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ISEN Yncréa Ouest - 1 - Stage associatif 2018 RAPPORT DE SECOURS POPULAIRE STAGE ASSOCIATIF Alexandre THOMAS – CIR 1 STAGE

Alexandre THOMAS CIR 1

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Page 1: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 1 - Stage associatif

2018

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RAPPORT DE

SECOURS POPULAIRE

STAGE ASSOCIATIF Alexandre THOMAS – CIR 1

STAGE

Page 2: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 2 - Stage associatif

Table des matières Introduction ...................................................................................................................................... 3

Le Secours Populaire ........................................................................................................................ 4

Historique ..................................................................................................................................... 4

Le Secours Populaire aujourd’hui................................................................................................. 5

L’organisation ........................................................................................................................... 5

Les actions ................................................................................................................................ 6

La fédération d’Ille-et-Vilaine ................................................................................................... 6

Le stage associatif ............................................................................................................................. 7

Les missions effectuées ................................................................................................................ 7

La réception (8h) ...................................................................................................................... 7

Le Village Pop (12h) .................................................................................................................. 8

L’accueil (2h en observation) ................................................................................................... 9

L’accueil donateur (4h)............................................................................................................. 9

Le tri des jouets (6h) ............................................................................................................... 10

Le tri des vêtements (2h) ....................................................................................................... 10

Le libre-service alimentaire (30h) .......................................................................................... 11

Le stage en général ..................................................................................................................... 15

Les bénévoles rencontrées ..................................................................................................... 15

La philosophie du SPF ............................................................................................................. 15

Retour sur expérience ................................................................................................................ 16

Les points positifs ................................................................................................................... 16

Les points négatifs .................................................................................................................. 16

Analyse sociale ............................................................................................................................... 17

Introduction ................................................................................................................................ 17

Des comportements variés due à une situation critique ........................................................... 17

De la honte au droit ............................................................................................................... 17

L’éloignement de la société ................................................................................................... 18

Conclusion .............................................................................................................................. 18

La relation asymétrique entre le bénévole et le bénéficiaire .................................................... 18

L’iniquité des bénévoles ......................................................................................................... 18

La réduction du bénéficiaire .................................................................................................. 19

Conclusion .............................................................................................................................. 20

Des cas particuliers à relativiser ................................................................................................. 20

Conclusion de l’analyse .............................................................................................................. 21

Conclusion générale ....................................................................................................................... 22

Bilan technique ........................................................................................................................... 22

Bilan personnel ........................................................................................................................... 22

Pour finir ..................................................................................................................................... 23

Page 3: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 3 - Stage associatif

Introduction Dans le cadre de nos études, nous devons réaliser un stage associatif de 70 heures. Ce stage a

pour objectif de nous faire travailler et découvrir le monde professionnel sans argent en jeu. De

plus, cela doit permettre de développer nos capacités humaines et sociales en étant « en bas de

l’échelle ». Je voulais réaliser ce stage dans une association caritative afin d’aider les plus

démunis. J’ai donc contacté le Secours Populaire qui a accepté de me prendre en stage. Ce

dernier fut réalisé pendant deux semaines consécutives entre le 2 et le 13 juillet 2018 à Rennes.

Tout d’abord, nous verrons les actions réalisées par le Secours Populaire. Ensuite seront décrites

les missions que j’ai effectuées au cours de ces deux semaines. Enfin j’expliquerai les analyses

sociales et humaines que j’ai pu tirer de ce stage.

Page 4: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 4 - Stage associatif

Le Secours Populaire Historique

1923 – 1936 : Le Secours rouge international

Après la première guerre mondiale, la France est dévastée et meurtrie.

Des millions de civils ont été victimes des combats et des destructions.

C’est dans ce contexte que des militants communistes créent en 1923 le

« Secours rouge international ». L’association s’intéresse du sort des

bagnards, des militants anticolonialistes et des ouvriers licenciés. Dès

cette période, l’association développe des activités sociales destinées

aux enfants démunis comme des colonies de vacances ou des aides

pour les enfants de chômeurs.

1936 – 1945 : Le Secours Populaire de France et des colonies

A la faveur du Front populaire et dans l’intention de s’ouvrir plus largement à la société civile,

l’association change de nom pour devenir le Secours Populaire de France et des colonies en

1936. En 1938, le slogan « Tout ce qui est humain est nôtre » devient la devise de l’association.

Celui-ci est toujours en vigueur aujourd’hui. L’association dénonce les conditions de vie des

natifs des colonies, apporte de l’aide aux populations réfugiées en France et organise l’aide à

l’Espagne républicaine.

Malgré son interdiction pendant l’Occupation, l’association poursuit ses actions de solidarités.

Elle se réorganise dans le Paris de la Libération et envoie dès décembre 1944 des enfants en

vacances.

Affiche du Secours rouge international

Devise du Secours Populaire depuis 1938

Page 5: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 5 - Stage associatif

Depuis 1945 : Le Secours Populaire Français

Le Secours Populaire Français nait en 1945 de la fusion du Secours

Populaire de France et des colonies et de l’Association nationale des

victimes du nazisme (ANVN). L’association vient en aide aux victimes des

guerres coloniales de Madagascar, d’Indochine, du Vietnam et d’Algérie.

Dès 1950 la notion de solidarité s’élargit : elle est désormais morale et

matérielle. Suivront de nombreuses actions en France et dans le monde,

offrant de l’aide aux personnes les plus démunies.

Le Secours Populaire aujourd’hui

L’organisation En 2017, l’association a aidé 3,3 millions de personnes grâce aux 80 000 bénévoles, 600

employés et 1,1 million de donateurs. Avec un budget de 351 millions d’euros, le SPF est la

troisième association en terme du budget derrière la Croix-Rouge française et le Secours

Catholique.

