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« Tosca » : Présentation Portrait de Giacomo Puccini 1. Giacomo Puccini : éléments biographiques C’est à Lucques, non loin de Florence, que Giacomo Puccini voit le jour le 22 décembre 1858. Il est le dernier descendant d’une longue lignée de musiciens. Son père, organiste respecté et compositeur occasionnel, dirige l’Institut Pacini, l’école de musique de la ville. À la mort de ce dernier, alors qu’il n’a que 6 ans, le petit Giacomo est poussé par sa mère à perpétuer la tradition familiale, malgré de grandes difficultés financières. Il s’initie à l’orgue et au chant, puis intègre l’Institut que dirigeait son père, dont il sort diplômé en 1880 grâce à la composition d’une « Messa di gloria » très appréciée du jury. Messa di Gloria / Giacomo Puccini ; José Carreras, Hermann Prey ; The Ambrosian Singers,, Orchestre Philharmonia dirigés par Claudio Scimone.- Erato Disques, 1999.- 1 CD 48 mn. 3 PUC 43 Grâce à l’obtention d’une bourse d’étude, Il entre ensuite au Conservatoire de Milan, où il se perfectionne auprès d’Antonio Bazzini et d’Amilcare Ponchielli, célèbres à l’époque, l’un pour ses talents de violonistes et sa « Ronde des lutins » pour 1

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« Tosca » :

Présentation

Portrait de Giacomo Puccini

1. Giacomo Puccini : éléments biographiques

C’est à Lucques, non loin de Florence, queGiacomo Puccini voit le jour le 22décembre 1858. Il est le dernier descendantd’une longue lignée de musiciens. Son père,organiste respecté et compositeuroccasionnel, dirige l’Institut Pacini, l’écolede musique de la ville. À la mort de cedernier, alors qu’il n’a que 6 ans, le petit

Giacomo est poussé par sa mère à perpétuerla tradition familiale, malgré de grandesdifficultés financières. Il s’initie à l’orgue etau chant, puis intègre l’Institut que dirigeaitson père, dont il sort diplômé en 1880 grâceà la composition d’une « Messa di gloria »très appréciée du jury.

Messa di Gloria / Giacomo Puccini ; José Carreras,Hermann Prey ; The Ambrosian Singers,, OrchestrePhilharmonia dirigés par Claudio Scimone.- EratoDisques, 1999.- 1 CD 48 mn.

3 PUC 43

Grâce à l’obtention d’une bourse d’étude, Ilentre ensuite au Conservatoire de Milan, oùil se perfectionne auprès d’Antonio Bazzini

et d’Amilcare Ponchielli, célèbres àl’époque, l’un pour ses talents deviolonistes et sa « Ronde des lutins » pour

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violon et orchestre, l’autre pour ses opéras,en particulier « La Gioconda » et safameuse « Danse des heures ».

Bien qu’il s’adonne, dans le cadre de sesétudes, à la composition d’œuvressymphoniques ou liturgiques, sa vocationest déjà affirmée depuis ce jour de 1876 oùil a assisté à une représentation de « Aida »,de Verdi : il veut écrire des opéras. Sespremiers pas dans le domaine lyrique sontun peu hésitants : il tente sa chance dès

1883 à un concours organisé par l’éditeurSonzogno, où il présente « Le Villi », maisson manuscrit n’est pas retenu ; il parvienttoutefois à faire jouer cette œuvre à Milan,et attire l’attention de Ricordi, qui devientson éditeur et le reste jusqu’à la fin de savie. Son « Edgar », composé en 1889,connaît un demi-échec, mais avec « ManonLescaut », d’après le roman de l’AbbéPrévost, Puccini accède enfin au succès en1893.

Manon Lescaut / Giacomo Puccini ; Anna Netrebko,Yuri Eyvasov, Armando Pina, Carlos Chausson ;Orchestre de la radio de Munich dirigé par MarcoArmiliato.- Deutsche Gramophon.- 2 CD 62+67 mn.

3.35 PUC

Désormais à l’abri du besoin, Puccini se faitconstruire une villa à Torre del Lago etconsacre sa vie à la composition. C’est làqu’il écrit « La Bohème » (1896), puis« Tosca » (1900), en collaboration avecdeux librettistes dénichés par son éditeur,Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Puccinitravaille assez lentement : après « Tosca »,« Madame Butterfly » est créé en 1904.

