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CESAG -Centre Mricain d'Etudes Supérieures en Gestion
Banque Islamique du Sénégal (BIS)
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION
(DESAG)
Présenté par :
· Mlle Reine Tikoa LOMPO
Directeur de mémoire :
Dr Francis Serge SI MEN Tnseienant au CES~ÇJ
Année académique 2009-2010
M01 06DESAG1 0 2
1111~-~-~~~1111
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
DEDICACE
®tune dédicace ne saurait ex:pnmer
toute ma reconnaissance envers ma famille et plus spécialement mon père Jamano LOMPO et ma mère Adèle Clémence KABORE pour tous les sacrifices qu'ils ont consentis pour moi.
&n térnoignage de ma grande gratitude,
et de mon immense affection, je vous dédie ce mémoire. Puisse Dieu vous combler de ses bienfaits.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGfCESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
REMERCIEMENTS
L'élaboration de ce mémoire a nécessité 1' apport effectif de plusieurs personnes,
nous souhaitons dans cette partie leur témoigner notre gratitude.
• Le corps professoral du CESAG pour la qualité et la richesse de
renseignement que nous avons reçu,
• Notre Directeur de mémoire, Docteur Serge Francis SIMEN, qui en plus de
bien connaître le sujet, a le don rare de savoir aider les étudiants qu7 il
encadre à trouver les mots justes pour s'exprimer,
• Le Directeur des Ressources Humaines (DRH) de la BIS, Monsieur
Mapathé NDIA YE amsi qu7 à tout le personnel de la Banque Islamique, pour
leur disponibilité et pour la qualité des informations que nous avons
recueillies lors de l'entretien,
• A notre famille pour son soutien indéfectible,
• A nos camarades de classe: Augustin Friard COLY, Michel Samy DIATTA,
Pape Magatte T ALL
• A nos amis (es) Danniel SAWADOGO, Lizéta SAWADOGO et Azéta
ZALLE pour leurs divers apports.
A toutes les personnes qui de prés ou de loin, directement ou indirectement ont
apporté une aide quelconque pour r élaboration de ce document.
« A tous, nous exprimons notre très grande reconnaissance et nos
sincères remerciements ».
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
SIGLES ET ABREVIATIONS
AAB : Accounting Auditing Board
AAOIFI : Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institution:..
AlBI : Association Internationale des Banques Islamiques
BI : Banque Islamique
BID : Banque Islamique de Développement
BIS : Banque Islamique du Sénégal
BG : Board of Grievances
CESAG :Centre Africain d'Etudes Supérieures en Gestion
DJIM : Dow Jones Islamic Market Index
GE : Gouvernance d'Entreprise
lAS :International Accounting Standards
IASC : International Accounting Standard Commitee
IFRS : International Financial Reporting Standard
NIO : Negotiable Instruments Office
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 :Définitions d'organisations internationales de la gouvernance ................................. 8
Tableau 2 : Résumé succinct de quelques utilisations du concept de Gouvernance .................. 14
Tableau 3 : Les principaux instruments bancaires islamiques ................................................... 28
Tableau 4: Evolution et synthèse des différentes théories de la gouvernance ........................... 33
Tableau 5 : les mécanismes de la gouvernance ........................................................................ 36
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGfCESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION [)'UN [)(PLO ME [)'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (OESAG)
LISTES DES FIGURES ET SCHEMAS
Figure 1 : Stratégie générale pour développer un modèle théorique ................................. 41
Shéma 1 :La structure de fmancement du Saudi Chevron Petrochemical Project ........... 54
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGfCESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION {DESAG)
SOMMAIRE
1 NTRODUCTION .......................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : la gouvernance des banques islamiques : notre cadre de référence ••• 4
CHAPITRE 1 : FINANCE ISLAMIQUE ET MODE DE GOUVERNANCE : APPORTS THEORIQUES ••• 5
SECTION 1 : LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE : DEFINITION ET APPROCHE ........................... 7
l.Définition du concept de gouvernance ..................................................................................... 7
2 les modèles de gouvernance d'entreprise (GE} ....................................................................... 9
SECTION tr- LA PRESENTATION DU SYSTEME BANCAIRE ISLAMIQUE ..................................... 15
l-Ie concept islamique de la profession bancaire: les principes de la finance islamique ........... l5
2- l'organisation de la banque islamlque ................................................................................... l9
3- Les opérations bancaires islamiques ...................................................................................... 24
4 Difficultés rencontrées par les banques islamiques ................................................................ 28
SECTION Ill- LES REGlES DE GOUVERNANCE APPUCABLES AUX BANQUES ISLAMIQUES (BI) ....... .32
1- Les objectifs de la gouvernance .............................................................................................. 33
2 - Les théories de la gouvernance .............................................................................................. 33
3- Les mécanismes de la gouvernance ...................................................................................... 34
CHAPITRE Il: JUSTIFICATION DES CHOIX METHODOLOGIQUES ........................................... 39
Section 1 : Une problématique organisationnelle ..................................................................... 39
Section Il :Une méthodologie de recherche qualitative ......................................................... .40
SECTION Ill- L'ANALYSE DE CONTENU ........................................................................................ 41
SECTION IV- LES LIMITES DE LA METHODE DE RECHERCHE INDUCTIVE ................................. 44
DEUXIEME PARTIE : Les mécanismes de la gouvernance ..................................................... 45
CHAPITRE 1: BilAN DE l'ETUDE ........................................................................................... 46
SECTION 1- HISTORIQUE, STATUT ET ORGANISATION STRUCTURELLE DE LA BIS .................. .46
1- Historique de la BIS ................................................................................................................ 46
2- Statut et organisation structurelle de la BIS ............................................................................ 46
SECTION Il :ACTIVITES ET PLACE DE LA BIS SUR LE MARCHE BANCAIRE ................................ 47
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D1JN DIPWME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
1- Activités de la BIS ........................................................................................................................ 48
2- Place de la BIS sur le marché bancaire ....................................................................................... 49
SECTION Ill- LA BIS DANS SON MACRO-ENVIRONNEMENT ...................................................... 50
1- L'environnement économique ................................................................................................... 50
2- L'environnement socioculturel.. ................................................................................................. 50
3- L'environnement religieux .......................................................................................................... 51
SECTION IV- PRESENTATION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE ............................................ 51
1- La gouvernance de la banque islamique de détail: la problématique du prêt a intérêt.. ......... 51
2. La gouvernance de la banque islamique d'investissement : la problématique du droit de
propriété du bien finance ............................................................................................................... 53
3.La gouvernance de la banque islamique de marche: la problématique du partage des risques58
CHAPITRE Il : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS ......................................................... 61
Section 1- les règles de gouvernance du droit islamique ........................................................... 61
Section Il- Les règles de gouvernance managériale .................................................................... 62
1- Les règles de gouvernance managériale de la banque de détail ............................................... 62
2- Les règles de gouvernance managériale de la banque islamique d'investissement.. ................ 63
3- Les règles de gouvernance managériale des guichets islamiques à la BIS ................................. 64
Section Ill- Quelles recommandations pour un système de gouvernance adapté au contexte
du Sénégal ? ...................................................................................................................................... 65
1- L'évaluation des titres à revenus variables (actions et obligations islamiques) et des
transactions structurés sur taux de profit ...................................................................................... 66
2- Les stratégies actives de gestion de portefeuille ....................................................................... 66
3- La politique de placement, d'allocation d'actifs, par rapport à l'objectif de performance ....... 66
4- La gestion des risques dans les banques islamiques .................................................................. 67
SECTION IV- COMMENT AMELIORER LE MODE DE GOUVERNANCE DE LA BIS ....................... 67
CONCLUSION GENERALE 69
Annexe 1 : les cinquante premières banques islamiques ............................................................. 76
Annexe 2: Structure organisationnelle d'une banque islamique ................................................. 77
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009·2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Annexe 3 :guide d'entretien .................................................................................................... 78
Reine Tikoa LOMPOf DESAGfCESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN OIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (OESAG)
INTRODUCTION
La gouvernance désigne avant tout un mouvement de « décentrement » de la prise de
décision avec une multiplication des lieux et des acteurs impliqués dans cette décision. Il
renvoie à la mise en place de nouveaùx modes de régulation plus souples fondés sur le
partenariat entre les différents acteurs.
Le sujet de la gouvernance est difficile mais fondamental pour les organisations. De nos
jours, la problématique de la bonne gouvernance se pose avec acuité. Partout, la conduite
d'une organisation est devenue très complexe.
De plus, la crise financière actuelle a provoqué à l'échelle internationale des surprises et
des bouleversements dans le mode de gestion des différentes organisations. Cette crise a
entraîné la fraude, la faillite, les pertes fmancières, ... du système bancaire.
Il est évident, que le respect des règles de gouvernance prend une place prépondérante
dans les établissements bancaires et force est de reconnaître qu'il existe de nombreuses
entraves à la mise en place des mécanismes d'une bonne gouvernance; à savoir:
1 'environnement Jégal et réglementaire qui régit les structures bancaires, la religion, les
valeurs et croyances, le marché des biens et services fmanciers, les actionnaires, les
différents partenaires (salariés, clients, collectivités ; ... ).
La notion de gouvernance d'entreprise a concerné en premier lieu les entreprises, puis
elle s'est propagée aux banques. Il est devenu impérieux de mettre en place une
gouvernance propre à chaque banque et particulièrement pour la Banque Islamique du
Sénégal (BIS). En effet, il ne s'agit pas dans ce cas de figure d'évoquer seulement le
mode de gouvernance de la BIS mais aussi de l'intégrer dans les préceptes de la fmance
islamique.
La Banque Islamique du Sénégal (BIS) est l'une des premières banques au Sénégal qui
s'inspire du système financier islamique, aussi n'échappe-t-elle pas à tous les problèmes
auxquels sont confrontés les autres banques classiques ou conventionnelles.
Les activités de la BIS sont régies par le système fmancier islamique. Cependant ce
système fait 1 'objet de querelles entre communautés religieuses à propos de la légitimité
de la pratique du taux d'intérêt et pose le problème d'uniformatisation du système
financier considéré comme universel.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 1
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN ()(PLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (OESAG)
De ce fait, on s'interroge sur la fiabilité du système financier actuellement en vigueur
quand on sait que les événements récents (la crise des subprimes) qui ont entaché le
monde sont lourds de conséquences ; cela ne se seraient certainement pas produits dans
un système financier islamique, vu la prohibition de 1 'intérêt.
L'étude de la finance islamique peut à cet égard, conduire à une réflexion sur l'avantage
que les acteurs économiques (population sénégalaise et l'Etat sénégalais) gagneraient à
appliquer les principes du système fmancier islamique qui s'inspirent des préceptes de la
religion musulmane et des principes du système financier c1assique.
Au regard de ce qui précède, il convient de nous poser les questions suivantes :
• quels sont les mécanismes de gouvernance que la BIS utilise pour se prémunir
des risques financiers et de la mauvaise gestion?
• Serait-il nécessaire de repenser cette gouvernance? Et cela au regard des
différentes contraintes de son environnement à savoir les actionnaires, les
partenaires et surtout 1 'application des lois coraniques au contexte bancaire.
Dans la suite de notre travail, nous apporterons des réponses à toutes ces interrogations.
Le présent thème : « Mode de gouvernance des Banques Islamiques : entre gouvernance,
actionnariale, partenariale et religieuse» a pour objectif de montrer comment sont
gouvernées les banques islamiques, et plus particulièrement la BIS dans un pays comme
le Sénégal qui est à dominance musulmane et où les individus sont à la recherche d'une
éthique qm leur semble faire défaut dans le système classique.
L'intérêt de ce présent sujet est qu'il va permettre à la BIS en particulier et aux autres
banques islamiques en général, d'améliorer leur gestion financière, d'obtenir d'important
crédit au prés des bailleurs de fonds et d'accroître leur fonds de pension, d'instaurer un
bon climat social, favorable à la cohésion et à l'épanouissement des employés.
La première partie portera sur le cadre théorique de cette étude et s'articulera autour : « la
gouvernance des banques islamiques : notre cadre de référence ». Elle se subdivise en
deux chapitres :
Reine Tikou LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 2
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• Finance islamique et mode de gouvernance : les apports théoriques
• La justification du choix méthodologique
La deuxième partie portera sur les .mécanismes de la gouvernance dans la banque
islamique du Sénégal et se subdivise en deux chapttres :
• La présentation des résultats
• La discussion et recommandations
Ce mémoire sur 1 'efficience de la gouvernance bancaire islamique et plus largement sur
la gouvernance bancaire partenariale s'efforce de répondre à ce questionnement, suivant
une approcne à la fois théorique et empirique. La recherche s'inscrit dans le cadre de la
préparation de notre mémoire de fin d'études de DESAG.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 3
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 4
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
CHAPITRE I: FINANCE ISLAMIQUE ET MODE DE
GQUVERNANCE:APPORTSTHEORIQUES
Le gouvernement d'entreprise peut se définir de manière générale comme le contrôle
exercé principalement par les actionnaires sur les décisions que prennent les managers.
Sous cette défmition large, le choix des formes de gouvernance et donc des mécanismes
mis en œuvre afm de réguler 1 'action des dirigeants est essentiel pour atteindre un double
objectif:
-assurer la pérennité de la firme, d'une part,
- et surtout maximiser la performance de cette dernière au regard des critères définis
par les apporteurs de capitaux, d'autre part.
Le premier objectif montre d'ailleurs que la notion de gouvernement d'entreprise ne se
limite pas à la prise en compte des intérêts des actionnaires (shareholders) : le souci de
pérennité de 1 'entreprise intègre, même si ce n'est pas avec la même intensité, les
aspirations d'autres acteurs concernés par la bonne marche de l'entreprise. Ces autres
«parties prenantes» (stakeholders qui signifie littéralement les détenteurs d'enjeu), sont
définies par le Journal officiel du 30 janvier 2005 comme « le créancier, le fournisseur, le
client, le dirigeant, le salarié, l'actionnaire ». Sont également concernés par l'activité de
la fmne, plus ou moins directement, d'autres acteurs : l'État, les collectivités territoriales,
voire les mouvements consuméristes. On voit que les acteurs sont multiples, mais, dans la
réalité, où se situe Je pouvoir, qui prend les décisions essentieJles, qui est susceptible
d'influencer les choix annoncés par les managers? L'annonce récente d'une OPA hostile
du leader mondial de la sidérurgie Mittal sur le numéro 2 Arce lor et les débats qu'elle a
suscités illustrent le caractère complexe de la notion de pouvoir au sein de l'entreprise et
de la légitimité pour décider de l'avenir de la firme. La décision revient-elle à ses seuls
détenteurs de parts sociales (les shareholders) ou doit-eUe associer Jes autres acteurs
concernés, les salariés, l'État et les régions qui accueillent les usines, les constructeurs
automobiles clients (les stakeholders)?
On peut poser la question de manière plus générale : la gouvernance des entreprises
concerne- t-elle seulement la relation entre .les détenteurs du capital, d'une part, et ceux à
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 5
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
qui ils délèguent le management de la firme, d'autre part; ou bien cette dernière doit-elle
être analysée de manière plus complexe comme un « nœud de contrats » associant ses
différentes parties prenantes telles que défmies plus haut ? On verra que, selon la réponse
apportée à cette question, ]es dispositifs de gouvernance observés seront très différents
quant à leur composition et, surtout, à leur fonctionnement.
Pourtant, quelle que soit l'option retenue en matière de dispositifs de gouvernance, la
problématique générale du gouvernement d'entreprise repose sur le constat d'évidence
que les logiques d'efficience et de création de valeur se heurtent inévitablement au
problème de la répartition de la richesse ainsi créée, ou encore, pour utiliser des termes
que l'on définira plus tard, au problème du partage de la« rente organisationnelle». Ce
problème existe et il est central parce que les différents acteurs en présence ont des
intérêts qui ne sont pas nécessairement convergents. C'est vrai si on se limite à l'analyse
de la relation actionnaires/dirigeants, c'est encore plus vrai si on intègre à l'analyse les
autres parties prenantes et en particulier les salariés. Comment faire alors pour qu'une
catégorie spécifique d'acteurs ne s'approprie pas indûment cette « rente organisationnelle
», comment garantir que ceux qui ont les responsabilités exécutives agissent dans le
respect des intérêts des acteurs concernés et non seulement en considération de leur
propre intérêt, comment favoriser la mise en place de processus décisionnels et de
contrôle assurant à la fois pérennité, efficience opérationnelle et développement
harmonieux de la firme ?
Telles sont les grandes interrogations qm animent aujourd'hui les débats sur le
gouvernement des entreprises. Ces débats ont évidemment été alimentés par quelques
sca.ïdales récents qui ont mis en évidence les limites des dispositifs actuels de
gouvernement d'entreprise. Des affaires récentes sur lesqueUes nous reviendrons (Enron,
en particulier) montrent que le risque de spoliation peut alors concerner aussi bien les
actionnaires que les autres parties prenantes, dont les salariés, voire les anciens salariés
de la firme (retraités).
Depuis quelques années, des réflexions et des actions, dans le domaine législatif, en
particulier, sont engagées à l'échelle des pays mais aussi des institutions internationales
pour définir des principes directeurs censés encadrer les dispositifs de gouvernance.
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 6
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
La littérature de gestion accorde une large place à ces débats en posant la question de
l'existence éventuelle d'un système optimal de gouvernance. Il existe trop de paramètres
à prendre en considération (histoire, culture nationale, légis!ations locales ... ) pour
imaginer que 1 'on puisse construire un modèle de gouvernance universellement efficient
Tout au moins peut-on espérer un minimum de cohérence des systèmes nationaux autour
de dispositifs généraux garantissant la stabilité et la transparence informationnelle
indispensables à la confiance, fondement essentiel du capitalisme mondialisé.
Incontestablement, les évolutions en cours traduisent une certaine convergence des
systèmes nationaux de gouvernance d'entreprise, même si les identités nationales laissent
encore une empreinte visible. L'objectif de cette présentation est justement de donner une
large place à ces débats, d'en expliciter les enjeux, les évolutions en cours et les
perspectives, au moment où le modèle de gouvernance dit« anglo-saxon »a cessé d'être
la référence unique en matière de gouvernement des entreprises.
