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1 1 1 1 1 1 DEUXIÈME PARTIE : L'ACCOMPLISSEMENT DU SALUT l'auteur du salut, selon la multitude des textes (Hé 5,9, etc .. ), est Jésus-Christ, le Fils. l'accomplissement est son oeuvre propre, et non seulement appropriée: c'est le contenu de sa mission. Toutes les étapes de sa vie, tous les éléments de son triple ministère prophétique, sacerdotal et royal, concourent à la réalisation du dessein de la Grâce. L'Ecriture, cependant, privilégie son coeur, le noyau, l'heure de la croix pour laquelle Jésus est venu dans le monde, heure douloureuse et décisive comme la délivrance de la femme enceinte (Jn 12,27; 16,21, etc.); les évangiles donnent au récit de la passion une place que les habitudes littéraires de l'époque ne laissaient pas prévoir, et qui corres- pond à l'importrmce théologique de l'événement C'est par son sacrifice que le Christ abolit le péché, c'est par son sang que la rédemption s'accomplit Laissant au cours de Christologie l'exposé des trois offices christiques, nous concentrerons notre étude sur l'accomplissement du salut dans la mort de Jésus Ainsi qu'il a déjà été dit (Introduction au cours, § I), la note temporelle est double : éphapax, historicité ponctuelle de l'aoriste, avec l'efficacité définitive du parfait ; mais aussi: <<Lorsque les temps furent accomplis>>, historicité liée au déroulement d'une histoire .. L'événement unique couronne un processus préalable, que Paul com- pare aux soins (souvent rudes) de l'esclave<< pédagogue>> (Ga 3) Cet aspect oblige à consacrer une première section au problème de l'Economie ancienne, des disposi- tions prises par Dieu avant la venue de son Fils. Et avant même de le faire, on ne peut guère éviter une question : où sont ces dis- positions préparatoires ? Et, si on admet que seules sont du vrai Dieu les dispositions attribuées à Dieu dans l'Ancien Testament, que penser des méthodes offertes par les religions pour l'obtention du salut ? Comme la doctrine biblique du péché a pris pour nous son relief sur l'arrière-plan des conceptions humaines du mal, la doctrine de l'accomplissement du salut se détachera mieux si nous rappelons brièvement com- ment on espère, dans les religions non bibliques', liquider le mal : effacer la souillure, compenser la faute, rentrer dans la faveur divine, c 1 est-à-dire comment fOnctionne l'institution quasi-universelle du sacrifice-immolation 1. Sur la relation du christianisme aux religions non-chrétiennes, sujet devenu «brûlant» dans la dernière partie du XX_e siècle, on trouvera les orientations et les aides bibliographiques voulues dans la livraison spéciale« Le salut et la pluralité religieuse», Journal Européen de Théologie, 411, 1995, avec les apports faits au congrès d'Altenkirchen, en août 1994

97-108_Part 2

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    DEUXIME PARTIE : L'ACCOMPLISSEMENT DU SALUT

    l'auteur du salut, selon la multitude des textes (H 5,9, etc .. ), est Jsus-Christ, le Fils. l'accomplissement est son uvre propre, et non seulement approprie: c'est le contenu de sa mission.

    Toutes les tapes de sa vie, tous les lments de son triple ministre prophtique, sacerdotal et royal, concourent la ralisation du dessein de la Grce. L'Ecriture, cependant, privilgie son cur, le noyau, l'heure de la croix pour laquelle Jsus est venu dans le monde, heure douloureuse et dcisive comme la dlivrance de la femme enceinte (Jn 12,27; 16,21, etc.); les vangiles donnent au rcit de la passion une place que les habitudes littraires de l'poque ne laissaient pas prvoir, et qui corres-pond l'importrmce thologique de l'vnement C'est par son sacrifice que le Christ abolit le pch, c'est par son sang que la rdemption s'accomplit Laissant au cours de Christologie l'expos des trois offices christiques, nous concentrerons notre tude sur l'accomplissement du salut dans la mort de Jsus

    Ainsi qu'il a dj t dit (Introduction au cours, I), la note temporelle est double : phapax, historicit ponctuelle de l'aoriste, avec l'efficacit dfinitive du parfait ; mais aussi: , historicit lie au droulement d'une histoire .. L'vnement unique couronne un processus pralable, que Paul com-pare aux soins (souvent rudes) de l'esclave> (Ga 3) Cet aspect oblige consacrer une premire section au problme de l'Economie ancienne, des disposi-tions prises par Dieu avant la venue de son Fils.

