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André Guillou Des collectivités rurales à la collectivité urbaine en Italie méridionale byzantine ( VIe-XIe s. ) In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 100, livraison 1, 1976. pp. 315-325. Citer ce document / Cite this document : Guillou André. Des collectivités rurales à la collectivité urbaine en Italie méridionale byzantine ( VIe-XIe s. ). In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 100, livraison 1, 1976. pp. 315-325. doi : 10.3406/bch.1976.2048 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1976_num_100_1_2048

André Guillou - Des Collectivités Rurales à La Collectivité Urbaine en Italie Méridionale Byzantine ( VIe-XIe s. ) 1976

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Italie Méridionale

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  • Andr Guillou

    Des collectivits rurales la collectivit urbaine en Italiemridionale byzantine ( VIe-XIe s. )In: Bulletin de correspondance hellnique. Volume 100, livraison 1, 1976. pp. 315-325.

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    Guillou Andr. Des collectivits rurales la collectivit urbaine en Italie mridionale byzantine ( VIe-XIe s. ). In: Bulletin decorrespondance hellnique. Volume 100, livraison 1, 1976. pp. 315-325.

    doi : 10.3406/bch.1976.2048

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1976_num_100_1_2048

  • DES COLLECTIVITS RURALES

    LA COLLECTIVIT URBAINE

    EN ITALIE MRIDIONALE BYZANTINE (- S.)

    Pour viter tout malentendu, on soulignera en forme d'introduction que la recherche qui va suivre se droule sur un territoire de civilisation et de culture byzantines. Le vocabulaire doit donc tre dfini sans ambigut. L'tat, ici, par ses conceptions d'unicit et sa pratique administrative centralise, n'a pas autoris le dveloppement de puissances fodales prives et a toujours en droit assur lui-mme la dfense de son sol et de sa foi, l'administration de ses finances et celle de sa justice. La ville sera donc avant tout pour l'tat byzantin un centre de gouvernement. Mais celui-ci ne pourra s'opposer aux forces internes du dveloppement social et

    conomique, troitement li la croissance dmographique, qui feront son histoire du vie au xie sicle, celle qui nous intresse, et d'autant plus que l'Italie mridionale sera l'un des lments essentiels de son succs conomique. La cration du centre urbain, dans ce cadre, sera une promotion accorde par l'tat, une conclusion1.

    La Longobardie, la Calabre et la Lucanie n'ont, notre poque, connu aucune grande ville de gouvernement, comme Thessalonique, par exemple, en Macdoine, ou Antioche en Syrie. Leur carte est occupe par des villages de plus en plus nombreux, des bourgs plus ou moins gros o habitent les reprsentants de l'administration laque ou ecclsiastique (dans les plus importants les propritaires), et une partie des paysans. Aucun propritaire n'habite sur ses terres , mais tous vivent de l'conomie agricole.

    En l'absence de toute information directe, car aucun village ni aucune ville byzantine d'Italie mridionale n'a racont l'histoire de son territoire, ni n'a fait connatre jusqu' prsent son vrai visage, en l'absence de toute recherche archologique spcifique, c'est travers le tissu trs serr des liens qui ont toujours exist entre le centre agro-urbain, plutt qu'urbain, et la campagne des bourgs et des villages qui l'entourent, qu'on peut essayer de dgager de sources impropres la nais-

    (1) A. Guillou, Production and Profits in the Byzantine Italy (Xth-XIth C.) : an expanding Society , Dumbarton Oaks Papers, 28 (1974), p. 96.

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    sance des premires collectivits urbaines. Il s'agira de les distinguer des autres collectivits de gestion des biens de l'tat et de cueillir leurs premires expressions personnelles.

    Massae et condumae, associations de services.

    L'Italie mridionale au moment de l'arrive des Byzantins avant la fin de la premire moiti du vie sicle tait conomiquement puise. Les villes sont dpeuples : la diffrence entre villes et campagnes a disparu2. Les Byzantins seront accueillis, disent les chroniques, en librateurs. Pendant les deux premiers sicles de leur prsence, aucune ville ne fait parler d'elle. La province d'Italie du Sud, comme la Sicile ou l'Afrique, devient peu peu une immense exploitation agricole, qui est confie par l'tat pour part de grands propritaires responsables d'un certain nombre de domaines, appels massae, subdivises en fundi, le reste tant gr par des procuratores, sortes de fermiers gnraux des recettes. Le sol tait exploit parfois indirectement par les locataires emphytotes, mais surtout directement par des colons libres (coloni, rustici, en grec agroikoi), groups la fin du vie sicle en condumae, districts fiscaux, units conomiques, mais aussi associations de paysans. Le colon doit le service militaire; le grand propritaire en est responsable3 : tel ce Toullianos responsable de domaines en Calabre, qui dfendra plusieurs reprises le sol rcemment conquis par les Grecs contre les Goths et recevra le titre de magister militum*, tel aussi le pape pour le Patrimoine de Saint-Pierre5. Au dbut du printemps de l'anne 599, le pape Grgoire se trouve embarrass pour faire transporter la mer vingt longues poutres, qu'il a demandes la massa rittiorum, donc en Galabre, pour la basilique vaticane et que le sous-diacre Savino, responsable de la massa, n'a pas les moyens de faire porter la mer. Le pape s'adresse donc deux vques gestionnaires de Galabre, un grand emphytote et un duc pour obtenir des bufs et des bouviers. Il ne peut s'agir d'un recrutement de main-d'uvre occasionnelle, mais de recours des associations de bouviers transporteurs tout comme pour le transport du bl de Sicile, par exemple, le pape louait les services d'associations

