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54 Castiglione Olona Village probablement d'origine romaine sur un point de passage de l'Olona. Il contrôlait les routes Milan- Locarno et Côme-Novare. Il est assiégé en 1071 par les Milanais, parce que s'y était réfugié Castiglione di Gotifredo, archevêque de Milan mal vu des pouvoirs. Le Château situé sur un éperon rocheux, près de la Collégiale, a été détruit en 1271 "par le fer et le feu" par les Visconti qui l'emportent définitivement sur les Torriani. Plus tard le Baptistère sera construit dans une des tours de garde ; une autre tour deviendra le clocher de la Collégiale. En 1423, par décret ducal, le cardinal Branda Castiglioni (1350-1443) , légat pontifical originaire de Castiglione, comte et évêque de Veszprém (Hongrie), ami de l'Empereur Sigismond de Luxembourg et de Côme de Médicis l'Ancien, entame un grand programme de constructions : la Collégiale des Saints Etienne et Laurent (1422-25, par les « maîtres de mur » Alberto, Giovanni et Pietro Solari), l'Eglise du Très Saint Corps du Christ ("di Villa", 1431-44), une Ecole de grammaire et de chant (aujourd'hui Mairie), un asile de pauvres, parallèlement à de nouveaux palais nobiliaires, faisant appel à de grands artistes toscans, dont Masolino da Panicale. Le cardinal Branda fut une grande figure de la Renaissance, promoteur de l'instruction scolaire, brillant orateur et prédicateur, habile diplomate, mécène des humanistes, ouvert à tous les courants de l'art vénitien, toscan et européen. Vespasiano da Bisticci, le père de l'industrie de l'édition, lui consacre une Vie en 1482. « Le projet répond au désir humaniste de créer un centre de spiritualité et de culture ; refuge idéal dans lequel faire converger tous ses intérêts » (Arte nel tempo , p.116). Plan du village Le lion, emblème de la famille Castiglioni. Palais du Cardinal. À dr. : rue de l’ancien bourg

5-Dossier Castigliones3.e-monsite.com/2010/10/07/54678574castiglione-pdf.pdf · 54 Castiglione Olona Village probablement d'origine romaine sur un point de passage de l'Olona. Il

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54Castiglione Olona

Village probablement d'origine romaine sur un pointde passage de l'Olona. Il contrôlait les routes Milan-Locarno et Côme-Novare. Il est assiégé en 1071 par lesMilanais, parce que s'y était réfugié Castiglione diGotifredo, archevêque de Milan mal vu des pouvoirs.Le Château situé sur un éperon rocheux, près de laCollégiale, a été détruit en 1271 "par le fer et le feu" parles Visconti qui l'emportent définitivement sur lesTorriani. Plus tard le Baptistère sera construit dans unedes tours de garde ; une autre tour deviendra le clocher de la Collégiale.

En 1423, par décret ducal, le cardinalBranda Castiglioni (1350-1443), légatpontifical originaire de Castiglione, comteet évêque de Veszprém (Hongrie), amide l 'Empereur Sigismond deLuxembourg et de Côme de Médicisl'Ancien, entame un grand programmede constructions : la Collégiale des SaintsEtienne et Laurent (1422-25, par les« maîtres de mur » Alberto, Giovanni etPietro Solari), l'Eglise du Très Saint Corpsdu Christ ("di Villa", 1431-44), une Ecolede grammaire et de chant (aujourd'huiMairie), un asile de pauvres,parallèlement à de nouveaux palaisnobiliaires, faisant appel à de grands

artistes toscans, dont Masolino da Panicale. Le cardinal Branda futune grande figure de la Renaissance, promoteur de l'instructionscolaire, brillant orateur et prédicateur, habile diplomate, mécène des humanistes, ouvert àtous les courants de l'art vénitien, toscan et européen. Vespasiano da Bisticci, le père del'industrie de l'édition, lui consacre une Vie en 1482. « Le projet répond au désir humaniste de créerun centre de spiritualité et de culture ; refuge idéal dans lequel faire converger tous ses intérêts » (Artenel tempo , p.116).

