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Histoires Histoires du soirdu soir
pour les adultes pour les adultes qui ont peur du noirqui ont peur du noir
AAnnnnee--CChhaarrlloottttee SSaannggaamm
DDeess hhiissttooiirreess mmĂ©Ă©ddiittaattiivveess ppoouurr llee bbiieenn--ĂȘĂȘttrree ppssyycchhiiqquuee
RRaayyoonn :: DDĂ©Ă©vveellooppppeemmeenntt ppeerrssoonnnneell
1144,,9900 eeuurroossPPrriixx TTTTCC FFrraannccee
Histoires du soir
pour les adultes qui ont peur du noir
Anne-Charlotte Sangam
14,90 eurosPrix TTC France
Rayon : DĂ©veloppement personnel
Qui a dit que seuls les enfants avaient droit aux his-toires avant de sâendormir ? Et si revenir Ă ce rituel venu de lâenfance pouvait vous aider Ă voguer vers un sommeil plus serein ?
Vous dĂ©couvrirez dans ce livre trente histoires contemplatives et mĂ©ditatives. Elles explorent avec douceur et poĂ©sie les questions auxquelles nous pou-vons ĂȘtre confrontĂ©s au jour le jour (le doute, la peur, la gratitude, la vulnĂ©rabilitĂ©, etc.). Par leur pouvoir de suggestion, elles procurent rĂ©confort, confiance et apaisement.
En distillant des rituels et conseils venus de la sophro-logie ou du yoga, Anne-Charlotte Sangam vous invite Ă un vĂ©ritable voyage sensoriel au pays des songes. Histoires qui rassurent, petits contes mĂ©ditatifs, secrets dâune grande dormeuse, puissent ces rĂ©cits qui puisent dans les charmes du quotidien devenir un guide au cĆur de la nuit.
DiplĂŽmĂ©e dâun Master de Lettres modernes Ă la Sorbonne (Paris IV) et Ă©di-trice, Anne-Charlotte Sangam vit Ă Nantes. PassionnĂ©e par la naturopathie et pratiquant la mĂ©ditation et le yoga kundalini depuis des annĂ©es, elle a Ă cĆur de transmettre ses connaissances et expĂ©riences. Histoires du soir pour adultes qui ont peur du noir est son premier livre.
An
ne
-Ch
ar
lot
te
Sa
ng
am
Des histoires mĂ©ditatives pour le bien-ĂȘtre psychique
ISBN : 979-10-285-1773-1
Hist
oires
du so
ir
Histoires du soir-CV-CP.indd 1Histoires du soir-CV-CP.indd 1 05/08/2020 14:3505/08/2020 14:35
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Histoires du soir
pour les adultes qui ont peur du noir
Anne-Charlotte Sangam
14,90 eurosPrix TTC France
Rayon : DĂ©veloppement personnel
Qui a dit que seuls les enfants avaient droit aux his-toires avant de sâendormir ? Et si revenir Ă ce rituel venu de lâenfance pouvait vous aider Ă voguer vers un sommeil plus serein ?
Vous dĂ©couvrirez dans ce livre trente histoires contemplatives et mĂ©ditatives. Elles explorent avec douceur et poĂ©sie les questions auxquelles nous pou-vons ĂȘtre confrontĂ©s au jour le jour (le doute, la peur, la gratitude, la vulnĂ©rabilitĂ©, etc.). Par leur pouvoir de suggestion, elles procurent rĂ©confort, confiance et apaisement.
En distillant des rituels et conseils venus de la sophro-logie ou du yoga, Anne-Charlotte Sangam vous invite Ă un vĂ©ritable voyage sensoriel au pays des songes. Histoires qui rassurent, petits contes mĂ©ditatifs, secrets dâune grande dormeuse, puissent ces rĂ©cits qui puisent dans les charmes du quotidien devenir un guide au cĆur de la nuit.
DiplĂŽmĂ©e dâun Master de Lettres modernes Ă la Sorbonne (Paris IV) et Ă©di-trice, Anne-Charlotte Sangam vit Ă Nantes. PassionnĂ©e par la naturopathie et pratiquant la mĂ©ditation et le yoga kundalini depuis des annĂ©es, elle a Ă cĆur de transmettre ses connaissances et expĂ©riences. Histoires du soir pour adultes qui ont peur du noir est son premier livre.
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Des histoires mĂ©ditatives pour le bien-ĂȘtre psychique
ISBN : 979-10-285-1773-1
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Histoires du soir
pour les adultes qui ont peur du noir
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pour les adultes qui ont peur du noir
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Correction : Anne-Lise MartinDesign de couverture : Antartik
Conception graphique et mise en page : Studio BlickIllustration page 117 : Fabrice Del Rio Ruiz
Illustration page 57 : Shutterstock
© 2020, Leduc.s Ăditions10, place des Cinq-Martyrs-du-LycĂ©e-Buffon
75015 Paris â FranceISBN : 979-10-285-1773-1
Leduc sâengage pour une fabrication Ă©coresponsable ! « Des livres pour mieux vivre », câest la devise de notre maison. Et vivre mieux, câest vivre en impactant positivement le monde qui nous entoure ! Câest pourquoi nous choisissons nos imprimeurs avec la plus grande attention pour que nos ouvrages soient imprimĂ©s sur du papier issu de forĂȘts gĂ©rĂ©es durablement, et quâils parcourent le moins de ki-lomĂštres possible avant dâarriver dans vos mains ! Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site.