SECTION I : LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE : DEFINITION ET APPROCHE
l. Définition du concept de gouvernance
La finance islamique n'est pas une création récente; c'est la résurgence d'un ensemble
de pratiques commerciales et financières qui étaient utilisées autrefois par les marchands
sur les grands axes reliant les places commerciales d'Afrique et des pays arabes. A
l'époque, ces pratiques s'exerçaient en dehors de toute contrainte environnementale. Le
défi pour les acteurs actuels de la fmance islamique est de faire revivre ces pratiques dans
un environnement désormais différent : international, contraignant et compétitif.
Nous définissons la gouvernance comme: «l'ensemble des processus, réglementations,
lois et institutions influant la manière dont l'entreprise est dirigée, administrée et
contrôlée. La gouvernance inclut aussi les relations entre les nombreux acteurs impliqués
(les parties prenantes) et les objectifs qui gouvernent l'entreprise. Les acteurs principaux
sont les actionnaires, la direction et le conseil d'administration.
Les autres parties prenantes incluent les employés, les fournisseurs, les clients, les
banques ou autres prêteurs, le voisinage, l'environnement et la communauté au sens
large.»
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 7
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Le tableau 1 ci-dessous propose des définitions de la gouvernance données par les
institutions ou organismes internationaux.
Tableau 1 :Définitions d'organisations internationales de la gouvernance
La Banque mondiale
L'institut de la Gouvernance
LePNUD
L'Overseas Development
Institute
« ... L'exercice du pouvoir politique, ainsi que d'un contrôle dans le cadre de l'administration des ressources de la société aux fins de développement économique et social1
. ».
« ... La gouvernance se définit comme l'ensemble des établissements, des procédés et des traditions qui dictent l'exercice du pouvoir, la prise de décision et la façon dont les citoyens font entendre leurs voix2
. ».
« ... L'exercice d'une autorité politique, économique et administrative pour gérer les affaires de la société. C'est un concept large qui recouvre les structures organisationnelles et les activités du gouvernement central, régional et local, le parlement et les institutions, les organisations et les individus que comprend la société civile et le secteur privé dans la mesure où ils participent activement et influencent la conception de la politique publique qui affecte tout le peuple3
. ».
« ... Le terme de gouvernance se réfère à l'exercice d'une autorité légitime dans l'utilisation de la puissance publique et la gestion des affaires publiques. Il désigne à la fois un arrangement institutionnel, des mécanismes consultatifs, des processus de formulation des politiques publiques et un style de leadership politique4
. ».
··. :~:~ Charreaux (édition 1997) quant à lui défmit la gouvernance comme : « la
IlliSe en place de mécanismes organisationnels ayant pour effet de délimiter les
pouvoirs et d'influencer les décisions des dirigeants».
• Oman, Fries, Bruiter (édition 2003) pensent que la finalité de la gouvernance
d'entreprise reposent sur trois axes :
../ Faciliter et stimuler la performance des entreprises en instaurant et maintenant un
système d'incitations qui encourage les dirigeants à maximiser l'efficience
opérationnelle de r entreprise, le rendement de ses actifs et le gain de la
productivité à long terme,
1 World Ban!<:" Managing development, the governance dimensions", Washington DC 2 Isabelle Johnson : {< \a gouvernance :vers une redéfinition du concept », ,&,gence canadienne du développement
international, Ottawa, Mars 1997 3 UNDP : << Decentralized governance program », New York, USA, 1996 4 Carlos Mllani : « Une approche éthique du pouvoir »,Courrier de la planète, n•ss, IV, 2000
Reine Tikoa LOMPO/ DESAC/CESAC 2009-2010 8
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
../ Restreindre 1' abus de pouvoir des dirigeants sur les ressources de 1 'entreprise,
-/ Fournir les moyens de surveiiier le comportement des dirigeants afin de protéger
au meilleur coût les intérêts de la société contre les abus des dirigeants.
• Selon Cabi (édition 2003), la gouvernance est venue mettre en jeu des leviers
d'alignement du comportement des dirigeants pour lutter contre les déviations que ces
derniers peuvent faire de diverses manières, à travers par exemple des stratégies
d'enracinement, d'opportunité, de recherche de croissance, ...
Les banques islamiques sont généralement des sociétés par actions relevant du droit
classique puisque le droit musulman ne fait pas référence à l'existence de la personnalité
morale.
Etant donné leurs missions, à côté des organes habituels détenant le pouvoir juridique,
comme le conseil d'administration. les organes spécifiques détiennent le pouvoir moral,
ainsi le comité de la charia. En conséquence on se trouve en face d'un modèle de
gouvernance particulier.
Les différents modèles que nous présenterons dans le prochain point nous permettront de
bien appréhender le modèle de gouvernance approprié pour les BI.
2 -les modèles de gouvernance d'entreprise (GE)
Sans entrer dans une étude exhaustive, il est possible de dresser une typologie rappelant
les principaux modèles de GE. La plupart des analystes opposent le modèle libéral
orienté vers les actionnaires ( shareholders) à celui, plus large, intégrant les « parties
prenantes » ( stakeholders ).
Le premier est implanté dans les pays anglo-saxons et le second, est parfois appelé
«modèle rhénan» ou« germano-nippon». Mais nous avons aussi le modèle islamique
qui s'inspire des principes du coran.
2-1 Le« modèle boursier» régulé par les marchés financiers
Ce modèle est le plus classique (dominant), il est bien décrit par la théorie de l'agence. La
firme appartient à ses actionnaires qui se trouvent dans la position de « principal » par
rapport à l'« agent » constitué par les dirigeants. Ces derniers sont par là sous surveillance
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 9
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
afin que leurs comportements s'exercent au profit des actionnaires. Tout un dispositif
d'incitation et de contrôle est, dans cette perspective, mis en place. (Indicateurs de
création de valeur, stock options, offres publiques d'achat-offres publiques d'échange,
(OPA-OPE -... ). Enfm, c'est Je marché fmanc.ier qui est à Ja fois l'arène et le principal
régulateur du système de GE. En cas de dysfonctionnement, c'est plus au juge qu'à l'Etat
qu'il revient de constater les défaillances et, si nécessaire, de les sanctionner.
Trois théories constituent l'essence de ce courant contractuel :
-La théorie des droits de propriété« TDP5 »,
- La théorie de l'agence « TA 6 »,
-La théorie des coûts de transactions« TCT7 ».
C'est le modèle dominant utilisé dans les pays où le marché se substitue aux banques
dans le financement des activités des entreprises.
2-2 Le« modèle partenariale »régulé par les partenaires économiques
Ce modèle diffère du précédent dans la mesure où il postule que le management de la
firme ne doit pas seulement tenir compte de ses actionnaires, mais plus largement des
différents partenaires impliqués dans son fonctionnement, en premier lieu les salariés et
leurs représentants.
On a pu schématiser ce modèle en recourant à la théorie de l'agence, version élargie à
plusieurs« principaux employés», ces derniers pouvant être regroupés dans un« conseil
de surveillance » chargé de contrôler les dirigeants et d'assurer les missions de GE.
Se rattachent également à cette famille, les entreprises coopératives (à travers des
groupements de producteurs ou de consommateurs). Ce type de modèle n'indique pas
cependant comment se résolvent les divergences, voire les incompatibilités, entre les
différents partenaires participant à la GE.
5 Le droit de propriété : La firme est définie comme un nœud de contrats (nexus of controcts) et te dirigeant a pour charge de
définir la nature des taches et de choisir les personnes qui doivent les exécuter au sein du « nœud » coopératif. Ce droit de
propriété se compose du fructus, de l'abusus et de l'usus.
~'> Pour M.C. Jensen et W.H. Meckling « il existe une relation d'agence lorsqu'une personne a recours aux services d'une autre personne en vue d'accomplir en son nom une tache quelconque »,la relation d'agence concernera le principal (l'actionnaire) et
son agent (le gestionnaire).
7 Cette théorie considère que la firme existe pour pallier les failles du marché, liées aux problèmes posés par la spécificité des
actifs et l'opportunisme potentiel des acteurs.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 10
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Dans les pays qui le mettent en œuvre, les fonds de pensions ne sont pas importants, les
banques jouent un rôle prépondérant dans le îmancement des activités des entreprises.
2-3 Le « modèle administré » régulé par les pouvoirs publics
Ce troisième type de modèle s'oppose radicalement aux précédents, car il se repose sur
une hypothèse souvent implicite, parfois explicite; selon laquelle seule la puissance
publique, représentée par l'Etat ou l'une de ses expressions, est garante de l'intérêt
général ; et que les individus et organisations privées ne peuvent représenter que des
intérêts particuliers. Tout remonte donc à l'Eta~ aux réglementations qu'il édicte, aux
arbitrages qu'il rend.
La GE n'échappe pas à cette omniprésence, tant au niveau de son dispositif institutionnel
qu'en terme de régulation. Si ce modèle administré de GE est la règle dans les économies
centralisées dites «socialistes» ou «collectivistes>>, il reste aussi très prégnant dans les
économies occidentales.
2-4 Le « modèle réticulaire » régulé par les réseaux interpersonnels et sociaux
Ce type de GE, moins souvent décrit que les précédents, est cependant parmi les plus
anciens et les plus répandus dans le monde. Il repose sur un« encastrement» de l'activité
économique dans la société: un acte économique donné (achat-vente, emprunt-prêt,
embauche de personnel...) ne pouvant être dissocié du lien social qui l'entoure. La GE se
trouve particulièrement impliquée par une telle posture, fondée sur les relations
interpersonnelles et Je lien social. Ce modèle réticulaire de GE a pu paraître archaïque par
rapport aux modèles dominants.
Ce jugement a priori apparaît de nos jours un peu simpliste, lorsque l'on redécouvre
l'importance des facteurs comme la confiance et la réputation dans le processus de GE.
En pratique, les modes de GE effectivement observable dans un pays, à une période
donnée, même s'ils se rattachent principalement à tel ou tel modèle, empruntent souvent
aux autres modèles, compte tenu des caractéristiques de ce pays, de ses institutions, de
son niveau de développement, de ses traditions culturelles.
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 11
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
2-5 Le modèle islamique
Ce dernier type de GE est moins répandu et plus complexe que les autres modèles. En
effet, ce modèle comporte une dimension religieuse qui rend la tâche très délicate. Les
fondements de la fmance islamique sont directement puisés dans la Charia. Ces
principes reposent sur un droit de propriété uniquement fondé sur le travail, l'héritage
et/ou l'échange, sur une utilisation juste du capital et sur un rapport équitable des
cocontractants face à l'incertitude et au risque.
La finance islamique, du fait de sa dimension religieuse, est à la jonction de deux
champs : l'académique (fmance anglo-saxonne) et le religieux.
Les différents tableaux ci-dessous constituent le récapitulatif des intérêts partagés entre
les différentes composantes d'une organisation
• Actionnaire : l'actionnaire cherche à maximiser les dividendes à court terme et les
plus values sur ses titres à long terme.
Intérêt personnel
v'Dividende élevé
v' Plus value à long terme sur investissement
../Accroissement de pouvoir
Intérêt partagé
../ Notoriété et rayonnement de l'entreprise
v' Renforcement de la position de l'entreprise sur le marché.
• !)hjgeant : il cherche à maximiser ses attributions matérielles c'est-à- dire sa
rémunération, il cherche aussi le pouvoir au sein de l'entreprise.
Intérêt personnel
v' Maximum de rémunération
v' Evolution de carrière
v' Réseau relationnel
v' Maximum de pouvoir
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010
Intérêt partagé
v' Pérennité et viabilité de l'entreprise
v' Rentabilité et croissance
v' Rayonnement
12
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG}
• Salariés ou Personnel : ils cherchent à maximiser le revenu, une évolution
positive de la carrière ainsi que la sécurité de l'emploi.
Intérêt personnel Intérêt partagé
./ Salaire attrayant
./ Perspective de carrière
./ Sécurité de l'emploi
./ Bon climat de travail
./Notoriété et image de marque de l'entreprise
• Clients ou consommateurs : ils cherchent des produits de qualité à un bon prix, la
continuité du service de vente ainsi que des conditions de payements
avantageuses.
Intérêt personnel
./ Bon rapport qualité 1 prix
./ Minimum de délais
./ Continuité de l'approvisionnement
./ Conditions avantageuses de payement
Intérêt partagé
./ Performance de l'entreprise
./ Notoriété et image de marque
• Collectivité et société en général : elle cherche à améliorer la qualité de la vie, à
assurer la sécurité des transactions et la continuité des services de l'entreprise.
Intérêt personnel
./ Responsabilité publique de l'entreprise
./ Concrétisation de l'échelle de valeur de la société (modèle de la société projetée)
./ Bien- être et cohésion sociale
Intérêt partagé
./Notoriété et rayonnement de l'entreprise
./Performance de l'entreprise .
Les fonctions de préférences reflètent les intérêts des parties prenantes qui sont à
l'origine des conflits et par conséquent de la gouvernance. La gouvernance d'entreprise
repose sur l'idée selon laquelle il est indispensable, afin de maximiser la création de
valeur, de mettre en place des systèmes susceptibles de résoudre les conflits non prévus
-· Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 13
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
dans les contrats initiaux passés entre les stakeholders et les shareholders. En outre, un
système de gouvernance efficace et performant doit être capable de prévenir certains
conflits en favorisant la recherche du consensus voire le compromis, par la
communication, les concertations et les concessions réciproques.
Tableau 2 : Résumé succinct de quelques utilisations du concept de Gouvernance
Type de gouvernance
Gouvernance
Gouvernance Mondiale
Gouvernance Globale
Gouvernance Sociale
Gouvernance d'entreprise
Gouvernance clinique
Définitions et caractéristiques
L'ensemble des mécanismes nécessaires à la négociation des différents intérêts de la société. L'exercice du pouvoir politique, ainsi que d'un contrôle dans le cadre de l'administration des ressources de la société aux fins de développement économique et social.
L'ensemble des processus par lesquels les règles collectives sont élaborées, décidées, légitimées, mises en œuvre, contrôlées et placées au service d'une économie mondiale qui serait porteuse d'ordre, de justice, de liberté, d'efficacité.
Elle ne se limite pas aux institutions et organisations officielles qui participent à l'élaboration et à la diffusion des nonnes et des règles régissant le monde, mais aussi les institutions étatiques, les coopérations intergouvernementales, les lobbies et groupes de pression, des mouvements sociaux internationaux jusqu'aux ONG, poursuivant tous des objectifs et ayant un rapport avec les lois internationaux et les systèmes d'autorité.
Elle articule et associe des institutions politiques, des acteurs sociaux et des organisations privées, dans des processus d'élaboration et de mise en œuvre des choix collectifs, capables de provoquer une adhésion active des citoyens.
La gouvernance de l'entreprise est défmie comme le système dans lequel la conduite des firmes par le dirigeant est contrôlée par l'ensemble des acteurs économiques. Ce ne sont pas donc les seuls propriétaires qui devraient exercer ce contrôle mais les créanciers, les salariés, les clients, les autorités publiques ... cette approche idéale de la gouvernance débouche sur une conception de l'entreprise citoyenne, les décisions managériales sont supposés prendre en considération les intérêts des différents stakeholders.
Un cadre à travers lequel les organisations sont tenues pour responsables de l'amélioration continue de la qualité de leurs prestations et services et doivent garantir de hauts standards de soins en créant un environnement dans lequel l'excellence en matière de soins peut prospérer.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 14
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
SECTION II- LA PRESENTATION DU SYSTEME BANCAIRE ISLAMIQUE
Les premiers pas ... sont toujours difficiles. Les premières expériences de la banque
islamique eurent lieu dans les années 1950 au Pakistan et dans les années 1963 en
Egypte, sous l'impulsion du développement du système bancaire international.
Si ces expériences se soldèrent par des échecs (pour le premier du fait d'une demande
trop importante et d'une offre trop faible et pour le second suite à l'assentiment du
gouvernement égyptien), elles furent néanmoins riches d'enseignements qui profitèrent
aux banques islamiques actuelles des pays du Golfe ou de l'Asie.
Jusqu'à présent le commerce et la banque avaient, en effet, été approchés sous un angle
assez informel et la normalisation internationale corollaire du développement du système
bancaire international a amené les musulmans à formaliser également un système
bancaire avec leurs valeurs propres.
Dans la suite de notre travail nous montrerons les principes de base du système bancaire
islamique.
1- Le concept islamigue de la profession bancaire: Les principes de la finance islamique
L'activité financière islamique s'est développée en faisant revivre les produits anciens et
en créant de nouveaux produits. Lors de l'adaptation et de la création de produits, la
contrainte a été d'éviter les interdictions découlant de la théorie économique et sociale
islamique.
On dénombre en général les cinq interdictions suivantes: l'interdiction de l'intérêt (riba),
(incertitude, tromperie, risque) du gharar, de la thésaurisation, de la spéculation (maysir)
et des activités déclarées illicites.
1-1 La prohibition de l'intérêt (Riba)
Le terme riba, peut-être défini comme étant : tout intérêt stipulé contractuellement calculé
préalablement sur la base du capital initial prêté, et du temps convenu sans aucune
relation avec les résultats éventuels de 1 'opération fmancée.
La prohibition de l'intérêt résulte du verset 275 de la deuxième sourate du Coran:
«Dieu a rendu licite le commerce et illicite l'intérêt».
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 15
M~MOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Afin d'expliciter ce verset, un hadith de Mahomet expose les règles du commerce légal.
Ce hadith a une portée générale parce qu'il vise six produits dits « ribawi » : or, argent,
blé, froment, dattes, sel. Tout échange de produit identique (or contre or, blé contre blé)
avec un avantage pour une personne constitue une opération usuraire, sauf en ce qui
concerne les avantages résultant de 1 'échange de produits de nature différente (or contre
blé).
En matière d'échange de monnaie (argent contre argent), tout surplus tiré d'une
transaction non basée sur des actifs réels et préalablement possédés par le vendeur est
illicite (haram). Entrent dans cette catégorie les contrats de prêt. Concrètement, les crédits
bancaires qu'il s'agisse des crédits à la consommation ou des crédits aux entreprises ne
respectent pas cette exigence.
• Le partage des pertes et profits
L'intérêt est prohibé mais le prêt n'est pas interdit. Il est même conseillé dés lors qu'il
profite à ceux qui en ont besoin. Mais les banques islamiques n'étant pas des
organisations caritatives, il faut donc trouver un système de rémunération alternatif: c'est
le partage des pertes et profits résultant de 1 'opération de financement, ou système PPP.