Le Secours Populaire est un mouvement décentralisé qui s’organise pour agir au plus près des

besoins. Un grand nombre de comités animent un réseau de permanences d’accueil et de

structures locales. Les fédérations, au niveau départemental, assurent un rôle de soutient,

d’impulsion et de lien avec l’association nationale. L’Union regroupe l’ensemble de ces

structures. Cette décentralisation permet aux antennes locales d’avoir un plus grand pouvoir et

ainsi d’adapter les aides à la situation.

Affiche du mouvement d’enfant Copain du Monde en 1992

Source et emploi des ressources financière en 2017

Page 6: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 6 - Stage associatif

Les actions Le Secours Populaire intervient dans des domaines variés : aide alimentaire, aide vestimentaire

et matérielle, accès aux droits et aide juridique, accès aux soins, accès à la culture et loisirs,

accompagnement scolaire, insertion sociale.

Dans le monde, l’association en partenariat avec d’autres agit lors de catastrophes tel que des

séismes ou des famines. De plus, le Secours Populaire

et ses partenaires financent la construction

d’infrastructure permettant l’accès à l’eau, l’énergie

et la scolarisation des enfants dans des pays

défavorisés comme le Bénin ou l’Ethiopie.

La fédération d’Ille-et-Vilaine La structure Rennaise fait partie de la fédération d’Ille-et-Vilaine avec Redon, Fougère et Saint-

Malo. Cependant, la majorité des activités se concentrent sur Rennes. Trois personnes sont

salariées, dont deux à plein temps pour la gestion des quatre structures du département.

La fédération d’Ille-et-Vilaine c’est 712 000€ de produits en 2016 provenant principalement

d’initiatives (35%), des dons (31%) et des subventions (15%). Les charges représentent 688 000€

et sont dues principalement à l’achat de marchandise (27%).

En 2016, la fédération a aidé 13 000 personnes, en partie grâce aux 9000 donateurs. De plus, le

bénévolat représente l’équivalent de 23,5 salariés à plein temps. L’aide la plus demandée est

l’aide Alimentaire qui concerne 13 000 personnes. Vient ensuite l’aide vestimentaire avec 4000

bénéficiaires. Le détail des aides est disponible ci-dessous.

Nombre de personnes aidées Aide

13 000 Alimentaire

4 000 Vestimentaire

235 Soutient ou accompagnement juridique

460 Accès à la culture et aux loisirs

445 Accès et maintien dans le logement

440 Accompagnement scolaire ou action contre l’illettrisme

290 Accès aux sports

150 Insertion sociale et accompagnement vers l’emploi

85 Accès aux soins, aux droits de santé et à la prévention Détails des différentes aides apportées par la fédération d’Ille-et-Vilaine en 2016

Le Secours Populaire auprès des réfugiés syriens en février 2013

Page 7: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 7 - Stage associatif

Le stage associatif

Les missions effectuées L’objectif de ce stage était d’effectuer différentes missions au sein de l’antenne Rennaise du

Secours Populaire. Celles-ci avaient pour but la découverte des différents travaux effectués par

les bénévoles. En raison de la période estivale, certains bénévoles étaient absents. Cela posait

problème notamment à l’alimentaire. En accord avec mon maître de stage, j’allais donc

régulièrement aux postes qui nécessitaient de l’aide immédiate plutôt qu’aux missions

planifiées. J’ai pu ainsi passer beaucoup de temps au libre-service mais peu aux jouets ou aux

vêtements.

La réception (8h) La réception accueille les personnes se présentant au Secours Populaire. Le but est de s’assurer

que la personne qui se présente peut être aider. Le bénéficiaire explique ce dont il a besoin et le

bénévole vérifie qu’il possède les papiers nécessaires. Ce premier tri permet de ne pas faire

patienter inutilement des personnes qui n’auraient pas tous les documents. Celles pouvant être

reçues attendent ensuite au Village Pop.

Après avoir passé une heure en observation, j’ai

pu prendre la place du réceptionniste en restant

sous la supervision de la bénévole. Certains cas se

traitent rapidement, tandis que d’autres prennent

plus de temps. Cela dépend de la raison qui amène

la personne, des justificatifs qu’elle a, si c’est sa

première visite ou si elle est déjà venue.

La principale difficulté rencontrée est la barrière

du langage. Beaucoup de gens ne parlent ni

français ni anglais. Selon la personne, des moyens

différents sont utilisés pour se faire comprendre.

Certaines utilisent Google Traduction, d’autres se font comprendre avec des gestes ou bien

viennent accompagnées d’une personne qui sert de traducteur.

Le cas qui m’a le plus marqué est celui d’une jeune fille qui entrait en 5ème. Elle était venue pour

obtenir des fournitures scolaires avec son père qui ne parlait pas français. Elle a fait preuve

d’une grande maturité et faisait les démarches elle-même. J’ai pu revoir à plusieurs reprises

cette situation où des personnes venaient avec leurs enfants pour se faire comprendre. Ces

Réception de l’antenne Rennaise

Page 8: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 8 - Stage associatif

enfants ont la chance d’aller à l’école en France et donc d’apprendre le français. Cependant ils

doivent faire preuve d’une grande maturité pour leur âge. En effet, leur famille s’appuie

beaucoup sur eux pour les démarches en France.

Le Village Pop (12h) Le Village Pop est la salle d’attente. Lorsqu’il y a du monde, les bénéficiaires peuvent attendre

plus d’une heure avant d’être reçus, d’où l’intérêt de cette salle où ils peuvent s’assoir pour

patienter. On leur propose des boissons chaudes (thé ou café). Lorsque les magasins envoient

des produits comme des gâteaux ou des jus de fruits, ceux-ci sont aussi proposés. La salle

dispose de jeux pour les enfants. De plus, deux ordinateurs sont à disposition. La majorité des

bénéficiaires n’ont pas d’accès à Internet. Or aujourd’hui, de plus en plus de démarches se font

en ligne. Les bénéficiaires ont parfois besoin d’imprimer des attestations, notamment de la

Caisse d’Allocation Familiale d’où l’intérêt de ces ordinateurs.

