76
L e Shiva-Svarodaya a naissance du ouffle d e Vie révélé par le dieu Shiva Ancien Tra it é d e P résages e t Prémoni tion s d  a p rès l e so uffl e v i t a l Traduit u Sa n s kri t p a r la i n D anié l ou Préface de Jean Var e n n e O OMNIOV OATVM ARC H È MILANO 1 98

Alain Daniélou - Le Shiva-Svarodaya

Embed Size (px)

DESCRIPTION

French translation of the Tantric text Shiva Svarodaya, by Alain Daniélou.

Citation preview

  • Le Shiva-Svarodaya La naissance du Souffle de Vie

    rvl par le dieu Shiva

    Ancien Trait de Prsages et Prmonitions d'aprs le souffle vital

    Traduit du Sanskrit par

    Alain Danilou

    Prface de Jean Varenne

    NON

    OMNIOV) OATVM

    ARCH MILANO

    1982

  • BIBLIOTHQUE DE L'UNICORNE

    La Tradition: textes et tudes

    SRIE FRANAISE - Volume vingt-unime

  • Le Shiva-Svarodaya La naissance du Souffle de Vie

    rvl par le dieu Shiva

    Ancien Trait de Prsages et Prmonitions d'aprs le souffle vital

    Traduit du Sanskrit par

    Alain Danilou

    Prface de Jean Varenne

    HOH

    O.MHlVS OATVM

    ARCH MI LANO

    1~82

  • 1981 by ARCH MILANO Imprim en Italie

    Tipografia Poggi Litografia - Milano

  • TABLE DES MATIERES

    Prface de Jean VARENNE........................ 9 Avant-Propos. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

    LESHIVA-SVARODAYA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

    I. LA NAISSANCE DU SOUFFLE VITAL . . . . . . . . . . . . . . . 23

    La nature du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Le disciple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Le souffle vital . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Les circuits du corps subtil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Indications contraires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

    II. LES ARTERES DU CORPS SUBTIL . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

    L'artre gauche ou lunaire ( ld) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 L'artre droite ou solaire (Pingal) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 L'artre centrale (Sushwnn) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

    III. LES CINQ "PRINCIPES DES ELEMENTS" . . . . . . . . . . . . . 45

    Saveur des lments. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 7 Manifestation des "Principes des lments" d'aprs la .... "porte du souffle". . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Mditation sur les cinq "principes des lments" ( tattvas). 53

    IV. LES EFFETS DU SOUFFLE VIT AL . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 5

    Succs militaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Protection et russite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

  • Conqute de la mort . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Envotement (vashfkrana). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

    V. MOMENTS FASTES OU NEFASTES . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

    La conception ( garbha) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Les priodes de l'anne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Les maladies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 La dure de la vie et les signes de mort . . . . . . . . . . . . . . . 69

    VI. LE YOGA DE L'HOMME-OMBRE................... 75

    VII. CONCLUSIONS 77

  • PREFACE

    Malgr la vogue dont il jouit en Occident depuis quel-ques dcennies, le Yoga reste mal connu du grand public. De nombreux livres dcrivent les postures (sana) et les exercices res-piratoires visant la mattrise du souffle (prnyama). fls manent pour la plupart de matres europens dont on peut dire qu'ils ont atteint, dans ce domaine, une qualification analogue en valeur celle des indiens.Mais sana et prnyama ne sont que deux des huit tapes (anga) que comporte le Y aga classique tel que le d-crit, par exemple, Patafijali. En principe, le travail d'ordre psy-chologique: concentration mentale (dhran), "retrait des sens" (pratyhra), ne devrait pas faire problme puisque les techniques qu'il met en uvre existent ailleurs que dans le Yoga. Il n'en est rien cependant: les lire, on sent les auteurs embarasss, dmu-nis. C'est qu'ils ont eux-mmes peu d'exprience en la matire. Non par manque de bonne volont, mais faute de temps.

    En Occident, en effet, o la vie quotidienne s'organise au tour du travail salari, le temps est /ittralemen t mang par les activits de subsistance et l'on comprend que celui qui a vou l'essentiel de sa journe son activit professionnelle n'ait ensuite que peu de loisir consacrer des exercices difficiles dont /'ap-prentissage requiert, au tmoignage des yogins de l'Inde, des mois, voire des annes, de persvrance.

    Ds lors on ne doit pas s'tonner (moins encore: s'indi-gner) du caractre fragmentaire de /'information accessible au lec-teur occidental. Du dhyna ("rnditation profonde") et du sam-dhi, tapes finales du Yoga, rien, ou presque, n'est dit. Non plus d'ailleurs que les deux premiers angas (yamas et niyamas) qui, pourtant, conditionnent tous les autres, selon Patafijali: mais comment la discipline de vie qu'ils impliquent pourrait-elle s'int-grer une existence quotidienne entirement profane? Il faudrait

    9

  • pouvoir re-sacraliser celle-ci et il est vident que le sicle o nous vivons ne s'y prte pas, sauf circonstances exceptionnelles, vala-bles pour quelques individus seulement.

    Et s'il en est ainsi dans le dornaine du Yoga "pratique" (c'est--dire, en fait: du Hatha-Yoga), que dire de la thorie qui fonde celui-ci? La connaissance que l'on en a, en Occident, se r-duit quelques livres, panni lesquels l'un des meilleurs est d'A-lain Danilou: "Yoga, mthode de rintgration" {Paris, 1951, rcernment rdit). De plus, quelques-uns des textes fondamen-taux ont t traduits dans les vingt dernires annes, mais l'on reste loin de ce qu'il faudrait faire pour que le Yoga prenne sa vraie place dans l'image que nous. nous faisons de la pense in-diemze. Mais l aussi nous nous heurtons aux mmes difficults: le chantier manque de bras; et ceux qui y travaillent manquent de temps.

    *

    * *

    Il faut donc saluer comme un vnement d'importance considrable la traduction que nous donne Alain Danilou d'un texte inconnu en Europe concernant l'un des aspects centraux du Yoga. Les quatre cents strophes (shlokas) qui le composent analysent en effet quelques-uns des aspects du souffle-nergie (prna; ici appel svara) qui anime l'univers dans son ensemble aussi bien que dans chacune des ses parties. L'homme tant l'u-ne de ces dernires ne vit, n'existe, n'agit, ne se transforme, que par le souffle cosmique. Encore faut-il qu'il connaisse et qu'il mesure leur juste valeur les effets de son action. L o l'indivi-du "ordinaire" se contente de ''faire son temps" de faon pure-ment mcanique (et donc passive, mme s'il s'imagine le contrai-re), le yogin peut et doit "raliser" en lui (c'est--dire: connatre, au sens fort du terme) le prna, le discipliner et, en fin de comp-te, l'utiliser pour dpasser la condition humaine (atteindre ce que les hindous appellent "libration, dlivrance", en sanscrit: moksha, ou mukti).

    On reconnaft l le "programme" du Yoga: les huit "ta-pes" dcrites par Patafljali visent pennettre la matrise effecti-ve de la vie psychique (par les yamas et niyamas) corporelle (par

    10

  • les sanas), mentale (par le dhran et le pratyhra), subtile (par le dhyna et le samdhi) afin d'atteindre cet tat d'isolement cosmique (kavalya) qui n'est qu'un autre nom de la libration finale (moksha). Mais on sait que ces diffrentes tapes sont tou-tes conditionnes par la parfaite maftrise du souffle vital (prn-yama). Il ne s'agit pas seulement d'apprendre bien respirer, ce qui, dj, ne serait pas si mai, mais surtout df! discipliner la puis-sance imptueuse (et subtile) de l'nergie cosmique (shakti) qui pntre toutes choss.

    Qu'il s'agisse d'un ''pouvoir" plutt que d'un simple d-placement d'air est bien rnarqu dans le texte qui nous intresse puisque l'auteur, comme s'il voulait viter l'quivoque, a choisi de l'appeler non pas prna (nom "commun" du souffle) mais sva-ra. Ce dernier terme dsigne d'abord toute vibration, et notam-ment sonore (dans d'autres con tex tes, on le traduira par "son", peut-tre mme par "musique"). Et par y insister davantage enco-re le dit auteur a pris soin d'voquer la naissance du monde en y faisant paratre l'apparition (udaya) de l'nergie-vibratoire, la fois "son" et "souffle" qu'il nomme svara. Mais si le souffle joue un tel rle dans l'univers, on devine que sa connaissance assure au yogin une puissance que l'on pourrait appeler "surnaturelle" si l'on se souvenait qu'en fait le svara est la Nature, au sens dyna-mique du terme.

    Le texte, aprs avoir donn des indications sur la nature du svara et sur sa circulation dans les conduits (nds) du corps subtil, donne un aperu de ce que l'on obtient par la matrise du svara: gurison de certaines maladies, immunit, etc. On ne s'-tonnera pas, ce propos, des indications "militaires" que com-porte le texte (par le svara, on obtient la victoire, l'invulnrabili-t au combat, etc.): le Yoga est galement l'apanage des guerriers (kshatriyas) et celui qui y ruissit est appel "hros" (vra). m-me s'il appartient de naissance d'autres castes. De la mme fa-on , les considrations "rotiques" ne doivent pas surprendre: le yogin n'est pas "chaste" au sens vulgaire du terme, il est matre de sa sexualit, ce qui est bien diffrent. Enfin que la matrise du

    11

  • souffle soit un moyen de "lire" les prsages n'a rien, non plus, d'insolite: il n'y a pas de "hasard" dans l'univers, mais un ensem-ble infiniment complexe de ncessits rgies par la Nature (autre nom de /'Energie cosmique: shakti, prna, svara). Qui "ralise" en lui-mme cette Puissance, accde la vie intime de l'univers et donc connat toutes choses".

    Le "Shiva-Svarodaya", est, on le voit, un texte remar-quable et qu'il et t dommage de ne pas rvler au public euro-pen. Ceux qui le liront, dcouvriront l'tendue, la subtilit, la profondeur du Yoga "thologique" (indissociable d'ailleurs du Yoga "pratique"). On doit savoir gr Alain Danilou, et son diteur, de donner l'homme d'aujourd'hui la possibilit d'y ac-cder.

    Jean VARENNE

    12

  • AVANT-PROPOS

    Le Shiva-Svarodaya est un texte annexe du Yoga tantri-que. Il tudie le phnomne du souffle-vital (prna) et sa relation avec les trois artres subtiles appeles ld, Pingal et Sushumn, qui, partant du centre de base, le Mldhara, situ la base de la colonne vertbrale, et, traversant les divers centres du corps, les lotus ou chakras, remontent jusqu'au centre des mille ptales au sommet de la tte.

    Id et Pingal sont particulirement connectes avec les deux hmisphres du cerveau et correspondent donc aux deux -tres distincts qui habitent en tout homme. L'influence des artres subtiles lies aux cts droit et gauche du corps est facilement observable car, selon leur prdominance, la respiration a tendance utiliser la narine droite ou gauche. Selon que l'hmisphre droit ou gauche de notre cerveau prend les commandes, nos actions ont un autre caractre, d'autres consquences. Nous pouvons ga-lement prdire les rsultats des actes d'autrui et la reponse aux questions qui nous sont poses d'aprs les moments o nous en prenons connaissance.