Plan du village

Le lion, emblème de laf a m i l l e C a s t i g l i o n i .Palais du Cardinal.À dr. : rue de l’ancienbourg

55Les principaux monuments (cf carte) sont : le palais Branda Castiglione, la Chiesa di Villa, et en

haut du village, la Collégiale et le Baptistère. Outre le site, l'intérêtprincipal de ces bâtiments réside dans la fusion parfaite des styleslombard, vénitien et toscan, et dans les fresques de Masolino,peintre ombrien (Panicale, au sud du Lac Trasimène, 1389-1440),peut-être maître de Masaccio (1401-1428) avec qui il travaille à lachapelle Brancacci à Florence, et à S. Clément à Rome (dans lachapelle dont était titulaire le cardinal Branda qui est l'auteur duprogramme iconographique). Elève de Starnina, influencé parGentile da Fabriano, Masolino conserve mais assouplit les schémasdu gothique international, créant des perspectives, des espaces, desvolumes qui anticipent sur la peinture de la Renaissance. Il est doncle grand peintre de la transition entre deux styles. Avec lui,travaillent le siennois Lorenzo di Pietro (Vecchietta, 1412-1480) etle florentin Paolo Badaloni (Lo Schiavo). Une de ses premièresœuvres est la Madonna con Bambino de 1423, à Florence.

Le Palais Branda mêle le style gothiquetardif vénitien (bases et chapiteauxerratiques ornés des blasons du cardinal etdes Visconti ; chapiteaux de la loggia àcolonnes de pierre) à des éléments de

gothique lombard (oculus en terre cuitede la façade extérieure, tours de fenêtresen briques du premier étage) et au stylepré-renaissant de la cheminée d'une salledu rez-de-chaussée. La loggia ouverte etla cour avec jardin sont des éléments demodernité (Cf. palais Piccolomini dePienza), ainsi que la chambre avec sadécoration de putti grimpant aux arbresdécorés d’inscriptions de sagesse.Quant aux fresques de la loggia, quiévoquent les vertus d'illustres

personnages, leur socle denatures mortes (virtuosité de laperspective des deux vases)rappellent l'esprit d'observationdu monde sensible quicaractérise l'art flamand et l'artitalien de cette première Renaissance.

Palazzo BrandaCi-dessus   : fleurs, fruits et petits amours dela chambre à coucher.À dr.  : Loggia et fenêtre tardogothique de lachambre.Ci-dessous   : Sudiolo (Vue de Vesprème, deMasolino) ; Chapelle de San Martino (Fresquesde « Schiavo » et Lorenzo di Pietro)

56De même la Collégiale offre une façade de briques rouges de pur style gothique lombard (cf.S.Maria delle Grazie à Milan) ; le portail et la rosace

rappellent le roman tardif,mais la structure intérieure,les chapiteaux, l'abside, lagrâce des arcs ogivauxrévèlent un autre style plusproche de Venise, tandisque les sommiers des nefslatérales, les portes latéraleset les fenêtres évoquentl'architecture de la Toscaneoccidentale (Lucques) de l'époque. Ci-dessus, les quatre évangélistes

sculptés sur l’architrave du portail : l’aigle (Jean), l’ange (Matthieu), le lion (Marc) et le taureau(Luc), d’un maître lombard auteur également de la lunette au-dessusde l’architrave représentant le cardinal Brandaagenouillé devant la Vierge entre les saintsLaurent, Clément, Ambroise et Étienne. (voiraussi son portrait par Masolino dans le regardgauche de la fenêtre centrale du chœur, entreles fidèles qui écoutent). Ci-contre à gauche,Tête de jeune homme de Lorenzo di Pietro. Lacollégiale est consacrée en 1425, église à troisnefs avec abside polygonale conforme austyle lombard antérieur. C’est Masolino quiréalise après 1435 les Histoires de Marie ,peintures de pure décoration, considéréessouvent comme une involution néogothique(voir ci-contre les figures allongées duCouronnement de Mar i e et del’Annonciat ion , sur des fonds quis’adaptent aux calottes de la voûte).

On peut voir ensuite l’église appeléeChiesa di Villa : elle est commencée aucontraire plus tard, avant 1437, avec savoûte hémisphérique, sa coupoleconforme à celle de la Sacristie deBrunelleschi à Florence (cf. photo ci-dessous), dont sont repris sa formecubique et l’entablement à degrés, touten gardant des éléments lombards comme les

deux gigantesques saints de la façade, S. Christophe et S. Antoine Abbé(détail ci-dessous) attribués à Matteo Raverti (vers 1440). À côté, fresqued’un inconnu : Vierge entre S. Sébastien et S. Roch.

