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Thérapeutique
Titre du cours Page 1 sur 14
Les opioïdes
2020
Professeur : Aude Ferran
Plan du cours
Introduction : .............................................................................................................................. 3
I. Rappel sur la douleur : ....................................................................................................... 3
II. Caractéristiques des opioïdes ............................................................................................ 4
A. Les effets des opioïdes .................................................................................................... 5
B. Pharmacocinétique ......................................................................................................... 5
C. Usages ............................................................................................................................. 6
1. Comme analgésiques ............................................................................................... 6
2. Comme sédatifs ....................................................................................................... 6
3. Comme antitussifs ................................................................................................... 6
D. Les effets indésirables ................................................................................................. 6
1. Hémodynamique/cardiovasculaire .......................................................................... 6
2. Respiratoire .............................................................................................................. 7
3. Vomissements .......................................................................................................... 7
4. Motilité intestinale ................................................................................................... 7
5. Urinaire .................................................................................................................... 8
6. Phénomènes de tolérance et de dépendance ......................................................... 8
III. Les différents opioïdes utilisés ........................................................................................... 8
A. Morphine hors AMM ..................................................................................................... 9
B. Fentanyl ........................................................................................................................... 9
C. Méthadone .................................................................................................................... 10
D. Buprénorphine ........................................................................................................... 11
E. Butorphanol................................................................................................................... 11
F. Tramadol ....................................................................................................................... 12
IV. Quelques remarques ........................................................................................................ 13
A. L’apomorphine .............................................................................................................. 13
B. L’utilisation des opioïdes chez le chat ........................................................................ 13
C. L’utilisation des opioïdes chez le cheval ....................................................................... 13
V. Les antagonistes des opioïdes .......................................................................................... 13
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A. Naloxone ....................................................................................................................... 13
B. Nalbuphine .................................................................................................................... 14
VI. Interactions entre opioïdes .............................................................................................. 14
Petit test Socrative en début de cours :
• Les récepteurs aux opioïdes sont :
a. Alpha, beta, gamma
b. Delta, mu, kappa
c. à 7 domaines transmembranaires
d. des canaux ioniques
Réponse : b est vraie, ce sont des récepteurs à 7 domaines transmembranaires (famille des
RCPG)
• La buprénorphine est :
a. Plus puissante que la morphine
b. Plus efficace que la morphine
c. Un agoniste des récepteurs mu
d. mydriatique chez le chat
Réponses : a, c et d sont vraies. Tous les agonistes des récepteurs mu (morphine, fentanyl…)
sont mydriatiques chez le CHAT mais ils entraînent un myosis chez le chien.
• Le butorphanol est :
a. Plus analgésique que sédatif
b. Plus sédatif qu’analgésique
c. Agoniste des récepteurs mu
d. Utilisable seul en tant qu’analgésique
Réponse : b est vraie, c’est un très bon sédatif chez le cheval
• Le tramadol est :
a. Agoniste des récepteurs mu
b. Un bon analgésique chez le chien
c. Utilisable par VO chez le chien
d. un opioïde bien toléré chez le chien
Réponse : a est vraie mais l’affinité est faible donc il faut utiliser de très fortes concentrations.
Les réponses c et d sont également vraies.
• Lors de l’association de buprénorphine et de morphine, vous verrez :
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a. Un effet analgésique cumulatif des 2
b. Un effet analgésique de la buprénorphine
c. Un effet analgésique de la morphine
d. Aucun effet analgésique
Réponse : b est vraie. En effet, la buprénorphine a une plus grande affinité que la morphine
pour les récepteurs ! De ce fait, seule la buprénorphine jouera le rôle d’analgésie, et enlèvera
l’effet de la morphine. Idem avec le fentanyl qui a une plus grande affinité pour les récepteurs
mu que la morphine.
I. Introduction :
Les opioïdes sont composés des opiacés (dérivés de l’opium issu du pavot) et de
molécules synthétiques qui se lient aux récepteurs aux opioïdes (fentanyl, méthadone
etc…). Ils existent des opioïdes endogènes :
• Endomorphine= Récepteurs mu
• Enképhalines = Récepteurs delta
• Dynorphine = Récepteurs kappa
De ce fait, on a trois types de récepteurs possibles : Mu, Delta et Kappa.
I. Rappel sur la douleur :
Tout part d’un stimulus douloureux, le signal est transmis par deux types de fibres
Aδ ou C. Les fibres Aδ sont myélinisées, tandis que les C ne le sont pas et
véhiculeront un message plus lent. Le corps cellulaire de ses fibres se trouve dans un des ganglions dorsaux de la moelle épinière.