    (2) Voir Lellia Ruggini, Economia e societ nelV Italia Annonaria . Rapporti fra agricoltura e commercio dal IV al VI secolo d. C. (Fondazione G. Castelli) (Milan, 1961), p. 262, 303, 315, 320, 397, 470, 472, 473.

    (3) Voir A. Guillou, La Sicilia bizantina , Archivio storico siracusano (1974), sous-presse. On connat quelques massae du Patrimoine de Saint-Pierre ; elles sont gres par le pape au nom de l'tat byzantin, comme je pense le prouver sans ambigut dans un ouvrage en prparation. Pour la Calabre et l'Apulie, on se reportera la description rapide de E. Pontieri, Tra i Normanni nelV Italia mridionale (Naples, 1964), p. 3-17, Vie de saint Grgoire le Grand par Jean Diacre, d. Patrol. Lat., t. 75, col. 110, Lettre de Pelage Ie1 (556-559), dans L. Richter-E. Friedberg, Corpus juris canonici, t. I (Leipzig, 1879), col. 1116 (= Jaff, n 1022), Lettre de Grgoire le Grand, Registrum epistularum, t. II, d. P. Ewald-L. M. Hartmann (Mon. Germ. Hist., Epistolae, t. II) (Berlin, 1899), p. 194, n 206.

    (4) Procope, De bello gothico, III, 18, 22, 30, d. J. Haury (Leipzig, 1905), p. 377, 394, 395, 398, 427. Si c'est le mme qui est magister militum, comme on peut le supposer, il est mort avant 597 et sa fille, nonne dans un monastre de Siponto, aurait indment quitt son couvent (Grgoire le Grand, Registrum, d. cit., t. II, p. 10 et 11).

    (5) Grgoire Le Grand, ibid., t. I, p. 137.

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    de bateliers6. L'vque de Vibona dans la deuxime moiti du vie sicle devait pourvoir la fourniture des poutres la basilique vaticane7. Le pape Grgoire, la fin du sicle, envoie Savinianus, vque de Gallipoli, dans la massa Callipolitana, les copies des registres des charges concernant le territoire de sa cathdrale, pour qu'il lui dise concrtement sur quelles sommes d'impts il peut compter. L'vque lui-mme, habitant par essence de la ville, est un exploitant et un gestionnaire de biens ruraux8. Il traite, sans aucun doute, avec des collectivits rurales.

    La prdominance de la campagne sur la ville est incontestable. Les villes, d'autre part, mme les plus grandes, on le sait, se sont ruralises9; elles ne sont plus des centres d'artisanat et de commerce, mais de pauvres rsidences piscopales : la ville a perdu le pouvoir conomique qu'elle exerait sur la campagne. Le retour la terre est gnral. Et la classe sociale la plus nombreuse au milieu du vme sicle, quand les Byzantins se retireront d'une partie de l'Italie, est celle des petits producteurs agricoles directs. Le retour en force des Grecs la fin du ixe sicle et l'apport dmographique qui le suivit10 inscrivirent l'Italie mridionale dans le grand mouvement de dfrichement du sol, qui s'tend sur les ixe et xe sicles dans tout le bassin de la mditerrane byzantine : moines et lacs brlent les maquis et les broussailles, introduisant ou rintroduisant de nombreuses terres en friches dans le cycle de la fertilit. L'tat, qui est l'origine de la remise en valeur du sol, prside sa redistribution. La base en est encore rurale, le cadre d'exploitation, la famille : c'est celui qui a soutenu la grande mutation rurale byzantine que fut le passage au vie sicle de l'exploitation latifondiaire la culture autarcique du groupe familial.

    Communauts familiales.

    Il s'agit bien d'un groupe, le premier et le seul individualiste et indpendant parmi les collectivits organises par l'tat, car il repose sur un principe privilgi de la mentalit sociale byzantine, support par l'glise, le mariage. Base et fondement de la communaut de vie terrestre, la communaut familiale s'tend aussi au souci du salut de chacun mme au-del de la mort. Dans l'ordre des valeurs, le mariage vient aprs le clibat, mais il constitue la seule union naturelle et lgale. La famille byzantine s'tend aux collatraux; elle vit, si possible, dans la mme maison aux pices disposes autour de la cour, o se trouve la citerne ou le puits, sa cohsion est totale et elle lutte contre la mortalit, surtout infantile, par l'adoption qui est trs rpandue. C'est l'lmentaire communaut des ayants droit prsente dans tous les actes de la pratique juridique11. Au tribunal du juge imprial Adelgrim en 938 se prsentent la veuve de Radelgard, Selletta, avec ses deux gendres (qui reprsentent

    (6) Grgoire Le Grand, ibid., t. I, p. 90. (7) Grgoire Le Grand, ibid., t. II, p. 128. (8) A. Guillou, Rgionalisme et indpendance dans l'empire byzantin au VIIe sicle (Istitulo storico

    ilaliano per il Medio Evo. Sludi storici, 75-76 [1969], Rome), p. 181-184. (9) A. Guillou, op. cit., p. 54.

