les renseignements sont tirés exclusivement des dossiers.

Beaucoup de gens croient que les femmes et les hommes recourent également à la

violence dans les relations de couple, ce qui est faux. Ce sont les hommes qui se

livrent le plus souvent à des actes de violence dans la famille (Dobash, Dobash, Wilson

et Daly, 1992). D'après une étude réalisée par Myers Avis (1992), les hommes seraient

les auteurs de 95 % des voies de fait commises contre le ou la conjointe en Amérique

du Nord. Ces hommes recourent à la violence pour dominer leur femme ou leurs

enfants. De leur côté, les femmes n'amorcent normalement pas des actes de violence,

mais elles réagissent avec agressivité aux mauvais traitements qu'on leur inflige pour se

défendre elles-mêmes ou pour défendre leurs enfants (Van Dieten, Rettinger, Graham,

Van Horn, 1992).

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Le fait d'être témoin d'actes de brutalité est un facteur de risque auquel sont exposés

les enfants des familles où il y a de la violence. Passant en revue la littérature récente

sur le sujet, Alksnis et Taylor (1994) signalent que les enfants sont présents lors de 68 à

80 % des agressions dont leur mère est victime. Dans une autre étude sur l'incidence

de la violence familiale chez les délinquants de ressort fédéral, Robinson et Taylor

(1995) ont recueilli de nouvelles données corroborant l'existence d'un cycle de la

violence : 42,4 % des hommes considérés comme violents auprès de leur famille

avaient eux-mêmes été victimes de violence familiale dans leur enfance. Cette

constatation souligne l'importance de former des groupes de soutien à l'intention des

enfants de parents violents pour briser le cycle de la violence.

2. MÉTHODES DE TRAITEMENT DE LA VIOLENCE FAMILIALE Pour corriger le comportement violent des hommes qui n'ont jamais, par ailleurs, eu de

démêlés avec la justice, il y a deux moyens possibles: les arrêter ou leur faire suivre un

traitement. Ces deux moyens peuvent aussi être combinés. L'arrestation est un facteur

de dissuasion pour cette catégorie d'hommes violents dans la mesure où elle sert

d'avertissement; s'ils continuent à brutaliser les membres de leur entourage, ils risquent

d'avoir un casier judiciaire ou de perdre leur emploi. Cependant, l'arrestation ne produit

pas le même effet sur des repris de justice; ils ont déjà un casier judiciaire et sont

souvent persuadés et n'ont rien à perdre (Rondeau, Brochu et Lemire, 1994). Par

conséquent, la meilleure solution pour cette clientèle criminalisée, dont les besoins et

les risques de récidive sont considérables, consiste à offrir un traitement intensif à ces

hommes, après les avoir arrêtés et traduits en justice s'ils ont enfreint la loi.

La plupart des programmes de traitement offerts depuis 10 ans aux maris violents

comportent une série de séances d'une heure et demie à trois heures, échelonnées sur

une période variant de 10 à 24 semaines (Rondeau, Brochu et Lemire, 1994). Les

programmes plus courts (de 10 à 12 semaines) se sont avérés inefficaces auprès des

délinquants (Cyr, 1994). Il faut offrir à ces hommes des programmes de traitement plus

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longs et plus intensifs que ceux qui s'adressent à la population générale, puisque les

criminels sont potentiellement plus violents que les autres hommes.

D'après les études sur la violence familiale, les hommes violents se rangeraient en trois

catégories (Hart, Dutton et Newlove, sous presse). Dans la première catégorie, on

trouve les hommes qui, après avoir brutalisé les membres de leur famille, manifestent

du remords. La deuxième catégorie correspond aux hommes qui commettent des actes

d'une extrême violence contre les membres de leur famille et qui ont souvent un casier

judiciaire faisant état de crimes violents commis en dehors du milieu familial. La

troisième catégorie est celle des hommes qui se montrent violents dans leurs relations

avec autrui aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de la famille, qui ont un casier

judiciaire chargé et qui ont souvent été maltraités pendant leur enfance. Les hommes

de la première catégorie sont plus susceptibles de tirer profit des programmes de

traitement offerts en milieu communautaire, à une clientèle générale, tandis que des

programmes intensifs de traitement de la violence familiale conçus expressément pour

des délinquants sont susceptibles de convenir davantage aux deux autres catégories

(Ha rt et coll., sous presse).

Il existe plusieurs formules de traitement de violence familiale. Les thérapies de groupe

offerts en milieu communautaire, à l'intention des hommes violents, reposent

essentiellement sur une approche cognitivo-comportementale et s'inspirent de l'analyse

féministe (Tolman et Bennett, 1990).

Les approches qui s'inspirent de l'analyse féministe considèrent la violence faite aux

femmes comme le résultat direct de l'inégalité sociale; elles, ne s'attachent pas aux

causes individuelles de la violence comme le stress, l'anxiété, une piètre image de soi

ou l'impulsivité. En Amérique du Nord, les hommes et les femmes sont socialisés de

façons différentes et les rôles attribués à l'un et l'autre sexe sont renforcés par la

publicité, la télévision et la répartition des rôles à l'intérieur de la famille. Les obstacles

d'ordre économique et social viennent perpétuer cette division des rôles. De plus, la

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culture qui a cours en Amérique du Nord est essentiellement patriarcale, dans la

mesure où la plupart des postes de pouvoir (par exemple, dans le gouvernement ou

l'Église) sont occupés par des hommes. D'après l'analyse féministe, cette structure du

pouvoir entretient l'inégalité des sexes et sert à perpétuer les situations de violence

(Burns et Meredith, 1991). Enfin, l'analyse féministe part du principe que les hommes

violents sont entièrement responsables de leurs actes et qu'ils décident de recourir à la

violence ou non (Cyr, 1994). Par conséquent, la plupart des programmes de traitement

fondés sur l'analyse féministe visent à enrayer la violence en changeant les attitudes

stéréotypées des hommes à l'égard des femmes et en favorisant l'égalité dans les

rapports homme-femme (Gondolf, 1988).

L'approche de l'apprentissage social fondée sur des méthodes cognitives repose sur

l'acquisition de compétences; le changement d'attitude est vu comme le précurseur d'un

changement de comportement. D'après cette approche, la violence familiale est un

comportement appris; il peut donc être « désappris » (Ganley, 1981). Tout comme

l'approche féministe, l'approche cognitivo-comportementale part du principe que la

violence est un moyen que l'homme emploie pour dominer la femme. D'ailleurs, tout

comme les interventions d'inspiration féministe, la thérapie cognitivo-comportementale

vise essentiellement à amener les hommes violents à cesser de recourir à la violence

(Adams, 1988).

Il se peut que certains délinquants aient à régler d'autres problèmes, par exemple leur

toxicomanie, avant d'amorcer un traitement qui vise à les amener à cesser de brutaliser

leur femme. Beaucoup de programmes conçus pour enrayer la violence familiale

n'acceptent pas les hommes qui se droguent ou qui boivent trop, car les progrès qu'on

peut escompter dans leur cas sont négligeables (Tolman et Edelson,. 1989).

3. MESURE DE L'EFFICACITÉ DES PROGRAMMES Une autre facteur qu'il faut prendre en considération est la nature du traitement

susceptible d'être le plus efficace pour le délinquant. Le traitement en groupe semble le

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plus profitable dans la plupart des cas, mais les séances de thérapie individuelle

semblent mieux répondre aux besoins de certains délinquants dont le développement

cognitif n'est pas assez avancé pour qu'ils puissent tirer parti des interventions

interactives caractéristiques des thérapies de groupe (Cyr, 1994). Cependant, pour les

délinquants auxquels le traitement en groupe convient, cette formule peut être

avantageuse puisqu'elle favorise la remise en question des attitudes et des croyances

qui entretiennent la violence contre les femmes (Edelson et Tolman, 1992;

Sakai, 1991).

Le pourcentage élevé d'abandon est un autre problème dans le domaine des

programmes de traitement pour les hommes violents (Gondolf, 1987). Le problème est

particulièrement évident dans le cas des ex-détenus de ressort fédéral inscrits à des

programmes en milieu communautaire (Buys, 1995; Van Dieten et Walker, 1995),

surtout chez ceux qui s'inscrivent de leur propre initiative à ces programmes. Pour

qu'un traitement soit efficace, il faut généralement un facteur de motivation extrinsèque

(Rondeau, Brochu et Lemire, 1994).

L'une des méthodes utilisées pour évaluer l'efficacité des programmes de traitement de

la violence familiale consiste à interroger la conjointe de l'homme inscrit au programme

à intervalles réguliers, après la fin du traitement. Cette façon de faire est généralement

jugée plus fiable que d'interroger directement les participants, puisque ces hommes ne

font généralement pas état de tous les incidents de violence (Edelson et Brygger, 1986;

Jouriles et O'Leary, 1985). D'après les conjointes des participan t de 59 % à 84 % de

ces hommes ne recourent plus à la violence après la fin du traitement (Edelson et

Brygger, 1986). Ce n'est toutefois pas la meilleure méthode d'évaluer si la violence se

poursuivit, car en demandant à la femme de signaler la fréquence des comportements

violents de son conjoint, on risque de compromettre à sa sécurité si les mauvais

traitements se poursuivent (lnstitute for Human Resource Development, 1995).

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Une méthode fiable et souvent employée pour évaluer l'efficacité du traitement consiste

à administrer aux participants des tests avant et après le traitement. Les changements

constatés entre les attitudes et les comportements de l'individu peuvent alors être

attribués à l'intervention thérapeutique. Il est préférable d'avoir un groupe témoin pour

comparaison.

Jusqu'à maintenant, les programmes offerts à l'extérieur des pénitenciers à une

clientèle générale semblent donner des résultats. encourageants. Dans plusieurs de ces

programmes, on utilise l'Échelle des tactiques de résolution des conflits mise au point

par Straus (1979), pour évaluer les différences dans certaines variables avant et après

le traitement. Edelson, Miller, Stone et Chapman (1985) ont testé neuf hommes à l'aide

de cet instrument avant et après un programme de 12 semaines fondé sur l'approche

cognitivo-comportementale. D'après les déclarations des participants, on a établi le

taux de réussite à 77%, ce qui dénotait une réduction appréciable de la violence entre le

moment du pré-test et du post-test. Dans une autre étude, DeMaris et Jackson (1987)

font état d'un taux de réussite de 65% enregistré à la suite d'un programme cognitivo-

comportemental de 12 semaines à l'intention des hommes violents; dans ce cas encore,

on a calculé le taux de réussite d'après les réponses que les participants avaient

données, avant et après le traitement, à l'Échelle des tactiques de résolution des

conflits (ETRC). Dans une autre étude, Dutton (1986) a analysé l'efficacité d'un

programme de traitement de 16 semaines fondé sur l'approche cognitivo-

comportementale. Les scores que les participants ont obtenus à l'ETRC, avant et après

le traitement, ont révélé une baisse significative de la violence autodéclarée.

Malgré son utilité, l'Échelle des tactiques de résolution des conflits a fait l'objet de

critiques parce qu'elle ne permet pas de mesurer la motivation du comportement relevé

ni le contexte dans lequel il s'est produit (Dobash et coll., 1992; Van Deitan et Walker,

1995). Ainsi, si le participant déclare avoir, ne serait-ce qu'une seule fois, poussé,

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bousculé, frappé ou tenter de frapper sa conjointe, il est catalogué comme un « auteur

de violence ». L'homme qui a donné un coup de pied, battu quelqu'un, menacé

quelqu'un avec un couteau ou tiré un coup de fusil se voit ranger dans la catégorie des

« auteurs de violence grave ». Par ailleurs, la notion de gravité est mal définie, si bien

que les incidents de violence semblent qualifiés de « graves » ou de « mineurs » de

façon arbitraire (Dobash et coll., 1992).

Pour pallier ces lacunes, Meredith et Burns (1990) ont mis au point l'Indice de maîtrise

du comportement (IMC), qui englobe certaines questions de l'Échelle des tactiques de

résolution des conflits et de trois autres instruments. On a utilisé l'IMC auprès de

détenus pour évaluer l'effet de neuf programmes psycho-éducatifs, en administrant ce

test aux participants avant et après le programme. Ces programmes, dont la durée

variait de 9 à 24 semaines, étaient gérés par le ministère des S-Fervices correctionnels

de l'Ontario. L'analyse des résultats obtenus a révélé une diminution de la violence

psychologique, verbale, sexuelle et physique (Meredith et Burns, 1990).

Malgré la quantité impressionnante d'études sur les programmes de traitement de la

violence familiale, il est difficile de tirer des conclusions définitives quant à leur efficacité

à cause de la disparité des instruments d'évaluation et d'une analyse inappropriée ou

insuffisante des données. Dans l'avenir, nous serons plus à même d'évaluer l'efficacité

des traitements de la violence familiale, grâce au perfectionnement constant et à la

validation des instruments de mesure dans ce domaine.

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1. INITIATIVE FÉDÉRALE DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE FAMILIALE

D'après la définition qu'a adoptée le gouvernement fédéral, la violence familiale englobe

tous les mauvais traitements infligés aux enfants, aux adolescents ou aux personnes

âgées, à l'intérieur et à l'extérieur de la famille, ainsi que les mauvais traitements infligés

aux femmes par leur conjoint. Outre l'agression physique, la violence familiale peut

revêtir plusieurs formes: intimidation, cruauté mentale ou violence psychologique,

exploitation sexuelle, négligence, privations et exploitation financière.

Le gouvernement fédéral s'intéresse de près au problème de la violence familiale

depuis 1986, année du lancement de l'Initiative de lutte contre l'exploitation sexuelle

des enfants. Il a consacré 25 millions de dollars à ce projet de cinq ans. Par la suite,

en 1988, le Cabinet a approuvé la mise en oeuvre d'une Initiative interministérielle de

lutte contre la violence familiale à laquelle allait être affectée la somme de 40 millions de

dollars sur quatre ans. En 1991-1992, cette initiative a été renouvelée pour quatre

autres années, assortie d'un budget et 136 millions. Santé Canada était chargée de

coordonner les activités mises sur pied par d'autres ministères fédéraux dont le

ministère du Solliciteur général, la Société canadienne d'hypothèques et de logement,

le ministère des Affaires indiennes et du Nord, le Secrétariat d'État et le ministère de la

Justice.

L'Initiative renouvelée visait les objectifs suivants :

• sensibiliser davantage la population et favoriser la prévention

• renforcer le cadre juridique fédéral

• assurer des services aux Indiens des réserves et aux Inuit

• améliorer les services d'intervention et de traitement

• augmenter le nombre de logements mis à la disposition des victimes

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• améliorer la mise en commun de l'information à l'échelle nationale et intensifier les

efforts de coordination

Le gouvernement fédéral a adopté une vaste stratégie en cinq volets pour poursuivre

les efforts déployés dans le cadre de la lutte contre la violence en milieu familial. La

stratégie englobe des activités relevant de chacun des domaines suivants :

• Prévention

• Intervention et traitement

• Recherche et évaluation

• Formation professionnelle

• Collecte et diffusion de renseignements

2. INITIATIVE DU SCC EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LA VIOLENCE FAMILIALE

Le Service correctionnel du Canada (SCC) prend part à des activités visant à enrayer la

violence familiale depuis 1988, année du lancement de la première initiative de lutte

contre la violence familiale, qui s'échelonnait sur quatre ans. Les activités ont pris de

l'ampleur par suite du renouvellement de l'Initiative en 1990. Le ministère du Solliciteur

général a obtenu la somme de 23 millions de dollars, dont 9,15 millions ont été alloués

au SCC.

a) STRUCTURE ADMINISTRATIVE

Une Unité chargée de l'Initiative de lutte contre la violence familiale a été mise sur pied

à la Division des programmes correctionnels en septembre 1991. À la même époque,

un poste de directeur de la recherche sur la violence familiale a été créé à la Direction

de la recherche et des statistiques du SCC. On a embauché des agents de projet pour

épauler directement les établissements, les organismes communautaires et les bureaux

régionaux de chacune des cinq régions. Au début, la plupart des activités étaient

gérées par l'administration centrale; par la suite, cependant, on a établi un fonds annuel

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(projets innovateurs) pour chaque région afin de favoriser l'établissement de

partenariats avec les organisations locales et fournir des programmes de prévention et

de traitement aux délinquants sous responsabilité fédérale. Dans la dernière année de

l'initiative, la gestion des programmes s'est davantage régionalisée.

b) ÉLABORATION ET MISE EN OEUVRE DU PROJET

Dans le cadre de l'Initiative de lutte contre la violence familiale, le SCC s'est vu confier

le mandat de réduire l'incidence de la violence familiale chez les délinquants, en mettant

au point une infrastructure de programmes de prévention, en lançant des programmes

de traitement et d'intervention en milieu carcéral et communautaire, en formant le

personnel et en le sensibilisant au problème. On considérait prioritaire de répondre aux

besoins des délinquants autochtones et des femmes détenues de ressort fédéral.

En avril 1992, lors d'une réunion du personnel des régions et de l'administration

centrale du SCC, on a élaboré un plan de mise en oeuvre pour gérer toutes les activités

liées à la violence familiale, et ce, pour exécuter le mandat du SCC. Plus tard, le SCC a

mis au point un Modèle théorique s'appliquant aux interventions de lutte contre la

violence familiale en milieu correctionnel afin de guider et d'orienter l'élaboration, à

l'échelle du Service, de tous les programmes de traitement de la violence familiale.

Voici quelques-unes des activités auxquelles se livre le SCC dans les cinq grands

domaines énumérés plus haut.

- PRÉVENTION -

L'Initiative de lutte du SCC contre la violence familiale est venue compléter la formation

des animateurs des modules « Vivre sans violence » et « Compétences parentales » du

Programme d'acquisition de compétences psychosociales. Ces programmes donnent

aux délinquants l'occasion de remettre en question leurs attitudes et leurs idées à

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l'égard du rôle des différents membres d'une famille et des relations entre les hommes

et les femmes, par exemple. Ils les aident à acquérir les compétences qui leur

permettront de fonctionner normalement au sein de leur famille. Tous les exemples

étant présentés à la troisième personne, les participants n'ont pas à dévoiler leurs

expériences personnelles.

Un certain nombre de programmes de prévention ont été conçus à l'intention des

détenus grâce au financement des projets innovateurs régionaux. On a également

présenté, tant au personnel qu'aux délinquants, un certain nombre de représentations

théâtrales interactives portant sur la violence familiale.

Le SCC a conçu deux brochures. La première, intitulée La violence familiale... Il faut

d'abord en parler, s'adresse aux familles de délinquants. La deuxième, à l'intention du

personnel du SCC, s'intitule La violence familiale... PAE peut aider.

- PROGRAMMES DE TRAITEMENT À L'INTENTION DES DÉLINQUANTS DE SEXE

MASCULIN -

On a mis l'accent sur les programmes de traitement des délinquants en milieu

communautaire. Durant la deuxième phase de l'Initiative, le SCC a poursuivi deux des

projets pilotes de traitement (Edmonton et Ottawa) et passé des contrats en vue de

l'élaboration de quatre autres programmes. C'est ainsi que des programmes ont été

instaurés dans des établissements de Laval (Quebec) et de Victoria (C.-B.) et dans la

communauté à Saint John's (Terre-Neuve) et à Toronto (Ontario). Les programmes en

milieu carcéral devaient servir d'amorce au traitement en milieu communautaire, mais

cela a été impossible en raison de certaines difficultés. Le projet de Victoria n'a pas été

très populaire auprès des détenus, la participation étant volontaire et les délinquants

ayant d'autres priorités.

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Le programme de Traitement Contre coups à l'établissement Montée St-François à

Laval devait se dérouler en deux phases: la première en établissement et la seconde

en communauté chez la firme Option de Montréal. Toutefois, les détenus ayant

participé au programme de Traitement n'étaient pas tous libérés sur le territoire de

Montréal. Les tests devaient être envoyés par la poste aux clients et n'étaient pas

souvent retournés par ceux-ci. La Phase Il a donc été abandonnée et un réseau de

ressources oeuvrant auprés des hommes violents a été développé dans presque tous

les secteurs de la Région du Québec. Ce qui a rendu possible le suivi de ces clients

ayant comme particularité des attitudes et des comportements violents envers leur

conjointe et/ou leurs enfants. Le but poursuivi étant de s'assurer que les libérés

reçoivent le suivi nécessaire; qu'ils aient l'opportunité de poursuivre leur démarche de

traitement; qu'ils soient facilement localisables grâce au S.G.D. (système de gestion des

détenus).

À une exception près, tous les projets pilotes prévoyaient la constitution de groupes de

soutien parallèles auxquels pouvaient participer la conjointe et, dans certains cas, les

enfants du délinquant pour assurer leur protection personnelle.

Dans une certaine mesure, le SCC s'est fié aux ressources communautaires existantes

pour adapter le matériel existant et pour offrir le programme aux populations de ressort

fédéral. Cependant, dans la majorité des cas, le SCC a confié à des professionnels de

l'extérieur la tâche d'élaborer des programmes distincts pour répondre aux besoins

particuliers des délinquants de ressort fédéral. Il convient de noter ici que la portée des

programmes communautaires habituels de lutte contre la violence familiale n'a pas été

jugée assez vaste pour répondre aux besoins multiples qu'éprouvent les délinquants

sous responsabilité fédérale au moment de leur libération. Par exemple, ces

délinquants ont en général de la difficulté à se réinsérer dans la société et dans leur

famille et, si ce problème n'est pas résolu, il est susceptible de les rendre inaptes à

participer aux programmes. On a demandé aux organismes d'être sensibles et de

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répondre eux-mêmes aux multiples besoins de ces ex-détenus ou de faire appel aux

ressources communautaires appropriées.

Durant la dernière année de l'Initiative, le SCC a donné à contrat la conception de

trente-deux programmes de lutte contre la violence familiale à l'intention des

délinquants de sexe masculin. Il s'agissait de programmes de traitement, de

prévention, d'éducation et d'orientation devant être offerts en milieu carcéral et en milieu

communautaire dans toutes les régions du SCC. Le choix des lieux de prestation des

programmes était fondé sur les différents plans régionaux.

- PROGRAMMES DE TRAITEMENT À L'INTENTION DES DÉLINQUANTS

AUTOCHTONES -

Le SCC a également passé un marché avec un organisme autochtone de Winnipeg

(Manitoba), le Ma Mawi Wi Chi Itata Centre, pour adapter son programme aux détenus

de l'établissement de Stony Mountain. L'évaluation du programme, qui s'est terminée

en janvier 1993, a fait ressortir que la dimension culturelle et spirituelle du programme

avait grandement contribué aux changements personnels constatés par les délinquants

autochtones. Bon nombre ont fait remarquer qu'ils n'avaient jamais eu l'occasion

d'explorer et de comprendre leur patrimoine culturel et que cette composante du

programme était la plus bénéfique. Depuis le lancement du programme de Ma Mawi,

en 1993, cent délinquants y ont participé, dont les quinze qui le suivaient au moment de

la rédaction de ce rapport. On a déjà pris des mesures pour étendre le programme à

toute la région des Prairies, et on se penche sur la possibilité de l'offrir dans la région du

Pacifique.

D'autres programmes à l'intention des Autochtones ont par ailleurs été mis sur pied

dans la région du Pacifique grâce au fonds des projets innovateurs régionaux. Deux

projets ont ainsi vu le jour, le premier à l'établissement de Matsqui et le second en

milieu communautaire à Prince George. Les intervenants du programme Change of

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Seasons, qui traite expressément de la violence conjugale dans une perspective

autochtone, ont été retenus pour mettre le programme à l'essai à l'établissement de

Matsqui. Il a fallu résoudre quelques difficultés du fait que, à l'origine, le programme

Change of Seasons était un programme communautaire. Au cours du projet pilote, on a

déterminé qu'il serait bénéfique d'offrir le programme à titre de traitement prélibératoire

que les délinquants continueraient de suivre en milieu communautaire, une fois libérés.

Bien que ce programme soit maintenant terminé, on s'intéresse à la possibilité d'offrir la

nouvelle formule. Le programme communautaire était fourni par le centre d'accueil

autochtone de Prince George qui voulait en faire un "cercle de vie des hommes ".

Lancé par l'administration centrale, ce projet n'a jamais démarré, faute d'un nombre

suffisant de clients.

- PROGRAMMES DE TRAITEMENT À L'INTENTION DE GROUPES SPÉCIAUX-

La région du Pacifique a retenu les services d'un organisme pour élaborer un

programme de traitement de la violence familiale adapté à la culture asiatique, mais ce

programme n'a pu être offert, à défaut d'un nombre suffisant de participants.

- PROGRAMMES DE TRAITEMENT À L'INTENTION DES FEMMES PURGEANT UNE

PEINE DE RESSORT FÉDÉRAL -

Selon le rapport du Groupe d'étude sur les femmes purgeant une peine fédérale (La

Création de choix), près de 80% des femmes incarcérées ont été victimes d'une forme

quelconque de violence. Environ 70% de ces femmes auraient été maltraitées

physiquement et 50% auraient subi des sévices sexuels. La proportion des femmes

autochtones maltraitées est supérieure à la moyenne natiànale. Depuis quelques

années, on offre plus de services aux détenues de ressort fédéral pour les aider à

surmonter les séquelles des mauvais traitements dont elles ont été victimes ainsi qu'à

maîtriser la violence qu'elles exercent à leur tour. Des fonds ont été libérés dans le

cadre de l'Initiative de lutte contre la violence familiale pour traiter les victimes d'inceste

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et d'autres agressions sexuelles. Des projets ont également été réalisés dans les

régions des Prairies et du Pacifique. Un programme conçu au Burnaby Correctional

Centre for Women présente un intérêt particulier. Le programme, intitulé "Home

Improvement - Tools for Building Better Relationships", a été élaboré par la Fraser

Valley Violence Prevention Society. Le manuel de traitement rédigé pour ce programme

a été communiqué au personnel intéressé partout au Canada, et les réactions ont été

favorables. Ce programme pourrait être repris dans certains des nouveaux programmes

de traitement en voie d'élaboration pour les femmes purgeant une peine de ressort

fédéral.