Anne-Charlotte Sangam
Histoires du soir
pour les adultes qui ont peur du noir
Ă Kiki
« Il est, me semble-t-il, de la plus grande urgence de redonner au conte, à la légende, au mythe, au rituel,
leur place dans notre vie et de les laisser nous informer. Câest lĂ le chemin de la connaissance. »
Annick de Souzenelle, Le Symbolisme du corps humain
INTRODUCTION
Pour moi qui suis une grande dor-meuse, le sommeil est sacrĂ©. Autant dire que ce fut une belle aventure que de me lancer dans lâĂ©criture de ce livre. Un beau projet mais aussi un grand dĂ©fi ! Quâavais-je envie de partager ? Des histoires qui allaient vous permettre de vous apaiser avant la nuit par leur pou-voir suggestif, le rythme qui les soutenait ? Ou des rĂ©cits qui, tout en apportant du rĂ©confort au cĆur des tĂ©nĂšbres nocturnes, pouvaient ĂȘtre riches dâenseignement, dispenser des conseils dont vous pourriez vous emparer ensuite dans votre vie quotidienne ? Pouvais-je parvenir Ă rĂ©unir les deux ?
DANS LES BRAS DE MORPHĂEComme je vous le disais, je fais par-tie de la tribu des grands dormeurs. Jâai besoin de longues heures de sommeil chaque nuit pour faire le
plein dâĂ©nergie, digĂ©rer les Ă©motions vĂ©cues dans la journĂ©e et pouvoir aborder sereinement le jour Ă venir. Si le repos vient Ă manquer, je som-bre aussitĂŽt. Je deviens dâhumeur maussade et vois alors tout en noir.
Par chance, le sommeil et moi sommes plutĂŽt amis. Est-ce parce que dans mon enfance ma mĂšre me souhaitait bonne nuit en me confiant Ă MorphĂ©e ? DotĂ© dâailes lĂ©gĂšres comme celles dâun papillon, ce dieu du sommeil et des songes, fils dâHypnos (le Sommeil) et de Nyx (la Nuit), veille-t-il toujours sur mes nuits aujourdâhui ? Est-il spĂ©cifique-ment bienveillant Ă mon Ă©gard ?
Cependant, comme vous, jâai tra-versĂ© des zones de turbulences dans ma vie (deuil brutal, confrontation Ă la maladie, sĂ©paration amou-reuse, choix engageant, stress au
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travail, etc.). Autant de pĂ©riodes oĂč jâai Ă©tĂ© gagnĂ©e par lâanxiĂ©tĂ© et oĂč jâai pu faire lâexpĂ©rience de cruelles insomnies. Il est en effet difficile de trouver le sommeil quand la dou-leur ou les questions difficiles nous submergent. Le tableau nâen devient que plus sombre. Comment en ef-fet garder sa santĂ© et un esprit clair quand nous ne pouvons recharger les batteries en dormant ?
UN PILIER DE NOTRE SANTĂLe sommeil nous est en effet autant nĂ©cessaire pour vivre que le souffle, lâeau et la nourriture. Pour les natu-ropathes, câest un des piliers dâun bon Ă©tat de santĂ©. Il permet de recharger nos rĂ©serves dâĂ©nergie nerveuse, de rĂ©parer les tissus abĂźmĂ©s et dâassu- rer le renouvellement cellulaire et la crĂ©ation dâhormones. Il est impli-quĂ© dans la digestion, la respiration. Chaque nuit, il permet Ă notre corps dâeffectuer un nettoyage. Enfin, il est un alliĂ© de notre mĂ©moire et joue un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans les appren-tissages1. Souvenez-vous, quand vous Ă©tiez enfant, de ce conseil rĂ©pĂ©tĂ© inlassablement. On nous en-courageait Ă relire nos leçons juste avant dâaller dormir afin de mieux les intĂ©grer, les mĂ©moriser.
Alors, quand le sommeil vient Ă manquer et que notre horlogerie in-terne se dĂ©rĂšgle, câest lâensemble de notre Ă©quilibre physique, Ă©motionnel et mental qui peut ĂȘtre touchĂ©. JâĂ©vo-quais lâinsomnie, mais les difficultĂ©s dâendormissement, les rĂ©veils noc-turnes ou trĂšs matinaux empĂȘchant de se rendormir (engendrant ainsi un repos non rĂ©parateur et de la fatigue) sont autant de maux.