Le message ensuite est transmis à un autre neurone au niveau de la corne dorsale
de la moelle épinière. C’est le site relais pour les voies ascendantes qui remontent
vers le cerveau, et c’est également un site important d’action des opioïdes
endogènes et exogènes. Les interneurones peuvent moduler la communication entre
les protoneuones (fibres Aδ et C pour les messages douloureux et fibres abeta pour les non douloureux)et les neurones ascendants)
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Les opioïdes vont intervenir sur ces 3 types de neurones (protoneurones, neurone ascendant, interneurone). Les synapses d’intérêt sont donc principalement dans la corne
dorsale de la moelle épinière. Des récepeteurs aux opioïdes sont également présents dans l'encéphale.
La synapse dans la corne dorsale a un neurotransmetteur principal : le glutamate
qui va se fixer sur son récepteur post synaptique, le récepteur AMPA ionotropique
(Na+), c’est la voie rapide.
Lorsqu’on a un signal douloureux chronique, de nouveaux récepteurs et de
nouveaux neurotransmetteurs peuvent être impliqués dans la transmission de la
douleur. Ce neurotransmetteur est la substance P qui se fixe sur les récepteurs
NMDA ionotropique (Ca2+). Ces récepteurs s’activent uniquement si la fibre est
dépolarisée de manière persistante, donc en cas de chronicité. La substance P est
impliquée surtout lors de douleur lente et chronique.
Rq : la kétamine étant un antagoniste des récepteurs NMDA, ce qui peut expliquer
ses effets sur les douleurs chroniques !
Il existe des voies descendantes inhibitrices, partant de l'encéphale vers la moelle épinière, qui peuvent moduler (réduire) la douleur. Les neurotransmetteurs mis en jeu
sont principalement la sérotonine, la noradrénaline et les opioïdes endogènes.
II. Caractéristiques des opioïdes
Les récepteurs aux opioïdes sont situés au niveau de la corne dorsale de la moelle
épinière et de l’encéphale (thalamus, cortex, matière grise périaqueducale)
Ils existent trois types de récepteurs : Mu, Kappa, Delta et ce sont des récepteurs couplés
à une protéine G, à sept domaines transmembranaires.
La liaison d’un agoniste avec un récepteur aux opioïdes va engendrer deux phénomènes :
- Une inhibition de l’entrée de Ca2+ dans le neurone présynaptique, le
neurotransmetteur n’est alors pas libéré, la quantité de glutamate dans la fente
synaptique diminue et l'activation du neurone post-synaptique diminue.
- Une sortie de K+ dans le neurone postsynaptique entrainant une
hyperpolarisation. La dépolarisation est imposible et la transmission du message le long du neurone vers l'encéphale est bloquée.
La résultante est un blocage du signal douloureux.
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Le neurone descendant et
l’interneurone permettent de
moduler la douleur par
libération d’opioïdes endogènes
(ce qui est entouré en rouge sur
le schéma) au niveau des protoneurones (neurones Iaires) ET du neurone
ascendant.
A. Les effets des opioïdes
Les effets sont différents selon les récepteurs.
• Un agoniste des récepteurs Mu induira une analgésie. Les effets secondaires
possibles sont un myosis (mydriase chez le CT), de l’euphorie, une dépression
respiratoire, une dépendance.
La dépression respiratoire est la plus limitante pour l'usage vétérinaire. Les problèmes
de dépendance sur les animaux sont rares car les prescriptions dépassement très rarement une semaine.
• Un agoniste des récepteurs Kappa induira une sédation, une légère
analgésie et un myosis (toujours mydriase chat).
Remarque : il n’existe pas de médicament agoniste des récepteurs Delta en véto.
Il faut être conscient qu’en fonction de l’affinité d’une molécule pour l’un ou l’autre des
récepteurs, les effets seront différents.
Il est important de connaître les effets induits par les agonistes mu, kappa et par leur combinaison.
B. Pharmacocinétique
Les opioïdes ont une demi-vie plasmatique courte, ce qui implique des administrations répétées ou des perfusions pour maintenir les effets. (Intervalle d'administrations: Morphine : 4h, Buprénorphine : 6-8h, Fentanyl : perfusion).
Ils ont une faible biodisponibilité par voie orale. En effet, ils sont absorbés à travers la
muqueuse intestinale mais détruits lors du premier passage hépatique. Il faut donc les
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administrer par voie parentérale (injection), le tramadol est une exception avec son
administration par VO (voir plus bas).
