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MP- PSI-TSI
2
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3
Le postcolonialisme 1 :
( )
Semaine du
9 sept Homi K . Bhabha et la notion dhyridit, Michel Reynold :
1
16 sept :2
23 sept La France et les africains, Achille Mbemb :
3
30 sept : 4
7 oct 5 :
14 oct 6
21 oct 7
Semaine du
28 oct La crolisation, Edouard Glissant 8 :
4 nov : 9
18 nov Rsum crois vers le capitalisme linguistique : 11
25 nov 11 :
2 dec : 12
9 dec 13
16 dec 14
4
Culture, science et technologie : 2 ...( )
Semaine du
6 janv : 1 13 janv le livre dans le tourbillon numrique :
prparation CCP + MINES (preuve 2012-2013)
2
20 janv : 3 27 janv Synthse de documents 4
3 fev 5 10 fev 6
Semaine du
17 fev Foi aveugle dans le progrs scientifique : prparation e3a + centrale (preuve 2012-2013)
7
24 fev : 8 3 mars science et conscience :
Federico Mayor Zaragoza, directeur gnral de lUnesco
9
10 mars : Prparation CNC (preuves prcdentes)
10
17 mars 11 31 mars 12
les intellectuels et le pouvoir : 3 ( )
Semaine du
14 avr Les intellectuels et le pouvoir, Michel Foucault :
1
21 avr
: 2
28 avr : La grandeur de Yasser Arafat , Gilles Deleuze 3
5 mai 5 :
12 mai 6
19 mai 7
5
Progression MP trimestre 2
Thme trim. 2 : culture, science et technologie Thme : almadapaper.com
Version : le livre dans le tourbillon numrique PAR CEDRIC BIAGINI Thme :
Version : internet, rvolution culturelle Changement de socit Mona Chollet Production :
Devoir surveill :
Thme : " "
Version : science et conscience Federico Mayor Zaragoza, directeur gnral de lUnesco
Thme : " "
Version : foi aveugle dans le progrs scientifique Jacques Testart Biologiste
Production :
Devoir surveill :
Prparation concours franais
Rsums croiss :
Lignorance de lhomme
La langue : une vision du monde
Science et socit
Vers le capitalisme linguistique : quand les mots valent de lor
Synthse de documents : ( 2 exemplaires )
Concours e3a 2014 + Concours e3a 2013 ( ( 3 /
( 4 )
Textes daccompagnement ( pour lectures et exercices hors classe )
Linvention dune culture Naissance des mdias de masse individuels Manuel Castells La guerre des ides : producteurs dides Difficults de la conduite rationnelle Lmancipation dans lhistoire La pense de lhomme Alexis carel
La raison et la science
Lobstacle pistmologique
Science et avenir
Science et philosophie
Science et imaginaire
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/109/CHOLLET/18775
6
Homi K. Bhaha et la notion dhybridit
D'origine indienne, Homi K. Bhabha fait partie des lites sociales et intellectuelles de son pays d'origine.
Aprs des tudes de littrature anglaise, il obtint un diplme Oxford. Ensuite, il entame au cours des
annes 60 et 70 une carrire universitaire brillante en Angleterre, puis aux tats-Unis, tout en voyageant en
Europe et en Asie. Il enseigne Harvard depuis 2001 et vit principalement aux tats-Unis. Avec Gayatri
Chakravorty Spivak et Edward Said, Homi Bhabha fait partie de la triade des thoriciens et critiques
postcoloniaux les plus influents sur la recherche contemporaine dans le monde.
Pour Bhabha, le discours colonial est caractris par lambivalence, tant dans sa construction de laltrit
que par le strotype et le mimtisme qui caractrisent sa stratgie discursive, marque par la fixit, la
rigidit et la rptition, donc incapable de se librer de lidologie de dominance ou de dgnrescence
raciale et culturelle . Le pouvoir colonial ne disait pas seulement vous tes diffrents de nous. Il
disait aussi : vous pouvez tes comme nous, dans une certaine mesure, mais vous ne serez jamais
entirement comme nous. ( ) Le pouvoir colonial permettait un certain empowerment. Mais il
maintenait la majorit des coloniss dans un moyen terme, un espace flou o leurs aspirations ntaient
pas rcompenses , dclare Homi K. Bhabha dans un entretien Sciences humaines, juin 2007.
Cette ambivalence du discours colonial, soutient Bhabha ouvre un espace lhybridit culturelle. ().
Dans cette rptition (soyez comme nous) se glisse cependant un cart. Le mimtisme se mue en
camouflage. Les Indiens acceptent de devenir chrtiens pour mieux protger leurs croyances. Lhybridit
est ainsi une manire de ngocier avec lautorit coloniale de manire produire une contre-vrit
(Entretien, Sciences humaines, n 183, 2007). Mais pour lauteur The Location of Culture, si
lhybridit est importante, ce nest pas quelle permettrait de retrouver deux moments originels partir
desquels un troisime moment mergerait ; lhybridit est plutt pour moi le tiers-espace qui rend
possible lmergence dautres positions. Ce tiers-espace vient perturber les histoires qui le constituent et
tablit de nouvelles structures dautorit, de nouvelles initiatives politiques, qui chappent au sens
commun (Rutherford, 2007).
Il est important de noter que pour Bhabha, lhybridit nest pas le mlange des deux composantes de
nature bien dfinie quon a lhabitude de concevoir et qui a servi de cadre aux thories colonio-racistes de
certains penseurs sur la btardisation raciale , mais une manire de dtourner les injonctions du
discours colonial (Bhabha, S.H., 2007) ; une manire de dstabiliser lordre colonial, en appelant la
ngociation. Je me permets de signaler ici ma critique de cette notion entendue dans son sens de
production dune troisime entit aprs la rencontre de deux autres , dans le cadre du dbat runionnais
sur la problmatique de lunit et de la diversit. Bhabha ne conoit pas lhybridit comme un rsultat,
mais comme un processus, de rsistance et de subversion culturelle, jamais achev, jamais fix, mais sans
cesse relanc. Le concept de crolisation , de Glissant est, nous semble-t-il, assez proche de lhybridit
de Bhabha, parfois critique pour cause doccultation du caractre impitoyablement hirarchique de la
relation coloniale , du racisme et des ingalits structurelles de classe, de sexe et dautres, de nos
socits postcoloniales.
Reynolds Michel, www.tmoignage.re
http://fr.wikipedia.org/wiki/Oxfordhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Harvardhttp://fr.wikipedia.org/wiki/2001http://fr.wikipedia.org/wiki/Gayatri_Chakravorty_Spivakhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Gayatri_Chakravorty_Spivakhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Saidhttp://www.tmoignage.re/
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Cultures et identits sont fondamentalement hybrides Chez Homi K. Bhaha
Bhabha pense la diffrence culturelle en opposition la diversit culturelle en recouvrant aux notions de
traduction et dhybridit. La diversit fonde sur la limite de contenus et de coutumes prdonnes
(LC) est une notion qui doit tre dpasse Lobjectif est de btir une thorie de la culture fonde non
pas sur lexotisme multiculturel de la diversit, mais sur linscription de lhybridit de la culture (LC,
38).
Pour btir plus solidement sa position, Bhabha fait appel la notion de traduction culturelle , quil
emprunte Walter Benjamin (1892-1940) dans son essai, La Tche du traducteur. Si toutes les formes de
culture sont sujettes des formes de traduction, cest parce quon ne peut pas leur assigner une totalit
dtre ou de sens autrement dit, une essence, crit Bhabha. Or, ajoute-t-il, si lon considre que lacte
de traduction culturelle contredit lessentialisme dune culture originale ou originaire donne et
antcdente, il devient clair que toutes les formes de culture sont prises dans un processus incessant
dhybridation (Rutheford, 2007). Il en est de mme des identits. Pour le penseur du mouvement et du
troisime espace, toutes les identits individuelles ou collectives sont de nature hybride. Elles se
font et se dfont au gr des logiques du moment. Dailleurs, Bhabha prfre parler des positions du
sujet plutt que didentit, notamment aux moments o ces positions changent.
Cette prsentation des Postcolonial studies et de la pense dHomi K. Bhabha nest videmment pas
exhaustive. Elle a simplement pour objectif dintroduire les lecteurs de Tmoignages une mthode
de comprhension, dinterprtation, une approche politique et thique de la culture (H. K. Bhabha) et
une pense, certes trs complexe en raison de ses rfrences Miche Foucault, Jacques Derrida et Jacques
Lacan (1901-1981) et de linventivit conceptuelle de son auteur, mais dune incroyable richesse et
fertilit.