Cette même année, âgé de 46 ans, Pucciniépouse sa maîtresse Elvira Gemignani, unejeune veuve dont il a déjà deux enfants,mais ses infidélités répétées ruinent soncouple. Ainsi, son opéra suivant, « LaFanciulla del West », sorte de westernlyrique créé à New York en 1910, voit sacomposition retardée par un scandale lié àses frasques…

La Bohème / Giacomo Puccini ; Montserrat Caballé,Placido Domingo, Sherrill Milnes, Judith Blegen,Vicente Sardinero, Ruggero Raimondi ; OrchestrePhilharmonique de Londres dirigé par Sir GeorgSolti.- RCA , 1998.- 2 CD 52+52 mn+brochure 144 p.

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Madame Butterfly : bande originale du film deFrédéric Mitterrand / Giacomo Puccini ; Orchestre deParis dirigé par James Conlon.- Sony Records, 1995.-2 CD 62+73 mn+brochure 203 p.

3.35 PUC

Pendant la 1ère Guerre Mondiale, l’activitéde Puccini ne faiblit pas, mais on luireproche son manque d’engagementpatriotique. Il produit « La Rondine(L’hirondelle) » en 1917 à Monte-Carlo, etsurtout un ensemble de 3 opéras courts,regroupés sous le titre général de « IlTrittico (le triptyque) » : « Il tabarro (Lahouppelande) », « Gianni Schicchi » et« Suor Angelica (Sœur Angélique »). Dansune Europe ruinée par la guerre qui n’en

finit pas, il ne trouve aucune sallesusceptible d’accueillir ses nouvellescréations ; c’est donc à New York qu’ellessont présentées au public en décembre1918. Il s’attelle enfin à « Turandot »,d’après Carlo Gozzi, mais n’a pas le tempsde l’achever : la mort le surprend avantqu’il n’ait eu le temps de composer le duofinal. Atteint d’un cancer de la gorge, ils’éteint à Bruxelles le 29 novembre 1924, 4semaines avant son 66ème anniversaire.

Il Trittico (Il tabarro, Suor Angelica, Gianni Schicchi)/ Giacomo Puccini ; Roberto Alagna, AngelaGheorghiu, José van Dam ; Orchestre Symphoniquede Londres dirigé par Antonio Pappano,- WarnerClassics, 1999.- 3 CD 53+56+54 mn+livret 27 p.-(The home of opera).

3.35 PUC

Turandot / Giacomo Puccini ; Michel Sénéchal,Mirella Freni, José Carreras, Montserrat Caballé ;Choeurs de l'Opéra du Rhin, Orchestrephilharmonique de Strasbourg dirigés par AlainLombard.- Warner Classics, 2016.- 2 CD 55 + 65mn+livret 23 p.- (The home of opera).

3.35 PUC

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2. « Tosca », ou l’archétype parfait de l’opéra

Tosca / Giacomo Puccini ; Leontyne Price, PlacidoDomingo, Sherrill Milnes ; New PhilharmoniaOrchestra dirigé parZubin Mehta.- RCA, 1973.- 2 CD46+68 mn+livret 18 p.- (The Sony Opera house)

3.35 PUC

Tosca / Giacomo Puccini.- Paris : Avant-scène opéra,2007.- 143 p. : ill. en n. et bl. ; 25 cm.- (Avant-scèneopéra ; 11).

782.1 PUC

a. De Sardou à Puccini, et de Marengo à la scène

Le 24 novembre 1887, le dramaturgefrançais Victorien Sardou (1831-1908) créeà Paris une pièce de théâtre intitulée « LaTosca ». L’œuvre, entièrement imaginaire,s’inscrit dans un contexte historique précis,celui de la situation politique de l’Italie autournant des XVIIIème et XIXème siècles. À lafaveur de la Révolution française et de lacampagne d’Italie, la péninsule voit en effetéclore de nombreuses petites républiques,notamment à Rome et à Naples. Maisl’aristocratie et le clergé profitent de lacontre-offensive du général russe Souvorovet de son homologue autrichien Melascontre Bonaparte pour faire triompher laréaction. La bataille de Marengo le 14 juin1800 renverse à nouveau la situation,puisque toute la péninsule redevientfrançaise, à l’exception de la cité pontificaleet de Naples.

