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Agenda Numérique – Partie II Juillet 2015

Agenda Numérique Partie II - FEB...2015/07/16  · Agenda numérique Partie II – p.2 Si dans le pincipe, ce p ojet de èglement peut semble une bonne chose en ce uil vise à modenise

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Agenda Numérique – Partie II

Juillet 2015

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Agenda numérique Partie II

Table des matières

Partie II - Garantir l’excellence des écosystèmes TIC ............................................ 1

II.1 Climat réglementaire ............................................................................................ 1

II.1.a Général ................................................................................................................. 1

II.1.b Climat réglementaire relatif à l’e-Commerce ........................................................... 2

II.2 Climat entrepreneurial ......................................................................................... 4

II.3 Climat fiscal ......................................................................................................... 5

II.4 Formations et compétences TIC ............................................................................ 7

II.5 Modernisation et flexibilité du marché du travail .................................................. 9

II.5.a e-Commerce et métiers du numérique .................................................................. 10

II.5.b Télétravail ........................................................................................................... 10

II.5.c Procédures papier dépassées en droit du travail ................................................... 11

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Partie II - Garantir l’excellence des écosystèmes TIC

Un écosystème qui soutient et encourage l’innovation numérique et l’entrepreneuriat comprend un

bon cadre réglementaire, un climat d’entreprise motivant, un climat fiscal attractif, de la main d’œuvre

technologique qualifiée, et un marché du travail flexible et modernisé.

II.1 Climat réglementaire

II.1.a Général

Situation actuelle

Le droit européen et les droits nationaux n'ont pas évolué aussi vite que les changements

technologiques ; ils n'ont par exemple pas suffisamment intégré les avantages de la numérisation.

Prenons par exemple le droit des sociétés. Les échanges d’informations entre les entreprises, les

actionnaires et les pouvoirs publics se font encore souvent sur papier. Dans de nombreuses

entreprises, les actionnaires ne peuvent toujours pas voter par voie électronique et il n'y a pas

d’immatriculation en ligne des entreprises à l'échelle européenne.

Afin de favoriser le développement de l’économie numérique, il faut entre autres identifier les

obstacles juridiques et notamment les textes légaux et réglementaires qui freinent ou empêchent

l’expansion de l’économie numérique. Il est également important que ce développement se réalise

dans un cadre donnant aux utilisateurs la sécurité juridique nécessaire. En effet, les obstacles à la

numérisation tant en Europe qu’en Belgique sont notamment de nature juridique et c’est dès lors

également à ces niveaux qu’une action doit être menée si l’on veut que la situation évolue. Pour toutes

les activités des entreprises, qu’il s’agisse d’offres ou d’achats de produits ou de services, pour tous

les documents qui sous-tendent ces opérations, il existe un cadre légal qui doit être adapté aux

nouvelles technologies et à la digitalisation.

Futur et recommandations

Dans une approche de ‘better regulation’, le premier réflexe devrait être de réduire la réglementation

inutile et de ne pas ajouter de nouvelles règles, à moins qu’elles ne soient indispensables. Cela devrait

aussi permettre de supprimer les asymétries réglementaires potentielles afin d’assurer un level

playing field entre tous les acteurs de la chaîne de valeur numérique.

Un cadre réglementaire est nécessaire pour protéger le consommateur, mais il ne doit pas servir à

protéger les acteurs du marché actuel contre de futures innovations. Le cadre réglementaire doit être

suffisamment flexible pour permettre l’innovation sans perdre de vue les intérêts du consommateur.

L’insécurité juridique pour les modèles d’affaires innovants et numériques doit être supprimée sans

menacer le potentiel de croissance de ces secteurs. L’incertitude qui règne dans l’économie du partage

concernant e.a. la législation fiscale applicable et la concurrence avec les secteurs traditionnels

réglementés en est un bon exemple.