Lesfresques du

57Baptistère représentent l'Histoire de S. Jean Baptiste , dans un cycle de signification morale etsymbolique :* Parois extérieures aux deux côtés de l'entrée : Annonciation , à gauche l'Archange, à droite laVierge (fresques déplacées dans un petit local, ne restent en place que les esquissespréparatoires = sinòpia) ;* Sur la paroi intérieure correspondante, Annonce de l'ange à Zacharie derrière la Vierge, et laVisitation derrière l'Archange = représentation courante en Orient. Masolino met en oppositionl'acceptation de la Vierge et l'incrédulité de Zacharie, et en parallèle la Vierge et Elisabeth. Atravers l'entrée, entre l'Ange et la Vierge, on voit l'autel où on célèbre l'eucharistie et le mystèrede la Rédemption est donc contemplé à travers la représentation de l'Annonciation.* Au-dessus de la porte d'entrée, Vue de Rome , une des premières à offrir une localisation desmonuments.* Paroi nord très endommagée : Nativité de Jean Baptiste (figures defemmes agenouillées) et, après la petite fenêtre, Imposition du nom de Jeanoù Zacharie assis écrit le nom et retrouve la grâce de Dieu. En face, le

Banquet d'Hérode , Salomé, en formulant sademande, tombe dans le péché, autre parallélismemarquant l'opposition entre des concepts morauxet des modes de vie (Ci-contre : Hérode et Hérodiadeau banquet).* Sous l'arc, 4 Docteurs de l'Eglise occidentale et 2prophètes : en-haut, S.Grégoire le Grand et S. Jérôme(photo ci-contre) , en-dessous, S.Augustin etS.Ambroise .* Dans la zone presbytérale : à g. sur la paroi haute,au centre S.Jean adolescent en équilibre sur un pied et l'ange qui l'aide àenfiler une peau de chameau et un autre ange = scène rarementreprésentée dans l'art italien. Suit une Prédication au Peuple sousl'Apparition des Anges , puis Jean qui indique au Peuple le Christ avec une

inscription "Ecce agnus Dei ...". En-haut de la paroiEst, Baptême du Christ (Photo ci-contre), momentculminant de la vie de S. Jean qui reçoit la révélationde la Trinité ; en face du Christ, au-dessus de la ported'entrée, représentation de la Ville éternelle, qui aretrouvé son hégémonie avec le retour à Rome deMartin V en 1420 = signe de la fidélité du cardinalBranda à l'Eglise romaine.* Dans la voûte en berceau, au-dessus du Baptême du

Christ , le Père éternel(photo à gauche), brasouverts au-dessus de l'autel où est célébrée l'eucharistie =affirmation de la transsubstantiation au moment où elle était niéepar les Hussites de Bohême et de Moravie (où le cardinal Brandaavait été envoyé comme ambassadeur pour combattre l'hérésie).En-dessous, Reproches de Jean à Hérode (inscription : "Non licet tibihabere uxorem fratris tui adulteram") et Rencontre de Jean avec leChristRemarquer là encore le face-à-face : Rencontre avec le Christ/Visitation ( = rencontre des mères) ; Reproches à Hérode / Annonceà Zacharie (= faiblesse humaine qui entraîne l'homme au péché).* Dans la lunette du Palais où est enfermé Jean (Photo à dr. : Jeanen prison), bas-relief avec Adam et Eve au travail = conséquence dupéché originel.Suit la Décapitation de Jean (Photo p. suivante), qui précède le

Banquet d'Hérode qui occupe toute la paroi Sud dans une architecture somptueuse : Salomé seprésente pour demander la tête de Jean et à dr. elle remet la tête de Jean à Hérodiade.

58*Dans la voûte ogivale, l'Agneau de l'Apocalypse au centre, entouré deS. Jean l'Evangéliste dans la calotte correspondant au Baptême du Christ ;S. Mathieu ( = l'évangéliste qui voulut démontrer l'identité entrel'Eglise du Christ et le règne de Dieu) est représenté au-dessus de laVille Eternelle ; S. Luc (le seul à raconter la naissance de Jean) est dansla calotte septentrionale ; S. Marc (qui raconte beaucoup de détails surle martyre de Jean) est représenté sur l'épisode du Banquet d'Hérode.

Dans ce qui est aujourd’hui la Mairie de Castiglione, était autrefois laCasa del Pio luogo dei Poveri in Cristo, c’est-à-dire l’École de musiqueet grammaire, dont le premier maître fut Jean d’Olmutz, prêtremorave qui fut le secrétaire du cardinale et qui écrivit de lui une Viequ’il déposa sur son sarcophage de pierre où on ne la retrouvé qu’en1935 quand on exécuta la reconnaissance de la dépouille. On y