De mon point de vue, ce poste est clairement l’un des plus simple. En début de journée, il faut

préparer du café et disposer des assiettes de gâteaux sur les tables. Ensuite, il suffit d’accueillir

les gens qui arrivent en leur proposant une boisson. Parfois, certains demandent de l’aide pour

l’utilisation des ordinateurs. Hormis lorsqu’il y a vraiment beaucoup de monde, ce poste est

plutôt calme. La plupart des gens sont polis et il suffit simplement d’attendre qu’une personne

arrive, lui dire bonjour et lui proposer quelque chose.

Salle d’attente, aussi appelée Village Pop.

Page 9: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 9 - Stage associatif

Un des bureaux utilisé pour l’accueil

L’accueil (2h en observation) Après avoir attendu en salle d’attente, le

bénéficiaire est reçu à l’accueil dans un cadre

privé. Si la personne n’est jamais venue, un

dossier est créé sur le service du Secours

Populaire. Ce dossier regroupe plusieurs

informations notamment le nombre de

personne à charge, les revenus et les charges

de la famille. A chaque fois que la personne

revient, ces informations sont mises à jour.

La grande majorité des personnes venant à

l’accueil demande une aide alimentaire. Cela

se traduit par un carnet avec un certains nombre de points. Ce carnet permet de prendre de la

nourriture au libre-service, son fonctionnement sera détaillé plus bas. En fonction de différents

critères (revenus, charges, nombre de personnes dans la famille), le bénéficiaire a le droit à un

carnet avec un nombre de point précis. Par exemple, pour le même revenu et les mêmes

charges, une famille de 3 personnes aura le droit à plus de points qu’une personne seule.

L’accueil demandant beaucoup de connaissances administratives, je n’ai passé que peu de

temps à ce poste et uniquement en observation. On retrouve les mêmes difficultés qu’à la

réception à savoir notamment la barrière de la langue. C’est très compliqué de demander à des

gens qui ne parlent pas français des factures ou des justificatifs.

En deux heures, j’ai vu 4 personnes différentes en étant à ce poste et elles étaient toutes à la

fois reconnaissantes pour l’aide apportée mais aussi dépitées d’y avoir recours, surtout celles

qui n’étaient jamais venues.

L’accueil donateur (4h) A ce poste, on récupère les dons matériels que font les gens au Secours Populaire. Les dons sont

rangés et stockés. Les jouets et les vêtements sont mis à part pour y être vérifiés. La difficulté de

ce poste est variable et dépend du nombre de personnes à gérer. Lorsqu’il n’y a pas beaucoup

de monde, on passe la plupart du temps à attendre. En revanche, quand beaucoup de gens

arrivent en même temps, il faut se dépêcher pour ne pas encombrer le passage et ne pas faire

attendre les donateurs.

Page 10: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 10 - Stage associatif

Jouets reçus en attente de vérification

Le tri des jouets (6h) Ici, on reçoit tous les jouets donnés. Les bénévoles les

trient, vérifient qu’ils fonctionnent et qu’ils sont en bon

état. La plupart des peluches sont données gratuitement car

il y en a beaucoup. Le reste des jouets est mis en vente à un

prix très faible, de l’ordre de quelques euros.

Il n’y a pas vraiment de difficultés ici, c’est un poste qui

n’est pas du tout prioritaire. En effet, ce n’est pas grave si

les jouets s’accumulent. Pour cette raison, je passais

rarement plus d’une heure et demie à ce poste avant de que

l’on me demande d’aller à l’alimentaire.

Le tri des vêtements (2h) Comme pour les jouets, les vêtements sont triés et rangés.

Seuls les habits sans tâches et pas trop démodés sont gardés.

Ils sont ensuite triés en fonction de la taille et du sexe. Ceux

qui ne peuvent pas être vendus sont donnés à l’association

« Le Relais » qui collecte et recycle le textile. Cela permet de

donner une nouvelle vie à ces vêtements. Environ 15% des

vêtements donnés au Secours Populaire vont au Relais.

Tous les objets donnés au secours populaire (meubles, jouets,

vêtements, …) sont ensuite remis à la vente. Rien n’est gratuit

mais le prix fixé est très bas. Les bénéficiaires peuvent acheter

ces objets. Cela permet aux personnes les plus pauvres d’avoir

quand mêmes quelques vêtements, des jouets pour les enfants

ou des meubles.

Ces trois derniers postes étaient de mon point de vue les moins intéressants. Bien que plutôt

calme, ils étaient plutôt ennuyants. J’ai largement préféré les autres postes où j’étais en contact

avec des gens et où il se passait quelque chose. Ce sentiment est renforcé par le fait que j’ai

passé une partie du temps seul à ces postes, sans aucun n’autre bénévole. Il m’est donc arrivé

de passer une heure, seul à trier des jouets et compter le nombre de pièces d’un puzzle dans le

fond du hangar.

Vêtements donnés et non triés

Vêtements triés, prêts à être achetés

Page 11: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 11 - Stage associatif

Réception de l’alimentaire

Le libre-service alimentaire (30h)

Le fonctionnement du libre-service

Lorsqu’un bénéficiaire demande une aide alimentaire, il est reçu à l’accueil et le bénévole lui

donne un carnet. Ce carnet contient des points roses et bleus. Chaque produit possède un prix

en points. Par exemple, un paquet de sucre coûte 3 points tandis que les pâtes c’est 1 point

pour deux paquets. Les points roses correspondent aux produits secs et les bleus aux produits

frais. A chaque fois que le bénéficiaire vient, le bénévole lui enlève donc un certain nombre de

points en fonction des achats.