La prohibition de 1 'intérêt et le principe PPP vont de pair. Ce dernier apparaît comme une
alternative à la rémunération du prêteur en l'absence de taux d'intérêt. Mais il s'agit d'un
procédé de rémunération tout à fait conforme aux valeurs du système islamique.
Les deux parties assumant un risque ont intérêt à s'engager dans des opérations rentables
et à œuvrer à la réussite du projet financé.
La différence entre les deux systèmes est la suivante :
Pour les banques conventionnelles :
Revenu total = P2 - P 1
P 1 = le montant de 1' emprunt accordé au client
P2= le remboursement de l'emprunt +les intérêts
La différence est un montant déterminé à 1' avance, les paiements ont lieu selon un
échéancier.
Pour les banques islamiques :
Reine Tikoa LOMPO! DESAG/CESAG 2009-2010 16
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPÉRIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Revenu d'une période= «1> (R- C)
<1>= ratio de partage des PP prévus dans le contrat
R = total des revenus de la période
C= total des coûts
Une question est alors généralement posée quant à ce système de rémunération: le
revenu ainsi versé n'est-il pas un intérêt déguisé?
1.2 -Les mécanismes pour éviter l'intérêt
Pour rester dans la légalité islamique, les banques islamiques et les filiales islamiques des
banques conventionnelles ont développé des mécanismes juridico-fmanciers. Ces
dernières se fondent sur des concepts nommés mudaraba, musharaka, ijara, soukouk,
morabaha.
• La mudaraba permet à un promoteur de mener un projet grâce à des fonds
avancés par des apporteurs de capitaux dont la clé de répartition des gains et des
pertes est fixée dans Je contrat. Les apporteurs de capitaux supportent entièrement
les pertes, les promoteurs ne perdant que le fruit de leur travail.
• La musharaka est une formule de fmancement participatif à travers laquelle, la
banque et le client participent ensemble au financement d'une opération. Les
profits ou les pertes résu1tant de 1 'opération sont répartis entre le client et la
banque sur des bases fixées d'accord parties, au prorata de leurs apports respectifs.
La participation de la banque peut être continue. comme elle peut être dégressive.
• La morabaha est un contrat par lequel un client qui souhaite acquérir des
marchandises ou un bien quelconque demande à la banque de les acheter pour Jes
lui revendre au prix coûtant plus une marge bénéficiaire fixée d'accord partie. Le
contrat de la morabaha précise notamment la nature de la marchandise, le prix
d'achat, les charges, le prix de revient, la marge bénéficiaire, le prix de vente ainsi
que les conditions de livraison et de paiement La morabaha peut porter sur des
opérations de commerce intérieur ou de commerce externe.
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 17
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES.EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• L'ijara consiste pour la banque à acquérir des biens qu'elle met à la disposition du
client en location simple. Dans ce cas, la banque perçoit un loyer pour le service
rendu. Un autre aspect de ce contrat, c'est qu'il est assimilé à une opération de
crédit-bail à J'issue de JaqueJJe Je titre de propriété revient au bénéficiaire (L'ijara
wa iktina ou location vente).
• Le soukouk est l'équivalent islamique d'une obligation où l'intérêt devient un
profit prévu à l'avance à risque quasi-nul. Cette forme d'obligation est
particulièrement utilisée pour les fmancements immobiliers.
S'ajoute à cet ensemble de contrat, l'istisna qui s'apparente en un mode de financement à
moyen terme. C'est un contrat de fabrication (ou de construction) au terme duquel le
participant (vendeur) accepte de fournir à l'acheteur, dans un certain délai et à un prix
convenu, des biens spécifiés après Jeur fabrication (construction) conformément au cahier
des charges.
1.3- Les secteurs d'investissements illicites
Outre ces contrats, il existe des exigences quant à la nature de l'activité dans laquelle un
investissement demeure conforme à la charia.
Ainsi, les jeux de hasard, les activités en relation avec l'alcool, avec l'élevage porcin,
avec l'armement, avec l'industrie cinématographique suscitant ou suggérant la débauche
ou la déchéance de l'être humain constituent des secteurs d'investissement prohibés.
La supervision des investissements se déroule de deux manières. La première est d'ordre
individuel dans le sens où tout musulman est censé ne pas investir ses fonds dans les
industries non compatibles avec son éthique.
La seconde est d'ordre institutionnel ou organisationnel puisque les banques et les fonds
d'investissements islamiques sont composés, outre d'un conseil d'administration et d'une
assemblée générale, d'un comité de supervision ou d'éthique (charia Board) dont les
membres sont indépendants. Ainsi, les participations dans les sociétés évoluant dans les
domaines illicites encourent une réprobation de ces comités.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 18
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
1.4- L 'Asset-Banking
La finance islamique est contrainte à adosser tout fmancement à un actif tangible. Toutes
les activités de la banque sont basées sur des actifs réels, existants, il n'y a pas de
spéculation.
1. 5- La Thésaurisation
«De même, à ceux qui thésaurisent l'or et l'argent et ne les dépensent pas dans le sentier
de Dieu, eh bien, annoncé- leur un châtiment douloureux ... goutez donc de ce que vous
thésaurisez ! )), sourate 9, verset 34 et 35.
Ces versets ont plusieurs sens. Dépenser dans le sentier de Dieu suppose d'abord de
payer 1 'aumône et la zakat. Il faut que ces biens soient « purifiés ». Enfin, il fait référence
à l'obligation de faire fructifier son bien pour l'intérêt commun.
2- L'organisation de la banque islamique
En vue de relever le défit de la réglementation et du contrôle posé par l'émergence de
l'industrie fmancière islamique, les organes d'administration, épaulés par les chercheurs
de 1 'économie islamique se sont penchés sur cette question, en essayant de trouver un
cadre réglementaire typique qui pourrait aisément se fondre avec les différentes
législations des pays qui accueillent des établissements bancaires islamiques.
Le fruit de ce travail ne s'est pas fait attendre, en effet, en 1981, une loi islamique,
portant sur la réglementation bancaire fut adoptée par les gouverneurs des banques
centrales et les autorités monétaires des pays islamiques ; cette loi devant servir de
modèle pour la création des banques islamiques.
Les chercheurs de leur côté, ayant ressenti le besoin d'assurer la stabilité de ce système
islamique, ont donné la priorité à la recherche et la formation dans le domaine de la
réglementation et du contrôle.
Les banques islamiques sont généralement administrées par un conseil d'administration,
élu par l'assemblée générale, et qui délègue une partie de ses pouvoirs au directeur
général placé sous son contrôle.
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 19
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Il faut aussi noter que les banques islamiques sont généralement des sociétés par actions
relevant du droit classique puisse que le droit musulman ne fait pas référence à
l'existence de la personnalité morale.
2.1- Le Conseil d'Administration
L'administration de la banque islamique est confiée à un conseil d'administration,
composé d'administrateurs nommés à temps, révocables, salariés ou gratuits, nommés par
l'assemblée générale des actionnaires. Leur nombre est détenniné par les statuts, et en cas
de vacance de siège d'un membre du conseil d'administration, celui-ci sera occupé par le
candidat ayant recueilli le plus grand nombre de voix lors des élections du conseil
d'administration, cela en attendant la première réunion ordinaire de l'assemblée générale.
Il définit la stratégie de la firme, désigne (et à l'inverse peut révoquer) les mandataires
sociaux (président, directeur général, DG adjoints, ... ) contrôle la gestion et veille à la
qualité de l'information fournie.
2. 2- Le Directeur Général
Dans la banque islamique le directeur général est une personne physique à laquelle le
conseil d~administration délègue une partie de ses pouvoirs. Le directeur général exerce
ses pouvoirs sous le contrôle du conseil d'administration, devant lequel ii répond de ses
actes.
2.3- Les Assemblées Générales des actionnaires
On distingue l'assemblée générale ordinaire et l'assemblée générale extraordinaire. Ces
assemblées sont convoquées par le conseil d'administration chaque fois que celui-ci le
juge utile, mais elles peuvent être aussi convoquées par les actionnaires représentant une
part du capitaJ détenninée par les statuts.
Les réunions des assemblées sont présidées par le président du conseil d'administration,
et un quorum doit être atteint pour que les assemblées puissent délibérer.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 20
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
2.4- Les organes de contrôle
A côté des organes de contrôle existants habituellement dans les banques c'est-à-dire:
l'inspection, les audits internes et externes, il faut ajouter le comité de la charia dont la
mission est spécifique.
2.4.1- Les audits interne et externe
Comme dans toute banque, la régularité et la transparence sont indispensables, non
seulement pour assurer la protection des intérêts des clients en amont et en aval, mais
également pour maintenir la stabilité du système financier.
Il est nécessaire de renforcer la transparence et la comparabilité entre les banques par la
diffusion d'informations relatives:
• à la qualité du capital (structure, capacité d'absorption des pertes),
• au respect des normes de comptabilité (répartition du profit),
• à l'exposition au risque (politique de gestion),
• aux politiques de suffisance du capital (ratio de capital, politiques de
suffisance, ... ),
• à la préparation des rapports de révision.
De plus, les audits revêtent une importance particulière pour les banques islamiques:
• le système de partage de pertes et de profits exige Je respect strict des règles
défmies entre les parties prenantes et la transparence dans Ja diffusion des
informations,
• les procédures visant à éviter les conflits d'intérêt entre les différents organes
représentants des intérêts parfois divergents doivent être élaborées et
respectées,
• 1 'existence de produits différents de ceux des banques conventionnelles
requiert un examen spécifique,
• la nécessité de conformité à la charia oblige à vérifier que des procédures
systématiques de soumission au conseil de la charia sont prévues.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009·2010 21
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Les auditeurs doivent établir un rapport de la banque islamique à chaque fin d'exercice.
2.4.2- Les censeurs comptables
A l'instar des sociétés anonymes de droit positif, les censeurs comptables des banques
islamiques sont nommés par l'assemblée générale des actionnaires qui fixe leur
rémunération et la durée de leur fonction.
Ils assument le contrôle de la gestion de Ja banque, et doivent établir un rapport à
l'assemblée générale des actionnaires sur le bilan de la banque, le compte des profits et
pertes, ainsi que donner des informations sur la situation véritable de la banque.
Les censeurs comptables ont le droit de procéder à des actes matériels de vérification et
de contrôle :
• examiner les livres de la banque, ses registres et documents,
• s'assurer de son actif, et de ses obligations,
• demander tous les renseignements.
S'ils ne peuvent pas avoir accès à des documents, ils doivent le mentionner dans leur
rapport à l'assemblée générale.
2.4.3- Le contrôle religieux
Parmi toutes les activités humaines, le secteur économique a connu le développement le
plus rapide qui soit, et cela parce qu'il produit de l'argent et ce dernier est sollicité par
tous.
Le conseil de la charia est un organe obligatoire : une banque ne peut pas faire partie de
l'AlBI (Association Internationale des Banques Islamiques) si elle ne dispose pas d'un
comité de la charia.
Le conseil de la charia : « c'est une entité indépendante de conseillers spécialisés dans la
jurisprudence islamique chargée de passer en revue et de superviser les activités de la
banque islamique pour assurer leur conformité avec les principes de la charia8 >>.
Le Fiqh (la jurisprudence islamique) doit aUer au même rythme que ce développement,
afin de l'encadrer et lui procurer, en permanence, les opinions et les décisions religieuses,
susceptibles de le prémunir contre la dérive à l'illicite.
8 Charpa et Khan, 2001
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 22
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG}
Sous cet angle les institutions islamiques s'avèrent les plus intéressées par une telle
concurrence du Fiqh dans le secteur économique, car confrontés en permanence à de
nouvelles situations nécessitant des décisions religieuses dites FATWA (Avis juridique
donné par un spécia1iste de la loi islamique sur une question particulière).
La présence d'un tel conseil au sein des institutions bancaires islamiques est maintenant
une évidence ; la quasi-totalité des banques islamiques en est dotée. Il endosse la
responsabilité de la F atwa.
Le problème qui se pose dans ce cadre, c'est lorsque deux conseils religieux de deux
banques différentes ont des opinions différentes sur une même question comme il a été le
cas entre la Fayçal Islamique Bank et la société ARRAJIHI. Ainsi naquit le besoin de
créer un conseil suprême pour la Fatwa dans les affaires économiques, un conseil dont les
Fatwas seront obligatoires à toutes les institutions.
2.4.4- Les systèmes d'information des banques islamiques
Le mode de fonctionnement des banques islamiques induit l'existence d'un système
d'information spécifique.
En effet, de nombreuses questions se posent quant à 1 'évaluation et à 1 'enregistrement des
faits comptables. L' AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic
Financial Institutions) a élaboré des normes comptables dans un souci de convergence
avec les normes comptables intemationa1es. Mais cette dernière n'est pas toujours
possible. En conséquence les pratiques comptables sont hétérogènes et les comparaisons
difficiles.
Comme documents financiers publiés par les banques islamiques, nous pouvons citer :
• le bilan,
• le compte de résultat,
• le tableau des flux de trésoreries,
• le tableau de variation des capitaux propres et de répartition du profit.
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009·2010 23
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
3 - Les opérations bancaires islamiques
La banque islamique est fondée sur des principes différents de ceux adoptés par les
banques conventionnelles, car le concept islamique de la profession bancaire se trouve
guidé par la Charia, aussi bien en matière de réglementation, qu'en matière des produits
proposés à ses clients
3.1- Tvpes de comptes offerts par la banque islamique
De façon générale, les banques islamiques peuvent collecter des fonds du public
(individus et institutions), en utilisant quatre types de comptes: les comptes courants et
les comptes de partage des pertes et profits, les comptes d'épargne et les comptes
d'investissement.
3.1.1- Les comptes courants
Il s'agit des comptes de dépôt sur demande qui ne génèrent aucun intérêt ni profit ni toute
autre forme de rendement. Les titulaires de ces comptes bénéficient gratuitement de
chéquiers, de services de transfert de fonds, etc. Ces fonds sont garantis par la banque
islamique.
Les fonds collectés par le biais de ces comptes constituent une infime partie des
ressources de la banque islamique, comparativement aux banques commerciales pour qui
ces comptes génèrent beaucoup de ressources. Les droits et obligations du déposant et de
la banque sont les suivants.
La banque (gardienne des fonds9 ) :
• ne verse aucune rémunération,
• utilise les fonds selon son gré,
• exige un solde toujours positif,
• jouit des produits retirés du placement des fonds déposés, en contrepartie
assume les pertes éventuelles.
9 Geneviève Causse-Broquet: «La finance islamique», Revue Banque, Edition 2009, p83
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009·2010 24
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Le client:
• peut retirer 1' argent à tout moment,
• est assuré de pouvoir récupérer le montant déposé,
• ne perçoit aucWle rémWlération mais la banque ne prélève pas de frais de
gestion,
• peut bénéficier des serv1ces classiques des banques : carnet de chèques,
opérations de virement, etc.
Ces comptes sont parfois considérés comme des prêts quard hassan effectués par les
déposants.
Le prêt quard hassan est un prêt de bienveillance que l'on rembourse à l'échéance agréée
sans intérêt ni part de profit ou perte dans l'affaire. Disponible de manière limitée et pour
des périodes courtes, généralement pour Je fmancement de petites affaires ou pour Je
soulagement de difficultés personnelles telles qu'un décès, des études ...
3.1.2- Les comptes de partage de perte et de profit
Il s'agit là de comptes de dépôts à terme basés sur le pnnctpe de partenariat
« mudaraba », (Partage des pertes et des profits) entre la banque et le détenteur du
compte. Le détenteur du compte autorise la banque à gérer ses fonds contre des frais de
gestion (frais de Mudarib). Il partage les pertes ou les profits d'Wl pool 1 fonds
d'investissements dans lequel il participe.
Bien qu'il n'ait aucun droit de regard sur la façon dont la banque gère ses fonds, celle-ci
ne garantit au détenteur du compte ni son principal ni W1 taux de rendement prédétenniné
comme le ferait la banque traditionnelle.
3.1.3 Les comptes d'épargne
Ce sont des comptes de dépôts à terme, basés sur Je pnnctpe de la participation.
L'objectif de ces comptes est d'inciter les gens à épargner. Les modalités de
fonctionnement sont les suivantes10:
Le client:
10 Geneviève Causse-Braquet:« La finance islamique», Revue Banque, Edition 2009, p84
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 25
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION {DESAG)
• Ne reçoit pas d'intérêt, la banque ne lui garantit ni un rendement déterminé, ni
le remboursement du capital déposé,
• N'a aucun droit de regard sur la manière dont la banque gère les fonds,
• Doit prévenir la banque qu'il désire retirer des fonds, le délai de préavis étant
préalablement précisé.
La b::;-;que:
• Gère les fonds contre des frais de gestion,
• Verse une partie de son résultat selon le taux de répartition convenu et le solde
moyen du compte,
• E c;t responsable en cas de négligence de sa part dans la manière de gérer les
fonds.
3.1.4- Les comptes d'investissement
Ils constituent la principale source de fonds des banques islamiques. Leur mode de
fonctionnement est tout à fait conforme aux principes de la charia puisse qu'ils sont basés
sur le principe PPP et associent le facteur capital et le facteur travail.
On peut distinguer deux grandes catégories de comptes :
• Les comptes standards ou comptes de dépôt d'investissements illimités. Les fonds
sont intégrés dans ceux de la banque pour constituer un pool d'investissements,
• Les comptes« affectés», appelés encore des dépôts d'investissement limités.
La banque dispose des fonds selon les indications du dépositaire.
3.2- Les produits financiers islamiques
Les banques islamiques allouent la majeure partie de leurs ressources dans des opérations
commerciales et d'investissement en utilisant les produits financiers suivants :
Reine Tikoa LOMPO! DESAG/CESAG 2009-2010 26
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• Le financement des transactions commerciales
Les banques islamiques utilisent plusieurs moyens de f'mancement pour les différents
projets qui leur sont soumis. Nous les avons définis précédemment, ce sont entre autres :
•!• Les modes de fmancement participatifs :
./ le contrat Moudharaba,
./ le contrat moucharaka
•!• Les opérations commerciales :
./ 1e contrat mourabaha,
./ le contrat salam,
./ le contrat ijara,
./ Le contrat istina.