Reynolds Michel.www.tmoignage.re
8
Les intellectuels et le pouvoir
Un militant me disait : Sartre, je comprends bien pourquoi il est avec nous, pourquoi il fait de la
politique et dans quel sens il en fait ; toi, la rigueur, je comprends un peu, tu as toujours pos le
problme de l'enfermement. Mais Deleuze, vraiment, je ne comprends pas. Michel Foucault
Il me semble que la politisation d'un intellectuel se faisait traditionnellement partir de deux choses : sa
position d'intellectuel dans la socit bourgeoise, dans le systme de la production capitaliste, dans
l'idologie qu'elle produit ou impose (tre exploit, rduit la misre, rejet, maudit , accus de
subversion, d'immoralit, etc.) ; son propre discours en tant qu'il rvlait une certaine vrit, qu'il
dcouvrait des rapports politiques l o l'on n'en percevait pas. Ces deux formes de politisation n'taient
pas trangres l'une l'autre, mais ne concidaient pas non plus forcment. Il y avait le type du maudit
et le type du socialiste . Ces deux politisations se confondirent facilement en certains moments de
raction violente de la part du pouvoir, aprs 1848, aprs la Commune, aprs 1940 : l'intellectuel tait
rejet, perscut au moment mme o les choses apparaissaient dans leur vrit . L'intellectuel
disait le vrai ceux qui ne le voyaient pas encore et au nom de ceux qui ne pouvaient pas le dire :
conscience et loquence.
Or ce que les intellectuels ont dcouvert depuis la pousse rcente, c'est que les masses n'ont pas besoin
d'eux pour savoir ; elles savent parfaitement, clairement, beaucoup mieux qu'eux ; et elles le disent fort
bien. Mais il existe un systme de pouvoir qui barre, interdit, invalide ce discours et ce savoir. Pouvoir
qui n'est pas seulement dans les instances suprieures de la censure, mais qui s'enfonce trs
profondment, trs subtilement dans tout le rseau de la socit. Eux-mmes, intellectuels, font partie de
ce systme de pouvoir, l'ide qu'ils sont les agents de la conscience et du discours fait elle-mme
partie de ce systme. Le rle de l'intellectuel n'est plus de se placer un peu en avant ou un peu ct
pour dire la vrit muette de tous ; c'est plutt de lutter contre les formes de pouvoir l o il en est la
fois l'objet et l'instrument : dans l'ordre du savoir , de la vrit , de la conscience , du discours
.
C'est en cela que la thorie n'exprimera pas, ne traduira pas, n'appliquera pas une pratique, elle est une
pratique. Mais locale et rgionale, comme vous le dites : non totalisatrice. Lutte contre le pouvoir, lutte
pour le faire apparatre et l'entamer l o il est le plus invisible et le plus insidieux. Lutte non pour une
prise de conscience (il y a longtemps que la conscience comme savoir est acquise par les masses, et que
la conscience comme sujet est prise, occupe par la bourgeoisie), mais pour la sape et la prise du pouvoir,
ct, avec tous ceux qui luttent pour elle, et non en retrait pour les clairer. Une thorie , c'est le
systme rgional de cette lutte.
"Les intellectuels et le pouvoir", entretien de Michel Foucault avec Gilles Deleuze ; 4 mars 1972
9
Achille Mebemb :
Professeur camerounais dhistoire et de sciences politiques lUniversit du Witwaterrsand
Johannesburg (Afrique du Sud), directeur des tudes au Witwatersrand Institute for Social and
Economic Research (WISER) et professeur de littratures compares, Universit de Californie
Irvine.
Lors de sa visite de travail en Afrique sub-saharienne, lex prsident de la Rpublique franaise, Nicolas
Sarkozy, a prononc Dakar un discours adress llite de la jeunesse africaine . Ce discours a
profondment choqu une grande partie de ceux qui il tait destin, ainsi que les milieux professionnels
et lintelligentsia africaine francophone. Viendrait-il tre traduit en anglais quil ne manquerait pas de
causer des controverses bien plus soutenues compte tenu des traditions de nationalisme, de
panafricanisme et dafrocentrisme plus ancres chez les Africains anglophones que chez les
francophones.
La France et les africains
La majorit des Africains ne vit ni en France, ni dans les anciennes colonies franaises. Elle ne cherche
pas migrer dans lHexagone. Dans lexercice quotidien de leur mtier, des millions dAfricains ne
dpendent daucun rseau franais dassistance. Pour leur survie, ils ne doivent strictement rien la
France et la France ne leur doit strictement rien. Et cest bien ainsi. Ceci dit, un profond rapport
intellectuel et culturel lie certains dentre nous ce vieux pays o, dailleurs, nous avons t forms en
partie. Une forte minorit de citoyens franais dorigine africaine, descendants desclaves et dex-
coloniss y vivent, dont le sort est loin de nous tre indiffrent, tout comme celui des immigrs illgaux
qui, malgr le fait davoir enfreint la loi, ont nanmoins droit un traitement humain.
Depuis Fanon, nous savons que cest tout le pass du monde que nous avons reprendre ; que nous ne
pouvons pas chanter le pass aux dpens de notre prsent et de notre avenir ; quil ny a pas de mission
ngre comme il ny a pas de fardeau blanc ; que nous navons ni le droit ni le devoir dexiger rparation
de qui que ce soit ; que le ngre nest pas, pas plus que le blanc ; et que nous sommes notre propre
fondement. Aujourdhui, y compris parmi les Africains francophones dont la servilit lgard de la
France est particulirement accuse et qui sont sduits par les sirnes du nativisme et de la condition
victimaire, beaucoup desprits savent pertinemment que le sort du continent, ou encore son avenir, ne
dpend pas de la France. Aprs un demi-sicle de dcolonisation formelle, les jeunes gnrations ont
appris que de la France, tout comme des autres puissances mondiales, il ne faut pas attendre grand-chose.
Personne ne sauvera les Africains malgr eux.
Elles savent aussi que juges laune de lmancipation africaine, certaines de ces puissances sont plus
nuisibles que dautres. Et que compte tenu de notre vulnrabilit passe et actuelle, le moins que nous
puissions faire est de limiter ce pouvoir de nuisance. Une telle attitude na rien voir avec la haine de qui
que ce soit. Au contraire, elle est le pralable une politique de lgalit sans laquelle il ne saurait y avoir
un monde commun. Si donc la France veut jouer un rle positif dans lavnement de ce monde commun,
il faut quelle renonce ses prjugs. Il faut que ses nouvelles lites oprent le travail intellectuel
ncessaire cet effet. On ne peut pas parler lami sans sadresser lui. tre capable damiti, cest,
comme le soulignait Jacques Derrida, savoir honorer en son ami lennemi quil peut tre. Cela est un
signe de libert.
Mbembe Achille, L'Afrique de Nicolas Sarkozy , Mouvements 4/ 2007 (n 52), p. 65-73
URL : www.cairn.info/revue-mouvements-2007-4-page-65.htm.
DOI : 10.3917/mouv.052.0065
http://www.cairn.info/revue-mouvements-2007-4-page-65.htmhttp://dx.doi.org/10.3917/mouv.052.0065
10
Internet, rvolution culturelle
Changement de socit
Le grand bouleversement
En modifiant en profondeur les habitudes culturelles, Internet dstabilise tout ldifice social. Le raz-de-
mare ne fait gure dans le dtail. Pour une part, il rvle les manquements de ceux qui staient endormis
dans le confort de leur position : une presse qui na plus grand-chose voir avec le mythe glorieux du
contre-pouvoir ; une industrie du disque dvoye par le marketing, qui a cru pouvoir reporter
indfiniment la remise en question quimpliquait lapparition du numrique.
Alors que les innovations permises par lirruption des rseaux restent ttonnantes et peu organises, les
anciens quilibres sont balays. Aujourdhui, la panique gagne la chane du livre, confronte au
dveloppement des librairies gantes en ligne, la numrisation sauvage du patrimoine littraire
entreprise par Google, ou encore au perfectionnement technique du livre lectronique . Son
cosystme dj fragilis, encore protg en France par la loi sur le prix unique du livre, saura-t-il se
reconstituer sur de nouvelles bases ?
Pour les salaris, la connexion permanente et lexigence de ractivit quelle entrane font voler en clats
la frontire entre vie professionnelle et vie prive. De mme, le rseau offre loccasion dune mise en
concurrence parfaite des travailleurs du monde entier : aprs la dlocalisation, la dterritorialisation
Quant aux avantages apports par Internet, ils restent trs ingalement rpartis, la fois au sein dun
mme pays et lchelle du globe.
Changement de socit Mona Chollet
109 / Fvrier - mars 2010
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/109/CHOLLET/18775http://www.monde-diplomatique.fr/mav/109/CHOLLET/18775
11
Avoir une bibliothque dans sa poche ?
Le livre dans le tourbillon numrique
Aprs stre longtemps oppose aux ambitions de Google, la Bibliothque nationale de France a annonc
mi-aot quelle ngociait avec lui pour la numrisation de ses ouvrages. O mne le gigantesque fleuve
de culture rendue liquide par le passage au virtuel ? Qui le contrlera ? La monte en puissance de le-
book (livre lectronique) conduit certains redouter les mirages de la bibliothque universelle et la
dilution de lespace dmocratique dans le gigantisme commercial.