Finalement, dans un monde numérique, la circulation et l’utilisation des données sont sans frontières

et sans limites. L'utilisation de certaines données sensibles doit tout autant être encadrée par des

dispositions réglementaires et légales applicables et proportionnelles. À cet égard, une réforme du

droit européen relatif à la protection des données est prévue en raison de la révolution technologique

intervenue depuis la directive de 1995. L’internet, les médias sociaux, etc. ont modifié radicalement

non seulement notre société, mais aussi les possibilités de traiter les données. La Commission

européenne a dès lors élaboré un projet de règlement qui devrait aboutir cette année.

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Agenda numérique Partie II – p.2

Si dans le principe, ce projet de règlement peut sembler une bonne chose en ce qu’il vise à moderniser

la directive de 1995 pour notamment tenir compte des nouvelles technologies et des risques qu’elles

comportent pour la protection de la vie privée, dans la pratique, il en va autrement. En effet, les

entreprises risquent d’être confrontées à un accroissement des charges administratives liées aux

nouvelles obligations en matière de protection de la vie privée. Une politique “risk based ” doit être

adoptée en ce domaine car tous les traitements de données ne comportent pas les mêmes risques.

Il faut également tenir compte du fait que certaines de ces données sont protégées par des droits de

propriété intellectuelle et notamment par le droit d’auteur. Ces données sont également utilisées,

téléchargées, transmises, intégrées dans d’autres fichiers, … Les règles en matière de droit d’auteur

telles qu’elles existent à ce jour, et notamment les exceptions à ce droit, telle que l’exception pour

copie privée, ne sont pas adaptées aux nouvelles technologies, ne correspondent plus à la réalité

économique et devraient dès lors faire l’objet d’une profonde révision tant au niveau européen qu’au

niveau belge. Il serait également opportun, au niveau européen, d’harmoniser les régimes applicables

dans les différents États membres.

II.1.b Climat réglementaire relatif à l’e-Commerce

Situation actuelle

La législation complexe ou devenue obsolète constitue souvent un frein au développement de l’e-

commerce en Belgique et en Europe. La cause réside dans diverses lois et réglementations qui posent

des problèmes pratiques. Notamment celles relatives à la sécurité des produits et au système de

reprise des biens usagés, pour lequel la Belgique impose plus d’obligations que les pays voisins.

La réglementation constitue aussi un obstacle important au développement d’une économie

numérique plus vaste. Songeons aux problèmes que rencontrent Uber et Airbnb en Belgique. Souvent,

notre législation n’est pas adaptée à de telles initiatives innovantes.

Futur et recommandations

Toute obligation supplémentaire pour un commerçant implique un coût supplémentaire et est donc

source d’augmentations de prix et de perte de compétitivité par rapport aux commerçants étrangers.

La réglementation concernée doit donc être simplifiée compte tenu des pratiques étrangères.

Quelques exemples :

1) L’obligation belge de mentionner les valeurs SAR des GSM.

2) Les restrictions commerciales belges, en particulier la licence obligatoire par exemple pour la vente

de moyens de protection des végétaux.

3) L’enregistrement obligatoire de produits ayant une prétention de durabilité.

4) Les normes de produits, comme l’interdiction de la vente de blocs multiprises de plus de quatre

prises sans sûreté.

5) La notification des compléments alimentaires, qui n’est obligatoire qu’en Belgique.

Le système belge de reprise des biens usagés est trop complexe, trop administratif et trop onéreux. Il

doit donc être urgemment réformé et simplifié. Le système est trop complexe parce que de très

nombreux produits sont soumis à la réglementation en Belgique et que les organismes de recyclage

prolifèrent. Le système génère des charges administratives lourdes parce que les articles ne sont pas

répartis dans des catégories uniformes, parce que la redevance pour le matériau d’emballage est fixée

parfois de manière forfaitaire et parfois en détail et parce que les périodes de déclaration ne

correspondent pas. Le système est également onéreux en comparaison avec d’autres pays : pour une

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perceuse identique, la taxe Recupel belge est un tiers plus élevée que la taxe Wecycle néerlandaise.