Ce sont des bases faibles très lipophiles, qui diffusent donc aisément au système
nerveux central où se situent les récepteurs.
C. Usages
1. En tant qu'analgésiques
C’est l’effet le plus recherché !
Les opioïdes permettent l’inhibition de la transmission des stimuli nociceptifs à
l’encéphale. Ils sont plutôt utilisés pour des douleurs aiguës car leur efficacité est moindre sur les douleurs chroniques. Le niveau d’analgésie possible dépend de la dose et
de la molécule.
2. En tant que sédatifs
Les opioïdes et principalement les kappa agonistes (butorphanol) ont un effet
sédatif très utilisé chez les chevaux. Pour cet effet ils sont utilisés en combinaison,
avec des α2- agonistes. Les deux molécules se potentialisent ce qui permet de
diminuer les doses et les effets indésirables.
Chez les chats, les opioïdes sont moins sédatifs que chez le chien et le cheval car
les récepteurs sont répartis différemment dans l’encéphale.
3. En tant qu'antitussifs
Ils pourraient inhiber le centre de la toux par liaison aux récepteurs mu et kappa.
Mais leur utilisation pour cette indication est peu recommandée car il y a encore peu de preuve de leur efficacité et d'un rapport bénéfice/risque favorable.
D. Les effets indésirables
1. Hémodynamique/cardiovasculaire
Ils ont très peu d’effets indésirables sur ces systèmes.
La bradycardie et surtout la vasodilatation interdisent de les utiliser lors d’œdème
cérébral mais les opioïdes restent utilisables sur des animaux débilités.
Cas particulier : En cas d’injection en bolus IV de morphine chez le CHIEN une, il y a
libération d’histamine qui peut engendrer un choc allergique. Il faut donc toujours
l’injecter lentement !
Dans le cas d’un animal instable, l’opioïde le plus sûr (entrainant le moins d’effet) est le
fentanyl.
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2. RespiratoiresLa dépression respiratoire est fréquente, cet effet est dû à une absence de
réponse physiologique à l'augmentation de la pression partielle en CO2. Pour gérer ladépression respiratoire induite par les opioïdes, il faut administrer un antagoniste des
récepteurs mu : la naloxone. Par exemple, lors d’une césarienne avec administrationd'opioïdes à la mère, une administration d’un antagoniste des récepteurs mu
(naloxone) aux petits peut être nécessaire pour éviter/limiter cette dépression
respiratoire.
3. Vomissements
Ces effets sont particulièrement présents dans le cas d’utilisation de morphine sur le
CT.
Ils entrainent une stimulation de CRTZ (centre du vomissement) et des récepteurs
dopaminergiques D2. Les vomissements sont fréquents après la 1ère
administrations puis régressent souvent. Rq : lors de sédation, ces vomissement sont moins fréquents car il y a moins d’action sur
le centre du vomissement.
4. Motilité intestinaleIl y a des récepteurs mu dans les plexus sous-muqueux et myentériques du tube
digestif. Les opioïdes en s’y fixant entrainent une diminution de la motilité et des
sécrétions.
Souvent, l’animal défèque après la première administration puis il y a une constipation
quasi-systématique, en particulier chez les chevaux. Il est possible chez les carnivores
domestiques, d’utiliser des laxatifs pour contrebalancer ces effets indésirables.
On a aussi une diminution de la vitesse de vidange gastrique qui peut entrainer un
retard d’absorption et un délai d'effet des médicaments administrés par voie orale.
Cas particulier CV. On a vu que les opioïdes pouvait induire une constipation, ce qui
peut être problématique. On peut néanmoins utiliser la morphine chez le cheval, mais il
faudra être attentif à la production de crottin (toutes les 2-3heures !). Il ne faut pas réadministrer d'opioïdes tant que le cheval n'a pas émis de crottins.
Remarque : il existe des opioïdes particuliers qui n’agissent qu’au niveau intestinal :
le lopéramide (imodium ND, humaine) et le diphenoxylate (Diarsed ND). Ils ont une indication lors de diarrhée car ils bloquent le transit. Les pompes à efflux sur l'épithélium intestinal renvoient vers la lumière intestinale toutes les molécules qui pourraient franchir les entérocytes. Ces mêmes pompes à efflux renvoient vers la circulation sanguine les molécules qui pourraient franchir la BHM. Ces molécules ne peuvent pas atteindre le SNC et n'ont donc aucun effet analgésique ou sédatif.