Si lâinsomnie ou lâincapacitĂ© Ă trou-ver le chemin du sommeil pointent le bout de leur nez ponctuellement, rien de grave. Mais lorsque lâon enchaĂźne les nuits blĂȘmes depuis des semaines ou des mois, cela engendre immense fatigue, irri-tabilitĂ©, frustration, colĂšre⊠Et les consĂ©quences sur la santĂ© tant psychique que physique peuvent ĂȘtre nombreuses.
LES CAUSES DES TROUBLES DU SOMMEILUne heure de coucher trop tar-dive par rapport à notre rythme biologique, le stress, la rumination, la difficulté à apaiser le mental, un repas trop copieux ou trop tar-dif le soir, la lumiÚre des écrans⊠autant de facteurs qui peuvent nuire
1. DâaprĂšs La Naturopathie pour les nuls, Ă©ditions First, pages 44 et 134.
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Ă lâassoupissement. Souvent, le fardeau de la journĂ©e vĂ©cue, le stress, lâanxiĂ©tĂ©, le travail que lâon ramĂšne dans sa tĂȘte empĂȘchent de trouver la sĂ©rĂ©nitĂ© le soir venu. Nous traĂźnons tous nos soucis plus ou moins graves ou prĂ©occupants. Ăvidemment, des troubles peuvent aussi rĂ©sulter de douleurs ou dâangoisses. Dâautant que la nuit venue, nos peurs ont ten-dance Ă sâexacerber, Ă prendre plus dâampleur. La lumiĂšre laisse alors la place Ă nos parts dâombre et Ă des terreurs parfois archaĂŻques⊠Et les angoisses, abreuvĂ©es Ă diffĂ©rentes sources (peur de dire les choses, de se mettre en colĂšre, de la mort, de perdre son emploi, de la maladie, dâexister, de prendre sa place ou de la perdre, de rĂ©ussir, de ses Ă©mo-tions, etc.), sâen donnent Ă cĆur joie. Dans une sociĂ©tĂ© oĂč nous sommes de plus en plus nombreux Ă vouloir tout contrĂŽler en permanence, le fait de lĂącher prise et de sâabandonner au sommeil peut Ă©galement gĂ©nĂ©rer inconsciemment de lâeffroi.
LES REMĂDESUn Français sur trois est un mauvais dormeur et la fatigue chronique est en train de devenir le mal du siĂšcle. Bien sĂ»r, de nombreuses solutions
existent. Plus ou moins naturelles, plus ou moins chimiques. De la plus douce Ă la plus corsĂ©e. Mais il y en a une Ă laquelle on ne pense pas forcĂ©ment : les mots. Les livres ont pourtant toujours Ă©tĂ© un remĂšde : Ă la mĂ©lancolie, au spleen, au dĂ©sespoir amoureux, Ă la peur de la mort⊠Alors pourquoi ne pas se tourner vers les histoires ? Pourquoi ne pas se laisser bercer par elles afin dâentrer, tout doucement, en sommeil ?
Vous souvenez-vous de ce rituel qui accompagnait lâheure du coucher quand vous Ă©tiez petit, et que vous avez peut-ĂȘtre mis en place pour vos propres enfants ? Pourquoi, de-venus adultes, nâaurait-on plus droit aux histoires du soir ? Et si revenir Ă cette habitude pouvait nous aider Ă nous apaiser ? Le plaisir et, surtout, le pouvoir des mots pourraient-ils nous guider vers le sommeil ? Pourquoi se refuser cette douce transition entre notre journĂ©e parfois rude et lâen-dormissement, entre lâĂ©tat de veille et le monde des rĂȘves ?
HISTOIRES DU SOIRDans ce livre, jâai eu envie de vous proposer de petites histoires mĂ©di-
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tatives. Il sâorchestre autour de nouvelles qui explorent les ques-tions auxquelles nous pouvons ĂȘtre confrontĂ©s dans la vie quotidienne et qui nous guideront vers un mieux-ĂȘtre psychique. Chaque rĂ©cit distille- ra mĂ©taphoriquement des conseils de vie pouvant aider Ă la transfor-mation et favorisera, par lâappel aux sens, le sommeil. Par leur pouvoir de suggestion, ces histoires vous apaiseront et rĂ©conforteront, et, je lâespĂšre, vous apporteront confiance et espoir. Si elles peuvent vous aider Ă gagner en ancrage et en sĂ©rĂ©nitĂ©, le dĂ©fi sera relevĂ©.
COMMENT PLONGER DANS CET UNIVERS ?Plusieurs façons de parcourir ce livre sâoffrent Ă vous. Vous pouvez choisir de lire ces histoires en suivant lâordre des chapitres, ou bien commencer par celles qui vous attirent le plus, ou â et câest peut-ĂȘtre la voie que je vous conseillerais â piocher « au hasard », comme une guidance, votre histoire du soir, votre mĂ©dita-tion nocturne.