Avec trente-deux partenaires, le Congrs amricain et lOrganisation des Nations unies pour lducation,
la science et la culture (Unesco) ont lanc le 21 avril dernier la Bibliothque numrique mondiale (BNM).
Ce site offre un accs gratuit des ressources numrises issues du patrimoine de lensemble de la
plante. Google en est le principal investisseur et a offert 3 millions de dollars [2,13 millions deuros]
sans rien attendre en retour , comme lexplique M. Roni Amelan de lUnesco . Ce projet sajoute
Europeana et Google Books. Le premier a t lanc en 2008 par la Commission europenne et vise
rendre accessible, sur Internet, le patrimoine des bibliothques nationales et autres lieux de conservation
des Etats membres de lUnion. Lempire Google, dans son entreprise de captation intgrale du rel, a t
lun des premiers dvelopper sa bibliothque virtuelle, qui compte dsormais plus de sept millions
douvrages.
Cette numrisation de tous les savoirs de lhumanit saccompagne du dveloppement des e-books,
readers ou encore livres lectroniques. Malgr un lancement en fanfare en 2001, le-book premire
gnration fut un chec total. Mais il revient aujourdhui en force, dans un contexte beaucoup plus
favorable : le numrique a envahi nos vies, et une part croissante des activits humaines a t transfre
aux machines. Le gant amricain Amazon a lanc le Kindle (permettant dacheter du contenu vendu en
ligne par... Amazon) ; Sony le Reader PRS 505 ; la filiale de Philips, iRex, liLiad ; et Booken le Cybook.
Les oprateurs tlphoniques veulent aussi se saisir de ce march : Orange avec le Read & Go et SFR
avec le GeR2. Les Personal Digital Assistant (PDA, ordinateurs de poche) et les tlphones portables,
notamment liPhone, proposent eux aussi du contenu. La bataille fait donc rage entre les diffrents
lecteurs et les formats de fichier qui leur sont associs (PDF, Mobipocket, HTML, TXT...).
Ces visions et intrts parfois divergents relvent dune logique de fond et dune stratgie commune.
PAR CEDRIC BIAGINI
Septembre 2009
http://www.monde-diplomatique.fr/2009/09/
12
L'invention d'une culture
Dmatrialisation et mise en rseau ouvrent des perspectives dont on ne fait encore que commencer
l'exploration. L'apport le plus vident d'Internet est sans doute la libration de la parole, la possibilit pour
toute personne connecte d'exercer de faon significative son droit la libert d'expression.
Le rseau provoque aussi un essor sans prcdent du travail coopratif, destin produire aussi bien des
logiciels libres qu'une mise en forme du savoir, comme l'encyclopdie Wikipdia. La fluidit du
numrique permet aux sons, aux textes, aux images fixes ou animes de circuler avec une facilit indite,
offrant des possibilits quasi irrsistibles de diffusion, mais aussi de reprise et de rinterprtation.
L'indigence des rponses apportes cette nouvelle donne conduit les pirates s'opposer frontalement
tant aux pouvoirs publics qu'aux industriels de la culture.
Enfin, le succs des rseaux sociaux comme Facebook ou Twitter oblige repenser la protection de la vie
prive afin de prendre en compte le dvoilement intentionnel, par leurs utilisateurs, d'informations les
concernant. Et l'importance acquise par la technologie invite en diffuser plus largement la matrise ; une
attitude dont les hackers reprsentent l'avant-garde. Reste cependant inclure dans cette dmarche un
public qu'excluent les images d'Epinal autour de l'informatique : les femmes !
Naissance des mdias de masse individuels Manuel Castells
13
La guerre des ides
Producteurs dides
Les socits contemporaines traversent-elles une crise de la pense ? Cest en tout cas ce que lon pourrait
croire couter les complaintes de certains intellectuels dont journalistes et ditorialistes se font
rgulirement lcho. Pourtant, jamais les intellectuels nont publi un tel nombre de livres, darticles ou
de tribunes de presse. Jamais leurs textes, leurs confrences nont autant circul, grce au dveloppement
dInternet. Jamais, enfin, ils nont pu bnficier dun public instruit aussi large, rsultant de la progression
des effectifs de lenseignement suprieur dans la plupart des dmocraties occidentales.
Cette sensation de crise provient sans doute du fait que lessor de leur rle public sest accompagn dun
durcissement des tensions portant sur la dfinition mme de la figure de lintellectuel.
Le dveloppement des mdias de masse donne en effet une prime ceux capables de sadapter aux
formats et aux exigences des journalistes. Ils seront ceux qui donnent de la profondeur un reportage,
habillant avec style parfois des problmatiques dans lair du temps. Lactivit hyperactivit diront
certains de ces savants des apparences contraste largement avec celle de scientifiques construisant
patiemment un objet de recherche dans leur laboratoire et destinant leurs rsultats dabord leurs pairs.
Parmi ces derniers, rares sont ceux qui engagent leur savoir dans les dbats de socit. Au point dailleurs
de donner facilement prise un antiintellectualisme dont certains hommes politiques peuvent habilement
jouer, comme les rpublicains aux Etats-Unis, ou plus rcemment M. Nicolas Sarkozy en France. Mais
lautonomie de pense de ces universitaires et scientifiques nest en rien acquise dfinitivement. La part
croissante du nombre de chercheurs prcaires, comme celle des entreprises dans le financement de leur
travail, contribue redfinir les problmatiques et mme les objets de leur travail intellectuel.
On en est l...
Jacques Bouveresse
14
Difficults de la conduite rationnelle
Il s'agit prsent pour chacun de mettre en pratique dans son existence quotidienne, les rgles de sa
conduite ; de se soumettre une discipline librement accepte, mais stricte. Nous, hommes modernes,
sommes-nous capables de cet effort? Aurons-nous l'intelligence et l'nergie d'abandonner les habitudes
qui nous sont agrables et commodes?
Certes, nous comprenons que la russite de la vie exige l'obissance aux lois de notre nature.
C'est le mpris de ces lois qui a caus notre malheur; seule la rationalisation de la conduite peut nous
sauver. Mais se conduire rationnellement, dans le milieu matriel et mental cr par la socit moderne,
demande un vritable hrosme.
L'humanit est devenue matresse de sa destine. Mais sera-t-elle capable d'utiliser son profit la force
illimite de la science? Pour grandir de nouveau, elle est oblige de se refaire. Et elle ne peut se refaire
sans douleur. Car elle est la fois le marbre et le sculpteur. C'est de sa propre substance qu'elle doit,
grands coups de marteau faire jaillir les clats afin de son vrai visage.
Pouvons-nous encore faire cet effort? Aurons-nous l'intelligence et la force de sortir des habitudes o
nous sommes enliss? Nous aimons le laisser-aller. Toute contrainte est pour nous une souffrance. Nous
n'avons eu ni la sagesse, ni le courage de nous soumettre des rgles.
L'homme moderne Mais l'homme moderne comprend mieux la ncessit d'une contrainte dans le but de satisfaire sa vanit
ou ses passions, que s'il s'agit d'acqurir la sant, l'intelligence ou la bont.
Tel qui se soumet volontiers l'entranement indispensable pour gagner, par exemple, la course de cent
mtres, n'accepte pas l' effort de s'habituer tre vridique, ne pas dnigrer ses camarades, combattre
sa grossiret et son gosme.
On dirait que l'intelligence se paralyse, quand elle est applique la direction de nous-mmes. Nous
savons qu'une machine doit tre conduite de faon rationnelle mais nous avons peine comprendre qu'il
en est de mme de l'homme.
Se plier aux lois de la vie Les obstacles la mise en pratique des rgles de la conduite sigent, non seulement dans l'intelligence,
mais aussi dans le caractre. La plupart des gens n'ont pas la force morale de se plier aux dures lois de la
vie.
On ne leur a jamais appris la matrise de soi-mme. Ils ont, ds leur petite enfance, suivi toutes leurs
impulsions.
Dans la famille et l'cole, ils se sont accoutums l'indiscipline, au laisser aller, au dbraill.
Jamais ils n'ont tendu, durement et longuement, leur volont vers un idal ardemment dsir.
Jeunes et vieux, hommes et femmes, riches et pauvres, sont en somme des pneumatiques dgonfls, des
chambres air perces de trous.
La notion du bien et du mal
La morale du plaisir qui l'a remplace, nous a dfinitivement affaiblis. Nous avons perdu la notion du
bien et du mal. Nous ne concevons pas la ncessit d'une rgle intrieure.
Mme si nous comprenions que l'obissance aux lois naturelles est la condition indispensable de notre
survie et de celle de notre race, nous continuerions suivre les impulsions du caprice. En somme, les
15
obstacles que rencontre en nous-mmes la rationalisation de la conduite, consistent, d'une part, dans la
dficience intellectuelle qui nous empche de voir la ralit, et, d'autre part, dans la faiblesse morale
caractristique de notre poque.
