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Rencontre Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé page 4 15 janvier 2018 • n°1297 ISSN : 0399-385X Le journal de la Portrait Frédéric Fossati : cardiologue mixte, mais libéral avant tout page 16 2018 : que la santé des femmes et des hommes devienne la première préoccupation de tous les dirigeants de la planète.

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RencontreAlain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé page 4

15 janvier 2018 • n°1297

ISSN : 0399-385X

Le journal de la

PortraitFrédéric Fossati : cardiologue mixte, mais libéral avant toutpage 16

2018 : que la santédes femmes et des hommes devienne

la première préoccupationde tous les dirigeants de la planète.

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Le Médecin de France • Bimensuel79, rue de Tocqueville 75017 Paris Tél. 01 43 18 88 33 • Fax : 01 43 18 88 34E-mail : [email protected] • Site : www.csmf.orgLes articles originaux du Médecin de France peuvent être reproduitspar tout organisme affilié à la CSMF sans autorisation spéciale,à condition de faire figurer les mentions habituelles. Édité par la SEPMF, SARL au capital de 32 000 € • Durée : 50 ansà partir du 1er juin 1978 • Associés : CSMF et ACFM.Gérant : Jean-Paul Ortiz • Directeur de la publication :Jean-Paul Ortiz • Rédacteur en chef : Laurent VerzauxCrédits photos : P. Chagnon - Cocktail SantéRéalisation : Aliénor Consultants - Tél. 05 49 62 69 00Impression : Megatop • Distribution : Info RoutageAbonnement : 40,00 € par an. Prix du numéro : 2 €Commission paritaire : 1018 G 82702.

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 20183

sommaire

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4. Rencontre Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé

6. L'événement Démographie médicale : les mauvais calculs du conventionnement sélectif

8. Dossier Stratégie Nationale de Santé : une feuille de route pour le quinquennat

14. Actu en bref L'actualité de la médecine

16. Portrait Frédéric Fossati : cardiologue mixte, mais libéral avant tout

17. Produits de santé Actualités

19. En direct des territoires L'actualité en régions

21. À la loupe Agenda d’accessibilité programmée : gare aux arnaques !

22. À lire, à voir Expositions, livres, loisirs

ON PEUT ASSURER 15 MILLIONS DE PERSONNES ET N’OUBLIER PERSONNE—AG2R LA MONDIALE est le groupe de référence en assurance de la personne. Société de personnes à gouvernance paritaire et mutualiste, nous cultivons un modèle de protection sociale unique, qui conjugue étroitement rentabilité et solidarité, performance et engagement social. C’est pourquoi nous investissons le fruit de nos résultats au bénéfice de nos assurés et développons de nouvelles garanties et des services plus personnalisés à coûts maîtrisés. Le Groupe consacre chaque année 100 millions d’euros pour aider les personnes fragilisées et soutenir, sur tous les territoires, des initiatives collectives dans le domaine du logement, de la prévention santé et de l’aide aux aidants.

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Que la santé des femmes et des hommes devienne la première préoccupation de tous les dirigeants de la planète.

Que la ministre de la Santé d’Emmanuel Macron, madame Agnès Buzyn, ait un regard bienveillant pour l’avenir de la médecine libérale.

Qu’à l’avenir le synonyme de PLFSS soit espoir et non restriction.

Que Nicolas Revel affirme haut et fort que la réussite du système de santé en France repose sur un meilleur équilibre entre la médecine libérale et l’hôpital.

Que TPG signifie demain Tiers Payant facultatif.

Que la convention n’oublie pas certaines catégories de médecins si nécessaires à la santé des Français.

Que l’article 99 du PLFSS passe aux oubliettes car entre personnes intelligentes nous dialoguons.

Que la CSMF demeure la maison de tous les médecins libéraux, une maison où l’on écrit l’avenir du système de santé.

Que le bonheur, la réussite et la santé vous accompagnent.

Dr Jean-Paul Ortiz,Président de la CSMF

2018 : ma liste de vœux

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 20184

Ses trois idées fortes• « France Assos Santé représente 3,5 millions de Français et a vocation à faire avancer le mouvement de la démocratie en santé. » Selon lui, cette instance créée par la loi de janvier 2016 porte la parole des patients sans se substituer à l’action de ses 74 associations adhérentes.

• « Il ne faut pas banaliser la plainte en santé, tout en permettant à chacun d’obtenir réparation. » C’est l’une des missions nouvelles de France Assos Santé, qui peut accompagner les patients dans leurs démarches judiciaires.

• « Nous devons entrer dans une phase de co-évaluation de la valeur en santé par les patients et les usagers. » Il plaide pour que des indicateurs de qualité de vie soient à leur disposition pour participer à la mesure de la performance.

Alain-Michel Ceretti,président de France Assos Santé.

R« Des patients au cœur des évolutionsdu système de santé »

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 20185

Vous présidez France Assos Santé. Quelle est la genèse de l’institution et quelles sont ses missions ?C’est une instance qui a été créée par la loi de modernisation de notre sys-tème de santé, en janvier 2016. Il s’agit d’une association constituée par la loi, ce qui en soit n’est pas banal, et dont la mission est de fédérer la parole des associations agréées par l’État dans le champ sanitaire et social. Sa création fait suite à deux rapports, celui que j’ai rédi-gé en 2012, puis celui réalisé par Claire Compagnon, destinés à dresser un état des lieux sur la place des patients dans le système de santé, dix ans après la loi Kouchner. Les constats se sont rejoints pour établir la faiblesse de la représen-tation politique des patients et la néces-sité de passer du concept de démocratie sanitaire à celui de démocratie en santé. La loi répondait à un mouvement socié-tal de fond, visant à élargir le prisme des questions de santé au-delà de la seule prise en charge médicale des patholo-gies. France Assos Santé, qui regroupe aujourd’hui 74 associations nationales avec plus de 3,5 millions d’adhérents, est le reflet de cette nouvelle approche de la santé. On y retrouve aussi bien les asso-ciations de patients de consommateurs et de familles, les mouvements de lutte contre les précarités, les associations représentant les droits des personnes handicapées et des personnes âgées, les associations œuvrant dans les champs de la sécurité des soins et de la santé en-vironnement. Il est essentiel que toutes ces parties prenantes soient associées à la définition des politiques de santé.

Quels sont vos principaux champs d’action ?Ils sont dans le prolongement des ac-tions menées par le CISS depuis vingt ans, dont France Assos Santé a pris la suite. Nous nous préoccupons notamment des problématiques d’accès aux soins au sens large, ce qui inclut des thèmes aussi divers que les restes à charge des assurés, les prix des médicaments et produits de santé, la lisibilité, la qualité et l’équité de l’offre de soins, les dépas-sements d’honoraires. La Loi du 26 jan-

vier 2016 de modernisation de notre sys-tème de santé précise dans son premier article nos missions. France Assos Santé peut donner ses avis aux pouvoirs pu-blics sur les questions relatives au fonc-tionnement du système de santé et leur proposer les mesures qui paraissent conformes aux intérêts matériels et mo-raux de ses membres, animer un réseau d'associations agréées d'usagers aux ni-veaux national et régional, agir en justice pour la défense de ses propres intérêts moraux et matériels comme de ceux des usagers du système de santé , et repré-senter les usagers auprès des pouvoirs publics, notamment en vue de la dési-gnation des délégués dans les conseils, assemblées et organismes institués par les pouvoirs publics. Nous avons ainsi vocation à soutenir et accompagner les citoyens qui veulent s’engager dans des actions en justice, en particulier dans le cadre des actions de groupe. Je refuse cependant de banaliser la plainte mais j’entends que chacun puisse obtenir ré-paration alors que la réclamation appa-raît pertinente. Trois piliers structurent notre action : la collégialité, la compé-tence et l’utilité. Ce dernier point est fondamental : le vrai risque, c’est que le mouvement des patients ne soit qu’un faire-valoir sans grande valeur ajoutée pour nos concitoyens. C’est pourquoi nous investissons dans la formation de nos représentants.