    (10) A. Guillou, L'Italie mridionale du IXe au XIe sicle, dans E. Bertaux, L'art dans l'Italie mridionale, t. IV, sous-presse.

    (11) Voir A. Guillou, La civilisation byzantine (Paris, 1974), index, s.v. Famille , Mariage .

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    leurs femmes) et son fils mineur, pour vendre une terre enclose l'abb du monastre S. Leucio de Sessano, prs de Conversano12. En 1043-1044, ce sont neuf hritiers qui donnent aux moines du monastre d'Atzopan, Nicolas, le monastre construit par leurs grands-parents, avec ses biens13. En 1013, les cinq fils d'un tourmarque et leurs trois cousins germains tablissent leurs droits sur leur hritage commun au nom de leurs enfants et de leurs neveux14. En 1054, les quatorze Presbytranoi de Stilo contrlent les parts exploites par chacun des membres de la famille du domaine familial constitu un sicle et demi plus tt, et rest inchang15. Et la famille peut dfendre grands cris ses droits rels ou prtendus sur tel ou tel bien : l'abb du monastre S. Leucio rclame devant le juge Bari sa terre de Gampo Pefanio, qui est exploite, indment, dit-il, par un certain Kalojohanns; effray par la prsence des tmoins et le serment qu'on lui demande de prter sur les vangiles, celui-ci accepte de restituer le bien au monastre. L'oncle paternel de Kalojohanns et ses cousins maternels le couvrent alors d'invectives en l'accusant de collusion avec l'abb, car ils tenaient la terre avec Kalojohanns16. En 1054, Mle, un artisan de Monopoli, prvoit dans son testament que son chariot pourra rester indivis entre ses trois filles, dont deux sont maries, si ces deux dernires veulent bien participer l'entretien de celui-ci17.

    Communauts de possesseurs.

    La communaut des ayants droit n'est pas seulement familiale : elle devient communaut de possesseurs. En lisant les dossiers d'archives on relve la diversit de ses aspects. En 944, Byzantius, un habitant de Monopoli, dtient avec un certain Marango un quart de puits au village de Castellano18; en octobre 967, deux co-posses- seurs, Marango de Monopoli et le clerc Sicando, donnent Saint-Benot de Conversano leurs trois parts de quatre terres encloses et le systme d'irrigation, le reste demeurant un certain Marzano19; en 1052, les droits sur un puits de Malo sont dtenus par les six neveux du spathaire Hermenandus, les quatre neveux de Frumicus et le juge

    (12) D. Morea, II chartularium del monastero dl S. Benedetto di Conversano, t. I (Montecassino, 1892), p. 23-36 = Conversano.

    (13) Gertrude Robinson, History and cartulary of the greek Monastery of St Elias and St Anastasius of Carbone II, 1 (Orientalia Christiana, XV, 2 [1929], Rome), n3 = Carbone.

    (14) Conversano, p. 74-75 : voir aussi les p. 45-47 et 53-54 et Fr. Trinchera, Syllabus graecarum membra- narum (Naples, 1865), 09 15, 29, 40, 43, 46, etc.

    (15) Acte indit, Ancien Cod. Vat. Lai, n 13118, pice 8, aujourd'hui Cod. Vat. Gr., n 2650, pice 1 ; il porte le n 1 de l'dition des Actes de Saint- Jean-Thrists {Actes grecs d'Italie du Sud et de Sicile, 5) que j'achve.

    (16) Conversano, p. 27-28 (930). (17) Conversano, p. 95. (18) En Longobardie, la possession du pozzo est essentielle. Il ne s'agit pas du simple puits, mais de

    la source d'eau et du systme d'irrigation, qui comprend, me semble-t-il, le conduit d'arrive de l'eau depuis la source (aquaduclor), les bassins o l'eau est d'abord retenue (gavata), de petites conques (cuppore) et des inlerones ( ? de inter- ou interra- ?) ; voir Conversano, p. 87-90.

    (19) Conversano, p. 51-52.