De plus, les systèmes actuels de gestion des déchets des organismes de recyclage ne sont pas adaptés

aux commerçants multicanaux qui vendent à la fois hors ligne et en ligne à des consommateurs belges

et étrangers. En cas de livraisons à des clients étrangers, le commerçant paie des taxes

environnementales injustifiées. Pour ces types de transactions, les systèmes de gestion des déchets

doivent prévoir des exonérations à la place des systèmes actuels de remboursement qui entraînent

de lourdes tracasseries administratives.

Règlement des litiges

En matière de droit de la consommation, la directive relative au règlement extrajudiciaire des litiges

permettra aux consommateurs de se tourner vers des organes de règlement des litiges de qualité pour

les litiges de nature contractuelle qui les opposent à des opérateurs économiques, que leurs achats

aient été effectués en ligne ou non, dans le pays ou à l'étranger. En outre, le règlement relatif au

règlement en ligne des litiges prévoit la mise en place d'une plateforme européenne de règlement en

ligne des litiges résultant de transactions en ligne. Les États membres doivent garantir une mise en

œuvre ambitieuse et rapide de ces deux instruments.

Cette plateforme n’a pas encore été mise en place. En ce moment, elle est en phase de test. Cette

plateforme serait une sorte de “portail” vers les entités ADR des États membres – qui sont obligés

d’avoir un site web et d’offrir la possibilité de communiquer par voie électronique (aussi pour

l’échange de pièces par exemple). Au niveau belge, le livre XVI du Code de Droit économique, qui entre

en vigueur le 1er juin 2015, prévoit une série de mesures en matière de règlement alternatif des litiges

(ADR).

Il est également important de déterminer les juridictions compétentes en cas de litiges sur le net. Le

Règlement (CE) n°44/2001 du 22 décembre 2000 permet par exemple d’assigner le responsable d’un

dommage devant le tribunal du lieu où le fait dommageable s’est produit. Or, la jurisprudence récente

de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) considère que le lieu du fait dommageable peut

concerner deux endroits : le lieu de départ de celui qui commet l’infraction et le lieu où le dommage

se matérialise, ce qui peut se faire dans deux ou plusieurs États différents dès lors que l’on parle

d’informations circulant sur le net.

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II.2 Climat entrepreneurial

Situation actuelle

La croissance de l'économie numérique dans un pays est largement tributaire des start-ups qui

commercialisent des produits numériques innovants.

Par rapport au reste de l'UE, la Belgique n'est toutefois pas performante en matière d'entrepreneuriat.

On n’y crée que 2,5 entreprises par 1.000 habitants. Un chiffre très éloigné de la moyenne

européenne, qui est de 6,6 entreprises par 1.000 habitants.

Le climat d’entreprise belge peut être amélioré à de nombreux niveaux : procédures de démarrage

plus simples, disponibilité accrue de capital à risque et accès simplifié au financement d’entreprise.

Futur et recommandations

À l’avenir, le lancement d’une entreprise doit être simplifié et accéléré grâce à l’internet. Aujourd’hui,

la création d’une nouvelle entreprise doit toujours passer par un notaire. Si le notaire utilise le système

eDepot (voir plus loin partie III.3.b - Meilleur échange d’informations entre le SPF Justice et la Banque-

Carrefour des Entreprises, p.5), l’entreprise peut être créée dans un délai de 48 heures, mais ce

système n'est malheureusement pas encore utilisé par tous les notaires (voir partie III.3.b, p.6).

En outre, les conditions pour les SPRL Starter (1 EUR de capital de départ) doivent être fortement

simplifiées.

Il faut également améliorer la disponibilité et l’accès à des sources de financement alternatives. Le but

est que les entreprises soient moins dépendantes du financement bancaire Le marché européen du

financement alternatif a crû l’an dernier de 144% pour s’élever à 620 millions EUR. Malheureusement,

la Belgique ne suit pas la tendance européenne.