On évoque souvent la placedes patients, en tant que co-constructeurs de la décision médicale. Comment mettre en pratique cette approche nouvelle ?Effectivement, c’est une évolution iné-luctable, et qui ne touche pas seulement à la relation médecin-patient. En pre-mier lieu, notre mouvement doit être associé à la mesure de la valeur des biens et services de santé proposés à la population. Nous dépensons 200 mil-liards d’euros pour la santé sans aucune évaluation des personnes qui en bénéfi-cient. Nous entendons par exemple par-ticiper à l’évaluation de l’offre en santé à l’échelle des territoires. Les patients sont légitimes à juger par exemple des délais d’accès aux soins primaires ou à

l’expertise du médecin spécialiste. Cela passe également par la création d’indi-cateurs de qualité de vie permettant au patient d’exprimer son degré de satis-faction. Peut-il reprendre une vie nor-male après la pose d’une prothèse de hanche et dans quels délais ?, De façon plus globale, cette approche disruptive témoigne d’une mutation en profon-deur du regard porté sur le soin. Il faut en finir avec la médecine de l’organe malade et apprécier le parcours de santé du patient dans toutes ses dimensions. Il faut également dépasser certaines mo-dalités d’organisation des soins, structu-rées autour du seul paiement à l’acte qui contribue au cloisonnement de la prise en charge.

Comment les médecins doivent-ils, selon vous, intégrer cette nouvelle donne dans leurs pra-tiques professionnelles ?Je préciserai d’abord qu’ils restent plus que jamais au cœur de la prise en charge des patients. Malgré la technicisation de la médecine, malgré l’irruption des tech-nologies numériques et, prochainement, des algorithmes et de l’intelligence arti-ficielle, la qualité de leur relation hu-maine au patient restera déterminante. Patients et médecins doivent inventer une nouvelle alliance thérapeutique, fondée sur le dialogue, y compris s’il est parfois contradictoire. Dans certaines pathologies, les malades en savent plus que leurs soignants, car ils ont les moyens de s’informer sur l’innovation thérapeutique. Rappelons également que le concept du patient expert tend à se développer : les médecins doivent apprendre à travailler avec eux. Il me semble que le corps médical s’adapte aujourd’hui à ces évolutions, en tous les cas parmi les jeunes générations. Mais les études médicales sont encore trop axées sur la seule technique. Il faut for-mer les étudiants à un nouveau rapport au patient. Ainsi, si le numérique repré-sente une formidable opportunité pour améliorer la prise en charge, le colloque singulier doit rester la pierre angulaire de la relation médecin / malade.

Fondateur de l’association Le Lien, et dernièrement conseiller santé auprès du Défenseur des droits, Alain-Michel Ceretti est l’une des personnalités les plus engagées dans la défense des droits des patients depuis deux décennies. Aujourd’hui président de France Assos Santé, il décrit les missions et les actions de cette associations officiellement créée il ya deux ans par la loi Touraine.Rencontre

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 20186

l'événement

Le CESE propose d’encadrer la liberté d’installation, notamment pour le secteur 2. Une solution simpliste aux effets pervers évidents.

Cet automne, comme c’est désormais systématiquement le cas au moment de la discussion

du PLFSS, de nouvelles voix se sont fait entendre pour remettre en cause la liberté d’installation en médecine de ville. Élus locaux inquiets par la progression des zones fragiles, députés ou sénateurs à la recherche d’une notoriété médiatique pour faire plaisir à leurs électeurs, technocrates adeptes de solutions en apparence faciles... l’argumentation est toujours la même : pour améliorer la démographie médicale dans les territoires désertifiés, il suffirait de contingenter l’installation dans les zones à plus forte densité. Un calcul absurde, qui reviendrait à espérer que de jeunes médecins iraient exercer dans des secteurs où les autres catégories professionnelles ne vont plus, à défaut de services publics, d’écoles ou d’infrastructures numériques nécessaires pour réussir une vie de famille. Outre l’inefficacité de telles mesures, elles sont clairement anachroniques, à l’heure où les tensions démographiques sont telles qu’il faut tout faire pour ne pas détourner les jeunes générations de l’exercice libéral.

Le CESE se trompe de cibleAprès la Cour des Comptes, après des tentatives d’amendement dépo-sées au Parlement, c’est le Conseil économique, social et environne-mental qui s’est distingué le 13 dé-cembre dernier. L’institution pro-posait en effet, dans un avis, un « conventionnement sélectif » dans les zones sur-denses, et notamment ci-blé sur les médecins en secteur 2. Très largement votée, la position du CESE a suscité de vives réactions des syndicats médicaux, et en pre-mier lieu la CSMF. « Comment ima-giner un conventionnement sélectif dans les zones dites sur-denses alors qu’on manque aujourd’hui de médecins par-tout, tant en médecine générale qu’en médecine spécialisée (difficultés à trou-ver un médecin traitant, très longs délais de rendez-vous...) s’interrogeait Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. La situation démographique des méde-cins libéraux est sans commune mesure avec d’autres professions, comme les infirmiers, qui ont eu recours au conven-tionnement sélectif. Proposer un tel mécanisme revient à ouvrir largement la porte à l’exercice hors convention et donc à mettre en place une médecine à deux vitesses. »

La sélection par l’argent ?Président des Généralistes-CSMF, Luc Duquesnel assène au pas-sage quelques vérités. « Alors qu’un

nombre important de médecins diplômés n’exercent pas la médecine, est-il oppor-tun d’augmenter leur nombre en les for-çant à s’installer dans des " déserts mé-dicaux " ? Le conventionnement sélectif aboutirait donc à moins de médecins en exercice et à une explosion de praticiens exerçant en secteur 3. » Et il note que « certains médecins libéraux seraient favorables à ce conventionnement sélec-tif. » Qui sont-ils ?« Ces praticiens, ins-tallés dans des zones surdenses, voient au travers de cette mesure l’assurance de supprimer une certaine concurrence et de pouvoir revendre à des tarifs prohi-bitifs leurs patientèles, puisque la seule façon de s’installer dans des zones dites sur-denses tout en étant conventionnés sera de leur succéder. Seuls les jeunes médecins issus de milieux aisés pour-ront envisager ces rachats de clientèle. » Patrick Gasser, président des Spé-CSMF, souligne pour sa part que « le conventionnement sélectif, en limitant les installations en libéral, reviendrait à détourner une part de l’activité de la médecine spécialisée vers l’hôpital, où les coûts de prise en charge sont dix fois plus élevés. » Il rappelle « que le dé-veloppement de l’OPTAM, plus attrac-tif que le CAS, permet de maintenir une offre de soins spécialisés accessible à tous les Français, tout en permettant aux praticiens de faire face au coût croissant des charges d’activité. »

Démographie médicale : les mauvais calculs du conventionnement sélectif

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ossier

Adoptée officiellement le 31 décembre, la Stratégie Nationale de Santé 2018 - 2022 fixe les grands objectifs d’action pour adapter et moderniser le système de santé face aux nouveaux enjeux sanitaires. Revue de détail des principales mesures envisagées.

Elle a été publiée au Journal officiel du 31 décembre, en même temps que la Loi de financement de la

Sécurité sociale. Véritable feuille de route sanitaire pour le quinquennat, la Stratégie Nationale de Santé a été fixée par un arrêté, dont le contenu a été finalisé à l’issue d’une phase de concertation par internet, menée durant 1,5 mois et qui aurait permis de recueillir, selon le ministère de la santé, « plus de 5 000 contributions » essentiellement en provenance des professionnels de santé. Avec 104 pages et quatre axes principaux d’action, la SNS constitue « le cadre de la politique de santé en France. » En introduction, il est précisé que « la SNS est définie par le gouvernement et se fonde sur l’analyse dressée par le Haut Conseil de la Santé Publique sur l’état de santé de la population, ses principaux déterminants, ainsi que sur les stratégies d’action envisageables. » En préambule, il est fait référence à la recommandation de l’OMS selon

laquelle « la santé doit être un objectif de toutes les politiques publiques menées en France et dans le monde ». En soi, cette approche élargie constitue une première, dans la mesure où elle sort le secteur de la santé de la seule question du soin. De fait, le Haut Conseil de la Santé publique a identifié quatre défis majeurs pour les années à venir : faire face aux risques sanitaires liés à l’augmentation prévisible de l’exposition aux polluants et aux toxiques, combattre les risques d’exposition de la population aux risques infectieux, réduire la part des maladies chroniques et leurs conséquences, et enfin adapter le système de santé aux enjeux démographiques, épidémiologiques et sociétaux.