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    Topatius, et le monastre de Conversano y revendique sa part20; en 1053r trois habitants de Pesclizzo donnent au monastre Sainte-Marie de Tremiti l'glise qu'ils ont construite Calanella avec six vignes et la terre occupe par celle-ci21; en 1069, trois habitants de Lsina, Acco, juge imprial, Sinbo et Pierre Bove, donnent Sainte- Marie de Tremiti la moiti du moulin eau qu'ils possdent avec le comte Ptrone sur la rivire Galdula22 et ce sont douze notables de ce mme petit centre qui dtiennent jusqu' 1036 les droits sur la rivire Scarafone, missaire du lac de Lsina, qu'ils ont alors cds au monastre de Tremiti, pour qu'il puisse y installer un moulin23. En 1035, par un acte crit unique, quatre habitants de Tarente, dont deux seulement sont parents, dclarent avoir reu ensemble du kathigoumne de Saint-Pierre l'Imprial huit jardins exploiter moiti profit pour eux, moiti pour le monastre24.

    Cette formule de dtention collective du sol s'explique par la vie autarcique de l'conomie familiale qui lui sert de support et de moteur, et qui rend compte aussi, pour une grande part, de la parcellisation extrme des domaines dtenus en commun, quelque soit leur volume ou leur propritaire (particulier, vch, monastre). J'en citerai quelques exemples. En 915, le spatharokandidat Grimoald, un notable, possde plusieurs curies dans la ville de Conversano, des ptures tout autour, des biens sur les territoires de Putignano, de Macerie, le quart d'une maison Bari et une saline Rapanone25. Les possessions du juge Bocco et de son fils, encore des notables, au milieu du xie sicle, comprennent : des maisons Civitate, huit glises rurales ou parts d'glises rurales autour de Civitate et de Ripalta, une tour, des fosses grains ici et l, six vignes en deux lots, deux jardins en deux endroits, six terres de labour disperses et une part de moulin26. La petite glise rurale prive de Sainte-Thkla, prs de Vieste dans la lama de Puno Cluso, possde un domaine ainsi constitu en 1035 : prs de l'glise deux vignes, dans le vallon de Biuna une pice de terre, dans celui de Baleana deux petits biens enclos et un jardin dans la lama de Bessallo27. L'archevque de Siponto, Lon, dplore clairement en juillet 1023 que son vch doive laisser beaucoup de terres incultes cause de leur parpillement28. Les biens- fonds du monastre Saint-Benot de Polignano, et ce sera mon dernier exemple, comprennent Polignano et dans les environs trois maisons, un puits, des terres en friches, des vignes avec un pressoir, des oliviers et un jardin, en divers lots, et Triggiano prs de Bari une vigne et des oliviers29.

    (20) Conversano, p. 87-90. (21) A. Petrucci, Codice diplomatico del monaslero benedittino di S. Maria di Tremiti {Isiituto slorico

    italiano per il Medio Evo. Fonti per la storia d'Italia, 98 [1960], Rome), n 47 = Tremiti. (22) Tremiti, n 80. (23) Tremiti, n 18. (24) Fr. Trinchera, op. cit., n 29. (25) Conversano, p. 12-15. (26) Tremiti, n 69. (27) Tremiti, n 17. (28) Tremiti, n 8. (29) Conversano, p. 81-82.

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    Communauts de voisins.

    La stabilit et la prennit des collectivits de possesseurs du sol, familiales ou non, ont t assures par la pratique continuelle du droit d'acquisition prfrentiel donn aux voisins du bien vendre, appel droit-de premption (protimsis). Un document rcemment dit montre qu'il tait encore bien compris en Longobardie dans la premire moiti du xie sicle30. Jean Casifis a achet une terre avec des Olivers au Juif Manache, fils de Mose de Bari, Buturrito (Buterito), sept kilomtres au sud de Bari; mais il doit reconnatre ensuite que le clerc Romuald peut faire jouer contre lui le droit de protimsis, car il a une vigne en friches mitoyenne, et il se dclare prt lui cder le bien qu'il a achet contre remboursement du prix d'achat. Au cours de la discussion, qui se droula Buterito en prsence des notables, Jean Casifis rtorqua Romuald qui lui reprochait d'avoir acquis indment le terrain : C'tait tout de mme mieux que ce soit moi, un voisin (vicinus), qui l'aie acquis, plutt que n'y soit entr un tranger (extraneo) , renforant encore ainsi le sens de la premption, qui garantissait la stabilit de la proprit des plus proches voisins. Mais elle garantissait aussi celle de la commune rurale.

    Communauts rurales des chria.