•!• Les opérations sans contreparties :
./ soukouks
Conformément à la Charia, aucune des transactions ci-dessus mentionnées ne peut
donner Heu à un rendement fixe préétabli.
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Tableau 3 : Les principaux instruments bancaires islamiaues 11
Appellations Caractéristiques Correspondance avec des instruments occidentaux
Financement d'un projet par la banque Mudaraba* avec partage des P&P selon un ratio Capital-investissement
préétabli
Musharaka* Cofinancement par la banque et les
Mitaka promoteurs avec partage des P &P Capital-investissement selon un ratio préétabli
Kardhasan Prêt sans intérêt avec couverture des
Prêt mutualiste frais bancaires réels par 1 'emprunteur
Achat d'un actif par la banque puis Bay'mu 'aijal revente à son client avec paiement Vente à terme ou forward
différé
Achat d'un actif du client par la Bay'as-salam banque puis revente à terme à ce Cessions-bails
dernier
Achat d'un actif par la banque puis Ijara location à son client avec promesse de Crédit-bail
vente à terme
Murabaha Prêt sans intérêt à court terme avec Microcrédits marge bancaire préétablie
Sukuk Emprunt obligataire adossé Emprunt obligataire à un contrat de crédit-bail
* instrument impliquant un partage de profits & pertes (P&P).
4- Difficultés rencontrées par les banques islamiques
Dans cette section, nous parlerons des contraintes qui caractérisent le fonctionnement des
banques islamiques et nous ferons une comparaison entre celles-ci et les banques
classiques.
11 Source : Errico & farahbaksh: << lslamic banking issues in prudential regulation and supervision », IMF, report,
Mars 1998, adapté par les auteurs de la recherche.
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 28
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
4.1- Les principales contraintes caractérisant le fonctionnement des banques islamiques
Dans la doctrine islamique, l'argent est en soi improductif. L'élimination de l'intérêt joue
un rôle central dans l'établissement de l'ordre économique islamique. L'économie
islamique est basée sur une perception différente de la valeur du capital. C'est le travail
qui génère la richesse et non le capital.
Le principe de coparticipation ou de prise de risque, c'est-à-dire le partage des pertes et
des profits entre « prêteur » et entrepreneur est une autre grande contrainte. En effet, cela
suppose un grand appétit pour le risque de la part de la banque. Ce principe va impliquer
la banque dans des activités extra bancaires (industrielles, touristiques immobilières,
etc.). Il est sensé assurer à la banque un substitut au taux d'intérêt.
Sur le plan organisationnel, la banque islamique devra donc se doter de structures
différentes de celles de la banque commerciale classique en ce qui a trait à la collecte de
l'épargne et de sa transformation. De même, les produits fmanciers développés en vue de
la mobilisation de cette épargne et de son allocation dans le cadre de transactions
dépourvues d'intérêt vont obliger la banque islamique à concevoir des stratégies, des
structures et des procédures appropriées.
Ceci va se traduire, entre autres, par la création d'un conseil de la Charia ou « Charia
Board » qui doit veiller à la conformité des produits financiers et à l'intégrité des
transactions quant à leur caractère islamique.
4.2- La comparaison entre la banque islamique et la banque conventionnelle
Si l'on examine la structure du portefeuil1e des banques classiques et des banques
islamiques, on constate que ces dernières engagent directement plus de ressources que les
banques classiques dans les transactions économiques et commerciales.
• Les banques commerciales canalisent de plus en plus leurs ressources vers
l'acquisition de bons du trésor et d'autres obligations gouvernementales. Ces
ressources qui génèrent un taux de rendement élevé, représentent peu de risque et
s'accompagnent d'avantages fiscaux importants. Dans le cas de la Turquie par
Reine Tikoa LOMPOI DESAG!CESAG 2009-2010 29
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
exemple au moment où les banques islamiques allouent 80 à 85% de leurs actifs à
des activités productives, les banques classiques n'en affectent que 40%.
On remarque aussi que dans les pays musulmans, les firmes réduisent de plus en
plus leur dépendance vis- à-vis des banques classiques en recourant aux opérations
de Murabaha, les substituant aux lignes de crédit coûteuses que les banques
classiques mettent à leur disposition pour fmancer leurs fonds de roulement. Les
opérations dites Ijara ou leasing offertes par les banques islamiques permettent de
leur côté aux firmes de financer leurs opérations.
• Dans le système bancaire classique, le rôle d'une banque est de collecter des fonds
et de les utiliser pour des opérations de prêts, généralement à long terme, c'est- à
dire pour opérer l'intennédia.tion financière. La. banque tire ses revenus en jouant
sur les taux d'intérêts créditeurs et débiteurs. Contrairement à la banque islamique,
elle ne se livre pas à des transactions commerciales, industrielles ou agricoles.
Le recours à l'intérêt est interdit à la banque islamique. Celle-ci collecte les fonds des
épargnants comme la banque classique, qu'elle emploiera dans diverses opérations. Mais
ces opérations seront fondées sur le principe de la participation ou celui du Partage des
Pertes et des Profits. Dans .la philosophie des banques islamiques les clients sont des
partenaires. S'ils sont des «déposants» rémunérés, ils doivent accepter de partager les
risques des activités financées par les dépôts. S'ils sont« emprunteurs», la banque leur
avance des fonds et est de ce fait partenaire dans leurs activités.
La banque islamique, lorsqu'elle s'engage dans un processus d'allocation de ressources
(dépôts des clients), elle agit comme fiduciaire des déposants en même temps que
principal vis-à-vis des entrepreneurs actifs à qui elle avance les fonds nécessaires au
démarrage d'un projet (Musharaka). Elle a donc une relation contractuelle double.
De cette relation contractuelle double découlent des implications importantes. Malgré les
conflits d'intérêt qui y naissent c'est la banque qui sort la grande gagnante.
En effet les déposants tout en assumant la totalité des risques payent des frais de gestion à
la banque. La banque ne leur assure pas un revenu fixe sur leurs dépôts comme le ferait
une banque classique, mais s'engage à leur verser une part du profit réalisé ou à défaut à
les débiter d'une part des pertes encourues le cas échéant.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 30
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
De plus les déposants ne bénéficient d'aucune assurance pour leurs dépôts et n'ont aucun
droit de regard direct sur les choix d'investissements faits par la banque. Les
entrepreneurs, qui sont en même temps agents et partenaires, recevront une part des
profits, selon un pourcentage. Si Je projet essuie des pertes, seul le banquier et en dernière
analyse les déposants les assument. L'entrepreneur quant à lui, son risque se limite à la
perte de son temps et de son effort.
• Dans la relation d'agence qui doit s'établir entre la banque et son agent, le choix de
l'entrepreneur est donc crucial. Pour assurer un cenain contrôle sur les activités du
projet, 1a banque qui est actionnaire insiste toujours pour avoir un siège au conseil
d'administration en plus d'imposer certains ratios comptables (convenants) en
matière de gestion, le cas échéant. Cette situation est d'autant plus difficile voire
normalement inacceptable pour les déposants que la banque ne semble avoir
vraiment aucun pouvoir de gouvernance réel sur les dirigeants des frrmes où elle
investit.
• Les investisseurs (déposants) ne sont pas des actionnaires à proprement parler et
de ce fait n'ont aucun droit de vote. La banque islamique est l'actionnaire détenant
le contrôle des fonds et compagnies d'investissement. C'est la banque qui à travers
ces fonds a un droit de regard sur Jes entreprises où ces fonds mutuels investissent.
Les investisseurs (déposants) n'en ont aucun contrôle.
Les banques islamiques, n'étant pas prêteuses au sens classique du terme, n'ont
aucun moyen de discipliner les dirigeants des firmes en tant que créancier comme
le ferait une banque commerciale. Celle-ci se doit d'intervenir, par exemple,
lorsque des indicateurs de défaut de paiement d'un prêt apparaissent. Les banques
islamiques pour leur part ne peuvent intervenir qu'en tant qu'actionnaire par leur
présence au conseil d'administration. Reste à savoir si cette présence au conseil
d'administration conduit, en cas de besoin, à des changements au niveau de
l'équipe de direction de la frrme. En définitive il ne semble, donc, pas aisé pour les
banques islamiques d'avoir une influence décisive en matière de gouvernance
corporative.
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MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
La dette force les dirigeants à agir d'une manière plus conforme aux intérêts des
actionnaires. Ce schéma suppose bien entendu que les dirigeants ne détiennent pas
d'actions.
Dans un contexte islamique, cependant, certaines nuances sont de mise :
• les marchés financiers dans les pays islamiques ne sont pas très développés et
encore moins les marchés pour le contrôle corporatif;
• le financement par vme de dette est supposé être prohibé, pmsque tout
financement doit se faire par voie d'équité ou sous d'autres formes et excluant
l'intérêt, tel le leasing ou la Mudaraba. Par voie de conséquence, il est difficile de
parler d'une structure de capital optimale dans un contexte islamique, vu
l'inexistence d'emprunts.
Cependant, on constate que dans un contexte où le schéma classique de transformation
des dépôts en prêts est en train de perdre du terrain, les banques islamiques ont une
longueur d'avance sur les banques classiques dans les pays musulmans en matière de
«sécurisation » et de produits de même nature aux investisseurs (déposants).
L'avantage des banques islamiques réside dans le fait qu'en plus de la satisfaction
psychologique sur le plan religieux que retirent les clients, les profits distribués par les
banques islamiques sont toujours au moins égal aux intérêts que reçoivent les déposants
des banques classiques pour des montants similaires.
Il ne faut, cependant pas, oublier que l'industrie bancaire islamique est à ses premiers pas,
alors que son véritable départ a commencé voilà une décennie seulement, comparée à
l'industrie conventionnelle qui remonte à 500 ou 600 ans.
SECTION III - LES REGLES DE GOUVERNANCE APPLICABLES AUX BANQUES ISLAMIQUES (BI)
Les règles appliquées par les banques islamiques sont issues des principes souvent jugés
contradictoires, relevant des théories anglo-saxonne des organisations d'une part et de la
loi islamique, d'autre part. Les dirigeants de ces établissements sont en fait soumis à des
Reine Tilwa LOMPO/ DESAGJCESAG 2009-2010 32
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG}
règles de gouvernance à la fois actionnariale ( shareholders 'govemance ), partenariale
(stakeholders'govemance) et religieuse (islamic governance).
1- Les objectifs de la gouvernance
La gouvernance a pour objectif :
• D'assurer la viabilité opérationnelle des institutions.
• D'accroître la valeur à long terme pour les actionnaires.
2 - Les théories de la gouvernance
Il n'existe pas de théorie pionnière de la gouvernance, cette dernière est la résultante de
plusieurs constructions théoriques.
Les courants appartiennent au même paradigme mats proposent des explications
différentes de l'efficience des organisations et de leur existence. Le premier courant est
d'origine contractuelle et le second est d'origine cognitive.
Tableau 4 : Evolution et svnthèse des différentes théories de la !!Ouvernance_12
Théories de la Contractuelles
gouvernance Actionnariale Partenariale Cognitives Synthétiques
Théories Théorie
contractuelles, Théories comportementale. Théorie
principalement la contractuelles évolutionniste
Essais de synthèse
Théories de la théorie de l'agence (positives ou
Théorie de entre théories
Firme et la théorie des normatives).
l'apprentissage contractuelles et
droits de propriété. Vision généralisée orgamsationnel théories
Vision étroite de de l'efficience et Théories des
cognitives l'efficience et de la de la propriété. ressources et des propriété. compétences
Aspect Discipline et Discipline et Aspect productif Synthèse des privilégié dans répartition. répartition. Créer et percevoir dimensions
Gérard CHARREAUX: "Quelle théorie pour la gouvernance: de la gouvernance actionnariale à la gouvernance cognitive",
Encyclopédie des ressources humaines, Economique, 2002, pp.7-9.
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MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
la création de valeur
Réduire les pertes d'efficience liées aux conflits d'intérêts entre dirigeants et investisseurs financiers.
Réduire les pertes de nouvelles d'efficiences liées opportunités. aux conflits
disciplinaires et productives
Gouvernance Problème de et création de répartition de la
valeur valeur créée
d'intérêts entre les stakeholders.
Problème de répartition de la valeur créée entre les stakeholders
Création de la
Type de valeur Création de valeur valeur
Créée économique pour l'actionnaire
Définition du système de
gouvernance
Mécanismes de
gouvernance
Ensemble de mécanismes permettant de sécuriser l'investissement financier.
Vision étroite axée · sur la discipline permettant de sécuriser l'investissement financier
économique et sociale pour les stakeholders
Ensemble de mécanismes permettant de pérenniser le nœud de contrats ou d'optimiser la latitude managériale.
Vision large axée sur la discipline permettant de pérenniser le nœud de contrats Défmition de la latitude managériale optimale.
3 - Les mécanismes de la gouvernance
Problématique du processus de création de la valeur.
Création et répartition de la valeur
Création de valeur· Création de valeur
économique, ·économique, 'al t sociale et soct e e . . .
11 . t'tut' 11 msbtutiOnne e ms 1 10nne e pour 1,
1 l' tr . pour ensemb e en epnse. des stakeholders.
Ensemble de mécanismes permettant d'avoir le meilleur potentiel de création de valeur par ·l'apprentissage et l'innovation.
Vision axée sur l'influence des mécanismes en matière d'innovation, d'apprentissage ...
L'art et la manière de rallier les intérêts divergents et de rassembler les idées et connaissances . génératrices de gain différentieL
Vision synthétique des mécanismes prenant en compte les deux dimensions, production et répartition.
Au sein de la théorie de l'agence assimilant l'entreprise à un nœud de contrats, l'analyse
des systèmes de gouvernance est basée sur l'hypothèse des conflits d'intérêts entre le
dirigeant et les stakeholders. Le système de gouvernance est constitué par l'ensemble des
mécanismes ayant pour vocation de discipliner les dirigeants et de réduire les coûts
d'agence.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 34
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
La typologie habituellement retenue distingue les mécanismes internes et externes à la
fume. Le contenu de ces catégories varie selon les auteurs et s'est progressivement élargi
avec l'avancement de la recherche.
En ce qui concerne ce travail de recherche, nous retiendrons cette typologie traditionnelle
et courante, cependant il nous semble intéressant de faire le point dans un deuxième
temps sur les autres classifications et typologies des mécanismes de contrôle.
En s'inspirant de la typologie proposée par G. Charreaux, on peut classer les mécanismes
de la gouvernance en fonction de deux critères principaux : leur origine (interne ou
externe) et leur caractère.
• D'une part, les mécanismes internes d'un côté, c'est-à-dire les mécanismes
spécifiques à la firme (comme le conseil d'administration ou la surveillance
mutuelle des dirigeants), et 1es mécanismes externes, de 1 'autre, regroupant le
marché du travail, les marchés boursiers, les organismes fournisseurs de
crédit
• D'autre part, les mécanismes intentionnels, d'un coté, c'est-à-dire ayant pour
but de limiter la latitude et le contrôle du dirigeant
(mécanisme« disciplinaire»), et les mécanismes spontanés, de l'autre, où la
fonction d'encadrement des dirigeants se fait par le jeu «naturel>> du
fonctionnement des marchés et des institutions.
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1
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Tableau 5: les mécanismes de la gouvernance13
Mécanismes spécifiques Mécanismes non spécifique à la firme
Systèmes formels d'incitation et de contrôle Environnement légal et
Mécanismes intentionnels Systèmes de rémunération réglementaire
des dirigeants
Mécanismes informels de surveillance mutuelle Marché des dirigeants (contrôle par la hiérarchie,
Marché financier Mécanismes spontanés contrôle« social», c'est-à- Marché de prise de contrôle
dire système de contrôle Marché des biens et services implicite existant dans toute
organisation) ····--···
3.1- Les règles de gouvernance actionnariale applicable aux BI
Les décisions et les comportements des managers bancaires sont encadrés par des règles
et par des pratiques fondées sur les principes du gouvernement d'entreprise
conventionnel. En effet, pour pouvoir contrôler les dirigeants de banques et pour définir
leur espace discrétionnaire plusieurs instruments sont utilisés, notamment :
• La mise en place du conseil d'administration,
• La normalisation du système comptable islamique à travers l' AAB (Accounting
Auditing board) et la charia board,
• La participation des BT à des financements conjoints avec des prêts conventionnels
examinés au cas par cas par le comité de la charia,
• Les règles de contrôle des comptes, de la notation et de la communication
financière des banques cotées en bourse,
13 Tiré du seme congrès international de la finance-Gouvernance, Audit et qualité de l'information
financière animé par le Dr Simen Serge.
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 36
1
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• L'application par les instances internationales de régulation comptable (IAS/IFRS)
pour la défense des actionnaires.
Tout es ces règles ont pour obligation principale, la protection des intérêts des
actionnaires.
3.2- Les règles de gouvernance religieuse applicable aux BI
La finance islamique repose sur des principes dictés par le Coran, la loi islamique, sa
jurisprudence et sa tradition, fondamentalement différents de ceux de la fmance anglo
saxonne. Le premier fondement de la loi islamique est la condamnation du prêt à intérêt
sur les opérations financières et commerciales (Riba). Le second principe impose à la
banque de partager avec leurs clients les profits et les pertes issus des projets fmancés et
de redistribuer une partie des gains (au moins 2,5%), à la communauté musulmane. Le
troisième pilier vise à conformer les projets fmancés aux préceptes de l'islam: le
financement d'une activité illicite est incorrect.
3.3- Les règles de gouvernance partenariale applicables aux BI
• L'éthique des BI est supposée protéger le petit épargnant-consommateur des produits
bancaires,
• Dans la relation d'agence qui doit s'établir entre la banque et son agent, le choix de
1' entrepreneur est crucial,
• Pour assurer un certain contrôle sur les activités du projet, la banque qm est
actionnaire insiste toujours pour avoir un siège au conseil d'administration en plus
d'imposer certains ratios comptables en matière de gestion, le cas échéant. Cette
situation est d'autant plus difficile, voire inacceptable pour le déposant. La banque
islamique- ne semble avoir vraiment aucun pouvoir de gouvernance sur les dirigeants
des firmes où elle investit.
A cet effet, on peut dire qu'à cause de l'influence de l'environnement intangible, les
banques islamiques ont un fonctionnement qui leur est propre. En s'inspirant de la Charia
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 37
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
pour établir leurs principes opérationnels, les banques islamiques diffèrent des banques
classiques sur plusieurs points.