Quatre axes, onze domaines,quarante-trois objectifsVoilà donc pour les grands principes, pour lesquels on notera la forte inci-dence des questions environnemen-tales. Côté mise en œuvre pratique, la SNS se décline en quatre axes d’action : « mettre en place une poli-tique de promotion de la santé, incluant la prévention, dans tous les milieux ; lutter contre les inégalités sociales et ter-ritoriales d’accès à la santé ; garantir la qualité, la sécurité et la pertinence des prises en charge à chaque étape du par-

cours de santé ; innover pour transformer notre système de santé en réaffirmant la place des usagers. » Derrière ces quatre axes, le document met en exergue 11 domaines prioritaires d’action. Et au total, ce sont 43 « objectifs nationaux d’amélioration de la santé et de la pro-tection sociale contre les conséquences de la maladie, de l’accident et du handicap » qui sont identifiés. Concrètement, la mise en œuvre de la SNS passera par un plan national de santé publique, assorti de plans thématiques, et dé-clinés au plan opérationnel à travers les projets régionaux de santé, que les ARS doivent adopter à la fin du pre-mier trimestre.

La prévention au cœurdu projet politiqueFortement mise en avant par Emma-nuel Macron durant sa campagne électorale, la prévention est aussi l’un des chevaux de bataille de sa ministre de la santé, notamment à l’occasion de son passage à l’InCa. Promotion d’une alimentation saine et de l’exercice physique, lutte contre les pratiques addictives et surtout leur prévalence, soutien à l’éducation sexuelle, pré-vention de la perte d’autonomie… aux engagements classiques s’ajoutent des objectifs plus inédits, comme la santé au travail ou la réduction de l’exposi-tion « à des conditions d’habitat indigne

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et aux pollutions intérieures » ou en-core « aux pollutions extérieures et aux substances nocives pour la santé ». Un prisme large, donc avec un pilotage forcément interministériel, et la né-cessité de développer notamment la recherche sur la santé dite environ-nementale. Un rapport annuel sera d’ailleurs publié sur ce thème. Et les pouvoirs publics entendent veiller « à l’indépendance et la transparence » des études menées dans ce domaine. Enfin, il faut rappeler que le soutien à la prévention se manifeste d’abord

par un acte politique fort : la promo-tion de la vaccination, symbolisée par l’obligation pour les onze vaccins de l’enfant, depuis le 1er janvier 2018. Outre cette décision, la SNS entend mettre en œuvre d’autres objectifs, comme « une meilleure information des professionnels et du public, « un accès renforcé et sécurisé à la vaccination », ou encore « une meilleure protection vacci-nale des professionnels de santé ». Outre la vaccination, la lutte contre l’anti-biorésistance est au programme, avec l’ambition de diminuer « de 25 % » la

consommation d’antibiotiques d’ici à 2020. Côté dépistage, d’autres avan-cées sont promises : mise en place d’un dispositif organisé pour le can-cer du col de l’utérus, hausse de la population-cible dans le dépistage du cancer colorectal, lutte contre le risque cardio-vasculaire chez les dia-bétiques, mise en place de parcours favorisant l’autonomie du traitement dans l'insuffisance rénale, renforce-ment du dépistage et de l’accompa-gnement des personnes souffrant de maladies neuro-dégénératives...

Accès aux soins : haro contre toutes les inégalitésEn matière d’accès aux soins, le gou-vernement a décidé de ne pas se limiter à la problématique, jugée partielle, de la démographie médicale et des déserts médicaux... une expression qu’Agnès Buzyn se refuse d’ailleurs à employer. Pour le Haut Conseil de la Santé Pu-blique, les inégalités d’accès aux soins restent marquées et sont multifacto-rielles, à la fois sociales, économiques, géographiques et / ou culturelles. C’est pourquoi l’action sera plurielle : amé-lioration de l’accès aux droits sociaux à la couverture maladie, limitation des restes à charge (avec l’objectif du RAC zéro sur l’optique, le dentaire et l’au-dition), lutte contre le refus de soins, incitation à la modération des dépas-sements d’honoraires (contrats respon-sables et OPTAM), accompagnement des publics vulnérables ou éloignés des soins (prisonniers...), prévention de la désinsertion professionnelle et sociale des personnes malades... Du côté de l’installation des professionnels, plu-sieurs axes seront développés : mixité des statuts professionnels et des possi-

bilités d’exercice multi-sites, incitation au partage des tâches et aux pratiques avancées, développement de la maî-trise de stage, simplification adminis-trative. L’usage du numérique en santé sera également développé, avec la ré-duction de la fracture numérique, l’es-sor de la télémédecine, le déploiement de la prescription électronique, et bien sûr la généralisation du DMP. Enfin, un chapitre est consacré à « la confiance ac-cordée aux acteurs pour la construction de projets innovants ». Un axe notamment soutenu par la création du fonds pour l’innovation, acté par la LFSS 2018.

Qualité, sécurité, pertinencePour les pouvoirs publics, ces trois items dépendent en priorité de la coopération entre professionnels à l’échelle des ter-ritoires de santé. La SNS recommande donc de favoriser la coordination entre eux, « d’assurer l’accès aux spécialistes en développant leur articulation avec les soins de premier recours », de « garantir la ré-ponse aux demandes de soins urgents et de soins non programmés aux heures d’ou-verture des cabinets ». Une ambition qui passe par des modalités de finance-ment différentes, au parcours et / ou à

l’épisode de soins, mais également par l’élaboration d’indicateurs de quali-té des parcours de soins. La poursuite du virage ambulatoire figure en toutes lettres, de même que la SNS entend pa-rachever la mise en place des GHT et modifier le droit des autorisations « vers plus de souplesse pour les nouvelles orga-nisations territoriales ». Par ailleurs, des chantiers spécifiques seront déployés, pour une meilleure prise en charge des personnes handicapées et l’améliora-tion de la santé mentale. Enfin, le thème de la pertinence des soins comporte plusieurs engagements spécifiques : in-dicateurs de résultats, meilleur signale-ment des effets indésirables, mesure de la satisfaction des patients, transparence sur l’évolution des pratiques profession-nelles... Les nouveaux modes de finan-cement des actes et services de santé de-vront évoluer vers une rémunération à la qualité et à la performance. Côté mé-dicaments, on notera un nouvel objectif chiffré : 50 % de prescriptions de géné-riques dans le répertoire en 2020, 80 % de pénétration des biosimilaires sur leur marché de référence d’ici 2022. Et la lutte contre la polymédication et la iatrogénie est également au programme.

Stratégie Nationale de Santé :une feuille de route pour le quinquennat

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201810

Dossier

Les chiffres73 000c’est le nombre de décès annuels liés au tabagisme (2013). 49 000 sont attribuables à l’alcoolisme (2009). Et on recense 700 000 usagers quotidiens de cannabis.

3477personnes sont mortes sur la route en 2016. La vitesse excessive est en tête des causes de décès (31 %), devant l’alcoolisme (19 %).

48 000morts anticipées par an seraient liées à la pollution atmosphérique, selon une étude de Santé Publique France.

25 %c’est la diminution de la consommation d’antibio-tiques visée par la SNS d’ici à 2020, grâce à la cam-pagne de sensibilisation en préparation.

25 %c’est la proportion de Français ayant déclaré avoir dû renoncer à au moins un soin en 2014 pour des raisons financières.

7 %c’est le temps moyen consacré chaque jour par un généraliste à des tâches administratives.

20 à 30 %c’est la part des prescriptions jugées non perti-nentes.

330 à 490 000c’est le nombre d’hospitalisations liées à un événe-ment indésirable.

L’innovation pour la disruptionQuatrième axe de la SNS, l’innovation est pré-sentée comme le principal facteur d’évolution favorable pour le système de santé. À la fois thé-rapeutique, technologique et organisationnelle, elle doit être soutenue, évaluée et valorisée en fonction des résultats produits en matière d’ef-ficience et de performance des actes et services de santé. Une démarche qui passe d’abord par le soutien à la recherche sous toutes ses formes. La SNS propose donc d’améliorer la coordina-tion public / privé, de renforcer le continuum entre recherche fondamentale et appliquée, d’investir davantage dans la recherche en santé publique. Des études médico-économiques plus nombreuses devront être lancées, de même qu’il faut développer la mise en place de registres de suivi des patients et le suivi en vie réelle des in-novations thérapeutiques et technologiques. Le recours aux données en vie réelle représente une formidable opportunité pour mieux mesu-rer la valeur des innovations, pour accélérer leur mise sur le marché et pour fixer des prix et un remboursement adaptés. Le cadre de finance-ment de l’innovation en santé n’est plus adapté, il convient donc de le simplifier sur le plan ju-ridique, dans le but notamment de soutenir les expérimentations. L’usage du FIR devra donc être revu, de même que le fonds pour l’innova-tion créé par la LFSS sera spécifiquement dédié aux nouvelles organisations territoriales. Quant à l’innovation numérique, elle fait l’objet d’un chapitre spécifique, avec plusieurs projets : dé-ploiement du DMP (enfin !), développement de la médiation numérique pour les patients les plus fragiles, offre d’une éducation à la santé en ligne, mise à disposition des professionnels d’outils numériques d’aide à la décision médi-cale, développement de la simulation en santé.