- FORMATION PROFESSIONNELLE -

En 1991-1992, on a été constitué un groupe de travail surfa sensibilisation et la

formation du personnel formé de représentants de l'administration nationale et des

régions. Les travaux de ce groupe de travail ont donné lieu à l'établissement d'une

norme nationale de formation dans le domaine de la lutte contre la violence familiale,

comportant trois volets :

• une séance de sensibilisation d'une demi-journée, dans le cadre du programme de

formation de base de tous les nouveaux employés du SCC;

• un programme intensif de trois jours à l'intention des employés ayant des contacts

directs avec les délinquants;

• un programme d'une journée à l'intention des agents d'orientation du Programme

d'aide aux employés (PAE).

Le programme intensif est axé sur l'acquisition des compétences qui permettront aux

employés d'identifier les délinquants qui risquent fort de maltraiter des membres de leur

famille et d'acquérir les compétences pour intervenir. À ce jour, environ 50% des

employés du SCC inscrits ont déjà suivi le programme intensif de trois jours. Des

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séances plus spécialisées ont été offertes aux aumôniers partout au Canada et aux

psychologues qui oeuvrent en milieu communautaire dans la région de l'Ontario.

Dans le cadre de la stratégie de formation, le SCC a formé des agents d'orientation du

PAE à la façon de traiter les renseignements révélés par des employés lors des

séances de formation, ce point ayant été soulevé lors des séances de formation qui se

sont tenues au cours de la phase précédente de l'Initiative.

- RECHERCHE ET ÉVALUATION -

On a continué d'évaluer l'efficacité des volets « Vivre sans violence » et « Compétences

familiales et parentales » du Programme d'acquisition de compétences psychosociales

tout au long de l'Initiative. Comme nous l'avons déjà vu, chacun des programmes de

traitement et projets pilotes comportait une composante de recherche.

Les études qui suivent ont été menées dans le cadre de l'initiative:

• Compendium de recherche sur la violence familiale et le fonctionnement de la famille

du délinquant

• Structure de recherche nationale - Projets pilotes sur la violence familiale

• La violence familiale chez les délinquants sous responsabilité fédérale : Étude fondée

sur l'examen des dossiers

• Être victime ou témoin de violence familiale pendant son enfance : Conséquences

sur le comportement de l'enfant et de l'adulte

• Modèles de la famille chez les détenus autochtones et non autochtones

• (A Review of Assessment Instruments for Family Violence Research)

• Sondage auprès des employés du SCC sur leurs connaissances et leurs attitudes à

l'égard de la violence familiale

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- COLLECTE ET DIFFUSION DE L'INFORMATION -

On a mis au point une vaste base de données sur la violence familiale et les

délinquants sous responsabilité fédérale. Cette information a été communiquée à

d'autres ministères et organismes non gouvernementaux par l'intermédiaire du Centre

national d'information sur la violence dans la famille (Santé Canada). Le SCC a par

ailleurs amorcé la publication d'un bulletin de nouvelles sur ses activités courantes. Ce

bulletin trimestriel est distribué à tout le personnel du SCC, aux ministères fédéraux

s'intéressant au problème de la violence familiale, aux autorités correctionnelles

provinciales ainsi qu'à des organismes non gouvernementaux.

c) COORDINATION DES POLITIQUES

Comme les employés du SCC doivent désormais s'attaquer au problème de la violence

familiale, on a jugé bon de revoir un certain nombre de politiques à la lumière de cette

nouvelle responsabilité. L'examen a permis de conclure que si elles étaient appliquées

telles quelles, la plupart des politiques du SCC (c'est-à-dire les directives du

Commissaire, ou DC) répondaient à aux besoins en matière de prévention de la

violence familiale. On s'est cependant rendu compte que la Directive du

Commissaire 770, Visites familiales privées, devrait être Clarifiée. C'est ainsi que l'on a

élaboré des lignes directrices garantissant la sécurité de tous les membres de la famille,

lors d'une visite familiale privée:

• veiller à ce que les détenus susceptibles d'user de violence à l'égard de membres de

leur famille soient identifiés par les agents de gestion des cas et qu'ils suivent des

programmes qui leur permettent de vaincre leur propension .à la violence avant

d'avoir droit à une visite familiale;

• exiger des visiteurs qu'ils signent un formulaire de consentement avant de prendre

part à une visite familiale;

• veiller .à ce que le personnel questionne les membres de la famille après leur visite

pour discuter de tout incident inusité qui se serait produit au cours de la visite.

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En outre, depuis le début de l'Initiative, le SCC intègre à sa stratégie correctionnelle, qui

oriente ses opérations, le programme de lutte contre la violence familiale à titre de

programme de base. La Stratégie garantit « que les programmes répondent

effectivement aux besoins des délinquants, que leurs composantes forment un tout

cohérent et sont en accord avec les normes communautaires reconnues au Canada »

(Le Service correctionnel du Canada, p. 1).

d) GESTION DES PROJETS PILOTES DE TRAITEMENT

Les programmes de traitement offerts aux délinquants de sexe masculin s'inspirent à la

fois de l'analyse féministe (recherche du pouvoir) et de la théorie de l'apprentissage

social. La violence est perçue comme un comportement appris par l'expérience directe

ou par imitation, et sa nature est instrumentale. Bien que le contenu des programmes

varient, la plupart s'inspirent d'une méthode psycho-éducative. En informant les

participants et en leur enseignant des compétences, les intervenants cherchent à

modifier les attitudes et idées sous-jacentes qui incitent ces hommes à maltraiter les

femmes. On privilégie les séances collectives en raison des grandes possibilités

d'apprentissage, de discussion et de soutien mutuel.

Les responsables des projets étaient tenus de constituer des groupes de soutien pour

les conjointes afin d'assurer la sécurité des membres de la famille. Ces groupes dè

femmes ne suivaient pas de séances de traitement ni de counselling, mais des séances

d'information sur la violence destinées à les aider dans leur cheminement personnel.

L'approche était éducative et fondée sur des principes féministes. Il arrive souvent que

les femmes se font des illusions au sujet du traitement suivi par leur conjoint, c'est

pourquoi il importe de bien les renseigner sur l'efficacité de ce traitement et sur les

façons de se protéger.

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Certains programmes comportaient la constitution de groupes de soutien pour les

enfants qui avaient été témoins ou victimes d'actes de violence familiale. Dans d'autres

programmes, on dirigeait ces enfants vers des organismes communautaires.

Le counselling conjugal était offert dans le cadre de certains projets. On a cependant

établi que ce type d'intervention ne devait avoir lieu que dans les cas où la violence

avait complètement cessé, et lorsque les conjoints souhaitaient de part et d'autre

améliorer leur relation. On a reconnu que la sécurité des conjointes serait compromise

si c'était le délinquant qui demandait de suivre des séances de counselling conjugal

pour avoir une nouvelle occasion d'exercer son pouvoir.

Les projets pilotes de traitement déjà en cours au début de la deuxième phase de

l'Initiative (Ottawa et Edmonton) se sont poursuivis. Quatre autres contrats ont été

passés, comme on le mentionne en 1 b) ci-dessus. On a instauré un certain nombre de

mécanismes de contrôle, principalement sous la forme de produits à livrer, afin

• d'assurer une approche systématique et organisée dans l'élaboration des projets

pilotes.

Les exigences contractuelles et le financement de ces projets ont été gérés à l'échelle

nationale afin d'en garantir l'intégrité et la conformité avec les normes nationales durant

le stade expérimental. Les questions relatives aux opérations ont été soumises aux

comités consultatifs responsables de chacun des projets. Ces comités se sont réunis

trimestriellement pour faire le point sur le déroulement de leurs programmes respectifs.

Ils étaient composés de représentants de l'administration centrale, des administrations

régionales, des établissements concernés, des bureaux de libération conditionnelle de

l'endroit et de la Commission nationale des libérations conditionnelles. La gestion des

opérations courantes incombait soit à l'agent de projet chargé des activités relatives à la

violence familiale dans la région, soit aux employés de l'endroit où était exécuté le

projet, soit aux deux à la fois. Pour certains projets, il a fallu désigner sur place un

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membre du personnel du SCC à titre de personne ressource pour éviter tout

dédoublement des efforts.

Les responsables de chaque projet devaient élaborer et soumettre les documents

suivants au SCC :

• un protocole de mise en commun de l'information,

• un synopsis du programme de traitement,

• les manuels utilisés dans le cadre du programme,

• des rapports semestriels et annuels de recherche et d'élaboration du programme,

• des rapports mensuels

• des rapports sur la présence et la participation des délinquants (au personnel des

libérations conditionnelles).

Le protocole de mise en commun de l'information contient des renseignements

généraux sur la proposition et la sélection de participants, y compris sur les critères

d'admissibilité et la démarche thérapeutique. Cela comprend les politiques et

procédures relatives aux exigences de mise en commun de l'information visant

l'obligation des responsables de projet de rendre compte aux agents de gestion des cas

du SCC de l'évolution de chacun des délinquants.

Le synopsis décrit les objectifs du programme, les principes et les idées sur lesquels il

se fonde, les activités de promotion, les étapes successives du traitement, d'autres

activités telles les tests préalables et postérieurs aux programmes, les conférences de

cas, le suivi et le soutien constant, ainsi que les compétences des chefs de groupe. Ce

document sert d'introduction à chacun des manuels utilisés pendant le traitement.

On a demandé aux intervenants de produire un manuel pour chacune des phases

(p. ex. les groupes masculins I et II) et des composantes du programme (le volet à

l'intention des hommes, le volet à l'intention des femmes, etc.). Ces manuels devaient

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fournir suffisamment de précisions pour permettre la reprise du programme par des

intervenants ayant la formation et les compétences requises.

On a exigé la production de rapports mensuels indiquant le nombre des candidats

dirigés vers le programme et décrivant toute difficulté d'exécution du programme afin

que le personnel du SCC soit régulièrement informé des activités courantes. On a

également exigé la présentation de rapports semestriels et annuels faisant état de

différentes données relatives au programme et à son perfectionnement. Ces rapports

devaient contenir des données sur l'efficacité du programme, à la lumière des tests

administrés aux délinquants avant et après le traitement, ainsi que toute constatation

ayant trait à la structure, à l'élaboration et à l'exécution du programme.

e) TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT

Avant mars 1994, il fallait, dans tous les projets pilotes de traitement, faire des mesures

préalables et postérieures au traitement et produire une analyse dans les rapports de

recherche semestriels ou annuels. Cependant, les instruments utilisés n'étaient pas les

mêmes dans tous les programmes, et la faiblesse du nombre de délinquants participant

à chaque programme ne permettait pas de tirer des conclusions convaincantes. À

compter de mars 1994, les hommes qui ont participé aux programmes se sont prêtés,

avant et après le traitement, à une batterie de tests communs à tous les projets pilotes,

dont le Questionnaire sur les réactions souhaitables (QRS), le Répertoire

multidimensionnel de la colère, l'Indice de maîtrise du comportement et le Répertoire

des opinions tenues à propos de la violence faite aux conjointes. Les délinquants

devaient également donner leur numéro SED pour permettre un examen de suivi. Les

pré- et post-tests ont été administrés aux participants sur une base volontaire à Laval.

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- QUESTIONNAIRE SUR LES RÉACTIONS SOUHAITABLES

Conçu par Paulus (1991), le Questionnaire suries réactions souhaitables (QRS)

consiste en 40 questions conçues pour mesurer la tendance du détenu à s'illusionner

lui-même et à contrôler l'impression qu'il donne à autrui. Il est composé de deux

instruments d'évaluation: une échelle « d'auto-duperie » (20 questions) et une échelle

de conduite stratégique desielations (20 questions). Les délinquants sont priés

d'indiquer dans quelle mesure chaque énoncé s'applique à eux, la cote 1 signifiant

« pas du tout » et la cote 7 signifiant « tout à fait ». Avant de calculer les résultats

obtenus à chacune de ces échelles, il faut renverser la cote de certaines questions.

- RÉPERTOIRE MULTIDIMENSIONNEL DE LA COLÈRE (RMC)

Le Répertoire multidimensionnel de la colère a été élaboré par Siegal (1986). Il s'agit

d'un instrument d'auto-évaluation qui permet de mesurer la colère qu'éprouve le

délinquant et sa façon d'y réagir. La plupart des questions correspondent à cinq

sous-domaines d'évaluation: les déclencheurs de la colère (8 questions, les situations

génératrices de colère (7 questions), l'hostilité générale (4 questions), la colère refoulée

(5 questions) et colère exprimée (2 questions).

On invite le délinquant à indiquer dans quelle mesure chaque énoncé décrit son propre

comportement, les réponses possibles allant de 0 (sans aucun rapport) à 4 (description

tout à fait exacte). On calcule le score total en additionnant les résultats obtenus aux 38

énoncés, mais il faut, auparavant, inverser le score obtenu à certaines questions.

- INDICE DE MAÎTRISE DU COMPORTEMENT (IMC)

Cet instrument d'auto-évaluation de 42 questions conçu par Meredith et Burns (1990)

mesure différents comportements de domination souvent manifestés par les hommes

violents. Toutes les questions, sauf 5, relèvent de quatre sous-domaines d'évaluation :

tendance à raisonner/comportements positifs adoptés pour régler les différends (3

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questions), violence émotionnelle et verbale (18 questions), violence sexuelle (5

questions) et violence physique (11 questions). Les cinq autres questions portent sur

les conséquences des mauvais traitements infligés à autrui.

Dans un premier temps, on demande au délinquant s'il s'est comporté de la façon

décrite dans l'énoncé au cours des 6 derniers mois. Les choix de réponses sont les

suivants: 0 (jamais), 1 (une fois), 2 (2 fois), 3 (de 3 à 5 fois), 4 (de 6 à 10 fois), 5

(de 11 à 20 fois) ou 6 (plus de 20 fois). Si le délinquant répond qu'il ne s'est pas

comporté de cette façon depuis 6 mois, on lui demande s'il l'a déjà fait auparavant (oui

ou non). On établit ensuite la moyenne pour chaque sous-domaine.

- RÉPERTOIRE DES OPINIONS TENUES À PROPOS DE LA VIOLENCE FAITE AUX

CONJOINTES

Cet instrument conçu par Saunders, Lynch, Grayson et Linz (1987) permet d'évaluer les

croyances du délinquant au sujet de la violence conjugale. Il se compose de •

31 questions regroupées en 5 sous-échelles correspondant aux opinions suivantes: on

peut être justifié de battre sa femme (12 questions); les femmes maltraitées par leur

mari en tirent un avantage (7 questions); les maris violents ont besoin d'aide (5

questions); les hommes violents devraient être punis (5 questions) et les hommes

violents sont responsables de leurs actes (4 questions). Chaque délinquant doit

attribuer une cote (de 1 à 7) à chaque énoncé, la cote 1 correspondant à « Tout à fait

d'accord », et la cote 7, à « Pas du tout d'accord ». Avant de calculer les résultats, il faut

inverser le score pour certaines questions. On calcule ensuite le score du délinquant au

Répertoire et son score pour chacun des sous-questionnaires.

CONCLUSION Le SCC a élaboré et mis en oeuvre un nombre important de programmes visant à

éliminer la violence contre les femmes. Les chapitres qui suivent portent sur les projets

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pilotes de traitement qui ont été mis en oeuvre ou poursuivis pendant les années

financières 1991-1992 à 1994-1995.

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FAMILY VIOLENCE PROJECT : ST. JOHN'S (TERRE-NEUVE)

Le projet pilote a débuté en novembre 1992 et s'est terminée le 31 mars 1995.

L'Institute for Human Resource Development de St. John's (Terre-Neuve) a été chargé

de la préparation du projet. Cet organisme avait déjà à son acquis une expérience dans

le travail auprès des victimes d'agression sexuelle.

Le but du projet de St. John's, tel qu'il a été défini, était le suivant :

donner à des hommes en liberté conditionnelle qui ont un comportement

agressif et violent l'occasion de mieux se préparer à vivre avec leur

conjointe une relation véritable, d'égal à égal et dépourvue de violence, et

offrir des services de soutien aux conjointes et aux enfants.

Le « modèle de préparation » a fourni les bases théoriques du programme de St.

John's. Ce modèle a été conçu par le personnel du projet et utilisé pour voir quels

changements étaient apportés au comportement et à l'attitude pendant et après la

thérapie. Dans ce programme, on entend par" préparation "la capacité et la volonté de

modifier son comportement. Ainsi, avec les aptitudes, les connaissances et l'expérience

acquises dans les séances de groupe, les hommes peuvent mettre un terme à leur

comportement violent, pour peu qu'ils veuillent changer.

Les quatre éléments de la "préparation" décrits dans le programme de St. John's sont

les suivants :

- accepter la responsabilité de son propre comportement;

- éviter dans sa relation de faire jouer le pouvoir et le contrôle;

- montrer qu'on est capable d'empathie envers sa conjointe;

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- comprendre comment les modèles précoces de violence

contribuent au comportement d'aujourd'hui (voir annexe A).

Des lignes directrices décrivant les divers changements d'attitude et de comportement

ont été élaborées pour chacune de ces quatre grandes rubriques afin que les

animateurs aient à leur disposition une mesure uniforme pour évaluer l'évolution. Le

"modèle de préparation" n'est pas encore définitivement établi, mais il s'agit d'un nouvel

outil prometteur pour mesurer l'efficacité des thérapies.

Le projet de St. John's était offert à trois groupes différents : programme d'information et

de thérapie pour les hommes; groupe de soutien pour les femmes; groupe de soutien

pour les enfants.

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES Le programme à l'intention des hommes était composé de trois parties, dont chacune

comportait trois aspects : aptitudes, information et thérapie. La première partie, d'une

durée de quatre semaines, était axée sur l'information et était suivie d'une conférence

de cas. Les délinquants participaient ensuite à un groupe de traitement de phase I. Il

s'agit d'une thérapie de 12 semaines en groupe fermé. Cette phase était également

suivie d'une conférence de cas. Enfin, les délinquants participaient au groupe de

traitement de phase II, étape de dix semaines dont l'objet principal était le maintien des

changements d'attitude et de comportement opérés plus tôt dans le programme de

traitement. Cette étape était elle aussi suivie d'une conférence de cas (voir graphique

1).

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Graphique 1:

Étapes du programme à l'intention des hommes dans le projet pilote de

St. John's (Terre-Neuve), Family Violence Project.

PROGRAMME D'INFORMATION

CONFÉRENCE DE CAS

GROUPE DE TRAITEMENT,

PHASE I

CONFÉRENCE DE CAS

GROUPE DE TRAITEMENT,

PHASE II

CONFÉRENCE DE CAS

Les hommes étaient admis au programme s'ils avaient été accusés de violence envers

une femme ou encore s'ils étaient ou avaient été engagés dans une relation entachée

de violence avec une femme. Ne pouvaient participer les délinquants a) qui avaient été

accusés d'agression sexuelle sur des enfants et n'avaient pas suivi une autre thérapie

au préalable ou b) qui avaient un grave problème d'alcoolisme ou de toxicomanie et ne

suivaient pas de traitement ou c) qui souffraient de troubles graves entravant leur

capacité de fonctionner à l'intérieur d'un groupe. Ces critères s'appliquaient à toutes les

étapes du programme.

PERSONNEL DU PROGRAMME Les groupes d'hommes étaient animés par une équipe formée d'un homme et d'une

femme. La surveillance clinique était assurée par le gestionnaire de projet, travailleur

social autorisé (MSVV). Les compétences exigées des animateurs avaient été définies

de manière à assurer le respect de normes minimum. La formation initiale et suivie des

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animateurs avait porté sur la violence familiale et s'était faite dans une optique

pluridisciplinaire. Quant aux services proposés aux femmes, ils avaient été sous-traités

à un organisme local d'hébergement, coordonnés par un travailleur distinct et

administrés par le refuge.

LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ Les programmes de groupe de cette nature exigent des contacts étroits avec les

organismes communautaires. Le projet a joué un rôle important dans la sensibilisation à

la violence familiale dans la région de St. John's. Des relations étroites ont été nouées

avec plusieurs organismes communautaires d'intervention et d'exécution au début du

projet, et elles ont été maintenues pendant toute la durée de celui-ci. Ces liens entre le

projet et la collectivité ont été à l'avantage mutuel de toutes les parties en cause.

Le SCC avait des liens étroits avec le programme, bien que la démarcation entre la

composante de thérapie du programme et le mandat du SCC ait été établie nettement.

Il était de la plus haute importance de respecter le caractère confidentiel de la

participation des délinquants au programme de traitement. Un agent de liaison du SCC

était chargé d'obtenir des agents de gestion des cas (AGC) qu'ils aiguillent des

délinquants vers le programme et de consulter le coordonnateur de projet sur diverses

questions. Le SCC fournissait de l'information sur les antécédents des délinquants et

intervenait au besoin au sujet des comportements de violence familiale à haut risque.

Des liens ont également été établis avec des centres résidentiels communautaires

locaux, car beaucoup de participants au programme habitaient dans ces centres,

puisque c'était une condition de leur libération.

FORMATION Au fur et à mesure que les AGC ont appris à mieux connaître le problème de la violence

familiale, ils ont demandé un complément de formation. Les responsables du projet leur

ont donc offert des séances de formation sur des questions spécifiques comme

l'évaluation des risques présentés par les délinquants placés sous leur surveillance.

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Il importe d'ajouter que le projet de St. John's a mis à la disposition des membres

d'autres organismes communautaires une formation complémentaire tout à fait unique.

En effet, des personnes ont reçu la formation pour devenir animateurs du programme

en participant aux séances des groupes en qualité de troisième animateur, en assistant

à une séance de formation de trois jours et en prenant part à des séances régulières de

bilan. C'est ainsi que sept personnes venant du milieu ont reçu une formation comme

animateurs.

ÉVALUATION Au cours de l'évaluation, des délinquants ont dit parfois qu'ils ne voulaient pas participer

au programme parce que (1) ils ne pensaient pas avoir été violents avec leur conjoint du

moment ou un conjoint antérieur ou que (2) ils répugnaient à discuter de leur

comportement violent dans un groupe. Pour contrer cette résistance, on a adapté le

processus d'évaluation de manière à pouvoir proposer des séances individuelles aux

délinquants chez qui on avait remarqué des réticences. Au cours de ces séances

privées, les échanges ont porté sur la nature de la violence familiale et sur la valeur du

travail en groupe. Comme il a été remarqué dans le projet de St. John's, ce processus

semble avoir atténué la résistance à la participation subséquente aux séances de

groupe.

SOUTIEN PERSONNALISÉ Les délinquants ont parfois eu des rencontres personnelles, mais celles-ci n'ont pas

remplacé le travail en groupe. Ces rencontres ont été proposées aux délinquants qui

attendaient entre deux séries de travail en groupe ou qui avaient besoin d'un soutien

complémentaire concernant la violence familiale.

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PHASES DU PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES

a) PROGRAMME D'INFORMATION

Le programme d'information durait quatre semaines, et chaque rencontre était de deux

heures. Les groupes comptaient entre six et dix participants. Le but visé était de faire

connaître aux participants les réalités sous-jacentes de la violence familiale.

Des éléments d'information étaient donnés sur les éléments suivants :

• présentation et revue du modèle de préparation, y compris, dans les dernières

séances, l'application du modèle à l'expérience personnelle des participants

• description des types de violence contre les femmes (par ex., physique, sexuelle et

psychologique)

• compréhension des facteurs sociaux suivants, qui contribuent au problème de la

violence contre les femmes (d'après le modèle de David Currie - Le mari violent)

• répercussions de la violence dans la famille d'origine

• cycle de la violence et son application dans l'expérience des participants

• facteurs menant à des relations saines

L'information présentée dans ces séances préparait les hommes à interagir à l'intérieur

d'un groupe et leur donnait une compréhension élémentaire des facteurs qui contribuent

au problème de la violence contre les femmes. Une fois terminé le programme

d'information, le participant, le coordonnateur de projet et l'agent de gestion de cas

(collectivité) se rencontraient pour une conférence de cas afin d'examiner les progrès

accomplis par le participant et de discuter des objectifs thérapeutiques à poursuivre

ensuite.

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b) GROUPE DE TRAITEMENT, PHASE I

Le programme de traitement en groupe fermé, phase I, comprenait douze séances de

deux heures chacune, avec entre six et dix participants par groupe. Le traitement de la

phase I était destiné aux hommes qui étaient prêts à modifier leur comportement violent.

Il leur permettait de renforcer leurs aptitudes et les préparaient à vivre une relation

dénuée de violence. Tout au long de cette phase de traitement, les participants étaient

amenés à examiner leur propre comportement à la lumière des divers éléments du

modèle de préparation. Chaque participant a établi un contrat personnel de thérapie qui

portait avant tout sur les domaines où des changements s'imposaient. Les hommes

étaient invités à définir leurs propres problèmes (liste de problèmes) dans le groupe

pour faire en sorte que soient pris en compte dans le traitement les domaines qu'ils

voulaient couvrir. À compter de la deuxième séance, le participant devait faire un

« compte rendu », relatant des faits survenus dans la relation avec sa conjointe au

cours de la semaine et décrivant comment il y avait fait face et quelle avait été l'issue,

positive ou non. La « récapitulation » à la fin de chaque séance permettait aux hommes

de réfléchir à ce qui s'était passé pendant la rencontre et de prendre conscience de

leurs propres impressions.

À la fin du traitement, les hommes faisait une auto-évaluation afin de voir si, oui ou non,

leurs comportements violents avaient été changés. La phase 1 se terminait par une

revue du modèle de préparation. Les animateurs donnaient leurs propres réactions aux

participants sur leurs progrès personnels.

Contenu des séances (principaux thèmes et techniques)

• Il s'agissait d'un programme thérapeutique expérimental fondé sur une théorie

proféministe. Les principes discutés au cours du programme d'information étaient

renforcés pour constituer la base du programme. En outre, on présentait aux

hommes les notions de la roue du pouvoir et du contrôle.

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• Parmi les techniques employées, notons l'imagerie mentale dirigée, la résolution de

problèmes en groupe (examen d'incidents violents vécus par chacun des

participants) et jeux de rôles faisant parfois intervenir les animateurs, homme et

femme, comme modèles de comportement non violent.