L’histoire racontée par Sardou se déroule le17 juin 1800, dans cette atmosphèretroublée, alors que l’issue de la bataille estencore incertaine : le consul Angelotti,chassé du pouvoir et incarcéré comme tous

les responsables de la République romainelors de la contre-révolution de 1799, s’estévadé de prison. Il trouve refuge auprèsd’un de ses amis retrouvé par hasard, unpeintre nommé Mario Cavaradossi. Cedernier lui offre l’hospitalité, mais ses airsde conspirateur attisent la jalousie de samaîtresse, la cantatrice Floria Tosca, quisoupçonne son amant, qui cache son ami,de la tromper. Scarpia, le chef de la police,lancé à la poursuite d’Angelotti, se sert dela jalousie de Tosca pour retrouver les deuxhommes. Une fois Mario en son pouvoir, ilcherche à abuser de la jeune femme, quipour lui échapper, le poignarde. MaisMario, que son bourreau avait pourtantpromis d’épargner, est finalement exécutéet Tosca se précipite du haut des muraillesde la prison...

On croise dans l’ouvrage de Sardouquelques personnages réels, tels que la reinede Naples Marie-Caroline ou lecompositeur Giovanni Paisiello, mais toutel’histoire est fictive. Pour écrire sa pièce,l’auteur se serait inspiré de divers

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personnages, historiques ou littéraires. Onpense notamment à André Chénier, ce poètefavorable à la Révolution mort surl’échafaud au moment de la Terreur, maisaussi à Adrienne Lecouvreur, grandetragédienne du début du XVIIIème siècleproche de Voltaire et qui a inspiré une piècede théâtre à Eugène Scribe avant de devenirpersonnage d’opéra sous la plume deFrancesco Cilea en 1902. Une autre sourced’inspiration, évoquée par l’auteurd’ailleurs, est à chercher du côté du« Othello » de William Shakespeare : eneffet, « Scarpia exploite la jalousie de Toscapour parvenir à ses fins comme Iagoexploitait celle d’Othello » (Jean-MichelBrèque in « Tosca ou la transfiguration dumélodrame », L’avant-scène opéra n°11).Certes, le contexte est bien différent, maisle ressort de la jalousie est analogue etconduit inéluctablement à une fin tragique.

Le mélodrame de Victorien Sardou, unesordide histoire qui mêle adroitement sexe,religion, politique et meurtre, a connu unsuccès phénoménal dès sa création. Laprestation habitée de Sarah Bernhardt y estprobablement pour quelque chose, et le

texte lui-même ne démérite pas sur le planlittéraire. Toutefois, c’est principalement larigueur de sa construction dramatique quiretient l’attention. Or, pour adapter la pièce,Puccini et ses deux librettistes ontretravaillé la matière première (avecl’assentiment de Sardou) pour resserrerencore davantage l’action. Les 5 actes sontredécoupés pour aboutir à une constructionen 3 actes ; les personnages historiques sonttotalement évacués de la scène au profitexclusif des trois rôles principaux (le trioTosca – Mario – Scarpia) auxquelss’ajoutent les protagonistes indispensables àla dramaturgie (Angelotti et les sbires deScarpia) et quelques personnages trèssecondaires. Enfin, les personnages,quoique manichéens, sont mieux dessinésencore et trouvent chez Puccini uneépaisseur psychologique qui leur faisait unpeu défaut chez le dramaturge français. Ilen résulte un opéra à la constructionquasiment parfaite, un modèle du genre,dont la gestation a pourtant été seméed’embûches...

b. Une gestation difficile pour une création chaotique

Puccini, après avoir connu un grave échecavec « Edgar » en avril 1889, recherche unlivret pour un nouvel opéra. Le compositeurs’enthousiasme pour la pièce de VictorienSardou qu’il vient de découvrir sur la scèned’un théâtre milanais. Hélas, lesnégociations relatives aux droits sontdifficiles avec l’auteur, qui préférerait uneadaptation par un musicien français et exigeun effort financier considérable encontrepartie de la mise en musique par unitalien ! Rapidement lassé par cestergiversations, Puccini après avoir écartédiverses idées (« Pelleas & Mélisande» queMaurice Maeterlinck est en train d’écrire,ou « La faute de l’abbé Mouret », publiéquelques années plus tôt par Émile Zola), se

lance donc dans « Manon Lescaut ». C’estfinalement à Alberto Franchetti (1860-1942) que l’éditeur Ricordi confie le soind’adapter « la Tosca » dont Sardou vient decéder les droits en 1893.