    Le Shiva-Svarodaya donne des indications sommaires, mais d'ordre pratique, sur le rle de l'ensemble des nergies fonc-tionnelles qui constituent l'tat de vie et sur l'utilisation de leurs manifestations, particulirement dans le rythme respiratoire, le plus aisment idntifiable et contrlable, des fins de matrise de soi, de gurison, de possession, de prophtie. Les principes vitaux auxquels le Shiva-Svarodaya se rfre sont parfois mieux dcrits dans les grands traits sur le Yoga, mais leur application dans le domaine pratique, les pouvoirs qu'ils procurent pour la solution des problmes de la vie courante, peut tre pour nous un rappel

    13

  • trs utile du fait que les fonctions du corps, qui sont les supports de la vie, sont parfois plus importants pour l'individu, pour la so-cit, pour la cration toute entire que les spculations plus ou moins abstraites de nos mcanismes mentaux. L'homme ignorant des prsages favorables ou dfavorables qui entourent toute ac-tion peut se confier au hasard et son instinct, mais celui qui a pris connaissance des signes du destin et n'en tient pas compte dfie le sort et attire sur lui la malchance.

    La thorie du Yoga et les techniques de prdictions, de caractre prophtique ou magique, prsentes dans le Shiva-Svarodaya proviennent de la religion shivate antrieure aux in-vasions aryennes. Ces techniques sont toujours pratiques dans le tantrisme shivate, religion populaire ouverte toutes les castes, qui n'a jamais t rellement incorpore dans le Brahmanisme vdique. En dehors des pratiques qui se sont perptues dans l'Inde, des vestiges mythiques, lgendaires, symboliques, rituels, provenant du Shivasme ancien, sont reconnaissables, sous une forme plus ou moins adapte, dans toutes les religions ultrieures.

    Comme la plupart des textes shivates, le Shiva-Svarodaya est d'poque indtem1ine. Le tex te que nous connaissons a t transcrit en sanskrit populaire, d'aprs des donnes traditionnel-les d'origine proto-historique l'poque o le Vdisme aryen r-assimila le Shivasme auquel il s'opposait violemment au dbut. Le Bouddhisme lui aussi, sous la forme du Mahyna, a rcupr peu peu les symboles, les mythes, les pratiques et les rituels du Shivasme ancien, ainsi que ses techniques de contrle du souffle, de perceptions subtiles et de prdictions. Il existe des versions ti-btaines du Shiva-Svarodaya.

    J'ai utilis pour l'interprtation du texte, le commentai-re en langue hindi de Bastirama, ainsi que certains Agamas et les traits d'astrologie.

    14

  • INTRODUCTION

    Les techniques du Yoga permettent de raliser la conti-nuit et l'unit fondamentale des divers niveaux du cr qui ap-paraissent l'homme comme spars et mme incompatibles. C'est par ces techniques que l'on peut dcouvrir que les diffren-tes composantes du corps et les principes de la vie tels qu'ils se manifestent dans les diverses fonctions physiques, les nergies vi-tales, les sensations, le plaisir, la douleur ont des correspondances dans le monde subtil et transcendant. dans les nergies directrices qui donnent naissance et soutiennent le monde anim ou inanim et que nous pouvons appeler des dieux.

    Rien ne peut exister qui ne soit pr-existant dans ses po-tentialits. De mme que les principes de l'espace et du temps doivent exister avant qu'un univers spatial puisse se fonner. de mme les principes de la vie, de la pense, de la sensation, de la connaissance doivent exister pour ce que des tres vivants et pen-sants soient possibles. Il n'est aucun aspect de l'tre humain, de ses fonctions physiques, de ses aptitudes mentales, de ses passions de ses plaisirs qui ne soit l'expression de potentialits pr-existan-tes, qui n'existe sur un plan supra-humain avant de se manifester dans l'homme et les autres tres vivants. Les hirarchies que nous cherchons parfois tablir entre les divers lments et fonctions qui constituent un tre vivant ne peuvent tre que totalement ar-bitraires. Les rythmes de notre cur et de notre respiration sont intimement lis au phnomne de la vie. Ils dterminent le temps relatif dont dpend notre perception du monde, notre place dans le cr et notre relation avec les principes universels. Nous avons tendance considrer comme des phnomnes ordinaires et pure-ment physiques nos rythmes et nos fonctions vitales alors qu'ils

    15

  • sont des facteurs dterminants de notre raison d'tre, plus impor-tants que les agitations de la pense. De mme les fonctions pro-cratrices par lesquelles nous transmettons des codes gntiques d'une prodigieuse laboration sont des manifestations d'intelli-gence beaucoup plus leves que les spculations de notre appa-reil mental.

    La centrale crbrale qui coordonne certains aspects des mcanismes de nos impulsions, de nos dsirs, de nos actions, ne fonctionne qu'en relation avec les divers lments constituant no-tre corps et ne saurait en tre spare. Bien que par des ordres ve-nus de notre cerveau, nous ayons le sentiment d'agir librement, nous pouvons observer que par des impressions, des tendances provenant de nos sens et de nos divers organes, nous pouvons par feed-back conditionner notre cerveau et recevoir de lui d'autres directives, lui donner d'autres tendances, dtruire ou dvelopper notre mmoire, altrer les coordonnes de notre appareil mental, 1' orientater vers la recherche des valeurs spirituelles ou vers celle des apptits sensoriels, vers l'amour ou la cmaut, vers l'quilibre ou la folie, vers la libert ou le conformisme. C'est par le contrle et la prise de conscience des fonctions apparemment les plus ordi-naires de notre corps que nous pouvons arriver dvelopper des aptitudes et des pouvoirs qui peuvent sembler magiques. Nous pouvons ainsi arriver lire dans la pense, voir, hors du temps, le pass et l'avenir, nous librer de la pesanteur, agir sur la vo-lon t des tres, percevoir l'invisible, contrler le destin. Il ex-iste une coordination absolue entre tous les aspects de la matire et de la vie. Tout l'univers est issu d'un certain nombre d'archty-pes qui peuvent tre exprims sous la forme de figures geomtri-ques, les yantras, de formules sonores, les mantras et les svaras, d'actes et de gestes rituels, les tantras. Nous retrouvons, travers l'exprience du Y aga, ces archtypes dans les diffrents centres du corps subtil, les chakras. Ce sont ces formules qui, par leurs arrangements divers donn~nt naissance la matire, la pense, la vie, aux diffrentes sortes d'tres. Ce qui est valable dans un domaine l'est galement dans un autre et, en tous cas, a des qui-valents dans toutes les formes d'existence. Les formules (man-tras), les diagrammes ( yantras), les rapports harmoniques ( svaras) qui reprsentent certaines des composantes fondamentales de

    16

  • l'existence, vont, lorsque nous en prenons conscience, pouvoir nous servir comprendre, mais aussi contrler, la nature de tou-tes choses. Ils ont donc des significations mt:ltiples. C'est pour-quoi les mantras, qui sont censs reprsenter sous une forme so-nore certaines ralits fondamentales, sont susceptibles de trente deux interprtations, une pour le domaine de chacune des scien-ces, de chacun des aspects de la connaissance. Lorsque nous vou-lons essayer d'exprimer les principes sur lesquels sont bases ces fonnules dans des langages occidentaux nous devons pour chaque cas utiliser des mots diffrents. C'est ainsi que le mot svara. dfini comme une abbrviation de "svayam ramat" dont le sens littral est "ce qui prend dlice en soi-mme" a le sens philosophique de vclz, du "Verbe" crateur, dont est issu l'espace-temps, proprit du principe "ther", mais se rfre aussi la fonction respiratoire qui rythme l'tat de vie et est porteuse du Verbe, du principe de la vibration sonore. Le mot svara reprsente aussi les "notes" de la musique, dont les sept svaras correspondent des rapports har-moniques, ainsi que les voyelles, matire premire du langage, et les accents. De plus le mot svara peut signifier le ciel, la lumire, l'au-del, la splendeur. Il a donc de multiples sens bien que tous se rfrent un mme principe. En yoga ce mot reprsente l'in-flux vital circulant dans les divers circuits du corps subtil. Il est le principe du son, de la vibration dont le monde est issu et aussi le souffle vital porteur du Verbe, du son primordial. Dans un tex-te dont le but principal est d'ordre pratique, puisqu'il s'agit avant tout d'un systme de prsages, nous avons traduit beaucoup de passages dans un sens partictier bien qu'ils puissent parfois tre interprts dans un sens beaucoup plus gnral. Nous ne devons pas tre surpris de voir des fonnulations de principes qui sem-blent gnraux et abstraits appliqus des proccupations mat-rielles qui nous paraissent parfois mme triviales. C'est qu'il exis-te une continuit entre tous les ordres de choses et c'est souvent travers les actes en apparence les plus ordinaires que nous pou-vons atteindre, au fond de nous-mmes, les sources profondes de la vie et de la connaissance. Un feed-back partant de nos sens ex-trieurs, de nos orteils, de nos mains, de notre sexe, de notre a-nus, peut nous aider explorer et ventuellement dvelopper des pouvoirs latents et nous rapprocher des organes correspondants

    17

  • de l'tre cosmique dont tout tre vivant est l'image et le reflet. Il n'est pas inutile de donner un tableau de certaines

    correspondances auxquelles fait allusion le Shiva-Svarodaya par rapport aux tattvas, principes des lments, qui fonnent la substance du monde apparent tel que nous pouvons le per-cevoir et le concevoir.

    18

  • LES CINQ ELEMENTS

    Etat de la matire Solide Liquide Ign Gazeux Vibratoire (Espace-temps)

    Elment Prithiv (Terre) Ap (Eau) Tjas (Feu) Vyu (Air) Aksha (Ether)

    Ordre de manifestation cinquime quatrime troisime deuxime premier

    Sens de perception odorat got vue toucher oue

    Organe de perception nez bouche oeil main oreille

    Organe d'action anus sexe pied peau langue

    Got sucr fade piment acide amer

    Symbole carr demi-lune triangle cercle point

    Couleur jaune blanc rouge bleu-sombre multicolore

    Direction Ouest Est Sud Nord Centre

    Extension du souffle 12 doigts 16 doigts 4 doigts 8 doigts [?]

    Favorable pour oeuvres oeuvres oeuvre meurtre libration stables instables cruelles

    Rsultats russite aprs russite mort chec aucun rsultat longtemps immdiate

  • SHIVA-SV ARODA Y A

  • [INVOCATION DU COMMENTATEUR BASTIRAMA]

    1. "Je me prosterne devant Shiva, le plus grand des dieux, ainsi que devant la "Dame de la Montagne" (Prvat), et aussi devant Gansha le chef des Canas, compagnons du dieu, Je salue galement mon matre, mon guru. Je chante la louange de cet Etre Suprme qui nous permet de transgresser le monde des apparences. Prenant refuge auprs de ce dieu dducteur et m'inclinant devant lui, j'ai compos de commentaire du Shiva-Svarodaya."

    (1. LA NAISSANCE DU SOUFFLE DE VIE]

    [La Nature du Monde] 2. La Desse:

    Dieu des dieux, le plus grand des dieux, mon Seigneur! Fais-moi la grce de m'enseigner cette science qui permet toutes les ralisations.

    3. D'o provient l'Univers, comment subsiste-t-il, com-ment finira-t-il? 0 Dieu! Explique-moi la nature du monde.

    4. Le Dieu: Le monde est issu d'un principe ( tattva). Il subsiste par ce

    principe et se dissoud dans ce principe. 0 Desse! La nature du monde est implique dans son principe.

    5. La Desse: Ceux qui possdent une vision suprieure des choses ont

    dfini le principe comme la source ultime de tout ce qui est. Ex-plique-moi donc en quoi consiste ce principe.