• Nouveaux contenus : apprentissage de l'empathie à l'égard de la conjointe;

discussion de l'expérience de mauvais traitements subis par les participants dans

leur enfance; examen de techniques pour construire des relations saines (par ex.,

intimité, confiance, jalousie); identification des facteurs de risque menant à la

violence; acquisition d'aptitudes à adopter un comportement non violent.

Une fois terminée la phase I, le participant, le coordonnateur de projet et l'agent de

gestion de cas (collectivité) se rencontraient pour une conférence de cas afin

d'examiner les progrès accomplis par le participant et de voir s'il voulait passer à la

phase II du traitement.

c) PROGRAMME DE TRAITEMENT, PHASE II

La phase II était de dix semaines, avec des séances de deux heures et des groupes

d'au plus dix personnes. Le contenu spécifique des séances était déterminé par les

participants eux-mêmes. Il n'y avait aucun ajout de matière, puisque cette phase était

un prolongement de la première et que l'accent était mis sur le modèle de préparation.

d) CONFÉRENCES DE CAS

Comme il a été dit plus haut, le programme à l'intention des hommes comportait trois

conférences de cas avec le participant. Parmi ceux qui prenaient part à la conférence, il

y avait toujours le coordonnateur de projet et l'agent de liberté conditionnelle, mais la

conjointe ou une représentante du centre d'hébergement pour femmes pouvaient aussi

y assister si cela semblait opportun. Le fait que l'agent de liberté conditionnelle du

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participant soit directement associé aux décisions sur le traitement et que le participant

s'engage en sa présence à le suivre favorisent la démarche thérapeutique du

participant. Cela peut contribuer à intensifier l'impression de responsabilité, car le

délinquant est directement mêlé à sa propre intervention et à la définition de ses

besoins futurs en traitement.

CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS Entre novembre 1992 et le 31 mars 1995, 139 délinquants ont été aiguillés vers ce

projet pilote. Sur ce nombre, 78 p. 100 (108 délinquants) ont fait l'objet d'une évaluation

et 66 p. 100 (71 personnes) ont ensuite suivi le programme d'information. Des 71

hommes qui ont commencé ce programme, 70 p. 100 (50 délinquants) ont achevé cette

étape. La phase I du traitement a commencé avec 45 délinquants (42 p. 100 des 71

hommes du début) et 69 p. 100 d'entre eux (31 délinquants) ont terminé cette étape.

Enfin, 24 délinquants (22 p. 100 de 71 hommes) ont commencé la phase II du

traitement, et 54 p. 100 (13 délinquants) sont restés jusqu'au bout.

Les données démographiques sur les hommes qui ont pris part au programme sont

fournies à l'annexe A. L'âge moyen du participant était de 33 ans. Le niveau des études

était peu élevé, car seulement 32 p. 100 avaient leur diplôme d'études secondaires et

20 p. 100 faisaient certaines études postsecondaires. La majorité d'entre eux étaient

mariés ou vivaient avec un conjoint de fait (40 p. 100) et 72 p. 100 avaient des enfants.

Plus de la moitié (54 p. 100). avaient connu des incidents de violence familiale dans leur

enfance et plusieurs avaient été victimes de violence psychologique (41 p. 100),

physique (34 p. 100) et sexuelle (17 p. 100). Des accusations avaient été portées contre

un grand nombre de ces hommes (61 p. 100) pour agression contre leur conjointe du

moment ou passée, ou contre leurs enfants.

TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU PROGRAMME Les délinquants ont été soumis à une batterie de tests commune à tous les projets

pilotes avant et après le programme à l'intention des hommes. Comme il a déjà été dit

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dans le présent rapport, ces tests comprenaient le Questionnaire sur les réactions

souhaitables (QRS), le Répertoire multidimensionnel de la colère (RMC), l'Indice de

maîtrise du comportement (IMC), le Répertoire des opinions tenues à propos de la

violence faite aux conjointes et enfin l'Échelle d'état de préparation. Les résultats qui

suivent ont été adaptés essentiellement à partir d'un rapport de recherche provenant du

projet de St. John's (lnstitute for Human Resource Development, 1995).

Le QRS comprend deux échelles, celle de l'auto-duperie et celle de la conduite

stratégique des relations. Les résultats obtenus sur l'échelle d'auto-duperie avant le

programme révélaient que les délinquants n'avaient pas de problème de contrôle de soi,

d'identité ou de confiance. Les résultats étaient un peu plus élevés après le programme,

ce qui montre qu'ils se dupaient eux-mêmes un peu plus après la thérapie. Quant à

l'échelle stratégique de conduite des relations, les résultats des délinquants ont été

généralement positifs avant le programme. Les résultats d'après le programme étaient

un peu plus élevés, ce qui montre que, après la thérapie, les participants semblaient

faire appel à des tendances malhonnêtes dans leurs contacts avec autrui.

Les résultats d'avant le traitement, au RMC, ont révélé que les participants avaient des

degrés variables de colère, se situant pour la plupart au milieu ou au bas de l'échelle.

Généralement, les résultats étaient plus faibles après la thérapie. Ils pouvaient donc

plus facilement gérer leur colère. Les diminutions observées dans les sous-échelles,

entre les tests d'avant et d'après le programme, montrent que le traitement semble

aviver la prise de conscience de la colère, réduire le nombre de situations susceptibles

de susciter la colère et faire diminuer la probabilité d'une attitude hostile.

Les résultats moyens sur les sous-échelles de l'Indice de maîtrise du comportement

montrent un taux peu élevé de contrôle du comportement avant et après le programme.

L'échantillon était très petit, et on n'a relevé aucune différence significative entre les

tests d'avant et d'après le programme. Le résultat total et tous les résultats de sous-

échelle sauf un ont affiché une légère augmentation après le programme. Le résultat

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moyen à la sous-échelle de la violence physique a baissé, ce qui traduit une tendance

encourageante.

Aussi bien après qu'avant le programme, les résultats ont été faibles au Répertoire des

opinions tenues à propos de la violence faite aux conjointes. Les résultats les plus bas

sont ceux de la sous-échelle qui porte sur la compréhension des sentiments de la

victime. En réalité, les délinquants reconnaissaient plus volontiers que l'auteur des

mauvais traitements avait besoin de traitement que le fait que la violence fait du mal à la

victime. Les résultats sur cette échelle étaient légèrement plus élevés après le

programme. Cela montre que les délinquants pouvaient alors s'identifier davantage

avec les sentiments de la victime et accepter la responsabilité de leur comportement

violent.

L'ÉCHELLE DE L'ÉTAT DE PRÉPARATION L'échelle de l'état de préparation était exclusive au projet de St. John's. Ce test évalue

dans quelle mesure un délinquant est prêt à vivre sans violence familiale. La

progression des résultats sur les sous-échelles traduit un meilleur état de préparation au

changement sur ces plans. Les participants se sont prêtés à ce test entre une et cinq

fois au cours des diverses étapes du traitement (voir tableau 1).

Étant donné que l'échantillon était faible la quatrième et la cinquième fois que le test a

été administré, seuls les trois premières séries de données ont été utilisées dans

l'analyse. Les résultats médians des sous-échelles du pouvoir et de l'empathie ont

traduit une amélioration progressive au cours du traitement, mais les résultats n'étaient

pas aussi élevés pour l'empathie que pour le pouvoir. Le projet de St. John's fait

ressortir que l'empathie est une notion très difficile à saisir pour les délinquants. Pour

obtenir de bons résultats sur ces sous-échelles, ils doivent non seulement comprendre

les effets de la violence sur la conjointe, mais aussi reconnaître que les besoins de la

conjointe sont différents des leurs.

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1 44 2 24 3 15 4 8

2 5

minigtr€

Tableau 1:

Nombre de participants et nombre de fois où le test a été administré

Les résultats médians aux sous-échelles de la responsabilité et de la compréhension

ont augmenté entre la première et la deuxième fois, mais ils ont diminué légèrement à la

troisième fois. On ne s'attendait pas, au projet de St. John's, à une augmentation

constante sur toutes les sous-échelles. Selon les responsables, les participants peuvent

s'identifier davantage aux problèmes qui se posent sur certains plans au fur et à mesure

que le traitement progresse. Ils donnent un exemple de ce type de progression à la

faveur du traitement : "pour accepter leur responsabilité, les hommes doivent

progresser dans leur compréhension de l'évolution du comportement violent et de

l'équilibre du pouvoir entre eux et leur conjointe, et dans leur capacité d'empathie". La

progression par le traitement s'est également reflétée dans les résultats sur l'échelle de

la compréhension : les délinquants ne faisaient que plus tard dans le traitement le lien

entre leur comportement violent et les mauvais traitements dont ils avaient été témoins

ou victimes pendant leur enfance.

Les résultats obtenus aux diverses applications du test ont jeté un peu de lumière sur la

nature du changement des participants pendant le traitement. Il faut néanmoins pousser

les recherches sur cet instrument de mesure avant de pouvoir tirer des conclusions

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concrètes au sujet du degré de préparation des délinquants à vivre sans violence leurs

relations familiales.

PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES Allier les programmes destinés aux hommes et aux femmes à l'intérieur d'une même

initiative tout en maintenant leur indépendance, sous la direction de deux organismes

distincts, a été un aspect important de ce projet. L'Institute for Human Resource

Development était chargé du programme destiné aux hommes, tandis qu'un organisme

ayant l'expérience de l'aide aux femmes violentées, Iris Kirby House, s'est occupé des

programmes conçus à l'intention des femmes et des enfants. La communication entre

les deux projets parallèles s'imposait pour que l'accent soit toujours mis sur la violence

familiale. Il était essentiel que le programme destiné aux femmes ne soit pas perçu

comme un moyen d'obtenir de l'information sur leurs conjoints. Il n'a pas été demandé

aux femmes de faire des rapports sur les changements que le progranime de traitement

avait amenés dans le comportement violent de leurs conjoints. Cela est toutefois un

élément de certains des autres projets pilotes relevant de ('Initiative de lutte contre la

violence familiale. Cette séparation entre les programmes des hommes et des femmes,

observée dans le projet de St. John's, a contribué au succès du programme destiné aux

femmes.

a) AIGUILLAGE

Les agents de gestion des cas identifiaient la conjointe lorsque l'homme était aiguillé

vers le programme de traitement destiné aux hommes. On a alors communiqué avec

ces femmes pour leur parler des services qui leur étaient offerts. Dans ces contacts,

toutes les précautions ont été prises pour ne pas compromettre leur sécurité.

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b) SERVICES PERSONNALISÉS

Les femmes qui ont demandé les services, mais étaient incapables d'assister aux

séances de groupe à cause des menaces pesant sur leur sécurité, de problèmes de

transport ou de garde d'enfants ont pu s'entretenir avec un conseiller au téléphone.

Quant aux femmes qui ont participé aux séances de groupe, elles ont pu obtenir des

rencontres individuelles une fois par semaine. En outre, étant donné que certaines

femmes ont demandé des conseils personnels au lieu d'un travail en groupe, le contenu

du programme destiné au groupe a également été offert au cours de consultations

personnelles.

c) PROGRAMME D'HABILITATION - PHASE 1

La phase I du programme de soutien des femmes comprenait 16 séances de deux

heures chacune. Dix étaient structurées tandis que les autres étaient libres et servaient

à approfondir les discussions ou à faire face à des crises. Les femmes pouvaient

assister à toutes les séances, à quelques-unes ou à aucune. Au début de chaque

séance, les femmes discutaient brièvement de la semaine qui venait de s'écouler et de

leur état intérieur (« compte rendu »). À la fin de chaque séance, les femmes pouvaient

poser des questions et exprimer toute autre préoccupation qu'elles pouvaient avoir

(« récapitulation »). A tout moment, au cours de la séance, les femmes pouvaient

s'abstenir si elles ne voulaient pas participer. La formule d'animation n'imposait aucune

intrusion dans la vie des participantes.

Parmi les principaux thèmes, notons de l'information sur ce qui suit :

• les différents types et conséquences de la violence en utilisant la roue du pouvoir et

du contrôle.

• les mythes sur les mauvais traitements infligés aux femmes.

• la notion de cycle de la violence dans le contexte de la relation de la femme.

• la mise au point de plans de sécurité.

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• Autres sujets : quels sont les effets sur les enfants lorsqu'ils sont témoins de

violence; comment les attitudes sociales contribuent-elles à la violence contre les

femmes; comment alléger le stress par des techniques de relaxation; comment

accroître l'estime de soi par l'autopersuasion.

d) PROGRAMME D'HABILITATION - PHASE II

La phase Il du programme comprenait dix séances de deux heures chacune. Y ont

participé les femmes qui, après avoir terminé la première phase, ont demandé d'autres

séances de groupe. Au cours de cette étape, l'accent était mis sur le développement

personnel et ce sont les femmes qui décidaient des sujets à aborder. Des personnes

ressources du milieu (avocats et policiers, par ex.) ont été invitées à s'adresser au

groupe à différentes séances. Les sujets suivants étaient souvent choisis : possibilités

d'étude et de travail, questions juridiques, problèmes de santé, gestion du stress et

intimité.

e) PARTICIPATION AU PROGRAMME

Un total de 98 femmes ont été aiguillées vers le programme et 68 y ont participé. L'âge

médian de ces 68 femmes était de 31,6 ans, les âges variaient de 19 à 49 ans. La

quasi-totalité d'entre elles (67) se sont prévalues des services de consultation au

téléphone tandis que 40 se sont présentées à des séances individuelles de counselling.

Trente et une femmes en tout ont assisté à la première phase du programme

d'habilitation. Cette phase a été reprise six fois pendant la durée du projet pilote. La

plupart des femmes ont pu reprendre des séances qu'elles avaient ratées. En tout, dix

femmes ont assisté à au moins une séance de la deuxième phase du programme. Une

moyenne de six femmes assistaient aux séances de groupe chaque semaine. La

participation moyenne des femmes, dans le projet de St. John's, a été comparativement

plus élevée que dans les cinq autres projets pilotes. Ce taux élevé de fréquentation peut

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s'expliquer principalement par deux facteurs : (1) les programmes destinés aux

hommes et aux femmes étaient réalisés par des organismes distincts et (2) le conseiller

des femmes ne leur a pas seulement offert des services de counselling et de soutien,

mais les a aussi mises en contact avec d'autres organismes qui pouvaient les aider à

régler des problèmes de logement, des problèmes d'ordre juridique et autres. De la

sorte, le conseiller a gagné la confiance des femmes. En plus des services déjà

énumérés, le projet a également fourni des services de garde et a assumé les frais de

transport pour faciliter la participation des femmes aux séances individuelles ou en

groupe.

PROGRAMME À L'INTENTION DES ENFANTS Le programme destiné aux enfants durait 16 semaines et chaque séance faisait deux

heures (avec une pause-goûter santé de 1/2 heure). Il était conçu pour les enfants de 8

à 12 ans et était axé sur le bien-être de l'enfant et sa valeur comme personne. Il faisait

appel à l'imagerie mentale dirigée, à des vidéos, à des jeux et à l'artisanat pour

présenter des sujets liés à la violence et inciter les enfants à exprimer leurs sentiments.

Il y avait également des services individuels de counselling en plus ou à la place des

séances de groupe.

En tout 120 enfants ont été aiguillés vers ce programme. Vingt-sept enfants ont assisté

au programme, et il y a eu en moyenne 13,9 séances par enfant. Le counselling

individuel a été préféré par 28 enfants, et chacun a eu en moyenne 5,4 séances. Au fur

et à mesure que progressaient les séances de groupe, les enfants étaient de plus en

plus à l'aise pour parler de la violence familiale et d'autres problèmes personnels.

RESUME Le projet de St. John's a été l'un des projets pilotes qui ont réussi à offrir avec succès

des programmes de soutien aux femmes et aux enfants, en plus du programme de

traitement destiné aux hommes. Chacun de ces programmes a attiré des participants.

Les programmes destinés aux hommes et aux femmes ont été réalisés par des

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organismes distincts, au moyen d'une approche de collaboration. Le projet de St. John's

a fait ressortir l'importance de confier le programme destiné aux femmes à un

organisme distinct.

Un aspect unique du projet a été l'élaboration du modèle de préparation, modèle qui

comportait une échelle permettant de mesurer jusqu'à quel point le délinquant était prêt

à vivre avec une femme une relation exempte de violence. Les applications répétées du

test ont mis en évidence des résultats prometteurs, mais il faut pousser les recherches

avant de pouvoir tirer des conclusions sur la validité de ce test.

Le projet de St. John's a fait appel à l'approche de la conférence de cas d'une manière

originale, en prévoyant trois de ces conférence entre les étapes de traitement. Il y a eu

des conférences de cas dans les autres projets pilotes également. mais d'une manière

moins normalisée.

Le groupe des délinquants qui ont participé au programme de traitement de St. John's

était un peu particulier. En effet, certains d'entre eux étaient de ressort provincial, car le

SCC s'occupe de ces détenus à Terre-Neuve. Le détenu moyen, dans ce groupe, avait

moins qu'une dixième année, était marié ou vivait avec une conjointe de fait et avait des

enfants. Il était probable que, dans l'enfance, il avait été témoin de violence familiale. Il

était également probable qu'il ait été mis en accusation pour voies de fait contre sa

conjointe du moment ou une conjointe précédente ou contre ses enfants.

Les tests effectués avant et après le traitement ont révélé des tendances

encourageantes, mais les résultats ne sont pas significatifs., I semble en effet que,

après avoir suivi le traitement, les délinquants pouvaient gérer plus efficacement leur

colère. Il y a eu une légère diminution de la violence physique signalée après le

traitement. Il semble également que, après le traitement, les délinquants pouvaient

mieux s'identifier aux sentiments de la victime et accepter la responsabilité de leur

propre comportement violent.

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Le projet permet de conclure que, si on donnait plus de séances de traitement sur une

période plus courte, le taux d'achèvement serait plus élevé, car les délinquants sont

souvent réincarcérés avant d'être passés par toutes les étapes du traitement. Ce fait est

important, vu le taux élevé d'abandon, dans tous les projets, attribuable à la

réincarcération.

C'est le projet de St. John's qui a eu le programme le plus efficace pour les femmes à

en juger par le nombre de participantes. Six femmes, en moyenne, ont assisté aux

séances de groupe chaque semaine. La défense des femmes était un aspect essentiel

du programme. Le conseiller du groupe assurait des services de liaison avec les

autorités en matière de logement, l'aide sociale et les organismes de protection de

l'enfance et accompagnait les femmes au tribunal, aux audiences et à d'autres

rencontres, ce qui a instauré une certaine confiance envers le conseiller et a peut-être

contribué à accroître le taux d'assiduité. La fréquentation a également été facilitée par la

prise en charge des frais de transport et des services de garde. Le programme destiné

aux enfants a également été bien accueilli.

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INTERPERSONAL AND FAMILY SKILLS PROGRAM: (EDMONTON,

ALBERTA)

La première phase de démonstration de l'Interpersonal and Family Skills Program mise

en oeuvre par l'Alberta Hospital d'Edmonton a commencé le 28 juin . 1990. Nous

traiterons dans ce rapport uniquement des résultats de la seconde phase de

démonstration, qui a commencé le 1 er avril 1992 pour se terminer le 31 mars 1995.

Après avoir subi de nombreuses modifications, le programme a abouti à une série

d'interventions de traitement à l'intention des hommes et à la création d'un programme

de soutien à l'intention des femmes. L'Alberta Hospital n'ayant pu mettre en place le

programme de soutien, cette partie du projet a été exécutée à contrat par les Edmonton

Community and Family Services entre le mois d'août 1994 et le 31 mars 1995.

ÉLABORATION DES PROGRAMMES Les programmes faisant partie du projet d'Edmonton ont subi plusieurs modifications et

révisions au cours de la période de démonstration. Il y a tout d'abord eu un programme

à trois modules à l'intention des hommes et des femmes ; les deux sexes faisaient le

premier module séparément et participaient ensuite ensemble aux deuxième et

troisième modules. Les thèmes de ces modules étaient les suivants : Inoculation du

stress pour la maîtrise de la colère et des impulsions (huit semaines), Briser le cycle de

la violence familiale (10 semaines) et Compétences en communication (sept semaines).

Le module de l'inoculation du stress était basé sur un programme de gestion de la

colère élaboré par Novaco (1985) à l'intention d'un groupe cible différent. Ce module ne

convenait toutefois pas aux délinquants étant donné que la maîtrise de la colère n'est

pas la principale cause de la violence familiale; des changements ont donc été apportés

subséquemment au programme pour traduire une démarche plus globale et

proféministe de lutte contre la violence familiale. Le deuxième module, Briser le cycle de

la violence familiale, qui était basé sur l'ouvrage de David Currie intitulé Le mari violent

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(1988), a été offert aux couples. Cette formule s'est toutefois révélée improductive étant

donné que les relations de couple étaient tumultueuses et que les couples étaient

davantage préoccupés par la nécessité de résoudre des crises que par l'importance

d'acquérir de nouvelles compétences. Le troisième module, Compétences en

communication, a commencé comme un programme d'acquisition de compétences

sociales à l'intention des jeunes appelé ASSET (Hazel, Schumaker, Sherman et

Sheldon-Wildgen, 1980). Il n'a pas été offert aux couples étant donné la difficulté de

traiter les couples connaissant des problèmes de violence familiale que nous venons de

décrire. Cette version du programme a été offerte uniquement aux délinquants sous

responsabilité provinciale. Le programme de gestion de la colère ne convenait pas non

plus aux femmes, dont les besoins étaient très divers. Les responsables du

Interpersonal and Family Skills Program ont renoncé à l'idée d'offrir un traitement aux

femmes, à qui on a toutefois proposé de l'information et un soutien.

Des changements ont ensuite été apportés aux modules. On a modifié le premier

module destiné aux hommes pour se concentrer davantage sur les aspects de pouvoir

et de contrôle qui jouent dans la violence familiale, en s'inspirant largement de l'ouvrage

de Sonkin et Durphy (1989), du Domestic Abuse Project (DAP; Rusinoff, 1990) et du

Domestic Abuse Intervention Project (DAIP; Pence et Paymar, 1993). Le deuxième

module était consacré à l'acquisition de compétences. Enfin, le module sur les

compétences en communication a été renommé le module des Compétences sociales,

et un groupe de soutien à l'intention des femmes, appelé Female Perspectives, a été

mis sur pied. Les programmes offerts aux hommes à ce stade étaient donc les

suivants : Pouvoir et contrôle (neuf semaines), Solutions de rechange non violentes (10

semaines) ou Grotipe des couples (10 semaines) et Compétences sociales (sept

semaines). Les programmes destinés aux femmes étaient les suivants : Perspectives

féminines (neuf semaines), Groupe des couples (10 semaines) et Compétences

sociales (sept semaines). En outre, un programme de soutien, Points de vue des

femmes, a été préparé l'intention des femmes. À cette étape, les programmes des

femmes étaient les suivants : Points de vue des femmes (9 semaines), Groupe des

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couples (10 semaines) et Compétences sociales (7 semaines).

On a apporté encore d'autres modifications aux modules. Les responsables ont éliminé

le module des Compétences sociales parce que les participants estimaient que le

contenu ne s'appliquait pas tellement à eux. Les responsables du projet d'Edmonton ont

par exemple produit une bande vidéo présentant des scénarios axés sur l'acquisition de

compétences sociales qui ne convenaient pas à une population carcérale (mais plutôt à

la classe moyenne). On a à la place créé pour les hommes un module appelé Making It

on the Street. Une séance de contrôle préalable au traitement a également été

organisée à l'intention des délinquants qui attendaient le début d'un nouveau

programme. Le programme des couples a échoué et a donc été abandonné. Le SCC a

également décidé que le counseling conjugal ne devait être assuré que dans des

conditions rigoureusement contrôlées (voir le chapitre consacré au counseling

conjugal). En outre, les changements apportés au programme à l'intention des femmes

n'ont pas été efficaces étant donné que le nombre de participantes au premier module

n'a cessé de diminuer. Enfin, on a mis sur pied un programme de soutien ouvert de 12

semaines et embauché exclusivement pour les femmes une travailleuse sociale clinique

à temps plein. Malheureusement, ce programme de soutien s'est aussi révélé

inefficace, et le programme à l'intention des femmes a été confié à contrat à un autre

organisme. Une guide détaillé de programme a néanmoins été rédigé.

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES Le programme à l'intention des hommes, d'une durée de 26 semaines, consistait en

trois modules psycho-éducatifs. Le premier, de neuf semaines, était intitulé « Power and

Control », et a été suivi d'un programme de dix semaines, « Non-abusive Alternatives ».

Le troisième module, de sept semaines, s'appelait « Making It On The Street ».

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Les responsables acceptaient dans le programme les hommes qui étaient actuellement

violents ou qui l'avaient été dans des relations antérieures. Les hommes ayant encore

des problèmes d'alcool ou de drogues, ou des problèmes liés à des infractions d'ordre

sexuel n'étaient pas admis.

Le programme avait notamment pour but d'éliminer la violence physique et de réduire

ou d'éliminer d'autres comportements violents (par ex., de violence psychologique,

émotive ou financière). Les délinquants étaient renvoyés s'ils ne respectaient pas les

règles (par ex., s'ils n'assistaient pas aux séances). En outre, si le délinquant

recommençait à battre sa conjointe, il risquait la suspension de sa libération

conditionnelle.

PERSONNEL DU PROGRAMME Le programme à l'intention des hommes était coanimé par un thérapeute et une

thérapeute. On insiste, à Edmonton, pour que les thérapeutes aient une expérience

clinique directe auprès des délinquants, idéalement auprès d'agresseurs, dans le

contexte d'un groupe. Les services à l'intention des femmes ont en définitive été confiés

aux Edmonton Community and Family Services après une vaine tentative de lier un

programme à l'intention des femmes à l'Interpersonal and Family Skills Program.

LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ Les programmes de groupes de ce genre nécessitent des rapports étroits avec le

système correctionnel et divers organismes communautaires. Il n'a pas été facile pour

les responsables du projet d'Edmonton de cultiver ces rapports. Certains prestataires de

services communautaires se sont initialement montrés hésitants face à ce projet; les

organismes en question étaient inquiets du fait qu'on accorde à un programme de

traitement des hommes des fonds qui auraient pu être destinés aux victimes. Mais en

cultivant des rapports avec d'autres organismes (comme l'Interagency Committee on

VVife Assault et l'Edmonton Council Against Family Violence), les responsables de

l'Interpersonal and Family Skills Program ont réussi à se faire accepter et respecter. Ils

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se sont également associés à une troupe de théâtre, l'Azimuth Theatre, afin de

sensibiliser le public à la violence familiale par des présentations théâtrales. Les

responsables du projet ont servi de personnes-ressources durant les périodes de

questions et réponses qui ont suivi les présentations dans les établissements

correctionnels et dans l'ensemble de la collectivité.

On a également connu des difficultés en raison de problèmes d'aiguillage vers le

programme, notamment à cause du manque de sensibilisation, au sein du personnel, à

la violence familiale, de la pénurie d'outils d'évaluation du risque de violence familiale et

de l'absence de rapports entre les responsables de l'Interpersonal and Family Skills

Program et le SCC. Mais lorsque les responsables et le Service ont commencé à

comprendre la complexité du problème, ils ont pu explorer chaque question distincte.

Cela a mis en évidence l'importance d'une planification préalable à la mise en oeuvre

d'un programme, y compris l'importance d'impliquer les prestataires de services en

matière de violence familiale de la collectivité et les employés du SCC chargés de

diriger les délinquants vers le programme.

AIGUILLAGE Les délinquants de plusieurs endroits ont été dirigés vers le programme, mais la plupart

l'ont été par des responsables de l'établissement Bowden et du bureau de libération

conditionnelle central d'Edmonton. En 1992, la Commission nationale des libérations

conditionnelles a commencé à exiger, comme condition spéciale de la libération

conditionnelle, que les délinquants achèvent le programme.

ÉVALUATION Le processus d'évaluation a consisté en l'administration d'une batterie de tests

psychologiques et en l'exécution d'une interview de présélection exhaustive. Souvent

l'interview était menée durant l'incarcération. L'interview était suivie d'une réunion des

responsables de l'Interpersonal and Family Skills Program, qui devaient décider si le

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délinquant était admissible au programme. Les délinquants acceptés étaient soumis à

une surveillance préalable au traitement dès leur mise en liberté.

SOUTIEN INDIVIDUEL En plus de prendre part à un traitement de groupe, les participants se rendaient souvent

à des séances individuelles s'ils avaient besoin d'aide, en cas d'urgence, pour de

problèmes de violence familiale ou autres. Au début, les responsables exigeaient

catégoriquement que les délinquants achèvent le programme en groupe. Un petit

pourcentage des délinquants ont participé au programme à titre individuel parce qu'ils

n'étaient pas aptes à participer aux séances de groupe. En outre, lorsque le nombre de

participants dans les groupes devenait trop petit, ceux-ci étaient démantelés et le

programme était offert aux participants à titre individuel.

SURVEILLANCE PRÉALABLE AU TRAITEMENT Le programme de traitement offert à Edmonton consistait en un programme fermé;

lorsqu'un groupe était constitué, les délinquants dirigés vers le programme devaient

attendre le début du programme suivant de 26 semaines. Ces délinquants faisaient

l'objet d'une surveillance préalable au traitement, dont le but était de les appuyer,

d'obtenir leur confiance et de les préparer en vue du groupe. Cette étape consistait en

des séances individuelles.

DÉROULEMENT DES SÉANCES Chaque séance durait deux heures, et chaque groupe pouvait se composer de 12 à

15 participants. Toutefois, au début du programme, les groupes comptaient en

moyenne de 8 à 10 délinquants. À partir de la deuxième séance du premier module, les

participants devaient se soumettre à un « contrôle d'arrivée » c'est-à-dire discuter

d'incidents qui s'étaient passés avec leur conjointe durant la semaine et décrire la

manière dont ils avaient appliqué à ces situations les compétences acquises au cours

des séances antérieures. L'étape du « contrôle d'arrivée » durait une heure dans les

modules I et II et une demi-heure dans le module Ill. Pour stimuler la discussion, on a

eu recours à des films, de la documentation, des exercices structurés et des jeux de

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rôles sur le thème de la semaine. Chaque séance se terminait par une « récapitulation »

au cours de laquelle les animateurs soulignaient les points dont le groupe avait discuté

et rappelaient aux participants ce qu'ils devaient faire au cours de la semaine suivante.

PHASES DU PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES

a) MODULE I : POWER AND CONTROL

Le premier module consistait en un groupe fermé et durait neuf semaines. Ses buts,

ainsi que les ont définis les responsables du projet d'Edmonton, étaient les suivants :

favoriser une réflexion sur le problème de la violence familiale et donner aux

membres du groupe l'occasion d'examiner leur propre comportement de

violence.

Les séances ont comporté les éléments suivants :

• une discussion au sujet des différents types de comportements violents, basée sur la

roue du pouvoir et du contrôle, et une présentation de la roue des solutions de

rechange basées sur l'égalité;

• une description détaillée de la nature de la violence physique, sexuelle et

psychologique;

• une présentation de la technique du temps d'arrêt;

• une discussion de la manière dont les hommes apprennent des comportements

violents et des solutions de rechange à la violence;

• une discussion sur le fait d'avoir été témoin de violence dans l'enfance;

• une définition de la responsabilité et du recours aux techniques de minimisation, de

déni et de blâme;

• une discussion sur l'affaiblissement de la confiance et la manière de rétablir celle-ci.

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B) MODULE II NON-ABUSIVE-ALTERNATIVES Le deuxième module de traitement fermé consistait en 10 séances. Il s'agissait de

discuter des problèmes que les participants connaissaient dans leurs relations actuelles

et d'appliquer les connaissances acquises au cours du module I. À la première séance,

les participants devaient se fixer des buts, qui étaient réexaminés à la fin du module.

Les séances ont inclus les éléments suivants :

• une définition de la colère et les compétences utiles pour gérer la colère;

• une présentation de la notion de colère et de registre de la colère, que les

participants étaient invités à remplir chaque semaine;

• une discussion sur la nature des luttes de pouvoir et l'acquisition de techniques

comme la reformulation, la négociation, la résolution de conflits et les techniques

d'amélioration de la communication;

• une exploration de la manière de s'affirmer sans être agressif.

c) MODULE MAKING IT ON THE STREET

La troisième phase du traitement durait sept semaines. L'objet de ce module ouvert était

de « sensibiliser les clients à certaines des situations les plus courantes qui entraînent

une détérioration des relations et souvent la réincarcération ». Les séances ont été

créées expressément à l'intention des délinquants sous responsabilité fédérale par le

thérapeute principal, qui possédait une vaste expérience auprès de cette population

cliente. Les séances étaient consacrées presque exclusivement à des jeux de rôles.

Après l'étape du « contrôle », on présentait à chaque séance le thème de la séance,

pour ensuite enchaîner avec une discussion de celui-ci, la lecture d'un scénario et une

discussion à ce sujet, et un jeu de rôle sur la manière optimale d'affronter les problèmes

présentés dans le scénario. Les animateurs commentaient ensuite les jeux de rôles des

participants. À l'étape de l'élaboration, on a fait un essai des scénarios auprès des

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clients et on y a ensuite apporté les modifications jugées nécessaires. Il y avait deux

scénarios possibles pour chaque séance; l'animateur choisissait celui sur lequel il

voulait insister ou qu'il voulait utiliser exclusivement, en tenant compte des besoins des

participants.

Les séances ont notamment porté sur les sujets suivants :

• la jalousie et la confiance

• l'importance de résister aux pressions exercées par les pairs

• la manière de réagir aux critiques

• la réinsertion sociale

• la dépendance, la tendance à blâmer autrui et le mensonge.

CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS Entre le 1 er avril 1992 et le 31 mars 1995, 186 délinquants ont été dirigés vers le projet

de démonstration. Parmi ce groupe, 44 % (86 délinquants) n'ont pas été acceptés dans

le programme à l'intention des hommes et 10 % (18 délinquants) ne se sont pas

présentés pour l'évaluation. Au total, donc, 44 % des délinquants dirigés vers le

programme (82 délinquants) ont été acceptés.

Pour diverses raisons, seulement 66 hommes ont commencé le programme de

traitement. Parmi eux, 64 % (42 délinquants) ont achevé le module I. On a commencé le

module II avec 40 délinquants, dont 75 % (30 délinquants) ont terminé le programme.

Enfin, il y avait au début du module III 23 délinquants, dont 91 % (21 délinquants) ont

achevé ce dernier module. C'est donc dire que sur les 66 délinquants qui ont

commencé le premier module, 32 % se sont rendus jusqu'à la fin du programme de 26

semaines.

Le programme complet de 26 semaines a été administré sept fois au cours du projet de

démonstration. Cinq groupes ont dû être démantelés; les séances ont ensuite été

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offertes à titre individuel en raison du taux élevé d'abandon, qui était habituellement

attribuable à la suspension ou à la révocation de la liberté conditionnelle. Les

participants n'achevaient pas le programme surtout parce qu'ils étaient réincarcérés

pour avoir commis des infractions non liées à la violence familiale.

Le lecteur trouvera à l'annexe B des renseignements démographiques sur les hommes

ayant participé au programme. L'âge moyen de ces derniers étaient de 34 ans. Plus de

la moitié des délinquants (55 %) étaient mariés ou vivaient dans une union de fait, et

79 % avaient des enfants. Plusieurs délinquants avaient été témoins dans l'enfance de

violence physique (38 %) et de violence psychologique (48 °/0) et plusieurs avaient eux-

mêmes été victimes de violence psychologique (55 %), physique (52 %) et sexuelle

(31 %). Beaucoup d'hommes (31 %) avaient été accusés de voies de fait contre leur

conjointe actuelle ou une ex-conjointe, ou encore contre leurs enfants.

TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT Avant et après leur participation au programme de traitement à l'intention des hommes,

les délinquants ont été soumis à une batterie de tests, qui ont été utilisés pour chacun

des projets de démonstration. Comme nous l'avons déjà signalé, ces instruments

incluaient: le Questionnaire sur les réactions souhaitables (QRS), le Répertoire

multidimensionnel de la colère (RMC), l'Indice de maîtrise du comportement (IMC) et le

Répertoire des opinions tenues à propos de la violence faite aux conjointes (ROVC).

Les résultats présentés ci-après ont été adaptés principalement du rapport de recherche

fourni par les responsables du projet d'Edmonton (Buys, 1995).

Les autres échelles utilisées pour le projet d'Edmonton étaient les suivantes : Empathie

à l'égard des femmes, Questionnaire sur les relations, Échelle de notation du progrès

en psychothérapie et Échelle de réalisation des buts. Nous ne présenterons pas dans

ce rapport les résultats de ces tests. Les responsables du projet d'Edmonton ont

également administré d'autres instruments dont les résultats ont subséquemment été

supprimés des analyses. Il s'agissait des suivants : l'Indice de position sociale, l'Échelle

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de désirabilité sociale Marlowe-Crowne, l'Inventaire de provocations Novaco, les

Échelles des mythes sur le viol de Burt, l'Échelle du vocabulaire de Clark, la Liste de

contrôle complète sur le comportement et le FACS-VQ. On a procédé de cette manière,

c'est-à-dire par tâtonnement, parce que ce programme constituait un des deux premiers

projets de démonstration entrepris dans le cadre de l'Initiative de lutte contre la violence

familiale et qu'en 1990, la batterie de tests qui allait en définitive être utilisée pour

chacun des six projets n'avait pas encore été établie.

Une des principales faiblesses des résultats présentés ci-après est la très petite taille

des échantillons utilisés, surtout pour le test postérieur au traitement. Il se peut par

conséquent que ces résultats ne soient pas un reflet fidèle de la situation qui existe

chez les délinquants violents; nous ne faisons donc que proposer des interprétations.

Le Questionnaire sur les réactions souhaitables (QRS) comporte deux échelles : une

échelle d'auto-duperie et une échelle de conduite stratégique des relations. Les

responsables du projet d'Edmonton ont présenté les résultats d'une étude menée

auprès de 182 étudiants du niveau collégial du sexe masculin (Paulhus, 1990) pour

comparaison avec ceux des délinquants (voir le tableau 2). Dans l'étude de Paulhus

(1990), les étudiants avaient été invités à répondre de façon à se présenter sous un jour

favorable. Avant le traitement, les délinquants ont obtenu sur l'échelle d'auto-duperie et

l'échelle de conduite stratégique des relations du QRS des résultats inférieurs à ceux

des étudiants qui s'étaient efforcés de se montrer sous un jour favorable. Après le

traitement, les résultats moyens des délinquants sur les deux échelles avaient

augmenté. Ce changement montre que les délinquants ont répondu d'une manière plus

acceptable socialement après le traitement qu'avant celui-ci. Il signifie peut-être que le

programme de traitement avait plu aux hommes et que ces derniers voulaient se

présenter sous un jour plus acceptable socialement. Toutefois, comme l'échantillon ne

comptait que sept délinquants, il est impossible de tirer des conclusions fermes.

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Auto-duperie 71.4 81,0 65.4 65,8

D6stérieurs.::- Paulhus, 1990

(N = 182) IFS-Préalable

(N = 31) IFS-Préalable

(N = 7) IFS-Postérieur

(N = 7)

Conduite stratégique 66.7 53.4 58..4 68.4

p:Ensernble de

Tableau 2

Résumé des statistiques sur les résultats du Questionnaire sur les réactions souhaitables

Les résultats moyens obtenus sur les sous-échelles du RMC étaient passablement

élevés pour les 34 délinquants qui ont répondu au questionnaire avant le traitement.

Les résultats moyens obtenus par les délinquants ont diminué sensiblement entre

l'étape du test préalable et celle du test postérieur au traitement pour la sous-échelle du

déclenchement de la colère, celle de l'hostilité et celle du refoulement de la colère

(N = 7). Cela signifie qu'après avoir participé au traitement, les délinquants ressentaient

moins de colère et, lorsqu'ils devenaient colériques, qu'ils étaient moins portés à

s'arrêter sur leurs sentiments de colère ou à les intérioriser. Mais comme les résultats

ont été obtenus pour un échantillon très petit, il faudra refaire les tests auprès

d'échantillons plus nombreux pour accroître leur validité.

En ce qui concerne l'IMC, la cote moyenne obtenue au test préalable pour les 20

délinquants était de 20,25, ce qui révèle une tendance plutôt faible à maîtriser le

comportement. Si l'on compare les résultats totaux moyens des six hommes qui ont

répondu au questionnaire de l'IMC avant le traitement (résultat total = 12,3) et après

celui-ci (résultat total = 7,7), on semble pouvoir en conclure que le traitement a eu un

effet. Mais comme il s'agit d'un échantillon extrêmement petit, on ne peut pas

considérer ces résultats comme étant déterminants.

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Tant à l'étape du test préalable (N = 28) qu'à celle du test postérieur (N = 7), les

résultats moyens obtenus par les délinquants pour le ROVC allaient de faibles à

modérés. Les délinquants étaient d'accord sur les affirmations disant qu'il n'est pas

acceptable de battre sa femme, que la violence ne rapporte rien aux femmes et qu'il

faut aider les victimes de violence familiale. Ils étaient passablement d'accord avec les

deux autres affirmations, c'est-à-dire celles voulant que l'agresseur doit être puni et qu'il

est responsable de la violence. Une comparaison des résultats obtenus au test

préalable et au test postérieur par les sept participants qui ont répondu aux questions

dans l'un et l'autre cas révèle qu'après le traitement, les participants étaient plus

nombreux à se dire d'accord avec l'affirmation selon laquelle il n'était pas acceptable de

battre sa femme, de même qu'avec l'affirmation selon laquelle l'agresseur doit être puni.

Rappelons encore une fois que, bien que les résultats soient statistiquement

significatifs, les échantillons étudiés étaient petits, de sorte qu'il faudra répéter les tests

auprès d'échantillons plus nombreux.

PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES Le programme à l'intention des femmes a été offert initialement dans le cadre de

l'Interpersonal and Family Skills Program. Les séances de groupe et le counseling

individuel se sont déroulés dans le même bureau du centre de la ville où avaient eu lieu

les rencontres tenues pour le programme à l'intention des hommes, mais non pas

nécessairement en même temps. On a assumé les frais de transport des femmes qui

voulaient se rendre aux séances. Aussi, pour aider les mères incapables de trouver une

personne pour garder leurs enfants, la thérapeute a effectué des visites à domicile ou a

communiqué avec les femmes par téléphone; on a aussi offert à ces dernières des

services de garde minimaux. Les responsables du projet n'ont toutefois pas réussi à

constituer un clientèle régulière de femmes.

Cette version du programme à l'intention des femmes n'a guère connu de succès pour

diverses raisons, dont la principale est que les femmes croyaient qu'on leur offrait des

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services de soutien uniquement pour obtenir davantage de renseignements sur leur

conjoint. Elles n'estimaient pas que les échanges les aidaient et elles craignaient de

discuter de toute question qui, à leur avis, pouvait entraîner la réincarcération de leur

conjoint dans un établissement fédéral. En août 1994, ce programme a été confié aux

Community and Family Services de la ville d'Edmonton, un organisme qui compte neuf

bureaux situés à divers endroits de cette ville. L'organisme offre des services de

counseling individuel et de groupe ainsi que des services en cas d'urgence aux

conjointes des délinquants participant à l'Interpersonal and Family Skills Program. Les

femmes éprouvent une multitude de besoins, qui ne se limitent pas à la protection

contre la violence familiale. Le programme à l'intention des femmes offert par les

Community and Family Services a réussi à attirer des conjointes.

Les responsables de l'Interpersonal and Family Skills Program communiquaient tout

d'abord par téléphone avec les conjointes des délinquants participant au programme à

l'intention des hommes. Ils orientaient ensuite vers les Community and Family Services

d'Edmonton les femmes qui disaient vouloir obtenir d'autres services. Quant à celles qui

refusaient, on leur envoyait des renseignements au sujet de la violence familiale et une

lettre pour les inviter à participer à un groupe de soutien des femmes si cela les

intéressait par la suite. Au besoin, les responsables de l'Interpersonal and Family Skills

Program aiguillaient également les femmes vers des organismes autochtones locaux.

COUNSELING CONJUGAL Les responsables de l'Interpersonal and Family Skills Program sont intervenus de façon

très restreinte auprès des couples. Des séances de counseling conjugal étaient offertes

selon des conditions strictes : l'intervention devait être demandée par les deux

conjoints; la violence physique devait avoir cessé depuis au moins trois mois avant le

counseling; l'homme devait avoir terminé au moins le premier module du programme à

l'intention des hommes; il devait avoir accepté la responsabilité de son comportement

de violence et être disposé à écouter le point de vue de sa conjointe au sujet de la

violence; la femme devait avoir cessé d'assumer la responsabilité de la violence. Pour

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assurer la sécurité de la femme, le counseling conjugal était assuré par le thérapeute et

la conseillère de la femme.

RÉSUMÉ Le projet d'Edmonton a été l'un des deux projets de démonstration originaux lancés en

1990. Il a été géré par l'Alberta Hospital Edmonton. Cet établissement avait déjà

travaillé auprès de délinquants sous responsabilité fédérale, mais il s'agissait de sa

première tentative d'offrir un programme de traitement axé sur la violence familiale

expressément à l'intention des délinquants sous responsabilité fédérale. L'Interpersonal

and Family Skills Program comportait un programme de traitement à l'intention des

hommes et un groupe de soutien à l'intention des femmes. Durant la première phase du

projet de démonstration, de nombreuses modifications ont été apportées aux modules

offerts aux participants.

Le programme à l'intention des hommes comportait trois modules : les deux premiers

étaient axés sur la violence tandis que le troisième visait à favoriser l'acquisition des

compétences nécessaires pour éviter la réincarcération. Ce troisième module, appelé

Making it On The Streets, a été mis au point parce que de nombreux délinquants étaient

réincarcérés en raison de problèmes n'ayant rien à voir avec la violence familiale (par

ex., révocation ou suspension de la liberté conditionnelle en raison de problèmes de

drogues ou d'alcool, ou à cause d'autres activités criminelles). Après avoir terminé les

modules du programme, les délinquants qui avaient besoin d'être suivis pouvaient

assister à des séances individuelles régulières.

Comme cela s'est produit pour certains autres projets, on a initialement eu beaucoup de

difficulté, à Edmonton, à obtenir que des délinquants soient dirigés vers le programme.

Ce problème a été attribuable en partie au manque de préparation de la collectivité

avant la mise en oeuvre du programme et au fait que la formation du personnel du SCC

n'avait pas encore commencé. On a réussi à l'atténuer en entreprenant un programme

de formation du personnel et en confiant à l'agent de projet régional du Programme de

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lutte contre la violence familiale du SOC la responsabilité d'assurer la liaison et la

coordination voulues. L'initiative est désormais reconnue comme un programme de

traitement viable pour les hommes à Edmonton notamment parce que les responsables

ont participé activement aux travaux du comité de coordination local et qu'ils ont

également collaboré aux présentations sur la violence familiale faites dans les écoles et

auprès des groupes communautaires.

Comme cela a été le cas dans la plupart des autres projets, on n'a pu constituer qu'un

très petit échantillon pour les tests postérieurs au traitement. Les tests préalables et

postérieurs au traitement ont permis de dégager des tendances intéressantes, mais il

faudra manifestement répéter les tests auprès d'échantillons plus nombreux. Les

résultats ont semblé indiquer qu'après avoir participé au programme de traitement, les

délinquants avaient atténué leurs sentiments de colère, étaient moins portés à vouloir

contrôler les autres et étaient plus susceptibles de dire que la violence à l'endroit de

l'épouse n'était pas acceptable et que les agresseurs devaient être punis. Un autre

problème qui limite la valeur des résultats est le fait que l'on s'est fié uniquement à des

mesures d'autodéclaration pour évaluer l'incidence du traitement. D'autres types de

mesures (par ex., déclarations de la conjointe, rapports de surveillants de liberté

conditionnelle, tests de compétences comportementales) pourraient fournir des

renseignements additionnels qui permettraient d'évaluer les résultats du programme de

traitement.

Pour diverses raisons, le programme à l'intention des femmes a échoué lorsqu'il a été

offert dans le cadre de l'Interpersonal and Family Skills Program. Par la suite, il a été

confié aux Community and Family Services de la ville d'Edmonton qui, par l'entremise

de leurs neuf bureaux satellites, ont offert une vaste gamme de services. Les femmes

estimaient que ceux-ci étaient assurés dans un cadre plus confidentiel et de façon

indépendante de leur conjoint et du système correctionnel. Les Community and Family

Services ont réussi à attirer une clientèle plus nombreuse. Les responsables de

l'Interpersonal and Family Skills Program entretiennent des rapports réguliers avec les

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thérapeutes des Community and Family Services et leur communiquent des

renseignements pertinents sur le risque ainsi que des données d'évaluation.

L'Interpersonal and Family Skills Program aurait pu produire des résultats plus

intéressants s'il avait été mieux planifié et si l'on avait davantage fait appel à la

collectivité. Le module Making It On The Streets semble être un moyen prometteur de

prévenir la réincarcération.

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OPPORTUNITIES PROGRAM: TORONTO (ONTARIO)

La phase de démonstration de l'Opportunities Program a commencé le 8 mars 1993 et

s'est terminée le 31 mars 1995. La Société John Howard de la communauté urbaine de

Toronto était responsable de l'élaboration du projet.

Les buts du projet, ainsi que cet organisme les a définis, étaient les suivants :

• sensibiliser les délinquants à la signification et aux conséquences d'un comportement

violent

• faire accepter par les délinquants la responsabilité de leur violence dans des relations

• amener les délinquants à acquérir des attitudes et des valeurs qui favorisent des

relations non violentes et l'égalité entre les sexes

• accroître la capacité des conjoints et des enfants de se protéger

• assurer aux employés du SCC une formation sur les interventions auprès des

hommes violents

• évaluer l'efficacité de l'intervention.

Différents types de services ont été offerts dans le cadre de l'Opportunities Program. Ils

incluaient un programme de traitement à l'intention des hommes, un programme de

soutien à l'intention des femmes, un service de counseling conjugal et un service

d'aiguillage pour les enfants. On avait aussi proposé un programme axé sur les

compétences parentales, qui n'a toutefois pas démarré, faute de demande.

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES Le programme de traitement à l'intention des hommes consistait en un programme

ouvert d'une durée de 12 semaines à caractère thérapeutique, psycho-éducatif et basé

sur l'acquisition de compétences. Les hommes étaient acceptés dans le programme

s'ils s'étaient déjà montrés violents envers leur conjointe ou une ex-conjointe ou leurs

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enfants. Pour être admissibles, les délinquants n'étaient pas obligés d'avoir été arrêtés

pour voies de fait contre leur conjointe ou leurs enfants. Les délinquants pouvaient être

exclus s'ils souffraient de problèmes pour lesquels ils ne suivaient aucun traitement,

notamment la consommation de drogues ou d'alcool, des infractions à caractère sexuel

ou des troubles psychiatriques. Pour être admis dans le programme, les délinquants qui

vivaient actuellement dans une relation devaient accepter de communiquer aux

responsables du programme le nom, l'adresse et le numéro de téléphone de leur

conjointe.

PERSONNEL DU PROGRAMME Le programme à l'intention des hommes était coanimé par un thérapeute et une

thérapeute. Les qualités requises des chefs de groupe ont été élaborées de façon à

assurer la conformité avec les normes minimales. Le thérapeute détenait une maîtrise

en travail social clinique. Pendant le projet de démonstration, deux surveillants de liberté

conditionnelle ont suivi une formation de coanimateur. Le groupe des femmes a été

animé par la coordonnatrice des services aux femmes. Enfin, la surveillance clinique a

été assurée par un psychologue clinicien.