Puccini n’a cependant pas oublié « Tosca ».Peu scrupuleux, il manœuvre habilement etréussit à convaincre son éditeur d’évincerFranchetti à son propre profit ! Ricordiconvoque donc Franchetti et son librettiste,Luigi Illica en mars 1895. Il leur annonceque le projet est annulé : le sujet seraitfinalement trop violent pour pouvoir enfaire un opéra ! Franchetti bat en retraite, etRicordi fait signer un contrat à Puccini dèsle lendemain… pour adapter « Tosca » !

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Des manigances analogues avaient déjàpermis au compositeur de souffler à soncollègue Ruggero Leoncavallo le sujet de« La Bohème » ...

Puccini s’entoure alors de sescollaborateurs habituels Luigi Illica (quiavait déjà commencé à travailler sur le sujetavec Franchetti) et Giuseppe Giacosa. Leslibrettistes se mettent rapidement au travailet fournissent une première version du texteen juillet 1896. Mais leurs relations ne sontpas bonnes. De plus, Giacosa n’est pas dutout convaincu par la pièce de Sardou, quiselon lui n’a d’autre but que de mettre envaleur le talent de Sarah Bernhardt et nesaurait faire un bon opéra. Appelé à larescousse par Illica et l’éditeur Ricordi, levieux Giuseppe Verdi (1813-1901), qui faitoffice d’arbitre et de sage, sauve le projetd’opéra en déclarant à l’automne 1896 :« Puccini a un bon livret : heureuxmaestro ! »…

Le travail continue tout au long des années1897 et 1898, émaillé de disputes entre lecompositeur, les librettistes et l’éditeur,mais aussi de négociations avec Sardou àpropos de ses exigences financières et ausujet de l’adaptation proprement dite ou descoupures nécessaires. Puccini ne cesse depeaufiner les détails, et s’obstine dans lerecherche du réalisme le plus pur. Lesempoignades sont nombreuses autour depoints tantôt futiles, tantôt essentiels, etl’œuvre est enfin achevée le 29 septembre1899.

Envoyé à Ricordi, le manuscrit suscite unaccueil des plus réservés : selon l’éditeur, le3ème acte gâche l’intérêt du 1er et l’émotiondu 2ème ; les personnages manquent deprofondeur et l’inspiration ferait défaut aucompositeur. Humilié, Puccini riposte parcourrier dès le lendemain et exige demaintenir sa partition telle quelle, avec lesoutien du chef d’orchestre ArturoToscanini...

La création a lieu le 14 janvier 1900 authéâtre Costanzi à Rome. Le climat estorageux : Puccini et ses librettistes vivent ettravaillent à Milan, ; or de nombreuxdifférends opposent les deux villes. Combled’indélicatesse, le metteur en scène, filsaîné de Ricordi, exige des répétitions àhuis-clos et impose un décorateur de laScala… Des rumeurs laissent penser quePietro Mascagni, compositeur rival dePuccini, organiserait une cabale... Dans uncontexte politique où les attentats sontfréquents, un mouvement de foule inattenduau début de la première, à laquelle assiste lareine Marguerite, fait croire un instant à undébut d’émeute et la représentation estsuspendue quelques minutes ! Toutefois,malgré ce climat délétère, la première n’estqu’un demi-échec, rapidement transforméen véritable succès dès les représentationssuivantes.

Si le public apprécie rapidement ce nouvelopéra, la presse est quant à elle plutôtpartagée. On peut certes déplorer quelquesfaiblesses, mais il faut admettre que lescritiques sont parfois injustement féroces :le compositeur français Vincent d’Indy, enparticulier, n’a pas de mots assez durs pourfustiger la « musique essentiellementinférieure » de Puccini. Paul Dukas n’estguère plus tendre en évoquant « le lyrismefacile et superflu [de cette] musique de caféque n’importe qui aurait pu écrire »… SeulAndré Messager, directeur de l’Opéra-comique qui dirige la création française àParis en 1903, salue « le musicienconsciencieux, éclairé, affiné et d’une hauteprobité artistique », même s’il déplore unsujet qui dessert foncièrement la musique.

Quoi qu’il en soit, dès l’année de sacréation, « Tosca » est jouée à Milan,Londres, Constantinople, Rio de Janeiro,Buenos Aires et Madrid, avant d’êtremontée à New York l’année suivante puis àParis en 1903. Pied de nez aux critiques,l’œuvre de Puccini est même l’un despremiers opéra à être enregistré au disquedans son intégralité dès 1919...