Un monde hostile la vie
En ce moment, nous vivons dans un monde hostile la vie. Dans un milieu qui n'est pas ajust aux
besoins vritables de notre corps et de notre me; parmi la foule qui dsire avant tout continuer le rgime
du laisser aller, de la paresse et de l'amoralisme.
Aux yeux de nos contemporains, il est ridicule de dire la vrit, d'tre fidle la parole donne, de
travailler honntement, de ne pas trahir les autres.
Les instituteurs et les professeurs ne ralisent pas que le sens de l'honneur et le sens moral sont beaucoup
plus importants que le succs aux examens et aux concours.
Leurs lves font preuve de la mme incomprhension. Tout individu qui croit l'existence du bien et du
mal est qualifi de niais.
De mme quiconque dclare que jalouser les autres est une coutume rprhensible, que le dsordre de la
famille et de 1'cole est un signe de dgnrescence, que les Franais se caractrisent aujourd'hui par
l'gosme, la grossiret et l'envie, est considr, comme un mauvais citoyen.
La femme qui fait compltement son mtier de femme sera ridiculise par celles dont la proccupation
unique est de s'amuser, de fumer des cigarettes, de faire du sport, de danser, de satisfaire les dsirs sexuels
sans avoir d'enfants : ou bien d'imiter les hommes et d'embrasser les mmes carrires qu'eux; en somme,
de ne pas se conformer l'ordre impos par la structure de leur corps et de leur esprit.
Quant ceux, assez hardis pour penser que la jeunesse doit tre, non pas dsordonne et veule, mais
discipline et hroque, on les traite d'ennemis de la dmocratie. De toute sa force, la socit moderne
s'oppose l'ascension de l'esprit.
Alexis Carrel
Rflexions sur la conduite de la vie.
16
Rsum crois (en arabe)
Lignorance de lhomme
Il semble que notre ignorance soit attribuable la fois au mode d'existence de nos
anctres, la complexit de notre nature, et la structure notre esprit. Avant tout, il
fallait vivre. Et cette ncessit demandait la conqute du monde extrieur. Il tait
impratif de se nourrir, de se prserver du froid, de combattre les animaux sauvages et
les autres hommes.
Pendant d'immenses priodes, nos pres n'eurent ni le loisir, ni le besoin de s'tudier
eux-mmes. Ils employrent leur intelligence fabriquer des armes et des outils,
dcouvrir le feu, dresser les boeufs et les chevaux, inventer la roue, la culture des
crales etc. Longtemps avant de s'intresser la constitution de leur corps et de
leur esprit ils contemplrent le soleil, la lune et les toiles, les mares, la succession
des saisons.
L'astronomie tait dj trs avance une poque o la physiologie tait totalement inconnue. Galile
rduisit la terre, centre du monde, au rang d'un humble satellite du soleil, tandis qu'on ne possdait aucune
notion de la structure, et des fonctions du cerveau, du foie, ou de la glande thyrode.
Comme, dans les conditions de la vie naturelle l'organisme fonctionne de faon satisfaite sans avoir
besoin d'aucun soin, la science se dveloppa dans la direction o elle tait pousse par la curiosit de
l'homme, c'est--dire vers le monde extrieur.
De temps en temps, parmi les milliards d'individus qui se sont succds sur la terre, quelques-uns
naquirent dous de rares et merveilleux pouvoirs, l'intuition des choses inconnues, l'imagination cratrice
de mondes nouveaux, et la facult de dcouvrir les relations caches qui existent entre les phnomnes.
Ces hommes fouillrent le monde matriel. Celui-ci est de constitution simple. Aussi il cda rapidement
l'attaque des savants et livra certaines de ses lois. Et la connaissance de ces lois nous donna le pouvoir
dexploiter notre profit la matire.
Les applications pratiques des dcouvertes scientifiques sont la fois lucratives pour ceux qui les
dveloppent et agrables au public dont elles facilitent lexistence et augmentent le confort.
Naturellement, chacun s'intressa beaucoup plus aux inventions qui rendent le travail moins pnible,
acclrent la rapidit des communications, et diminuent la duret de la vie, qu'aux dcouvertes apportant
quelque lumire aux problmes si difficiles de la constitution de notre corps et de notre conscience. La
conqute du mond matriel, vers laquelle l'attention et la volont des hommes sont constamment
tendues, fit oublier presque compltement l'existence du monde organique et spirituel. La connaissance
du milieu cosmique tait indispensable, mais celle de notre propre nature se montrait d'une utilit
beaucoup moins immdiate.
Alexis carrel Lhomme cet inconnu
17
Lmancipation dans lhistoire
Depuis que lhomme peuple cette Terre, un rve de libert le porte, de gnration en gnration. Cet
espoir fou le pousse rsister toute forme de domination. Une volont dmancipation qui a mobilis
des esclaves comme des serfs, le Tiers-Etat comme les proltaires modernes.
A chaque priode, il sest trouv des intellectuels pour accompagner ces luttes et leur offrir un fondement
philosophique. Cette laboration a converg au XVIIIe sicle pour donner les Lumires, dont lhritage
marie raison et libert.
Ces ides humanistes serviront de terreau la Rvolution franaise, qui les diffusera travers lEurope.
Elles se rincarneront dans la seconde Rvolution franaise : la Commune de Paris. Elles inspireront aussi
les auteurs de la loi de 1905, qui organisera la lacit de la Rpublique. Elles trouveront enfin leur pendant
oriental dans la nahda , la renaissance arabe.
De toutes les formes dexploitation de lhomme par lhomme, la pire rside sans doute dans
lasservissement. Plus de vingt sicles aprs la rvolte conduite par Spartacus, le monde compte encore
des esclaves.
Nahda, la renaissance arabe Anne-Laure Dupont
Librations
Au fil du XXe sicle, le combat pour lmancipation sest incarn dans de belles pages dhistoire.
Avec la rvolution doctobre 1917 commence une aventure inacheve : celle du socialisme rel ,
porteuse dacquis populaires, mais aussi dchecs, parfois sanglants, et dabord en matire de liberts.
Rptition du second conflit mondial, la guerre dEspagne (1936-1939) a mobilis les Europens
antifascistes pas assez toutefois pour vaincre les troupes franquistes appuyes par Hitler et Mussolini.
En France aussi, le Front populaire lavait emport en 1936 : il restera dans les mmoires pour les
conqutes de la grve, des 40 heures aux congs pays.
Actrice majeure de cette pope, la classe ouvrire jouera un rle central dans la Rsistance et la
Libration, o Franais et trangers se mleront.
Avec la victoire des partisans de Tito (1945), un autre modle de socialisme simpose : lautogestion,
anticapitaliste et antistalinienne.
Mais la victoire sur le nazisme donnera le signal dune mancipation plus dcisive encore, celle des
peuples du tiers-monde.
Les Lumires et la raison Jacques Bouveresse
18
Rsum crois
La langue : une vision du monde
Il faut tre naf ou ignorant pour ne voir dans une langue vivante quun outil de communication, comme
le sont les langues artificielles. Au-del des barrires sociales, et comme le dmontrent dinnombrables
travaux de neurophysiologistes et de psychologues, elle ne se rduit pas un simple code pour lchange
dinformations, mais elle constitue le creuset mme de lidentit de chacun. Comme a pu lcrire Rgis
Debray, elle nest pas un instrument, mais un milieu de vie, le fil dor dune vitalit longue et
singulire . On ne voit pas et on ne pense pas le monde, pas plus que lon ne cre ou ninvente, de
manire identique travers le prisme du norvgien et travers celui du quechua ou du chinois.
Ce qui est vrai des individus lest aussi des communauts et des nations. Pour le grand historien Fernand
Braudel, la France, cest la langue franaise . Il aurait pu en dire autant de la Wallonie et du Qubec.
Les affrontements que connat la Belgique, au point de remettre en cause son existence, ont certes une
dimension conomique et sociale, mais ils se cristallisent sur la question linguistique. Cest autour du
catalan que sest forge la rsistance loppression franquiste en Catalogne, comme autour du basque au
Pays basque espagnol. Malte serait simplement un paradis fiscal et un pavillon de complaisance sans la
force centripte et fdratrice du maltais.
Les lites off shore, en particulier en France, ont tt fait de qualifier de nationalisme lattachement
des peuples leur langue, alors que cest parfois tout ce qui leur reste pour faire socit et sinscrire
dans une histoire partage. Prcisment parce qu lheure de la libre circulation des capitaux, des biens et
des services lexistence de socits leur apparat comme un dplorable anachronisme entravant la course
plantaire aux profits. Mais gare aux retours de bton qui, eux, effectivement, peuvent prendre la forme
rgressive de replis identitaires.