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5. Urinaire
Les opioïdes ont tendance à favoriser la rétention urinaire. En effet, les agonistes
des récepteurs mu ont une action antidiurétique par augmentation du tonus du
sphincter. Il y a donc une contre-indication lors de globe vésical. Cependant sur un
animal sain, ils ne posent pas de problème particulier.
Les agonistes des récepteurs kappa ont au contraire une action diurétique.
6. Phénomènes de tolérance et de dépendance
Tolérance : Diminution progressive de la sensibilité d'un individu aux effets d'une
molécule. Une dose supérieure est requise pour obtenir les mêmes effets.
Il y a un risque de tolérance en cas d’utilisation sur une longue durée (très peu
fréquent en médecine vétérinaire).
Dépendance : envie répétée et irrépressible de reprendre le médicament.
Elle se manifeste par un syndrome de sevrage (agitation, tremblements, diarrhée,
vomissements) qui est possible lors du retrait d’un agoniste des récepteurs mu ou d’ajout
d’un antagoniste mu. C’est très rare en médecine vétérinaire.
Le principal effet secondaire à surveiller est la dépression respiratoire
III. Les différents opioïdes utilisés
Il existe 4 molécules avec AMM en France :
- Le butorphanol
- La buprénorphine
- Le fentanyl
- La méthadone
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Hors AMM, il existe la morphine.
On va revenir sur chacune de ces molécules séparément, et on le rappelle PAS DE VO.
A. Morphine hors AMM
C’est principalement un agoniste des récepteurs mu bien que la morphine soit aussi un agoniste des récepteurs kappa et delta. Elle engendre une analgésie dose-
dépendante.
Elle est encore très utilisée car peu chère (surtout en équine). Cependant en canine, son
utilisation sans AMM n’est pas vraiment justifiable d’après la cascade d’utilisation. Et il
reste le risque de libération massive d’histamine après bolus IV chez le chien.
Ses principaux effets secondaires sont la dépression respiratoire et les vomissements.
B. Fentanyl
C’est un agoniste des récepteurs mu très puissant. Il engendre une analgésie dose-
dépendante. Sa demi-vie est très courte, c’est pourquoi le mode d'administration est la perfusion.
Il est très sûr d’emploi car il a moins d’effets cardio-vasculaires que les autres opioïdes.
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Il existe en humaine des patchs dont l’efficacité chez l’animal est très aléatoire (à ne
pas utiliser). Une étude a été réalisée chez des chats. Bien qu'étant tondus, 2 chats sur
6 ont eu des concentrations de fentanyl indétectables dans le sang. Idem, 2 chevaux
sur 6 ont des concentrations de fentanyl dans le sang indétectables après application de 3 patchs par cheval. De plus, le délai d'effets pour les animaux qui ont des concentrations plasmatiques suffisamment élevées en fentanyl est d'au moins 18h.
La solution transdermique a eu son AMM retirée récemment. Lors de l’étude, la
concentration dans le sang était de 0,9 +/- 1 ng/mL!
L'usage par voie transdermique est totalement inadapté lors de chirurgie. Pour les autres situations que la chirurgie, l'usage transdermique reste hors AMM et déconseillé et un suivi de la douleur doit obligatoirement être effectué. Il faut
également être prêt à prendre le relais autrement, si l’animal n’y est pas réceptif.
C. Méthadone C’est un agoniste plein des récepteurs Mu (comme la morphine et le fentanyl). C’est
donc un très bon analgésique.
Elle a deux propriétés particulières :
- Antagoniste NMDA (comme la kétamine). Elle est donc favorable lors de
douleurs chroniques
- Elle prévient la recapture de la 5HT (sérotonine) et de la noradrénaline. Ce
sont les voies descendantes de la douleur donc la méthadone amplifie la
diminution de la douleur ce qui est très intéressant pour la douleur
chronique. Le mécanisme d'inhibition de la recapture de 5HT et de noradrénaline est identique à celui des anti-dépresseurs
Elle a donc des effets intéressants pour les douleurs aigues, mais également chroniques.
Sa demi-vie est assez longue : 10h chez le CN (jusqu’à 4 h d’effet analgésique). C’est un
très bon analgésique chirurgical, bien meilleure que la buprénorphine (agoniste partiel).Elle confère également moins de vomissements que la morphine, mais elle est moins
sédative.