    Et avant mme de le faire, on ne peut gure viter une question : o sont ces dis-positions prparatoires ? Et, si on admet que seules sont du vrai Dieu les dispositions attribues Dieu dans l'Ancien Testament, que penser des mthodes offertes par les religions pour l'obtention du salut ? Comme la doctrine biblique du pch a pris pour nous son relief sur l'arrire-plan des conceptions humaines du mal, la doctrine de l'accomplissement du salut se dtachera mieux si nous rappelons brivement com-ment on espre, dans les religions non bibliques', liquider le mal : effacer la souillure, compenser la faute, rentrer dans la faveur divine, c 1est--dire comment fOnctionne l'institution quasi-universelle du sacrifice-immolation

    1. Sur la relation du christianisme aux religions non-chrtiennes, sujet devenu brlant dans la dernire partie du XX_e sicle, on trouvera les orientations et les aides bibliographiques voulues dans la livraison spciale Le salut et la pluralit religieuse, Journal Europen de Thologie, 411, 1995, avec les apports faits au congrs d'Altenkirchen, en aot 1994

  • 98 Deuxime partie L'accompli 5 ~ement du salut

    Le retentissement qu'elle a connu, les remous qu'elle a provoqus, nous obligent commencer par une thorie originale, qui S1affichait nagure comme rvolutionnaire et qui l'tait en effet : celle de Ren Girard Pour ce penseur franais install aux Etats-Unis, le secret de toute gense culturelle est prcisment celui qu'il dcouvre l'origine des sacrifices. L'humanit, dont toute la diffrence des espces animales vient de l'intensification du mimtisme, a failli prir du>, de l'exaspra-tion des antagonismes de rivalit (antagonismes mimtiques) ; elle n'a survcu qu' la faveur du jeu d'un mcanisme encore observable aujourd'hui, le report de la violence dchane de tous contre un "ul dans le lynchage collectif ; le meurtre d'un innocent, victime missaire, puise l'agressivit, soulage les tensions, amne la paix .. Le >de cette restauration a engendr le sens mme du sacr, les assassins ayant conclu de l'vnement que leur victime avait dtenu des pouvoirs extraordinaires, cau-ses du mal d'abord, du bien ensuite ; il a aussi produit tous les rites sacrificiels, com-prendre comme autant d'efforts pour > la solution de la crise, pour faire jouer le mcanisme salutaire, en canalisant prudemment la violence invitable Pour Ren Girard, la Bible seule dmasque le mensonge des assassins, dnonce le crime l'origine de toute culture (Can), ne charge ni ne divinise l'innocent mis mort ; seule, elle rpu-die toute pense sacrificielle : de faon partielle et tendancielle dans l'Ancien Testa-ment, de faon clatante, bien qu'oublie des chrtiens jusqu' Giiard, dans le Nouveau (en expulsant l'ptre aux Hbreux) La puissance synthtique de Giiard blouit, il a fait une authentique dcouverte avec la mise en vidence de la crise mimtique ; cependant sa prtention de fournir la cl universelle des comportements humains ne peut se main-tenir Son ttaitement des Ecritures nglige nombre de textes dcisifs et rvle de graves malentendus sur des notions aussi capitales que lajustice et l'amour ; il est douteux que le mcanisme du lynchage collectif suffise instituer la paix civile ; surtout, pour fonc-tionner comme Girard le dcrit, il lui faut prsupposer un certain sens pralable de la justice (pour que l'ide vienne d'accuser la victime et que les meurttiers prouvent le besoin de se disculper), du divin (pour que la divinisation se produise), et gnralement la facult de juger, qui implique transcendance ! fout cela passe les ressources du mimtisme, fait donc craquer le cadre du girardisme, et, comme la thorie est toute d'une pice, empche de s'y rallier 1 Le secret des religions n'est pas si simple

    Si nous renonons tout expliquer comme Ren Girard, qui n'a joui qu'un temps de la faveur des media, il nous faut glaner notre bien parmi les conclusions de la science> On peut dgager trois schmas principaux qu'on trouve dans la ralit plus ou moins purs ou mlangs.

    1 Pout l'valuation des thses de Girard, cf Grard KUNI'Z, Ren Girard, Des choses caches depuis la fondation du monde: Une relecture de la Bible, Ichthus, n" 90, mars 1980, p 2-5, suivi de notre article Christ, agneau de Dieu : La mort de Jsus selon Ren Girard et selon le Nouveau Testament, ibid., p 6-10, avec la bibliographie qu'indiquent les notes ; et, important, Christophe DESPlANQUE, Pourquoi Jsus a-t-il d mourir ? La rponse de Ren Girard, Hokhma, n 39, 1988, p. 48~62. Sur La Violence et le sacr, nous avons admir Pierre MANENT, Ren Girard, la violence et le sacr, Contrepoint, no 14, 1974, p 157-170; la rponse de GIRARD, Des choses cache Plus souvent, le rite est cens enchaner les dmons malfaisants, ou agir sur rhomme, par infusion d1nergies sacres, vivifiantes et purificatrices (ainsi dans les mystres) Ou bien le sacrifice (consomm) tablit la communion avec le dieu et transfuse la vie, ou bien il reporte sur un animal la foudre sacre qui menaait l'adorateur, et manipule ainsi la force divine. La magie est apparente cette premire voie de salut : elle dclenche des for-ces de sympathie cosmique, selon des lois de similitude et de substitution

    L'apaisement des dieux par une compensation est le second schma fondamental C'est le systme du do ut des, du pot-de-vin la divinit pour acheter sa faveur. Le sang, nous dit-on, joue un rle dans rexpiation parce que les dieux aiment s1en eni-vrer .. Dans les formes plus raffines, celles des religions morales, de bonnes uvres sont offertes titre propitiatoire, rparant pour les fautes.