En ce qui concerne le crowdfunding, la Belgique a amorcé un mouvement de rattrapage par rapport

aux pays voisins, mais il reste beaucoup à faire. Ainsi, en 2013, le crowdfunding a permis de lever 0,1

EUR par habitant en Belgique, contre 1,5 EUR aux Pays-Bas et 1,8 EUR au Royaume-Uni. C’est donc

une bonne chose que le gouvernement fédéral ait décidé récemment d’améliorer l’attractivité du

crowdfunding en autorisant la déductibilité fiscale partielle du montant investi pour les investisseurs.

Outre le crowdfunding, les entreprises débutantes et en croissance peuvent également se financer

auprès des business angels et des fonds de capital à risque. L’avantage de ces deux sources de

financement est qu’elles accompagnent les entrepreneurs dans le développement de leur entreprise.

Vu la position dominante dans ces domaines qu’ont les investisseurs étrangers en Belgique, il est

important de soutenir des initiatives locales et de développer encore ces sources de financement en

Belgique pour y ancrer les entreprises.

Le tax shelter pour les start-ups va aussi dans la bonne direction pour améliorer la disponibilité du

capital à risque. Cette mesure permet, sous certaines conditions, de déduire partiellement le montant

de l’investissement de l’impôt des personnes physiques. Elle est très bonne pour les entreprises

débutantes, mais elle n’est pas suffisante pour les entreprises qui cherchent à financer leur croissance.

En effet, les montants maximums (100.000 EUR par investisseur et 250.000 EUR par entreprise) ne

permettent pas de fournir un capital suffisant aux entreprises en croissance. Les limites fixées doivent

donc être majorées pour les entreprises existantes qui cherchent un financement pour leur croissance.

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II.3 Climat fiscal

Contexte

Actuellement, le climat fiscal n’est pas favorable à la numérisation des entreprises ni au

développement d’activités en ligne. En effet, en plus de taxes environnementales trop coûteuses et

d’un taux de TVA plus élevé qu’au Luxembourg et qu’en Allemagne, les conditions et les contrôles

pour l’application des taux corrects ainsi que pour la perception des taxes environnementales et

accises sont plus stricts, et trop complexes. Pendant leurs premières années d’existence, les nouvelles

entreprises et particulièrement les nouvelles entreprises numériques génèrent trop peu de cashflow

pour survivre. Un régime de faveur fiscal pour les jeunes entreprises améliorerait donc certainement

leurs chances de survie.

De l’avis général, la division du régime de TVA communautaire en 28 régimes nationaux entrave

l’efficacité des échanges européens.

Le traitement TVA diffère selon qu’il s’agit d’une livraison nationale, d’une livraison

intracommunautaire ou d’une importation en provenance d’un pays non-membre de l’UE. En principe,

un vendeur qui livre des biens à des consommateurs dans d’autres États membres doit s’y enregistrer

à des fins de TVA et y payer la TVA due. C’est une charge importante pour les vendeurs compte tenu

des règles de TVA spécifiques dans les différents États membres (ex. taux de TVA différents,

enregistrement et formalités différentes) et de la nécessité de communiquer avec des administrations

étrangères – souvent dans une autre langue.

Le manque d’harmonisation et la complexité qui en découle entraînent des coûts de mise en

conformité complémentaires et une insécurité juridique pour les entreprises actives au niveau

international. Les PME ne disposent d’ailleurs pas toujours des moyens nécessaires pour payer

l’expertise fiscale nécessaire pour s’y retrouver dans une législation TVA toujours plus complexe.

Celales décourage de se lancer dans des activités transfrontalières. La conséquence en est une mise

en péril de la neutralité économique de la TVA et du fonctionnement du marché unique.

Situation actuelle et recommandations

Vente de services électroniques: Mini One-Stop Shop (MOSS)

Le régime TVA des services de télécommunication, de radiodiffusion, de télévision et des services

électroniques fournis à des non-assujettis à la TVA (B2C) a été profondément modifié au 1er janvier

20151.

Ces services seront à l'avenir localisés à l'endroit où est établi le preneur de services. Les assujettis à

la TVA qui fournissent des services de ce type hors de Belgique pourront déclarer la TVA y relative via

un portail électronique dans leur État membre d'établissement (mini-guichet unique - Mini One-Stop-

Shop ou MOSS). Ce guichet unique évitera aux prestataires de services de devoir s’identifier à la TVA

dans chacun des États membres où ils ont des clients.

L’introduction du MOSS est une évolution positive qui peut constituer une simplification

administrative importante pour les prestataires de service. De plus, elle crée un level playing field

puisqu’on appliquera toujours le taux de TVA du pays du preneur de sorte que ce dernier ne pourra

pas faire du shopping et opter pour un fournisseur établi dans un pays qui pratique un taux de TVA

inférieur.

Les effets pratiques du MOSS inquiètent déjà. Ainsi, il n’est pas évident pour les fournisseurs de

services électroniques de vérifier où se localise l’acheteur. L’adresse IP ne permet pas de le

1 Les services électroniques ne doivent pas être confondus avec la vente de biens ou de services via l'internet (internet étant

une simple modalité de vente), à laquelle le régime précité ne s'applique pas.

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déterminer. Cela signifie que le client devra fournir certaines informations. Les fournisseurs ne

peuvent être tenus pour responsables si des informations inexactes leur sont fournies.

De plus, la position des administrations de TVA peut rendre le système MOSS inapplicable. Un exemple

en guise d’illustration. On effectue des transactions dans 10 États membres différents. Sur l’une de

ces transactions, on a payé 25 EUR de TVA trop peu. Les administrations peuvent répartir

proportionnellement la TVA payée, mais aussi la TVA non payée entre les États membres concernés

avec pour conséquence une dette de TVA dans chacun des États membres (à savoir 2,5 EUR ou 25

EUR/10) et le risque d’amendes de TVA dans chacun de ceux-ci.

Les administrations devraient adopter à tout moment une attitude raisonnable pour éviter des

conséquences disproportionnées pour le contribuable. Ainsi, dans le cadre de notre exemple, on

pourrait prévoir que l'État membre d'enregistrement n'impute pas proportionnellement les dettes

minimes entre tous les États membres concernés.

Vente à distance

En ce qui concerne la vente de marchandises via internet, on a introduit le régime des ventes à

distance pour éviter que les entreprises de vente par correspondance ne s’établissent dans les États

membres qui pratiquent le taux de TVA le plus bas.

Le régime de la vente à distance s’applique lorsque le transport ou l’expédition sont effectués

directement ou indirectement par le vendeur d’un État membre à un autre.

Dans la vente à distance, la TVA est due dans le pays de destination, c’est-à-dire le pays de l’acheteur

et non le pays où le vendeur est établi.

Toutefois, les “petits ” fournisseurs qui restent en dessous d’un seuil déterminé (35.000 EUR pour la

Belgique) en ce qui concerne leurs ventes à l’étranger peuvent malgré tout facturer la TVA de leur

pays d’établissement. Ex. un fournisseur français qui a livré pour moins de 35.000 EUR en Belgique

pendant l’année civile actuelle et précédente peut appliquer la TVA française. Les seuils pour la vente

à distance sont fixés par chaque État membre (entre 35.000 et 100.000 EUR).

Les seuils pour la vente à distance devraient être harmonisés. Par ailleurs, il serait souhaitable que le

champ d'application du MOSS soit étendu aux ventes à distance.