RQ: Le greyhound avoir besoin de doses plus élevées
La méthadone peut aussi engendrer une diminution de la fréquence cardiaque
suivie d’une augmentation persistante de la résistance vasculaire (ressemble à ce
qu’on a avec les alpha-2 agonistes : hypertension suivie de bradycardie). Elle est donc un peu moins intéressante sur les animaux instables du point de vu cardiovasculaire que le fentanyl.
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D. Buprénorphine
C’est un agoniste partiel à forte
affinité pour les récepteurs mu. Cela veut dire qu’elle se lie facilement au récepteur mais qu’elle ne va pas l’activer autant que le
feraient la morphine et le fentanyl (agonistes pleins) par exemple.
Il y a donc moins d’effets secondaires (vomissements, dysphorie, dépendance…).
C’est aussi un antagoniste des récepteurs kappa mais ça n’a pas de réel impact pharmacologique.
Sa demi-vie est plus longue que la morphine, et il est possible de la donner par voie
transmuqueuse (hors AMM mais pratique) en mettant quelques gouttes sous la
langue.
La buprénorphine est plus puissante que la morphine (il en faut moins pour se fixer au
récepteur mu), mais possède une analgésie plafond (palier II). L'augmentation de la dose ne permet pas d'augmenter l’analgésie au-delà d'un certain seuil.
Rq : bien garder en tête que si on a mis de la buprénorphine et que l’analgésie est
insuffisante, l'ajout de morphine tant que la buprenorphine est présente n'aura aucun effet !
E. Butorphanol
C’est un agoniste des récepteurs Kappa, son effet principal est donc la sédation. On a
aussi une légère analgésie car il est agoniste partiel des récepteur mu.
Il est possible de réverser une dépression respiratoire engendrée par la morphine
grâce au butorphanol qui a plus d’affinité pour les récepteurs mu que la morphine
tout en maintenant une analgésie légère. (L’autre possibilité de réversion, la plus classique et la plus efficace, est d’administrer de la nalaxone mais on perd tous les
effets de la morphine dont l’analgésie (voir plus bas)).
Le butorphanol a donc une analgésie légère et son indication principale est la sédation !
Remarque : Il ne faut surtout pas confondre sédation et analgésie. Chez un cheval,
l'effet sédatif peut poser problème pour évaluer l’analgésie.
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Lors d'utilisation de butorphanol, il faut prévoir l'administration concomittante de molécules analgésiques si la procédure est douloureuse.
Chez le chat, il a été montré que l’analgésie avec du butorphanol est insuffisante
pour une ovario-hystérectomie alors que la buprénorphine est suffisante. Attention : Un fabriquant a réussi à faire appeler son médicament contenant du butorphanol
Dolorex. Cela sous-entend qu’il y a un effet analgésique mais ce n’est pas le cas !
Attention à ne pas l’utiliser en cas d’insuffisance cardiaque car il augmente la
pression artérielle pulmonaire et le travail cardiaque.
F. Tramadol
Il vient d’avoir son AMM en France par voie orale et injectable, mais uniquement
car il a obtenu une AMM en Italie, et que de fait, la France ne peut pas lui refuser.
Cependant la France a fait modifier le RCP, qui stipule que les « effets analgésiques
peuvent être variables » et que le produit peut ainsi « échouer à produire une
analgésie »...
C’est un agoniste mu de faible affinité (ne fonctionne pas très bien). Son principal effet
est qu’il entraine une inhibition de la recapture de la sérotonine (=5HT) et de la
noradrénaline. L’effet est donc globalement antidépresseur.
Chez l’Homme le tramadol est métabolisé en M1 qui, lui, a une affinité 200 fois
supérieure au récepteur Mu. C’est ce métabolite qui est responsable des effets
analgésiques chez l’Homme. Par contre, ce métabolite M1 est très peu produit chez le
chien. De plus, le chien élimine le tramadol bien plus rapidement (2h contre 6 chez
l’Homme), idem pour le métabolite M1, qui est déjà peu produit.
De plus, une étude a montré des absorptions par voie orale très faibles et très variables
entre les individus ! (absorption de 65 ± 38 % chez le Beagle et 2.5 % chez le greyhound)
Pour finir, pour un même chien en cours de traitement, les concentrations chez un
même chien peuvent être plus de 70 % plus basses après 1 semaine de traitement qu'après le premier jour. Chez le chien, on a donc absence d’analgésie sur des douleurs aigües par voie IV et voie rale , et pas de bénéfice clinique démontrée lors d’arthrose chronique.