Prenez le temps de lâintĂ©grer, de la visualiser. Respirez dedans, dor-mez dessus. Puis voyez comment le
conte Ă©lu rĂ©sonne en vous. Quels sont ses enseignements ? Quelles sensations ou rĂ©actions fait-il jail-lir en vous ? La rĂ©action est-elle Ă©pidermique ? Souligne-t-elle une fragilitĂ©, un questionnement ? Une direction a emprunter ? Si vous tombez plusieurs fois de suite sur la mĂȘme histoire, interrogez-vous : pointe-t-elle quelque chose qui rĂ©sonne particuliĂšrement en vous, que vous auriez spĂ©cifiquement Ă travailler ?
Ă VOUSJâai voulu ces histoires rĂ©confor-tantes et douillettes comme un Ă©dre-don bien dodu et chaud, qui vous attendrait pour vous couver toute la nuit. Puissent les conseils distillĂ©s infuser le temps du sommeil et vous aider pour les jours Ă venir.
Comme tout est affaire de recette et de bon dosage, jâai aussi glissĂ© de ci de lĂ quelques rituels pour vous aider Ă plonger dans le monde nocturne. JâespĂšre quâils vous seront profitables. Il ne me reste plus quâĂ vous souhaiter un beau voyage dans les bras de MorphĂ©e !
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LES EXPRESSIONS DU SOMMEIL
Dormir comme un loir.
Qui dort dĂźne.
Le marchand de sable.
Tomber dans les bras de Morphée.
La nuit porte conseil.
Dormir comme une marmotte.
Dormir sur ses deux oreilles.
Le train du sommeil.
Dormir comme un bébé.
Comme on fait son lit, on se couche.
Compter les moutons.
ĂTYMOLOGIE
Sommeil
Du bas latin somniculus « sommeil léger »,
diminutif de somnus « sommeil ».
ou la nĂ©cessitĂ© dâhiberner
On se perd un peu pour y accĂ©der. En descendant du tramway, il est difficile de sâorienter dans les rues oscillant au milieu des tours, puis entre les petites maisons donnant lâimpression quâon est dĂ©jĂ au bord de la mer.
Lucie habite chemin des Chats-Pendus. Un poĂšme qui ne sâinvente pas. Dâabord, il faut pousser fort sur le portail bleu gorgĂ© dâeau de pluie. Le bois gonflĂ© rend son ouverture difficile. Mais Lucie a dĂ» sentir ma prĂ©sence et vient Ă la rescousse. Elle mâaccueille dâun sourire. Immense.
Son sourire. Son sourire, puis son atelier. On voit la terre et les tours, on sent la poussiĂšre dans lâair, lâodeur de terre sĂšche. Les pote-ries confectionnĂ©es par ses Ă©lĂšves : tasses, bols, assiettes⊠Les siennes, plus dĂ©licates, patientent dans la piĂšce dâĂ cĂŽtĂ©. Finement ouvragĂ©es, aĂ©riennes, elles sont dâune extrĂȘme dĂ©licatesse. Les noms des couleurs des Ă©maux â vert anglais, vert cĂ©ladon⊠â invitent au voyage.
LâATELIER DE LUCIE
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On dĂ©guste un thĂ©. Jâai apportĂ© un gĂąteau prĂ©parĂ© Ă la maison. On se raconte. Deux ans quâon ne sâest vues. Deux ans entre son installation Ă Nantes et la mienne.
Lucie me fait visiter sa maison. Les diffĂ©rents niveaux dans le salon, le poĂȘle et ses flammes orangĂ©es, les poutres apparentes. ImmĂ©diate-ment, on sây sent bien. Par la fenĂȘtre de la cuisine, on plonge dans la petite rue aux douces maisons. Vue immense sur le ciel. On croirait descendre vers la mer.
On rit, on Ă©change. Lucie rĂȘve dâun jardin partagĂ©. De ses mains dans la terre vivante. Peut-ĂȘtre pourrait-elle apprendre auprĂšs de voisins ? Faire un troc : proposer son aide contre quelques leçons de botanique. Pour le moment, seules les herbes aromatiques se sont installĂ©es dans son jardin. La table et les chaises en fer forgĂ© blanc attendent le retour du printemps. Encore un peu de patience. Aujourdâhui, le temps est aux bourrasques et aux sarabandes du vent.
Dans son antre, Lucie hiberne encore un peu. Elle sait quâil lui faut Ă©couter son corps, Ă©pouser ce rythme ralenti, quâelle a besoin de ce temps de pause et quâil lui faut le respecter. Câest ainsi quâensuite, une fois lâĂ©nergie revenue, sa crĂ©ativitĂ© pourra sâexprimer pleinement.
En ce mois de janvier, alors que les vents du nord ont dĂ©pouillĂ© la terre et les arbres de tout superflu, Lucie a moins envie. Moins envie de sortir. Moins envie de sâadonner Ă diverses activitĂ©s.
Elle le sent. Au plus profond dâelle-mĂȘme, son corps rĂ©clame une pause, le silence, de lâespace. De rester au chaud aussi. Elle sait quâelle a besoin dâĂ©couter son rythme, dâun temps dâarrĂȘt pour recouvrer toute son Ă©nergie, afin que sa crĂ©ativitĂ© puisse jaillir et sâĂ©panouir.