enseignait musique et grammaire « jusqu’à Donat » (rhéteur du IVe s. après J.C., auteur d’uneArs Donati). L’école était gratuite et accueillait environ 90 enfants des villages voisins ;elle étaitéquipée d’une bibliothèque riche de coûteux manuscrits. Le cardinal avait fait construired’autres écoles à Parme et Pavie.En ces années 40 du XVe s., on discute du problème des hérésies contre le dogme et contre l'institutionecclésiale, ainsi que de l'union entre les Eglises d'Orient et d'Occident. Le cardinal a voulu, dans cetteconjoncture, faire de ces fresques un témoignage de sa vie et de sa foi, représentant les vertus et lesfaiblesses des hommes pour les inviter à suivre la voie juste. C'est pourquoi aussi il adopte parfois desthèmes iconographiques chers à la tradition byzantine (présence des néophytes dans le Baptême duChrist ; ceux qui assistent à l'Annonce à Zacharie , à droite, sont en costumes orientaux semblables àceux de Jean VIII Paléologue et de sa suite : le couvre-chef rabattu vers le haut ; ceux de gauche sontau contraire en costumes occidentaux = confiance dans l'union du monde en une chrétienté unique).

Sources : Arte lombarda, Anno VIII- secondo semestre 1963, pp.93 sq, Nuova serie, n. 50, (1978), p.20 sq., AnnoXVI ;Bell'Italia, n. 111, juillet 1995, pp. 104 sq. ; Pierluigi De Vecchi et Elsa Cerchiari, Arte nel tempo, Vol. II,pp. 116-117, 64-70.Quelques autres œuvres de Masolino :

La Valle Olona et Castelsèprio

Resurrezione di Tabita e Guarigionedell’infermo et détail, 1424-28, Firenze ;Madonna con bambino,, 1423, Brème ;il peccato originale, 1424-28 Firenze

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En sortant de Castiglione, on descend la vallée de l’Olona, qui prit vie à l’époque romaine et sedéveloppa au Moyen âge dans une remarquable autonomie politique, administrative etstratégique dans le contrôle des routes qui descendaient des Alpes et qui dura plus de cinqsiècles, même après la destruction de son centre, Castelsèprio, en 1287.Déjà habitée à la fin de l’âge du Bronze et au début de l’âge du Fer(nécropole), la ville de «Sèverum » puis « Sibrium » devint sans doute àpartir du IIIe s. un camp militaire romain faisant partie du système dedéfense destiné à protéger la frontière septentrionale de l’Italie desinvasions barbares : le site, sur un éperon rocheux de tuf avait uneimportance stratégique certaine. Ce castrum était sans doute en rapportavec Milan, siège de la cour impériale sous Dioclétien (284-305), et avec lesautres fortifications du Nord, donc lieu de contrôle central des routesMediolanum, Brixia (Brescia), Bergomum (Bergamo), Comum (Como),Novaria (Novara), utilisées pour les transports rapides de troupes.À partir de la fin de l’ère romaine, le castrum romain devint le centre d’une vaste paroisse(baptistère) ; il passa ensuite sous le contrôle des Goths de Théodoric qui renforcèrent lastructure défensive (voir tour et citerne à côté de Saint Jean, extension de l’enceinte jusqu’aumonastère de Torba). Le castrum devint après la guerre entre Goths et Byzantins unepossession byzantine, centre d’un vaste district administratif appelé « Sibrium », nom quiremplace le plus ancien « Sèverum » (d’une racine « Sev- »  indiquant l’eau). Puis lesLongobards occupent Milan en 569 et ne conquièrent Sibrium qu’en 588 ; ils en font la tête d’undistrict « judiciaire » presque jusqu’aux portes de Milan, à la fois centre militaire et centre denombreux trafics commerciaux. Sous les Carolingiens, le comté de Seprio (c’est le nom quiremplace « Sèprium ») devint héréditaire et hostile à la domination de Milan contre laquelle ils’allia avec Frédéric Barberousse, qui détruit Milan en 1162.Après le défaite de Frédéric Barberousse à Legnano en 1176, Milan conquit le comté à partir de1183, mais ne réussit à réduire le fort de Castelsèprio qu’en 1287 quand Ottone Visconti réussità vaincre Guido da Castiglione, qui était lié aux Torriani et fit détruire la forteresse de façon à larendre inutilisable, en-dehors des édifices religieux, et interdiretoute reconstruction et toute occupation humaine. La zone futdonc abandonnée, réduite à l’état de carrière de pierres, et formeaujourd’hui un parc archéologique de grande valeur sur l’époquelomgobarde et carolingienne, bien qu’il ne reste que lesfondations des édifices. La vallée de l’Olona resta cependant unfief dominé par la famille Castiglioni, qui s’installa à CastiglioneOlona.et domina jusqu’à la fin du XVIIIe s.En descendant on passe à Gornate, dont l’église est un des plusanciens oratoires champêtres de Lombardie (Ve ?-VIe s. ?). Unpeu plus loin à gauche, le monastère de Torba (photo ci-contre),appendice de l’ancien castrum de Castelsèprio, aujourd’hui gérépar le FAI. Il eut à l’origine une fonction militaire, comme lemontre la tour construite en galets du fleuve, et dès le VIIIe s., ilfut occupé par les Bénédictines de Santa Maria del Monte deVarese ; dans la salle supérieure de la tour, fresques du VIIIe s. ;l’église voisine est du XIe s.On traverse le village actuel de Castelsèprio et on accède au Parc archéologique : restes du