    6. Le Dieu: Il existe un principe ultime appel Shiva. Il est le dieu

    suprme, sans artifices et infonnel. Le principe de l'espace (l'ether) est issu de lui. Dans l'espace apparat ensuite l'lment gazeux.

    23

  • 7. De l'lment gazeux est issu l'lment ign, de l'lment ign l'lment liquide et de l'lment liquide l'lment solide. De ces cinq principes ( tattvas) sont ns les cinq tats de la matire (bhtas).

    COMMENT AIRE: Les cinq tats de la matire sont perus travers cinq sens correspondants. L'tat solide, appel symboliquement "terre", est la sphre de la perception de l'odorat, l'tat liquide appel "eau" est la sphre du got, l'tat ign ou ''feu" la sphre de la vue, l'tat gazeux ou "air" la sphre du toucher. L' "ther" est la sphre de l'oue. L'lment solide (terre) est peru par tous les sens; l'lment liquide (eau) par tous les sens sauf l'odorat; l'lment ign par l'oue, le toucher, la vue; l'lment gazeux par l'oue et le toucher; l'lment ther, la vibration, par l'oue seule. Les tats de la matire ne sont que des combinaisons plus ou moins com-plexes de relations nergtiques. Le son, la vibration de l'air, perue par l'oue, est un reflet de la vibration pure, celle de l'ther qui est la source de tous les lments. Le son peru n'est qu'une im~ge de la vibration primor-diale du Verbe, par lequel le Crateur profre l'Univers. Il n'existe donc pas de parole divine sur le plan de la vibration de l'air, pas de commandements de Dieu comme le proclament les fausses religions. C'est la substance mme de l'Univers qui est le Verbe.

    8. C'est de ces cinq tats de la matire qu'est fl'univers; c'est travers eux qu'il volue; en eux qu'il se dissout, par eux qu'il se complait en lui-mme, [qu'il vit].

    9. 0 trs belle! Les corps vivants sont, eux aussi, forms de ces cinq principes. Ils sont perus par les yogins sous leur aspect subtil.

    1 O. Je vais maintenant t'expliquer le secret de "la naissance du souffle de vie" (svarodaya) qui rside dans tous les corps, et les possibilits de connaissance qui peuvent tre ralises travers le support de [la fonction respiratoire, reprsente par] un cygne (hamsa)* dont le rythme dtermine les trois formes du temps.

    * Symbole du mantra aham-sah, "je suis lui".

    24

  • COMMENTAIRE: Le mantra respiratoire alzam-salz, appel ajapa-gyatr (l'invocation spontane) est fonn par le son du souffle aspir Juon et du souffle expir sah, syllabes qui sont censes reprsenter le principe idateur Shiva et son pouvoir de manifestation, son nergie, Shakti. Le mantra reprsente leur union. Aham-salz, "moi-lui" ou "je suis lui", voque l'identit du microcosme et du macrocosme, d'o dcoule la possibilit pour l'tre humain de raliser en lui-mme la nature du cosmos, possibilit dont dpend la validit de l'exprience du Yoga.

    11. Cette connaissance de la "naissance du souffle de vie" ( svarodaya) est plus secrte que le plus secret des secrets. C'est par elle que l'on peut connatre ce qui est bnfique ou malfi-que. Elle est la cl de toutes les sciences.

    12. La "naissance du souffle de vie" est plus subtile que ce qui est subtil. Elle est le principe merveilleux de la possibilit de connatre. Elle permet de percevoir la ralit profonde. Elle tonne les incrdules. Elle est la source du pouvoir de ceux qui la possdent.

    [Le disciple.] 13. Le secret de la "'naissance du souffle de vie" ne peut tre communiqu qu' un disciple de caractre quilibr, qui prend soin de son corps, qui a une conduite irrprochable, est dvou son matre. n'est pas ingrat et dont l'esprit n'est pas instable.

    14. La "connaissance du principe du souffle-vital"* ne doit pas tre accessible un tre vil, mchant, crnel, menteur, prt sduire la femme de son matre, lche et de mauvaise conduite.

    [Le souffle-vital (svara)j 15 0 Desse! Ecoute bien ce que je vais t'enseigner sur ce

    moyen sans pareil de connaissance qui est prsent dans tous les corps. Quand on !'a matris on atteint sans difficult toutes les autres formes de savoir.

    *Svara-jfina.

    25

  • 16. C'est par l'tude du souffle-vital que tu pourras compren-dre la loi cosmique, la signification des harmonies ( gndharva) transcendantes, le contenu des livres sacrs, la nature de tout ce qui se trouve dans les trois mondes. Le souffle-vital est le reflet de I'tman, de l'me universelle.

    COMMENT AIRE: Les livres sacrs sont l'expression de ce que les "Voyants", les Rishis des premiers ges, ont pu percevoir de la "loi cosmi-que" qui est le vritable Vda, l'objet de la connaissance.

    17. Une interprtation du destin par quelqu'un qui ne poss-de pas la science du souffle peut tre compare une maison sans matre, une parole sans savoir, ou un corps sans tte.

    18. Celui qui est parvenu connatre les diffrents artres (nds)* et la nature des diffrents courants ou souffles ( prnas) [qui y circulent] ainsi que la nature des diffrents lments** et les points de jonction des artres ( ld, Pingal, Sushumn) peut atteindre la libration.

    19. 0 femme au merveilleux visage! C'est aprs avoir contr-l la force du mouvement de l'air (vyu), qu'il soit matriel ou subtil, que certains ont pu dfinir la science bnfique du souffle-vital.

    20. L'Univers, tout comme le corps des tres vivants, est ma-nifestation d'un souffle, support du Verbe. C'est par le souffle que le Grand Dieu, Shiva, cre et dtruit les mondes.

    21. C'est par la connaissance du souffle-vital que l'on atteint aux connaissances les plus secrtes; par la connaissance du souf-fle que l'on obtient les bien matriels. La science du souffle-vital est la plus profonde de toutes les connaissances que l'on ait ja-mais vues ou dont on ait jamais entendu parler.

    * Du corps subtil. ** Dont est fonn le corps.

    26

  • 22. Par la puissance du souffle-vital on peut dtruire un en-nemi ou attirer des amis. Par la puissance du souffle on obtient la richesse, la gloire et le bonheur.

    23. Par la puissance du souffle-vital on sduit les femmes et on obtient la faveur des rois, on acquiert les pouvoirs d'un dieu, on tient en son pouvoir les puissants de la terre.

    24. Par la puissance du souffle-vital on se transporte en tous les lieux, on obtient tout ce dont on peut jouir, on devient infini-ment grand ou petit et on se purifie des souillures.

    25. 0 toi dont le visage est charmant! Tout ce qu'on peut ap-prendre dans les livres sacrs, les Anciennes-Chroniques (Pur-nas), les textes traditionnels (Smritis), les traits philosophiques (Vdngas) n'est rien auprs de ce que nous apporte la connais-sance de la nature du souffle-vital.

    26. Tout ce qui a une forme et un nom n'est qu'une apparen-ce. Tout ce que nous croyons voir n'est qu'illusion. L'homme stu-pide, victime de l'illusion ne peroit pas la ralit intrieure des choses.

    27. Cette science du souffle-vital est suprieure toute autre forme de connaissance. Elle est la lumire qui claire ce recepta-cle intrieur qu'est l'me.

    28. Cette connaissance ne doit tre donne personne, mme ceux qui en font la demande, mais on doit chercher la poss-der pour soi-mme.

    29. Il n'existe plus de signes ou de constellations malfiques, de divinits favorables ou hostiles, d'obstacles, de jours nfastes ou d'erreurs.

    30. 0 Desse! Il n'existe plus de priodes mauvaises ni de malchance, lorsque l'on a acquis le contrle du souffle-vital. Tout alors a des rsultats heureux.

    27

  • [Les circuits du corps subtil.] 31. A l'intrieur du corps se trouvent des artres de toutes sortes formant des circuits trs complexes. Le sage cherche les connatre afin de percer les secrets de son corps.

    32. Prs du nombril se trouve un centre en forme de bulbe. De l partent les soixante-douze mille artres qui se rpandent dans tout le corps.

    33. A l'intrieur des artres circulent les nergies vitales. Leur point de conjonction*, a l'apparence d'un serpent enroul et en-dormi. De l partent dix artres qui se dirigent vers le haut et dix qui se dirigent vers le bas.

    34. Il y a aussi deux artres qui partent en biais, une de cha-que ct. Ceci fait un tout de vingt-quatre artres. Parmi elles dix sont plus importantes car c'est par elles que circulent les dix in-flux ou souffles (vyus) qui rgissent la vie.

    35. Les artres se dirigent en biais vers le haut et le bas. Elles sont les voies par lesquelles circulent les influx intrieurs du corps. Comme les centres psychiques, les chakras, elles font par-tie du corps et se trouvent dans tous les tres vivants.

    36. Parmi ces artres dix sont plus importantes et, parmi ces dix, trois ont un rle prdominant. Elles sont appeles ld, Pinga-l et Sush umn.

    37. Les autres sont Gndhrz~ Hastijihv, Psh, Yashasvin, Alambush, Kuhu et Shankhinf qui est la dixime.

    38. ld est situe du ct gauche, Pingal du ct droit. Su-shumn est dans la rgion du centre. Gndhrf contrle l'il gauche,

    39. et Hastijihv l'il droit. Psh va l'oreille droite et Ya-

    * A la base de l'pine dorsale.

    28

  • shasvinf l'oreille gauche. Alambush aboutit dans la bouche.

    40. Kuhu mne la rgion du sexe, Shankhinf l'anus. C'est ainsi que ces artres sont en relation avec les ouvertures du corps.

    41. ld, Pingal et Sushumn sont les voies par lesquelles pas-se l'nergie vitale lie la respiration (prna). C'est ainsi que les dix artres sont disposes l'intrieur du corps.

    42. Je t'ai indiqu les noms des artres. Voici maintenant les noms des nergies qu'elles vhiculent. Ce sont: Prna, Apna, Sa-mna, Udna, Vyna.

    43. Nga, Krma, Krikla, Dvadatta, et Dhananjaya. Prna a son sige dans le cur, Apna dans la rgion de l'anus,

    44. Samna dans la rgion du nombril, Udna au milieu du cou, Vyna circule dans tout le corps, telles sont les principales nergies vitales.

    45. Aprs avoir localis les cinq principales nergies vitales, Prna, etc. Je vais maintenant t'indiquer le rle des cinq autres, Nga, etc.

    46. La nature du souffle appel Nga se manifeste entre au-tres quand on rote, Krma quand on cligne des yeux, Krikla quand on ternue, Dvadatta quand on baille.

    4 7. Dhananjaya est rpandu dans tout le corps. Il reste en ac-tivit aprs la mort. Ces dix nergies circulent dans toutes les ar-tres du corps. Elles sont la substance mme de la vie.

    48. Les mouvements des nergies-vitales ( prnas) sont par-ticulirement perceptibles au milieu du corps. L'homme d'exp-rience les peroit dans les trois artres Jd, Pingal et Suslzumn.

    49. Id rside dans le ct gauche du corps, Pingal dans le ct droit. L'artre appele Jd tourne gauche. Pingal tourne droite.

    29

  • 50. Id est assoc1ee au principe lunaire, Pingal au principe solaire. Dans Sushwnn rside Shambhu *. Sham bhu y rside sous la forme de l'oie (hamsa) [symbole de la connaissance].

    51. La syllabe "Ha'', qui reprsente l'tre transcendant, pn-tre la syllabe "Sa". On dit que "Ha" est Shiva et que "Sa" est Shakti**.