FORMATION Peu après le début du projet de démonstration, les responsables du programme et

quelques employés de la Société John Howard ont assisté à des séances de formation

sur la violence familiale. Les participants ont ainsi été sensibilisés à la fréquence du

problème de la violence familiale, aux divers facteurs psychosociaux et politiques à

l'origine de la violence faite aux femmes et aux différentes sortes de traitements offerts

aux conjoints violents. Les participants se sont aussi familiarisés avec les deux

idéologies employées dans les projets de démonstration : la démarche proféministe et

la démarche axée sur le comportement et les compétences cognitives. Une formation

plus intensive a été assurée aux personnes qui allaient être chargées de la surveillance

préalable au traitement.

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En conformité avec l'entente contractuelle, les employés du SCC ont reçu une formation

de coanimateurs de groupes de traitement afin que le programme puisse se poursuivre

après l'expiration du contrat. Deux surveillantes de liberté conditionnelle ont appris à

devenir coanimatrices en participant aux séances de groupe à titre de troisième

animateur. Les participants n'étaient pas opposés à la présence de ces surveillants de

liberté conditionnelle comme animateurs, et la contribution de ces derniers au groupe

s'est révélée salutaire. Les deux surveillants de liberté conditionnelle participant à la

formation connaissaient la plupart des surveillants qui dirigeaient les délinquants vers le

programme de même qu'un grand nombre de ces derniers. Ils ont réussi à établir un

lien entre le personnel de la Société John Howard et le système correctionnel.

LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ Avant d'appliquer le programme, la Société John Howard de Toronto a produit une

brochure sur l'Opportunities Program qu'elle a jointe aux formules d'aiguillage envoyées

à tous les bureaux de libération conditionnelle de la région. Les employés chargés du

programme ont ensuite rencontré les surveillants de liberté conditionnelle pour leur

donner un complément d'information sur le programme et les aider à diriger vers celui-ci

les délinquants susceptibles d'être admissibles. Ils ont aussi présenté des exposés sur

le programme à des maisons de transition et dans des établissements fédéraux. Des

responsables ont également établi des liens solides entre l'Opportunities Program et

divers groupes de soutien de femmes et groupes de traitement pour hommes de la

collectivité.

ÉVALUATION Les délinquants étaient dirigés vers le programme par un surveillant de liberté

conditionnelle. L'interview d'accueil initiale était suivie d'une évaluation assurée par le

directeur ou le coordonnateur du programme. Cette étape était suivie d'une réunion

dont le but était de déterminer l'admissibilité du délinquant. Les délinquants devaient

subir une batterie de tests auto-administrés avant le traitement, immédiatement après

celui-ci et à nouveau trois mois et un an après le traitement.

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SOUTIEN INDIVIDUEL Les délinquants pouvaient obtenir sur demande un service de counseling individuel. Les

responsables pouvaient voir les délinquants au cours de l'étape de la surveillance

préalable au traitement ou de séances de counseling d'urgence, mais ces interventions

ne remplaçaient pas le travail de groupe.

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES Le programme à l'intention des hommes consistait en 12 séances de deux heures

chacune, destinées à un groupe ouvert. On a transformé le programme, qui s'adressait

à un groupe fermé à l'origine, en un programme pour groupe ouvert afin de pouvoir

accueillir de nouveaux participants qui auraient autrement été obligés d'attendre le

programme suivant. Environ deux nouveaux participants se joignaient au groupe toutes

les trois semaines. La formule du groupe ouvert s'est révélée plus utile parce que les

nouveaux participants pouvaient constater les progrès accomplis par les participants

ayant plus d'ancienneté. En outre, ces derniers pouvaient fréquemment mettre en

question les attitudes et croyances inacceptables au sujet de la violence des nouveaux

participants. Au fil des séances, les participants plus anciens ont assumé davantage de

responsabilité pour les séances du groupe (par ex., on leur a demandé d'étudier un

sujet donné puis de présenter leurs constatations et opinions à la séance suivante).

Ordinairement, de huit à 12 délinquants participaient au programme des hommes. Le

programme était de nature psycho-éducative, et, comme nous l'avons déjà signalé, le

manuel renfermait du matériel pour 12 séances, mais des séances supplémentaires

pouvaient être ajoutées si l'animateur ou un membre du groupe le jugeait nécessaire.

Les participants devaient assister au moins à 12 séances.

Chaque séance commençait par un « contrôle d'arrivée » durant lequel les participants

devaient parler de leurs émotions de ce qui s'était passé avec leur conjointe au cours de

la semaine précédente. Pendant les séances, certaines techniques ont été utilisées

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pour faciliter le processus thérapeutique, notamment des discussions en groupe, des

vidéos, de la documentation, des diagrammes sur tableau papier et des jeux de rôles.

Au cours des premières séances, la discussion portait surtout sur l'inefficacité de la

violence et la nécessité d'opérer des changements, tandis que par la suite, on

s'attachait davantage aux stéréotypes sexistes qui contribuent à un comportement de

violence. À la fin de chaque 'séance, on faisait un « contrôle de départ » durant lequel

les participants devaient faire part de leur réaction et de leur opinion au sujet de la

séance.

Les séances ont inclus les éléments suivants :

• une description de la violence physique, sexuelle et psychologique

• une explication du cycle de la violence et une discussion sur sa manifestation dans la

vie des participants

• une discussion sur la différence entre la colère et un comportement de violence

• une discussion sur la continuité transgénérationnelle de la violence

• l'acquisition de compétences, notamment en résolution de problèmes, en maîtrise de

la colère, en communication efficace et en résolution des conflits

• une description des facteurs qui favorisent des relations saines.

CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS Au cours du projet de démonstration, 113 délinquants sous responsabilité fédérale ont

été dirigés vers le programme à l'intention des hommes. Parmi ces derniers, 96 ont été

évalués et la candidature de 90 a été approuvée. En tout, 76 délinquants ont assisté au

moins à une séance du programme et 63 % des participants (48 délinquants) ont

achevé le programme. En outre, à la fin du projet de démonstration, 14 délinquants

participaient encore au programme ou attendaient d'y être admis.

Le lecteur trouvera à l'annexe B des renseignements démographiques sur les hommes

qui ont participé au programme. L'âge moyen des 76 participants était de 34,5 ans,

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tandis que le niveau de scolarité moyen était de 11,1 ans. Parmi les délinquants, 40 %

étaient mariés ou vivaient dans une union de fait. Parmi les 30 délinquants qui vivaient

dans une relation, 90 % vivaient avec leur conjointe depuis au moins un an. Parmi le

sous-groupe des 41 hommes qui ont été évalués la deuxième année du projet, seul un

très petit pourcentage (2 %) avaient été victimes de violence sexuelle dans l'enfance,

tandis que 5 % avaient été témoins de violence sexuelle. Plus de la moitié des

délinquants (54 %) avaient été accusés de voies de fait contre leur conjointe ou un

enfant.

Parmi les 48 hommes qui ont achevé le programme, 35 ont été soumis aux tests

postérieurs au traitement; 22 hommes ont rempli les questionnaires au moment du suivi

effectué trois mois après la fin du programme tandis qu'a la fin du projet de

démonstration, cinq hommes les avaient remplis un an après la fin du traitement. Les

données provenant des groupes fermés (séries 1 et 2) et des groupes ouverts ont été

combinées aux fins d'analyse.

TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT Avant et après leur participation au programme, les délinquants ont subi une batterie de

tests, qui a été utilisée pour tous les projets de démonstration. Ces instruments, que

nous avons déjà énumérés, incluaient le Questionnaire sur les réactions souhaitables

(QRS), le Répertoire multidimensionnel de la colère (RMC), l'Indice de maîtrise du

comportement (IMC) et le Répertoire des opinions tenues à propos de la violence faite

aux conjointes (ROVC). Outre les tests préalables et postérieurs au traitement, on a

effectué dans le cadre de l'Opportunities Program, qui a été l'un des deux projets de

démonstration pour lesquels on a procédé ainsi, des évaluations de suivi. Ces

évaluations ont été faites trois mois puis un an après le traitement. Les résultats

présentés ci-après ont été adaptés principalement du rapport de recherche fourni par

les responsables du projet de Toronto (Pollock et Sheridan, 1995).

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Le QRS comporte deux échelles différentes : une échelle d'auto-duperie et une échelle

de conduite stratégique des relations. Des résultats élevés sur la première échelle

signifiaient que les participants du programme des hommes étaient plus susceptibles de

répondre d'une manière extrêmement positive qu'un groupe normatif témoin. Les

participants étaient aussi plus susceptibles de répondre d'une manière socialement

souhaitable aux questions constituant l'échelle de conduite stratégique des relations.

Les résultats obtenus sur les deux échelles ont diminué entre l'étape du test préalable

et celles du test postérieur mais cette diminution n'est pas significative. À l'évaluation de

suivi faite trois mois après la fin du traitement, les résultats sur les deux échelles avaient

augmenté, mais il n'y avait pas de différences significatives.

Les résultats obtenus pour le RMC avant le traitement étaient situés dans les limites

normales. Après le traitement, tous les résultats des sous-échelles de même que le

résultat total avaient diminué, mais de façon non significative. Trois mois après le

traitement, il n'y avait pas de différences significatives. Après trois mois, la plupart des

résultats des sous-échelles de même que le résultat total avaient augmenté, mais

l'éventail des situations suscitant une réaction de colère avait été rétréci.

Après avoir supprimé des résultats obtenus sur le RMC les effets de la désirabilité

sociale, on a constaté que le résultat total obtenu avait diminué sensiblement au

moment du test postérieur, pour augmenter ensuite à l'évaluation de suivi faite trois

mois après le traitement. Entre le test fait immédiatement après le traitement et

l'évaluation faite trois mois plus tard, on a constaté une baisse significative des résultats

moyens obtenus sur la sous-échelle de l'éventail des situations suscitant une réaction

de colère. Ces résultats révèlent que lorsqu'on élimine les effets attribuables à la

désirabilité sociale, on voit que le traitement fait initialement baisser les sentiments de

colère, lesquels augmentent toutefois à nouveau après trois mois. Néanmoins, l'éventail

des situations suscitant une réaction de colère chez le délinquant diminue au cours de

la période de trois mois suivants le traitement. Autrement dit, même si la colère revient à

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son niveau initial trois mois après le traitement, les délinquants expriment cette colère

dans un moins grand nombre de situations.

Les résultats obtenus avant et après le traitement sur les sous-échelles de l'IMC étaient

tous très faibles. Nous n'avons pas constaté de différences significatives dans les

résultats obtenus sur les sous-échelles entre les tests préalables et les tests postérieurs

au traitement et nous n'en avons pas constaté non plus entre les résultats des tests

postérieurs au traitement et l'évaluation de suivi faite trois mois après le traitement.

Entre la période préalable et la période postérieure au traitement, il n'y avait qu'une

seule différence significative pour un point de l'IMC : en moyenne, plus de délinquants

signalaient une intervention policière moindre après le traitement qu'avant celui-ci.

Certes peu étonnante, cette constatation traduit l'efficacité du traitement.

Une analyse des résultats obtenus par les 41 participants qui ont répondu au

questionnaire de l'IMC révèle que les délinquants étaient plus susceptibles d'avouer

qu'ils avaient déjà commis des actes de violence que d'avouer un comportement de

violence dans leur relation actuelle, mais la différence n'était pas significative. Les

délinquants avaient plutôt tendance à avouer qu'ils utilisaient des formes de violence

moins graves (par ex., une violence psychologique) dans leur relation actuelle et à

prétendre qu'ils ne commettaient plus d'actes de violence graves.

Dix-neuf femmes ont rempli une version spéciale de l'IMC mais, pour diverses raisons

(voir Pollock et Sheridan, 1995), seulement huit d'entre elles ont fourni des données se

prêtant à une analyse. Si l'on compare les résultats des femmes à ceux de leurs

conjoints, on constaie que les délinquants ont dit recourir aux différentes formes de

violence beaucoup moins fréquemment que ne l'ont prétendu les femmes. Ainsi, 13 %

des délinquants ont dit avoir frappé leur conjointe avec un objet tandis que 63 % des

femmes ont dit que cela s'était produit. Aucun homme n'a dit avoir menacé de tuer sa

conjointe tandis que 43 % des femmes ont dit que cela s'était produit. Enfin, aucun des

délinquants ne croient que les blessures qu'il avait infligées à sa conjointe l'avaient

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empêché de prendre part à des activités habituelles tandis que 38 % des femmes ont

dit que c'était le cas.

Nous avons constaté des différences significatives en ce qui concerne l'IMC entre les

délinquants qui ont achevé le programme et ceux qui ne l'ont pas achevé. Ces derniers

étaient beaucoup plus susceptibles d'exiger que leur conjointe rende strictement compte

des finances, de limiter son utilisation de la voiture ou du téléphone et de dire qu'on

faisait souvent appel à la police à cause d'incidents de violence familiale. Cette

constatation souligne l'importance du traitement, surtout pour les délinquants qui

risquent grandement de commettre des actes de violence familiale.

Un sous-groupe de 41 hommes a rempli le ROVC avant le traitement. Les résultats

révèlent que les participants ne croient pas qu'il est justifié de commettre des actes de

violence à l'endroit de l'épouse ni que les femmes gagnent de la sympathie ou de

l'attention par la violence. Mais ils montrent également que, d'après les délinquants, il

ne faut pas intervenir immédiatement après la violence, que les agresseurs ne sont pas

responsables de leur comportement et qu'ils ne devraient pas être punis. En outre, au

moment du test préalable, les participants étaient plus susceptibles que les non-

participants de croire que la violence faite au conjoint était justifiée. Cela semble

indiquer que les délinquants qui risquent davantage de commettre des actes de

violence sont aussi plus susceptibles d'achever le programme.

On possédait les résultats obtenus sur le ROVC administré après le traitement

uniquement pour 10 délinquants. Après le traitement, les résultats obtenus sur toutes

les sous-échelles avaient diminué par rapport à ceux du test préalable au traitement,

mais il n'y avait qu'une seule différence significative. Les résultats moyens pour

l'affirmation selon laquelle la violence à l'endroit de l'épouse est justifiée étaient

sensiblement plus faibles après le traitement. Les délinquants seraient donc moins

susceptibles de penser, après avoir subi le traitement, que la violence faite à l'épouse

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Page 95: Archived Content Contenu archivé - Sécurité publique 8886...ARCHIVED - Archiving Content ARCHIVÉE - Contenu archivé Archived Content Information identified as archived is provided

est justifiée. Seulement cinq délinquants ont rempli le ROVC trois mois après le

traitement, et l'on n'a pas constaté de différences significatives sur les sous-échelles.

Comme nous l'avons déjà signalé, à la fin du projet de démonstration, cinq délinquants

s'étaient soumis au test un an après le programme de traitement. La taille de

l'échantillon empêche de faire des analyses valables.

COMMENTAIRES DES CLIENTS En tout, 18 délinquants qui ont achevé le programme ont également rempli une formule

de commentaires. Les résultats révèlent que tous les délinquants étaient satisfaits du

programme et que 94 % étaient satisfaits de la façon dont le programme les avait aidés

dans leur relation.

PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES Selon les responsables du projet de Toronto, les rapports avec la conjointe de

l'agresseur constituent la source la plus fiable d'information au sujet de la gravité de la

violence existant dans la relation. À leur avis, ces rapports permettent de créer chez les

femmes des attentes objectives au sujet du programme à l'intention des hommes et de

leur fournir les ressources nécessaires pour les mettre, elles et leurs enfants, à l'abri de

la violence. Les femmes ont périodiquement été interrogées au sujet des progrès

accomplis par leur conjoint durant le traitement.

Les buts du programme, d'après les responsables du projet, étaient les suivants : aider

les femmes à élaborer des plans pour assurer leur sécurité et leur protection et fournir

une information au sujet des causes et des conséquences de la violence familiale.

a) AIGUILLAGE

Pour être admis dans le programme à l'intention des hommes, les délinquants devaient

accepter de fournir le numéro de téléphone et l'adresse de leur conjointe. Après le

début des séances de groupe, la coordonnatrice des services aux femmes envoyait à la

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Page 96: Archived Content Contenu archivé - Sécurité publique 8886...ARCHIVED - Archiving Content ARCHIVÉE - Contenu archivé Archived Content Information identified as archived is provided

femme une lettre pour décrire le projet, accompagnée d'un questionnaire servant à

évaluer le degré de violence. Une semaine plus tard, quelqu'un communiquait avec la

femme par téléphone afin de la convoquer à une interview à la Société John Howard. Si

l'on ne réussissait pas à entrer en communication avec elle, une lettre de suivi était

envoyée deux semaines plus tard. Si la femme ne voulait pas venir au bureau de la

Société John Howard, l'interview pouvait être menée par téléphone. Si elle refusait

d'avoir d'autres rapports avec la Société, on l'informait du fait qu'elle allait recevoir par

la poste une trousse d'information et qu'elle pouvait communiquer n'importe quand dans

l'avenir avec les responsables du programme.

b) INTERVIEW INITIALE

Au cours de l'interview initiale, diverses questions étaient abordées. La coordonnatrice

décrivait tout d'abord à l'intéressée l'Opportunities Program en général, pour ensuite lui

expliquer le programme de traitement à l'intention des hommes et le programme de

soutien des femmes. Le degré de violence existant dans la relation était évalué au

même moment . Au cours de la réunion, la coordonnatrice abordait la notion d'un plan

de sécurité que la femme pouvait utiliser s'il se présentait dans l'avenir une situation de

violence et discutait également des ressources offertes dans la collectivité.

c) SERVICES INDIVIDUELS

On offrait aux femmes qui ne voulaient pas assister aux séances de groupe la

possibilité de prendre part à des séances individuelles. Celles-ci étaient ordinairement

axées sur le contenu du manuel pour les femmes. En outre, certaines femmes ont

choisi d'avoir uniquement des communications téléphoniques. On leur téléphonait

périodiquement au moment qui leur convenait.

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d) GROUPE DE SOUTIEN DES FEMMES

Le groupe de soutien des femmes consistait en un groupe de discussion ouvert. Quatre

modules de deux heures chacun étaient prévus. On devait, à l'origine, répéter les

modules à toutes les quatre séances, mais en réalité, certains modules pouvaient durer

plusieurs séances, ou alors l'information provenant de différents modules pouvait être

présentée au cours d'une seule et même séance. Pour faciliter le processus, on a eu

recours à des vidéos, à de la documentation et à des discussions. Chaque séance se

terminait par un « contrôle de départ » durant lequel les participantes faisaient part de

leur réaction aux propos tenus et expliquaient ce qu'elles avaient retiré de la séance.

Les groupes se réunissaient ordinairement toutes les deux semaines. Les femmes

pouvaient se joindre au groupe n'importe quand et choisir les séances auxquelles elles

voulaient assister. Elles pouvaient également assister aux séances même lorsque leur

conjoint ne participait plus au programme des hommes. Elles pouvaient aussi obtenir un

remboursement de leurs frais de transport et de garde d'enfants pour qu'il leur soit plus

facile d'assister aux réunions du programme de soutien.

Contenu des séances :

• Discussion des différentes sortes de violences et de leurs causes.

• Démystification du phénomène de la femme battue.

• Présentation de statistiques sur la violence faite aux femmes et aux enfants.

• Présentation du programme à l'intention des hommes.

• Présentation du concept du cycle de la violence et discussion de celui-ci dans le

contexte de la relation de la femme.

• Planification de la sécurité.

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• Discussion des relations saines et des relations malsaines à l'aide de la roue du

pouvoir et du contrôle et de la roue de l'égalité.

• Discussion des plans futurs et de l'utilisation des ressources de la collectivité.

e) PARTICIPATION AU PROGRAMME

Au cours du projet de démonstration, la coordonnatrice des services aux femmes a

tenté de communiquer par lettre ou par téléphone avec 60 femmes. Parmi ces

dernières, 19 n'ont pas répondu, 18 ont refusé toute autre forme de communication, 11

ont fixé des rendez-vous avec la coordonnatrice mais ne se sont pas présentées au

rendez-vous et huit ont participé aux activités du groupe de soutien ou à des séances

individuelles; en outre, on essayait encore à la fin du projet de démonstration de

communiquer avec quatre autres femmes. Comme le programme de soutien n'a guère

suscité d'intérêt au cours de la première année du projet, le premier programme n'a été

lancé que le 28 septembre 1994. Chacun des quatre modules a été présenté une fois

avant la fin du projet de démonstration. Un maximum de trois femmes ont assisté à

chaque module. Le counseling individuel était la forme de soutien privilégiée pour les

femmes.

COUNSELING CONJUGAL La Société John Howard de Toronto n'a eu guère recours au counseling conjugal.

L'objet du projet de Toronto était de mettre fin à la violence dans les relations plutôt et

non pas d'aider les conjoints à rester ensemble. Les couples pouvaient être admissibles

à un counseling si les deux conjoints manifestaient un intérêt, s'ils étaient engagés à

préserver leur relafion et si la violence avait cessé. Avant que le counseling conjugal ne

puisse commencer, le délinquant devait s'être engagé à mettre fin à son comportement

de violence, avoir achevé le programme à l'intention des hommes et avoir accepté la

responsabilité de son comportement violent. La femme devait quant à elle comprendre

qu'elle n'était pas responsable de la violence et elle devait avoir élaboré un plan de

sécurité auquel elle pourrait recourir si la violence recommençait.

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SERVICE D'AIGUILLAGE POUR LES ENFANTS La Société John Howard de Toronto a offert un service d'aiguillage pour les enfants qui

avaient été victimes ou témoins de violence ou qui avaient connu•des problèmes liés

indirectement à la violence familiale (comme la négligence). Elle a fourni des

renseignements au sujet des divers organismes communautaires et servi d'agent de

liaison entre les parents et les organismes.

RÉSUMÉ Le projet de Toronto comprenait un programme de traitement à l'intention des hommes,

un groupe de soutien pour les femmes, un service de counseling conjugal et un service

d'aiguillage pour les enfants. Au cours du projet de démonstration, deux surveillants de

liberté conditionnelle ont reçu une formation comme coanimateurs, et leur contribution

au groupe s'est révélée salutaire.

Le programme des hommes, qui était initialement un programme s'adressant à un

groupe fermé, est devenu par la suite un programme pour groupe ouvert, ce qui a

permis de réduire la période d'attente des participants éventuels. Les membres les plus

anciens du programme ont progressivement assumé une plus grande responsabilité

pour les séances de groupe, offrant ainsi un modèle de comportement prosocial. Ainsi,

ils ont parfois été invités à explorer un sujet donné puis à présenter leurs résultats à la

séance suivante.

Selon Pollock et Sheridan (1995), le délinquant type participant à l'Opportunities

Program avait fait des études secondaires. Il ne vivait pas actuellement avec une

femme mais avec deux enfants ou plus. Il avait déjà été accusé de voies de fait contre

sa conjointe actuelle ou une ex-conjointe, ou ses enfants, mais un acte de violence

familiale n'était pas l'infraction à l'origine de son incarcération actuelle.

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Les mesures prises avant et après le programme de traitement ont révélé des

tendances encourageantes. Les résultats ont en effet montré qu'après leur participation

au programme, les délinquants pouvaient plus efficacement gérer leur colère. Après le

traitement, la violence physique signalée a aussi diminué légèrement. Les délinquants

étaient en outre plus en mesure de comprendre les sentiments de la victime et ils

acceptaient la responsabilité du comportement de violence. Pollock et Sheridan

signalent également des améliorations dans leur attitude envers les femmes, une

satisfaction accrue dans leurs relations avec les femmes, des attitudes plus prosociales

et des gains sur les plans de l'affirmation de soi et de l'estime de soi.

L'Opportunities Program était le seul projet de démonstration dont le plan de recherche

incluait, outre les tests préalables et postérieurs au traitement, des évaluations de suivi

trois mois et un an après la participation au programme. Étant donné la petite taille de

l'échantillon auprès duquel on a mené l'évaluation de suivi trois mois après le

traitement, les résultats étaient restreints, et l'on n'a pas pu constater de différences

significatives. Les résultats de l'évaluation effectuée un an après le traitement n'ont pas

non plus été analysés étant donné que l'on disposait de données uniquement sur cinq

délinquants.

Les responsables du volet axé sur les femmes de l'Opportunities Program ont réussi à

communiquer avec la conjointe des hommes participant au programme. Toutefois,

seules quelques femmes voulaient prendre part à des séances de counseling formel.

Ce manque de participation peut avoir été attribuable au fait que les femmes craignaient

leur conjoint ou encore qu'elles ne voulaient pas mettre en péril la liberté conditionnelle

de celui-ci.

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HEALTHY RELATIONSHIPS : VICTORIA (COLOMBIE-BRITANNIQUE)

La phase de démonstration de l'Healthy Relationships Pre-Treatment Awareness and

Education Program a commencé en décembre 1992 et s'est terminée le 31 mars 1995.

Les responsables du Victoria Family Violence Project ont été chargés du déroulement

du projet. Cet organisme avait beaucoup d'expérience dans l'intervention auprès des

hommes violents et de leur conjointe puisqu'ils administraient des programmes

communautaires de lutte contre la violence familiale depuis le milieu des années 1980,

programmes sur lesquels le projet de démonstration Healthy Relationships a été basé.

Les buts généraux du projet Healthy Relationships, ainsi que ses responsables les ont

définis, étaient les suivants :

• mettre fin à la violence que les femmes subissent aux mains de leur conjoint

• mettre fin à la violence faite aux enfants, y compris à la violence dont ils sont témoins

• empêcher la continuité transgénérationnelle de la violence familiale.

Les responsables du projet ont offert différentes sortes de services : un programme de

traitement à l'intention des hommes à l'établissement William Head, un programme de

traitement à l'intention des hommes dans la collectivité, un programme de soutien et

des services d'extension à l'intention des femmes, et un service d'aiguillage pour les

enfants.

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES Le programme de pré-traitement à l'intention des hommes prévoyait 20 séances, aux

éléments tant éducatifs que thérapeutiques, destinées à un groupe fermé. Étaient

acceptés dans le programme les hommes qui s'étaient montrés violents dans leurs

relations intimes, qu'ils aient ou non été accusés de voies de fait. Pour participer, les

délinquants devaient être disposés à discuter de leurs problèmes de violence au niveau

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personnel. Autrement, on les dirigeait vers un programme de sensibilisation à la

violence familiale appelé Vivre sans violence.