Chaque bénéficiaire a le droit de venir une fois par mois. Le

carnet est valable trois mois et n’est pas renouvelable avant la

fin. Cela implique que le bénéficiaire doit bien répartir ses

dépenses de points pour ne pas se retrouver avec trop ou pas

assez de point le 3ème mois. Les personnes n’ayant pas de

moyen de conservation peuvent revenir une fois par semaine

mais n’ont pas plus de points.

Les activités

La plupart des produits secs ou en boite (sucre, pâtes, thon, …) sont emballés dans des cartons

sur des palettes. Avant l’arrivée des bénéficiaires, les produits sont déballés et disposés sur les

étagères. De plus, depuis la loi du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage

alimentaire, les magasins sont obligés de donnés leurs invendus. Des cargaisons de produits,

majoritairement frais, sont réceptionnées tous les jours.

Lorsque la distribution commence, chaque bénévole prend un poste. L’un est à l’accueil de

l’alimentaire, il se charge de prendre les rendez-vous du mois prochain pour chaque

bénéficiaire. Il fait aussi entrer les personnes une par une. Le

nombre de personne à l’intérieur du libre-service est limité

pour ne pas déborder les bénévoles. Trois autres personnes

s’occupent respectivement des produits secs, des produits

frais et des légumes. Les bénévoles au sec et au frais

comptent les points et les retirent du carnet. Les légumes ont

un règlement particulier.

Stock des produits secs

Page 12: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 12 - Stage associatif

Fruits & légumes disponibles. Photos prises à un jour d’intervalle

Si une personne veut des légumes, elle paye un certain prix. Après ça, elle peut prendre autant

de produit qu’elle veut. Cela est théorique, le but est d’être équitable. On limite le nombre

maximum pour les produits qui sont très demandés pour que chacun puisse en avoir. Le prix

pour prendre des légumes est assez faible et dépend de la quantité de produits disponibles.

Quand il n’y a pas beaucoup de produits c’est gratuit mais ça peut aller jusqu’à deux points

lorsqu’il y a du choix.

Mon expérience

Compter les points au sec ou au frais n’était pas très difficile, on connait rapidement le prix de

chaque produit. La plupart des bénéficiaires connaissent déjà le système. Le plus compliqué

c’est d’expliquer aux nouveaux le système avec les points roses, les points bleus, le carnet

valable trois mois, etc. Personnellement je n’ai pas constaté de tentative de vol, ni même de

personne qui essaient de négocier pour avoir plus de produits.

J’ai passé la majorité de mon temps aux rayon légumes, environ 24 heures. De mon point de

vue, ce poste était l’un des plus difficile mais aussi l’un des plus intéressants. La première

difficulté vient de la gestion des stocks. On ne sait jamais ce qu’on va recevoir le lendemain. Il

est arrivé à plusieurs reprises pendant mon stage qu’un jour je limite le nombre de citrons à 3

par personne car il n’y en avait pas beaucoup et que le lendemain j’en donne une trentaine.

Comme on peut le voir sur les photos, la quantité de produit varie beaucoup d’un jour à l’autre.

Un autre problème qui s’ajoute à cela c’est le pourrissement des légumes. Cela ne sert à rien de

garder des produits s’ils ne sont plus consommables le lendemain. Il faut donc en donner un

maximum avant qu’ils ne soient plus comestibles. Un exemple frappant est lorsqu’un magasin a

donné une palette entière d’abricots. Ces fruits sont très demandés, le problème est qu’ils

pourrissent vite surtout en plein milieu de l’été. Ce jour-là, j’ai donc donné 4 ou 5 cagettes

pleine d’abricots à des bénéficiaires.

Page 13: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 13 - Stage associatif

La gestion de l’équité n’est pas la seule difficulté. Les légumes sont reçus et disposés dans des

cagettes qui sont empilées. Quand on distribue les produits, les cagettes se vident et il faut donc

aller les jeter. Il faut ensuite jeter les produits qui ont commencés à pourrir dans la cagette du

dessous. Parfois les magasins envoient de grandes quantités d’un certain produit. Pendant ma

première semaine on a reçu une quarantaine de cagettes de courgettes. Une semaine plus tard

il en restait encore et que je me suis trouvé à jeter les trois quarts des courgettes de chaque

cagette car elles commençaient à pourrir. S’ajoute à cela, les différences de comportement des

bénéficiaires. Tandis que certains ne voudront que les légumes en parfait état, d’autres

accepteront d’en avoir un peu abimés.

Enfin, la dernière difficulté est la réception des produits. Lorsque les magasins donnent, parfois

on reçoit des caisses qui contiennent de tout et rien n’est trié. Certains produits sont déjà

pourris avant même d’arriver au Secours Populaire. Toutes ces difficultés sont gérables quand

elles surviennent séparément. Il n’est pas difficile de jeter des cagettes vide, d’enlever des fruits

pourris et d’essayer de satisfaire au mieux le bénéficiaire. Ce qui rend ce poste épuisant certains

jours c’est l’addition de toutes les tâches simultanément. Quand il y a beaucoup de monde, il

faut servir rapidement et en même temps disposer et trier les produits envoyés par le magasin.

Le manque de bénévoles pendant l’été se faisait ressentir. Cependant, ce n’était pas aussi

difficile tous les jours. En effet, moins on reçoit de produit, moins on en a à jeter et les gens font

la queue moins longtemps. Selon les jours, je pouvais passer mon après-midi à courir ou au

contraire à attendre.

Les comportements constatés

C’est aux fruits et légumes que j’ai pu constater le plus de comportements inappropriés. En

effet, les bénéficiaires savent qu’ils ne peuvent pas négocier au sec ou au frais. Les produits

coutent un certain nombre de points et ce n’est pas négociable. De plus, des quantités

maximums sont fixés pour que certains ne prennent pas trop d’un produit en particulier. En

revanche au rayon légumes, les quantités maximums sont plus arbitraires. C’est le bénévole qui

les fixe pour essayer de faire une distribution équitable.