    COMMENT AIRE: Lorsque l'on envisage les influx qui circulent dans les artres Jd et Pingal, il s'agit essentiellement des fonctions lies respectivement aux deux moitis du cerveau. Le phnomne de la respira-tion par l'une ou l'autre narine n'est qu'un phnomne accessoire, mais il est une indication de la forme de l'activit interne qui prdomine. Pingal est mle, li aux activits intellectuelles, au langage, l'agressivit. ld est fnnine, lie aux activits intuitives, aux arts, la tendresse. Sushumn est lie aux perceptions du monde supra-naturel, la ralisation spirituelle. Elle est contraire aux activits ordinaires de la vie.

    52. La Lune sous la forme fminine de !'Energie (Shakti) contrle les influx du ct gauche. Le Soleil sous la forme mle de Shambhu (Shiva) contrle les influx du ct droit.

    53. Ce qu'un homme averti offre en charit alors que son souffle dit "Sa" (en expirant), il en reoit ds ce monde la rcom-pense multiplie des milliers de fois.

    54. Le yogin dont l'esprit attentif est concentr vers ce but peut pntrer tous les secrets de la voie lunaire ( ld) et de la voie solaire ( Pingal).

    55. Celui qui mdite sur le principe ( tattva) pennanent de la vie et non pas sur ses aspects impermanents obtient tout ce qu'il dsire, ainsi que de grands biens et la victoire.

    * Shiva sous la forme de "celui qui donne la paix". ** Ces deux syllabes forment le mantra - "ha" (aspir), "sa" (expir) - que tout tre vivant prononce inconscicmmcnt chaque respiration.

    30

  • 56. Les hommes qui observent constamment la circulation des influx dans les artres lunaire (/d) et solaire ( Pingal) ont porte de la main la connaissance du pass et de l'avenir.

    57. Du ct gauche (ld) se trouve l'elixir d'immortalit, la substance ultime du monde. Du ct droit le principe du mouvement qui donne naissance aux structures du cosmos et de la vie.

    58. Au centre (Sushumn) se trouve tout ce qui est destruc-teur et dangereux pour toute initiative. C'est toujours la voie de gauche qui mne au succs les bonnes actions.

    59. Pour sortir [d'une maison] l'influx gauche est favorable; pour y entrer c'est l'influx droit qui est de bon augure. Sache que le ct Lune [gauche] est li tout ce qui est pair et le ct Soleil [droit] tout ce qui est impair.

    60. Le principe lunaire est fminin, le principe solaire est m-le. La Lune est blanche, le Soleil noir. Lorsque l'nergie vitale passe par la voie lunaire on doit accomplir les actes de caractre paisible.

    61. Lorsque l'nergie vitale passe par la voie solaire, il faut ac-complir les actes de caractre violent et brutal. Si c, est le circuit central qui fonctionne* cela convient pour le plaisir et pour le d-tachement.

    62. Durant les trois premiers jours de la phase claire de la Lu-ne (aprs la Nouvelle Lune), jours appels pratipada, etc., l'in-fluence de la Lune prdomine. Dans les trois premiers jours de la phase sombre (aprs la Pleine Lune) l'influence du Soleil prdo-mine. C'est donc ces moments l que l'activit du souffle vital se manifeste le plus fortement respectivement**.

    * La respiration passe alors par les deux narines. ** A travers ld et Pingal.

    31

  • 63. L'activit de la voie lunaire (indique par la respiration travers la narine gauche) dure normalement deux glzats et demi*. Dans une journe il y a soixante ghats, donc vingt-quatre change-ments d'influx.

    64. L'activit des cinq principes-des-lments (ta ttvas) dans les artres durant ces diffrents ghats dtermine les moments in-diqus pour le succs de ce que l'on entreprend. Les jours o pr-dominent la Lune ou le Soleil sont compts partir de pratipada, le premier jour de la Lune croissante ou dcroissante. Lorsque la circulation dans les artres intrieures est contraire l'influence du jour, il faut viter de rien entreprendre car le rsultat serait mauvais.

    65. Dans la quinzaine claire [de la nouvelle la pleine lune], en partant du premier jour ( pratipada) le sage yogin se concentre sur l'artre gauche et dans la quinzaine sombre sur l'artre droite.

    66. Le yogin doit se concentrer la nuit sur la Lune, le jour sur le Soleil**. Il ne peut exister l dessus aucun doute.

    67. L'nergie solaire est contrle par l'artre solaire et l'ner-gie lunaire par l'artre lunaire. Ceux qui ont matris ces contr-les tiennent chaque instant les trois mondes en leur pouvoir.

    68. Lorsque le Soleil se lve, alors que l'artre lunaire est en action et qu'il se couche alors que l'artre solaire fonctionne, ce sont les moments o le maximum d'avantages est runi. Si c'est le contraire, il faut abandonner [toute initiative].

    69. Lorsque le circuit gauche est en fonction au moment o Jupiter, Vnus, Mercure ou la Lune prdominent, ou bien le jeu-di, le vendredi, le mercredi et le lundi, toute entreprise est certai-ne de russir. Ces jours seront encore plus favorables durant la quinzaine claire [aprs la Nouvelle Lune].

    Une ghat est une mesure de temps qui dure vingt-quatre minutes. ** Respectivement l'artre gauche et l'artre droite.

    32

  • 70. Lorsque l'artre droite est en fonction au moment o le Soleil, Mars ou Saturne prdomine ou bien le dimanche, le mardi et le samedi, ces jours sont favorables. Ils le sont encore davanta-ge durant la quinzaine sombre, [aprs la Pleine Lune].

    71. C'est l'lment air qui circule en premier, puis l'lment feu. L'lment terre apparat en troisime et finalement l'lment eau*.

    COMMENTAIRE: C'est dans cet ordre que, au cours de l'volu-tion, apparaissent les diffrentes formes de perception.

    72. Pendant les deux ghatfs et demi durant lesquels prdomi-ne l'un des aspects du souffle ( droite ou gauche), les cinq l-ments se manifestent dans chaque artre, l'un aprs l'autre, dans l'ordre mentionn ci-dessus.

    73. Durant un jour et une nuit il y a douze changements de signes astrologiques. Les signes de la Lune sont Vrisha [Taureau]. Karkata [Cancer], Kany [Vierge], Ali [Scorpion], Mriga [Capri-corne], Mna [Poissons].

    74. Le Blier, le Lion, le Verseau, la Balance, I' Accouplement [Mithuna ou Gmeaux], le Trsor [Dhana ou Sagittaire] sont lis l'influx solaire, au ct droit. Ceci permet de dterminer ce qui est de bon ou de mauvaise augure.

    COMMENT AIRE: Les gens ns sous les signes lunaires, sont intui-tifs, fminins. Ceux qui sont ns sous les signes solaires sont actifs, intellec-tuels. Un mariage doit toujours se faire entre signes opposs.

    75. La Lune rside dans l'Est et le Nord, le Soleil dans l'Ouest et le Sud. Lorsque le circuit de droite fonctionne, il ne faut donc pas se diriger vers le Sud ou l'Ouest.

    76. Lorsque le circuit de gauche est en action, il ne faut pas se diriger vers le Nord ou l'Est. Si on le fait on risque de

    *Respectivement: principes du toucher, de la vue, de l'odorat, du got.

    33

  • rencontrer de graves dangers ou de ne plus pouvoir revenir.

    77. C'est pourquoi les sages, qui cherchent en toutes choses ce qui est juste, ne se dirigent jamais dans une direction o la mort se trouve.

    78. Le deuxime jour de la quinzaine claire, au moment o le Soleil domine, si c'est l'influx de la Lune qui circule et que le souffle passe par la narine gauche, le moment est particulire-ment favorable. C'est alors qu'il faut entreprendre des activits de caractre paisible.

    79. Si, au lever du Soleil, c'est l'influx solaire (narine droite) qui est en cours, et si, au lever de la Lune, c'est l'influx lunaire (narine gauche) qui fonctionne, le succs est assur pour tout ce que l'on entreprendera durant ce jour et cette nuit.

    80. Si au moment o se lve la Lune, c'est l'influx solaire qui circule, ou bien au moment o se lve le Soleil l'influx lunaire, ceci est une indication que le moment est propice au dsordre, aux conflits et aux pertes. Il ne faut rien entreprendre d'impor-tant ces moments.

    81. Lorsque l'influx solaire circule on peut savoir avec certitude ce que l'on pourra obtenir. Lorsque c'est l'influx de l'astre aux frais rayons qui circule, on ne peut pas prvoir les rsultats.

    [Indications contraires.] 82. Si, au moment du lever des astres, les influx sont contrai-res, c'est--dire qu'au lever de la Lune c'est l'influx solaire qui cir-cule (la respiration passe par la narine droite) et que, au lever du Soleil, l'influx lunaire circule (la respiration passe par la narine gauche) [voici ce qui en rsulte]:

    83. D'abord l'esprit est agit, puis on subit des pertes d'argent ( dhana). A un troisime stage on est oblig de partir et, un qua-trime stage, l'objet que l'on dsire est dtruit.

    34

  • 84. A un cinquime stage on est poursuivi par l'inimiti du roi, un sixime on perd tout ce que l'on possde, un septime arrivent la maladie et la souffrance et un huitime la mort.

    85. Si l'influx reste contraire durant les trois priodes du jour (jour, nuit et crpuscules) et ceci pendant huit jours, les rsultats sont mauvais, mais si c'est seulement pour de brves priodes ils peuvent tre bons.

    86. Si l'influx lunaire circule le matin et midi, et celui du Soleil le soir, on est sr de vaincre. Le contraire est source d'in-fortunes.

    87. Que le souffle qui porte chance passe gauche ou droi-te, si l'on va quelque part, il faut partir du pied qui correspond et le voyage sera un succs.

    88. Si le souffle est lunaire (par la narine gauche) il faut mar-cher en marquant les pas de nombre pair, s'il est solaire ceux de nombre impair et le voyage sera un succs.

    89. Lorsque circule le souffle lunaire il faut rythmer sa mar-che quatre pas par quatre pas; si c'est le souffle solaire, cinq par cinq. C'est la meilleure faon de marcher, celle qui vous donne accs aux trois mondes.

    90. En s'arrtant, selon la narine par o passe le souffle, il faut soulever la main du mme ct et se toucher la bouche. En faisant ainsi, le but dsir sera obtenu.

    91. En donnant quelque chose, en prenant quelque chose ou en sortant de la maison, il faut le faire de la main ou du pied cor-respondant au ct par o passe le souffle.

    92. Ainsi on ne risque ni chec, ni conflit, ni blessures; les contretemps sont aisment carts.

    93. Devant son guru, ses parents, les rois, les ministres et au-

    35

  • tres personnes qui peuvent vous rendre service, il faut aspirer pro-fondment en s'avanant vers eux.

    94. Vers les ennemis, les voleurs, les qumandeurs, et autres personnes que l'on veut loigner, il faut s'avancer en vidant son souffle. C'est ce que font tous ceux qui veulent tre heureux et russir.

    95. Certains disent que, au moment de partir pour un pays lointain, il faut que ce soit l'influx lunaire qui circule, et que l'in-flux solaire convient pour partir pour un pays voisin.

    96. Ce qui a t dit jusqu' prsent est pour le bien de cha-cun. Tout, sans nul doute, dpend du fait que les circuits (nds) soient tous pleins.

    97. Tout ce qui a t dit propos de circonstances favorables donne des rsultats contraires si les circuits sont vides. 11 ne sau-rait en tre autrement car celui-qui-sait-tout (Shiva) l'a lui-mme affirm.