Des stratgies de rsistance
Langue et politique sont intimement lies. Cest ce que nont toujours pas compris certains linguistes qui
croient une sorte de march naturel des langues. Ils consignent la monte de telle dentre elles et la
disparition de telle autre la manire dont les oprateurs suivent les hauts et les bas des cours de la
Bourse. La notion de politique linguistique les choque, car elle interfre avec la main invisible
rgulant ce march qui constitue leur corpus de recherche. Ils oublient que les Etats, lorsquil faut
sauver les investisseurs au dtriment du contribuable, renflouent les institutions financires dfaillantes.
Dans une vise plus respectable, ce sont aussi les Etats qui, par leurs interventions, ont permis certaines
langues (hongrois, finnois, tchque, estonien, hbreu isralien) de survivre ou de sadapter la modernit.
Les politiques linguistiques sont donc le moyen, pour les entits infra-tatiques, tatiques et
supratatiques, de contrecarrer la drive naturelle du march vers lacteur le plus puissant, en
loccurrence langlais. Il ne sagit pas de lutter contre cette langue, mais de promouvoir les autres, dans
une logique de pluralisme. Dautant que le march est par dfinition court-termiste et incapable de
se projeter vers lavenir. Les mdias regorgent darticles sur la monte en puissance de lAsie, mais qui se
soucie de lenseignement du chinois, du coren, du japonais, du malais ou du vietnamien ?
Dans limmdiat, les actions de rsistance lhomognisation consistent dabord, pour les
gouvernements, faire appliquer strictement les rgimes linguistiques des organisations internationales
dont ils sont membres. En thorie, langlais ny est pratiquement jamais la langue unique officielle ou de
travail. La pratique est trs diffrente, et cela vaut tout autant pour lUnion europenne. Une piste pleine
davenir nest pas encore explore, faute de volont politique : lintercomprhension des langues
romanes, qui ferait de lensemble de celles-ci une seule langue, parle par plus dun milliard dtres
humains.
Le monde diplomatique 97 / Fvrier-mars 2008
Cette arme de domination... Bernard Cassen
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/97/CASSEN/15551
19
La pense de l'homme
ien premire vue ne semble plus affranchi de toute limite que la pense de l'homme; non
seulement elle dfie toute puissance et toute autorit humaine, mais elle franchit mme les
bornes de la nature et de la ralit. Il n'en cote pas plus l'imagination de produire des monstres et de
joindre ensemble des formes et des visions discordantes que de concevoir les objets les plus naturels et les
plus familiers. Ce qu'on a jamais vu ou entendu est cependant concevable; et il n'est rien qui chappe aux
prises de la pense, hors ce qui implique absolument contradiction.
ais quelque illimite que paraisse la libert de notre pense, nous dcouvrirons, en y
regardant de plus prs, qu'elle est en ralit resserre dans des limites fort troites, et que tout
ce pouvoir crateur de l'esprit n'est rien de plus que la facults de combiner, transposer,
accrotre ou diminuer des matriaux que nous fournissent les sens et l'exprience. Quand nous pensons
une montagne d'or, nous ne faisons que runir deux ides capables de s'accorder, celle d'or et celle de
montagne, qui nous taient dj familires.
En un mot, tous les matriaux de la pense tirent leur origine de notre sensibilit externe ou interne;
l'esprit et la volont n'ont d'autre fonction que de mler et combiner ces matriaux.
David HUME Enqute sur l'entendement humain
La raison et la science
Laube des temps modernes concide avec un accroissement considrable du sentiment de la
puissance de lhomme. En tout domaine, le champ de ses possibilits slargit, pour paratre
bientt sans limites. Le dveloppement inou et continu de la science, qui samorce alors, ne
fera jamais que renforcer ce sentiment, rendu sensible tous par le retentissement, non moins
inou, de cette science sur la transformation de lexistence quotidienne, llvation du niveau de
vie, lexploitation des ressources naturelles, les miracles techniques en tout domaine, lvolution
des rapports politiques, conomiques et sociaux entre les individus et les peuples.
Dveloppement prodigieux de puissance dont le sentiment se retourne aujourdhui chez
beaucoup on y reviendra en une profonde angoisse de voir cette puissance, proprement
illimite, devenir incapable de se contrler elle-mme et sacharner se dtruire avec celui qui
la dtient.
UNIVERSALIS
20
L'obstacle pistmologique
Quand on cherche les conditions psychologiques des progrs de la science, on arrive bientt cette
Conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problme de la connaissance scientifique. Et
il ne s'agit pas de considrer des obstacles externes, comme la complexit et la fugacit des phnomnes,
ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain : c'est dans l'acte mme de connatre,
intimement, qu'apparaissent, par une sorte de ncessit fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est l
que nous montrerons des causes de stagnation et mme de rgression, c'est l que nous dclerons des
causes d'inertie que nous appellerons des obstacles pistmologiques. La connaissance du rel est une
lumire qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immdiate et pleine. Les
rvlations du rel sont toujours rcurrentes. Le rel n'est jamais ce qu'on pourrait croire mais il est
toujours ce qu'on aurait d penser. La pense empirique est claire, aprs coup) quand l'appareil des
raisons a t mis au point. En revenant sur un pass d'erreurs, on trouve la vrit en un vritable repentir
intellectuel. En fait, on connat contre une connaissance antrieure, en dtruisant des connaissances mal
faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit mme, fait obstacle la spiritualisation. L'ide de partir de zro pour fonder et accrotre son bien ne peut venir que dans des cultures de simple
juxtaposition o un fait connu est immdiatement une richesse. Mais, devant le mystre du rel, l'me ne
peut se faire, par dcret, ingnue. Il est alors impossible de faire d'un seul coup table rase des
connaissances usuelles. Face au rel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir.
Quand il se prsente la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est mme trs vieux, car il a
l'ge de ses prjugs. Accder la science, c'est spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation
brusque qui doit contredire un pass.
G. Bachelard,
La formation de l'esprit scientifique, pp. 13-14.
21
Science et avenir
En poussant un peu plus loin l'anticipation, l'on peut imaginer que la biologie russisse produire de
vritables surhommes, qui comprendraient ce que nous ne comprenons pas, qui auraient des facults
suprieures aux ntres, qui, en un mot, seraient, par rapport nous ce que nous fmes par rapport
lHomme de la prhistoire. Comment ne pas tre tous ensemble sduits par la perspective d'engendrer une
crature qui nous dpasse, et rvolts dans notre instinct de conservation spcifique l'ide de ce
successeur devant qui nous n'aurions qu' nous incliner ?
Jusqu'en ces dernires annes, la biologie n'avait d'autre ambition en ce qui concerne l'homme, que
d'amliorer l'tat physique ou moral des sujets malades ou anormaux son but tait de corriger, de gurir,
de redresser, en un mot, de restituer l'individu - par la mdecine ou la chirurgie - la plnitude de sa
condition normale. Ds aujourd'hui, ses prtentions se font plus vastes, plus hardies: tournant ses regards
vers l'homme sain, vers l'homme bien portant, elle commence se demander si, en bien des cas, elle
pourrait faire mieux que n'avait fait jusqu'ici la nature. Et l'on conoit toute la hardiesse d'un tel
programme, qui ne vise rien de moins qu' introduire dans le vieux jeu de la nature - jeu imparfait sans
doute, mais qui a fait ses preuves par la dure - tous les alas du neuf et de l'artifice. Il y a apparence
qu'on parvienne, dans l'avenir, prolonger sensiblement la dure de la vie humaine. On rsoudra bien
d'autres problmes : on dterminera volont le sexe des enfants. On modifiera par l'emploi d'hormones
ou de mdicaments appropris, ou encore par une correction chirurgicale des centres nerveux, la
personnalit, le temprament, le caractre; on suscitera artificiellement les aptitudes et les vertus.
Invitablement toutes ces dcouvertes, toutes ces inventions amneront l'homme force difficults et lui
creront bien des embarras. Pour ne parler que de l'allongement de la vie, n'en rsulterait-il pas un
encombrement de la plante, avec tous les inconvnients qu'on peut attendre d'une abusive persistance des
mmes individus? Quant l'intrusion des techniques biologiques dans les murs humaines, et surtout
dans l'intimit de la personne, que d'incertitudes, que de dbats, avant de dcider ce qui sera licite, ce qui
sera souhaitable, ce qui sera conforme l'intrt de la collectivit et compatible avec ses normes, ses
idaux!
Jean ROSTAND, Ce que je crois, Grasset. 1953
22
Science et conscience
Science sans conscience n'est que ruine de l'me : beaucoup d'eau a coul sous les ponts de l'histoire et de la science depuis que Franois Rabelais, dans la premire moiti du 16
me sicle, a crit
cette maxime prmonitoire. L'auteur de Pantagruel pouvait difficilement imaginer que cette antinomie
morale qu'il avait Si sagement souligne serait pousse en notre sicle un point aussi extrme. A son
poque brillaient seulement les premiers feux de ce qui allait devenir aux sicles suivants le soleil clatant
de la science exprimentale moderne. Et personne, saur peut-tre le gnie prophtique d'un Lonard de
Vinci, ne pouvait alors souponner jusquou irait la conqute scientifique et technique du monde et
moins encore deviner, non seulement les promesses, mais aussi les dangers que susciterait pour
l'humanit cette aventure passionnante.