Le premier manque de civilité est que certaines personnes touchent les produits. Pour des

raisons sanitaires, le bénévole aux légumes porte des gants pour servir les bénéficiaires. Ils ne

doivent pas se servir eux-mêmes. Mais, même après leur avoir répéter plusieurs fois qu’ils ne

devaient pas toucher les produits, ils continuaient à le faire.

D’autres n’hésitaient pas à se servir discrètement et ranger les produits dans leur sac. Lorsqu’il y

a beaucoup de monde, chacun fait la queue. Il arrivait que des gens se servent eux même

directement pendant que je ne regardais pas et qu’une fois que c’était à eux d’être servis,

redemandent le même produit pour en avoir plus.

Page 14: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 14 - Stage associatif

Produits que je ne m’attendais pas à trouver dans un libre-service associatif.

Le cas le plus constaté est la tentative de négociation pour en avoir plus. Généralement je

donnais autant du même produit a chacun pour plus d’équité. Si une personne m’en demandait

plus et qu’il restait encore assez de ce produit, j’acceptais. Le but n’est pas d’être rigide.

Certains bénéficiaires ont de grandes familles à nourrir. Les gens qui demandaient poliment si

c’était possible d’en avoir plus, si je pouvais je donnais, sinon je refusais et la plupart

comprenait. Cependant, certains même après avoir reçus plus que les autres continuaient de

négocier, allant jusqu’à se servir d’eux-mêmes en partant.

Malgré cela, la majorité des bénéficiaires étaient polis et respectueux, le nombre de

comportement inappropriés est très faible par rapport au nombre de personnes servis.

Ce qui m’a surpris

En commençant l’alimentaire, je m’attendais à être beaucoup plus dans une relation

bénéficiaire/bénévole, où j’allais distribuer aux gens. A ma grande surprise, les gens sont plus

des clients que des bénéficiaires. Ils choisissent leurs produits et paient (avec des points). Cela

donne plus l’impression d’être dans un magasin.

Un autre fait qui m’a étonné est le mode de consommation de ces personnes. En effet, je

m’attendais à ce qu’ils favorisent les produits coutant le moins de points ou les plus nourrissants

comme les pates ou le riz. Cependant, lorsque les magasins donnent des produits comme des

gâteaux ou des bonbons, ceux-ci partent très vite. En fait, le mode de consommation de

beaucoup est très proche de celui d’un européen.

Page 15: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 15 - Stage associatif

Le stage en général

Les bénévoles rencontrées Lors de mes deux semaines, j’ai eu l’occasion de travailler avec plein de bénévoles différents. La

plupart ne sont là qu’une journée ou qu’une demi-journée par semaine. C’était très enrichissant

car chaque personne appréhende son bénévolat d’une manière différente. Or cela à un impact

direct sur la manière dont sont aidés les bénéficiaires. Certains auront tendances à donner plus

si possible tandis que d’autres seront inflexibles sur les règles. Cet aspect reviendra dans la

partie Analyse de ce rapport.

De plus, la grande majorité des bénévoles que j’ai rencontrés étaient retraités. En parlant avec

la responsable j’ai pu comprendre pourquoi. La première

raison qui vient est simple, ces personnes étant à la

retraite, ont le temps de faire du bénévolat. Cependant,

cela n’explique pas tout car ça impliquerait que seuls les

retraités font du bénévolat. En fait, les responsables ont

besoins de gens qui soient là régulièrement. Il est

impensable de gérer une organisation avec 200

bénévoles si les présences varient en permanence. Les

autres volontaires, notamment les jeunes sont envoyés

sur des opérations ponctuelles pour récolter des fonds ou

participer à des activités.

Enfin, j’ai pu rencontrer des personnes qui étaient à la fois bénéficiaires et bénévoles. Parmi les

bénéficiaires, beaucoup n’ont pas de travail ou un travail à mi-temps. Certains choisissent de

devenir bénévoles au Secours Populaire. L’avantage qu’ils ont sur les autres c’est qu’ils peuvent

venir une fois par semaine au libre-service. Ils n’ont cependant pas plus de points. C’est

intéressant pour eux, ils ne sont pas isolés, s’améliorent en français et reçoivent de l’aide sans

être passifs.

La philosophie du SPF Depuis mars 2007 et la promulgation de la loi 2017-290, l’état à l’obligation de garantir le droit

au logement de toute personne résidant sur le territoire. Cette loi s’applique que la personne

soit française ou non. Cependant les pouvoirs publics ne sont pas en mesure d’y répondre c’est

pourquoi le SPF et d’autres associations viennent en soutient. L’association agit uniquement sur

les conséquences et non les causes. Le but est d’aider directement ceux qui n’ont rien et pas de

résoudre les causes que ce soit un licenciement, la guerre civile en Syrie ou la situation en

Afrique Centrale.

Bénévoles aux Secours Populaire depuis plusieurs années.

Page 16: Alexandre THOMAS CIR 1

ISEN Yncréa Ouest - 16 - Stage associatif

La responsable m’a expliqué que le Secours Populaire n’a pas vocation à faire le devoir des

pouvoirs publics. L’antenne rennaise aide environ 1000 personnes de plus chaque année et

l’État doit faire face à ses responsabilités.

Retour sur expérience

Les points positifs L’aspect qui m’a le plus intéressé dans ce stage est la partie relationnelle. J’ai eu l’occasion de

travailler avec des bénévoles très gentils qui m’expliquaient tout ce qu’il y avait à savoir. De

plus, les échanges avec ces personnes étaient instructifs car les bénévoles font généralement ça

depuis longtemps. Certains bénéficiaires étaient eux aussi très agréables même si j’ai rarement

eu le temps de discuter avec eux. Ce fut vraiment intéressant de travailler dans ce cadre.