château et de l’enceinte fortifiée qui entourait le lieu sur 900mètres et dont un appendice incluait le monastère de Torba. Àl’intérieur de l’enceinte (on peut suivre le cours des murailles,parfois interrompu), bases de 4 tours préexistantes du IVe s.(dont la tour I a été réutilisée come clocher de la basilique S.Jean) ; ruines de la basilique S. Jean l’Évangéliste (Ve - VIIe s. Ilen reste les murs latéraux et l’hémicycle de l’abside. Elle étaitcomplétée par un baptistère octogonal doté de fonts baptismaux

60octogonaux pour le baptême par immersion, comme ceux de Varese 1: le nombre 8 était depuisPythagore un symbole d’éternité, et pour les chrétiens, le 8e jour était celui qui dépassait le

rythme du temps, des 7 jours de la semaine, e t introduisait àl’éternité de Dieu, or le baptême représentait une descentedans l’eau et un résurrection qui faisait entrer dans la vieéternelle ; à côté une vasque circulaire pour les baptêmes parinfusion. On accédait à l’église à travers un narthex) ; à droite,restes d’une grande citerne de 5 à 6 m. de profondeur. Onpeut distinguer les quartiers du castrum dont peu d’édificesont été fouillés. En face du côté droit de la basilique, murs del’église Saint Paul, hexagonale et couverte de voûtes, édifiée

par les comtes de Castelsèprio au XIIe s. et détruite entre 1810 et 1857 pour en récupérer lespierres. L’église était hexagonale, en référence aux 6 jours de la Création, et au caractèretrinitaire du Christ (contre la théorie arienne). À l’Est de l’enceinte, la « cascina » (ferme) SaintJean, couvent des Frères Humiliates puis des Franciscains au XVe s. elle devient propriété d’unPère Ascensionniste français sous Frédéric Borromée, puis d’unefamille milanaise.Hors de l’enceinte, l’église Santa Maria Foris Portas, édifice trèsrare construit entre le VIe et le VIIIe s., date des extraordinairesfresques de l’intérieur dans l’abside : Enfance du Christ selon lesévangiles apocryphes : Protévangile de Jacques et Pseudo-Matthieu2 :* Revers de l’arc triomphal : 2 archanges en vol avec sceptre portantle globe surmonté de la Croix ; trône royal portant la robe depourpre, la couronne et la croix, symbole de la seconde venue duChrist ;* Dans l’abside, en haut de gauche à droite : Annonciation, Visitation, épreuve de l’ eau, ChristPantocrator, Rêve de Joseph, Voyage à Bethléem ; en bas au centre, Nativité (Crèche, bain de l’enfant,un très rare Miracle de la sage-femme, Annonce aux bergers ; à droite, Adoration des Mages ; àgauche, Présentation au temple et traces d’un Massacre des Innocents.l’ensemble constitue une transition entre art classique et art byzantin.Beaucoup d’informations sur l’histoire et les monuments de Castelsèprio en tapant sur

Google : castelsèprio (voir les trois premières rubriques)

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2 Les écrits « apocryphes » (c’est-à-dire « cachés », « secrets ») sont les récits de la vie de Marie, de Jésus, desapôtres, qui n’ont pas été reconnus par l’église chrétienne de Rome qui établit la liste des écrits « canoniques ». LeProtévangile de jacques fut considérablement diffusé du IVe au XVIe s. en particulier dans la tradition orientale ;après sa condamnation au VIe s ;, il fut repris et corrigé par le texte dit du Pseudo-Matthieu. Les deux textes onteu une forte influence sur l’iconographie. Le texte de Jacques visait à démontrer la virginité de marie avant etaprès la naissance de Jésus et contient des épisodes uniques comme l’épreuve de l’eau, le miracle de la sage-femme, la stérilité de la mère de Marie, etc. On trouvera les textes dans : Écrits apocryphes chrétiens, Éditionsde la Pléiade, 1997, PP. 73-140.

À g. en haut  : Voyage àBethléemEn-bas   : Rêve de Joseph ; Christbénissant.À dr.  : Simeone