Ces rsultats, nous les avons sous les yeux jamais cette tension entre science et conscience, technique
et thique, n'a atteint, comme aujourd'hui, ces extrmits qui sont une menace pour le monde entier. la
gntique molculaire et l'nergie nuclaire, pour citer deux exemples remarquables, peuvent tre
l'origine, selon la faon dont on les utilise, de grands bienfaits comme de grands dommages. Tout dpend
de l'usage quon fait des connaissances scientifiques, de leur application correcte ou incorrecte. ainsi, ce
quon appelle la civilisation industrielle , qui a t Si bnfique l'homme tant d'gards, peut
endommager, quand les seules proccupations conomiques l'emportent, ce qu'on nomme
l'environnement , notion prcieuse dont on n'a pris conscience que depuis quelques dcennies peine.
Tel est le revers de la mdaille fulgurante du progrs, que nous nous refusons voir. Nous sommes si
blouis que nous ne percevons pas les menaces qui planent sur nous et devraient nous persuader de
rviser radicalement, dans une perspective thique universelle, le devenir de la science contemporaine.
Nous ne devons pas oublier les aspects ngatifs, la face obscure que prsente la science quand ses
applications ne rpondent pas aux exigences culturelles, quand elle ne tient pas compte, en toute quit,
des besoins humains fondamentaux, quand elle nest dment assujettie lintrt social. Car si la science
et la technique peuvent contribuer la sagesse, il serait trs dangereux quelles veuillent sy substituer.
()
Science et conscience, technique et thique :telle est la responsabilit assumer si nous ne voulons
parvenir cette ruine de lme qui quivaudrait tout simplement aujourdhui lanantissement de
lhumanit.
Federico Mayor Zaragoza, directeur gnral de lUnesco, reproduit du courrier de lUnesco, Mai 1988.
23
Science et philosophie
La science et la philosophie furent longtemps insparables. Dans lAntiquit, la philosophie reprsentait la
science suprme, celle des premiers principes et des premires causes . Les autres sciences, et
notamment la physique, recevaient delle leurs fondements. Cette alliance sest trouve brise au
XVIIe sicle, avec lapparition de la mthode exprimentale et le dveloppement des sciences positives.
Depuis cette poque, la science et la philosophie nont cess de sloigner lune de lautre.
Cette sparation na pas seulement dissoci ce qui tait autrefois runi, mais a boulevers de fond en
comble le sens mme du projet scientifique. Abandonnant lidal de connaissance pure ou dsintresse, la
science sest lance dans une vaste entreprise de transformation, cest--dire de domination du monde.
Ayant investi peu peu tous les secteurs de la ralit, cette science, conqurante et sre delle-mme, place
la philosophie dans une situation inconfortable. La philosophie devient littralement sans objet, et son
existence dangereusement compromise.
A y regarder de plus prs, cependant, les choses ne sont pas aussi simples. Il nest pas sr, aprs tout,
que, mme lheure de la technologie triomphante, la philosophie soit en mauvaise posture. Il est sans
doute exagr, en effet, de considrer que les avances scientifiques invalident toute pense philosophique.
Les progrs de la science non seulement ninvalident pas la pense philosophique, mais la rendent mme,
dune certaine faon, ncessaire. Au fond, il ny a pas de science sans prsuppos. Toute science repose sur
une dcision mtaphysique implicite relative ltre ou lessence du domaine quelle explore.
Alain BOUTOT
24
Rsum crois
Science et socit A. En thorie la science se propose de former des jugements de ralit, objectifs et universels: elle
sera la mme, Paris, Rome, Londres ... ce qui semble signifier que ses propositions et ses
reprsentations ne sauraient relever de particularits culturelles propres telle ou telle socit.
La science repose sur un postulat: il faut admettre que les phnomnes suivent un ordre, celui de lois
connaissables.
Si on admet ce postulat on peut en dduire que la science vise connatre des lois qui ne sont autres que
des processus naturels; que l'activit propre du chercheur est un effort de rflexion, d'exprimentation
pour dcouvrir une ralit objective par thorie et exprimentation. Cette ralit objective doit tre
reprsentable, mesurable, et pouvoir tre embrasse dans une thorie dont la confirmation tient au succs
de prvisions: chaque fois que de la reprsentation sera dduite une prvision, une observation thorique,
laquelle correspondra une observation relle mesurable obtenue au terme d'une exprimentation, on peut
parler de succs.
Par exemple: Thorie de la relativit gnrale de Einstein.
- Prvision: dviation des rayons lumineux.
- Observation: les rayons lumineux sont effectivement dvis ( lors d'une clipse du soleil, en 1919, au
Brsil)
On peut noter que la science est distincte de la technique car la technique, par elle mme, n'est pas
un instrument de dcouverte et ne saurait chercher un savoir. Dcouvrir une ralit, la formuler, la
mesurer pour dterminer des proprits et, dans le meilleur des cas le mode de production des
phnomnes, c'est la tche de la science.
B. En pratique science et socit se dterminent mutuellement. La science ,et singulirement le
chercheur, sont conditionns par les intrts idologiques, politiques, commerciaux d'une socit dans
laquelle ils sont enracins et dont ils reoivent des orientations, des pressions, ou mme des injonctions.
C'est ainsi que:
- le plus souvent l'orientation d'une recherche chappe en partie au chercheur qui dpend des crdits
ncessaires sa recherche.
le plus souvent l'objet mme de ses recherches est dtermin par la demande des milieux conomiques
Dans la communication de ses travaux par des revues scientifiques, il est dtermin par la ncessit de
plaire celui qui charg de choisir le contenu des revues scientifiques.
- Dans tous les cas, la recherche est dtermine par ce qui intresse une socit:
les intrts conomiques, ce qui concerne les changes et la concurrence
les intrts politiques, par exemple, se faire rlire
les intrts militaires qui dpendent principalement de la recherche fondamentale, dans le but d'tendre
une zone d'influence, d'assurer la main mise sur l'nergie ou plus simplement le prestige d'une nation...
"La bourgeoisie avait besoin, pour le dveloppement de sa production industrielle, d'une science qui
tudit les proprits physiques des objets naturels et les modes d'action des forces de la nature." Engels,
Dans tudes philosophiques, ditions Sociales, 1968, page 124
"Le systme de production fond sur le capitalisme requiert une innovation continue dans toutes les
sphres de la vie: la cration de nouveaux objets, de nouvelles ides, de nouvelles technologies et de
nouvelles formes sociales. Il demande, nous dit Marx Le dveloppement des sciences de la nature leur
plus haut degr." Hilary et Steven Rose, L'hritage problmatique, L'idologie de / dans la science, Seuil,
1977, page 23. Perspectives par Joseph Llapasset
25
Science et imaginaire
On continue parler de la science comme dune entreprise capable dexorciser limaginaire, grce un
mlange de prcautions et de mthodes. Les manuels de sciences prsentent une science froide, rcite en
une langue neutre, o les expriences sont limpides et les quations rigoureuses. A la longue, on finirait
par croire que les chercheurs sont scientifiques de la tte aux pieds , et que jamais leurs rflexions ne
sentachent de fantaisie.
Or, nul ne sait ce que serait une raison pure, dbarrasse de tout ce qui lenrichit ou la parasite. Penser,
cest toujours, dune certaine faon, ressentir. Limaginaire nest pas comme le tlphone : on ne le
dbranche pas volont. Ml la pense, il participe tous ses actes, y compris en science et tout
chercheur, aussi rigoureux soit-il, reste sous lemprise despoirs, dmotions, dune psych qui lui sont
propres et quil ne peut rtrocder. Dailleurs, on sait bien que limaginaire joue un rle capital dans
linvention des nouvelles ides. La rigueur, elle, corrige les mauvais tirs, mais ne cre pas. Les discours
propres que produit la science sont en quelque sorte les rsidus refroidis et valids des feux de
limaginaire.
Il nest donc pas juste de prjuger que limaginaire nest quune fantaisie turbulente venant
systmatiquement contredire les donnes de la science. La science-fiction a bien compris cela, du moins
celle qui ne se rduit pas une littrature de guerre des mondes et de voyages interstellaires.
La science ne fait quutiliser limaginaire. Elle le suscite tout autant. Car cest lui qui sous-tend les
reprsentations mentales qui ne relvent pas de la ralit telle quon la voit. La seule chose qui demeure
active lorsquon na plus de vues directes des choses, cest limaginaire. De mme que la culture est ce
qui reste quand on na plus dimages. Cela suffit dire son importance.