Les missions effectuées durant ces deux semaines étaient aussi profitables. Trier des vêtements

ou donner des légumes sont des tâches beaucoup plus concrètes que la programmation ou les

mathématiques. De plus, ce stage était l’occasion de faire des activités plutôt manuelles que je

n’aurais probablement pas dans mon futur travail. Enfin, cela montre que je possède d’autres

compétences que celles acquises durant mes études.

Le dernier point qui m’a passionné était de voir le fonctionnement de ce genre d’association. On

espère tous ne jamais avoir besoin d’une association caritative pour nous venir en aide.

Cependant, certaines personnes n’ont pas d’autres choix et ont besoin des autres pour les

soutenir. Voir des bénévoles toujours aussi motivés, certains faisant ça depuis 20 ans était

passionnant.

Les points négatifs Tout d’abord, une partie des tâches est ennuyante comme le tri des jouets. Il m’arrivait de me

retrouver seul dans le fond du bâtiment à trier ce que les gens avaient donné.

Ensuite, toutes les activités que j’ai effectuées, que ce soit le tri des vêtements, l’accueil des

gens ou le libre-service étaient faisable par n’importe qui. Cela ne demandait pas de

compétence particulière. J’ai trouvé dommage de ne pouvoir apporter mes connaissances et

mes compétences dans ce stage, en informatique par exemple.

Enfin, en deux semaines j’ai aussi rencontré quelques personnes désagréables. Il y en a très peu

par rapport au nombre de personne que l’on aide. Cependant, leur comportement ne donne

pas envie de les servir et pourrait décourager des gens se lançant dans le bénévolat.

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ISEN Yncréa Ouest - 17 - Stage associatif

Analyse sociale

Introduction Lors de ces deux semaines, j’ai pu constater que le bénévolat n’est simple. Il faut essayer d’être

équitable au maximum pour que tout le monde reçoit la même aide. De plus le Secours

Populaire est une association caritative, des gens viennent pour être aider. Il est donc facile de

considérer la personne à son unique situation, de la voir d’abord comme un bénéficiaire avant

de la voir comme une personne. Tout cela à un impact sur les bénévoles et les bénéficiaires. On

rencontre certains bénéficiaires avec des comportements très mauvais. En étudiant quels sont

ces comportements, nous essaieront de comprendre quelles en sont les causes. Nous verrons

tout d’abord que ces comportements peuvent être expliqués par la situation parfois critique des

bénéficiaires. Ensuite, nous chercherons à comprendre pourquoi le bénévole à lui aussi une part

de responsabilité dans ces situations.

Des comportements variés due à une situation critique

De la honte au droit La plupart des bénéficiaires sont dans des situations critiques. Certains n’ont pas de domicile,

d’autres en ont mais n’ont pas ou peu de revenus. Ces personnes n’ont pas d’autres choix que

de demander de l’aide à des associations comme le Secours Populaire. Cela n’est pas forcément

simple pour tout le monde. Pour certains, avoir recours à une association signifie qu’on a raté sa

vie, que l’on n’est pas capable de s’en sortir tout seul. Y être obligé peut être perçu comme

honteux. Ce sentiment de honte peut se matérialiser sous la forme de mauvais comportements

à l’égard des bénévoles comme être agressif ou tenter de négocier pour avoir des produits

gratuitement. En effet, si un produit est gratuit alors ce sentiment d’être redevable est moindre.

Cela dépend aussi beaucoup de la culture du bénéficiaire. Certains seront très gênés et

embarrassés d’avoir recours à une association tandis que d’autres non.

A l’opposer, on retrouve des personnes qui considèrent comme un droit l’aide des associations

caritatives. Elles voient ces associations comme quelque chose de normal, au même titre que

les aides de l’Etat. Cela est problématique car les bénévoles ne sont plus ceux qui aident mais

ceux qui font leur travail. Pour ces personnes, il est inconcevable qu’elles n’aient pas ce qu’elles

désirent puisque les bénévoles sont là pour ça. Ce genre de situation est assez courante lorsque

le bénéficiaire qui vient depuis longtemps commence à considérer l’aide qu’il reçoit comme un

dû.

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ISEN Yncréa Ouest - 18 - Stage associatif

L’éloignement de la société Enfin, il peut y avoir une autre explication des comportements dû à la situation des

bénéficiaires. Parmi eux, certains ont des parcours très difficiles, ils ont pu être à l’écart de la

société pendant longtemps. Or tous les codes sociaux qui nous semblent basiques comme la

politesse ou le respect peuvent ne plus l’être plus pour ces personnes. De la même manière,

même s’il nous semble évident de partager le plus équitablement possible les produits entre les

bénéficiaires, ce n’est pas leur point de vue. Cela ne veut pas dire qu’ils ne se préoccupent pas

des autres, mais qu’ils font passer leur situation avant tout. Leur but est uniquement de vivre au

mieux et de passer le mois ou la semaine en ayant quelque chose à manger. Cela peut conduire

à des situations ou le bénéficiaire peut être tenté de voler.

Conclusion Dans cette partie, nous avons constaté que les comportements parfois mauvais des

bénéficiaires n’est pas forcément dut à la personne en elle-même mais plutôt à leur situation

qui les pousse à agir de la sorte. Cependant, il est intéressant de constater que les bénévoles

peuvent aussi avoir leur part de responsabilité dans ces comportements.

