6
A propos de la réalisation identique d'unités phonologiques différentes Author(s): Andrei Avram Source: La Linguistique, Vol. 11, Fasc. 1 (1975), pp. 11-15 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30248272 . Accessed: 16/06/2014 15:33 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.121 on Mon, 16 Jun 2014 15:33:18 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

A propos de la réalisation identique d'unités phonologiques différentes

Embed Size (px)

Citation preview

A propos de la réalisation identique d'unités phonologiques différentesAuthor(s): Andrei AvramSource: La Linguistique, Vol. 11, Fasc. 1 (1975), pp. 11-15Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30248272 .

Accessed: 16/06/2014 15:33

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to LaLinguistique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 185.2.32.121 on Mon, 16 Jun 2014 15:33:18 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

A PROPOS DE LA RtALISATION IDENTIQUE

D'UNITIS PHONOLOGIQUES DIFF1RENTES

par Andrei AVRAM

La possibilite que deux (ou plusieurs) sons diff6rents soient les realisations d'un seul et meme phoneme est illustr6e, dans n'im-

porte quel manuel de phonologie, t l'aide d'exemples qui four- nissent, B la fois, des arguments en faveur de la necessit6 de distinguer entre phon6me et son, traits phonologiquement dis- tinctifs et traits non distinctifs. Si les sons en question apparaissent dans des positions diff6rentes, on parle de variantes combinatoires

(en distribution compl6mentaire); s'il s'agit de la meme position, on dit qu'ils sont des variantes facultatives et le rapport entre ces variantes est d6signd par le terme variation libre (un exemple souvent cit6 est celui des consonnes vibrantes - [r] et [R] OU [a] -, qui sont phonologiquement identiques dans la plupart des langues).

Il est possible aussi que la meme substance phonique corres- ponde dans une meme langue 'a des unites phonologiquement diff6rentes; autrement dit, << l'identit6 physique de deux produc- tions phoniques minimales ne signifie pas forcement leur identite

linguistique >>1. Cette possibilite est reconnue, par exemple, au moment ohi l'on voit dans [t] final du russe un archiphoneme /T/, qui n'est ni sourd, ni sonore, donc une unite phonologique definie

par des traits qui ne sont pas absolument identiques a ceux qui constituent le << contenu phonologique > du phoneme /t/, phonolo- giquement sourd et r6alise, lui aussi, comme [t]. Mais deux unites

I. Georges MOUNIN, Clefs pour la linguistique, Paris, 1968, p. 15.

This content downloaded from 185.2.32.121 on Mon, 16 Jun 2014 15:33:18 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

12 ANDREI AVRAM

phonologiques diffirentes correspondant au meme son peu- vent etre, toutes les deux, des phonemes : selon Andre Martinet2, [mr] (sourd) de (kaimma] (= campement, en prononciation rapide) est une r6alisation du phoneme /p!, distinct donc de /m/, realis6, lui aussi, comme [rp], dans prisme.

Dans le dernier exemple mentionn6 - destine << illustrer le cas oii, dans une meme langue, deux phonemes distincts se realisent, dans des contextes diff6rents, bien entendu, de fafon analogue, voire identique >>3 - et dans l'exemple << classique >> du russe, on a affaire 'a une identit6 phondtique correspondant Ba une non- identite phonologique dans des contextes diff6rents; les mots << bien entendu >> du passage qui vient d'etre cit6 nous laissent voir que, selon A. Martinet, il est impossible que le meme son repr6sente, dans la mime position, deux (ou plusieurs) phoneimes. Est-elle jus- tifi6e cette opinion ?