Stratégie Nationale de Santé :une feuille de route pour le quinquennat

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201811

Dossier

Professionnels :prendre soin des soignantsLa SNS consacre un chapitre spéci-fique dédié aux conditions d’exer-cice des professionnels de santé. Postulant que « la transformation de notre système de santé suppose de ré-pondre aux besoins des professionnels de santé qui la font fonctionner au quo-tidien », elle décline plusieurs prio-rités en matière de formation : s’ap-puyer sur le service sanitaire pour former les jeunes aux enjeux de la prévention, développer la pluripro-fessionnalité, élaborer des forma-tions aux pratiques avancées... Le renforcement du DPC est également au programme et la recertification est souhaitée « de façon progressive ». La qualité de vie au travail est éga-lement définie comme un enjeu-clé, avec sensibilisation du manage-ment, dispositifs de détection du burn-out, amélioration de la sécurité d’exercice et renforcement des ser-vices de santé au travail. « Les métiers de la santé et du médico-social jouissent d’une très forte reconnaissance du pu-blic, peut-on lire dans le document. Leur choix relève souvent de la vocation et repose sur un engagement fort au ser-vice du public. Ceux sont toutefois des métiers qui portent en eux des facteurs de stress et des risques professionnels. L’amélioration de la qualité de vie au tra-vail est un enjeu majeur pour la qualité et la soutenabilité de notre système de santé. »

Patients : une nouvelle placedans l’évaluationUn autre thème de la SNS concerne le rôle des patients, avec la néces-sité « d’une gouvernance des poli-tiques de santé plus transversale et plus proche des usagers, des familles et des aidants ». Un service public d’infor-mation en santé sera ainsi initié, de même que « la lisibilité et l’accessibili-té des dispositifs devront être garantis ». Outre une meilleure représentation au sein des structures de décision, les patients bénéficieront également d’indicateurs de résultat et de qua-lité des parcours et des soins, « issus des expériences personnelles des pa-

tients ». Ils seront également associés à des actions de recherche et d’amé-lioration de la qualité de l’offre de santé. Accompagnement et éduca-tion thérapeutique seront favorisés, tandis que la fonction de vigie et de lanceur d’alerte sera protégée. En ce qui concerne les aidants, un effort important sera concédé, avec un meilleur repérage et accompa-gnement de ces personnes souvent isolées et démunies. Les dispositifs de répit devront être multipliés dans les territoires, tandis que les profes-sionnels de santé pourront se for-mer spécifiquement à leur prise en charge. Enfin, les pouvoirs publics promettent la mise en place d’un guichet unique, permettant aux ai-dants de connaitre les aides à leur disposition dans les territoires.

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201812

« Répondre aux enjeux de l’organisation coordonnée »La publication de la Stratégie Nationale de Santé vous paraît-elle de nature à répondre aux grands enjeux de la médecine de ville pour les années à venir ?L’arrêté qui fixe la Stratégie Nationale de Santé a peu évolué depuis la ver-sion initiale mise en ligne au lancement de la concertation nationale. Avec ses quatre axes, et en complément du plan sur l’accès aux soins et du PLFSS 2018, le gouvernement semble en effet, au moins dans les intentions, avoir pris la mesure des enjeux qui caractérisent la situation sanitaire actuelle et à venir. Le système de santé est confronté à une donne radicalement nouvelle, celle de la transition épidémiologique liée au vieillissement de la population et à l’avènement durable des pathologies chroniques. Cette mutation, nous la vi-vons tous les jours dans nos cabinets, lorsque nous recevons des patients qui expriment plusieurs motifs de consulta-tion et réclament une attention accrue. Il nous faut à la fois prendre en charge les patients dans leur globalité, choisir les bonnes stratégies thérapeutiques, mais également bien organiser leur parcours de santé afin que la continui-té des soins leur soit garantie. Inutile de rappeler qu’avec les tensions sur le plan démographique, il devient de plus en plus difficile de répondre à ces besoins, à défaut d’une réforme profonde en ma-tière d’organisation des soins primaires.

Comment, selon vous, les généralistes doivent-ils s’organiser pour mieux prendre en charge leurs patients ?Il faut d’abord se regrouper, physique-ment et /ou à distance, s’entendre avec les autres professions dans le cadre d’un exercice coordonné pour un partage des tâches respectant les compétences pro-fessionnelles de chacun mais sans hési-ter à innover dans le cadre de pratiques avancées, et s’organiser pour répondre contractuellement aux besoins de san-té identifiés pour un territoire donné. Le mouvement est déjà lancé avec les maisons de santé pluri profession-

nelles, mais aussi avec la constitution des Équipes de Soins Primaires (ESP) et le lancement des Communautés Profes-sionnelles Territoriales de Santé (CPTS). Il appartient aux pouvoirs publics et à l’assurance maladie de soutenir les in-novations organisationnelles portées par le terrain, par le biais de disposi-tifs incitatifs, dérogatoires et simples d’usage. Le rôle des organisations pro-fessionnelles, au niveau des syndicats comme des URPS, est d’accompagner les porteurs de projets.

Agnès Buzyn fait de la pertinence des soins l’un de ses principaux objectifs. Comment les généralistes peuvent-ils y contribuer ?C’est un défi collectif, lié selon moi à la capacité de l’ensemble des profes-sionnels à travailler ensemble, de façon coordonnée et protocolisée sans oublier d’évaluer ces nouvelles pratiques. Pour nous, l’enjeu est de répondre de façon appropriée à la demande, notamment pour les soins non programmés. Il faut un partage de l’information en temps réel, permettant de prescrire les bons examens au bon moment et de disposer de l’expertise de nos confrères spécia-listes lorsque l’état du patient le néces-site. Par ailleurs, une part croissante de la rémunération des médecins libéraux dépendra demain d’indicateurs de ré-sultats. Nous sommes prêts à nous y engager, pourvu que les outils d’évalua-tion soient co-construits et permettent réellement de valoriser les bonnes pra-tiques professionnelles.

Luc Duquesnel,président desGénéralistes - CSMF

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201813

« Les spécialistes prêts à bouger les lignes »La SNS adoptée par le gouver-nement est-elle à la hauteur des enjeux de moyen et long terme pour le système de santé ?C’est sans conteste un document impor-tant, car il fixe une stratégie claire pour le quinquennat en cours. Mais, pour le moment, c'est surtout du déclaratif, avec des défis conséquents à relever sur un plan concret. Prenons le cas de la prévention : tout le monde est d’ac-cord depuis longtemps pour estimer qu’elle doit être plus opérationnelle, ancrée dans le quotidien des patients comme des professionnels. Mais nous partons de loin. Le système de santé français n’a jamais été conçu pour y ré-pondre. Il faudra du temps pour chan-ger les pratiques et le rapport à la santé de la population. Il faut également des moyens financiers, en tous les cas plus conséquents que ceux déployés par la prochaine loi de financement. Par ail-leurs, l’accessibilité aux soins devient un enjeu crucial, sur tous les plans de la prise en charge des patients, notam-ment chroniques. En raison d’une perte d’attractivité de la médecine spéciali-sée, les délais d’accès s’allongent dans plusieurs spécialités. Nous sommes pourtant prêts à nous engager dans de nouvelles modalités d’organisation, à la condition que les pouvoirs publics re-connaissent notre place en termes d’ex-pertise et de suivi des patients.

Le gouvernement fait de l’efficience l’un de ses principaux objectifs. Comment peut-il se traduire à l’échelle des spécialités ?Je ferai d’abord observer qu’une bonne part de l’efficience dépend du recentrage de l’hôpital public sur ses fonctions d’excellence. Dans de nombreux de cas, les séquences de soins effectuées en ambulatoire sont nettement moins coûteuses et tout aussi efficaces. Or, il faut constater qu’en dehors du HCAAM, peu d’experts se préoccupent de mieux intégrer l’expertise du spécialiste dans le parcours de soins. Cela étant, je constate que les choses commencent à

bouger. À l’occasion des États généraux de la médecine spécialisée, le directeur général de l’assurance maladie, Nicolas Revel, a tendu la main aux spécialistes, souhaitant « les accueillir » dans le dispositif conventionnel. Pour notre part, nous sommes prêts à discuter les bases d’un avenant consacré à la pertinence et à la qualité des soins, ainsi qu’à la télémédecine. À l’heure où la médecine par algorithme se profile, nous sommes bien conscients qu’il faut faire évoluer le cadre de nos pratiques. Contrairement à ce que croient certains, les patients auront plus que jamais besoin de spécialistes pour poser les bons diagnostics et faire les bons choix thérapeutiques, à partir des solutions proposées par l’intelligence artificielle.