La relation asymétrique entre le bénévole et le bénéficiaire

L’iniquité des bénévoles Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler que les bénévoles doivent normalement être

parfaitement équitable et donner la même quantité à chaque personne. Cependant, cela est

compliqué, nous sommes humains et nous avons tendance à plus aider ceux qui nous inspire de

la pitié. Un exemple flagrant est arrivé pendant mon stage. Une jeune fille qui devait avoir une

vingtaine d’années et qui parlait parfaitement français se présente. Elle n’était jamais venue,

elle était stressée et complètement paniquée sur son nombre de points à utiliser. La bénévole

du frais a donné plus que ce dont elle avait le droit et n’a pas compté tous les points. Moi-même

aux légumes je lui ai donné un peu plus. Le fait qu’elle parle français et qu’elle avait mon âge

fait probablement que j’ai été plus compatissant. La personne était gentille, polie et

extrêmement reconnaissante. Cet exemple est flagrant, les bénévoles ont tendance à donner

plus à certains et moins à d’autres et cela en se basant uniquement sur des critères arbitraires.

Cependant, cela est problématique car ce n’est plus équitable. En théorie, chaque bénéficiaire

doit recevoir autant, qu’importe le bénévole et qu’importe son comportement. D’abord, cela

signifie que la quantité de produit qu’un bénéficiaire pourra avoir ne dépend pas uniquement

des donations des magasins qui peuvent beaucoup varier d’un jour à l’autre, mais aussi de quel

bénévole est en face de lui. Si le bénévole est un peu plus souple avec les règles, le bénéficiaire

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ISEN Yncréa Ouest - 19 - Stage associatif

peut espérer recevoir davantage de produits. De plus, cela montre que les bénévoles ont un

certain pouvoir sur les bénéficiaires. Ils peuvent choisir de donner plus ou moins. Le problème

est que ce pouvoir est intrinsèque à la fonction mais aussi illégitime puisque les produits

n’appartiennent pas plus au bénévole qu’au bénéficiaire. Ce pouvoir que possède le bénévole

peut être source de tension. La quantité de nourriture disponible varie beaucoup en fonction

des jours et cela peut être vécu comme une injustice. Certains jours, les légumes se limitent à de

la salade, des courgettes et des radis tandis que le lendemain, plein de produits différents sont

disponibles. Déjà que la quantité de produit varie en fonction des magasins, si en plus elle varie

en fonction du bénéficiaire, cela devient vraiment compliqué pour les bénéficiaires. Ce pouvoir

que possède le bénévole peut être une explication des tentatives de vol mais aussi des

comportements irrespectueux de personnes ne comprenant pas pourquoi cette fois ils ont eu

moins de denrées que la fois précédente. Les bénévoles font du mieux pour être le plus

équitable mais l’exemple que j’ai vécu avec la jeune fille montre que ce n’est pas si simple. Ces

inégalités se ressentent surtout au frais et aux légumes où les quantités changent chaque jour et

ou les bénévoles choisissent eux même les quantités à donner.

La réduction du bénéficiaire Un autre point qui peut pousser à l’agacement des bénéficiaires, et donc à des mauvais

comportements est la vision du bénévole. Avec le temps, il est malheureusement possible de

réduire la personne en face à son unique situation de bénéficiaire. Cela n’est pas volontaire de

la part des bénévoles, cependant cette vision à un impact à long terme. Comme évoqué dans la

partie sur l’alimentaire, je fus surpris qu’autant de monde prennent des gâteaux et des

friandises. J’ai donc eu des préjugés à propos des bénéficiaires. En effet, logiquement le

bénéficiaire n’a pas assez d’argent pour se nourrir seul, il devrait donc prendre des pâtes car il y

en a beaucoup et ce n’est pas cher. Cependant, une personne qui voit des gâteaux et qui n’en a

pas mangé depuis longtemps va avoir tendance à les prendre.

Je voyais donc avant tout ces personnes comme des gens qui bénéficiaient de notre aide avant

de les voir comme des gens. En soit, cela n’est pas grave puisque c’est une vision des choses.

Cependant cette vision à un impact ensuite sur la manière dont on sert ces personnes. En effet,

personne ne sait mieux que le bénéficiaire ce dont il a besoin. Or si un bénéficiaire arrive pour

payer en ayant pris des friandises et que le bénévole propose, même sans méchanceté qu’il

prenne des pates ou du riz, cela peut être vécu comme infantilisant. La personne peut avoir

l’impression que le bénévole en face sait mieux qu’elle ce qu’elle droit prendre. Dans ce cas, le

bénévole est « au-dessus » du bénéficiaire et il porte un regard de jugement. Une situation

comme celle-ci peut être la cause d’irrespect.

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ISEN Yncréa Ouest - 20 - Stage associatif

Conclusion Nous avons vu que le bénévole a une part de responsabilité dans les comportements

irrespectueux de certains bénéficiaires. Ces bénévoles ne le font pas volontairement, cependant

cela montre que la manière dont ils voient et dont ils aident les bénéficiaires peuvent être mal

perçue. Le problème réside dans le fait que les bénévoles sont avant tout humains et même

avec la meilleure volonté du monde, il est impossible d’être parfaitement équitable ou

impartiale. La relation entre le bénévole et le bénéficiaire est complexe. Si elle est

déséquilibrée, l’un prend le dessus sur l’autre. Il est cependant impossible d’avoir une relation

équilibrée puisque c’est le bénévole qui donne et le bénéficiaire qui prend. Les bénévoles sont

là pour faire un travail humain, où ils essaient de comprendre et de s’adapter à la personne.

Cependant ils doivent aussi être juste. Il n’y a pas de solution miracle aux problèmes cités, le

bénévole se doit d’être à la fois le plus équitable et le plus bienveillant possible même si parfois

cela est contradictoire.

Des cas particuliers à relativiser Dans les deux parties précédentes, nous avons essayé de comprendre ce qui peut pousser

certains bénéficiaires à avoir des comportements inadéquats. Pour essayer de les comprendre,

je me suis basé sur ce que j’ai vu mais aussi sur ce que les bénévoles ont pu me raconter. En

effet, durant mon stage j’ai constaté très peu de mauvais comportement. Parmi les mauvais cas

que j’ai constaté, la plupart était juste des personnes qui n’étaient pas polis mais sans plus.