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Alors elle sâĂ©coute. Au cĆur de lâhiver, elle prĂȘte lâoreille Ă sa part animale. Au creux de sa maison, elle se love au coin du poĂȘle. Oui, elle hiberne. Oui, elle redevient animal. Oui, elle sây autorise. Loin du rythme effrĂ©nĂ© quâelle sâimposait auparavant. Elle sait dĂ©sormais (ou plutĂŽt elle a rĂ©appris) que la nature est cyclique et quâil lui faut vivre au rythme des saisons et des Ă©nergies quâelles diffusent. Elle ressent profondĂ©ment ce besoin de se connecter Ă sa nature la plus profonde, de faire le vide pour revenir Ă lâessentiel.
Elle sait ce temps de pause et dâintrospection nĂ©cessaire. Vital. Elle lĂšche ses blessures, soigne ce qui a encore besoin dâĂȘtre guĂ©ri, apaisĂ©, rĂ©parĂ©. Elle nourrit ainsi un terreau qui deviendra fertile le printemps venu, aux premiĂšres lueurs. Et qui lâaccompagnera le reste de lâannĂ©e. Elle le sait, ce temps plus lent nâest pas perdu. Bien au contraire. Il est gage de promesses.
Pour le moment, elle imagine. En faisant le tri et le vide dans sa tĂȘte, elle permet Ă de nouvelles idĂ©es dâĂ©merger, Ă la crĂ©ativitĂ© de prendre racine pour bientĂŽt sâĂ©panouir et dissĂ©miner son souffle.
Oui, câest cela. Au cĆur de lâhiver, Lucie reprend son souffle. Elle expire lâancien pour mieux inspirer le nouveau.
Ăchanger avec elle et la voir agir ainsi, accepter de sâĂ©couter, me donne Ă rĂ©flĂ©chir. Et si je mâautorisais aussi Ă ne pas toujours vivre Ă cent Ă lâheure ? Ă ralentir pendant lâhiver, le temps de reprendre des forces, et laisser infuser les projets qui pourront germer ensuite au cours de lâannĂ©e ?
Peut-ĂȘtre me faut-il Ă mon tour oser traverser le vide crĂ©ateur ? Quâen pensez-vous, messagers nocturnes ?
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Ăa commence par un sourire accueillant, par quelques mots. Le cours de yoga est bientĂŽt ponctuĂ© dâimmenses sourires. Marion a cet art-lĂ en elle, celui de transmettre la joie. Un talent rare. On nous parle de bonheur, du fait de le chercher, de cette quĂȘte, mais de la joie ? Que nous dit-on de la joie ?
Elle est pourtant indispensable. Une autre facette de la dignitĂ©, me disait Caroline hier soir. Mais câest comme si elle Ă©tait rĂ©servĂ©e au jeu, aux enfants, Ă leur cĂŽtĂ© chahuteur, turbulent. Comme si en grandissant puis en entrant dans lâĂąge adulte, nous devions laisser ce sentiment de cĂŽtĂ©. Ă nous dâĂȘtre posĂ©s, de ne pas trop faire de bruit ni de vagues. Et la joie, alors, sâĂ©vapore. Elle se fait la malle. Car elle a besoin de libertĂ© pour Ă©clore, pour sâĂ©panouir. Vous en connaissez beaucoup, vous, des adultes qui incarnent la joie ?
« Entrez dans ce mouvement comme le ferait un enfant de trois ans », nous demande Marion tout en jouant du tambour, ses cheveux bouclés oscillant de gauche à droite, en rythme. Entrer dans le mou-
ou comment cultiver la joieLES VAGUES DE MATTEO
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vement comme un enfant qui dĂ©couvre, comme un ĂȘtre libre. Sans a priori, sans volontĂ© de bien faire, sans peur du regard dâautrui posĂ© sur lui. Sans, sans, sans.
Plus facile Ă dire quâĂ faire, me direz-vous. Câest fou le nombre de barriĂšres quâon a dressĂ©es au fil des annĂ©es, non ? On en a fait quoi de cet enfant qui avait des rĂȘves plein la tĂȘte, une confiance absolue, et une imagination sans bornes ? OĂč a-t-il bien pu passer ? Quelque part, bien Ă lâabri, au cĂŽtĂ© de la joie ?
Pour la retrouver, il faut suivre Matteo â mi-apeurĂ© mi-amusĂ© â, se jeter avec lui dans les grosses vagues charnues que rĂ©serve la mi-aoĂ»t en Bretagne. Tenir fort sa petite main. SâĂ©clabousser, rire et crier. At-tendre la prochaine vague, se rĂ©jouir Ă lâavance du plaisir Ă©prouvĂ© tout en Ă©tant terrifiĂ©. Il faut jouer avec les vagues, lâĂ©cume, lâeau fouettĂ©e par le vent, le sable.