Les spécialistes sont-ils au-jourd’hui suffisamment organisés sur le plan collectif, voire sont-ils suffisamment visibles vis-à-vis du grand public ?Nous devons nous interroger sur nos modes d’organisation, et apprendre à exercer de façon pluriprofessionnelle. Nous devons aller vers la création de centres autonomes, un peu à l’instar de que proposent les MVZ allemandes. Profitons également de la dynamique des CPTS, qui permettront de structu-rer les parcours de soins à l’échelle des territoires. Quant à la notoriété des spé-cialistes vis-à-vis de la population, il est indéniable qu’elle est plutôt en berne. Beaucoup de Français ne savent pas réellement ce que font les différentes catégories de spécialistes. Et il est vrai que nous n’avons pas investi pour faire preuve de pédagogie et nous « visibi-liser » vis-à-vis de l’opinion publique. C’est, à mon sens, l’un des grands chan-tiers des années à venir. En tous les cas, c’est ce que je souhaite faire, si je suis prochainement réélu à la présidence des Spé - CSMF.

Patrick Gasser,président de Les Spé - CSMF

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201814

Épuisementprofessionnel :des professions de santé à risque élevé

Trois études, présentées lors du 3e colloque de l’association SPS, confirment l’exposition des pro-fessionnels de santé au risque d’épuisement professionnel. À l’heure des lourdes charges de travail et de la complexification des consultations, comment se portent les professionnels de santé ? L’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS), à l’occasion de son 3e colloque annuel (11 décembre) a présen-té trois études inédites sur ce thème. La première, consacrée au suicide, montre qu’un quart des soignants déclarent avoir déjà eu « des idées suicidaires du fait de leur travail ». Un pourcen-tage équivalent quel que soit l’âge et le sexe de la personne interrogée, mais avec un taux moyen plus élevé pour ceux qui exercent dans un milieu rural. 42 % seulement d’entre eux déclarent en avoir déjà parlé à quelqu’un, ce qui illustre l’iso-lement de ces professionnels face à leurs difficultés person-nelles. L’enquête montre éga-lement l’impact délétère du suicide d’un confrère, la moitié d’entre eux estimant qu’un tel drame peut générer d’autres tentatives de suicide. Chacun estime connaitre en moyenne deux confrères concernés par le phénomène.

Un sommeil difficileAutre étude, une enquête du Réseau Morphée auprès de 1 000 soignants illustre le manque de sommeil dont souffrent une majorité des professionnels de santé. En moyenne, un professionnel dé-clare dormir 6 heures par nuit, contre 6,45 heures chez un non-soignant. Les soignants sont également plus nom-breux à travailler le soir (19 % contre 15 %) et/ou en horaire décalé (39 % contre 26 %), dont 81 % en raison d’un travail posté (31 % chez les non-soi-gnants). 48 % des soignants ont un sentiment de privation de sommeil lié à leur travail. Et 62 % souffrent d’un trouble de l’endormissement, 80 % ont un trouble de continuité du sommeil 71 % des éveils pré-coces et 67 % un sommeil non récupérateur. Ces données montrent que les troubles du sommeil, qui sont des facteurs aggravants en termes de risque au travail et de syndromes dé-pressifs, sont en moyenne plus répandus chez les profession-nels de santé qu’en population générale.

Les généralistes exposésUne troisième enquête, menée par SPS avec le Pr Didier Tru-chot, enseignant en psycho-logie du travail à l’Université de Bourgogne-Franche Comté, s’attache à évaluer la qualité de vie au travail chez les mé-decins généralistes. Elle met en évidence deux facteurs par-ticulièrement présents dans le quotidien de ces catégories de professionnels : d’abord un de-gré de burn-out plus élevé et ensuite une propension forte à la dépersonnalisation, c’est-à-dire la capacité à mettre de la distance entre soi et le patient. L’étude met en exergue quatre catégories de stresseurs, c’est-

à-dire de situations propres à générer du stress : la charge de travail, la confrontation à des patients pénibles, le travail « empêché et mal fait » et le sen-timent de frustration. Au vu des résultats, deux types de si-tuations sont plus susceptibles d’exposer à l’épuisement pro-fessionnel : le travail empêché en premier lieu et ensuite la frustration.

Pour une priseen charge dédiée

Ces travaux viennent compléter les autres études qui attestent de la nécessité d’accorder une attention particulière au suivi de la santé des soignants. À l’occasion de son colloque, l’association SPS a précisé que sa plate-forme téléphonique, mise en service depuis le 28 novembre 2016, avait déjà traité plus de 1 800 appels en provenance de professionnels en souffrance. Elle plaide pour la constitution de parcours de santé dédiés, avec des dispositifs d’accompagnement spécifiques. Huit unités dédiées et 3 consultations de jour spécifiques ont déjà été autorisées par les ARS, destinées à prendre en charge ces personnels en grand état de souffrance.

actu en bref

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201815

Hôpital :des patientssatisfaits, mais...

La Haute Autorité de Santé a publié le 19 décembre les résultats de son enquête annuelle sur la satisfaction des patients ayant séjourné à l’hôpital en court séjour en 2017. « Les réponses des patients permettent de calculer une note de satisfaction sur 100 pour chaque hôpital et clinique, publiée sur le site www.scopesante.fr, précise la HAS. La HAS appelle tous les Français hospitalisés à se saisir de ce dispositif - qui n'est pas une enquête ponctuelle, mais est déployé en continu et de manière pérenne - afin de faire entendre leur voix. » À partir du printemps 2018, les patients pris en charge en chirurgie ambulatoire devraient également être interrogés et d'autres pistes de développement sont déjà en cours d'exploration. Côté résultats, on notera d’abord que les infirmiers, aides-soignants, médecins et chirurgiens sont globalement plébiscités, d’abord pour leur « écoute attentive » (9 sur 10) et « leur soutien » (8 sur 10). Les notes sont en revanche moins favorable pour la chambre (6 satisfaits sur 10 en chambre double) et les repas (48% seulement de satisfaits). De

même, la sortie est jugée moins favorablement (63 % de satisfaction). Les détails pour 643 établissements ayant reçu les avis d’au moins 30 patients sont consultables sur www.scopesante.fr.

Tiers payantgénéralisé :le Conseilconstitutionnel valide le reportLe Conseil constitutionnel a rendu le 21 décembre son avis sur le PLFSS 2018. Il avait été saisi le 4 décembre par des dé-putés de gauche sur le report de l’obligation de tiers payant. Il n’a pas donné suite à leur requête, estimant que « le légis-lateur n’a pas méconnu le droit à la protection de la santé ». L’as-semblée a également validé la hausse de la CSG contre la suppression de certaines coti-sations sociales, de même qu’il a autorisé la suppression du RSI. En revanche il a considéré comme des « cavaliers sociaux » certaines mesures, notamment des dispositions de l’article 58 concernant la régulation des produits de santé et dispositifs médicaux ainsi que la consul-tation des dispositifs médi-caux par les pharmaciens-bio-logistes. Après cette ultime étape, le texte était définitive-ment publié au Journal Officiel le 31 décembre, après avoir été paraphé en direct par Emma-nuel Macron la veille.

ROSP : lesendocrinologues pas convaincus

Signé le 20 décembre, l’avenant n°4 institue l’accès à la ROSP pour les endocrinologues dia-bétologues et nutritionnistes. Huit indicateurs, portant sur le suivi du diabète et de la thyroï-die, représentent un potentiel maximum de 2 380 euros. Un dispositif qui ne convient pas aux endocrinologues, comme l’explique Patrick Bouillot, président du SEDMEN. « Cet accord est loin de répondre à nos attentes, explique-t-il. L’assu-rance maladie n’a pas voulu aller plus loin, en refusant de recon-naitre notre rôle en matière de santé publique, notamment par le biais d’un indicateur sur le suivi de l’obésité. Le nombre de points est insuffisant, alors que cette spécialité souffre d’un faible ni-veau de revenus depuis de nom-breuses années », note pour sa part Patrick Gasser, président de l’UMÉSPÉ. Avec un BNC de 69 000 euros (bilan fiscal des AGA 2017), la spécialité est en avant-dernière position dans l’échelle des revenus.

actu en bref

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201816

portrait

Cardiologue de formation, Frédéric Fossati partage son temps entre la ville et l’hôpital. Il vante les mérites de l’exercice collectif, sous toutes ses formes, à condition que les structures conservent leur essence libérale.