La relation entre les banques islamiques et leurs clients n'est pas une relation de type
dassique entre créancier et débiteur. Il s'agit d'une relation où les deux parties partagent
les risques et profits.
Une autre différence réside dans le fait que le profit n'est pas le seul objectif de la banque
islamique. Elle doit satisfaire des besoins d'ordre religieux et éthique. Elle doit s'assurer
que les fonds sont investis conformément à la Charia. A cet effet un comité de la Charia
doit assurer la supervision des opérations de la banque. Et étant donné la nature évolutive
des opérations financières, ce comité doit déterminer ce qui est Hal al (licite) et haram
(illicite).
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 38
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
CHAPITRE II: JUSTIFICATION DES CHOIX METHODOLOGIQUES
L'état de l'art montre que les banquiers islamiques sont exposés en permanence à des
incitations et à des contrôles, qui encadrent et parfois limitent leurs «zones
d'incertitude'' (Crozier & Friedberg, 1977). Ces derniers définissent les institutions
comme les « règles du jeu >> des interactions humaines ; la connaissance de ces règles par
les dirigeants leur permet de négocier des « arrangements organisationnels », qui
permettent à l'entreprise d'atteindre un niveau satisfaisant « d'efficience sous
contrainte ». Selon Roberts & Green wood ( 1997), la connaissance de ces zones ne peut
être globale; elle implique l'analyse des « microprocessus » de fonctionnement des
organisations. Le protocole de cette recherche est conçu afm d'identifier, de mesurer et
d'exploiter les opportunités et Jes handicaps de Ja double régulation de J'activité bancaire
islamique.
SECTION 1 : UNE PROBLEMATIQUE ORGANISATIONNELLE
Cette recherche vise à défmir les «espaces discrétionnaires», les« marges d'efficience »
ou les « latitudes d'action » (North, 1990), dont disposent, dans leurs décisions et leurs
comportements quotidiens, d'une part, les managers des banques islamiques, pour
répondre aux exigences des actionnaires, des clients et des régulateurs occidentaux, et
d'autre part, leurs conseillers religieux, pour se conformer aux préceptes coraniques et
aux pratiques des fidèles. Selon North (1990), la construction d'espaces discrétionnaires
communs aux parties prenantes, implique une perception croisée des logiques respectives
de leurs « schémas de représentation » de la problématique soulevée. Cette perception
dewait permettre d'accélérer leurs processus d'apprentissage collectif et de modifier
leurs systèmes d'action. Cette approche est également recommandée par Friedberg
(1993), qui considère les schémas mentaux partagés comme des « héritages culturels »,
évoluant en fonction d'expériences locales, vécues en fonction de systèmes d'action
concrets, les choix structurels locaux rétroagissant sur la perception de l'environnement
institutionnel global.
Reine Tikoa LOMPO! DESAG/CESAG 2009-2010 39
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
SECTION II: UNE METHODOLOGIE DE RECHERCHE QUALITATIVE
En raison du caractère exploratoire de la recherche, des dimensions à la fois économique
et sociologique de son objet, du caractère à la fois complexe et dynamique des
organisations observées, le choix d'une approche qualitative du terrain a été privilégié.
La démarche triangulée suivante sera appliquée :
• la revue de littérature qui a permis de cadrer le champ de l'étude et la
problématique de la recherche;
• une sélection puis une première consultation (par des entretiens individuels
d'environ une heure) d'un panel de quatre experts (deux gestionnaires bancaires et
deux conseillers religieux relevant de deux banques différentes) ont permis de
sélectionner les cas à tester auprès des experts;
• ces cas ont été préalablement étudiés à partir des différents matériaux secondaires
(rapports annuels, analyses, articles, sites Internet) référencés dans la
bibliographie, suivant 1 'approche préconisée par Miles & Huberman ;
• une seconde consultation des experts (par des entretiens semi-directifs d'une durée
d'environ deux heures) a permis de recueillir leurs perceptions des cas étudiés,
• les verbatim des entretiens ont été indexés et exploités par des analyses de
contenu, qui ont permis de dégager les «schémas mentaux partagés»
respectivement par les gestionnaires et leurs conseillers;
• grâce à une troisième consultation des experts, les schémas ainsi construits ont
été, suivant une démarche-miroir préconisée par Orstman, présentés
individuellement aux experts, commentés et ajustés (dans le cadre d'entretiens
d'environ une heure), puis restitués dans la deuxième partie de ce document
(confère annexe sur la grille thématique).
Reine Tikoa LOMPOI DESAG!CESAG 2009-2010 40
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Figure 1 :Stratégie générale pour développer un modèle théorigue
El : identification situation de départ
D
E2: analyse
D
E3:
synthèse et prototype
D Boucle de rétroaction
SECTION III- L'ANALYSE DU CONTENU
E4:
validation
D
Les enquêtes en mode semi-directif ont visé à reconstituer les « schémas mentaux
partagés » respectivement par les gestionnaires bancaires et par les conseillers
islamiques, à partir d'études de cas illustrant:
• la gouvernance de la banque de détail islamique, comme un des principaux pôles de
création de nouveaux instruments de crédit et de placement destinés aux clients
musulmans;
• la gouvernance de la banque d'investissement islamique, à partir de montages financiers
différents de projets (industriel et immobilier) engagés par des entreprises ;
• la gouvernance de la banque de marché (« gestion actif-passif») islamique, à partir
d'une analyse de sa gestion des risques.
Il ressort de notre entretien~ les constats suivants (voir les questions du guide d'entretien
en annexe):
• La BIS a pour mtsston de mener des activités de collecte d'épargne et de
redistribuer des crédits sur la base des principes édictés par 1 'Islam. Elle répond
ainsi aux besoins et aspirations d'une grande partie de la population sénégalaise.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 41
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG}
Elle offre aussi aux entreprises et opérateurs économiques, des services bancaires
modernes et compétitifs en conformité avec les prescriptions islamiques,
• La BIS offre les mêmes produits et services que les banques conventionnelles
mais sous une dénomination différente (Musharaka, soukouk, morabaha, ... ), au
lieu d'intérêt on parle de marge ou de profit. Toutes les personnes interviewées
affirment que : « la BIS offre des produits financiers, classiques et
d'investissement; mais la différence majeure d'avec les autres banques du
Sénégal réside dans le fait qu'elle fait du commerce (vente de sucre, du riz, ... ) et
utilise la politique des 3P (partage des pertes et profits) »,
• Parlant de son fonctionnement, 1 OOo/o des interviewés déclarent que : « la BIS est
une société anonyme (SA) avec un conseil d'administration à l'externe, un comité
directoriale et une assemblée générale des actionnaires. l1 existe des relations
hiérarchiques latérales entre ces diverses instances, le directeur général instruit
cependant les différents départements pour 1' atteinte des objectifs. Mais 1 'ennui,
c'est que la BIS ne dispose pas d'un comité de la charia », à cet effet, on pose la
question de savoir si la BIS est vraiment une banque islamique ? en effet, la charia
board est un organe obligatoire dont doit disposer une banque islamique. De plus,
une banque ne peut pas faire partie de J'AlBI (Association Internationale des
Banques Islamiques) ni prétendre appliquer les principes de la fmance islamique si
elle ne dispose pas de cet organe,
• En plus de ne pas disposer de charia board, la BIS fonctionne avec la même
réglementation en vigueur que les banques conventionnelles. Toutes les personnes
à qui nous avons soumis au guide d'entretien affirment qu'au Sénégal, il n y a pas
de réglementation spécifique qui puisse permettre à la BIS d'appliquer une finance
isltm1ique dans tous les sens du terme,
• Parlant du système de gouvernance qui prévaut dans la BIS, 20°/o des aVIs
recueillis« actionnariale+partenariale+religieuse », 60% de ces personnes optent
pour le modèle « actionnariale+partenariale » et les autres pour le modèle
« actionnariale parce que la BIS obéît à la règle des actionnaires». quant à nous,
nous estimons que la BIS étant une banque islamique, on devrait dans la logique
avoir le modèle « partenariale+religieuse >>,
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 42
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• Quant aux mécanismes de gouvernance, ils sont de deux principaux ordres au
sein de la BIS :
../ les mécanismes intentionnels spécifiques à la BIS qui lui permettent
de gérer avec efficacité les transactions mettant en jeu de gros
investissements. Nous recueillons l'avis d'un des interviewés sur la
question : « le conseil d'administration de la BIS intervient pour
contrôler toutes les transactions dont le montant est supérieur à 300
millions. Pour un crédit dont le montant est compris entre 0 et 300
millions, il faut un accord collégial au niveau local (Sénégal), au
delà de 300 millions, en plus de cet accord collégial, il faut
l'approbation du conseil d'administration (BID et la Banque
Turque),
../ les mécanismes intentionnels non spécifiques imposés par la
Banque Centrale à tous les établissements fmanciers, notamment
pour le respect du ratio de Bâle 2,
../ les mécanismes spontanés spécifiques à la BIS et visant à la
protéger contre les risques liés aux opérations et à surveiller son
activité, nous pouvons citer entre autres les prises de garanties, la
consultation du compte de résultat, l'établissement du rapport
d'activité pour les clients. la mise en place d'organes de contrôle
interne (contrôle de gestion) et externe (audits), le calcul de certain
ratio comme le ratio de couverture des risques, la limitation des prêts
aux principaux actionnaires, au personnel et aux dirigeants,
• Parlant de l'image de la BIS, 100% des interviewés affirment qu'elle a «une
bonne image», mais qu'elle n'est pas trop présente et presqu'inconnue de
beaucoup d'acteurs. De plus, la population la confond à « une œuvre de
bienfaisance ou une mosquée», un des interviewés continue en ajoutant que
«malgré qu'il y ait pas de frais sur le compte d'épargne beaucoup de clients n'y
souscrivent pas ».
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 43
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Au regard de ce qui précède, la BIS pourrait être assimilée à une banque conventionnelle
eut été le fait:
• Qu'elle dispose de produits islamiques,
• Qu ·elle partage ses pertes et profits,
• Qu'eUe ne prélève pas d'intérêt mais des marges.
Cependant le fait qu'elle ne dispose pas de charia board remet en cause tout son système
de gouvernance (qui se voudrait islamique).
SECTION IV- LES LIMITES DE LA METHODE DE RECHERCHE INDUCTIVE
L'administration du protocole de la recherche a été exposée à plusieurs biais. L'étroitesse
du panel de gestionnaires et de conseillers interrogés a limité la validité de certaines
observations (biais d'échantillonnage); le questionnement d'un panel plus large et plus
représentatif des différents segments de praticiens devrait contribuer, dans une seconde
phase de la recherche, à en limiter les effets négatifs. Les asymétries d'information entre
les gestionnaires et les conseillers, dont les connaissances et les expériences relèvent de
champs complètement distincts, ont pu également entraîner des biais divers (de
contamination, de compréhension ... ); la diffusion de ce document a notamment pour
objet de limiter la dissymétrie d'information entre les acteurs qui seront consultés dans Ja
seconde phase des travaux de recherche. L'hétérogénéité et l'abondance des sources
secondaires consultées en langues arabe, anglaise et française (sources publiques, privées,
laïques, religieuses ; académiques, professionnelles ... ) rendent difficile leur exploitation
méthodique; une multiplication des cas étudiés et une pratique p1us systématique de
1 'analyse de contenu, devraient permettre, au cours de la phase confmnatoire de la
recherche, une exploitation plus efficiente des matériaux de terrain.
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 44
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 45
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
CHAPITRE 1 : BILAN DE L'ETUDE
Tout au long de ce chapitre, nous vous présenterons la banque Islamique du Sénégal ainsi
que les résultats obtenus de notre guide d'entretien.
SECTION I- HISTORIQUE, STATUT ET ORGANISATION STRUCTURELLE DELA BIS
Comme toute organisation, la BIS a son histoire, de même qu'une organisation
structurelle qui lui est propre.
J- Historique de la BIS
A l'origine dénommée, MASSRAF FAYCAL AL ISLAMI, la Banque Islamique du
Sénégal a été constituée le 22 Février 1983 sur la base du protocole signé le 14 Octobre
1981 entre son Excellence Monsieur Abdou Diouf, Président de la République du
Sénégal et son Altesse Royale le Prince Mohamed Fayçal AL SAOUD, Président du
Groupe Bancaire DAR AL MAAL AL ISLAMI.
Auparavant, la BIS comptait les actionnaires suivants :
• Dar Al Maal Islami Genève,
• Banque Islamique de Développement Djeddah,
• Etat du Sénégal,
• Divers actionnaires.
Suite à des difficultés liées à sa gestion, la BJS a dû cesser ses activités, ce n'est qu'en
1996 que la reprise a eu lieu. Elle compte présentement à son actif de nouveaux
actionnaires comme la Banque Turque et la Banque Islamique de Développement.
2- Statut et organisation structurelle de la BIS
La Banque Islamique du Sénégal (BIS) est un établissement bancaire sous la forme d'une
société anonyme dont 1e capital vient de passer à deux mi11iards de FCF A.
• Le fonctionnement de cette société anonyme fait intervenir quatre principaux
éléments à savoir :
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 46
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• Le conseil d'administration avec à sa tête un président du conseil d'administration
et deux administrateurs,
• Le comité directorial, qm est composé du directeur général et d'un directeur
général adjoint,
• Les commissaires aux comptes,
• L'assemblée générale des actionnaires.
Conformément aux statuts, la banque a pour objet de :
• Mener des activités de collecte d'épargne et de distribution de crédits sur la base
des principes édictés par l'Islam, répondant ainsi aux besoins et aspirations de la
population musulmane du Sénégal ;
• Et offrir aux entreprises et opérateurs économiques des semees bancaires
modernes et compétitifs.
NB: la BIS ne dispose pas d'organigramme.
SECTION Il : ACTIVITES ET PLACE DE LA BIS SUR LE MARCHE BANCAIRE
La BIS mène plusieurs activités, nous avons entre autres des opérations financières
conventionnelles constituées de produits classiques et les opérations financières
portant sur les produits islamiques.
Cependant, la présence des banques conventionnelles sur le marché bancaire
sénégalais ainsi que d'autres contraintes majeures constituent autant d'entraves à
son bon développement.
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 47
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
l- Activités de la BIS
1-1 Méthodes d'intervention de la BIS
Les opérations de financement islamique réalisées par la BIS excluent toutes formes
d'intérêt et eUes peuvent revêtir les formes suivantes:
• morabaha
• musharaka
• modaraba
• IJara
• ijara wa iktina ou location vente
• kar hassan ou financement non rémunéré
1.2. Services bancaires offerts par la BIS
La BIS offre plusieurs types de service à sa clientèle.
1-2-1 Le compte courant islamique
Le compte courant islamique est un compte de dépôt à vue non rémunéré. Il peut être
ouvert en monnaie locale ou en devise.
Les comptes étrangers sont soumis aux dispositions de la réglementation des changes.
Les titulaires de ces comptes ne perçoivent aucune rémunération dans la mesure où ils
peuvent disposer à tout moment de leur avoir.
1-2-2 Le compte d'épargne
Il est régi par les mêmes règles que le compte courant islamique en ce qui concerne la
disponibilité des fonds et l'absence de rémunération. Cependant, le compte d'épargne
peut avoir un objet spécifique permettant au titulaire un financement complémentaire au
bout d'une certaine période.
1-2-3 Le compte d'investissement
Il est un compte de dépôt à terme. La banque est chargée de faire fructifier le compte
d'investissement pour te compte du client.
Reine Tilcoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010 48
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
La BIS offre à sa clientèle tous les autres services bancaires classiques ne comportant pas
la perception d'intérêt :
• Opération de change
• Opération de transfert rapide d'argent
• Opération de commerce extérieur
• Opération d'encaissement
• Opération de portefeuille
• Opération de confmnation ou de domiciliation
1-3 Les principes et méthodes comptables
Les comptes annuels de la BIS sont établis selon les règles définies par la banque
centrale.
A ce titre, voici les activités comptables qui y sont exécutées :
• Les états comptables
• T inventaires physiques
• Les engagements sociaux
• Les rations prudentielles (les fonds propres effectifs, le coefficient de liquidité, la
structure du portefeuille, ... )
• Le contrôle fiscal
2- Place de la BIS sur le marché bancaire
La BIS est une banque moyenne, son capital social qui était de deux milliards auparavant
vient de passer à dix milliards cette année, elle ne dispose pas de ressources fmancières
pour concurrencer les autres banques conventionnelles de la place. En effet, la BIS ne
peut pas avoir recours au refmancement de la banque centrale, ni du marché monétaire ou
encore du système de prêt interbancaire en raison de l'implication du taux d'intérêt, elle
doit se contenter donc des capitaux injectés par les bailleurs de fonds (BID et la Banque
Turque ),cette situation la met dans une position de faiblesse par rapport aux autres
banques de la place. Du fait de ce déficit de liquidité, la BIS n'arrive pas à effectuer de
gros investissements ni à investir dans plusieurs activités à la fois, limitant ainsi ses parts
de marché,
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009·2010 49
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Par conséquent, elle reste méconnue de beaucoup d'agents économiques au Sénégal. Elle
n'occupe que 5% du marché bancaire. Sa part de marché est très dérisoire en
comparaison de celle des banques classiques.
SECTION III- LA BIS DANS SON MACRO-ENVIRONNEMENT
1- L'environnement économique
Complexité, turbulence, incertitude sont des éléments qui caractérisent 1 'environnement
économique dans lequel évolue la BIS. Aussi, n'échappe-t-elle pas aux influences de cet
environnement. La récente crise financière qu'a connue le monde a touché l'économie
sénégalaise ainsi que le secteur bancaire. La BIS a constaté une baisse de son activité
ainsi qu'une baisse du volume des transferts reçus des émigrés.
En plus de la crise financière, la BIS évolue dans un système économique qui est celui
des banques conventionnelles, dés lors, il est difficile pour elle de les concurrencer. Les
banques conventionnelles sont très anciennes et elles maîtrisent toutes les rouages de la
réglementation bancaire alors que la BIS, elle, est nouvelle et elle subit les incidences
(l'inflation, le taux de change) de cet environnement.
2- L'environnement socioculturel
La BIS évolue dans un milieu de culture intense. Par culture intense, nous voulons parler
de l'environnement structurel et de l'environnement intangible.