    La lutte directe contre le mal se trouve plus rarement Les Perses paraissent mettre l'accent sur la suppression du mal, l'effort pour l'exorciser. Les moyens sont la prati-que du bien mais aussi les conjurations et lustrations pour loigner les dmons et pour effacer la souillure, puis la confession, le renoncement et les mortifications pniten-tielles quand une faute a t commise Le sacrifice peut exprimer le renoncement et la conscration

    Le jugement de l'Ecriture est dur : les pratiques des paens sont vaines ; leurs dieux sont incapables de sauver (Es 45,20, etc. ) ; leur vie religieuse est servitude des stoich!a ou des dmons (Ga 4,8s. ; 1 Co 10,20) Cependant, le mensonge de l'homme n'est jamais que l'injuste rpression de la vrit de Dieu (Rm 1,18ss) ; il exprime, de faon dforme, le besoin vritable du cur de l'homme, et on peut ainsi considrer les pseudo-solutions des religions comme des ttonnements nostalgiques (Ac 17,27) Ainsi les mthodes de salut voques plus haut doivent d'abord tre con-trastes avec la voie biblique : comme l'illusion avec la ralit, et comme l'effort de rhomme pour se sauver lui-mme et domestiquer le divin avec rintervention toute gratuite du Seigneur. Mais on peut aussi y retrouver le pressentiment dsorient des vritables conditions du salut : la saintet de Dieu implique la mort de l'impur ; celui-ci n'accderajusqu' Dieu que par la substitution d'un sang, et s'il passe lui-mme par un renouvellement radical

    C'est la valeur de ttonnements des systmes paiens qui explique la reprise, tt s partielle et rformatrice, que Dieu en a faite dans les institutions d'Isral. Les analo-gies sont visibles entre les classes des sacrifices cananens, les ftes, et ce qu'on a dans l'Ancien Testament ; Paul les a remarques (Ga 4,9s .. ; judaser serait retomber dans la servitude que les Galates connaissaient autrefois) Mais le rapport de l'cono-mie d'Isral l'accomplissement du salut par Jsus-Christ est tout particulier ; il faut maintenant 11tudier

  • CHAPITRE 1:

    LA PRPARATION OU L'CONOMIE ANCIENNE

    Les diverses coles - il y en a plusieurs - parlent de Loi, d'Ancienne Alliance, de dispensation mosaque, d'conontie. Nous choisissons le terme le plus neutre, celui d1 conomie

    Bibliogmphie

    Grard SIEGW AL r, La Loi, chemin du salut, Neuchtel & Paris, Delachaux & Niestl, 1971,261 p, travail d'ensemble considrable, d'un luthranisme original; riche et touffu.

    David L BAKER, Two Testament, The Encyclopedia of Christianity, vol III, sous dir. Ph. E HUGHES, Wilmington, The National Foundation for Christian Education, 1972, p. 199-216

    Pierre MARCEL, Le Baptme, sacrement de l'Alliance de Grce, livraison sp-ciale de La Revue Rforme, no 2-3, 1950, 212 p, classique et militant

    Chapitre 1 La prparation ou l conomie ancienne 101

    David KINGDON, Children of Abmham. A Reformed Baptist View of Baptism, the Covenant, and Children, Worthing & Haywards Heath (R.-U.), Herny E. Wal-ter & Carey PubL, 1973, 105 p , proche des solutions que nous recommandons

    0 Pahner ROBERTSON, The Christ of the Covenants, Grand Rapids, Baker Book House, 1980, 308 p., synthse trs claire de l'argumentation rforme ; facile lire malgr la scientificit des notes

    Sur le dispensationalismel .

    Art >,The Encyclopedia of Christianity, vol JII, sous dir P. E HUGHES, op. cit, p. 411-415.

    Charles C. RYRIE, Dispensationalism Today, Chicago, Moody Press, 1965,221 p : de loin la meilleure prsentation pour thologiens, par un dispensationaliste autoris

    Oswald T ALus, Prophecy and the Church, Philadelphie, Presbyterian and Reformed Pub Co., 1945, 339 p., la critique classique, d'un point-de-vue rform.

    Sur les deux :

    Daniel P. FULLER, Gospel and Law : Contrast or Continuum ? The Hermeneu-tics of Dispensationalism and Covenant Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 1980, 217 p., rapproche dispensationalisme et thologie de l'alliance poUI leur reprocher la mme erreur, l'erreur d'opposer loi et grce (ou foi) ; Fuller fait de grands efforts d'exgse, mais il quitte le terrain de la Rforme sur la justification par la foi

    Vern S .. POYIHRESS, Understanding Dispensationalists, Grand Rapids, Acade-mie/ Zondervan, 1987, 13 7 p, qui accomplit une perce irnique dans le dialogue entre rforms et dispensationalistes.

    (A la suite de cette perce) la livraison spciale contenant les apports d'un col-loque du >, Grace Theologicalioumal, 10, 1989, p 125-182, trs prometteur (avec Paul S KARLEEN, Robert L SAUCY, Vern S POYIHRESS, Michael D WILLIAMS)

    1. La situation du problme

    Horntis les hrtiques extrmes, de Marcion Bultmann, les thologiens chrtiens ont confess l'unit du plan de Dieu (prparation et accomplissement du salut, avec l're ouverte par l'accomplissement) et la diversit des tapes temporelles Mais ils l'ont fait avec des dosages et des interprtations fort divers.