Dans la famille Fossati, la cardio-logie libérale, c’est une tradition. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard

s’il choisit de rejoindre le cabinet médical de son père, implanté à La Madeleine, une commune de plus de 20 000 habitants située près de Lille. Ils feront équipe pendant cinq ans, jusqu’à ce que son aîné fasse valoir ses droits à la retraite. Un nouvel as-socié viendra alors lui prêter main-forte six années plus tard. Le pari est une réussite. Ils travaillent ensemble depuis bientôt douze ans.

Signe particulier : Frédéric Fossati fréquente également les blocs opé-ratoires. De son cabinet à la Polycli-nique du Bois, en passant par le CHU de Lille où il réalise une vacation d’une demi-journée par semaine, il partage son temps à part égale entre la ville et l’hôpital. Et pour cause : « La cardiologie est une spécialité qui né-cessite de maîtriser la clinique et la tech-nique. Ces deux dimensions sont quasi-ment indissociables dans cette discipline médicale », souligne-t-il. Il a aussi

exercé des responsabilités hospita-lières, en étant notamment médecin médiateur, puis président de la CME de la Polyclinique du Bois, fonction qu’il aura occupé pendant près de dix ans (2006-2016).

De la FMC au syndicalismeEntre hasard et hérédité, Frédéric Fossati découvre le syndicalisme en 1995, d’une manière plutôt insolite. « J’avais une certaine sensibilité sur le sujet, grâce à l’expérience de mon père, mais je me suis réellement intéressé aux problématiques sectorielles par le biais de la formation continue, via l’association InforCard, qui regroupait des médecins libéraux et hospitaliers », précise-t-il. Dix ans plus tard, son engagement prend une autre tournure lorsqu’il rejoint le conseil d’administration du Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Cœur et des Vais-seaux (SNSMCV), après être passé par l’échelon régional du SNSMCV.

En 2014, Frédéric Fossati prend du galon. Il est nommé secrétaire géné-ral de cette verticalité de l’UMESPE, présidée par Eric Perchicot. Dans la foulée, il devient membre du Conseil National Professionnel de Cardio-logie, puis entre au conseil d’admi-nistration de la Société Française de Cardiologie pour une durée de quatre ans, soit jusqu’en 2020. Tout dernièrement, il intègre le conseil d’administration de la Fédération

des Spécialités Médicales (FSM) et son bureau, la FSM étant un organe effecteur entre les Conseils Natio-naux Professionnels et les diffé-rentes structures gouvernementales (DGOS, HAS, CNAMTS, ANSM…). Il est par ailleurs membre du bureau de l’UMESPE et du comité directeur de la CSMF.

100 % collectifSelon Frédéric Fossati, l’avenir de la médecine libérale sera collectif ou ne sera pas. « L’exercice traditionnel est voué à disparaître. Qu’il soit installé en ville ou à la campagne, qu’il soit spécia-liste ou généraliste, le médecin ne pourra plus exercer seul. Le temps de la pratique individuelle et individualiste est révolu », estime-t-il. La rénovation de l’offre médicale requiert néanmoins certains ajustements. « Il faut bâtir des modèles organisationnels et débloquer des finan-cements suffisants pour promouvoir des regroupements pertinents, sous toutes les formes possibles, pour peu que ces struc-tures conservent leur essence libérale », affirme-t-il.

Les enjeux sont clairs, les conditions sont posées. « Seule une médecine col-lective et plurispécialisée permettra de restaurer l’accès aux soins dans des zones en voie de démédicalisation, mais aussi de résister à la concurrence des hôpitaux pu-blics, dont l’influence été renforcée avec le déploiement des GHT », conclut-il.

Frédéric Fossati : cardiologue mixte, mais libéral avant tout

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201817

Produits de santé

États-UnisUn record pour les nouveaux médicamentsLe nombre de nouveaux médicaments approuvés aux États-Unis en 2017 n'a jamais été aussi élevé depuis 21 ans, avec 46 Autorisations de Mise sur le Marché (AMM), soit plus du double de l'année précédente. Il s'agit pour la plupart de traitements de maladies rares ou de sous-types de cancer, qui concernent le plus souvent des populations très restreintes. D'autres médicaments plus courants viennent ensuite augmenter la concurrence et faire baisser les prix. Le Steglatro® (ertugliflozin) par exemple, un nouveau traitement du diabète déve-loppé par Pfizer et par Merck, est le quatrième de sa catégorie approuvé par la FDA. L'Ozempic® (sé-maglutide) de Novo Nordisk, également contre le diabète, est lui le sixième de sa catégorie. Tous deux ont été approuvés en décembre. Dans l'oncologie, l'Imfinzi® (durvalumab) d'AstraZeneca, homologué en mai, est le cinquième médicament à agir sur une même protéine décelée dans le système immuni-taire. Toutefois, les représentants des toutes der-nières thérapies géniques ou cellulaires, mises au point par Novartis, Gilead Sciences et Spark Thera-peutics, ne figurent pas dans ce décompte. La FDA américaine a en effet décidé de les intégrer dans une catégorie distincte, les considérant comme « un tout nouveau paradigme scientifique dans le traitement des maladies graves ». En Europe également, les ap-probations sont à un niveau élevé, avec 92 nou-velles AMM en 2017, génériques compris, contre 81 en 2016. De son côté la Chine, devenue le deuxième marché pharmaceutique au monde derrière les États-Unis, compte bien accélérer les procédures d'autorisation.

CAR-T CellsLes médecins européens réclament leur arrivéeLes traitements d'immunothérapie des cancers par reprogrammation des cellules du patient ont monopolisé l’attention lors du congrès de l'Ame-rican Society of Hematology (ASH), qui s'est tenu à Atlanta en décembre dernier. Cette approche, baptisée CAR T-cells, est désormais une partie in-tégrante de la palette des traitements des cancers. Deux produits sont en effet autorisés à la com-mercialisation, le Kymriah® (tisagenlecleucel) de Novartis et le Yescarta® (axicabtagene ciloleucel)

de Gilead. Un troisième produit de la société Juno est en cours d'examen. Cependant, quatre mois après la mise sur le marché de son produit aux États-Unis, Novartis n'a traité que 5 patients. Gi-lead-Kite, encore aucun après deux mois. Malgré l'efficacité attendue de ces traitements, leur fabri-cation sur mesure pour chaque patient et parfois longue (entre 3 semaines et deux mois et demi) pose des problèmes logistiques. Le prix fait aussi hésiter : 475 000 $ pour Kymriah®, 373 000 $ pour Yescarta®. Cela n'empêche pas les médecins euro-péens, qui n'ont pour l'instant d'autres choix que d'envoyer leurs patients aux États-Unis, de récla-mer l'accès à ces produits. Les membres du Lysa, un groupe de 500 chercheurs issus de 120 centres de soins en France et en Europe, oeuvrant à la re-cherche clinique contre le lymphome (6e cancer le plus fréquent en France) demandent ainsi à ce que « les patients français puissent bénéficier d'autorisations temporaires d'utilisation (ATU) dès 2018 ».

LevothyroxDes associations en quête de réponsesL'association Vivre sans thyroïde assigne Merck en justice afin d'obtenir des réponses sur la nouvelle formule du Levothyrox® (lévothyroxine). « Nous ne voulons ni argent ni condamnation. Nous voulons seu-lement des réponses. Aujourd'hui, cette procédure est le seul moyen de les obtenir puisque nous sommes totale-ment baladés », explique au Parisien sa présidente, Beate Bartès. Jusqu'à présent, elle s'était refusée à toute action en justice, contrairement à l'Associa-tion Française des Malades de la Thyroïde (AFMT), qui a très rapidement déposé une plainte.

Start-Up La French Tech a le vent en poupeC’est un article des Echos du 21 décembre qui l’in-dique : les start-up de la French Tech n'ont jamais levé autant d'argent qu'en 2017. Le journal cite no-tamment la plate-forme de rendez-vous médicaux en ligne Doctolib, qui a réalisé deux levées de fonds cette année, pour un montant total de 61 millions d'euros. Pour autant, les start-up françaises peinent à s'imposer face aux méga-levées de fonds enregis-trées par certaines sociétés européennes, comme la biotech suisse Roivant Sciences, qui a glané 1,1 milliard de dollars cette année.