    La grande masse de la population est alors constitue de paysans indpendants, groups dans la commune rurale, le chrion, qui est une unit conomique, mais aussi une circonscription fiscale. Une terre est dfriche par un moine laboureur, une petite exploitation rurale nat. Le moine fondateur et quelques compagnons accourus ne suffisent bientt plus la tche, car le domaine s'tend; il faut faire appel des leuthroi, c'est--dire des paysans dgags d'obligation vis--vis du fisc, et bientt le nouveau territoire productif et peupl sera inscrit sur les registres du fisc byzantin. Le modle est connu31. Reconnaissance officielle qui donne la nouvelle collectivit les droits au service public, en particulier celui d'tre dfendu en cas de danger, mais l'astreint aux devoirs exigs de toutes les communauts rurales de l'Empire, dont le plus rgulier tait, sans nul doute, celui de payer l'impt et les taxes fixs par l'tat. Le taux en est global et le versement est collectif; c'est ainsi qu'en 1016 le petit bourg-fortifi de Palagiano envoie au katpan rsidant Bari, Basile Msardonits, une somme d'impts de trente-six nomismata porte par un notable de la commune, Kinnamos le Calligraphe, auquel le katpan remet un reu sign qui est conserv32. Formule de gouvernement, dont la sensibilit collective m'chappe, le chrion prendra son visage spcifique avec l'apparition du territoire de la ville qui l'absorbera l'poque suivante, redevenant mutatis mutandis Yuniversitas agrorum infra fines cujusque civitatis du Digeste de Justinien33. Mais n'anticipons pas.

    (30) Ed. V. de Donato, Aggiunte al Codice Diplomatico Barese. Pergamene dell'Archivio dlia Cattedrale , Archivio storico pugliese, 27 (1974), p. 210-211.

    (31) A. Guillou, Studies on byzantine Italy (Londres, 1970), XIII, p. 456. (32) Fr. Trinchera, op. cit., n 16. (33) Cit par Edith Ennen, Storia dlia citt mdivale {Biblioteca di cultura moderna, 773 [1975], Rorae-

    Bari, Laterza), p. 8.

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    Communauts des bourgs-fortifis (kastra).

    Depuis le dbut du xie sicle l'Italie mridionale prsente l'aspect d'un pays en plein panouissement : bl et crales, vin, huile, petit levage, suffisent au moins aux besoins d'une population qui ne cesse de crotre, les cocons des mriers calabrais sont exports vers les ateliers arabes de Sicile, qui les paient en taria d'or, ou vont fournir les ateliers des petits centres agro-urbains de Sicile ou de Longobardie34. Promotion conomique? volution sociale? Sentiment d'inscurit ressenti par la population? Le paysage rural se transforme : des tours de dfense ou de surveillance (pyrgoi), de petits ou de gros bourgs-fortifis (kastellia, kastra) dominent le paysage du katpanat byzantin. Tous les chria n'ont certes pas disparu, mais ce qu'il faut retenir de cette transformation ici c'est que la personnalit collective de la commune rurale se retrouve dans celle du kastron, toujours sous le contrle strict de l'tat. Cette personnalit du groupe des kastrnoi ou synkastrnoi, les habitants du bourg, se manifeste par des cessions collectives de biens des particuliers ou des monastres, l'intervention commune l'lection des higoumnes des couvents qui appartiennent au ressort et dont le bourg a intrt qu'ils fassent prosprer leurs domaines, puisqu'ils participent au paiement des taxes dues l'tat, mais aussi comme pour le chrion par le paiement en commun des impts au fisc35 : en 1050, Jean Gherlicco (un Serbe) lgue Sainte-Marie de Tremiti une glise dans l'le de Buci (Bisevo), le juge de Marano et quatre zupans souscrivent l'acte qui mentionne que tous les habitants de Marano en sont tmoins (et omnes Maranos testes)36; en mars 1054, le comte normand Robert, seigneur de Dvia, fait une donation de biens-fonds un mtoque de Sainte-Marie de Tremiti, en mme temps que cinq notables serbes de Dvia et tous les autres notables, grands, moyens et moindres , qui reprsentent la petite ville37; en 1058-1059, les archontes, le clerg et tout le peuple de Battifaranno, en Lucanie, cdent un moine Loukas un terrain au bout de la muraille du kastron pour y construire un monastre38. Le bourg devient-il petit centre urbain, il garde sa personnalit collective : en 992, Polignano, l'acte de donation d'une maison, d'une curtis et de diverses terres dans et hors de la ville au monastre Saint-Benot, qui se trouve l'intrieur des murs, est suscrit par les plus hautes autorits de la ville (un topotrte des Scholes, un tourmarque, l'vque lu, trois gastaldi), et trente notabilits au nom de tous les habitants de la ville , comme le dit la formule qui suit grands ou moyens et de tout le peuple 39; en mai 1054, tous les habitants de Monopoli viennent trouver le kathigoumne du monastre Saint-Nicolas situ l'intrieur du kastron et lui garantissent par crit de ne pas demander au couvent sa part des charges publiques qui frappent le kastron*0.

    (34) Voir A. Guillou, art. cit., Dumbarton Oaks Papers, 28 (1974), p. 95 ; id., Italie mridionale byzantine ou Byzantins en Italie mridionale ? , Byzantion 44 (1974), p. 151, 170-171.

    (35) Voir A. Guillou, Studies on byzantine Italy, XIII, p. 456-461. (36) Tremiti, n 42. (37) Tremiti, n 51. (38) Carbone, n 7. (39) Conversano, p. 60. (40) Fr. Trinchera, op. cit., n 42.