    1. Sur l'orthographe du mot, qui n'est gure acclimat en francophonie, nous avons hsit, et nous avons opt, puisqu'il est anglais, pour le dcalque : dispensationalisme, plutt que dispensa-tionnalisme

  • 102 Deuxime partie L'accomplissement du mlut

    1. Les deux lois

    Les Pres de l'Eglise combattent sur deux fronts. Aux Juifs, ils prsentent l'Eglise comme verus Israel, hritire de ses promesses et seule capable par l'Esprit de voir le sens d'un Ancien Testament que l'Esprit a inspir Ils soulignent ainsi une certaine continuit, mais aussi la mutation du charnel au spirituel (Eptre de Barnabas, Justin, Irne) Cette continuit et cette mutation se refltent aussi dans la notion de loi nou-velle, qui prend une importance prpondrante

    Contre les gnostiques et Marcion, les Pres soutiennent l'identit du Dieu de la Gense et du Sina, et du Pre de Jsus-Christ; ils soulignent ainsi encore l'apparte-nance de l'Ancien Testament aux chrtiens Ils recourent de plus en plus la mthode allgorique d'interprtation, qui dtemporalise la rvlation.

    Saint Augustin rsume dans des formules frappantes la conception commune : le Nouveau Testament est latent dans l'Ancien ; l'Ancien est patent dans le Nouveau l Sous la Loi, Dieu exige, mais sous le rgime de la loi nouvelle, de la grce, Dieu ordonne ce qu'il donne (le jeu de mots est de la traduction franaise ; Augustin employait les verbes jubere et dare)Z

    La mme vision a domin le Moyen Age et reste, pour l'essentiel, celle du catho-licisme3

    2 .. L'Alliance de Grce

    Les Rformateur,s, dcouvrant un sens longtemps offusqu de l'Evangile, discer-nent d'une manire trs nouvelle le rapport des testaments.

    Pour Luther, l'Evangile s'oppose principalement la Loi; plutt que la spirituali-sation et l'emichissement du systme lgal, c'est son abrogation, son clatement L'antithse, cependant, est plus thologique qu'historique: tout moment, le boule-versement de la Grce prsuppose la pdagogie de la Loi. Un lien dialectique se surimpose la succession temporelle. Du coup, la diffrence des poques perd de son importance Luther a trouv l'vangile dans les Psaumes comme chez saint Paul

    1 Saint AUGUSTIN, Quae'>tiones in Heptateuchum, II, 73, cit par Edward J. YOUNG, Ihe Study of Old Testament Theology Today, Westwood, N -J, Fleming H. Reveil, 1959, p. 37 (note p. 59)

    2. Cf Anders NYGREN, Eros et Agap, la notion chrtienne de l'amour et S'es transformatiom, trad Piene .JUNDT, voL II/2, Paris, Aubier-Montaigne, 1952, p. 11, 92 (sur le rapport de la grce la loi). Nous trouvons la prire da quodjubes et jube quod vis dans Les Confes~ion~, X, xxix, 40 (d de la Bibl Augustinienne, t II, p 212)

    3 Cf Pierre GRELOT, Bible et Thologie, Coll Le Mystre chrtien ,Paris, Descle, 1965, 1re partie, sur l'Ancienne Al1iance; expos historique et thologique fort bien fait, d'un point de vue catholique clair, qui rsume Sen~ chrtien de l'Ancien Testament, Esquisse d'un trait dogmatique, Tournai, etc, Descle, 1962, 540 p 1

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    Chapitre 1 La prparation ou l'conomie ancienne 103

    (celui-ci d'ailleurs le renvoyant aux Psaumes). Les deux principes sont attests dans chacun des testaments 1

    Calvin, que son tact et sa rigueur exgtique dtournent de l'allgorie (encore pra-tique par Luther malgr son plaidoyer pour l'hermneutique granrmaticale et histo-rique), ne met pas moins que Luther l'accent sur l'homognit des poques. L'antithse de la Loi et de l'Evangile n'est pas escamote2, mais le sens de la souve-rainet divine se fait> : il relativise les distinctions dans le droulement de l'histoire. En tout cas, la situation parat Calvin essentiellement la mme, avant et aprs Jsus-Christ, quant l'accs au salut, l'appartenance l'Eglise, et le principe thocratique3 Lorsqu'il recense les diffrences, il en minimise systmatiquement la porte Il est vrai que l'Ancien Testament fournissait aux rforms des munitions abondantes dans la polmique anti-catholique, en particulier sur les sacrements (on a parfois fait du protestantisme rform un > de la chrtient, raction monothiste au > romain).

    Les vues de Calvin ont t reprises et > par les thologiens rforms venus aprs lui ; le fruit de cette laboration porte le nom de thologie de l'alliance, ou thologie fdrales Remi Bullinger (1504-1575), l'hritier de Zwingli Zllrich, en donne une premire esquisse; Caspar Olevianus (1536-1587) en affermit le dessin ; Jean Coccejus (1603-1669), dans son effort pour wmpre avec la prsentation scolastique, en fait la colonne vertbrale de toute la dogmatique ; Franois Thrretin (1623-1687), avec beaucoup d'autres, y donne son adhsion; elle est trs en honneur dans les trois grands calvinismes modernes, cossais, hollandais, et de Princeton. La Confession de We>tminstet (1647), document normatif, l'incorpore.