Pourtant, nous ne prtons gure dattention aux manifestations de limaginaire. Lorsquun scientifique
parle, nous faisons comme si ctait le rel lui-mme qui sexprimait travers lui. Nous enregistrons un
savoir plutt quun tmoignage. Sans doute cela vient-il dune illusion doptique engendre par notre
propre reprsentation de la science. Pour la corriger, peut-tre faudrait-il que les hommes de science
parlent, de temps en temps, la premire personne.
Etienne Klein,
La Recherche, N 280 octobre 1995, p. 106.
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Une foi aveugle dans le progrs scientifique
En refusant des avances de lesprit qui venaient contredire les dogmes quelles avaient tablis, les
religions ont largement marqu lhistoire des sciences. Sil sagit essentiellement de la religion
catholique, nest-ce pas seulement parce que celle-ci tait triomphante au moment de lirruption de la
science moderne ? Quel autre pouvoir que la sainte Inquisition aurait eu les moyens de billonner Galile
et de brler Giordano Bruno (1) ? Fort heureusement, le dveloppement scientifique sest accompagn de
celui de la dmocratie dans les pays industrialiss, et Charles Darwin fut pargn.
Toutefois, si les religions nont plus le pouvoir dliminer les savants impies et les thories sacrilges,
elles se rfugient souvent dans linterdit impos leurs ouailles ou mme des populations entires.
Ainsi, dans de nombreux Etats des Etats-Unis, lEglise rforme exige-t-elle encore que lenseignement
de la thorie de lvolution ne soit pas privilgi par rapport au rcit biblique. Ainsi lenseignement de la
physique est-il amput de la thorie du Big bang dans nombre de pays o la religion musulmane est
officielle. Ainsi lEglise catholique continue-t-elle de sopposer partout la contraception ou la
procration assiste
Les pouvoirs politiques europens ont choisi de reconnatre dans la science la source privilgie des
vrits et des richesses. Mais il nen dcoule pas automatiquement que la science soit devenue neutre et
universelle. En tmoigne la rigidit dont les notables de linstitution scientifique ont fait preuve, ces
dernires annes, lgard des rares propositions rvolutionnaires manant de chercheurs
Nest-ce pas le fait dune idologie, voire dune idologie religieuse, que dinstitutionnaliser les
vrits du moment comme immuables, de les faire dfendre par des prtres intouchables, gardiens du
grand livre de la science, et de refouler violemment toute ide nouvelle si elle oblige corriger les
dogmes que constituent les anciens paradigmes
Il reste que ltat de la science chaque moment demeure insuffisant pour expliquer des situations
complexes et envisager leur dnouement. Lincertitude des prvisions parat manifeste puisque les
conclusions des experts sont qualifies d optimistes ou pessimistes plutt que de vraies ou
fausses . Le retour du subjectif vient ainsi clore lobjectivit proclame de la mthode scientifique.
Ici, le scientifique, choisit souvent la prophtie contre la rigueur. La plus haute instance franaise en
la matire, lAcadmie des sciences, sest trompe par optimisme sur tous les risques datteinte la sant
depuis vingt ans : sur la dioxine, la vache folle sans parler des plantes gntiquement modifies .
Chaque fois, lAcadmie a vant linnovation et condamn lobscurantisme en proclamant quon ne peut
pas arrter le progrs de la science .
Or le progrs de la science nest pas ncessairement celui de lhumain, sauf accepter que notre
destin soit rgul par les intrts de lindustrie et de la Bourse. Est-ce la mise en march de la science qui
a provoqu son dogmatisme missionnaire, ou linverse ? Quand la technoscience devient en toute
impunit la source dartifices potentiellement dangereux, la croyance est alors rige en connaissance
exacte et approfondie . Par Jacques Testart Biologiste de la procration, directeur de recherche lInstitut
national de la sant et de la recherche mdicale.Paris
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/12/TESTART/13039#nb1#nb1
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RESUME CROISE
VERS LE CAPITALISME LINGUISTIQUE
Quand les mots valent de lor
Le succs de Google tient en deux algorithmes : lun, qui permet de trouver des pages rpondant
certains mots, la rendu populaire ; lautre, qui affecte ces mots une valeur marchande, la rendu riche.
La premire de ces mthodes de calcul, labore par MM. Larry Page et Sergey Brin alors quils taient
encore tudiants en thse luniversit Stanford (Californie), consistait en une nouvelle dfinition de la
pertinence dune page Web en rponse une requte donne. En 1998, les moteurs de recherche taient
certes dj capables de rpertorier les pages contenant le ou les mots demands. Mais le classement se
faisait souvent de faon nave, en comptabilisant le nombre doccurrences de lexpression cherche. Au
fur et mesure que la Toile stendait, les rsultats proposs aux internautes taient de plus en plus
confus. Les fondateurs de Google proposrent de calculer la pertinence de chaque page partir du nombre
de liens hypertextes pointant vers elle un principe inspir de celui qui assure depuis longtemps la
reconnaissance des articles acadmiques. Plus le Web grandissait, plus lalgorithme de MM. Page et Brin
affinait la prcision de ses classements. Cette intuition fondamentale permit Google de devenir, ds le
dbut des annes 2000, la premire porte dentre du Net.
Alors que bien des observateurs se demandaient comment la socit californienne allait pouvoir montiser
ses services, cest linvention dun second algorithme qui a fait delle lune des entreprises les plus riches
du monde. A loccasion de chaque recherche dinternaute, Google propose en effet plusieurs liens,
associs de courtes publicits textuelles, vers des sites dentreprises. Ces annonces sont prsentes avant
les rsultats de la recherche proprement dits. Les annonceurs peuvent choisir les expressions ou mots-cls
auxquels ils souhaiteraient voir leur publicit associe. Ils ne paient que lorsquun internaute clique
effectivement sur le lien propos pour accder leur site. Afin de choisir quelles publicits afficher pour
une requte donne, lalgorithme propose un systme denchres en trois tapes :
Lenchre sur un mot-cl. Une entreprise choisit une expression ou un mot, comme vacances , et
dfinit le prix maximum quelle serait prte payer si un internaute arrivait chez elle par ce biais. Pour
aider les acheteurs de mots, Google fournit une estimation du montant de lenchre proposer pour avoir
de bonnes chances de figurer sur la premire page de rsultats. Les acheteurs peuvent limiter leur
publicit des dates ou des lieux spcifiques. Mais attention : comme on va le constater, le fait davoir
lenchre la plus haute ne garantit pas que vous serez le premier sur la page.
Le calcul du score de qualit de la publicit. Google attribue chaque annonce, sur une chelle de un
dix, un score, en fonction de la pertinence de son texte au regard de la requte de lutilisateur, de la
qualit de la page mise en avant (intrt de son contenu et rapidit de chargement) et du nombre moyen
de clics sur la publicit. Ce score mesure quel point la publicit fonctionne, assurant la fois de bons
retours lannonceur et dimposants revenus Google, qui ne gagne de largent que si les internautes
choisissent effectivement de cliquer sur le lien propos. Lalgorithme exact qui tablit ce score reste
secret, et modifiable loisir par Google.
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Le calcul du rang. Lordre dans lequel les publicits apparaissent est dtermin par une formule
relativement simple : le rang est lenchre multiplie par le score. Une publicit ayant un bon score peut
ainsi compenser une enchre plus faible et arriver devant. Google optimise ici ses chances que
linternaute clique sur les publicits proposes.
Ce jeu denchres est recalcul pour chaque requte de chaque utilisateur des millions de fois par
seconde ! Ce second algorithme a rapport la firme de Mountain View la coquette somme de
9,72 milliards de dollars pour le troisime trimestre 2011 un chiffre en croissance de 33 % par rapport
la mme priode de lanne 2010 (1).
Le march linguistique ainsi cr par Google est dj global et multilingue. A ce titre, la Bourse des mots
qui lui est associe donne une indication relativement juste des grands mouvements smantiques
mondiaux. La socit propose dailleurs des outils simples et ludiques pour explorer une partie des
donnes quelle collecte sur lvolution de la valeur des mots. Cest ainsi que nous pouvons voir
comment les fluctuations du march sont marques par les changements de saison (les mots ski et
vtements de montagne ont plus de valeur en hiver, bikini et crme solaire en t). Les flux et
les reflux de la valeur du mot or tmoignent de la sant financire de la plante. Lentreprise gagne
videmment beaucoup dargent sur les mots pour lesquels la concurrence est forte ( amour , sexe ,
gratuit ), sur les noms de personnes clbres ( Picasso , Freud , Jsus , Dieu ), mais galement
dans des domaines de langue o la spculation est moindre. Tout ce qui peut tre nomm peut donner lieu
une enchre.
Google a russi tendre le domaine du capitalisme la langue elle-mme, faire des mots une
marchandise, fonder un modle commercial incroyablement profitable sur la spculation linguistique.