L'environnement structurel comprend les parties prenantes au fonctionnement de la
banque (les clients, les fournisseurs, les syndicats, les organismes de régulation, .... ) et de
l'influence qu'ils produisent sur la stratégie de la BIS.
L'environnement intangible qui relève du domaine des idées.
Ainsi, le rapport de 1 'homme au travail et à 1 'argent, le rapport au monde, le besoin de
sécurité sont autant de comportements susceptibles d'influencer l'exercice de l'activité
financière de la BIS.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 50
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
3- L'environnement religieux
La religion musulmane conditionne l'activité de la BIS. C'est pour répondre à cette
éthique et pour satisfaire la population sénégalaise que la BIS mène des activités dont les
principes sont édictés par l'islam.
• Le principe de gérance des biens,
• L ·éthique du travail,
• L'esprit communautaire et de solidarité,
• La neutralité du temps,
• Le rôle de l'argent.
SECTION IV- PRESENTATION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE
Les schémas mentaux partagés des gestionnaires bancaires et des conseillers banquiers
islamiques sont analysés dans les trois principaux métiers de la banque : les activités de
détail (dépôts, prêts, placements), le fmaneement de projet (industriel, immobilier), la
finance de marché (couverture des risques).
1- La gouvernance de la banque islamique de détail : la problématique du prêt a intérêt
Les représentations des pratiques de banque de détail par les gestionnaires et par leurs
consei1Iers, ont été appréhendées à partir du cas de la BIS.
La BIS est actuellement la seule Banque islamique du Sénégal. Malgré les difficultés
qu'elle rencontre eUe a mis sur Je marché les principaux instruments suivants :
• Les dépôts de particuliers sont considérés comme des prêts garantis à la banque,
rémunérés « à titre gracieux » ; 1' offre de cartes de crédit n'est pas encore
proposée.
• Diverses formules de murabada (achat-vente avec partage de risque), d'ijarah
(location-bail), de bay'mu'a.ijal (crédit-bail) et de bay'as-salam (vente à terme)
sont proposées.
• Parmi les produits de placement, la banque ne place pas encore des obligations
(soukuk) auprès de sa clientèle.
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 51
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• La gestion de portefeuilles d'actions a été développée; sa rémunération
(forfaitaire) ne doit pas être proportionnelle au montant des capitaux gérés. Depuis
1999, une gestion indicielle islamique est possible, car la bourse de New York a
lancé 31 indices Dow Jones Islamic Market Index (DJIM), composés uniquement
d'actions de sociétés socialement responsables de toutes nationalités, qui doivent
être modérément endettées et ne pas se livrer aux activités incorrectes interdites
par la sharia. Le site internet IslamiQ.com conseille les musulmans en placements
islamiques.
Les deux gestionnaires interrogés sur ces pratiques analysent l'offre de la BIS à sa
clientèle de particuliers et reconnaissent qu'ils disposent, dans la plupart des pays à
communautés musulmanes (à l'exception des pays sous contrôle chiite), d'une latitude
d'action croissante dans la banque de détail. Mais compte tenu de l'environnement
sénégalais (inadaptation de la réglementation, une clientèle réduite, inexistence d'un
conseil suprême qui vérifie les services offerts conforment à la charia ... ) la BIS est
cantonnée à des services classiques et peu variés.
Les conseillers islamiques consultés sont plus réservés: ils rappellent que les prêts
personnels ne sont tolérés par la sharia que dans la mesure où ils constituent des
microcrédits ne comportant pas d'intérêt mais une rémunération des frais bancaires
indépendante de la durée et du montant du prêt. Le gain tiré du prêt doit être par ailleurs
soumis à la saddaqah, ou contribution volontaire aux œuvres caritatives musulmanes.
Les placements obligataires ne sont admis que s'ils respectent les principes du soukuk.
Dans la banque de détail, la latitude des gestionnaires semble donc plus limitée en cas
d'octroi de crédits à long terme et d'utilisation d'instruments de marché.
La confrontation des approches laisse apparaître que le métier de banquier conventionnel
repose fondamentalement sur le prêt à intérêt: ce dernier, fixé a priori par contrat, couvre
les coûts de refmancement, d'infonnation et de couverture du risque de la banque~ le
contrat ne prévoit pas (sauf dans le cas de prêt participatif) de partage des risques entre le
prêteur et 1' emprunteur; cette pratique vise à limiter les comportements opportunistes (de
sélection adverse et d'aléa moral) des emprunteurs, qui ne sont ainsi pas tentés de faire
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009·2010 52
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
partager les risques de leurs projets avec les actionnaires de la banque. Le métier de
batwuier islamique repose à l'inverse sur un partage a posteriori des risques, justifié par
la fidélité des clients musulmans à leurs banques et par leurs liens de confiance mutuelle
(renforcés par des convictions religieuses communes), de nature à éviter également les
comportements opportunistes. Dans les services aux particuliers, cet usage limite peu en
pratique la latitude d'action des banquiers islamiques.
2. La gouvernance de la banque islamique d'investissement: la problématique du droit de propriété du bien finance
La gouvernance des activités de fmancement des projets d'entreprises donne lieu à des
schémas mentaux plus convergents entre gestionnaires et conseillers, comme en attestent
leurs analyses des deux montages financiers suivants.
Un gestionnaire de la BIS déplore le fait que la BIS ne se soit pas encore lancé dans un
tel projet. Mais celui-ci nous expose un exemple réussi, celui du projet industriel « Saudi
Chevron Petrochemical ».
« La société promotrice et gestionnaire du projet (Saudi Chevron Petrochemical
Company)» a mis en place en 2001 une double structure de fmancement:
• des fmancements islamiques assurés par une filiale de la Chevron Corporation
(Chevron) et par le Saudi Industrial Venture Capital Group (fonds
d'investissement) ;
• des financements conventionnels apportés par un syndicat de banques
internationales, régionales et locales.
Le site sur lequel le projet a été construit est la propriété d'un établissement public (Royal
Commission), qui loue le site à la société-projet Les avoirs détenus par la société-projet
sont hypothéqués (rahn-adl). L'amortissement des emprunts contractés par la société
projet est garanti par les cash flows générés par le projet et par le rahn ; deux entités se
sont portées garantes de la transaction (adl), l'un pour les avoirs (recettes de ventes) de la
société- projet située à l'extérieur de l'Arabie Saoudite (The Offshore Security Agent), et
l'autre pour ceux (actifs du projet), qui sont situés à l'intérieur du pays (The Onshore
Security Agent)».
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 53
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (OESAG)
Schéma 1 : La structure de financement du Saudi Chevron Petrochemical
Project
-~ 'V ilaill~m du ·&~ --------7 Soci~té-projcl
~\.OftiaJ pnJ1Jr)"..l' 1 ei:rf<·,Î._";
t.:t'l\ \ï!lltll>lUit'h (t.:a<h flow<, tl:tnhi
Sanrœ :\f:chael JI ::.tc~fiHen · ··r~knmc SJ:Jn'ah·Compi:am Proie::! fmance Ct:t!Llter;d Secnnty and rinam:iml S!rm:llnr!"'. Han~nd Ca.\-e Snubô . .:out
Les managers des banques et de la société-projet ainsi que leurs conseillers islamiques,
sont parvenus, après de longues négociations, à une structure juridique et fmancière
(Collateral Security Structure), qui satisfait l'ensemble des parties. Ce compromis a été
possible grâce à une comparaison rigoureuse des principes de la Common Low anglo
saxonne et du Fiqh Al Mouamalat musulman. Afin de rapprocher les schémas mentaux
des deux parties, un montage simple a d'abord été simulé (celui d'un crédit entre
particuliers hypothéqué par une vache) ; des réponses communes ont été recherchées aux
questions simples suivantes: l'opération est-elle conforme à la loi islamique?, quels sont
les droits et les devoirs de chaque partie? La vache, ses veaux et son lait peuvent-ils être
vendus, par qui et à quelles conditions ?
Les experts interrogés expriment leurs perceptions respectives des concepts-clés de
mahroun et d'adl. Les gestionnaires soulignent que le rahn, apparemment complexe, est
assimilable à un prêt hypothécaire conventionnel. Les conseillers islamiques objectent
que le rahn ne peut être valide que si l'objet confié en garantie (mahroun) porte sur un
bien durable (non destructible lors de son utilisation), si ce dernier préexiste à la
conclusion du contrat, s'il est cJairement désigné et évalué, de même que la dette à
garantir (montant, durée et modalités d'amortissement ... ). Ils ajoutent que la banque doit
entrer « en possession physique » du marhoun, supposant ainsi qu'elle doit en effectuer la
maintenance, l'utilisateur n'en assurant que l'entretien courant; le marhoun ne peut être
revendu sans le consentement des deux parties; en cas de défaillance de l'emprunteur, la
banque est créancière prioritaire.
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 54
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION {DESAG}
Concernant le adl, les gestionnaires 1' apparentent à un « garant » occidental, tandis que
les conseillers précisent que, selon la sharia, le adl doit être plutôt un « administrateur
médiateur », personne de confiance, choisie par les deux parties, dépositaire des
documents relatifs à 1 'hypothèque. Afin de concilier ]es deux positions, les biens de la
société-projet situés hors de l'Arabie Saoudite sont déposés auprès d'un garant (The
Offshore Security Agent), conformément à la loi anglaise (dite du First-Line Collateral),
alors que le mahroun situé en Arabie Saoudite est détenu et géré par un adl (The Onshore
Security Agent), en vertu de la loi islamique (Second-tine Collateral). Les recettes de
ventes internationales de la Saudi Chevron Petrochemical sont déposées sur un compte
spécial d'une banque anglaise et gérés par l'Offshore Security Agent. Les besoins de
fmancement du projet sont couverts grâce au transfert de ces recettes sur le compte d'une
banque saoudienne géré par l'Onshore Security agent. La Common Law s'applique aux
litiges relatifs aux avoirs situés à 1 'étranger, tandis que la loi saoudienne s'applique à
ceux qui sont situés en Arabie Saoudite. Ce montage est semblable à ceux qui sont mis en
œuvre par les banques internationales pour financer les grands projets dans les pays à
forts risques-pays (comme analysé par P1uchart, 2000). Un des gestionnaires interrogés
souligne par ailleurs qu'en Arabie Saoudite - dont la législation favorise la création de
banques offshore - le plaideur a le choix entre plusieurs institutions statuant sur les
conflits juridiques liés au financement de projets locaux et internationaux: le Banking
Disputes Settlement Committee (SAMA Committee) et le Negotiable Instruments Office
(NIO) tranchent les différends qui impliquent les banques étrangères et leurs clients
saoudiens ~ le Board of Grievances (BG) juge des disputes commerciales, de l'application
des jugements de cours étrangères et de déclaration de faillites (notamment bancaires);
seul ce dernier est particulièrement exigeant en matière d'application de la sharia.
Le gestionnaire interrogé sur le montage de ce projet, reconnaît que 1 'application du
contrat d'istisna pose un problème de répartition des risques. Le bailleur et l'entrepreneur
supportent des risques excédant ceux leur incombant normalement dans le cadre d'un
financement conventionnel de projet: 1e bailleur supporte Jes coûts de fonctionnement et
de remise en état du site, les risques environnementaux et les taxes locales. Dans le cas
d'un défaut de paiement de la part du bailleur, l'entrepreneur ne peut engager une action
en recouvrement contre celui-ci, mais seulement contre la société-projet. Le montant des
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 55
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
indemnités est alors limité aux loyers restant dus par la société-projet et aux indemnités
des assurances souscrites. Dans le cas d'un défaut de paiement ou de la faillite de la
société-projet, le bailleur doit continuer à payer l'entrepreneur général, contrairement à
un montage conventionnel.
Le contrat d'ijarah soulève également des difficultés d'application : le projet est
subdivisé en huit bâtiments et chaque bâtiment en diverses unités, construits et occupés
par ses locataires selon des tranches successives; or, dans un contrat d'Ijarah, l'objet du
contrat doit préexister au contrat.
Un consei1ler islamique consulté dans le cadre de la recherche estime que les paiements
doivent être ordonnancés par bâtiment, ce qui implique pas moins de neuf contrats
d'istisna et de neuf contrats d'ijarah (huit bâtiments et le projet en sa totalité). Mais, après
discussion, l'autre conseiller consulté admet la conformité à la sharia d'un seul contrat
d'ijarah/ istisna pour l'ensemble du projet.
D'une manière générale, les experts interrogés conviennent que l'addition d'une tranche
islamique aux financements conventionnels entraîne généralement un déséquilibre entre
les prêteurs en matière de sûretés. Dans le cas de l'ijarah, la détention du droit de
propriété par le bailleur le place dans une position plus avantageuse que celle des autres
prêteurs. Dans le cas du mourabah~ le prêteur islamique donne mandat à 1 'emprunteur de
prendre livraison du bien auprès du fournisseur au nom et pour le compte de l'institution
islamique; celle-ci bénéficie donc d'un droit de recours au titre de ce contrat de mandat
contre l'emprunteur en cas de défaillance de l'équipement (les banques commerciales
occidentales ne disposent pas de ce recours). Toutefois, le banquier prêteur continue de
supporter le risque des vices cachés des biens financés ; afin de se prémunir contre ce
risque, il contracte généralement une assurance « dommages », en répercute la prime
dans ses frais facturés à 1 'emprunteur, et affaiblit ainsi sa position concurrentielle face
aux banquiers conventionnels. Dans le cadre des contrats de moudaraba et de
moucharak~ la banque islamique ne bénéficiant pas de sûretés personnelles de la part de
ses c1ients, elle ne peut compter que sur une réalisation et une exploitation efficaces du
projet ; sa seule garantie réside dans la qualité des actifs du projet et dans sa capacité à
générer sur la période de fmancement. les revenus nécessaires au service de la dette. La
recherche d'un équilibre entre les parties prenantes exige donc des banques islamiques
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 56
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
une expertise particulière en évaluation d'actifs, en diagnostic de projet et en ingénierie
juridique et fmancière.
Sur le plan fiscal, dans la plupart des pays, les profits et les plus-values réalisées par les
entreprises sont taxés, tandis que les intérêts versés sont déductibles de J'impôt sur les
sociétés. Le financement islamique entraîne logiquement des surcoûts fiscaux pour les
entreprises emprunteuses - assimilées à des investisseurs - et les banques prêteuses -
considérées comme des bailleurs et des vendeurs. Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni,
envisagent de mettre en place un régime spécifique applicable aux opérations islamiques
réalisées dans le domaine immobilier. La plus-value dégagée lors de la revente des biens
serait fiscalement assimilée à des intérêts versés à la société-projet. Plus généralement,
les gestionnaires interrogés considèrent que l'optimisation fiscale d'un montage
islamique nécessite une approche souple de la part des autorités locales, en particulier
dans les pays non islrunisés (où les banques islamiques sont en concurrence directe avec
les banques conventionnelles), afm d'assimiler ce montage à une opération de prêt.
La participation de banques islamiques à des opérations principalement financées par des
prêts conventionnels est examinée au cas par cas par les comités de la sharia. Ces
derniers les valident sous réserve que les précautions analysées dans les deux exemples
précédents soient respectées par ]es gestionnaires bancaires. Dans le cas où un projet
génère des revenus accessoires à ceux de 1 'activité principale, le comité le rejette le plus
souvent pour non conformité aux lois islamiques. Tel est notamment le cas où le
financement d'un aéroport international contribue à la construction d'une zone sous
douane dans laquelle est commercialisé des produits alcoolisés.
Le droit canon islamique n'est pas une loi nationale ou internationale, même si, dans
certains pays musulmans, la loi se veut conforme aux principes fondamentaux de la
sharia. Les contrats conventionnels requièrent une défmition claire des droits de
propriétés des parties. Or, dans beaucoup de pays musulmans, ces droits sont encore
insuffisamment défmis et protégés. Ces « flous juridiques » confèrent une certaine marge
d'interprétation aux conseillers islamiques et rendent parfois aléatoire la latitude d'action
des gestionnaires bancaires.
Reine Tikoa LOMPO! DESAG!CESAG 2009-2010 57
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
3. LA gouvernance de la banque islamique de marché : la problématique du partage des risques
Les établissements à guichets islamiques doivent gérer les risques de natures multiples
(de crédit, de taux, de marché, opérationnels ... ), associés aux métiers bancaires. En
raison des obligations imposées par la loi islamique, ils ne peuvent se conformer ni aux
ratios prudentiels imposées par Ja Banque des Règ]ements Internationaux (dits « ratios de
Bâle 1 » et « de Bâle 2 » ), ni faire appel à certaines techniques de gestion actif-passif
(asset & liabilities management) pratiquées par les banques conventionnelles (grâce aux
multiples instruments dérivés de couverture des risques de taux et aux mécanismes de
titrisation de créances).
Afm de mesurer leurs risques spécifiques, une analyse des comptes de 1' année 2004 de
dix banques islamiques (choisies parmi des pays différents) 14, comparés à ceux d'un
panel de grandes banques conventionnelles, a été d'abord réalisée, puis soumise aux
experts interrogés dans le cadre de la recherche.
L'étude montre en substance que:
• la qualité des actifs des banques islamiques (mesurée par les ratios «
provisions et pertes de contrepartie sur encours de crédit ») est dans
1 'ensemble meilleure que celle des banques occidentales ;
• la solvabilité des banques islamiques (mesurée par le ratio « capital social et
réserves sur encours ») est comprise entre 10 et 20%, soit à un niveau
supérieur à celui (8°/o) exigé par les accords de Bâle15 ;
• ]a Jiquidité des banques islamiques (mesurée par le ratio « dépôts sur actif»)
est nettement inférieure à celle de leurs concurrentes occidentales ;
• la rentabilité des banques islamiques (mesurée par les ratios « produit net
bancaire sur actif » et « résultat net sur actif ») est moindre que celle des
grandes banques conventionnelles, mais elle semble être plus stable dans le
temps;
14 Banque Albaraka d'Algérie, Arab lslamic Bank de Bahreïn, Banque Misr d'Egypte, Bank IFI d'Indonésie, Koweït Finance House, Bank Islam de Malaisie, lslamic Development Bank d'Arabie saoudite, lslamic fnvestment Cy of Lonc'Jn, Albaraka Bancorp Of Chicago, Al-barak Turkish lslamic Bank. 15 ce ratios doit être supérieur à 8%, selon les accords de Bâle 1 ratio Cooke) et de Bâle 2 (ratio mc Donough).