Les hommes n'étaient pas obligés de vivre actuellement dans une relation pour être

acceptés dans le programme. L'achèvement du Programme d'acquisition de

compétences psychosociales ou du programme Vivre sans violence était considéré

comme un atout mais non pas comme un préalable pour participer au programme

Healthy Relationships. Les délinquants étaient refusés s'ils avaient des problèmes liés à

des infractions d'ordre sexuel ou à la toxicomanie pour lesquels ils n'avaient pas subi de

traitement.

Le programme Healthy Relationships offert en l'établissement a été conçu de façon à

mener aux programmes communautaires auxquels les délinquants pouvaient participer

après leur mise en liberté. On voulait accepter dans le programme uniquement les

hommes qui présentaient un risque élevé de récidive sur le plan de la violence familiale

et qui allaient bientôt obtenir leur mise en liberté. Toutefois, à cause de la demande, on

a Offert le programme à tous les détenus désireux d'améliorer leurs relations intimes. La

priorité a cependant été accordée aux délinquants à risque élevé.

Des délinquants ont non seulement été dirigés vers le programme par des agents de

gestion des cas, mais se sont aussi portés volontaires après avoir entendu parler du

programme. Le taux de participation volontaire pour le programme des hommes était

très élevé. On a évalué le cas des délinquants qui se sont eux-mêmes portés candidats

en regard des commentaires communiqués par leur agent de gestion des cas afin de

maximiser le nombre de délinquants constituant de bons candidats pour le programme.

Il y avait souvent des listes d'attente.

Les buts du programme à l'intention des hommes, d'après les responsables du projet de

Victoria, étaient les suivants :

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• Sensibiliser les hommes aux attitudes et aux comportements malsains (de violence)

à l'égard de leur conjointe et de leurs enfants et aux conséquences négatives de ces

attitudes et comportements sur leur relation avec ces personnes.

• Amener les hommes à acquérir des attitudes et des comportements non violents et

attacher une plus grande valeur à ceux-ci en tant qu'atouts souhaitables et efficaces,

surtout dans le cadre de stratégies de réinsertion sociale.

• Sensibiliser les hommes à la violence qu'ils commettent dans leurs relations et

obtenir qu'ils s'engagent à suivre un traitement dans le cadre du Victoria Family

Violence projet ou des prOgrammes offerts dans d'autres collectivités après leur mise

en liberté.

PERSONNEL DU PROGRAMME Le programme à l'intention des hommes a été coanimé par un thérapeute et une

thérapeute. Les qualités exigées des chefs de groupe ont été élaborées de façon à

assurer la conformité avec les normes minimales. L'animateur du sexe masculin était un

ex-détenu de l'établissement William Head qui avait reçu une formation approfondie

dans le cadre du programme de formation d'animateurs du Victoria Family Violence

Project à l'intention d'anciens agresseurs. Il a coanimé le groupe en tant qu'animateur

non spécialiste et il a été bien accueilli par les membres du groupe.

Les animatrices étaient des thérapeutes qualifiées ayant plusieurs années d'expérience

dans l'animation de groupes composés de délinquants et d'autres personnes. Au début

du projet de démonstration, elle a également animé le groupe à l'intention des femmes.

Toutefois, au fur et à mesure de l'avancement du projet, on a décidé d'embaucher une

autre thérapeute chargée uniquement du programme de soutien des femmes.

FORMATION Comme nous l'avons déjà signalé, le programme Healthy Relationships a été administré

par les responsables du Victoria Family Violence Project, qui offraient déjà des

programmes de lutte contre la violence familiale aux hommes dans la collectivité.

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Rappelons également que les animateurs étaient tous deux des thérapeutes ayant reçu

la formation requise.

LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ Les responsables du Victoria Family Violence Project entretiennent des relations suivies

avec la collectivité de Victoria et le personnel de l'établissement. On a informé les

délinquants de certains des programmes de traitement auxquels ils pouvaient avoir

accès dans la collectivité après leur mise en liberté. Ces programmes incluaient le

Community Healthy Relationships et le programme de traitement à l'intention des

hommes offert par le Victoria Family Violence Project.

ÉVALUATION En plus de satisfaire aux conditions d'admissibilité, que nous avons déjà expliquées, les

hommes devaient, avant de participer aux séances de traitement, rencontrer les

thérapeutes afin que ceux-ci puissent déterminer s'ils étaient disposés à discuter de

leurs propres problèmes durant les séances de groupe. Les hommes qui ne pouvaient

pas en discuter étaient dirigés vers le Programme d'acquisition de compétences

psychosociales ou le programme Vivre sans violence. Les délinquants devaient subir

une batterie de tests auto-administrés avant le traitement et immédiatement après

celui-ci.

SOUTIEN INDIVIDUEL On n'a pas offert formellement de séances de counseling individuel.

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES Le programme de traitement des hommes prévoyait 20 séances en groupe fermé à

l'établissement William Head, à raison de deux séances par semaine pendant dix

semaines,. Le programme avait une orientation éducative et thérapeutique, en plus de

favoriser l'acquisition de compétences. Chaque séance durait deux heures et demie et

était fréquentée par huit à 12 délinquants.

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Les séances commençaient par un contrôle d'arrivée au cours duquel chaque

participant devait expliquer l'influence que la séance précédente avait exercée sur lui au

cours de la semaine écoulée. On a aussi eu recours à certaines techniques pour faciliter

le processus thérapeutique comme des discussions de groupe, des vidéos, de la

documentation, des commentaires (les participants devant tour à tour faire part de leur

opinion), l'utilisation du bâton d'orateur (les participants pouvaient intervenir uniquement

lorsqu'ils tenaient le bâton) et les jeux de rôles. Il y avait une période de questions à la

fin de chaque séance.

Les séances ont porté sur les aspects suivants :

• la nature d'une relation saine

• une explication de la violence physique, sexuelle et psychologique à l'aide de la roue

du pouvoir et du contrôle

• une explication des relations entre la victime, le sauveteur et le persécuteur à l'aide

du triangle dramatique

• une description du cycle de la violence et de son application au vécu des participants

• la manière d'acquérir des compétences notamment en communication, en

négociation, en solution de problèmes et en résolution de conflits

• une explication de techniques comme le temps d'arrêt, les stratégies où les deux

parties sortent gagnantes, la technique consistant à se parler pour se calmer, le

discours intérieur et l'utilisation d'affirmations à la première personne pour exprimer

ses sentiments

• la manière d'exprimer sa colère de façon respectueuse et convenable

• la continuité transgénérationnelle de la violence et l'utilisation de bonnes techniques

parentales

• les dangers des drogues et de l'alcool.

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CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS Au cours du projet de démonstration, 163 délinquants sous responsabilité fédérale ont

participé au programme Healthy Relationships et 143 l'ont achevé (taux d'achèvement

de 88 %). Parmi ce dernier groupe, 50 délinquants ont depuis obtenu leur mise en

liberté.

Le lecteur trouvera à l'annexe B des renseignements démographiques sur les

participants. Ces derniers étaient âgés en moyenne de 35 ans; il y avait presque autant

d'hommes célibataires (39 %) que d'hommes mariés ou vivant dans une union de fait

(41 %). Environ 64 % des délinquants avaient des enfants. Une forte proportion de

délinquants avaient été témoins de violence psychologique (59 %) ou physique (47 %)

dans l'enfance. En outre, un grand nombre d'entre eux avaient été victimes dans

l'enfance de violence psychologique (67 %), physique (62 %) ou sexuelle (21 %).

• TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT Une batterie de tests utilisés pour tous les projets de démonstration a été administrée

aux délinquants avant et après leur participation au programme à l'intention des

hommes. Comme nous l'avons déjà signalé, ces instruments incluaient le Questionnaire

sur les réactions souhaitables (QRS), le Répertoire multidimensionnel de la colère

(RMC), l'Indice de maîtrise du comportement (IMC) et le Répertoire des opinions tenues

à propos de la violence faite aux conjointes (ROVC). Les résultats suivants ont été

adaptés principalement du rapport de recherche fourni par les responsables du projet

de Victoria (McGregor et coll., 1995).

Le QRS comporte deux échelles : l'échelle d'auto-duperie et l'échelle de conduite

stratégique des relations. Les résultats moyens obtenus sur ces deux échelles ont

augmenté seulement de façon marginale entre le test préalable et le test postérieur au

traitement. Une comparaison des résultats moyens obtenus sur l'échelle d'auto-duperie

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aux normes basées sur d'autres études a révélé que ces résultats étaient supérieursaux

normes pour les détenus mais inférieurs aux normes pour les étudiants du premier

cycle.

Les résultats moyens obtenus sur l'échelle de conduite stratégique des relations pour la

présente étude étaient inférieurs aux normes pour les détenus et bien inférieurs aux

résultats moyens produits par les étudiants qui, dans leurs réponses, ont fait valoir leurs

bons points; ils étaient toutefois supérieurs aux résultats moyens produits par les

étudiants qui ont répondu honnêtement. Cela signifie que les délinquants ne se

présentaient que marginalement sous un jour favorable.

Les résultats obtenus pour le RMC ont révélé une seule différence significative entre les

tests préalables et les tests postérieurs : il y a eu baisse des résultats moyens obtenus

sur la sous-échelle de l'intériorisation de la colère. Cela voudrait dire que les

délinquants étaient moins susceptibles d'intérioriser leur colère après avoir participé au

traitement. Celui-ci semble donc les avoir aidés sur ce plan.

Il est intéressant de constater l'existence d'une corrélation négative entre les résultats

obtenus sur le RMC et la désirabilité sociale tant avant le traitement qu'après celui-ci.

Autrement dit, plus les résultats obtenus sur ce test étaient élevés (traduisant des

niveaux élevés de colère et l'existence de problèmes de maîtrise de la colère), moins le

délinquant était susceptible de vouloir se présenter sous un jour favorable. Les

corrélations négatives sont demeurées constantes entre la période préalable au

traitement et la période postérieure à celui-ci. Cela signifie que la question de la

désirabilité sociale n'influe pas sur ces résultats.

De très faibles pourcentages d'hommes ont dit s'être trouvés dans les situations

décrites dans les sous-échelles de l'IMC, tant au test préalable qu'au test postérieur au

traitement. Les faibles taux de violence constatés aux tests préalables et aux tests

postérieurs reflètent peut-être le fait que ces hommes sont incarcérés et n'ont pas

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beaucoup de rapports avec leur conjointe. La violence psychologique a été signalée

moins souvent après le traitement, mais la diminution n'était pas significative. Toutefois,

le nombre de délinquants qui ont dit avoir eu recours à la violence physique était

beaucoup plus faible après le traitement qu'avant celui-ci. Il est difficile d'interpréter

cette baisse étant donné que les délinquants étaient incarcérés durant le traitement. Ce

changement peut avoir été attribuable au traitement, dans le cas des participants qui

ont reçu des visites familiales au cours de cette période. Mais la baisse du recours à la

violence physique peut aussi avoir été attribuable au fait que les participants n'ont guère

ou pas eu de contacts avec leur conjointe durant et après le traitement.

En général, les résultats moyens pour le ROVC étaient faibles tant avant qu'après le

traitement. On a constaté des baisses significatives entre les deux périodes quant au

résultat total et aux résultats obtenus sur trois des cinq sous-échelles servant à mesurer

l'opinion des participants au sujet des affirmations suivantes : la violence profite aux

femmes, l'agresseur est responsable, l'agresseur doit être puni. Aux tests postérieurs

au traitement, les délinquants étaient plus susceptibles de penser que les femmes ne

retiraient rien de la violence et que l'agresseur était responsable et devait être puni. On

peut considérer ces résultats comme une preuve du fait que le traitement a amélioré

l'attitude des délinquants envers les femmes.

PROGRAMME COMMUNAUTAIRE À L'INTENTION DES HOMMES Après leur mise en liberté, les délinquants pouvaient participer au volet communautaire

du programme Healthy Relationships ou au programme de traitement général offert par

les responsables du Victoria Family Violence Project. Le volet communautaire du

programme Healthy Relationships a été conçu expressément à l'intention des

délinquants lorsqu'on a constaté, avec le temps, que le programme communautaire ne

convenait pas à cette population. On a constaté que les délinquants de ressort fédéral

s'adaptaient mal aux autres hommes, notamment sur le plans des compétences

sociales. De plus, les délinquants étaient aux prises avec une foule de problèmes au

moment de leur mise en liberté, ce qui exigeait une attention spéciale.

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Le volet communautaire du programme Healthy Relationships visait à aider les

délinquants à entretenir une relation non violente et à régler d'autres problèmes pouvant

entraîner leur incarcération. Ce volet consistait en 10 à 12 séances. Les techniques

employées et l'information transmise au cours de celles-ci ressemblaient beaucoup au

programme Healthy Relationships en établissement. Le principal objectif du groupe était

d'appuyer les hommes pendant leur réintégration.

Le volet communautaire du programme Healthy Relationships consistait en 10 à 12

séances destinées à être constamment répétées. À caractère éducatif et thérapeutique,

il visait également l'acquisition de certaines compétences. On a conçu un programme

pour groupe ouvert afin de permettre aux hommes de s'y joindre quand ils le voulaient

et de quitter le programme lorsqu'ils n'avaient plus besoin des services offerts. Le volet

communautaire du programme était coanimé par l'équipe composée d'un thérapeute et

d'une thérapeute qui animaient le programme en établissement.

Comme nous l'avons déjà signalé, 50 délinquants qui ont achevé le programme avaient

obtenu leur élargissement le 31 mars 1995. Parmi ce groupe, 30 hommes ont été mis

en liberté dans la région de Victoria et 27 ont profité du volet communautaire du volet

Healthy Relationships. La plupart des participants habitaient dans des maisons de

transition et certains d'entre eux entretenaient des relations permanentes.

Dans les maisons de transition, le programme a été offert le jour et le soir. En général,

les délinquants ne participaient pas régulièrement à l'un ou l'autre des programmes,

probablement parce. que leur participation ne constituait pas une des conditions de

l'ordonnance de mise en liberté. La plupart des services communautaires étaient offerts

dans le cadre de séances personnelles par le conseiller du sexe masculin, malgré des

efforts concertés en vue de constituer des groupes de délinquants.

Les séances de groupe et individuelles ont été fréquentées par 14 délinquants, tandis

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que les 13 autres hommes ont assisté uniquement aux séances individuelles. Signalons

également que six autres délinquants venant d'établissements fédéraux et mis en liberté

dans la région de Victoria ont participé au volet communautaire du programme Healthy

Relationships. À la fin du projet pilote, neuf délinquants avaient achevé le programme

de traitement communautaire. Ce nombre était trop faible pour permettre de faire des

analyses significatives.

La participation aux programmes communautaires aurait pu être plus forte si cela avait

été une condition de mise en liberté. Les responsables ont fait par la suite des efforts

pour faire comprendre à la Commission canadienne des libérations conditionnelles

l'importance du traitement communautaire pour les délinquants à risque élevé.

PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES Ce programme était destiné aux conjointes des hommes participant au volet offert en

établissement ou dans la collectivité du programme. Une conseillère était chargée de

communiquer par téléphone avec les femmes et de mener le programme de soutien.

Les buts du programme à l'intention des femmes de Victoria, tels que les définissent les

responsables, étaient les suivants :

• Sensibiliser les femmes aux attitudes et comportements malsains (violents) et les

amener à attacher plus de valeur aux relations saines (non violentes).

• Amener les femmes à mieux assumer leur rôle de mère et de conjointe et accroître

leur confiance dans leurs moyens.

• Diriger les femmes vers des services communautaires à leur intention et à l'intention

de leurs enfants.

a) AIGUILLAGE

Les femmes ont été dirigées vers le programme Healthy Relationships par leur conjoint.

Initialement, on a demandé aux hommes de donner un numéro de téléphone pour leur

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conjointe au début du programme, mais cette mesure n'a pas été efficace étant donné

qu'elle a permis d'obtenir des numéros de téléphone pour la moitié seulement des

conjointes. Dans les groupes suivants, on a demandé aux délinquants de fournir le

numéro de téléphone de leur conjointe avec la permission de cette dernière, mais cela

s'est révélé encore moins efficace. Enfin, dans les derniers groupes, on a demandé aux

hommes de donner le numéro de téléphone de leur conjointe à l'intervieweur, au cours

de l'interview initiale, et cette façon de procéder s'est révélée plus efficace.

Les femmes pouvaient être dirigées vers le programme à leur intention même si leur

conjoint ne participait pas au programme à l'intention des hommes. Les agents de

gestion des cas pouvaient également diriger les conjointes vers le programme à

l'intention des femmes. De plus, il y avait, dans l'entrée du secteur des visites de

l'établissement William Head, des affiches sur lesquelles étaient énumérés les genres

de services de soutien offerts aux femmes par les responsables du Victoria Family

Violence Project et les numéros de téléphone à composer pour communiquer avec la

conseillère chargée du programme à l'intention des femmes.

b) CONTACT INITIAL

Les responsables du projet de Victoria ont rencontré plusieurs problèmes dans leur

tentative de communiquer avec les femmes. Comme nous l'avons signalé, beaucoup de

participants n'ont pas fourni le numéro de téléphone de leur conjointe. Quant aux

numéros qui ont été fournis, ils étaient souvent incorrects ou vieux. Enfin, certaines des

femmes avec lesquelles on a communiqué ont dit ne plus avoir de rapports avec le

délinquant.

Au cours du premier entretien par téléphone, on informait les femmes des services mis

à leur disposition. Elles étaient également informées de l'existence du programme de

soutien tenant des réunions hebdomadaires à Victoria. Quant aux femmes qui

n'habitaient pas dans la région de Victoria, on leur offrait des services de soutien par

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téléphone, en ajoutant qu'elles pouvaient communiquer en personne avec les

responsables du programme ou assister aux séances du groupe lorsqu'elles se

trouvaient dans la région de Victoria. Le manuel employé dans le programme à

l'intention des hommes du programme Healthy Relationships a été offert à titre

d'information aux femmes et leur a souvent été envoyé par la poste.

c) SERVICES INDIVIDUELS

Un soutien individuel a été offert aux femmes de façon informelle seulement. Les

femmes qui connaissaient des problèmes de longue date ou qui habitaient à l'extérieur

de la région de Victoria ont été dirigées vers d'autres organismes communautaires plus

en mesure de les aider.

d) GROUPE À L'INTENTION DES FEMMES

Les séances du groupe à l'intention de femmes ont eu lieu à un endroit privé. Ce

groupe ouvert avait pour but d'assurer aux femmes un soutien et des services

d'éducation. Le contenu des séances était basé sur le manuel employé dans le

programme à l'intention des hommes du programme Healthy Relationships, mais les

séances n'étaient pas aussi structurées. Au cours des séances, les femmes étaient

incitées à discuter de leurs expériences de la violence familiale et à faire part de

préoccupations qui pouvaient être explorées au cours des séances. On a aussi

renseigné les femmes sur les organismes locaux de lutte contre la violence familiale

susceptibles d'offrir divers services aux femmes et à leurs enfants. Les femmes étaient

libres de se joindre au programme quand elles le voulaient et pouvaient aussi continuer

à participer même après que leur conjoint avait cessé d'assister aux séances du

programme à l'intention des hommes.

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e) PARTICIPATION AU PROGRAMME

À la fin du projet de démonstration, on avait communiqué avec 99 femmes, auxquelles

on avait offert des services. En tout, 16 femmes ont assisté aux séances du groupe de

soutien au cours du projet. Le nombre maximum de femmes qui ont assisté aux

séances a été de quatre. On ne connaît pas le nombre de femmes qui ont profité des

services de soutien offerts par téléphone.

SERVICE D'AIGUILLAGE À L'INTENTION DES ENFANTS Les responsables du Victoria Family Violence Project avaient prévu initialement d'offrir

un programme à l'intention des enfants victimes ou témoins de violence familiale.

Toutefois, l'absence de demande a incité les responsables à diriger à la place les

enfants vers d'autres programmes communautaires.

RÉSUMÉ Le programme Healthy Relationships offert à Victoria (Colombie-Britannique) incluait

diverses composantes : un programme de traitement à l'intention des hommes

incarcérés à l'établissement William Head, un volet communautaire du programme de

traitement, un groupe de soutien et de services d'extension à l'intention des femmes et

un service d'aiguillage pour les enfants. Les responsables du Victoria Family Violence

Project entretiennent de nombreuses relations dans la collectivité puisqu'ils offrent des

séances de traitement à l'intention des hommes violents depuis le milieu des années

1980.

L'animateur du programme était un ex-détenu de l'établissement William Head. Il avait

reçu une formation intensive grâce au projet de Victoria relatif à la violence familiale

pour travailler comme animateur de groupe non professionnel. Il jouissait donc de

crédibilité auprès des participants. L'effectif du programme était constitué dans une

large mesure de bénévoles.

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Le programme à l'intention des hommes a été présenté de façon intensive, c'est-à-dire

deux fois par semaine, ce qui a permis d'obtenir des taux d'achèvement élevés, vu la

probabilité moindre de transfèrements ou de mises en liberté au cours de la durée de 10

semaines (plutôt que de 20 semaines) du programme, en plus de libérer des ressources

permettant d'amorcer de nouveaux groupes. Les responsables du projet de Victoria ont

recommandé d'organiser des groupes de suivi en établissement à l'intention des

hommes qui ont achevé le programme pour leur permettre de mieux absorber les

notions acquises au cours du traitement en groupe.

Le participant type au programme Healthy Relationships avait terminé l'école

secondaire et avait fait certaines études postsecondaires, était marié ou vivait dans une

union de fait ou était célibataire, et avait des enfants. Il avait été témoin dans son

enfance de violence psychologique et physique, en plus d'avoir été victime de violence

psychologique et physique. Il n'avait pas été incarcéré pour avoir commis des voies de

fait contre sa conjointe ou ses enfants.

Une comparaison des résultats des tests administrés avant et après le traitement a

révélé des différences statistiquement significatives. On constate notamment qu'après

avoir participé au traitement, les délinquants pouvaient plus facilement maîtriser leur

colère intériorisée. Ils disaient également commettre moins d'actes de violence

physique après le traitement. Enfin, après le traitement, les délinquants étaient plus

susceptibles de penser que la violence ne rapportait rien aux femmes et que l'agresseur

était responsable et devait être puni.

Le volet communautaire du programme à l'intention des hommes n'a pas attiré

beaucoup de délinquants, ce qui peut avoir été dû au fait que leur ordonnance de mise

en liberté n'obligeait pas les hommes à assister aux séances. L'animateur a proposé

diverses possibilités aux hommes pour favoriser la participation.

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Les séances du programme à l'intention des femmes ont eu lieu à un endroit privé.

Toutefois, les responsables du programme Healthy Relationships n'ont pas réussi à

communiquer avec beaucoup de femmes. Souvent, la communication était impossible

parce que les femmes avaient déménagé. Quant aux femmes avec lesquelles on a

réussi à communiquer, elles ne se sont guère montrées intéressées au programme, soit

parce que leur conjoint était encore incarcéré et que la relation était terminée, soit parce

qu'elles n'étaient pas obligées d'avoir des rapports suivis avec leur conjoint.

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PROGRAMME D'ENRICHISSEMENT FAMILIAL : SOCIÉTÉ JOHN

HOWARD D'OTTAWA

La première étape du projet pilote du Programme d'enrichissement familial réalisé par la

Société John Howard d'Ottawa a débuté en décembre 1990. Le présent rapport ne

rend compte que des résultats de la deuxième étape, qui a commencé le 1 er avril 1992

et s'est terminée le 31 mars 1995.

Les objectifs du programme d'Ottawa ont été définis en ces termes :

• faciliter la diminution des comportements violents et caractérisés par la recherche de

contrôle

• inciter les hommes à assumer la responsabilité de leur comportement violent

• donner une information constante à la femme sur les progrès accomplis par l'homme

et sur sa participation au programme

• donner de l'information et un soutien aux conjointes

• donner une information constante à l'agent de liberté conditionnelle sur les progrès

accomplis par l'homme et sur sa participation au programme

• assurer des partenariats entre organismes et des liens entre la Société John Howard

et d'autres services communautaires

• participer à plusieurs comités locaux qui s'efforcent de mettre fin à la violence contre

les femmes

Le Programme d'enrichissement familial se composait de plusieurs éléments : un

programme pour les hommes violents, des groupes de soutien pour les femmes, un

groupe de soutien général pour les enfants et un groupe de soutien spécialisé à

l'intention des enfants exposés à la violence familiale. Un programme destiné aux

couples et un programme d'information pour les parents ont été proposés dans les cas

où aucun problème de violence n'était décelé. S'il est vrai que la Société John Howard a

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une vaste expérience dans l'aide aux détenus, elle en avait peu dans les programmes

de lutte contre la violence familiale. Elle a donc dû concevoir, mettre au point et

appliquer des programmes adaptés à la clientèle des délinquants et de leurs familles.

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES Le programme destiné aux hommes comprenait un groupe d'information ouvert et un

groupe de thérapie fermé. Étaient admis au programme des hommes qui étaient ou

avaient été violents avec des membres de leur famille ou qui avaient des antécédents

de comportement violent. Étaient exclus du programme, par contre, les délinquants qui

éprouvaient des problèmes d'alcoolisme ou de toxicomanie pour lesquels ils n'étaient

pas traités ou qui avaient commis des infractions à caractère sexuel pour lesquels ils

n'avaient pas suivi de thérapie.

PERSONNEL DU PROGRAMME Les animateurs du programme destiné aux hommes étaient une équipe formée d'un

homme et d'une femme. Les qualités requises des animateurs ont été définies de

manière à assurer la conformité à des normes minimales. Les . groupes de femmes, par

ailleurs, étaient animés par deux conseillères. Une surveillance était exercée par un

psychologue clinicien. -

FORMATION Au début du projet pilote, le personnel du Programme d'enrichissement familial a reçu

une formation sur la violence familiale et a été informé de la nécessité d'une intervention

ancrée dans la collectivité. Il prenait part chaque semaine à des réunions d'équipe

consacrées à la discussion de cas. Une réunion de bilan suivait chaque séance avec un

groupe de thérapie ou de soutien.

LIENS AVEC LA COLLECTIVITÉ Presque au début du projet pilote, le personnel a rencontré les agents de liberté

conditionnelle et fait des exposés dans des maisons de transition et des établissements

fédéraux. La Société John Howard d'Ottawa a noué de solides relations avec d'autres

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organismes locaux et avec le système de justice pénale. Par exemple, elle a eu des

représentants à divers sous-comités du comité régional de coordination d'Ottawa-

Carleton pour mettre fin à la violence contre les femmes. Ces relations et d'autres liens

avec la collectivité ont aidé la Société John Howard d'Ottawa à mettre l'accent sur la

sécurité des femmes et des enfants, et sur la responsabilité envers les victimes de

violence.

Tout au long du projet pilote, le Programme d'enrichissement familial a fourni aux

agents qui avaient aiguillé des délinquants vers le programme un rapport mensuel sur

les progrès accomplis par ces derniers. Ces rapports précisaient le nombre de séances

auxquelles le délinquant avait participé et son degré de participation et donnaient

d'autres observations sur les progrès enregistrés par le délinquant. En outre, les

responsables du Programme d'enrichissement familial ont présenté, à tous les six mois,

des exposés sur les résultats généraux du programme au bureau local des libérations

conditionnelles.

ÉVALUATION C'est habituellement un agent de liberté conditionnelle qui aiguillait le délinquant vers le

programme, mais il est arrivé aussi que ce soit le bureau central de la Société John

Howard d'Ottawa, une maison de transition ou la Société de l'aide à l'enfance. Il est

arrivé aussi, au début du projet, que des délinquants se présentent d'eux-mêmes, mais

on a renoncé à cette formule, parce que ces personnes étaient moins fidèles aux

séances et que leur nombre était peu élevé. Après une première évaluation du

participant, le personnel du Programme d'enrichissement familial rencontrait l'intéressé

pour s'assurer que le programme pouvait lui convenir.

SOUTIEN INDIVIDUEL Les rencontres individuelles duraient environ une heure. Elles étaient proposées aux

délinquants qui n'avaient pas les qualités pour travailler en groupe. Au début du projet

pilote, beaucoup de délinquants qui se présentaient d'eux-mêmes n'étaient pas

92

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disposés à participer à des rencontres de groupe. Le personnel du Programme

d'enrichissement familial, dans un effort pour en inciter un plus grand nombre à travailler

en groupe, a rencontré le personnel du bureau des libérations conditionnelles et pris

des dispositions pour que les hommes soient envoyés aux séances de groupe.

GROUPE D'ACCUEIL Le groupe d'accueil n'a été ajouté au Programme d'enrichissement familial que

tardivement dans le déroulement du projet pilote. Ce groupe était ouvert et un maximum

de six personnes y participaient. Il était obligatoire pour les délinquants, avant qu'ils ne

puissent se joindre au groupe de thérapie. Les séances duraient 90 minutes et avaient

lieu une fois par semaine. Il s'agissait de préparer les délinquants au travail en groupe,

de les inciter à commencer à assumer la responsabilité de leur violence et de donner un

aperçu du programme de thérapie.

PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES Au départ, la Société John Howard avait prévu des groupes de moindre durée (soit de

12 à 14 séances), après quoi le délinquant participait à des programmes ordinaires au

niveau communautaire. Cette formule a échoué parce que les participants avaient des

besoins beaucoup plus importants que ceux des autres hommes. C'est pourquoi la

version finale comprenait 20 séances de 90 minutes chacune, et chaque groupe était

composé de quatre à six participants.

Le programme proposé aux hommes était fondé sur l'acquisition de compétences et de

connaissances et sur la thérapie. Chaque séance commençait par une récapitulation de

la séance précédente et une vue d'ensemble de la séance du jour. Les participants

pouvaient, en début de séance, parler de leur comportement violent au cours de la

semaine écoulée. Les sujets étaient abordés pendant les séances avec l'aide de

documents, de tableaux de papier, de travaux, de vidéos et de discussions. Chaque

séance s'achevait par un aperçu de la séance suivante.

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Les séances donnaient de l'information sur les sujets suivants :

• les types de violence, en utilisant la roue du pouvoir et du contrôle

• les mythes au sujet de la violence contre les femmes

• la manière dont la société tolère le recours à la violence par les hommes pour

exercer un contrôle sur les femmes, dans la culture nord-américaine

• les stéréotypes sur les rôles des deux sexes

• les coûts de la violence familiale

• les effets à court et à long termes du comportement violent et du comportement non

violent

• les effets de la violence sur les femmes et les enfants

• la violence et le respect au plan sexuel

• les modèles de violence transmis de génération en génération

• les solutions à appliquer à la place de la violence

Avec le temps, il est devenu évident qu'il fallait des séances de suivi. Une fois terminé le

programme pour hommes, des séances de rappel ont été proposées aux délinquants

pour les aider à maintenir les changements opérés pendant la thérapie.

CARACTÉRISTIQUES DES DÉLINQUANTS Pendant le projet pilote, 142 délinquants de ressort fédéral ont été aiguillés vers le

programme à l'intention des hommes. Un total de 85 délinquants ont assisté à au moins

une séance du programme, et 29 p. 100 d'entre eux (25 délinquants) ont fait tout le

programme. À la fin du projet pilote, 19 p. 100 (16 délinquants) participaient toujours au

programme, et 52 p.100 (49 personnes) avaient décroché.

Étant donné le nombre limité de délinquants qui avaient été aiguillés vers le programme

au début du projet et que la plupart des délinquants qui s'étaient présentés de leur

propre initiative ne voulaient pas participer à un programme de groupe, un grand

nombre d'hommes ont eu des rencontres individuelles. En fait, 65 p. 100 d'entre eux

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n'ont assisté qu'à des rencontres individuelles. Un total de 17,5 p. 100 des délinquants

ont participé seulement à des séances de groupe et le même pourcentage, soit 17,5 p.

100, ont participé à la fois à des rencontres individuelles et à des séances de groupe.

Les caractéristiques démographiques des hommes qui ont pris part au programme sont

présentées à l'annexe B. L'âge moyen des participants était de 31 ans. Environ le tiers

des délinquants avaient terminé leurs études secondaires. Un total de 63 p. 100 étaient

mariés ou vivaient avec une conjointe de fait. Un grand nombre des participants (75 p.

100) avaient des enfants. Seulement 13 p. 100 étaient sous le coup d'une accusation

de voies de fait sur une conjointe ou un enfant ou avaient été accusés de voies de fait

antérieurement.

TESTS PRÉALABLES ET POSTÉRIEURS AU TRAITEMENT Les délinquants se sont soumis à une batterie de tests, commune à tous les projets

pilotes, avant et après le programme destiné aux hommes. Ces tests, déjà décrits dans

le présent rapport, sont le Questionnaire sur les réactions souhaitables (QRS), le

Répertoire multidimensionnel de la colère (RMC), l'Indice de maîtrise du comportement

(IMC) et le Répertoire des opinions tenues à propos de la violence faite aux conjointes.

Malheureusement, cette batterie de tests n'a été utilisée que pendant la dernière année

du projet pilote, ce qui explique le petite taille de l'échantillon. D'autres tests ont été

utilisés par le délinquant, le thérapeute ou la conjointe du délinquant pendant les quatre

années du projet. Ces tests donnent une image plus exacte des résultats obtenus.

Ceux-ci sont exposés dans le rapport de recherche final sur le projet, The Development,

Implementation, and Evaluation of the Family Enrichment Program: Final Report (Van

Dieten et Walker, 1995). Les résultats donnés ici ont été adaptés essentiellement à

partir du rapport de recherche fourni par les responsables du projet d'Ottawa (Van

Dieten et Walker, 1995).

Pour les détenus qui ont été soumis au test ORS (N = 12), les résultats des sous-

échelles d'autoduperie et de conduite stratégique des relations ont été légèrement plus

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bas que ceux d'un échantillon de 182 étudiants d'université qui ont été invités à

répondre honnêtement aux questions (Paulhus, 1991). C'est dire que les délinquants

de l'échantillon n'essayaient pas de donner une image flatteuse d'eux-mêmes. Aucune

donnée de test postérieur au programme n'était disponible.

Les délinquants n'ont pas été soumis à des tests avant et après le programme. En

réalité, ils n'ont subi que le test RMC soit avant, soit après le programme. Il n'a donc

pas été possible d'analyser les différences entre leur état d'avant et d'après le . programme. Il demeure que les résultats moyens aux sous-échelles du RMC étaient

plus faibles avant qu'après le programme. Comme on ne possède des données que

pour 11 délinquants, après le programme, il n'est pas possible d'avancer une

interprétation.

La plupart des délinquants n'ont subi le test IMC qu'avant ou après le programme. Les

résultats complets des sous-échelles avant et après le programme ne sont disponibles

que pour sept et deux personnes respectivement. Les résultats moyens, avant et après

le programme, montrent un faible taux de maîtrise du comportement. Comme

l'échantillon est extrêmement petit, il est impossible de proposer une interprétation

significative.

En général, les délinquants ont eu des résultats faibles au test ROVC. Toutefois,

comme seulement quatre délinquants se sont soumis à ce test avant le programme et

qu'aucun résultat n'est disponible après le test, il est impossible de donner une

interprétation.

Outre les tests qu'on vient d'évoquer, le Programme d'enrichissement familial a mesuré

les besoins des participants à l'arrivée au moyen de la méthode d'évaluation des

besoins de la Société John Howard. Cette mesure a donné un résultat total qui peut se

subdiviser en quatre niveaux de besoin : très grands besoins, grands besoins, besoins

moyens, faibles besoins. Ces catégories reflètent la difficulté d'adaptation des

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participants dans les domaines suivants : antécédents criminels; emploi et études;

finances; logement; loisirs; relations familiales et conjugales; problèmes d'alcool et de

drogues; compagnons; vie affective et personnelle; attitudes. Le groupement selon le

niveau des besoins sert ensuite à établir les domaines d'intervention qui conviennent.

Sur les 117 participants qui se sont soumis à des tests à l'arrivée, 87 p. 100 se situaient

dans les catégories des grands ou des très grands besoins. Le résultat moyen des

participants au Programme d'enrichissement familial s'établissait à 25,4, contre 18,0

pour la clientèle générale de la Société John Howard. Trois mois après les services, 60

p. 100 des 78 délinquants qui ont participé au Programme étaient dans la catégorie des

très grands besoins et 33 p. 100 dans celle des grands besoins. Après six mois, 48 p.

100 des 52 délinquants restants étaient dans la catégorie des très grands besoins et 38

p. 100 dans celle des grands besoins. Enfin, au moment du suivi des neuf mois, 48 p.

100 des 27 détenus étaient dans la première catégorie et 33 p. 100 dans la seconde.

Par conséquent, sur une certaine période, le niveau des besoins des délinquants

s'abaisse lorsqu'ils peuvent profiter d'une intervention appropriée.

PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES Le programme destiné aux femmes s'adressait aux femmes qui vivaient ou avaient vécu

avec des délinquants de ressort fédéral une relation marquée par la violence. Dans un

cas, une femme condamnée, de ressort fédéral, a également participé au programme.

Le programme comprenait des contacts et un soutien par téléphone, des conseils

individuels, la phase I du Programme à l'intention des femmes, la phase II de ce même

programme (mesures positives). La première phase était un groupe de soutien qui

gravitait surtout autour des questions de violence tandis que la deuxième visait à fournir

un environnement favorable pour encourager la conscience de soi et la croissance

personnelle. Pour les deux phases, la formule était ouverte. Les objectifs du programme

à l'intention des femmes, définis par la Société John Howard d'Ottawa, étaient les

suivants :

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• aider les femmes à élaborer des plans pour assurer leur sécurité personnelle et leur

protection

• donner de l'information sur les types de violence, les causes de la violence contre

les femmes, les effets de la violence sur les femmes et les enfants, le blâme dirigé

contre la victime, les droits et le processus juridiques, et les ressources du milieu

• donner de l'information sùr la participation des hommes (fréquentation, attitude

générale, lacunes dans les réactions au traitement, impressions des animateurs)

• fournir des conseils individuels ou en groupe pour aider les femmes à récupérer un

certain pouvoir et un certain contrôle dans leur vie

• donner aux femmes l'occasion d'exprimer leurs préoccupations librement et en toute

sécurité et de rompre leur isolement en nouant des relations avec d'autres femmes

victimes de violence

• assurer la liaison avec d'autres groupes du milieu qui fournissent des services aux

femmes

a) AIGUILLAGE

Les femmes se sont présentées d'elles-mêmes pour participer au programme ou elles

ont été aiguillées par des agents locaux de liberté conditionnelle, le bureau central de la

Société John Howard, des maisons de transition ou la Société d'aide à l'enfance. Le cas

le plus fréquent a été celui des femmes qui ont été dirigées vers le programme parce

que leur conjoint y participait. Les hommes devaient donner le numéro de téléphone de

leur conjointe passée ou actuelle lorsqu'ils étaient eux-mêmes dirigés vers le

programme. On communiquait par téléphone avec les femmes pour les informer des

services mis à leur disposition et leur parler de l'importance des plans à prévoir pour

assurer leur sécurité et leur protection. Elles ont aussi été invitées à participer à des

séances de soutien en groupe ou individuelles. Si elles n'étaient pas intéressées à venir

au bureau de la Société John Howard, il leur était proposé un soutien par entretien

téléphonique. Il y a également eu de fréquents contacts téléphoniques avec les

femmes prenant part à des séances individuelles ou en groupe pour voir si elles étaient

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en sécurité et faire le point sur les progrès accomplis par leur conjoint dans le

programme destiné aux hommes. Les femmes étaient renseignées sur l'assiduité de

leur conjoint aux séances, les faits qu'ils divulguaient et les impressions des animateurs.

Si des femmes ne souhaitaient pas participer au programme prévu à leur intention, on

leur donnait le numéro de téléphone d'autres services communautaires.

b) ÉVALUATION

Les femmes ont été encouragées, sans obligation de leur part, à se prêter à des tests

d'évaluation de la violence familiale pendant l'entrevue initiale et à diverses étapes

pendant et après la thérapie de leur conjoint.

c) SERVICES INDIVIDUELS

Avant de s'intégrer dans un groupe, les femmes étaient invitées à participer à quelques

séances individuelles. Ces conseils personnels étaient également à la disposition des

femmes en plus ou à la place des séances de groupe. Il leur suffisait d'en faire la

demande.

d) PHASES DU PROGRAMME À L'INTENTION DES FEMMES

De manière à assurer la sécurité des participantes, les séances du programme destiné

aux femmes n'étaient pas offertes, à la Société John Howard, le même jour que les

séances pour les hommes. Les enfants participaient au même moment que leurs mères

à leur propre programme. Chaque séance des phases I et II commençait par une

récapitulation de la séance précédente et se terminait par un aperçu de la suivante. Elle

se concluait sur une activité ou un exercice de relaxation. Les divers sujets étaient

abordés au cours des séances au moyen de documents, de tableaux de papier, de

vidéos, de chants, d'exercices et de discussions.

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- Phase 1 du Programme à l'intention des femmes

La phase I était un groupe de soutien fermé qui examinait avant tout les problèmes de

violence. Elle comprenait 16 séances de deux heures.

Contenu des séances (grands thèmes)

• planification de la sécurité et de la protection

• historique de la violence contre les femmes et mythes au sujet de ce phénomène

• définition de la violence au moyen de la roue du pouvoir et du contrôle

• stéréotypes sexuels et rôle joué par la société dans le problème de la violence

envers les femmes

• effets de la violence sur les femmes et les enfants

• exploration des émotions comme la colère

• colère et honte comme réactions émotives

• pourquoi les femmes ne mettent pas fin à des relations de violence

- Phase II du Programme à l'intention des femmes (mesures positives)

Au cours de la phase II, l'accent était mis sur l'aide à l'acquisition d'aptitudes pouvant

contribuer à améliorer le sort des femmes. Groupe fermé; 15 séances de deux heures

chacune. Il fallait d'abord terminer la phase I avant de passer à la phase II.

Contenu de la séance (grands thèmes)

• comment les femmes peuvent apprendre à s'affirmer davantage

• identification des influences qui peuvent les soutenir

• comment atténuer l'anxiété et éviter l'autopersuasion négative

• examen des styles de communication efficaces

• différents types de relations : indépendantes, interdépendantes et dépendantes

• moyens efficaces de faire des demandes

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• comment faire et recevoir des critiques et des compliments

• ce qui constitue une relation saine

e) PARTICIPATION AUX PROGRAMMES

L'âge moyen des participantes était de 30 ans. En tout, 49 femmes ont participé à la

phase I, et 24 p. 100 d'entre elles (12) ont terminé cette phase, et 37 p. 100 (18

participantes) assistent encore à des séances. Pendant la durée du projet pilote, cinq

femmes ont participé à la phase II et 80 p.100 d'entre elles (quatre) sont allées jusqu'au

bout.

Plus de la moitié des femmes (52 p. 100) n'ont reçu que des conseils individuels dans le

cadre du Programme d'enrichissement familial. En tout, 27 p. 100 d'entre elles ont

assisté à des séances de groupe tandis que 21 p. 100 ont profité à la fois des conseils

individuels et des séances de groupe.

PROGRAMME À L'INTENTION DES ENFANTS Le Programme à l'intention des enfants comprenait deux groupes distincts, un groupe

de soutien général pour les enfants, et un autre groupe pour les enfants qui ont été en

contact avec la violence dans le cadre familial. Dans les deux cas, il s'agissait de

groupes fermés. Les enfants pouvaient aussi recevoir des consultations individuelles en

plus ou à la place des séances de groupe.

,a) GROUPE GÉNÉRAL

Ce groupe était c - nçu pour des enfa -ts de moins de 16 ans qui avaient des problèmes

généraux sur le pian des émotions ou du comportement qui pouvaient être déclenchés

par le retour d'un père délinquant au foyer. Le programme se composait de 12 séances

offertes en même temps que celles de la phase II du Programme à l'intention des

femmes. Les séances commençaient par une récapitulation de la séance précédente et

101

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un aperçu de la séance du jour. Les sujets étaient présentés au moyen de chants, de

vidéos, d'illustrations, d'objets artisanaux, de dessins, de tableaux de papier,

d'anecdotes et de discussions.

Les séances ont donné de l'information sur les sujets suivants :

• comment se faire des amis

• comment prendre conscience de ses propres sentiments

• comment remplacer des réflexions et des croyances fausses par d'autres qui sont

raisonnables

• comment faire face aux injures et aux taquineries

• comment accepter ses erreurs

• comment une réflexion rationnelle mène à des actes raisonnables

• comment faire face à la colère

• manières saines de faire face à la perte d'une personne

• qualités constructives dans le cadre familial

À la fin de la séance, le conseiller demandait aux enfants de parler des éléments qui les

avaient intéressés au cours de la séance.

- PARTICIPATION AU PROGRAMME

L'âge des enfants variait entre cinq et 16 ans, et la moyenne était de 9,7 ans. Quinze

enfants ont participé au programme. De ce nombre, sept ont participé uniquement aux

séances de groupe, un a participé aux séances de groupe et eu des consultations

individuelles et sept ont fait le programme en consultations individuelles.

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b) ENFANTS EN CONTACT AVEC LA VIOLENCE FAMILIALE

Ce groupe était conçu pour les enfants de moins de 16 ans qui avaient été témoins ou

victimes de comportements violents. Les séances se tenaient en même temps que

celles de la phase I du Programme à l'intention des femmes. Les six premières séances

visaient à donner de l'information tandis que les autres portaient sur des problèmes et

inquiétudes spécifiques des 'participants. Les séances commençaient par une

récapitulation de la séance précédente et un aperçu de la séance du jour. Parmi les

thèmes abordés, notons ceux-ci : description des sentiments, la violence dans la famille

et les types de violence, l'accent étant mis sur les expériences personnelles et

l'élaboration d'un plan de sécurité. Les moyens utilisés : art et artisanat, dessins,

tableaux de papier, anecdotes et discussion. Enfin, le thérapeute demandait à chaque

enfant de parler de ce qu'il avait appris au cours de la séance.

- PARTICIPATION AU PROGRAMME

L'âge des enfants variait entre six et douze ans, et la moyenne était de 8,8 ans. Il y a eu

six participants en tout. De ce nombre, trois ont assisté seulement aux séances de

groupe, un enfant a suivi le programme en séances individuelles, et deux frères ont été

vus ensemble.

PROGRAMME À L'INTENTION DES COUPLES Le programme à l'intention des couples offert dans le cadre du Programme

d'enrichissement familial était proposé à tous les délinquants de ressort fédéral et à leur

conjointe. S'il y avait des antécédents de violence dans la relation conjugale, le

délinquant devait participer au programme destiné aux hommes et avoir évité tout

comportement violent pendant six mois avant d'être admis au programme à l'intention

des couples. De plus, comme condition préalable à sa participation au programme des

couples, la femme ne devait accepter aucune responsabilité à l'égard de la violence,

avoir un plan pour assurer sa sécurité et sa protection, et être prête à faire appel aux

services communautaires pour se protéger.

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Le programme comprenait dix séances d'une heure. Elles portaient sur les moyens de

communication, la responsabilité et le rôle de chaque conjoint à l'intérieur de la relation,

les méthodes de prise de décision et d'autres aptitudes en relations humaines.

Un total de 21 personnes ont participé au programme. De ce nombre, 29 p. 100 sont

allés jusqu'au bout. À la fin du projet pilote, 14 p. 100 (trois personnes) poursuivaient

encore le programme tandis que 57 p. 100 (12 personnes) avaient laissé tomber.

PROGRAMME D'ÉDUCATION DES PARENTS Le programme d'éducation des parents offert par le Programme d'enrichissement

familial était proposé aux personnes ou couples préoccupés par le comportement de

leur enfant. S'il y avait des antécédents de violence dans la famille, l'homme violent

devait suivre une thérapie avant d'être admis au programme d'éducation des parents.

Le programme comprenait de dix à douze séances de groupe. Les séances, de deux

heures, avaient lieu une fois par semaine. Des consultations individuelles étaient

également proposées. De l'information était donnée aux participants sur les techniques

de communication, la façon d'encourager ou de décourager des comportements,

l'éducation des enfants dans des quartiers à risque élevé et les moyens d'aider les

enfants à faire face à l'incarcération d'un de leurs parents.

À la fin du projet pilote, 18 parents avaient participé au programme. De ce nombre, 55

p. 100 (10 personnes) étaient allés jusqu'au bout tandis que 39 p. 100 (7 personnes)

avaient décroché. Pendant le programme, 67 p.100 des participants ont assisté

seulement aux séances de groupe, 28 p. 100 seulement à des consultations

individuelles et 5 p. 100 à des consultations individuelles et aux séances de groupe.

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RÉSUMÉ Le projet d'Ottawa a été l'un des deux premiers projets pilotes qui ont démarré en 1990.

Le Programme d'enrichissement familial comptait non seulement un programme de

thérapie pour les hommes, deux groupes de soutien pour les femmes, un groupe de

soutien général pour les enfants et un groupe spécial à l'intention des enfants qui

avaient été en contact avec la violence familiale, mais aussi un programme destiné aux

couples et un programme d'éducation des parents. Une fois la théràpie terminée, des

séances de renforcement étaient offertes aux hommes pour les aider à maintenir les

attitudes constructives acquises au cours du traitement. La Société John Howard

d'Ottawa a conçu, élaboré et offert une gamme complète de programmes pour lutter

contre la violence familiale.

Malheureusement, vu le grand nombre de délinquants qui ont refusé la thérapie en

groupe, la plupart des participants n'ont pas suivi la démarche de groupe pendant le

projet. Il aurait été bénéfique de rendre la thérapie obligatoire dès le début du

programme pour assurer la participation au travail en groupe. Le personnel chargé du

projet a fait des efforts en ce sens. Le traitement en groupe peut être avantageux pour

briser les attitudes et les croyances qui encouragent la violence envers les femmes

(Edelson et Tolman, 1992; Sakai, 1991).

Le délinquant type qui a participé au Programme d'enrichissement familial n'avait pas

terminé ses études secondaires, il était marié ou vivait avec une conjointe de fait depuis

plus de trois ans et avait un ou plusieurs enfants. Il était probable qu'il ait été victime de

violence physique dans son enfance, mais il n'avait jamais été mis en accusation pour

voies de fait sur la personne de sa conjointe ou de son enfant.

Les mesures préalables et postérieures à la thérapie ont fait ressortir des tendances

encourageantes. Selon les résultats, évalués selon le QRS, les délinquants

n'essayaient pas de se présenter sous un jour socialement acceptable. En outre, ils

semblaient avoir des niveaux de colère peu élevés après avoir suivi la thérapie. Les

105

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résultats ont montré qu'ils avaient un contrôle faible de leur comportement avant et

après la thérapie.

Les deux phases du programme destiné aux femmes visaient à leur donner un soutien

face aux problèmes de violence et à les aider à prendre des mesures constructives pour

améliorer leur sort. Les femmes étaient mises au courant de l'assiduité de leur conjoint

aux séances, des progrès qu'il faisait et des impressions des animateurs. Il s'agissait

d'informer les femmes de l'évolution de leur conjoint. De toutes les femmes qui ont

participé au programme, environ la moitié n'ont assisté qu'à des rencontres

individuelles.

Les séances offertes aux enfants se donnaient en même temps que celles des femmes.

L'âge des enfants qui ont participé au programme prévu pour eux variait beaucoup.

Environ la moitié des participants n'ont eu que des consultations individuelles.

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CONTRECOUPS : Laval (Québec)

La mise à l'essai de ce projet a débuté le 2 mars 1992 et a pris fin le 31 mars 1995.

L'organisme Option de Montréal avait été chargé de concevoir le programme

Contrecoups et de l'instaurer à l'établissement Montée Saint-François (sécurité

minimale) situé à Laval. Les intervenants d'Option avaient une longue expérience de

travail en milieu communautaire auprès des victimes et des auteurs de violence

familiale. Trois employés du SCC ont été formés pour qu'ils deviennent thérapeutes

autonomes pouvant opérer le programme au-delà de la fin de l'initiative.