    Selon cette conception, il faut distinguer l'alliance des uvr_., conclue avec Adam, de principe lgal, et l'alliance de grce, alliance ternelle, dont la forme sen-

    1. De Martin LUIHER, la Prface au Nouveau Testament (1522), trad. Albert GREINER, offre un admiiable rsum des vues luthriennes, uvres, t. ill, Genve, Labor et Fides, 1963, p. 257-261 ; les thses paradoxales de la Controverse tenue Heidelberg_ (1518), trad. Pie~r,e JuNDT, ta-blissent dj bien les contours, uvres t. I, p 124~s, 13,._7ss ; cf auss1le s~rmon p~p~e a la Wartburg sur Matthieu 11, uvres t. X, p 165-169, et, b1en sur, Le Commentarre sur lEpztre aux Galates (uvres, t. XV) Sur Luther, la bibliographie est immense; rappelons le classique Henry STROHL, L'Epanoui~sement de la pense religieuse de Luther de 1515 1520, Strasbourg, Istra, 1924, et Paul SCHEMPP, Luthers Stellung zur Heilige Schrift, Munich, Ch Kaiser, 1929, qui insiste sur la dialec-tique de la Loi et de l'Evangile, et la partie suggestive consacre~ l uthe~ de Thomas F 'Ib~CE, Kingdom and Church : A Study in the Theology of the Reformation, Edtrobourg & Londres, Ohver &Boyd,l956

    2 Cf Jean CAl VIN, Institution chrtienne, III, 11, 17s. (et 2, 29). 3. Voir; par exemple, ibid, II, 10; IV, 2, !Os.; N, 3, 11: IV, 20, 5ss. 4 Ibid, II, 11. Surie sujetonpourralire Ronald S. WAllACE, Calvin'~ Doctrine of the Word and

    Sacrament, Edimbourg & Londres, Oliver & Boyd, 19~3, p. 27-60 . . . 5 Voir, tout spcialement, l'admirable synthse (mrus peu connue) du pmnmer de la t?ologte

    biblique au sein de calvinisme moderne, Geerhardus VOS, The Doctnne of Covenant m Refo~med Theology , dans le recueil Redemptive His tory and Biblical Interpretation. ~~ Shorter Wn-tings of Geerhardus Vos, publis par les soins de Richard B GAFFIN Jr, Philhbsburg, N -J , Presbyterian & Reformed Pub Co , 1980, p. 234-267 (trad., par Gaffin, d'un original de 1891 en hol-landais)

  • 104 Deuxime partie L'accompli~sement du salut

    lement change dans ses divetses dispensations (l'ancienne et la nouvelle, mais avec une diffrenciation inteme considwble pom l'ancienne) t

    Jsus-Chst est le mdiateur de l'alliance de gtce En vettu de son uvre, l'alliance se cawctrise pat la pwmesse des biens du salut, scelle pat des sacrements qui diffrent selon les poques ; la promesse est efficace pour les croyants, en !stal comme dans l'Eglise

    Bien que le Protvangile (Gn 3,15) en soit une premire rvlation, et l'alliance noachique une fmme d'administration, la pluprut disent l'alliance de gtce conclue avec Abraham et sa postrit (Gn 17) Mais quelle postrit ? Les rponses divergent La pluprut des rforms, pour des taisons bibliques, estiment que l'alliance est faite avec la postrit spiiituelle, c'est--dire les lus qui deviendront croyants (Gn 21,12; cf Rm 9,8 ; Ga 3) ; mais tares sont ceux qui ne cherchent pas y rattache! aussi la postrit chrunelle dont il est clair, dans l'Ancien Testament, qu'elle se trouve l'int-rieur de l1alliance et en reoit les sacrements. Diverses distinctions sont alors mises en uvre pour soulager la tension entre les deux thses : on distingue l'essence de l'alliance et son administration ; ou bien deux aspects ou cts, interne et externe ; ou bien l'alliance comme communion de vie et l'alliance comme relation lgale. 2

    Comment les thologiens rforms expliquent-ils l'expression de nouvelle alliance, et les textes qui pruaissent impliquer une antithse ? P. Matee!, pat exemple, qui croit devoir ((dnoncer vigoureusement l'usage de rexpression d' ancienne alliance>>, rduit la nouveaut une modification des formes d'administration, et explique que Paul n'oppose l'Evangile qu'au contsen< pharisien sur la loi de Mose'. La tendance de Meredith G Kline se porte l'oppos, en insistant sur la pro-fondeur du renouvellement opr pat le Suzerain

    Note- Kati Battb, qui veut assume! la tradition rfmme, pousse jusqu'au bout la tendance unitaire puisqu'il supprime mme la dualit de l'alliance des uvres et de l'alliance de grce. Il n'y a qu'une seule alliance en Jsus-Ciuist, o sont tous les hom-mes, cru Jsus-Cluis! est en ralit le premier Adrun, et Adam dpend de lui Les deux fmmes de l'unique alliance sont symtriques, avec Isral et l'Eglise, m.ais plus diff-rentes que pour CalvinS

    1. Certains thologiens tendent prsenter l'alliance de grce comme une modification de l'alliance des uvres (.Jsus-Christ assumant pour les siens les exigences de l'alliance des uvres et leur obtenant ses bndictions): ainsi Jonathan Edwards d1aprs l1excellente tude de Carl W. BOGUE, Jonathan Edwards on the Covenant of Grace , in Soli Deo Gloria, Esmy.s in Refonned Theology, sous dir. R. C. SPROUl, Mlanges offerts John H Gerstner, Presbyterian and RefOrmed Pub. Co, 1976, p. 134-145.

    2. Compte rendu honnte et complet de ces propositions un peu embarrasses chez l BERKHOF, Systematic Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 1963, p. 274-289.

    3. Pierre MARCEL, Le Baptme, sacrement de l'Alliance de Grce, livraison spciale deLa Revue Rforme, no 2-3, 1950, p 54-56 0 Palmer ROBERTSON, The Christ of the CovenanH, Grand Rapids, Baker Book House, 1980, p. 180ss, se rapproche

    4. Cette tendance se voit dans les divers ouvrages de Meredith G. Kline. 0 P. RoBERTSON la lui reproche, op. cit., p 60 n 7

    5. K. BARTH, Dogmatique, IV, 1 *,trad. Fernand RYSER, Genve, labor & Fides, 1966, p. 1-80, et en particulier la critique, peu comprhensive, de la thologie orthodoxe, p. 56-69 ; II, 2*, id, 1958, p 205-214

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    Chapitre 1 La prparation ou l conomie ancienne 105

    3. Les dispensations Au XIX' sicle, la culture occidentale acquiert le sens de l'histoire, le paramtre

    temporel devient dcisif pour la conscience commune. Il n'est pas tonnant qu'on en discerne le contrecoup sm les tudes bibliques.

    l o l'autorit scripturaire est bafoue, la Haute critique miette les textes, oppose les comants et les poques, et ne garde d'unit que celle d'un schma volu-tionniste

    Du ct vanglique, le puissant pensem qu'est John Nelson Datby (1800-1882) fonde l'cole dispensationaliste, qni tire son nom de la division de l'histoire sainte en sept dispensations successives, autant de comprutiments quasiment tanches, catac-triss chacun par une formule patticulire pour les rapports divine-humains

    l'influence du dispensationalisme s'est rpandue bien au-del du cercle datbyste, porte pat la prdication et les commentaires populaires d'hommes comme A C. Gaebelein, H A Ironside, C. H Mackintosh, C 1 Scofield. Les dons pdagogiques du dernier, dj vidents dans son opuscule Rightly Dividing the Word of Truth, ont fait la valeur des notes de la Bible Scofield, Bible dispensationaliste diffuse des millions d'exemplaires; la premire dition publie en 1909 a t rvise en 1917, puis de nouveau en 1967 par les soins d'un comit 1 ; cette dernire rvision a servi de base la traduction franaise (1975); elle lime quelques-unes des asprits du dis-pensationalisme de la premi Scofield, le retouche prufois de faon significative, mais pour l'essentielle laisse intact2

    Lewis Sperry Chafer (presbytiien), auteur d'une Systematic Theology en 7 volu-mes (avec beaucoup de rptitions; Dallas Seminary Press, 1947 et 1948) a fond Dallas la principale citadelle acadmique du dispensationalisme Reprsentatifs de l'cole aprs lui, on peut citer John F Walvomd et Ch. C. Ryrie, de Dallas justement Erich Saue1, plus populaire, est une figme connue du dispensationalisme germanique (traduit en franais) Ren Pache, remruquable pat la clatt et la modration de ses exposs, tait, dans nos pays, le plus fruneux des avocats de l'cole. Les successeurs des gnrations suivantes, souvent mieux rums philologiquement, tendent plus de souplesse que leurs ans.

    Une cole ultra-dispensationaliste a t fonde pat Ethelbert W Bullinger (1837-1913), avec Ch. Welch pom successeur Les brens s'y rattachent, et en franais les crits de S. van Mierlo. Le prfixe>ne doit pas suggrer un dogmatisme plus Iigide ou un zle plus fanatique mais le dplacement d'une frontire dispensation-nelle, la > de l'Eglise intervenant plus tt

    1 D1aprs D. P. FUll.ER, Gospel and Law : Contrast or Continuum? The Hermeneutics o! J?i~pensationalism and Covenant Theology, Grand Rapids, Eerdmans, 1980, p. 1 ; la Scofield ryv1see amricaine s'est vendue un million d'exemplaires de 1967 1980

    2 Voirl'valuation qu1en fait Harold LINDSELL, Christianity Today, Xl/14, 14 avril 1967, p 31 s Cf aussi FulLER, op dt., paHim

  • 106 Deuxime partie I 'accomplissement du salut

    Les sept dispensations - Ironside donne sans doute une des meilleures dfmi-tions de la dispensation : > 1 _ sont les suivantes :

    1. Innocence (Eden) ; 2. Conscience (jusqu'au dluge) ; 3.. Gouvernement de l'homme par l'homme Gusqu' Babel); 4. Promesse (Abraham); 5 Loi (d'Ex 18 28 Ac 1,26); 6. Grce, ou comme l'a chang la Scofield rvise, Eglise (d'Ac 2,1 Ap 19,21) ; 7. Royaume (Millnium)

    Ibutes les distinctions dispensationnelles n'ont pas la mme importance ; les auteurs les plus rcents, et ~j Ryrie, tentent d'attnuer la rigueur des sparations, comme ils essaient de suggerer un certain progrs2 Ce n'est pas l'accent sur la diver-si: des sep~ _poques qui est caractristique du dispensationalisme, mais quelques theses associees

    , a) U.n~ thorie du, ~ens de l'histoire est implique. Dans chaque dispensation, 1 hurnamte est rmse 1 epreuve d'une nouvelle faon par Dieu, et chaque fois l'affaire se termin~ par un _chec : chute d'Adam, dluge, Babel, Egypte, rejet du Messie, apos-tasre de 1 Eglise, revolte condurte par Satan la fin du millnium. C'est l'chec de la sixime dispensation qui est l'lment le plus nouveau dans ce schma : il conespond la doctnne de Darby sur l'Eglise en ruines (l'Eglise visible apostolique), la perte de la succe~sron apostoliq~e (qui implique le regroupement des croyants en simples assemblees, sans numst~res officrels ou charges institutionnelles), bien que tous les drspensalionahstes ne smvent pas Darby sm ce point

    . b) Le point d~isif concerne le rapport enlie Isral et l'Eglise Leur sparation n~omeuse est le theme que Chafer ne se lasse pas dejouer; leurs lignes ne samaient meme se _recouper ; Isral n'a que des promesses terreslies, l'Eglise n'a que des pro-messes celestes, et cela JUsque dans la nouvelle cration : la nouvelle terre pom l'un

    le~ nouveaux ~ieux p,our l'autre3 Il ne faut pas confondre: Isral est la femme, rpu: dwe et restauree, de 1 Eternel ; l'Eglise est l'pouse de l'Agneau Ryrie reconnait bien

    q~e nous avons l la pierre de touche du dispensationalisme s, que l'essence du drspensationalisme est la distinction entre Isral et l'Eglise ,6

    Selon Daniel Fuller, Darby aurait t motiv d'abord par sa dcouverte _ libratrice- de l'union cleste du croyant avec le Christ, tellement cleste qu'elle

    fart conliaste avec tous les dons accords ou promis IsraJ7 Le dispensationalisme veut avant to~t, s'il spare la loi (aux promesses conditionnelles) et la grce (incondi-lionnelle), degager la proclamation de cette dernire de toute exigence d'uvres&

    1 q par Challes C. RYRIE, Di

  • 108 Deuxime partie L'accompli~sement du mlut

    Les vangliques n'envisagent gure que cette alternative : ou la thologie de l'alliance, ou le dispensationalisme. Malgr la valeur de certains travaux contempo-rains, et la sagesse des Pres, la conception patristique et catholique reste myope devant la nouveaut de l'Evangile de la justification par la foi (lgalisme), et imagine une nouveaut qui n'est pas (sacrarnentalisme). On peut cependant noter la prsence d'un troisime homme dans la discussion : l'vanglique marqu par les courants de la>et de la>prcds par les tudes bibli-ques des grands pionniers et prdcesseurs, soit pitistes de A. Bengel A Schlatter en passant par l T Beek, soit anglicans comme l B. Lightfoot, B. F Westcott, H. B. Swete ; les exgtes critiques les plus conservateurs comme O. Culhnanu ont produit des tudes qui ne peuvent pas tre ignores, non plus que celles d'vangliques comme F F Bruce, G E Ladd, E E Ellis, et, dans les gnrations suivantes, d'une plade de spcialistes trs >, trangers au dispensationalisme et libres d'allgeance la thologie fdrale

    II. Esquisse d'une solution

    Nous tenterons d'apprcier d'abord le dispensationalisme, solution>> dont nous sommes le plus loign, puis la thologie de l'alliance, avant de faire nos suggestions.

    1.. Forces etfaiblesses du dispensationalisme L'interprtation dispensationaliste se recommande par son grand respect de l'auto-

    rit scripturaire et la nettet de son architecture. Elle s'carte cependant beaucoup de toute la lecture de la Bible faite jusqu' Darby, et elle a t juge trs svrement par plusieurs auteurs (0 I Allis, J W Bowman, Daniel P. Fuller, et souvent d'anciens dispensationalistes comme Ph Mauro ou P. Fairbairn)

    a) Considrations non ddsive L'origine darbyste et l'isolement thologique ne sont pas, comme Ryrie le plaide

    bien, des vices rdhibitoires : nous n'avons pas sacraliser la tiadition ni condamner pour association l Cependant, l'effort que fait Ryrie, quand mme, pour trouver des antcdents Darby, surtout Pierre Poiret (1646-1719) qui distingue les ges de l'co-nomie divine, n'aboutit qu' l'chec; nulle part avant Darby il ne trouve l'ide de l'preuve-chec, ni surtout la distinction entre Isral et l'Eglise qu'il a reconnue comme l'essence du dispensationalisme .. Sans condamner la thorie, ce fait invite au redoublement de vigilance critique