Un point de vue oppose a et6, recemment, exprime par F. H. H. Kortlandt4 : << Even in one and the same position it holds true that phonetically different sounds may be functionally identical and phonetically identical sounds may not be func- tionally equivalent. > La premiere partie de ce passage se rifrre

at lafree variation (on mentionne le cas des deux types de vibrantes en n6erlandais). Nous nous proposons de discuter, dans ce qui suit, I'affirmation contenue dans la partie finale du passage cite; avant de le faire, il convient de reproduire encore quelques lignes du livre - d'ailleurs trbs interessant - de F. H. H. Kortlandt5 : << The [e]6 in Po. [bjore] 'I take' and many other words can be

replaced by [e] without affecting the meaning of the word, while the same substitution of the [e] in [xore] 'sick (nom. pl., no male

persons)' and many other words yields a non-existing form. So these two phonetically and positionally identical sounds are nevertheless functionally different. >> La diff6rence entre l'[e] de

pol. biorg (prononc6 [bjore] ou [bjore] et 1' [e] de pol. chore serait

2. R6alisations identiques de phonemes diff6rents, dans La linguistique [V], 1969, 2, pp. 128-129.

3. Ibid., p. 128. Voir aussi Andre MARTINET, Eliments de linguistique g'nFrale, 6e 6d., Paris, 1966, p. 6o : << Un mhme son, selon 1'entourage, peut htre la r'alisation de pho- nemes diff6rents >> (on donne l'exemple de la voyelle [a] en danois; elle est une rdalisation du phoneme /e/ dans ret << correct > et une rhalisation du phoneme /a/ dans not << nuit >>).

4. Modelling the Phoneme. New Trends in East European Phonemic Theory, La Haye, Paris, 1972, P. 32.

5. Ibid., pp. 32-33. 6. Nous reproduisons la transcription de F. H. H. Kortlandt.

This content downloaded from 185.2.32.121 on Mon, 16 Jun 2014 15:33:18 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA RITION IDENTIQUE D'UNITAS PHONOLOGIQUES DIFF1RENTES 13

la suivante : << The latter [e] is non-nasal, while the former is indifferent with respect to nasality >7.

A notre avis, si par positionally identical on entend - ce qui est tout a fait normal - simplement le fait que la voyelle [e] est inaccentude et precedde et suivie par des segments identiques aussi bien dans [bjore] que dans [xore], il est evident que << [e] dans la position [lor... #] ne ddsigne pas deux rdalites diff&- rentes; mais, en admettant qu'il s'agit d'un seul son, on ne peut pas dire que [e] dans le contexte [lor... #] - ou /'or... #/ - est, 'a la fois, << non nasal >> et << indiff6rent par rapport

' la nasalit >>. D'autre part, si l'on distingue, d6s le debut, 1' <<[e] de [bjore ] a

de 1' << [e] de [xore] >>, la position n'est plus definie en termes exclusivement phonetiques ou phonologiques et 1' << identite posi- tionnelle >> n'existe plus. La distinction est 6tablie en partant de la constatation que les formes qui contiennent un [e] se repar- tissent, en polonais, en deux categories : dans une serie de formes (biorf, par exemple) [e] peut etre remplac6 par [e] sans qu'il se produise par 1l aucun changement de sens, alors que dans d'autres formes (chore, par exemple), cette possibilit6 n'existe pas. Mais la

diff6rence entre les deux categories de formes ne nous donne pas le droit de considerer que [e] de biore appartient

" une unite phonologique << indiff6rente par rapport 'a la nasalite >>.

Une fois admise la valeur phonologique des traits << nasal > et << non nasal >> dans le contexte /'or... # / (cf. chore; [xore] serait une non-existing form), on doit voir dans la possibilite que biorf soit prononce [bjore] ou [bjore] un cas de fluctuation entre deux sons qui correspondent a deux phonemes diff6rents. On n'a pas affaire a 1' << indiff6rence >> d'une unit6 phonologique par rapport 'a la nasalite, mais a 1' << indiff6rence > de certaines formes par rapport

P I'opposition /e/ : /-/ (qui pourtant n'est pas neutralisee dans le contexte /'or... # /8

F. H. H. Kortlandt9 mentionne les distinctions propos6es par C. L. Ebeling"x, d'une part, entre basic distinctive features et optional distinctive features (par exemple, la nasalite du phoneme /e/ serait

7. Op. cit., p. 63i 8. Ibid., p. 63. Cf. Eugenio CosERIU, Teoria del lenguaje y lingi2istica general. Cinco

estudios, Segunda edici6n, Madrid [I967], p. 158 : << Sin que haya neutralizaci6n, las mismas oposiciones f6nicas son distintivas (funcionales) en ciertos casos, mientras que en otros casos son simples variantes. >>