    98. La science des ennemis nous explique que, durant une querelle, pour chasser les mchants, devant un matre en colre ou un voleur, il est dangereux d'aspirer profondment.

    99. Pour aller loin c'est le souffle lunaire qui loigne les obstacles et donne les rsultats heureux que l'on dsire. Pour entrer quelque part, c'est le souffle solaire qui est recomman-d.

    100. Si le souffle passe par le conduit lunaire, il dtruit les poisons, par le conduit solaire il permet de sduire les femmes, par le conduit central Sushumn il mne la libration.

    101. Si une action envisage est d'un caractre contraire celui du souffle, ou le souffle contraire l'action, l'homme rencontre des obstacles. Il faut toujours agir de manire viter le danger.

    36

  • 102. Qu'il fasse jour ou nuit, qu'il s'agisse d'une bonne action ou d'une mauvaise, pour ne pas rencontrer d'obstacles il faut te-nir compte du circuit qui fonctionne.

    37

  • [II. LES ARTERES DU CORPS SUBTIL]

    [L'artre gauche ou lunaire ld] l 03. Le circuit lunaire ( ld) est favorable pour les actions de caractre permanent, les constructions, les voyages lointaines, le repos, les offrandes aux dieux, les temples, les acquisitions,

    l 04. l'installation de puits, de fontaines, d'tangs, de colonnes, d'images des dieux, les plerinages, les dons, les mariages, les vte-ments, les ornaments, les bijoux,

    l 05. les actes paisibles, les soins de sant, la prparation de re-mdes pour se prsenter devant ses matres, pour les relations d'a-miti, pour le commerce, pour les rcoltes,

    l 06. pour entrer dans la maison, pour servir, pour labourer ou semer, pour les bonnes uvres, pour les runions, pour les d-parts,

    107. pour le dbut d'une tude, quand on rencontre des pa-rents, en quittant sa famille, pour les actes religieux ou les initia-tions, pour prononcer des paroles magiques ou sacres,

    108. pour contrler la dure du temps, pour runir le btail, pour gurir les m'aux de l'ge, lorsque le matre vous appelle,

    109. pour monter cheval ou lphant, en allant la chasse, en harnachant des lphants ou des chevaux, en prenant soin d'autrui, en installant des coffres pour l'argent,

    11 O. au dbut du chant, du jeu des instruments et de la danse et en enseignant l'art musical, en entrant dans les villes ou les vil-lages, lors du couronnement des rois,

    111. quand on souffre ou que l'on a du chagrin, des ennuis ou de la fivre, lorsque l'on s'vanouit, pour tout ce qui concerne sa famille ou son matre, quand on rassemble des possessions ou receuille du bois,

    39

  • 112. pour tout ce qui concerne la coloration des dents ou les ornements des femmes, lorsqu'il pleut, que l'on est attir par quelque chose, pour vnrer son matre, pour dtruire l'effet des poisons, toi dont le visage est charmant! pour tous ces actes,

    113. ld donne le succs ainsi que pour tout ce qui a rapport la pratique du Yoga. Il s'oppose aux lments air, feu et ther.*

    114. De jour et de nuit, pour qu'une entreprise soit un succs et pour toutes les bonnes actions, le circuit lunaire est le meil-leur.

    [L'artre droite ou solaire Pingal]

    115. Pingal convient pour les entreprises brutales et les actes cruels, pour l'tude des sciences difficiles, pour les rapports se-xuels, pour se rendre chez les prostitues, pour monter sur de grands navires,

    116. pour les mauvaises actions, pour boire du vin, pour l'usa-ge des formules sacres de caractre hroque, dans l'anxit, pour empoisonner les guerriers ennemis,

    117. pour l'tude des livres sacrs, pour tous les jeux rotiques, pour tuer le gibier ou les animaux domestiques, pour travailler ou percer la terre cuite, le bois, la pierre ou les pierres prcieuses,

    118. pour l'utilisation des diagrammes ou des formules magi-ques, en prenant d'assaut des forteresses, ou des montagnes, pour le jeu, pour le vol, pour monter sur des lphants, des chevaux ou des chars,

    119. pour le sport, pour se battre, pour arracher, pour la pratique des six actions (Shatkamza) (du Yoga),pour se dfen-

    *Qui sont nfastes.

    40

  • dre des sorcires (Yakshints), des dmons (Yakshas), des vam-pires ( Vt/as), des fantmes, ainsi que pour contrecarrer l'effet des poisons,

    12 O. pour mon ter sur des nes, des chameaux, des buffles, des lphants, des chevaux, etc., pour traverser des rivires ou des -tendues d'eau, pour prendre des drogues, pour crire,

    121. pour tuer, pour envoter, pour paralyser, pour s'opposer l'agressivit, pour squestrer, pour provoquer l'effort, pour in-jurier, pour donner, pour acheter, pour vendre,

    122. pour saisir une pe, pour combattre un ennemi, pour jouir, quand on parat devant un roi, pour manger, pour se bai-gner, pour se comporter cruellement, le brlant influx solaire est indiqu,

    123. pour se nourrir, pour attiser le feu, pour sduire les femmes, pour briller, ceux qui savent le font toujours lorsque l'influx solaire circule.

    124. Toutes les actions cruelles, toutes les actions mouvemen-tes russissent quand circule l'influx solaire. Il ne faut pas songer d'autres entreprises.

    [L'artre centrale (Sushumn)]

    125. Lorsque l'air (mruta) passe un instant gauche, un ins-tant droite, sache qu'il s'agit alors de l'influx de Sushumn qui ruine toutes les entreprises.

    126. Dans cette artre se trouve le feu brlant qui est la mani-festation de la puissance destructrice du Temps et de la Mort (K-la).

    127. Sache que c'est, sans nul doute, un mauvais signe lorsque l'influx circule dans les deux artres la fois contrairement la norme.

    41

  • 128. Si l'air (vyu) pour un instant circule gauche puis, pour un instant, passe de l'autre ct, cela donne des rsul-tats contraires [ ceux que l'on dsire]. 0 femme au charmant visage!

    129. L'homme sage sait que lorsque les deux circuits fonction-nent ensemble cela empoisonne tout. Essaye alors de ne rien en-treprendre de bien ou de mal car il ne faut s'attendre aucun r-sultat.

    130. Pour vivre, pour mourir, pour interroger, pour des gains ou des pertes, des victoires ou des dfaites, que l'influx soit favo-rable ou contraire, il faut concentrer sa pense sur Shiva. le Sei-gneur du monde.

    131. S'ils concentrent leur pense sur le dieu Shiva durant les pratiques telles que celles du Yoga, ceux qui dsirent la victoire, le profit ou le bonheur n'ont besoin de rien d'autre.

    132. Lorsque l'on croit que c'est l'influx solaire qui circule et que, chaque instant, Sushumn intervient, une maldiction ou une bndiction ont un effet contraire.

    133. Lorsque les circuits se confondent et les lments se m-langent, il ne faut entreprendre aucune bonne action, ni charits, ni actes vertueux.

    134. Lorsque le souffle.est irrgulier, il ne faut rien entrepren-dre, mme en pense, car, sans nul doute, tout voyage tourne mal, la mort et la douleur vous guettent.

    135. L'influence de l'influx lunaire est oriente vers l'avant, gauche, ou vers le haut; celle de l'influx solaire vers l'arrire, droite ou vers le bas. Ceux qui connaissent la pleine vrit don-nent toujours leurs instructions en en tenant compte.

    136. Si un messager se prsente venant d'en haut, de la gau-che ou d'en face alors que le souffle gauche circule, cela est

    42

  • de bon augure; et galement s'il vient d'en bas, de derrire ou de la droite un moment o circule le souffle solaire.

    13 7. Lorsque circule le souffle irrgulier, non directionnel, de Sushumn les gens senss restent inactifs, ne prennent aucune nourriture, et mditent sur les ralits profondes. C'est ce qu'on appelle les moments-crpusculaires (sandhy).

    138. Ce que les initis appellent Vda n'est pas le livre des V-da. Le Vda est ce qui est apprhend travers les Vda. Ce par quoi on peut arriver connatre la nature de l'Etre Suprme (paramtman) est ce que celui qui sait appelle Vda.

    139. Ce n'est pas la jonction (du jour et de la nuit) que l'on appelle le crpuscule ( sandhy). Le crpuscule est un point de jonction (sandhi). L'tre vivant dont le souffle est irrgulier* ap-pelle cette jonction le crpuscule.

    Fin de la description des diffrentes artres.

    * Passe par l'artre centrale Sushumn.

    43

  • [III. LES CINQ PRINCIPES DES ELEMENTS]

    140. La Desse: Dieu des dieux, le plus grand des dieux qui nous permet

    de transgresser l'illusion du monde! Enseigne-moi le secret qui rside dans ton cur.

    141-2. Le Dieu: Le yogin qui parvient possder vritablement la "scien-

    ce du souffle" (svara-jflna) est suprme parmi les yogins. La cration du monde a pour point de dpart les principes ( tattvas) dont sont issus les cinq lments. Ces principes se rsorberont dans leur principe. Un principe suprme existe au del des cinq principes des lments et au del de ce principe se trouve l'tre sans artifices, le Brahman.

    143. Grce aux pouvoirs ( siddhis) acquis par le Yoga, les yo-gins peuvent atteindre la connaissance des "principes des l-ments" ( tattvas). Celui qui a pleinement ralis le contrle du souffle ( svara) paroit les dfauts (les aspects illusoires) inhrents aux "tats de la matire" (bhtas) ou lments.

    144. Tout ce qui existe est form de ces cinq tats de la mati-re appels symboliquement Terre, Eau, Feu, Air et Ether*. Celui qui a compris la nature des lments mrite d'tre vnr.

    145. Les tres de tous les mondes** sont forms des mmes principes. La diffrence provient de ce que leurs artres subtiles sont organises diffremment.

    146. Ecoute bien ce que je te dis, Toute Belle! Les cinq princi-pes des lments prennent naissance dans les influx de gauche ou de la droite***. La science des principes est de huit sortes .

    Ils reprsentent les sphres de perception des cinq sens: odorat, got, vue, tou-cher et oue . Le monde infernal, le monde terrestre, le monde des esprits et celui des dieux. Les dfrents aspects de la matire ne proviennent que de la perception que nous en avons.

    45

  • 147. La premire se rfre au nombre des "principes des l-ments" ( tattvas), la deuxime aux points de jonction du souffle (shvsa), la troisime aux caractristiques des influx ( svara), la quatrime leur emplacement.

    148. La cinquime se rfre leur couleur, la sixime aux cinq nergies vitales (prnas) la septime leur saveur et la huitime leur mouvement.

    149. Desse aux yeux de lotus! C'est ainsi que l'Univers, anim ou inanim, est pntr par les huit aspects de l'nergie vitale (prna). Il n'est d'autre science que celle des souffles-vitaux ( sva-ras).

    150. Il faut, avec une attention constante, depuis l'aube, tre attentif*. C'est ce que doit faire le yogin, s'il veut chapper la puissance du Temps (Kla) et de la mort.

    151. Fem1ant ses oreilles avec les pouces, les narines avec les mdiums, la bouche avec les annulaires et les petits doigts, les yeux avec les index,

    152. on prend peu peu conscience des "principes des l-ments" ( tattvas) leur point limite [de la manifestation formel-le]. La Terre apparat jaune, l'eau blanche, le feu rouge, l'air noir. L'ther est multicolore.

    153. Les hommes de discernement se regardent dans le mi-roir**. Ils laissent sortir leur souffle (shvsa) et peroivent dans leur vision intrieure la nature des principes des lments.

    154. Un carr (Terre), une demi-lune (Eau), un triangle (Feu), un cercle (Air), telles sont les formes [caractristiques qui symbo-

    * Aux variations du souffle. ** Miroir intrieur au cours de la mditation profonde.

    46

  • lisent la nature] des "principes des lments" (tattvas). Un point reprsente l'Ether.

    1 5 5. Au centre se trouve la terre, en bas l'eau, vers le haut monte le feu, de ct souffle l'air. L'ther est peru toutes les intersections (qui dterminent la dimension].

    15 6. L'eau est blanche, la terre jaune, le feu est, dit-on, rouge, l'air est bleu-sombre comme les nuages, l'ther est multicolore.

    15 7. Le feu rside dans les deux paules, l'air la base du nom-bril, la terre prs des genoux, l'eau au bout des pieds et l'ther dans le front.

    [Saveur des lments)

    15 8. Le principe de terre a une saveur fade, l'eau est astringen-te, le feu est pre, l'air est acide, l'ther piment.

    [Manifestation des Principes des Elments d'aprs la porte ( gati) du souffle.]

    159. Le souffle bas sur l'lment air atteint [une distance de] huit pouces, celui du feu de quatre pouces, celui de l'lment ter-re de douze pouces, celui de l'eau de seize pouces.

    160. Si le souffle ( svara) se dirige vers le haut, cela signifie la mort, vers le bas la paix, s'il va en biais il indique l'instabilit, au milieu tout est paralys. S'il se rpand dans toutes les directions c'est un signe d'quilibre.

    161. Les uvres de caractre stable doivent tre entreprises sous l'influence de l'lment terre, les actions impliquant un mouvement sous l'influence de l'lment eau, les actes cruels sous l'influence du feu. Pour tuer ou pour envoter l'influence de l'air est indique.

    162. Quand le souffle est sous l'influence de l'ther, il ne faut

    47

  • rien entreprendre mais il faut pratiquer des exercices de Yoga Aucune action commence sous cette influence ne peut aboutir. Il ne faut mme pas s'y prparer en pense.

    163. La terre et l'eau mnent au succs, le feu la mort, l'air au dclin, l'ther mne l'chec en toutes choses.

    164. Avec la terre le succs est durable, avec l'eau il est tempo-raire, le feu et l'air sont nuisibles, avec l'ther l'chec est certain.

    165. Le souffle, li l'influx terre, qui assure un succs dura-ble est de couleur jaune, de mouvement rapide ou modr. Il est agressif, de sonorit forte, de temprature tide.

    166. Le souffle li l'eau se dirige vers le bas; il a un son puis-sant. Il est rapide, frais, de couleur blanche. Il atteint une distan-ce de seize pouces. Il convient pour le succs des bonnes actions.

    167. Le souffle li au feu tourne en rond, est brlant et rouge, se meut vers le haut, atteint jusqu' quatre pouces. Il est indiqu pour les actes cruels.

    168. Le souffle li l'air, chaud et froid, de couleur bleu-som-bre, se meut en biais, atteint jusqu' huit pouces. Il convient pour l'envoi de messagers.

    169. Le souffle de saveur gale, qui porte en lui les qualits de tous les principes des lments est celui de 1' ther qui permet aux yogi.ns d'atteindre leur but.

    170. Le souffle li au principe terre mne tous les plaisirs. Il est de couleur jaune, carr, fade, de force moyenne. Il atteint une distance de douze pouces.

    171. Le souffle li au principe eau est celui qui donne des pro-fits. Il est de couleur blanche, en forme de demi-lune, de saveur astringente (kshya), lger (rdraka). Il atteint une distance de seize pouces.

    48

  • 172. Le souffle li au principe feu est rouge, triangulaire, de sa-veur pre, montant vers le haut, brillant. Il atteint une distance de quatre pouces.

    173. Le souffle li au principe air est bleu-sombre, de forme ronde, de got acide. Il se meut en biais. Instable, il atteint une distance de huit pouces.

    17 4. Le souffle li au principe ther et dont la couleur, la for-me et le got ne sont pas perceptibles, pntre toutes choses, conduit la libration mais mne l'chec de toute entreprise humaine.

    175. Les principes terre et eau sont favorables, le principe feu donne des rsultats mixtes. L'air et l'ther, qui provoquent la mort, sont malfiques pour l'homme.

    176. La terre est l'est, l'eau l'ouest, le feu au sud, l'air au nord. Telles sont les directions correspondant aux lments. L'-ther rside dans le triangle central*.

    177. Lorsque dans l'artre lunaire (gauche) circulent les influx terre et eau et que dans l'artre solaire (droite) circule l'influx feu, on peut tre certain du succs, que les actions soient bonnes ou mauvaises.

    178. Si le principe terre circule le jour, c'est bnfique. Si le principe eau circule la nuit c'est galement bnfique. Si c'est le principe feu c'est la mort, le principe air le dclin. Avec le princi-pe ther la maison risque de brler.

    179. Pour tous les actes concernant la vie, la victoire, le profit, l'agriculture, l'argent, les mantras, les actions guerrires, les alles et les venues,

    "' Le texte, qui semble corrompu, place la terre l'ouest et l'eau l'est.

    49

  • 180. l'ennemi, destructeur du succs, est le principe eau. Si c'est l'influx air qui circule les dommages sont frquents, si c'est le feu ou l'ther, c'est la mort.

    181. Avec l'influx terre il faut se proccuper des choses mat-rielles; si c'est l'eau ou l'air de la vie, si c'est le feu des choses abs-traites; si c'est l'ther il faut s'efforcer de ne pas penser.

    182. A l'lment terre correspondent les tres multiples pat-tes, l'lment eau ceux deux pattes, au feu ceux quatre pat-tes, l'air ceux sans pattes.

    183. Quand le souffle passe par le circuit de droite et que Mars est dans l'lment feu, le Soleil dans l'lment terre, Saturne dans l'lment eau et Rahu* dans l'lment air,

    184. et lorsque le souffle passe par le circuit de gauche et que la Lune est dans l'lment eau, Mercure dans la terre, Jupiter dans l'air, Vnus dans le feu, le rsultat est en tous cas assur.

    185. Mercure rside dans la terre, la Lune et Vnus dans l'eau, le Soleil et Mars dans le feu, Rahu et Saturne dans l'air, et Jupiter dans l'ther.

    186. Lorsqu'il est question de voyage au moment o domine l'influx solaire, si Rahu est dans l'lment feu, il faut savoir que le voyage aboutira dans un autre lieu que celui o on voulait aller.

    187. Pour quelqu'un qui doit venir, si l'lment eau est actif, il viendra. Si c'est l'lment terre, c'est bon signe. Si c'est l'lment air, il ira ailleurs. Si c'est l'lment feu, la mort le menace.

    * Les deux principales plantes invisibles l'oeil nu sont remplaces, dans l'astrolcr gie hindoue, par les nodes de l'orbite lunaire appels Rahu (qui cause les clipses) et par Ktu les comtes.

    50

  • 188. Lorsque l'lment terre domine, il faut s'intresser aux choses matrielles, si c'est l'eau s'occuper d'uvres mritoires, si c'est le feu de l'origine des choses, et si c'est l'ther ne s'occuper de rien.

    189. En ce qui concerne des gens qui sont loigns, si l'influx de la terre et de l'eau prdomine cela signifie satisfaction, sant, amour, succs, gaiet; si c'est le feu ou l'air, l'ennui, la maladie, la fivre, la crainte.

    190. Si c'est l'ther, la vie est courte et la mort est prsente. Tels sont les effets des douze emplacements des "principes des lments" ( tattvas) tels qu'ils sont dfinis par ceux qui connais-sent le lieu et le temps.

    191. Les tats de la matire ( bhtas) ou lments exercent leur influence dans les directions suivantes: Est (terre); Ouest (eau), Sud (feu) et Nord (air).

    192. 0 [femme au] joli visage! Sache que tous les corps sont faits de ces cinq lments: terre, eau, feu, air et ther.

    193. Ceux qui possdent la connaissance disent que l'lment solide (terre) prdomine dans cinq aspects caractristiques qui sont les os, la chair, la peau, les artres, les poils.

    194. L'lment liquide (eau), prdomine dans le sperme, la moelle, l'urine, la salive.

    195. Les caractristiques de l'lment ign (feu) sont la faim, la soif, le sommeil, la beaut ( kn tiJ, la paresse.

    196. De l'lment gazeux (air) proviennent les tremblements, les odeurs, le doute, l'indcision.

    197. L'amour, la haine, la pudeur, la peur, l'illusion sont lis l'lment ther.

    51

  • 198. Dans le corps il y a cinquante parties de terre, quarante d'eau, trente de feu, vingt d'air et dix d'ther.

    199. Le bnfice d'une action accomplie lorsque l'lment ter-re prdomine se ralisera aprs un long temps. Si c'est l'eau, im-mdiatement. Si c'est l'air, le rsultat sera peu de chose, mais le feu dtruit mme ce qui a dj t acquis.

    200. A la terre correspondent cinq qualits, l'eau quatre, au feu trois, l'eau deux, l'ther une seule.

    201. Lorsque la terre explosera, se dispersera, se brisera, s'effondrera, toutes les sortes d'action auront le mme rsul-tat.

    202. En astrologie l'influence des constellations du cycle lu-naire, Dhanishth, Rohin, Jyshth, Anurdh, Shravana, Abhiji-ta, Uttarshdh, est lie l'lment terre.

    203. Trs chre! Purvshdh, Ashlsh, M l, Adr, R-va t, Uttar-Bhdrapad, Shatabhish (?) sont lies l'lment eau.

    204. Bharan, Kritik, Push, Magh, Prv, Phlgun, Prv-Bhdrapad, Svt, sont lies l'lment feu.

    205. Vishkh, Uttar-phlgun, Hast, Chitr, Punarvasu, Ashvin, Mrigashirsha, sont lies l'lment air.

    206. Lorsqu'un messager, plac du ct du circuit ( nd) par o passe le souffle, donne des informations, bonnes ou mauvai-ses, celles-ci se ralisent pleinement. Mais s'il est plac du ct qui ne fonctionne pas, les rsultats sont nuls.

    207. Lorsque le souffle est rempli ou sortant, les rsultats ne sont pas bons, mme si les "principes des lments" sont favora-bles. Un succs complet est assur lorsque les influx solaire et lu-naire sont mls.

    52

  • 208. C'est parce que les "principes des lments" (tattvas) taient favorables que Rma a pu vaincre. Le Conqurant des Ri-chesses, Arjuna, fut lui aussi vainqueur parce que les "principes des lments" taient en sa faveur. Parce qu'ils leurs taient con-traires, tous les Kauravas furent massacrs.

    209. C'est cause des mrites acquis dans des vies antrieures, ou par la grce du guru que ceux qui ont l'me pure peuvent ac-querir la connaissance des "principes des lments" et raliser leurs dsirs.

    [Mditation sur les cinq "principes des lments" ( tattvas)]

    21 O. On doit mditer sur le principe "Terre" reprsent sous la forme de la syllabe-semence ( bja) LAM. Son symbole est le car-r, sa couleur le jaune, son odeur agrable. Il est brillant comme l'or et rend le corps lger (/aglzu.).

    211. La syllabe-semence du principe "Eau" est VAM. Son symbole est le croissant de lune. Sa couleur est celle de la Lune. Si l'on mdite sur ce principe il permet de rsister la faim et la soif et de vivre sous l'eau.

    212. La syllabe-semence du principe "Feu" est RAM. Son symbole le triangle, sa couleur le rouge. Si l'on mdite sur lui, en mangeant et buvant beaucoup*, on peut rsister au feu.

    213. La syllabe-semence du principe "Air" est Y A1}J. Son sym-bole est le cercle, sa couleur le noir. En mditant sur lui on peut se mouvoir dans l'espace comme se meuvent les oiseaux.

    214. La syllabe-semence du principe "Ether" (l'espace) est HAM. Ce principe qui n'a pas de forme est multicolore. En m-

    * Les sucs digestifs sont considrs comme un feu intrieur.

    53

  • -- -------------------

  • [IV. LES EFFETS DU SOUFFLE VITAL]

    216. La Desse. Dieu des dieux! Le plus grand des dieux! Tois qui donne

    la paix (Shankara)! En partant de cette connaissance du souffle (svarodaya) que tu m'as enseign, comment peut on arriver con-natre les trois formes du temps (pass, prsent, futur)?

    217. Le Dieu: 0 Belle! Selon le but, les circonstances, le genre de ce que

    l'on dsire quels sont les moments favorables ou dfavorables? Ce sont trois questions auxquelles on ne peut rpondre que si l'on possde la connaissance des trois formes du temps.

    218. Le Principe (tattva) est triple*. C'est du Principe que d-pendent les actions favorables ou dfavorables, du principe que dpendent le succs ou l'insuccs, du principe ce que l'on doit ac-cepter ou rfuser.

    219. La Desse: Dieu des dieux! Le plus grand des dieux! Dans l'ocan du

    monde quel est en toutes choses l'ultime ami de l'homme qui lui permet de mener bien ses entreprises?

    220. Le Dieu: O joli visage! Le souffle respiratoire ( prna) est l'ultime

    ami, le souffle de vie le seul compagnon. Il n'est point de parent plus cher que le souffle-vital, rien d'autre.

    221. La Desse: Comment l'air se transforme-t-il en souffle-vital, devient-

    il la vie du corps, et comment Je yogin peut il comprendre la na-ture de ce souffle-vital dans lequel circulent les "principes des l-ments" ( tattvas).

    * Etant form de trois tendances fondamentales (gzmas) Sattva-Tamas-Rajas, centri-pte centrifuge orbitante, ou protectrice destructrice cratrice.

    55

  • 222. Le Dieu: Au centre de la cit corporelle se meut le souffle qui en

    est le gardien protecteur. On dit qu'il pntre dix doigts de pro-fondeur et ressort douze doigts au dehors.

    223. Le mouvement de l'air quand on marche peut attein-dre vingt-quatre doigts, quand on court quarante-deux doigts, pendant la copulation soixante-cinq doigts, en dormant cent doigts.

    224. 0 Desse! Le mouvement normal de l'air est de douze doigts. Quand on mange ou que l'on vomit (vaman) ce mouve-ment atteint dix-huit doigts.

    225. Si l'on rduit le souffle d'un doigt on se dfait du dsir, si c'est de deux doigts on ralise la flicit, de trois doigts on ob-tient la vision potique (le don prophtique),

    226. de quatre doigts le pouvoir de la parole (par lequel ce que dit le yugin doit ncessairement arriver), de cinq doigts la vision distance, de six doigts le pouvoir de se dplacer dans l'espace, de sept doigts la vitesse de l'clair ( ?clzanda),

    227. de huit doigts les huit pouvoirs magiques (siddlzis), de neuf doigts l'accs aux neuf trsors clestes [de Kubra], de dix doigts la vision des dix formes divines (mrtis), de onze doigts le pouvoir de l'homme-ombre ( chy),

    228. de douze doigts, chevauchant le cygne de la connais-sance subtile (hamsa), on boit l'lixir d'immortalit [appel-l symboliquement] le Gange. Celui qui est ainsi rempli du souffle vital jusqu'au bout des ongles n'a plus besoin de nour-riture.

    229. Ainsi a t rvle la mthode de contrle du souffle-vital qui permet de russir en toute entreprise. Cette connaissance ne peut tre obtenue que d'un matre et non pas travers des mil-liers d'ouvrages thoriques.

    56

  • 230. Si l'on arrive ce que l'influx lunaire fonctionne le matin et l'influx solaire l'aprs midi mais aussi au milieu du jour et de la nuit, on parvient la connaissance des choses subtiles.

    231. Pour aller combattre en pays lointain le souffle lunaire est favorable, dans un pays voisin le souffle solaire. Si l'on part du pied correspondant au souffle qui fonctionne on est sr du suc-cs.

    232. Pour partir en voyage, pour un mariage, pour entrer dans une ville et autres bonnes entreprises, le succs est assur si le souffle lunaire fonctionne.

    [Succs militaires]

    233. L'homme qui pratique le Yoga en tenant compte des pla-ntes, des jours, des phases lunaires, des saisons, etc., peut paraly-ser une arme ennemie. Par le pouvoir de son souffle-vital (svara) il peut pntrer sans obstacles dans le paradis de Vishnu.

    234. L'homme qui protge son corps en prononant l'invoca-tion 'vam rakshasa" (protge ma vie) gagne tous les combats et conquiert la terre entire.

    235. Il faut entreprendre des actions paisibles quand les princi-pes terre, eau ou ther prdominent et des actions cruelles, telles que les guerres, quand les principes feu et air prdominent.

    236. Si on lance une arme contre quelqu'un, il faut le faire au moment o le souffle sort. Si l'arme est lance en soufflant on est sr de vaincre dans le combat.

    237. Si on monte sur un vhicule en aspirant l'air et qu'on en descend en expirant l'air, on russit dans toutes les entreprises.

    238. Si l'ennemi fait des prparatifs alors qu'on a vid son souffle et que soi-mme on prpare son arme en faisant le plein de son souffle, on peut soi seul conqurir toute la terre.

    57

  • 239. En tenant compte du ct o passe le souffle et de la di-vinit qui y prside, en faisant face la direction de l'espace qui y correspond, toute entreprise doit russir.

    240. D'abord il faut faire le geste symbolique, la mudr, cor-respondant et ensuite partir pour corn battre. Celui qui fait la mu-dr du serpent est certain de russir.

    241. Lorsque les guerriers se groupent pour partir en guerre, il faut tenir compte de la nature du souffle au moment de partir, et vrifier si c'est l'influx lunaire ou solaire qui prdomine. C'est le souffle expir qui dtruit.

    242. C'est du ct o passe le souffle ( gauche ou droite), qu'il faut se mettre en marche pour corn battre. On est alors sr de vaincre mme si l'on a en face de soi l'arme du roi des dieux.

    243. Du ct ou l'nergie vitale circule dans les conduits ( n-ds), il faut attirer le souffle vital de ce ct jusqu' l'oreille au moment de partir et on est sr de vaincre mme si l'on attaque le libidineux rois des dieux (Purandara).

    244. Celui qui protge son corps des coups de l'ennemi* ne peut tre battu mme par les plus puissants ennemis.

    245. Celui qui, au moment du conflit, fait entendre un bruit de sifflet avec le pouce et le petit doigt, ou un bruit avec son gros orteil, peut gagner cent mille batailles.

    246. Celui qui dsire vaincre, doit, au milieu du tumulte, ob-server avec attention les influx lunaires et solaires ainsi que les di-rections de l'espace.

    * En surveillant le ct par o passe l'nergie vitale.

    58

  • [Protection et russite.]

    247. 0 Belle! Si un messager vient vous annoncer un vne-ment attendu au moment ou entre le souffle, la russite est assu-re. C'est le contraire quand le souffle sort.

    248. Pour toute chose dsire, mentionne, demande ou dont on parle, si, ce moment, le souffle est aspir la russite est certaine, si, au contraire, on expire l'effet est oppos.

    249. Pour l'homme le souffle du ct droit est prfrable, pour la femme celui du ct gauche. En cas de guerre, il faut aspirer et retenir son souffle ( kumbhaka). Les trois artres subtiles corres-spondent aux trois tendances fondamentales (les gunas Sattva, Rajas et Tamas qui sont la base de la nature du cosmos).

    250. Si l'on ne sait pas distinguer la signification du son "Ha" et du son "Sa", comment pourrait-on comprendre la signification du souffle-vital ( svara)? Les hommes n'obtiennent la russite que par la comprhension fondamentale des mantras So ... ham (Il est Moi) et Ham-sa Ue. suis lui).

    251. En aspirant pour remplir le ct vide ( shunynga) qui protge, on obtient la victoire. C'est par le ct actif (jfvnga), l'expiration, qu'on risque la dfaite. L'aspect actif expose au dan-ger, l'aspect ngatif protge.

    252. Que le souffle passe droite ou gauche, lorsque quel-qu'un pose une question, si c'est au moment du plein respira-toire on ne risque aucun mal, si c'est au moment du vide il y a danger.

    253. Avec le principe terre, le danger menace le ventre, avec l'eau les pieds, avec le feu le sexe, avec l'air les mains.

    254. S'il s'agit du principe ther, le point menac est la tte. C'est ainsi que les cinq sortes de risques sont dfinis dans la scien-ce du souffle de vie ( svara).

    59

  • 255. En cas de conflit, si c'est le ct lunaire qui domine, celui qui est stable* est srement vainqueur. Si c'est l'influx solaire qui circule, c'est l'agresseur qui est sr de vaincre.

    256. Durant le combat, s'il y a un doute sur la victoire, il faut s'intresser au circuit central. Si la respiration (prna) passe par Sushumn l'ennemi sera en difficult dans la bataille.

    257. Selon le ct o passe le souffle, il faut, dans le combat, se protger du mme ct**. On est alors sr de vaincre. Il n'est pas ncessaire de s'inquiter d'autre chose.

    258. Si, au moment du combat, le circuit gauche est en fonc-tion, c'est celui qui est sur son propre territoire qui gagne et l'en-nemi qui est hors de son territoire qui se fait prendre.

    259. Si, au moment du combat, c'est le circuit du Soleil (droit) qui est en action, l'agresseur est certain de vaincre les dieux, les dmons ou les hommes.

    260. L'homme qui entre dans la bataille alors que son influx gauche est en action sera tu par son ennemi. Si c'est l'influx cen-tral il tient ses positions, si c'est l'influx solaire il est vainqueur.

    261. Lorsque deux personnes posent une question en mme temps propos d'un conflit, si, ce moment, les poumons sont pleins le premier gagne, s'ils sont vides c'est le second.

    262. Lorsque le souffle remplit les poumons au moment o l'on se met en marche, l'ennemi arrivera par derrire; s'ils sont vi-des, il viendra de face. Si le souffle est vide ce moment l'ennemi sera tu sans nul doute.

    * Qui se trouve sur son propre territoire. C'est--dire si c'est l'influx Lune au Nord et l'Est, et si c'est l'influx Soleil l'Ouest et au Sud.

    60

  • 263. Si un messager assis sur la gauche fait un rapport d'une voix gale, le succs est assur. S'il est sur la droite et parle avec agitation, c'est l'opposant qui doit vaincre.

    264. Si au moment du rapport c'est l'influx lunaire qui fonc-tionne, un accord est possibile, si c'est l'influx solaire c'est le si-gne que le conflit est invitable.

    265. Le principe (tattva) terre indique que les chances sont partages, l'eau annonce le succs, le feu des membres briss. Les principes air et ther prsagent la mort.

