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Features and Sound Inventories
Nick ClementsLaboratoire de Phonétique et Phonologie,
ParisE-mail: [email protected]
Symposium on Phonological Theory: Representations and ArchitectureCUNY, February 20-21, 2004
Langues sans consonnes nasales : mythe ou réalité ?
Nick Clements
Laboratoire de Phonétique et Phonologie, Paris
La nasalité dans tous ses états : Journée d'étude sur la nasalitéLPP (Paris), le 10 juin 2005
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Features and Sound Inventories
Nick ClementsLaboratoire de Phonétique et Phonologie,
ParisE-mail: [email protected]
Symposium on Phonological Theory: Representations and ArchitectureCUNY, February 20-21, 2004
Sommaire
• Typologie des systèmes de nasalité
• Les langues « sans consonnes nasales »
• Une cas d'étude : l'ikwéré
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1. Typologie des systèmes de
nasalité
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la nasalité est-elle distinctive en
C? V?
Type 1 (quileute) non non
Type 2 (gbe) non oui
Type 3 (anglais) oui non
Type 4 (français) oui oui
Quatre types de systèmes de nasalité (d'après Cohn 1993)
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Type 1 (C non, V non) : rarissime (0,9 %)
Amérique du Nord (côte nord-ouest) : quileute, lushootseed
Amérique du Sud : pirahã
Papouasie-Nouvelle-Guinée : rotokas
Type 2 (C non, V oui) : concentration en deux zones (1,1 %)
Afrique occidentale : gbe, kpelle, bwamu, ...
Amérique du Sud : barasana, tucano, warao, ...
Type 3 (C oui, V non) : le plus courant (76,5 %)
Type 4 (C oui, V oui) : moins courant (21,5 %)
Fréquence de ces systèmes dans la base de données UPSID-451
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Deux types de propagation :
1. au niveau de la syllabe : fréquent
2. au niveau du mot : moins fréquent, surtout en
Amérique du sud, Afrique occidentale, Mexique,
Indonésie
Les systèmes de Type 2 ont souvent des processus de propagation de la nasalité
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La propagation de nasalisation est souvent arrêtée par certains types de consonnes, et quelquefois (dans les langues sud-américaines) la propagation « saute » certaines consonnes.
La classe de sons qui subissent la nasalisation consiste typiquement en un sous-ensemble continu des membres de l'échelle suivant, en commençant par le haut :
• voyelles PLUS SUSCEPTIBLE A LA NASALISATION
• semi-voyelles
• liquides
• implosives
• fricatives voisées
• fricatives non voisées,
occlusives voisées
• occlusives non voisées MOINS SUSCEPTIBLE A LA NASALISATION
L'échelle de susceptibilité à la nasalisation
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Hypothèse : L'échelle est fondée sur la propriété d'obstruance : plus une consonne bloque le passage du débit d'air, plus elle est résistante à la nasalisation (Clements & Osu 2002)
Quelle est la base phonétique de l'échelle de susceptibilité ?
• l'obstruance serait donc une propriété graduelle, comme la sonorité• la division la plus importante de l'échelle correspond à un trait
distinctif : [±obstruant]• à plusieurs égards, l'obstruance est l'inverse de la sonorité : plus l'un
augmente, plus l'autre diminue • l'obstruance est en rapport avec les notions de force consonantique
(Vennemann) ou d' impedance (Hume & Odden)
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Les langues "sans consonnes nasales"
2. Les langues « sans consonnes nasales »
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• Les voyelles nasales sont particulièrement courantes dans les langues de la partie
occidentale de la ceinture soudanique de l'Afrique
• Dans un échantillon de 150 langues africaines et de 345 langues
non africaines, nous trouvons la distribution suivante :
Les voyelles nasales
langues africaines avec des voyelles nasales : 26.7 %
ceinture soudanique : 34 %
ailleurs en afrique : 6 %
langues non-africaines avec voyelles nasalisées : 21.2%
source : Clements & Rialland 2005
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Les langues « sans consonnes nasales »
A l 'intérieur de cette zone, se trouvent les langues dites « sans consonnes nasales », c'est-à-dire dans lesquelles les consonnes nasales n'ont pas de statut phonémique.