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II.4 Formations et compétences TIC

Contexte

Fin 2012, 160.000 personnes travaillaient dans le domaine des TIC en Belgique et tous les indicateurs

pointent que ce nombre continuera à croître dans les années futures. Les compétences requises

évoluent rapidement, en même temps que les technologies. Les requis ne s’arrêtent pas aux

compétences “purement TIC ”, ils concernent également beaucoup de métiers qui nécessitent

désormais des compétences liées au TIC. Il s’agit par exemple d’être capable d’utiliser de nouveaux

systèmes informatiques et technologiques à bon escient, de la connaissance de l’e-marketing, des

médias sociaux, du commerce en ligne, de la science des données, etc. Il faut veiller à ce que la

formation et les compétences des (futurs) travailleurs coïncident avec celles requises sur le marché

du travail.

Situation actuelle

En Belgique, le lien entre l’enseignement et le marché du travail n’est pas suffisant. Les entreprises

peinent à trouver de la main-d’œuvre technologique qualifiée. En 2014, 37,7% des entreprises

employant des personnes avec des compétences spécialisées en matière de TIC ont éprouvé des

difficultés à pourvoir ces postes. 2 Dans ce secteur, 11.700 postes vacants (dont près de 3.000 à 4.000

à Bruxelles et en Wallonie) avaient été identifiés par AGORIA fin de l’année 2012.

On relève que seulement 16,9% des diplômés de l’enseignement supérieur proviennent des domaines

STEM – science, technologie, ingénierie et mathématiques – en Belgique. C’est beaucoup moins qu’en

Allemagne et en Finlande (29,31% et 27,6%), ainsi qu’en Espagne et en France (25,4% et 23,4%).

Des profils “proches ” des clients, tels qu’analyste et consultant en business ICT , analyste et architecte

d’infrastructure TIC, développeur de systèmes, ICT project manager, responsable customer service &

helpdesk, sont fort demandés sans pour autant que l’on trouve les personnes adéquates sur le marché

du travail. Il est à ce titre urgent de continuer à investir dans l’éducation et la formation de personnes

pouvant être actives dans les TIC.

Outre le problème spécifique à l’industrie TIC, les autres secteurs manquent aussi de profils qualifiés :

Il existe très peu de formations adaptées aux nouveaux métiers qui ont été créées suite à la “révolution

numérique ”. Des diplômés avec un profil spécialisé en e-commerce, sécurité de l’information, des

community managers, management et data scientists/researchers/architects, développeurs

d’applications mobiles et e-marketers sont encore très rares, alors qu’ils sont très utiles pour les

entreprises d’aujourd’hui et une véritable valeur ajoutée en ce qui concerne le caractère novateur des

projets à développer.

Par ailleurs, le système de formation en alternance est peu appliqué: seuls 3% d’élèves de

l’enseignement secondaire professionnel en bénéficient, contre près de 50% en Allemagne, en

Autriche, au Danemark et en Suisse3. Or, Des projets pilotes montrent qu’une bonne collaboration

entre les entreprises et l’enseignement profite à tous les acteurs.

2 Commission européenne, indice relatif à l'économie et à la société numériques (DESI) 2015 3 Regards sur l’éducation 2013. Les indicateurs de l’OCDE, p. 271.

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Agenda numérique Partie II – p.8

Futur et recommandations

Une série d’initiatives ont déjà été entreprises par Agoria, la Fédération de l’industrie technologique,

visant à sensibiliser et à promouvoir auprès des jeunes le secteur des TIC (par ex. “CoderDojo”, “How

nerdy are you”, “Because I’m Techie”). En général, les recommandations suivantes peuvent être faites

afin d’augmenter le niveau des compétences TIC dans notre pays :

Il est essentiel de renforcer les compétences en matière de TIC à tous les niveaux d’études et de

formations. Sensibilisation des professions TIC et nouveaux métiers du digital auprès des jeunes : un plan

ambitieux tel que ce qui a été réalisé aux Pays-Bas dans le cadre de la “Platform Bèta Techniek ”

est nécessaire. Cela pourra inciter les jeunes à faire un choix d’études qui tient compte de leurs

talents et intérêts ainsi que des compétences et domaines recherchés sur le marché du travail.