9. Op. cit., p. 157- Io. Some Premisses of Phonemic Analysis, dans Word, XXIII, 1967, I-3, pp. 134-135.

This content downloaded from 185.2.32.121 on Mon, 16 Jun 2014 15:33:18 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

14 ANDREI AVRAM

optionnelle en polonais) et, de I'autre, entre basic phonemes et heavy phonemes (= phonemes qui contiennent un trait distinctif option- nel). A notre avis, le cas discut6 ci-dessus n'offre aucun argument en faveur de la necessit6 de ces distinctions : ce n'est pas la nasalite du phoneme << lourd > /e/ qui est optionnelle; l'option a lieu 'a un niveau superieur au niveau des traits phonologiques distinctifs.

C. L. Ebeling'" observe, avec raison, que << there are no good reasons to deny that different realizations of one and the same word may be phonemically different, i. e., that different word forms can be realizations of one and the same word >; le meme auteur"2 est d'avis que les deux variantes du mot Amsterdam - prononc6, en nierlandais, avec ou sans [r] - representent two phonemic forms : /omstardc'm/ et /ocmstad0o'm/13. Ii est evident qu'il n'y a pas de diff6rence de principe entre ce cas et celui de la paire [bjore]-[bjore]; cependant &tant donnd que ce n'est pas un trait, mais 1'ensemble des traits distinctifs du phoneme /r/ qui est (ou semble etre) << optionnel >>, on ne saurait voir dans ce phoneme le partenaire << lourd a d'un phoneme de base < zero >, bien que la presence de /r/ dans Amsterdam soit optionnelle.

Dans ces conditions, il est pr6f'rable de renoncer h la notion de << phoneme lourd > et d'adopter une solution gendrale, appli- cable dans les deux cas : on a fluctuation entre /e/ et /e/ dans biorf et entre /r/ et < zdro >> dans Amsterdam. Nous croyons qu'il convient d'employer le terme fluctuation pour designer les phinombnes de ce type (une opposition qui n'est pas neutraliste dans un contexte phonologique determind n'est pas, toutefois, utilisde dans certaines formes o0i apparait le contexte en question); les termes de la fluc- tuation sont des segments phonologiquement diff6rents et ce pheno- mrne n'est pas identique a la variation libre des segments phond- tiques representant le meme phoneme (ou archiphondme)14.

Si - ainsi que nous avons essayd de le montrer - [e] de pol. biorg est une rdalisation du phoneme /e/ (et non d'un phoneme

ir. Ibid., p. 132. 12. Ibid., p. 133 (cf. p. 128). 13. Nous reproduisons la transcription de C. L. Ebeling. I4. Notons que, a la page io8 de son livre, F. H. H. KORTLANDT parle, lui-mbme,

de free variation between phonemes en se rapportant a plusieurs exemples, parmi lesquels figure le cas de pol. biore et chore (voir aussi p. 157, ois cette paire de formes est citde comme un cas de phonemic interchange); ceci ne concorde pas avec la these contenue dans le passage reproduit ci-dessus, p. I2 (= p. 32 du livre) et illustree a l'aide du mCme exemple (qui est cit6 de nouveau a la p. 63, off il est question de l'[e] << indifferent >> par rapport a la nasalitd).

This content downloaded from 185.2.32.121 on Mon, 16 Jun 2014 15:33:18 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LA REIALISATION IDENTIQUE D'UNITiS PHONOLOGIQUES DIFF1RENTES 15

<( lourd >> /e/), cette voyelle est non seulement phon'tiquement, mais aussi phonologiquement identique A l' [e] de pol. chore. Par

consequent, la these suivant laquelle, dans la m"me position, deux sons phonetiquement identiques << peuvent ne pas etre equivalents du point de vue fonctionnel >> (ou, ce qui revient au meme, un son peut representer deux ou plusieurs unitis phonologiques) ne se confirme pas; I'opinion d'A. Martinet citie au debut de cet article est justifide.

Centre de recherches phonitiques et dialectales, Bucarest.

This content downloaded from 185.2.32.121 on Mon, 16 Jun 2014 15:33:18 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions