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  • Numéro 300 – Vive la PNM !(Suite de l'hommage en page 3)

    Le N° 5,50 €PNM n° 300 Novembre 2012 31 e annéeISSN : 0757-2395

    Comment est-ce possible ? Ce journal existevrantdtsjoud'afas qpo

    rosh,’ur vet

    intndaonbs spruete

    pabopl

    noplesrdatu

    t pcrercpouireSal’ehésurnt.ontns

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    e,rse

    dain

    R. Wlos

    vivre une crise du capitalisme dérégulé qui peut être sui-cidaire pour la civilisation. »

    de lapre-nt dus. Lals. Ilrgent

    aga-erna-vons,’avalaussitions,n au

    reusera saVéri-me-rs lacolo-lem-lente,

    i de-mur

    sibleplici-gardssionnies.ngé :ique.ix encon-

    uipealgrégrès,hautexem-ntri-Storaassa,

    Vidalocheés duxion.le ci-

    aîtree ap-ux àssion

    TARNOS 27 OCTOBRE 2012...Les enfants du groupe scolaire Jean Jaurès nous offrentcette plus qu'émouvante "surprise".. .

    À lire dans le prochain numéro, notre reportagesur le remarquable événement organisé les 26 et27 octobre par nos Amis de la CCE, la municipa-lité de Tarnos et l'ANACR, pour commémorer :• le 66e anniversaire de la création à Tarnos de lacolonie de la Commission Centrale de l'Enfance et

    • le 70e anniversaire de la Rafle des résistants deBoucau et Tarnos

    MENSUEL EDITE PAR L'U.J.R.E.Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide

    La PNMaborde de manière critique les problèmes politiques et culturels, nationaux et internationaux. Elle se refuse à toute diabolisation et combat résolument toutes les manifestations d'antisémitisme et deracisme, ouvertes ou sournoises. La PNMse prononce pour une paix juste au Moyen–Orient sur la base du droit de l'État d'Israël à la sécurité et sur la reconnaissance du droit à un État du peuple palestinien.

    ANNÉES 1950...Nous, les enfantsd'alors, représen-tions àTARNOSle siglede laCCE(CommissionCentralede l'Enfance)et de laץקק(TsentraleKinderKommissie)...

    CCE...en

    français

    CCE... en yiddish

    UneCCE...

    hauteen

    couleu

    rs;-)

    5

    «encore ! », s’est exclamé une dame décounotre journal lors d’une fête sur le stanl'UJRE... Oui, Madame et ce journal, que vos parensaient jadis en yiddish, heureusement qu’il fait touentendre sa voix singulière dans le monde juifjourd'hui. D’abord parce qu’il prolonge et vise àfructifier dans les conditions du XXIe siècle l’acquireprésentent son histoire et sa participation aux luttesle progrès social, la justice et la paix.Au début des années trente, des émigrés d’Eucentrale et orientale publièrent un journal en yiddiNaïe Presse, animée par Adam Rayski entouré déquipe de rédacteurs dont beaucoup payèrent de leuleur engagement contre le racisme, pour la libertéFrance.Ce journal obtint rapidement un grand succès et devquotidien en langue yiddish le plus lu d’Europe. Pela guerre, il parut clandestinement. Après la Libératireprit sa publication régulière et fut de tous les comprogressistes en soutenant notamment les avancéeciales et démocratiques conquises sur la base dugramme du Conseil National de la Résistance, qMEDEF et les forces réactionnaires liées à la haunance s’acharnent à détruire.Mais petit à petit, le monde yiddish s’éteignant, il apla nécessité d’un journal écrit en français. Ce fut d'aLa Presse Nouvelle Hebdomadaire (PNH) qui cédatard sa place à La Presse NouvelleMagazine.Dans les luttes contre le racisme et l’antisémitisme,journal vise toujours à construire le rassemblement lelarge pour condamner, et agir contre toutes les dérivactes intolérables. De plus, il s’efforce d'analysecauses de cette perversion qui dépasse la questionpréjugés, voire les raisons qui découleraient de "la nhumaine", bien souvent évoquées.En démontrant, car les bons sentiments ne suffisencomment la situation économique et sociale et laagissent sur les comportements en favorisant la rechde boucs émissaires. Dans cet esprit, on comprendquoi la stigmatisation des émigrés contribue à détrucohésion de la société qui permet de vivre ensemble.compter qu’elle favorise les thèses xénophobes detrême droite, qui prospèrent aujourd’hui, devant lestations quand ce ne sont pas les reculs face aux menécessaires àmettre en œuvre pour un réel changemeL’austérité n’est pas le remède. Au contraire, elle cbue à geler la croissance et entraîne notre pays darécession.Ce n’est pas ce que nous attendons d’une politiqugauche qui devrait être fondée sur la recherchl’amélioration des conditions de vie du plus gnombre.Quand on voit ce qui se passe en Grèce, en EspagnItalie, en Irlande, au Portugal… on peut mesureconduit l’exigence des marchés financiers... la dettevant d’alibi facile pour justifier toutes les régressions.Comme l’écrivaient EdgarMorin et Stéphane Hessel"Le chemin de l’espérance", « Nous sommes en tra

    L e s omm a ire de c e n um éro s e tro u v e en p a ge

    deli-rsu-ireueur

    pelaneiela

    lent, ilatso-o-lefi-

    rutrdus

    treusetlesesre

    as,iseher-lansx-si-es

    ri-la

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    nsde

    Tant que l’on n’aura pas agi sur les vraies causescrise, avec tout ce qui l’alimente, c'est-à-dire en s’ennant à la logique imposée par le capital au détrimetravail, on ne sortira pas de l’impasse où nous sommecrise et son cortège de souffrances ne sont pas fatafaut reprendre le pouvoir sur les banques afin que l’aserve avant tout au développement.Concernant Israël, les prises de position de notre mzine sont les seules qui soient conformes au droit inttional, à la sécurité d’Israël et à son avenir. Nous sacertes, qu'elles n’ont pas toujours – et pas toutes – lde la majorité du monde juif. Mais nous savonsnombre de juifs qui se posent de plus en plus de quesperplexes qu'ils sont devant l’impasse de la situatioProche-Orient.Une certitude : l’appel au dialogue est une rengaine cqui ne mènera à rien tant que l’État d’Israël poursuivpolitique d’annexion passant par le fait accompli.table politique coloniale, d’apartheid et d’humiliationnée contre la population civile palestinienne à traveconfiscation de sa terre, la construction de nouvellesnies dans ses territoires, annexant toujours plus JérusaEst, ainsi qu’une politique répressive, aveugle et viobafouent les droits de l’homme.Et ce, au mépris des résolutions internationales qumandent la restitution des territoires, la destruction dude la honte et la fin du blocus de Gaza.Force est de reconnaître que tout cela n'est rendu posque grâce à la bienveillance, pour ne pas dire la comté, de l’Union européenne et des États-Unis à l’éd’Israël, qui s’opposent à toute sanction et à l’admide l’État palestinien à l'Organisation des Nations UEn ce qui nous concerne, notre position n’a pas chaune paix juste et durable passe par une solution politDans cette optique, nous soutenons les forces de paIsraël et le juste combat des Palestiniens pour la renaissance de leur État.Aujourd’hui, notre journal doit son existence à une éqde bénévoles et à une multitude de concours qui, mdes moyens limités, permettent sa diffusion. Ces pronous les devons pour beaucoup au contenu et à latenue des chroniques historiques et culturelles. Par eple, la rubrique Être juifau XXIe siècle, avec des cobutions très larges allant d’Edgar Morin à Benjaminet Henri Malberg, de David Chemla à Esther Benbde Jean-Claude Grumberg à Boris Cyrulnik.D’autre part, le concours régulier de Dominiquegrâce à son analyse rigoureuse de la situation au PrOrient, avec notamment sa rubrique sur les Dates-clProche-Orient, apporte de précieux éléments de réfleDe même, les rubriques sur la littérature, l’histoire etnéma sont généralement bien appréciées.En ouvrant cette 31e année, nous aimerions connvotre point de vue pour nous permettre d’avoir unproche qui réponde toujours plus et de mieux en mievos attentes, et continuer ainsi d’avoir une exprejuive en France, ouverte sur le progrès et la paix. ■.

  • 2 PNMn°300 - Novembre 2012Vie des associations

    Magazine Progressiste Juiffondé en 1 934Editions :

    1 934-1 993 : quotidienne en yiddish, Naïe Presse(clandestine de 1 940 à 1 944)

    1 965-1 982: hebdomadaire en français, PNHdepuis 1 982 : mensuelle en français, PNM

    éditées par l'U. J.R.EN° de commission paritaire 061 4 G 89897

    Directeur de la publicationJacques LEWKOWICZRédacteur en chefRoland Wlos

    Conseil de rédactionClaudie Bassi-Lederman, Jacques Dimet,Jeannette Galili-Lafon, Patrick Kamenka,

    Nicole MokobodzkiAdministration - AbonnementsSecrétaire de rédactionTauba-Raymonde AlmanRédaction – Administration

    1 4, rue de Paradis7501 0 PARIS

    Tel : 01 47 70 62 1 6Fax : 01 45 23 00 96

    Courriel : luj [email protected] : http: //uj re.monsite. orange.fr

    (bulletin d'abonnement téléchargeable)

    Tarif d'abonnement :France et Union Européenne :6 mois 28 euros1 an 55 eurosEtranger (hors U.E. ) 70 euros

    IMPRIMERIE DE CHABROLPARIS

    PARRAINAGE(1 0 € po u r 3 mo i s )

    J ' OFFRE UN ABONNEMENT À :Nom et Prénom .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Téléphone .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    BULLETIN D'ABONNEMENTJe souhaite m'abonner à votre journal

    "pas comme les autres"magazine progressiste juif.

    Je vous adresse ci–joint mes nom, adresse

    postale, date de naissance, mèl et téléphone

    Carnet

    LaPresseNouvelleMagazine

    –ISSN

    :0757-2395

    TARNOS 2012

    #UnBonJuif etc.

    l’Union des Juifs pour la Résistanceet l'Entraide (U.J.R.E.) condamnela multiplication d’ignobles mes-sages violemment antisémites quicirculent sur Internet. Elle ressentd’autant plus douloureusement cetappel au racisme que l’écrasante ma-jorité de ses membres a eu sa famillegazée et brûlée dans les camps d’ex-termination nazis.Elle en appelle à la vigilance detoutes et de tous. Elle invite égale-ment les organisations démocra-tiques à s’associer pour faire con-damner les auteurs de ces messages.Rappelant que, selon la législationde notre pays, de telles expressionsne sont pas des opinions mais desdélits, l'U.J.R.E. exige des pouvoirspublics et des tribunaux une actionrésolue contre de telles pratiques. ■

    Bureau de l'UJRE18/10/2012

    Communiqué

    REPONSE ELYSEE ALEFORT.. .

    Schlomo Venezian ’est plus

    Il allait avoir 90 ans. Ses an-cêtres, chassés d’Espagnes’étaient réfugiés en Italie avant

    de gagner la Grèce. Lui était né à Salo-nique, la "Jérusalem des Balkans". Ilparlait couramment le ladino et le grec.En mars 1944, il fut déporté avecpresque toute sa famille par le premierconvoi. Arrivé à Auschwitz-Birkenau enavril, il fut rapidement intégré aux Son-derkommandos qui devaient déshabillerles déportés « sélectionnés », fermer laporte de la chambre à gaz puis extraireles cadavres sur lesquels il fallait récu-pérer les dents en or avant de les brûlerdans les fours crématoires. Restait en-suite à nettoyer les chambres à gazavant de les passer à la chaux. Enprincipe, il ne devait pas y avoir de sur-vivants dans les Sonderkommandos.Schlomo Venezia revenait de loin. Ilavait failli périr en octobre 1944 lors dela révolte des kommandos du camp*. Ilsurvécut à laMarche de la mort. Restaità conjurer les fantômes pour construireune vie. Ce n’est qu’en 2007 après plusde soixante ans de silence qu’il publia,chez Albin Michel, préfacé par SimoneVeil, son témoignage intitulé Sonder-kommando, dans l'enfer des chambres àgaz. ■ PNM* À lire : Lucien Steinberg,"La révolte duSonderkommando" in PNMn° 222 (01/2005)

    Marcel HanounUn cinéaste essentiel nous a quittés

    Marcel Hanoun était toujours en recherche d’expérimentation de formesneuves, ce jusqu’à l’obsession. La plupart de ses films sont en quelquesorte des "prototypes", des expériences uniques. Son cinéma, s’apparente parses outils et son mode de production au travail de l’artisan, mais au bout du pro-cessus de création, le geste fabrique un art novateur et de forte densité poétique.Il se fit connaître par Une simple histoire, film splendide et remarquable, priméà Cannes en 1957. Autre film important L’authentique procès de Carl Emma-nuel Jung. Né juif tunisien de parents algériens, Marcel voyait dans le "hasard"de sa naissance sur un territoire éloigné de celui du yiddishand, comme uneblessure coupable. Il mesurait qu’il devait à cette seule circonstance de n’avoirpas connu le sort ou le danger d’être assassiné dans la Solution Finale. (. . .)Nul doute qu’il faut voir dans le film L’authentique procès de Carl EmmanuelJung comme l’écho de cette déchirure – angoisse, mais le regard porté par Mar-cel Hanoun sur la Solution finale s’élargit à l’universel et voit en l’Étranger, etnon dans le seul Juif, la première victime de la mise en œuvre d’une telle poli-tique d’ État. Le personnage de Carl-Emmanuel Jung, à l’ image de ce que furentd’ innombrables nazis, est bon père de famille, bon mari, citoyen ordinaire etsimple fonctionnaire. L’authentique procès de Carl Emmanuel Jung a été tournéen 1966, peu après la fin de la Guerre d’Algérie et a précédé de trente-cinq ansle procès Papon. Et c’est en regard de ces contextes qu’il faut le voir.Marcel Hanoun fut aussi théoricien du cinéma et a écrit de nombreux textes surle cinéma "Emparez-vous de la liberté d’inventer pour inventer la liberté.Taillez une plume, greffez-lui l’oeil d’une caméra, une oreille qui ne soit qu’unorifice sans pavillon visible. Saisissez-vous de cette plume, écrivez, tracez enimages sonores ce que vous pourriez vainement filmer en mots imagés, séduc-teurs et fallacieux. Faites, refaites le cinéma plutôt que "du cinéma". N’ayez deMaîtres de filmer que vous-mêmes, non de maîtres à filmer qui ne soient quemaîtres de ballet et ne le soient que de vouloir vous apprendre à bien valser unfilm. Faites votre cinéma tout en marchant pas à pas, mâchonnant d’amers ettendres cailloux. Avancez, libres de toute discipline marchande. ". ■

    LLNDLR Page d’hommage avec films et entretiens avec Marcel Hanoun sur www.lauralaufer.com

    HenriKrasucki

    à l'Hôtel de Ville

    Catherine Vieu-Charier, élue com-muniste, adjointe au maire de Paris,chargée de la Mémoire et du Mondecombattant, a rendu hommage le 11 oc-tobre à Henri Krasucki à l'Hôtel de Villede Paris en présence notamment de Ber-nard Thibault, secrétaire général de laCgt, de Pierre Laurent, secrétaire natio-nal du Pcf, d'Henri Malberg, de PauletteSarcey, de Gérard Alezard, à l'occasionde la sortie de l'ouvrage* de ChristianLangeois consacré à l'ancien dirigeantde la Cgt.L'élue de Paris a évoqué la personnalitéd'Henri Krasucki affirmant qu'il était"emblématique de l'histoire de beaucoupde gens à Paris venus de Pologne avecleur famille, chassés par les pogromes etl'anticommunisme". "Français de choixet de cœur", il s'est engagé pour libérerla France. "Il a risqué sa vie pour nous",

    a rappelé Catherine Vieu-Charier, n'endéplaise à certains élus de la droite deParis qui avaient protesté contre cettesoirée. Lors de sa déportation àAuschwitz, un soir de Noël, Henri, finmélomane, a sifflé la 5e symphonie deBeethoven pour ses camarades déportés.Ils ont ensuite murmuré la Marseillaiselors de cette sinistre nuit, a-t-elle rappel-lé. Elle a aussi évoqué l'action d'Henridans les associations pour retrouver lesenfants déportés de son quartier.Dans le documentaire de Tanguy Perron,"La petite place rouge" qui retracel'inauguration de la place Henri Krasu-cki à Paris, le discours de Roger Tru-gnan qui évoquait son compagnon dedéportation, a bouleversé tous les spec-tateurs.Christian Langeois a également évoquéles principaux chapitres de son livre*qui a donné lieu à un débat. ■ PNM* NDLR À lire dans notre prochain numéro,une recension du livre de Christian Lan-geois, Henri Krasucki 1924-2003, Éd.Cherche Midi, Coll. Documents, Paris,2012, 372 p., 1 9 €

    Mai s c ' é ta i t OÙ ?

    S aint Jean de Luz, c'était dans les Basses-Pyrénées, disait-onalors, Atlantiques, dirions-nous aujourd'hui, près de Bayonne.. .Tarnos, dans les Landes, près du Boucau, Soumensac dans le Lot-

    et-Garonne, près de Marmande, le "Château du Roc" en Dordogne, près deCubjac. . . Leur point commun ? avoir été des lieux où, au fil des générations,ont séjourné des milliers d'enfants dans les colonies de vacances de la Com-mission Centrale de l'Enfance, de 1945 à 1986.. .Mais moi, ma vie de château, c'était en 1954, sur les bords de Loire, ça je m'ensouviens ! mais où ? comment s'appelait mon "château de la Loire", ma colo de laCCE, ça j'en suis sûre, dont je ne retrouve aucune trace, aucune photo ?Qui m'aidera à retrouver ma mémoire qui flanche ? ■

    Simone Sawicki Virsube (Soissons) [email protected] d'écrire directement par mèl à Simone ou par courrier au journal qui transmettra

    Hommage à ...

    Espace mémoire du 14

    Où en sommes-nous ?

    Après des années de négociation avecParis-Habitat, qui devait réhabiliterle sous-sol du bâtiment "B", ancienne im-primerie de la Naïe presse, la FédérationEspace mémoire du 14 * composée del’UJRE, des Amis de la CCE et de MRJ-MOI, vient de décider de rejeter les pro-positions présentées par ce bailleur. Eneffet, elles réévaluaient sans cesse le coûtdes travaux et auraient mis en péril nonseulement le projet mais aussi l’activitémême de nos associations.Dans ces conditions, nous assurons dé-sormais nous-mêmes ce projet, entourésd’un architecte, d’un conseiller en matièred’immobilier, d’un avocat et d'une agencede scénographie, équipe qui en associantréhabilitation et aménagement muséal,permettra des économies d’échelle. Lepermis de construire sera déposé en pré-fecture avant la fin de l’année pour que lestravaux commencent au plus tôt. Nousvous informerons du projet définitifdès safinalisation.La souscription à laquelle vous avez éténombreux à participer généreusement etles subventions versées par la Ville de Pa-ris, la Fondation pour la Mémoire de laShoah et le Sénat ne nous permettent pasencore de boucler le budget global. Début2013, nous allons donc à nouveau noustourner vers des entreprises, des institu-tions, vers vous... Cette grande souscrip-tion nous permettra, si nous devionscontracter un prêt, d’en limiter le montantau minimum.Nous regrettons tout ce temps perdu carl’aménagement de l' "Espace Mémoire du14" aurait pu être réalisé à moindre coût,en synergie avec la réhabilitation de l’im-meuble du "14", opérée de mars 2010 àseptembre 2011 ... Mais nous sommescertains qu’avec le soutien de la Ville deParis, avec le vôtre et celui d’entrepriseset d’institutions, nous saurons relever cedéfi. ■ Bernard Frédérick

    * Cette Fédération et Paris-Habitat ont signé lebail des locaux du "14" dont l' "Espace de Mé-moire dédié aux résistants juifs de la M.O.I."sera un avenant.

    Hommages

    L e s omm a ire de c e n um éro s e tro u v e en p a ge 5

  • 3PNMn°300 - Novembre 2012

    L e s omm a ire de c e n um éro s e tro u v e en p a ge 5

    Vilner

    Né le 19 février 1909 à Viln(Lituanie), fils d’un ouvrimort dans un accident du trvail, Naum Fajnsztejn quitte la Plogne à la fin des années 20, aprèslycée et vit en Angleterre puis en Begique. Il termine ses études d’ igénieur en France.Il adhère au Parti communiste dèsvenue en France en 1933 et prendnom de plume de Marceau Vilner, ehommage au général de la Révolutio

    française et à sa ville natale. Il est l’un des animateurs du Comité Thaelmandes intellectuels antifascistes (Henri Barbusse, André Gide, Paul LangeviAndré Malraux, Romain Rolland...) dont il devient en 1936 le Secrétaigénéral. En 1938, il est l’un des organisateurs d’une exposition du Cmité, intitulée « Cinq ans de régime hitlérien ». Dans ce cadre, il publun ouvrage dénonçant Mein Kampf, son livre sera en 1940 sur la « lisOtto »* des livres interdits par les Allemands. En 1939, il publie « L’Alemagne et la Révolution française » préfacée par Romain Rolland.

    Engagé volontaire en septembre 1939, démobilisé en août 1940, il est chargpar André Tollet d’organiser des groupes de résistants juifs dans le XIe arrodissement et de créer une imprimerie rue Moreau. Passé dans la clandestinien mai 1941 , il est arrêté en juillet 1 941 , interné à Pithiviers, puis déporté ejuillet 1 942 à Auschwitz, où il participe à organiser la résistance danscamp. Il est parmi ceux qui sont envoyés à Varsovie pour « nettoyer » lruines du ghetto avant son transfert à Dachau en juillet 1 944.**A l’arrivée des troupes américaines, le 2 mai 1945, il est choisi par les 60prisonniers étrangers de Dachau comme leur délégué. « Nous avons auschoisi notre représentant et porte-parole. L’homme de confiance choisi par lprisonniers libérés est Natan Fainstein, de France (n° 88323-48932). Il donous représenter auprès de l’Autorité militaire et de toute autre Autorité…C’est lui qui prononce le discours devant le premier convoi de déportés librés rentrant en France : « Il faudra entreprendre un gros travail pour rendrerépétition d’une telle barbarie impossible… Bientôt, nous allons repartir datous les coins du monde. Tout en reprenant une vie normale, en organisantvie privée et publique, chacun de nous restera un homme à part : un revenade là d’où on ne revient pas !. . . »En octobre 1945, Marceau Vilner est élu Président de l’Association des Aciens Déportés Juifs, fonction qu’il conserve jusqu’à sa mort. Secrétaire gnérale de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide, il participe àdirection de Naïe Presse (en yiddish), signe souvent les éditos de sa page dsamedi en français, et est le fondateur de Presse Nouvelle Hebdo en françaidont le premier numéro sort en mai 1965.Lorsqu’éclate la Guerre des Six Jours, il est très malade et rédige ses éditriaux à l’hôpital. Le 16 juin 1967, il écrit : « C’est difficile, ingrat – macombien exaltant – se trouvant pris à contre-courant, de ne pas lâcherbonne direction, en dépit des insultes… L’arrivée commune à bon port seralors la fière récompense de ceux qui ont mené le combat lorsque celui-était difficile. » Ce sera son dernier article. ■ PNM* Document de 12 pages publié le 28 septembre 1940 listant les ouvrages retirés de la vente paréditeurs ou interdits par les autorités allemandes.

    * Lire in PNM 275 d'avril 2010 l'article "Le combat de l'espérance humaine" de Marceau Vilnreproduit du “Chant du ghetto de Varsovie”, supplément au n° 138 de la PNH.

    parRobert Joseph*

    rois cents numéros, trente ans…ationlams rcelts dresa

    , qs dnairotillmacêmessy ecouis

    léeanépc eJeacoprs ecan ouerrgel’hoirdffiint

    hoaices ddondhaon

    C’est dire le poids des oppositions qu’ila fallu vaincre, dans les milieux poli-

    Paulidouà laen

    , enêtrerimequet,n’apro-en-us aaireravec.trou-ortesinier,e étépourogerobby

    te, iln dubilités partra-res-La

    se defacee dusion

    pré-che-NUexis-pa-

    tiqueUniss des detellepaci-ence

    La Presse Nouvelle Magazine a 30 ans. . . Mazel tov !Pour le300e numéro de la PNM, il nous a semblé intéressant de publier quelques réflexions de Robert Joseph, qui fut son rédacteur

    t le

    Chers lecteurs, si la PNM a trente ans aujourd’hui, c’est grâce à vous !, ilveetce.

    oera-o-lel-n-

    salennnn,reo-ietel-

    én-ténlees

    0siesit».é-lanssant

    n-é-laus,

    o-islaaci

    les

    er,

    TC’est le temps d’une générhumaine ! A la PNM, le fbeau a été transmis : la saison desistants et des déportés s’achève,des « enfants cachés » permet, forl’héritage humaniste, laïc et progsiste, de poursuivre les combatscesse renouvelés.Ces enfants cachés et… retrouvésont connu une autre face des dramela guerre, incarnent une extraordisolidarité nationale : ils ont été pgés, pas seulement par les famcourageuses qui les ont accueillisaussi par l’ immense majorité destoyens au fait de leur présence, ms’ils allaient à l’école et à la maprès avoir « oublié » leur nom. Ildes dénonciations, certes, beaumalheureusement, des traîtrises, magrande majorité est là.Au cours des trente années écoules vents forts du racisme et de l’sémitisme n’ont pas connu de rDes « odeurs » de Jacques Chira1983, aux interrogations deRaspail en 1985, « Serons-nous enfrançais dans trente ans ? » ; de lafanation du cimetière de Carpentra1990, à la question de Gisd’Estaing en 1991 : « Immigratioinvasion ? » et jusqu'à la récente tde Toulouse, on retrouve tout l’amentaire actuel du « sarkolepénismPour l’anecdote, illustration demour de l’ancien président : il a chen septembre l’an passé, un gafrontière israélien pour présider l’Ofrançais de l’immigration et de l’gration.Que les pourvoyeurs de la Srendent des comptes devant la justmobilisé la PNM et les militantl’UJRE aux côtés des résistants,portés et autres victimes, et du mprogressiste. Une action de longueleine, rappelons-nous ! Vingt-et-unde procédure pour Maurice Pap

    restedi-

    aussielles

    teurséro :). ■

    de la

    03.

    Souscription PNM

    Pour le300e numéro,je verse la somme de . . . . . . . . . €

    Chèque à établir à l'ordre del'UJRE-PRESSE NOUVELLE

    à poster à l'UJRE, 14 rue de Paradis75010 Paris

    -é-lees-ns

    uiereé-esisi-ee,utpla

    s,ti-it.nnreo-nrduieu-».u-si,e-ceé-

    haeé-ea-ns!

    tiques et dans la magistrature.Touvier, gracié par Georges Pompen 1971 , condamné, après sa fuite,réclusion criminelle à perpétuité1994, mourra, malade en prison1996. Il sera le premier Français àcondamné pour complicité de ccontre l’humanité. René Bousl’ami du président Mitterrand,connu que dans les années 80 unecédure judiciaire ouverte à soncontre. Son assassinat en juin 93 noprivés d’un procès qui pouvait éclmaints aspects de la collaborationles nazis, et pas seulement policièreDans ce climat, le révisionnismevait son blé à moudre et aussi de foppositions. Les Faurisson, RaissPlantin et autres ont tout de mêmcondamnés. L’abbé Pierre aussiavoir mis ses pas dans ceux de RGaraudy, en guerre contre le « lsioniste international ».A l’actif de la génération précédeny a aussi la mémorable déclaratioprésident Chirac sur la responsade la France dans les drames subiles Juifs. En a découlé l’immensevail de la Mission Mattéoli pour latitution des biens confisqués.déclaration de repentance de l’ÉgliFrance sur l’attitude des chrétiensà l’Holocauste, qui a précédé cellVatican, facilitait la compréhenréciproque.Malheureusement, une telle comhension n’a pu fonctionner au ProOrient. La résolution 1397 de l’Odu 12 mars 2002 préconise bien l’tence de deux États, israélien etlestinien, côte à côte.L’intransigeante et répressive poliisraélienne, protégée par les États-et l’Union européenne, n’offre paperspective. Ce qui n’empêche pamanifester son opposition à uneattitude et sa vive sympathie auxfistes israéliens partisans de l'existde deux États.La vie intellectuelle de la PNMd’une grande richesse reflétant laversité des cultures juives. Elles’adapte aux aspirations des nouvgénérations.Et comme le proclamaient les fondade la PNM dès son premier num« mir zenen do ! » (nous sommes là !

    * Robert Joseph fut rédacteur en chef

    Presse Nouvelle Magazine de 1982 à 20

    Marceau Quelques réflexions...

    en chef, dès sa création, et aussi de rappeler le rôle très important de Marceau Vilner, qui a marqué la Presse Nouvelle et donsouvenir est encore vivace.

    Alors que "le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde"ne tient qu'à nous tous, à vous notamment, que la PNM poursuil’œuvre de Marceau Vilner en faisant entendre une voix juive, laïqueprogressiste qui transmette nos valeurs humanistes de paix et de justi

    Abonnons nos enfants, petits-enfants, nos amis !PNM, le mensuel juif, progressiste et laïque "pas comme les autres".

    Disponible à l'essai pendant trois mois (10 €)ou bien sur abonnement - Dix numéros par an : 55 €

  • 4 PNMn°300 - Novembre 2012Cycle - Qu ' est-ce qu ' être j u i f au XXI e s i ècle ?

    a famille originaire d'Algérieest juive sépharade et berbère.

    ali. Lectes paaiendes or. Dtions leitlin. Ofranaien

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    banque où je suis resté quarante ans. Avecdes cours du soir à la Sorbonne après le

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    Des humiliationssous l'Occupationà l'engagement

    par Jacques Atlan

    Imbécillité

    La République est en danger. Tremblez, bons Français des villes et deschamps ! Enfants, protégez bien vos pains au chocolat. Des terroristes(islamistes, évidemment) vous attendent à la sortie de l'école, au mois d'août,en plein Ramadan. Ils vous arrachent et piétinent votre goûter. La preuve estfaite que l'immigration menace notre société.Qui a proféré un pareil tissu d’imbécillité ? Les adeptes du Front National ?Un groupuscule néo fasciste ? Une bande de fous ou de farceurs ?Non. Le père de cette mise en garde est Monsieur Jean-François Copé,secrétaire général de l'UMP. Il nourrit à long terme des ambitions qui ledépassent. Il est prêt à dire et faire n'importe quoi. Y compris se rouler auxpieds des électeurs de Madame Marine Le Pen.Le racisme, d'où qu'il vienne, y compris de la droite soi-disant républicaine,reste le racisme. Il doit être dénoncé et combattu sans concession. ■

    9 octobre 2012

    Laïciten dit que Manuel Valls est so-

    ong-

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    Il s'agirait de les ramener dans le droitchemin et de les soustraire à des in-

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    2012

    par Jacques Franck

    Billets d'humeur

    17 Octobre1961

    Fidèle à la mémoire des victimes deCharonne, parmi lesquels Fanny Dewerpe,l’Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide(UJRE), membre du Comité Vérité et Justice pour Charonne, signale ledébat en cours sur la proposition de loi du groupe communiste tendant àce que soit reconnue « la responsabilité de la France dans les crimessanglants du 17 octobre 1961 . »Dans le cadre de ce débat, Pierre Laurent plaide pour « l’établissementdéfinitif de la vérité et la reconnaissance des crimes coloniaux » qui im-plique l’ouverture des archives.Et de constater : « La fin de rapports coloniaux et néocoloniaux avec lespays africains passe par là, comme le développement de notre coopéra-tion. Aucune archive ne doit être "incommunicable". Les historiensdoivent pouvoir échapper au contrôle du pouvoir et des groupes de pres-sion, travailler librement en liaison avec leurs homologues de l'autre rivede la Méditerranée, y compris sur les crimes de l'OAS – organisation quecertains à droite essayent toujours de réhabiliter. » ■

    Communiqué de laPrésidence de laRépubliqueLe 17 octobre 1961, des Algériens

    qui manifestaient pour le droit à

    l’indépendance ont été tués lors

    d’une sanglante répression.

    La République reconnaît avec

    lucidité ces faits.Cinquante et un ans après cette

    tragédie, je rends hommage à la

    mémoire des victimes.François Hollande17 octobre 2012

    MElle a acquis la nationfrançaise grâce au décret Crémieuxjudéïté de la famille se limitait à resples fêtes juives. En effet, nous n'étioncroyants et mes parents ne fréquentpas la synagogue. Tous occupaientemplois d'artisans, de maroquinierd'ouvriers, mon père était charpentiece fait, ils étaient proches des populaalgériennes par le mode de vie – toudimanches par exemple on faisacouscous – et aussi par la proximitéguistique, mes parents parlant arabeétait ici bien loin des riches colonsçais qui tenaient le haut du pavé et avmis la main sur l'économie.Au moment de la Première guerre mdiale, mon père, mobilisé, a dû ql'Algérie pour la métropole. Aprèboucherie de 14-18, durant laquelleété gazé, il a repris son métier d'oucharpentier. Syndiqué, il était partisaFront populaire. En 1936, la famillenéficié des congés payés et a décidretourner en Algérie pour revoir lanatale. Le voyage s'effectuait à l'épdans des conditions difficiles, onconfiné dans la cale du navire où étentassées de nombreuses familles. Mcela, nous étions heureux de retrouvpays de notre enfance.En 1937, l'entreprise où travaillaitpère à Paris s'est mise en grève. Onavec ma mère apporter des vivresgrévistes. La rue était noire de poliqui bloquaient le passage. Cela mgnait. Mais malgré ces barrages, orivait à leur faire passer des vivres.Dès le déclenchement de la SecGuerre mondiale, notre famille a suplein fouet l'iniquité des lois antijuétablies par le gouvernement de Vicnous avons dû porter l'étoile jaune,parents et les quatre enfants queétions. Ensuite, ce fut l'humiliatioquotidien : insupportable de voir moncontraint de remettre son vélo aumissariat. Après, nous avons été privradio. On nous empêchait de vivre.Et puis la situation s'est dégradée trèsMon père a été prévenu d'une descenpolice qui allait arrêter les juifs du qtier. Il a réussi à se sauver en zoneNous l'avons rejoint. À Moulins oùavons franchi la ligne de démarcpour passer en zone libre, je me souvdes sinistres affiches "Interdit aux japposées dans certains lieux.Mon père est mort en 44, des suitesblessures subies en 14-18. Là encorfait des lois antijuives, ma mère ndroit à rien : ni pension de guerre, nision de réversion. Nous étions doncun sou. On est rentré à Paris finpour retrouver le logement HLMnous occupions avant guerre. Il avaentièrement pillé après notre dépazone libre. Totalement démunis,avons fait appel aux organisations jud'entraide qui nous ont aidés.En 1948, j 'ai dû quitter le lycéetrouver un emploi. Dans les années 5suis entré comme employé à la BUE

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    travail, j 'y suis devenu cadre. Dès quété embauché, j 'ai adhéré à la Cgt et jplus fier de ma carte syndicale qul'emploi que j'occupais.Comme secrétaire du Comité d'entreavec mes camarades, on a pu amésensiblement la situation des salavec par exemple la création d'un rerant d'entreprise. Mais en fait, je ndestinais pas du tout à la banque.rêve était de devenir écrivain.J'avais écrit un premier livre "Minivital" dont j’ai envoyé le manuscGallimard. Raymond Queneau étaitcord pour l'éditer à condition que jeblie un livre par an, ce qui m'obligeafait à quitter la banque. Par besoisécurité, je suis resté à la banque.À la même époque, j 'ai fait la consance de Jean-Paul Sartre pour qui j 'une grande admiration. Il m'a pouadhérer au PC.Après réflexion, j 'ai fini par suivreconseil. Adhérer en 1957, à l’âge dans n'était pas simple, surtout aprèévénements de Hongrie.Je suis devenu secrétaire de section àvallois. En 1965, on a repris la munilité aux centristes alliés au PS. PJans a été élu maire et je suis devenjoint à la Culture. On s'est lancé à lconquête des cinémas dans les mcipalités où les salles avaient disNous avons créé ainsi 3 salles mupales à Levallois. Et quand les distteurs ont refusé de nous louer des fnous avons créé une association dema public sur tout le territoire.Balkany a repris Levallois et depuissupprimé les salles publiques et la bithèque enfantine que nous avions créMon engagement syndical et politmon implication dans la gestion mupale, ont été pour moi, à l’évidenceréponse implicite à ce que j'ai connuma jeunesse, à toutes les humiliationfligées à ma famille par les occupantset les collaborateurs du régime de PétaCet engagement entamé au siècle dese prolonge aujourd'hui sans répitpoursuivi en effet la réflexion enconsacrant au débat économiquebattre en brèche les idées toutes faitel'austérité, les responsabilités dans lamondiale actuelle, notamment des teuropéens qui ont conduit à la catastrque nous connaissons et dont les pepaient chèrement les conséquences pchômage endémique en France codans toute l'Europe des 27.C'est d'ailleurs le thème de mon ouvrqui je l'espère, aidera à comprendrenjeux actuels et contribuera à lapour l'édification d'une sociétéhumaine et pour une démocratie sonotamment par la maîtrise des banprivées et des marchés financiers.Et quand il me reste un peu de tempm'adonne à mon violon d'Ingres favla peinture. ■* Jacques Atlan, L'argent des pauvres,les milliards des banques, alternativesfinancières et politiques, Éd. l'Harmat-tan, 2012, 286 p., 29.50 €

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    e-a-itd-e-i-u.

    Ocialiste. C'est vrai depuis ltemps.On dit que Manuel Valls est minde l'Intérieur. C'est vrai depuiprintemps dernier.On dit que Manuel Valls estferme tenant de la laïcité. Je nemanderais pas mieux que decroire, mais deux événemm'interpellent à ce sujet. Ma répà la question ne sera pas aussi amative que je le souhaiterais.Au cours de son bref séjour en Arie, le ministre aurait négl'importation en France d'imdestinés à l'encadrement idéologdes prisonniers musulmans.

    rele

    ne-letser-

    é-iése

    fluences politico-religieuses néfaLa République ne serait-ellemieux inspirée en organisant danprisons des formations à ses valet de substituer aux imams des egnants et éducateurs laïcs ?Le pape Benoît doit procéderchainement à la canonisation d'unfunt missionnaire colonial françaiManuel Valls doit assister officiment à cette cérémonie. Il représera le gouvernement de la Républlaïque et le peuple français. J'esque cette annonce est un "bugcommunication, et que nous n'aupas à rougir d'un tel scandale. ■

    16 octobre

  • 5PNMn°300 - Novembre 2012

    NewYork, 29 novembre 2012Au siège de l’Organisation des Nations Unies sera célébrée comme chaque année laJournée internationale de solidarité avec le peuple palestinien*. Cette date rappellele jour où, en 1947, l’ONU adoptait le « Plan de partage »** de la Palestine en un« État juif» et un « État arabe », Jérusalem étant alors placée sous un régime inter-national spécial comme corpus separatum : A la demande de l’ONU, gouverne-ments et sociétés civiles mèneront ce jour diverses activités comme la publication demessages spéciaux de solidarité avec le peuple palestinien, l’organisation deréunions, la diffusion de publications et autres documents d’information, et la pro-jection de films.* Cf. résolutions ONU 32/40 B du 2 décembre 1977, 34/65 D du 12 décembre 1979, 60/37 du 1erdécembre 2005** NDLR En septembre 2011 , Dominique Vidal ouvrait le cycle des Dates-clés du Proche-Orientdans le numéro 288 de laPNMpar l'article "29 novembre 1947 - l’ONUpartage la Palestine" .

    La« guerre human i taire »n ’est pas d igérée

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    Afin de faire baisser le prix de nos exportations, il est prévu de substituer auxcotisations sociales patronales (lesquelles permettent le fonctionnement de laSécurité sociale, des allocations familiales et des retraites) une augmentationde la CSG payée par tous.Une telle mesure reviendrait à une dévaluation déguisée puisqu’elle aboutirait à unebaisse du pouvoir d’achat laquelle ferait qu’une heure de travail français permettraitd’acheter une plus faible quantité de marchandises notamment étrangères, ce qui est lerésultat d’une dévaluation que l'on déguise en la dénommant "choc de compétitivité".Il s’agit là d’une politique menée dans le passé par l’Allemagne et qui lui a réussi. Celarepose cependant sur une erreur d’optique. Si toute l’Europe avait mené la même poli-tique, celle-ci aurait été un échec car elle aurait dégénéré en une guerre des prix.Supposons deux entreprises A et B ayant à peu près la même part de clientèle pour unproduit comparable. Si A abaisse son prix pour augmenter le nombre de ses clients audétriment de B et que ce dernier en fait autant, chacun, à la fin retrouvera la même partde clientèle mais ils se seront tous deux appauvris du fait de la baisse des prix leur ap-portant un plus faible bénéfice. Or c’est pourtant ce processus que l’on nous proposede suivre.Plutôt que de mettre en concurrence les travailleurs de part et d’autre du Rhin, c’est desolidarité et de coopération que les uns et les autres ont besoin en vue de mener unepolitique de compétitivité par l’innovation, préférable à la guerre des prix. C’est pour-tant cette concurrence qu’organisent les projets européens de privatisation de la Sécu-rité sociale et le Traité budgétaire européen, contre lequel s’élèvent non seulement lesdeux prix Nobel d’économie (Joseph Stiglitz et Paul Krugman) mais aussi cent-vingtéconomistes comprenant les meilleurs chercheurs français. ■

    De quoile « choc de compétitivité »

    est-il le nom ?par Jacques Lewkowicz

    FranceTurquie

    Kosovo

    Israël Acte de piraterie

    Une fois encore, les dirigeants israéliensn'ont pas hésité à violer le droit interna-tional en envoyant leur marine arraisonner lebateau Estelle, battant pavillon finlandais, quifaisait route vers le port de Gaza pour distribuerde l'aide humanitaire à la population de cette terre palestinienne, qui vit dans unprison à ciel ouvert, victime d'un blocus depuis plus de six années.La marine a saisi le bateau dans les eaux internationales et l'a détourné veIsraël. Un commando lourdement armé a arrêté l'équipage et des passagers ddiverses nationalités, dont des parlementaires. Ils doivent tous être libérés etnavire rendu à la libre navigation.Une fois de plus, règne un silence assourdissant de l'Europe, après cet acte dpiraterie commis par Israël.En toute impunité. ■ PK 22 octobre 201

    La liberté de la presse, la liberté d’expression et le droit des citoyens à êtreinformés sont des critères essentiels de la démocratie. Pour autant, ces libertésse trouvent de plus en plus souvent menacées, ce sous toutes les latitudes, et lesjournalistes paient souvent un lourd tribut dans l’accomplissement de leur mission, nonseulement sur les terrains de guerre mais aussi dans les États qui foulent au pied leslibertés fondamentales.Ce 5 novembre, la Fédération européenne des journalistes (FEJ), 300 000 adhérentsdans 30 pays, organise comme chaque année une journée pour la défense dujournalisme en Europe, baptisée "Stand up with journalism".Cette année la défense des journalistes turcs est au centre de la mobilisation dessyndicats de journalistes européens.En effet, 76 journalistes turcs sont détenus dans le cadre de la loi antiterroriste quipermet l’arrestation et l’enfermement de ces journalistes. La plupart d’entre eux –kurdes et turcs – sont accusés par le parti au pouvoir, l’AKP, et son premier ministreErdogan, d’être des propagandistes à la solde de partis d’opposition ou de "groupesterroristes". Ils sont détenus dans des conditions moyennâgeuses et ce sont destribunaux d’exception qui les jugent.Les syndicats européens (dont les syndicats français SNJ, SNJ-Cgt et Cfdt, tous troismembres de la FEJ) mènent une campagne permanente pour obtenir la libération deces journalistes et pour faire abolir les lois d’exception. ■ Patrick Kamenka

    La PNM a trente ansNuméro 300. Vive la PNM ! R.Wlos 1MarceauVilner PNM 3Quelques réflexions R.Joseph 3

    Cycle Être juif au XXIe siècleDes humiliations sous l'Occupationà l'engagement J.Atlan 4

    HommagesSchlomo Venezia PNM 2Marcel Hanoun LL 2Henri Krasucki PNM 2

    Histoire / MémoireRescapée duVel' d'Hiv F.Haguenauer 6Mémoires de départs F.Mayran 8

    Les dates-clés du Proche-Orient9) 4 novembre 1995 : L’assassinatd’Itzhak Rabin D.Vidal 6

    Espace Mémoire du "14"Où en sommes-nous ? B.Frédérick 2

    Monde17 octobre 1961 PNM 4De quoi le "choc de compétitivité"est-il le nom ? J.Lewkowicz 5Turquie : La liberté de lapresse menacée P.Kamenka 5Israël : Un acte de piraterie PK 5Kosovo : La "guerre humantaire " n'estpas digérée PNM 5

    Billets d'humeur J.Franck 6Imbécillité (09/10), Laïcité (16/10)

    CultureAnna Seghers : Écriture en résistance etlégendes en contrebande H.Roussel 7Alberto Manguel, de l'autre côté dumiroir du judaïsme ? G-G.Lemaire 8Cinéma : Après Mai L.Laufer 7

    PNMn°300 - Novembre 2012

    la liberté de la presse menacée

    Lalbanais du Kosovo ont fêté« nouvelle souveraineté »BUREAU CIVIL INTERNATIONAL (BCI)en place en 1999 par les États-Unleurs alliés, dont la France de JacChirac et Lionel Jospin, pour superdirectement les organismes gouvementaux, a été fermé. Les pays qulancé les frappes contre la Serbie, stirent de cette région laissée dans lasère, treize ans après l’arrêt desaériens, un quasi-État, non adml’ONU, qui n’a pas d’existence léau plan international, reconnu sement par quelque quatre-vingÉtats. Le Kosovo est toujours dédant de la résolution 1244 du Code Sécurité des Nations Unies, de1999, qui a marqué la fin des bomdements, et qui le situe toujours comrégion de la Serbie.Ces États occidentaux, en quesorte, reportent leurs responsabparticulières sur les organismes cotifs comme l’OTAN, laMission d’anistration intérimaire des NaUnies au Kosovo (MINUK), et lasion EULEX KOSOVO (missionl’Union européenne) toujours charde veiller à la mise en place d’unde droit et au maintien de l’ordre.En mars dernier, le Conseil d’Éconsidéré le Kosovo comme unnon sûr. Il a relevé l’emprise du corganisé et de la traite d’êtres humla corruption, les menaces contre lesalbanais, les difficultés dues à uneminorité serbe dans le nord de la rég

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    sur le trafic d’organeshumains, révélées il y ades années, ou celle sur les exécusommaires d’hommes politiques anais de l’entourage de feu le présIbrahim Rugova, mises sur le comde la police serbe, n’évoluent guère2010 déjà, le Conseil de l’Europelignait « l’opportunisme politique »entoure ces sujets. Chaque fois,chef de la guérilla devenu chegouvernement, Hashim Thacy, letégé de Washington, est cité avecprincipaux compagnons. L’un d’Jakup Krasniqi, a ouvertement juces crimes devant le tribunal deHaye.Les bombardements contre la Serb1999, appelés « guerre humanitasous prétexte de protéger la populalbanaise, une guerre conduite enposition avec les institutions intetionales et la plupart desmembres des Nations unies, pèsencore lourd.Dans son essai « La guerre humtaire pour le Kosovo », Robertcombe* présente une « Revuedétails » des conditions qui ont préces bombardements. Une riche dmentation avec les déclarationscielles et les commentaires quiaccompagnaient. ■ PNM* Robert Décombe, journaliste, fut deà 1 982 l'envoyé spécial de l'HumaniYougoslavie. Lire « La guerre humanpour le Kosovo - Revue de détails – S24 mars/10 juin 1999 », Éd. du Los201 2, 1 80 p. , 1 6 €.

  • 6 PNMn°300 - Novembre 2012

    Je me rappelle les coups frappésà la porte ; les hurlements de ma

    isssûsûVeisieichpurtantricmms, dnotignt lu

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    Et puis c’est la guerre. Les nazis sont àParis. Partir ? Mais où ?

    Sur proposition de Laval, ministre de Pé-tain, même les enfants de moins de seize

    Elle revoit comme si c’était hier l’endroitoù sa mère et elle passent la nuit « dans

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    Rescapée du Vel’ d’Hiv par Florence HaguenauerIrène n’avait pas encore cinq ans quand elle a été raflée, avec sa mère, par la police française et envoyée au Vel’ d’Hiv. Soixante-dix ans après, elle raconte :

    Histoire - Témoignage

    Histoire - Cycle “Les dates-clés du Proche-Orient”

    Tel-Aviv, la place des Rois portedésormais son nom. Car c’est là

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    1967. Malgré une défaillance – le 23mai – qui lui sera longtemps reprochée, il

    On leur brisera bras et jambes. Desimages de la chaîne CBS immortaliseront

    Fort à propos, Yossi Beilin, non sans l'ac-cord du chef du gouvernement, va nouer

    Oslo.ns setono-id.t » :entrenent,ains,suristreétant», il994),. Ladaniede

    paixe et àdu 4écèsplusent :aix »

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    4 novembre 1995 : l’assassinat d’Itzhak RabinparDominique Vidal *

    « mère ; plus tard les gémments, l’odeur, la rumeur… » Bienc’est un souvenir traumatisant. Bienles images de ces heures passées aud’Hiv, ce haut lieu du sport partransformé par le gouvernement de Ven prison, ne peuvent que hanter, desoixante-dix ans, Irène Sapir. Pouc’est sans hésitation que cette instituaujourd’hui à la retraite, accepte, coelle le fait si souvent dans les écoleparler de cette période sombre dehistoire qu’elle a vécu en première lParce que pour elle, transmettre c’ester contre l’oubli.Irène est née à Paris en 1937. SonAaron, est originaire d’Odessa, sa mLéa, de Pologne. Dans les annéespour fuir les pogromes, l’antisémitile fascisme, ils partent tous deux enlestine. C’est là qu’ils se rencontravant d’être expulsés par les Anglaivoient d’un mauvais œil ces jeunescommunistes lutter, aux côtés deslestiniens, contre le protectorat brnique.

    France terre d’asileArrivés en France durant le Front plaire, ils sont, ainsi que le dit maliciement Irène « les sans-papiersl’époque ». Ils habitent le XXe arrosement, comme tant de juifs venus drope centrale qui, chassés de leur paen quête de liberté, ont choisi la Frpays des droits de l’Homme.

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    Les parents d’Irène ne connaissent per-sonne en province. Alors, ils restent dansleur petit logement, une pièce avec un re-coin qui sert de cuisine, les toilettes sur lepalier.

    Le père d’Irène s’engage aussitôt dans laLégion étrangère, seul moyen pour lesjuifs étrangers de défendre la France. Ilest vite fait prisonnier.Léa gagne sa vie en travaillant à domi-cile, s’occupe des finitions de vêtementsque lui confient des tailleurs du quartier.Même si le port de l’étoile jaune n’est pasencore imposé (il le sera à partir de juin1942), difficile pour elle de cacher sesorigines étrangères : elle parle yiddish,polonais, russe, hébreu… mais s’exprimetrès mal en français.Arrive le 16 juillet 1942. Les SS ontordonné à Bousquet, secrétaire général dela police française, de faire arrêter etinterner 23 000 juifs allemands, autri-chiens, polonais, tchèques, russes et “in-déterminés” habitant la région parisienne.

    ans doivent être raflés « pour raisons hu-manitaires, afin de ne pas séparer les fa-milles ».

    16 juillet 1942, au matinDe ce jour-là, Irène garde des souvenirstrès précis. Le réveil particulièrement tôt.Les recommandations chuchotées de samère « surtout, pas de bruit ».Le coin cuisine, cachette dérisoire, oùelles se terrent. Les coups violents à laporte. L’irruption des policiers qui leurordonnent de « rassembler des affaires ».Sa terreur devant les hurlements de samère qui s’accroche au lit à barreaux,tandis que les policiers la secouent.« Maman avait connu la prison en Po-logne, puis en Palestine, souligne Irène.Pas question pour elle de selaisser faire ».Sa mère qui finalement,bien obligée, remplit unevalise – avec notammentles lettres reçues d’Aa-ron, prisonnier en Alle-magne. Et elle, Irène qui,en guise de bagage, sertcontre elle Francis, sonbaigneur.Elle ne garde aucun souvenir dutransport mais porte en elle, avec préci-sion, les deux jours passés au Vélodromed’Hiver, l’atmosphère qui y régnait, lesgémissements, l’odeur, les malades ame-nés par brancard et déposés au milieu, surla piste.

    les gradins, sur la gauche ». Ont-mangé ? Elle l’ignore, sait seulemensa mère lui a raconté qu’elle était «petite chose terrorisée, qui a refuséler chercher les chocolats que distrila Croix-Rouge ».Au bout de 48 heures, sa mère quitendu dire que les femmes de prisonne doivent pas être arrêtées, parvientfaire libérer grâce aux lettres d’Aqu’elle a emportées avec elle « etcomme toutes les lettres de prisonétaient très caractéristiques ».Retour en métro à la maison. Léal’étoile jaune. Une femme, assise end’elles, pleure.Irène passera le reste de la guerre cadans une famille à Nanterre, en ré

    parisienne.Sa mère, elle, seratée à nouveau, dépde Drancy vers Auwitz le 2 mars 1dans le convoi n°Sur les mille dépde ce convoi, six

    survécu, dont la mère d'Irène qui, penvingt ans, rêvera qu’elle est poursavec une petite fille dans les bras. ■

    NDLR : Avec l'aimable autorisationl'auteur, nous reproduisons ici un articleparu dans « ENSEMBLE ET SOLIDAIRESjournal de l’UNRPA (Union NationalRetraités et des Personnes Agées).

    Léa, Irène et AaronSapir

    Àqu’Itzhak Rabin a été assassi4 novembre 1995, à l’issue d’un mepour la paix, par un jeune juif extrémYigal Amir.Acte isolé ou complot ? Les histon’ont pas encore tranché. Mais à la lipeu importe. Car, quoiqu’il en soit, ledu meurtrier a été idéologiquementpar la campagne hystérique que menèdes mois durant, la droite et l’extdroite contre le Premier ministre signaavec le président de l’Organisation dbération de la Palestine, Yasser Arafaaccords israélo-palestiniens d’Oslo. Osouvient des affiches représentant Rabtête coiffée d’un keffieh ou en unifSS, et de ces rabbins ultra-orthodoxeganisant contre lui une pulsa denouraEt pourtant la carrière de ce « sabra*s'identifiait jusque-là avec l'armée. Enà dix-huit ans dans la Haganah, il deen 1947, à vingt-cinq ans, le plus jcolonel du Palmah, l'avant-gardeforces juives, et s'illustre au courspremière guerre israélo-arabe : danbataille pour Jérusalem, mais égaledans l'expulsion de 75 000 PalestinienLydda et de Ramleh.Fin 1950, il est affecté à l'État-mD'échelon en échelon, il parvient enau poste suprême de chef de l'État-mgénéral et dirige donc l'offensive écla

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    tire de l'écrasante victoire des Six Joursune popularité qui lui servira de tremplinpour sa carrière politique.Un an plus tard, il troque l'uniforme pour lecostume de diplomate, à la tête de l'ambas-sade la plus importante de toutes : auprèsdes États-Unis. Des cinq années passées àWashington, il revient con-vaincu que le sort de l'Étatjuif dépend de son allianceavec l'Amérique – et surtoutvierge de toute responsabilitédans le désastre d'octobre1973. Ce qui lui vaut de suc-céder à Golda Meir, démis-sionnaire, comme chef dugouvernement en juin 1974.Brève et amère expérience :trente mois plus tard, unscandale – sa femme, Leah, a conservéillégalement un compte en banque auxÉtats-Unis –, l'oblige à démissionner, etles travaillistes, pour la première fois dansl'histoire du pays, doivent céder le pouvoirà la droite conduite par Menahem Begin.« Cassez-leur les os ! » : cette formulemarque, dix ans plus tard, son retour à lapolitique... Ministre de la Défense du gou-vernement d'union nationale il est chargépar Itzhak Shamir de réprimer la Pre-mière intifada. Tirer sur des jeunes désar-més serait politiquement délicat ?

    la méthode. Présentée par les amisd'Itzhak Rabin comme un pis-aller, desti-né à éviter les morts par balle, elle s'y esten fait ajoutée : un an après le début dusoulèvement, les Palestiniens insurgéscomptent 400 morts et 25 000 blessés...Paradoxe : c’est cet homme qui devient

    l’artisan du « processus depaix ». Car il a tiré la leçond’une vie de confrontationbrutale avec le nationalismepalestinien :« La question, estime-t-il, n'apas de solution militaire ».Faucon et colombe à la fois,il est l'homme de la situation: les militants travaillistes enont l'intuition, qui le pré-fèrent à son rival de tou-

    jours, Shimon Peres, pour les mener à labataille électorale de 1992. À soixante-dixans, Itzhak Rabin redevient Premier mi-nistre.Durant une année, il tentera encore, vaine-ment, de contourner les Palestiniens : illaisse les négociations multilatérales enta-mées à Madrid s'enliser à Washington, etparaît donner la priorité à la paix avec laSyrie et la Jordanie. Pis : en décembre1992, l'expulsion de 450 militants duHamas vers le Liban paraît réduire à néantles espoirs de paix.

    des contacts secrets avec l'OLP àContre toute attente, les deux délégatiomettent d'accord sur une formule d'aumie inspirée des accords de Camp DavEn septembre 1993, c'est le « tournanaprès la reconnaissance mutuelleIsraël et l'OLP, Rabin et Arafat sigscellée d'une historique poignée de mla Déclaration de principesl'autonomie. Certes, le Premier minfreine ensuite le mouvement. Répqu’« il n’y a pas de date sacréeretarde les accords d’Oslo I (mai 1puis d’Oslo II (septembre 1995)colonisation s’accélère et la Cisjorautonome se réduit comme peauchagrin. Mais, même au rabais, cetteen marche est insupportable à la droitl’extrême droite israélienne. Au soirnovembre 1995, à l’annonce de son dà l’hôpital où il a été opéré, leslucides des observateurs le pressentavec Rabin, c’est le « processus de pqui est mort. ■

    * Dominique Vidal, journaliste, historieco-auteur des 100 Clés du Proche-OrienFayard, Paris, 2011 .

    ** Rite juif ancien en langue araméenappelant au « feu du Ciel » contre quel– autrement dit à sa mort.

    *** Juifné en Israël, par opposition à celuide la diaspora.

    13 septembre 1993. Poignée demainentreYasserArafat etYitzhakRabin

    sous le regard de Bill ClintonTrikosko/Bibliothèque du Congrès, Washington

  • 7PNMn°300 - Novembre 2012Chro

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    contre insolite et Le lieu du rendez-vous.Une importante anthologie de ses textes

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    « Cycle Anna Seghers : Une écriture en résistanceet des légendes en contrebande »

    parHélène Roussel

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    Ctobre quatre émissions dheure consacrées à l'une desgrandes voix de la littérature allemdu XXe siècle. Proposées par AAscaride et Hélène Roussel, suridée originale d'Ariane Ascaridepour réalisatrice Marguerite Gateauémissions ont donné à entendre unsemble de textes d'Anna Seghers,proposaient de redonner de la visibà cette écrivaine quasiment inconnula majeure partie du public frand'aujourd'hui, et tout à fait inconnuejeunes générations.Une inconnue ? Et pourtant quelcours de vie, et quelle œuvre !Née en 1900 dans une famillecultivée de Mayence, enfant undans ce milieu aisé et protégé, NReiling a voulu très tôt allerailleurs : culturellement, en étuentre autres la sinologie, et socialemen cherchant très jeune le contactles milieux défavorisés, d'où elle tplus tard des personnages capad’incarner "la force des faibles". Qà ses thèmes littéraires, elle ne lespruntera pas seulement au présentmédiat ou à l'Histoire, mais aussitemps lointains des mythes, desgendes et des contes populaires, fasouvent interférer ces différents pdans un même texte.Après une thèse d'histoire de l'arLes Juifs et la judéité dans l'œuvrRembrandt, elle ne choisit pas larière universitaire mais entre en litture sous le nom d'Anna Seghers.épouse en 1925 le sociologue honémigré Laszlo Radvanyi, un am

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    elle reçoit le prix Kleist, et entre au particommuniste. Elle va vivre à Berlinl'agonie de la première République alle-mande, minée par la crise économiquemondiale et la montée du nazisme.L'avènement d'Hitler la contraint à l'exilavec sa famille au printemps 1933 etc'est d'abord en France qu'elle va pour-suivre son œuvre, à Meudon Bellevueoù elle écrira notamment son grand ro-man sur la résistance allemande : LaSeptième croix.Chassée par la guerre et l'occupationallemande, elle se réfugiera à Marseille,en zone dite libre, dans l'attente de quit-ter la France de Pétain, une France detous les dangers pour les Allemandsantinazis et pour les juifs étrangers. Sonroman Transit (1941 /43) fait revivrel'attente de ces réfugiés, avec leurs illu-sions et leurs espoirs.C'est finalement au Mexique qu'elletrouvera asile avec son mari et ses en-fants : elle tentera vainement d'y fairevenir sa mère, restée en Allemagne,mais ne parviendra pas à la sauver de ladéportation et de la mort. Cet échec etce deuil transparaîtront dans la nouvelleL'excursion des jeunes filles mortes(1943/44), l'un de ses plus beaux textes.Et la référence juive, déjà présente danscette nouvelle et dans Transit, sera thé-matisée plus explicitement dans uneautre, Post ins Gelobte Land (Du cour-rier pour la Terre promise, 1944), en-core inédite en français.C'est dans une Allemagne dévastée parla guerre qu'elle rentrera en 1947, uneAllemagne divisée où elle est presqueredevenue une inconnue. Elle partici-

    et morale du pays, désorienté aprèsdouze ans de nazisme. Elle y verra enfinéditer son œuvre, dont la diffusion avaitété perturbée par ses quatorze annéesd'exil. Et elle y deviendra présidente del'Union des écrivains, sans renoncerjusqu'à sa mort, survenue en 1983, à sapropre vision de la réalité – dont lesrêves, les mythes et les légendes fontpartie intégrante –, ni à son écriture per-sonnelle, même lorsque le réalisme so-cialiste y sera érigé en dogme.Presque inconnue dans la France de2012, Anna Seghers avait pourtantcommencé très tôt à être traduite et pu-bliée en français. Dans les années 1930étaient parues La révolte des pêcheurs(1931 ), l'une des nouvelles qui luiavaient valu le prix Kleist, son romanLe chemin de février (1936), et en 1938un très beau texte sous forme de pagesde journal intime, Six jours, six années,avait été publié dans la revue EUROPE.Après la guerre sont parus les romansLa Septième croix et Transit (1947), lanouvelle Légendes d'Artémis (1948), leroman Les morts restent jeunes (1952),le cycle de nouvelles La Ruche et lanouvelle La fin (1956). Et puis plusrien, silence radio. La guerre froide estpassée par là, disqualifiant aux yeux deslecteurs occidentaux les auteurs d'Eu-rope de l'Est.Il faudra attendre douze ans pour voirparaître à nouveau en France des textesd'Anna Seghers, avec les nouvelles deLa force des faibles (1968), lesHistoires des Caraïbes (1972), et en1977 un volume réunissant trois nou-velles : Ce bleu, exactement, La ren-

    sera éditée la même année par ClPrévost sous le titre Œuvres, au LClub Diderot. Mais vingt ans s'écront encore, marqués par la césurechute du mur de Berlin, avant qureparaissent Ce bleu, exactement,une traduction nouvelle en 1997, efin (1998). L'an 2001 verra publierva mourir, une nouvelle de jeunessdécouverte récemment. Et dix anstard reparaîtra Le chemin de fé(2010).Au total, l'œuvre d'Anna Seghersdonc connu en France qu'une diffuincomplète, discontinue et fragmepar l'Histoire, qui n'a pu donner liune réception continue dans le pud'une génération à l'autre. Mairéception n'en a pas moins été relaà plusieurs reprises par des traducet des éditeurs qui croyaient en la qté de cette œuvre.En Allemagne, une grande éditiontique de cette œuvre est en courséditions Aufbau. Mais beaucoup refaire pour lui donner en France unefusion plus large : certaines traducanciennes sont à refaire, certains romet nouvelles sont encore à traduire.Les quatre émissions de France Cuont proposé un parcours de lecturlong cours à travers cette œuvre, onles réécouter et les podcaster sur Inet, sur le site de France Culture,la rubrique : L'Atelier fiction.Puissent-elles donner à beaucoupditeurs* l'envie de découvrir ou de rAnna Seghers. ■

    * NDLR . . . et de lecteurs de la PNM :

    Cparle de l’ 1évoque une jeunesse au cde laquelle on devine celle d’vier Assayas.Ce que j ’aime avant tout danfilm, est sa capacité formidabfaire jaillir de la vie et à lui docorps à travers des personnmagnifiquement incarnés ici pajeunes acteurs formidablementgés. Assayas est un des cinéasteplus talentueux apparu ces vicinq dernières années. LepoèmePhippe Garrel sur le même sétait une sorte de «qui montrait MAI 68 comme unet en démystifiait la légende.La force de la mise en scène d’Assoù se retrouve d’ailleurs la thétique du feu, tient dans ce regarjuste équilibre entre la distrétrospective et l’ intime. Maiquestion se pose aussi, à propola représentation de 1 968, d’

    vue de l’usine, de l’atelier d’artiste,du lycée parisien ou du proche ly-cée de banlieue. D’ peut-on ap-prendre que dix millions degrévistes gagnèrent le droit syndicaldans l’entreprise, la quatrième se-maine de congés payés, le SMIGaugmenté de 35% avec 600 francs,la dissolution de l’Assemblée natio-nale et le départ du Général deGaulle ? Vu de l’usine, l’après maic’est aussi (cf.Bruno Muel) car il y eut des morts,comme Pierre Beylot chez Citroën àMontbéliard, et toujours et encorecette même famille Citroën !L’absence de ces éléments peut fon-der une tradition de représentation

    de MAI 68 mais commeJean Renoir aimait à le rappeler, cequi compte au cinéma ce n’est pasle charbon mis sur le visage de l’ac-teur pour jouer le mineur, mais - ycompris par le plus grand des arti-

    fices - d’atteindre àet nul doute qu’ ,

    par la vitalité de la jeunesse et del’air du temps qu’ il donne à voir, enest totalement imprégné.Là où le film d’Assayas n’offre au-cun « » – et c’est ce qui faitsa richesse – c’est que nourri detoute la contre-culture émergée dusein de 1 968 (musique, cinéma…),il nous en offre un magnifique mi-roir. Et de là, l’essentielle questionqui se pose à l’art comme à la poli-tique et que, sept années avant1 968, Guy Debord exprimait déjàdans son cinéma par la

    . ■

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    Cycle"Mémoire de cinéma"*

    animé et présenté par Laura Laufun mardi par mois

    Une place achetée - une place offVenez à deux !

    Séance suivie de débat

    20 NOVEMBRE à 20h30LES LUMIÈRES DE LA VIL

    de Charles Chaplinen partenariat avec le Théâtre FiGémier la Piscine autour de la pMaitre Puntila et son valet MattBertolt Brecht. Information au 0183 19 73 www.cac-le-rex.fr

    * Cinéma municipal LE REX. 364 avenueDivision-Leclerc. 92290 Châtenay-Mala

    Littératu

  • 8 PNMn°300 - Novembre 2012

    Humour

    Une jeune journaliste de CNN a en-tendu parler d'un très, très vieuxjuif qui se rend deux fois par jour prierdevant le Mur des lamentations. Pensanttenir un sujet, elle se rend sur place etvoit en effet un très vieil homme quis'approche péniblement du Mur, appuyésur sa canne. Il prie pendant trois quartsd'heure. Puis s'éloigne en marchantpéniblement. La journaliste s'approchealors de lui pour l'interviewer.• S'il vous plaît, Monsieur. Je me pré-sente, Rebecca Smith, je travaille pourCNN. Je vous ai observé pendant quevous étiez en train de prier et si vousen êtes d'accord, je souhaiterais vousinterviewer. Permettez-moi de vousdemander votre nom, tout d'abord ?• Moshe Rosenberg.• Depuis combien de temps venez-vousprier ici, cher Moshe ?• Plus de 60 ans.• 60 ans ! C'est incroyable ! Et pourquoi priez-vous ?• Je prie pour la paix entre les Chrétiens,les Juifs et les Musulmans. Je priepour la fin de toutes les guerres, pourque la paix règne entre les hommes,pour que cesse la haine. Je prie pourque nos enfants grandissent en sécuri-té et deviennent des adultes res-ponsables, qui aiment leur prochain...• Et que ressentez-vous après 60 ans deprières ?• Oy, ma pauvre Mademoiselle Rebecca :j'ai l'impression de parler à un mur !

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    Juif». Il dit avoir eu grandplaisir à s’imaginer juif,

    Schlegel, Schreiber, von Schenck, Pfizer,W. Müller, Lenau, Zedlitz, Mosens, Koh-

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    Alberto Manguel,de l'autre côté du miroir du judaïsme ?

    parGérard-Georges Lemaire

    Judaïsme

    “Mémoires dedéparts - Départsde mémoire ?”

    Tel est le titre de l'exposition quiréunit l’ intégralité des toiles que lapsychanalyste, céramiste et peintreFrancine Mayran a consacrées authème de la « Transmission de la mé-moire de l'Holocauste et [à la] préven-tion des crimes contre l'Humanité ».

    Ces toiles sont visibles au Mémorialde la Déportation de Luxembourg(Grand-Duché), en ce lieu* d'histoireemblématique qu'est l'ancienne garede déportation de Hollerich. ■

    * Centre de Documentation et deRecherche sur l'Enrôlement forcéMémorial de la Déportation

    3A rue de la DéportationL-1415 Luxembourg

    Entrée librejusqu'au 10 décembre 2012

    Ma

    Nen 1948, AlbertoManguel a passésa prime jeunesse en Israëloù son père était ambassa-deur. Puis il est revenu enArgentine et le hasard a jouéen sa faveur : il est devenule lecteur de Jorge LuisBorgès. Par la suite, munide ce bagage de connais-sances littéraires irrempla-çables, il a commencé unecarrière universitaire dans leCanada anglophone. Il se fera d’ailnaturaliser canadien et écrira l’essede son œuvre en anglais. Aujourd’hvit plus volontiers dans le centre dFrance.Alberto Manguel est devenu célèbredes études érudites comme Une hisde la lecture (1996), La Bibliothèqunuit (2006) ou ses essais sur Lewisroll, comme Dans la forêt du m(1998), sans parler de ses essaisBorgès, qui sont de précieux documMais aussi savants que puissent êtrouvrages, ils n’ont jamais un ton unsitaire. Manguel s’efforce de transfoen littérature chacun de ses livres, l’Onateur de Saint Augustin en est la prpatente (1997). Il faut remarquer àégard que presque tous ses livres onpubliés dans un arc de temps restrepartir de 1980 et que ses textes lesimportants ont paru la décennie suivaDans sa prose (même dans ses nombarticles), rares sont les moments oùquestion de ses origines juives. Dansdernier livre paru en français, soncueillis des textes inédits et d’autrene le sont pas. Il a choisi d’intégrer «Juif », un article paru dans The Ipendent en 1994 et repris Dans ladu miroir. Sans doute parce que l’andu livre d’Alain Finkielkraut, le Juifginaire lui a donné l’occasion de désa judéité –, ou plutôt de ne pas leSa grand-mère était pratiquante, maises parents. Il ne savait même pasétait juif. En lisant Finkielkraut, il cprendra cette dualité ambiguëconsiste à affirmer son état de Juifvouloir simultanément être l’Autre.Son histoire est celle de tant d’autresqui ont émigré en Amérique du Sudgrands-parents ont suivi le baron Hdans des colonies situées dans le norl'Argentine où l'on a vu des gauchos! Tout se complique avec son père quune carrière de diplomate. Le coPeron décide en 1948 de le nommerbassadeur en Israël contre l’avis du cdiplomatique, pour montrer son aavec le monde juif.De facto, l’antisémitisme était diffuArgentine. Dans « Borgès et le Juifattendu » (paru dans The Jewish Trile 9 février 2007), il relate une étranecdote où le grand écrivain est ppartie en 1924 par une revue nationaCrisol, qui le traite de Juif. Borgès réavec un texte court intitulé « Mo

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    mais qu’il n’y aucune tracede juif dans sa famille de-puis deux siècles. Il n’ensouligne pas moinsl’importance capitale de laculture juive. Et il répliqueavec ironie à ses accusa-teurs en disant que si l’onrecherche des Hébreux, onne recherche pas des Baby-loniens, des Illyriens, « desCyclopes ni

    des Lapithes. »Borgès était très attentif àce problème. Dans la revueEl Hogar, il fait le compterendu du livre de LouisGolding, le Problème juif :l’auteur veut y démontrerque l’Allemagne doit toutaux juifs. Pour lui, c’est uneforme de racisme à l’envers.Dans une nouvelle,« Deutsche Requiem », ilmet en scène un officiernazi qui tente de se justifieren ayant cru que le monde aurait pu mou-rir à cause du judaïsme, que le judaïsmeest une maladie contagieuse et mortelle.Manguel imagine aussi – et cela est lié àses recherches les plus poussées – « LaBibliothèque du Juif errant ». La choseest curieuse, mais elle est liée dans sonesprit à un événement de la Passion duChrist qu’il a appris enfant : le savetierAhasvérus refuse de l’aider lors qu’ilchute pour la troisième fois – il estcondamné à errer de par le monde jus-qu’à l’Avènement et a cinq pièces dans sapoche correspondant aux cinq plaies duChrist. C’est l’origine supposée de la lé-gende du Juif errant. Guillaume Apolli-naire l’avait racontée dans « le Passant dePrague »** : « La complainte que l'onchanta après ma visite à Bruxelles menomme Isaac Laquedem, d'après Phi-lippe Mouskes qui, en 1243, mit en rimesflamandes mon histoire. Le chroniqueuranglais Mathieu de Paris, qui la tenait dupatriarche arménien, l'avait déjà racon-tée. Depuis, les poètes et les chroniqueursont souvent rapporté mes passages, sousle nom d'Ahasver, Ahasvérus ou Ahas-vère, dans telles ou telles villes. Les Ita-liens me nomment Buttadio – en latinButtadeus ; – les Bretons, Boudedeo ; lesEspagnols, Juan Espéra-en-Dios. Je pré-fère le nom d'Isaac Laquedem sous lequelon m'a vu souvent en Hollande. Des au-teurs prétendent que j'étais portier chezPonce-Pilate, et que mon nom était Kar-thaphilos. D'autres ne voient en moiqu'un savetier, et la ville de Berne s'ho-nore de conserver une paire de bottesqu'on prétend faites par moi et que j'y au-rais laissées après mon passage. Mais jene dirai rien sur mon identité, sinon queJésus m'ordonna de marcher jusqu'à sonretour. Je n'ai pas lu les œuvres que j'aiinspirées, mais j'en connais le nom desauteurs. Ce sont : Goethe, Schubart,

    ler, Klingemann, Levin Schüking, Asen, Heller, Herrig, Hamerling, RGiseke, Carmen Sylva, Hellig, NeuPaulus Cassel, Edgar Quinet, EuSuë, Gaston Paris, Jean Richepin,Jouy, l'Anglais Conway, les PragoisHaushofer et Suchomel. Il estd'ajouter que tous ces auteurs se sodés du petit livre de colportage qui,à Leyde en 1602, fut aussitôt tradulatin, français et hollandais, et fut ra

    et augmenté par Simdans ses livres popuallemands. »Manguel fait à peu prmême historiquequelques différencequ’il est germaniste :appris que le premiera été écrit entre les an781 et 1228 dans unenique bolonaise. En 1un groupe de pélerinrive à l’abbaye de Feet le père abbé leur appqu’il aurait rencontr

    Arménie un homme qui a assistéPassion du Christ et qui erre pour lnité. L’Anglais Roger de Wendovemonastère de Saint-Albant, écrit le Fhistorium où il décrit à peu près la mhistoire avec un homme pieux, Joqui avait frappé le Christ : il s’apCartaphilus avant d’être baptisé. Leresté le plus célèbre reste celul’évêque de Scheswig, la Brève destion et narration d’un Juifnommé Avérus (1602).Ce qui a frappé le plus Manguel,que le Juif errant ne peut pas lire dabibliothèque universelle. On le voitjours sans un seul livre. Dans son erinfinie, il l’imagine en train de lireun lieu et un autre, n’assouvissant jacette soif de connaissance : il imagdeux mille années de lecture itinéranManguel se reconnaît dans ce personet peut-être dans nul autre juif ! Il a aqu’Edgar Quinet avait étudié le phmène dans les Tablettes du Juiferra1823 avant le célèbre roman d’EuSue (l’écrivain fait coïncider la venParis de cette figure mythique avcholéra qui y a fait 12 000 morts…surtout celui d’Alexandre Dumas,Laquedem (1853).En fin de compte, comme tant deimaginaires, Alberto Manguel a trouplace à la fois comme personnagemopolite et comme Juif. L’un ne poaller sans l’autre : cet homme dintelligence et d’une originalité raresun peu ce Juiferrant, à sa manière.Et il nous offre un regard neuf sur csignifie être juifde nos jours. ■

    * Alberto Manguel, Nouvel élogefolie, traduit de l’anglais par ChrLe Bœuf, Éd. Actes Sud, 400 p., 24** Guillaume Apollinaire, L’Hsiaque & Cie, 1910.

    Jorge Luis Borgès 1899-1986

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