Oui, pour retrouver la joie, il faut dâabord retrouver le jeu, sâaventu-rer du cĂŽtĂ© de lâenfance, regagner ce pays. Peut-ĂȘtre oser refaire une activitĂ© qui nous tenait Ă cĆur lorsque nous Ă©tions petits ? Ou nous remĂ©morer comment nous Ă©tions dans la prime enfance et essayer de raviver la flamme qui nous animait alors ? Ătions-nous plus libres, plus spontanĂ©s ?
Et si vous vous autorisiez Ă retrouver ce mouvement, Ă laisser quelques instants de cĂŽtĂ© le mental, Ă respirer dans lâĂ©nergie du cĆur ? Yoga, mĂ©ditation, danse, chant⊠Les ressources sont infinies. Quâest-ce qui rĂ©sonne en vous, vous procure un immense plaisir ? Que pourriez-vous pratiquer pour retrouver insouciance et spontanĂ©itĂ© ?
La nuit, peut-ĂȘtre, vous soufflera la rĂ©ponse ?
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Il y a quelques annĂ©es, au cĆur du mois de juillet, je passai un week-end Ă la campagne dans une belle maison remplie dâamis. Le tableau Ă©tait idyllique. Pourtant, je nâarrivais pas Ă en profiter. Je me sentais Ă contre-courant, en dĂ©calage. Mon esprit Ă©tait soucieux. Je venais de subir une opĂ©ration, jâĂ©tais trĂšs fatiguĂ©e physiquement et psychique-ment, je souffrais de douleurs et ne pouvais me baigner. Les joies de la piscine â activitĂ© principale de ces beaux jours â mâĂ©taient interdites. Alors que tous sâexclamaient, riaient, sâaspergeaient, je me sentais triste.
Au milieu de lâaprĂšs-midi, je dĂ©cidai de mâisoler. Lâautre cĂŽtĂ© de la maison, plus ombragĂ© mais plus bucolique, avait plus de charme Ă mes yeux. Je mâallongeai dans un transat et entrepris de regarder la nature autour. Les arbres Ă©taient immenses, somptueux, Ă©lancĂ©s vers le ciel. Leur force, leur calme, leur beautĂ©, peu Ă peu, mâapaisĂšrent.
Tout prĂšs de moi, un lilas fuchsia et vaporeux attira particuliĂšre-ment mon attention. Jâavais apportĂ© avec moi, dans mon grand cabas dâĂ©tĂ© en toile Ă matelas, mon carnet. Je saisis un feutre et des pastels
ou dessiner, câest mĂ©diterUN BALLET DE LILAS
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et entrepris de croquer cette branche de lilas. En quelques minutes, le sourire me revint, jâĂ©tais heureuse de tout simplement observer cette fleur. De la regarder vraiment, intensĂ©ment, en ne me prĂ©occupant que dâelle. Puis de la voir renaĂźtre, diffĂ©remment, dans le grain du papier. En quelques minutes, mes idĂ©es noires avaient Ă©tĂ© balayĂ©es.
Quelques annĂ©es plus tard, je revois encore le lent ballet des nuages dans le ciel. Et je me souviens toujours de ce lilas. Dâailleurs, une de ses branches, dĂ©licate et parfumĂ©e, repose toujours dans mon carnet de croquis.
Je vous parle du dessin. Mais pour certains, le jardinage ou le tissage tiendront lieu de mĂ©ditation ; pour dâautres, ce sera de jouer dâun instrument ou de cuisiner. La mĂšre dâune amie me racontait que parfois, en rentrant du travail, elle se mettait Ă prĂ©parer le dĂźner avant mĂȘme dâavoir retirĂ© son manteau. En Ă©minçant les oignons, coupant les carottes, faisant revenir les Ă©pices, elle se dĂ©tachait de sa journĂ©e professionnelle, se dĂ©lassait, entrait dans un rythme plus calme, plus apaisĂ©.
Ă vous de trouver votre pratique. Celle qui vous videra la tĂȘte, vous mettra dans un Ă©tat de flow. Et si vous demandiez Ă la nuit de vous porter conseil et de vous montrer, pendant le sommeil, lâactivitĂ© qui vous apporterait bien-ĂȘtre et apaisement ?
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â Regarde ! intime Sido Ă Colette.
Ce nâest pas la premiĂšre fois quâelle enjoint ainsi Ă sa petite dâob-server. « Regarde, regarde, regarde », semble-t-elle rĂ©pĂ©ter Ă longueur de journĂ©e. Telle est sa devise pour son enfant, son grand prĂ©cepte dâĂ©ducation.
Que conseiller dâautre ? sâinterroge Sido. Que prĂ©coniser dâautre que de regarder intensĂ©ment, profondĂ©ment ? Dâobserver avec tout son ĂȘtre ? Que favoriser, sinon lâancrage, lâattention portĂ©e aux petites choses du quotidien ? Aux choses minuscules ?
Regarde, Colette. Regarde et concentre-toi. Alors rien ne tâĂ©chappera du moment prĂ©sent. Ressens profondĂ©ment, contemple. Ăprouves-tu les bienfaits de cet Ă©tat ? Vois-tu jaillir des choses insoupçonnĂ©es jusquâalors ? Ces fleurs au pied de lâarbre dans la rue, ce dessin tracĂ© hĂątivement Ă la craie sur la chaussĂ©e ? Ces pissenlits indisciplinĂ©s se frayant un passage au pied des marches de la mairie ?
ou comment prĂȘter attention aux choses
REGARDE !
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Mais Colette, tout Ă lâintensitĂ© des heures de lâenfance, semble avoir bien dâautres chats Ă fouetter. Le temps est au jeu, aux dĂ©couvertes. Regarder⊠Câest bien beau, mais quel besoin de sâappesantir autant ? Elle aura tout loisir quand elle sera adulte dâobserver, de se poser, dâĂȘtre attentive, de sâabĂźmer dans la contemplation. Pour lâheure, la vie lâappelle et nâattend pas.
Dâailleurs, celle-ci prend les traits dâun chat vif-argent qui fait ir-ruption devant elle et file Ă toute allure. AussitĂŽt, Colette bondit, part en courant sur ses traces, ses longues tresses sautillant derriĂšre elle.
Des années plus tard, place du Palais-Royal à Paris, Colette se souviendra des paroles de Sido. Elle en irriguera chacun de ses mots, chacune des pages de ses romans.
Quel meilleur conseil aurait-elle pu imaginer ? Colette lui doit sans doute quelques-unes de ses plus belles pages.
Oui, dans lâattention prĂȘtĂ©e aux choses se glisse souvent lâinspiration. Et peut-ĂȘtre une certaine forme de libertĂ©.
21
COMME ON FAIT SON LIT, ON SE COUCHE
Le sommeil est un moment sacrĂ©. Contrairement Ă ce que nous croyons ou aimerions, il ne commence pas Ă lâinstant mĂȘme oĂč nous nous couchons, pile Ă lâinstant oĂč nous souhaiterions nous endormir. Il convient de sây prĂ©parer, dâaller au lit comme si nous nous rendions Ă un rendez-vous.
Dâabord, il est important de prĂ©parer votre environnement, de dormir dans un lieu oĂč vous vous sentez bien.
Votre chambre est-elle suffisamment aĂ©rĂ©e, dĂ©gagĂ©e ? Est-elle vraiment (et uniquement) rĂ©servĂ©e au sommeil ? Si vous habitez dans un petit appartement, peut-ĂȘtre ĂȘtes-vous contraint de dormir dans le salon ou dans un endroit qui est aussi liĂ© Ă une autre fonction ? Il est alors essentiel de crĂ©er un espace dĂ©diĂ© au sommeil. Peut-ĂȘtre en dressant un paravent au moment du coucher entre le lit et le reste de la piĂšce ? Ou simplement en allumant quelques minutes une bougie qui indiquera que lâespace est maintenant consacrĂ© Ă MorphĂ©e ? Ou en sortant un cadre, une image qui symbolise pour vous le sommeil ? Votre chambre est-elle surchargĂ©e ? Avez-vous vraiment besoin de tout ce qui sây trouve ? En en faisant un espace dĂ©gagĂ©, oĂč votre regard circule Ă son aise, câest aussi votre esprit que vous rendez plus clair, plus apaisĂ©.
Pensez Ă aĂ©rer la piĂšce pour que vos milliards de cellules puissent trouver lâoxygĂšne dont elles ont besoin. Quel que soit le temps, prenez lâhabitude dâouvrir les fenĂȘtres cinq minutes le matin pour Ă©liminer le gaz carbonique rejetĂ© pendant la nuit et cinq minutes le soir pour que vous puissiez bĂ©nĂ©ficier dâun air plus sain au moment oĂč vous glisserez sous vos draps. Mettez Ă©galement le chauffage au plus bas. Notre tempĂ©ra-ture corporelle baisse lĂ©gĂšrement le soir pour prĂ©parer notre organisme au repos. Sâil fait trop chaud dans la chambre, le corps devra fournir des efforts pour se rafraĂźchir, ce qui pourra perturber votre sommeil.
LâidĂ©al est de maintenir une tempĂ©rature autour de 18 °C. Ăvidemment, rien ne vous empĂȘche dâajouter une couette si vous ressentez le froid, lâimportant Ă©tant que votre tĂȘte demeure au frais.
Faites votre lit avec soin. Vous aurez ainsi plus envie de le rejoindre et de vous glisser dans les draps frais. Offrez-vous peut-ĂȘtre un oreiller adaptĂ© Ă votre morphologie, notamment si vous ressentez une fragilitĂ© au niveau des cervicales.
Faites un repas lĂ©ger le soir pour ne pas surcharger lâorganisme (la di-gestion consomme beaucoup dâĂ©nergie et lâalcool a tendance Ă exciter, ce qui ne favorisera pas votre sommeil).