    266. Si au moment du rapport, pour quelque raison ou par dis-traction on ne sait pas de quel ct passe l'air ( anila), les gens sa-ges s'efforcent de le savoir.

    267. Si une fleur que l'on tenait immobile dans la main tombe terre devant soi c'est bon signe, si elle tombe ailleurs c'est le contraire.

    268. Qu'il soit debout ou assis, l'homme qui, en concentrant sa pense, aspire fortement le souffle vital est sr de russir dans toutes ses entreprises.

    269. Ni le temps, ni les armes les plus varies, ni les serpents, ni les ennemis, les maladies ou les bandits, etc. ne peuvent tuer quel-qu'un au moment o son souffle est vide.

    270. Au jeu, si, au dbut, on commence par arrter son souffle et si on tient compte ensuite, chaque instant, du souffle qui fonctionne, on gagne infailliblement.

    271. Devant la puissance de celui qui connat le secret du souf-fle-vital ( svara) tous les efforts sont inutiles. Dans ce monde et dans l'autre, celui qui contrle le souffle-vital est le plus fort.

    272. Mme si le pouvoir d'un roi est de cent mille fois ou de dix fois cent mille fois suprieur ou, comme celui du roi du

    61

  • ciel, encore mille fois plus grand, celui qui connait le souffle est mille fois plus fort.

    [La conqute de la mort.]

    273. La Desse: Les hommes peuvent se combattre et vaincre. Mais com-

    ment celui qui veut combattre le Dharma Rj, le dieu de la jus-tice et de la mort, peut il vaincre?

    274. Le Dieu: Celui qui mdite sur moi en contrlant son souffle et d-

    verse comme une offrande ce souffle dans le confluent des influx vitaux, obtient tous les pouvoirs qu'il peut dsirer, de grands pro-fits et le succs.

    275. Le monde perceptible* est issu de l'informel**. Lorsque l'on peroit la ralit intrieure des choses, en un instant le for-mel retourne l'informel.

    [ Envotement ( vash krana)]

    276. La Desse. Grand Dieu! Tu as montr comment on peut combattre

    l'homme et la mort. Explique-moi maintenant comment on peut tenir en son pouvoir les dieux des dieux eux-mmes.

    277. Le Dieu: Comme l'ont expliqu les sages, lorsque l'on attire la Lu-

    ne par la force du Soleil et qu'on l'tablit dans le centre vital, on prend contrle d'une femme pour toute la vie.

    278. A l'aide de son souffle de vie {jva) on se saisit de l'influx vital d'une autre personne et on exhale son propre souffle vital

    * Caractris par l'apparence et la divisibilit. * * De l'indivisible.

    62

  • dans le souffle de vie de l'autre. Le souffle de vie atteint le centre de l'influx vital et c'est ainsi que, par exemple, on peut prendre possession du centre vital d'une femme (bl).

    279. Lorsque les femmes dorment, durant la dernire partie de la nuit, l'homme qui boit le souffle-principiel (brahma-svara) d'u-ne femme lui vole son principe vital.

    280. Lorsqu'on prononce une formule magique, telle que le mantra de huit syllabes, au moment de l'acte sexuel et qu'au m-me moment on fait aspirer la femme son propre souffle lunaire, on la prend en son pouvoir.

    28 I. Couchs, ou durant l'acte sexuel, ou en embrassant la fil-le, si le souffle solaire de l'homme aspire le souffle lunaire de la femme, on devient pour elle pareil au dieu de l'amour.

    282. A l'instant de l'acte si l'homme s'identifie Shiva et que son souffle solaire se mle au souffle lunaire de la femme elle de-vient Shakti, la puissance du dieu. Et lorsque le souffle lunaire de l'homme pntre le ct droite de la femme, celui-ci acquiert en un instant le pouvoir de conqurir toutes les femmes.

    283. Celui qui, en faisant pntrer son souffle solaire dans le souffle lunaire de la femme, accomplit l'acte sexuel sept, neuf, trois ou cinq fois, ou bien, s'il utilise son souffle lunaire, deux, quatre ou six fois tient en son pouvoir n'importe quelle femme.

    284. Unissant les souffles solaires et lunaires t attirant, par l'influx solaire, la lvre infrieure de la femme on doit continuer aspirer son souffle maintes reprises.

    285. Il faut continuer d'embrasser ainsi les lvres de la femme aussi longtemps qu'elle est endom1ie et, si elle s'veille, lui baiser les yeux et le cou.

    286. Ainsi l'homme de dsir tient les femmes en son pouvoir. 0 Suprme Desse! Cette manire de prendre possession ne doit pas tre diffuse.

    63

  • [V. MOMENTS FASTES ET NEFASTES]

    [La conception ( garbha).] 287. Le cinquime jour aprs les rgles de la femme, par l'u-nion de l'influx lunaire (gauche) de la femme et de l'influx solaire (droit) de l'homme, la copulation donne naissance un fils.

    288. Ayant accompli la purification aprs ses rgles, la femme doit boire le jus de la plante en forme de conque ( shankhavallf), mlang du lait de vache et recevoir alors le don du sperme de l'homme un moment o circulent les influx terre et eau.

    289. Au moment de la possession la femme doit demander celui qui la possde de la faire jouir trois fois. En faisant cela, l'homme le plus doux peut avoir un fils pareil un lion.

    290. L'homme qui s'unit une femme alors que circule son in-flux solaire et que cet influx pntre dans le circuit Sushumn de la femme, donnera naissance un fils affreux voir et infirme.

    291. De nuit comme de jour, si les influx sont opposs et que, par exemple, l'influx solaire de l'homme circule alors que les principes eau et feu circulent dans le circuit lunaire de la femme, une femme mme strile donnera naissance un fils.

    292. Au dbut de la priode qui suit les rgles, lorsque circule l'influx solaire de l'homme et l'influx lunaire de la femme, si le cot a lieu, une femme mme strile donnera naissance un fils.

    293. Si, la mme priode, lors de l'union avec la femme, l'in-flux solaire de l'homme circule et qu'au moment o s'coule le sperme, l'influx lunaire se met circuler, la femme ne conoit pas.

    294. Si, lorsque leurs influx lunaires circulent, l'homme et la femme dcident de copuler, le rsultat sera une fille. Si ces sont les influx solaires, ce sera un garon. Si ce sont les deux influx (Sushumn) il y aura avortement.

    64

  • 295. Le principe fminin rside dans l'aspct lunaire, le prin-cipe masculin dans l'aspect solaire. Le circuit du centre est neu-tre. Au moment o l'envoy de la femme vient inviter l'homme, le sexe de l'enfant sera celui indiqu par le ct o il se trou-ve*.

    296. Si l'lment terre prdomine, une fille nat, si c'est l'l-ment eau un garon, si c'est l'lment feu il y aura avortement, et si c'est l'lment ther nat un homosexuel.

    297. 0 Belle! Les sages disent que sans influx rien n'arrive, a-vec deux influx naissent des jumeaux et que si c'est l'influx cen-tral qui fonctionne le ftus n'arrive pas tem1e.

    298. Si la conception lieu quand l'lment air prdomine le fils sera malheureux, si c'est l'lment eau il sera clbre et heu-reux, avec l'lment feu le ftus avorte ou l'enfant vit trs peu de temps, si c'est l'lment terre l'enfant sera riche et connatra tous les plaisirs.

    299. L'enfant n du principe eau est fortun, heureux. Il con-nat tous les plaisirs. Le ftus conu dans le principe ther n'arri-ve pas terme.

    300. L'enfant conu dans le principe terre est mle; dans le principe eau il est femelle. Les autres principes sont nuisibles l'enfant moins qu'il ne meure la naissance.

    301. Si l'influx lunaire passe dans le circuit solaire ou l'influx solaire dans le circuit lunaire, il faut trs vite demander conseil au guru, car ceci n'est expliqu dans aucun des milliers de textes en existence.

    [Fin du chapitre de la conception.]

    * A droite un garon, gauche une fille, au centre un homosexuel.

    65

  • [Les priodes de l'anne.]

    302. Durant la quinzaine claire (aprs la Nouvelle Lune) du mois de Chaitra*, le premier jour de la Lune, ayant pris son bain du matin, l'homme de bien, qui pratique le Yoga, mdite sur la course du Soleil vers le Nord et sur sa course vers le Sud**.

    303. A ce moment, si le principe terre circule dans le circuit lunaire, ou bien les principes eau et air, l'anne sera prospre et les moissons abondantes.

    304. Si ce sont les principes feu ou ther, de grands prils et la famine menacent. C'est ainsi que l'on peut prdire, d'aprs les principes des lments, les perspectives de l'anne, du mois et du jour.

    305. L'influx central (madhyam), celui de Sushumn, est cruel, mauvais pour toutes les entreprises. Il cause la ruine du pays, les pidmies, les souffrances et les ennuis de toutes sortes.

    306. Quand le Soleil entre dans le signe du Blier ( Msha sm-krnti}***, au lever du jour, il faut observer soigneusement la na-ture du souffle puis, pour le bien des hommes, leur rvler les pronostics pour l'anne.

    307. Il faut considrer les bons effets des principes terre et au-tres sur les jours et les mois, et les mauvais effets des principes terre, air et feu.

    308. Si le principe terre prdomine, c'est signe de prosprit. Le pays se dveloppe, les moissons seront riches et les pluies a-bondantes. La joie rgnera partout.

    * Mars-Avril, le premier mois de l'anne hindoue. ** Correspondant aux deux moitis de l'anne. *** Le 21 Mars, premier jour de l'anne.

    66

  • 309. Si le principe eau prdomine la pluie sera abondante, la nourriture aussi, la sant bonne. le bonheur partout, les moissons riches.

    31 O. Si le principe feu prdomine il faut s'attendre la famine, le royaume sera ruin et ventuellement dtruit, la pluie fera dfaut.

    311. Si le principe air prdomine, au moment o le Soleil entre dans le signe du Blier, on verra apparatre des obstacles, la peur, la scheresse. la misre.

    312. Si c'est le principe ther qui domine. quand le Soleil entre dans le signe du Blier il n'y aura dans l'anne ni moissons, ni bonheur.

    313. Lorsque le souffle est plein ( pma) les principes des l-ments donnent plus aisment des rsultats. Si le Soleil et la Lune sont en harmonie. tout russit.

    314. En cas de dsquilibre. c'est--dire lorsque le principe feu ou le principe ther sont seuls circuler, il faut faire des provi-sions pour deux mois car il y aura disette.

    315. Lorsque le Soleil change de signe durant la nuit alors que l'influx solaire circule, mais qu'au matin l'influx lunaire se met circuler et que, dans celui-ci, les principes ther, air et feu prdo-minent, cela indique qu'il arrivera un cataclysme. De grands d-sastres et malheurs menacent la terre.

    [Fin du chapitre des priodes de l'anne.]

    [Les maladies.]

    316. Du principe terre dpendent les maladies lies cet l-ment. Si c'est le principe eau qui circule, les maladies proviennent des desses mres des eaux. Si c'est le principe feu qui circule le mal est d aux shkints (desses malfiques) ou aux [fantmes

    67

  • des] anctres (pitris) qui rsident dans les villages ou les jardins.

    317. Si du ct o un messager arrive, le souffle est vide et en-suite, quand il s'assied, il est plein, le malade propos duquel il est venu, mme s'il est dj inconscient, vivra.

    318. S'il s'assied du ct o se trouve le souffle en action, le malade, en dpit de centaines de symptomes et de dangers, survi-vra.

    319. Si le souffle de droite circule, mme si le messager dcrit des symp