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    Cette vie collective des habitants du chrion, puis du kastron, s'tend la jouissance en commun des ptures situes sans doute une certaine distance de celui-ci; droit que le kastron se rserve de cder ou de louer41. Cette communaut entre chria et kastra parat gnrale dans le katpanat. En juin 1019, la requte de la population latine qui est venue s'installer dans les murs de la nouvelle ville de Troa, le katpan envoie une commission dterminer les confins du nouveau kastron et la superficie des champs qui restent communs la nouvelle ville et au bourg voisin de Vaccareccia pour le pacage du btail, ainsi que les droits que les deux associs pourront percevoir sur le btail des trangers venu y patre; l'tat renonce ici ses propres droits au profit des deux centres, l'un urbain, l'autre rural, qui ont conclu une association tout fait officielle42.

    Il faut aller, je crois, plus loin encore dans cette enqute sur les collectivits. Dans la deuxime moiti du xe sicle, la colonie arabe de Pietrapertosa, au sud-ouest de Tricarico, au centre de la Lucanie, s'est empare des terres du territoire de Tricarico et a empch les propritaires de ce kastron de les exploiter. Les troupes du katpan ayant chass les Arabes de Pietrapertosa, les propritaires de Tricarico ont pu rcuprer leurs biens, mais ils sollicitent du katpan une nouvelle dlimitation du territoire du kastron, laissant entendre que, la faveur de l'occupation du plat-pays par les Arabes, le kastron d'Acerenza s'tait empar de certaines de leurs terres. La commission envoye enquter sur place par le katpan va interroger les habitants du petit bourg-fortifi (kastellion) de Tolve, situ entre Acerenza et Tricarico, qui prcisent les limites anciennes des territoires de ces deux kastra. Je pense donc pouvoir admettre que le kastellion de Tolve est compris dans le kasiron d'Acerenza, qui devait en runir d'autres, de mme que le kastron de Tricarico possdait sur son territoire (diakratsis ) plusieurs kasiellia^.

    Le paysage du katpanat et le cadre de vie de la population se trouvent donc encore modifis. Par suite de l'clatement de certains chria, de leur absorption par les grands propritaires lacs ou par les monastres ou les vchs, beaucoup de communes rurales qui n'avaient pas t fortifies et n'taient pas devenues des kastellia ont dpendu troitement du kastron fortifi le plus proche, o les habitants pouvaient se rfugier, d'o venaient les soldats pour les dfendre, si elles ont gard leur personnalit, sinon elles sont devenues des proasteia (exploitations sans habitations) du kastron. Quoi qu'il en soit de cette volution, seul le kastron dsormais a un priorismos, une description officielle de ses confins, qui inclut la description des terres des kastellia et des chria qui dpendent de lui. L'ancien paysage rural qui comprenait le bourg, entour de ses agridia (exploitations avec habitations paysannes), puis des proasteia des habitants ou des couvents, et composait l'unit conomique de base du systme byzantin d'exploitation, se trouve ainsi transform : la ville ou le bourg-fortifi et son anneau de petites exploitations entour de petits bourgs-fortifis ou de villages avec leurs propres couronnes d'exploitations familiales, runis dans un seul territoire, parce que le petit bourg et le chrion dpendent conomiquement de la ville fortifie devenue centre de consommation et parfois, en tout

    (41) A. Guillou, Studies on byzantine Italy, VII, p. 14. (42) Fr. Trinchera, op. cit., n 18. (43) A. Guillou, Studies on byzantine Italy, VII, p. 17-19.

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    cas en Longobardie, de commerce et de manufacture. Mais nous sommes parvenus la fin de l'poque byzantine, au moment o les Normands vont cueillir le fruit de deux sicles et demi de travail du monde rural de l'Italie mridionale. Certaines villes ds la fin du premier quart du xie sicle ont cess d'tre seulement des centres ruraux. Troia reoit de l'tat le droit de vendre et d'acheter en Longobardie sans acquitter les droits44, entendons que la ville peroit les taxes sur les marchandises qui entrent et sortent de ses murs sans rien verser au trsor, mais aussi qu'un certain commerce s'tait dvelopp de ville ville en Longobardie. Observons tout de suite qu'il n'en a, peut-tre, pas t ainsi ailleurs, puisqu'en Calabre on voit le commerce de dtail pratiqu par des colporteurs amalftains peu avant la moiti du xie sicle, bien qu'il puisse s'agir l d'un commerce de luxe45.

    Communauts urbaines.