    Il n'est pas juste d'accuser les dispensationalistes de ruiner l'unit des Ecritures et de priver les chrtiens des trois-quarts de leur Bible En effet, s'ils jugent que leSer-

    1 Ibid, p 65s.

    Chapitre 1 La prparation ou l conomie ancienne 109

    mon sur la Montagne et le Notre Pre sont pour les Juifs dans le Royaume, ils laissent les chrtiens en faire une application secondaire eux-mmes 1

    On ne peut pas non plus leur imputer tous la doctrine de deux voies diffrentes de salut, sous la loi et sous la grce Selon Ryrie, ce serait une eneur trs srieuse, et il entreprend de dmontrer qu'il n'y a aucune part2 Il rpudie clairement toute ide de salut par les uvres, aucune poque Sa position est-elle pour autant libre de toute ambigut ? Pour lui, le fondement du salut toute poque est la mort de Christ ; l'exigence pour le salut toute poque est la foi ; l'objet de la foi toute po-que est Dieu : le contenu de la foi change dans les diverses dispensations >> 3 Est-il possible de distinguer ainsi l'objet (n'est-ce pas Dieu en Christ, d'ailleurs ?) et le con-tenu de la foi? Quant aux autres dispensationalistes, que Ryrie veut laver de l'accu-sation, il reconnat qu'ils ont eu des , que Chafer et A. C Gaebelein ont donn l'impression qu'il n'y avait aucune grce sous la loi4 En effet, Chafer exclut tout mlange de principes5, et Ryrie n'explique pas que Chafer ait pu dire de Nicodme, > ( > ), qu'il tait parfaitementjuste devant la loi mosaque, mais sans la justice impute par la foi Chafer d'ajouter : Des hommes taientjustes en ce qui concerne la loi mosaque, mais aucun n'a eu la justice de Dieu impute sur la base de la simple foi, sauf Abra-ham, lui qui a t si videmment suscit et dsign par Dieu pour anticiper et illustrer (cf Rm et Ga) la doctrine no-testamentaire de lajustice impute >>6 Le sens obvie d'une telle citation oppose Chafer Ryrie ; il est clair que les choses ne sont pas aussi claires qu'elles devraient l'tre 7 !

    Allis note avec raison que le rapport entre la justification et la sanctification est du mme coup obscurci ou dforms Mais les choses restent trop floues pour un verdict

    b) L'hermneutique C'est sur le tenain de l'hermneutique que les dispensationalistes paraissent avoir

    la plus grande assurance Ryrie claironne ce privilge ; il s'agit de la seule position lit-traliste entirement consquente : les prmillnaristes classiques sont incons-quents, alors que les amillnaristes tombent dans l'allgorisation arbitraire9 Plutt que littral, dit d1ailleurs Ryrie, on pourrait dire naturel ou normal, cru il ne faut pas ignorer les figures de style ou les symboles : l'interprtation littrale est

    1 Ibid, p. 105ss 2. Ibid, p. 110ss. 3. Ibid, p 123 4. Ibid, p. 112 ( unguarded statements ), p 11'7 Excuses semblables formules par Wal-

    voord, selon FULLER, op. cit., p. 37 5 CHAFER, Sy~t. Theol, op. cit., IV, p 231 6 Ibid,, VI, p 73s 7. FuLLER, op. cit., p. 3 7s, montre la prsence d1ambiguts dans la Dclaration de Dallas (1952),

    aprs avoir rapport certaines affirmations difficilement conciliables de Chafer, p. 30ss 8 Oswald T. Alus, Prophecy and the Church, Philadelphie, Presbyterian & Reformed Pub. Co.,

    p 43 FULLER, op dt, p. 116, accuse de galatianisme sur la sanctification 9 RYRIE, op dt, p. 89ss et p. 45s

  • C1 0 L tE cr 1 on D 1 D fi S. IL fi l. 1 lt

    ' :,,;.._' '>-, j de salut, c'est parler d'avanf"l~ salut~ et ~st aussi

    parler de la suite. Aussitt nonce, laql..!estion du remde apport par Dieu au pch - le salut - pose celle de la

    communication de ce salut l'homme pcheur et demande l'examen de la doctrine du mal dont la rdemption vient abolir l'effet. Le prsent ouvrage traite ainsi, dans ses chapitres successifs, premirement du pch, puis de l'accomplissement du salut, enfin de l'application du salut par l'uvre du Saint-Esprit Parmi les thmes sensibles de la thologie vanglique ici exposs, avec les arguments pour et contre: la doctrine essentielle, mais attaque, du sacrifice expiatoire et du chtiment substitutif de Jsus-Christ; la personnalit du Saint Esprit, sa relation au Fils et ses manifestations, la permission divine du mal et le pch originel.

    La Doctrine du Pch et de la rdemption rassemble le cours donn sous ce titre par Henri Blocher la Facult Libre de Thologie Evanglique Ce volume constitue le premier titre de la Collection Didaskalia, qui sera progressivement enrichie par d'autres publications de cours professs la Facult.