Ăvidemment, se dĂ©connecter des smartphones et autres Ă©crans est primordial. Au plus tard, une demi-heure avant dâaller dormir, il convi-ent de sâĂ©carter de tout Ă©cran. Peut-ĂȘtre pouvez-vous vous procurer ou retrouver un vĂ©ritable rĂ©veil (celui qui est bien rangĂ© ou camouflĂ© dans le cagibi ou au fond de la cave), afin de pouvoir vous Ă©loigner de votre portable ?
Buvez une infusion ou un verre dâeau parfumĂ©e de quelques gouttes dâeau de fleur dâoranger aux vertus apaisantes, relaxantes et sĂ©datives.
Enfilez un joli pyjama ou choisissez de dormir nu ; glissez une goutte de parfum derriĂšre lâoreille ou au creux de votre poignet.
Vous pouvez Ă prĂ©sent vous concentrer sur votre souffle ou mĂ©diter (voir pages 56 et 84). Pour vous apaiser, calmer le mental, vous pouvez aussi tenter une mĂ©ditation olfactive en humant simplement un flacon dâhuile essentielle de bergamote (qui Ă©vacue le stress et lutte contre lâinsomnie) ou de basilic sacrĂ© (antistress).
Enfin, appelez MorphĂ©e de vos vĆux et laissez-vous porter.
Beau voyage.
« Jâaime les gens qui doutent, les gens qui trop Ă©coutent leur cĆur se balancer.[âŠ]
Jâaime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin, pas âcomme il fautâ. »Anne Sylvestre
InstallĂ© devant le beau plat de lotte Ă lâarmoricaine prĂ©parĂ© par Ernest, ClĂ©ment joue avec sa fourchette sur le rebord de son assiette. Il a cette habitude-lĂ avec sa sĆur et son frĂšre : se retrouver de temps Ă autre pour dĂ©jeuner tous les trois avec leur grand-pĂšre. Lâoccasion pour eux de faire le point, dâĂ©changer, de partager.
â Jâai lâimpression que quelque chose ne va pas, ClĂ©ment ? Tu parais bien sombre. Je me trompe ?
â Non, dĂ©solĂ©. Je nây arrive pas en ce moment. Je⊠nâarrive pas Ă trouver lâinspiration. Tout ce que je fais me dĂ©plaĂźt. Ou ne me corres-pond plus. Câest comme si je ne percevais plus rien. Jâai lâimpression
ou le premier pas vers la libertéLES GENS QUI DOUTENT
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que je ne rĂ©ussirai plus jamais Ă crĂ©er de piĂšces singuliĂšres. Comme si jâavais tout donnĂ© pour ma derniĂšre exposition. Jâai toujours doutĂ© dans ma vie, et de tout, mais là ⊠ça prend des proportions inimagi-nables. La source sâest-elle tarie ? Dois-je aller chercher lâimpulsion et lâenthousiasme ailleurs ? Et puis, il faut que je dĂ©mĂ©nage⊠Jâai peut-ĂȘtre trouvĂ© un appart et, Ă©videmment, je dois donner rapidement ma rĂ©ponse. Mais est-ce que je mây sentirai vraiment bien ? En gros, câest le bordel dans ma tĂȘte.
ClĂ©ment a toujours doutĂ©. De la destination de ses vacances. De ses lieux de vie. De ses choix amoureux. De son talent. Son succĂšs en tant que sculpteur nâa pas rĂ©ussi Ă lâapaiser, loin de lĂ . Il fait partie de ces « gens qui doutent ». Et ça lui est infernal. Souvent, ça le ronge. LâhĂ©sitation, la peur de se planter, de passer Ă cĂŽtĂ© de soi, de sa vie⊠Il aimerait tant se dĂ©barrasser de ce poison, de cette maniĂšre dâĂȘtre au monde handicapante. Apprendre Ă en circonscrire la progression.
Souvent, il sâinterroge. Comment font les autres ? Quel est leur secret pour ne pas ĂȘtre traversĂ©s par le doute comme lui ? Il aimerait bien trouvĂ© une recette toute faite, disposer dâun modus operandi. Il sâĂ©tonne toujours devant son frĂšre, de quelques annĂ©es plus jeune que lui, qui lui paraĂźt en toute circonstance sĂ»r de lui, pragmatique. Antoine ne se pose pas mille questions une fois une dĂ©cision prise et, surtout, il sait en prendre. ClĂ©ment donnerait beaucoup pour lui ressembler de temps en temps.
â Jâaimerais bien trouver la clĂ© pour ne plus ĂȘtre habitĂ© par le doute, tout le temps ! Câest Ă©puisant.
â Tu sais, ClĂ©ment, je crois surtout que ce doute fait partie de ta personnalitĂ©, de ta sensibilitĂ©, lui rĂ©pond PĂ©nĂ©lope. Câest peut-ĂȘtre le prix Ă payer ? Peut-ĂȘtre vaut-il mieux que tu lâapprivoises plutĂŽt que de lutter en vain ? Que tu apprennes Ă vivre avec, plutĂŽt que de vouloir
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