Dans le cadre de ce programme, les intervenants se concentraient sur les rapports

violents entre le détenu et sa famille, sur les expériences qu'il avait vécues enfant et sur

l'interaction entre ces deux facteurs. Pour être admis au programme, les hommes

devaient reconnaître minimalement une partie des gestes violents posés et accepter de

faire une démarche de changement et de remise en question de leur propre violence.

D'après les objectifs définis par les intervenants du programme de Laval, on voulait

aider les délinquants :

• à cesser d'user de violence et à recourir moins à d'autres types de mauvais

traitements (violence verbale ou psychologique, domination sur le plan financier,

etc.);

• à reconnaître l'étendue au système de contrôle et de domination mis en place dans

leur relation conjugale et (ou) familiale;

• à reconnaître et à exprimer une plus vaste gamme d'émotions;

• à reconnaître l'effet de leur comportement violent sur les membres de leur famille et

sur eux-mêmes;

• à remettre en question les croyances qui servent à justifier le recours à la brutalité;

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• à comprendre le ou les rapports qui existent entre leur comportement violent, leurs

expériences d'enfant et leur vie actuelle.

Le programme à l'intention des hommes violents consistait en un groupe de traitements

d'abord animés par des psychothérapeutes de la firme Option et, par la suite, prodigués

par deux membres du personnel du SCC formés à cet effet. Option n'a pas mis sur

pied de programme analogue à l'extérieur du pénitencier parce que les autorités du

bureau régional du Québec souhaitaient avoir accès à un éventail de programmes

similaires_déjà existants en milieu communautaire. Le projet pilote ne comportait pas

non plus la formation de groupes de soutien pour les femmes et les enfants des

participants, puisque la mise sur pied de tels groupes ne figurait pas dans le mandat

d'Option.

Cependant, dans l'optique que nous considérons la sécurité des conjointes importante,

une lettre était envoyée à chacune des conjointes pour les informer que leur partenaire

avait été admis dans un groupe de thérapie. Une deuxième lettre était adressée aux

conjointes afin de les inviter à participer à une séance d'informations. Une trousse de

survie était distribuée, on y retrouvait : objectifs de thérapie, information sur le

traitement, listes de Ressources d'aide et de support aux conjointes et enfants, mesures

de sécurité à prendre pour elle et pour leurs enfants, advenant d'autres incidents de

violence familiale, etc.

LE PROGRAMME À L'INTENTION DES HOMMES VIOLENTS Le programme consistait en un groupe de traitement fermé dont les intervenants

utilisaient des techniques de psychothérapie. Pour être admis à ces groupes, les

détenus devaient: reconnaître (ne serait-ce qu'en partie) les gestes de violence passés

dans un contexte conjugal/familial et accepter de faire une démarche de changement

par rapport à leur propre violence. Les détenus qui se trouvaient dans les situations

suivantes n'étaient pas acceptés :

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• les délinquants sexuels, exception faite des pères incestueux qui avaient déjà suivi

un programme reconnu de traitement de la délinquance sexuelle et fait des progrès

satisfaisants;

• les délinquants qui éprouvaient des problèmes multiples ou qui étaient des criminels

endurcis (la violence conjugale et familiale n'était dans leur cas qu'une facette d'un

comportement violent généralisé);

• les toxicomanes non traités;

• les individus souffrant de troubles psychiatriques, sauf si le psychiatre qui les

soignait avait recommandé qu'ils participent à une thérapie de groupe;

• les détenus condamnés pour meurtre, à moins que la victime ait été leur conjointe

ou un membre de leur famille.

De plus, pour être admis au programme, les délinquants devaient reconnaître qu'ils

usaient de violence; ils devaient être prêts à discuter de leur problème et souhaiter

corriger leur comportement. Il nous faut préciser qu'il acceptait des cas qui, tout en

reconnaissant avoir posé certains gestes, n'estimaient pas qu'il s'agissait-là pour autant

de gestes de violence. À ce moment, le travail consistait en groupe à amener ces

derniers à modifier leur perception à ce niveau. Les délinquants résistent souvent au

changement, pour diverses raisons: la fin de leur peine approche, ils ont l'impression

que le traitement leur est imposé; les actes de violence remontent à plusieurs années

ou il y a eu rupture du couple.

INTERVENANTS DU PROGRAMME Le programme à l'intention des hommes violents était coanimé par deux thérapeutes,

qui étaient soit un homme et une femme, soit deux hommes. Au moins un des

thérapeutes devait être un homme. Les responsables du projet Contrecoups ont fait

remarquer que les participants considéraient les thérapeutes un peu comme leurs

« parents », peu importe le sexe des intervenants, et que cette attitude facilitait la

démarche thérapeutique. Les thérapeutes de Contrecoups devaient avoir suivi une

formation spéciale en psychothérapie et en intervention auprès d'hommes violents. Ils

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devaient également comprendre la dynamique de groupe et d'autres aspects de

l'intervention auprès de clients dans le contexte d'un groupe. Un thérapeute

expérimenté d'Option assurait la supervision clinique de Contrecoups.

FORMATION Le groupe Option a donné une formation sur les questions liées à la violence familiale à

tous les intervenants de Contrecoups; on a également formé des animateurs

supplémentaires pour pouvoir assurer la rotation. Pendant le projet pilote, deux

employés du SCC ont reçu la formation d'animateur. Ils ont suivi 15 séminaires de

formation sur l'intervention psychothérapeutique auprès d'hommes violents et ont

assisté à 24 séances (8 séances de 3 groupes différents); ils ont ensuite animé eux-

mêmes deux groupes (24 séances en tout). L'encadrement était assuré par un

superviseur qui observait et commentait leur travail enregistré sur bande vidéo.

COORDINATION DU PROGRAMME Des réunions de coordination du programme Contrecoups ont été organisées. .L'agente

de développement régional, un représentant du groupe Option ainsi qu'une

psychothérapeute de l'établissement Montée Saint-François ont assisté à ces réunions.

Le Comité a été créé afin de faciliter la diffusion de l'information et favoriser la

discussion entre l'administration centrale, régionale et de l'unité. Des membres de

chacune de ces instances faisaient partie de ce Comité directeur. L'équipe d'Option

est d'avis que la coordination du programme aurait dû être mieux définie avant que le

projet démarre. Une meilleure planification initiale aurait favorisé la circulation de

l'information et permis de régler plus efficacement certains problèmes.

RENVOI DE CANDIDATS AU PROGRAMME C'était l'agent de gestion des cas ou la Commission nationale des libérations

conditionnelles qui dirigeait les délinquants vers le programme. Certains détenus ont

demandé à y participer de leur propre initiative. Dans ce cas, l'équipe de gestion des

cas devait évaluer si le détenu était apte à faire partie du groupe de traitement et s'il

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était disposé à subir les évaluations prévues. Si le participant était jugé apte, sa

demande était transmise à l'équipe de Contrecoups.

Au début du projet pilote, peu de délinquants étaient dirigés vers le projet parce que les

agents de gestion des cas n'avaient pas reçu de formation sur la sélection des

candidats appropriés. Souvent, les délinquants qui étaient adressés aux intervenants

du programme n'avaient aucun antécédent de violence familiale ou refusaient

d'admettre qu'ils avaient un problème. Une autre difficulté tenait au fait qu'une fois le

groupe formé et complet, les agents de gestion des cas n'envoyaient pratiquement plus

de personne pendant une certaine période. Les responsables du programme ont su

pallier à ces difficultés en organisant des réunions régulières avec les agents de gestion

des cas pour veiller à ce que le renvoi de délinquants à Contrecoups reste une priorité.

ÉVALUATION Les détenus intéressés à participer au programme ont été rencontrés en entrevues

individuelle au moins deux reprises avant le début des séances de groupe. La

personne qui les avait dirigés vers le programme était invitée à assister au premier

entretien du délinquant avec le thérapeute. Au début de cette première rencontre, elle

était invitée à expliquer pourquoi elle avait proposé que le détenu participe au

programme et à décrire les antécédents criminels de l'intéressé. Cette collaboration

initiale a favorisé une meilleure communication entre la personne qui avait proposé la

participation du délinquant, le délinquant lui-même et les intervenants du programme.

Ensuite, pendant cette première rencontre et la deuxième, l'intervenant expliquait au

détenu ce qu'est leprogramme Contrecoups. Il l'interrogeait ensuite au sujet des

relations empreintes de violence qu'il avait entretenues par le passé. Enfin, le

thérapeute évaluait le détenu en tâchant de savoir, entre autres, s'il assumait la

responsabilité de son comportement violent et s'il était décidé à s'amender.

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THÉRAPIE DE GROUPE POUR HOMMES VIOLENTS La thérapie de groupe pour les hommes violents s'étendait sur 24 séances de 2 heures,

à raison de 2 séances par semaine. Chaque groupe comptait de 6 participants

minimum à 8 participants maximum.

Le programme Contrecoups repose sur la psychothérapie de groupe, contrairement aux

autres projets pilotes qui sont fondés sur une approche d'apprentissage social

d'inspiration féministe. La nature de l'intervention psychothérapeutique auprès des

délinquants était essentiellement semblable à celle des autres projets pilotes, mais les

méthodes de traitement étaient différentes. L'intervention de groupe était quand même

basée sur l'acquisition de compétences et sur l'éducation, mais l'accent était mis sur la

psychothérapie. La thérapie se déroulait dans une ambiance rassurante qui n'excluait

cependant pas la confrontation nécessaire pour amener les délinquants à remettre en

question les justifications qu'ils emploient pour refuser d'admettre leur violence et pour

en minimiser l'effet sur autrui. Par conséquent, lorsqu'un des intervenants confrontait le

délinquant au sujet de son comportement violent, le deuxième thérapeute lui offrait du

soutien en invitant les autres participants à se reconnaître dans les propos du

délinquant. Le thérapeute consignait sur papier les progrès réalisés par chaque

participant au cours de la thérapie de groupe ainsi que toùt autre renseignement

pertinent.

Si on compare Contrecoups aux autres projets pilotes, on constate une différence : le

contenu des séances de Contrecoups n'a pas été le même dans tous les groupes de

traitement, bien que certains sujets aient toujours été abordés à un moment ou l'autre

du programme. Les thérapeutes du programme Contrecoups se rencontraient avant

chaque séance pour planifier le contenu des séances, à partir des questions soulevées

pendant la séance précédente. Ils tenaient également compte des besoins de chaque

participant au moment de planifier le contenu des séances. Certains thèmes sont

revenus tout au long de la thérapie. Pour traiter de différents sujets, on s'est servi

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d'exercices, de tableaux de papier, de jeux de rôles et de discussions. Les participants

ont également tenu un journal de responsabilisation pendant toute la durée du

traitement.

Thèmes abordés:

• relations entre le délinquant et sa conjointe et ses enfants (conflits, sujets de

satisfaction et de mécontentement, exercice de l'autorité, etc.)

• expériences dans la famille d'origine (relations avec les parents et les frères et

soeurs ou expériences de violence ou traumatisantes pendant l'enfance)

• relations du délinquant avec les personnes incarnant l'autorité

• cycle de la violence

• responsabilité à assumer à l'égard du comportement violent

• solutions à substituer au comportement violent

Les intervenants de Contrecoups rencontraient l'agent de gestion des cas au moins une

fois pendant le traitement pour discuter de l'évolution du délinquant. Lorsque le

programme tirait à sa fin, les thérapeutes remettaient aux participants un rapport sur les

progrès réalisés par le groupe et par chacun de ses membres. La dernière séance de

chaque thérapie de groupe s'est terminée par un rite qui en marquait la fin. Le groupe a

un lien privilégié d'échanges, de dévoilements, de remises en question et de

confidences; il importe de souligner symboliquement la fin de ce lien singulier sous

forme d'un rituel lors de la dernière séance. Par exemple, on peut demander à chacun

d'écrire un mot à chaque participant qu'il remettra à la dernière séance; il peut s'agir

d'un souhait pour l'avenir, d'une réflexion sur sa participation au groupe, d'une

métaphore sur sa manière d'être en relation, etc. Une variante de ce rituel pourrait être

que chacun note ce qu'il a retiré de chacun des autres participants au cours de la

thérapie et que, tour à tour, on en fasse mention dans le groupe. Il peut aussi s'agir

d'un objet symbolique que chaque participant présente au groupe et qui illustre ce que

ce groupe a représenté pour lui.

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CARACTÉRISTIQUES DES DÉTENUS Pendant le projet pilote, 72 détenus ont été dirigés vers le programme. Après

l'évaluation initiale, 68 d'entre eux ont été admis. En tout, 45 détenus ont assisté à au

moins une séance; 76 % de ces participants (34 détenus) ont persévéré jusqu'à la fin,

tandis que 11 d'entre eux ont abandonné en cours de route. Deux de ces décrocheurs

ont été mis en liberté, quatre ont été exclus du programme parce qu'ils compromettaient

la sécurité du groupe et les cinq autres ont refusé d'admettre qu'ils avaient un problème.

Les données démographiques sur les hommes ayant participé au programme sont

présentées à l'annexe B. L'âge moyen était de 39 ans. La majorité des hommes étaient

séparés ou divorcés (45 p. 100) et 78 p. 100 des délinquants avaient des enfants. Près

des deux tiers (64 p. 100) avaient été témoins de violence familiale pendant leur

enfance et beaucoup avaient été maltraités psychologiquement (82 p. 100) et

physiquement (86 p. 100). La plupart des hommes (82 p. 100) avaient été inculpés pour

des infractions liées à la violence familiale.

TESTS ADMINISTRÉS AVANT ET APRÈS LE PROGRAMME On a administré à certains des détenus une batterie de tests, avant et après le

programme. Ces tests étaient les mêmes pour tous les projets pilotes. Il s'agissait des

instruments suivants : le Questionnaire sur les réactions souhaitables, le Répertoire

multidimensionnel de la colère, l'Indice de maîtrise du comportement et le Répertoire

des opinions tenues à propos de la violence faite aux conjointes. Comme une batterie

de tests différents a été utilisée pour les groupes 1 et 2, ces résultats ne seront pas

préséntés dans ces pages. La série de tests utilisée dans les projets pilotes a été

administrée aux groupes 3, 4 et 5 du 20 avril 1994 au 31 mars 1995. Comme pour la

plupart des autres projets pilotes, les échantillons sont donc très faibles. En outre, seuls

les résultats des tests préalables au traitement sont disponibles pour le groupe 5. Ces

résultats seront donc présentés séparément, après les résultats des tests préalables et

postérieurs des groupes 3 et 4.

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Le QRS a été administré aux délinquants dans le cadre de la série de tests du projet

pilote avant le traitement. Ces résultats n'ont toutefois pas été présentés dans le rapport

du programme Contrecoups (Fortin et Devault, 1995).

Les résultats du RMC avant et après le traitement montrent que, en général, les

délinquants ont une moyenne plutôt faible. La sous-échelle des situations suscitant une

réaction de colère fait ressortir une augmentation significative entre les résultats d'avant

et d'après le traitement. Cette augmentation s'explique peut-être par le fait que les

délinquants sont plus en mesure de prendre conscience de leur colère après la

thérapie. Quant à la sous-échelle de l'hostilité, on n'a observé aucune différence. Les

sous-échelles de l'éventail des situations suscitant une réaction de colère et de la colère

renfermée ont montré une diminution, non significative il est vrai, entre les tests

préalables et postérieurs. La sous-échelle de la colère extériorisée est la seule où le

résultat moyen était élevé et où il y a eu une diminution significative. Les résultats des

sous-échelles du RMC, avant et après le traitement, montrent que le traitement 'semble

avoir avivé la prise de conscience de la colère, réduit le nombre de situations suscitant

une réaction de colère, diminué le niveau de colère renfermée en soi et diminué

également le niveau de colère extériorisée. Quant aux résultats préalables du groupe 5,

comprenant six délinquants, ils ont été analogues à ceux des groupes 3 et 4, mais les

résultats moyens aux subtests ont été le plus souvent plus élevés.

Les résultats des tests préalables et postérieurs au ROVC des groupes 3 et 4 ont été

établis à partir des notes de quatre délinquants. Les résultats moyens au ROVC ont été

faibles aussi bien après qu'avant le traitement. Aucun des délinquants n'avait déclaré

avoir commis des actes de violence physique ou sexuelle dans les six mois précédant

les tests. Cela s'explique peut-être par le fait que la plupart des délinquants des

groupes 3 et 4 avaient été incarcérés pendant cette période. Il n'y avait pas de

différences appréciables entre les cas de violence psychologique ou verbale déclarés

avant et après le traitement. Il y a eu amélioration en ce qui concerne le recours au

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raisonnement et aux démarches constructives face aux différends, ce qui est une

évolution encourageante. La plupart des participants du groupe 5 ne vivaient pas une

relation de vie commune depuis au moins six mois. C'est pourquoi on leur a demandé

si, oui ou non, ils avaient jamais eu des comportements décrits dans le ROVC. Presque

tous ont dit avoir eu recours au raisonnement et à la résolution constructive des

différends.

Les notes moyennes des 13 délinquants des groupes 3 et 4 à la sous-échelle "il est

justifié de battre sa femme" et la sous-échelle "les femmes profitent des mauvais

traitements" ont été faibles avant le traitement et encore plus faibles après. Les

délinquants étaient plus d'accord avant qu'après le traitement pour dire qu'ils sont

responsables de leur comportement. Entre les deux séries de tests, il y a eu une

progression appréciable de l'impression que les délinquants doivent être punis. Les

résultats du groupe 5, avant le traitement, ont été semblables à ceux des groupes 3 et 4

avant le traitement.

RÉSUMÉ La durée de ce programme pour hommes était un peu comprimée puisqu'il y avait deux

séances par semaine. Même si les séances se sont toujours articulées autour des

mêmes thèmes, elles n'étaient pas structurées de façon uniforme; il sera donc difficile

de reprendre le programme dans l'avenir, puisqu'il s'agit non pas d'un cours

d'orientation cognitive béhaviourale, mais bien d'une psychothérapie de groupe. Il sera

toutefois difficile de reprendre cette expérience.

Le délinquant type du programme Contrecoups n'avait pas terminé l'école secondaire, il

était séparé ou divorcé, et il avait des enfants. Il était plus probable qu'il ait été témoin

de violence familiale pendant son enfance et qu'il ait été lui-même victime de violence

physique et psychologique. Le délinquant type avait également été inculpé d'agression

sur la personne de son conjoint ou d'un enfant.

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Les résultats des tests préalables et postérieurs au traitement ont fait ressortir des

tendances positives. En général, les délinquants disaient avoir un niveau de colère plus

faible, niveau de colère qui avait diminué après la thérapie. En moyenne, les

délinquants ont déclaré peut de comportements de domination avant la thérapie et

encore moins après le traitement. En général, les idées sur la violence conjugale étaient

presque acceptables avant le début de la thérapie et encore plus acceptables après.

Toutefois, comme les échantillons étaient de petite taille, il faudrait reproduire

l'expérience avant de tirer des conclusions fermes sur ces constatations. _

Le projet de Laval ne proposait pas de programme de soutien pour les conjointes ou les

enfants des délinquants, mais les femmes ont eu droit à une séance d'information

décrivant Contrecoups, et on leur a remis une liste des ressources communautaires à

leur disposition pour assurer leur protection.

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3

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Annexe A - Modèle de réceptivité'

a) Accepter la responsabilité de son propre comportement

Si un homme accepte sa responsabilité, c'est qu'il reconnaît quels comportements spécifiques constituent de la violence, et il ne tente pas d'atténuer, de justifier ni de nier son comportement violent. Il ne rejette pas la responsabilité de son comportement ou de son attitude sur d'autres, comme les femme ou des facteurs comme l'alcool. Parmi les signes qui témoignent de sa capacité d'assumer la responsabilité de son comportement, notons ce qui suit : identification des facteurs qui déclenchent la violence; élaboration de solutions qui permettent d'éviter les comportements violents; amélioration des capacités de communication, pour pouvoir améliorer ses relations avec sa conjointe.

b) Éviter les relations de pouvoir et de domination

Si l'homme évite les relations de pouvoir et de domination avec sa conjointe, c'est qu'il ne recourt plus aux tactiques d'intimidation, à la coercition ou à la peur. Il est conscient que ces stratégies entraînent un déséquilibre du pouvoir et sont une forme de punition. Parmi les signes qui témoignent de sa capacité d'éviter les relations de pouvoir et de domination, notons ce qui suit : capacité de donner des exemples de comportements dépendants, indépendants et interdépendants; échange libre d'information importante avec sa conjointe; expression constructive de ses sentiments et de ses réflexions.

c) Manifester une capacité d'empathie avec la conjointe

Si l'homme manifeste une capacité d'empathie avec sa conjointe, il peut expliquer ce qui arrive à sa conjointe lorsqu'elle a peur de lui et il est capable d'accepter les sentiments et les besoins de sa conjointe comme distincts des siens. Parmi les signes qui témoignent de sa capacité d'empathie, notons ce qui suit : utilisation de sa capacité d'écoute dans les situations où sa conjointe a besoin de se faire entendre; définition de ses limites dans une relation intime; compréhension que sa conjointe a des besoins distincts des siens.

Description tirée directement du Treatment Manuel for Men's Groups de St. John's (Terre-Neuve),

mars 1995.

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d) Comprendre comment les modèles précoces de comportement violent influencent son comportement actuel

Si l'homme comprend les modèles précoces de comportement violent, il peut reconnaître les problèmes de violence dans sa famille d'origine et entrer en contact avec les émotions, les réflexions et les comportements qui ont été les siens lorsqu'il a connu la violence dans son enfance. Il peut aussi faire le parallèle entre ces modèles précoces et leur influence sur ses relations d'aujourd'hui avec les femmes. Parmi les signes qui témoignent de la compréhension de l'influence de ces modèles précoces, notons ce qui suit : prise de conscience de la manière dont il a pris ses premières décisions sur la manière de faire face à la violence dans son enfance; prise de conscience de la manière dont il a appris ce que c'est qu'être un homme dans une relation intime; prise de conscience de la manière dont il a, pendant son développement, fait face aux questions de la sexualité, de l'estime de soi et de la confiance.

2

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Annexe B - Caractéristiques démographiques et familiales des

participants

Projets pilotes St John's Edmonton I2rQD1Q ~ QttiYii J.il!i!

Âge moyen (ans) 33, N=57 34, N=29 35, N=76 35,N=67 31, N=99 39. N=223

Etendue des âges 20-66, N=57 20-44, N=29 23-57, N=76 21-57, N=67 19-70, N=99 25-64, N=223

(ans) Études Secondaire terminé 32%, N=64 41%. N=29 37%, N=76 64%, N=64 32%. N= 81 N.D. Secondaire non 22%. N=64 31%. N=29 52%, N=76 22%, N=64 26%. N= 81 N.D.

terminé Moins que la 10e 47%. N=64 24%, N=29

année 11%. N=76 14%. N=64 42%, N= 81 N.D.

Études 20%. N=63 21%. N=29 postsecondaires

49%. N=41 2 49%. N=74 16%, N= 91 18%, N=223

Etat civil Marié ou union de 38%. N=71 59%. N=29 40%, N=76 41%, N=70 63%, N= 99 32%, N=223

fait Célibataire Oamais 31%. N=71 17%. N=29 27%. N=76 39%. N=70 26%. N= 99 23%. N=223

marié) Divorcé, séparé. 26%, N=71 24%, N=29 33%, N=76 26%. N=70 12%, N= 99 45%, N=223

veuf Durée de la relation avec la conjointe actuelle Moins d'un an 10%, N=75 22%. N=23 10%, N=76 N.D. 17%, N= 71 N.D. 1 à 2 ans 27%. N=75 4%, N=23 25%, N=76 N.D. 28%, N= 71 N.D. 3 à 5 ans 27%, N=75 35%, N=23 23%. N=76 N.D. 30%, N= 71 N.D. 6 ans ou plus 36%. N=75 39%. N=23 42%, N=76 N.D. 25%. N= 71 N.D.

Nombre d'enfants Aucun 28%, N=75 21%, N=29 19%, N=76 36%, N=70 26%, N=101 23%. N=223 1 25%, N=75 28%. N=29 28%. N=76 36%. N=70 54%, N=101 14%. N=223 2 ou plus 46%, N=75 52%. N=29 53%, N=76 29%. N=70 21%. N=101 64%. N=223

Type de violence observée dans l'enfance Affective 51%, N=74 48%. N=29 32%. N=41 2

59%. N=74 28%. N=69 64%, N=223 Physique 43%, N=74 38%. N=29 20%. N=41 2 47%. N=74 38%, N=72 64%. N=223 Sexuelle 0%. N=72 0%. N=29 5%. N=41 2

7%. N=69 4%. N=68 N.D.

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-

Violence affective 38%, N=73 55%, N=29 27%, N=41 2 67%. N=74 39%. N=99 82%, N=223

subie dans l'enfance Violence physique 32%. N=72 52%, N=29 22%, N=41 2 62%, N=74 46%. N=99 86%. N=223

subie dans l'enfance Violence sexuelle 18%, N=62 31%, N=29 2%, N=41 2 21%. N=73 11%. N=99 N.D. subie dans l'enfance Accusé d'agression 61%, N=75 31%, N=29 54%, N=41 2 24%. N=74 13%. N=62 82%. N=223

(conjoint ou enfant) 34%, N=41 2 Peine pour agression 58%, N=74 7%, N=24 16%. N=74 23%. N=36 N.D.

(conjoint ou enfant) Traitement antérieur 26%, N=77 34%, N=29 17%. N=41 2 11%. N=74 20%, N=55 23%, N=223

pour violence familiale

N.D. = non disponible

, Données concemant uniquement les hommes évalués dans la dernière année des projets pilotes (1994.1995)

2 Données recueillies sur un sous-ensemble de 41 hommes qui. à partir de mars 1994. ont participé au Opportunities Program et se sont soumis à une batterie de tests communs à tous les projets pilotes ..

3 Données concernant uniquement les hommes qui étaient dans les troisième. quatrième et cinquième groupes. d'avril 1994 à mars 1995.

2

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HV 8886 .02 V3 1996 F Examen de l'élaboration des programmes relatifs a la iolence familiale : projets

DATE DUE

\• Là

PRIMMML1.8.A. GAY LORD

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