    On hsite encore parler de ville, lorsque l'on voit au xie sicle tout comme au xe sicle la plus ancienne et la plus ferme de ses collectivits, la seule discernable en Italie mridionale, reposer apparemment sur ses revenus fonciers : je veux parler du clerg de la cathdrale lui-mme et des diacres et des prtres dlgus par l'vque l'administration du peuple chrtien. Jean, archevque de Canosa et de Brindisi, avant de donner une glise au monastre Saint-Benot de Conversano, consulte en 962 l'archiprtre, l'archidiacre, tous les prtres et les clercs de la cathdrale46; Landenolf de Lucera fait de mme en 100547; en 1019, l'vque de Vieste donne une glise au tourmarque Vitale avec le consentement des prtres, des diacres, et de tous les ordres des clercs de son clerg48; Lon, archevque de Siponto, en 102349, Jean, archevque de Canosa en 102450, Jean, vque de Lucera, en 103251, Grard, archevque de Siponto en 106852, n'agissent pas autrement. Je crois avoir montr que tous les membres du clerg sont pays en terres grer et groups en associations appeles presbytria ou diakoniai, qui leur assurent un encadrement conomique qui se manifeste en particulier par des aides financires pour payer les impts, si les revenus de leur terre viennent tre insuffisants53. Que cette collectivit soit malgr tout de nature urbaine, on ne peut en douter, lorsque l'on apprend que l'archevque de Siponto avant de prendre une dcision dans un conflit qui l'oppose au monastre de Tremiti propos d'une saline runit en novembre 1064 dans l'glise de la Vierge- Marie l'archidiacre Jean, le primicier Builas, les prtres, les diacres et tout le peuple

    (44) Fr. Trinchera, op. cit., n 20 (1024). (45) Voir A. Guillou, La soie du katpanat d'Italie , Travaux et Mmoires, t. 6 (Paris, sous-presse). (46) Conversano, p. 42-44. (47) Tremiti, n 1. (48) Tremiti, n 7. (49) Tremiti, n 8. (50) Codice diplomatico barese, t. I, n 12. (51) Tremiti, n 14 : cum consensu sacerdotarum et levitarum omniumque ordinum clericorum nostrorum. (52) Tremiti, n 79. (53) Voir A. Guillou, L'organizzazione ecclesiastica dell'Italia bizantina attorno al 1050 : dalla

    metropoli aile chiese private (amministrazione ed economia) (Milan, Universit del Sacro Cuore), Sesta Settimana Internazionale di studio (sous-presse).

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    de la ville 54. Mme phnomne dans un plus petit centre Cersosimo en Lucanie, o la synaxis (assemble) runie le 17 janvier 1050 pour le choix d'un nouvel higou- mne est compose du clerg, des archontes et d'une grande partie de la population du kastron55.

    Le centre urbain existe, en effet, dsormais; sa population s'accrot, puisqu'on y construit des maisons56, mme s'il ne faut pas penser un quelconque urbanisme. Une classe d'artisans s'y est dveloppe, cette classe qui, avec celle des commerants et l'conomie montaire, constitue la preuve de l'existence du centre urbain. Un forgeron de Bari, Basile, reoit d'une propritaire terrienne de la ville une vigne en mauvais tat et une terre inculte; quelques annes plus tard, en mars 1051, il reoit le tiers des deux biens et restitue le reste au fils de la propritaire, morte entre temps, aprs avoir remis le tout en bon tat d'exploitation, selon les termes du contrat pass entre les parties57. Les mmes disponibilits apparaissent dans le testament d'un artisan (magister) de Monopoli, Mle, fils de Martin de Bari. C'est une famille de citadins. Et on notera que les procureurs choisis par le malade sont de sa classe : l'un, Danubius, est fils d'artisan, l'autre artisan lui-mme. Sa fortune a t notable : une barque, qui sera vendue et le prix consacr des aumnes, un couvent Monopoli avec ses domaines sis prs de Monopoli et prs de Bari, des biens dont on ne prcise pas la nature et dont l'usufruit ira sa veuve, Excelsa, une vigne qu'il a achete et qui sera vendue pour teindre une dette, trois trousseaux complets s'tendant aux ustensiles de mnage pour ses trois filles, dont deux sont maries, un chariot avec des roues ferres, et un prt de vingt nomismata d'or58. L'artisan Mle manipulait de l'argent liquide. Ceci est nouveau. On connat l'existence d'artisans Bari depuis le deuxime quart du xe sicle, un forgeron en 939, un autre en 942, trois artisans dont la spcialit n'est pas prcise possdent une maison dans la capitale du thme de Longobardie la mme date59; un forgeron Charzanits est propritaire d'un bien-fonds Giovinazzo en 997 60, mais les mentions se multiplient au xie sicle avec le nombre des professions : je connais un calceolarius (cordonnier) Bari en 101 161 et huit autres artisans mls dans la mme ville des oprations financires entre cette date et la fin de l'poque byzantine (le dernier acte est de 1061), et parmi eux un forgeron Mel, qui parat trs l'aise, un scarparius (fabricant de chaussures), un patiiarius (fabricant de sabots), enfin un pettacarus (savetier, raccomodeur de vieux souliers), qui loue une saline avec un bail de trois annes62. Cette classe des artisans s'toffera beaucoup ds le dbut de l'poque normande.