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201818

en direct des territoiresCentre-Val de Loire : une seconde CPTS pour la régionEt de deux ! La communauté profes-sionnelle territoriale de santé Am-boise-Bléré-Montrichard vient de voir le jour. C’est la seconde CPTS de la région Centre-Val de Loire, après celle de Loches. Baptisée Asclépios, en hommage au dieu gréco-romain de la médecine, cette structure cou-vrira un territoire de 555 km² qui compte plus de 50 000 habitants et regroupe 227 professionnels de san-té libéraux, dont 52 médecins géné-ralistes et 24 médecins spécialistes. L’initiative a été portée par sa pré-sidente, le docteur Aline Perrin, la directrice générale de l’ARS, Anne Bouygard, mais aussi par Raphaël Rogez, président de l’URPS ML. La CPTS s’est donnée pour mission de restructurer les parcours de santé, d’améliorer les conditions d’exercice et de généraliser l’usage du numé-rique, dans le cadre d’une coopéra-tion interprofessionnelle mieux or-chestrée au sein de cet espace.

Le projet de santé paraît solide. Il a été défini à partir des manques constatés et des habitudes de travail de chacun, y compris en matière de coordination. Des objectifs ont été identifiés, notamment dans les do-maines de l’addictologie ou encore de la Broncho-Pneumopathie Chro-nique Obstructive (BPCO), une pa-thologie respiratoire qui nécessite un diagnostic précoce, une coordi-nation spécifique et une politique de prévention adéquate. Dans ce cas de figure, la CPTS pourrait être un précieux atout pour faciliter l’équi-pement et la formation des profes-sionnels de santé, mais aussi pour développer l’information auprès du grand public. La lutte contre la crise de la démographie médicale fera également l’objet d’une attention particulière. Asclépios proposera des idées, comme l’accueil de stagiaires et des rencontres avec d’autres pro-fessionnels de santé, pour restaurer l’attractivité du territoire et inciter les jeunes médecins à s’y implanter durablement.

Chirurgie ambulatoire, téléméde-cine, solutions informatiques visant à renforcer la coordination : de nom-breux chantiers figurent par ailleurs au menu. La CPTS n’agira pas seule. Elle se mettra en relation avec les secteurs hospitaliers, sociaux et mé-dico-sociaux. Sa première assemblée générale se tiendra le 25 janvier pro-chain.

e-santé Occitanie : un GIPau service des acteurs de santéLes deux groupements de coopéra-tion sanitaire Télésanté Midi-Pyré-nées et e-santé Languedoc-Roussillon seront désormais regroupés sous une seule et même bannière, celle d’un Groupement d’Intérêt Public dénommé e-santé Occitanie. Son as-semblée constitutive s’est tenue le 29 novembre dernier, à Narbonne. La structure sera opérationnelle au 1er janvier 2018. Ce GIP sera « l’opérateur préférentiel de l’ARS pour l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie régio-nale d’e-santé ». Il se veut « au service de tous les acteurs de santé », qu’ils soient membres du groupement ou non, à commencer par les médecins libéraux du territoire. Sa mission consistera à généraliser l’accès à de nombreux services numériques. Développement de la télémédecine, déploiement de systèmes d’infor-mation sécurisés et interopérables, mise au point de logiciels pour flui-difier l’orientation et la coordination des parcours de soins : tels seront quelques-uns des premiers axes de travail du GIP e-santé Occitanie.

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201819

en direct des territoiresHauts-de-France :le CH de Roubaix provoque l’ire des médecins libérauxLes épisodes de Maubeuge (59) et de Grigny (91) n’auront pas suf-fi. Le centre hospitalier de Roubaix vient à son tour d’ouvrir un cabi-net proposant des consultations avancées à Wasquehal, près de Lille (59). Trois chirurgiens urologues, un néphrologue, un endocrinologue et un chirurgien plastique/esthé-tique assurent, en alternance, une demi-journée de rendez-vous par semaine. La colère monte chez les médecins libéraux. Selon l’URPS ML des Hauts-de-France, présidée par le Dr Philippe Chazelle, cette dé-marche ne répond pas à une logique de santé publique, la couverture du territoire étant loin d’être sinistrée. Dans les environs de Wasquehal, près de 350 spécialistes libéraux et hospitaliers sont en exercice. Re-fusant l’idée que l’offre de soins puisse être pensée à l’échelle d’une commune, il estime que cette ins-tallation est avant tout un moyen d’assurer l’activité et le remplissage des consultations du CH de Roubaix. L’URPS ML se dit néanmoins prête à travailler avec le CH sur des zones où la densité de spécialistes serait moindre.

PACA : un programme de prévention secondaire contre le burn outLe risque d’épuisement et le burn out sont des menaces prises très au sérieux par l’URPS ML de PACA, qui vient d’installer une commis-sion thématique pour accompagner les médecins libéraux en souffrance. Baptisé Med’Aide, le dispositif com-prend notamment un programme de prévention secondaire des diffi-cultés liées à l’exercice profession-nel, en coordination avec les autres structures d’aide existantes. Une ligne téléphonique et une adresse électronique* sont également mises à la disposition des médecins libé-raux de la région. Les membres de la commission leur apporteront tout leur soutien, mais aussi des informa-tions ciblées. Med’Aide contribuera par ailleurs à sensibiliser les orga-

nismes de recouvrement de charges et à améliorer l’information des tribunaux de commerce quant aux spécificités de la médecine libérale. Pour favoriser l’émergence de guet-teurs/veilleurs, attentifs aux besoins de leurs confrères, plusieurs soirées d’information seront organisées dans les différents départements.

(*) Tel : 04 65 40 00 10e-mail : [email protected]

Pays de la Loire : la Mayenne classée « zone déficitaire » par l’ARS Dans le cadre de son nouveau plan de lutte contre les déserts médicaux, l’ARS Pays de la Loire vient d’établir un nouveau système de zonage pour favoriser l’installation de médecins généralistes. Depuis le 1er janvier 2018, la Mayenne est officiellement considérée comme une « zone dé-ficitaire ». Classés « zone d’interven-tion prioritaire », le nord et le sud-ouest du département bénéficieront d’aides financières importantes. Le reste du territoire, dont l’agglo-mération de Laval, a été qualifié de « zone d’action complémentaire ». Les moyens financiers mis en œuvre de-vront permettre d’éviter toute dé-gradation de la situation. Rappelons que la Mayenne compte 1 médecin généraliste pour 2 500 patients, bien loin de la moyenne nationale esti-mée à 1 pour 800.

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201820

Formation : succès confirmé pour la 5e édition des Automnales du DPC

publireportage

Evolutis DPC, la structure de DPC commune à l’ACFM, l’AFORSPE et FORMUNOF, a tenu début décembre, la 5e édition des Automnales du DPC. Avec une affluence record, cette formule présentielle et interdisciplinaire confirme son succès.

Alors que le dispositif de DPC traverse des turbulences depuis quelques années, les faits montrent que les médecins libéraux ad-

hèrent pleinement à ces formules de formations présentielles d’envergure. Les Automnales du DPC, un événement organisé depuis 5 ans par Evolutis DPC, témoignent de cet engouement. Organisé à Paris les 1er et 2 décembre dernier, l’événement, qui présentait 25 formations sur 48 h, a accueilli 454 participants et 55 experts, soit plus de 500 praticiens. Une affluence record qui confirme l’enracinement de ce type de for-mation présentielle, basée sur l’échange de pra-tique interdisciplinaire et une pédagogie axée sur la résolution de cas pratiques. « Nous sommes satisfaits de cette édition de fin d’année, marquée par une forte participation assortie d’un niveau de satis-faction élevée », indique Vincent Bouic, Directeur du développement d’Evolutis DPC. « L’événe-ment a bénéficié d’une sélection pertinente de thèmes scientifiques pour de nombreuses spécialités mais a clairement profité aussi d’un lancement largement anticipé et surtout du prolongement de l’enveloppe de financement de l’Agence Nationale du DPC qui a permis d’accueillir des participants jusqu’au dernier moment... ».

Un partage entre spécialitésL’originalité des Automnales est aussi de faire se rencontrer et échanger les différentes spécialités entre elles. À l’occasion de cette 5e édition, près d’une douzaine de verticalités étaient présentes

telles que les pédiatres, les dermatologues, les hépato gastroentérologues... Et on comptait près de 40 % de médecins généralistes. Grâce à ce véritable brassage, les partages de connais-sances et de compétences s’exercent au-delà des métiers. Et les échanges sont d’autant plus riches que les participants viennent de quasi-ment toutes les régions de France. « D’une année sur l’autre, un socle de fidèles revient régulièrement, mais de nouveaux venus rejoignent l’événement, ce qui prouve que la réputation des Automnales du DPC progresse » conclut Vincent Bouic.