Utiliser les nouveaux outils technologiques et de communication dans l’enseignement, tout en

y intégrant plus de travail multidisciplinaire. Mettre en place un référentiel des compétences en

informatique dans l’enseignement.

Développer le système de formation en alternance, favoriser la collaboration entre

enseignement et entreprises, et ce, également dans le secteur des TIC.

Réflexion stratégique concernant la classe du futur, plus adapté à l’évolution des technologies

et permettant un meilleur apprentissage. Un exemple de nouvelle organisation de

l’enseignement tel que le “Future Classroom Lab" développé par European SchoolNet 4et

démontré à Bruxelles doit servir de modèle pour cette réflexion.

Processus d’équivalence des diplômes pour les professionnels des TIC issus de pays hors CE, afin

de réduire la pénurie dans ce secteur.

4 http://fcl.eun.org/about

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Agenda numérique Partie II – p.9

II.5 Modernisation et flexibilité du marché du travail

Contexte

Nos entreprises souffrent d’un double handicap : des coûts salariaux excessifs et une organisation

du travail trop rigide. Dans un contexte d’économie digitale, cette rigidité se marque surtout au

niveau de l’interdiction du travail de nuit, laquelle empêche le développement en Belgique

d’activité logistiques liées à l’e-commerce, d’activités de support, de création et de production en

ligne.

Comme ces activités répondent à une demande des consommateurs et qu’elles peuvent être

exercées à distance, ces activités seront (sont) exercées depuis l’étranger, là où les conditions sont

plus favorables.

La rigidité de notre droit du travail se marque dans tous les domaines de l’organisation du travail.

Si l’on compare avec nos voisins et les autres pays de l’UE-15, il apparaît très clairement que les

instruments permettant une organisation plus flexible du travail sont beaucoup moins développés

et utilisés en Belgique (cfr graphique ci-dessous).

En outre, notre réglementation n’a pas encore suffisamment intégré les nouvelles technologies

comme outil de travail et de simplification administrative.

Formes d’organisation du travail en Belgique, dans les pays voisins et dans l’UE-15 en 2013

Source: Eurostat, estimations FEB

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Agenda numérique Partie II – p.10

II.5.a e-Commerce et métiers du numérique

Situation actuelle

En Belgique, le travail de nuit (travail après 20h00 et avant 06h00) est en principe interdit. Les

possibilités de dérogation existent mais celles-ci sont insuffisantes et difficiles à mettre en œuvre

(complexité des procédures). En outre, les coûts directs (coût des heures supplémentaires, du travail

le week-end, …) et indirects (le prix exigé par les syndicats pour cosigner la mesure) pour introduire et

utiliser effectivement ces mesures sont souvent trop élevés.

D’après Comeos, en 2014, 42% des dépenses en ligne des Belges se sont envolées à l’étranger, soit

dans des webshops étrangers, soit vers des commerçants belges qui opèrent désormais à partir de

l’étranger. Il s’agit d’une hausse de 71 pour cent par rapport à 2012. L’année dernière, nous avons

donc perdu 2,4 milliards d’euros et raté l’occasion de créer 8.302 emplois. Fait remarquable ici, c’est

que les pertes d’emploi se font au détriment de la Belgique vers ses voisins immédiats.

Beaucoup de nouveaux métiers dans les domaines informatiques et technologiques ne requièrent pas

forcément d’horaire fixe dit de bureau. Au contraire, beaucoup d’activités de support IT se font après

les horaires de bureau, pour ne pas déranger les travailleurs. De plus, beaucoup travailleurs dans ces

domaines peuvent travailler à toute heure, au moyen de leur ordinateur portable, et sans

nécessairement avoir besoin de la présence de leurs collègues à proximité. Dès lors, imposer des

horaires nuit à l’efficacité de ces métiers.