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 58
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• la qualité de la gestion des banques islamiques (mesurée par le nombre de
fai11ites bancaires et par le niveau de formation des salariés) n'est pas
significativement différente de celle des établissements classiques.
Ces observations rejoignent dans l'ensemble les constats des agences occidentales de
notation financière :
• l'agence Standard& Poors a procédé en 2002 à la même analyse comparative16
; 1' étude conclut que les risques des établissements et instruments islamiques «
ne sont dans 1' ensemble ni plus ni moins élevés que ceux des autres banques
de mêmes tailles et profils » 17•
• Moody's est cependant plus réservée sur la liquidité des banques islamiques,
dont les instruments d'actif et de passif ont des maturités plus courtes et plus
aléatoires que celles des banques conventionnelles, et sur la qualité des actifs
plus réduite en raison de la difficulté des établissements islamiques à pratiquer
une gestion dynamique de portefeuille de leurs créances.
Plusieurs organisations internationales émettent d'ailleurs des réserves sur l'aptitude
actuelle des banques islamiques à pratiquer une gestion efficiente de leurs risques :
• Le Fonds Monétaire International a édicté en 2001 un ensemble de
recommandations en faveur d'une meilleure régulation de la banque islamique:
instauration d'une procédure internationale d'habilitation bancaire,
renforcement d'un marché interbancaire islamique, développement
d'instruments d'évaluation et de couverture des risques bancaires,
réglementation de la communication fmancière ...
• L'International Accounting Standards Committee (IASC) a précisé en 2002
que certaines normes IAS/IFRS (notamment 30,32 & 39) devant être
appJiquées dès 2005 aux étabhssements cotées en bourse, ne peuvent être
respectées en l'état de leurs pratiques comptables par les banques islamiques.
16 << Classic ratings approach applied ta islamic banks despîte industry specifies», S&P report 27/11/02; "Financial
Institutions Criteria Book", S&P report 25/06/02. 17 Traduction des auteurs de la recherche .
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009·2010 59
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION [DESAG)
Les gestionnaires interrogés rappellent qu'en 1994, l'agence de notation Thea (devenue
ensuite Fitch-Thea) a créé la première agence islamique locale (Pakistan Credit Rating
Agency), et qu'en 2002, une agence de rating islamique (International lslamic Rating
Agency) a été créée à Bahreïn, afin de favoriser l'accès des banques islamiques aux
marchés financiers internationaux. Leurs crédits auprès des investisseurs occidentaux
restent toutefois limités, car leurs créations sont dues à des initiatives locales de la
fmance islamique. Les gestionnaires en déduisent que seule une coopération active entre
les agences occidentales et islamiques, en vue de développer des méthodes de rating
adaptées, contribuerait à une harmonisation des pratiques.
Les conseillers islamiques soutiennent que la qualité des actifs des banques islamiques
résulte de l'application des préceptes de la sharia, et notamment, de la règle de partage
des risques, de la garantie par un tiers du bien fmancé et de l'interdiction de la
spéculation, qui écartent les opérations trop risquées. Ils reconnaissent toutefois qu'il
n'existe pas de jurisprudence codifiée de la loi islamique, et qu'une autorité musulmane
reconnue par les différents courants religieux serait seule en mesure d'harmoniser les
pratiques. L'Organization of Jslamic Confrerences Fiqh Academy, créée à cet effet, n'a
pu jusqu'à présent atteindre cet objectif. Les gestionnaires interrogés indiquent qu'il en
résulte un alignement des notations des principaux instruments islamiques (soukuk,
moudaraba, ijarah) sur celles Etats souverains des banques émettrices; les établissements
situés dans les pays modérés aux fondamentaux économiques les plus solides (dettes
publiques, balance des paiements, réserves de changes) sont ainsi favorisés.
La confrontation des approches du métier de banquier islamique de marché laisse
apparaître de nettes divergences entre les principes des organismes occidentales de
régulation attachés à r efficience des marchés financiers et ceux des autorités
musulmanes divisées sur les interprétations de certaines lois islamiques.
Cette présentation des résultats nous a permis de mieux connaître la BIS, son mode
gouvernance ainsi que les principales difficultés auxquelles, elle doit faire face.
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MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
CHAPITRE II: DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
La fmance islamique introduit une forme nouvelle de gouvernance partenariale
s'efforçant de concilier les principes de la finance anglo-saxonne et ceux du Coran.
Les dirigeants des banques islamiques sont soumis à. la fois à. des règles de gouvernance
du droit islamique, du droit international (Bâle l et Bâle 2), des règles actionnariales, et
des règles partenariales.
SECTION I-LES REGLES DE GOUVERNANCE DU DROIT ISLAMIQUE
Plusieurs règles régissent la finance islamique. Entre autres :
• L'interdiction de la pratique d'un taux d'intérêt (Riba) assimilé à l'usure et
désignant toute forme d'intérêt fixe ou variable,
• Le partage des pertes et des profits entre les différents acteurs de l'opération
fmancière
• L'interdiction de la spéculation (gharar). Le terme gbarar vise particulièrement
deux aléas, l'aléa de l'opération commerciale elle-même, et l'incertitude relative
aux biens échangés. Ainsi que l'interdiction de spéculer sur les faillites.
• L'obligation que les opérations de financement portent exclusivement sur les actifs
halais selon la sharia.
• L'obligation que toute transaction doit être sous tendue par un actif tangible.
Ces règles ont deux objectifs interdépendants: l'assurance de la légitimité des opérations
bancaires et le développement d'une économie solidaire. Le respect de ces règles à
nécessité l'instauration d'un conseil d'Oulémas visant à contrôler d'une manière
permanente la licéité des actes bancaire.
' ··:-- k'• dirigeants de banques et pour définir leur espace
discrétionnaire plusieurs instruments sont utilisés notamment :
• L'application à partir des années 80 de principes d'organisation et de règles de
fonctionnement des conseils d'administration.
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 61
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
• Le durcissement des règles de contrôle des comptes, de la notation et de la
communication financière des sociétés cotées en bourse, notamment les banques
islamiques.
• L'application par les instances internationales de régulation comptable (IAS/IFRS
Committee 1) pour les sociétés cotées en bourse à partir de 2005 de nouvelles
règles comptables orientées vers la défense des actionnaires, notamment en basant
l'évaluation des éléments d'actif et de passif a leur prix du marché.
Ces règles ont pour objectif principal la protection des intérêts des actionnaires.
SECTION II- LES REGLES DE GOUVERNANCE MANAGERIALE
Elles ont pour objectif de concilier la gestion et la minimisation des risques et 1 'objectif
de performance et de rentabilité.
Notre étude a montré qu'elles diffèrent selon la nature des banques islamiques : banque
de détail, banque d'investissement ou banque à guichets islamiques). Parmi les principes
qui dictent la gouvernance managériale nous pouvons citer :
• La tendance à mener une politique de minimisation des risques par Je choix
prioritaires de fmancement des opérations à caractère commerciales (Murababa),
la Moucharaka vient en seconde position alors que la Moudaraba étant à haut
risque est plutôt rare.
• La tendance au financement des crédits à la consommation,
• La tendance à la spécialisation des banques par secteur (banques agraires, banques
sociales, etc.).
• La tendance au développement des fonds propres
La dette force les dirigeants à agir d'une manière plus conforme aux intérêts des
actionnaires. Ce schéma suppose bien entendu que les dirigeants ne détiennent pas
d'actions.
1- Les règles de gouvernance managériale de la banque de détail
La banque de détail est considérée comme un pôle principal de création de nouveaux
instruments de crédits et de placement destinés aux clients musulmans.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010 62
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG}
Les principales règles managériales observées dans notre cas sont :
• les dépôts des particuliers sont traités comme des prêts garantis par la banque,
rémunérés « à titre gracieux >>
• Diverses formules de Moudaraba, d'Ijarah (location-bail), de bay'mu a.üal (crédit
bail) et de bay' as-salam (vente à terme) sont proposées.
• Développement de la gestion de portefeuilles d'action. Sa rémunération doit être
variable. Elle est facilitée depuis 1999 par une gestion indicielle à la bourse de
New York qui a lancé 31 indices Dow Jones Islamic Market Index (DJIM). Ces
sociétés sont de toutes nationalités, socialement responsables, modérément
endettées, avec des activités non prohibées.
• Les micros crédits restent dans 1 'ambiguïté. Ils doivent être sans intérêt, excepté
les frais de gestion. Les placements obligataires doivent respecter les principes du
Soukuk. Les placements en action laissent planer des doutes.
• Dans la Banque de détail la marge de manœuvre semble plus restreinte dans les
crédits à long terme et dans 1 'utilisation des instruments du marché.
2- Les règles de gouvernance managériale de la banque islamique d'investissement
La banque islamique d'investissement est appelé à financer de grands projets et donc de
procéder à des montages fmanciers internationaux. Les caractéristiques managériales de
tels projets observés sont :
• la possibilité de réaliser un montage de capitaux islamiques et de capitaux
conventionnels (sous entendu provenant de banques internationales par
exemple);
• Les avoirs détenus par la société projet sont hypothéqués (Rahnadl) ;
• L'amortissemer.t des emprunts contractés par la société projet est garanti par le
cash flow généré par le projet et par le rahn ;
• Deux entités se portent garante de la transaction adl), l'une pour les avotrs
(recettes de vente) garant conventionnel et l'autre pour les actifs du projet garant
islamique.
• Le rahn est assimilable par les gestionnaire à un prêt hypothécaire, alors que pour
les conseillés musulmans le rahn doit être un bien durable, disponible lors du
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 63
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
contrat, clairement désigné et évalué, de même que la dette à garantir, et doit être
entre les mains de la banque.
• La participation des banques islamiques à des financements conjoints avec des
prêts conventionnels est examinée au cas par cas par les comités de la Charia.
3- Les règles de gouvernance managériale des guichets islamiques à la BIS
• Les produits proposés sont limités en nombre et orientés vers les produits
commerciaux à faible risque comparés aux produits d'investissement à plus grand
nsque;
• La nature des produits s'identifient plus aux banques de détail qu'aux banques
d'investissement;
• Les fonds alimentant ces produits émanent des banques et non des épargnants. Ces
guichets ne contribuent pas à encourager la mobilisation de 1 'épargne nationale.
Les banques offrent ces produits assez chers parce qu'ils sont tenus à appliquer
des taux de réserve incompatibles avec l'esprit du financement islamique qui est
essentiellement basé sur des fonds propres.
Les Banques islamiques, à l'instar de la BIS, applique aussi des règles de gouvernance
partenariale. Ainsi :
• L'éthique des banques islamiques est supposée protéger le petit épargnant
consommateur des produits bancaires.
• Dans la relation d'agence qui doit s'établir entre la banque et son agent, le choix de
l'entrepreneur est donc crucial.
• Pour assurer un certain contrôle sur .}es activités du projet, la banque qui est
actionnaire insiste toujours pour avoir un siège au conseil d'administration en plus
d'imposer certains ratios comptables en matière de gestion, le cas échéant. Cette
situation est d'autant plus difficile voire normalement inacceptable pour les
déposants.
• La banque ne semble avoir vraiment aucun pouvoir de gouvernance réel sur les
dirigeants des firmes où elle investit.
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MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Les banques islamiques, n'étant pas prêteuses au sens classique du terme, n'ont aucun
moyen de discipliner les dirigeants des firmes en tant que créancier comme le ferait une
banque commerciale. Celle-ci se doit d'intervenir, par exemple, lorsque des indicateurs de
défaut de paiement d'un prêt apparaissent Les banques islamiques pour leur part ne
peuvent intervenir qu'en tant qu'actionnaire par leur présence au conseil d'administration.
Reste à savoir si cette présence au conseil d'administration conduit, en cas de besoin, à
des changements au niveau de l'équipe de direction de la firme.
Grâce aux indicateurs financiers, la banque islamique peut en principe intervenir par le
biais de sa représentation au conseil d'administration, mais on ne connaît pas la véritable
capacité des banques à discipliner les hauts dirigeants des entreprises. Les banques ne
semblent pas être les garants de la gouvernance corporative. EUes ne semblent pas être
équipées pour jouer un rôle de surveillance des hauts dirigeants des firmes.
En définitive il ne semble, donc, pas aisé pour les banques islamiques d'avoir une
influence décisive en matière de gouvernance corporative.
SECTION HI- QUELLES RECOMMANDA TI ONS POUR UN SYSTEME DE GOUVERNANCE ADAPTE AU CONTEXTF. DU SENEGAL ?
Les principaux problèmes auxquels sont confrontés la finance islamique peuvent être
résumés ainsi :
• 1 'évaluation des titres à revenus variables (actions et obligations islamiques) et des
transactions structurés sur taux de profit ;
• les stratégies actives de gestion de portefeuille ;
• la politique de placement, d'allocation d'actifs, par rapport à l'objectif de
performance ;
• l'évaluation des produits dérivés ;
• La gestion des risques.
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 65
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DllSAG)
1- L'évaluation des titres à revenus variables (actions et obli{!ations islamiques) et des transactions structurés sur taux de profit
Pour cela un marché boursier est recommandable avec élaboration d'indices boursiers
fruit du rapport entre J' offie et la demande des actions et des obligations. Ainsi,
l'élaboration d'indices boursiers reste handicapée par l'absence d'une législation unifiée
dans les pays musulmans et par la difficulté de sécuriser ces titres
2- Les straté2ies actives de 2estion de portefeuille
Si l'on examine la structure du portefeuille des banques classiques et des banques
islamiques, on constate que ces dernières engagent directement plus de ressources que les
banques classiques dans les transactions économiques et commerciales.
Les banques commerciales canalisent de plus en plus de ressources vers l'acquisition de
bons du trésor et d'autres obligations gouvernementales qui génèrent un taux de
rendement élevé, représentent peu de risque et s'accompagnent d'avantages fiscaux
importants.
Dans le cas de la Turquie, par exemple, au moment où les banques islamiques allouent 80
à 85o/o de leurs actifs à des activités productives, les banques classiques n'en affectent que
40%. On remarque aussi que dans les pays musulmans, les fmnes réduisent de plus en
plus leur dépendance vis à vis des banques classiques en recourant aux opérations de
Murabaha, les substituant aux lignes de crédit coûteuses que les banques classiques
mettent a leur ch~pù:::.1üOH pour financer leur fonds de roulement.
Les opérations dites Ijarah ou leasing offertes par les banques islamiques permettent de
leur côté aux firmes de financer leurs opérations.
3- La politique de placement, d'allocation d'actifs, par rapport à l'objectif de performance
Une préférence semble se dégager pour certains secteurs comme le bâtiment, pour le
recours à 1 'émission de Soukuk, et pour la préférence pour les contrats Ijarah et Istisna.
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 66
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
4- La gestion des risques dans les banques islamiques
/·munération des banques islamiques basées à la fois sur la valeur réelle des actifs et
sur ie produit réel des opérations engagent ces banques à plus de risque (risque de crédit,
de taux, de change, risque de marché, risque opérationnels, risques juridiques, risques de
liquidité, risques d'ordre d'interprétation religieuse ... ). En raison des obligations
islamiques elles ne peuvent se conformer ni aux règles prudentielles imposées par la
banque des règlements internationaux (Bâle 1 et Bâle 2) ni faire appel à certaines
techniques de gestion actif passif (réescompte, titrisation conventionnelles, etc.).
SECTION IV- CO"\JMENT AMELIORER LE MODE DE GOUVERNANCE DE LA BIS?
1. Nous lui proposons comme système de gouvernance, le modèle actionnariale,
partenariale et religieux même si pour cela, elle sera obligée de mettre en place un
comité de la charia : une chari a board. Ce modèle lui permettra d'attirer les
investisseurs et d'obtenir de gros fmancements, de répondre à la partie éthique de
sa mission et de partager les responsabilités avec les différentes parties prenantes,
2. La mise en place d'une direction commerciale et marketing et cela en vue de
rehausser son image. Une image favorable est essentielle à l'atteinte de ses
objectifs. Une bonne image permet d'attirer un personnel plus qualifié, les clients
et les investisseurs qui constituent des ingrédients essentiels au succès de cette
BIS,
3. Demander une révision de la réglementation à 1 'Etat sénégalais et cela en prenant
l'exemple sur la Malaisie,
4. Le recrutement d'agents commerciaux en vue de la prospection de la clientèle et
aussi pour faire connaître les produits proposés par la banque,
5. Une formation du personnel dans le domaine de Ja finance islamique, cet
investissement sera surement importante mais bénéfique pour la BIS,
6. Une stratégie de diversification géographique dans les autres villes du pays comme
Kaolack, Thiès, Matam, Louga, ...
7. Une stratégie de spécialisation : le marché des PME est très porteur au Sénégal, de
même que le secteur de l'assurance et de la micro-finance.
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010 67
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
8. Les différentes banques islamiques du monde appartiennent à des juridictions
diverses, ce faisant elles doivent parvenir à une comparabilité et à une
transparence quelque soit la juridiction concernée. Une interprétation et une
compréhension uniforme de la charia sont absolument nécessaires. L'exemple de
la Malaisie est très révélateur,
9. Pour remédier au risque de retard des paiements, différents moyens sont
possibles:
• Soit la BI pratique l'intérêt mais elles ne l'encaisse pas à son profit, il est
reversé à des organismes caritatifs,
• Soit elle fait payer au retardataire une indemnité correspondant au préjudice
subi, cette indemnité n'étant pas considérée comme un revenu que si le
comité de la charia l'accepte, dans le cas contraire, elle est versée à un
organisme caritatif ou imputée au compte de la zakat. Il n'en reste pas
moins que l'absence de pénalité sous forme d'intérêts proportionnels au
temps n'incite pas les débiteurs récalcitrants à payer, et la gestion des
retards de paiement entraîne des frais supplémentaires pour la banque,
10. Quant à la gestion des liquidités, la banque peut :
• Conserver un surplus· de liquidité important, déposé ou non dans les
établissements fmanciers, mais sans intérêt,
• Trouver un accord avec la banque centrale sous forme de compte courant
dans lequel les soldes créditeurs de certaines périodes compensent les
soldes débiteurs d'autres périodes.
11. La nécessité de fusionner pour la BIS et pour les autres banques islamiques du
monde afin de pouvoir concurrencer les banques conventionnelles, (il existe
environ deux cents banques islamiques).