Seule une minorité de ces personnes avait des comportements vraiment qualifiables de

mauvais. De la même manière, il y a eu très peu de vol ou d’irrespect flagrant. Cela m’a intrigué

car durant les cours de formation humaine et sociale, ceux qui avait fait leur stage disaient que

beaucoup de bénéficiaires étaient irrespectueux, tentaient de voler ou d’avoir toujours plus.

Cependant, je n’ai que peu constaté ces problèmes et nous allons donc essayer de comprendre

pourquoi.

La raison de cette différence de comportement entre ce que l’on m’a raconté et ce que j’ai pu

constater vient peut-être du fait que les bénéficiaires ont moins l’impression d’être redevables.

Au Secours Populaire, rien n’est gratuit. Les prix sont extrêmement bas mais si quelqu’un veut

un vêtement ou avoir un carnet pour l’alimentaire il doit payer. Cela maintient ces bénéficiaires

dans la réalité, ils participent et ne sont pas passifs en attendant de recevoir des aides. De la

même manière, le carnet de l’alimentaire crée une sorte de monnaie. Les bénéficiaires achètent

des produits avec leur points. Selon moi, cette manière de procéder ou le bénéficiaire est le

responsabilisé est une bonne chose. Cela évite justement de se sentir réduit à la situation de

bénéficiaire. De plus, la plupart des produits ayant un prix fixe, ils savent que ce n’est pas

négociable.

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ISEN Yncréa Ouest - 21 - Stage associatif

La plupart des bénéficiaires rencontrés durant mes deux semaines étaient parfaitement polis.

Certains étaient même très reconnaissants et extrêmement gentils. Finalement, seule une

poignée de personne ont eu un comportement inadéquat. Il est important de noter que cela ne

concerne qu’une très faible partie des gens que j’ai pu rencontrer.

Conclusion de l’analyse Si l’on rencontre plus de personne avec de mauvais comportements dans les associations que

dans la société en général, il est important de se demander pourquoi. Il serait trop simple de

simplement considérer qu’ils sont ainsi sans chercher à comprendre. En se penchant sur la

question, nous avons pu montrer que ces comportements pouvaient être justifiables. Cela

n’excuse rien mais il est important de comprendre que leur situation précaire explique

beaucoup de choses. De plus, nous avons montré que malgré la bonne volonté des bénévoles,

ceux-ci pouvaient être la cause de ces comportements. Il n’y a probablement pas de solution

miracle, il est impossible d’être humain en servant de manière complètement équitable d’autres

humains. Cependant, ces comportements doivent être relativisés. La grande majorité des

personnes qui se présentent sont tout à fait respectueuses. Seulement une partie infime de ces

personnes sont irrespectueuses et cela peut être explicable par la situation dans laquelle elles

sont. Tout n’est pas excusable mais il important de comprendre l’origine de ces comportements

pour voir comment les aider au mieux.

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ISEN Yncréa Ouest - 22 - Stage associatif

Conclusion générale

Bilan technique Les différentes missions effectuées durant ces deux semaines de stage m’ont permis d’acquérir

des compétences très variées. Lorsque j’étais aux rayon légumes, j’ai appris à gérer au mieux un

stock et à le répartir entre les personnes. Cela n’est pas simple avec tous les paramètres à

prendre en compte. Pendant que j’étais au Village Pop j’ai dû apprendre à préparer le café et

accueillir des gens. Ce n’est pas compliqué mais il faut montrer que l’on est disponible sans être

intrusif.

Enfin, ce qui je pense m’a été le plus utile d’un point de vue technique est l’autonomie. Bien que

la responsable m’attribuait des missions par demie journée, je disposais d’une certaine liberté.

Si besoin je décidais moi-même d’aller là ou c’était le plus nécessaire comme au service

alimentaire. Lorsqu’il y avait beaucoup de monde, il fallait se débrouiller seul et ne pas attendre

qu’on me demande quelque chose pour le faire. Dans ce genre d’association, chaque bénévole

dispose d’une grande autonomie et cela fut bénéfique.

Bilan personnel Sur le plan personnel, voir le fonctionnement de ce genre d’association fut très intéressant.

N’ayant jamais fait de bénévolat, découvrir ce monde que je ne connaissais pas m’a permis

d’avoir une meilleure compréhension du monde dans lequel on vit. Différents cas qui m’ont

marqué comme cette fille en 5ème qui s’occupaient elle-même des fournitures, ou cette

bénévole qui avait 11 ans et que sa mère déposait le matin. Voir tout cela fut enrichissant et j’ai

beaucoup appris sur un monde dont j’ignorais complètement le fonctionnement. De plus

l’analyse sociale que j’ai pu tirer de cette expérience montre qu’il faut parfois essayer de

comprendre les autres pour les aider au mieux. Toutes ces rencontres que j’ai pu faire sont

probablement ce qui fut le plus intéressant et c’est principalement ce que je retiens de ces deux

semaines.

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ISEN Yncréa Ouest - 23 - Stage associatif

Pour finir Ces deux semaines de stage associatif furent pleines de découverte et d’apprentissage, autant

sur le plan technique qu’humain. Cela fut une expérience enrichissante que je ne regrette pas.

Professionnellement, avoir effectué ce stage m’apporte quelque chose en plus sur mon

curriculum vitae. Etre en bas de l’échelle et apprendre à être autonome me seront

probablement utile dans mon futur emploi. Mis à part des petits moments moins intéressants et

quelques personnes rencontrées pas toujours agréables, je garde un très bon souvenir de ce

stage. Je remercie particulièrement Mme Jouannet qui m’a accepté en stage et m’a laissé être

autonome.