Les instruments de flexibilité doivent être adaptés et élargis pour que la Belgique dispose enfin

d’un arsenal au moins aussi étendu que celui de ses voisins.

Recommandations

La Belgique a besoin d’urgence de plus de flexibilité pour pouvoir organiser les activités de

logistique sous-tendant l’e-commerce de manière efficace ainsi que les activités liées au nouvelles

technologies, telles que le support en ligne à distance.

Il convient de prévoir une dérogation facilement et automatiquement applicable à l’interdiction

du travail de nuit pour les activités logistiques, et certaines activités de TIC et de support, à travers:

une définition du “travail de nuit “ comme travail effectué entre minuit et 5h ;

la levée automatique de l’interdiction du travail de nuit pour les nouvelles activités liées aux

nouvelles technologies (notamment : commerce en ligne et fourniture à distance de supports

techniques (helpdesk)).

Pour les autres entreprises de l’économie numérique, les horaires de travail en vigueur en Belgique

sont aussi particulièrement problématiques et les possibilités de flexibilité sont beaucoup trop

limitées. Il devrait être possible de déroger beaucoup plus facilement et sans surcoût excessif ou

formalités administratives aux horaires classiques. Des propositions spécifiques sont décrites dans

le document “Position Paper FEB – Modernisation du travail ”.

II.5.b Télétravail

Situation actuelle

Les travailleurs sont de plus en plus mobiles et autonomes, notamment grâce à des améliorations en

matière de TIC. Plus de la moitié des travailleurs dans l'UE utilisent les ordinateurs, les courriels et

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Agenda numérique Partie II – p.11

Internet. En outre, l'utilisation des téléphones mobiles est passée de 1 million de personnes en 1990

à 4,6 milliards de personnes aujourd'hui. Le travail par projets ou par objectifs peut être organisé à

distance, parfois même à un échelon international.

Bien que la Belgique dispose des instruments juridiques nécessaires qui permettent la mise en place

du télétravail (convention collective de travail n° 85 du 9 novembre 2005), le flou qui règne au sujet

de la mise à disposition des nouveaux outils de travail constitue un frein au développement du

télétravail. L’intervention de l’employeur dans l’utilisation privée d’appareils IT (ordinateur portable,

tablette numérique, téléphone portable) ainsi que la mise à disposition par l’employeur d’appareils IT

constitue un avantage en nature pour le travailleur. Ces avantages en nature sont assujettis aux

cotisations de sécurité sociale et sont soumis à l’impôt. Or à l’heure actuelle il n’y a pas de traitement

uniforme au niveau fiscal et social.

En ce qui concerne le remboursement des frais, il existe une circulaire fiscale, appliquée par l’ONSS,

qui prévoit un régime pour le PC (+ périphériques) et la connexion internet. Pour la mise à disposition

des appareils IT, les partenaires sociaux réunis au comité de gestion de l’ONSS ont élaboré des

propositions pour remédier aux lacunes actuelles de la législation (fiscale) concernant les tablettes,

laptops, GSM, smartphones et internet mobile. Concernant les PC et internet, des propositions ont

également été formulées pour actualiser les règles et fixer un montant plus réaliste pour l’estimation

de l’avantage en nature.

Nous demandons instamment que la législation soit adaptée conformément aux accords conclus par

les partenaires sociaux au comité de gestion de l’ONSS, afin qu’un régime légal uniforme s’applique

pour le traitement fiscal et parafiscal des appareils IT.

II.5.c Procédures papier dépassées en droit du travail

Situation actuelle

La réglementation sociale prévoit un grand nombre de communications par voie d’affichage ou la

remise de documents papiers. Ce mode de communication ne correspond pas à la réalité de

certaines entreprises, où il est d’usage de communiquer par voie électronique (courriels ou

intranet).

Recommandation

Donner la possibilité aux entreprises de remplacer l’affichage et la remise de certains documents

papier par une communication électronique (publication sur l’intranet de l’entreprise, par exemple).