Nous croyons qu'après application de ces différentes recommandations, la BIS saura
faire face aux autres banques et obtiendra les parts de marché qu'elle avait perdu ; et
surtout elle retrouvera sa bonne image d'antan.
Reine Tikoa LOMPO/ DESAG/CESAG 2009-2010 68
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
CONCLUSION GENERALE ~
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MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN [)(PLO ME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Après plusieurs décennies d'existence, le système bancaire islamique a pris de
1 'importance, mais pour se maintenir et croître, elle a dû affionter et elle continue de faire
face aux obstacles qui entravent son bon fonctionnement.
Tout au long de notre travail, nous avons étudié le mode de gouvernance des Banques
islamiques en remontant de son origine et en définissant ses bases et ses principes. Nous
avons envisagé les caractéristiques de la banque islamique et passé en revue ses produits
et services, qui dans le fond ne diffère pas de ceux de la banque conventionnelle que par
leur finalité et 1' application des principes de la charia à ces derniers.
Il ressort de notre analyse, que la BIS, comme toutes les autres banques islamiques
rencontre beaucoup de difficultés dans sa gestion. Des difficultés liées à la
réglementation, à son image, à sa faible taille, à la pénurie de ressources humaines
qualifiées et des ressources financières et enfin à des freins juridiques et fiscaux.
Les éléments qui caractérisent au mieux le mode de gouvernance des banques islamiques,
et donc de la BIS sont :
• la marge de manœuvre des banquiers dépend principalement de l'influence
exercée localement par les autorités islamiques sur l'Etat et sur les fidèles, et donc,
sur les clients déposants ou emprunteurs des banques.
• Le courant d'influence dominant de la zone d'accueil de la banque dont les
comités de la sharia sont plus modérés ou progressistes.
• Le type de métier exercé par la banque (détail, investissement, marché): si des
montages islamiques efficients semblent possibles dans les activités de dépôt, de
prêts et de crédit-bai1, l'utilisation d'instruments de marché (à l'exception des
obligations de type soukuk) dans la gestion de portefeuille et dans la gestion
d'actif-passif (notamment la titrisation des créances) est beaucoup plus
hypothétique.
• Les contingences de l'islamisme: les interprétations de la loi coranique évoluent
dans le temps, en fonction des évènements qui affectent 1' ensemble de la
communauté musulmane, à cause de 1 'absence de jurisprudence codifiée et
d'autorité suffisamment reconnue à l'international.
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MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
L'espace morcelé de la banque islamique est donc confronté à un environnement
financier global orienté vers la création de valeur pour l'actionnaire, mais son
développement s'inscrit dans un vaste mouvement favorable à une économie de plus en
plus sociétalement responsable. Ce développement implique une délibération entre les
théoriciens et les praticiens des gouvernances actionnariale, partenariale et islamique.
Sur un plan plus théorique, ce constat contribue à éclairer la problématique soulevée par
l'application de la théorie de la gouvernance partenariale (Freeman & Hannan, 1983). Sa
validité est en effet limitée par les difficultés à identifier les « parties prenantes »
(stakeholders), à construire leurs schémas de valeurs partagées, à mesurer les effets de
leurs interactions, et à définir les principes de répartition de la valeur créée par
l'entreprise. La recherche montre que l'approche de North- fondée sur la perception des
latitudes d'action des principaux acteurs de la gouvernance- constitue une voie propice
au partage de schémas de représentations socioculturelles et à la négociation
d'arrangements organisationnels. Comme l'observent Yoshimori (1995) et Roberts &
Greenwood (1997), ces arrangements ne peuvent résulter d'approches socioculturelles
holistiques. Elles impliquent des délibérations à plusieurs niveaux (international et local)
débouchant sur de nouveaux « nœuds de contrats » applicables à des « microprocessus »
variés.
L'ingénierie juridique et économique à mettre en œuvre est d'autant plus complexe si
chacun des acteurs légitimes de la gouvernance est attaché à la stricte logique
économique d'un marché ou à l'orthodoxie d'un dogme philosophique ou religieux.
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MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
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Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010
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ANNEXES
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ANNEXE 1
LES CINQUANTE PREMIERES
BANQUES ISLAMIQUES
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009·2010
ANNEXE ,.,
Les 50 premières banques islamiques l (selon les actifs, en milliers de SUS)
Rang Banque Pays Actifs 2007 Résultat
2007
1 Al Rahji Bank Arabie Saoudite 33 372 166 1 723 477 2 Koweït Finance House Koweït 32 103 332 1 187 357
., l
3 Dubaï lslamic Bank EAU 22 803 739 684291 l
4 Qatar Islamic Bank Qatar 5 877 151 345 814 5 Bank Islam Berhad Malaisie 5 772492 75 861 6 Aljazira Bank Arabie Saoudite 5 762 329 214 355
- 7 Emirates Islamic Bank EAU 4616 889 6495~-8 Albilad Bank Arabie Saoudite 4445429 6866 9 Bank Muamalat Bhd Malaisie 4170517 14 926 10 IthmarBank Bahrein 4 078 789 188 310 Il Faisal Islamic Bank &YPte 4 017 OIS 28300 12 Koweit International Bank Koweït 3 458 720 65 616 l3 DuhaiBank EAU 2 973 005 57 399 14 Shariah Islamic Bank EAU 2 963 797 82197 15 Amlslamic Bank Berhad Malaisie 2 819 842 87979 16 Qatar International Islamic Bank Oatar 2 741 160 132219_ 17 Boubyan Bank Koweït 2 721 867 67988 18 CIMB Islamic Bank Berhad Malaisie 2 713 698 50 323
' 19 RHB Islamic Bank Berhad Malaisie 2 537 215 35 707 20 Gulf Finance House Bahrein 2245 067 343 258 21 Shamil Bank of Bahrein Bahrein 2 045 691 80568 22 Affm Islamic Bank Berhad Malaisie 1 891 952 11907 23 Hong Leong Islamic Bank Berhad Malaisie 1 879 051 17 151 24 EONCAP Islamic Bank Berhad Malaisie 1847 456 9327 25 Bahrein Islamic Bank Bahrein 1786116 67 830 26 Egyptian Saudi Finance Bank Egypte 1649 676 3 817 27 Bank Svariah Mandiri Indonésie 1 373 583 12308 28 Bank Muamalat Indonesia Indonésie 1 126 664 15492
i 29 Al Salam Bank Bahreïn 1 078 159 62 745 30 Alliance Islamic Bank Berhad Malaisie 895 315 19414
i' 31 Al Baraka Bank Soudan 856 610 9237
1: 32 Dar Al-Maa! A1-Islami Trust Suisse 829971 50052 33 Khaleeji Commercial Bank Bahrein 730 501 56475 34 European Islamic Investment Bank Royaume-Uni 832 844 -8942
us Bankk of London and the M.-E. Rovaume-Uni 594632 342 36 Unicorn lnvestment Bank Bahrein 446669 49 591 37 United International Bank Bahrein 383 364 20929 38 Islamic C~perative Devel~ment Bank Soudan 359 343 2977 39 Islamic Bank of Britain Royaume-Uni 329 429 - 13 815 40 Capivest Bahrein 325 000 31 910 41 Bank Maga Syariah Indonésie 273 088 9217 42 International Investment Bank Bahreïn 257 320 21 109 --43 Al Baraka Bank Afrique du Sud 249 658 2692 44 Global Banking Corporation Bahreïn 236 190 35 894 45 Palestine Islamic Bank Palestine 232 824 2 389 46 Venture Ca[!ital Bank Bahrein 222 006 32 336 47 United Capital Bank Soudan r91 421 7047 48 Cham Bank Syrie 143 705 -4713
;--- 49 Investors Bank Bahrein 137 056 -10 261 50 Faisal Private Bank Suisse 135 733 1 122
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
ANNEXE2
STRUCTURE ORGANISATIONNELLE
D'UNE BANQUE ISLAMIQUE
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010
-Structure organisationnelle d'une banque islamique'&" .
1 AG(l) J 1 CA(2) 1
1 1 Audit inteme 1
l Comité de la Charia t-1
00(3) 1
j
Direction Diœction Administtation Dépôts
et Moyens et investissements
Administration f;> généœk
f-+ Investissements directs
1-* Comptabilité 1---* Participations
1+ InfOrmatique Statistique 4 Dépôts et Épargne
... Aff'aires juridiques Épaigite
(l) Assemblée praie des~{2) Conseil d'adminilration. (3) Dircdion gélérale.
Inspection
Direction Activité bancaire
l Setvicei bancaires
~Caisse
COJW>t 1+ .. es courants
4 Crédit
Servi<h sociaux
t . gra
Zakat
Prêts tuits
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
ANNEXE3
GUIDE D'ENTRETIEN
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010
GUIDE D'ENTRETIEN
1. Quels types de services offrez-vous : financier, classique ou d'investissement?
II. Qu'est-ce-qui différencient ces services de ceux des banques conventionnelles?
III. Comment fonctionnent vos instances de gouvernance, à savoir le conseil d'administration, la direction générale et les différentes unités?
IV. Quelles relations entretenez-vous avec chacune de ces instances? avec les parties prenantes?
V. Quel est le rôle du conseil d'administration? VI. Quelles sont ses missions?
VIL Quelles sont les responsabilités des administrateurs ? VIII. Quelles relations y-a-t-il entre administrateurs et dirigeants?
IX. Arrivez-vous à instaurer un climat de confiance ? voire de transparence ?
X. Quel système de gouvernance adoptez-vous : actionnariale ? Partenariale ? Religieuse ?
XL Comment rémunérez-vous vos clients? XII. Arrivez-vous à satisfaire vos clients ?
XIII. Dans un contexte de mondialisation des économies et de volatilité des marchés financiers, ne pensez-vous pas que la BIS subit l'influence de son environnement économique ?
XIV. Comment faites-vous pour vous prémunir des risques liés aux comptes ? aux transactions ? aux opérations ?
XV. Pensez-vous que les informations comptables que vous fournissez aux acteurs extérieurs de la BIS sont très fiables ?
XVI. Est-ce-que le fait de ne pas jouer le rôle de prêteuse comme les banques classiques ne constitue t-il pas un frein au niveau de la prise de décision quand on sait que vous ne disposer pas de moyens nécessaires pour discipliner les dirigeants ?
XVII. L'expérience a montré que la BIS ne semble pas être équipée pour jouer un rôle de surveillance des hauts dirigeants, que pensez-vous de cela?
XVIII. Quelle assurance offrez-vous au dépôt des clients, quand on sait qu'ils n'ont aucun droit de regard sur les choix des investissements que fait la BIS?
XIX. Quelle est la réglementation qui est en vigueur au sein de la BIS ?
XX. En partant du fait que vos activités ne génèrent pas d'intérêt comment arriver vous à financer vos activités ?
XXI. Quels sont les mécanismes de la gouvernance que vous appliqués?
-· Mécanismes Mécanismes non spécifiques à la spécifiques BIS
Mécanismes intentionnels
Mécanismes spontanés
1
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
REMERCIEMENTS
SIGLES ET ABREVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES ET SCHEMAS
SOMMAIRE
INTRODUCTION .......................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE: la gouvernance des banques islamiques: notre cadre de référence ........ 4
CHAPITRE 1: FINANCE ISLAMIQUE ET MODE DE GOUVERNANCE: APPORTS THEORIQUES ... 5
SECTION 1 : LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE : DEFINITION ET APPROCHE ........................... 7
!.Définition du concept de gouvernance ................................................................................ 7
2- les modèles de gouvernance d'entreprise (GE} ................................................................ 9
2-1 Le « modèle boursier» régulé par les marchés financiers ...................................... 9
2-2 Le« modèle partenariale »régulé par les partenaires économiques ................... 10
2-3 Le « modèle administré » régulé par les pouvoirs publics .................................... 11
2-4 Le« modèle réticulaire» régulé par les réseaux interpersonnels et sociaux ....... 11
2-5 Le modèle islamique ............................................................................................ 12
SECTION Il- LA PRESENTATION DU SYSTEME BANCAIRE ISLAMIQUE ..................................... 15
l-Ie concept islamique de la profession bancaire: les principes de la finance islamique
.................................................................................................................................................. 15
1-1 La prohibition de l'intérêt (Riba) .......................................................................... 15
1.2 -Les mécanismes pour éviter l'intérêt.. ................................................................. 17
1.3- Les secteurs d'investissements illicites ................................................................ 18
1.4- L' Asset-Banking ................................................................................................... 19
1.5- La Thésaurisation ................................................................................................ 19
2- L'organisation de la banque islamique ............................................................................. 19
Reine Tikoa LOMPOI DESAG/CESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
2.1~ Le Conseil d'Administration ................................................................................. 20
2.2- Le Directeur Général ........................................................................................... 20
2.3- Les Assemblées Générales des actionnaires ........................................................ 20
2.4- Les organes de contrôle ...................................................................................... 21
2.4.1- Les audits interne et externe ........................................................................ 21
2.4.2-les censeurs comptables .. ~ ........................................................................... 22
2.4.3- Le contrôle religieux ..................................................................................... 22
2.4.4- Les systèmes d'information des banques islamiques ..................................... 23
3 ~les opérations bancaires islamiques ................................................................................ 24
3.1- Types de comptes offerts par la banque islamique .............................................. 24
3.1.1~ Les comptes courants .................................................................................. 24
3.1.2- Les comptes de partage de perte et de profit ............................................... 25
3.1.3 les comptes d'épargne ................................................................................. 25
3.2- Les produits financiers islamiques ....................................................................... 26
4- Difficultés rencontrées par les banques islamiques ........................................................ 28
4.1- Les principales contraintes caractérisant le fonctionnement des banques
islamiques .................................................................................................................. 29
4.2- la comparaison entre la banque islamique et la banque conventionnelle .......... 29
SECTION Ill -LES REGLES DE GOUVERNANCE APPLICABLES AUX BANQUES ISLAMIQUES
(BI) ................................................................................................................................................ 32
1-les objectifs de la gouvernance ......................................................................................... 33
2- Les théories de la gouvernance ........................................................................................ .33
3- Les mécanismes de la gouvernance ................................................................................. 34
3.1~ Les règles de gouvernance actionnariale applicable au 81 ................................... 36
3.2- Les règles de gouvernance religieuse applicable au 81 ........................................ 37
3.3- les règles de gouvernance partenariale applicables au 81. .................................. 37
CHAPITRE Il :JUSTIFICATION DES CHOIX METHODOLOGIQUES ........................................... 39
Section 1 : Une problématique organisationnelle ..................................................................... 39
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009·2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES SUPERIEURES EN GESTION ET ADMINISTRATION (DESAG)
Section Il :Une méthodologie de recherche qualitative .......................................................... 40
SECTION Ill- L'ANALYSE DE CONTENU ....................................................................................... .41
SECTION IV- LES LIMITES DE LA METHODE DE RECHERCHE INDUCTIVE ................................. 44
DEUXIEME PARTIE: les mécanismes de la gouvernance ..................................................... 45
CHAPITRE 1 : BILAN DE l 1 E"TUDE ......•.••......................................................•.......................... 46
SECTION 1- HISTORIQUE, STATUT ET ORGANISATION STRUCTURELlE DE lA BIS ................... 46
1- Historique de la BIS ............................................................................................................. 46
2- Statut et organisation structurelle de la BIS ..................................................................... .46
SECTION Il: ACTIVITES ET PLACE DE LA BIS SUR LE MARCHE BANCAIRE .............................. ..47
1- Activités de la BIS ................................................................................................................ 48
1-1 Méthodes d'intervention de la BIS ...................................................................... 48
1.2. Services bancaires offerts par la BIS .................................................................... 48
1-2-1 Le compte courant islamique ....................................................................... 48
1-2-2 Le compte d'épargne .................................................................................... 48
1-2-3 Le compte d'investissement .......................................................................... 48
1-3 Les principes et méthodes comptables ................................................................ 49
2- Place de la BIS sur le marché bancaire .............................................................................. 49
SECTION Ill- LA BIS DANS SON MACRO-ENVIRONNEMENT ..................................................... 50
1- L'environnement économique .................................................... , ...................................... 50
2- L'environnement socioculturel .......................................................................................... 50
3- L'environnement religieux .................................................................................................. Sl
SECTION IV- PRESENTATION DES RESULTATS DE LA RECHERCHE ........................................... Sl
1- La gouvernance de la banque islamique de détail: la problématique du prêt a intérêt
, ................................................................................................................................................. 51
2. La gouvernance de la banque islamique d'investissement: la problématique du droit
de propriété du bien finance ............................................. , .................................................... 53
3.La gouvernance de la banque islamique de marche : la problématique du partage des
risques .................................................................................... , ................................................. 58
CHAPITRE Il : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS ........................................................... 61
Reine Tikoa LOMPOI DESAGICESAG 2009-2010
MEMOIRE POUR L'OBTENTION D'UN DIPLOME D'ETUDES EN GESTION ET ADMINISTRATION
Section 1- Les règles de gouvernance du droit islamique ........................................................... 61
Section Il- Les règles de gouvernance managériale .................................................................... 62
1- Les règles de gouvernance managériale de la banque de détail... ................................... 62
2- Les règles de gouvernance managériale de la banque islamique d'investissement ..... 63
3- Les règles de gouvernance managériale des guichets islamiques à la BIS ...................... 64
Section Ill- Quelles recommandations pour un système de gouvernance adapté au contexte
du Sénégal ? ...................................................................................................................................... 65
1- L'évaluation des titres à revenus variables (actions et obligations islamiques) et des
transactions structurés sur taux de profit ................................................................................ 66
2- Les stratégies actives de gestion de portefeuille ................................................................ 66
3- La politique de placement, d'allocation d'actifs, par rapport à l'objectif de
performance ................................................................................................................................. 66
4- La gestion des risques dans les banques islamiques .......................................................... 67
SECTION IV- COMMENT AMELIORER LE MODE DE GOUVERNANCE DE LA BIS ....................... 67
CONCLUSiON GENERALE ............................................................................................................... 69
Bibliographie
Webographie
Annexe 1 : les cinquante premières banques islamiques ............................................................. 76
Annexe 2: Structure organisationnelle d'une banque islamique ................................................. 77
Annexe 3: guide d'entretien ......................................................................................................... 78
Reine Tikoa LOMPO/ DESAGICESAG 2009-2010