Libéria: kpelle (famille mandé); grebo, klao (famille kru)
Bourkina Faso: bwamu (famille gur)
Côte d'Ivoire: dan, guro-yaoure, wan-mwan, gban/gagu, toura (famille mandé); senadi/senoufo (famille gur); nyabwa, wè (famille kru); ébrié, avikam, abouré (famille kwa)
Ghana: abron, akan, éwé (famille kwa)
Togo, Bénin: gen, fon (famille kwa)
Nigéria: igbo de mbaise, ikwéré (famille benue-congo)
Rép. Centrafricaine : yakoma (oubangi)
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Distribution géographique des voyelles nasales (cercles noirs) dans un échantillon de 150 langues africaines. Le pointillé entoure la région où se trouvent les langues « sans consonne nasales »
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Diagnostics des langues « sans consonnes nasales »
1. l'existence d'un contraste oral vs nasal dans les voyelles, accompagné de deux classes de consonnes (classe 1, classe 2)
2. les consonnes de la classe 1 sont typiquement des obstruantes et se réalisent orales même si la voyelle suivante est nasale
3. les consonnes de la classe 2 sont normalement des non obstruantes et se réalisent nasales devant les voyelles nasales, orales ailleurs
par exemple, la sonante dentale serait réalisé comme [n] devant les voyelles nasales et comme [ ] devant les voyelles orales
4. les paires de consonnes orales/nasales ne s'opposent pas (= absence systématique de paires minimales), ainsi la nasalité est un trait redondant dans les consonnes
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3. Une cas d'étude : l'ikwéré
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l'ikwéré est une langue niger-congo parlée au Nigéria
La nasalité est distinctive dans les voyelles : voir par ex. des paires
minimales comme ‘mortier vs‘teinture jaune
Le système consonantique :
classe 1: obstruantes
classe 2a: non obstruantes orales
ˆ ˆ classe 2b: non obstruantes nasales
(Clements & Osu 2003, 2004)
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Les consonnes /ˆ/ et /ˆ/ sont des non obstruentes
/aba/ (obstruante) /aˆa/ (non obstruante)
1. Comparaison de /b/ et /ˆ/ : absence d'augementation de pression d'air dans cette dernière
signal audio
débit oral
pression orale
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Les consonnes /ˆ/ et /ˆ/ sont des non obstruantes
/apa/ (obstruante) /aˆa/ (non obstruante)
2. Comparaison de /p/ et /ˆ/ : pression d'air négative dans cette dernière
signal audio
débit oral
pression orale
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Comment la non-obstruance est-elle réalisée ? (1)
/p/ /ˆ/
/b/ /ˆ/
obstruantes non obstruantes
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Comment la non-obstruance est-elle réalisée ? (2)
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/ˆ//b/
/p/ / ˆ/
obstruantes : tendues non obstruantes : relâchées
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La non-obstruance se manifeste souvent par un voisement plus fort
/aba/ (obstruante) /aˆa/ (non obstruante)
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Revenons à la nasalisation ...
Les paires de consonnes appariées sont en distribution complémentaire
et constituent de simples phonèmes (= segments sous-jacents).
devant les voyelles orales devant les voyelles nasales
/ B / ˆ ‘peinture ‘machette
/’B / ˆ ‘compagnie ‘chemin
/ L / ‘se marier avec’ ‘entendre’
/ R / ‘champignon’ ‘travail’
/ J / ‘revenir’ ‘œil’
... et ainsi de suite
Les majuscules à gauche représentent des phonèmes non spécifiés pour le trait distinctif [+nasal].
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Les voyelles sont-elles vraiment nasales après les consonnes nasales ?
signal audio
débit oral
pression orale
débit nasal
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Analyse des réalisations nasales en ikwéré
- les réalisations nasales sont crées par une règle de nasalisation qui
propage la nasalisation de la voyelle sur la consonne
[+nasal]
C V
- les obstruantes sont « protégées » par l'interdiction de la combinaison
de traits *[+nasal, +obstruant] et ne se nasalisent pas
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Une nasalisation progressive déborde sur les suffixes (et une composée)
~ : - () ‘il/elle est venu (hier) - () ‘il/elle a bu (du vin)
l ~ n : - ‘il/elle a mangé - ‘il/elle a bu
ˆ ~: 'noix de palme'
ˆ 'homme blanc'
-ˆ 'noix de coco' (sujets plus agés)
- 'noix de coco' (sujets plus
jeunes)
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Résumé
L'ikwéré est une langue de type 2 :
- une série de voyelles nasales s'oppose à une série de voyelles orales
- les consonnes nasales et les consonnes orales sont des variantes combinatoires d'une seule série de phonèmes dans laquelle la nasalité n'est pas distinctive
Dans une analyse plus soutenue, la nasalité peut avoir un statut suprasegmental ; on parlera alors d'une harmonie de nasalisation (Clements et Osu 2004)
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Bibliographie
Clements, G. N. & Sylvester Osu (2002). "Explosives, implosives, and nonexplosives: some linguistic effects of air pressure differences in stops." Dans Laboratory Phonology 7, Carlos Gussenhoven & Natasha Warner (éds.), 299-350. Berlin: Mouton de Gruyter.
Clements, G. N. & Sylvester Osu (2003). "Ikwere nasal harmony in typological perspective." Dans Typologie des langues d'Afrique et universaux de la grammaire, Patrick Sauzet & Anne Zribi-Hertz (éds.), vol. 2, 70-95. Paris: L'Harmattan.
Clements, G. N. & Sylvester Osu (2004). "Nasal Harmony in Ikwere, a Language with no Phonemic Nasal Consonants", Journal of African Languages and Linguistics 26.2, 2005
Clements, G. N. & Annie Rialland, "Africa as a phonological area". A paraître dans Bernd Heine & Derek Nurse, éds, Africa as a Linguistic Area
Cohn, Abigail C. (1993). "A survey of the phonology of the feature [±nasal]," Working Papers of the Cornell Phonetics Laboratory 8: 141-203.
Hume, Elizabeth & David Odden. 1996. “Reconsidering [consonantal],” Phonology 13.3, 345-76.
Walker, Rachel (1998). Nasalization, neutral segments, and opacity effects. PhD dissertation, University of California at Santa Cruz.