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3. « Tosca »

a. Les rôles, les voix, l’orchestre

L’histoire se concentre autour de 3personnages principaux, une femme et deuxhommes, auxquels s’ajoutent 3 personnagessecondaires, quelques petits rôles et denombreux figurants :

• Floria Tosca, célèbre cantatrice(soprano)

• Mario Cavaradossi, peintre, (ténor)• le baron Scarpia, chef de la police

(baryton)• Cesare Angelotti (basse)• Spoletta, agent de police (ténor)• Sciarrone, gendarme (basse)• Le Sacristain (baryton)• Un geôlier (basse)• Un pâtre (jeune garçon)• Un cardinal, le juge fiscal,

l’exécuteur de justice, un scribe, unofficier, un sergent, des soldats et

des sbires, dames, seigneurs etbourgeois, le peuple...

Pour l’orchestre, l’ouvrage requiert uneffectif d’une cinquantaine d’exécutants.On trouve ainsi une douzaine de bois (1piccolo et 2 grandes flûtes, 2 hautbois et 1cor anglais, 2 clarinettes et 1 clarinettebasse, 2 bassons, 1 contrebasson), presqueautant de cuivres (4 cors, 3 trompettes, 3trombones, 1 tuba), des percussions variées(timbales, grosse caisse, tambours,triangles, cymbales), un célesta et bienentendu les cordes habituelles (violons I etII, altos, violoncelles, contrebasses ainsiqu’une harpe). À cet orchestre s’ajoutentdes instruments qui apparaissent sur scène :un orgue, des cloches, un tambour militaire,une flûte, un alto et une harpe.

b. Argument (adaptation du résumé proposé par Gilles de Van in L’avant-scène opéra n°11)

Premier acte. Le drame se déroule à Romeaprès l’effondrement de la RépubliqueRomaine (1799) et au moment de la bataillede Marengo (14 juin 1800). Le 1er acte alieu dans l’église Sant’Andrea della Valle.Cesare Angelotti, ancien Consul de laRépublique Romaine, a été arrêté par lapolice pontificale dont le chef est leredoutable baron Scarpia, et enfermé auchâteau Saint-Ange. Grâce à l’aide de sasœur, la marquise Attavanti, il réussit às’évader et se réfugie dans l’église où il saitqu’elle lui a préparé des vêtements qu’elle adissimulés dans la chapelle familiale.Arrive ensuite Mario Cavaradossi, jeunepeintre qui est en train de mettre la dernièremain à une Marie-Madeleine pour laquelleil s’est inspiré d’une mystérieuse visiteusequi vient prier depuis quelques jours àSant’Andrea. Il s’abandonne à uneévocation des beautés comparées de cette

inconnue et de sa maîtresse Floria Tosca(« Recondita armonia ») tandis qu’unsacristain inspecte l’église puis grommellecontre les voltairiens et les mécréants.Après la sortie du sacristain, Angelotti, secroyant seul, quitte la chapelle. Il reconnaîten Mario un ami qui promet de l’aider maisla voix de Floria le contraint à se cacher ànouveau dans la chapelle.

Tosca vient proposer à Mario de passer lasoirée ensemble dans leur maison decampagne. La distraction et la hâte de sonamant, préoccupé par la présencedissimulée d’Angelotti, éveillent laméfiance de Tosca, femme d’un natureljaloux ; mais les deux amants finissent paréchanger des propos passionnés. Après ledépart de Floria, Angelotti apparaît ànouveau. Il raconte sa fuite et, en voyant letableau que peint son ami, révèle à Mario

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que la mystérieuse inconnue n’est autre quesa sœur, la marquise Attavanti, celle-làmême qui l’a aidé à s’évader. Le peintre luioffre l’hospitalité dans sa maison et, commeil entend le son du canon signalant la fuited’un prisonnier, il se décide à le suivre.

Le sacristain revient dans l’église. Toutexcité, il annonce à la foule qui y entre queBonaparte a été vaincu. Il est suivi deScarpia qui est convaincu qu’Angelotti s’estréfugié dans l’église. Quelques indices,dont un éventail oublié par la marquiseAttavanti, le persuadent du bien-fondé deses soupçons. Tosca fait alors irruption,surprise de ne plus trouver Mario. Scarpiase sert de l’indice trouvé pour alimenter lajalousie de Floria en évoquant une possibleaventure entre Cavaradossi et la marquise.Tosca tombe dans le piège et court vers lamaison de campagne où elle espèresurprendre les amants infidèles, tandis queScarpia la fait suivre. Dans la phase finalede l’acte, pendant que s’élève un Te Deumcélébrant la victoire de l’arméeautrichienne, le chef de la police exulte : ilva faire pendre ce voltairien de Mario etséduire sa maîtresse pour laquelle il brûlede désir.

