20120303- pétage moonwalk

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Île d’Amour (Grenoble) – le 3 mars 2012Quand la Moonwalk se fait la malle

Théo a spoilé la nouvelle. Ce compte-rendu fera office de communiqué de presse.

Les faitsCe samedi 3 mars 2012, vers 16h (GMT+1), des fous de la sangle

molle tendaient 240m de sangle Moonwalk au parc de l’Île d’Amourde Grenoble. Les 4 personnes qui tiraient lentement (mais sûrement)sur le système 18:1 (quadruple poulies Armstrong 1 avec un renvoiau Ti-block) se sont retrouvées les fesses par terre le regard médusépar ce qu’ils venaient de voir.La Moonwalk venait de casser au tiers et avait été propulsée auxdeux extrémités du champ comme l’élastique qu’un collégien auraitlancé sur son professeur de français.Vous pouvez voir ci-contre un tracé montrant la ligne et le point derupture.

La Moonwalk a cassé. Les faits sont là. Mais comment cela a-t-il puarriver ? Quels paramètres sont-ils entrés en jeu ?C’est ce que je vais tenter de décrypter ici.

La tensionOn ne pourra pas nous reprocher de ne pas avoir pris notre tempspour monter et tendre la ligne.A pied d’œuvre vers 14h30, nous avons commencé par monter lesancrages. Puis nous avons déroulé et dévrillé la ligne. C’est à ce moment que Théo a remarqué une zone debrûlure sur environ 80cm. Elle se trouvait à 100m de l’ancrage nord (point rouge sur la photo ci-dessus)Sous son regard interrogateur, je lui ai expliqué que la sangle avait glissé dans le banana lors d’une sessionoù j’avais tendu 150m en solo. Je reviendrai sur cet évènement un peu plus loin.Nous avons inspecté la sangle sur cette zone et avons vu qu’elle semblait fragilisée. De nombreuses fibresétaient brûlées comme le montre la photo ci-dessous.

Mais nous ne nous sommes pas inquiétés plus que cela. Enfin, surtout moi.



Nous avons ensuite commencé à tendre, doucement. La ligne s’est élevée.Nous nous sommes arrêté un bon moment car je souhaitais vérifier que la sangle partait bien droit dans lebanana à l’ancrage nord. Lorsque je fus de retour, Julien nous avait abandonné pour conseiller Nina sur la40m. Puis Théo s’éclipsait dans les fourrés pour un moment intime avec lui-même. Puis j’ai été medégourdir les jambes avec un aller-retour sur cette même 40m lorsqu’elle fût libre.Enfin, vers 16h, nous reprenions la tension de la240m.Il n’y eut aucun à-coup. Le renvoi 18:1 nous a permis

de tirer lentement, sans forcer, à 3 puis 4.Et ce fût durant cette phase qui, normalement, auraitdû nous conduire à une ligne de 240m avec 3,5menviron de flèche, que la sangle a soudainement cassé.Il n’y eut aucun son annonciateur du désastre. Lasangle s’est déchirée d’un seul coup. La famille qui

jouait au badminton à proximité nous l’a confirmé.

ConstatationLa sangle s’est déchirée d’un seul coup. Ceci est

certainement dû aux nombreuses fibres déjàendommagées que montre la photo de comparaison ci-dessus.Nous ne sommes pas dans le cas où seules certainesfibres d’une zone réduite de la sangle sont fragiliséeset cassent les unes après les autres (cas que j’ai euavec ma Norvégienne de 50m et que mon pote Manudes Têtes de Nœuds a eu avec sa Darkblue). Donc, pasde bruits métalliques annonciateur de la rupture.Ici, toute la largeur de la sangle est fragilisée. Ladéchirure ci-contre montre bien que la sangle s’estrompue d’un bord à l’autre comme on déchire unefeuille de papier.De plus, la tension ne devait pas avoir atteint les 1t.Nous étions 4 à tirer sans trop forcer. Mais comme nous n’avons pas contrôlé les marqueurs de tension, nousne pouvons nous avancer sur ce point.