Lensemble de ses autres projets et innovations technologiques quil sagisse de grer le courrier
lectronique de millions dusagers ou de numriser lensemble des livres jamais publis sur la plante
peuvent tre analyss travers ce prisme. Que craignent les acteurs du capitalisme linguistique ? Que la
langue leur chappe, quelle se brise, se dysorthographie , quelle devienne impossible mettre en
quations. Quand le moteur de recherche corrige la vole un mot que vous avez mal orthographi, il ne
fait pas que vous rendre service : le plus souvent, il transforme un matriau sans grande valeur (un mot
mal orthographi) en une ressource conomique directement rentable. Quand Google prolonge une phrase
que vous avez commenc taper dans la case de recherche, il ne se borne pas vous faire gagner du
temps : il vous ramne dans le domaine de la langue quil exploite, vous invite emprunter le chemin
statistique trac par les autres internautes. Les technologies du capitalisme linguistique poussent donc la
rgularisation de la langue. Et plus nous ferons appel aux prothses linguistiques, laissant les algorithmes
corriger et prolonger nos propos, plus cette rgularisation sera efficace.
Pas de thorie du complot : lentreprise nentend pas modifier la langue dessein. La rgularisation
voque ici est simplement un effet de la logique de son modle commercial. Pour russir dans le monde
du capitalisme linguistique, il faut cartographier la langue mieux que nimporte quel linguiste ne sait le
faire aujourdhui. L encore, Google a su construire une stratgie innovante en dveloppant une intimit
linguistique sans prcdent avec ses utilisateurs. Nous nous exprimons chaque jour un peu plus au travers
dune des interfaces de la socit ; pas simplement lorsque nous faisons une recherche, mais aussi quand
nous crivons un courrier lectronique avec Gmail ou un article avec Google Docs, quand nous signalons
une information sur le rseau social Google +, et mme oralement, travers les interfaces de
reconnaissance vocale que Google intgre ses applications mobiles. Nous sommes des millions chaque
jour crire et parler par son biais. Cest pourquoi le modle statistique multilingue quil affine en
http://www.monde-diplomatique.fr/2011/11/KAPLAN/46925#nb1
29
permanence et vers lequel il tente de ramener chaque requte est bien plus jour que le dictionnaire
publi annuellement par nos acadmiciens. Google suit les mouvements de la langue minute par minute,
car il a le premier dcouvert en elle un minerai dune richesse extraordinaire, et sest dot des moyens
ncessaires pour lexploiter.
La dcouverte de ce territoire du capitalisme jusquici ignor ouvre un nouveau champ de bataille
conomique. Google bnficie certes dune avance importante, mais des rivaux, ayant compris les rgles
de cette nouvelle comptition, finiront par se profiler. Des rgles finalement assez simples : nous quittons
une conomie de lattention pour entrer dans une conomie de lexpression. Lenjeu nest plus tant de
capter les regards que de mdiatiser la parole et lcrit. Les gagnants seront ceux qui auront pu dvelopper
des relations linguistiques intimes et durables avec un grand nombre dutilisateurs, pour modliser et
inflchir la langue, crer un march linguistique contrl et organiser la spculation sur les mots.
Lutilisation du langage est dsormais lobjet de toutes les convoitises. Nul doute quil ne faudra que peu
de temps avant que la langue elle-mme sen trouve transforme.
Frdric Kaplan Chercheur lEcole polytechnique fdrale de Lausanne, auteur de La Mtamorphose des objets , ,
de LHomme, lAnimal et la Machin e , Editions, Paris, 2011.
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Rapport synthse e3a 2013
ARABE
PRESENTATION DU SUJET
Le candidat avait trois articles de presse lire reprsentant un volume global de 1168 mots qui avaient en
commun dvoquer les rpercussions immdiates des rvolutions en Tunisie et en Egypte sur la
production littraire, cinmatographique et dans le domaine des arts plastiques, la fois dans les pays
concerns et hors de leurs frontires (en Europe principalement). Il fallait rdiger en arabe et en 400 mots
une synthse des documents proposs de manire organise et construite.
REMARQUES ET CONSEILS METHODOLOGIQUES
De nombreux candidats se sont contents de faire un rsum linaire des documents. Or, il fallait dans un
premier temps travailler rassembler les lments essentiels du texte en prenant soin de rapporter les
informations de manire la fois complte, prcise et claire. Ensuite, le candidat devait rflchir la
meilleure faon dorganiser les lments de rponse selon des thmes distincts et pertinents.
Alors seulement, le candidat pouvait passer la rdaction de sa synthse.
Au niveau de la forme, il tait important de veiller ce que le texte produit soit cohrent et structur. Il
convenait dindiquer comment les diffrentes ides de largumentation sarticulaient entre elles au moyen
notamment de formules de transition et de liens logiques.
Bien entendu, il tait demand au candidat de reformuler et non de recopier le contenu des documents.
Cest notamment la qualit de cette reformulation qui tait prise en compte et value.
Les meilleures notes ont t attribues aux candidats qui ont fait preuve desprit de synthse, qui ont tay
leur argumentation de manire convaincante et dont le style, la fois clair et agrable lire, tmoignait
dune grande matrise de la langue. Certains candidats ont russi donner un clairage particulirement
intressant sur les trois documents, ce qui a t trs apprci.
Au niveau du contenu, plusieurs points devaient apparatre :
- Les vnements en Tunisie et en Egypte ont t une grande source dinspiration pour les intellectuels et
pour certaines catgories dartistes : les metteurs en scne de cinma (surtout les auteurs de films
documentaires), les crivains, les peintres ou plasticiens, les auteurs de Comics et les graffeurs,
- Les productions que ces vnements ont suscites pourraient tre classes selon deux grandes catgories
: dune part les ouvrages scientifiques, qui visent rapporter les vnements dans une perspective
historique et encyclopdique (documentaires, une encyclopdie, des articles) et, dautre part, des uvres
dart, inspires de ces vnements et de leurs acteurs,
- Cette abondante production a attir lattention dinstitutions culturelles ltranger, comme les festivals
et salles de cinma, les muses (notamment lInstitut du Monde Arabe Paris qui a consacr une
exposition duvres tunisiennes en art plastique inspires de la rvolution du jasmin),
- Ces rvolutions semblent avoir favoris la libration de lart tunisien et de lart gyptien sous 4 aspects :
elles ont fait apparatre des genres nouveaux comme les graffiti et les Comics, elles ont permis de faire
connatre des uvres et des artistes lchelle internationale, elles ont permis aux artistes de sexprimer
ouvertement, publiquement, ont modifi de manire positive limage de lartiste, et, enfin, elles ont
permis lart dinvestir les lieux publics (les murs des rues par exemple), faisant ainsi de lespace public
un lieu o lon peut exprimer librement ses sentiments et ses opinions,
- Des rserves ont t exprimes de la part la fois de critiques littraires et dartistes propos du succs
des productions lies aux rvolutions gyptienne et tunisienne : dun ct, il a t reproch aux auteurs
douvrages scientifiques comme aux ralisateurs de documentaires de stre contents de dcrire les
vnements sans les analyser en profondeur et davoir nglig laspect formel (le style notamment). Dun
autre ct, des artistes tunisiens engags se sont tonns de lenthousiasme subit des pays occidentaux
pour leurs oeuvres et ont affirm leur volont que leur art soit considr pour lui-mme, indpendamment
des rvolutions.
De manire gnrale, les productions des candidats taient insuffisamment structures et, de ce fait,
manquaient de clart. Cela a souvent rendu la lecture difficile et pnible. De plus, certaines copies taient
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peu soignes, notamment au niveau de la graphie. Nous rappelons aux candidats quils composent pour
tre lus et quune criture illisible empche le correcteur dvaluer la qualit du contenu du devoir. .
Il est conseill aux tudiants, pour amliorer leur prparation cette preuve, de travailler 3 points
essentiels :
1) La correction de la langue, en faisant des exercices de grammaire,
2) Le style, en apprenant utiliser des liens logiques et une phrasologie adquate, qui rponde aux
besoins discursifs et observe les normes rdactionnelles propres la langue arabe.
Exemples:
- Argumenter : ... ... ... - Opposer deux arguments contraires : ... - Montrer que deux lments sont complmentaires ou vont dans le mme sens : ... ... ...
- Montrer quun lment corrobore un autre :
3) Enrichir son lexique et consolider sa matrise de la langue travers la lecture dauteurs arabes
modernes.
Bibliographie indicative :
- La grammaire active de larabe , de G. Al-Hakkak et M. Neyreneuf, coll. Langues modernes, d.
Livre de poche, Paris, 1996
- LArt de rdiger en arabe moderne de F. El Qasem, G. Bohas et Mahmoud Fakhoury, d. ENS Lyon,
2006
- 1001 erreurs viter en arabe de F. El Qasem et S. Chrabi, coll.Major, d. Puf, Paris, 2007
Sitographie indicative :
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