Vers une offre plurielle et bien structuréeL’objectif est maintenant de préparer la pro-grammation des opérations pour 2018, et elle se construit dès maintenant en présentiel avec les régions et les verticalités. Evolutis DPC prépare par ailleurs la 11e édition des Printemps du DPC (Paris - 1er et 2 Juin 2018), un autre rendez-vous solidement installé dans le paysage du DPC. Et la structure s’investit également dans les nouvelles possibilités techniques permettant d’initier des programmes de DPC virtuels – non présentiels. Enfin, elle poursuit le développement des Régio-nales du DPC, une formule de proximité attractive pour les praticiens qui ont des difficultés à se dé-placer à Paris. Grâce à Evolutis DPC, c’est donc une offre de formation plurielle qui sera dispo-nible, à partir du 15 janvier 2018, pour l’ensemble des médecins libéraux souhaitant participer à un DPC de haute qualité scientifique.

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Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201821

Faute d’avoir transmis à l’adminis-tration un agenda programmé de mise aux normes de leurs locaux pour les personnes handicapées, les médecins libéraux encourent une amende de 1 500 euros. Une aubaine pour certaines sociétés peu scrupuleuses qui jouent sur la peur de la sanction pour leur vendre des prestations inexistantes à des tarifs prohibitifs. Explications et solutions.

Un médecin averti en vaut deux. Depuis le mois de septembre 2015, les médecins libéraux

sont tenus de déposer un dossier d’accessibilité à leur cabinet médical pour les personnes handicapées, en mairie ou en Préfecture. Prévue par la loi du 11 février 2005, cette obligation légale est désormais assortie d’une sanction pécuniaire pour les établissements qui n’auraient pas soumis à l’administration un agenda détaillé de mise aux normes de leurs locaux. Une aubaine pour des sociétés commerciales peu scrupuleuses qui n’hésitent pas à forcer la main des médecins libéraux. Diagnostic d’accessibilité, conseil, assistance : ils proposent des prestations à des tarifs prohibitifs, quitte à se faire passer pour des

représentants des tutelles. Contactés par courrier, par téléphone ou par mail, de nombreux praticiens font l’objet de demandes insistantes, agressives et parfois menaçantes. « Je suis très régulièrement sollicitée à ce sujet. Nous assistons à une recrudescence de ces démarchages abusifs, qui se sont accentués ces dernières semaines. Ces pratiques sont totalement illégales. Leurs auteurs jouent sur la peur de la sanction pour parvenir à leurs fins », confirme Sylvie Aubry, directrice juridique de la CSMF. Précision de circonstance : l’amende forfaitaire pour l’absence (non justifiée) de dépôt du projet d’agenda d’accessibilité programmée est de 1500 euros, en vertu d’un décret publié le 11 mai 2016.

Quelques conseils pratiquesDe multiples avertissements ont été diffusés pour mettre en garde les professionnels concernés, dont les médecins libéraux. À titre d’exemple, le ministère de l’Envi-ronnement, de l’Énergie et de la Mer et celui du Logement et de l’Habitat durable ont mis en ligne une bro-chure informative. Ce document électronique fournit notamment des conseils pratiques pour déjouer les pièges et indique la conduite à tenir en cas d’abus avéré. Ce n’est pas la

seule initiative en cours. La DGC-CRF a également rappelé à l’ordre les prestataires qui empruntaient à l’administration ses codes de com-munication pour alimenter la confu-sion.

Ces agissements malveillants né-cessitent quelques précautions d’usage : n’acceptez une prestation tarifée qu’en pleine connaissance de cause, ne donnez jamais vos coor-données bancaires par téléphone et signalez les demandes suspectes à la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP). « Tenez ces prestataires à distance, ne vous laissez pas intimider, résistez à la pression et ne payez surtout pas ! », sou-ligne Sylvie Aubry. Si le paiement a été effectué, vous pouvez exiger un remboursement auprès de la société concernée ou attenter un recours en justice, en vous portant partie civile.

Dernière obligation en date, les mé-decins libéraux doivent mettre à la disposition du public un registre thématique depuis le 30 septembre dernier. Consultable sur place ou sur le site Internet du cabinet médical, il contient toutes les informations es-sentielles sur le niveau d’accessibili-té du cabinet.

NB : retrouvez plus d’informations sur www.accessibilite.gouv.fr

à la loupeAgenda d’accessibilitéprogrammée : gare aux arnaques !

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À LIREDavid Bowie n’est pas mort,Sonia David

En l’espace d’une année, Hélène perd une mère égocentrée, théâ-trale et intransigeante et un père admiré et chéri. Ainsi que David Bowie. S’il n’est pas difficile de comprendre que la disparition inattendue d’une mère agaçante et la mort pourtant prévisible d’un père malade puisse donner matière à roman, la présence insolite de la rock star a de quoi surprendre. Pourtant, faisant fonction de cata-lyseur, elle est ici primordiale. Elle déplace le récit de son sujet appa-remment central, la mort des pa-rents, vers le champ plus large et complexe des rôles assignés à cha-cun dans une famille et la difficulté d’y échapper. Car telle une ma-deleine de Proust des temps mo-dernes, la mort de Bowie libère une vague de souvenirs qui renvoient soudain la narratrice à son ado-lescence. Cela lui permettra de re-mettre en perspective une histoire figée par les années, lui donnant un sens nouveau, apaisant et libéra-teur. Avec beaucoup de pudeur et une sincérité sans concessions, So-nia David nous livre ici une histoire de transcendance pleine d'amour et de douceur.

David Bowie n’est pas mort,Sonia David. Robert Laffont,

180 pages.

À VOIRÉtranger résident. La Collection Marin Karmitz.La Maison RougeLa collection du fondateur des ci-némas indépendants MK2, Marin Karmitz, exposée jusqu’au 21 jan-vier prochain à La Maison Rouge révèle de façon éclatante comment une collection peut à elle seule faire œuvre. Par la cohérence de ses ac-quisitions, par la sensibilité qu'elle révèle, par la vision intime et singu-lière du monde qui s'exprime. Au fil des salles, c'est le visage en creux de Karmitz qui se dessine. Un cou-loir d’abord, où une vingtaine de clichés accueillent le visiteur pour le conduire jusqu’à l’incroyable portrait du petit mineur de Got-thard Schuh. Comme un long plan séquence. Nous sommes bien ici chez un homme de cinéma. Révolté et résistant à l’image du gamin qui n’est pas sans rappeler le Doinel des 400 Coups. Un homme sans terre, exilé de Roumanie, comme les gitans de Joseph Koudelka, cet Étranger résident qui donne son nom à l’exposition. Un homme marqué par la shoah, comme le rappellent les œuvres de Boltanski et d’An-toine d’Agada. Un homme engagé à la façon de Lewis Hine qui pho-tographia inlassablement les plus pauvres dans l’Amérique du dé-but du XXe siècle. Une exposition comme une autobiographie. A voir absolument.

Étranger résident, La maison rouge10, boulevard de la Bastille

75 012 Paris - Tél. 01 40 01 08 81

Ouvert tous les jours sauf le lundi et le mardi de 11h à 19h. Nocturne le

jeudi jusqu’à 21 h.

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Imaginé par Vincent Ledoux, pho-tographe et Sandrine Place, sty-liste, 12 vues est un nouveau guide de voyage qui propose en douze images et une trentaine d’adresses essentielles des parcours à la dé-couverte de villes européennes demeurées jusqu’ici relativement secrètes. Bien loin des clichés qui résument trop souvent une des-tination à quelques quartiers et monuments galvaudés, il dresse le portrait intime et singulier d’une ville. Idéalement conçu pour des échappées de quelques jours, 12 vues entrainent le voyageur au cœur de lieux authentiques. Grâce à une sélection d’adresses confi-dentielles, il saura où dormir, boire un verre, découvrir ou flâner sans risquer de tomber dans des pièges touristiques. Les rubriques claires et les cartes simplifiées du guide permettront à chacun de se repérer très facilement. Sa maquette élé-gante et à ses photos magnifiques font de 12 vues un objet à part en-tière que l’on aura plaisir à conser-ver bien au-delà du voyage. Les trois premières villes parues sont Manchester, Sarajevo et Naples. Hambourg, Reykjavik et Porto ver-ront le jour en 2018.

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de vente sur le site : www.12vues.fr

à lire, à voir

Le Médecin de France n°1297 • 15 janvier 201822

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