ConclusionAvant de revenir sur l’origine de la brûlure, nous constatons que la résistance de la sangle a été diminuéed’au moins de moitié à cause de cette zone de brûlure.

Ainsi, je vous recommande d’inspecter scrupuleusement votre sangle, surtout si vous allez tendre unehighline. La moindre faiblesse nuit à l’intégrité de la sangle et change fondamentalement sescaractéristiques.

Origines de la brûlureJe vais à présent vous exposer comment ma sangle a été brûlée.Il y a plusieurs paramètres qui se sont additionnés, deux étant d’origine humaine, donc des erreurs que

j’aurai pu éviter.

Il y a quelques semaines, début février, je décidais d’une après-midi longline. Je voulais tendre 150m.

J’ai fait exactement la même installation que pour la 240m de Grenoble : bananas à chaque extrémités,manilles pour tenir les quadruples poulies avec un renvoi supplémentaire au Ti-block.Lors de la tension, alors que la sangle était presque tendue (2,5m de flèche, soit environ 1,2t de tension), lasangle a glissé dans le banana côté poulies.



Passé la stupeur, je détends et constate les dégâts. Lasangle était brûlée sur 80cm environ. Elle a glissédans le banana alors que le montage utilisé était lemontage n°3 préconisé par Slack.fr, celui permettantd’exploiter au maximum le rendement du banana (etqui bloque la sangle, évitant qu’elle ne glisse dans lebanana, car la moonwalk est glissante).C’est la raison pour laquelle, à Grenoble, ce samedi 3

mars, j’ai pris encore plus de précaution et j’ai fait lemême montage, mais à double. C'est-à-dire, que j’aiplié la sangle en deux comme le montre la photo ci-contre.Après réflexion, voici les erreurs que j’ai faite :

- J’avais oublié de monter le boulon de l’axecentral du banana.Après examen, cet axe semblait avoirfortement tourné sur lui-même car le pas de lavis était incrusté (pratiquement soudé) dans laplaque contre laquelle le boulon aurait dû être

serré.Je pense que l’absence de ce boulon est lacause principale du glissement de la sangle carsans le boulon, la vis de l’axe centrale a putourner sous la tension exercée par la sangle.

- De plus, les bananas partaient de travers, desdeux côtés, à cause du montage en têted’alouette des élingues. J’avais oublié de lescontrôler et de les ajuster au début de latension.

- Et enfin, sous l’action du vent, la sangles’enroulait sur elle-même.

Je pense que les deux derniers points n’ont pas eu unegrande implication dans le glissement de la sangle. Mais je les prends en compte néanmoins comme facteursaggravants.Avec le recul, je pense que si j’avais été attentif (car j’avais l’esprit ailleurs), je n’aurai pas oublié de mettrele boulon de l’axe central du banana. Et si je n’avais pas été si pressé, j’aurai contrôlé les ancrages en coursde tension.

Conclusion généraleLorsque vous tendez une longline (à partir de 50m à mon avis), je vous conseille :

- d’être paranoïaque et d’utiliser le montage n°3 (au minimum) pour le banana, quelque soit la sangleque vous utilisez. Pour ma part, au-delà de 100m, c’est montage n°3 à double, sauf avec uneDarkblue car elle est épaisse,

- D’être paranoïaque et de contrôler vos ancrages dès le début de la tension. Vérifiez que la sangle partbien droit dans les bananas. Si elle vrille ou est mal ajustée, détendez et refaite le montageproprement,

- D’être paranoïaque et de vérifier que vos mousquetons sont bien fermés, que rien ne manque,- D’être paranoïaque et de leasher le système de tension (poulies+bananas) au point d’ancrage au cas

où, malgré tout, il y aurait rupture de la sangle,- Et de contrôler votre sangle lors de la phase de dévrillage (et d’en prendre soin en toute

circonstance).

Bon slack.Matthieu B.

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