Deuxième acte. Scarpia dîne dans unepièce du Palais Farnèse. Dans les salons dece même palais, la reine de Naples Marie-Caroline donne une fête en l’honneur dugénéral Mélas, dont on pense qu’il a vaincuBonaparte. Par la fenêtre ouverteparviennent des échos des danses suiviesd’une cantate chantée par des chœurs puispar la voix soliste de Tosca. Scarpiasavoure sa prochaine victoire et proclame saphilosophie de la vie : point d’amourdoucereux et romantique, mais unesuccession de conquêtes passagères et depossessions rapides et brutales.

Le policier Spoletta vient informer Scarpiaqu’il n’a pas trouvé Angelotti dans lamaison de campagne mais qu’il a arrêtéCavaradossi. Scarpia accuse Mario d’avoiraidé Angelotti et lui demande de lui

indiquer sa cachette. Mario nie avec force.Arrive Tosca. Mario a tout juste le temps delui recommander de ne rien dire avantd’être emmené par Sciarrone pour êtrequestionné. Scarpia interroge la chanteusesans succès puis lui révèle que son amantest soumis à la torture. Bouleversée par lescris de Mario, Tosca est tentée de parlermais Mario lui hurle de se taire. Lessouffrances du peintre viennent à bout de larésistance de la jeune femme qui révèle lacachette d’Angelotti. Scarpia fait alorsamener Mario, tout ensanglanté. Enentendant les ordres du policier, ilcomprend que Tosca a trahi, et il la maudit.Sciarrone vient alors annoncer que,contrairement à ce que l’on croyait, Mélas aété vaincu et que c’est Bonaparte qui atriomphé à Marengo. Cavaradossi lance uncri de joie et de victoire et Scarpia le faitemmener en lui promettant un châtimentexemplaire.

Scarpia met ensuite en œuvre la deuxièmepartie de son plan : il fait comprendre àTosca qu’il pourra épargner son amant sielle cède à ses avances. Le refus indigné etla haine de la chanteuse ne font qu’exciterla fougue libidineuse du policier. Prostrée,Tosca rappelle son innocence dans un aircélèbre (« Vissi d’amore, vissi d’arte ») etse demande pourquoi le Seigneur larécompense ainsi de sa vie juste et pieuse.Spoletta vient annoncer qu’Angelotti s’estpendu à l’arrivée de la police et que tout estprêt pour le supplice de Cavaradossi. D’unsigne de tête, Tosca cède enfin. Elle sereprend très vite et exige la libérationimmédiate de son amant ainsi qu’un sauf-conduit pour quitter les états pontificaux.Scarpia accepte mais, pour sauver la face ilannonce qu’il fera procéder à un simulacred’exécution. Quand, estimant qu’il a remplisa part du contrat, Scarpia se rue sur Toscapour assouvir son désir, elle le poignardeavec un couteau qu’elle a réussi à saisir surla table. L’acte se termine par une funèbrepantomime au cours de laquelle Tosca placeun crucifix sur la poitrine du cadavre etdeux cierges à ses côtés.

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Troisième acte. Le chant d’un berger et letintement des cloches de Rome annoncentle lever du jour sur le château Saint-Ange.Le geôlier accepte d’accorder une dernièregrâce à Cavaradossi : transmettre une lettreà celle qu’il aime. Dans un grand air (« Elucevan le stelle »), le peintre évoque ladouceur de son amour et son désespoirdevant sa mort inéluctable. Munie de sonsauf-conduit, Tosca arrive alors, raconte àson amant comment elle lui a obtenu la viesauve et lui donne ses instructions pour sa« fausse exécution ». La joie desretrouvailles est interrompue par l’arrivée

d’une escouade de soldats qui viennentfusiller Mario.

Les amants ne sont nullementimpressionnés par les préparatifs de cetteexécution qui doit être simulée. Toutefois,lorsqu’elle constate que Mario ne se relèvepas après le départ des soldats, Toscaconstate avec horreur que l’exécution étaitbien réelle et que Mario est mort. Sur cesentrefaites arrivent les soldatsaccompagnant Sciarrone et Spoletta qui ontdécouvert le corps de Scarpia. Pour leuréchapper, Tosca se jette dans le vide duhaut des murailles de la forteresse…

Affiche originale de la création de « Tosca » par Adolfo Hohenstein(1854-1928)

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