    Un autre signe de la vie urbaine en formation est, peut-tre, l'extension de la viabilit que je crois discerner dans quelques actes de la pratique juridique. On y

    (54) Tremiti, n 76 : cum omni populo ejusdem civiiaiis. (55) Fr. Trinchera, op. cit., n 37. (56) Voir A. Guillou, L'Italie byzantine (sous-presse). (57) Fr. Trinchera, op. cit., n 38. (58) Conversano, p. 93-96. (59) Codice diplomatico barest, t. IV, n 1 et framm. 1. (60) Ibidem, n 6. (61) Ibidem, n 11. (62) Codice diplomatico barese, t. I, nos 14, 16, 31 ; IV, 24, 34, 41.

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    relvera, bien sr, l'existence, en 917, d'une route conduisant de Putignano en Longobardie Polignano sur la mer par la lama longa , lit naturel d'un torrent dessch une partie de l'anne63, et aussi, en 967, parmi les confins de domaines cds Saint-Benot de Conversano, dans la rgion de Castellana, le sentier (semita), qui va de Putignano Saint-Thodule, et la route d'Oria, ville importante l'poque, qui se trouve soixante-dix kilomtres au Sud environ64. Mais il est, sans doute, plus important de noter dans plusieurs descriptions de confins la mention de routes anciennes dans des endroits (prs de Dvia, au nord de la Longobardie, en bordure du Gargano, au Sud de Carbone en Lucanie)65, o il ne peut s'agir des antiques voies consulaires, mais de routes dsaffectes et donc probablement remplaces par d'autres qui permettent aux chariots d'aller d'un centre l'autre : chariots qui avec leur vestimentum (dont j'ignore le sens ici) et leur lena, qui est un drap de laine, me semblent plus propres d'ailleurs transporter les personnes que les marchandises66. Signes qui ne trompent pas de l'existence de collectivits urbaines en Italie mridionale byzantine au milieu du xie sicle.

    Ce sont elles qui traiteront une une avec les Normands. Les clans urbains se sont alors substitus aux reprsentants de l'tat byzantin : le patrice Byzantius Guirdelichus et Stphane Patranos soutiendront le katpan byzantin dans Bari assige par les Normands, Argyricus, dont le parti est plus nombreux, l'emportera et livrera la ville malgr les prires de la population. Le duc normand quelques annes plus tard pourra lever des milliers de sous d'or sur la ville conquise : les collectivits citadines byzantines de l'Italie du Sud taient riches l'arrive des Normands.

    On ignore quel fut le vritable essort de l'artisanat urbain dans les petites villes d'Italie du Sud l'poque byzantine, on ignore quel fut le niveau des changes entre le village et la ville, mais on sait que ce sont les grands propritaires qui y dominaient. La quasi autonomie des villes la fin de l'poque byzantine signifia dcentralisation conomique et rupture; elle n'entrana pas de rvolution communale, ni l'indpendance des communauts urbaines, car ce furent toujours les propritaires terriens, non les artisans ou les commerants qui commandaient dans les villes. Les notables byzantins vivaient non dans un chteau, comme ailleurs en Occident, mais dans la ville grande ou petite. C'est en ville que l'archonte byzantin d'Italie mridionale trouvait son bien-tre mme s'il souhaitait se rendre frquemment dans l'glise rurale qu'il avait construite ou le petit monastre campagnard qu'il avait dot, et qui constituaient l'un et l'autre une partie de sa fortune, pour y prier pour ses morts, assister l'office avec sa famille, et prvoyait par un acte crit d'y recevoir sa dernire demeure. C'est qu'au fond le Byzantin, ici comme ailleurs, et quel que fut son niveau de vie, est rest un rural.

    Andr Guillou. (63) Conversano, p. 19-21. (64) Ibidem, p. 51-52. (65) Tremiti, n 51 (1054), Carbone, n 1 (1006-1007), qui parle d'ancienne route publique. On en

    rapprochera la mention de Tremiti n 1 (1010) route ancienne et publique , mme si le texte se rapporte Campomarino en territoire lombard. Et on ajoutera d'autres mentions dans la rgion de Bari en 962 (Codice diplomatico barese, t. IV, n 2) et en 1011 (ibidem, n 11), cum via antiqua qui vadit in ipso loco di Cabiano dans la rgion de Noha au sud de Galatina dans le Salento [ibidem, n 16), etc.

    (66) Conversano, p. 93-96.

    InformationsAutres contributions de Andr GuillouCet article est cit par :Balard Michel, Beldiceanu Nicoara, Beldiceanu-Steinherr Irne, Dagron Gilbert, Ducellier Alain, Kaplan Michel, Richard Jean. Byzance, l'Orient chrtien et le monde turc. In: Actes des congrs de la Socit des historiens mdivistes de l'enseignement suprieur public. 20e congrs, Paris, 1989. L'histoire mdivale en France. Bilan et perspectives. pp. 331-361.Martin Jean-Marie, Noy Ghislaine. Les campagnes de l'Italie mridionale byzantine (Xe-XIe sicles). In: Mlanges de l'Ecole franaise de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 101, N2. 1989. pp. 559-596.

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    PlanMassae et condumae, associations de services. Communauts familiales. Communauts de possesseurs. Communauts de voisins. Communauts rurales des chria. Communauts des bourgs-fortifis (kastra). Communauts urbaines.