Rq : certains vétos l’aiment bien car il a peu d’effets secondaires, effectivement
puisqu’il n'active que très peu les récepteurs responsables des effets thérapeutiques mais aussi des effets indésirables.
Le chat quant à lui, a une conversion plus élevée du tramadol en M1 que le chien.
L’élimination de M1 est plus lente et le tramadol a une bonne biodisponiblité par VO
contrairement au chien. Bien que sans AMM, le tramadol semble donc fonctionner
chez le CT en indusant par conséquent les mêmes effets secondaires que les autres opioïdes (mydriase, sédation légère, euphorie légère, vomissements…).
Chez le cheval la métabolisation en M1 existe mais est très inférieure à l’Homme
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donc les effets sont aussi très incertains.
IV. Quelques remarques
A. L’apomorphine
Ce n’est pas un opioïde mais elle a une structure proche. Elle va aller stimuler le
vomissement par une activation de la zone CRTZ ou des récepteurs dopaminergiques
D2. C’est le médicament émétique par excellence chez le chien.
B. L’utilisation des opioïdes chez le chat
L’utilisation des opioïdes peut engendrer de la dysphorie/euphorie chez le CT. On
aura alors des roulades, mydriase, ronronnement, frottements, pétrissages… Ce n’est
pas dangereux !! Ni pour le propriétaire, ni pour le chat. Il suffit de savoir que c’est dû
aux opioïdes, que ça va passer mais ce n’est pas une raison pour ne pas les utiliser.
On peut aussi avoir une hyperthermie après l’anesthésie. Le mécanisme n’est pas bien
décrit mais il faut le surveiller.
Attention le chat métabolise plus lentement les opioides que le chien. Il ne faut pas
appliquer la même dose/kg que pour le chien.
C. L’utilisation des opioïdes chez le cheval
Le cheval sain (non douloureux) peut parfois (non démontré) se mettre à marcher
après l'administration d'opioïdes. Il peut aussi y avoir des tremblements, de l’agitation, de l’ataxie, des bâillements. Ces effets ont surtout été observés chez des animaux non algiques donc sains. Sur des animaux qui ont une douleur sévère, il est plutôt décrit que l'administration d'opioïdes diminue l'activité du fait de la diminution de la douleur. En effet, beaucoup de chevaux algiques sont hyperactifs.
Tous les effets sont dose dépendants (certaines études ont été réalisées avec des doses très élevées) et il existe une très grande variabilité inter et intra individuelle en
ce qui concerne cette hyperactivité.
V. Les antagonistes des récepteurs aux opioïdes Ils sont principalement utilisés pour réverser les effets des opioïdes lors de
dépression respiratoire.
A. Naloxone C’est le plus commun, c’est un antagoniste des réceptueurs mu et kappa.
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La naloxone prend la place de la morphine par compétition sur les récepteurs et
permet de diminuer la dépression respiratoire induite par la morphine ou un autre agoniste des récepteurs mu. Attention sa demi-vie est plus courte que celle de la
morphine. Il faut donc impérativement surveiller l’animal dans les heures qui suivent car
si la morphine n'est pas totalement éliminée et la dépression respiratoire va réapparaître. Dans ce cas, il faut ré-administrer de la naloxone.
B. Nalbuphine
Elle est moins utilisée.
La nalbuphine est un antagoniste mu et un agoniste kappa. Elle permet de
reverser une dépression respiratoire par l’antagonisme sur mu sans enlever
complètement l’analgésie.
Une fois qu’on a réversé avec ces antagonistes, on ne peut pas repasser à une
analgésie avec des opioïdes tant que les antagonistes ne sont pas éliminés car leur affinité pour les récepteurs est trop élevée. Si on veut une analgésie il faut passer à
d'autres familles de molécules (AINS, alpha-2)
VI. Interactions entre opioïdes
Les interactions ont lieu du fait de la compétition pour se lier aux récepteurs
En effet :
LES ACTIONS DES OPIOIDES NE SE SUPERPOSENT PAS !!!!
En cas de transition de la morphine vers a buprénorphine : la buprénorphine a plus d'affinité que la morphine. On va donc diminuer l’analgésie engendrée par la morphine
dès l’injection de buprénorphine.
• Buprénorphine + morphine = buprénorphine
On peut même parfois avoir un syndrome de sevrage lorsque la morphine est éliminée
des récepteurs.
En cas de transition de la morphine vers le butorphanol : le butorphanol peut
diminuer la détresse respiratoire associée à la morphine. L'analgésie sera alors légère
• Butorphanol + morphine = butorphanol